Speaker #0Bonjour ou bonsoir, vous êtes sur le podcast Spirale 1894 et je suis Spirale 1894. Donc comment mieux vivre et comment mieux penser quand on est atteint d'une psychose ? Je vais vous répondre en partie par la philosophie. Durant toutes ces années de maladie, j'ai pu concocter une philosophie qui s'applique aux psychoses. Elle s'appelle le non-existentialisme. André Comte-Smonville considère que la philosophie vient après la maladie. Et je comprends ce qu'il dit, mais moi, je considère qu'il faut philosopher tout le temps. En psychothérapie, Albert Ellis, l'un des fondateurs de la thérapie comportementale et cognitive, s'est basé sur la philosophie de la Grèce antique, en particulier les stoïciens, pour fonder sa nouvelle thérapie. La philosophie est à la base de la psychologie comme science, mais là, elle intègre carrément le rétablissement d'une personne malade dans sa thérapie. Moi, je pense que la philosophie m'a beaucoup aidé dans mon rétablissement. A priori, on peut croire que quand on est affublé d'un trouble comme la schizophrénie systémique, il n'y a plus qu'à s'asseoir et pleurer. Eh bien non, moi avec le temps, je me suis demandé pourquoi quelqu'un d'aussi gentil, bienveillant, respectueux, était tombé malade. Ça semble extrêmement injuste au départ, mais quand on y regarde de plus près, il y a un sens à tout ça, il y a quelque chose à apprendre. Et effectivement, il y avait une leçon à en tirer. C'est vrai qu'avant, quand j'étais ado, j'avais beaucoup de pensées négatives, j'étais matérialiste, athée. Alors pour certains, ça peut très bien leur aller, il n'y a aucun problème à ce niveau-là. Mais moi, au fond de moi, il devait y avoir une part de moi qui n'était pas d'accord avec tout ça. Dans le non-existentialisme, je pars tout d'abord du fameux cogito ergo sum, je pense donc je suis, de René Descartes. Pour le réfuter, il y a selon moi deux façons de le réfuter. Tout d'abord, on peut se demander ce qui se passe si je pense que je ne suis pas. Et puis la seconde façon, de questionner le fait même qui est en train de penser. Est-ce que l'expérience qu'il appelle pensée est vraiment la réalité ? N'est-il pas en train de rêver ? N'est-il pas lui-même et ce monde un hologramme ? Une simulation créée par une civilisation bien plus avancée que la nôtre ? Ou peut-être assez un rêve collectif ? Ou une matrice comme dans le film du même nom ? Donc peut-être peut-on dire finalement que Kogito ergo sum est si Kogito kon non sum qui veut dire je pense donc je suis ? point d'interrogation. Et si je pense que je ne suis pas dans un deuxième temps ? Le non-existentialisme réfute l'existentialisme de Jean-Paul Sartre. L'existentialisme de Sartre dit que l'existence précède l'essence, et que l'homme est absolument libre et donc responsable de ce qu'il fait et devient, et que l'angoisse et la solitude sont des signes de cette liberté absolue. Alors, tout d'abord, je ne crois pas que l'existence précède l'essence. Déjà, nous savons aujourd'hui l'importance de la génétique de départ dans tout ce que nous sommes, et puis les sciences telles que la psychologie, la sociologie, l'ethnologie... l'anthropologie et la science politique nous apprennent tous les jours quels sont les déterminants de notre existence. Alors certes, certains diront que ce ne sont pas des sciences dures, mais humaines et sociales, mais je suis sûr que le futur montrera une progression de ces sciences vers plus d'exertitude et plus de scientificité. Moi, je dis qu'il n'y a pas de liberté. Les gens ne méritent pas ce qui leur arrive. Les gens font comme ils peuvent, avec ce que la vie leur a donné. La seule liberté qui soit, et nous en reparlerons dans un épisode futur de ce podcast, c'est une liberté objective. par constat de l'extérieur mais il n'y a pas de liberté subjective l'homme est une équation déterminée par de multiples variables même quand on tue on est évidemment coupable mais sommes-nous responsables pour sartre la morale pure n'existe pas mais moi je dis que oui elle existe ou que ce soit il n'est pas bien de tuer en dehors de la guerre je veux dire faire du mal à l'autre il n'est pas bien non plus La seule chose dont je suis vraiment responsable, ce sont les efforts et la volonté que je mets dans ce qui se passe. Donc, à la rigueur, on pourrait dire que je suis partiellement libre. Et encore, je pourrais dire que tout ça est aussi déterminé, finalement. Il y a quand même un gros ego dans l'homme qui se fait de lui-même. L'homme chez Sartre est Dieu, finalement, mais pas pour les bonnes raisons. Et il est là le problème. C'est que je pense que dans les psychoses, c'est l'ego le problème. Plutôt