Speaker #0Bienvenue dans l'émission Sursum Corda, le podcast qui vous fait redécouvrir les trésors de la foi chrétienne, semaine après semaine. Je suis l'abbé Mathieu Raffray, prêtre et théologien, et je vous propose à chaque épisode de plonger ensemble dans le catéchisme de l'Église catholique, l'occasion d'éclairer les grands problèmes de notre temps, les grandes questions de tous les temps, à la lumière de l'enseignement de l'Église. Ce podcast est proposé chaque jeudi à 17h30 sur Radio Courtoisie, puis il est disponible sur toutes les plateformes d'écoute. Soutenez-le, faites-le connaître autour de vous. Épisode 14, la chute. Nous avons donc parlé la semaine dernière de la condition originelle de l'homme selon le projet de Dieu. Et nous avions vu qu'en créant l'homme et la femme, Dieu leur avait donné une amitié spéciale, une participation spéciale à sa vie divine, dans la sainteté et la justice. Donc dans le projet de Dieu, l'homme n'aurait dû ni souffrir, ni mourir. C'est ce qu'on appelle en théologie les dons prétaires naturels. Donc l'homme avait été créé avec la nature humaine, évidemment, comme chacun d'entre nous. Mais de plus, Dieu lui avait donné la grâce. comme les saints et comme tous ceux qui vivent en état de grâce. Et il avait surélevé la nature humaine par quatre dons préternaturels, donc l'immortalité, l'impassibilité, le fait de ne pas souffrir, et puis l'harmonie, l'harmonie entre l'homme et la créature, ce qu'on appelle la science infuse, c'est-à-dire que l'homme avait une connaissance parfaite de toute chose, et enfin l'harmonie en lui-même, donc la... la totale maîtrise de ses passions et de ses facultés inférieures par les facultés supérieures, à savoir la sagesse, l'intelligence et la prudence. Donc il régnait une harmonie parfaite de l'homme en lui-même, entre la créature et Dieu, et puis même entre l'homme et la femme, comme d'ailleurs entre les premiers humains, le premier couple humain, Adam et Ève, et toute la création. fréquenter les lions et les serpents sans craindre de rien du tout. Mais évidemment advient la chute, c'est-à-dire ce qu'on appelle le péché originel, et c'est l'objet de cet enseignement d'aujourd'hui. J'en suis au numéro 73 de l'abrégé du catéchisme de l'Église catholique que je commente chaque semaine. Ce numéro 73 dit ceci, comment comprendre la réalité du péché ? Donc on va commencer ici par, disons, de l'anthropologie expérimentale. Dans l'histoire de l'homme, le péché est présent. Une telle réalité ne s'éclaire pleinement qu'à la lumière de la révélation divine et surtout à la lumière du Christ sauveur de tous, qui a fait surabonder la grâce là où le péché a abondé. Alors effectivement, le péché est quelque chose de... de présent, on l'expérimente sous la forme du mal. Il y a deux types de mots. En théologie, on distingue deux grandes catégories de mots. Le mal subi, ce qu'on appelle la souffrance, en d'autres termes, ou le mal de peine, et puis le mal causé, qui est le péché. Nous sommes tous soumis à la loi du mal. Or, si vous avez suivi les épisodes précédents, vous savez bien... que Dieu est infiniment bon et que tout ce qu'il a créé est bon, et qu'il n'a créé l'univers, y compris les hommes, que pour le bien, que pour les faire participer au bien infini qu'il est lui-même. C'est ce qu'on trouve dans le récit de la Genèse, où au terme de chaque journée, Dieu vit que cela était bon. Alors, comment le mal est-il entré dans le monde ? C'est-à-dire que Dieu était impuissant et que le mal est entré malgré lui. Cette réponse à la question 73 que je viens de vous lire, nous manifeste la réalité vécue par chacun d'entre nous, de l'expérience que nous faisons chacun du mal, non seulement subie de la part des autres, mais même de notre capacité à faire du mal, volontairement ou involontairement. Mais nous savons bien que nous avons en nous