- Speaker #0
Bienvenue dans le podcast Soignants Entrepreneurs. Je suis Solène, orthophoniste entrepreneur, et tous les vendredis à 8h, je te partage, seule ou en compagnie de mes invités, les clés essentielles de la réussite entrepreneuriale et de l'épanouissement en tant que soignant libéral. Si le podcast te plaît, n'oublie pas de le noter avec 5 étoiles et de le partager à un ami soignant entrepreneur qui en a besoin. Salut et bienvenue dans un nouvel épisode de Soignants Entrepreneurs. Cette semaine, je suis avec Guillaume Lefebvre, orthophoniste et entrepreneur. Bienvenue Guillaume.
- Speaker #1
Bienvenue, enfin ça y est je commence à bafouiller, salut Solène !
- Speaker #0
Salut Guillaume, merci beaucoup d'avoir accepté cette invitation, ça me fait très plaisir. Pour les personnes qui nous écoutent et qui peut-être ne le sauraient pas, concrètement les non-orthophonistes, Guillaume a une communauté assez importante, on peut le dire, dans le monde de l'orthophonie, et c'est vrai que je te suis depuis que je suis étudiante en cinquième année. Donc ça me fait vraiment plaisir de t'avoir aujourd'hui. Je te laisse justement te présenter, nous expliquer un petit peu ce que tu proposes en parallèle de l'orthophonie pour que tout le monde puisse savoir de quoi on discute aujourd'hui.
- Speaker #1
Ok, ok. Comme tu viens de le sous-entendre, je suis vieux. C'est le premier truc qu'on peut dire. Je suis né en 70, donc j'ai l'âge d'être ton père. Et en fait, je suis un orthophoniste assez classique. J'ai été diplômé à 22 ans. Et pendant les premières années, j'ai travaillé tranquillement, avant de me rendre compte que la Carpimco menait dans le mur, augmentait de plus en plus, et ça a commencé à me préoccuper. Et puis, plus ça a été, plus je me suis intéressé à l'autre partie du libéral, qui est le côté gestion d'entreprise. On ne disait pas à l'époque qu'on était entrepreneur individuel, c'était presque un gros mot, entrepreneur. Et puis, progressivement, la conscience... du fait qu'on en soit est venu, puisque le libéral impose une gestion de cabinet, au minimum. Et donc, je me suis intéressé à tous ces sujets-là. J'avais du mal à en parler sur les premiers réseaux sociaux orthophoniques, parce que quand je disais qu'il y avait ci ou ça qui débloquait, notamment le gel de l'aimant, on me disait, va voir dans le pré d'à côté si l'herbe est plus verte. Et donc, finalement, j'ai ouvert un blog en 2008. Ça n'aura jamais pas, 2008, ça fera 17 ans cette année. Et un blog, après il y a eu un forum, il y a eu un livre que j'ai co-écrit avec Véronique Leland qui s'appelait « Les clés de la réussite » et qui est devenu plus un groupe Facebook depuis que le livre n'est plus édité. Il a été réédité deux fois, donc édité trois fois en tout, jusqu'en 2015. Et puis maintenant il y a le groupe. Et puis en 2019, je me suis dit, j'ai découvert en 2018 qu'on pouvait vendre des formations, qu'on pouvait vivre d'Internet. Pour moi, Internet, c'était un truc où il n'y avait que du gratuit. ou alors des abonnements payants, mais je me suis dit personne ne s'abonnera jamais à ce que je fais. Et donc, j'ai découvert le modèle des formations en ligne en 2018 et j'ai mis un an déjà à oser le faire et ensuite à vraiment le faire. Et je me suis lancé en 2019 là-dedans et ça a été un tournant dans ma carrière, ça.
- Speaker #0
Ok. Pourquoi ? Qu'est-ce qui te faisait peur d'oser le faire ? Qu'est-ce qui fait que tu as attendu un an ?
- Speaker #1
Entre la découverte et le lancement, il y a eu… Je dirais déjà le classique syndrome de l'imposteur, parce que je ne suis pas comptable déjà. Donc comment je pouvais parler de gestion alors que je n'étais pas comptable ? Je ne suis pas conseiller en gestion de patrimoine, donc je ne pouvais pas parler de ces sujets-là. Je me disais qu'il fallait un diplôme. Et d'ailleurs, mon père m'avait complètement conforté dans cette opinion-là. Comment tu peux lancer une formation alors que tu n'as pas de label par rapport à ça ? Tu n'as pas de légitimité, c'est ça qu'il m'avait dit. parce que lui avait organisé beaucoup de formations pendant sa carrière. Il était président du syndicat régional des orthophonistes de Normandie, mon père. Et deux hommes dans la même famille dans ce métier-là, c'est quand même assez rare. Mais donc, en tout cas, lui, c'était beaucoup intéressé. Sa diversification par rapport à la pratique de l'orthophonie, c'était le syndicalisme. Et donc, à ce titre-là, il avait organisé, puisque l'AFNO a toujours été très impliqué dans… La FNO, c'est le syndicat des orthophonistes, pour ceux qui ne sont pas orthophonistes. Il a toujours été très impliqué là-dedans, dans le syndicalisme, et donc il s'était impliqué dans la formation. Il avait même organisé un congrès scientifique, je crois que c'était à Deauville. Et donc, quand je suis allé à la pêche au conseil, une fois que j'avais eu l'idée de lancer des choses sur Internet, il m'a bien calmé. Ça a été une des... Ça, en plus du syndrome de l'imposteur, en fait, il a remis un franc, enfin, un euro, parce qu'on voit que je suis vieux, dans le syndrome de l'imposteur. Ok. Et c'est Marion Chevrier qui m'en a sorti.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
Je ne sais pas si tu vois qui c'est.
- Speaker #0
Oui, elle est formatrice, c'est ça ?
- Speaker #1
Oui, elle est coach. Elle a suivi une formation de coaching. Je ne sais pas où elle en est par rapport à ça en ce moment. Pendant longtemps, pendant un moment, elle publiait beaucoup. Elle avait un groupe Facebook qui était vraiment actif là-dessus. Et on communiquait beaucoup en direct. Je n'ai jamais pris de coaching chez elle, mais on en discutait. Et puis, elle m'a retourné le cerveau en me disant des choses sur Facebook, sur YouTube, et tu vas voir si ça intéresse des gens. Et en plus, ça va t'apprendre à faire des choses en vidéo. Parce qu'il y avait aussi ça, il y avait le côté se filmer, montrer son image. Moi, je faisais partie des gens qui verrouillaient leur profil et qui ne montraient jamais leur tête, en fait.
- Speaker #0
OK. Et c'est quoi le déclic qui t'a permis de dire Ok, là maintenant c'est bon, je suis ok de me montrer, je suis peut-être légitime même si je ne suis pas comptable. Dans les discussions que tu as pu avoir et dans ton cheminement personnel, ça a été quoi le déclic ?
- Speaker #1
Le déclic, ça a été justement le fait de m'entraîner avec YouTube. Je me suis dit bon, là il n'y a pas d'enjeu, les gens n'auront rien payé, je fais du contenu gratuit et ça m'entraîne. Et puis en fait, j'avais des bons retours. Les gens réagissaient à ces postes-là quand je les relayais notamment sur le groupe des clés de la réussite. Et donc, je me suis dit, à ce moment-là, allons-y, faisons les choses plus sérieusement. Je lance une formation. Et puis, je m'étais dit, si elle me rapporte 1000 euros, j'en ferai une autre. Sinon, je n'en ferai pas. Voilà, c'était ça le test à la rentrée 2019. J'ai fait la formation pendant les vacances 2019, les grandes vacances.
- Speaker #0
Et aujourd'hui, tu as, si mes renseignements sont bons, 21 formations et plus de 6000 élèves, c'est ça ?
- Speaker #1
Oui, c'est ça, tu as bien vu, effectivement. L'année 2024 a été extraordinaire, j'ai fait 177 000 euros de vente de formation. Je ne sais pas si ça reviendra aussi fort. Jusque-là, la meilleure année avait été 2020, mais j'attribuais ça au confinement. aux différents confinements. Il n'y a pas eu seulement le gros confinement, mais les moments où les gens étaient coincés chez eux après le boulot, où en fait, il fallait rentrer vite chez soi en 2020, pendant le deuxième confinement et même pendant le troisième en 2021. Donc, je m'étais dit, les gens avaient du temps, plus de temps que d'habitude. Et donc, je ne reverrai jamais l'année 2020, qui paradoxalement avait été la meilleure année de ma vie au niveau chiffre d'affaires. Et puis finalement, non, c'est 2024 maintenant qui a été la meilleure année.
