Speaker #0Salut, c'est Arnaud, bienvenue sur mon chemin. Aujourd'hui, je vous embarque dans un univers où les réunions de famille ressemblent davantage à des matchs de boxe qu'à des repas dominicaux et où le nerf de la guerre n'est pas l'amour mais le pouvoir. Pour ceux qui ne connaissent pas encore, Succession est le fruit de l'imagination, un peu tordue, faut l'avouer, de Jesse Armstrong, un scénariste et producteur britannique qui s'était déjà illustré dans les comédies satiriques avec Peep Show et The Thick of It. Avant de plonger ses personnages dans les intrigues vénineuses d'un empire médiatique, Il s'amusait déjà à décortiquer les rapports de force et l'absurdité du quotidien. L'intrigue tourne autour de Logan Roy, patriarche et mania des médias, dont le sourire est... rare. Quatre enfants se disputent ses faveurs et surtout sa succession. Kendall, tiraillée entre son envie de plaire à papa et à celle de lui régler son compte. Shiv, la fille ambitieuse qui enchaîne les plans comme si sa vie en dépendait. Roman, le petit rebelle qui pourrait vendre père et mère pour un bon mot. Et Connor. Le grand frère rêveur, adepte des causes improbables et des idéaux un poil farfelus. Ajoutez à cela des scandales d'entreprise, des tractations politiques, des humiliations publiques dignes de stand-up comique et une ambiance familiale aussi chaleureuse que le pôle Nord et vous obtenez l'une des séries les plus cinglantes de la télévision actuelle. Parlons maintenant des acteurs qui portent cette catastrophe familiale. Brian Cox, dans le rôle de Logan Roy, était déjà célèbre pour avoir incarné Hannibal Lecter avant Anthony Hopkins, dans le magnifique Sixième Sens de Michael Mann ou encore pour son méchant William Stryker dans X-Men 2. Son charisme imposant lui permet de camper un père tyrannique, qui fait passer votre oncle ronchon pour un doux agneau. Jeremy Strong, interprète de Kendall, avait déjà fait ses preuves dans The Big Short et Zero Dark Thirty, mais Succession lui offre un rôle à la hauteur de son méthode acting parfois extrême. Sarah Snook, alias Shiv, avait épaté les critiques dans son film de science-fiction Prédestination et poursuit depuis sa carrière florissante, tout comme Karyan Koking, qui était surtout connu pour être le petit frère de Mac Kelly avant de devenir l'inénarrable Roman. Alan Ruck, éternel Cam Rohn dans La Folle Journée de Ferris Bueller, trouve un second souffle en incarnant Connor, un grand frère lunaire. Mathieu Matthew McFadden, souvenir de M. Darcy, parfait dans Orgueil et Préjugés, mais surtout en héros de la série MI5, nous régale en Tom, opportuniste, attachant et fourbe à la fois. Enfin, Nicolas Brown, dans le rôle du cousin Greg, ce grand dadé qui découvre que la famille Roy est un nid de vipère. Il s'y enfonce malgré tout parce qu'il y a sans doute un joli magot au bout du chemin. Ses successions ont autant marqué la télévision et la culture, c'est sans doute grâce à sa capacité à concilier humour noir, drame corporatiste et peinture sociale. Rares sont les séries qui montrent l'élite ultra-riche sous un angle aussi caustique. Avec ce fameux quiet luxury comme uniforme, forme d'une élite qui n'a plus besoin de prouver quoi que ce soit. Les dialogues ciselés, et souvent cruels, font mouche et révèlent à quel point l'argent et le pouvoir peuvent déshumaniser ceux qui les possèdent. Beaucoup s'accordent à dire que Succession est déjà un classique, au même titre que The Wire ou Mad Men. Ces séries ont su allier une écriture au scalpel et une critique acerbe de leurs milieux respectifs. Quand on parle de séries, dans la lignée de Succession, cinq noms me reviennent. La première qui me vient à l'esprit est Billion, qui explore elle aussi les arcanes de la finance et des excès d'égo chez les manias de Wall Street. Industrie, dont je vous parlerai dans un instant, s'aventure