quelque chose, comme quelque chose de brisé, quelque chose d'abîmé, qui fait, comme dit Saint Paul dans l'Épître aux Romains, Je vois le bien que j'aimerais faire et que pourtant je ne fais pas. Et je vois le mal que j'aimerais éviter et que pourtant je fais. Il y a deux lois en moi, la loi du bien et la loi du mal qui s'opposent. Et je dois lutter, c'est cette lutte intérieure que Saint Paul décrit évidemment à merveille. Cette loi dans mes membres qui me fait faire des choses que pourtant j'aimerais... Donc je vois bien qu'il y a en moi le désir du bien et pourtant quelque chose de brisé qui soit m'empêche de faire le bien ou me fatigue à faire le bien, me retient sur la voie du bien ou même qui m'entraîne à faire du mal. Les passions, la jalousie, l'envie, la méchanceté que nous avons tous au fond de nous-mêmes d'une certaine façon. Et celui qui dit que ce n'est pas le cas, c'est parce qu'il manque de lucidité sur lui-même. Alors c'est précisément l'événement du péché originel qui va rendre compte de cette loi du péché que nous portons chacun à l'intérieur de nous. Alors il faut commencer, pour comprendre la chute, pour comprendre le péché, par un événement que peut-être peu d'entre vous connaissent, c'est ce qu'on appelle la chute des anges. Alors par cette expression, on veut signifier que Satan et les autres démons... dont parlent la Sainte Écriture et la Tradition de l'Église, alors qu'ils étaient des anges créés bons par Dieu, se sont transformés en méchants. Car par leur choix libre et irrévocable, ils ont refusé Dieu et son règne, donnant ainsi naissance à l'enfer. Ils tentent d'associer l'homme à leur rébellion contre Dieu, mais Dieu affirme dans le Christ sa victoire assurée sur le malin. Alors, oui, j'ai passé un peu vite sur la question précédente qui... recentrer la question du mal sur la question de la rédemption. Bien sûr, tout le mystère chrétien, c'est l'expérience du mal, mais aussi l'expérience de la rédemption, c'est-à-dire de la lumière du Christ qui vient surabonder par sa grâce et qui vient non seulement guérir ce que le péché a brisé en nous, mais même le surélever et le rendre bien meilleur puisque la grâce nous élève jusqu'à Dieu. Alors, sur cette question de la chute des anges, eh bien, il en va de même, comme on le verra, que pour la chute des hommes. Les anges, évidemment, ont été créés bons. Les anges... Nous en avons parlé il y a quelques épisodes. Les anges sont de purs esprits, intelligents, libres, faits pour connaître et aimer, faits pour adorer Dieu, le servir. Et malgré cette bonté, malgré ces qualités qui dépassent de loin les capacités humaines, les anges, certains d'entre eux, ont fait le choix du mal. Alors pourquoi ? Je dirais que c'est peut-être là le nœud de l'apparition du mal dans le monde. Parce que, précisément en raison de l'élévation de leur nature angélique, les anges, parce qu'ils sont intellectuels, parce qu'ils ont une capacité de connaître par mode de concept, de connaître des universels, et parce qu'ils peuvent donc faire des choix, ils sont libres. Et pour être libres, il faut qu'ils puissent ne pas choisir le bien. C'est la rançon de la gloire. Le revers de la médaille. Bien sûr, Dieu aurait pu créer simplement des robots qui ne font que dire chaque jour « Oh mon Dieu, je vous aime, je suis heureux de vivre comme vous me l'avez proposé » . Mais soyons honnêtes, si j'avais chaque jour à côté de moi un robot qui me disait « Je t'aime, tu es le meilleur, tu es le plus beau et heureusement nous sommes amis et je suis tellement heureux d'être ton ami » , le fait que ce soit un robot gâche toute l'amitié, puisque précisément il manquerait la liberté du choix, qui fait toute l'alchimie de l'amour sous toutes ses formes, que ce soit l'amitié, que ce soit la reconnaissance vers ses parents, que ce soit évidemment l'amour conjugal. Ce