Speaker #0Salut, c'est Arnaud, et bienvenue sur mon chemin. On va plonger aujourd'hui dans l'univers d'Euphoria, d'adolescence, et plus largement, dans la représentation des ados sur nos écrans. On commence bien sûr par Euphoria, la série phénomène d'HBO, diffusée actuellement en France sur Canal+, et Max. Réalisée par Sam Levinson et portée par l'actrice Zendaya, Euphoria suit le quotidien de Roux Bennett, une ado toxicomane en quête de sens, et de sa bande de camarades au lycée. La série aborde frontalement des thèmes souvent tabous, drogue, sexualité, identité, santé mentale, le tout avec une esthétique... hypnotique et une intensité dramatique qui ne laisse personne indifférent. Véritable choc visuel et narratif, Euphoria est rapidement devenu un phénomène de pop culture, inévitable tant par les éloges que par les critiques qu'elle a suscité. Certains l'adorent pour son audace et son honnêteté brutale, d'autres l'accusent de glorifier la débauche adolescente. Qu'on l'aime ou qu'on la déteste, la série n'a en tout cas laissé personne de marbre, au point de polariser les générations. D'un côté, de nombreux jeunes fans de la génération Z se reconnaissent dans ces personnages ou du moins dans les angoisses qu'ils traversent. De l'autre, les parents et même des organisations se sont offusqués affirmant que la série normaliserait la drogue et la sexualité débridées chez les mineurs. Mais au-delà de la polémique, Euphoria propose surtout une plongée viscérale dans les pressions qui pèsent sur les ados d'aujourd'hui. De la nécessité d'afficher une image parfaite sur Instagram au trauma bien réel que subissent beaucoup de jeunes en silence. Avant d'aller plus loin, arrêtons-nous un instant sur une autre série récente qui, par coïncidence, porte un titre évocateur. Adolescence, disponible sur Netflix. Cette série britannique... En quatre épisodes, sorti en mars 2025, offre une perspective différente mais complémentaire de celle de Ausha. Le pitch d'adolescence est glaçant. Jamie, 13 ans, est accusé de meurtre violent d'une de ses camarades. Le récit suit l'enquête policière, les interrogatoires de la famille et d'une psychologue pour tenter de comprendre comment et pourquoi un collégien apparemment sans histoire a pu commettre l'irréparable. On est donc ici dans le registre du thriller dramatique, très ancré dans la réalité sociale britannique. La série s'inspire d'ailleurs de faits divers bien réels. comme une vague d'attaques au couteau impliquant de jeunes à Liverpool et à Londres ces dernières années, ou le meurtre de la lycéenne trans Brianna Gay en 2023. Autrement dit, Adolescence cherche à alerter sur la violence adolescente, tangible, qui devrait alerter tous les parents d'après certains médias. Là où Euphoria nous immerge dans une psyché tourmentée par ses ados et une mise en scène stylisée, Adolescence adopte une approche quasi-documentaire. Elle est filmée en plan séquence continue, ce qui renforce l'immersion en temps réel dans l'histoire. On passe du fluo halluciné d'Euphoria, au néon blafard d'une salle d'interrogatoire dans Adolescence. Deux ambiances, deux traitements, mais un point commun. Ces deux séries mettent en lumière la face obscure de l'adolescence, s'accune à sa manière. Euphoria explore les excès et les fêtes, les paradis artificiels et le mal du vivre intérieur, tandis que Adolescence braque le projecteur sur la perte d'innocence et les défaillances familiales et sociétales pouvant mener au drame. En somme, si Euphoria est une transe électrique sur le mal-être adolescent, Adolescence est un réveil brutal façon coup de poing dans l'estomac. Zendaya, Hunter Schaeffer, Jacob Elordi, Alexa Demi, Sydney Sweeney, ce quintet d'acteurs forme l'âme de Ausha. Chacun, par son jeu, donne corps à une facette des tourments adolescents. Mentionnons également Barbie Ferreira, dans le rôle de Kat, ado complexé par son physique qui s'émancipe via internet, ou encore Angus Cloud, qui incarne Fez, le dealer au grand cœur. La galerie des personnages est riche, mais on ne va pas tous les passer en revue, sinon le podcast va durer 5 heures. Retenez en tout cas que le succès