- Speaker #0
Bonjour Angélique.
- Speaker #1
Bonjour Émilie.
- Speaker #0
Merci d'être avec moi aujourd'hui et d'avoir répondu à cette demande de témoignage. On va t'écouter aujourd'hui. Tu vas avoir une histoire passionnante, riche, rebondissement à nous relater. Peux-tu nous dire quel est ton âge, qu'est-ce que tu fais dans ta vie et d'où tu viens en France ?
- Speaker #1
Alors du coup, j'ai 29 ans maintenant. J'ai commencé le parcours PMA à 27. J'enseigne l'anglais en collège et lycée et je suis de la région Grand Est.
- Speaker #0
Ok, ça marche. Donc, tu es jeune, tu as commencé le parcours il y a deux ans. Oui. Donc, on va voir ensemble comment tu as pris cette décision-là. D'où tu viens en fait de ton parcours familial ? Comment c'était quand tu étais petite ?
- Speaker #1
J'ai une famille plutôt classique. J'ai grandi avec mes deux parents, un frère aîné. Donc pas tellement d'histoire familiale qui a conditionné cette envie de maternité solo puisque je n'ai pas été élevée par une mère solo pour le coup. Et mes parents, c'est un couple qui fonctionne bien, donc j'ai une bonne image du couple. Mais malgré tout, c'est quand même un choix qui s'est imposé assez tôt à moi, je dirais.
- Speaker #0
Et tes parents sont toujours ensemble ?
- Speaker #1
Oui, ça fait maintenant plus de 35-36 ans.
- Speaker #0
D'accord, ok. Et tu es toujours en lien avec eux ?
- Speaker #1
Oui, je finis même ma grossesse chez eux pour plus de tranquillité. D'accord. Ils sont à mes côtés.
- Speaker #0
Ok, super. Et ton frère, vous avez beaucoup d'écarts ou combien d'écarts ?
- Speaker #1
On a 4 ans et demi, 5 ans à peu près d'écarts. On n'est pas plus proche que ça, mais on prend régulièrement des nouvelles l'un de l'autre. Il a déjà une fille, maintenant il s'intéresse aussi à comment vont les... ma grossesse à moi et puis voilà on échange régulièrement sans se voir régulièrement pour autant mais il est au courant de tout ça.
- Speaker #0
Ok d'accord et puis les rapports changent aussi quand on devient parent, les rapports avec toute la famille changent, il y a plein de bouleversements qui se créent autour de la cellule familiale parce que notre positionnement évolue.
- Speaker #1
C'est sûr.
- Speaker #0
Les interactions avec nos proches évoluent aussi. Ok donc... Chemin très classique.
- Speaker #1
Oui, très.
- Speaker #0
Ok. Et tes relations affectives, amoureuses, comment ça s'est déroulé ?
- Speaker #1
Quelques histoires par-ci, par-là, quand même très sérieuses. J'ai toujours plutôt privilégié justement des histoires où j'avais envie de voir les choses se concrétiser au fur et à mesure, comme on peut l'attendre, emménager ensemble, faire les choses dans l'ordre. Mais pour autant, disons que je ne me suis jamais vraiment épanouie dans mes relations. ça devenait au final plus conditionné par l'envie d'être mère je me disais il faut que je passe par là pour et jusqu'au jour où en fait je me suis rendu compte que ça devenait anxiogène parce que je me mettais une pression et j'en avais parlé avec une thérapeute que je voyais qui me disait mais arrêtez de vous faire du mal clairement ça ne vous épanouit pas et je me suis dit que c'était pas juste non plus et que ça finirait par rendre toute la famille malheureuse d'être avec quelqu'un mais au final d'avoir un enfant et après de ne pas être heureux ensemble Ça n'aurait pas été juste ni pour la personne, ni pour l'enfant au milieu de ça. Donc,
- Speaker #0
tu as vraiment séparé le désir d'être mère du couple ?
- Speaker #1
Voilà, c'est ce que je disais. C'est que moi, j'ai toujours eu l'envie d'être maman, mais je n'ai jamais eu l'envie d'être la femme de quelqu'un, la pépagne de quelqu'un. Ce n'est pas quelque chose dans lequel je m'identifie, on va dire.
- Speaker #0
Qu'est-ce qui fait que c'est venu tout seul, en fait, cette réflexion-là, de ne pas le projeter, de la femme ?
- Speaker #1
Je me rendais compte que j'étais malheureuse en fait, dès que j'étais en couple, c'était très vite. Au début, c'est beau, c'est nouveau, on se sent aimé, c'est agréable. Mais rapidement, que ce soit pour une raison professionnelle ou un éloignement géographique, on se dit... En fait, je voyais juste des freins à cette envie de maternité et je me suis dit qu'au final, je n'étais pas en couple pour les bonnes raisons. Et je me suis dit, il faut vraiment que j'arrête d'essayer de rentrer dans ce moule, en fait, où on espère me voir. Parce que mes parents, c'était vraiment ça. C'était pour avoir un enfant. On est avec quelqu'un, on s'installe ensemble. Puis l'enfant vient. Donc, avoir ce schéma, ça a été dur au début pour eux de l'accepter, d'une mère solitaire, donc solo. Et ça a été... Voilà, il a fallu le faire accepter parce qu'ils voyaient bien que de toute façon, ce n'était ni un caprice, ni quelque chose de soudain. Moi, ça fait depuis que j'ai 16 ans que je le dis qu'un jour, j'aurai un enfant.
- Speaker #0
Ok.
- Speaker #1
Ah oui. Oui, oui, oui. Bon, ils prenaient ça à la rigolade. Ils disaient non, mais je ne suis pas la bonne personne. Mais en fait, non, c'est vraiment pas ça.
- Speaker #0
Ok, alors comment ça s'est passé alors cette annonce et le temps qu'eux comprennent aussi que ce n'était pas juste une lubie ?
- Speaker #1
Au début, ça a été compliqué. Donc, j'ai commencé à leur en parler quand vraiment j'ai voulu me lancer dans les premiers essais. Et je leur ai dit, voilà, j'ai réfléchi. C'est comme ça que j'ai envie de procéder. Je suis totalement sereine vis-à-vis de ce choix. Et pour eux, c'était très compliqué parce qu'ils me disaient que je n'aurais pas de relais au quotidien, que ça reste dur d'élever un enfant même quand on est deux. Donc, je les voyais surtout inquiets plus que vraiment contre l'idée, on va dire. Et au final, ils ont bien vu que c'est ce qui me rendrait heureuse. Et ils ont bien compris aussi qu'avec quelqu'un, je ne l'étais pas. Donc, je pense que comme tout parent, ils ont fini par se dire... Voilà pourquoi vouloir la voir malheureuse avec quelqu'un si au final elle peut trouver son bonheur à sa façon.
- Speaker #0
Donc ça s'est construit au fur et à mesure aussi ?
