- Speaker #0
en partenariat avec l'Institut Louis Bachelier et le FINDEV Lab. Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans ce nouvel épisode de Take Off, le premier de la saison 4 et le premier d'une nouvelle formule puisque Take Off fait peau neuve et nous nous engageons dans un projet ambitieux baptisé Génération Émergent. Alors, Génération Émergent Caisse, c'est une association à l'organisation la plus horizontale possible qui vise à réunir les jeunes engagés pour le développement et à héberger leurs projets mais aussi à diffuser, pour ainsi dire, des réflexions nouvelles sur ces sujets par le biais de conférences, de notes, etc. Et enfin, à co-construire ensemble un plaidoyer, celui de la jeunesse, qui ne porte pas les combats et les stigmates des générations précédentes, et qui est donc sans doute la génération à même de réoxygéner le débat et de faire des ponts, ceux-là même de nos parcours de vie, entre l'Afrique, le Maghreb, la France, l'Amérique latine. N'hésitez pas à nous retrouver le 10 octobre prochain. Bloquez votre soirée, suivez-nous sur les réseaux pour plus d'informations, pour notre soirée de lancement. Et avec moi aujourd'hui, Émir. que vous avez déjà entendu dans l'épisode en compagnie de Papa Doucard notamment, que nous vous invitons à redécouvrir. Et nous avons le plaisir, avec Émir, de recevoir aujourd'hui, pour cette nouvelle saison, Cyril Nkounchou. Cyril Nkounchou, bonjour et merci d'avoir accepté notre invitation.
- Speaker #1
Bonjour Wessim, bonjour Émir.
- Speaker #0
Alors vous nous direz comment vous vous définiez, mais on voit sur Internet, soit financier, soit économiste, en fonction de si on regarde les études ou l'activité professionnelle. Vous êtes un homme d'affaires kamouné. Vous êtes passé par Harvard notamment. Et on ne va pas trop aller dans le storytelling, mais quand même, peut-être dire un mot de cette famille assez unique dans son genre, puisque vous-même et vos deux frères formez une fratrie originaire du Cameroun avec des parcours scolaires exemplaires et des carrières dans des grandes entreprises, toujours avec un lien avec le continent africain. Vous avez certainement tous vos singularités, et je pense que ça doit vous fatiguer de toujours rassembler par les interviewers. Mais quelles sont selon vous les éléments communs de vos parcours qui expliquent cette volonté d'engagement, ce succès et vos choix ?
- Speaker #1
Écoute, merci. Oui, c'est une question difficile. C'est vrai qu'on est souvent présenté par rapport à la fratrie. C'est vrai que nous sommes nombreux. En fait, nous sommes issus d'une famille de sept, avec quatre garçons. trois filles. C'est vrai que chacun finalement a suivi son parcours à fois scolaire et professionnel différent. Finalement beaucoup ont ont atterri dans le domaine de la finance, d'où cet article de Jeune Afrique il y a plusieurs années qui mettait l'accent sur la fratrie, puisque nous sommes quatre qui sont dans la finance. Bon, chacun a vraiment finalement ses individualités. Je pense que c'est juste par accident que quatre sur sept se sont retrouvés dans la finance. Moi, personnellement, je me définis plus comme un entrepreneur dans le domaine de la finance. Entrepreneur parce que maintenant il y a de cela plus de 24 ans que je me suis lancé dans l'entrepreneuriat. J'ai quitté Mary Lynch qui était la dernière société pour laquelle j'ai travaillé il y a 24 ans pour fonder Liquide Africa, qui était un peu ma première aventure entrepreneuriale. Et Liquide Africa déjà à l'origine était une aventure entrepreneuriale dans le domaine de la finance. Je me définis en tout cas plus comme un entrepreneur que comme un financier. Mais effectivement, la finance est aussi un domaine dans lequel on peut tout à fait s'épanouir en tant qu'entrepreneur.
- Speaker #2
Merci beaucoup pour cette réponse. Vous nous faites une très bonne transition entre notre première partie où on va aborder vos projets dans la finance. Donc comme vous l'avez dit, vous vous définissez comme un entrepreneur dans la finance et vous avez créé une banque d'affaires qui est exclusivement africaine, qui est donc Liquide Africa. On aimerait un peu plus en savoir à ce sujet. Pourriez-vous nous dire quel positionnement vous avez adopté en termes de segments de marché et que peut-on dire en fait de l'industrie en soi de la banque d'affaires en Afrique, notamment en termes de masse critique qu'on a reçu dans ce podcast Severino qui nous confiait que la banque… et l'investissement étant un métier à coût fixe, le continent africain est particulièrement difficile à cet égard en termes de volume de deal flow pour arriver à un moment où on s'équilibre et où effectivement ça devient une activité suffisamment rentable pour être intéressante.