qui est beau dans l'amour, c'est évidemment la spontanéité et la liberté du choix. Et précisément l'amour est corrompu lorsqu'il n'est plus volontaire, mais... qu'il devient un amour forcé. Et ça devient sans doute la pire des tyrannies, puisque c'est une possession et non plus un choix libre et volontaire. Et donc, d'ailleurs, Dieu a créé toute une foule d'êtres qui rendent gloire à sa perfection, à sa grandeur, à sa bonté, sans le choisir. Ce sont toutes les créatures non rationnelles. Tous les animaux, toutes les créatures terrestres, par le seul fait qu'ils existent, rendre gloire à Dieu. Une vache, quand elle mange de l'herbe et qu'elle devient une belle vache, bien grosse comme il faut, conformément à sa nature, rend gloire à Dieu. De même que la beauté des paysages, etc. Mais il est évident qu'il est beaucoup plus grand et beaucoup plus noble d'être aimé librement par ceux qui ont choisi Dieu. Et donc, comme je le disais, le revers de la médaille, c'est la possibilité même de ne pas choisir. l'amour de Dieu et de se révolter contre ce choix. Alors voilà ce qui s'est passé, et on dit que le premier des anges, Lucifer, en latin c'est le porteur de lumière, donc on dit que c'était le plus beau des anges. Quelle est la nature de ce péché ? C'est un péché d'orgueil évidemment. Il a refusé Dieu et son règne, donnant naissance ainsi à l'enfer. Alors on pourrait dire, d'une part, comment est-ce qu'il a pu être orgueilleux, puisque étant extrêmement intelligent, suprêmement intelligent, il savait bien qu'il ne pouvait pas devenir l'égal de Dieu. Et les théologiens de saint Thomas d'Aquin en particulier, à une réflexion très très intéressante qui nous éclaire sur notre propre péché d'ailleurs, il explique que, évidemment, Lucifer ne pouvait pas vouloir devenir Dieu, puisqu'il savait que cela était impossible, et qu'en plus cela aurait signifié sa propre annihilation. Mais l'orgueil de Lucifer a consisté à refuser de recevoir son bonheur, sa béatitude, sa perfection d'un autre. Et il a préféré... être la cause de son propre bonheur. Le péché de Lucifer consiste à vouloir se donner à lui-même son propre bonheur, même si c'est un bonheur, j'allais dire noir, un bonheur mauvais. Il préfère être la cause de son propre malheur, en gros, plutôt que de recevoir un bonheur immense de la part d'un autre qui lui est supérieur. Alors, nous reviendrons, je disais que ça éclaire le propre péché de l'homme, nous y reviendrons bien sûr. Que s'est-il passé ? Donc les anges ont fait ce choix, et le choix des anges est un choix absolument définitif, puisque les anges, contrairement à nous, n'ont pas de corps par lesquels ils ont connaissance des choses. Et donc lorsqu'un ange fait un choix, c'est un choix tout à fait conscient, en toute connaissance de cause, en connaissant les conséquences de ces actes, de ce choix, et en les assumant totalement. Nous on peut dire, c'est pour ça que nous on peut s'y reprendre à plusieurs fois, qu'on peut demander pardon, qu'on se relève. on retombe et qu'il y a une place pour la miséricorde par rapport aux hommes, puisque nous avons la faiblesse de notre chair, de notre corps humain, la fatigue, la bêtise, l'aveuglement, toutes les choses qui obscurcissent Ausha. Mais les anges, eux, lorsqu'ils font un choix, ils assument totalement les conséquences. Nous, on fait un choix immédiat, en oubliant les conséquences que cela va avoir. Et donc c'est là où il y a de la place, évidemment. Pour le remords, le regrets et pour demander pardon. Demander pardon à Dieu de ne pas avoir suivi la voie qu'il nous demandait. Les anges, en revanche, eux, lorsqu'ils font un choix, ils font ce choix en assumant, en voulant l'objet de leur choix ainsi que les conséquences qui s'en suivent. Donc Lucifer a choisi l'enfer. Il a choisi d'être puni, il a choisi de se rebeller avec la punition qui s'en