- Speaker #0
Bienvenue dans TCA etc, le podcast qui décrypte les troubles des conduites alimentaires et tout ce qui gravite autour, parce que ça n'est jamais seulement qu'une histoire de bouffe. Je suis Flavie Mitsono et j'accompagne les mangeuses compulsives à devenir des mangeuses libres bien dans leur basket. alimentation, peur du manque, insatisfaction corporelle, peur du jugement, du rejet, empreinte familiale, grossophobie les sujets abordés dans ce podcast sont très vastes et pour ce faire mes invités sont aussi très variés retrouvez-moi aussi sur Instagram où j'aborde tous ces sujets au quotidien sur flavie.mtca très belle écoute Bonjour Nina, bienvenue sur le podcast TCA etc, ravie de t'accueillir ici.
- Speaker #1
Oui bonjour, merci beaucoup Flavie pour cette invitation, je suis ravie d'être là.
- Speaker #0
Trop cool, ce que je te propose pour commencer, pour que les personnes puissent un peu visualiser qui tu es, c'est de te présenter de la manière dont tu as envie en disant exactement ce que tu as envie de nous partager.
- Speaker #1
Ok, du coup, je m'appelle Nina, j'ai 28 ans, je suis d'Orléans et j'ai passé 15 ans de ma vie à lutter contre mon corps, à lutter contre mon poids et à souffrir aussi d'hyperphagie. Donc je vous fais rapidement le calcul, 15 ans de ma vie sur 28 ans d'existence, ça fait une majorité de temps passé à me détester. Donc au fur et à mesure j'ai appris à rejeter la culture des régimes, le culte de la minceur, le culte de la perte de poids Parce que j'ai compris que ça ne m'apporterait pas la sérénité, l'apaisement que je cherchais, ni la santé Et de fil en aiguille j'ai décidé d'aider d'autres femmes à accepter leur corps Et du coup aujourd'hui je suis thérapeute pour femmes grosses et celles qui l'ont été, voilà
- Speaker #0
Ok, super effectivement c'est pour cette raison aussi qu'on échange toutes les deux aujourd'hui sur le podcast c'est pour parler de ce sujet bien précis à la fois très large de l'acceptation corporelle donc on va revenir je pense sur plein de termes acceptation notamment j'ai fait un épisode de podcast il n'y a pas longtemps d'ailleurs sur le sujet où je parlais de la différence entre acceptation et résignation parce que c'est souvent un peu mélangé dans l'esprit des gens et pour beaucoup de femmes qui sont en guerre avec elles-mêmes s'accepter ce serait tu sais un peu baisser les bras quoi je pense que tu vois bien de quoi je veux parler toi-même tu parles de 15 années à te détester donc ça veut dire 15 années à lutter 15 années potentiellement à faire de ça ta priorité genre il faut que je change, il faut que je maigrisse parce que je pourrais m'accepter enfin et du coup de dire ok j'arrête de lutter c'est genre je me laisse tomber alors qu'en fait c'est plutôt tout l'inverse oui totalement,
- Speaker #1
pour celle qui de toute façon on est en podcast donc vous me voyez pas physiquement mais du coup je suis une femme grosse et en fait j'ai toujours été grosse plus ou moins grosses. Et du coup, effectivement, moi, toutes les années où j'ai passé à lutter contre mon corps, à ne pas l'accepter, c'est des années où j'ai passé mon temps à être dans un état de stress intense, de culpabilité, de honte, de frustration. c'est pas être en santé en fait, c'est pas cultiver sa santé et c'est pas être en bonne santé non plus. Alors qu'aujourd'hui, je suis dans l'acceptation de mon corps, mais ça veut pas dire, ok, j'ai décidé que je faisais plus rien et je me laissais mourir. Non, c'est pas du tout ça. Au contraire, s'accepter, c'est aussi chercher à comprendre qui on est vraiment, comment est-ce qu'on fonctionne, ce qu'on veut vraiment dans la vie, ce à quoi on aspire pour soi et pour sa santé. Et à partir de là, c'est décidé des comportements santé qui soient sains, durables et adaptés à nous-mêmes, pour nous-mêmes. Et du coup, l'acceptation de soi, c'est juste le début d'un parcours, d'un chemin de liberté, de paix, de sérénité et beaucoup plus gai que les 15 années que j'ai passé à me détester et à fuir mon corps.
- Speaker #0
Tu disais juste avant, je suis une femme grosse. Qu'est-ce que tu préfères utiliser comme terme ? Tu sais, on entend plein de choses. Alors, de moins en moins, je trouve, ou peut-être parce que je suis un peu dans mon microcosme sur Instagram, avec je ne suis que des comptes qui vont un peu dans la même mouvance que moi, donc peut-être que je suis à côté de la plaque, mais j'ai quand même l'impression qu'on utilise moins les termes de rond, de pulpeuse, et qu'en tout cas, moi, j'utilise généralement plutôt le terme grosse. mais qu'est-ce que tu penses de tout ça et qu'est-ce que tu penses de ces différents termes toi ?
- Speaker #1
Alors avant, c'était hors de question que j'utilise le mot grosse parce que pour moi, ça s'apparentait à une insulte. On l'avait utilisé pour m'insulter, pour me rabaisser. Du coup, j'utilisais le terme ronde. Et après, j'étais un peu dans une phase où je croyais que mon corps était malade, etc. Donc, j'utilisais le terme obésité. Mais aujourd'hui, en fait, je me rends compte que je suis en super santé, que tout va bien. Du coup, je me dis... C'est important aussi que les femmes grosses se réapproprient ce terme. C'est un acte aussi militant d'utiliser le mot grosse Du coup, moi, je milite pour l'acceptation de mon corps, mais aussi de tous les corps. plus size, j'ai envie de dire, tous les corps gros par la société, et utiliser le terme grosse, c'est le réimplanter peu à peu dans le cerveau des gens, et surtout de lui retirer cette connotation hyper péjorative qu'on fait porter au mot, alors qu'au mot prince, au mot blond, à l'adjectif blond, à l'adjectif mince, etc., il n'y a pas de côté péjoratif. Donc pourquoi est-ce qu'on ferait porter ça au terme gros, en fait ?
- Speaker #0
Oui, oui. Ouais, complètement. Et puis avec le côté un peu... Non, non, mais non, t'es pas grosse, tu sais, cette volonté. Non, t'es pas grosse, tu es ronde, t'es pulpeuse, t'es... Il fallait surtout pas poser cet adjectif-là, en fait.
- Speaker #1
C'est ça, ou non, t'es pas grosse, t'es belle. Ouais. Ok.
- Speaker #0
Ok. Je trouve ça intéressant, déjà, que tu parles d'un côté un peu militant. Et on va y venir, on va parler de... de grossophobie, de plein de choses durant cet épisode de podcast parce que ça me semble super important. et ça me semble important aussi de te donner la parole il y a plein d'autres personnes auxquelles je pense aussi à inviter sur ce podcast là parce que c'est bien beau de parler de grossophobie quand on a un corps normé mais tu vois c'est comme de parler de racisme en fait bon moi j'ai la chance d'être blanche, j'ai la chance d'avoir un corps normé donc en fait oui j'ai envie d'être une alliée mais voilà en même temps j'ai parfois pas forcément les bons mots il y a des... la lutte je la connais que de l'extérieur tu vois, je la connais pas de l'intérieur et j'ai envie qu'il y ait des choses qui puissent se dire sur ce podcast là pour que toutes les femmes grosses qui tombent sur le podcast puissent se sentir vraiment entendues, reconnues, qu'elles se reconnaissent en fait là-dedans
- Speaker #1
Oui, parce que comme tu parles du terme d'allié, c'est une position qui n'est pas stable quand on a encore normé, du coup, qu'on n'est pas, comment dire, touché. Je n'ai pas envie d'utiliser le terme touché, mais je n'arrive pas à trouver un autre terme.
- Speaker #0
Tu allais dire concerné, non ? Oui, voilà,
- Speaker #1
concerné. J'allais dire consulté, mais non. Concerné par la grosseur. C'est vrai que le rôle d'allié, c'est... un rôle qui est très instable parce qu'on a toujours peur d'utiliser les mauvais termes, on a toujours peur d'être rejeté soi-même par les personnes grosses qui disent Non mais toi, on n'a pas besoin de ton aide, t'es mince, tais-toi Il y a des personnes grosses qui rejettent les alliés, comme on les appelle, ces personnes minces qui militent aux côtés des personnes grosses. Moi, je sais que... Pour moi, selon moi, l'allié, tout est dans l'intention. Tout est dans l'intention, c'est-à-dire que si un jour, tu as une parole qui peut être... je sais pas, qui peut sonner faux, ou dans le sens où moi, j'aurais pas dit les mots comme ça, parce que ça peut être un peu plus stigmatisant, la manière dont tu l'as dit et tout, c'est OK, parce qu'on sait que l'intention que tu mets derrière, ça se sent forcément. Et on sait que telle personne, elle a un beau fond quand elle parle de la grosseur. Si elle utilise des mots maladroits, on va lui dire, mais elle se remettra très vite en question, etc. Ça, c'est les vrais alliés. Du coup, toi, Flavie, t'es une vraie alliée,
- Speaker #0
ça c'est sûr oui oui mais en même temps c'est intéressant ce que tu dis parce que tu vois moi il y a des d'autres combats dans lesquels je suis engagée et notamment autour du féminisme et certains hommes peuvent être alliés et en même temps il faut faire super attention parce que quand il y a discrimination, il y a invisibilisation tu vois il y a forcément un peu les oppressés, les oppresseurs et du coup Dans le jeu du patriarcat, les oppresseurs sont du côté des hommes, et du coup il peut y avoir un peu une invisibilisation des personnes vraiment concernées, et ça peut être exactement la même chose pour n'importe quelle. cause, voilà, combat, le mot me plaît pas de ouf, mais plutôt pour n'importe quelle cause, et du coup, c'est important aussi, je trouve, de, voilà, enfin, c'est la volonté que j'ai, si tu veux, en discutant avec toi aujourd'hui, et en discutant avec plein d'autres personnes qui sont concernées, aussi parce que j'accompagne plein de gens concernés, moi. Et donc, en fait, c'est aussi pour être une meilleure professionnelle, mais c'est aussi pour donner la parole à ceux qui doivent avoir la parole, enfin, à un moment donné, tu vois, je je me serais pas vue faire je me vois pas faire un épisode complet genre sur la grossophobie toute seule à mon micro genre tu vois j'arrive ouais alors je vais vous dire enfin oui bien sûr j'ai des choses à en dire mais en fait très souvent de toute façon je renvoie vers des comptes tu vois enfin je veux dire il y a plein de comptes qui oeuvrent à ce sujet là sur internet et donc enfin sur instagram et sur internet donc mais bon voilà je vais éviter de m'égarer parce que j'ai des questions que j'ai très envie de te poser et la première question c'est que je me suis demandé quel était ton souvenir, alors le plus ancien ou en tout cas le premier qui te revient en tête, en lien avec ton poids et ou ton corps ?