- Speaker #1
Oui, alors c'est d'ailleurs intéressant que vous définissiez Liquide Africa comme une banque d'affaires, parce qu'à l'origine ça n'a pas du tout été. En fait, ma première aventure entrepreneuriale en 2000, quand je quitte Mary Lynch, en fait je surfe sur la vague entrepreneuriale de la première bulle internet, ce que j'appelle bulle parce que bon, quelques années plus tard, les choses étaient tout à fait différentes. Et donc en fait je monte Liquide Africa en 2000 avec l'idée d'être un peu le Bloomberg, et donc j'ai fait un petit peu de travail sur le blog, de l'Afrique, quoi. Donc, de pouvoir à la fois offrir de l'information financière, permettre de, je dirais, de faire des transactions sur les marchés financiers, de pouvoir avoir une place, je dirais, sur Internet, qui regroupe à la fois l'information économique, mais également financière, sur les bourses africaines. Donc, c'est ça, l'idée, en fait, à l'origine. Ça n'a rien à voir avec une banque d'affaires. Mais on va y arriver. Comment on arrive à une banque d'affaires, finalement ? Et c'est là où, vraiment, tout le... Les beautés du parcours entrepreneurial, c'est que très vite, en 2001-2002, la bulle éclate et je me rends compte que je suis trop en avance sur mon temps. L'internet en Afrique est trop lent et les institutionnels n'ont aucun appétit pour faire des transactions sur internet. J'ai eu la chance d'ailleurs en... Je me définis toujours comme un entrepreneur, mais j'ai eu la particularité, dès les années 2000, de lever des fonds auprès d'un fonds de capital risque. Donc, j'étais, je pense, un des premiers, en tout cas africains, à se lancer dans l'aventure avec l'appui de fonds d'investissement. Donc, je dis ça parce que ce sera important sur les raisons pour lesquelles je suis arrivé à, finalement, fonder une banque d'affaires. Donc, en 2001, la bulle Internet éclate. J'ai dépensé tous les fonds que j'ai levés auprès des investisseurs et je me pose la question de savoir qu'est-ce que je fais ? Comment je me réinvente ? Finalement, de tout le travail qui avait été fait au niveau de Liquide Africa, le portal d'information et toute la relation que j'avais pu développer avec les différentes sources d'informations économiques, c'est ce qui avait une valeur. Et finalement, je cède cette activité à Euromonnaie Je décide finalement de reconcentrer Liquide Africa vers quelque chose qui n'avait rien à voir avec Internet, mais qui s'appuie sur mon expérience de lever des fonds en tant qu'entrepreneur, en me disant finalement, une des choses que j'ai faites au cours de ces deux, trois années, c'est d'être capable de convaincre des investisseurs de me faire confiance pour mobiliser des fonds et me lancer dans l'action entrepreneuriale. C'est une compétence que je peux vendre. auprès d'autres entrepreneurs. Donc je me dis, c'est ça l'idée de Jenny, c'est le début du capital risque en Afrique, donc tous les premiers fonds d'investissement focalisés sur l'Afrique datent à peu près de cette période-là. Et donc, c'est comme ça que je me lance dans l'aventure, de me dire, écoute, j'ai n'ai qu'à monter une petite boutique, une banque d'affaires boutique, qui effectivement va intermédier les transactions entre des entrepreneurs et puis le private equity, qui était une industrie nouvelle. afrique et donc c'est comme ça que je me retrouve à faire de la banque d'affaires donc c'est un peu comme ça que je me trouve à j'avais à faire du de la banque d'affaires les défis de la banque d'affaires en afrique ils sont multiples le premier c'est la taille du marché la taille du marché est faible et elle est je vais proportionnelle un peu la taille des économies africaines malheureusement le deuxième plus important c'est culturel c'est que le fait que les Beaucoup d'entrepreneurs africains n'apportent pas beaucoup de valeur. au conseil. Pour eux, le conseil, c'est gratuit. Le conseil, vous savez, dans la culture africaine, on donne les conseils gratuitement. Ce n'est pas contre rémunération. Donc, on n'a pas cette culture de dire qu'on va payer pour du conseil. Le troisième facteur le plus important qui fait écho à ce que vous dites, c'est la durée. C'est qu'en fait, les transactions mettent beaucoup plus de temps pour aboutir. Et donc, l'effet, c'est que comme vous avez effectivement des coûts fixes, et que vous avez des coûts fixes du coup que vous avez supportés pendant une période très longue, ça rend vraiment très aléatoire le modèle économique. Parce qu'en fait, vous avez des transactions, il y a toujours un risque que la transaction n'aboutisse pas. Au regard des coûts fixes, les transactions mettent beaucoup de temps, les clients ne sont pas prêts à payer pour du conseil, ou alors ils sont prêts à payer une fois qu'ils ont reçu l'argent. Mais donc, ils ne veulent pas vous payer des retainers. Parce que vous savez, en banque d'affaires, pour mitiger la problématique des coûts fixes, on a ce qu'on appelle des retainers. une charge fixe qui est payée par la société ou à son conseil. Et donc, en Afrique, on est assez réticents de payer des retainers. Donc, effectivement, c'est un métier où vraiment les revenus sont très volatiles. Donc, c'est très, très difficile d'avoir un modèle économique là-dessus. Donc, nous, ce qu'on a fait, c'est pourquoi on est resté finalement boutique. On s'est dit, voilà, on n'a pas besoin d'avoir une... structure de coût fixe trop importante, on va effectivement avoir quelques transactions importantes, un portefeuille de transactions sur lesquelles on travaille en permanence avec des équipes assez réduites. Et effectivement, tous les 6 mois, 12 mois, quand une transaction se conclut, ça nous donnera les moyens de pouvoir tenir pendant les 12 et les 24 mois à venir. Donc finalement, c'est un modèle qui a bien marché, pour nous en tout cas, sur cette niche de servir. particulièrement les entrepreneurs intéressés par mobiliser des fonds auprès du capital risque. Et donc, dès 2008, on s'était constitué un petit capital. Et c'est là, en fait, que j'ai commencé à faire de l'investissement.