- Speaker #0
Et comment tu expliques justement que 2024 ait été une année aussi... prolifique si je peux dire ?
- Speaker #1
Je pense qu'il y a deux raisons. Il y a déjà la montée en puissance de ma newsletter, puisque je tiens au courant les gens de ce qui sort. Dans la newsletter uniquement, j'en parle à peine sur Facebook. Facebook est vraiment un très mauvais canal de vente, je trouve. Ou alors, je ne sais pas l'utiliser. Et puis, je ne suis pas à fond dans Instagram comme toi. Donc, vraiment, mon canal de vente principal, c'est ça. Et quand je sors quelque chose, j'en parle dans la newsletter. Et comme j'ai fait ça ce matin, j'ai fait un lancement ce matin. Et puis ça marche comme ça. Donc la newsletter monte, monte, monte. J'ai 8600 abonnés maintenant avec un taux d'ouverture qui tourne entre 65% pendant les périodes de vacances scolaires et 75%, ce qui est pas mal, il paraît. C'est énorme. Le taux d'ouverture. C'est une newsletter qui apporte beaucoup plus de contenu gratuit que de pub pour mes formations. Et de temps en temps, j'y parle de mes formations. Donc je trouve que c'est gagnant-gagnant pour tout le monde. Donc il y a eu ça en 2024, le fait que ma newsletter ait encore pas mal gagné, gagné beaucoup d'abonnements. Et la deuxième chose, ça a été le fait que j'ai fait des super promos. Il y a eu un moment où j'ai tout mis à 50 euros au lieu de 90, alors que le tarif de lancement et les tarifs promos que je fais d'habitude, c'est 70. Il y a eu ça. Ah oui, il y a une troisième raison. c'est la sortie d'une formation sur l'intelligence artificielle et les bilans orthophoniques. D'accord. Parce que le bilan orthophonique est une réelle souffrance, je ne t'apprends rien là-dessus, même s'il est de bon ton de dire que c'est notre vitrine, c'est notre entrée dans le soin. Enfin bon, tu connais tous les arguments qu'on apprend à l'école d'orthophonie. Et quand on parle à un médecin, il ne faut pas dire ça, mais je trouve que le bilan orthophonique, c'est le compte-rendu de bilan. C'est la onzième plaie d'Egypte pour nous. On a tout le temps des contrats en retard, on a tout le temps... Enfin, tu connais l'accord avec ça, quoi. Alors qu'on sait que la plupart du temps, ils ne vont même pas être lus. Et donc, j'avais trouvé qu'on pouvait utiliser l'intelligence artificielle pour ça, en faisant bien attention d'anonymiser les données, évidemment. Et donc, je pense que ça a correspondu à une grosse attente. Et d'ailleurs, elle se vend encore bien, cette formation-là. Et celle que j'ai sortie l'année d'avant sur ChatGPT en séance, par contre, la première formation se vend encore très bien aussi. Elle en est à 770, 776 ou quelque chose, j'ai vu ça ce matin, la première. Et la deuxième s'approche des 600.
- Speaker #0
Ok, c'est hyper intéressant. Puis c'est intéressant de voir que ça fonctionne bien. Et ce qui me vient comme idée quand tu nous expliques tout ça, c'est que... Toi, ton canal d'acquisition principal, c'est donc la newsletter. Je parle beaucoup avec des soignants qui me disent « Ah, mais moi, les réseaux, c'est pas trop pour moi. J'ai pas trop envie de me mettre à fond sur Instagram. » Moi, je suis très pro Instagram. En fait, c'est parce que c'est ce que je maîtrise. Mais ça démontre bien que quand tu as un canal d'acquisition qui est fort et qui tourne, tant que tu mets tout ton focus dessus, au final, il peut fonctionner. Et tu me le disais en off, avant qu'on lance l'enregistrement du podcast, tu passes trois heures à écrire ta newsletter toutes les semaines. Et donc voilà, c'est tous tes efforts et tout ton focus sont mis là-dessus et c'est ça qui fait que ça fonctionne au final.
- Speaker #1
Oui, oui. L'attrait pour les gens, c'est d'avoir un résumé de l'actu non clinique de l'orthophonie toutes les semaines. Et des bons plans, des comparatifs de tel ou tel matériel, des bons plans par exemple sur des logiciels de compta ou sur des téléphones, des smartphones à moins de 600 euros pour éviter de les amortir, ce genre d'idées-là. des idées qu'on par exemple là aujourd'hui j'ai parlé de la de l'obligation d'aller faire des évaluations des EPP tu sais c'est une sorte d'annexe du DPC qu'on est obligé de faire ça enfin tous les professionnels de santé j'ai fait un gros focus là dessus donc des choses principalement comme ça et quand je parle de clinique c'est plutôt de manière incidente par exemple pour aider des étudiants où je dis sur quoi ils sont en train de travailler je donne le lien de leur questionnaire Mais donc, c'est principalement, et ça, je n'aurais jamais cru ça possible à l'origine, que des gens qui auraient 8600 personnes, et donc principalement des orthophonistes, qui s'abonneraient à une newsletter qui est quand même assez longue à lire et qui ne parleraient pas de clinique, vraiment de manière incidente. Eh bien, en fait, oui. Maintenant, peut-être que ça n'aurait pas été possible dans les années 2000.
- Speaker #0
Oui, je pense que ça montre une réelle... problématique, il y a un réel questionnement des orthos, et je pense des soignants libéraux en général, mais sur tout ce qui est extra-clinique, j'ai envie de dire extra-ortho pour faire une petite référence à Saskia qui est passée dans le podcast aussi, mais si ça fonctionne pour toi, pour Saskia et pour d'autres personnes qui traitent ces sujets-là, c'est qu'au final c'est quelque chose dont on ne parle pas mais qui est présent dans le quotidien et notre quotidien de soignants libéraux au final, il est aussi conditionné par ça, et surtout j'ai envie de dire la qualité. de notre pratique clinique est aussi conditionnée par ça.
- Speaker #1
Oui, on ne s'en rend pas compte quand on entre en première année parce que quand on veut faire ce métier-là, ce n'est pas pour ça. Et donc, ça reste complètement sous couvercle jusqu'à la cinquième année parce que les écoles d'orthophonie elles-mêmes n'insistent pas du tout là-dessus. Moi, je trouverais logique qu'il y ait un module gestion en cinquième année ou en quatrième année. Non, on sort. J'en avais même… Je parlais déjà à l'époque dans l'intro du livre Les clés de la réussite, j'avais dit que c'était pour combler les lacunes du système de formation initiale, parce que je ne comprenais pas pourquoi le système de formation initiale était si dévié vers la clinique, alors que l'écrasante majorité des orthophonistes s'insèlent en libéral.
- Speaker #0
Je ne sais pas si c'est comme ça dans tous les centres de formation. Moi, j'ai été diplômée à Marseille en 2021. Et sur la dernière année, on avait plusieurs interventions de plusieurs orthos qui prenaient la plupart du temps bénévolement de leur temps pour nous expliquer le fonctionnement de ces choses-là, de la compta, de la gestion de logiciels. Alors, on avait même des intervenants, je ne sais plus de quelle marque exactement, mais qui venaient nous présenter le logiciel pour nous expliquer comment ça fonctionnait, la facturation. On avait des représentants d'assurance qui nous parlaient de prévoyance, de RC Pro, etc. Mais je ne sais pas du tout si c'est le cas dans tous les centres de formation, en fait.
- Speaker #1
Je ne sais pas s'ils ouvrent tous la porte déjà aux entreprises. Parce que du coup, évidemment, c'est un coup de pub qu'ils viennent faire, les gens qui viennent faire ça. Sauf les orthophonistes eux-mêmes. Mais les entreprises qui viennent, évidemment, elles espèrent que du coup, on va prendre leur logiciel.
- Speaker #0
Oui, bien sûr.
- Speaker #1
Donc, est-ce que toutes les écoles savent ? Je ne sais pas où c'en est à l'heure actuelle. Je n'ai pas parlé récemment, elle est cinquième année pour savoir ça.