- Speaker #1
Ça va être très simple. C'est le jour où... Alors j'étais gamine, j'avais 5 ans. Je venais de passer des vacances chez mes grands-parents dans le Nord. Et à l'époque, moi, ma famille habitait à Poitiers, mes parents, on habitait à Poitiers. Et je partais parfois en vacances dans le Nord sans mes parents, chez papi, mamie, voilà, comme tous les tout gamins. Et quand je suis rentrée de ces vacances, la première chose que m'a dite ma mère, c'est pas bonjour, c'est qu'est-ce que t'as grossi ? Et là, ça a été un monde qui s'est effondré. Quand t'es gamin, tu te dis, mais qu'est-ce que j'ai fait de mal ? Pourquoi il réagit comme ça ? Qu'est-ce qui se passe ? Et dans la foulée, il y a eu des rendez-vous chez le médecin qui ont été pris. Le médecin hyper grossophobe, hyper vieille école, qui dit à ma mère qu'il faut tout de suite arrêter les goûters, qu'il faut arrêter même l'eau gazeuse, que j'ai plus le droit de me resservir, des légumes, des légumes, des légumes. En gros, ça a été mes paniques à bord. Tu vois, Titanic, tout le monde court parce que personne n'a envie de couler avec le bateau. Et c'était exactement ça dans ma tête. Je ressentais comme la panique à bord. J'avais fait la plus grosse des bêtises. Et du coup, cet événement-là, ça a déclenché les 15 ans de ma vie à me détester et à lutter contre mon corps et mon poids, en fait.
- Speaker #0
Mais tes parents, ils ont eu ou ils ont des problèmes de poids ? Ils ont quel rapport avec leur corps, leur poids, leur alimentation ? Je dis tes parents, mais là, en l'occurrence, notamment ta maman.
- Speaker #1
Alors, mes parents ne sont pas très gros, mais ils ne sont pas minces non plus. ça ils sont ouais ils sont pas gros mais ils sont pas minces non plus ils ont des formes on va dire ils ont du gras et bah en fait ça a toujours été le sujet du poids ça a toujours été une question à partir du moment où ça a été un sujet pour moi ça a été un sujet surtout pour ma mère en fait ce qui a été le plus dérangeant dans toute cette histoire c'est quelle image mon corps donné de l'éducation qu'on m'avait donnée. Ah,
- Speaker #0
d'accord.
- Speaker #1
Qu'est-ce que les gens vont penser de nous ? C'était surtout ma mère, dans un sens. Mon père, lui, c'était plus le mec cool. Quand ma mère était au boulot ou quoi, on mangeait des pâtes. Il était sympa comme tout. Mais c'était surtout, qu'est-ce que les gens vont penser de nous avec une gamine grosse, en fait ?
- Speaker #0
Forcément, c'est qu'il te nourrissait mal.
- Speaker #1
Ouais, c'est ça, où moi, je manquais de contrôle, je savais pas me tenir, donc ça voulait dire qu'ils avaient échoué sur quelque chose, il y avait plein de préjugés comme ça, et ouais, c'était qu'est-ce que les gens vont penser de nous si on a une enfant grosse, quoi. Mais ça, il ne le disait pas. Si, il y a des moments, c'était Ah, les garçons, ils vont se moquer de toi. Ah, les gens, ils vont se moquer de toi si tu es grosse. Les garçons, ils ne voudront jamais de toi si tu es grosse. En fait, c'était toujours Qu'est-ce que les gens vont penser de nous ? Qu'est-ce que les gens vont penser de toi si tu es grosse ? Donc, en fait, oui, il y avait une vraie peur. Mais de toute façon, ça a toujours été ça chez mes parents. C'est une vraie peur de ce que les autres peuvent penser.
- Speaker #0
J'entends peut-être quelque chose de très maladroit, mais l'envie de te protéger aussi de la grossophobie ambiante et des moqueries à l'école.
- Speaker #1
Alors peut-être, pour moi, ce n'était pas de la grossophobie. Ce n'était ni des moqueries à l'école, parce qu'il y avait vraiment ce dicton chacun sa merde Genre, si j'étais moquée ou quoi à l'école, c'était genre bah, t'inquiète, c'est des trucs de gamins, ça passera Mais en fait, mes parents ont mis très longtemps à m'avoir. Ma mère a fait... Enfin, mon père était stérile, ils habitaient à Paris. Et ils ont mis des années et des années avant de m'avoir. Ils ont perdu... Ma mère a fait des fausses couches, etc. Des œufs clairs avant de m'avoir, etc. Mon père était stérile. Et quand ils m'ont eu, en fait... c'était un miracle. Pour eux, c'était vraiment le miracle. J'ai failli mourir à la naissance. Donc, que je sois restée en vie, c'était encore plus un miracle pour eux. Et du coup, tous les souvenirs que mes proches me racontent du comportement de mes parents quand j'étais petite, c'était que tout était aseptisé, tout était protégé, tout était pour ne pas qu'en fait, ils me perdent. Et je pense que dans leur tête... Le fait d'être grosse, c'était le fait d'être malade ou le fait de développer des maladies et du coup, le fait de mourir jeune, en fait. Et je pense que ce qui leur faisait vraiment peur aussi, en plus du regard des autres, c'était mais on va perdre notre gamine parce qu'elle est grosse.
- Speaker #0
et ils t'ont transmis cette peur ? tu l'as ressenti toi aussi ?
- Speaker #1
oui, oui,
- Speaker #0
oui t'avais peur d'être malade, t'avais peur pour ta santé même en étant petite ?
- Speaker #1
ah non, quand j'étais petite, non mais quand j'ai commencé à grossir oui, j'avais très peur pour ma santé pour moi j'étais malade il y avait forcément quelque chose qui dysfonctionnait dans mon corps je manquais de volonté enfin bref, j'ai commencé à accumuler tous ces clichés sur le poids parce qu'ils m'étaient transmis par mes parents, par le médecin de famille, etc.
- Speaker #0
Ok. Et donc, tu dis que là, on commençait 15 ans de lutte contre ton poids, contre toi-même. Est-ce que tu es passée par différentes phases ? À quoi ça a ressemblé, ces 15 années ?
- Speaker #1
Au début, c'était beaucoup d'incompréhension. Je ne comprenais pas pourquoi mes parents, du jour au lendemain, étaient super durs avec moi au niveau de la nourriture. j'ai très vite développé de l'hyperphagie. Je pense que même l'année suivant le début des restrictions, j'ai développé de l'hyperphagie. Je me souviens, on avait des chiens et ils dormaient dans la cuisine. Et le matin, je me levais avant tout le monde parce que j'étais rationnée en Nutella en fait. Et je prenais le pot de Nutella avec une grosse cuillère. Je m'asseyais dans le panier des chiens. Et à 6 ans, je mangeais le Nutella à la grosse cuillère dans le panier des chiens. avec mes copains en gros. Et quand mes parents se levaient et qu'ils voyaient que la moitié du pot de Nutella avait subitement disparu, j'en prenais plein la gueule. Mais en fait, c'est comme ça que... En fait, ça a été d'abord l'incompréhension, puis le flagellement. La flagellation ou flagellement, je ne sais pas comment on dit. Mais au bout d'un moment, j'ai commencé à me dire que j'étais qu'une merde en fait, que j'étais incapable de maigrir, que mes parents m'auraient plus aimé si j'étais mince. que personne ne voudrait jamais de moi si j'étais grosse. Et cette flagellation... Alors, gros trigger warning, je vais parler de scarification et de tentative de suicide. mais à l'adolescente cette autoflagellation elle s'est transformée vraiment par des actes d'autodestruction envers moi-même je me suis scarifié les bras je me suis scarifié le ventre j'ai tenté de mettre fin à mes jours mais ça, la seule réponse que j'ai eu de la part de mes parents c'est certes ils m'ont emmené voir des psys mais c'était mais qu'est-ce que les gens vont penser de nous ?
- Speaker #0
Ah oui ça continuait en fait Ouais c'était ça
- Speaker #1
Et ils avaient peur pour moi, forcément, mais c'était aussi qu'est-ce que les gens vont penser de nous. Et quand je me souviens d'un soir, j'étais dans mon lit, mon père a découvert mes bras scarifiés. Il a dit, mais quand tu voudras chercher un travail et qu'on verra tes bras, mais qu'est-ce qu'on va penser de toi ? alors que j'étais juste genre mais en fait je veux crever là les gars ça va pas, je ne vais pas bien je me déteste tout ce qu'on me renvoie à la gueule c'est le fait que j'étais trop grosse, machin bidule et du coup voilà ça a été très loin quand j'étais ado,
- Speaker #0
ça a été super loin ok et le dialogue était enfin semblait pas trop possible avec tes parents et la question que je me pose c'est est-ce que T'as pu renouer un dialogue autour de tout ça un jour, ou est-ce que ça reste un peu tabou même aujourd'hui ? ce qui s'est passé pour toi ?