- Speaker #0
Alors, je dis, on va y revenir, mais vous passez à la fin de l'année 2000 de l'autre côté du miroir, entre guillemets, puisque vous devenez investisseur vous-même, à nouveau dédié à l'Afrique. et alors là encore la question qu'on a vu, ce que vous faites notamment récemment Exit comme on dit, donc céder vos participations dans Netis qui est un opérateur de télécom il y a beaucoup et ça revient assez souvent on en parle justement aussi avec Jean-Michel Superino des secteurs structurants pour l'économie, télécom banque, infrastructure en Afrique il y a moins d'industries exportatrices ou de consumer goods dans les portefeuilles des fonds de private equity en Afrique, est-ce que c'est une orientation qui est liée au fait que pour garantir des revenus stables il faut un... des sociétés qui sont en lien avec des contrats publics, des infrastructures de base ? Est-ce que c'est lié à l'absence de cibles ? Comment vous faites votre allocation sectorielle ?
- Speaker #1
Je passe à la banque à faire asset management parce qu'effectivement, au bout d'un moment, les transactions vont bien, on a accumulé un petit capital et je me dis, ce capital, je vais l'investir. Et c'est comme ça qu'en fait, je prends goût finalement à l'investissement qui est totalement différent du conseil, de l'activité de conseil. et donc après je me dis mais comment effectivement développer cette activité à taille ? Parce qu'en fait le conseil, l'asset management c'est vraiment une activité de... scale, de taille, de taille critique, quoi, et jusque-là, en fait, on gérait essentiellement de l'argent propre, notre propre capital, l'idée c'était vraiment de comment... et pour, en fait, pour... Obtenir des économies d'échelle, l'idée c'était effectivement de gérer également l'argent de tiers. Et donc c'est comme ça que je m'associe avec mon frère, qui lui vient de cette industrie. Il était chez JP Morgan, Crédit Suisse. et Bluecrest, et qui connaît bien l'industrie, et qui a plutôt des compétences de dette. Moi, j'ai des compétences plutôt d'equity. On s'associe pour fonder Enco Capital, donc un asset manager panafricain. focalise sur l'activité de private equity en ligne avec si vous suivez un peu de filon depuis ma première interaction avec les fonds qui m'ont permis de lever les fonds pour liquide africa ensuite pivoter sur la banque d'affaires et ensuite pivoter sur l'activité de d'assets management donc la façon dont on se répartit les rôles finalement les stratégies au sein de denko c'est que moi je m'occupe plutôt des stratégie action, puisque c'est là effectivement le domaine de l'expertise. Donc, effectivement, au niveau des stratégies action, on lance une activité de private equity, donc investissement dans des sociétés privées africaines. Donc, quelles sont les meilleures opportunités ? Les meilleures opportunités en Afrique, en tout cas de ce qu'on a pu observer, je citerai deux secteurs particuliers. qui connaissent en fait des évolutions. En fait, il y a des vagues. Si vous prenez par exemple la première vague, c'est celle des télécommunications. Donc les télécommunications, dès les années 2000, le mobile, effectivement les sociétés qui ont la meilleure performance sont les sociétés, les opérateurs de mobile. Donc ça dure chaque vague, ça va durer peut-être 5 à 10 ans. Ensuite c'est la vague de la digitalisation. l'Internet mobile. Ensuite, on passe à la vague du mobile money, toujours au sein des télécoms, c'est-à-dire les sociétés télécoms. C'est le mobile money. Ensuite, c'est la digitalisation, donc la fibre. Et là, par exemple, aujourd'hui, ce qui est très en vogue en Afrique et ce qui marche bien comme domaine d'investissement, c'est les data centers. des data centers, et vous savez, on est à l'heure de l'intelligence artificielle, et vraiment ça nécessite beaucoup de capacité d'hébergement, et donc les data centers sont effectivement... Donc ce qu'on constate, c'est que vraiment à chaque période, il faut être vraiment sur la bonne thématique. On est toujours dans la thématique télécommunications, mais on passe du mobile... Ensuite, l'Internet mobile, ensuite le mobile money, ensuite le data, la fibre. Et là, maintenant, je pense les data centers. Donc, effectivement, sur notre fonds, l'investissement qui a été le plus performant. Et vous faisiez allusion à l'investissement dans la société Netis. C'est une société qui est fournisseur de services aux industries de télécom, notamment aux opérateurs de tours. Vous savez, pour que les réseaux fonctionnent, il faut des tours de télécommunications, et donc il faut les maintenir. Et donc, il y a des sociétés, beaucoup d'opérateurs sous-traitent cette maintenance à des sociétés telles que Netis. Dans le domaine financier, en Afrique, c'est... Les banques étant des entités régulées, finalement, c'est une activité relativement rentable. Malheureusement, essentiellement au service de l'État, puisque, en fait, objectivement, les banques en Afrique financent principalement les États. Donc ça aussi, c'est un domaine d'activité qui, historiquement, si une institution bancaire bien gérée en Afrique, normalement, gagne de l'argent sans grande difficulté. Et aujourd'hui, bon... les secteurs qui sont porteurs toujours dans le domaine de la banque, c'est plus les fintechs. Parce que les technologies révolutionnent complètement le secteur financier en Afrique. Et donc on est dans une vague là, aujourd'hui, où les investissements qui en devant un plus, c'est plus les fintechs.
- Speaker #0
Et du coup, peut-être pour... Vous nous avez dit que c'est plutôt votre frère Alain qui s'occupe de la partie de dette, mais c'est quand même intéressant d'en dire un mot, et notamment en lien avec ce que vous disiez sur le fait que les banques financent essentiellement la dette souveraine, et les banques de bilan, j'entends, financent essentiellement la dette souveraine, vous avez en fait, pour la clarté de nos auditeurs, en fait, vous faites plusieurs choses en tête, vous faites à la fois de la dette listée, enfin publique, au sens, pas d'émetteur public, mais sur des places, BVMA, à bien. BRVM, etc., les bourses de valeur mobilière, et de la private debt, au sens de dette entreprise non listée, dette non listée, et donc c'est plutôt la dette mécanique, etc. Est-ce que, quelle perspective vous voyez sur ce marché de la dette en Afrique, notamment en termes de monnaie, de currency ? Est-ce que vous pensez qu'il va y avoir de plus en plus d'émetteurs sur les... Bourse de valeur mobilière classique, ou est-ce que ça va passer beaucoup plus par justement des fonds de private debt ? Comment tout ça va, à votre avis, évoluer sur longue période ?
