- Speaker #0
Bienvenue dans ce nouvel épisode de Ta Pause Sexy. Avant de démarrer, je te rappelle que t'abonner à ce podcast sur la plateforme de ton choix, mettre 5 étoiles et même mettre un commentaire sur Apple Podcasts sont les meilleurs moyens de me soutenir pour que je puisse continuer de te proposer des épisodes de plus grande qualité. Et c'est grâce à la qualité des épisodes que dans cette nouvelle saison nous allons recevoir des invités. C'est pourquoi, ultra important que tu continues de faire voyager ce podcast pour que tout le monde puisse enfin l'écouter. Il est temps que l'on crée un monde où on parle de sexualité de manière beaucoup plus libérée. Je ne vais pas t'en dire plus et je te laisse profiter de cette nouvelle saison et de ce nouvel épisode. Dans cette pause aujourd'hui, nous allons parler de la vie sentimentale et sexuelle d'un transfuge de classe. Avant de commencer cet épisode, je te rappelle que le meilleur moyen de me soutenir, c'est de t'abonner à ce podcast sur la plateforme de ton choix. Tu peux aussi mettre 5 étoiles et un commentaire sur Apple Podcast. C'est grâce à ces actions simples que je vais pouvoir continuer de te proposer des épisodes de qualité. Et qui dit épisode de qualité, dit aussi invité de qualité. C'est exactement ce qui décrit mon invité du jour. Il est créateur du podcast An Egg Date, aussi auteur de trois recueils de poésie, et il a compris que l'intime était politique. Il dédie son travail à décrypter et déconstruire les relations hommes-femmes. Il était donc pour moi très important de recevoir aujourd'hui... Aymeric qui a décidé d'accepter de passer de l'autre côté du micro. Salut Aymeric !
- Speaker #1
Salut, ça va ?
- Speaker #0
Ça va et toi ?
- Speaker #1
Ça va, ça va, tout va bien.
- Speaker #0
Eh bien merci beaucoup de nous rejoindre sur Tapos sexy. Alors faut que tu saches que c'est normalement un podcast de femmes, pour les femmes, par les femmes.
- Speaker #1
Je suis l'intrus là !
- Speaker #0
T'es mon premier invité homme, je sais pas si on en aura beaucoup. Donc là, tu as la pression, tu vois, il ne faut pas te bêtiser.
- Speaker #1
Non, ça va, ça va, je gère le navire.
- Speaker #0
Je ne suis pas spécialement inquiète pour être complètement honnête avec toi. Alors, ce que je te propose, c'est de commencer de te présenter, parce que moi, je connais ton travail, mais je sais que tout le monde ne connaît pas forcément. Donc, je te laisse te présenter, et puis après, on va introduire un peu plus le sujet du jour.
- Speaker #1
Ok, en vrai, des formations professionnelles, je vais me présenter comme je demande à mes invités de se présenter, en général dans un egg date, et en général on rend hommage au podcast Kif Taras de Rokhaya Diallo et Grécy, dans lequel elles se présentent toujours par rapport à la société et ce qui les a impactés, tu vois, un peu. Donc du coup, moi, dans ce sens-là, je m'appelle Aymeric, je suis un homme cisblanc hétérosexuel qui vient d'une classe populaire. Ça a pas mal impacté ma rencontre aux gens. Et aujourd'hui, j'ai fait un transfus, ça compte aussi. Et voilà, je suis auteur, c'est mon métier de base. J'ai monté un egg date il y a un peu plus de trois ans maintenant, bientôt quatre ans. Et ça nous amène à faire plein, plein de choses. Au-delà des épisodes de podcast, je fais des événements, un festival par an. J'interviens dans des entreprises via des ateliers sur la cohésion sociale et l'inclusivité. Trop bien. Il y a des auditeurs RIS qui nous entendent et qui ont besoin de ce type d'atelier dans leur entreprise, qu'elles n'hésitent pas à faire appel à un update. Trop bien,
- Speaker #0
de toute façon, on remettra toutes les infos que tu veux dans la description du podcast et tout ça pour te retrouver. Je ne savais pas que tu faisais des ateliers, je trouve ça trop cool.
- Speaker #1
Merci.
- Speaker #0
Du coup... On va commencer, tu l'as déjà dit dans ton introduction, t'es un transfuge de classe. C'est un truc que j'ai appris en écoutant ton podcast. Moi, je n'avais jamais mis un mot sur qui je l'étais. Enfin, en tout cas pas celui-là.
- Speaker #1
Je pensais que tu disais que tu avais appris que je l'étais, en mode tu pensais que j'étais un bobo de base.
- Speaker #0
Non, non, non. J'ai mis un mot sur... qui j'étais moi en tant que transfuge de classe, en écoutant ton podcast, ce n'était pas une notion sur laquelle j'étais spécialement sensibilisée. Et c'est en écoutant ton podcast que je me suis dit Ah, mais en fait, il y a un mot pour les gens comme moi. Je me suis toujours appelée ovni tu vois. Genre, je viens d'une autre planète, tu vois. Mais du coup, je vais te laisser déjà nous définir c'est quoi un transfuge de classe.
- Speaker #1
Alors, c'est intéressant et... peut-être je renvoie les gens, il y a quelqu'un qui a fait un très bon travail sur Youtube qui s'appelle Grégoire Simpson il a fait une vidéo sur ça où lui il fait de la vulgarisation sociologique et il a très très bien résumé en fait en sociologie il faut savoir que Les vrais transfuges de classe, en vrai de vrai, c'est rare. C'est-à-dire qu'un transfuge de classe, c'est littéralement… Il y a beaucoup de choses qui changent. Et sur ton capital économique, social et culturel, on va dire qu'il y a beaucoup de gens qui font de la petite mobilité dans les mêmes classes. Par exemple, il y a des gens qui passent de classe moyenne basse à classe moyenne haute. C'est cette petite mobilité-là. Il y a des gens qui… qui se déplacent grosso modo. Le transfuge, c'est quelqu'un qui se met d'un coup à avoir alors qu'il n'a jamais eu, j'ai envie de te dire. Et donc, ça ne passe pas forcément que par le capital économique, dans le sens où moi, par exemple, tu vois, aujourd'hui, je ne suis pas propriétaire. Donc, ce qui peut être un signe qui caractérise souvent la bourgeoisie, pour le coup, quand tu es... quand tu es propriétaire, puisque tu as un capital économique fort. Moi, en l'occurrence, mon transfus de classe, il s'est fait sur plusieurs choses à la fois, même si je ne suis pas propriétaire aujourd'hui. Comme je le dis, il peut m'arriver de gagner en quatre heures de travail ce que mon père n'a jamais gagné en un mois. Et donc déjà, c'est sur ça, c'est sur les sommes que je rentre lorsque je travaille qui sont assez conséquentes. Et le deuxième truc, c'est... surtout par rapport au capital social et culturel. C'est-à-dire que moi, j'étais dans une zone où il n'y avait pas de lecture forcément conseillée, etc. Je n'avais pas les bases de la culture hégémonique bourgeoise, que ça, c'était une ref, ça, ça n'en était pas une. Et maintenant, j'ai ces références-là. Au-delà d'avoir ces références-là, c'est que je les maîtrise et que j'ai fait le choix aussi d'un parcours. Même si moi, je n'ai pas pris de chemin académique parce que je suis très autodidacte, Aujourd'hui, j'ai des références que des gens n'ont pas, tu vois, en termes de sociologie, en termes de lecture, en termes d'outils pour analyser ma vie et celles des autres. J'ai des choses là où avant je n'avais rien. Donc c'est ça qui caractérise mon transfuge.
- Speaker #0
C'est intéressant parce que, et c'est aussi une des raisons pour lesquelles je voulais t'interviewer sur ce sujet particulièrement, c'est que moi j'ai une histoire un peu différente de la tienne, dans le sens où, donc moi mes parents sont nés en Afrique, ils sont arrivés en France. donc de classes plutôt assez modestes, très très très modestes, et ils ont fait le choix de me mettre, ainsi que mes frères et sœurs, dans des écoles privées catholiques, parce que moi en fait je ne peux pas dissocier le côté classe sociale du côté racial, les deux pour moi vont, enfin dans mon histoire en tout cas, vont vraiment de pair, et du coup en fait moi j'ai intégré des écoles plutôt bourgeoises, avec des gens qui étaient beaucoup plus aisés que moi. Mais dès mon plus jeune âge, et j'ai en fait tout le temps grandi, tu vois, dans cette atmosphère. Pardon ?