- Speaker #0
Oui, j'ai une stagiaire en ce moment, mais elle est en troisième année. Donc, elle est encore loin de tout ça. Mais c'est vrai qu'elle me dit que c'est des choses... que même les maîtres de stage, en fait, ne prennent pas tous le temps d'expliquer. Pourtant, ça fait partie du quotidien. Et la question qui me venait par rapport à ce que tu disais tout à l'heure sur tes formations, c'est... justement, t'en as créé 21, il y en a beaucoup, sur plein de sujets différents, plus ou moins cliniques. Si tu parles de chat GPT en séance, ça se rapproche plus de la clinique, mais tu parles de tout autre sujet complètement en dehors de la clinique. D'où te viennent les idées et à quel moment tu te dis, ça, il faut que j'en fasse une formation ? Comment tu fais pour avoir autant d'inspiration au fil des années sur les formations, justement ?
- Speaker #1
Ça, c'est une question que je me suis posée au début, parce que ma première formation, celle dont j'espérais 1000 euros, J'estimais que c'était ma formation. Voilà la formation. Il y a des chances qu'il n'y en ait pas d'autres. Je m'étais dit, je vais mettre tout dedans, le truc qu'il ne faut absolument pas faire. Mais je m'étais dit, en mettant tout, je me mets toutes les chances d'avoir tous les sujets dont je parle depuis 2008 sur mon blog. Donc là, les inspirations, j'en avais même presque trop. Puisque il y a une époque, j'écrivais un article par jour. dans le blog, pas forcément long, mais un par jour, un par jour ouvré, parce que je savais que je n'allais pas être le week-end. Et donc, j'avais vraiment beaucoup d'inspiration à l'époque. Et donc, ça m'avait fourni le terreau pour la première formation. Ensuite, ce que je me suis dit dans une deuxième phase, une fois que j'ai vu que j'avais dépassé les 1 000 euros pour la première formation, je me suis dit, tiens, je vais reprendre certains modules de cette première formation qui méritent... à eux seuls une formation entière. Par exemple, j'en ai fait une sur la prévoyance, qui était un module de la première formation. Mais là, j'ai passé trois heures, j'ai plus de trois ou quatre heures sur la prévoyance. Donc, je prenais un sujet et là, vraiment, j'allais au fond des choses pour ceux qui voulaient approfondir. Et donc, comme ça, j'ai été comme ça jusqu'en 2022, à peu près, où la plupart des formations que j'ai sorties à cette époque-là, c'était là-dessus. Alors, pas toutes. Par exemple, j'en ai sorti une en juin 2020. Oui, après le confinement, qui était sur ta thématique. C'était contourner le blocage de l'AMO, le titre. Et contourner en faisant ce que je venais de faire depuis six mois, en fait. Donc, profiter du fait qu'on sait transmettre des connaissances pour transmettre nos connaissances. Oui. C'était ça l'idée, en fait. Et comment le faire ? Quelle stratégie marketing ? Comment se réconcilier avec le marketing ? Alors que c'est vraiment un gros mot en orthophonie, ça. Marketing, commerce, tout ça, c'est mal vu, puisque de toute façon, on n'a même pas... pas le droit de se mettre en avant en tant qu'orthophoniste. Tes invités en parlent régulièrement. Mais donc, cette formation-là était ma première formation qui n'avait pas de rapport avec le blog. Donc, j'ai fait quelques infidélités à la thématique initiale en commençant déjà en 2020. D'accord. Des idées qui me venaient comme ça. Les idées, en fait, me viennent avec tous les échanges que j'ai et tous les postes que je vois passer sur le groupe des clés. Maintenant, il n'y a plus rien qui m'échappe, puisque depuis que je fais la newsletter, c'est-à-dire depuis février 2020, toutes les semaines, je passe en revue tous les postes de la semaine du groupe des clés.
- Speaker #0
Et il y en a ?
- Speaker #1
Oui, il y en a vraiment beaucoup. Et donc, je vois tout. Et donc, ça me donne l'humeur des collègues, ça me donne les préoccupations du moment. En fait, c'est extraordinaire pour connaître un commercial, je dirais, pour connaître son marché. C'est une façon… Enfin… Comment on pourrait dire ça de manière orthophonique ?
- Speaker #0
Sassible ?
- Speaker #1
Oui, sassible, c'est quand même mieux.
- Speaker #0
Oui, de toute façon, le mieux, c'est de comprendre au mieux ce que vivent les personnes à qui on s'adresse dans le quotidien, et encore mieux, avec leurs mots. C'est ce qui permet derrière de créer une offre, qu'elle soit gratuite comme ta newsletter ou payante, la plus adaptée aux besoins et aux ressentis du moment.
- Speaker #1
C'est ça, oui. Et puis, j'ai aussi conscience d'un truc, c'est que mon image à moi ne peut plus créer d'identification. étant donné le fait que déjà je suis un orto-homme, ce qui n'existe pas, et qu'en plus je ne suis pas jeune, et que les gens qui ont le plus de besoins dans ma thématique sont jeunes. Les autres, ils ont leurs habitudes, ils sont rodés, les gens de mon âge, la plupart du temps. Soit ils ont pris un comptable pour s'occuper de rien, soit ils s'y sont mis, mais du coup depuis longtemps et c'est bon. Il y en a même qui sont encroutés dans leurs habitudes. Mais donc, il faut connaître un public qui n'est pas le même que soi, en fait. Et pour ça, les groupes, les interactions qu'on a sur Facebook, et c'est aussi pour ça que je préfère Facebook et Instagram, les interactions sont hyper enrichissantes.
- Speaker #0
Oui. Et puis, par rapport à ce que tu dis, par définition, si on aide les gens sur un sujet, c'est qu'on a un cran d'avance sur eux, sur le sujet. Donc, par définition, notre cible n'est plus nous, aujourd'hui.
- Speaker #1
Oui, c'est vrai.
- Speaker #0
C'est le nous d'il y a quelques années, très certainement, la plupart du temps. Mais dans tous les cas, je pense qu'on oublie assez vite ce que ça faisait, que ce qui nous paraît naturel aujourd'hui ne l'était pas il n'y a pas si longtemps, et que le meilleur moyen, quoi qu'il en soit, même si potentiellement ta cible pourrait s'identifier à toi, c'est toujours d'être au contact des personnes, en fait.
- Speaker #1
Oui, oui, oui. Oui, et effectivement, le fait de devenir, je ne vais pas dire un expert, mais un gars qui s'y connaît un peu, est un risque. Parce que, oui, le risque, c'est de ne plus être clair. en fait. Et donc, il faut absolument rester dans l'idée de quelles étaient les questions que je ramenais à mon père en 1992, le soir quand j'avais fini ma journée. En fait, j'en avais quasiment tous les jours, des questions sur la gestion de cabinet, des questions de compta pour mon père. En fait, on était deux à l'époque, à cette lancée. Il y avait moi qui remplaçais une orthophoniste et il y avait un copain à moi qui était associé avec cette orthophoniste-là. Et donc on avait les mêmes questions au même moment. Parfois je ramenais à mon père des questions de l'associé de ma titulaire, ou alors des questions à moi. Et donc on a brainstormé tous les deux jusqu'à ce que je sois obligé d'aller apprendre à tuer des gens dans l'armée française.
- Speaker #0
D'accord. Ok.
- Speaker #1
Il a fait un rat de perdre l'orthophonie pendant dix mois.
- Speaker #0
Eh bien oui. Oui, c'est vrai que dans les années 90, effectivement, il y avait le service militaire.
- Speaker #1
C'était la fin,
- Speaker #0
oui. Il y a tort, oui.
- Speaker #1
mon collègue qui a plus de 45 ans lui il a réussi à y échapper in extremis mais moi non il a fallu que j'aille faire ça tu soulignais tout à l'heure l'année de naissance effectivement mon papa est de 69 et il a fait son service militaire dans les années 90
- Speaker #0
96 je crois précisément 95-96 effectivement c'était l'époque et donc t'as commencé ... à penser à faire des formations en 2018. Est-ce que ce besoin de diversifier tes revenus était déjà présent avant ou est-ce qu'il t'est venu justement en 2018 ?
- Speaker #1
Non, j'en avais pas besoin, en fait. J'en avais pas besoin parce que je travaillais beaucoup. J'avais compté, je faisais 53 heures. J'en faisais 50 en présence des patients s'ils venaient tous et 3 en administratif.
