- Speaker #0
J'ai toujours eu envie d'être utile et quand j'étais ado, effectivement, mon métier phare, après avoir eu envie d'être pilote de chasse, après avoir vu Top Gun, j'ai voulu être journaliste de guerre. C'était déjà un métier pas banal, qui était déjà un métier assez engagé. Il y avait un petit peu de risque aussi, donc ça expliquait pourquoi plusieurs années après, je serais dans l'entrepreneuriat, qui est un peu risqué aussi. Besoin d'être utile, je pense, et puis peut-être envie d'avoir un impact positif sur les autres et sur le monde.
- Speaker #1
S'il n'est devenu ni journaliste de guerre, ni pilote de chasse, Frédéric Bardot a gardé de ses premières envies d'adolescent une idée centrale, celle d'engagement. Depuis 25 ans, il évolue dans le monde de l'économie sociale et solidaire, d'abord dans la communication auprès d'associations ou d'ONG. jusqu'à la création, il y a 13 ans, de Saint-Plon. Cette fabrique solidaire de programmateurs informatiques forme gratuitement des personnes éloignées de l'emploi au métier du numérique. Une belle aventure que Frédéric Bardot nous raconte dans ce nouvel épisode de Synapse. Nous parlerons également du virage de l'intelligence artificielle, des opportunités et des dangers qu'elle véhicule.
- Speaker #0
J'ai toujours cherché des moyens pour que le numérique, ça serve à autre chose que faire des capitalisations boursières ou des trucs de surveillance. Et quand je faisais de la communication numérique et digitale pour les ONG, c'était intéressant. Et je me suis intéressé aussi à un truc qui s'appelle Anonymous. C'est des pirates masqués, vous voyez, des activistes. J'ai écrit un bouquin sur eux, le premier bouquin qui a été écrit en français sur eux dans les années 2010-2011, au moment où ils étaient hyper célèbres, qu'ils s'occupaient de... d'Occupy Wall Street, des printemps arabes, où il défrayait un peu la chronique. Et là, c'est pourquoi je vous dis ça, parce que c'est là où j'ai touché du doigt le fait que quelqu'un qui sait coder, quelqu'un qui connaît bien l'informatique, en fait, il a un peu des pouvoirs magiques. Et donc ça, je l'ai mis dans un petit coin de ma tête. Et donc, quand on a vu apparaître aux États-Unis dans les mêmes années, à peu près 2010-2012, ce qui s'appelle les bootcamps, donc les centres d'entraînement, un peu de formation un peu bizarre. où on prend des gens qui ne sont pas geeks justement et on les transforme en geeks en quelques semaines pour les former sur des métiers qui sont très recherchés comme développeurs, data, cyber, IA et tout ça. On a vu apparaître ça aux Etats-Unis à quelques-uns et en fait on s'est dit c'est génial. Et en fait on a tous eu la même idée en même moment. Et il y a eu une espèce de génération spontanée de bootcamp à la française dans les années 2012 jusqu'à 2014. Donc il y a eu Saint-Plon, où nous on a choisi le côté très très social, économie sociale et solidaire. de mettre l'emphase sur les personnes éloignées de l'emploi, le décrochage scolaire, le handicap, les réfugiés, les femmes. Et au même moment, il y a eu un truc qui est très connu aussi, même plus que nous, qui s'appelle l'école 42, vis-à-vis Niel, et puis il y a eu d'autres gens comme le wagon. Tout le monde avait eu la même idée en même moment, mais a joué sa partition un peu différemment. Et donc voilà, nous on a démarré parce qu'on avait envie de résoudre plusieurs problèmes en même temps. On voulait mettre de la diversité dans le numérique. donner des jobs à des gens qui ont du talent et qui n'ont rien à faire à France Travail. Et puis, les boîtes, elles pourraient tuer pour avoir des développeurs ou des développeuses. Elles en manquent. Donc, ça me semblait une espèce d'évidence. Après, ça a devenu plus compliqué parce qu'on fait tout ça gratuitement. Mais voilà, c'était ça un peu la genèse de Simplon. Faire une super bonne formation sur des métiers qui recrutent. Bon, ça, je ne dis pas que c'est simple, mais en tout cas, ce n'est pas le plus compliqué. Faire tout ça gratuitement, c'est là où ça se complique parce qu'en fait, il faut trouver un tiers payeur. pour que l'apprenant ou l'apprenante ne paye pas. Et donc ça, c'est compliqué. Pourquoi ? Parce qu'en fait, moi, je connais 17 façons de faire ça gratuitement. Et ça peut dépendre de l'apprenant, si vous êtes senior, si vous êtes une femme, si vous êtes réfugié, si vous êtes en situation de handicap. Quand on est en France, ça dépend des régions. Quand on est présent dans 26 pays aussi. Quand vous êtes au Mali, en RDC ou en Colombie, ce ne sont pas les mêmes dispositions, il n'y a pas France Travail, tout ça. Donc en fait, on passe plus de temps à chercher des sous pour annuler le coût de la formation pour nos apprenants plutôt qu'à faire de la pédagogie. Mais par contre, c'est ça qui fait que c'est super inclusif, notre histoire, parce que la gratuité, c'est une synonyme de démocratisation, d'inclusion. Donc, oui, c'est complexe, mais on aime bien la difficulté quand on est dans l'impact social. Sinon, on ferait, je ne sais pas quand, on vendrait les savons.