de Ausha doit énormément à son casting, jeune et talentueux. capable de nous faire rire, pleurer, trembler, parfois à une seule scène. Euphorias n'est pas qu'une histoire, c'est aussi une entité visuelle et sonore immédiatement reconnaissable. Parlons d'abord de la bande-son, qui joue un rôle capital dans l'impact émotionnel de la série. La musique originale est signée par l'artiste britannique Labyrinthe, dont les compositions électro-R&B planantes collent pas. parfaitement aux montagnes russes traversées par Roux et ses amis. Des morceaux tantôt euphoriques, tantôt mélancoliques, qui soulignent chaque moment clé. Le titre All for Us, interprété par Labyrinthe et Zendaya, est ainsi devenu l'hymne tragique de la saison 1. Il y a même vu Labyrinthe remporter un Emmy Award de la meilleure musique originale pour la série. Au-delà des créations de Labyrinthe, Euphoria pioche aussi dans le large éventail de chansons, hip-hop, pop, rock alternatif, pour habiller ces scènes de Beyoncé à Billie Eilish, en passant par Mozart quand c'est en teint le moins. Chaque épisode... offre une sorte de mixtape générationnel reflétant les goûts éclectiques et électriques des ados d'aujourd'hui et amplifiant la portée de chaque séquence. Qui n'a pas eu de frissons en entendant Mystery of Love résonner sur une scène d'amour ou du Tupac lors d'une soirée déjantée à la side ? You know who we're gonna see speak his name ? Le soin apporté à la musique fait de la série une véritable expérience sensorielle où l'oreille du spectateur est autant sollicitée que ses yeux. Justement, parlons de ses yeux grands ouverts devant Euphoria. Visuellement, la série est un feu d'artifice stylistique. Le réalisateur Sam Levinson n'hésite pas à employer des effets de mise en scène audacieux pour nous faire ressentir l'euphorie, l'angoisse ou la détresse des personnages. Caméra qui tourne à 360°, dans une pièce pour symboliser la perte de contrôle, éclairage stroboscopique en pleine fête, ralenti quasi-onirique. Chaque plan est léché comme un tableau, chaque épisode contient des images marquantes qui restent imprimées sur la rétine. La silhouette de Roux, sous un ciel en feu, dans une scène d'ouverture. ou les larmes scintillantes de Jules dans la lumière d'une soirée d'hiver. Maintenant que nous avons bien exploré Euphoria sous toutes ses coutures, élargissons un peu le champ de vision. Car si la série d'HBO a marqué les esprits, elle s'inscrit dans une longue lignée de fictions télévisées qui, depuis des décennies, explorent chacune à leur manière l'adolescence et ses tumultes. Il est temps de prendre un peu de recul. de faire un panorama plus large des séries d'ados, d'hier et d'aujourd'hui, en France et ailleurs. Pour y voir plus clair, je vous propose un tour d'horizon. 30 séries, classées par plateforme de diffusion ou chaîne en France. Histoire de savoir où voir, où revoir, c'est chaud. Comment chacun aborde les joies et peines de l'âge ingrat. C'est parti pour le grand zapping générationnel. Netflix s'est imposé ces dernières années comme un refuge pour les séries d'ados, qu'elles soient légères ou très sombres. Parmi les incontournables du catalogue, Adolescence, on vient d'en parler, cette mini-série thriller britannique aborde la violence juvénile et le désarroi familial face à un acte tragique. C'est l'une des dernières arrivées marquantes sur Netflix. Sortie Raison Why, la série phénomène de 2017 où une lycéenne explique post-mortem les 13 raisons qui l'ont poussée au suicide. Produite par Selena Gomez, elle a fait couler beaucoup d'encre pour sa représentation crue du harcèlement scolaire, du viol et du suicide d'adolescent. Son succès a ouvert un débat nécessaire sur la santé mentale des jeunes, même si certains lui ont reproché une certaine... maladresse dangereuse dans la mise en scène du suicide. Sex Education, on passe à un ton plus positif et plus éducatif de cette dramedy britannique où le fils d'une sexologue monte un cabinet clandestin de conseils sexo dans son lycée. C'est fun, décomplexé, ça aborde tout sans tabou, les premières fois, la contraception, l'orientation sexuelle, le consentement, un