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TCA etc - Comprendre et lutter contre les troubles alimentaires

« Je ne veux plus me fuir », l’histoire de Marie-Laure avec les TCA E.143

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59min |27/06/2025
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Description


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Infirmière en reconversion pour devenir coach sportive, Marie-Laure revient sur son histoire avec les troubles alimentaires.

De sa phase d’anorexie à l’adolescence où elle perd 20kg en un mois jusqu’à la bascule vers la boulimie vomitive qui est toujours là aujourd’hui. En passant par ses voyages qui lui font pleinement prendre conscience des injonctions sur le corps en France, Marie-laure nous parle aussi de la transformation de son rapport au corps.

C’est donc un échange durant lequel nous allons explorer plein d’aspects du TCA et plus largement du rapport à soi.

Merci Marie-Laure pour ton sourire et ce super échange! 



Au programme : 


Présentation Marie-Laure
Son rapport au corps et à l’alimentation dans l’enfance
Le début des TCA avec l’anorexie
Le début de la boulimie

Pression sociale de l’apparence

Son évolution dans le rapport au corps
Où elle en est aujourd’hui
Ce qui lui manque pour guérir aujourd’hui 

Ce qui l’a le plus aidée jusqu’ici
Ce que Marie-Laure aimerait vous dire 




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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans TCA, etc., le podcast qui décrypte les troubles des conduites alimentaires et tout ce qui gravite autour, parce que ça n'est jamais seulement qu'une histoire de bouffe. Je suis Flavie Mitsono, et j'accompagne les mangeuses compulsives à devenir des mangeuses libres bien dans leur basket. Alimentation, peur du manque, insatisfaction corporelle, peur du jugement, du rejet, empreinte familiale, grossophobie, les sujets abordés dans ce podcast sont très vastes, et pour ce faire, mes invités sont aussi très variés. Retrouvez-moi aussi sur Instagram où j'aborde tous ces sujets au quotidien sur Flavie.mtca. Très belle écoute. Bienvenue Marie-Laure dans le podcast, je suis très contente de t'accueillir. En plus t'as un sourire jusque-là, on ne le voit pas dans le podcast mais c'est trop bien, tu es lumineuse.

  • Speaker #1

    Merci de te voir.

  • Speaker #0

    Très contente de passer ce temps pour échanger avec toi. Je te propose de commencer par te présenter pour que les personnes qui nous écoutent aient un peu une idée de qui tu es. Et puis moi aussi, au passage, parce que je me suis gardée la surprise, on n'a pas trop parlé avant, je vais te découvrir aussi.

  • Speaker #1

    Eh bien, allons-y. Alors du coup, je m'appelle Marie-Laure, j'ai 28 ans. Je suis infirmière depuis 7 ans maintenant. Et là, actuellement, en reconversion pour être coach sportif. Donc, on va vite arriver dans le cœur du sujet.

  • Speaker #0

    Trop bien.

  • Speaker #1

    Voilà. Donc, beaucoup d'expériences à l'étranger. J'ai exercé mon métier du coup en Guyane, en Corse. J'ai beaucoup voyagé. Peut-être aussi aller à la quête de soi quelque part à travers ces voyages.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Voilà. Donc là, actuellement, en reconversion pour être coach sportif.

  • Speaker #0

    OK. Très bien. Et si tu es sur ce podcast qui s'appelle Tessa, etc., c'est aussi parce que tu as une expérience de vie avec les troubles alimentaires.