- Speaker #0
C'est un exploit 3 heures pour 50 heures comme ratio, ce n'est pas beaucoup 3 heures en regard de 50 heures de pension.
- Speaker #1
C'est vrai que la FNO dit qu'en moyenne, on fait 10 heures hors présence des patients, mais moi j'avais les vacances, pendant les vacances j'ai toujours eu plein d'absents comme tout le monde, enfin tous ceux qui s'occupent des enfants, et du coup j'avais beaucoup de rattrapage de choses pendant les vacances. Donc les périodes hors vacances scolaires, c'était 53 heures. Les vacances scolaires, ça revient tellement souvent que ça m'aidait à tenir.
- Speaker #0
Alors, pour quelles raisons avoir voulu diversifier tes revenus ?
- Speaker #1
Oui, du coup, j'en avais pas besoin.
- Speaker #0
J'en avais pas besoin, mais t'avais envie.
- Speaker #1
Mais pas besoin.
- Speaker #0
OK.
- Speaker #1
En fait, j'arrivais à une époque où le livre des clés de la réussite ne se vendait plus. J'avais conçu ça comme un moyen de transmettre des choses, en fait, ce livre-là, y compris sur l'épargne, tout le dernier chapitre du livre. était sur comment compenser les faiblesses de notre protection sociale, de la Carpimco et de l'Ursaf. Comme il n'y avait plus de livre, je me suis dit qu'il faudrait quand même que j'arrive à transmettre les choses. Je m'étais dit à un moment, est-ce que je ne vais pas faire un guide PDF gratuit ? Et ça, je l'ai fait avec Logique Max. Il y a des morceaux du livre « Des clés de la réussite » . J'avais demandé l'autorisation de l'éditeur, c'était Cite Inspire, pour… pour en faire une sorte de condensé gratuit édité par Logic Max.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
Et c'est toujours en ligne chez eux. Il a été mis à jour encore l'année dernière, mais je viens d'arrêter. Et puis là, j'ai découvert d'un coup, en écoutant des podcasts, le fait qu'on pouvait vendre des formations sur Internet. C'était Stan Leloup qui avait un podcast qui s'appelait Marketing Mania. J'ai découvert ça pendant les vacances à l'été 2018 dans les Alpes. Et j'ai écouté plein d'épisodes d'un coup. Après, j'ai écouté d'autres podcasts, notamment d'Antoine BM. Je ne sais pas si tu vois qui c'est. Et puis aussi de Lingensia, que j'aime beaucoup. Un gars qui se consacre maintenant au coaching. À l'époque, c'était sur la formation en ligne. Il avait un podcast aussi que j'écoutais sur Spotify. Et donc, j'ai... passé l'été à me retourner le cerveau, l'été 2018, je me suis dit, ah ouais, super, super, je vais commencer par raviver le blog. En septembre 2018, j'ai écrit plein d'articles de blog, une série d'articles de blog dont les idées m'étaient venues pendant les vacances. Et qui ont bien marché d'ailleurs, ils ont été pas mal lus. Et puis j'ai commencé à me refroidir, comme je t'ai dit, en me disant « mais attends, c'est bien ce système-là, mais je ne suis pas légitime » .
- Speaker #0
Ok. Donc c'était plus une envie de faire quelque chose d'autre, plutôt qu'un réel besoin d'aller insurer une sécurité financière.
- Speaker #1
Ah ben la sécurité financière, je l'avais avec l'orthophonie.
- Speaker #0
Oui. Et tu avais appris à justement pallier les difficultés, les failles de notre système de protection sociale en tant que libéraux.
- Speaker #1
Oui, j'avais créé mon auto-assurance pour arrêter d'avoir une prévoyance, par exemple. J'avais mis en place de l'épargne de long terme pour les études des enfants. J'ai deux enfants. Et pour la retraite, un jour, si on en a une. Mais donc, j'avais mis en place des choses dès les années 2000. J'ai passé les années 90 à ne pas faire grand-chose, tant en orthophonie, je travaillais quatre jours, et que, enfin, je vais peut-être en vexer plus d'une en disant ça, mais tant sur l'orthophonie, après j'ai considéré que je n'avais rien fichu dans les années 90. Tant pour ça que pour l'orthophonie, puisque je ne me sentais pas en danger dans les années 90 par rapport au blocage des tarifs, en fait, à l'époque.
- Speaker #0
Oui, parce que... À l'époque, peut-être que justement, l'AMO suivait le cours de la vie de manière générale, non ?
- Speaker #1
Non, non, non, il a décroché en 1983.
- Speaker #0
D'accord, ah oui.
- Speaker #1
Avec le tournant de la rigueur de Mitterrand.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
Donc, on a fait partie de la rigueur. Tous les métiers comme ça ont commencé à décrocher, sauf les médecins, puisqu'ils suivent l'inflation depuis le début, enfin depuis que je regarde. C'est-à-dire que je suis remonté jusqu'au début des années 80. Et nous, on a décroché en 1983, on suivait complètement l'inflation jusqu'en 1983 exactement. Il y avait certaines années où il y avait deux augmentations de l'AMO par an dans les années 70 et au début des années 80.
- Speaker #0
On n'en est plus là.
- Speaker #1
Non, maintenant, on a eu 12 ans entre l'avant-dernière et la dernière. Et donc, non, ça avait commencé à décrocher. J'entendais mon père râler contre ça depuis 1983. Ah oui, mais moi… Je ne le ressentais pas encore parce qu'encore à l'époque, on pouvait dire, on peut encore le dire d'ailleurs, que c'est un métier qui permet quand même de gagner sa vie mieux que beaucoup de gens quand même. Et donc, dans les années 90, les quatre jours que je faisais me suffisaient. J'avais acheté une maison, là tu vas être dégoûté, à l'époque, ma maison, il y avait 7000 m² de terrain et j'avais payé la maison qui était une longère avec quatre pièces principales, 45 000 euros, 300 000 francs.
- Speaker #0
C'est le prix d'une voiture aujourd'hui. Une bonne voiture, mais...
- Speaker #1
J'étais à une demi-heure du Havre à peu près, par autoroute, avec l'autoroute à côté. Donc une demi-heure de la grande ville. Donc là, c'est des conditions qu'on ne retrouvera jamais. Et donc, c'est pour ça aussi que je ne me sentais pas en danger. Ma maison ne coûtait pas trop cher. Je n'avais pas besoin de grand-chose. Je ne prenais pas l'avion tous les trois jours. Je n'avais pas une voiture de luxe. Je roulais en Lada. Et je sais pas si tu vois, la Dacia, c'est une marque russe. C'était les voitures les moins chères à l'époque, il n'y avait même pas les Dacia. Et donc, je me sentais bien. Et puis, finalement, j'ai mis en place toutes les solutions auxquelles j'ai réfléchi à partir des années 2000. Quand j'ai eu mon premier fils, en fait, ça m'a aussi mis un peu les pieds sur terre. Et en fait, il y a des gens qui travaillent moins une fois qu'ils ont un enfant. Moi, j'ai travaillé cinq jours au lieu de quatre à partir du moment où j'ai eu mon fils.
- Speaker #0
D'accord. Et la question qui me vient quand je t'écoute raconter ça, c'est... Aujourd'hui, tu nous as donné tes chiffres, tu gagnes plus avec ta société qu'en orthophonie. Pourquoi continuer à travailler cinq jours semaine en orthophonie ?
- Speaker #1
Ça, c'est une question que je me pose depuis le confinement. Quand j'ai vu à quel point ça marchait au moment du confinement, je me suis dit qu'est-ce que je fais ? Est-ce que je reprends le 11 mai 2020, quand ils ont annoncé la date de la reprise de Tout le monde ? Oui, c'est vrai. Et puis, je l'ai fait. La principale raison, c'est une raison que m'a donnée mon associé Thomas. qui était que je serais moins légitime si j'étais plus orthophoniste.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
Je crois que je te l'ai dit.
- Speaker #0
On en avait discuté par message, mais à ce moment-là, pourquoi garder encore aujourd'hui cinq jours et pas par exemple passer à trois ou même quatre ? par confort, on va dire.