- Speaker #1
Alors aujourd'hui, c'est plus du tout tabou étant donné que j'en ai fait mon métier. Donc en fait, ils sont en partie obligés de reconnaître qu'il y a eu quelques couilles dans le potage à l'époque. Et surtout depuis que j'étudie énormément le sujet du poids, énormément le sujet de la santé, ça leur a permis de prendre conscience que ce n'est pas parce qu'on est gros qu'on est forcément malade, qu'on est forcément fainéant, qu'on est forcément laid, etc. et leur discours a énormément évolué sur moi. Ah, ok. Ouais, ouais.
- Speaker #0
Ah, c'est sur toi, mais est-ce que globalement, c'est la question que je me posais. Est-ce qu'ils ont pu évoluer dans leur croyance autour de ça, du poids, de la santé ?
- Speaker #1
Alors, quand je suis là, je trouve que le discours a évolué. Après, qu'est-ce qui se passe dans mon dos ? C'est pareil, parce que peut-être que quand je suis là, ils ne veulent pas parler de poids, etc. Mais dans mon dos, est-ce que le discours est différent ? Il faut savoir aussi que mes deux parents ont eu des gros problèmes de santé tout récemment. Et souvent, quand les gens, je ne sais pas si tu as déjà remarqué, mais quand les gens frôlent la mort ou du moins ont des gros, gros problèmes de santé qui remettent beaucoup de choses en question. ils changent totalement leur point de vue sur la vie, sur la vie, sur les gens, sur leurs proches. Et moi, depuis ces événements-là, mes parents me disent que je suis belle. Mes parents m'ont toujours dit qu'ils m'aimaient, j'ai jamais manqué de câlins ou quoi. Mais c'est beaucoup plus fréquent. Dire qu'ils sont fiers de moi, fiers de ce que je suis devenue, qu'ils seront toujours là pour moi. Mes deux parents ont un discours. Alors, ils sont divorcés, mais ils ont ce même discours de dire qu'aujourd'hui, je suis une guerrière. Donc, je pense que oui, leur regard a évolué, ne serait-ce que sur moi. Après, de manière générale, je ne saurais pas dire ce qui se passe dans mon dos.
- Speaker #0
Oui, ok. Donc on était rendu à l'adolescence à peu près, où tu dis que ça a été une période hyper difficile, super sombre même pour toi. Et finalement, si je fais les calculs, tu parlais de 15 ans, ça a commencé autour de 5 ans, donc ça s'est apaisé autour de 20 ans à peu près, c'est ça ?
- Speaker #1
Ouais, c'est ça.
- Speaker #0
Et donc, entre ce que tu considères comme être l'adolescence et les 20 ans, est-ce que, enfin, tu vois, il y a eu, déjà, il y avait eu un changement ?
- Speaker #1
Pas vraiment. En fait, ce qui m'a beaucoup aidée, c'est de rencontrer mon mari. Ouais, mon mari, ça a été ma bulle d'oxygène en fait. Ça a été un mec qui était lui-même gros. Donc, il a tout de suite compris, ou du moins, il a pu comprendre une grosse partie de ce que je vivais vis-à-vis de mon poids. Lui, il a subi de la grossophobie, mais pas au même stade que moi. Ses parents étaient très souples, très cools. Enfin, voilà, franchement. Et du coup, mon mari a été une bulle d'oxygène. Et rencontrer ma belle famille aussi, où il n'y avait pas d'interdit, où si j'avais faim, je pouvais aller manger dans le placard. Enfin, voilà. Où on avait le droit au soda, etc. Ça a été une vraie bulle d'oxygène. Et c'est là, en fait, que j'ai commencé... assez étrangement à me libérer. Mais cette libération, elle m'a valu des kilos en plus, en fait. Là, les kilos que j'ai en plus aujourd'hui, c'est en partie, parce qu'il n'y a pas que ça, il y a plein de facteurs qui mènent à une prise de poids, mais c'est en partie des kilos de libération. Oui. Voilà.
- Speaker #0
Comment tu l'expliques, ça ?
- Speaker #1
En fait, pendant des années, j'avais été restreinte. et dès que j'ai rencontré mon mari dès que je me suis mise en couple avec lui dès que je suis partie vivre sur Orléans en fait, j'avais le droit à tout ce que je n'avais pas eu le droit avant. J'avais McDo à aller à 100 mètres. On allait une fois tous les deux jours à McDo parce que c'est quelque chose que je n'avais pas eu le droit à l'époque. Ou alors, c'était OK, mais tu prends un petit menu. Tu prends une box, je ne sais plus quoi, le Happy Meal, voilà.
- Speaker #0
Le menu enfant, quoi. Oui,
- Speaker #1
c'est ça. C'était soit le burger, soit les frites, soit... burger salade ou juste les frites. C'était toujours des calculs comme ça pour ne pas me faire prendre du poids. Et là, du coup, j'avais McDo pas loin. Je pouvais manger des sucreries, je pouvais manger des chips, je pouvais boire des sodas. Et en fait, tout ce qui m'avait été interdit, empêché, etc., je me suis tout autorisé en l'espace d'un an de temps. Donc ça, plus le stress de mes études, parce que j'ai fait des études, j'ai 50 études, j'ai fait un master. Ça a été, mais... une bombe qui a fait que j'ai pris beaucoup, beaucoup, beaucoup de voix. Mais c'est un poids que je ne regrette plus. Parce qu'avant, je regrettais énormément d'avoir pris tout ce poids. Mais aujourd'hui, je me dis, sans ça, aujourd'hui, je serais toujours dans le même trou noir, dans le même désespoir, dans la même frustration dans laquelle j'ai passé des années de vie. Des années, pardon, des années de ma vie. Et voilà, ces kilos-là, je les explique parce qu'on a lâché les valves et ça m'a fait du bien. C'est comme si pendant des années, on avait affamé un chien, en fait. Enfin, des années, non, parce qu'il serait mort, mais c'est comme si on avait affamé un chien, qu'on mettait une belle pièce de viande, la bien juteuse, devant lui, qu'on lui enlevait la laisse. et que le chien qu'est-ce qu'il fait ? Il est affamé, il saute sur la viande. Ce n'est pas très reluisant comme comparaison, mais moi, c'est ce que j'ai vécu pendant... Oui, oui.
- Speaker #0
Moi, la question que je me pose, c'est quand tu dis tout d'un coup, je me suis autorisé tout ça, est-ce que tu te l'autorisais vraiment ou est-ce qu'au début, du coup, tu t'es retrouvée à avoir accès à tout ça parce que plus personne ne te prenait la tête avec ça ou t'en empêchait ? Mais est-ce qu'il n'y avait pas encore des relents de règles alimentaires, de culpabilité, tu vois ? qui peuvent expliquer aussi que... En fait, souvent, moi, ce que j'observe, c'est ça aussi qui explique le fait qu'il y ait des prises de poids importantes. C'est que finalement... tu manges les trucs, mais bon, tu vois, on n'efface pas comme ça, en un claquement de doigts, 15 ans de restriction, quoi, je veux dire.
- Speaker #1
Non, c'est clair, j'ai exactement vécu ce qu'on peut vivre quand on commence, on va dire, un processus d'alimentation intuitive, mais sans être accompagnée par quelqu'un qui s'y connaît, par un thérapeute spécialisé là-dedans. C'est, ah ouais, génial, je vais manger tout ce que je veux et tout. Mais en contrepartie, je me dis Ah ouais, mais là, je me suis permis un McDo, il faut que je fasse ci, il faut que je fasse ça, il faut que j'aille à la salle, non mais là, il faut que je boive de l'eau. En fait, je trouvais toujours des subterfuges pour contrôler, hyper contrôler cette restriction cognitive aussi, cette restriction de me dire Ah non mais là, j'ai fait n'importe quoi, il ne faut pas que je mange ci, il ne faut pas que je mange ça. Mais au final, je le mangeais quand même et je le mangeais en double voire en triple parce que… Voilà, donc si, si, j'ai vraiment vécu ce côté, je m'empêche rien, mais je culpabilise à mort, et c'est terrible en fait, je culpabilise à mort. et c'est pas possible d'être dans mon corps et ceci et cela, en fait je me détestais mais...
- Speaker #0
Il y a ça aussi qui est important parce que le fait de se détester à un tel point qu'on supporte pas de se voir en photo dans les miroirs, tout ça ça va énormément jouer sur le comportement alimentaire aussi mine de rien parce que ça crée tout un tas d'émotions hyper compliquées à vivre parce que rien que ça ça peut envoyer vers le foutu pour foutu, de toute façon vu à quoi je ressemble déjà, allez, c'est bon, autant y aller. Enfin, c'est des choses qui sont très souvent décrites, ça.
- Speaker #1
Ouais, non, mais c'était... Alors, moi, j'avais jamais eu cette phrase. En fait, je vois beaucoup cette phrase qui revient. C'est le foutu pour foutu. Moi, j'ai jamais eu cette phrase en tête. genre me dire ouais bah si je mangeais un McDo ce midi bah je mange aussi McDo ce soir de toute façon c'est foutu ma journée est foutue donc moi j'ai jamais eu ce raisonnement là ou peut-être que j'en ai pas conscience de l'avoir eu mais c'est vrai que j'ai pas cette phrase de foutu pour foutu qui pour moi ça me parle pas à mon parcours du moins mais
- Speaker #0
ouais c'était ça c'était de toute façon ça peut pas être pire quand même voilà et il y a un truc que t'as dit tout à l'heure où tu disais je ne regrette plus ces kilos que j'ai pris ces kilos de libération parce que sans ça, je serais encore dans cet enfer de ce que je vivais, et j'avais envie d'ajouter, et en plus, tu les aurais peut-être pris quand même.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Parce que c'est quand même souvent ce qu'on observe dans les parcours comme ça, avec l'hyperphagie, c'est que même en restant dans le contrôle, en fait, le poids, il ne cesse d'augmenter à cause des crises d'hyperphagie.