- Speaker #1
Pas simple de passer de l'idée à la mise en œuvre, pas si évident non plus d'attirer les apprenants vers les formations de Saint-Plon.
- Speaker #0
C'est quelque chose qu'on avait complètement sous-estimé parce que nous on s'est dit on va faire une super formation, on va trouver des sous pour qu'elle soit gratuite puis après les gens vont se jeter sur nos formations tellement elles sont superbes mais pas du tout. Il faut aller les chercher, le sourcing c'est notre premier métier et effectivement c'est difficile donc on travaille avec des associations qui sont sur le terrain, qui travaillent dans l'éducation populaire, dans le sport, dans la culture, dans la médiation numérique, on travaille avec France Travail bien sûr et anciennement Pôle Emploi, l'émission locale. On travaille avec une mission de lutte contre le décrochage scolaire dans les établissements. En fait, on a tout un réseau de rabatteurs, entre guillemets, avec lesquels on bosse. Et nous, on cherche des apprenants et eux, ils cherchent des solutions pour des gens qui sont à la ramasse. Donc, c'est des collaborations qui se font à la maille de chaque territoire. Parce que Saint-Plon, c'est un produit vraiment local, c'est une espèce de circuit court. Donc, chaque école trouve des demandeurs d'emploi locaux en lien avec des associations locales. pour les former localement et pour qu'ils trouvent des jobs en restant dans leur territoire. Parce que bien sûr, le maire ou la patronne de la glo, ou la région de je ne sais pas quoi, ils n'ont pas du tout envie de former des gens qui partent après ailleurs. Donc voilà, c'est des circuits courts. Mais le sourcing, vous avez raison, c'est vraiment le nerf de la guerre. Le deuxième nerf de la guerre, c'est de trouver des formateurs et des formatrices. Et comme on est sur des métiers très en tension, les gens qui savent former d'autres gens pour faire ces métiers-là, c'est encore plus difficile. Mais là, c'est notre côté un peu social et solidaire qui fait qu'on attire des gens qui ont envie de transmettre, qui ont le sens de l'engagement aussi et qui le font avec nous. C'est vrai qu'on a une bonne marque employeur. Donc, c'est vrai que ce n'est pas facile de travailler à Saint-Plon, parce que c'est un métier qui est compliqué. On est très engagé, ça va très vite, c'est très exigeant et tout ça. Par contre, si on a envie de mettre du sens dans son travail, c'est vrai qu'il y en a tous les jours. Et moi, quand j'ai un petit coup de déprime, je vais sur LinkedIn. LinkedIn, j'ai toujours... Un message de quelqu'un qui dit Ah bah merci, je voulais vous dire, j'ai trouvé un boulot grâce à Samplon, je suis dans telle ville et tout et ça me fait ma journée, ça me relance complètement. C'est vrai que c'est sympa. Chaque histoire est singulière, pour donner quelques chiffres, même si ce n'est pas le plus intéressant. Depuis le début, on a formé en série 40 000 personnes, et là c'est 7 000 par an. C'est rien à l'échelle des demandeurs d'emploi en France, mais à l'échelle d'une organisation, c'est pas mal. Et derrière chaque histoire, il y a vraiment un destin de vie. Donc, il y a du décrochage scolaire, il y a des histoires de réfugiés qui ont des parcours hyper traumatisants, mais qui finissent par bosser dans des startups. Voir, j'ai l'exemple de quelqu'un qu'on avait formé à Montreuil, qui était au RSA, qui était d'origine roumaine. Et qui, en fait, après Saint-Plon, c'était la seule à ne pas avoir de job. Et on lui disait, mais qu'est-ce que tu veux faire, Roxana ? Pourquoi tu ne nous parles pas de tes projets ? Elle dit, si j'ai un projet, mais c'est un peu délicat de t'en parler. Je dis, bah si, vas-y. En fait, moi, je voudrais monter Saint-Plon en Roumanie. Et donc, on lui a donné 10 000 euros et elle a été montée Saint-Plon en Roumanie. Et maintenant, c'est la patronne de la filiale là-bas. On a eu