- Speaker #1
En fait, je me suis retrouvé avec un gruyère. Je me suis planqué des demandes progressivement, de manière un peu piteuse d'ailleurs, vis-à-vis de mes associés. Ça s'est fait tout doucement. Je ne suis pas du genre à prendre des grandes décisions tournant. En fait, en prenant de moins en moins de demandes, j'ai progressivement allégé la partie orthophonique. Et donc, tous les jours, il y a des moments où je travaille pour la... l'activité secondaire qui est maintenant hébergée dans une SASU, une société pour ça. J'ai été obligé d'ouvrir ça puisque ça ne pouvait plus aller, ce n'était plus du secondaire. Bien sûr. Et donc maintenant, oui, je pourrais, mais il y a aussi le fait que je ne suis pas encore complètement persuadé que ça va durer, toujours pas. Je suis un grand pessimiste de nature. Donc, pour moi, mon vrai métier, ça reste orthophoniste. D'ailleurs, ma femme, quand elle parle de moi, elle dit que je suis orthophoniste. Elle ne dit pas, il est formateur en ligne, ce gars-là.
- Speaker #0
Oui. Est-ce que tu penses que c'est une question juste, dans ta tête, tu es orthophoniste, et puis c'est la vérité, c'est ce que tu fais 5 jours sur 7, ou c'est une difficulté à s'identifier à l'identité d'entrepreneur ?
- Speaker #1
Ah non, je n'ai pas du tout cette difficulté-là. Non, c'est plutôt la réponse 1. Une, parce que je suis d'une famille de commerçants, moi. Donc, je n'ai aucun scrupule par rapport à tout ça. L'idée d'être entrepreneur, j'admire tellement mon frère qui est entrepreneur, d'avoir fait que ça dans sa vie et d'en être là où il en est. Non, non, j'ai beaucoup d'admiration pour les entrepreneurs. Pour moi, c'est les aventuriers des temps modernes. Donc, non, non, je serais fier de pouvoir dire que je suis entrepreneur, autant que j'ai pu être fier de dire que je suis orthophoniste.
- Speaker #0
Ok, c'est vrai. Mais puis c'est vrai que... De mon côté, de mon expérience personnelle, il y a aussi quand ce ne sont pas des gens qui sont proches de nous et qui ne connaissent pas très bien ce qu'on fait et qui ne sont pas au courant de ce qu'on fait. Perso, j'ai toujours eu plus de facilité dans une discussion à dire « je suis orthophoniste » plutôt que de dire « je suis orthophoniste et je suis entrepreneur » parce qu'après, il faut expliquer, ce ne sont pas des métiers qui sont encore connus. Bientôt, je ne pourrai plus dire « je suis orthophoniste » parce que je vais fermer le cabinet et je n'ai pas prévu de reprendre de sitôt. Mais pour l'instant, quand on me pose la question, je dis encore « je suis orthophoniste » par simplicité, de ne pas avoir à expliquer tout ce que je fais.
- Speaker #1
Oui, ce n'est pas considéré, même encore par des gens de ma famille, comme un vrai métier. Tu t'amuses avec les réseaux sociaux. Un peu comme on peut dire à un orthophoniste, tu t'amuses à faire du jeu toute la journée.
- Speaker #0
Il n'y a pas très longtemps, on m'a demandé si j'étais influenceuse.
- Speaker #1
Ben oui.
- Speaker #0
Non ?
- Speaker #1
Pas du tout ? Il est arrivé qu'on me dise que moi, j'étais influenceur. Et je ne le vois pas du tout comme ça. Chacun pense comme il veut.
- Speaker #0
Oui, c'est un manque de connaissances. Et justement, tu disais que c'est un vrai métier à part entière. Tu me disais que tu étais 100% autodidacte, que tu n'avais jamais eu ressenti le besoin de te faire aider ou accompagner sur la partie développement de tes offres, communication, etc. C'est ça ?
- Speaker #1
Alors, je me suis fait aider, mais sans que ce soit en direct. En fait, j'ai acheté beaucoup de formations. Donc, j'ai plusieurs mentors dont deux le savent d'ailleurs. Le principal, c'est Antoine BM. Il est venu ici d'ailleurs, dans le bureau là où tu me vois tout de suite, puisque toi tu as le retour vidéo. Il était assis là où je suis assis d'ailleurs. Moi j'avais l'impression de recevoir Johnny Hallyday. Quand Antoine BM est venu en 2020, à l'été 2020, il est venu me voir. Parce qu'il faisait un tour de France pour interviewer des gens. Il avait annoncé ça, il avait dit si vous voulez que je vienne, contactez-moi et je l'avais contacté et puis il était venu. Et donc, il y a une vidéo encore sur sa chaîne où je suis interviewé à l'été 2020.
- Speaker #0
Ah ben, j'irai voir ça.
- Speaker #1
Pour parler de tout ça. Et donc, oui, il y a eu lui, il y a eu André Dubois du site Traffic Mania. Je ne sais pas si tu vois. Non,
- Speaker #0
pour le coup, je ne connais pas.
- Speaker #1
Non, c'est un autre sur la même thématique, en fait. C'est comment se lancer. Et moi, en tant que gars très, très introverti, ça me plaît de ne pas échanger avec les gens.
- Speaker #0
OK.
- Speaker #1
Parce qu'en plus, je passe la semaine à échanger avec des gens. Et donc, je faisais ça quand je voulais. C'est le principe du streaming. Je me formais quand je voulais, au rythme que je voulais. J'achetais les formations que je voulais et on ne me demandait rien. On ne me disait pas, tiens, ramène un projet pour tel jour et puis on va en parler. Non, je réfléchissais tout seul. Après avoir écouté les formations.
- Speaker #0
D'accord, oui. Quand tu m'en avais parlé, j'avais cru que tu avais toujours fait au feeling. Mais non, en réalité, tu t'es formé. C'est juste que... t'as pas suivi de personnes qui étaient vraiment avec toi en train de te demander tes comptes. Voilà.
- Speaker #1
Je n'ai pas suivi le genre de programme que toi tu fais, par exemple. D'accord. Ce n'était vraiment pas pour moi. Je pense vraiment. Par contre, oui, les formations en streaming. Antoine BM fait des formations ramassées sur une heure et demie, en gros, sur un concept. Et quand le concept m'intéresse, je prends encore aujourd'hui la formation. Je lui en ai acheté une il y a 15 jours.
- Speaker #0
Ok. Oui, il en sort régulièrement. Justement, ça ne t'a jamais manqué le fait de ne pas avoir un regard extérieur, quelqu'un qui puisse te faire un feedback sur ce que tu proposes ?
- Speaker #1
Non, pour deux raisons. La première, c'est qu'au début, pour moi, le retour extérieur, c'était les ventes, tout bêtement. Je trouve que l'argent qui rentre dans la SASU est en fait le test. Quand il y a une formation qui ne marche pas, je le sais comme ça. Et du coup, après, je me creuse la tête pour savoir pourquoi elle n'a pas bien marché. Et puis maintenant, en plus, j'ai mon fils, KD, qui lui est alternant dans la communication sur Internet. Donc, en plus, j'ai son regard à lui. Il lit la newsletter, peut-être pas tous les jeudis, mais souvent quand même. Et puis, il voit ce que je publie aussi. Il n'est pas sur les groupes Facebook, quand même pas. Mais il y a des moments où je lui montre des posts que je fais aussi, pour lui demander son avis. Et donc, on en discute. Donc, j'ai un peu de brainstorming avec lui maintenant.
- Speaker #0
Ok.
- Speaker #1
Il a 22 ans.
- Speaker #0
Ah oui, il maîtrise son sujet à 22 ans, c'est bien.
- Speaker #1
Oui, il est en train de se former là-dessus. Il est en troisième année. Donc, il a essayé de faire informatique. Puis après, il s'est mis dans la communication par Internet, en fait.
- Speaker #0
Ok, super. Et justement, sur tout ce parcours, est-ce qu'il y a eu des moments où vraiment tu as rencontré de grosses difficultés, où tu t'es dit potentiellement, là ça ne va pas fonctionner, je vais devoir arrêter, ou est-ce que ça a toujours plus ou moins été « fluide » parce que je sais que ça n'est jamais à 100% ? Comment tu l'as vécu ?
- Speaker #1
Mes principaux échecs, c'est deux formations qui n'ont pas fonctionné, en fait. Je m'en suis fichu parce que je me suis dit, la prochaine fois j'en fais une autre, puis on verra. Je pense que si j'en avais fait trois de suite qui n'auraient pas fonctionné... J'aurais probablement arrêté.
- Speaker #0
Ok.