- Speaker #1
Déjà, peut-être sur les marchés de capitaux africains, ce qu'il faut comprendre, c'est que ce sont surtout des marchés de dette. Le stock et le flux de dette en Afrique est bien supérieur au stock et au flux de... d'actions donc ça c'est important de comprendre que c'est le plus gros marché or c'est un marché qui est dominé par les émetteurs publics donc en fait le gros du stock et des flux sont essentiellement publics parce que les états africains se financent beaucoup sur les marchés de dette soit de dette locale soit de dette internationale à travers les tout ce qui est eurobonds d'émissions de type de type eurobonds le marché donc privé, il est encore embryonnaire, parce qu'en fait l'essentiellement de la dette des sociétés est fournie par les banques. Mais les banques, en fait, ne le font pas mal, mais en fait, elles sont contraintes. À leur ratio d'équité. À leur ratio d'équité, tu vois, elles ont les réglementations qui les obligent, quand elles octroient un crédit, à avoir des sécurités, et elles n'ont pas accès à des ressources longues. Donc il y a tout un faisceau de facteurs qui font que pour les banques, elles sont limitées dans leur capacité à accompagner les sociétés dans les instruments de dette. Et donc c'est là où vraiment... sur cette niche-là, que se développe le crédit privé, la dette privée, où en fait, il y a des acteurs de type fonds qui se positionnent, effectivement, là où les banques ont plus de mal, c'est-à-dire sur des maturités plus longues et effectivement, dans des approches de crédit qui sont plus basées sur les cash flows que sur les sécurités réelles. Donc c'est vraiment là l'opportunité de... de ce qu'on appelle la dette privée. Et donc à cet effet, nous on opère en fait sur les deux tableaux. Donc on a effectivement des activités, on a un fonds qui est d'ailleurs le fonds qui a le plus gros et qui a le plus de succès, qui est géré par les équipes à Londres, par mon frère, le fonds Enco Africa Debt Fund, qui effectivement traite plutôt de la dette publique. avec du levier, et donc qui déploie toute une série de stratégies pour pouvoir délivrer un retour sur investissement important aux investisseurs en traitant de ces produits-là. Et là, récemment, et on espère que ça va être lancé d'ici la fin de l'année, On va également lancer un fonds de dette privé, cette fois-ci, qui lui, par contre, va s'orienter beaucoup plus vers les entreprises, et qui, effectivement, va un peu servir de ce bridge-là pour combler ce segment sur lequel les banques ont du mal, qui est effectivement ce segment de maturité un peu plus longue. C'est-à-dire qu'en Afrique, dès que vous voulez emprunter à plus de 3, 4, 5 ans, il y a peu de banques qui ont des ressources adéquates. Dès que vous voulez aussi emprunter sur la base plus de votre cash flow que de vos sécurités, des garanties, des sûretés que vous êtes capable d'apporter.
- Speaker #0
Et là-dessus, justement, de la parole à Amir, c'est vrai que c'est impressionnant, notamment parce que c'est le cas en Afrique subsaharienne, mais notamment au Maghreb, le niveau d'effet d'éviction du public au sens du souverain sur les bilans des banques, en fait, il préempte 80% du volume que peut consentir la banque.
- Speaker #1
C'est pourquoi je le disais tout à l'heure, en fait, les banques en Afrique sont une banque normalement bien gérée, elle gagne bien sa vie parce que finalement, elle prend des dépôts des clients à qui elle offre des taux finalement assez faibles pour essentiellement acheter du papier d'État. Et donc, comme... par définition, les règles veuillent que l'État ne fasse pas défaut, même si ce n'est pas... Les exemples récents, notamment aux ganants, ont pu prouver que ce n'est pas toujours le cas. Voilà, elles sont capables de générer effectivement un profit stable sans prendre de gros risques. Donc ça, c'est vraiment un problème. C'est un problème parce que, du coup, les banques financent très peu le... Le secteur privé qui pourtant doit être le moteur de l'économie. Et effectivement, les États ont une place trop répondérante aussi bien dans le système bancaire que dans l'économie. Ça, c'est effectivement un problème des économies africaines qui du coup dépendent fortement de la capacité de l'État à bien gérer ses finances.
- Speaker #2
Merci beaucoup. Pour cette dernière question sur la partie qui aborde votre parcours entrepreneurial dans la finance, on va quelque part boucler la boucle en parlant des investisseurs dans vos fonds. les Limited Partners et les LPs qui en Afrique sont largement dominés par les DFI, les Development Financial Institutions, les Proparco, BII, IFC. Vous, Enco Capital, vous avez eu cette particularité que vous avez réussi à lever pas mal de fonds auprès d'institutionnels africains. On peut citer les caisses de retraite notamment des banques centrales, d'Afrique centrale ou d'Afrique de l'Ouest. Est-ce que premièrement vous pourriez nous faire un aperçu du paysage des investisseurs institutionnels africains existants et secondement, sans révéler évidemment de secrets industriels, expliquer votre réussite en la matière et quels seraient les moyens d'augmenter l'implication des institutionnels africains dans le private equity.