- Speaker #1
Avec un capital culturel, ouais, du coup.
- Speaker #0
Ouais, exactement. Mais tout en étant, tu vois, avec un peu cette dissociation de, je suis à l'école, j'ai accès à des choses que je n'aurais pas forcément accès dans ma vie, puis je rentre à la maison, et en fait, à la maison, on galère financièrement, tu vois, on reste dans une classe qui est quand même assez pauvre. Et donc, du coup, tu vois, moi, j'ai vraiment eu, et c'est pour ça que j'ai souvent dit que j'étais un ovni, c'est qu'en fait, dans à peu près toutes les situations, je suis un espèce de caméléon et j'arrive à comprendre et à m'adapter. Et j'ai développé ma personnalité de ma plus tendre enfance de cette manière-là. Et donc, c'est là où je vois de la différence, parce que toi, on va y revenir, mais je pense que tu l'as fait au fur et à mesure de ton évolution, tu vois.
- Speaker #1
Je pense qu'il y a un rapport. Un point en rapport, c'est le côté... Tu vois, toi, dans ce que tu décris, tu as grandi dans un environnement qui avait un capital culturel et social, dans le sens où tu croisais des personnes que peut-être que je ne croisais pas, etc. Bien que, moi, pour situer aux gens, la ville où j'ai grandi, c'est un peu la même chose que Boulogne pour qui ça parle à Paris. C'est-à-dire une ville de riches, et dans la ville de riches, il y a des coins pauvres. Et donc, il y a ce truc-là de... Il y a des gens en... J'avais pas de capital social parce que ces gens-là étaient beaucoup dans le rejet et qu'on n'avait pas accès à eux et qu'on les voyait partir en rallye, faire des choses, etc. Et qu'on n'avait pas leur contact, donc j'avais pas le capital social. Mais j'observais, je savais que ça existait au moins. Là où il y a des gens, tu vois, ils sont carrément parqués au fin fond de banlieue, ils savent même pas, tu vois,
- Speaker #0
que ça existe.
- Speaker #1
Après, le but, c'est pas de faire un concours, qu'est-ce qui est la plus source de souffrance ou non, quoi. C'est une autre position de voir que ça existe, mais que tu es rejeté. Tu n'as pas ce capital-là, mais tu l'as tous les jours devant tes yeux. Ensuite, par contre, moi, ce qu'il y a, et c'est bien que tu parles de la… racialité au sens sociologique, c'est que, par contre, du fait que je sois blanc, on percevait pas tout de suite chez moi que grosso modo j'étais un salaud de pauvre, tu vois. Mon seul en scène s'appelle comme ça et ça traite de tous ces sujets là. Et donc du coup, moi, ça retardait le fait de certains trucs, tu vois, où toi, peut-être on allait te le mettre à la gueule que t'es là mais tu fais pas partie d'eux, tu vois, parce qu'ils estiment que c'est pas partie de leur classe là.
- Speaker #0
Ah ouais, moi j'ai des histoires des dingueries sur ça, sur les profs qui sont ouvertement racistes, sur des commentaires où on t'attend pas là où t'es. Pour le coup, moi j'étais dans les meilleurs de la classe, etc. Et on t'attend pas là-dessus. Et on te fait bien comprendre que c'est parce que t'es noire qu'on t'attend pas à avoir des bonnes notes, par exemple. Ce genre de choses. Et moi, je ne peux pas forcément le dissocier parce qu'en fait, mon histoire, elle est teintée de tout ça, tu vois. Et le côté transfuge de classe, il est vraiment teinté de tout ça. Et si on rentre un peu plus dans le vif du sujet, en plus concernant les relations, je ne peux pas non plus, moi, dans mon histoire personnelle, enlever le côté racial. En fait, c'est impossible parce qu'en fait, c'est intimement lié.
- Speaker #1
Oui, je pense que personne ne peut l'enlever. C'est ce qu'on se tue à dire dans un ex-déq, mais l'intime est politique. Donc, de ce fait-là... que ce soit la mixité, qu'elle soit sociale, raciale ou même de genre, parce que les gens oublient que c'est une mixité, mais le couple hétérosexuel est une mixité de par le genre et qu'on n'a pas les mêmes vécus, tout ça, ça caractérise nos relations.
- Speaker #0
Ouais. Et du coup, si on rentre un peu plus dans ton histoire personnelle, parce que là, je te fais passer de l'autre côté du micro, c'est toi qui vas parler.
- Speaker #1
Let's go.
- Speaker #0
Au final, comment t'as pris conscience ? toi, de ces différences de classe sociale, et notamment dans le cadre des relations et du dating ?
- Speaker #1
Alors, comment j'en ai pris conscience ? Il y a un truc, je pense, qui parle à tout le monde dans l'adolescence, et je pense un peu sur tous les sujets, même si je veux avoir la place des autres, mais tu sais, il y a plein de choses qui sont liées au racisme, au classisme, ou même, comme on l'a dit... ou patriarcat et donc à la misogynie, que quand tu es adolescent, tu les subis, attention, et ton corps et ton cerveau les enregistrent. Mais comme tu es adolescent, tu n'as pas les outils pour les analyser, tu n'as pas les outils pour s'exprimer, d'où l'importance où il faut dire aux gens que de plus en plus tôt, il faut parler de ces sujets-là, que ce soit les cours d'éducation sexuelle, les cours liés à tout ça. Mon rêve, c'est qu'un jour, on fasse passer une loi pour qu'il y ait de la sociologie, même très vulgarisée, mais très tôt, dès l'âge du collège, pour en fait donner... les outils aux gens pour qu'ils puissent les exprimer et pas que ça se réveille en trauma quand on devient adulte. Donc bref, je m'égare, mais tout ça pour dire que ces trucs, je les vivais, mais tu es adolescent, donc tu traverses la jungle juste et voilà, tu vois, tu ne te rends compte qu'après la jungle que tu as des branches qui t'ont fait mal. Donc moi, ça vient un peu plus tard et ça vient à l'âge de fin du lycée, je pense, début de la fac. Moi, j'ai eu un parcours militant qui a commencé très tôt. Mes premières manifs, je les faisais au collège, des trucs du genre, mais c'était plus sur la cause palestinienne, etc. Et après, petit à petit, je pense que ça a joué le fait que je suis un militant sur des trucs et petit à petit, tu te rends compte, ça, c'est connecté à ça, ça, c'est connecté à ça, c'est connecté à ça, et t'en reviens à la base, l'une des bases, qui est que la vie, c'est un grand sport de ceux qui ont contre ceux qui n'ont pas.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
et qu'en fait le capitalisme permet de maintenir toutes les oppressions qu'il y a autour. Donc je me rends compte de ça comme ça, et dans ma vie personnelle, ça se manifeste par, moi je commence à fréquenter des filles, on ne ré-devrait qu'à partir de la fac, donc je ne sais pas si c'est tard, mais moi je considérais ça ainsi. Et je confonds ce truc où je me dis que mon seul avenir, si je veux m'extirper de la condition dont je suis mon seul avenir c'est de serrer une bourgeoise j'ai ma j'ai ma période où je cours que après les bourgeoises et et je cours après ça je cours après ça et tout et sauf que quand tu cours après ça mais tu fais que tomber parce que tu te rends compte qu'il ya plein de quoi te comprennent pas où ça clash en plus j'ai pas fait encore thérapie donc moi j'étais je pouvais tu vois je pouvais vraiment me cacher laisser de l'énergie plutôt que me préserver et m'en aller parfois bon et voilà et ça se manifeste comme ça et après pour faire un gros gros bon moi j'ai été à proprement parler que deux fois en couple tu vois parce que la notion de coupe c'est un truc pas que je sacralise, mais en tout cas qui est important quand je pose ces mots-là. Et c'est la deuxième fois qu'il y a vraiment beaucoup compté sur le plan, justement, social, en mode comment je me suis formé et tout en tant qu'être amoureux. Et là, j'étais avec une bourgeoise en couple. Et c'est très marrant puisque les années passant par rapport au début d'année de fac, où je n'avais pas du tout cherché à l'être, tu vois, je me suis juste épris d'elle. Et elle, en l'occurrence, c'est quelqu'un qui ne me l'a pas du tout fait ressentir. mais là ça s'est pas ressenti en mode souffrance, mais au bout d'un moment ça s'est quand même éclairé en mode limite. Il y a des choses qu'elle ne comprendrait jamais, et ça ne servait à rien que je lui fasse comprendre ça. Et donc du coup là cette limite s'est un peu installée, est un peu apparue à mes yeux.
