- Speaker #0
Bonjour et bienvenue dans Sous les strass, le podcast qui vous emmène dans les coulisses du cabaret et du burlesque. Je m'appelle Émilie, ou Livre la flamme, ça dépend du moment de la journée, et nous accueillons dans ce nouvel épisode la très poétique Chanel de Mai. Celle qui se définit comme, je cite, une danseuse classique qui a bien tourné, ou mal tourné, c'est selon, partage son temps entre sa carrière d'artiste burlesque et son métier de costumière à l'Opéra de Paris. Chanel nous partage dans cet épisode ses inspirations, notamment le cinéma des années 20 et l'esthétique qui l'accompagne, l'importance de travailler sur sa santé mentale, et revient aussi sur la douloureuse expérience de voir l'un de ses numéros plagier. Petite note avant de vous laisser en compagnie de Chanel, l'épisode a été enregistré en automne dernier. Chanel y évoque des projets déjà passés. Je vous encourage donc vivement à la suivre sur Instagram pour vous tenir au courant de ses projets présents et futurs, et notamment de son duo avec le talentueux Vicomte Arbour, que nous avions d'ailleurs aussi reçu dans Sous les Strasses. Bonne écoute Nous avons aujourd'hui le plaisir d'accueillir dans Sous les strass l'artiste Chanel Demey. Bonjour Chanel Bonjour Comment vas-tu Je vais bien Pour commencer, et pour les gens qui ne te connaîtraient pas, est-ce que tu pourrais te présenter en quelques mots Oui.
- Speaker #1
Alors je m'appelle Chanel Demey, je suis danseuse professionnelle et effeuilleuse burlesque basée à Paris. Comme je l'ai dit, je viens de la danse à la base. J'ai fait 12 ans de danse classique. À la base, je voulais être danseuse classique à l'Opéra de Paris. Je n'étais pas faite pour ça, mais ce qui est drôle, c'est que j'ai fini par travailler à l'Opéra de Paris quand même, en tant que costumière. Et je suis arrivée au burlesque quand j'avais 22 ans à peu près, complètement par hasard, en sortant dans une soirée qui s'appelait Paris Folies, pour laquelle je travaille toujours d'ailleurs. On a fêté les 10 ans il y a quelques mois. Et en allant dans cette soirée qui est toujours une super soirée avec un live band et des performances burlesques, je suis tombée sur Louise Deville qui est devenue ma mentor en plus et qui est une super performance burlesque. J'ai eu envie de faire ça aussi. C'était un peu une révélation. J'ai vu une princesse à paillettes et je me suis dit Ah
- Speaker #0
Trop bien, on creusera volontiers ça plus tard. Et si on fait un petit retour en arrière, dans quel genre de famille t'as grandi Est-ce que c'était une famille tournée vers l'art ou sensible en tout cas
- Speaker #1
Oui, ma maman a toujours été très manuelle en tout cas. Elle est institutrice et elle crée beaucoup de jeux de société, enfin de jeux tout court d'ailleurs, pour apprendre à ses élèves à lire, à compter. Donc elle a toujours été très manuelle, elle me faisait mes costumes quand j'étais enfant pour le carnaval. C'est elle qui m'a appris à coudre avec ma grand-mère. Donc, c'est quelqu'un qui est... En tout cas, qui a toujours été dans la curiosité de fabriquer des choses. Alors, moi, j'ai très petit. Quand j'avais 4 ans, j'ai voulu faire de la danse classique. Elle ne voulait surtout pas que j'en fasse. J'ai insisté, insisté. Donc, j'ai fini par en faire. Donc, ça, elle était plutôt pour que je fasse autre chose. Et puis, finalement, bon, j'ai fait de la danse classique. Mais oui, en tout cas, je fais partie d'une famille qui est assez ouverte et qui m'a toujours laissée. faire mes choix, il m'a toujours encouragée dans mes choix artistiques j'ai une scolarité complètement hors normes et ils m'ont toujours soutenue donc ça c'était vraiment super T'as une scolarité hors normes parce que tu faisais les deux en parallèle Parce que en fait je suis rentrée au conservatoire quand j'avais 11 ans donc je faisais un truc qui s'appelait classe à rouer aménagée les chams, je sais plus si ça existe encore je crois que ça existe plus comme ça existait à l'époque donc on avait des cours classiques le matin et à 14h on allait au conservatoire pour les cours de danse, les cours de musique J'ai fait ça jusqu'au lycée. Au lycée, je me suis orientée en bac STI art appliqué. Donc, toutes mes études ont été des études avec options lourdes, soit en danse, soit en art après. Donc, je n'ai pas du tout une scolarité normale, ce qui fait que ça ferme des portes. Mes parents m'avaient dit, tu es sûre que tu ne voudras pas devenir scientifique Certainement pas. Donc, ils ont un peu posé les questions, insisté, puis ils m'ont laissé faire parce qu'ils avaient confiance en moi et ça, c'est super.
- Speaker #0
Donc, en fait, dès l'enfance, tu as eu quand même une vie assez... organisée, assez sérieuse en fait.
- Speaker #1
Oui, c'est vrai que c'était très comme tu dis, organisé. Moi, je suis quelqu'un qui fonctionne beaucoup à la deadline. J'avais un but quand je suis rentrée au collège, je voulais être danseuse classique. Alors à l'Opéra de Paris, ça n'a pas été, mais en tout cas danseuse classique professionnelle. Donc je me suis donné les moyens, j'ai fait l'école qu'il fallait, je fais le conservatoire. Puis quand j'ai eu 13 ans, on m'a dit que je n'avais pas le physique pour être danseuse classique, ce qui m'a beaucoup frustrée. Donc j'ai fini les études, mais j'étais très contrariée. Donc j'ai dit, puisque c'est comme ça, je ferai autre chose. Et c'est là que j'ai découvert la danse de salon. J'ai complètement arrêté classique. Non, parce que j'en refais maintenant avec mon partenaire. Mais j'ai arrêté, j'ai fait vraiment hiatus danse classique, parce que ça m'avait mis assez en colère, cette histoire de t'as pas le physique qu'il faut. J'ai fait de la danse sportive latine et standard en compétition pendant toute ma période de lycée. Et du coup, je me suis remis à me dire, si je ne peux pas être danseuse classique, qu'est-ce que je veux être J'ai vu le making-of d'un film que j'adorais où la cosmique parlait de son travail. Je me suis dit, c'est fascinant ce travail où on fait transparaître la personnalité et le caractère d'un personnage via le vêtement. Je faisais de la couture depuis toute petite, ma grand-mère m'avait appris, donc je faisais des vêtements à mes poupées, donc ça rentrait quand même dans mes passions. Et je me suis complètement orientée du coup pour être costumière. Quand j'ai eu 14-15 ans, je me suis dit ok, je ferai ça. Et la vie a fait que j'ai fini costumière à l'Opéra de Paris.
- Speaker #0
Waouh
- Speaker #1
Oui, oui.
- Speaker #0
Sur scène, mais... Non,
- Speaker #1
mais à l'opéra. Et je bosse toujours, ça fait 11 ans. C'est vous qui m'ont formée. À la sortie de l'école, j'ai fait une spécialisation chez eux et du coup, j'y bosse toujours.
- Speaker #0
Ça doit être assez magique comme environnement.
- Speaker #1
Oui, c'est un environnement vraiment à part. On travaille déjà dans le bâtiment qui est classé. Donc faire un trou de perceuse dans le mur, il faut demander une autorisation. C'est compliqué, mais tout est dans son jeu. Les ateliers sont dans l'Opéra de Paris, dans la partie privée à l'arrière, qui fait face au Galerie Lafayette. Et donc il y a un... Un endroit qui s'appelle le central costume où on stocke les costumes quand on doit travailler dessus. Ils sont stockés à l'extérieur, mais quand on travaille sur la production, ils sont ramenés dans ce central. Et dans ce central, il y a la barre du lustre du foyer de la danse qui traverse. Donc c'est tout un truc assez magique où il y a des placards, on ouvre un placard et il y a la barre du lustre qui est là. Et c'est vraiment un lieu, quand j'y travaille, j'aime bien régulièrement à ma pause aller voir la partie publique, donc avec le plafond de Chagall que j'adore, pour me rappeler que j'ai de la chance de bosser dans un lieu aussi magique.
- Speaker #0
Il n'y a pas ce petit pincement au cœur de ne pas avoir été à l'Opéra de Paris sur scène T'as pu faire la paix avec ça En plus,
- Speaker #1
j'ai la chance de... J'ai une bonne amie dans la compagnie qui m'a aidée à courir gravier certains de mes numéros. Mon numéro de... de papillon et mon numéro de cygne. Le numéro de cygne, j'ai beaucoup travaillé avec elle. C'est un numéro qui est très personnel, très intime. Elle m'a vraiment fait travailler tous les mouvements du lac des cygnes pour que ce soit reconnaissable et que je n'ai pas l'air de quelqu'un qui parodie de la danse classique. C'était hyper intéressant de travailler avec elle et au final, je pense avoir plus de liberté dans le cabaret et le burlesque parce que j'ai vraiment une personnalité de soliste. Je ne pense pas que j'aurais eu le niveau en tant que danseuse classique pour être souliste. Donc j'aurais très certainement été frustrée toute ma carrière, si j'avais même pu rejoindre l'Opéra de Paris, ce qui n'est même pas sûr. Alors qu'en tant que danseuse burlesque, je crée mon univers sur 5-7 minutes, mais je suis la souliste de ma propre création. Et ça, c'est hyper épanouissant et hyper intéressant, créativement parlant.
- Speaker #0
Du coup, avant, tu as parlé d'un coup de foudre pour le burlesque, mais comment... Peut-être si on peut regarder ça plus en profondeur, tu es passée de la danse classique, qui est quand même un art très classique, comme son nom l'indique, très traditionnel, à justement le burlesque, un art de briche.