- Speaker #1
Alors peut-être pour commencer par le paysage institutionnel africain, alors... Ce n'est pas forcément un signal africain, c'est effectivement le paysage des investisseurs qui investissent en Afrique. Donc ce paysage, pour ce qui est du coup de tout ce qui est stratégie de type equity ou stratégie alternative d'aide privée, largement et principalement ce sont les agences de développement. Ce sont les agences de développement pour la simple raison que malheureusement au cours des dix dernières années, il y a L'investissement privé en Afrique est limité. L'appétit en tout cas d'investisseurs privés étrangers pour l'Afrique est limité, parce que les opportunités sont bien meilleures ailleurs. Malheureusement, si vous regardez par exemple dans le domaine du private equity, les retours sur investissement des fonds n'ont pas été à la hauteur, et certainement sont bien plus faibles. que les retours observés auprès de fonds sur d'autres géographies. Typiquement, un fonds très performant aux États-Unis fait facilement du 30% l'année. En Afrique, les meilleurs fonds sont plutôt autour de 15, mais la moyenne est bien en dessous du coût du capital. Je ne vais pas vous révéler la moyenne, mais elle est assez basse finalement. Donc, du fait que les retours sont faibles, on a du mal à tirer du capital privé. Donc, du coup, on s'appuie essentiellement sur les... agences de développement. Ceci dit, je pense qu'il y a tout un domaine, il y a tout un pool qui aujourd'hui en Afrique est... Et ignorer, c'est un peu notre focus à ENCO, on est parti du principe qu'il y a de l'argent en Afrique, il y a de l'épargne, même si le taux d'épargne en Afrique est malheureusement assez faible comparé à l'Asie, mais il y a quand même une épargne captive, naturelle, des fonds de pension, des sociétés d'assurance, notamment les assurances vie. Nous, ce qu'on a constaté, c'est que cette épargne est finalement mal gérée. Elle est essentiellement... orientée au service du financement de l'État, puisque finalement, comme je dis, le plus gros marché est celui des emprunts d'État. Et finalement, elle a un retour sur investissement qui est à peine supérieur à celui de l'inflation. Vu notre savoir-faire, ENCO étant une société internationale, notre expérience en matière de gestion, Il y a vraiment un savoir-faire à apporter aux acteurs locaux en matière de gestion d'actifs, déjà pour mieux gérer leurs actifs sur les opportunités qui s'offrent dans leur région, mais également d'essayer de les amener à investir aussi hors de leur zone. Pour ça, il y a quand même une contrainte forte qui est la contrainte d'externalisation. Dans la plupart des pays en Afrique, les institutions ne peuvent pas investir hors de leur zone monétaire. Ils ont des contrôles de change. Donc ça fait qu'elles ne peuvent qu'optimiser.
- Speaker #0
des opportunités d'investissement à l'intérieur de leur zone. Mais ce n'est pas le cas pour tous les acteurs. Et donc, nous, par exemple, au niveau d'Anneco, on fait un effort important pour essayer de convaincre, par exemple, les institutions qui ont de l'argent à long terme, notamment les caisses de retraite, à s'appuyer sur nous pour gérer. gérer leurs fonds. Et donc on a effectivement cette particularité sur les plus de 800 millions d'US dollars d'actifs sous gestion au niveau d'Enco aujourd'hui, d'avoir plus de la moitié qui vient d'institutions africaines. Et donc on combine des stratégies locales et des stratégies panafricaines. Donc quand ces institutions ont la capacité d'investir hors de leur zone, on peut leur offrir une panoplie d'investissements qui est beaucoup plus variée.
- Speaker #1
Merci beaucoup. On va maintenant passer à la partie suivante, où on va aborder IncoEducation, qui est un réseau d'établissements scolaires. africain international, avec donc un programme international, mais ancré dans beaucoup de pays africains. Est-ce que tout d'abord vous pouvez nous dire d'où est venue l'idée de vous lancer dans le secteur de l'éducation, et quels tests différenciants avez-vous eu par rapport à l'offre qui existait déjà ?