  • Speaker #1

    Bien sûr. C'est le cœur de ma vie. C'est l'autre part. qu'on ne voit pas, qui est parfois cachée, parce que quelque part c'est invisible. Ça a commencé quand j'avais 14 ans, suite à beaucoup d'insultes, de moqueries. Au collège, j'étais la grosse intello tout le temps, c'était mon petit surnom, même de par ma famille qui me traitait, mon père surtout, beaucoup d'insultes. Donc j'étais un petit peu en surpoids, mais rien de... médicalement rien de plus du coup je suis vite tombée dans l'anorexie mais j'ai mis du temps à comprendre parce que pour moi ça a débuté, je veux perdre un petit peu de kilos donc voilà à l'époque je regardais les magazines toutes les recettes miracles pour pouvoir perdre du poids et puis petit à petit finalement j'ai perdu quasi 20 kilos en un mois parce que je finissais par manger une pomme par jour trois feuilles de salade et j'allais courir 10 kilomètres Merci. Donc voilà, on rentre vite, la petite voix s'infiltre vite dans notre tête et c'est très difficile de la contrôler après. Enfin, au début, on croit qu'on contrôle, mais finalement, on ne contrôle pas du tout. Mes professeurs ont été alertés de par cet amégrissement finalement quasi soudain, parce qu'il y avait eu les vacances d'été et quand ils m'ont revu à l'heure de rentrée, ils étaient un peu surpris. Mes copines aussi à l'époque, donc du coup, avec l'infirmière, etc., qui m'a pris en charge. Et de là, j'ai compris qu'on arrivait dans l'anorexie. Donc, dur déjà de mettre des mots sur ça. Parce que pour moi, c'est quelque chose... Je me rappelle, parfois, à la télé, on voyait ce genre de témoignages. Et on se dit, mais waouh, comment c'est possible ? Et en fait, on comprend vite que c'est qu'un symptôme. C'est qu'un symptôme de notre souffrance interne, en fait. Je voulais juste dire, mais aidez-moi, aidez-moi. Je vais pas bien, aidez-moi.

  • Speaker #0

    Ouais, ok. Là, on est rentré très vite dans le vif du sujet. C'est hyper intéressant. Tu as dit plein de choses. J'ai déjà plein de questions à te poser. Déjà, par rapport au sport, parce que ce n'est pas anodin si jeune. Aujourd'hui, la course à pied, c'est assez à la mode. Mais tu vois, on parle d'un truc d'il y a 15 ans. Ce n'était pas du tout à la mode pareil. Donc, j'ai plein de questions. La première, est-ce qu'avant de sombrer dans l'anorexie, tu faisais du sport et du coup, tu as juste durci ton entraînement ? Et puis, tu sais, il y a une question que j'aime bien poser aux personnes dans le podcast, c'est aussi de savoir quels sont les premiers souvenirs avant la maladie. Parce que là, tu dis que ça arrivait à 14 ans. Et du coup, je serais curieuse que tu parles de ton rapport à ton corps et à l'alimentation avant ça, quand tu étais petite. Tu prends dans l'ordre que tu veux, tu réponds à celle que tu veux en premier, je m'en fiche.

  • Speaker #1

    On va commencer par le sport. Donc, effectivement, j'ai commencé le sport très jeune. J'avais 6-7 ans, j'ai commencé le tennis. Et c'est vrai que mes parents m'avaient mise au sport. pour maigrir. Parce qu'il fallait que je bouge. Voilà, donc ça avait commencé de là. Et puis, après, j'ai beaucoup aimé le tennis. Donc, voilà, j'en suis sortie. Enfin, j'en ai fait beaucoup, beaucoup. Et puis après, j'ai accentué, du coup, parce que je voyais que ça permettait de perdre du poids, etc. Sauf qu'à un moment donné, j'étais tellement faible que j'ai dû arrêter ce sport. Donc, là, ça a été très compliqué parce qu'au début, effectivement, pour moi, je voyais aussi le sport comme un moyen de maigrir ou de ne pas grossir. Mais après, donc voilà, avec le temps, etc., c'est beaucoup plus émotionnel, un bien-être émotionnel. Mais effectivement, j'ai accentué cette pratique. Et c'était même une pratique nocive pour ne pas maigrir. Et on rentrait vraiment dans les troubles alimentaires.

  • Speaker #0

    En même temps, je ne vois pas comment tu aurais pu voir ça autrement. Si on t'a mise au sport pour maigrir ou pour ne pas grossir, je ne vois pas comment tu aurais pu construire une autre image.

  • Speaker #1

    C'est ça. Et parce qu'effectivement, moi, j'étais très gourmande à l'époque. Et j'étais vraiment, entre guillemets, dans ma famille, le petit boulet. Celle qui était la plus grosse. Et j'ai toujours été, par exemple, j'avais toujours des réflexions, que ce soit de mes proches ou de ma famille, « Non, ne mange pas, tu es trop grosse, il faut que tu maigrisses. » Tout le temps, tout le temps.