- Speaker #1
La danseuse classique qui a mal tourné. Il y avait un grand écart. Qui est devenu strip-teaseuse. Oui, oui, j'aime beaucoup dire que je suis une danseuse classique qui a mal tourné ou bien tourné, ça dépend du point de vue. Moi, je le vois plutôt dans ce sens-là. J'ai eu une transition. J'ai fait 12 ans de classique. et dans la danse contemporaine aussi au conservatoire. Et puis après, comme je te disais, quand on m'a dit que je n'avais pas le physique pour être danseuse classique, je me suis... Pareil, c'est rigolo, ma carrière a beaucoup été influencée par les films. Mon père m'a montré ce film qui s'appelle Ballroom Dancing, qui parle de la danse de salon, qui est un film complètement déjanté, mais qui est génial, et qui raconte un peu l'univers de la danse de salon. Et ça m'a vraiment fascinée, donc j'ai eu envie de faire ça. Et ça m'a permis... La danse de salon, il y a deux catégories, les danses latines et les danses standards. Et c'est vrai que quand on travaille des danses latines, c'est déjà beaucoup plus des danses en sensualité, plus sexy, on travaille plus le déhanché. Donc ça m'a déjà un peu orientée vers un autre travail du corps. Et j'ai arrêté en arrivant à Paris parce que je n'avais plus les moyens de me payer les cours avec la vie parisienne. En étant étudiante, je n'avais pas ni le temps ni l'argent. Et en fait, c'est vraiment... Mais j'ai continué à danser, tu vois, socialement. Je faisais de la salsa, je dansais en balle, ce genre de choses. Et c'est vraiment... En allant au Paris Fouly, en voyant Louise Devine, mon amie, faire de l'effeuillage, je me suis dit que c'était génial. Ça mélange, ça permet de mélanger beaucoup de disciplines. C'est ça qui est fascinant avec le burlesque, c'est qu'on peut y arriver par plein de disciplines différentes. Pas que la danse, je connais des circassiens qui ont fait des avalures de sabre. C'est ça aussi que j'aime dans le métier, c'est de rencontrer des gens et de leur demander leur parcours, comment ils y sont arrivés. Il y a toujours des histoires de vie absolument fascinantes.
- Speaker #0
Est-ce que l'aspect compétition de la danse latine te manque, par exemple Ou au contraire, c'est quelque chose que tu as été contente de laisser derrière toi
- Speaker #1
Pas vraiment. En fait, je suis quelqu'un un peu... J'ai un esprit de compétition, ça c'est sûr. Je suis très perfectionniste. C'est vrai que la danse classique nous met déjà dans ce mental d'acier, cet espèce d'esprit de compétition pas très sain d'ailleurs entre toutes les filles de la classe où il faut être la meilleure pour se démarquer. Donc c'est vrai que je m'y retrouvais pas mal dans la danse de salon. Maintenant, c'est très rare que je fasse de la compétition. On a fait avec mon partenaire le Burlesque Hall of Fame. C'est la seule compétition que j'ai faite en burlesque parce que quand c'est un domaine artistique, je trouve que c'est impossible d'être objectif. Donc c'est toujours lié au goût du jury. Ce n'est pas représentatif d'un art, je trouve. En plus... Nos numéros peuvent être très différents les uns des autres. Un qui est sélectionné peut être sélectionné, puis pas plaire à un membre du jury et ça ne passe pas. Je trouve que dans l'art, la compétition pour moi n'a pas vraiment sa place. Ça peut être très dur psychologiquement, émotionnellement, quand on a mis tout son cœur dans son numéro, des heures de travail, qu'on s'est fait coacher, qu'on a mis toute son âme. Et qu'en fait, on perd parce qu'il y a un gagnant et le reste, les autres sont deux, sont des perdants. Mais du coup, je trouve ça pas forcément nécessaire. Et c'est pas pour ça que je fais du burlesque, en fait. C'est pas pour ce côté compétitif du tout. Donc non, ça manque pas.
- Speaker #0
Et tu parlais de la compétition entre filles, entre danseuses classiques. Oui. Est-ce que t'as l'impression que c'est quelque chose que tu peux retrouver en burlesque Ou au contraire, il y a beaucoup plus d'entraide, beaucoup plus de bienveillance
- Speaker #1
Je pense que les deux existent. En fait, on fait des métiers qui jouent beaucoup sur l'image et... on a tous une faille égotique sinon on ne ferait pas ce qu'on fait sur scène moi je sais que j'ai pas mal d'égo j'ai de l'égo clairement puis je suis soliste j'aime beaucoup être soliste mais je trouve que l'avantage de la scène c'est que c'est le bon médium pour canaliser ça je sais que je suis beaucoup plus épanouie et beaucoup plus calme apaisée dans ma vie depuis que je fais de la scène c'est le lieu pour ça et Je ne dirais pas qu'il y a de la compétition. Par contre, c'est vrai qu'il y a... Surtout quand on en vit, il y a beaucoup de... En tout cas, les Américains disent hustling Comment dire Il faut vraiment être sur le qui-vie. Il faut démarcher beaucoup. Il faut savoir se vendre. Ce n'est pas un métier où on peut attendre tranquillement que le travail nous tombe dessus. Donc, il y a un peu, c'est vrai, cette... J'aime vraiment pas le terme compétition parce que c'est vraiment quelque chose dans lequel j'essaie de pas être. Mais en tout cas, c'est vrai qu'il y a un peu un nombre de jobs limité pour un nombre de performeurs qui est plus grand que le nombre de jobs. Donc du coup, c'est sûr qu'il faut savoir se démarquer, savoir se vendre. Ça crée un peu... Moi, j'essaie plutôt de me mettre dans une position d'émulation plutôt que de compétition. Je trouve ça plus intéressant. Et après, bien sûr, on est tous humains, on a tous de l'ego. Donc, il y a, je pense, de l'envie de certaines personnes qui atteignent certains contrats. Moi, ça m'est évidemment arrivé d'envier des gens qui avaient certains contrats que moi, je n'avais pas. Bon, je trouve que ce qui est important, c'est de l'analyser et de savoir qu'est-ce que ça vient toucher chez nous et de savoir qu'est-ce qu'on peut améliorer chez nous pour obtenir ce qu'on souhaite. Et il y a un contrat en particulier que j'aurais adoré faire et que je n'ai pas fait parce que je n'avais pas le physique. C'est une revue qui prenait plutôt ce qu'on appelle des bombshells, donc des filles très pulpeuses, très Marilyn. Je n'ai pas du tout ce physique-là. Et c'est vrai que je me souviens qu'une de mes très bonnes collègues, qui m'a dit mais est-ce que vraiment tu as envie de faire ce job qui casse beaucoup sur le physique finalement. Et c'est vrai que c'est très intéressant de se questionner pourquoi il y a en tout cas ce truc d'envie qui existe quand on ressent ce truc de compétition, d'où ça vient, qu'est-ce que ça vient toucher.
- Speaker #0
Mais c'est vrai que ce n'est pas facile parce que c'est des métiers où on est très confronté à soi-même et aux autres. Il y a beaucoup de comparaisons.
- Speaker #1
Bien sûr, sur plein de niveaux, sur la quantité de jobs qu'on peut avoir dans le mois. Il y a tellement de domaines.
- Speaker #0
C'est public, donc c'est facile de se comparer.
- Speaker #1
Et puis avec les réseaux sociaux, je trouve que c'est un outil qui est à la fois fabuleux et à la fois terrible parce qu'on est constamment confronté à la vie des autres qu'on ne verrait pas forcément si on n'était pas sur les réseaux. et qui alimente un truc de ah elle, elle fait ça, pourquoi moi je le fais pas et ah, machine fait ça, et truc a fait ça et bêtement, je me souviens, j'avais une de mes collègues et copines que j'aime beaucoup qui pendant le confinement était très prolifique sur sa création de costumes, moi j'arrivais à rien faire. Et ça m'a mis vraiment mal de me dire, mince, comment elle fait pour arriver Elle a dû sortir trois costumes et je n'ai rien fait, c'est terrible, j'étais paniquée. Donc c'est vrai que c'est un outil, c'est très dur pour ça aussi. Heureusement, alors moi j'ai la chance d'avoir un petit réseau de très bonnes collègues amis avec qui on soutient, avec qui on a des discussions super intéressantes et qui sont vraiment des bonnes copines. des bons piliers pour moi dans la communauté avec qui je peux partager plein de choses chouettes donc je suis bien entourée donc c'est super,
- Speaker #0
il y a ça aussi comment tu gères peut-être ta santé mentale au quotidien justement parce que c'est assez challenging de la thérapie je le fais une,
- Speaker #1
deux fois par semaine oui je le fais, ça fait trois ans maintenant que je le fais et j'aime beaucoup, je trouve que c'est hyper important Moi, en tout cas, ça me permet de garder un pied sur terre. C'est quelqu'un qui n'est pas dans le milieu de Femme Absinthe. Du coup, je peux vraiment m'en servir. Des fois, je dis que c'est quelqu'un que je paye pour me plaindre et qui ne me jugera pas. Et ça me permet de dire à vote ce qui me frustre sans filtre, sans avoir peur d'être jugée parce que je suis jalouse de trucs ou je suis en colère contre machin. Et ça me permet vraiment de faire le point sur qu'est-ce que je veux dans ma vie, l'équilibre entre mon travail et ma vie personnelle. qui pour l'instant n'est pas très bien équilibrée. Mais oui, moi j'ai vraiment besoin de ça, en tout cas pour garder les pieds sur terre aussi. Et puis j'ai des très bonnes copines avec qui on parle de beaucoup de choses, et on échange beaucoup sur le milieu, sur nos frustrations, sur nos joies, nos peines. Ça permet de se sentir bien soutenue, et plus bien équilibrée, je trouve.
- Speaker #0
Et puis une question peut-être sur les réactions de ton entourage quand tu leur as annoncé. Je ne sais pas si tu leur as annoncé une fois que tu allais faire du burlesque.