suivait et avec la peine qui s'en suivait, à savoir l'enfer. D'ailleurs... Saint Thomas d'Aquin développe aussi cette notion, quelle est la peine des démons, ce qu'on appelle l'enfer pour les démons, et bien c'est avant toute chose l'incompatibilité, la dissonance entre le bien pour lequel ils ont été créés et le mal qu'ils réalisent. C'est-à-dire que la souffrance interne, c'est le remords, mais qui n'est jamais un regret pour les anges évidemment, c'est le fait de vouloir utiliser leur intelligence pour toute l'éternité, à lutter contre Dieu, tout en sachant qu'ils n'y arriveront jamais. Alors, non seulement... Les anges ont été punis, mais ils tentent d'associer l'homme à leur rébellion contre Dieu. Venons-en donc maintenant au péché de l'homme. Question 75. En quoi consiste le premier péché de l'homme ? L'homme, tenté par le démon, a laissé s'éteindre en son cœur la confiance dans ses rapports avec son créateur. En lui désobéissant, il a voulu devenir comme Dieu, sans Dieu et non selon Dieu. Selon le chapitre 3 de la Genèse. Ainsi, Adam et Ève ont perdu immédiatement, pour eux et pour toutes leurs descendants, la grâce de la sainteté et de la justice originelle. Voilà donc le péché tel qu'il est décrit. Alors tout le monde connaît cette scène d'Adam et Ève qui sont tentés par le démon. Le démon qui prend l'apparence d'un serpent et qui leur dit manger du fruit défendu. La Genèse nous raconte que Dieu avait mis Adam et Ève dans le paradis terrestre et que... toute la nature était à leur service, excepté deux arbres dont ils n'avaient pas le droit de manger du fruit, l'arbre de la connaissance du bien et du mal, et l'arbre de la vie. C'est très important parce que ces deux sont liés, évidemment. Alors, on dit que c'est une pomme qui a été donnée, mais il n'est pas du tout question de pommes, d'ailleurs, dans le récit de la Genèse, c'est un peu l'imagination populaire qui a enjolivé les choses. Le fait qu'il y ait un fruit défendu est tout à fait réel, tout à fait, il faut croire, quand on est catholique, on croit que ce récit Évidemment, ce n'est pas un récit de science ni un livre d'histoire, donc ça ne dit pas comment les choses se sont passées dans leurs détails, mais ça nous explique que se sont passées véritablement des choses et comme elles sont racontées. Adam et Ève, d'ailleurs, Ève la première se laisse tenter par le démon. Elle prend de ce fruit. Pour quelle raison ? Qu'est-ce qui la tente ? C'est le démon qui lui dit « Vous serez comme des dieux » . Voilà l'objet du péché originel, la volonté de l'homme de devenir comme Dieu. Alors, précisément parce que c'est l'art de la connaissance du bien et du mal. Alors qu'est-ce que c'est la connaissance du bien et du mal ? Le texte, si on fait de l'exégèse, connaître le bien et le mal, connaître quelque chose, c'est le maîtriser, c'est le posséder. Donc finalement le péché originel revient à la volonté de l'homme, de nos premiers parents, mais finalement on en hérite tous évidemment. de décider par nous-mêmes ce qui est bien et ce qui est mal, au lieu de le recevoir de Dieu. Voilà finalement quelle est la formalité du péché. Et donc, décider par nous-mêmes ce qui est bien et ce qui est mal, c'est manquer de confiance en Dieu, c'est-à-dire ne plus vouloir, ne plus faire confiance à Dieu. Alors, Adam commet le péché et nous le recevons. C'est l'objet de la question suivante. Qu'est-ce que le péché originel ? Le péché originel avec lequel naissent tous les hommes. et l'état de privation de sainteté et de justice originelle. C'est un péché que nous avons contracté et non un péché que l'on commet. C'est une condition de naissance et non un acte personnel. Évidemment, je n'ai pas commis le péché originel, mais Adam a commis le péché originel. J'ai reçu d'Adam le péché originel parce que je reçois la nature humaine d'Adam. Je poursuis la