- Speaker #0
Tu as des exemples précis à nous donner ?
- Speaker #1
Oui j'en ai un assez marrant. C'était bien après qu'on soit ensemble, on était séparés, mais moi j'étais en vacances au Portugal et on discutait quand même, on prenait des nouvelles. Et à un moment, elle me fait une vanne et elle me dit qu'on leur donne de la brioche. Et moi, je n'ai pas la rêve. Et je viens, de quoi ? Et elle me dit, mais si, et de manière très bienveillante, elle me dit, mais si, mais si, c'est un truc qu'on a vu à l'école, c'est surtout là, tu vois. Et elle m'envoie le lien Wikipédia, je lis. Et en fait, du coup, pour ceux qui ne sauraient pas, à la Révolution française, les paysans sont allés devant le château de Marie-Antoinette, je crois. Et en gros, ils se plaignaient de ne plus avoir de pain. Et Marie-Antoinette, complètement délulue et déconnectée de la situation, est sortie. Elle a dit qu'on leur donne de la brioche. Et donc là, il y a ça, il y a ce moment-là. Et elle me dit, mais si, c'est sûr, on l'a vu à l'école et tout. Mais tu sais, elle n'est pas en mode main's pain. Vraiment, il n'y a aucune source de négativité et tout. C'est juste... au contraire elle veut me faire découvrir le truc, elle me dit mais si c'est sûr. Et là je lui dis mais t'es allé où à l'école ? C'était une question qu'on ne s'était jamais posée. Et là elle me dit, je m'en souviens de ton avis avant vocal, elle me dit putain Amérique, elle me dit je suis une ouf, je viens de me rendre compte. En fait elle a fait toute sa scolarité en privé, tu vois, là où moi elle m'amène ma vie, et en fait elle se rend compte, devant les yeux elle se rend compte qu'on n'a pas tous eu le même accès à ça. Elle me dit mais putain mais c'est un truc de fou et tout, en fait moi je vivais... quelque part dans ma bulle et pourtant c'est quelqu'un de très bienveillant, très ouvert sur le monde. J'ai beaucoup d'amour pour elle, je lui passe un bonjour. Donc du coup, c'est bien la preuve de ces sujets-là. C'est que tu as beau être bien ouvert sur le monde, il y a des trucs, il y a des limites et c'est malgré toi. De la même manière que tout à l'heure tu parlais de couple mixte, je pense que les personnes blanches, il faut qu'elles acceptent que dans un couple mixte, il y a des choses que tu ne comprendras jamais, ça ne sert à rien de les comprendre. Enfin, ça ne sert à rien de vouloir combattre pour montrer... oui je fais tout je vais le comprendre et tout c'est pas vrai tu ne comprendras jamais vaut mieux accepter de dire ça on va parler aux personnes concernées autour de toi et nous on se retrouve sur autre chose il ya des choses où je te comprendrai ou d'autres comprendront pas tu vois mais mais sur ça ça rend deux trucs et et du coup il ya ce truc là et et de fil en aiguille la conversation a continué il s'avère qu'on parle plus de trucs perso où je vais pas détaillé ici d'un truc perso qui m'est arrivé Et là, dans la foulée, elle me dit Mais non, mais pourquoi tu le vois comme ça ? En gros, il y a source d'espoir sur ces trucs-là. Et là, j'ai dit Ah non, ma gueule, là, il y a un truc que tu n'as pas compris. Il n'y a pas de source d'espoir. En fait, moi, depuis que j'ai 20 ans et que je lis de la sociologie, on me dit Ta vie va se passer comme ça avec tes parents. Ils risquent ce genre de maladie. Économiquement, ça va se passer comme ça. Toi, tu vas être aidant et tout est en train de se réaliser. Donc, il y a des trucs, ce n'est pas de la prophétie de la vie. moi je suis très spirituel mais il y a des trucs c'est pas que Dieu Dieu il nous a créé les hommes ont créé le capitalisme et autant dans ce que Dieu a créé ça pouvait être source de plein de hasard dans ce que les hommes ont créé le capitalisme c'est un système qui a des rouages et qui marche que d'une même manière là il n'y a pas de surprise, no spoiler et de croire d'avoir l'espace de croire qu'il y a de l'espoir dessus ça c'est sleurer et ça c'est un privilège bourgeois que moi j'ai pas et elle elle comprendra jamais merlif mais ouais il se passe des trucs comme ça
- Speaker #0
Ok, c'est hyper intéressant, ça fait écho aussi à des choses que j'ai pu vivre. Et bizarrement, tu vois, des choses que j'ai pu vivre, moi, à l'inverse. Et c'est là où, tu vois, moi, je vois que j'ai grandi aussi dans une richesse culturelle qui n'était pas forcément celle qui m'était prédestinée, si j'en crois ma classe sociale de base.
- Speaker #1
Est-ce que c'était la brioche ?
- Speaker #0
De quoi ?
- Speaker #1
La brioche, tu avais la ref ?
- Speaker #0
Non, je n'avais pas la ref. Non, non, ça, je n'avais pas. Ça, tu l'as appris. Mais... Mais tu vois, moi, pour le coup, j'ai suresté 10 ans en couple et donc en couple mixte. Donc déjà, il y avait la différence raciale, mais aussi, en fait, lui, il était issu de classe populaire et a grandi, a été à l'école, école publique, etc. Et en fait, tu vois, lui ne supportait pas. Il avait beaucoup, beaucoup de mal à être dans mes groupes d'amis. Parce que moi, mes groupes d'amis, ils venaient de... Enfin, on avait... À l'époque, tu vois, t'as 17-20 ans, mes groupes d'amis, ils viennent de la fac, ils viennent de l'école, etc. Et donc, évidemment, plutôt bourgeois. Et donc, il avait vraiment ce... Un peu comme un complexe d'infériorité, tu vois, un truc, quelque chose qui était de l'ordre de... Je suis pas à l'aise, tu vois, je suis pas à l'aise dans ce... dans ce milieu-là. Et même si, moi, j'avais beau le rassurer en lui disant, non, mais regarde, ils sont hyper cools. Et même si lui pouvait aussi le voir, il ressentait quand même parfois des choses de, je ne suis pas à l'aise, je ne suis pas chez moi. Et ça, moi, j'ai mis vachement de mal à le comprendre. J'ai mis du temps à le comprendre parce que moi, je me disais, mais non, mais regarde, on accepte tout le monde et tout. Et ça m'a obligée à déconstruire quand même certaines choses parce qu'en fait, ce n'était pas forcément simple pour lui.
- Speaker #1
Mais ça, c'est très important ce que tu dis, parce qu'il y a des gens, ils peuvent se culpabiliser. Bon, moi, je le dis, franchement, ça m'est arrivé en DM, il y a trois semaines, il y a une privilégiée, une bourgeoise qui m'a envoyé un message comme ça. Alors, à la fois, je ne vais pas faire preuve de compréhension dans ce que je dis, à la fois, ça va peut-être secouer des gens, je vais peut-être être sévère, mais je m'en bats un peu les couilles sur ce sujet-là. En gros, quand tu es privilégié, quel que soit le sujet, que tu sois blanc par rapport au sujet de la racialité, que tu sois... bourgeois par rapport à ce sujet-là ou que tu sois un homme par rapport à ce sujet-là, quand tu veux faire preuve de compréhension et quand tu veux justement être bien, il y a un moment qui va se passer, il faut prévenir les gens, qui va être très violent parce que tu vas te mettre devant ta glace, tu vas constater tes privilèges et tu vas constater que tu as fait subir des choses que tu ne voulais pas forcément te faire subir. Et à ce moment-là, du coup, il se réveille en toi une espèce de truc de fragilité, de culpabilité et tu vas à tout prix montrer à l'autre que oui, mais je veux bien faire ou quoi. Il y a un truc où il faut nous épargner, mais vraiment. Et moi encore, je le dis, je suis un homme cis-mère hétérosexuel, donc je suis assez privilégié. Ça vient que quand ça tape dans le classisme. Mais quand même, il faut m'épargner ce que j'ai dit la personne à d'un fort DM. Ne viens pas me voir, ne demande pas à moi. Ne viens pas me dire, je m'en bats les couilles. Justement, comme tu dis, tu es privilégié, tu as du temps, tu as déjà les yeux ouverts sur cette question-là. Tu prends des livres, tu as le GPT, Google, tu fais tes recherches. Je ne vais pas remettre sur les épaules des gens, mais alors, qu'est-ce que je pourrais faire ? Pour mieux comprendre, qu'est-ce que je pourrais faire pour mieux accueillir ton mari ? Tu te poses des questions toi-même, en fait.