- Speaker #1
Oui, c'est ça totalement. Et... Ouais, comme je dis, je les regrette pas, en fait. Je pourrais les détester, parce qu'ils m'ont rendue grosse, ils m'ont rendu tout ce que la société rejette aujourd'hui, ou du moins encore plus comme ce que la société rejette aujourd'hui. Mais déjà, j'y peux rien. J'ai essayé moult et moult fois de perdre mon poids, j'ai même failli aller jusqu'à l'opération. Ça n'aurait rien changé. Et, ben en fait, sans ça, je serais pas devenue la femme épanouie, confiante. et fière de moi que je suis aujourd'hui, en fait.
- Speaker #0
Oui. Ça a été quoi le déclic pour arrêter ? Tu dis que la rencontre avec ton mari, celui qui est devenu ton mari, a été très aidante, mais est-ce qu'il y a eu... en même temps je dis le déclic non mais je souris je me fais sourire toute seule parce que j'ai enregistré un épisode de podcast qui va bientôt sortir où je parle du fait que je ne crois pas au déclic non mais tu sais en fait souvent les personnes j'entends beaucoup ça notamment plutôt du côté anorexie le côté ouais j'attends le déclic pour ça y est c'est bon j'y vais je vais m'en sortir et je disais moi j'y crois pas trop donc voilà bonjour je me contredit moi-même non mais le si c'est pas le déclic est-ce qu'il y a eu euh un événement, est-ce qu'il y a eu une prise de conscience ? Moi, j'aime bien parler plutôt de prise de conscience, des choses qui font que, tac, je bascule tranquillement de l'autre côté ou en tout cas, je commence un chemin un peu différent.
- Speaker #1
Oui, alors en fait, c'est une suite d'éléments de ma vie pro et de ma vie perso qui sont imbriqués pour déclencher cette envie, ce besoin de penser enfin à moi et d'accepter enfin mon corps. D'abord, dans ma vie perso, j'étais du coup à la fac et je détestais mon corps, etc. Et en fait, j'ai eu une énième remarque sur mon poids. On m'a parlé d'obésité morbide et le terme morbide, ça m'a mais... genre obésité morbide, donc je vais mourir. Je suis en train de crever. Pour moi, ça voulait dire ça. Du coup, je me suis lancée dans un parcours de chirurgie bariatrique. Chirurgie bariatrique, c'est quoi ? Ce sont les interventions qu'on fait pour faire perdre du poids aux personnes grosses. Moi, je m'étais lancée dans un parcours de sleeve, c'est-à-dire qu'on me coupe les deux tiers de l'estomac ou les trois quarts de l'estomac pour que je mange beaucoup moins et du coup que je perde du poids. Moi je m'étais lancée là-dedans et en parallèle j'ai rejoint un groupe d'échanges à l'hôpital d'Orléans entre femmes grosses, enfin on parlait de femmes en obésité.
- Speaker #0
groupes d'échange durant lesquels on parlait de thématiques propres au rapport au corps, au rapport au poids, au poids tout court, à la santé, etc. Et ça m'a fait énormément cheminer sur moi, parce qu'en parallèle, là je parle de ma vie perso, mais en parallèle dans ma vie pro, j'ai été repérée par l'animatrice bénévole de ces groupes d'échange, qui elle avait une start-up. qui était sur le point de proposer des programmes d'éducation thérapeutique pour les patients en obésité. Donc cette start-up, elle était en lien avec les hôpitaux, avec des chercheurs, avec des professionnels de santé. Et du coup, avec le diplôme que j'étais en train de passer à la fac, elle a dit je te veux dans mon équipe Donc j'ai rejoint aussi du côté pro tout ce qui était l'univers de l'obésité. et du coup je me suis beaucoup formée sur les questions du poids, de la santé, du rapport au corps, de l'estime personnelle, etc. Et en fait je me rendais compte qu'il y avait plein d'incohérences dans les parcours de soins qu'on proposait aux personnes grosses, et ce qui était la vraie vie, la réalité d'une vie en tant que personne grosse. mais aussi qui était totalement contradictoire avec ce qu'on trouvait dans les recherches, c'est-à-dire qu'aujourd'hui, aucune méthode amégrissante, aucune méthode de perte de poids, chirurgie et médicaments compris, ne permettait une perte de poids saine, durable, sur le moyen long terme. Et moi, tout ce que je voyais, c'était des professionnels de santé qui disaient Non, mais ça serait quand même bien que vous perdiez du poids. Non, mais ça serait quand même bien qu'on propose des services de perte de poids. Et moi, je me disais Mais les mecs, ça ne marche pas. Pourquoi vous forcer en fait ? Et plus je réfléchissais là-dessus, plus je me suis rendue compte que la chirurgie que j'allais passer pour me faire retirer une partie de l'estomac, elle n'était pas pour moi, elle était en fait pour ne plus correspondre à ce que la société rejetait. et du coup, m'intégrer un peu mieux à cette société. En gros, il n'y avait aucune raison que je perde du poids pour ma santé, etc. Parce qu'en soi, ce qu'on constate, c'est qu'il n'y a pas forcément des améliorations de santé quand on perd du poids. Tout ça, en fait, je le faisais pour me faire accepter des autres plutôt que de m'accepter moi-même, en fait. Et du coup, ça a été le déclenchement où j'ai refusé la chirurgie il y a quelques semaines de me faire... passer sur le billard. J'ai refusé et je me suis dit Ok, maintenant, qu'est-ce que je fais pour m'accepter ? Parce que là, il n'y a personne qui m'aidera. Il y a du monde pour t'aider à perdre du poids, mais quand il s'agit d'accepter ton corps tel qu'il est et de mettre en place des comportements qui ne soient pas axés sur la perte de poids, il n'y a plus personne. Donc là, c'était le début du parcours solitaire.
- Speaker #1
Ok. Parcours qui a duré combien de temps, tu dirais, à peu près ?
- Speaker #0
C'était en 2009 que j'ai refusé. Du coup, je pense qu'on y est toujours. Accepter son corps, il n'y a pas un début et une fin. Je pense qu'il y a une sorte de plateau, en fait. Tu arrives à un moment où tu as un plateau et c'est OK. Tu acceptes ton corps dans les bons jours, dans les mauvais jours. Tu sais à peu près ce que tu peux mettre en place pour ta santé à l'instant T. Mais peut-être que s'il y a une maladie qui se déclare plus tard, il va falloir remettre en perspective tout ça. Mais en tout cas, arriver à ce plateau-là, ça m'a pris 3-4 ans. 3-4 ans, mais parce que j'avais toutes les connaissances que j'avais sur la santé et le poids. Parce que quand on ne les a pas... quand on ne sait pas où les trouver, ça peut mettre vachement longtemps et bien souvent, les gens capitulent. Ils se disent, je vais retourner à la perte de poids parce que je ne vois pas d'autres solutions pour être en paix.
- Speaker #1
Et puis, il y a vachement de pression autour.
- Speaker #0
Oui, c'est vrai.
- Speaker #1
Je veux dire, déjà, même quand tu es une femme de poids considérée normale, on va dire ça comme ça, si on reprend les normalités de ce fabuleux outil qu'est l'IMC. Non mais tu vois, c'est déjà quand t'es dans, on va dire plutôt dans les normes sociétales, déjà il y a une pression en fait tu vois. Moi je le vois chez les femmes que j'accompagne, il y a toujours, il y a différentes étapes j'ai l'impression. Puis il y a un moment donné où vraiment ça devient un peu plus facile pour elles, c'est-à-dire qu'elles expérimentent des choses dans leur rapport à l'alimentation qui fait que ça devient plus facile, il y a moins voire plus du tout de compulsion, enfin il y a plein de choses qui changent. et une des difficultés qui peut apparaître à ce moment-là, c'est le fait d'être un peu à contre-courant de la société. Tout le monde parle de son régime qu'il va faire avant l'été, blablabla. Donc du coup, oui, j'imagine qu'encore plus quand on est dans un corps gros, la pression est d'autant plus élevée, aussi venant des proches, tout ça. Ouais, j'imagine que aisément, on peut abandonner et se dire Ok, je retourne dans le chemin tout tracé que tous les médecins... Parce qu'il y a ça aussi, quoi, je veux dire... tu as une angine, je caricature un peu, mais limite tu as une angine, ce serait bien de perdre du poids. Oui,
- Speaker #0
c'est ça.
- Speaker #1
Tout est ramené au poids. À partir du moment où tu sors de la norme, tu ne peux plus avoir le moindre bobo sans que ce soit relié à ton poids.
- Speaker #0
c'est ça, il faut savoir trouver en fait la perle rare le médecin hyper rare qui ne reliera pas tout au poids comme j'ai la chance d'avoir il n'entendra jamais ce podcast mais je lui fais des gros bisous parce que c'est vraiment une perle mon médecin, j'ai trop peur qu'il parte à la retraite parce que je ne sais pas ce que ça va donner plus tard est-ce que tu as renseigné son nom sur sur
- Speaker #1
Du coup, c'est qui ? C'est Grappolitik qui a fait cet annuaire ?
- Speaker #0
Ah ouais, ben non, je n'ai pas renseigné son nom parce que j'avoue que j'aime bien garder ce genre d'informations privées. Je ne sais pas pourquoi, mais je n'aime pas dire qui est-ce que je vais voir comme médecin, comme spécialiste.
- Speaker #1
Oui, mais là, c'est anonyme par rapport à... En fait, c'est juste un annuaire qui permet aux personnes grosses de ne pas aller voir certaines personnes.
- Speaker #0
Ah oui.
- Speaker #1
Voilà, et d'aller en voir certaines qui sont safe. C'est un annuaire qui permet de... de partager les bons plans ou les mauvais plans, tu vois ? De faire attention d'aller pas là-bas, quoi.