- Speaker #0
Alors l'idée... De me lancer dans l'éducation, elle vient effectivement d'une inspiration un peu familiale, puisque ma mère a une école... qu'elle a créé au Cameroun, qui marche très bien de la gaieté depuis plusieurs années. Et effectivement, elle est venue en m'intéressant finalement à ce qu'elle faisait, en me disant comment je pourrais contribuer. Et donc j'ai fait un peu une analyse du marché de l'éducation en Afrique, du paysage en tout cas de l'éducation, en me disant où est-ce qu'on pourrait vraiment apporter de la valeur. Et en fait, mon constat était simple, c'est que... autant sur les 40 dernières années, le taux de scolarisation a augmenté, la qualité a diminué. Ça c'est une tendance qu'on retrouve pratiquement dans tous les pays. Et donc la question a été de dire, qu'est-ce qu'on peut faire pour... améliorer la qualité. Bon, nous étant acteurs privés, bien entendu, puisque au niveau de l'État, voilà, c'est une autre problématique. Donc en tant qu'acteurs privés, qu'est-ce qu'on peut faire pour améliorer la qualité ? L'idée m'est venue de me dire, voilà, ce qu'il faut, c'est là, c'est être arrimé à un curriculum. qui est international, donc qui est reconnu partout. Parce qu'en fait, un des problèmes de beaucoup de pays en Afrique, il y a 54 pays en Afrique, chaque pays a son curriculum, donc c'est très très difficile de comparer, de pouvoir vraiment apprécier la qualité d'un curriculum versus un autre. Et donc l'idée est de se dire, on n'a pas besoin de réinventer la roue, il y a des curriculums... internationaux qui existent, qui sont reconnus, et qui sont un standard international contre lesquels tout le monde peut se mesurer. Et donc on a retenu finalement le curriculum du bac international, International Baccalaureate, qui a été, comme vous le savez, créé à Genève après la Deuxième Guerre mondiale, vraiment dans un esprit d'avoir un curriculum qui ne soit pas national. Comment le rendre accessible ? Parce qu'en fait, ce curriculum, dans les pays africains où il était offert, était essentiellement offert à des tarifs, des frais de scolarité très très élevés. Donc on s'est dit, comment rendre accessible ce curriculum ? Donc l'idée, ça a été vraiment de dire, on va adresser ce problème de baisse de qualité, l'enseignement en Afrique, en essayant d'offrir, en tant que société privée, l'accès à un curriculum de qualité pas cher. Donc après, la question était de savoir comment on le fait. Et donc, on s'est dit, on va appliquer un peu les bonnes recettes du secteur privé, en analysant finalement l'éducation comme un business, et en disant, quels sont les facteurs, les leviers qu'on peut avoir. pour rendre accessible le premier poste de coût, ce sont les profs. Donc on s'est dit, comment font les autres ? Si vous voulez, beaucoup d'écoles internationales qui du coup sont très chères, ce qu'elles font c'est que tous les profs sont expatriés. Donc forcément, elles ont une structure de coût qui est plus élevée, qu'elles sont obligées de refléter. On s'est dit, il y a... Plein d'Africains qui sont de bons profs, il faut juste arriver à distinguer lesquels et bien les former. Et donc c'est ce qu'on a fait, on s'appuie beaucoup plus sur des profs, des enseignants venant d'Afrique et conformes. Le deuxième poste de coût important, c'est l'infrastructure. On s'est dit plutôt que de bâtir de superbes campus, ce qu'on va essayer de faire c'est au départ, quand on lance une école, on va louer un bâtiment qui peut ne pas être une école, mais progressivement on va se donner le temps de bâtir des infrastructures dédiées, mais on ne va pas commencer par ça. Ce qui permet effectivement en termes de coûts, d'aller beaucoup plus vite et donc c'est comme ça qu'on arrive effectivement à offrir l'accès à ce curriculum qui est de qualité. à des tarifs qui sont le quart ou le cinquième de celui qui est pratiqué par les autres écoles internationales. La deuxième chose, ça a été de se dire, pour mesurer finalement le succès de ces élèves, une fois qu'ils auront réussi dans ce curriculum, c'est finalement... dans quelles institutions universitaires ils vont aller. Donc on s'est dit, ça c'est un volet qui est important, donc on met un accent très important sur l'accompagnement des élèves dans leur parcours universitaire, l'idée étant, comme c'est des élèves qui ne sont pas forcément privilégiés, on a rendu effectivement cet enseignement de qualité accessible, ce n'est pas pour autant que les parents ont les moyens de payer une université qui va être chère. Donc c'est de dire, voilà, comment on va essayer de leur trouver des débouchés vers des universités qui ne sont pas chères ou qui offrent des bourses. Donc voilà un petit peu les principaux building blocks, je dirais, du modèle en co-éducation.
- Speaker #2
Alors justement là-dessus, le secteur privé joue deux rôles, en fait, je comprends ce que vous dites. D'une part, c'est substitué à une, ce qui est quand même... on peut le dire, une défaillance des pouvoirs publics dans la capacité à augmenter en proportion de la population le niveau des moyens et donc de la qualité d'éducation. Et en même temps, comme toujours, quand le secteur privé rentre dans un secteur, il y a toujours de la différenciation qui s'opère avec une volonté de se positionner sur des segments différents. Donc vous avez choisi plutôt de vous privilégier de la première mission. de ne pas trop se différencier sur les contenus, de prendre des contenus qui sont reconnus mondialement. Mais on voit aussi, à mesure que cette classe moyenne supérieure émerge avec une volonté d'investir beaucoup dans l'éducation, une offre qui va être de plus en plus pléthorique de la part du secteur privé avec pas mal de différenciations. Comment faire au fond distinguer le bon grain et l'ivraie ? Comment est-ce que vous pensez qu'il y a des systèmes de labels qui pourraient être mis en place ? Parce qu'il y a aussi beaucoup de charlatanisme qui s'installe dans ce domaine-là et que l'indicateur de performance que vous nous donnez, qui à mon avis est fondamental, qui est que font les étudiants après ? Il y a un seul défaut, c'est qu'il est lagging. Il faut attendre 10 ans ou peut-être 10 ans d'enfants qu'on a ruinés avant de se rendre compte qu'en fait, telle ou telle école n'était pas du tout... performante. C'est quoi vos vues là-dessus ?