- Speaker #1
Non, je ne l'ai pas annoncé comme un coming out. Je pense que c'est mon interprétation par rapport à mes parents, je ne suis pas dans leur tête. Mes parents, je pense, au début n'ont pas compris. Enfin, j'en suis quasi sûre parce qu'on a eu des discussions qui ont fait qu'ils m'ont dit qu'ils ne comprenaient pas pourquoi je faisais ça. Mais ça parlait d'un photo shoot où j'avais fait des photos de nu. Mais je pense que ça a englobé un peu toute mon activité. Comme j'ai toujours été danseuse, à la base, j'ai dit à mes parents, ce qui est vrai, que je n'ai jamais menti à mes parents là-dessus, que je faisais de la danse de cabaret, parce que c'est comme ça que j'ai commencé. Quand j'ai vu la première fois du burlesque, je n'assumais pas de faire du striptease. J'avais 22 ans. Et j'étais, c'est rigolo parce que quand j'étais adolescente, j'étais quelqu'un de très coincée, vraiment la danseuse classique que tu peux imaginer, très prude. Et en fait, c'est vrai que ça s'est déconstruit petit à petit. Et au début, je n'assumais pas le striptease, donc je faisais la danse de cabaret. Et puis petit à petit, j'ai quand même commencé, comme je suis costumière, du coup, je me suis fait des costumes qui permettaient d'être évolutives. Donc un de mes tout premiers costumes... le plus mon tout premier costume qui était vraiment burlesque c'est mon costume de mambo et à la base j'enlevais pas le soutien-gorge mais j'avais prévu au cas où je change d'avis déjà à l'époque de faire la tache devant pour que ça s'enlève facilement donc à la base j'enlevais juste la jupe se défezait en deux morceaux toujours le cas d'ailleurs j'enlevais la jupe et je finissais en string avec un string à franges de perles et puis le sous-type et en fait quelques années après ça J'ai rencontré une éfeuse burlesque de New York qui est devenue une copine, Emily Shepard, elle s'appelle, qui faisait un reportage sur le burlesque et m'a dit, il faut que tu viennes aux Etats-Unis, il faut que tu viennes performer à New York. Elle a filmé mon numéro, elle m'a dit, c'est génial ma chérie, mais à New York, il faut enlever le haut. Et donc du coup, j'étais un peu genre, ah d'accord Et c'est vrai que j'ai organisé cette tournée à New York, je suis partie deux semaines et ça a été pour moi l'occasion de me dire, je vais tester. De toute façon, personne ne me connaît là-bas. pas le faire, mais c'était vraiment le bon lieu safe pour tester. Et en fait, j'adorais ça. J'ai trouvé ça génial. J'ai performé dans un lieu qui s'appelle le Sleeper Room, qui a un entre-deux-sets. On faisait deux numéros et l'entre-deux, on pouvait faire du go-go. Et donc, c'est vraiment un lieu où ils te balancent des singles, des billets de 1$. Ils viennent te les mettre dans ton costume. C'est vraiment à l'américaine. Mais étonnamment, c'est très bon enfant. C'est très bon de le dire comme ça, mais il y a un côté très... peut-être pas candide, mais très enthousiaste, très... moi, j'étais hyper safe dans ce lieu, j'ai trouvé ça très drôle, les gens sont hyper respectueux, ils te touchent pas. Les Etats-Unis, en plus, ils ont beaucoup de codes. Ils ont un code où ils se mettent la main sur le cœur quand les publics veulent pas qu'on les touche. Donc, tu peux interagir avec le public, mais si la personne veut pas être touchée, elle te mettra la main sur le cœur. Donc, du coup, tu sais que tu dois pas être en contact avec cette personne. Il y a... Ils étaient en avance sur nous quand même, sur tout ce qui est contact et respect, consentement et respect de l'espace des gens. Du coup, je me suis toujours sentie hyper safe là-bas. Et c'est vrai que ça m'a vraiment permis de... Je me souviens avoir envoyé un texto à Louise Deville, ma mentor, en lui disant I must trip now C'est bon, j'ai fait le slip-a-rope, je suis une vraie strip-teaseuse. Et là, vraiment, ça a basculé. Quand je suis revenue, j'ai vraiment assumé de faire du burlesque comme ça. Je n'ai pas appelé mes parents pour leur dire. Ça s'est fait petit à petit. Mes parents n'ont pas les réseaux sociaux, mais je sais que je suis ma grand-mère. Ils ont vu des photos de par la famille, ils en ont pas trop parlé, ils étaient un peu mal à l'aise. Moi je les ai invitées à venir voir un spectacle et puis je sentais que ma mère était un peu mal à l'aise quand même. Et puis un jour elle était à Paris et elle voulait aller voir un ballet sur lequel je travaillais à l'opéra. Et je lui ai dit écoute si tu veux il y a des places ce soir, par contre j'ai un spectacle après. Donc moi je devrais partir avant la fin du ballet, mais si tu veux je peux te mettre des places pour le spectacle et on fait la soirée. Et donc elle est venue avec une très bonne amie à moi, qui a son âge, et du coup elles sont venues toutes les deux me voir, et c'était le même soir où ma chef de l'Opéra de Paris venait me voir aussi.
- Speaker #0
La pression
- Speaker #1
Ça va, ma chef de l'Opéra est vraiment super, elle vient me voir régulièrement, on s'entend très bien, c'est vraiment cool. Je pense que le fait que ma chef de l'Opéra soit là, et soit tellement enthousiaste et ravie de m'avoir vue, lui a permis de relativiser un peu sur le fait qu'en fait j'allais pas me griller à l'Opéra de Paris parce que je faisais du striptease, il s'en fiche complètement, tout le monde le sait. Généralement, il y a des fois où je me maquille à la pause du midi parce que j'ai un spectacle le soir, donc ils sont là genre Ah, il y a un spectacle ce soir Des fois, ils viennent me voir le soir même, donc ils me voient la journée sans maquillage et puis le soir sur scène. Et je pense que depuis, ça c'est un peu... Ça c'est un peu... Voilà, ils se sont habitués, ils sont venus me voir à Avignon, on a fait un spectacle l'an dernier avec Valentina Alpers, le cabaret canaille qu'on a en résidence le dimanche à Paris, qui était donc joué à Avignon, ils sont venus voir le spectacle... Ah, c'est pas celui-là qu'ils sont venus voir d'ailleurs, pardon Je dis n'importe quoi, ils sont venus voir le spectacle de mon partenaire Vicomte Arbour, que tu as interviewé il me semble, qui s'appelle le cabaret du fruit défendu. Et donc ils sont venus voir ce spectacle-là, ma maman m'a dit bon moi j'aime pas le burlesque, mais c'était chouette, ma collègue Petula Goldfever faisait son numéro de gorille, elle a adoré. Voilà, petit à petit ça fait son chemin. Ouais, ça fait son chemin et en fait je pense qu'ils se rendent compte aussi, tu vois on avait déjeuné le midi avec Petula justement, qui est donc une de mes très bonnes copines et collègues. Et en fait, elles ont eu des choses en commun à se dire avec ma mère et donc je pense que de connecter avec quelqu'un, Petula est quelqu'un de très éduqué, très cultivé, c'est quelqu'un d'extrêmement drôle et intelligent. Et je pense que les a priori... qu'on peut avoir sur les gens qui font du striptease quand on n'en connait pas, qu'on n'a pas l'habitude du coup ça a été un peu déconstruit, ma mère s'est dit elle est vachement chouette, ah puis elle fait du striptease aussi, c'est pas forcément tu vois comment on dit c'est pas forcément l'un ou l'autre les deux peuvent coexister
- Speaker #0
Est-ce que tu te souviens de ta première scène de ce que t'as ressenti, que ce soit en classique ou en burlesque d'ailleurs
- Speaker #1
Ou en classique, j'étais petite, je devais avoir 5 ans, donc je ne me souviens pas exactement de ma première scène en tant que danseuse classique, mais j'ai un souvenir émotionnel d'un mélange d'excitation et de trac énorme, et à la fois de ce sentiment un peu électrique d'être sur scène, d'avoir les gens autour de toi, d'avoir tellement de gens qui te regardent. et à la fois de te dire c'est génial cette sensation. Je me souviens plus, ma première scène burlesque, en fait c'est comme j'ai commencé par du cabaret, j'ai commencé au Paris Folies, et je ne faisais pas vraiment de numéros à proprement parler, je faisais pas mal de la déambulation dansée. C'est une bonne question. Qu'est-ce qui pourrait être ma toute première scène Si, je m'en souviens, si, si. C'était pour un événement privé. Et alors, j'ai fait mon numéro de fan dance, que je fais toujours d'ailleurs, que j'ai un peu retransformé. Et j'avais travaillé avec Julie Brouillard, qui est l'ancienne danseuse principale du Lido, avec qui j'ai bossé sur un événement privé, et qui m'a coachée sur ce numéro. C'était vraiment super de bosser avec elle là-dessus. Et ma venteur Louise était là. Donc j'avais une pression de... Ça y est, je fais vraiment mon premier numéro en solo, et Louise est là. Et du coup, c'était pour un événement privé, pour les Whisky GNB d'ailleurs. Et c'était vraiment chouette. Les premières deux numéros, il y a toujours un espèce de stress, ça se passe jamais complètement bien, parce que t'as beau avoir répété en studio, il y a toujours un câble qui traîne, le costume qui se coince alors qu'il s'est jamais coincé, Jean-Michel je sais pas quoi qui éternue au moment où il faut pas, où t'as le silence, ça te distrait. Tu vois, il y a toujours un truc où... Moi, j'ai rarement été satisfaite d'une première. Une fois, ça m'est arrivé, mais sinon, il y a toujours un truc... Bon, c'était semi-semi, il y a des choses à améliorer. Du coup, tu as un mélange de satisfaction de l'avoir fait et à la fois un peu de frustration de... C'était mieux en répète hier. Mais je me souviens un peu de ce sentiment de... Ça y est, je suis une grande... En tout cas, je suis soliste. Ça y est, c'était une satisfaction, une fierté. Excitation, c'est vrai, le mot clé.
- Speaker #0
Et est-ce que tu as toujours le track Oui. Avant de... Oui. T'es une traqueuse.
- Speaker #1
Alors, je ne sais pas si c'est... Ma prof de danse classique, quand j'ai commencé classique, Christiane, m'a dit un jour... En fait, tu auras le track tant que tu... Les artistes ont toujours le track parce que quand tu as le track, ça veut dire que tu tiens à cœur ce que tu fais. Si tu n'as plus le track, c'est que tu t'en fiches. Alors, si tu t'en fiches, c'est qu'il faut peut-être changer de métier ou changer quelque chose. Évidemment, ça ne me coupe plus les jambes comme avant, mais j'ai toujours un petit trac, une petite nervosité. J'aime bien parce qu'il y a un peu ce moment où tu piétines, ça y est, c'est à moi le prochain numéro, ok. Et en fait, c'est très porteur, ça disparaît du moment où je suis sur scène, c'est vraiment avant, moi c'est le numéro d'avant. Je n'ai pas le trac trois heures avant, par contre, quand la personne avant moi est en train de passer, je fais, ok, c'est à moi après, bon. Et ça me le fait sur... Toutes les scènes, que ce soit des événements privés, des petits cabarets, des grosses scènes, de la même manière. C'est vraiment, oui, toujours le trac.