- Speaker #0
Bah écoute, je vais aller voir ça dès qu'on aura fini, mais du coup, je vais renseigner mon médecin parce que c'est vraiment une perle. Mais ouais, comme tu dis, moi, en plus, j'ai été dans une entreprise où je passais quasiment dix heures de ma journée avec des gens qui soit avaient perdu énormément de poids par volonté, je mets des gros guillemets, c'est-à-dire en en se restreignant, en faisant énormément de sport, etc. Soit j'étais entourée de personnes qui avaient fait une chirurgie bariatrique, donc des gens qui étaient très minces, parce qu'ils ne mangeaient presque plus, ou ils faisaient très attention à ce qu'ils mangent, etc. Du coup, j'accompagnais, je créais des programmes pour des femmes qui n'avaient qu'une seule envie, c'était de perdre du poids quand même. Même si nos accompagnements thérapeutiques n'étaient pas, vers la fin de la boîte, n'étaient pas tournés vers la perte de poids, on était quand même avec des femmes pour qui c'était un sujet, la perte de poids c'était le Graal en fait.
- Speaker #1
en fait la seule personne qui me foutait la paix avec mon poids c'était mon mari donc c'était ma safe place voilà en fait ton mari ça a été quelqu'un parce que j'allais en venir aux questions de ce qui avait été plus difficile, de ce qui t'avait aidé finalement ton mari t'a aidé à commencer à lâcher prise là dessus mais ensuite sur le chemin aussi j'ai l'impression que ça a vraiment été une aide super importante pour toi ?
- Speaker #0
Ah bah mon mari, c'est mon ange gardien. Ça, c'est une certitude. On va dire, ça fait cucu et tout. Non, en fait, si les gens me voyaient avec mon mari, ils comprendraient qu'on est une super équipe. Et mon mari, il a été... Ouais, il a été mon sauveur. Ça, c'est une certitude. On s'est sauvés tous les deux, en fait. Ça a été ça. On a grandi ensemble parce que je l'ai connu. J'étais jeune. On a grandi ensemble. Et c'est même lui qui m'a dit, mais en fait, les kilos que t'as pris, c'est parce que tu t'es libérée. Donc, c'est génial. Donc, c'est même lui qui a initié cette pensée en moi, en fait. Donc, ouais, mon mari, il a été la personne la plus soutenante quant à l'acceptation de mon corps. Après, il y a eu aussi la dirigeante de la boîte qui, elle, a perdu beaucoup de poids, mais qui a aussi cette volonté que les très féministes, très gauchos, qui va soutenir vraiment le fait de l'empouvoirment des femmes, etc. Et du coup, pour elle, elle voyait dans l'acceptation de mon corps une forme d'empouvoirment et elle était à fond derrière moi aussi. Mais c'est vrai que ma sœur aussi, j'ai eu quelques figures comme ça qui ont été soutenantes, mais c'est quand même un chemin qui est très... très solitaire en fait. Voilà, il faut aller chercher soi-même les réponses à ses questions. Il faut créer aussi ses propres réponses. Il faut savoir se poser les bonnes questions parce que tout ce qu'on peut trouver, tout ce qu'on peut chercher c'est axé sur la perte de poids. Donc non, c'est vraiment un chemin très solitaire malgré les quelques bons hommes qu'on retrouve sur ce chemin. Un peu comme des guides, mais voilà, c'est une quête très solitaire.
- Speaker #1
Qu'est-ce qui a été le plus difficile pour toi sur ce chemin ?
- Speaker #0
Ce qui a été le plus difficile pour moi, c'est d'accepter le fait que la perte de poids ne me sauvera pas. Et c'est-à-dire d'accepter le deuil, de faire le deuil d'un corps plus mince, en fait. un corps que je n'aurais jamais atteint, que je n'aurais jamais eu, parce que génétiquement, toute ma famille se porte bien, on va dire, toute ma famille n'est pas mince, donc forcément, dans mes gènes, il y a des prédispositions génétiques, mais c'est de me dire que je n'aurai jamais le corps d'une mannequin, je n'aurai jamais le corps mince, athlétique, désiré. par les autres, etc. En fait, pour moi, mon corps... J'accepte le fait que mon corps ne serait pas à l'image de ce qu'on désire dans la société, en fait. Et voilà, en fait. Pour moi, c'était ça, le plus dur. C'était de faire le deuil de cette minceur que je n'ai jamais eue et que je n'aurai jamais, en fait.
- Speaker #1
OK. C'est quelque chose que je retrouve beaucoup dans mes accompagnements. La question du deuil, pour moi, elle est super importante. et peu importe d'ailleurs où se trouve le poids en fait finalement, c'est le deuil de quelque chose, et puis ça rejoint ce qu'on disait un peu tout à l'heure, c'est-à-dire que bon, tu passes quand même 15 ans de ta vie à lutter pour obtenir quelque chose, même ça c'est un deuil en soi de faire le deuil de cette guerre tu vois, c'est enfin, moi je rencontre plein de femmes pour qui c'est devenu presque identitaire cette quête tu vois, ça prend tellement toute la place Et tu l'as très bien dit tout à l'heure, tu disais que finalement, ton chemin de libération, c'est aussi un chemin où tu vas te découvrir. Bah ouais, parce qu'en fait, ça prend tellement toute la place. que genre tu passes à côté de toi et ça ça fait flipper nombre de femmes, moi j'accompagne la moyenne d'âge de mes patientes elle est plutôt autour de 30 ans mais ça va jusqu'à 50 60 ans tu vois et des femmes qui ont passé leur vie en fait à être dans cette quête là et c'est aussi une peur de se dire wow le vide que ça va laisser tu vois mais c'est ça je trouve que la question du deuil elle est effectivement centrale
- Speaker #0
mais pour avoir été après animatrice bénévole dans les groupes de parole, dans l'association des groupes de parole dont je parlais au début, j'ai été amenée à rencontrer des femmes de 60-70 ans. qui avaient passé, comme tu dis, leur vie à lutter contre leur poids. Et c'est ça que j'aime beaucoup dans les groupes d'échange. Je sais que tu proposes des lives, des lives où tu permets aussi aux femmes de s'exprimer, etc. Mais ça permet aussi aux autres participantes du groupe de se dire, bah, putain, elle a 70 ans, elle a passé toute sa vie à se détester, c'est hors de question que je reproduise ce schéma. Ouais. Et c'est hyper égoïste, hyper égocentrique, mais moi c'est ce qui m'a permis de m'accepter aussi. C'est de me dire, non mais c'est hors de question que j'arrive à 70 balais, et que je me dise, je regarde derrière mon épaule et je me dis, putain mais en fait j'ai passé ma vie dans la haine. et souvent c'est trop je dirais pas que c'est trop tard c'est jamais trop tard d'accepter son corps mais on se dit putain si j'avais fait ça avant quand même oui c'est ça,
- Speaker #1
c'est que les années perdues se rattrapent pas après il est jamais trop tard et justement tout à l'heure je disais que cette question du deuil elle s'appliquait peu importe finalement le poids la forme du corps et ce qu'on observe et ce que font ressortir les études c'est que globalement la population féminine est en guerre contre son poids et qu'en fait les chiffres qui ressortent aujourd'hui c'est que 2 femmes sur 3 donc genre à peu près 70% des femmes veulent maigrir 70% des femmes veulent maigrir je veux dire la proportion je crois du surpoids donc encore une fois je mets des gros guillemets Souvent, je dis les personnes considérées en surpoids, parce qu'en fait, c'est des catégories qu'on a créées. Je ne vais pas revenir en loin, en large là-dessus, mais méfiez-vous de ces histoires d'IMC. Méfiez-vous aussi quand on vous dit Oh là là, il y a eu un bond de tant de pourcents entre telle année et telle année sur le surpoids. En fait, ils ont changé les catégories d'IMC. Alors je sais plus, en 99 je crois, un truc comme ça, ils ont décidé qu'au lieu d'être en surpoids à partir d'un IMC de 27, on était en surpoids à partir d'un IMC de 25. Et donc ça a décalé toutes les catégories, et tout d'un coup il y avait beaucoup plus de monde en surpoids, beaucoup plus de monde considéré en obésité, et donc on nous dit, ah vous voyez bien, l'épidémie, enfin voilà, blablabla, en fait, voilà, attention, attention, tout ça, ça va prendre avec des pincettes, c'était ma... une parenthèse que j'avais envie de faire qui était importante, mais donc 70% des femmes aujourd'hui en France ont envie de maigrir, alors que clairement il n'y a pas 70% des femmes considérées en surpoids, je crois qu'il y en a 25%. Du coup, on voit bien que le mal-être est généralisé, peu importe le poids. La question que j'avais envie de te poser, c'est, selon toi, est-ce qu'il est plus facile quand même malgré tout de s'accepter, de faire le deuil de la perte de poids et d'accepter son corps quand on est dans un corps normé, quand on n'est pas considéré en surpoids ou en obésité ?
- Speaker #0
Alors, j'ai une réponse un peu nuancée à apporter à ça. Déjà, juste pour revenir sur le sujet de l'IMC et du changement des classements et tout, de la classification sur quoi machin, on en parle, enfin, Chrissy Harrison en parle dans son livre Anti-régime, qui est une vraie bible. Je la conseille aux femmes qui veulent vraiment se renseigner, étudier le sujet du poids pour mieux s'en sortir soi-même. C'est une vraie bible, ce livre Anti-régime, donc n'hésitez pas à le lire. Pour en venir à ta question sur est-ce que c'est plus facile de s'accepter quand on est une personne mince ? C'est un peu difficile parce que d'un point de vue individuel, la douleur que ça peut être d'être dans un corps qu'on n'aime pas, d'être dans un corps qu'on déteste, peu importe son poids. elle peut être la même chez une personne grosse comme chez une personne mince. Une personne mince peut autant détester son corps qu'une personne grosse peut détester son corps aussi. Mais d'un point de vue global, selon moi, ça reste... Je ne dirais pas que ça reste plus simple de s'accepter quand on est mince, mais il y a moins de facettes à prendre en compte. Il y a moins de choses à déconstruire. dans le sens où, par exemple, les personnes grosses, elles sont carrément rejetées de la société. Elles ne trouvent pas leur taille dans les magasins. Elles ont peur quand elles vont au supermarché, qu'on juge leur caddie. Elles n'arrivent pas à s'approprier l'espace public, les sièges qui ne sont pas faits, qui sont faits avec des accoudoirs ou qui sont trop étroits. Voilà. Le fait aussi, par exemple, que dans l'avion, il y en a qui sont obligés d'acheter deux places. pour pouvoir loger dans le siège d'avion. Il y a plein d'aspects comme ça que les personnes minces n'ont pas à prendre en compte pour s'accepter. Nous, quand on est une personne grosse, il y a tout ça à accepter en fait. Certes, on peut militer pour changer le monde, mais le monde ne changera pas du jour au lendemain. Donc, en attendant, il faut qu'on apprenne à s'approprier l'espace qu'on nous donne. Quand je dis s'approprier l'espace qu'on nous donne, j'insiste bien sur le fait qu'il faut continuer de militer pour que l'espace qu'on nous donne change.