- Speaker #0
Ce que je voulais dire, c'est que déjà, je pense que l'éducation est un bien public. Donc, je pense que normalement, l'éducation, c'est le rôle de l'État, au même titre que la santé, la défense. Pour moi, c'est un domaine normalement régalien de l'État. Donc, vraiment, il n'y a pas d'ambiguïté. là-dessus. Et donc, normalement, pour des raisons d'équité, je pense, dans une société, l'éducation, ça doit être un bien qui est offert par l'État. Ceci dit, on a un contexte en Afrique qui est assez particulier. On a quand même un contexte où on a plus de 50% de la population qui a moins de 20 ans. C'est un défi énorme pour les États. Les Africains consacrent déjà pour certains 20 voire 30, 40% de leur budget. à l'éducation. À mon chef, oui. Il y a certains... En moyenne, on est à 20. On est à 5% du PIB, on est à peu près à 20% du budget. Donc, de toute façon, on consacre déjà proportionnellement, d'ailleurs, c'est les mêmes ratios que dans les pays développés, sauf que là, on a un mix de populations qui est différent. En Afrique, plus de 50% de la population est scolarisée. Donc, la réalité économique, c'est que les États n'ont pas les moyens, les États africains, les États de pays émergents, en tout cas de pays où la population... la population est aussi jeune, n'ont pas les moyens d'offrir une scolarité, une scolarisation de qualité à toute la population. Donc ça, c'est un fait. Une fois qu'on l'admet et qu'on le reconnaît, la question, c'est de dire voilà... Quelles sont les solutions ? Nous, on pense que la solution, c'est le secteur privé. Et d'ailleurs, on s'inspire de ça par l'exemple indien. L'Inde, on ne peut pas dire que c'est un modèle d'échec en matière d'éducation. Vous savez qu'en Inde, l'enseignement privé représente plus de 50% des effectifs totaux. Les gens ne se rendent pas compte, en fait. Plus de 50% des gens sont scolarisés dans le privé. Donc, je pense que c'est important. En Afrique, on est à peine à 20%. Merci. ça va augmenter, mais il y a encore beaucoup de marge de progrès. Donc je pense que le secteur privé a un rôle essentiel. Il fera toujours, je dirais, la partie haute du marché, c'est-à-dire la partie un peu premium entre guillemets, parce que c'est forcément pour des parents de classe moyenne ou classe supérieure qui ont les moyens, effectivement, de payer pour l'éducation. Donc si le secteur privé peut se focaliser sur cette population-là, ça permet à l'État de mieux focaliser, concentrer ses études, ses ressources sur les populations qui n'ont pas les moyens. de poux, qui n'ont pas accès. Donc je pense que pour moi, c'est ça le bon modèle. C'est ça le bon modèle, donc du coup, au niveau du privé. Par contre... Une fois de plus, j'insiste, l'éducation étant un bien public, c'est important qu'elle soit régulée par l'État. Donc c'est important que l'État organise le secteur privé pour éviter effectivement des abus. Parce que c'est effectivement très facile au niveau de l'éducation, c'est vraiment une promesse qu'on vend. Alors, ce qui se passe aujourd'hui, c'est qu'il y a beaucoup d'outils nouveaux qui... peuvent permettre à mon avis d'améliorer grandement l'efficacité du service finalement qu'est l'éducation. Donc le fait d'impliquer le secteur privé, je pense que le secteur privé est beaucoup plus agile et a même d'apporter cette innovation dans le secteur de l'éducation pour permettre justement d'adresser ce challenge qui est posé par la taille des populations. On a vraiment des populations très importantes à former. Si on le fait de façon classique... Pour vous donner un ordre d'idée, aux États-Unis, ça coûte entre 10 à 15 000 dollars par an, au public, pour former un élève. En Afrique, si vous prenez le budget de l'éducation et que vous divisez par le nombre d'élèves, ça va de 50 dollars dans les pays les plus pauvres, des pays comme le Libéria, à à peine 2-3 000 dollars dans les pays les plus riches. Donc, vous imaginez que si on va faire les choses de la même façon, Là où on peut dépenser de 50 dollars à 3000, contre 15 000 dans des pays développés, on n'a aucune chance. Donc il faut trouver un modèle qui permette de bridger finalement les deux, qui permette d'offrir un enseignement de qualité à moindre coût.
- Speaker #2
En s'appuyant sur la technologie, la rationalisation des coûts. Voilà,
- Speaker #0
sur la technologie, la rationalisation des coûts.
- Speaker #2
Le financement par les...
- Speaker #0
Et le financement par le secteur privé.
- Speaker #1
Alors ça c'est pour le rôle du secteur privé, votre action dans l'enseignement secondaire, mais quid de l'enseignement supérieur, où la question de la scalabilité se pose encore plus, avec aussi un élément de rétention des talents, parce qu'évidemment lorsque l'on envoie des élèves que l'on a très bien formés en Afrique faire leurs études supérieures dans d'autres pays, il y a toujours une question...
- Speaker #2
Parfois ils ne reviennent pas.
- Speaker #1
Parfois ils ne reviennent pas, malheureusement. Mais l'idée c'est donc maintenant, quel est l'avenir de l'enseignement supérieur ? en Afrique, comment ce paysage-là va se structurer, est-ce qu'il y a un business model rentable pour l'enseignement supérieur, et est-ce qu'il y a, on imagine forcément, mais une nécessité d'investissement public plus importante ?