lecture de cette question 76. En raison de l'unité originelle de tout le genre humain, Ce péché se transmet aux descendants d'Adam avec la nature humaine, non par imitation, mais par propagation. Cette transmission reste un mystère que nous ne pouvons saisir pleinement. Alors effectivement, on pourrait dire, pourquoi est-ce que j'hérite du péché originel alors que je ne l'ai pas commis ? Eh bien, c'est en raison du fait qu'Adam est tête de tout le genre humain. C'est une réalité qui est très naturelle et très basique. Je vais vous prendre d'autres exemples, des exemples un peu triviales. Quand l'équipe de France gagne la Coupe du Monde ou qu'elle la perd, c'est tous ceux que l'équipe de France représente qui gagnent en son nom. On a choisi les meilleurs, on espère en tout cas, pour représenter la France. Et donc, quand l'équipe de France perd la Coupe du Monde, je ne peux pas dire « Ah moi j'ai gagné » . Non, parce que c'est eux qui avaient été choisis pour nous représenter. De la même façon... Et lorsque un chef d'État déclare la guerre à un autre, c'est tout l'État qui rentre en guerre, c'est toute la population, parce que le chef, précisément chef, caput en latin, c'est la tête, tout ce que décide la tête engage le corps qui va avec. Comme moi-même, si ma tête décide de faire ceci ou faire cela, c'est le corps entier, et la main ne peut pas dire « je ne suis pas d'accord, je n'ai rien à voir là-dedans » . Donc c'est tout le corps qui est mené par la décision de la tête. Eh bien Adam, en tant qu'il est le premier, il est la tête, il est en tête. de toute l'humanité qui descend de lui par transmission de la nature humaine. Et donc ce choix fondamental d'Adam engage non seulement lui-même, mais tous ceux qui viennent après lui et tous ceux dont il est la tête, donc tout le corps dont il est la tête ou le représentant. Et donc finalement nous avons tous péché en Adam. Encore une fois c'est comme la main ou le doigt qui ne peut pas dire « Ah non, moi j'ai rien à voir avec le… » ou le pied qui dit « Ah moi j'étais pas là, c'est pas moi qui ai commis le péché. » Non, c'est tout le corps entier qui a commis le péché lorsque la tête a décidé. De la même façon, on pourrait dire aussi, on le voit aussi très clairement dans la réputation par exemple, lorsque votre grand-père a fait un acte de bravoure, vous héritez par descendance, par propagation de son nom, de son héritage. De la même façon, si votre père, votre grand-père ou un aïeul a fait du mal, on hérite aussi de cette blessure. Voilà ce qu'est le péché originel. Il y a un péché commis, qui est commis uniquement par Adam. Et pas par Ève d'ailleurs, c'est très intéressant. C'est-à-dire que si Ève avait commis le péché, ça aurait été un péché personnel, mais tout le genre humain, toute la race humaine n'aurait pas été touchée. C'est Adam en tant qu'il est le chef. La responsabilité d'Adam est tout à fait entière dans ce choix. Nous avons contracté le péché, mais nous ne l'avons pas commis, et nous l'avons reçu donc par propagation. Tout être humain qui vient à naître, né avec la nature humaine, parce que ce qu'il fait un homme c'est la nature humaine, et il vient avec la nature humaine, et la nature humaine blessée par le péché. Question 77. Quelles sont les conséquences provoquées par le péché originel ? Par la suite du péché originel, la nature humaine, sans être entièrement corrompue, est blessée dans ses forces naturelles, soumise à l'ignorance, à la souffrance et au pouvoir de la mort. Elle est inclinée au péché. Cette inclination s'appelle concupiscence. Voilà donc les conséquences du péché. La première conséquence, c'est de perdre l'amitié avec Dieu. Autant dans la Sainte Écriture, c'est très clair d'ailleurs. Adam et Ève se promenaient dans le jardin paradis terrestre en amitié avec Dieu. Ils parlaient avec Dieu dans l'abysse du soir. Et