- Speaker #0
Et est-ce que tu as des rituels avant de monter sur scène La journée peut-être ou les quelques minutes avant de monter sur scène pour te mettre dans ta bulle ou te concentrer Oui,
- Speaker #1
je n'ai rien de très spécifique. J'essaie toujours de m'échauffer un peu avant d'avoir un temps calme pour... me reconnecter à mon corps, parce que c'est vrai qu'en tant que danseur, on s'échauffait beaucoup dans le burlesque, à part les gens qui font du cirque de la poule, les choses très physiques, enfin il n'y a pas que, mais des choses qui vont être très physiques, il y a plein de gens qui ne s'échauffent pas, et c'est vrai qu'il y a souvent peu la place pour s'échauffer, donc j'essaie toujours de trouver un petit coin, ou d'aller sur scène quand le rideau est fermé, en fonction des lieux, pour me recentrer, me mettre dans mon corps en tout cas. J'ai un petit moment effectivement où je tourne un peu en rond en coulisses, vraiment sur le côté, en étant dans ma tête, pour me recentrer dans moi. Je n'ai rien de très spécifique. Je n'ai pas de truc porte-bonheur spécifique, mais j'ai ce petit moment, quelques secondes, où je tourne un peu en rond en coulisses.
- Speaker #0
Et puis, on se demandait combien de temps tu mets pour monter un numéro et quel est un petit peu le point de départ en fait C'est très variable.
- Speaker #1
Il y a des numéros, il y en a un, il m'a pris 5 ans à monter entre le moment où j'ai eu l'idée et le moment où il a existé. Il y en a, ça prend un an. Moi, je suis quelqu'un qui prend du temps à développer les numéros parce que j'ai besoin que les choses fassent sens de plus en plus. Donc si c'est juste joli, ça ne me satisfait pas. J'ai l'impression que c'est très vide. Donc on parle de numéros construits parce que des fois, je crée aussi des numéros qui sont... Plus des numéros improvisés où je connais la musique, où j'ai des petits points de choré que je connais, mais qui sont plus adaptés dans des restaurants ou des bars où t'as pas de fan. Mais des vrais numéros construits, chorégraphiés, ça me prend minimum six mois. Et c'est vraiment au plus rapide. La plupart du temps, on est plus sur... Entre le moment où j'ai l'idée et le moment où ça existe, c'est plutôt un an. Parce que... Il y a beaucoup de paramètres. Il y a la vie quotidienne où tous les week-ends je suis en spectacle, je ne suis pas forcément chez moi. Je fais beaucoup de choses moi-même, que ce soit la chorégraphie, le montage musical souvent. Des fois je travaille avec des gens qui me composent de la musique ou qui m'aident avec le montage. Mais je fais pas mal de choses moi-même, je fais mes costumes évidemment. Donc c'est tout un mélange, tu vois, où des fois c'est une image, des fois c'est une musique, des fois c'est... Un bout de film ou... tu vois, le point de départ peut être très différent, des fois c'est une pièce de costume.
- Speaker #0
Mon numéro 10, ça a été une pièce de costume. En fait, je suis tombée dans la boutique de Fribes d'une amie sur une pièce, donc ce pantalon à plumes tout fluffy qui était ouvert à l'arrière, qui faisait un peu pantalon de cow-boy, mais en plumes. C'était génial. Et je l'ai vu, je me suis dit, ce truc est génial. À l'époque, j'avais 22-23 ans, c'était vraiment au tout début. Ça ne coûtait pas très cher, je crois que c'était 80 euros, mais à l'époque, 80 euros sans savoir quoi en faire, je ne pouvais pas me le permettre. Donc je l'ai reposé en me disant, je vais y réfléchir. Puis deux semaines après, je travaillais sur un projet et le directeur artistique du projet avait besoin d'adresse pour acheter des costumes. Donc je l'ai envoyé chez ma copine et il a acheté ça pour moi. Donc on a fait ce projet, donc il a acheté ce pantalon, on a fait le projet, il me l'a offert à la fin du projet. C'était super. Et du coup, je me suis dit, ah c'est génial, ça m'a fait penser vraiment au lac des signes de Matthew Bourne, tu sais, qu'on voit à la fin de Billy Elliot. Et donc, je me suis dit, il faut que je fasse un numéro de signe avec ça. Et puis petit à petit... Je voulais juste faire un numéro de signe, j'avais aussi cette référence de vieilles photos en noir et blanc, évidemment le nom d'actrice m'échappe mais qui est très connu, d'un film des années 20, je vais tout retrouver ça, ça va me revenir en tête, évidemment c'est toujours quand tu veux le citer que tu le trouves pas. Donc j'ai un peu assemblé les références et puis j'ai fait de la thérapie, donc le numéro de signe parle d'une agression que j'ai vécue. Et comment j'ai vécu cette agression et comment je m'en suis remise. Et donc, c'est un numéro qui parle de catharsis. Tu vois, j'ai travaillé en thérapie à ce moment-là. Donc, ça a fait sens. Donc, l'histoire du lac des signes, c'est quand même l'histoire d'une princesse qui en jette un sort et qui est prisonnière d'un corps qui n'est pas le sien. Corps de signes et qui doit vivre, apprendre à vivre dans ce corps. Bon, elle finit par en mourir malheureusement. J'ai fait une fin plus positive. Mais il y avait beaucoup de parallèles, tu vois, après une agression, comment tu vis dans ce corps qui n'est plus vraiment le tien. Et comment tu te le réapproprie, comment tu apprends à l'aimer de nouveau. Et comment tu redanses avec, tu rebouges avec. Donc c'était hyper intéressant. C'est sur ce numéro-là que j'ai bossé avec mon amie Amélie Joannides, qui est danseuse à l'Opéra. On a beaucoup bossé sur la gestuelle et vraiment l'émotion, l'interprétation. pour faire transparent ce message, qui n'est pas forcément lisible. Il y a plein de gens qui ne lisent pas ça, et ce n'est pas fait pour que ce soit lisible vraiment comme ça, mais du coup, qui connectent à l'émotion. Et donc voilà, là, c'était vraiment une pièce de costume, et la vie qui a fait que, et ça m'a pris cinq ans à monter, et finalement, il me fallut une deadline, et je me suis dit, allez, ça sera pour cette fois-là. Et puis, il y en a d'autres, ça va plus vite, parce que... Les pièces de costumes vont plus vite à monter. Mon papillon, tu vois, ça m'a pris un an. Un peu plus. Mais j'ai eu l'idée qu'il restait une vague idée comme ça. J'ai eu l'idée pendant le Covid, pendant un déconfinement. Et puis après, j'ai fait un festival à Prague. Et c'est vrai que j'ai beaucoup d'inspiration de Mouha dans ce numéro. Et il était de Prague. Il y a une très belle expo sur lui à Prague qui est là constamment. Et du coup, avec la productrice, on s'est dit que c'est très chouette de faire la première. à Prague du coup j'avais une deadline d'un an pour le monter donc j'ai fait ça en un an donc ça dépend vraiment quel projet, ce que tu veux en faire généralement plus tu mets de charges émotionnelles et plus d'histoires plus c'est long il y en a un qui te tient particulièrement à coeur où ils ont justement tous leur histoire et tous leurs raisons d'être le signe et le papillon sont les deux plus intimes le signe parle de l'expérience la plus traumatisante de ma vie Et le papillon, c'est un peu symboliquement... Je l'ai sorti pour mes 30 ans. C'était un peu, pas tout à fait mes 10 ans de carrière, mais tu vois, là où j'étais, un point charnière de ma carrière, où j'en étais. Et donc, ça parle vraiment de mon évolution en tant que femme. Et où j'en suis... Où j'ai commencé en tant que danseuse classique coincée, et où j'en suis maintenant en tant que soliste, triptiseuse, beaucoup plus épanouie. Encore en travail, mais beaucoup plus épanouie.
- Speaker #1
Justement, en parlant de ton numéro de papillon, tu as eu la mauvaise surprise, je crois, il y a quelques mois, de découvrir qu'on s'était un peu trop inspiré de toi. Oui. Est-ce que tu peux revenir un petit peu sur cet épisode
- Speaker #0
Oui, c'est toujours très dur quand on a un numéro qui est plagié. Plagié, c'est un très gros mot, mais malheureusement, ça existe. C'est toujours très dur parce qu'en fait... Je vais parler de moi, mais je sais que je suis loin d'être la seule pour en parler avec mes amis et collègues. Quand on crée un numéro, surtout quand on crée un numéro qui est aussi intime, qui parle de nous, qui n'est pas juste un numéro de burlesque classique, qui n'a pas forcément raconté l'histoire, qui est super aussi, qui ne parle pas de la même chose. Mais quand tu parles, en tout cas d'une expérience de vie intime particulièrement, c'est encore, je trouve, encore plus violent parce que... il y a un sens à tout ce que tu fais. Moi, j'ai passé des heures à rechercher des références. Les deux numéros, Le Papillon et le Cygne, d'ailleurs, ont été travaillés avec Amélie, donc on a passé des heures à répéter, à trouver des mouvements qui, chorégraphiquement, feraient passer un message, évoqueraient des choses, pour que, dans la conscience des gens, ils comprennent le message, sans que ce soit complètement contextualisé. Et du coup, quand tu vois ça, c'est toujours... Moi, j'ai toujours un sentiment de viol. de mon travail, de mon intimité, de mes émotions, de moi. Et donc, c'est très dur. Et donc, cette personne en question, en plus... En fait, particulièrement le papillon, je suis partie d'une image de référence qui est une couverture du magazine Life dans les années 20, qui a été beaucoup utilisée. Je ne suis pas la première et je suis loin d'être la dernière, je pense, à avoir fait un numéro de papillon. Et donc, j'ai essayé de ne pas copier-coller la référence, mais je m'en suis... très très fortement inspirée et a priori elle aussi donc ça à la limite on a la même inspiration que le costume se ressemble c'est malheureux mais bon ça arrive ce que j'ai déploré c'est que je sais qu'elle était là la première du numéro et qu'en fait elle a aussi copié la chorégraphie et là c'est là où ça devient vraiment vraiment difficile parce que cette chorégraphie a été vraiment travaillé réfléchi et que ça fait un peu beaucoup Je lui ai envoyé un message.