guide d'éducation sexuelle tout en étant une comédie hyper divertissante. Elite, Direction l'Espagne avec ce teen drama à suspense depuis 2018 qui mélange meurtre mystérieux et intrigue sautimentale dans un lycée huppé de Madrid. Sur fond de lutte des classes, des boursiers pauvres intègrent un lycée de riches, Elite offre son lot de scandales, de sexe, de drogue, de trahison, le tout sur un rythme effréné, un Gothic Girls ou Red Bull en quelque sorte. Earth Stopper, la douceur incarnée. Sortie en 2022, cette série britannique est l'adaptation du webcomic d'Alice Hossman et raconte l'éclosion de l'amour entre deux garçons dans un lycée anglais. C'est mignon, bienveillant. Feel Good, ça traite de l'identité LGBT et de santé mentale avec une infinie tendresse. Un véritable bonbon arc-en-ciel qui change des visions les plus sombres aux habituelles. Stranger Things, peut-être l'avez-vous oublié comme série d'ado, car c'est aussi de la science-fiction et de l'horreur, mais Stranger Things reste l'histoire de pré-ado et d'ado des années 80 confrontés à des phénomènes surnaturels. En plus de ses monstres et des références geeks, la série explore joliment l'amitié, le premier amour, le passage à l'adolescence, le tout avec une bonne dose de nostalgie rétro. Never have I ever, mes premières fois, la comédie d'ado rafraîchissante créée par Mindy Kaling en 2020. On y suit deux vies, adolescentes américo-indiennes, aux caractères bien trempées, qui tentent de survivre au lycée après le décès de son père. C'est hilarant, touchant, ça parle de deuil, de crush, de culture d'origine. Le tout narré par le champion de tennis John McEnroe en personne. Un ovni adorable. On my block, une petite pépite de 2018 qui mêle... humour et réalisme social. Quatre ados issus de quartiers difficiles de Los Angeles font leur entrée au lycée en essayant de rester soudés malgré les gangs, la violence et les drames qui rôdent autour d'eux. Outer Banks, pour l'aventure estivale, c'est la série d'ados qui a cartonné en 2020 un groupe d'amis dans les Outer Banks, les îles de Caroline du Nord, par enquête d'un trésor légendaire. Tout en fuyant des criminels, ce n'est pas la série la plus profonde sur l'adolescence, mais pour l'évasion et l'esprit de bande de potes, c'est parfait. Grand Army, la plus confidentielle, en 2020, cette série dramatique suit cinq lycéens à Brooklyn confrontés à des thèmes lourds. Terrorisme, agression sexuelle, racisme, orientation sexuelle Grand Army se voulait le pendant réaliste de Skins ou de 13 Reasons Why aux Etats-Unis Mais elle n'a pas dépassé la première saison Elle reste néanmoins un portrait brut et sincère de la Gen Z urbaine sans vernis Gossip Girl, et oui, le Paris Side de Manhattan débarque aussi sur Netflix Avec Gossip Girl, on replonge dans le classique des années 2000 L'histoire d'une jeunesse dorée new-yorkaise espionnée par une blogueuse anonyme Rago, triangle amoureux, fête décadente et teen drama, glamour à souhait Un pur plaisir coupable qui a marqué toute une génération. Skins, enfin impossible d'évoquer les séries d'ados sur Netflix sans citer Skins, l'icône britannique des années 2007 à 2013. Skin a révolutionné le genre à son époque avec son portrait cru et parfois choquant de la jeunesse anglaise. Sexe, drogue, troubles alimentaires, coming out, maladie mentale, tout y passait à travers une bande d'ados changeant à chaque génération de deux saisons. Amazon Prime a aussi un lot de séries d'adolescents, The Wild, une série Amazon originale de 2020 qui propose une version d'ados du mythe de l'île déserte. Un groupe de jeunes filles se retrouvent naufragées sur une île après un crash d'avion. En attendant les secours, elles doivent survivre et on découvre via des flashbacks leurs blessures antérieures et intérieures, traumatismes familiaux, pression sociale. Petite particularité, ce n'est pas un accident si elles sont là, un mystère plane. Les Frères Scott, One Tree Hill, ce grand classique des années 2000 diffusé à l'époque sur TF1, la série est aujourd'hui disponible en intégralité. Friday Night Lights, adaptation d'un film, cette série de 2006 à 