- Speaker #1
Oui, ça a quand même été plutôt rapide. Je ne peux pas dire qu'on n'a pas eu de grosses embrouilles familiales où on s'est coupé les uns des autres. Ils ont compris. Après, j'ai essayé de les rassurer au fur et à mesure. Et là encore, je ne peux pas dire qu'ils sont totalement sereins. Mais ils sont totalement en accord avec l'idée et déjà très impliqués. Donc c'est l'essentiel.
- Speaker #0
d'accord et alors comment toi cette réflexion c'est d'abord ok je fais constat que finalement le couple c'est pas pour moi je me sens heureuse ou si je veux devenir mère parce pas avec un homme alors comment comment tout ça c'est cheminée
- Speaker #1
J'ai considéré un peu toutes les options et puis bon les gens qui n'y connaissent pas grand chose ont tendance à dire mais toi avec quelqu'un fais ce qu'il y a à faire et ma foi tu seras enceinte. Je dis non c'est pas ça que je veux. Déjà faire un enfant dans le dos de quelqu'un je trouve ça affreux. Puis j'ai dit je connaîtrais pas la personne niveau sanitaire. Moi c'est vraiment pas mon truc quoi. J'ai dit je trouve ça affreux de démarrer la vie d'un enfant de cette façon c'est immoral. Après voilà chacun fait bien ce qu'il veut.
- Speaker #0
Et puis des fois ça arrive aussi sans l'avoir voulu
- Speaker #1
Ça aussi Ça c'est encore autre chose Mais là je me suis dit si j'ai le choix Je veux faire les choses bien Et du coup j'ai regardé un petit peu Bon ça commençait à bouger en France Donc j'ai regardé On savait que pour la maternité solo Malgré tout c'était pas une priorité On va dire Et moi j'étais pas à l'aise à l'époque Avec le principe d'anonymat du donneur Parce que déjà j'avais aucune info physiquement on m'a dit que ça serait obligatoirement quelqu'un qui me ressemble etc et en fait je me suis sentie un peu destituée de ce choix et je me suis dit bon la france c'est pas pour moi donc j'ai commencé à investiguer un peu les autres pays donc j'ai contacté la belgique à l'époque qui me disait oui Donc là c'est en été en 2021 j'ai commencé en 2023 mais j'ai commencé à me renseigner J'habitais encore en Ile-de-France à l'époque, donc je savais que ce serait un projet une fois que je serais revenue dans ma région. Donc oui, c'est à peu près 2020-2021 quand j'ai commencé à vraiment faire les recherches dans ce domaine.
- Speaker #0
Oui, parce que pour remettre, par rapport au podcast, parce que maintenant il y a la levée de l'anonymat en France, mais au moment où toi tu as fait tes démarches, il n'y avait pas.
- Speaker #1
C'est ça. C'est ça,
- Speaker #0
d'accord.
- Speaker #1
Oui, c'est ça.
- Speaker #0
Tu me diriges vers l'étranger.
- Speaker #1
C'est ça. Donc Belgique ils m'ont dit vous êtes encore très jeune, on n'est pas forcément favorable et j'avais pas envie de passer par tout ce qui est psy et compagnie parce que j'ai toujours trouvé ça personnellement un peu aberrant que des gens que je vais voir une ou deux fois dans ma vie soient aptes à dire cette personne peut devenir mère, ne peut pas devenir mère. Quand on voit parfois ce que ça donne les personnes qui les font totalement naturellement, je trouvais ça très arbitraire. Moi, personnellement, c'est quelque chose qui me bloquait, même en France. Je n'avais pas l'envie d'être jugée, questionnée. Donc, j'ai regardé l'Espagne aussi, qui est très loin de ma région, qui est plus ou moins proche de l'Allemagne. Et les prix font peur aussi, mais à l'époque, j'ai mis un petit post-it là-dessus, on va dire. Et finalement, j'ai entendu parler du Danemark. Et c'est par là-bas que j'ai porté mon choix petit à petit et sur lequel je me suis arrêtée en 2023, du coup.
- Speaker #0
D'accord. Comment ça s'est déroulé, les temps de la clinique, les premiers rendez-vous ? C'était à distance ? Tu t'es déplacée ? Comment ça s'est déroulé ?
- Speaker #1
Non, à distance intégralement. J'ai entendu parler des banques de sperme danoises, dont beaucoup d'entre nous ont entendu parler. Pour ma part, c'était European Sperm Bank, appelée USB généralement. donc j'ai eu une consultation en ligne avec une généticienne qui m'a un peu expliqué vers quoi je devrais me diriger, avec qui on a discuté aussi un peu de ce que ça impliquait. Du fait qu'à 18 ans je sois assurée avec le donneur adéquat que mon enfant pourrait avoir accès à ses origines, avoir accès à un contact avec ce donneur s'il le souhaite, ce que je serais totalement d'accord avec ça et je serais dans un vrai accompagnement à ce niveau là. Et c'était vraiment important pour moi et pouvoir mettre un visage aussi parce que faire un enfant avec un numéro sans avoir aucun trait en tête, c'est quelque chose qui me faisait peur. Je voulais quand même quelqu'un qui puisse me ressembler, mais où je puisse avoir un œil sur les antécédents familiaux, savoir un peu le dossier médical et tout ça. En France, on n'a pas du tout d'informations, mis à part parfois la couleur des cheveux, etc. Et c'est quelque chose qui me bloquait personnellement. Donc, après ça, j'ai vu un gynécologue en France qui s'occupait de suivre tout ce qui était stimulation ovarienne quand j'ai commencé en mai 2023. Et en fait, tout ce suivi s'est fait comme ça. Et après, il n'y avait que la partie insémination que je gérais avec la banque, en fait.
- Speaker #0
Ok, d'accord. Donc, en fait, tu as juste été en contact avec cette banque et avec ton gynécologue en France. Et il n'y avait pas une équipe médicale directement au Danemark en fait ?
- Speaker #1
Non, il n'y a pas, enfin, c'est pas une nécessité absolue. Et sinon, il y a des cliniques très bien comme Mitanova, Stork Clinic, où on peut se rendre si on préfère quelque chose de plus direct.
- Speaker #0
D'accord. Donc toi, en fait, tu as fait appel à la banque de sperme et tu as fait venir les gamètes.
- Speaker #1
C'est ça.
- Speaker #0
Ok, d'accord. En France. Et donc c'est aussi tout un cheminement aussi, il faut payer aussi pour que les petites paillettes puissent se faire geler, qu'elles restent bien congelées.
- Speaker #1
C'est un coût, c'est sûr.
- Speaker #0
Ça t'a coûté combien ?
- Speaker #1
C'est à peu près 1200 euros par essai, donc pas prise en charge à ce niveau-là, sachant que pourtant maintenant la France utilise des gamètes qui font venir eux-mêmes du Danemark, donc c'est un peu... un peu, comment dire, hypocrite, puisqu'à l'époque c'était très critiqué et que maintenant eux-mêmes ils font appel. Et donc ouais, ces 1200 euros par essai à peu près sont comptés tous les allers-retours, etc.