- Speaker #0
Oui, bien sûr.
- Speaker #1
Pour qu'il se sente à l'aise, etc. Parce que le problème, et c'est là où je vais faire par contre une compréhension, on ne vous dit pas que c'est vous. Ce ne sont pas des questions de personne, tu vois. Ce sont des questions de comment le système est foutu. Et vous n'existez pas hors d'un système. Il y a un très bel exemple de Norbert Elias, un sociologue, qui dit que la société, c'est une ronde, tu vois. Il faut arrêter de le voir comme un train qui est en marche et dans lequel on monte dedans. C'est une ronde, ils tournent tous. Ça n'existe pas une ronde qui tourne si toi tu t'arrêtes sec. Si tu t'arrêtes sec, quelqu'un peut rentrer sur toi, tu tombes, tout le monde tombe. Donc, c'est-à-dire que tu as un rôle dans cette ronde-là. Et toi, ton rôle, c'est de dire comment je… Je ne sais pas, est-ce qu'on ralentit, est-ce qu'on s'arrête, est-ce qu'on laisse tomber quelqu'un d'autre ? Et le problème, c'est que la société ne fait pas ça. Elle continue à tourner, jamais personne ne s'arrête. Et donc, il y a des gens qui sont… Il y a d'autres rondes qui se créent. Il n'y a personne qui rentre dans les rondes, tu vois. Donc, on ne vous dit pas que c'est vous. On dit juste qu'il y a un système qui tourne, mais malgré vous, vous en faites partie. Et ouais, c'est pas au mari de faire un effort pour s'incruster là-dedans, tu vois. C'est ça. Oui,
- Speaker #0
bien sûr. Et en fait, nous, on avait vraiment la double difficulté, parce que lui, dans mon cercle, n'était pas forcément à l'aise, et moi, en fait, dans son cercle, j'étais pas à l'aise pour d'autres raisons, qui sont plutôt des raisons raciales, pour le coup, ou même un peu de misogynie et tout ça. Mais donc, du coup, tu vois, t'avais un peu tout ce contexte qui rendait les choses quand même pas mal complexes. Parce que, bah, on a dû se créer une bulle, en fait. On a dû se créer une bulle où... dans laquelle à deux, ça fonctionnait bien jusqu'à un certain point. Mais au final, ça a été vraiment des challenges. Et c'est beaucoup plus tard que j'ai compris ces challenges-là, ces challenges de classe et tout, parce que ça ne m'avait pas sauté aux yeux à l'époque. Après, on était jeunes et puis on continue de grandir et on apprend tous les jours. Mais c'est vraiment quelque chose que je pense qu'il faut... C'est aussi pour ça que je veux qu'on en parle, parce que... c'est hyper important de rentrer dans ces relations et on va rentrer un peu plus dans l'intimité en ayant conscience de ces différences et de ces challenges.
- Speaker #1
Oui, clairement.
- Speaker #0
Du coup, si on parle plutôt de ta vie intime, est-ce que tu as noté vraiment des moments où cette différence de classe, donc vraiment, je parle vie intime, dans ta sexualité, dans ton rapport à la sexualité, dans ta construction même sexuelle, cette différence ? culturelle et cette différence sociale, comment elle s'est manifestée chez toi ?
- Speaker #1
L'année dernière, j'ai écrit un texte sur ma newsletter où je dis J'aime, je drague et je baisse comme un pauvre. ça s'est manifesté comme ça en fait. C'est que après, comme je t'ai dit, tu te rends compte de trucs au fur et à mesure. Là depuis trois ans, depuis que je suis sur Paris, en arrivant sur Paris, ça s'est encore plus manifesté de certaines manières. Et ouais, là j'ai pris conscience que, je sais pas trop comment le dire, mais... Il y a des codes, même dans l'expression, tu vois, et des sentiments, et dans l'expression quotidienne, dans la manière... Oui, c'est lié à la manière de voir la société, voir la vie, mais en vrai de vrai, même quand je fais des centres, tu vois... Moi, il y a quelqu'un avec qui je peux être aligné politiquement, par exemple. Il y en a, il y a plein de bourgeois qui font l'effort de comprendre des choses avec qui je suis aligné politiquement, mais malgré tout, ça ne marche pas, parce qu'on n'a pas le même code, tu vois. On n'a pas le... je sais pas tu vas moi j'ai des questions d'environnement ça a peut-être parlé aux gens qui ont grandi dans une zone populaire mais moi il moi il arrive un malheur on va en rigoler tu vois d'abord tu vois c'est sur plein de petits trucs par de petits détails comme ça désolé il n'y a pas de il n'y a pas d'exemple concret qui me viennent là tout de suite à l'esprit mais ça se manifeste sur un rapport à déjà si ça s'est manifesté ça je peux te donner un élément de réponse tu vis quand tu grandis pauvre tu vis sur le fait d'être invisibilisé ou de faire partie de la masse tout le temps tu vois ouais ça c'est tout à fait vrai donc en gros tu es substituable donc ça veut dire que moi je me suis construit sur mon plan amoureux en me disant que j'étais substituable donc du coup pour compenser ça il fallait que j'en fasse plus sur autre chose tu vois moi ça a été et en plus vu que j'étais le petit bateau ce qui va tout ce qui est mon équipe et que j'y ai pas d'autres personnes blanches tu vois dans mon cercle je me suis stabilisé il fallait vraiment que je me démarque par un truc moi je pense que mine de rein sans le choisir ça a été par le bas goût par le tu vois il fallait je compense par deux trucs déjà ça m'a marqué sur ça et est pareil en vrai de vrai même sur le sur l'aspect physique tu vois je pense que du coup ça s'est fait sur un côté beaucoup de je suis disponible pour l'autre Et je pense que ça je peux aisément le relier au fait de... Comme Lott, Lott il a l'habitude d'avoir, et la bourgeoisie c'est ça qui caractérise aussi, c'est que t'as l'habitude d'avoir les opportunités de rencontrer des gens, t'as l'habitude d'avoir, d'être regardé quand on te dit t'es mignon ou quoi. Donc ça veut dire que Lott, il baise avec moi, ça se passe mal. Il a d'autres opportunités, moi j'ai pas ça moi. Donc ça veut dire que la fois où je baise avec toi... Il faut que je marque le coup. Ça m'a beaucoup caractérisé dans mes rencontres et dans ma vie intime.
- Speaker #0
Tu as dit un truc qui m'a frappé. Tu as dit je baisse comme un pauvre
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Ça veut dire quoi pour toi, baiser comme un pauvre ?
- Speaker #1
Je ne sais pas. Les riches, pour rester riches, ils gardent pour eux. Les pauvres, ils partagent. Je partage.
- Speaker #0
Ok, donc tu es dans le don, en gros.
- Speaker #1
Oui,
- Speaker #0
je pense. Tu penses plus à l'autre, au final.
- Speaker #1
Et puis, je pense aussi qu'il y a un rapport à... On ne m'enlèvera pas de l'esprit que le rapport à la sensibilité et donc le rapport à la douceur physique est plus compliqué quand tu viens de classe oppressée. Parce que moi je me suis construit... Bah tu sais quoi, il y a deux semaines je dis ça à quelqu'un, il était choqué alors que moi je disais ça de manière très naturelle et c'est en voyant sa réaction que je me suis dit, ah ouais c'est vrai qu'il y a pas un truc... c'est pas normal dans ce que je dis. Mais moi j'expliquais que mon corps il était que là pour recevoir des coups ou faire barrage. On m'a pas appris à ce que mon corps il servait à autre chose tu vois.