2011, suivez une petite ville au Texas obsédée par le football américain lycéen. Ne vous y trompez pas, ce n'est pas qu'une histoire de sport. Friday Night Lights dépeint magnifiquement la vie d'une communauté et les espoirs pesants sur de jeunes joueurs. Racisme, problèmes de classe sociale, pression de performance, amour adolescente et le mantra « Clear eyes, full hearts, can't lose » , Disney+, avec sa section Star, a récupéré pas mal de séries suite Ausha de la Fox et via Hulu. Parmi celles à voir ou à revoir, Buffy contre les vampires. Et oui, Buffy est sur Disney+. Cette série mythique de 1997 à 2003 mélange horreur fantastique et allégorie adolescente. Buffy Summers ? lycéenne de Sunnydale, doit concilier sa vie de terminale, les devoirs, le bal de promo, avec son rôle de tueur de vampires chargé de sauver le monde. Derrière les monstres, Buffy a abordé en réalité plein de sujets profonds. La perte de la virginité, métaphorisée par un petit ami vampire qui devient maléfique, la mort d'un parent, la dépression, ses cultes pour toute une génération, bourré d'humour noir et d'émotions, et précurseur dans la manière de traiter l'ado en héros actif. Glee ? La célèbre dramedie musicale de 2009 à 2015, autrefois sur M6, est aujourd'hui visible sur Disney+. On y suit la chorale du lycée McKillie, dans l'Ohio. Glee a marqué les esprits par ses numéros chantés survitaminés, reprenant les hit-pop, mais aussi par ses thèmes de société, homophobie, grossophobie, handicap, violence conjugale. Sous ses airs colorés, la série s'avait traité des sujets sérieux tout en gardant un ton léger. Elle a largement contribué à la visibilité LGBTQ+, à la télé au début des années 2010. Love, Victor, spin-off du film Love, Simon est diffusé sur Disney+. Cette série suit un ado latino qui vient d'entrer dans un nouveau lycée à Atlanta. Il découvre son homosexualité et cherche à l'assumer en échangeant par mail avec Simon, le héros du film. Love, Victor est une chronique adolescente attendrissante sur le coming out et la famille. C'est un récit initiatique optimiste et feel good qui fait du bien en montrant qu'aujourd'hui encore, faire son coming out au lycée ne reste un parcours semé d'embûches mais n'est pas insurmontable. OCS, Ciné+, HBO Max, Euphoria, inutile de la présenter de nouveau. on vient d'en parler, les grands, petites perles françaises produites par OCS entre 2016 et 2019. Moins connue du grand public, cette série suit une bande de collégiens qui entrent en seconde, bref le passage au lycée, l'âge bête, les grands comme ils disent. C'est à la fois très drôle et très réaliste sur l'adolescence d'aujourd'hui en France. Pour finir, impossible de ne pas évoquer les séries cultes des années 80, 90, 2000 sur l'adolescence, diffusées à l'époque sur nos bonnes vieilles chaînes hertziennes ou le câble. Certaines ne sont plus disponibles en streaming aujourd'hui, mais elles vivent encore dans la mémoire collective. Angela, 15 ans, titre français de My So-Called Life, en 1994, série américaine qui ne durait qu'une saison mais qui a marqué toute une génération. Angela, Claire Danse, a 15 ans, des cheveux rouges, des parents qu'elle ne comprend plus, des amis paumés. C'était l'anti-Beverly Hills, un portrait très réaliste et sensible de l'adolescence des années 90. La série abordait sans phare des thèmes comme l'alcool, la sexualité, la dépression, l'homophobie, avec un ton d'une sincérité rare pour l'époque. Elle présentait aussi l'indépendance. premiers personnages principaux ouvertement gays à la télévision, Ricky, un ami d'Angela, rejeté par sa famille, incarné par Wilson Cruz. Un événement en 1994, autant que Ricky était un adolescent latino gay, double première. Angela, 15 ans, reste un jalon important, souvent cité comme une référence par les créateurs de séries d'ados qui ont suivi, et une révèle révélation pour moi. Les années collège, on remonte un peu plus dans le temps avec cette série canadienne des années 80. au titre de Dégraçis Junior High, diffusée en France sur Antenne 2 à l'époque. Elle nous a déjà parlé de grossesse adolescente, le personnage de Spike, enceinte à 14 ans à effet