après le péché, ils vont se cacher. Et Dieu leur pose des questions et ils n'osent pas répondre. Ils essaient de se justifier. Adam dit c'est elle, c'est la femme que tu m'as donnée qui m'a tenté. Et Ève dit c'est pas moi, c'est le démon. Donc ils n'assument plus, ils ont perdu la confiance. Et on voit bien que c'est évidemment, dans nos relations humaines, on voit bien que le péché abîme. On aimerait aimer parfaitement, que ce soit dans l'amour conjugal ou les parents par rapport à leurs enfants. Ils aimeraient que cet amour soit évident, qu'il soit... Et puis il y a toujours les difficultés, des grains de sable qui viennent s'en mêler, les complexités de notre nature, le péché originel qui... qui vient gâcher, qui vient obscurcir la beauté de l'amour et des relations humaines que l'on devrait être capable, que l'on voudrait pouvoir mettre en œuvre. Alors donc la nature humaine a été blessée. Elle a été blessée mais non entièrement corrompue. Et ça c'est très important et c'est contre les protestants. Vous savez que Luther, le point de départ de Luther, de la rébellion de Luther contre l'église catholique, c'est précisément cette question de la justification. Il dit, lui, le péché originel a détruit la nature humaine, c'est devenu un tas de boue, y compris l'intelligence. Notre intelligence n'est plus capable, notre raison n'est plus capable de connaître Dieu. Il nous faut absolument la foi seule, il nous faut l'écriture seule pour nous sortir de cette boue de l'humanité. La voie catholique, au contraire, dit, bien sûr, la nature humaine a été blessée, mais elle n'est pas entièrement détruite. Et la grâce ne vient pas juste recouvrir la nature pour donner une... comme un manteau de neige qui vient recouvrir un champ de boue. Mais la grâce vient dans notre nature pour la soigner, pour mettre, comme le bon samaritain, pour mettre l'huile sur les plaies, pour repenser les blessures, et pour soigner ce que la nature a de blessé, et pour la surélever jusqu'à la vie surnaturelle. Alors, notre nature est blessée, nous l'expérimentons chaque jour, sans être entièrement corrompus. Nous sommes soumis à l'ignorance, à la souffrance. à la mort et au péché. J'ai dit en commençant qu'il y avait les dons prétaires naturels, et bien en perdant l'amitié avec Dieu, nous avons perdu aussi ces dons prétaires naturels, ces dons en plus qui nous avaient été donnés au-dessus de la nature, et donc autant Adam et Ève avaient la science infuse, autant nous sommes ignorants et nous devons apprendre par transmission, nous devons apprendre par l'éducation, etc. Et Dieu sait que c'est difficile, et que depuis enfant, et bien... On cherche à apprendre le plus possible, le mieux possible, avec beaucoup d'efforts et de sueur et de souffrance. Nous sommes soumis à l'ignorance, nous sommes soumis à la souffrance. Personne qui a posé la main sur un plat trop chaud, sur une pierre au coin du feu l'a expérimenté. Et évidemment au pouvoir de la mort. Désormais, nous mourrons. On peut spéculer, Adam et Ève, leur vie aurait dû finir bien sûr. Elles auraient dû monter au ciel, aller au ciel dans l'éternité. comme le Christ ou la Sainte Vierge sont montés au ciel, mais sans passer par l'épreuve, la difficile épreuve de la mort. Et puis nous avons aussi l'inclination au péché, ce qu'on appelle la concupiscence. Il y a en nous ce désir du mal, cette tendance au péché, cette concupiscence, qui est exprimée d'ailleurs aussi très bien dans la Sainte Écriture, juste après le péché. La première conséquence, c'est Adam et Ève se rendre compte qu'ils sont nus. Ils se rendirent compte qu'ils étaient nus. Qu'est-ce que ça signifie ? C'est-à-dire que... ils deviennent un danger pour l'autre, ils deviennent une menace, ils voient l'autre comme une menace. Parce que l'autre ne me regarde plus dans la sainteté, dans l'amour, dans la perfection