- Speaker #0
Bah oui oui, carrément.
- Speaker #1
C'était une zone de caresse, c'était une zone de câlins, etc. Ça n'existe pas ça. Donc de fait, quand tu baisses forcément et que tu baisses comme un pauvre, il y a un rapport à la douceur qui est moindre. En tout cas, dans mon cas, je ne dis pas que tous les pauvres baissent comme ça, ils ne sont pas capables de faire pas de douceur. Il y a aussi une histoire, dans ma partie, de mon histoire personnelle. Mais le fait que globalement, même dans la masculinité, les hommes, on nous coupe un peu de la douceur, on ne nous cartographie pas ces chemins-là.
- Speaker #0
Forcément, tu rajoutes ça, plus la casse sociale et tout, plus le domaine perso, ça fait beaucoup de choses.
- Speaker #1
Moi, je suis d'accord avec toi. Pour le coup, déjà, tu exprimes ton point de vue. On n'est pas là pour parler de vérité générale. Chacun donne son idée des choses. Mais là où je suis d'accord avec toi, c'est que dans les codes de la rue, et notamment dans les codes de la rue pour les hommes, il y a quand même ce côté d'être assez fort. La douceur ne fait pas forcément partie du game. Et oui, on parle plutôt de... Ouais, pour le coup, tu baisses plus que tu fais l'amour. Je trouve qu'il y a quand même beaucoup ça, vraiment dans le code de la rue.
- Speaker #0
Ouais, de fou. Alors moi, je me permettrais juste de rebondir sur ça parce que je ne m'inscris pas du tout dans... Je pense qu'il faut se méfier avec l'expression de la rue. Moi, je ne m'inscris pas du tout là-dedans. Je pense qu'elle peut être très source de stéréotypes dans le sens où en gros, il n'y a pas besoin d'être dans la rue. Tu peux être un pauvre qui reste chez toi, qui rentre chez toi, qui geek ou même qui peut être à la campagne, etc. En fait, ce n'est pas une question de... Tu vois ce que ça peut déclencher aux gens derrière la rue, le même genre de gens qui... qu'ils mettent, tu vois, qu'ils parquent dans ces expressions-là. Et je pense juste que c'est une question… Ce n'est pas lié à ça, c'est dans les codes de la masculinité globale. Parce qu'en vrai de vrai, même un bourgeois, dans sa masculinité, on ne lui cartographie pas non plus, quand c'est un homme cis, les chemins vers la douceur. C'est juste que, comme quand tu es dans des classes privilégiées, il y a des rapports à la violence qui sont moindres. que quand tu ne l'es pas, du coup, ça atténue un peu. Mais je pense que ça concerne les hommes au global.
- Speaker #1
Oui, oui. Ça, c'est sûr que le côté homme fort, ne pas montrer ses émotions, ne pas être doux. Il suffit de regarder. C'est un truc qui me frappe tout le temps sur les applis de rencontre. Regarder les photos des mecs. Je pense qu'on peut compter sur le doigt d'une main les mecs qui sourient sur leurs photos. C'est un truc, moi, ça m'a toujours frappé. Je me suis dit, mais pourquoi ? Pourquoi il faut toujours faire des têtes ultra énervées, les sourcils froncés et tout, alors qu'un petit sourire, genre...
- Speaker #0
Le chef, il ne sourit pas. Et les hommes, on leur apprend à être le chef. Et moi, c'est très intéressant que tu dises ça, puisqu'on parlait d'impact sur la vie perso et tout, c'est depuis un an et demi où moi, de naturel, je suis... pas quelqu'un de souriant et depuis un an et demi je me force énormément mais pour moi à plus sourire dans la vie de tous les jours vraiment je les prie en mode parce que je crois au fait qu'il ya des choses qui s'inscrivent en toi comme des réflexes et tu peux croire que c'est toi c'est ta personnalité alors qu'en fait c'est juste des réflexes que tu as pris de part ton environnement parce que tout est déterminisme social casser ses réflexes à faut mettre en place de nouvelles automatismes et moi du coup nouvelle automatique j'essaie de mettre en place et d'être beaucoup plus souriant la vie de ma mère que ma vie sociale n'a jamais autant changé depuis que je fais ça
- Speaker #1
Ah, mais ça ne m'étonne pas du tout. Moi, je... Enfin, pas plus tard qu'hier, tu vois, je baladais mon chien avec une copine et elle me dit, pourquoi quand on est ensemble, à chaque fois, les gens nous croisent, ils nous disent bonjour. Et je lui dis, ben, c'est simple, en fait. Moi, quand on croise des gens, je les regarde dans les yeux et je leur souris. Ben, donc, ils répondent, en fait. Enfin, juste ça, en fait. C'est juste... Ben, ouais, je... Je souris aux gens. Et ça, pour moi, c'est genre... Mais c'est tellement la base. En fait, t'as envie d'aller vers quelqu'un qui sourit. T'as envie d'aller... d'être un peu au contact de quelqu'un qui est un peu joyeux, moi, je trouve ça trop cool.
- Speaker #0
Et ça marche dans les foyers. Tu sais, quand tu as une maman ou un papa, ou deux mamans ou deux papas d'ailleurs, qui sont chaleureux dans le sourire, ça crée aussi des enfants qui ont plus envie d'aller vers eux. Et parfois, il y a des trucs où tu culpabilises en tant qu'enfant et c'est là où on retrouve sur ce sujet de classe. Tu vois, quand tu as ton daron, ta daronne. rentrent, ils sont épuisés, ils n'ont pas forcément de l'espace pour sourire parce que leur journée c'était de la merde, tu n'as pas envie de les déranger, peut-être que dans ta tête tu commences à dire ah ouais je suis un peu en plus, c'est peut-être à cause de moi qu'ils sourient pas, tu vois des trucs comme ça, du coup tu prends plus de responsabilités sur des choses, il y a beaucoup de choses qui se jouent là dedans, donc ouais le sourire je pense que c'est un vrai outil politique aussi, sans tomber à bas de tout se régler avec des sourires, parce que ça nous remercie les... Les sociodèmes bourgeois qui croient que les choses seraient que sans violence, je chie un peu dessus. Mais par contre, c'est un outil qui doit être dans la palette. Oui,
- Speaker #1
je suis d'accord. Et tu as déjà ressenti des attentes, tu vois, du fait de, entre guillemets, de ta classe sociale, etc., des attentes sur toi d'un point de vue sexuel ?