sensation, de drogue, de suicide, de harcèlement, sur un ton quasi documentaire. Beverly Hills, le sope lycéen par excellence des années 90, diffusé sur TF1. Suivre Brandon, Brenda, Kelly, Dylan et les autres dans leur lycée huppé de Beverly Hills, c'était du pur divertissement parfois gnagnant. Mais la série a quand même traité de choses sérieuses. Alcoolisme, drogue, violence conjugale entre ados, et même le sida. avec le personnage de Jimmy, un ami de Kelly, dans une intrigue pédagogique sur le sujet en 1994. Dawson Creek, fin des années 90, début 2000. Capeside, petite ville imaginaire, voit grandir Dawson, le cinéphile rêveur, Joe, la meilleure amie issue du milieu modeste, Pacey, le kank au grand cœur, et Jen, la new-yorkaise rebelle. Dawson a marqué par ses dialogues très verbeux, les ados y parlaient comme des philosophes, et son traitement sentimental presque existentiel. Mais la série a proposé l'un des premiers coming out d'ampleur à la télé avec un personnage de Jack. Son baiser avec son petit ami Ethan en 2000 fut le premier baiser gay diffusé sur une chaîne de télévision grand public aux États-Unis. Heartless, cœur à vif, générique rock et accent australien, Voici la série qui a passionné les ados en France à la fin des années 90. Hartley suivait des lycéens d'un lycée public de Sydney, où j'origine ethnique variée dans un style très réaliste et multiculturel. Scam France, adaptation française de la série norvégienne Scam. Scam innove avec son format. De minis épisodes postés en temps réel sur internet, suivant au plus près la vie des lycéens. Scam France a conquis un large public d'ados en abordant saison après saison des thèmes forts. Cyber harcèlement, l'homophobie intériorisée, le coming out. le trans, le viol, l'anxiété sociale, le tout avec un ancrage très français et actuel. C'est sans doute l'une des meilleures représentations contemporaines des lados réels. Connecté à ses followers, engagé sur Instagram, mais confronté aux mêmes peurs que ses aînés. Freaks and Geeks, un bijou méconnu en France, diffusé furtivement sur Canal+, sorti en 99, qui n'a duré qu'une seule saison. Direction les années 80, dans un lycée du Michigan où on suit les freaks et les geeks et leur déboire. C'est la toute première série de Joe D'Apato avec des acteurs inconnus devenus stars depuis. James Franco, Seth Rogen, Jason Segel, Freaks and Geeks dépeint l'adolescence de façon ultra authentique, drôle et parfois mélancolique. My Mad Fat Diary, restant sur une pépite britannique cette fois, disponible jadis sur France 4, My Mad Fat Diary se déroule dans les années 90 et suit Rhi, 16 ans, qui sort de l'hôpital psychiatrique où elle a été internée suite à une tentative de suicide. Rhi est en surpoids, complexé, fan de rock et doit réapprendre à vivre une vie d'ado normal avec ses nouveaux amis sans révéler ses problèmes de santé mentale. La série est adaptée du vrai journal intime d'une adolescente et offre un récit hyper touchant sur la dépression, les troubles alimentaires, l'amitié et le fait de s'aimer soi-même. Ce panorama vous donne une idée de la richesse des séries sur l'adolescence. Des couloirs de lycées de Los Angeles au quartier ouvrier d'Oslo, des années 80 à nos jours, on voit que les préoccupations des ados évoluent avec la société tout en gardant un fonds universel. Les premiers émois, la quête d'identité, Le besoin d'appartenance, la transgression des règles, tout cela a été décliné à l'écran de mille façons. Comment les séries représentent la diversité des identités et les discriminations que subissent les adolescents. Longtemps, les séries ados ont été centrées sur des héros blancs, hétérosexuels de classe moyenne. Les choses changent, heureusement. Aujourd'hui, un grand nombre de fictions intègrent des personnages racisés, des personnages LGBT, et abordent le racisme, l'homophobie, la transphobie et le sexisme. Par exemple, Dear White People, ou Grown-ish, traite du racisme vécu par des jeunes. Sex Education montre un personnage noir gay se faire violemment agresser par des homophobes. Scam France et Earthstopper explorent l'acceptation de soi quand on est