de la création, mais il me voit comme une proie. Voilà ce qu'est finalement la concupiscence, c'est être une proie pour l'autre et considérer l'autre comme une proie. Voilà le cœur de la concupiscence et du péché qui gâche évidemment la beauté des relations humaines qui auraient dû être notre lot. Dernière question, après le premier péché qu'a fait Dieu ? Après le premier péché, le monde a été envahi par les péchés, mais Dieu n'a pas abandonné l'homme au pouvoir de la mort. Au contraire, il a annoncé d'une façon mystérieuse, dans ce qu'on appelle le proto-évangile, le premier évangile, Genèse 3.15, que le mal serait vaincu et que l'homme serait relevé de la chute. Voilà ce qui suit immédiatement le péché originel. Donc l'homme est condamné à travailler à la sueur de son front, elle enfantera dans la douleur. Et quand on dit enfanter dans la douleur, ce n'est pas simplement des douleurs de l'accouchement, c'est les douleurs de l'inquiétude d'une mère qui, quand son enfant est petit, elle a peur qu'il tombe, qu'il se fasse mal ou qu'il meure. Et puis quand il est grand, il a peur de son destin, des choix qu'il va faire, de ce qu'il va devenir, etc. Toute mère de famille sait bien de quoi je parle. Et puis le démon est chassé en enfer, évidemment. Le paradis est fermé et les séraphins, les chérubins, pardon, sont mis devant les portes du paradis pour en garder l'accès. Mais Dieu promet un rédempteur. L'homme va être relevé de sa chute. C'est la première annonce du Messie rédempteur, qui viendra d'ailleurs par la femme. Dieu dit au serpent, je mets une inimitié entre toi et la femme et c'est la femme qui t'écrasera la tête. Je mets une inimitié entre ta descendance et sa descendance. Et la descendance de la femme, c'est évidemment l'enfant qui naîtra de Marie, à savoir le Messie tant attendu, Dieu qui se fait homme pour venir sauver les hommes. C'est pourquoi on ira jusqu'à qualifier la chute d'heureuse faute dans la liturgie, on dit la Félix culpa, car elle a mérité un si grand rédempteur. C'est une expression de la liturgie de la veillée pascale, où finalement, on se dit que, bien sûr, le mal est entré dans le monde par la faute. Mais toute l'histoire du christianisme, tout le fond de la foi chrétienne, c'est que le mal, bien sûr, nous accable, mais nous ne devons pas nous en lamenter, puisque Dieu nous a promis le Rédempteur, nous a promis le Messie, celui qui a été attendu pendant des générations, pour nous apporter le remède à nos fautes et pour nous apporter un régime bien meilleur encore que celui... qui était celui des hommes avant la faute. Et donc on peut dire, bienheureuse faute qui nous a valu un tel rédempteur, parce que, en Jésus-Christ, Dieu nous a montré concrètement son amour, puisqu'il est venu pour nous, pour souffrir, pour mourir pour nous, et nous sauver du péché et réouvrir les portes du paradis. Comme toujours, prions l'Esprit Saint de nous éclairer pour mieux comprendre, mieux intégrer dans notre vie cet enseignement de l'Église. Venez, Esprit Saint, les cœurs de vos fidèles et allumez en eux le feu de votre amour. Envoyez votre esprit, Seigneur, il se fera une création nouvelle et vous renouvellerez la face de la terre. Ô Dieu qui avez instruit les cœurs de vos fidèles par les lumières du Saint-Esprit, donnez-nous par ce même esprit de comprendre et d'aimer ce qui est bien, afin de jouir sans cesse de ces divines consolations par Jésus-Christ notre Seigneur. Ainsi soit-il. Merci à tous de votre fidélité. et de votre écoute attentive de cet épisode. Faisons rayonner autour de nous ces belles vérités de la foi catholique. Et surtout, n'oublions pas de prier les uns pour les autres. Priez pour moi, je prie pour vous, et que Dieu vous bénisse. C'était l'abbé Mathieu Raffray. Je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour un nouvel épisode de Sous-Cordes.