- Speaker #1
Comment tu l'as découvert
- Speaker #0
On me l'a envoyé. Une amie m'a envoyé ça parce que moi, je ne la suivais pas. On m'a envoyé une photo en me disant...
- Speaker #1
Elle-même, elle l'a mis sur Instagram.
- Speaker #0
Oui, elle a posté. Toujours, je pense, son numéro. Je lui ai envoyé un message. J'ai commencé à regarder un peu son Instagram. Parce que je préfère laisser le bénéfice du doute aux gens. Les hasards arrivent. Il m'est déjà arrivé avec une amie à moi d'avoir la même idée de numéro de signe, on avait la même idée en même temps, on avait fait deux trucs différents. Mais c'était rigolo parce qu'on travaillait quand même toutes les deux sur un numéro de signe avec des éventails boa. Ça arrive, on n'a pas inventé l'eau chaude, enfin tu vois, il y a quand même des thèmes qui sont récurrents. Mais en fait, je trouve que quand tu travailles ton numéro, quand c'est quelque chose de personnel et que tu le crées, tu peux avoir les mêmes références, la même idée et ça donnera quelque chose de totalement différent. La preuve en est, mon ami et collègue Kiki Béguin a travaillé aussi sur une danse serpentine. Donc la danse serpentine, c'est ce que je fais avec le papillon. C'était une danse inventée par Loï Fuleur début 1900, dans les années 1910. Et donc qui consiste à avoir une espèce de grande, grande cape avec des mètres et des mètres de tissu. Et de créer des mouvements, ça fait des mouvements d'orchidées, de fleurs. Elle faisait de la projection lumineuse dessus. C'est quelque chose qui a été repris, réinterprété. J'ai rien inventé. Mais c'est vrai qu'avec Kiki, on a travaillé en même temps sur ce principe de numéro, ce thème de serpentine. On a beaucoup de références en commun, on a beaucoup de goûts en commun. Et nos numéros sont complètement différents et on les a joués dans la même soirée. Et on a pu les jouer dans le même spectacle sans que ce soit retondant. Parce qu'en fait, nos recherches, notre personnalité, notre histoire personnelle a fait qu'on en a fait quelque chose de très personnel justement. Là, c'est vrai que le costume, la choré, ça faisait beaucoup. J'ai envoyé un message en lui disant, j'espérais que ce soit une coïncidence, mais en fait, je me suis rendu compte que tu étais à la première du numéro, donc tu l'as vu. La chorégraphie ressemble quand même beaucoup, surtout dans l'enchaînement des mouvements. Bon, elle s'est complètement vexée, elle m'a... Elle m'a bloquée sur les réseaux sociaux. Elle avait tout un poste comme quoi je l'avais agressée. Bon, j'ai pas pu faire grand chose. En fait, je lui ai rappelé que mon travail était protégé et que si le copier, c'était s'exposer à des risques de poursuite judiciaire parce que la propriété intellectuelle, c'est quelque chose qui existe et qu'on a tendance à oublier. Mais en fait, ce qui est terrible, c'est que je pense qu'il y a beaucoup de désinformation et de manque de... Ouais, de manque de, comme je te disais, éducation, c'est un terme qui... D'éducatesse, de sensibilité. En tout cas, d'apprendre aux gens une méthodologie de travail. Donc, comme je le disais, j'ai fait des études d'art appliqué, et c'est vrai qu'à ce moment-là, presque inconsciemment, j'ai appris comment faire des recherches. On passait des heures à aller chercher dans des bouquins, prendre des photos, on faisait beaucoup de photocopies, compiler des références. À l'époque, c'était sur papier dans des classeurs, maintenant, on a Pinterest, mais c'est le même travail. Aller chercher... manger, manger, manger des images, de l'information, des vidéos, écouter de la musique, en fait avaler de la référence, traiter ces informations, donc il y a toujours un peu, moi j'ai un temps de jachère où mon cerveau traite les informations, puis après les ressortir et les transformer et les rendre personnels. Et c'est vrai que... Tu vois, j'ai aussi une très bonne amie qui fait un numéro de Papillon en ce moment, qui est en train de le créer. Et ça n'a rien à voir avec ce que j'ai fait. Et c'est super parce que j'adore voir son making-of, voir comment elle travaille et ce qu'elle crée. Et tu sens quand c'est personnel, ça se voit. Les gens font un truc qui est unique et personnel avec la même idée. C'est toujours très dur quand il y a un numéro qui est plagié. Ou même une esthétique. J'ai une très bonne copine qui se fait plagier son maquillage, sa coiffure. Quand c'est ta marque de fabrique, c'est chiant. Et puis, tu as envie de dire aux gens, mais soyez vous-même, tous les autres sont déjà pris. Hein Voilà, c'est quand même bête. Donc, bon, écoute, moi, j'ai envoyé un message, elle m'a bloquée, elle continue à travailler. Bah, tant pis, c'est comme ça. Je ne peux pas y faire grand-chose. Dans ces moments-là, je me dis que j'ai les ressources créatives pour continuer d'être créative. Et tant pis, si on ne peut se limiter qu'à copier les gens, c'est bien dommage pour elles. Mais c'est toujours dur.
- Speaker #1
Pour revenir sur tes numéros, j'en ai vu quelques-uns de toi et je les trouve très oniriques, très poétiques. Est-ce qu'il y a des choses qui t'inspirent plus particulièrement, des époques, des artistes Tu as parlé pas mal de cinéma aussi.
- Speaker #0
Oui, les années 20, ça reste mon époque de prédilection. Je ne sais pas, d'ailleurs, je ne saurais pas te dire vraiment pourquoi, d'où ça m'est venu. Mais oui, j'ai une fascination, peut-être pour le vent de liberté qu'il y avait. C'est l'époque où les femmes commencent un peu à s'émanciper avec les garçons, le charleston, tu vois, les vampes. Il y a un truc qui me touche sur cette époque, en termes d'histoire de la mode aussi, c'est fascinant. Les coupes sont sublimes, les années 20-30, il y a vraiment du travail de coupe assez incroyable. En termes de coupe, comme je te dis, j'ai fait des études de costume, donc j'ai beaucoup travaillé aussi l'histoire de la mode, du vêtement. Les années 30, c'est fascinant en termes de construction de vêtements, c'est vraiment quelque chose de génial. Donc je pense que ça me plaît aussi parce que... En termes de... sur mon autre métier, j'ai une fascination pour le travail de cette époque. J'essaie de garder dans mon travail, tu vois, d'aller chercher mes informations à la source, de ne pas me dire ah, j'aime bien le costume de Machine, j'en veux un pareil plutôt d'aller chercher dans l'histoire de la mode et de... Tu vois, il y a vraiment des stylistes qui ont... enfin, des créateurs qui ont fait des travails de volume et de coupe incroyables, et donc d'aller plutôt chercher dans ces images-là. Je trouve ça fascinant d'avoir une photo et de se dire ok à plat qu'est-ce que ça donne. Mon dernier costume là sur lequel je travaille, dont je vais faire la première en novembre, m'a pris la tête à un moment. J'avais une idée de volume et j'arrivais à m'en galérer pendant plusieurs heures à me dire ça ça marche pas. Ça ça marche pas tu vois pour recréer ce que je voyais en image à partir d'un tissu à plat, le faire en volume. Ouais le cinéma m'inspire aussi beaucoup. Je suis quelqu'un de très visuel, donc les images, les peintures. J'aime beaucoup aller au musée. Et puis des fois, c'est plus des ambiances que des images précises, mais tu vois, des ambiances, des palettes de couleurs. Donc là, pour le dernier sur le Cache-Travail, j'ai beaucoup regardé l'époque des années 70, donc les tonalités de couleurs. J'ai regardé les cartes de tarot avec un ami qui m'a conseillé. Donc tu vois, chercher dans des palettes de couleurs, qu'est-ce qui s'agence bien ensemble. C'est très divers. Des fois, je suis inspirée par la nature aussi. J'étais en vacances dans les Caraïbes et juste les couleurs des fleurs sur la végétation, des fois, je me dis, ah, ça, c'est des couleurs qui vont bien ensemble. Ça peut marcher pour ce numéro-là.
- Speaker #1
Mais à quel moment tu te dis, stop, là, genre, j'arrête de chercher, je me lance ou... Parce qu'en fait, tu as l'infini, j'imagine qu'on peut... Est-ce que justement, je suis les deux lettres dont tu parlais avant Ou il y a un moment où tu te dis, ok, bon là, j'ai assez d'informations, j'ai fait assez de recherches.
- Speaker #0
Quand j'ai 300 images sur Pinterest, je me dis que c'est une bonne base de travail. C'est par étapes, en fait. Je commence par beaucoup chercher, compiler des trucs. Puis après, je fais le tri, parce que des fois, tu as mis l'inspiration, tu pars vraiment dans tous les sens. Et après, tu fais le tri de, bon, ok, qu'est-ce que je veux raconter comme histoire Est-ce que ça, ça va Est-ce que ça, ça ne va pas Tu fais des choix. Moi je fais beaucoup d'aller-retour entre les images. Je fais donc une toile, ce qu'on appelle une toile c'est comme un premier essai du costume dans un tissu qui n'est pas le bon mais qui te permet de travailler. Et puis j'essaie de danser avec et puis je vois ce qui coince. Et puis bon du coup je change la coupe si ça ne marche pas, je change les systèmes d'attache. Là mon nouveau costume, il y a des trucs qui tiennent quand ils doivent s'enlever et des trucs qui s'enlèvent quand ça doit tenir. Donc il y a des trucs charmiques clairement. Des fois, je me trompe. Des fois, il y a des trucs, ça ne fonctionne pas. Ça m'est rarement arrivé de ne pas arriver à trouver la solution à un problème. Mais des fois, ça m'est arrivé. C'est très frustrant. Je fais beaucoup d'aller-retour. Il y a des fois aussi, j'en ai marre de regarder des bouquins ou mon téléphone. J'ai besoin d'être dans l'action. Aujourd'hui, je fais de la coupe et de la toile. J'essaie de voir en volume ce que ça rend. Ça ne se voit pas à la radio. Mais comme tu vois, je suis quelqu'un qui parle beaucoup avec les mains. Beaucoup, beaucoup. J'ai un rapport avec mes mains qui est... qui est assez intime. J'aime beaucoup toucher des choses, toucher les tissus, toucher les galons, toucher les matières. J'adore ce moment où tu prends quelque chose à plat, des mètres de tissu, et tu en fais quelque chose en volume. C'est vraiment un moment que j'aime beaucoup. C'est vraiment des allers-retours.