- Speaker #1
Mais à chaque fois, derrière, la suivante est revenue aussi bien que celle d'avant, enfin d'avant-avant, ou voire mieux. Donc l'an dernier, par exemple, il me semble bien que celle qui n'a pas fonctionné, enfin je sais que celle qui n'a pas fonctionné, c'était une sur la vidéo, donc là c'était plus clinique, l'utilisation de la vidéo en clinique, enfin en séance. Et puis derrière, j'ai sorti celle sur l'intelligence artificielle qui m'a fait complètement oublier celle sur la vidéo.
- Speaker #0
Oui, donc comme quoi, ce n'est jamais parfaitement linéaire. Et c'est une succession qui fonctionne.
- Speaker #1
Et Antoine BM l'avait dit, donc je le savais que ce serait comme ça. Donc, il avait montré ses ventes une fois dans une formation. Il avait dit, une formation ratée, c'est un moyen d'apprendre. Tout le monde le dit, quand on se trompe, une erreur, ça permet d'apprendre. je réussis, je gagne, et quand je perds, je gagne, puisque j'apprends à ne pas reperdre.
- Speaker #0
Nelson Mandela, soit je gagne, soit j'apprends.
- Speaker #1
Voilà, je cherchais la vraie citation.
- Speaker #0
C'est ça. Une question que j'avais envie de te poser, c'est que chez beaucoup de soignants, libéraux ou pas libéraux, mais en l'occurrence, on est libéraux, le fait de gagner de l'argent, c'est un petit peu un tabou, parce qu'on soigne, entre guillemets. On se comprend parce que c'est la Sécu qui paye, mais gratuitement, les gens. Techniquement, ce n'est pas les gens qui payent de leur poche, du moins pour les praticiens conventionnés. Et du coup, il y a beaucoup de soignants que je vois, soit dans des appels, soit même chez les personnes que j'accompagne ou sur Instagram, qui me disent qu'elles ne se sentent pas légitimes à demander de l'argent et qui ont un vrai blocage avec ça. Toi, comment est-ce que tu as vécu cette relation à l'argent ? Est-ce que ça a évolué ? Comment on t'explique que les soignants aient cette problématique-là avec l'argent et le fait d'assumer, d'en gagner ?
- Speaker #1
Donc ces deux questions, pourquoi moi je n'ai jamais eu de problème avec ça ? Parce que je suis d'une famille de commerçants, mes deux grands-pères, il y en avait un qui était boucher, qui était vraiment d'une famille de bouchers, et de l'autre côté, le père de ma mère était herboriste à l'origine dans les années 30, et ensuite opticien, il a passé un brevet d'optique pendant la guerre. Et donc il n'a jamais été… Déjà l'optique c'était déjà… proche du milieu de la santé. Dans ces deux familles-là, il n'y avait jamais eu de scrupules par rapport au fait de gagner de l'argent, de faire des vitrines pour attirer le client. Il n'y a jamais eu de honte par rapport à ça, de malaise. Je suis peut-être un peu à part. De par mes origines, quelqu'un qui sort d'un milieu de fonctionnaire, ou d'un milieu purement santé peut ressentir ça. Et je pense que ça vient aussi du fait que la santé n'a pas de prix, même si elle a des tarifs. Et qu'il est assez, en France, mal aisé de mettre un prix sur la santé. Avec en plus la grande augmentation du tiers payant généralisé, qui fait qu'en fait les séances n'ont même plus de prix aux yeux des gens, sauf s'ils regardent leur relevé. Bah du coup, effectivement, on n'est pas du tout dans le système, je vais faire en sorte que vous veniez pour vous vendre quelque chose.
- Speaker #0
Oui, bah oui, exactement. Puis en plus, quand on travaille sur prescription, bon bah la question se pose même pas quoi.
- Speaker #1
Non, bah non, non, non. On n'a pas besoin de mettre en avant nos compétences puisque de toute façon c'est le même tarif pour tout le monde. Le système lui-même n'encourage pas le fait de se mettre en avant. Et même il le décourage puisqu'on n'a même pas le droit.
- Speaker #0
Exactement. C'est vrai que ce que tu disais par rapport au tiers payant intégral, c'est vrai. Moi, je le fais plutôt parce que j'ai beaucoup de patients en ALD, puisque je fais uniquement des adultes, donc beaucoup de neuro, beaucoup de cancéro, donc pas de mutuel, enfin prise en charge sécu intégrale. Et parmi ces patients-là, même quand il y a une partie mutuelle, je fais le tiers payant intégral par souci praticité, de ne pas avoir à aller encaisser des chèques, de la monnaie, de ne pas avoir de TPE, etc. Et c'est très rare qu'un patient me dise, au fait, ça coûte combien la séance ? Ça n'arrive même quasiment jamais. Pourtant, j'ai les tarifs affichés, mais... Oui,
- Speaker #1
puisqu'il faut. Personne ne les regarde. Non, personne ne les regarde, mais ils s'en fichent. C'est comme des gens qui ont des médicaments hors de prix, mais qui ne regardent pas le prix pour la plupart. Il y en a, de temps en temps, c'est ce que disent les hospitaliers, des gens qui disent, du coup, une journée, ça coûte combien ? Mais ils sont quand même assez rares.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
En France, on est complètement déconnectés de tout ça, du coup, de la santé.
- Speaker #0
Oui, c'est comme les patients qui ne viennent pas et qui disent, mais ce n'est pas grave, facturez la séance.
- Speaker #1
Oui. Bah oui, bah non
- Speaker #0
Déjà on n'a pas le droit et puis en plus c'est la sécu qui taille et la sécu c'est nous tous en final C'est vrai que c'est un problème de société là en l'occurrence mais c'est vrai que ça impacte je pense grandement la relation des soignants notamment libéraux à l'argent
- Speaker #1
Oui oui surtout quand on n'a pas encore conscience d'exercer un métier d'entrepreneur en tant qu'entreprise individuelle même s'il faut qu'on mette EI à la fin de nos noms Oui sur les comptes bancaires. Tout ça, c'est que deux lettres, mais qui ne représentent pas vraiment une réalité intégrée dans la tête des gens, je pense, dans nos métiers. On n'a pas fait ce métier-là pour être entrepreneur.
- Speaker #0
Ça serait intéressant, ça a peut-être déjà été fait d'ailleurs, de sonder les libéraux pour savoir qui se considère entrepreneur. Je ne sais pas si tu l'as déjà fait à travers une newsletter ou sur ton groupe.
- Speaker #1
Non, non. Je n'ai pas encore fait ça. De toute façon, c'est des sondages qui sont non représentatifs. C'est les gens qui se sentent concernés par la question qui y répondent. Ce n'est pas évident d'avoir un vrai sondage représentatif. Il y avait un sondage que j'avais fait une fois sur le groupe des clés. C'était à la fin des années 2010. J'avais dit, si vous aviez le même revenu, mais en étant salarié, est-ce que vous seriez quand même libéral ? La réponse avait été non, je serais parti en salariat.
- Speaker #0
Oui, moins de prise de tête.
- Speaker #1
De mémoire, c'était à peu près deux tiers.
- Speaker #0
Ah oui, ça ne m'étonne pas tant que ça.
- Speaker #1
Bah oui, moi non plus. Non, mais en même temps, une fois de plus, c'est des sondages entre guillemets, puisque sur Facebook, les sondages ne sont pas des sondages de l'IFOP.
- Speaker #0
Oui, et ça m'amène une question par rapport à peut-être l'avenir du libéral au vu de l'évolution des charges sociales, de la Carpinko, de... de tout ce que tu connais très bien. À ton avis, est-ce qu'aujourd'hui, un soignant libéral qui travaille, qui ne veut pas forcément travailler 5 jours pleins, qui veut travailler 4 jours, plus un jour administratif, sans faire de trop grosses journées, et qui n'est ni entrepreneur ni investisseur à côté, est-ce qu'il peut s'en sortir, entre guillemets, décemment ?
- Speaker #1
À l'heure actuelle, oui, quand même. Un orthophoniste, en tout cas. Je sais qu'un infirmier est obligé de faire une sorte d'abattage. En fait, on n'a pas les mêmes conditions. Un kiné, les kinés, ce n'est pas pareil que nous non plus, puisqu'il y a des kinés qui font du dépassement d'honoraires maintenant, sans que la sécu leur tape dessus. Il y a le fait de prendre plusieurs personnes à la fois. Il y a des kinés qui disent non, je ne le fais pas, puis d'autres qui le font. Donc, en tout cas, pour l'orthophonie, on a des tarifs plus élevés que ceux des kinés, qui nous permettent quand même encore de vivre vraiment pas trop mal en province. Et en dehors de l'archipel des grandes villes. Oui,
- Speaker #0
quand il n'y a pas des loyers de cabinet à 1000 euros par mois.