- Speaker #1
Oui, que l'espace prenne un peu plus de place, d'espace.
- Speaker #0
Mais comme je dis, ça ne se fait pas en un jour. Donc en attendant, on ne va pas vivre replié sur nous-mêmes, dans notre maison, en PLS, dans notre lit. Donc il y a plein d'aspects différents comme ça qui font que... Une démarche d'acceptation corporelle chez une personne mince peut être plus rapide et plus simple qu'une démarche d'acceptation corporelle chez les personnes grosses. Ça n'enlève en rien la douleur que ça peut être de ne pas s'accepter, que de ne pas s'aimer. Voilà, ça c'est important que je le note, mais ça peut être un peu plus simple. Après, moi je n'ai jamais été mince. j'ai rarement été j'ai rarement accompagné des personnes minces puisque ce n'est pas mon métier mais du coup je te retourne la question Flavie c'est maintenant c'est moi qui pose la question ok je te retourne la question,
- Speaker #1
toi est-ce que tu penses que c'est plus simple de s'accepter quand on est mince du coup moi c'est une question qu'on m'a posée plusieurs fois c'est pour ça que j'avais envie de te la poser que j'avais envie d'avoir ton avis moi quand on m'a posé la question alors la dernière fois qu'on m'a posé la question c'était sur insta et c'était de manière très je vais dire direct mais c'est pas ça le truc c'est que ça m'était adressé à moi en fait est-ce que tu parles d'acceptation tout ça mais finalement toi Flavie tu as encore normé est-ce que tu penses que ça n'a pas été plus facile du coup de t'accepter ? Et donc, j'avais franchement la même réponse que toi. J'ai été assez direct dans ma réponse, je lui ai dit oui. Je pense que oui. Je pense que oui, c'est inévidence. Enfin, si tu veux, ce serait nier le privilège que de dire, oh, tu sais, je ne sais pas, quand même, tu vois, j'ai vécu beaucoup de souffrances, blablabla. En fait, ce n'est pas là le sujet, c'est juste que oui, j'imagine que oui, assez aisément. Mais en même temps, ben voilà, je n'ai pas vécu les deux. tu vois, pour pouvoir répondre, il faudrait avoir vécu les deux, de se dire, ah tiens, bah non, finalement. En fait, il y a quand même quelque chose, tout à l'heure, tu parlais du corps désirable par la société, corps désiré, désirable par la société, et en fait, il peut y avoir, quand tu as eu ce corps-là, et que parce que tu vois même dans la minceur il y a des normes c'est à dire que je sais pas jusqu'à combien on considère qu'on est mince tu vois tout ça c'est difficile en plus de mettre un cadre autour de ce que serait un poids le poids le corps d'une fille mince ou d'une fille normée et du coup je pense qu'il y a des difficultés propres quand même aux personnes peut-être qui sont passées par l'anorexie, puis par la boulimie, qui sont passées par des corps très minces, puis des corps très normés, très désirés, très valorisés par la société, parce que du coup, t'as un espèce de deuil supplémentaire à faire. Même si tu bascules jamais du côté gros, bah en fait t'es plus là-dedans, tu vois. Là où j'ai déjà entendu des femmes grosses, en fait moi les femmes grosses que j'ai eu la chance d'accompagner dans mon parcours, aucune n'a espéré enfin aucune me disait espérer être mince tu vois il y avait toujours cette notion de perte de poids mais il y avait le deuil de la minceur il était déjà fait depuis un moment parce que je ne les ai pas accompagnés en pleine période régime tu vois à 20 ans ou 17 ans ou je ne sais quoi Donc les enjeux sont différents, mais en moins, bah oui, je pense que voilà, en fait, t'as un corps qui est normé pour toutes les raisons que t'as citées. Enfin je veux dire, et d'autres encore, parce qu'il y a des discriminations dans le milieu du travail, reliées aussi au poids. Il y a quand même des choses ultra graves et ultra impactantes. Je veux dire, tu l'as dit, l'accès aux loisirs, il est pas le même. Tu peux pas voyager de la même manière. tu peux pas aller t'installer sur n'importe quelle terrasse. Tu vois, ça, c'est des trucs que les gens n'ont pas en tête, de se dire, non, mais attends, ah oui, ce serait cool qu'on se fasse un petit resto, qu'on aille boire un verre. Le stress de te dire, est-ce que la chaise, je vais pouvoir m'asseoir dessus ? Est-ce que ça va tenir mon poids ? Non, mais tu vois, en fait, il y a... Enfin, tu vois, oui, tu vois bien, mais vous voyez, les auditeurs, auditrices, c'est plutôt ça, c'est genre, je pense qu'on se rend pas compte. Et donc, oui, tout ça, c'est des difficultés supplémentaires, je pense. Tu as l'impression que le monde entier cherche à te renvoyer qu'il y a un truc qui ne va pas avec ton corps. Bah ouais. J'imagine qu'il faut s'accrocher, effectivement, et qu'il faut trouver les ressources, les ressources en termes de personnes, en termes de contenu, en termes d'études. Je pense que tu l'as dit, je pense que c'est super aidant de se tourner vers des contenus qui prouvent qu'on peut être en bonne santé à tous les poids, à toutes les tailles, tous ces contenus-là qui viennent un peu à contre-courant de ce qu'on nous raconte.
- Speaker #0
Ouais totalement, totalement et ouais c'est se tourner vers des contenus qui sont health at every size, donc la santé à tous les poids ou la santé à toutes les tailles, tout ce qui va être aussi du militantisme anti-grossophobie. Voilà, lutter contre la grossophobie souvent il y a, je pense notamment au compte Corcool et la technographie, c'est les plus cités quoi. qui font vraiment des recherches poussées pour démontrer que la grosseur, ce n'est pas forcément un gage de mauvaise santé, etc. Oui, il y a... Vraiment, pour terminer sur cette question, il y a plein de choses à accepter, mais ce n'est pas parce qu'on les accepte qu'on se tait, qu'on ne milite pas contre elles. Donc, comme tu dis, s'accepter quand on est gros, c'est plus difficile parce qu'il faut vraiment accepter le fait qu'aujourd'hui, on est rejeté. mais accepter c'est pas de la résignation c'est plutôt de la résilience la différence entre résignation et résilience c'est que résignation on se tire vers le bas Résilience, c'est ok, j'ai telle carte dans les mains, qu'est-ce que je peux faire avec pour améliorer le futur, pour améliorer mon avenir, pour améliorer tout ça. Donc, voilà, pour terminer sur la question, voilà, pour moi,
- Speaker #1
c'est plus compliqué. J'essaierai de mettre des ressources en description de l'épisode, tu vois, Core Cool, FAT Ethnographie, je pense aussi à Groupe Équilibre, qui fait du super taf, Gras Politique. et je vais voir si je pense à d'autres après il y a des contes aussi individuels de nanas qui militent à titre individuel il y en a pas mal je suis Lisa de mon gros podcast ah oui c'est vrai Lisa d'ailleurs qui devrait être bientôt au micro de ce podcast je l'aime trop,
- Speaker #0
elle est trop cool,
- Speaker #1
vous allez l'adorer et du coup justement on parle de grossophobie qu'est-ce qui fait selon toi qu'il y a autant de grossophobie ?
- Speaker #0
pourquoi ? Est-ce que le podcast est censé durer une heure ou quatre heures ? Parce que là, sinon, si je dois tout citer, on n'est pas rendu. Mais la grossophobie, en fait, c'est un peu comme une malédiction qui se transfère de génération en génération, en fait. C'est quelque chose qui se transmet de génération en génération. C'est à partir du moment où on a décrété qu'il fallait faire la guerre au poids. que ça s'est transmis, mais comme le venin dans les veines. C'est une vraie pieuvre. Qu'est-ce qui fait qu'il y a autant de grossophobie ? Déjà, c'est le fait que vendre la perte de poids, c'est ultra lucratif. Donc, pour vendre une perte de poids, il faut montrer que le poids... Il faut trouver des raisons de faire peur aux gens avec leur poids. Donc, par là passe la grossophobie. La grossophobie, c'est la discrimination envers les personnes grosses, mais aussi c'est un comportement qui peut être... qui peut trouver racine chez des personnes minces. Tout le monde a une part de grossophobie en lui, qu'on soit mince ou même gros. Mais du coup, ça a commencé à partir du moment où on a dit, on va faire un IMC et on décrète que les personnes au-delà de tels chiffres, on va les pousser au cul pour qu'ils perdent du poids. Et du coup, ça va nous faire gagner de la thune. On va vendre des régimes, on va vendre des méthodes de perte de poids. Et sauf qu'en fait, c'est devenu une vérité absolue. C'est devenu une vérité absolue et... Je ne sais pas si je réponds bien à ta question, mais... Si,
- Speaker #1
si, complètement.
- Speaker #0
Mais du coup, qu'est-ce qui fait qu'il y a autant de grossophobie dans le monde ? C'est que ça fait vendre, en fait. La grossophobie, ça fait vendre.