- Speaker #0
Donc les allers-retours pour aller les chercher à l'aéroport, c'est ça ?
- Speaker #1
Même pas, non, non, c'est envoyé chez un gynécologue. Donc après, il y a très peu de gynécologues qui collaborent avec eux.
- Speaker #0
Bah oui !
- Speaker #1
Donc voilà, il y a des semaines où j'étais à quasiment 1000 km d'allers-retours. Quand j'étais en phase de surveillance, de monitoring au niveau des ovaires. Donc, beaucoup, beaucoup, beaucoup d'allers-retours.
- Speaker #0
Parce que vous n'avez pas un gynécologue qui était tout proche ?
- Speaker #1
Non, non, non. Il y en a vraiment très peu, peut-être une dizaine en France. Donc, il faut trouver le gynécologue qui suive.
- Speaker #0
Ok. Donc, tu avais toujours le même, par contre ?
- Speaker #1
J'en ai changé trois fois. Pourquoi ? J'étais une toute première fois en mai 2023 et c'était quelqu'un qui n'avait pas fait ça très souvent et qui ne se rendait pas très disponible. Et bon, il faut quand même tomber juste au niveau de l'homéopathe. Le suivi n'était pas folichon. Ensuite, j'ai été suivie par une seconde personne et là, ils se bornaient à me donner un traitement qui en fait ne me réussissait pas. Et j'ai eu ma première grossesse quand même par ce biais-là. Donc en 2023, je suis tombée enceinte. Ça n'a pas tenu. parce que les taux dès le départ n'étaient pas du tout encourageants même au niveau de l'insémination. Et au final j'ai changé quand j'ai repris en 2024 parce que j'avais besoin de me sentir plus encadrée. Donc j'ai vraiment pris le temps de trouver le médecin qui fonctionnerait bien on va dire, avec qui ça collerait bien, où le suivi serait vraiment très poussé. Et à ce moment là voilà j'ai fait trois essais avec cette personne là.
- Speaker #0
Ok d'accord. Et là, avec cette personne qui t'a vraiment encadrée...
- Speaker #1
Ah oui, oui, le suivi était génial. C'était... Qui t'a me rappelé le soir, à venir le samedi après-midi si besoin. Non, non, j'ai été très, très bien suivie. Je suis très contente.
- Speaker #0
Oui, tant mieux. Parce qu'en fait, de ce que j'entends, là, au tout départ, c'était un peu lâché dans la nature et pas de suivi, en fait.
- Speaker #1
J'étais suivie, j'avais mes échographies, mes prévisions, tout ça. Mais disons que je devais appeler pour avoir bon, est-ce qu'au final on fait quelque chose ? Est-ce qu'il y avait moins ce côté, alors maintenant faites-ci, faites ça. Et j'avais besoin quand même, parce que je ne suis pas médecin, donc même quand on commence à comprendre un peu ce qu'on attend, disons qu'on a quand même besoin que le médecin se rende disponible. Et là quand on entend, bon alors il faut que votre insémination ce soit un mardi, parce que tel jour je ne travaille pas, tel jour je ne suis pas là, ce jour-là il n'y a personne pour vous accueillir et tout. Oui, mais bon, la nature ne marche pas comme ça, même avec une stimulation. Je ne suis pas Marie Poppins.
- Speaker #0
Non, tout à fait. Ok. Donc là, tu trouves ce généco qui était beaucoup plus exprimé. Et ça a suivi vraiment. Ok. Ok, d'accord. Et donc là, tu as dû faire plusieurs inséminations, c'est ça ?
- Speaker #1
Oui, c'est ça. J'en ai fait trois. Cette année, j'en ai fait trois. Donc au total, ça m'en aura fait quatre. Donc une en 2023 qui m'a donné une grossesse arrêtée très tôt. J'ai attendu le temps de faire un vrai deuil parce que je n'avais pas envie de recommencer dans la tristesse. Ça a été dur malgré tout et donc j'ai réessayé en mai et en juin 2024. Puis j'ai laissé passer l'été et au final en septembre 2024, ça a été la bonne.
- Speaker #0
D'accord, ok. Et donc pour ce moment-là, en septembre 2024, ça a été la bonne. Il t'inséminait, il te transfère les gamètes mâles.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Et là, comment ça se déroule ?
- Speaker #1
Et là, il y a 12 jours d'attente interminable, où on imagine tous les signes possibles. On se dit, c'est bizarre, ce matin, je me sens différente. Là, j'ai peut-être une petite nausée. Au début, c'est clairement dans la tête et avec les traitements type progestérone. Mais on a envie d'y croire et en même temps, j'avais déjà eu deux échecs cette année-là. Donc, j'ai essayé de me préserver en me disant non, mais ne te fais pas de film. Et bon, deux, trois jours avant la prise de sang, je commençais à avoir des petits pincements droite-gauche. Je me suis dit, est-ce que c'est le cycle qui arrive ? Bon, je n'ai pas trop espéré.
- Speaker #0
La grossesse, ça peut être... Il peut y avoir plein de choses.
- Speaker #1
J'ai tellement peur d'y croire.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
Et donc je vais faire ma prise de sang le bon matin, je passe la matinée à trembler en attendant les résultats. Et j'ouvre mon mail et je vois 90 unités de bêta HCG, sachant qu'on en attend 30 en moyenne à ce stade-là s'il y a quelque chose. Et cette fois-ci, sachant que la première fois avait été très compliquée, j'ai crié, j'ai pleuré, j'ai nué. Et je me suis dit, bon, là il y a quelque chose. et c'est pas rien quoi parce que 90 c'est déjà assez solide pour 12 jours après une insémination donc je préviens mes amis qui étaient au courant du processus qui était tout très angoissé aussi pour moi et je me dis bon quand même comme la première fois c'était à la deuxième prise de sang que j'ai vu que ça n'allait pas j'ai voulu quand même me préserver, je dis écoutez on attend encore deux jours, on se réjouira après je sais que même mon père, je l'ai entendu pleurer au téléphone et il me disait On va attendre un peu, parce que je sentais qu'il avait très peur de me voir à nouveau totalement brisé. Donc, il était un peu sur la réserve. Et donc, j'y retourne deux jours après. Et cette fois-ci, je vois 259 unités. On a vu que ça avait plus que doublé. Et là, je me suis dit, c'est bon, il y a une petite vie qui s'accroche. Je peux commencer à y croire. Donc, grand bonheur.
- Speaker #0
Donc, les taux augmentent au fur et à mesure.
- Speaker #1
Oui, oui, oui.
- Speaker #0
Ils augmentent bien, vite, beaucoup ?