- Speaker #1
Voilà.
- Speaker #0
Ok, merci.
- Speaker #1
Ici, le cabinet nous revient à à peu près 400 euros quand on est 4, et maintenant qu'on est redescendu à 3, on est plutôt entre 5 et 600. Donc c'est largement vivable.
- Speaker #0
Oui, c'est pareil chez moi. À l'heure actuelle, au fin fond de l'Auvergne, c'est un peu les mêmes tarifs que toi. Et c'est sûr que c'est plus facile de s'en sortir que quand tu es à Paris ou même à Marseille.
- Speaker #1
Oui, c'est pour ça que je comprends les kinés qui prennent le risque de faire du dépassement d'un horaire illégal à Paris. Parce qu'une séance à 15 euros, vu les loyers, et en plus vu la surface qu'il leur faut eux, c'est... des tarifs qui riment à rien.
- Speaker #0
Oui, puis ils ont une charge matérielle en termes d'instruments. C'est vrai que nous, on n'a pas... Nous, un PDF, trois feuilles de papier, et on fait une séance.
- Speaker #1
Oui, tout à fait. Papier-crayon, on disait à l'époque. On pouvait fonctionner en papier-crayon.
- Speaker #0
Exactement.
- Speaker #1
Sinon, pour l'avenir, évidemment, si on poursuit, si on prolonge les courbes, je le fais souvent, de prolonger les courbes de la dérive de la Carpinko et de... de l'inflation, même en imaginant que l'inflation reste entre 1 et 2 % dans les 20 ans qui viennent, ce qui n'est pas garanti, vu qu'elle a dérapé il y a deux ans. Évidemment, plus ça ira, moins ça ira. Je dis toujours, on est mieux qu'hier, mais moins bien que demain. Et je suis bien content que mes fils ne soient pas allés dans ce métier-là, dans un métier paramédical, ni l'un ni l'autre. Et d'ailleurs, eux-mêmes m'ont tellement entendu râler qu'ils ne risquaient pas d'y aller, tout de suite.
- Speaker #0
Et justement, ta vision à toi sur les années à venir en tant que soignant et en tant qu'entrepreneur, c'est quoi le Guillaume en 2030 ?
- Speaker #1
C'est une question que tu poses souvent, ça. Je ne sais pas. Honnêtement, je n'en ai aucune idée parce que je ne sais pas si dans deux ans, mes formations se vendront encore. Par exemple, là, je sais qu'il y a beaucoup de formateurs en ce moment qui ont un gros problème avec la suppression du crédit d'impôt formation. qui vient d'être supprimé. Il y a eu un poste là-dessus, je l'ai relayé la semaine dernière, deux formatrices qui se demandent là, tout de suite, au bout d'un mois seulement, d'arrêt du crédit d'impôt, si elles ne vont pas arrêter leur organisme de formation. Donc, je ne peux absolument pas me projeter si loin que ça. Je pouvais m'y projeter au début de ma carrière, je me voyais bien faire ça toute ma carrière. jusqu'à 60 ans, puisqu'à l'époque c'était 60 ans, et maintenant c'est 64 minimum. Enfin, je me voyais 65 pour le taux plein, mais mon père est parti à 64. Non, 60 tout court. À mon âge actuel, mon père ne parlait que de ça. Alors que là, ça paraît tellement loin que je ne me projette pas dans l'idée d'être retraité. Parce que je pourrais te répondre ça, je me projette dans l'idée de rien faire et de faire du camping-car en Italie.
- Speaker #0
Les tracances aussi, comme tu les appelles.
- Speaker #1
Oui, en fait, je pense que si je décroche un jour, et que les formations se vendent encore, justement, je pense que je maintiendrai l'activité de formation. Parce qu'il y a un tel intérêt intellectuel là-dedans. Évidemment, il y a de l'intérêt intellectuel dans l'orthophonie, mais comme j'ai découvert ça sur le tard en plus, puisqu'en 2019, j'avais 49 ans, En fait, ce deuxième métier-là me passionne et je me vois bien le faire jusqu'à 80 ans, si ça marche. Mais je n'en sais rien.
- Speaker #0
Oui, ça, c'est l'avenir qui nous le dira. Qu'est-ce que ça t'a apporté à titre personnel de faire tout ça, les formations, etc. ?
- Speaker #1
Ça m'a apporté déjà une réduction du nombre de séances. C'est là où je me sens un peu morveux vis-à-vis de mes associés, d'ailleurs, et puis de la population locale. Mais en même temps, je touche d'autres gens, je fais d'autres choses avec d'autres gens. J'en ai pas mal parlé avec Kathleen, je ne sais pas si tu vois qui c'est, Kathleen. Oui, tu vois qui c'est.
- Speaker #0
Elle travaille avec moi ?
- Speaker #1
Oui, tu vois qui c'est. Ça, j'en ai parlé avec elle. Parce que j'ai une sorte de sentiment de culpabilité de faire moins de séances. Il y a ça comme point gris, pas noir, mais gris. dans le fait d'avoir développé cette activité et réduit l'orthophonie. En 2021, dans la deuxième année pleine de cette activité-là, j'avais récupéré tous mes patients. Donc, j'avais à nouveau 53 heures d'orthophonie hors vacances, plus l'activité secondaire. Donc là, 2021 a été une année tête sous l'eau, en fait, là, vraiment. Mais alors, depuis... où progressivement ma patientèle s'est dégonflée, j'ai trouvé un confort de vie, puisqu'au total, je travaille moins qu'avant. C'est ça que j'y ai gagné énormément. Ça, c'est le gros, gros point positif. Je suis super content de me lever tous les matins, et le dimanche soir, je ne fais plus la tête. Oui. Parce que je sais qu'il y aura forcément des choses intéressantes dans la journée et des choses intéressantes où je serai tout seul parce que je suis une sorte d'ours. J'arrivais à un moment, après toutes ces années d'orthophonie, à une sorte de saturation devant les enfants qui bougent tout le temps, devant les enfants qui se déconcentrent tout le temps, on en voyait beaucoup moins avant, devant les adultes, ça n'a pas trop changé. Mais enfin… Il y a quand même plus de démence qu'avant. Avant, les gens mouraient avant d'être dément. Mais, oui, quand même, il y a avec l'espérance de vie qui a augmenté pendant la période où j'étais orthophoniste à plein. En tout cas, l'évolution du métier a commencé à me peser. Souvent, les gens, entre 50 et 60 ans, ils le disent. Il n'y a pas énormément de collègues entre 50 et 60 ans qui disent « Ouais, super, je vais travailler ce matin » . Oui. Et il y en a quand même qui sont toujours aussi passionnés par leur métier, notamment les formatrices en orthophonie. Mais justement, si elles sont formatrices, c'est qu'en même temps, elles font autre chose.
- Speaker #0
Oui. Et puis, en fait, j'ai percuté là pendant que tu me disais tout ça. Au début, quand tu m'as dit 50 heures de consulte, c'est plus le ratio 50 heures de consulte, 3 heures hors ortho qui m'a frappée. Mais 50 heures, je n'ai pas tiqué parce que franchement, ça doit être mon temps de travail aussi actuellement par semaine, mais sur mon entreprise plus une journée encore aujourd'hui d'ortho. Mais en fait, j'ai fait un calcul qui est pourtant simple, c'est 100 consultations par semaine.
- Speaker #1
Non, parce qu'il y avait de la neuro. Ah,
- Speaker #0
que tu fais en 45 minutes.
- Speaker #1
La neuro, c'était forcément trois quarts d'heure.
- Speaker #0
Mais tu es au moins à 80 consultes, quoi.
- Speaker #1
Ah oui, j'étais. Enfin, j'avais entre 90 et 95 inscrits.
- Speaker #0
La plupart des orthophonistes tournent plutôt en moyenne à une cinquantaine, voire soixantaine maximum de séances. Certains sont plus, d'autres un peu moins, mais c'est quand même une performance, si je puis dire. Et autant aujourd'hui travailler 50 heures, quand je pense à ce que je fais et que j'adore, ça ne me choque pas, autant me projeter à 50 heures de séance, c'est quand même, comme tu le disais, ultra-drainant avec les patients qu'on a aujourd'hui.