dans la dans le milieu des jeunes banquiers de Londres, avec une férocité qui rappelle celle des Roy. The Right Old Dead Stone nous plonge dans une famille de téléévangélistes richissimes, aussi cinglés que fascinants. Le reboot de Dynasty reprend le principe du saube familial fortuné, mais dans un style plus clinquant et moins grinçant que Succession. Enfin, Yellowstone, malgré son décor de grand ranch, offre le même genre de conflit familial autour d'un patriarche qui tente de préserver son entier. En vue d'être plus exhaustif, il y a au moins dix autres séries qui, à des degrés divers, peuvent être rapprochées de Succession. The Crown fait la part belle aux jeux de pouvoir et aux relations familiales explosées. à la seule différence qu'il est question de monarchie et non de médias. House of Cards se concentre sur la politique, mais avec un cynisme féroce digne d'Heroï. Mad Men, en radiographiant le monde de la publicité, se penche aussi sur l'ambition et la vacuité du succès à tout prix. Arrested Development aborde les déboires d'une famille aisée en version comédie absurde, tandis que Empire met en scène un empire musical où tout le monde veut devenir le nouveau roi ou la nouvelle reine du R'n'B. En remontant aux années 80, Dallas était un précurseur du socle d'entreprise avec ses conflits pour le contrôle du pétrole. Plus récemment, The White Lotus caricature l'élite en villégiature, ajoutant à l'humour noir une bonne dose de malaise. Et si on cherche encore, on peut citer des séries moins connues, mais tout aussi mordantes, qui s'inspirent dans la formule où la richesse rime avec le chaos familial. Prenons le temps de parler plus en détail de Industry, qui partage de nombreux points communs avec Succession, tout en proposant un regard différent. La série, aussi produite par HBO, suit des jeunes banquiers dans une grande institution financière londonienne, à peine sorti de l'université, et déjà plongée dans une compétition acharnée pour décrocher un poste permanent. L'écriture incisive rappelle fortement Succession, tout comme l'ambiance implacable où chaque chiffre... vaut de l'or et chaque erreur peut vous coûter votre carrière voire votre santé mentale. Les personnages sous pression constante montrent qu'on peut être prêt à tout pour survivre dans un milieu hostile. Tils mensonges, trahison, nuit blanche dopée à la caféine ou à autre chose et j'en passe. Là où Succession s'intéresse à la dynastie en place, Industrie suit les outsiders qui veulent percer mais on retrouve les mêmes questions. Les deux séries font l'effet d'un miroir à peine déformant de la société contemporaine où la réussite passe trop souvent au avant l'humain. Si vous aimez les joutes verbales, les intrigues qui oscillent entre tragiques et comiques et les décors urbains lisses qui cachent des abîmes de société, vous pouvez vous y retrouver. solitude, Industrie était un excellent complément à Succession. J'ai découvert qu'on pouvait être terriblement drôle tout en abordant des thèmes graveleux comme l'abus de pouvoir, la toxicité familiale et la corruption à grande échelle. Difficile après ça de se contenter d'une intrigue gentille ou d'une satire mollassonne. J'aime l'idée qu'une série puisse me faire hurler de rire devant la cruauté de certains personnages, puis me laisser bouche bée en réalisant qu'ils ne sont pas si éloignés de certaines réalités. Sans forcément copier Succession, j'espère que d'autres créateurs oseront aller plus loin dans l'écriture au vitriol, la tension permanente et la force de jeu des acteurs. C'est déjà la fin de cette épisode Alors un grand merci de m'avoir écouté jusqu'ici. Si vous aimez mes coups de cœur de série, je vous invite chaleureusement à vous abonner, histoire de ne manquer aucun des prochains rendez-vous. Et sur ce, je vous souhaite une excellente journée, et bien sûr, je vous embrasse.