- Speaker #1
Ça va, ça va. J'étais dans les moyennes hautes. Mais en tout cas, voilà, ça augmentait comme on l'attendait. Et ça, ça faisait toute la différence. Ne pas avoir besoin de se dire, bon, c'est limite, mais ça augmente quand même. Alors, oui.
- Speaker #0
Alors, oui. Donc, ça tient. Tu fais ta première écho ?
- Speaker #1
Oui, il y a sept semaines, une écho de datation, du coup. Et je ne sais pas pourquoi, mais j'ai toujours pris l'habitude de de suite commencer à parler à mon ventre. C'était tendre et faire sentir à cette petite vie que j'étais bien contente qu'elle soit là. Et je commençais à parler au pluriel, à me corriger moi-même, à dire « tu, non peut-être vous » . Et du coup, le médecin met la sonde et là, je vois immédiatement deux poches en forme de haricots rouges. Concrètement, ce n'est pas très grand encore. Et je vois de suite les deux... petits embryons dedans, qui ressemblent encore à des hippocampes à ce stade-là. Et je vois surtout les deux tout petits cœurs qui clignotent et je me dis ça y est, je peux respirer, il y a quelque chose et ils vont bien. J'étais tellement préparée qu'en fait, quand il m'a dit mais il y a des jumeaux, j'ai dit mais je sais. C'était une certitude. Et donc à ce moment-là, on m'a dit voilà, c'est des jumeaux, donc bi-amniotiques, chacun de son côté. Et ils mesuraient très bien pour le... le terme de cette semaine. Et je me suis dit, ça y est, cette fois-ci, c'est lancé. J'ai dépassé le stade de ma dernière fausse couche. Et bon, même si la peur ne m'a pas quittée, elle ne me quitte toujours pas tant qu'ils ne sont pas là. Je me suis dit, ça y est, je peux commencer à vraiment y croire quand même.
- Speaker #0
Donc de là démarre vraiment cette aventure.
- Speaker #1
Oui oui.
- Speaker #0
Cette grossesse. Comment se déroule la suite alors de la grossesse ?
- Speaker #1
Franchement une grossesse presque idéale on va dire à part les quelques nausées que j'ai eues au début qui rendaient difficile de manger quoi que ce soit parce que toutes les odeurs me dégoûtaient vraiment. Donc très facile, je n'ai pas eu de soucis, aucun saignement, rien qui m'a inquiété. Merci. J'ai pas eu besoin d'aller une seule fois à l'hôpital pendant toute la grossesse par panique. Donc je fais mon écho de la douzième semaine, donc le premier trimestre. Tout va toujours très bien. On voit les petits avec la 3D. Ensuite, je fais ma DPNI comme il y a des jumeaux pour voir s'il n'y a pas de problème chromosomique, type trisomie ou autre. J'ai les résultats juste avant Noël.
- Speaker #0
Tu peux expliquer ce que c'est le DPNI ?
- Speaker #1
Oui, alors normalement, on fait un tri-test. quand on attend un enfant unique et quand on n'est pas à risque au début, donc pour voir s'il y a un risque élevé de trisomie, qu'on évalue 1 sur 10 000, 1 sur 3 000. Et généralement, si le résultat est relativement bas, que les chances sont hautes, on fait ce qu'on appelle un DPNI. C'est aussi une prise de sang qui vient cette fois-ci vraiment observer les chromosomes du bébé pour voir s'il n'y a aucune anomalie chromosomique de manière un peu plus précise. Et quand c'est des jumeaux ou qu'il y a déjà eu des cas de trisomie ou d'autres maladies, C'est pris en charge intégralement et donc on le fait directement sans passer par le tri-test dont je parlais avant. Donc là, tout revient parfait. Donc, je peux souffler pendant les fêtes. Je commence à l'annoncer aussi. Donc voilà, tout le monde se réjouit. Bon, des jumeaux, ça surprend, mais il y en a dans la famille.
- Speaker #0
Oui, c'est ça la question.
- Speaker #1
Oui, c'est ça. Donc, mon grand-père avait des frères jumeaux, des sœurs jumelles. Donc, ça ne surprend pas plus que ça. Je continue mes échographies, donc 18 semaines, tout va toujours bien, on contrôle plus comme il y en a deux. Et arrive la T2 à 22 semaines et 4-5 jours à peu près. Et on commence à mesurer tout ce petit monde et jusqu'à ce que le gynécologue s'arrête. Et je le vois qui fronce les sourcils et j'étais très inquiète. Comme c'est l'écomorphologie qui me dit « je veux une masse » . J'ai dit « non » , à côté de la tête de mon garçon puisqu'on avait identifié un garçon. Il me dit, je vois une masse, je ne sais pas ce que c'est. Et il fait l'aller-retour entre la petite qui était à gauche, puisqu'il y avait une fille dans l'autre poche. Il revient de ce côté. Il me dit, je ne comprends pas. Et je mets l'échographie un peu plus précise. Et il me dit, c'est une tête. Et il me dit, comment ça, c'est une tête ? Et il fait l'aller-retour. Vous voyez, une, deux, trois. Il me fait compter, je crois, au moins dix fois. Je lui dis, non, mais ce n'est pas possible. on avait fait 4 recours des PNI qui comptent quand même le nombre de chromosomes on a vu la 3D de la poche il me dit vous voyez dans cette poche la tête de votre garçon ici qu'on a identifié une autre tête et je le regarde je me dis c'est pas possible et lui-même lui-même ne comprenait pas il me dit non non c'est pas possible je l'aurais vu et c'est vrai que depuis quelques semaines je lui disais j'ai du mal à respirer je me sens tout le temps très essoufflée Merci. En fait, elle était totalement enroulée au niveau de mes côtes à droite et planquée, planquée. Donc, d'habitude, le garçon était déjà très bas. Et s'il ne s'était pas redressé, on ne l'aurait même pas vu encore. Et donc, il me dit, écoutez, là, je suis perdue. Donc, vous allez aller à l'hôpital. Ils ne sont plus formés à tout ça. Ce qui vous confirme parce que là, je suis décontenancée vraiment. Et bon, moi, j'étais en panique parce qu'il m'a fait très peur avec cette histoire de masse. Du coup, j'étais encore à ça en bouche. mais ils vont bien ils me disaient écoutez ils feront la totale lundi donc je me suis dit mon dieu mais jusqu'à lundi j'ai le temps d'imaginer celle-là on l'avait jamais vue parce qu'à droite on identifiait toujours un garçon il a toujours été assez démonstratif on va dire et donc tout le week-end j'étais en train de pleurer d'angoisse à me dire qu'est-ce qui se passe est-ce que ce bébé va bien mais d'où il sort mais qu'est-ce que c'est mais pourquoi et je me sentais presque coupable je me suis dit mais c'est pas possible qu'on l'ait pas vu Et surtout que déjà, pour des jumeaux, on me disait, mais tu n'as pas de ventre type jumeau. Même maintenant, quand je dis qu'il y a des triplés, on ne me croit pas. Et donc, le lundi, j'arrive à l'hôpital. Ils commencent l'échographie. Bon, déjà, à ce stade-là, les bébés sont grands, donc ils ont du mal à voir. Et ils me confirment, ah bah oui, il y a une petite tête là. Vous avez une autre fille. Et je me suis dit, oh mon Dieu.