LGBT. Côté chiffres, la visibilité LGBT augmente dans la vraie vie aussi. D'après un sondage Ipsos, 22% des jeunes français de moins de 26 ans s'identifient comme LGBT. Un taux bien plus élevé que chez leurs aînés, seulement 4% chez les personnes nées avant 1964. Cela se reflète à l'écran, où les personnages queers se multiplient. Mais la discrimination reste une réalité. Un élève sur dix subit du harcèlement homophobe ou transophobe à l'école. Et les personnes LGBT+, harcelées, ont un risque de tentative de suicide deux à sept fois plus élevé que les autres. Statistique glaçante. Les séries comme Scam, Glee, Love, Victor, Heartstopper, jouent alors un rôle vital en offrant des modèles positifs et de l'espoir. Voir un personnage transgenre comme Jules, Dans Euphoria, qui est aimé pour ce qu'elle est, ou un couple gay comme Nick et Charlie dans Earthstopper, vivre une histoire douce sans tragédie, ça peut littéralement changer la vie d'un ado qui se sent différent et rejeté. De même, la représentation de la diversité ethnique s'améliore. Les Grands a un série noir, Sex Education, un casting très métissé, Elite inclut un personnage musulman. En parallèle, les séries n'occultent pas le racisme systémique ou ordinaire. Dear White People le fait de front, Euphoria le suggère. Roux est métisse et navigue dans un monde d'addiction où son identité joue peut-être un rôle dans comment elle est perçue. On My Block montre la brutalité policière dans les quartiers de Los Angeles. L'adolescence n'est pas couleur rose bonbon pour tout le monde, et la fiction tend de plus en plus à refléter cela. C'est non seulement important pour les jeunes concernés, mais aussi pour les autres. Cela éduque au respect et à l'empathie. Combien de personnes ont compris l'impact des insultes homophobes en regardant Kurt D'Angli pleurer se faire traiter de tapette ? Ou ont réalisé le poids du racisme suivant les colères de Samantha dans Dear White People ? La force d'identification au personnage fait des séries un vecteur puissant de prise de conscience. A ce stade, j'aimerais me permettre une petite... de parenthèse personnelle, parce que tout ce dont on parle, je ne le regarde pas que avec des yeux d'analyste, mais aussi avec mon vécu. Je suis un homme cisgenre, homosexuel et métisse. Autant dire que l'adolescence n'a pas toujours été tendre pour moi non plus. En repensant aux séries que j'ai dévorées plus jeune, je réalise à quel point elles ont façonné ma perception de moi-même et du monde. Quand j'étais ado, la première fois que j'ai vu un personnage gay heureux, c'était... Bon, probablement jamais dans mes séries de mon enfance. Il y avait bien des sous-entendus, des persos secondaires caricaturaux ou des intrigues tragiques. Par exemple, j'ai adoré Buffy, mais le couple lesbien Willem-Tara, aussi beau soit-il, se termine dans le deuil et la tragédie. Dans Dawson, Jack finit par trouver l'amour. Oui, mais ce fut dur et très tardif. Ce n'est qu'en grandissant que j'ai découvert Queer as Folk, série explicitement gay, où revue Angela 15 ans et compris l'importance du personnage de Ricky. Mais à dos ? je me sentais souvent seul dans ce que je vivais. Alors aujourd'hui, quand je regarde un Earthstopper qui offre une vision positive, chaleureuse d'un adolescent gay qui tombe amoureux et est accepté, je vous avoue que j'ai versé ma petite larme en me disant, cela peut changer la vie des adolescents d'aujourd'hui. La représentation, ça compte. Vraiment. Quand on se voit, qu'on voit nos luttes intérieures validées à l'écran, on se sent moins anormal, moins isolé. C'est pour ça que j'applaudis ces séries modernes qui osent montrer toute la palette de qui nous sommes. En tant que métis, J'ai aussi été sensible à la diversité croissante des castings. Plus jeunes, les héros s'appelaient tous Brandon, Steve, Joe Potter, Pacey, Whiter. Je ne me reconnaissais pas physiquement. Aujourd'hui, voir des héros comme Devi dans Never Have I Ever, d'origine indienne, ou même Roo dans Euphoria, Zendaya et Métis, tenir le premier rôle, ça fait quelque chose. On intègre enfin que les histoires d'ados ne sont pas réservées qu'aux