- Speaker #1
Très jolis ongles au passage. Merci.
- Speaker #0
C'est les ongles de ma copine Petula Goldfever. Je le dis à la règle parce que je lui ai copié. J'ai plagié ses ongles. Avec son consentement. Je lui ai demandé avant si je pouvais.
- Speaker #1
Mais tu as demandé avant. J'ai demandé.
- Speaker #0
Je lui ai dit est-ce que je peux faire comme son glissons sublime. Elle a accepté. Donc maintenant dès que je l'ai fait, je la cite.
- Speaker #1
Et puis en termes de présence, qu'est-ce qui fait selon toi qu'on se souvient d'un ou d'une artiste et pas d'un autre
- Speaker #0
Ayant un passé de danseuse, moi je trouve qu'il y a un rapport déjà au sol qui est important à avoir. d'ailleurs c'est un exercice que je donne en workshop souvent je commence mon workshop à faire marcher les gens parce qu'il y a beaucoup de gens qui ont déjà un rapport au sol un peu désincarné quand on danse on parle beaucoup d'ancrage, d'ancrage au sol on demande d'aller chercher la force dans le sol de faire venir l'énergie par le sol donc déjà ça c'est quelque chose qui est important pour moi après il y a C'est quelque chose d'assez impalpable. Ça passe beaucoup par le regard. Et puis je pense que ça passe aussi beaucoup par le fait de ne pas s'excuser d'être là. C'est aussi un truc que je dis en workshop. Ne vous excusez pas d'être sur scène. Parce qu'en fait ça se voit. Et si vous êtes sur scène, c'est que vous êtes légitime de l'être. Ou en tout cas que vous vous donnez la légitimité de l'être. Ce qui est le plus important. Quand on est face à des gens, il faut se sentir légitime d'être là, parce que si on s'excuse d'être là, ça ne marche pas. Donc c'est vraiment un truc, je pense, les gens qui ont en tout cas ce plaisir, cette volonté de partager de l'émotion avec leur public, et qui ne sont pas là juste pour eux-mêmes, mais les gens qui sont généreux avec leur public me touchent beaucoup. Ça peut être généreux dans plein d'émotions, ça peut être généreux dans la fragilité d'une émotion un peu triste ou alors dans la sensualité de quelque chose de très ancré, très sexuel, très ouvertement. Je joue avec mon corps, je sais comment est mon corps, je sais ce qui marche bien chez moi, je sais quel mouvement va être sensuel, joli, donc je le fais et je ne m'en excuse pas. Après, alors, moi, j'ai des... Mes goûts font que je suis aussi beaucoup touchée par les performeuses qui sont dans mes références, tu vois, des années 20, mes références esthétiques. Mais je suis aussi beaucoup touchée par l'humour. Une performeuse qui me fait... Une performeuse ou un performeur qui me fait rire et pleurer, il ou elle a tout gagné, tu vois. C'est vraiment... C'est ce qui... Avoir une double émotion dans un numéro, c'est vraiment ce qui marche. Ça peut tenir à tellement de choses, mais généralement, c'est des gens qui sont généreux dans l'émotion ou dans l'énergie qu'ils dégagent et qui sont en connexion avec leur public.
- Speaker #1
Et récemment, est-ce qu'il y a un ou une artiste qui t'a particulièrement touchée
- Speaker #0
Je vais citer mes copines, mais je pense que c'est aussi mes copines parce que leur travail artistique me touche. Les deux que je vais citer, que tu connais forcément, sont devenues mes copines parce que leur approche du burlesque me touchait beaucoup. Et je la trouvais très intéressante et très différente de la mienne. Colette Colerette me fait toujours... J'aime tellement cette performeuse, et humainement, et artistiquement, parce qu'elle vient du théâtre, donc elle a une approche qui est toujours celle... auquel on... Enfin, moi, je ne pense pas, en tout cas. Et donc, je trouve ça fascinant de me dire, ah, oui, voilà, elle fait ça. Oui, c'est génial. Et Petula Goldfever, qui est une de mes partenaires sur un spectacle aussi, et partenaire de mon partenaire, qui allie beaucoup d'humour et beaucoup de glamour. Et elle me fait toujours tellement rire. Tellement rire sur scène en étant super sexy, super belle. C'est du burlesque classique, mais tellement intelligent, parce qu'elle a toujours la petite... tout d'humour. Encore la dernière fois, elle me parlait d'une idée de nouveau numéro et j'étais mort de rire. J'ai dit, forcément, il n'y a que toi pour avoir une idée pareille. Ça, c'est un peu mes performeuses où je sais que ça serait un plaisir de les regarder.
- Speaker #1
Et pour peut-être revenir sur ton métier de costumière, est-ce que tu pourrais nous expliquer comment ça se passe Quand tu es à l'Opéra de Paris, qu'est-ce qu'on te fait comme genre de commande Combien de temps tu as pour coudre un costume
- Speaker #0
à quel point tu te nourris tes deux métiers se nourrissent l'un de l'autre aussi l'Opéra de Paris c'est le seul endroit où je travaille encore en tant que costumière j'ai un attachement très particulier pour cette maison qui m'a formée c'était mon premier mon tout premier contrat j'étais en contrat d'alternance chez eux c'est des contrats d'apprentissage donc tu es payé pendant qu'ils te forment et puis de par mon parcours c'est un lieu symboliquement très fort pour moi Je suis embauchée à la production donc moi comme je suis intermittente du spectacle je suis embauchée en renfort. Ils ont une équipe fixe là-bas qui travaille à l'année sur les productions. Et puis quand ils font des créations ou des reprises, par exemple le ballet de Noël c'est toujours des gros ballets, il y a toujours beaucoup de travail, donc ils appellent les renforts. Donc ça peut être une semaine, deux semaines, trois semaines, un mois, trois mois, six mois... J'ai déjà fait toutes ces longueurs de contrat d'ailleurs. Alors moi maintenant que je travaille chez eux depuis 11 ans là, je connais leur manière de travailler. Il y a des techniques très spécifiques aux manières de faire des costumes à l'Opéra de Paris que j'ai apprises. Donc maintenant ils n'ont plus besoin d'expliquer. On me dit c'est un bustier, tu sais faire. Donc on me donne une pile de tissu à plat en me disant tu fais le montage pour le premier essayage. Après il y a un premier essayage, on nous le rend avec les retouches. On fait le montage pour le deuxième essayage et puis après on fait les finitions. Le temps en fait c'est variable parce qu'en fonction de la pièce qu'on fait, si c'est un bustier, si c'est un tutu, si c'est une robe, si c'est un truc qu'on a encore jamais fait parce que c'est une création, que c'est une robe qu'on a jamais faite, prototypée, c'est un peu difficile de savoir combien de temps. Je me souviens que j'ai fait un contrat, je crois que c'était l'année dernière ou il y a deux ans, pour un ballet qui s'appelle Contact Off, qui est un ballet de Pina Bausch. Et en fait les costumes c'est des petites robes... Il y a certaines robes qui sont 50 vraiment. Il y a d'autres qui sont un peu plus modernes. C'est très inspiration 50-60 quand même. Donc ça faisait très couture. C'était super. Il y avait un manteau qui était inspiré d'un truc des années 30. Par-dessus une robe plutôt bustier fin 50. J'ai fait les deux pièces. C'était très variable, tu vois. Parce que je crois qu'on ne l'avait jamais fait avant. Ouais, c'était une reprise. On savait pas trop combien de temps ça allait prendre, ça dépendait des modèles aussi, moi le manteau que j'ai fait c'était, il y avait des petits plis tout le long du col, des petits plis de 0,5 mm collés les uns aux autres, faits à la main, j'ai tout plissé à la main, un par un, j'ai déjà une photo de moi à genoux sur la table de coupe en train de faire ça, c'est très rigolo, et ça, ça m'a pris deux jours, parce qu'en fait il fallait les caler, puis une fois qu'on les a calés on s'est rendu compte que bah... Les deux bouts de tissu n'étaient pas complètement de la même taille. Donc, il a fallu recommencer tout un côté. Donc, ça m'a pris plus de temps que prévu. Ouais, tout défaite, tout recommencé. Ah, mais quand ça t'arrive Généralement, tu te dis, je vais faire une pause. Puis, je vais recommencer après. Parce que, vraiment, c'est pénible. Et ça dépend. Il y a des costumes qui vont prendre trois semaines à être finis. Il y en a des fois... C'est rare d'avoir un costume qui prend moins d'un mois, quand même, tu vois. Mais surtout... En fait, tu les prépares, tu les envoies à l'essayage. Il faut que la danseuse vienne essayer. Donc, tu fais autre chose en attendant. Puis après, tu le récupères. Donc, c'est très... Tu n'es pas de manière linéaire sur un même costume. Par contre, c'est une entreprise. Donc, tu fais 9h18, 9h17 ou 9h18, je crois. Donc, voilà. Tu as une pause d'âge et midi d'une heure. C'est comme n'importe quelle entreprise. Tu as une pause d'un quart d'heure le matin, une pause d'un quart d'heure le soir. C'est 17h45. 17h45, tu es dehors parce que c'est fini. Voilà.
- Speaker #1
Et tu réponds à des commandes, j'imagine que tu ne peux pas trop y mettre sa patte
- Speaker #0
Ah non, c'est vraiment, il y a une manière de faire, il y a une manière, tu vois, les bustiers... C'est une manière très spécifique de les monter pour que ce soit retouchable, parce qu'à part les soulices qui ont leur propre costume, le corps de balai va avoir son costume pour une distribution, puis après la distribution va changer, donc il va falloir réadapter, parce qu'on ne refait pas des jeux pour les personnes qui ne sont pas soulices, donc tu fais des jeux pour les étoiles. Les étoiles, ils ont leur propre costume, les autres, ils tournent dans un costume, des fois à deux, voire à trois, parce qu'en fait, à un moment donné, on ne peut pas faire un jeu de costume pour tout le monde, on ne s'en sortirait pas. Donc il y a des bas de tutu qui vont sur des bustiers, donc des fois d'une année sur l'autre quand ils reprennent les balais, elle récupère son tutu mais il faut lui refaire un bustier parce qu'il est trop vieux ou compagnie. Il y a vraiment une manière de faire les costumes qui est très spécifique, qu'on t'apprend, on t'explique quand tu arrives comment les faire. Tu as souvent quelqu'un qui te forme qui dit ça ici on fait comme ça, ça on fait comme ça, les finitions c'est comme ça, les bustiers c'est comme ça, le tutu c'est comme ça. Donc tu fais. Et puis c'est hyper intéressant comme technique. Moi j'ai appris à faire des tutus type opéra de Paris. Ils sont faits nulle part ailleurs dans le monde comme ça. Et c'est vraiment chouette.