- Speaker #0
Ah ! Alors, je ne sais pas si ça a été autant dans le sexuel, mais il y a un truc que je peux noter. c'est en fait les gens croient qu'il ya un bouton on off ya un ex date à raconter en particulier c'est une fille m'envoie un message en me disant qu'elle apprécie trop ce que je fais etc et moi je me refuse toujours de laisser de la place de répondre aux gens qui fait ça je ne rencontre pas les gens qui qui prennent ce port d'entrée là tout est Mais mon entourage me faisait comprendre que j'étais peut-être un peu trop sévère avec ça. Parce que parfois, il pouvait arriver dans la vie des gens qui disent ça. Mais moi, c'était source de crainte pour moi. Donc, je bâchais toujours. Je te fais la porte ouverte. On se rencontre, on passe un bon moment. Et on passe un moment, on mange dehors. Et du coup, il s'avère qu'on va chez moi. Et quand on rentre chez moi, ma bibliothèque, elle est apparente. Et il s'avère que sur la table, ce jour-là, il y avait le manifeste du Parti communiste de Marx et Hegel que je relisais. Et elle rentre et elle dit Ah, mais c'est pour de vrai ! À partir de cette phrase-là, j'ai su que c'était fini. Et pourquoi j'étais fini ? Parce que je raconte un deuxième truc, ça faisait écho à un truc qui m'était arrivé quelques mois auparavant dans l'année, qui avait entamé le fait que je sois très sévère sur ça. Je parlais à une fille, elle me disait Ah, mais c'est marrant, parce que toi aussi, tu aimes bien un peu l'incarner, ce truc de je viens d'une case populaire Et là, ce jour-là, j'avais pété un plan. J'ai dit, mais comment ça, un carnet ? Tu crois que... En gros, moi... Et en fait, d'un autre côté, je peux... Je peux pas en vouloir aux gens qui n'ont jamais connu ça. J'ai toujours ma partie qui essaie de les comprendre et j'essaie de ne pas m'en vouloir. Mais c'est quand même source d'un gros privilège que de dire ça. Mais comment ça, vous croyez que je finis ma journée, je parle toute ma journée de ces sujets-là, et quand j'arrive, je fais off, tu vois ? Et j'arrête et je passe à autre chose. Mais moi, quand j'arrive chez moi, mes parents continuent d'être tués par le capitalisme. Donc, en vrai, c'est plus le fait sur une attente où il y a un peu ce truc d'être... Alors, toute proportion gardée, je ne comparerai jamais. Mais tu sais, dans le fait d'être objectifié, il y a aussi un truc où tu es objectifié quand tu as fait un transfuge parce que ça fait bander un peu d'avoir son petit transfuge gaucho qui... et féministe qui a compris des trucs et qui a à la fois certains codes bourgeois, mais qui, où tu vois que ça se fait tout le temps le culte sur, ah ouais, il peut démarrer aussi, il peut s'énerver, il dit ce qu'il a à dire, tu vois. Ça veut bander ça. Mais en fait, les gens ne veulent pas accepter le package que ça va avec des réflexions qui soient très profondes et parfois constantes. Et du coup, dans la vie, ça ne l'assume pas au quotidien. Là, il y a des attentes sur ça et c'est un peu comme s'il y avait l'attente de, mais vas-y, mais mets en pause là. déjà tu as envie de dire mais moi si je le pouvais je le mettrais en pause aussi et je le ferai quand je le pourrais mais c'est pas à toi de me l'imposer parce que ça c'est une première violence tu vois c'est une violence comme disait mon dieu mais donc ouais il y a cette attente là et non et après par contre je vais pas mettre de responsabilité aux gens sur les attentes sur le plan sexuel parce que en vrai de vrai les gens entendaient de moi ce que moi je vendais tu vois quand je vends je veux dire comment je m'expliquais et je me suis pas vendu différemment donc tu vois au contraire il y a peut-être il y a peut-être eu plus des attentes dans mon intimité c'est une année j'ai déjà rencontré dans le podcast ou un jour mon ex m'a dit l'ex dont je parlais tout à l'heure elle m'a dit très bien tu me connais par cœur et tout moi c'est génial mais toi tu me laisses aucun accès à toi c'est parti parce qu'elle voulait que je fasse un effort donc je n'ai pas vécu comme une injonction mais c'était plutôt l'inverse tu vois c'est un mode bien mais laisse accès à toi et je trouve ce qui est difficile dans ce cas mais voilà après ce long monologue
- Speaker #1
C'est hyper intéressant cette notion de on-off parce que tu vois, moi, je sais que j'ai dû réapprendre certains de mes comportements naturels que j'avais appris à éteindre, tu sais, pour te conformer, pour t'intégrer, pour faire partie du monde dans lequel j'ai grandi. J'étais obligée de parfois me dire, cette partie de toi n'est pas ouf, il faut la laisser de côté et même dans l'autre sens, tu vois, parce que... évidemment, le fait d'avoir grandi dans des classes beaucoup plus bourgeoises. Moi, tu vois, je voyais beaucoup... Il y avait un truc, moi, qui me frappait, c'était la liberté qu'avaient mes potes, les parents. En fait, ils étaient beaucoup moins présents, par exemple, que mes parents dans l'éducation même de leurs enfants. Et ça fait que, moi, mes potes de classe, ils avaient des libertés, ils pouvaient sortir comme ils voulaient, ils faisaient des trucs et tout. Et moi, j'étais genre, mais c'est quoi cette vie ? C'est quoi ce monde ? Et en fait... Le fait d'avoir accès à ça, ça me montrait un monde auquel moi, je n'avais pas forcément accès. Et quand je rentrais à la maison, c'était un peu, ok, il faut que je remette un peu ma cape de... Bah, moi, je suis dans une famille africaine où, pour le coup, on n'est pas là pour rigoler. Il n'y a pas ce niveau de liberté et tout ça. Et donc, j'ai vraiment appris, justement, à faire cette espèce de on-off, de dire, ça, tu l'éteins, ça, tu l'allumes. Et moi, c'est la thérapie qui m'a aidée, justement, à me dire, non, mais en fait, justement, tu n'es pas censé enlever des parties de ta personnalité. Tu es censé... Ce n'est pas t'incarner, parce qu'en fait, c'est juste être toi-même. Je n'incarne pas, parce que quand tu incarnes, c'est un rôle. Donc là, c'est vraiment juste te reconnecter avec toi-même.
- Speaker #0
J'ai envie de te dire, malgré nous, la société nous donne des rôles. Donc après, il faut se déculpabiliser. Ça me fait penser à une phrase de Mélanie Omaïa avec qui j'ai pas mal travaillé sur un podcast sur le couple mixte. Elle disait, et pour moi, c'est valable pour chaque mixité, quand on lui posait une question, elle disait, du coup, comment on gère ? Comment on fait pour repérer les gens avec qui on peut se conjuguer ou non ? Et elle, dans son cas, elle disait, soyez au plus... autant noir que possible. Et en fait, je pense que c'est valable pour tout. Soyez autant femme que possible, vous verrez comment le mec, il est au niveau du patriarcat. Soyez autant pauvre que possible, sans vous singer, mais dans ce que vous êtes, on verra si la personne vous accepte. Ça marche sur tout, tu vois. Et je pense que c'est comme ça que tu vérifies.
- Speaker #1
Je me souviens très bien de ce moment, parce que déjà, pour la petite histoire, c'est comme ça que j'ai découvert ton podcast. Justement de cet épisode avec Mélanie. Et... Et cette phrase, moi, elle m'a marquée. Elle m'a marquée de fou parce que je me suis dit Putain, merde, ça veut dire quoi dans ma vie ? Si je suis autant noire que possible, autant moi-même que possible, qu'est-ce que ça signifie dans ma vie ? Et tu vois, pour le coup, c'est un truc qui m'a pas mal marquée, influencée, mais en vrai, c'est ça, c'est ce côté, le on-off là. Mais ça, c'est pas possible. Et je trouve ça trop bien que t'en aies parlé parce que c'est un vrai sujet, en fait. On a tellement pris l'habitude de se conformer et justement de se conformer aux attentes. Et... justement, à plaire, qu'on est beaucoup à avoir développé ce truc d'avoir le bouton. Et donc, en face de nous, on a des gens qui s'attendent à ce que tu éteignes une certaine partie de toi.
- Speaker #0
Exactement.
- Speaker #1
Eh bien, c'est hyper intéressant. Je pense qu'on pourrait parler des heures du sujet, mais bon, de toute façon, on va être limité par le temps. Qu'est-ce que ça t'a apporté de positif ? de rentrer dans un monde un peu plus bourgeois que celui dans lequel tu as grandi, notamment quand on reste dans le contexte de ta vie intime et sexuelle. Qu'est-ce que ça t'a apporté ? Est-ce que ça t'a permis d'explorer des choses que tu n'aurais pas forcément pu faire si tu étais resté dans ton univers ?