jeunes blancs des banlieues résidentielles. Et ça, c'est précieux pour l'estime de soi des jeunes issus des minorités. Pour autant, toutes ces séries m'ont aussi éduqué sur des réalités que je n'ai pas... pas vécu personnellement. Je suis un homme et en regardant 13 Reasons Why ou Unbelievable, mini-série sur le viol d'une ado, j'ai pris conscience de la fréquence des agressions sexuelles que subissent les jeunes filles. En tant que gay, en suivant Skins ou Euphoria, j'ai pu comprendre différemment le mal-être des amis hétéros face à la pression de la performance, l'image du mal viril à assumer. Chaque série m'a apporté une pièce de puzzle de la compréhension de l'autre. Et je pense que c'est le cas pour beaucoup. À travers les destins de fiction, on vit par procuration des expériences variées de l'adolescence et on en ressort... idéalement plus empathique et plus ouvert d'esprit. Nous voilà arrivés au terme de ce voyage au pays des adolescents télévisés. On a traversé de grandes fêtes psychédéliques sous extasie avec Rue dans Euphoria, on a résolu les mystères de SMS avec les filles de Pretty Little Liars, on a pleuré toutes les larmes de notre corps au suicide d'Anna dans Certain Reason Why, puis on a guéri notre coeur en regardant Nick et Charlie s'aimer tendrement dans Heartstopper. On a pris du recul aussi en se souvenant des séries plus anciennes qui ont pavé la voie et en regardant ce ce que disent les faits réels derrière les fictions. Alors qu'est-ce qu'on en retire ? Que l'adolescence est une période complexe, intense, chaotique, mais aussi incroyablement formatrice. Les séries, dans toute leur diversité de tons, nous rappellent que c'est le moment ou la vie où l'on se cherche, où l'on teste ses limites, où l'on peut tomber très bas comme s'élever très haut. Et surtout qu'on n'est pas seul dans ce tourbillon. Des générations entières sont passées par là. Parfois, une série peut même devenir un support, un exutoire, voire un confident pour un jeune qui ne sait pas à qui en parler. C'est le pouvoir de ces histoires. Bien sûr, la vie n'est pas un scénario de série télé. Tout n'est pas aussi dramatique ou romancé. Mais il y a une part de vérité dans chacune. Et si vous, auditeurs, êtes parents, enseignants, tuteurs ou juste curieux, j'espère que ce podcast vous aura éclairé sur l'importance de ces fictions dans la construction de nos ados. Elles reflètent leur joie et leur peine, parfois avec outrance. parfois avec une justesse documentaire. Et pour les plus jeunes qui nous écoutent, rappelez-vous, la vraie vie n'est pas écrite d'avance. Contrairement aux séries Netflix, on peut toujours changer la fin de l'épisode en cours. Cherchez de l'aide si ça ne va pas, entourez-vous de personnes bienveillantes, et sachez qu'il y a toujours de l'espoir. Sur une note plus légère, et pour finir, je ne résiste pas à l'envie de vous faire un petit clin d'œil humoristique. Après avoir tant disséqué les problèmes graves de l'adolescence, peut-être qu'un bon vieux marathon de seconde B s'impose pour décompresser. Vous vous souvenez de cette série lycéenne française des années 90, avec les looks improbables, les intrigues gentillettes au lycée Rimbaud. Pas de drogue, pas de psychopathe, pas de blog anonyme, juste des cancres qui font tourner en bourrique leurs profs et gèrent la radio scolaire. Ah, seconde B. Comparé à Euphoria, c'est comme passer d'un shoot de tequila à une camomille bien tiède. Mais parfois, la camomille, ça fait du bien. Merci en tout cas de m'avoir écouté jusqu'au bout. J'espère que ce voyage entre fiction et réalité vous a intéressé, peut-être fait réfléchir au-delà du simple divertissement. Si c'est le cas, n'hésitez pas à partager ce podcast autour de vous à vos amis sériphiles, aux parents inquiets aux anciens camarades de lycées nostalgiques et à me laisser une note de 5 étoiles sur votre rapide podcast préféré. Et maintenant pour les curieux ou ceux qui voudraient rattraper des références la liste finale de toutes les séries que j'ai citées durant l'émission se trouve dans la description. Prenez soin de vous et à très bientôt sur mon chemin. Je vous embrasse