une blessure d'ego, qui a gonflé et qui est devenue sensible comme une plaie purulente. Dans la schizophrénie par exemple, la schizophrénie mégalomaniac et la paranoïac sont les deux faces de la même pièce. Dans la parano, je le sais parce que j'ai moi-même ce genre de symptômes, c'est comme si on se prenait pour une star, une star persécutée. C'est comme si les gens s'intéressaient à vous plus que la normale. Je sais bien qu'au fond on n'a pas confiance en nous, mais c'est une blessure de l'ego. Et on réagit en se disant qu'on est différent des autres, qu'on n'est plus ci ou plus ça, même si c'est instable tout ça. La schizophrénie mégalomaniac c'est la même chose mais dans l'autre sens. Et la bipolarité, c'est un ego qui déraille. Tantôt il est top, tantôt il est flop. Donc le problème, c'est bien l'ego. Et donc la solution, c'est de supprimer l'ego. Et j'irai même plus loin en disant que le but, c'est de ne plus exister. C'est-à-dire penser et ressentir que l'on n'est rien ni personne. Je pense que quand on a une psychose, il faut arriver à penser que l'on n'est rien ni personne. Comme tout le monde, d'ailleurs. Que tout ceci n'existe pas. C'est en ne venant rien, finalement, qu'on devient quelque chose. Et plus on ne devient rien, puis on devient quelque chose. Et c'est comme ça qu'on devient Dieu, finalement. La mort est le point de passage du rien vers Dieu. Moi, dans mes symptômes de persécution, je pensais dans mes fantasmes être quelqu'un, alors que je n'étais rien dans la réalité. Et c'est maintenant que je pense que je suis rien que je commence à devenir quelque chose. Après, il faut adapter cette philosophie à soi-même et sa situation. Je comprends bien que pour une personne déprimée, il ne faut pas lui dire qu'elle est rien. Ok, d'accord là-dessus. Évidemment, il faut dans tous les cas reconstruire son égo. avant de l'éliminer, on est d'accord. Mais bon, peut-être que dans un deuxième temps, même très lointain. Après, pour un bipolaire, il faut d'abord que l'ego s'équilibre avant de l'éliminer. Voilà, donc c'est à adapter en fonction des situations. De plus, ne pas exister annule l'angoisse. C'est les bourgeois de l'angoisse qui vous disent que c'est bien et humain d'angoisser, parce que c'est la preuve de notre liberté et de notre capacité d'action. Ouais, mais ils n'ont pas connu la schizophrénie, je pense. C'est pas juste un peu d'angoisse la schizophrénie, c'est beaucoup d'angoisse et je veux que ça s'arrête de suite. Aujourd'hui, il y a 36% de français en détresse psychique. Je tire ces chiffres d'une enquête Ipsos réalisée en partenariat avec AXA sur un échantillon de 2000 français représentatifs âgés de 18 ans et plus interrogés du 3 au 8 avril 2024. Donc, 36% de français en détresse psychique. Et ça augmente comme la détresse économique et sociale. Ça suit l'exploitation capitaliste finalement. La lutte est à la fois économique, sociale, psychologique, littéraire, poétique et musicale. Donc voilà, Ulysse disait qu'il n'y était personne pour vaincre le cyclope, moi je dis que je ne suis rien pour vaincre ma cyclophrénie. C'est comme ça que je vous propose de mieux penser ce qui vous arrive. Laissez-moi dans vos commentaires ce que vous pensez de cette philosophie. La pouvez-vous adapter aux psychoses ou aux autres psychopathologies ? Avez-vous vous-même une manière de penser ces troubles ? Alors évidemment, tout ce que je viens de vous dire maintenant ne remplace pas Si vous avez une souffrance quelconque ou un trouble psychique, le fait de prendre son traitement, de continuer à voir son psychiatre et de continuer à voir son psychothérapeute. Si vous avez une souffrance quelconque ou un trouble psychique et que vous n'avez entamé aucune démarche pour y remédier, allez consulter un psychiatre, un psychothérapeute et prenez le traitement qu'ils vous donneront. Ce que je vous dis ici, ce n'est qu'à prendre en compte en plus de tout cela. L'épisode 3 du podcast sera sur l'orthokinésie psychique que j'ai conçu pour tirer la chasse de votre inconscient. à chaque étape de la psychanalyse inversée, et même en dehors, d'ailleurs. N'oubliez pas de faire un tour et partager notre site internet spiral1994.fr où je viens d'accueillir un nouveau collègue qui s'appelle Colo et qui est en train d'ajouter du contenu à son espèce blog personnel. Vous pouvez aussi trouver mon livre pour un euro symbolique. Colo m'a aussi aidé pour la production et la réalisation de ce podcast, donc un énorme merci à lui. Vous pouvez trouver les liens concernant les réseaux et le podcast sur la description. Allez, je vous souhaite bon courage et continuez de lutter. Au revoir, au revoir, ciao, ciao.