- Speaker #0
Oh là là.
- Speaker #1
La grosse surprise, apprendre ça aussi tard, ils m'ont dit c'est très très très très très rare. Puisque j'étais du coup dans mon sixième mois de grossesse déjà.
- Speaker #0
Oui, donc tu as appris ça il y a un mois ?
- Speaker #1
Ça fait sept semaines. Sept semaines d'aujourd'hui sur trente semaines de grossesse actuellement.
- Speaker #0
Ah là là ! Donc oui, là c'est un revirement de situation. On parle déjà de la grossesse. Après, il y en a deux. Trois ?
- Speaker #1
Oui, déjà j'ai mes lèvres, on me disait. C'est quand même très surveillé. On déclenchera maximum à trente-huit semaines. Bon, pour l'instant, vous vous portez bien, donc c'est bien. Et puis, j'avais déjà tout. J'avais la poussette doublée, deux petits lits. En mettant les lits, mon père, qui quelques jours avant m'avait dit « Ah, ben, on est lancé, on pourrait presque en monter un troisième. » J'ai dit « Mais tu ne pouvais pas te taire ? » Mais voilà, une fois le choc passé, je ne peux pas dire que je l'ai mal vécu, parce que ce n'est vraiment pas le cas. En fait, du moment qu'on m'a dit « Écoutez, elle fait exactement la même taille que les deux autres. » Tout va très bien. Moi, j'ai respiré de nouveau. Moi, j'avais vraiment peur que du fait qu'on ne l'ait pas vue, on ait pu passer à côté de quelque chose. Et là, on m'a dit tout est bien. On a fait l'écomorphologie complète. Tous les trois allaient magnifiquement bien. Chacun avait son placenta. Donc, personne ne se gênait en fait. Et de là, en fait, elle fait partie de la fratrie. Et je ne me suis pas questionnée plus que ça. Mais même ça, ma mère était sous le choc. Elle n'arrêtait pas de me dire, mais elle sort d'où ? J'ai dit, elle était toujours là, mais on ne l'a pas vue. Et encore maintenant, je me dis, mais ce n'est pas possible. Mais elle était où ? Je me dis, mais vraiment planquée, en fait, dans mes côtes, je pense. Et du fait qu'on voyait systématiquement le garçon, on ne cherchait même pas plus haut parce qu'il était très bas, lui. Donc, voilà, ils se sont débrouillés. Et ce jour-là, il a voulu montrer sa jumelle. Et heureusement qu'il l'a fait parce qu'il a pu la prendre plus tard. Aurélie,
- Speaker #0
tu es encore qui ? Ah oui, c'est sûr, oui.
- Speaker #1
Mais voilà.
- Speaker #0
Donc, tu as monté un troisième lit.
- Speaker #1
Oui, oui, oui. Et puis bon, les poussettes triples pour les cosys, ça n'existe pas ou très peu ou de qualité qui ne m'enchantait pas. Donc, je me suis armée d'un porte-bébé, d'une poussette simple pour quand je suis accompagnée d'amis, de parents, etc. Et puis, on a doublé les vêtements filles. Et puis surtout, l'hôpital a de suite lancé ce qui s'appelle la SIG, le suivi intensif de grossesse. Puisque pour des triplés, on est d'autant plus vigilant. Puisque là, la menace d'accouchement prématuré est beaucoup plus présente et les risques aussi.
- Speaker #0
C'est pour ça que là, aujourd'hui, tu es dans ton lit.
- Speaker #1
C'est ça, je suis au repos complet pour éviter l'hospitalisation anticipée, puisque j'y serai dans maximum deux semaines maintenant quand même, pour suivre au maximum avant l'accouchement qui sera dans quatre semaines du coup. Ça s'approche dangereusement.
- Speaker #0
Donc oui, ça m'a réglé vite tout ça.
- Speaker #1
Oh oui, ça semble de plus en plus mal. Au début, ça ne passe pas du tout, on n'a pas encore les petits coups dans le ventre, ça semble peu concret. Et là, quand on a les pédiatres, les chirurgiens, les anesthésistes qui nous expliquent tout ça, on se dit, je vais cligner des yeux et ils seront là.
- Speaker #0
C'est joli mon vie. Et du coup, comment toi, tu le vis là actuellement ?
- Speaker #1
J'ai très peur de ce qui est médical de base. Donc hier, c'était un peu la session émotion à l'hôpital, puisqu'il m'expliquait un peu tous les tenants et aboutissants de la césarienne. Je sais comment ça se déroule, mais les enjeux de la prématurité. Donc il m'expliquait qu'au début, je les entendrais peut-être même pas pleurer, qu'on les emmènerait de suite. pour prendre soin d'eux, qu'on ne serait pas au même étage, qu'on serait en néonatalogie, qu'il faudrait que j'aille les voir là-bas. On ne sera pas ensemble. En fait, la simple perspective d'être séparée de mes trois bébés après huit mois presque passés ensemble, plus elles parlaient, plus je pleurais. Elle me dit « Vous avez peur ? » Je dis « Non, je n'ai pas peur, ça me fait mal au cœur l'idée d'être séparée d'eux. » De ne pas profiter comme le ferait pour le coup une maman qui a son bébé, qui vient d'accoucher, qui l'a à côté de son lit et qui peut le caliner quand elle l'entend. Là, ça sera en présence d'infirmières pour s'ils sont intubés, s'ils sont branchés. Et ça, ça m'a juste totalement brisé le cœur. Et puis je sais qu'on en a pour des semaines à l'hôpital. Donc pour moi qui appréhende beaucoup, c'est compliqué à accepter. Après, on veut le mieux pour eux, ça c'est sûr. Je leur ai dit que de toute façon, je ferais tout ce qu'il faut. La question ne se pose pas. Mais imaginer être séparés d'eux, c'est vraiment quelque chose qui me fait mal au cœur actuellement. J'espère juste qu'ils seront forts. Pour l'instant, ils pèsent déjà un très bon poids pour des triplés à ce stade. Le garçon qui est le plus costaud est à 1,5 kg à 29 semaines. On m'a dit qu'on n'attend pas autant généralement sous triplé. Je crois qu'il était au 66e percentile, ce qui est très bien pour eux. Et les sœurs suivent juste derrière, 1,3 kg à peu près. C'est très, très encourageant. J'ai fait les piqûres pour maturer les poumons de corticoïdes. Et on a trouvé un diabète gestationnel en plus à 26 semaines. Donc, ça fait beaucoup, beaucoup à gérer au niveau médical en ce moment. Et c'est vrai que quand on envisage la maternité, on imagine... pas tout ça, j'imaginais jamais être aussi surveillée, j'ai une sage femme qui vient à la maison c'est en fait c'est quotidien, tous les jours ça devient orienté médecin et surveillance donc on perd un peu le contrôle et on est un peu destituée par moment de cette maternité quoi, c'est différent on va dire
- Speaker #0
Et oui c'est pas du tout ce que tu avais imaginé
- Speaker #1
Non, je n'imaginais pas trois enfants. Déjà, je disais toujours que dans l'idéal, ce que j'imaginais, c'était deux éventuellement. Et je me disais toujours, c'est très dur comme parcours, c'est fatigant, c'est beaucoup de choses à gérer, à penser. Puis avec un enfant, je me disais, je serais déjà très chanceuse d'en avoir un. Je m'étais dit, je ne recommencerai pas. D'abord, je me suis dit, magnifique, j'ai les deux d'un coup. Comme ça, c'est fait. Et puis bon, au final, il y a un petit bonus qui est venu se rajouter.