des auxiliaires de périculture, on a eu des bûcherons, on a eu des hôtesses de caisse, on a eu... des gens incroyables. On avait une institutrice en Arménie qui avait 51 ans. Et on lui disait à 51 ans, elle s'est reconvertie et c'était la meilleure de toute la promo. Et maintenant, elle fait du Python, de la programmation informatique. Et c'était la meilleure de la classe quoi. Une institutrice arménienne, voilà, qui en plus était touchée personnellement par le conflit au Karabakh là-bas. On a eu aussi des gens des FARC en Colombie, des gens démobilisés de cette milice paramilitaire. Des histoires incroyables, il y en a partout, mais ça peut être aussi la personne qui a eu un accident de vie, qui est en situation de handicap, le décrocheur scolaire, qui n'avait pas du tout envie de traîner ses fonds de culotte sur une chaise à l'écouté des profs, alors qu'il était plutôt malin. Il y a vraiment chaque histoire est singulière.
- Speaker #1
Quand on évolue dans l'univers du numérique, difficile de se reposer sur ses lauriers bien longtemps. La généralisation de l'utilisation de l'intelligence artificielle constitue une révolution que Simplon et Frédéric Bardot ont prise au sérieux il y a plusieurs années déjà.
- Speaker #0
Donc nous on a pris ce virage là en 2018, au moment où il y a eu une stratégie gouvernementale avec Cédric Villani, notre mathématicien. Et donc là on a commencé à former des gens à l'IA en partenariat notamment avec Microsoft. Et on fait des écoles IA, donc on en a fait plus de 60, on a formé plus de 2000 personnes des demandeurs d'emploi à l'IA. Et c'était l'IA un peu old school maintenant, avant chaque GPT. Et depuis 2022 effectivement, et de l'arrivée des IA génératives, on a bien entendu pris le train dans tous les sens. On a fait des formations dédiées, on forme tous nos apprenants à utiliser les IA génératifs pour trouver des jobs aussi, pour faire des CV, des lettres de motivation, des simulations d'entretien. On a mis de l'IA générative en interne à Saint-Pont pour être plus efficace, un outil pédagogique aussi pour que ça puisse aider à la transmission et que ça puisse aider nos formateurs aussi à faire moins d'administratif et plus de pédagogie. Donc voilà, on en a mis partout et c'est vrai que moi-même, je suis complètement à fond sur ce sujet-là comme je suis vraiment un geek, j'adore la technologie. Et donc je me forme, je forme beaucoup de gens et j'adore parce que pour moi c'est historique ce qui est en train de se passer. C'est la première fois qu'on a des technologies qui permettent d'accéder à des ordinateurs en langage naturel, de manière multilinguistique, puisque ça parle plein de langues, et de manière multimodale. Quand on est en situation de handicap, on peut faire de la voix, de l'audio, de la vidéo. Donc ça c'est vraiment historique. Jamais on n'a pu parler à des ordinateurs. en français. Donc ça pour moi c'est révolutionnaire, c'est très très inclusif, donc ça c'est un nouveau virage quoi. Dans n'importe quel métier, peut-être pas maçon ou jardinier, mais quoique, en fait il y aura de l'IA un petit peu partout et c'est vrai que ça peut aider aussi personnellement, pas que professionnellement, parce que ça peut permettre d'accéder à ses droits, de résumer des choses compliquées, d'apprendre à apprendre, c'est vraiment une technologie à 360 degrés qui peut être utile pour plein de champs de la vie. professionnel et personnel. C'est une chance. On n'a pas toujours eu des technologies comme ça. Avant, c'était réservé aux clics. Maintenant, il n'y a plus besoin d'être clic, il suffit d'exprimer plus ou moins clairement. Et encore, on n'est pas obligé de le faire en bon français et avec de la bonne orthographe, parce que les IA comprennent aussi les fautes et les choses comme ça. Donc ça, c'est vrai que c'est intéressant. On y voit un truc d'inclusion qui est monumental.