- Speaker #1
En fait, en plus, le truc de base, parce que l'indice de masse corporelle, à la base, c'était l'indice de Ketley. qui n'avaient pas du tout vocation médicale. Et en fait, c'était un outil statistique qui avait été commandé par des vendeurs d'assurance. Parce qu'en fait, ce qu'ils voulaient, c'était pouvoir augmenter leurs primes selon le poids des gens. Mais ça ne se basait pas sur, genre, on a fait des études et on voit bien que, globalement, ces gens nous coûtent plus cher, tu vois. Et ils sont partis sur, justement, ils ont commandé des statistiques, des trucs pour pouvoir... basé leur augmentation de tarifs mais je veux dire tout était forcément biaisé parce que en fait quand on demande de chercher un truc précis tu le trouves enfin tu as ce je veux dire c'est le biais de confirmation quoi et donc en gros voilà à la base l'imc c'est un indice c'est l'indicé de keckley qui est un outil mathématique, de statistique, et donc qui est quand même en lien avec du profit, avec du bénéfice, effectivement, avec du fric. Après, moi, je vois un lien assez fort quand même aussi avec la société patriarcale, parce que... Je dirais qu'aujourd'hui, malheureusement, j'ai envie de dire, oui, malheureusement, je pense quand même, de plus en plus d'hommes sont aussi touchés par les injonctions autour du corps, autour du poids, mais de base, c'est quand même beaucoup plus, et ça l'est toujours plus. porté sur les femmes. Et en fait, j'ai déjà lu plusieurs articles sur le sujet où en fait, c'est hallucinant, si tu veux, tu remontes au Moyen-Âge, il y a déjà des histoires comme ça. Au fil du temps, après, tu vois qu'un peu plus tard, autour de la Renaissance, les nanas bouffaient de la crêpe parce que soi-disant, ça allait les faire maigrir, elles étaient comprimées dans des corsets. Il y a toujours eu un truc autour de la femme. qui ne devrait pas grossir.
- Speaker #0
Mais à l'époque où tu parlais, le Moyen-Âge, la Renaissance, c'était avant tout des questions religieuses. Parce qu'en fait, la personne qui était mince, voire maigre, c'était quelqu'un qui vivait dans la simplicité. C'était quelqu'un qui n'étalait pas son argent, c'était quelqu'un qui... Il y avait cette valorisation du pauvre, en fait. Le pauvre était celui qui se rapprochait le plus de Dieu. Du coup, à l'époque, c'était des motivations religieuses de paraître minces. Aujourd'hui, c'est vrai que c'est devenu un business. Tu me feras penser à partager les travaux de l'enseignant-chercheur québécois Benoît Arsenault sur les questions de l'IMC, notamment. Il a fait des vidéos qui sont super intéressantes et très bien documentées.
- Speaker #1
je vous les conseille à vous qui nous écoutez et je suis sûre que Flavie vous mettra les liens dans la description du podcast mais ouais excuse-moi je t'ai coupé non non pas du tout non non mais c'est très intéressant cette histoire de grossophobie et pour revenir sur l'histoire du Moyen-Âge ça me fait écho ce que tu disais parce qu'effectivement les premiers cas d'anorexie mentale c'était chez des religieuses en fait les premiers cas qui ont été retrouvés c'était chez un peu des religieuses un peu fanatiques quand même, qui étaient à fond et qui arrêtaient de manger pour se connecter à Dieu, en fait. Et qui basculaient dans de l'anorexie mentale qui pouvait aller jusqu'à la mort, en fait. Donc, il y avait effectivement un lien très étroit avec la religion. Mais néanmoins, on trouve quand même des normes sur le corps des femmes assez vite, quoi. Assez vite sur... Alors, tu vois, avec des normes qui se sont inversées, mais... en fait ça reste des normes avec des hanches qui devaient être très très larges aussi tu vois à une époque parce que c'est un bol de féminité ça veut dire qu'elle va pouvoir porter les enfants plus facilement etc mais en tout cas il y a toujours eu des normes autour du corps des femmes et ça fait une centaine d'années quand même qu'on est sur la minceur quoi tu vois avec notamment l'arrivée en fait de l'IMC avec voilà tous ces calculs autour du poids tout ça et ce qu'on est censé manger, le poids qu'on est censé peser etc
- Speaker #0
Ce qui est le plus dur, là j'ai une réponse qui me vient par rapport à tout ce que tu dis, ce qui a été aussi le plus dur à surmonter quand j'ai voulu accepter mon corps, c'est faire face aux pseudo-médecins des réseaux sociaux. Et là, je continue à faire face à tous ces bodybuilders, coachs sportifs, diététiciens, vendeurs de régimes, vendeurs de pertes de poids, etc. C'est ça qui a été aussi super dur. Et au bout d'un moment, j'ai arrêté de justifier. J'ai arrêté de répondre à ces gens-là. J'ai arrêté de leur dire, Ouais, non, mais vous poussez les gens à maigrir, mais il faut savoir qu'aucune personne... J'ai arrêté de justifier, j'ai arrêté de répondre. mais ça c'est même aujourd'hui encore ça me saoule en fait sur les réseaux sociaux j'ai un peu plus de visibilité, j'en ai pas autant que toi mais je veux dire j'ai un peu plus de visibilité il y a toujours un mec bodybuildé, photo de profil vous pouvez être sûr c'est lui qui soulève un alter ou c'est lui qui monte ses pecs ou c'est lui qui est torse nu à la salle ou alors c'est le diététicien imbue de sa personne qui dit no pain no gain voilà vous pouvez être sûr que ce sont ces gens-là qui vont vous dire Non, mais vous faites n'importe quoi, l'apologie de l'obésité, etc. Et ça, c'est quand même assez dur, quand même. Encore aujourd'hui, c'est dur dans le sens où, en fait, ça te renvoie au fait que le changement est très, très lent dans les mentalités.
- Speaker #1
Oui, c'est clair. C'est clair. Moi, je me rends compte que je suis un peu déconnectée parce que je suis dans mon... En fait, les algorithmes des réseaux sont ainsi faits que, finalement... ce que tu suis, on va t'inviter à le suivre encore plus. Du coup, je suis un peu dans une bulle d'acceptation corporelle, d'alimentation intuitive, blablabla. J'en viens à oublier que ce n'est pas comme ça dans le vrai monde et j'évite de me balader sur les réseaux. parce que c'est... Je comprends ce que tu dis, parce que j'ai beau ne pas être concernée directement, moi, par mon corps, ça reste très difficile à vivre. Et j'ai déjà dû essuyer, à une époque, j'avais fait des posts sur le sujet, je ne me rappelle plus exactement, mais bon, ça parlait beaucoup de poids, de grossophobie, etc. Et j'avais vécu un déferlement de commentaires haineux, ultra-grossophobes, mais ultra-violents, des trucs, mais genre... En fait, j'ai pu toucher du doigt ce que pouvaient vivre des personnes grosses qui s'exposent sur les réseaux, tu vois, avec des commentaires du style Ouais, de toute façon, pas grave, les gens de ta race s'éteindront avant nous, quoi. Parce que du coup, pour eux, si je tenais ces propos-là, c'est forcément que j'étais concernée par la grosseur. Voilà, c'est pas envisageable pour eux que je puisse tenir ces propos-là sans être moi-même concernée. Et puis, en fait, j'ai pas cherché à démentir. Enfin, je veux dire, ils répondent ça, voilà. c'est juste horrible horrible tu vois la haine parce que là on parle de grossophobie tout ça il y a plein de niveaux de grossophobie tu vois il y a les films, les séries les livres, il y a tout ce qu'on voit les publicités, tous ces trucs là il y a le tonton au repas de famille qui va faire une réflexion et tout ça et il y a cette haine sur les réseaux en fait parce que c'est horrible c'est clair Et ça, c'est intolérable.
- Speaker #0
Mais c'est pour ça que tu parlais de démentir. Moi, j'ai arrêté de le faire. J'ai arrêté de le faire dès que j'ai commencé à... Déjà, quand je me suis lancée sur Threads, il n'y avait personne, c'était le monde des bisounours. Et puis, petit à petit, ces énergumènes-là ont commencé à arriver. Et c'est là que j'ai décidé d'arrêter de chercher à démentir toutes ces conneries. Mais le fait est que moi, je me dis qu'il y a une meuf qui passe. qui est super fragile, qui se demande si elle doit s'accepter ou si elle doit craquer pour ce programme amégrissant qu'elle vient de trouver sur Internet. Elle voit le commentaire de ce type, elle se dit, mais... Il faut que je me lance, il faut que je fasse un nouveau régime, parce que je veux pas être ce qu'il décrit et tout. Et en fait, c'est... c'est un cercle vicieux. Ils pensent qu'en ayant ce genre de remarques, ça va déclencher des trucs chez nous. Mais tout ce que ça peut déclencher chez des gens, c'est abîmer encore plus leur santé, voire même pire, en fait.
- Speaker #1
Non, mais eux, je veux dire, il y en a beaucoup, c'est juste des abrutis, des trolls, des... Oui. Enfin, ils ne cherchent pas. Il y a zéro bienveillance, en fait.
- Speaker #0
Oui, c'est sûr. Il y a des personnes qui ne sont pas au courant de ce qui se passe sur les réseaux, comme nous, on peut l'être. Je pense à la petite Nina de 17 ans qui débarque sur TikTok ou quoi et qui voit un commentaire comme ça. Eh oui. Elle se dit non mais c'est hors de question, moi il faut absolument que je maigrisse. Alors à tous les coups, elle va arrêter de manger comme elle a déjà fait la petite Nina. Et elle va encore plus bouffer sa santé, elle va encore plus se détecter, etc.
- Speaker #1
C'est pour ça que quand j'avais ce genre de commentaire-là, je m'épuisais la santé à y répondre quand même. Pas pour eux, pour les gens qui allaient passer. Et puis quand je n'ai pas l'énergie de le faire, je les supprime. non mais t'as raison du coup personne les verra et je protège les gens je protège ma santé mentale mais je protège aussi les gens qui pourraient passer et voilà, j'ai pas envie que ce message là se diffuse mais justement on parle de la petite Nina on parle de toutes ces nanas parce qu'il y en a beaucoup des petites Nina qui sont en difficulté avec leur corps je le disais tout à l'heure 70% des femmes aimeraient perdre du poids, mais même si on ne parle pas de toutes ces nanas-là victimes du culte de la minceur et qu'on parle un peu plus spécifiquement de toutes ces nanas qui sont considérées en surpoids ou en obésité, et qui galèrent un peu, qui entendent plein de sons de cloche différents et qui se disent, ouais, effectivement, ok, ça me tente bien ce chemin un peu différent d'acceptation, de libération. Est-ce que tu aurais des tips, des choses, en fait, à conseiller ? Des choses à transmettre, en tout cas, à ces personnes-là ?