- Speaker #0
Un gros bonus. Et oui, effectivement, quand on a une grossesse de 10 ans, j'aimais l'air. Et puis là, des triplés. Effectivement, tu es méga suivie. Tout le côté médical. Et tu as l'impression de perdre un petit peu, de déposséder de ta grossesse, de qui tu es toi aussi en tant que femme. Et c'est un peu ta famille. de trouver des moments aussi sans médical, c'est un peu compliqué.
- Speaker #1
C'est pour ça, les quelques jours que j'ai à la maison, sans surveillance, sans passage de la sage-femme, j'apprécie aussi de pouvoir juste profiter. J'ai mes mains sur mon ventre, je sens mes bébés bouger, et là, c'est juste nous quatre.
- Speaker #0
Oui, voilà,
- Speaker #1
c'est ça. Il y a un taux de machin, le battement du cœur. C'est juste des bébés, et moi, je suis leur maman. Oui,
- Speaker #0
oui, oui. Et là, ce temps-là, il est méga précieux. Ouais, et t'as effectivement raison. Et puis ensuite, quand viendra la césarienne, c'est programmé et tout ça. Oui. Tant mieux.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Et ensuite, après quand tu as une césarienne, elles ont dû t'expliquer, tu pars deux heures en salle de réveil. Donc tu as déjà cette séparation-là. Tu peux voir tes bébés avant peut-être. Tu peux demander aussi si c'est possible. et puis eux ils sont en soins pendant ce temps là et après tu peux les voir effectivement il y a le temps le passage en maternité de trois jours à une semaine quand on est à ses amis et après tu peux demander à avoir une chambre près de ton bébé oui
- Speaker #1
on m'a dit s'il y a assez de chambres parce qu'en unité kangourou il y a très peu de...
- Speaker #0
c'est ça c'est ce qu'on appelle les unités kangourou oui il y a peu de chambres oui en fait sachant que tu es quand même dans un... une configuration qui... Après, il faut qu'il y ait de la place aussi.
- Speaker #1
C'est ça, mais j'espère juste être au plus vite, plus près d'eux, quoi. Parce qu'imaginez même avoir trois étages et devoir parcourir, en fait, l'hôpital pour être près d'eux. C'est pas pareil que de me dire qu'ils sont dans la salle d'à côté. Même si on ne peut pas faire plus, c'est rassurant. Je sais que j'ai beaucoup de mal à déléguer, à lâcher prise. Là, ce n'est pas rien. C'est ce que j'ai de plus cher au monde. Il faudrait que je fasse confiance à des gens que, malgré tout, je ne connais pas. C'est ça. C'est des professionnels très bien que j'ai rencontrés. Ils sont vraiment tous adorables. Mais ça reste des gens que je ne connais pas. Ça reste mes enfants.
- Speaker #0
Et là, tu n'as pas le choix d'apprendre à lâcher prise, à faire confiance, déjà apprendre à te séparer. Oui. Tu as confiance à les mettre déjà en garde quelque part. qui sont tout juste aînés et un peu trop tôt en fait c'est vraiment pas simple à vivre oui ça c'est sûr c'est vraiment ce que j'appréhende après dis-toi ça te prépare à la séparation et au mode de garde t'apprends aussi à faire confiance à tes petits en
- Speaker #1
s'adapter oui on m'a dit je peux leur donner un doudou avec mon odeur et sinon à part ça j'ai même pas besoin d'emmener d'affaires pour eux parce qu'ils seront tellement petits qu'ils seront On couche dans une couveuse.
- Speaker #0
Alors, ce que tu peux faire, petit tips, le dodo, oui. Tu peux prendre des langes aussi que tu mets sur ton corps, sur ton ventre. Tu cales avec ton pantalon, ton t-shirt. Et comme ça, ça a ton odeur. Ou sur ta poitrine, avec l'odeur du lait aussi. Porte ton odeur. Et après, tu langes le bébé dans le linge. Comme ils sont en mailloté, ils sont dans des cocons. dans les incubateurs, dans les coulisses, au moins ils sont imprégnés de ton odeur.
- Speaker #1
Oui, oui.
- Speaker #0
Le doudou peut être un petit peu plus loin dans l'incubateur, mais là au moins dans le linge, il retient ton odeur. Et tu peux l'alterner et quand le linge est à laver, toi tu as passé ta nuit avec ton linge.
- Speaker #1
Oui, je vais m'en couvrir de partout.
- Speaker #0
Fais une réserve de linge aussi.
- Speaker #1
Oui, mais ça fait peur. On a peur que l'attachement ne soit pas le même aussi, puisqu'on ne les a pas tout le temps, peau à peau, autant que quand on est dans la même chambre. Donc, c'est vrai que j'ai déjà lu plein de choses sur les prématurés, sur des fois, une espèce d'angoisse qu'ils peuvent avoir par après. Le côté d'être séparé de leur maman, c'est différent. Et c'est quelque chose que j'appréhende. Je n'ai pas envie de me confondre dans la vie, en fait, en se sentant seule. Après voilà, j'y pense beaucoup mais parce que ça me travaille et j'imaginais pas devoir être séparée de mes petits comme ça quoi. Quand on me dit à l'accouchement s'ils arrivent à respirer seuls, on vous les montre sinon on les emmène de suite. Je me dis que je vais me réveiller, je les aurais même pas vus, je saurais pas à quoi ils ressemblent, je les aurais pas touchés, je me sentirais juste vide et loin d'eux.
- Speaker #0
Peut-être pas, si c'est en anesthésie locale. Si ce n'est pas mon essai général. Tu peux, selon leur respiration, s'ils vont à peu près bien, ils peuvent te les montrer. Là, tu peux les voir, peut-être même les toucher. Parce que tu ne seras pas totalement endormie.
- Speaker #1
Oui, oui, oui.