- Speaker #1
S'il y a véhicule des opportunités qui semblent infinies, elles représentent aussi, sous certains aspects, un danger dont il est nécessaire d'être... conscient. C'est ce que rappelle Frédéric Bardot.
- Speaker #0
Les modèles dont on parle, ils sont puissants, mais ils ne sont pas fiables, ils polluent, ils ont des biais, il y a des problèmes de sécurité, de copyright, donc il ne s'agit pas de dire c'est la grosse fête, faites n'importe quoi, et puis c'est super, c'est magique Mais par contre, démocratiser ces usages, montrer qu'il faut être sobre et responsable, et que c'est super puissant, ça c'est vraiment une vraie mission, que celle du Saint-Plon. que l'éducation nationale essaye de prendre, que tous les organismes de formation prennent, les universités, et ça c'est super. Même le gouvernement, il y a un immense plan pour pouvoir former tout le monde à l'IA. Donc ça c'est vrai que c'est super, c'est le nerf de la guerre. Sinon effectivement, il y aura un peu qu'à deux vitesses.
- Speaker #1
Écoute de l'impact environnemental du numérique.
- Speaker #0
Pour l'instant, c'est un peu l'épaisseur du trait par rapport à des trucs très très polluants. Mais en fait, la part de pollution du numérique, elle est grandissante, elle est tractée par l'IA. Mais ce que peu de gens savent, c'est que ce qui pollue le plus dans le numérique, c'est le matériel. Donc comme il y a des numériques partout, maintenant vous achetez un frigo, une voiture, il y a des numériques partout, c'est la prolifération de ces objets numériques qui fait que ça demande beaucoup d'énergie, ça extrait des matériaux, ça mange de l'eau aussi beaucoup, et l'IA est en train d'accélérer tout ça, parce que l'IA va rendre tous nos matériels complètement obsolètes, parce qu'il faut beaucoup de puissance de calcul pour faire de l'IA. Donc le numérique c'est une partie du problème, et c'est une partie de la solution, donc il faut équilibrer un peu les choses. Et là, comme ailleurs, c'est comme tout, c'est la sobriété, frugalité. C'est puissant, c'est polluant, c'est impactant. Donc, il faut s'en servir pour des bonnes raisons. Plutôt pour faire des trucs bien, c'est mieux que de faire des trucs pas bien. Et puis, avec parcimonie, parce que peu de gens savent, c'est qu'entre une requête sur Google et une requête sur ChatGPT, en termes de CO2, il y a un facteur de 1 à 300. Donc, c'est énorme, c'est 1 fois 300. Donc, les gens qui utilisent ChatGPT comme ils utiliseraient Google, c'est vrai que c'est... pas le bon outil pour ça donc là aussi il faut éduquer les gens si les gens ne savent pas en fait ils vont pas l'inventer quoi ça paraît tellement simple et magique mais il ya effectivement des coûts cachés donc voilà numérique sobre responsable et for good ce serait vraiment un truc super qui pourrait faire qu'on travaille tous à peu près dans le même sens quoi mais il ya encore du boulot
- Speaker #1
Dans un contexte qui évolue très vite, se projeter à 5 ou 10 ans peut relever du défi. Cela ne semble pas effrayer Frédéric Bardot, bien au contraire.