- Speaker #0
C'est marrant. Je vois là, de manière impétueuse et par réflexe un peu, j'allais répondre à rien alors que c'est faux. Mais je pense que c'est encore le mécanisme de défense qui s'active. Parce que je pense que ça m'a apporté d'abord plus de trop moi qu'autre chose. Mais après, si on doit quand même se pencher sur les bons côtés et parler des bons côtés. Si, ça m'a apporté. Mais c'est cynique. Et c'est pour ça que c'est un peu dur de l'accepter et de direct faire jaillir les bonnes réponses. Et tu n'as envie de dire rien. Parce qu'en vrai, ce que ça m'a apporté, c'est plus d'espace. Donc plus d'espace, ça veut dire plus de... plus de manières de m'appréhender, plus d'espace pour accepter une diversité dans ce que je suis. Mais c'est très cynique et ça me fait de la peine parce que ça veut dire que ça te met sous les yeux que la dignité, le bonheur et la santé mentale, elle est d'abord plus réservée à des personnes privilégiées qu'à d'autres. Et ça fout le démon parce que tu te dis que tu es obligé. de tendre vers ça pour avoir plus d'espace et découvrir certaines choses. Mais je ne sais pas, là, tu vois, dans quelques temps, j'ambitionne sûrement de mettre une boucle d'oreille la vie de ma mère que je n'aurais pas pu faire il y a quelques années. Parce qu'il y a quelques années, j'aurais lu ça et je me serais dit, même si j'avais d'autres pensées, je ne l'aurais pas assumé par rapport à mon environnement, mon image. En fait, ça m'a offert de l'espace pour m'assumer qui j'étais pleinement. dire mais tu vas rien faire genre je vais exister comme j'existe et si ça ne correspond pas aux pauvres avec qui j'ai grandi ni aux riches avec qui que je croise un peu plus souvent même si je ne traîne pas avec eux ni que ça ne marche, je continuerai mon bonhomme de chemin donc ça m'a offert le fait de m'assumer je pense que si tu es très oppressé tu ne peux pas autant t'assumer je suis
- Speaker #1
100% d'accord avec toi Et moi, je comprends, et moi notamment dans ma sexualité, le fait d'être dans un monde où... où j'avais l'impression, parce que c'est pas forcément vrai, c'est plus une impression, qu'il y avait plus de liberté, ça m'a aussi donné vachement plus de liberté à aller m'exprimer. Et après, pour te répondre, tu vas sur le côté positif, mais qui est en fait un peu un goût amer. Moi, ce que je trouve aussi hyper intéressant, c'est que du coup, tu vas pouvoir aussi montrer qu'on n'a pas besoin de devenir bourgeois pour pouvoir s'autoriser, en fait, tu vois. C'est aussi montrer des exemples différents, parce que ce que tu disais en début d'enregistrement, c'est que des fois, tu es dans ton quartier, tu es dans ta classe sociale, etc. Et tu n'as même pas conscience qu'il y a d'autres choses qui existent, parce que tu n'y as même pas accès.
- Speaker #0
Je ne pourrais pas répondre, vas-y.
- Speaker #1
Non, il va être ceci. Et du coup, tu vois, moi, ce que je trouve... Ce que je trouve, en fait, qui est pour moi une des plus grosses injustices, c'est justement le fait de ne pas avoir l'accès à se dire, en fait, le monde, il est vaste et il est aussi vaste pour toi, peu importe d'où tu viens. Et bien sûr, on n'est pas dupes, ça ne sera pas aussi facile en fonction de ta classe sociale, etc. Mais il y a aussi ce côté de, si tu as envie d'aller voir un peu plus loin, il y en a qui l'ont fait et ça existe et c'est OK, tu vois. Et je trouve que ça, mine de rien, c'est quand même un peu positif. Je te laisse parler.
- Speaker #0
Ouais, mais en fait, pour moi, il faut être nuancé sur ces sujets-là. Il faut être très précis parce que moi, je ne me permettrai jamais... Tu vois, aujourd'hui, je travaille avec beaucoup de gamins. Je ne me permets jamais de dire à un gamin, Regarde, si je lui dis, regarde, c'est possible de le faire, ambitionne autre chose. Je te dis honnêtement, je suis un fils de pute. Parce qu'en fait, ce n'est pas vrai. Ce n'est pas vrai. Quand j'étais dedans, matériellement, je parle matériellement dans le sens de définition marxiste et tout. matériellement avec les outils avec la matière que j'avais devant moi quand j'étais jeune à sa place c'est pas vrai je pouvais pas tu vois ce qui est le seul chose qui m'a permis ça le seul chose qui m'a permis d'avoir plus de matière c'est de faire mon transfuge et c'est là où c'est cynique et en fait il faut faire très attention c'est que parce que si d'un côté je peux pas non plus que venir lui dire c'est mon transfuge qui m'a permis tout ça parce que ça veut dire que lui sans ses armes je vais juste le mettre dans un discours dans une logique de ça veut dire qu'il faut que je devienne riche pour être heureux il va faire la course à ça C'est un petit produit du capitalisme. Je pense qu'il faut juste avoir deux discours. Il ne faut pas avoir peur d'avoir deux discours. Il faut adapter le discours selon face à qui tu es. Si je suis face à un gamin, je lui dirais qu'il y a d'autres choses qui existent. Être un homme, ce n'est pas que ça. Je vais continuer à lui dire, etc. Lui, moi, je me dois de lui passer ce message-là à lui. Après, ce qui est très important, c'est que si je veux que ce message que je passe à ce gamin-là soit efficace, Il faut que j'ai un autre message en parallèle qui soit à ceux qui mettent en place les choses, à savoir ceux qui détiennent les pouvoirs politiques, etc. Et de leur dire à eux, rendez la dignité aux gens. Rendre la dignité aux gens, ça veut dire offrir de l'espace à tout le monde. Bien sûr. Et c'est pour ça que sur ce sujet-là, ça me tient à cœur d'être très précis. Parce qu'on a vite fait d'embarquer sur... Il n'y a pas longtemps, j'ai fait une vidéo sur ça, sur par exemple les gens qui veulent bien faire et qui veulent faire de l'éducation financière aux gens, leur disant, toi aussi, tu peux être indépendant et tu as envie de lui dire, mais frérot, je vois bien ta bonne intention. Mais en fait, le capitalisme marche d'une manière parce qu'il y a des exploitants, des exploités, des oppresseurs, des oppressés. Donc, ce que tu proposes juste comme schéma à l'autre personne, c'est de devenir un oppresseur, plus qu'il soit oppressé. Moi, je dis juste, venez, on parle d'autre chose, tu vois. Et voilà.
- Speaker #1
Non, mais tu fais bien de préciser, parce que pour le coup, tu précises ma pensée. C'est pas tant regardez-moi, j'ai réussi, faites comme moi c'est même pas ça. En fait, moi, ce que je trouve horrible, c'est le fait de se dire… Moi, j'estime que j'ai eu de la chance que mes parents se disent vas-y, on mangera des pâtes et on mettra pas de beurre dans les pâtes et ce sera un peu la merde Mais je veux qu'elle ait… Oui, l'éducation la plus pointue. Mes parents l'ont aussi fait dans le sens où ils savaient très bien qu'on allait être victime de racisme et ils voulaient qu'on ait quelque chose sur lequel on ne puisse pas revenir. Et donc, ils ont tout misé sur l'éducation, les diplômes, etc. Ils se sont dit, au moins, bien sûr qu'ils vont avoir des galères parce qu'ils sont noirs et tout, ça c'est sûr, mais au moins, on ne pourra jamais leur enlever ça. Et donc, c'est pour ça qu'ils sont allés là. Mais je me dis, c'est d'une telle injustice, c'est d'une... telle injustice tu vois et après c'est plus tu vois à notre échelle bah comment est-ce qu'on peut moi je me dis un peu bas quand je peux redonner parce que j'ai eu de la chance tu vois je me dis j'ai eu de la chance alors après j'ai pris mes claques 1 et c'est la vie n'a pas été facile et tout mais comment je peux redonner tu vois qu'est ce que je peux faire pour Moi aussi, mettre un peu ma pierre à l'édifice pour réduire un peu.
- Speaker #0
C'est une question ?
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Moi, je pense que c'est en parlant à ton groupe de potes dont tu parlais.
- Speaker #1
Je ne les vois plus.
- Speaker #0
Mais c'est ça, tu vois, c'est que tu as des gens, c'est ça. Et je pense qu'il faut... qu'on tente tous, qu'on comprenne tous, qu'on aura tout ça à y gagner si on tend vers des notions de collectif, tu vois. Des choses, elles seraient que en collectif et tant qu'on n'est pas collectif. Et puis après, c'est... Je pense que la meilleure manière de redonner, c'est quand on a l'espace pour le faire, c'est de... Tu vois, je sais pas, je vais prendre un exemple, je sais pas si ça va faire sens, mais moi, ma meilleure manière de redonner... C'est que malgré mon transfuge que je fais, malgré que j'ai de l'espace sur certains sujets pour prendre du recul, je défends toujours le cafard. Je peux très bien dire au cafard en tête à tête des trucs à oué, là, t'as daillé ou quoi, mais publiquement, je défends toujours le cafard. Il y a des gens qui cassent des vides, je les défends. Je vais toujours chercher la raison. J'ai toujours cherché la raison pour les défendre parce qu'il y a toujours une raison. Et cette raison-là, elle explique le privilège qu'ils n'ont pas et que d'autres ont.