- Speaker #0
Tu vois ? Et peut-être que tu en verras un, deux, peut-être que trois aussi. Peut-être que tu ne les verras pas du tout. Ça, c'est possible. Après le temps qu'eux te recousent, etc. Et avant de partir en salle de réveil, tu peux demander à passer, les voir.
- Speaker #1
Oui. De toute façon,
- Speaker #0
je... Oui, voilà. Pour moi, avoir une petite image de...
- Speaker #1
Puis qu'on me dise juste, voilà, ils vont bien. C'est ce que ne passe à moi. Je pense que c'est le pire si on les emmène. Moi, je vais juste attendre ça. Je vais attendre qu'on revienne me voir pour me dire, ils vont bien. On les a mis au chaud, mais ils respirent, tout va bien. Parce que quand on ne les entend pas pleurer, on se dit, est-ce que quelque chose ne va pas ? Est-ce que... Là, ils ont dit, vous atteignez déjà un stade qui est très bien avec la maturation des poumons, gras... Oui. Donc on me dit ne vous inquiétez pas trop, c'est très facile.
- Speaker #0
Oui, parce qu'ils ont un bon poids.
- Speaker #1
C'est ça.
- Speaker #0
Tu as eu les corticoïdes, donc c'est des choses qui aident vraiment dans la capacité pulmonaire des tout petits et à ce qu'ils ne soient pas intubés. On intube de moins en moins aussi actuellement. Des fois, il peut y avoir une petite aide respiratoire, ce qu'on appelle un masque.
- Speaker #1
Un masque,
- Speaker #0
oui. Jusqu'à ce qu'ils puissent respirer tout seuls et ça se trouve, oui. Ça dépend vraiment des bébés, c'est au jour le jour. C'est ça aussi qui peut être un peu compliqué. C'est au jour le jour que ça évolue.
- Speaker #1
Oui, et puis on m'a dit après pour l'hospitalisation, ça dépend. Pour certains, ça serait jusqu'à l'équivalent de 40 semaines ou 38 semaines ou 37 semaines. C'est vraiment selon les bébés. Donc je compte sur eux pour continuer à grossir encore un peu et être aussi vifs qu'ils le sont maintenant pour se battre et pour vite, vite rentrer à la maison avec moi.
- Speaker #0
c'est vraiment de leur faire confiance aussi.
- Speaker #1
Oui, j'en doute pas, ils sont costauds et vigoureux, ils savent être fait de bouger.
- Speaker #0
De leur faire confiance, de te faire confiance. Qu'est-ce que je voulais dire ? C'est parti. Vraiment d'essayer d'avoir cette sérénité, parce que tu vas traverser des choses qui vont être tellement émosellement très fortes. De garder cette foi, cette confiance en toi et en tes tout petits. Et là, comme tu le fais déjà, ou ils connaissent déjà leur histoire, tu leur racontes déjà ton barbe, ils la connaissent, et tu ne pourras pas te tri-multiplier, je ne sais pas comment on peut dire.
- Speaker #1
Non, malheureusement.
- Speaker #0
Mais tu leur parleras, ils t'entendront, tu pourras toujours mettre tes mains dans l'accubateur, les caresser, leur parler, qu'ils te sentent, qu'ils sachent que tu es là, il y aura ton odeur, parce que tu ne pourras pas être tout le temps présente. Non, non, non, jamais.
- Speaker #1
et moi ta présence autrement tu vois oui oui je ferai au maximum de toute façon pour qu'ils sentent bien que je suis là et pour assister aux soins on m'a dit que si tu es aussi prête tu peux parfaitement demander à faire les bains et les changer et en fait c'est juste ça j'ai envie de profiter aussi de ces premières fois et pas d'être passive ou spectatrice on va dire de ce qui se passe c'est surtout ça parce que bon après à la maison je sais que j'aurai le temps pour en profiter et que j'aurai Merci. les mains bien prises avec trois petits loups, mais l'hôpital, ça va rester quand même leur première semaine de vie. Et je n'imagine pas, en fait, je vais se dire, faites-le, parce que je ne me sens pas de le faire ou je ne peux pas le faire ou j'ai peur de le faire. Je suis leur maman, j'ai envie de le faire, j'ai envie, dès le début, d'être là pour eux. Et donc, voilà, il faudra que je prenne confiance aussi de ce point de vue-là et que ça se fasse bien.
- Speaker #0
Les soignantes sont là aussi pour guider, pour aider. Et tu verras qu'au bout d'un moment, c'est toi qui feras tout toute seule.
- Speaker #1
Oui, je vais être bien occupée.
- Speaker #0
Oui, elles vont te checker, elles seront à côté. Puis des fois, au bout d'un moment, elles te laisseront parce qu'elles vont savoir que tu gères. Oui,
- Speaker #1
oui.
- Speaker #0
Et tu vois, vraiment, ça me rassure par rapport à toi, le lien d'attachement est déjà là.
- Speaker #1
Oui, ça.
- Speaker #0
Vraiment, c'est vrai qu'actuellement, il y a beaucoup de choses qui sont... lorsque le poids-pau n'est pas fait tout de suite, ou lorsqu'on ne voit pas le bébé, ce lien-là ne se crée pas, ou c'est plus difficile, c'est plus compliqué de recontenir, ce lien est déjà là, maintenant. Vraiment. Et donc, quand ils vont naître, et même que tu les vois, que tu ne les vois pas, ce lien, il est là, tu n'auras qu'une envie, c'est d'être attaché,
- Speaker #1
lié à lui.
- Speaker #0
Donc, ce lien d'attachement est déjà là. Vraiment. Ne le remets pas en doute.
- Speaker #1
Non, non,
- Speaker #0
non. Vraiment, il est déjà là. Et il ne va que se confirmer d'autant plus quand tu vas enfin pouvoir les voir et les tenir.
- Speaker #1
Oui, j'ai dit qu'après, je ne les lâcherai plus. Dès qu'on va pouvoir être libérés tous les quatre, je ne les lâche plus. Je les scotch à moi et on ne se quitte plus. On ne se quitte plus jamais.
- Speaker #0
Waouh ! Mais ça va être une étape. Après, ce sera quelques semaines. Et puis ils vont grossir, ils vont grandir, ils vont manger. De toute façon,
- Speaker #1
on me dit que là, chaque semaine qui passe, qui est gagnée, parce qu'ils m'ont dit que c'est un hôpital qui accueille des petits depuis 24 semaines d'aménorée, donc c'est minuscule. Il m'a dit, chaque semaine gagnée, et vu leur état actuel qui est très bon, il m'a dit, c'est très, très, très rassurant, et le temps qu'ils passeront ici sera d'autant plus limité. C'est ça. Donc là, par continuer mes surveillances, ils m'ont dit, là, le repos est le meilleur allié contre... l'accouchement prématuré. Comme là, lundi, on a eu une première petite frayeur et quand ils ont commencé à parler d'éventuellement déclencher, j'ai cru que mon cœur allait s'arrêter. J'ai dit non, non, non, il faut qu'il reste encore au chaud. Il faut qu'il reste au chaud un maximum. Et là, c'est vraiment tout ce que je vis. C'est 34, la date qu'on a fixée, qu'on a arrêtée. Je ne veux pas qu'il sorte avant. Quoi qu'il arrive. Bien sûr.