- Speaker #0
Alors, ouais, il y a plein de choses, des petits tips, du coup. déjà arrêtez de follow tout ce qui est compte healthy, fit girl sweet boy, perte de poids croc kilo comme j'aime wet watchers tout ça on dégage on dégage parce que c'est des régimes parce que c'est tout ce qui va vous entretenir finalement cette détestation que vous pouvez avoir vis-à-vis de vous même donc ça c'est le premier tip le truc le plus simple à faire c'est cliquer sur désabonner voilà et du coup après vous pouvez venir suivre des comptes comme celui de Flavie et le mien qui sont plutôt tournés vers la santé mais inclusive c'est à dire la santé à tous les poids la santé éthique, la santé bienveillante la santé constructive et non pas celle qui déconstruit qui détruit plus que parce qu'on peut déconstruire dans une démarche de santé inclusive et constructive mais qui... Il vraiment va parler du poids sous un prisme neutre. Non pas glorifié ou diabolisé, mais neutre. Donc ça c'est le deuxième tip que vous pouvez faire, donc suivre des comptes Feelgood. Je sais que dans ton programme SOS Compulsion, Flavie, il y a des listes de comptes à suivre justement qui sont safe, qui sont sains.
- Speaker #1
Je donne accès à cette liste, alors il n'est pas à jour mon annuaire, il faudrait que je prenne le temps de mettre à jour parce qu'il date un peu, mais il est téléchargeable en dehors du programme Compulsion.
- Speaker #0
Ah en plus, c'est cool.
- Speaker #1
Les outils sont à disposition, j'ai créé un petit annuaire effectivement. où j'essaie de mettre des comptes, mais ce serait bien que je prenne le temps de le mettre à jour, parce que ça date... J'avais fait ça il y a déjà au moins un an et demi, deux ans, je crois.
- Speaker #0
Oui, mais en tout cas, n'hésitez pas à aller voir Flavie, elle a des ressources pour vous, du coup. Et après, troisième tips... c'est alors j'en ai cité là dans la publication qui va sortir aujourd'hui, le jour où on enregistre cet épisode il y a aussi arrêter de se peser je sais que ça c'est une démarche qui peut être super difficile On pourrait même aller jusqu'à jeter la balance, mais ça c'est super compliqué. Donc pourquoi pas retirer la balance de votre salle de bain et la mettre soit dans votre grenier, soit dans votre garage. Comme ça, elle n'est pas à vue directe, mais si jamais vous avez une pulsion incontrôlable de absolument que je me pèse, absolument que je me pèse, oh là là, j'arrive pas à penser à autre chose elle est à portée de main, voilà. Mais arrêtez de se peser et arrêtez du coup de faire de son poids le centre de sa vie. le centre de sa santé parce que le poids n'est pas un indicateur fiable de bonne ou de mauvaise santé. Ça, c'est important que vous l'entendiez aussi. Donc, du coup, déconstruire toutes vos croyances limitantes sur le poids. Ça, pour moi, c'est le premier pas vers la découverte de soi, la découverte du vrai soi, du vrai moi, j'ai envie de dire. Et voilà, ça peut être des petites pistes comme ça qui peuvent être intéressantes pour vous, du coup.
- Speaker #1
Ok, super, merci beaucoup et puis tu proposes des accompagnements oui mais je n'osais pas en parler du coup quand même peut-être que tu peux en parler un peu et puis surtout donner aux personnes l'indication alors je mettrais un lien vers ton compte Instagram forcément de toute façon en description de l'épisode de ce podcast mais tu vois si les personnes ont envie d'échanger avec toi après avoir écouté ce podcast, envie de te poser des questions, envie d'en savoir plus sur toi, sur ton parcours Peut-être que tu peux dire aussi en quelques mots où est-ce qu'on peut te retrouver.
- Speaker #0
Oui, alors j'ai créé le compte Les Nouvelles Héroïnes sur Instagram. Il y a aussi mon site internet lesnouvelleshéroïnes.fr ou alors même vous pouvez m'envoyer un mail à l'adresse lesnouvelleshéroïnes.com Moi du coup, j'aide vraiment les femmes grosses et celles qui l'ont été aussi, ça c'est important de ne pas les oublier, à accepter leur corps, peu importe leur poids passé, présent ou futur. Voilà, ça c'est vraiment mon dada.
- Speaker #1
Et du coup, tu dis, ou celles qui l'ont été, mais alors comment ? Je pense, tout d'un coup, je me suis imaginée dans la place d'une auditrice qui t'écoute et qui dit, ok, est-ce que j'ai été suffisamment grosse pour avoir le droit d'aller vers Nina ? Tu vois, parce que j'entends bien qu'il y a l'idée de ces femmes qui ont perdu du poids via une technique ou une autre, mais qui sont passées par la case grosse. Comment tu situes ça ? Tu vois, genre, la grosseur ?
- Speaker #0
Comment savoir si on est gros ? C'est ça que tu dis ?
- Speaker #1
Ou si on l'a été ?
- Speaker #0
à partir du moment où vous avez du mal à vous asseoir dans les sièges qui sont mis à votre disposition dans les espaces publics, à partir du moment où vous ne trouvez plus votre taille en magasin, à partir du moment où on vous incite à maigrir, là, vous pouvez quand même vous demander si vous n'êtes pas de ce qu'on catégorise comme étant gros. Alors, il n'y a pas de jugement négatif ou positif à avoir, c'est juste des constatations. Comme je vous dis, si vous avez du mal à vous asseoir dans des chaises avec des accoudoirs, si vous avez du mal à vous approprier l'espace public, si vous avez du mal à rentrer dans les vêtements qui vous sont proposés en magasin, si votre médecin vous répète fréquemment qu'il faudrait que vous perdiez du poids, il y a des chances pour que vous soyez une personne grosse. Après, concernant les personnes qui ont été grosses, souvent, c'est des gens qui ont perdu beaucoup de poids, qui ont perdu 30, 40 kilos et qui, aujourd'hui, retrouvent leur taille en magasin, n'ont plus de problème pour s'asseoir dans les sièges, pour se réapproprier l'espace public. Voilà. Mais c'est des personnes qui, spoiler, ce n'est pas parce qu'on perd beaucoup de poids qu'on arrive à accepter son corps. S'accepter pour maigrir et maigrir pour s'accepter, c'est totalement... tout sauf s'accepter en fait donc ça les personnes l'apprennent un peu à leur dépens c'est ça qu'on dit ? je pense elles l'apprennent un peu trop tard une fois qu'elles ont perdu 30-40 kilos et qu'elles ne sèment toujours pas qu'elles n'acceptent toujours pas leur corps donc moi je suis là aussi pour les aider à s'accepter et en apprendre un peu plus sur le poids pour essayer de dédramatiser la situation ok
- Speaker #1
et du coup j'ai une dernière question qui me vient là comme ça en t'écoutant Pourquoi alors ne pas accompagner toute femme en guerre avec son poids, même les personnes minces ?
- Speaker #0
parce que j'avoue que je me sens plus à l'aise à l'idée d'aider des personnes grosses parce que j'ai connu la grosseur. Normalement, on essaye de décorréler son parcours personnel à son parcours pro, à ses tips de thérapeute, j'ai envie de dire. Mais moi, c'est vrai que si je suis devenue thérapeute pour personnes grosses, ce n'est pas pour rien, c'est parce qu'on est aussi beaucoup plus discriminés que toutes les autres personnes. Du coup, moi, je pars du principe qu'on a... plus besoin d'être que n'importe qui d'autre pour s'accepter, pour s'affirmer dans ce monde. Donc c'est vrai que je mise là où, selon moi, il y a plus de besoin d'acceptation qu'ailleurs.
- Speaker #1
Ouais, plus de besoins et puis moins d'offres. Enfin, voilà, peut-être un trou aussi, un vide malheureusement, en termes d'accompagnement spécifique.
- Speaker #0
C'est ça. Et puis, comme j'ai dit, moi, j'ai gravité dans le milieu de l'obésité. Donc, tout ce que je connais aussi concernant le poids, ça peut servir aux personnes grosses plus qu'aux personnes minces. Donc, c'est pour ça aussi que je choisis... Enfin, je ne sais pas. Moi, pour moi, c'est vrai que je suis beaucoup plus à l'aise à travailler avec des femmes qui... ont peut-être connu la même chose que moi et pour qui mon parcours personnel peut aussi apporter en plus de mes compétences professionnelles en fait.
- Speaker #1
Ok, ouais ça s'entend. Ok, en tout cas j'ai aucun doute sur le fait que cet épisode puisse apporter beaucoup à toute personne en guerre avec son poids, son corps. et pour le coup peu importe le poids à mon avis j'invite comme d'habitude les auditeurs les auditrices à me faire des retours sur cet épisode c'est toujours super d'avoir les retours après écoute et je suis persuadée que peu importe le poids que font les personnes ça pourra être vraiment super aidant donc un grand grand merci à toi pour tout ce que tu as partagé pour ton authenticité et puis aussi ces partages intimes autour de ton vécu et pour tout ce que tu as pu apporter aux personnes via cet épisode. Merci beaucoup.
- Speaker #0
Merci à toi Flavie continue comme ça, change rien, t'es génial
- Speaker #1
Oh merci, c'est mignon Merci beaucoup Nina Hey, un grand merci à toi qui est encore là à la fin de cet épisode. Mon podcast étant une ressource gratuite que je mets à disposition, le meilleur moyen pour me soutenir est de laisser une note, un commentaire sur ta plateforme d'écoute et bien sûr de partager mon podcast pour le faire connaître et diffuser le message que je souhaite transmettre. Un grand merci à toi pour ton soutien.