- Speaker #1
Et ça prend combien de temps de faire un tutu Un tutu,
- Speaker #0
on ne les fait plus en plus de A à Z. Je ne saurais pas te dire parce que je l'ai fait quand j'étais apprentie il y a 11 ans. Et moi j'ai pris Forever parce que j'ai appris. Je ne veux pas dire de bêtises. Je sais que les filles... Trois semaines Trois semaines je dirais. à prendre avec des pincettes, mais les filles qui en font depuis 40 ans, elles tous les font en 3 semaines, mais en fait il y a 11 ou 13 couches de volant en fonction du modèle du tutu, qui sont froncées à la main, quand tu les as c'est des bandes de tulle de je sais plus combien de mètres, tu passes tes fils de fronces à la machine toi-même, tu les fronces à la main, tu les poses à la main sur la culotte, et après une fois que cette culotte est montée, tu as tout ce qu'on appelle du bagage donc tu bagues les couches de tulle les unes avec les autres en font des bagues de bagues de fil pour que ça tienne ensemble et plus tu veux un effet droit plus tu fais les bagues serrées plus tu veux que le tissu soit mousseux plus tu les fais lâches ça c'est très en fonction des productions tu vois le lac en fonction des styles en plus d'ailleurs le lac des cygnes il voulait des effets cul de canard enfin de cul de cygne donc c'est plus mousseux Ouais, et c'est infini. Ça fait 11 ans que j'y travaille et il y a encore des trucs où on me dit ça, on fait comme ça, tu vois. Mais oui, c'est très spécifique comme milieu de travail, mais c'est fascinant. C'est vraiment fascinant.
- Speaker #1
Oui, puis c'est intéressant parce que t'as vraiment les deux côtés où t'as ça, où tu suis en fait ce qu'on te dit. Et puis t'as le burlesque où vraiment, c'est toi quoi.
- Speaker #0
Et ça me fait du bien parce que là, au Péril à Paris, j'ai pas besoin de réfléchir. J'y vais, j'applique bêtement. Alors je peux pas faire ça tout le temps parce qu'au bout d'un moment, j'ai besoin d'être créative. appliquer une méthode de travail c'est bien, puis au bout d'un moment je m'ennuie quand même, j'ai besoin de créativité, de challenge, mais ça me repose l'esprit et donc c'est agréable. J'y vais généralement deux fois par an à peu près.
- Speaker #1
T'as trouvé un bon équilibre Ouais,
- Speaker #0
ouais, ma chef elle sait, elle m'appelle. Elle sait qu'il faut qu'elle m'appelle à l'avance parce que sinon, je sais des fois elle m'appelle pour la semaine prochaine, je dis ah non, il faut m'appeler trois mois à l'avance, c'est bien, sinon ça le fait pas, voilà.
- Speaker #1
Et puis est-ce que tu aurais des conseils pour les personne qui hésiterait à se lancer dans la danse ou plus particulièrement le burlesque
- Speaker #0
Oh bah faut essayer pour savoir si ça nous plaît je pense il faut aller voir déjà il y a beaucoup puis voir plus qu'un spectacle parce qu'il y a beaucoup de gens je pense qui se lancent une fois en se disant ah c'est génial je veux faire ça bon c'est ce que j'ai fait mais j'avais l'expérience de la danse avant quand on n'a jamais fait de scène il faut aller voir plusieurs spectacles euh Pour voir un peu déjà ce qui existe, parce que pour le coup, le burlesque, c'est quand même très vaste et très varié. Pour moi, c'est vraiment une discipline, c'est un outil. On peut en faire ce qu'on veut. C'est comme le chant, c'est comme la danse. En fait, on peut raconter ce qu'on veut avec. Il y a différentes manières de le faire. Il y a des manières classiques, il y a des manières poétiques. Il y a de l'humour, il y a du politique. Il y a vraiment tout ce qu'on veut. Donc déjà, aller en voir, c'est une bonne chose. Et ensuite... Une fois qu'on a un peu identifié ce qui nous plaît, les artistes qui nous parlent, eh bien, contactez ces artistes pour savoir s'ils donnent des cours, s'ils peuvent faire des initiations. Je sais que les festivals proposent souvent des workshops par leur headliner, donc ce qui permet aux gens de prendre des cours avec des artistes peut-être dont ils aiment le travail. Moi, je sais que je ne donne pas de cours réguliers, mais je donne des cours en particulier, en one-to-one, en coaching de numéro ou en démarrage aussi de burlesque. Parce qu'en fait, il n'y a pas de vérité vraie dans le burlesque. Il n'y a pas de... On fait ça... Enfin, pour moi, on fait ça comme ça, le burlesque, c'est ça. Il y a autant de burlesques qu'il y a d'artistes. Et donc, du coup, il faut travailler avec les gens qui nous parlent le plus. Et puis, ça peut évoluer. Moi, j'ai vraiment mon burlesque qui a évolué depuis que j'ai commencé. En voyageant dans d'autres pays, on voit d'autres manières de faire les Américaines. qui travaillent du fond du burlesque complètement différemment de nous français par exemple. Et donc c'est hyper intéressant parce que c'est très nourrissant et qu'il y a des choses qu'on va voir sur scène, on va être là, ça, moi ça ne me parle pas, ou ça j'adore et j'ai envie de m'orienter vers ça. Donc, prendre des cours par les gens dont le travail nous plaît, c'est vraiment important. Et apprendre effectivement la méthodologie de la construction d'un numéro, parce qu'un numéro, ça se construit, ça se travaille. Il y a ce truc dont on parlait, tu vois, de plagiat, qui souvent... Et comme je te le disais, part pas d'une mauvaise intention, mais part de gens qui en fait se sont pas... poser la question plus loin que ah c'est joli, j'ai envie de faire pareil ce qui part pas d'une mauvaise intention mais qui pense pas que derrière il y a un an de travail, de recherche, de répétition parce qu'en fait ils se sont pas posé la question et en effet si on leur a pas dit peut-être qu'ils peuvent pas le savoir mais du coup c'est bien de travailler avec des gens qui ont l'habitude de le faire parce qu'on peut les aider, les coacher leur expliquer, bah fais attention à ça recherche qui existe déjà pour pas faire la même chose aussi, tu vois quand tu as une idée de numéro, recherche qui existe Et puis on peut passer à côté de choses, moi j'ai une collègue qui m'a envoyé un message quand c'est sorti le poids de fillon en me disant Ah bah, pour que tu saches, j'ai aussi cette image d'inspiration, donc j'ai fait ça. Nos numéros sont différents, mais c'est vrai qu'on a communiqué dessus. Et je lui ai dit Ah, je suis désolée, parce que pourtant j'ai cherché dans ces numéros, parce que je savais qu'elle faisait des serpentines. Et ça je ne l'ai pas vue, elle m'a dit Bah oui, je fais exprès de ne pas poster la photo du reveal final pour que ce soit une surprise. Mais du coup, de fait, sache qu'on a ce costume un peu similaire à la fin. Je pense que ce qui est important c'est de pouvoir... continuer à communiquer et être capable de se remettre en question si on vous dit bah ça ça existe déjà c'est plus intelligent pour tout le monde personne n'a envie d'avoir deux fois le même numéro enfin quand on est dans la même soirée il y en a une qui peut pas le faire parce que les deux numéros sont pareils donc c'est c'est dur hein c'est dur surtout quand on a avancé dans le numéro ou alors bah c'est un choix qu'on fait de dire ok cette personne on aura le même numéro alors je performerai pas le même numéro avec des pincettes mais Les mêmes inspirations, c'est très similaire, donc ce n'est pas impressionnant de performer ensemble. Mais en tout cas, je pense que la communication reste hyper importante là-dessus.
- Speaker #1
Et puis, est-ce que tu as des projets dans le futur dont tu aimerais nous faire part
- Speaker #0
Oui, j'en ai plein. Écoute, on a la chance de partir en tournée en Asie avec mon partenaire Vicomte Arbour, là, mi-octobre. terrifiant et excitant la première fois alors moi je suis déjà allée en chine pour des événements privés mais là c'est vrai qu'on fait on a été engagé pour un spectacle à tokyo au japon ouais c'est super moi je connais pas du tout donc je vais découvrir et alors le japon ça fait longtemps longtemps que j'ai envie d'y aller j'ai jamais eu l'occasion donc là c'est vraiment super comme on a un contrat d'exclusivité avec eux donc on travaille qu'avec eux au japon on reste une semaine visiter quand même Et du coup, on s'est dit que c'est quand même dommage de partir 5 jours si loin. Donc on passe par Hong Kong, on va travailler avec quelqu'un de là-bas. On a plusieurs spectacles. Et on passe par... Après on finit, après Tokyo, on va à Séoul. Et donc on a quelques shows en Corée aussi, puis on revient à Paris. Donc on part 3 semaines. Ça c'est super.
- Speaker #1
Rebonjour, ici la Émilie du montage. J'avais demandé au Vicomte Arbour de m'envoyer une petite note audio qui parlait de sa relation avec Chanel et du lien très fort qui les unit à la scène comme à la ville. Le but était de faire écouter le message à Chanel pendant l'interview et de la faire réagir en live. Mais malheureusement, nous avons été prises de court par le temps. Je vous laisse donc cette petite note audio ici. Vous la découvrirez en même temps que Chanel.