- Speaker #1
C'est doux.
- Speaker #0
ça à vous de le faire donc moi ma manière de rendre ça c'est toujours défendre le cafard cafard dans le sens que moi même je me dénomme comme ça parce que la société c'est ce qu'elle nous renvoie j'ai bien compris on
- Speaker #1
va arriver à la fin si t'avais un conseil à donner aux gens comme moi qui sont longtemps sentis entre deux mondes sans pouvoir vraiment trop l'expliquer qu'est-ce que t'aurais envie de leur dire ?
- Speaker #0
Il y a une réponse facile, mais elle est aussi... C'est une réponse de privilégié, parce que moi, je suis un homme blanc sur ça, mais j'avais envie de dire, en vrai, baisse les gens, tu vois, dans le sens où... Mais ça va un peu dans ce que je te disais tout à l'heure, tu vois, sois le plus toi possible. J'ai conscience que pour certaines personnes, c'est plus vocation... Que pour moi, c'est peut-être un peu plus simple de le dire ou quoi, parce qu'il y en a pour certaines personnes, c'est évocateur de traumatisme et c'est dur ou quoi, mais... Non, mais du coup, je dirais plus, tu vois, autour de toi, tu as forcément des gens, comme tout le monde... plus privilégiés qui peuvent servir de bouclier, tu ne pas me lisez pas sur le fait de vous servir de ces boucliers-là. Il y a des gens, socialement, ils sont là pour servir de bouclier. Soit tu les renvoies directement devant l'évidence qu'ils doivent remplir ce rôle-là de bouclier, soit qu'ils aillent là-bas. Mais je pense que quand tu es entre deux mondes, ça veut dire que tu es attaqué de part et d'autre et il vaut mieux avoir des boucliers et s'en servir pour continuer ton chemin.
- Speaker #1
Comment tu navigues dans la vie intime avec tout ça ?
- Speaker #0
Moi, je pense que le meilleur... Et encore une fois, c'est un conseil cynique. Mais je l'ai déjà dit dans Naked et tout quoi. Et je suis très malheureux de devoir donner ce conseil-là. Mais le monde est méchant. Je pense que la seule garantie, par exemple, quand tu es dans ta position de femme, si c'est hétéro, noir... c'est le temps. Il ne faut pas avoir peur de faire durer les trucs pour vérifier les personnes. Parce qu'en vrai, tu vois, je ne sais pas, quand tu arrives dans une chambre d'hôtel, si tu ouvres juste la porte, tu portes tes bagages, tu repars. Tu vas passer un très beau voyage, tu reviens à la chambre d'hôtel, vu que le soir tu te poses, tu commences à remarquer tous les défauts. Ah merde, il y a le fuit là, c'est un amoisissure. Ah, il y a un insecte, il y en a un. Prends le temps, rentre, vérifie si c'est une belle chambre où tu vas pouvoir rester. Ça, s'il y a des trucs à régler, tu coupes, tu demandes à changer de chambre tout de suite. Mais prends le temps pour poser les bonnes bases. Il ne faut pas avoir peur d'être sévère. Je sais la peur qui anime les gens. Oui, encore une fois, c'est injuste. Il y en a certains qui ne veulent pas être seul. Il y en a d'autres qui ont peur d'être seul. Mais la vie de ma mère vaut mieux être seule que moi la compagnie.
- Speaker #1
Oui, c'est clair.
- Speaker #0
Et en fait, c'est aussi s'enlever la culpabilité de l'autre côté. Tu ne trouveras personne de parfait. Ça aussi, c'est une grande injustice. Tu ne trouveras personne qui te... Tu peux aller épouser le mec déconstruit que tu veux ou quoi que ce soit. Il te fera toujours subir des choses. Donc du coup, c'est accepter ça, que tout le monde accepte ça. C'est très cynique. très triste, mais c'est la vie. C'est comme ça, c'est comme on a tous des défauts, tu découvriras toujours des défauts. Ce n'est pas toi que je vais l'apprendre au bout de 10 ans, mais qui sont les personnes avec qui tu arrives à faire matériellement avec ces défauts-là, avec ces limites-là ? En fait, je pense qu'il faut plus faire attention à l'intention des gens. Il y a une différence entre gaffer et avoir l'intention de comprendre et gaffer et se braquer quand tu fais remarquer à la personne qu'elle a gaffé, tu vois. Et c'est cette attention-là, je pense qu'il faut surveiller.
- Speaker #1
C'est hyper intéressant. Et tu as parlé de déconstruction. Pour moi, on n'est jamais complètement déconstruit. De toute façon, on est tous complètement fucked up. On est tous complètement... J'aime bien dire qu'on est tous un peu tarés. Et on va tous devoir encore et encore et encore travailler sur ces sujets et évoluer et avancer.
- Speaker #0
Mais certaines personnes plus que d'autres quand même. Il ne faut pas le dire.
- Speaker #1
C'est sûr. Certaines personnes plus que d'autres. Et là, c'est la féministe en moi qui va dire, ouais, les hommes surtout.
- Speaker #0
Ouais, ouais, t'es fou.
- Speaker #1
En tout cas, merci beaucoup. Merci pour ton temps.
- Speaker #0
Merci pour l'aventure. C'était un honneur.
- Speaker #1
C'était vraiment très, très, très, très cool. Avant que je te pose ma petite dernière question que je pose à tout le monde, où est-ce qu'on peut te retrouver ? C'est quoi tes actus ?
- Speaker #0
Un update pour le podcast sur les réseaux sociaux. Pour mon compte écrivain et artiste, c'est l'écrivain LES, C-R-I-S-V-A-I-N-S. Parce que mon premier métier, c'est auteur de base. Là, ça fait un an que je rôde un spectacle qui s'appelle Salaud de Pauvre, qui parle de ce que nous fait le capitalisme. Je viens de sortir mon troisième livre qui s'appelle Plénitude et qui est toujours dispo à la commande, où ça parle de ces sujets-là. C'est une forme plus avide quand j'en parle dans mon art. Et voilà, on fait des événements avec Annecdade. Le prochain, c'est le 14 novembre. C'est une Annecdade partie. C'est une scène où là, on est là pour rigoler parce que parler de ces sujets-là, c'est aussi rigoler. En gros, on invite et on ouvre la scène à tout le monde qui veut venir raconter son Annecdade. de son anecdote de date la plus drôle, la plus marquante, la plus mignonne ou une leçon de vie. Donc voilà, et comme je l'ai dit, si vous voulez faire appel à moi pour que j'intervienne dans vos entreprises, n'hésitez pas à envoyer un message aussi.
- Speaker #1
Trop bien. Écoute, j'ai vu que tu faisais une anecdote partie. Je devais venir, il y a une fois, je devais venir, mais j'étais ultra malade, donc j'ai dû annuler et j'avais pris ma place et tout. Et là, je vais essayer de venir le 14, t'as dit, c'est ça ?
- Speaker #0
Oui, le 14 novembre.
- Speaker #1
Ouais, bon, je vais essayer de... Je ne sais pas si je passerai sur scène, parce que bon...
- Speaker #0
Et tu as des gens qui se chauffent le jour J, ça.
- Speaker #1
Voilà, en tout cas, j'ai prévu de faire un tour.
- Speaker #0
Ok, parfait, on t'attend. Avec plaisir.
- Speaker #1
Et pour finir, je pose la question à tout le monde. Si la sexualité était un animal, pour toi, ça serait quoi et pourquoi ?
- Speaker #0
Bon, allez, je dirais un koala, comme ça, ça tend vers la douceur un peu, tu vois. On ne peut plus se paraître.
- Speaker #1
un peu de douceur dans ce monde de bruit super merci beaucoup merci à toi je te souhaite une très bonne journée merci