- Speaker #0
Alors je vais peut-être commencer par le dernier point, l'investissement public dans l'enseignement supérieur. Comme je disais, les États ont des ressources limitées, donc malheureusement... Il se pose une question, c'est un peu une question philosophique ou de politique, de dire où est-ce qu'on met l'argent, est-ce qu'on met l'argent sur la formation de base, la formation supérieure. Moi, personnellement, je pense que les États devraient concentrer leurs efforts sur la formation de base. La formation supérieure, le vrai enjeu, c'est un enjeu d'adéquation entre les formations et puis le marché. Chaque fois que vous avez cette adéquation, tout peut se passer. C'est un secteur qui n'a pas besoin de financement. Parce que si vous êtes capable d'avoir une adéquation parfaite entre l'offre et la demande, vous pouvez monter des mécanismes de financement qui permettent... effectivement, de financer facilement l'éducation supérieure. Je pense que l'éducation supérieure a un fort potentiel, effectivement, dans cette optique où on colle au marché. Le gros problème de l'éducation supérieure en Afrique, c'est que ça a été calqué, finalement, sur le modèle occidental, qui est un modèle qui est... parfait pour des économies développées, déjà des économies tertiaires, mais qui n'est pas du tout adaptée pour l'Afrique. Vous avez des situations où on forme beaucoup de docteurs en droit ou de diplômés de lettres, alors que, bon... Là où les besoins, on manque de plombiers, de maçons, de professionnels. Donc je pense que c'est ça vraiment l'enjeu au niveau de l'enseignement supérieur. Je pense que c'est une belle opportunité, nous en tout cas, en tant que... En tant que fonds d'ailleurs, pour notre prochain fonds qu'on est en train de lever actuellement, c'est un des thèmes, le thème de l'enseignement supérieur et de la formation professionnelle, est un thème d'investissement. Il y a des expérimentations assez intéressantes. des entrepreneurs qui sont focalisés sur ce domaine. Par exemple, je pense à Fred Swanicker, le fondateur de Africa Leadership University, qui vraiment fait de gros efforts là-dessus pour essayer de trouver de bons business models qui permettent facilement à des Africains. avoir des formations. Alors c'est intéressant parce que du coup, l'autre paradigme, c'est qu'on a eu tendance, justement en copiant le modèle occidental, à penser que finalement, ce qui fait la qualité de l'enseignement supérieur, c'est le nombre d'années qu'on passe, ce qui n'a aucun sens. C'est pas parce que vous faites un bac plus 5 ou bac plus 10 que vous avez plus de mérite que quelqu'un qui fait une formation qui est adaptée et qui trouve un travail. Et donc, il y a beaucoup de paradigmes à changer. Aujourd'hui, beaucoup de structures d'enseignement supérieur en Afrique sont vraiment des usines à former des chômeurs. Donc il faut vraiment repenser le modèle. Je suis très excité par les opportunités qui s'offrent, si on est capable de repenser cela, et aussi capitaliser sur les nouvelles technologies, parce que justement, l'enseignement supérieur, c'est un domaine où les nouvelles technologies peuvent avoir encore plus d'impact. Parce que autant... Vous voyez, c'est difficile d'un élève en primaire de dire qu'il va être éduqué avec des vidéos. Autant au niveau de l'enseignement supérieur, il y a beaucoup de choses qui peuvent être faites.
- Speaker #2
Dernière question, et ça nous permettra de reboucler. On vous a introduit cet épisode en faisant référence au fait que vous étiez Camounet. Et pour conclure, c'est un pays qui a un potentiel, pour ceux qui ne le connaissent pas, au fond, on pourrait le définir comme un... dans la zone d'Afrique centrale, mais en même temps très proche de l'Afrique de l'Ouest, donc une sorte de pont entre les deux, et puis aussi un pont entre l'Afrique francophone et anglophone, parfois dépeint comme la belle endormie de cette sous-région. Est-ce que, alors je sais qu'il ne faut pas tout ramener aux politiques, parce que c'est souvent le biais des analystes sur l'Afrique, mais il y a aussi des élections dans un an. Vous, en tant qu'homme d'affaires, est-ce que c'est une géographie que vous regardez plus que les autres, parce que vous y êtes sensible ? Et en tant que citoyen, qu'est-ce que vous pensez qu'on peut souhaiter au Cameroun dans les prochaines années ?
- Speaker #0
Écoutez, c'est vrai que vous utilisez l'expression belle endormie moi j'aime bien l'autre expression qui est l'Afrique en miniature, je pense que le Cameroun c'est vraiment un peu un reflet de l'Afrique, un énorme potentiel, il y a vraiment très peu de réalisation, donc vraiment le Cameroun est emblématique de ça, sauf que plus dans le contexte spécifique du Cameroun, il y a beaucoup de forces centrifuges qui créent un climat vraiment difficile, il y a une menace terroriste au nord, il y a... de l'instabilité sécuritaire sur les frontières à l'Est, il y a une rébellion dans le Nord-Ouest, donc il y a vraiment beaucoup de forces centrifuges qui font qu'on est dans un contexte très difficile. Je pense néanmoins que la force du Cameroun, c'est son potentiel humain. Je dis toujours aux gens que, vous savez, on a 15 écoles aujourd'hui au niveau d'un co-éducation dans 10 pays différents. Nos meilleurs élèves, en fait, viennent du Cameroun. Non, je le dis... L'avantage, c'est qu'ils passent le même examen, qui est le bac international. Et aujourd'hui, les meilleurs résultats qu'on a sont au Cameroun. En tout cas, sur le petit échantillon de la dizaine de pays dans lesquels on est. Donc, je pense que vraiment, il y a de l'espoir. La question, c'est comment on arrive à capitaliser là-dessus pour... créer un réel développement économique. Et c'est un peu, je dirais, l'enjeu aussi bien pour le Cameroun que pour l'Afrique. Je pense que... Je suis quand même optimiste pour le Cameroun, parce que je pense que le potentiel humain, c'est ce qu'il y a de plus important. Après, effectivement, il faut créer des conditions pour le permettre de s'épanouir. Ça passe par des développements, des investissements dans l'infrastructure, dans l'éducation. attirer des capitaux étrangers. C'est vrai qu'il y a effectivement le côté politique, mais je pense qu'on surestime souvent l'importance du politique par rapport aux autres facteurs. Donc voilà, j'ai quand même bon espoir de manière générale pour le Cameroun. En tout cas, le potentiel humain est là, et je pense que c'est le plus important. Il faudra juste créer un contexte. qui nous permettent de s'épanouir.
- Speaker #2
Ce sera moi la fin,
- Speaker #0
merci beaucoup Siren Kunshu.