- Speaker #1
Ah oui, il y avait des mercredis soirs où... puisque le mercredi soir, c'était le jour le plus... avec que des enfants, quoi, où je sortais, et il m'est arrivé de me taper dans les piliers du parking souterrain dans l'immeuble.
- Speaker #0
Oui, parce que...
- Speaker #1
Je rentrais dedans, parce que je pensais à autre chose, et à tel point je pensais à autre chose, j'étais vidé, vidé, vidé, que je voyais même pas que je rentrais dans un poteau, en fait. Je regardais pas ce que mes yeux voyaient. Ça arrivait pas qu'une fois.
- Speaker #0
On ne se rend pas forcément compte, parce que 50 heures de travail selon travail ne se valent pas en termes d'énergie. Effectivement, ce relationnel permanent, c'est énorme. Oui,
- Speaker #1
mon frère tourne à 70 heures, mais pas 70 heures avec... Il est hôtelier, hôtelier-restaurateur, mais ce n'est pas 70 heures en permanence avec un enfant qui bouge dans tous les sens.
- Speaker #0
C'est une autre forme de fatigue.
- Speaker #1
Oui, il a des cernes d'ailleurs. Il est quand même crevé, il prend beaucoup moins de vacances que moi. Je pense qu'il s'use, il est tout le temps debout, donc il use ses genoux. C'est une autre fatigue. Oui,
- Speaker #0
complètement.
- Speaker #1
Il s'use aussi. 70 heures en orthophonie, je pense que j'aurais vraiment eu du mal.
- Speaker #0
Déjà 50 heures, honnêtement, je pense que quand j'étais au maximum, je crois que je n'ai pas dépassé les 30. Et déjà, j'étais fatiguée. Donc vraiment, vraiment bravo et respect parce que c'est vraiment beaucoup. Et je ne suis pas sûre que beaucoup de monde soit capable de faire ça. Et quand on peut le faire, tant mieux. Mais c'est vraiment, ça fait vraiment des belles semaines. Et tant mieux si aujourd'hui, tu as pu les alléger par une autre activité qui t'apporte de la diversité et plus de calme.
- Speaker #1
Oui, grâce à cette activité, il m'arrive de sortir en semaine de mon cabinet pour aller faire des photos sur les falaises. notamment, ou sur les plages, parce que je suis passionné de photo. Et ça, les premières fois où j'ai fait ça, je me sentais presque illégitime d'être dehors. Ça, c'est un des changements que m'a apporté la formation. Elle est tellement scalable par rapport à l'orthophonie, où on ne fait que vendre son temps. que vraiment et même on a du temps gratuit en plus que du coup ça aussi ça incite à s'investir à fond dans cette activité qui est tellement gratifiant de ce côté là aussi oui je précise juste scalable pour les personnes qui nous écoutent et qui serait pas c'est le fait de pouvoir assurer la croissance d'une activité sans
- Speaker #0
avoir à y mettre plus de temps enfin en gros pouvoir développer une activité sans nuire à notre temps à notre bien-être et à nos finances aussi c'est à dire que le temps passé n'est pas directement corrélé avec le revenu, si je résume. Je ne sais pas si tout le monde est familier avec cette notion, mais c'est une sensation de liberté en fait.
- Speaker #1
Ah oui, ça vient de scale, échelle. C'est une sorte de changement d'échelle. Pour le même temps, on peut gagner deux fois plus.
- Speaker #0
C'est pas faire plus, c'est faire mieux.
- Speaker #1
Oui, voilà, c'est ça.
- Speaker #0
Ça, c'est incroyable. Et ça,
- Speaker #1
c'est complètement impossible avec les métiers paramédico-libéraux, évidemment.
- Speaker #0
Oui, pour faire plus d'argent, il faut travailler plus, tout simplement.
- Speaker #1
Oui. et à travail égal, on gagne de moins en moins.
- Speaker #0
Oui, parce que les paliers de charge, l'augmentation du loyer et l'inflation.
- Speaker #1
Non compensée par l'aliment.
- Speaker #0
Voilà, je pense que c'est une belle presque conclusion. La question que j'aime bien poser pour conclure, c'est quel conseil tu donnerais à un soignant libéral qui se sent en bas ? enfermé un petit peu justement dans cette notion-là de vendre son temps et qui a envie de s'ouvrir à autre chose. Qu'est-ce que tu lui conseillerais aujourd'hui ?
- Speaker #1
Ce qu'il y a, c'est que l'autre chose est tellement vaste. Après, on peut en parler avec... Il y a des gens qui font des bilans de compétences. Il y a le groupe des reconversions, orthophonie et reconversion, où on peut furter des idées, glaner des idées, voir les retours des gens qui ont soit quitté complètement le métier, soit quitté partiellement le métier. pour mieux le vivre le métier aussi et donc ça permet de réfléchir de son côté et de réfléchir avec les autres aussi ça c'est toujours le gros avantage de facebook il ya après le fait d'écouter des podcasts comme le tien notamment et pour et pour se faire des idées savoir si vraiment on en est au point où on va développer on va tenter quelque chose à l'extérieur Et à mon avis, à ce moment-là, c'est ce que j'avais dit dans ma formation là-dessus, le mieux, c'est vraiment les formations sur Internet, au niveau investissement-rendement, le rapport entre ce qu'on peut apporter aux gens, le fait qu'on touche toutes les orthophonistes de France et de Navarre, et après, on peut élargir son marché, après, on peut vendre d'autres choses, par exemple, la collègue Rachel de la tribu Happy Kids. Oui. qui va pas tarder à passer sur qui veut être mon associé que je regarde tous les mercredis moi aussi elle a développé un truc qui fait tellement plaisir à voir, elle est partie de rien et donc c'est pas uniquement le fait de vendre des formations sur internet une activité secondaire ça peut être aussi vendre des choses donc il faut aller regarder le cache de la MO il y a vraiment des moyens c'est triste qu'on soit dans un monde où on a qu'on en soit là et qu'on ne puisse pas se dire mes conditions de travail actuelles vont rester les mêmes parce que la Carpimco va nous prendre toujours autant et parce que l'AMO va suivre l'inflation. On ne peut pas se projeter dans notre métier sur la base de la pérennisation des conditions actuelles. Donc, il faut réfléchir à est-ce que je pense rester là-dedans éternellement uniquement ou est-ce que j'élargis un peu mes horizons.
- Speaker #0
Ok, élargir ses horizons. C'est un bon résumé. Est-ce qu'il y a une phrase, un mot avec lequel tu aimerais conclure ce podcast que tu aimerais que les gens retiennent de ton intervention d'aujourd'hui ?
- Speaker #1
J'avais pas repéré cette question-là dans tes anciens podcasts, du coup, j'avais rien préparé mentalement. Un mot ?
- Speaker #0
Ou une phrase ou une notion, le mot de la fin.
- Speaker #1
Entreprise. Je sais que ce mot-là te plaît, mais moi, tout de suite, il m'évoque Star Trek. Ok.
- Speaker #0
Pourquoi Star Trek ?
- Speaker #1
Star Trek. C'était le nom du vaisseau dans Star Trek. Je ne sais pas si tu vois ce que c'est que Star Trek.
- Speaker #0
Oui, oui, je vois. Je suis quand même née avant l'an 2000. Mais oui, je vois. Je ne savais pas que le vaisseau s'appelait comme ça.
- Speaker #1
Oui, Enterprise. Et j'avais trouvé que c'était tellement extraordinaire qu'un auteur de série appelle Un vaisseau spatial comme ça, tellement anti-français, pour l'époque en plus, c'était je crois fin des années 60, début des années 70, la série Star Trek à l'origine, tellement aux antipodes de nos façons de penser que pour moi, le fait que ce mot-là soit devenu un mot normal est un vrai bonheur sur le changement de notre société.
- Speaker #0
Merci pour cette belle conclusion, Guillaume. Merci beaucoup pour ce temps que tu m'as accordé qui, je pense, va intéresser beaucoup de monde. Donc, c'était vraiment un plaisir de discuter avec toi. J'espère que cet épisode t'a plu et a plu aux personnes qui nous ont écoutées. C'était un bonheur partagé. Merci beaucoup, Guillaume. Merci à tous. Et puis, je vous dis à la semaine prochaine pour un nouvel épisode de Soignants Entrepreneurs.