- Speaker #0
Ce qui est très confondant, c'est que les gens se disent que l'IA va tout changer, ça va changer dans six mois. En fait, pas du tout. Les technologies, contrairement à ce qu'on imagine, c'est vraiment archi démontré par la littérature scientifique. Ça met beaucoup de temps à se déployer dans la société. C'est vrai pour l'électricité, pour la machine à vapeur, mais c'est vrai aussi pour les mobiles. Du jour au lendemain, tout le monde ne s'est pas retrouvé avec un mobile dans la main. Ça a mis entre 5 et 15 ans. Donc on sait que ça va prendre du temps, donc on a à peu près une visibilité, même si des trucs comme l'IA générative, on ne les avait pas vu venir, même les spécialistes ne l'avaient pas vu venir. Par contre, c'est après que ça se complique. C'est-à-dire qu'après cinq ans, quel est l'impact sur l'emploi ? Est-ce que tout le monde va faire son job ? Est-ce qu'il y a des métiers qui vont disparaître ? Tout ça, c'est un peu la boule de cristal, parce qu'en fait, ça ne se passe jamais comme on l'imagine. Les effets à court terme sont surestimés, les effets à long terme sous-estimés. On pense que ça va être toujours plus rapide que ça arrive. Donc voilà, ce n'est pas évident ça. Mais la feuille de route de Saint-Plon, c'est continuer à grossir notre impact sans grossir Saint-Plon. Parce qu'en fait, ce qu'on essaie de faire nous aussi, comme dans l'écologie, c'est le découplage. C'est-à-dire, on ne sera jamais aussi gros que le problème qu'on veut résoudre. Je veux dire, on ne va pas devenir 3000 personnes à Saint-Plon. Donc l'idée, c'est qu'on déploie de l'impact indirect, qu'on fasse de la franchise, de l'open source, qu'on influe sur les politiques publiques. Voilà, c'est de découpler l'impact et la grosseur de la structure. et après de continuer à être sur des métiers en tension pour faire des jobs. Mais ce qui va prendre beaucoup d'importance, c'est deux choses, c'est ce qu'on appelle la littératie, la numératie numérique, c'est-à-dire les compétences de base pour que tout le monde soit dans le train, comme on disait tout à l'heure. Donc ça, ce n'était pas dans notre feuille de route du départ, mais en fait, c'est très important, aussi important que de permettre à des gens de trouver des jobs. Parce que maintenant, il y a du numérique dans tous les jobs. Vous faites de la restauration, de la supply chain, vous êtes agent de sécurité, il y a une tablette, un machin, un truc, un bidule. Et l'autre chose, c'est qu'on était très focalisés sur les demandeurs d'emploi, ce qui est le cas à 90%. Mais en fait, il y a autant d'impact à essayer de faire en sorte que les gens qui ont un job ne perdent pas leur job, plutôt qu'à trouver un job pour les gens qui n'en ont pas. Donc là, il y a tout ce qu'on appelle en bon français, là aussi, le reskilling, la reconversion. Donc, faire en sorte que l'IA ne détruise pas des centaines de milliers d'emplois, mais que les gens soient reconvertis en mobilité interne, ça, c'est des choses qu'on a commencé à faire. Et c'est peut-être ça l'avenir de Simplan. Peut-être que ce sera autant créer des emplois que ne pas en détruire, et faire en sorte que les gens gardent leur job, ou changent de job, mais restent dans leur boîte. Le numérique, je pense que j'ai bien fait le tour en tant que matière. Après, Saint-Plon, c'est inépuisable. On ouvre de nouveaux pays tous les jours, il y a de nouveaux trucs. Donc ça, je resterai accroché à Saint-Plon comme président ou sur la fondation. Mais là, peut-être que j'ai des envies qui me démangent sur un autre truc, qui est l'objectif de développement durable numéro 17. C'est l'objectif de développement durable qui consiste à multiplier les partenariats entre les actions pour pouvoir avoir plus d'impératifs. Et ça, c'est un truc qui me hante depuis 25 ans. C'est que pour l'instant, on est tous chacun un peu dans notre couloir de nage. Et en fait, on ne travaillait pas assez ensemble. Et moi, je pense qu'on ne résoudra pas les problèmes qu'on a devant nous si on est chacun dans notre couloir de nage. Donc, si j'avais eu l'envie, ce qui n'est pas encore d'actualité, mais elle me trotte dans la tête, ce serait peut-être de créer une structure qui financerait et qui favoriserait la convergence des luttes et les partenariats entre les organisations, au lieu d'avoir ce qu'on a même dans l'économie sociale et solidaire, qui est une compétition. On se bat pour avoir les mêmes financements et on est en compétition les uns contre les autres. C'est complètement dingo. Ça n'a aucun sens. Donc ça, ça me démange. Tout le monde me connaît sur ce sujet-là, parce qu'en plus, je prends une métaphore que j'aime bien, c'est les Justice League, vous savez, comme les super-héros. Pour combattre Thanos, il ne faut pas juste Captain America ou Wonder Woman. Il faut que tout le monde bosse ensemble. Peut-être que ce sera une fondation des Justice League.
- Speaker #1
C'était Synapse, le podcast de l'agence Conseil en Transition. Hippocampe. Merci à Frédéric Bardot, entrepreneur social, cofondateur de Saint-Plon. Rendez-vous dans un mois pour un nouveau parcours inspirant. En attendant, je compte sur vous pour parler de synapses autour de vous. A très vite !