  • Speaker #0

    Mais tu mangeais réellement plus que les autres. Là, tu vois, on touche aussi aux souvenirs, à la d'enfance. Parce que tu dis « J'étais très gourmande. » OK. Enfin, qu'est-ce que ça signifie, en fait ? « J'étais très gourmande. » « Tu étais beaucoup plus gourmande que les autres. » Et concrètement, qu'est-ce que ça voulait dire ? Est-ce que tu avais l'impression de manger plus que d'autres ?

  • Speaker #1

    Alors pour moi, non. mais finalement j'ai fini par le croire que je mangeais trop que j'étais trop grosse en fait donc après mon rapport moi je finissais par manger quand les autres mangeaient des gâteaux etc moi j'en mangeais pas c'est terrible c'est cruel en fait je trouve je veux dire t'avais peut-être juste une morphologie différente tout point et comme je te dis j'étais vraiment un petit peu en surpoids bon je suis pas très grande mais pour 1m55 je devais faire à peine 60 kilos Donc, effectivement, un petit peu bien en point, mais sans être médicalement au-delà. Mais du coup, moi, j'ai la croyance que j'ai depuis toute petite, c'est que je suis grosse et que pour qu'on m'aime, il faut que je maigrisse.

  • Speaker #0

    Oui, tu m'étonnes. Et donc, c'est quoi tes souvenirs dans le rapport au corps et à l'alimentation petite ? Aussi loin que tu te souviennes, c'est ça ? Tu te sentais trop grosse ?

  • Speaker #1

    Ah oui, tout le temps. Je pleurais pour ne pas aller à la piscine parce que... tout le temps les camarades me traitaient de gros, c'était mon surnom, vraiment.

  • Speaker #0

    C'est durant.

  • Speaker #1

    Et du coup, là, je me suis dit, si je maigris, peut-être qu'on arrêtera de me traiter et qu'on m'aimera. Je me suis mis cette pression de vouloir exceller dans d'autres choses, donc ce soir au tennis, à l'école, j'avais toujours les bonnes notes, et encore aujourd'hui, j'ai toujours besoin de prouver en réalisant des choses, pour finalement qu'on... qu'on pense autre chose de moi qu'un physique. Donc là, c'est des croyances, voilà, avec le temps qui sont en train de se déconstruire de par ton podcast, de par d'autres choses que je suis. Mais c'est des croyances très difficiles à...

  • Speaker #0

    Mais en même temps, pour moi, c'est pas malsain de chercher à ce qu'on jauge ta valeur sur autre chose que le physique. Par contre, je m'attendais à ce que tu tournes ta phrase différemment. Je croyais que tu allais me dire que tu cherchais à compenser. Tu vois que finalement, le fait d'exceller, comme tu disais, dans d'autres trucs, c'était pour compenser le fait que tu n'avais pas un physique comme il fallait.

  • Speaker #1

    C'est ça. C'était plus ça. Je voulais satisfaire mon père, le rendre fier de moi, malgré que j'ai quelques kilos en trop, mais je suis capable de faire d'autres choses. Mais ça ne suffisait pas. Ça ne suffisait pas, malheureusement.

  • Speaker #0

    Et alors quand tu as maigri, parce que tu dis, bon ben voilà, peut-être qu'en maigrissant, on va arrêter de m'insulter, peut-être qu'on va commencer à m'aimer, et dans le on, je mets autant les camarades de classe que ta famille, ton père, etc. Qu'est-ce qui s'est passé ? Ça a fonctionné alors ?

  • Speaker #1

    Eh ben finalement non. Sauf que la petite voix, elle était dans la tête. Voilà, la petite voix qui nous empêche de manger, qui a peur qu'on regrossisse. Et après c'était ça le problème, parce que je me suis dit, ok, maintenant j'ai atteint. entre guillemets mon objectif de perdre du poids, mais ça va être difficile de le reprendre.

  • Speaker #0

    Ça a duré combien de temps cette phase-là ? Parce que tu dis que tu as perdu du poids très vite, en un mois. Et ensuite, tu as maintenu ce poids-là combien de temps à peu près ?