- Speaker #0
Et donc après, tu auras un long congé de maternité.
- Speaker #1
Oui, on a beaucoup plus. J'ai été arrêtée en décembre, jusqu'à décembre de l'an prochain. Donc, c'est quand même très généreux par rapport aux femmes qui, malheureusement, avec un petit, après dix semaines, sont obligées de reprendre. Je trouve inhumain. Et bon, là, avec deux, j'avais prévu des places en crèche pour après. Et dès qu'on m'a dit trois, je me suis dit non, mais je vais me mettre en congé parental deux ans et vraiment profiter un maximum d'eux. trois, je me suis dit, à la crèche, suffit qu'ils tombent malades, ils vont se le refiler. Puis c'est un coup, malgré... Seul, on a de l'aide de la CAF pour les CMG, donc mon mode de garde qui est conséquent. Mais malgré tout, je me suis dit, je préfère renier un peu sur mon budget, mais profiter des trois, sachant que là, c'est sûr et certain, je ne recommencerai pas. Je l'ai fait par portée à chaque fois, en plus c'était à trois.
- Speaker #0
Oui, oui,
- Speaker #1
oui. Donc je sais que j'ai un petit temps devant moi avant de reprendre le travail et qu'on va pouvoir vraiment profiter les uns des autres, comme ma mère l'a fait pour moi à l'époque, être en congé parental aussi, pour moi, pas pour mon frère avant. Et donc elle a beaucoup apprécié avoir ce temps de qualité.
- Speaker #0
Ah ben oui, c'est très chiant.
- Speaker #1
Ça passe si vite, il paraît, que je vais profiter.
- Speaker #0
C'est vraiment précieux de pouvoir avoir ce temps-là. Ton micro a sauté.
- Speaker #1
Je n'ai pas entendu, il y a une petite coupure au niveau du son.
- Speaker #0
Le retour à la maison après l'hospitalisation, tu seras chez tes parents et comment tu envisages ? Ou retour chez toi, un congé parental ?
- Speaker #1
Ça sera retour chez moi, à la sortie de la maternité. C'est ce qui me rend le plus sereine, on va dire. On s'entend bien avec mes parents. Malgré tout, vivre à quatre générations, parce que ma grand-mère vit là aussi, ce n'est pas quelque chose que je conçois. C'est quelque chose où j'ai besoin de mon indépendance. C'est quelque chose qui m'est très cher de base. Je suis quelqu'un de très indépendant. Et donc, il me tarde de pouvoir trouver mes marques aussi, parce que j'apprécie l'aide qu'on va m'offrir. Ils viendront chez moi, bien sûr, me seconder pour plein de choses, me soulager aussi, tout comme des amis et autres. Et l'aide que je pourrais avoir de la PMI, par exemple, qui m'a déjà contactée aussi. Mais pour autant, j'ai ce besoin de retrouver un peu mon cocon dès qu'on sera sortis, et de vraiment pouvoir faire connaissance avec eux dans les meilleures conditions.
- Speaker #0
Et de démarrer votre nouvelle vie, en tous les cas.
- Speaker #1
Ah oui, ce sera vraiment ça. Une page qui se tourne, un nouveau livre qui s'écrit.
- Speaker #0
Oui, complètement. Wow, quelle histoire !
- Speaker #1
Plein de rebondissements.
- Speaker #0
Ah oui, plein de rebondissements. Wow, wow, wow. Qu'est-ce qui t'a donné envie de témoigner aujourd'hui ?
- Speaker #1
Je trouve ça important de donner la voix justement à Homer qui choisit de le faire en solo, parce qu'il y a encore beaucoup, beaucoup d'a priori. Beaucoup de haine aussi qu'on voit sur les réseaux sociaux avec les gens qui estiment qu'il manque quelque chose quand un père n'est pas là, qui voient systématiquement ça comme une tare ou un handicap pour l'enfant. Et en fait c'est quelque chose qui me révolte totalement parce que c'est pas quelque chose d'égoïste comme choix. Dans mon cas justement je vois plutôt ça comme une preuve d'amour déjà avant, de ne pas vouloir les faire dans de mauvaises conditions et pour de mauvaises raisons. Et donc voilà, pouvoir dire aux femmes que c'est faisable, que ça fait peur forcément, parce que là, d'autant plus avec trois, je sais que je ne vais pas m'ennuyer, que ça va être fatigant, mais qu'on est légitime, que c'est important tout ça, qu'il n'y a rien de plus beau que sentir la vie s'éveiller dans son ventre et se dire que bientôt, on aura un rôle de maman et que si c'est ce qu'on veut vraiment, le faire seul, ça ne doit pas être un frein. Il ne faut pas attendre le prince charmant jusqu'à 40 ans, puis avoir des problèmes de fertilité possiblement après, regretter. C'est quelque chose qu'on voit beaucoup sur des groupes de PMA, ce regret d'avoir attendu parce qu'on voulait correspondre à un schéma familial attendu, alors qu'au final, après, on s'en sort très bien et on s'épanouit seul. Donc vraiment, voilà, pousser les femmes qui le souhaitent à le faire aussi, sans avoir peur. peur du jugement des autres parce qu'au final, ça regarde que nous et ce petit bébé qui naîtra.
- Speaker #0
Wow ! C'est une très jolie conclusion. C'est une très jolie conclusion et je te remercie beaucoup parce que tu soulèves plein de choses qui sont méga importantes. Bravo à toi d'avoir fait ce choix de bonheur, d'avoir eu cette conscience aussi pour moi. C'est une question générationnelle et bravo. Moi je te souhaite vraiment plein de bonheur.
- Speaker #1
C'est le but.
- Speaker #0
Ce sera multiplié par trois.
- Speaker #1
Oui, oui.
- Speaker #0
Et après, je vais faire aussi un suivi avec les femmes. Il y a certaines femmes que je vais recontacter dans six mois, pour savoir où elles en sont. Je te recontacterai, et puis on verra actuellement si tu peux être disponible.
- Speaker #1
J'allais me dire que ça serait quand même si calme.
- Speaker #0
C'est sûr, on s'adaptera.
- Speaker #1
Avec plaisir.
- Speaker #0
Voilà, on verra comment on peut faire, mais pour avoir de tes nouvelles, savoir comment ça se passe pour toi, et de pouvoir suivre ta petite évolution, ou ta grande évolution avec tes bébés.
- Speaker #1
Oui, il n'y aura pas à compter.
- Speaker #0
Oui, il n'y aura pas à compter, c'est sûr. Je te remercie beaucoup Angélique.
- Speaker #1
Avec grand plaisir.
- Speaker #0
À bientôt. À bientôt.