- Speaker #2
On s'est rencontrés un peu par hasard avec Chanel. En fait, on s'est rencontrés une première fois sans vraiment se connaître. Tout au début de ma carrière burlesque, donc il y a 5-6 ans maintenant, quand j'étais 6 ans, quand j'étais... Teach Kitten pour un show de la Big Bertha et Chanel Partout Performé. Donc je l'avais kittené à l'époque, mais on n'avait pas vraiment eu l'occasion de faire connaissance. Et puis, il y a presque trois ans maintenant, quand Valentina Delpers a lancé son cabaret canaille, et on était tous les deux sur le cast, Valentina a eu l'idée de nous faire préparer, de nous faire performer un duo. sur ce spectacle qui est d'ailleurs toujours en résidence au théâtre Michel tous les dimanches soirs à Paris. Et donc on s'est rencontrés, j'avais déjà une petite idée du duo que j'avais envie de faire dans la théorie. Et on a eu un espèce de cliché de dire un coup de foule artistique, mais ce n'est pas si loin de ça quand même, parce qu'il se trouve que nos techniques de danse... étaient et sont extrêmement compatibles et qu'on s'amuse énormément. On a tout de suite beaucoup rigolé en répétant. Le premier duo qu'on a créé ensemble, il a été monté, je pense, en deux répétitions d'une heure et demie à peu près. Ce qui est extrêmement rapide pour un numéro qui finalement a tourné. énormément qui tourne toujours alors il y a une autre version on l'a amélioré quand on est parti avec à Las Vegas mais en tout cas il a été créé très très vite ce qui était très représentatif pour moi de la compatibilité de nos approches du burlesque et puis après on a continué à travailler ensemble à tourner donc on a appris à se connaître et je vais me focaliser sur le côté artistique, mais j'ai toujours été extrêmement impressionné par le souci du détail de Chanel et l'investissement total qu'elle met dans la création de ses performances et dans leur réalisation. C'est quelque chose qui m'a beaucoup inspiré. Je suis arrivé un petit peu plus tard qu'elle dans le burlesque, donc elle m'a beaucoup guidé à la fois... consciemment quand je lui demandais conseils et puis inconsciemment quand je le regardais tout simplement pour apprendre à travailler mes numéros, à référencer mes costumes, à avoir une préparation la plus professionnelle possible de mes numéros, de mes costumes, de ma manière d'approcher la performance, d'approcher le business aussi. Et donc, je pense qu'on... elle m'a beaucoup apporté dans ce sens-là. Et j'espère que je lui apporte beaucoup en termes chorégraphiques, idées de duos ou de choses comme ça. En tout cas, ce qui est clair, c'est qu'elle a beaucoup de chance d'avoir ce duo, parce que c'est assez rare dans le burlesque, et que ça a vraiment boosté nos carrières ensemble. On a eu beaucoup d'opportunités qui ont été déclenchées par cette collaboration. parce que c'est assez rare dans le burlesque d'avoir un duo qui reste en fait. Il y a souvent des duos qui se créent ponctuellement, mais un duo pour que ce soit au maximum de son potentiel, ça demande du temps pour construire cette connexion entre les partenaires, cette technique aussi. Et le fait qu'on soit très amis, qu'on s'amuse énormément toujours, qu'on ait la même... passion, la même motivation pour ce bel arc et le burlesque fait que ça continue et qu'on je pars pour aller répéter notre nouveau duo qui j'espère va sortir dans les tout prochains mois donc on verra bien ce que ça va donner, en tout cas c'est une personnalité majeure et tout à fait inspirante du burlesque je ne suis pas objectif mais je suis sûr que beaucoup d'autres personnes te le diront aussi
- Speaker #0
J'ai vraiment hâte de découvrir aussi la scène japonaise et coréenne. Alors Hong Kong, on part vraiment pas dedans des spectacles. On organise des spectacles autour de nous, donc on verra moins d'autres performances. Mais c'est vrai que c'est toujours tellement différent en fonction des pays que je suis très curieuse de voir comment ça va être.
- Speaker #1
Je suis sûre qu'avec la French Touch,
- Speaker #0
ça s'exporte bien. Oui, oui.
- Speaker #1
Mais est-ce qu'il y a des pays où tu t'exportes mieux Du coup, t'es... T'as quand même ce truc très français, très gracieux.
- Speaker #0
J'ai pas le problème. Ça marche assez bien. J'avoue que ça marche assez bien en tournée. Il y a peu de pays où on m'a dit... Il y a peu de contrats où on m'a dit ton style, non, pas du tout. C'est vrai que le côté rétro marche toujours bien un peu partout. Et comme tu dis, le côté français... plaît beaucoup souvent non j'ai pas eu de soucis non ça va j'ai la chance de pouvoir bosser pas mal il y a eu des fois où moi je me suis aux états unis où je me suis sentie je me suis dit wow j'ai du travail à faire encore elles ont une approche beaucoup plus sexuelle que nous beaucoup plus in your face
- Speaker #1
Ce qui est intéressant pour un pays quand même relativement prude, à plein d'égards.
- Speaker #0
Mais c'est pas pour rien, je pense qu'il y a une sorte de quelque chose. Ce qui est fabuleux, quand la première fois que j'y suis allée, j'ai un numéro où je fais une flapper, et en fait le numéro commence, je fais semblant de faire un rail de coke dans mon poudrier. Et donc je leur ai demandé, est-ce que je peux faire ça Et on m'a dit, ma chérie, c'est la scène, tu fais tout ce que tu veux, t'es protégée par le fait que t'aies une liberté d'expression sur scène, donc tu fais bien ce que tu veux. Et il y a vraiment ce paradoxe-là qui est fou aux Etats-Unis, où tu peux pas enlever tes chaussures dans un restaurant, par contre tu peux avoir une arme. Ça n'a aucun sens, il y a vraiment des paradoxes. Une fois, on faisait un photo shoot dans un diner avec un performant de la BAC, c'était Andy Wellington, et en fait je lui ai proposé de m'asseoir sur le dossier, il m'a dit avec tes chaussures, je lui ai dit je peux les enlever, il m'a dit mais non, jamais Je disais, ah bon, mais par contre, le port de l'arme, ça, ça ne vous fait pas de problème. Mais alors, en chaussette, dans un resto, non, ça, ça, ça, non. Aucun sens. Et c'est vrai qu'on a fait... J'ai travaillé à Chicago dans un speakeasy qui s'appelle Bordel. Un show organisé par Chimie Larou, qui est super. Et en fait, on nous demandait... Donc, il y avait un espace où les gens avaient payé pour le spectacle. Donc, on faisait le numéro... un peu en immersif parce que t'avais un petit couloir, ça faisait un carré puis il y avait un couloir qui partait, puis la deuxième partie du bar n'avait pas payé donc nous voyions pas le spectacle, du coup on nous demandait, il y avait deux sets de show, dans l'entre-deux-show d'aller faire un peu de go-go, roving, ils appellent ça là-bas, pour l'autre partie, pour qu'ils voient quelque chose, et c'est vrai que les américaines sont, j'étais avec cette performance incroyable, Mrs. Bilarose, qui fait aussi je pense du club et qui était très au contact. en lap dance, alors elle a fait un moment de pole incroyable, ça m'a fait halluciner, et moi j'étais un peu là genre, waouh, ok, moi je suis pas aussi à l'aise que ça de me mettre à cheval sur quelqu'un, mais c'est hyper intéressant parce que du coup tu vois les rapports des gens et la rapport des gens en public, et moi ça m'a vraiment forcé, quand j'ai commencé la première fois aux Etats-Unis, mes numéros étaient très chorégraphiés, et en fait y'a pas de scène là-bas, ou très peu, c'est très rare d'avoir des vraies scènes, donc tu... tu danses sur un mètre carré, il y a un lieu que c'est pas le Ners Betty, c'est un mètre sur un mètre, pas plus. Ah bah du coup tu adaptes et puis en fait il y a des lieux où on te dit ah bah c'est deux pièces, il faut passer d'une pièce à l'autre, ah t'oublies ta choré. Du coup t'improvises, donc j'ai vraiment appris à transformer aussi mes numéros, à les adapter pour des lieux qui sont atypiques. Et à Paris on commence un peu à avoir ça, des lieux qui sont en 2360 ou en arc de cercle, où t'as pas de scène, où t'es dans le public, où tu dois traverser entre les tables du restaurant. Et c'est hyper enrichissant en fait, parce que c'est très intéressant de se décaler un peu de sa choré aussi des fois, décoller de ça et puis faire autre chose et aller plus au contact des gens. Parce que des fois quand t'es pris dans ta chorégraphie, t'oublies de connecter avec ton public, c'est très en distance alors que là y'a pas le choix. Moi j'aime beaucoup aller faire enlever mes gants aux gens. Tu vois j'ai un numéro où je danse un peu puis après je m'asseure sur le bord de la scène et je leur donne le gant et puis c'est rigolo parce que des fois ils comprennent pas. J'ai des gens qui me touchent le doigt à la manière de Hiti. Je suis en train de dire, non, c'est pas ça, ma chérie, enlève-le. Et c'est très drôle parce que du coup, tu as un rapport plus en proximité. Et c'est ça qui est chouette aussi.
- Speaker #1
Et puis, pour finir avec la question signature, qu'est-ce que dirait Chanel, l'artiste à Chanel de tous les jours
- Speaker #0
C'est une bonne question. Peut-être de me prendre un peu moins la tête et de sortir de mon perfectionnisme, justement. Je suis quelqu'un, je suis hyper sensible, donc je suis quelqu'un qui réfléchit beaucoup, beaucoup, beaucoup. Ça tourne constamment dans ma tête, sur des trucs, mon cerveau est constamment en train de gnagnagna. Et c'est vrai que sur scène, il y a un côté instant présent, vie le moment. soit dans ton corps et dans tes émotions plutôt que dans ton cerveau parce que sinon t'es toute seule dans ton cerveau sur scène et ça n'a aucun intérêt donc peut-être d'ajouter un peu de ça à ma vie d'être plus dans l'instant présent de me prendre moins la tête et des fois de faire plus les choses au feeling et moins tout anticiper tout préparer, tout réfléchir ça serait peut-être ça l'expérience que je peux prendre de la scène merci beaucoup merci à toi de m'avoir écoutée pendant une heure et demie
- Speaker #1
Merci beaucoup de nous avoir écoutés jusqu'au bout. Si l'épisode vous a plu, n'hésitez pas à nous laisser une pluie d'étoiles filantes sur votre application d'écoute préférée et à nous envoyer du love sur Instagram à sous underscore les underscore strass. A bientôt et des paillettes sur vous