  • Speaker #1

    Alors, j'étais descendue à peu près pareil, de 61 jusqu'à 37 kilos au plus bas. Et de là, on a suivi les hospitalisations, parce que j'étais vraiment très faible. Donc j'arrivais entre guillemets à aller encore un petit peu en cours, etc. pendant peut-être 3-4 mois, mais après ça devenait compliqué parce que même les camarades c'était... ils voyaient qu'il y avait un changement en fait en moi. Donc on a suivi les hospitalisations. J'avais eu une première hospitalisation de quasi trois mois. Donc c'était dans un service de pédiatrie parce que j'étais encore mineure à l'époque. Et de là j'avais rencontré une incroyable infirmière qui m'a donné l'envie aujourd'hui d'être infirmière.

  • Speaker #0

    C'est tellement beau.

  • Speaker #1

    J'aimerais aider les autres. sauf qu'on comprend vite aussi qu'avant de pouvoir aider les autres il faut être bien au fond de soi c'est super important et pareil de pas vouloir chercher à sauver les autres quand même ouais tout à fait parce

  • Speaker #0

    qu'on s'épuise et c'est pas la solution non plus oui c'est difficile en même temps là on touche à un autre sujet mais qui est très important parce qu'en plus beaucoup de femmes s'orientent vers le care le prendre soin et Et c'est vrai que cette notion de sauveur, très honnêtement, moi-même, je lutte contre ça encore. Je suis dans l'aide, le soin apporté depuis bien plus longtemps que ça. J'ai toujours fait que ça. Mais ça fait quatre ans que je suis à mon compte. Et je sens que c'est vraiment quelque chose... Je dois toujours me réajuster. Je trouve que le syndrome du sauveur, il est hyper présent. Et c'est...

  • Speaker #1

    horrible énergie que tu te pompes toi même en fait en faisant ça donc ça me parle tout à fait ce que tu dis je suis bien d'accord mais j'avais pas toutes les connaissances à l'époque j'ai un an qui m'étonne et toutes ses ressources donc effectivement on s'en rend pas compte en fait au début et c'est vrai qu'avec le temps j'ai quand même compris que ma pratique professionnelle devenait compliqué avec ma problématique finalement de fond en fait parce que c'est compliqué de soigner entre guillemets des eaux qui sont en souffrance Ça renvoie énormément à nous-mêmes qui sommes en souffrance.

  • Speaker #0

    Oui, parce que finalement, on a fait un gros saut dans le temps où on comprend que tu es devenue infirmière. Mais qu'est-ce qui s'est joué ensuite pour toi ? Est-ce que tu as l'impression à un moment donné d'être sortie de l'anorexie ? Si oui, comment ça s'est passé dans les années qu'on suivit ?

  • Speaker #1

    Après la première hospitalisation, Ça m'avait fait du bien. Je me rappelle, je m'étais fait la promesse de me dire « Mais je ne veux pas que cette maladie empiète ma vie et m'empêche de réaliser mes rêves. » M'empêche parce que j'étais pleine de rêves à l'époque. J'avais cette envie d'être infirmière, cette envie de voyager, cette envie de faire plein de choses. Et quelque part, c'est un frein parce qu'avec cette maladie, on perd tout. On perd nos amis, on perd notre santé. On perd énormément de choses en fait. Et donc du coup, ça a été... j'étais un peu mieux quand je suis sortie de l'hôpital, donc ça m'a permis de continuer de faire mes études. Toujours dans l'anorexie, jusqu'à la première année à l'école d'infirmière. Et je me rappelle du jour où on a basculé dans l'opposé. Donc du coup j'avais quand même réussi à reprendre du poids, à avoir un poids stable et de remanger en fait avec l'accompagnement des diététiciennes etc. Tout ce travail qu'on avait pu faire à l'hôpital. Ça a duré quelques temps, mais quand on revient dans la vraie vie c'est compliqué quand on sort du cadre finalement. Et je me rappelle un jour, j'étais avec ma meilleure amie et là je lui dis mais j'ai envie de manger du chocolat, j'ai envie de manger plein de choses. Et donc c'était cette meilleure amie-là qui était aussi à l'époque hospitalisée en même temps que moi. On s'était rencontré du coup, donc un peu les mêmes problématiques, une histoire totalement différente mais du coup au final, les mêmes problématiques. Et elle me dit mais mange, mange. Et puis moi, j'étais toujours dans cette restriction-là. Et je suis allée au magasin, j'ai acheté tout ce que j'avais envie, tout ce que je m'étais privée depuis tout le temps. Et puis là, c'est parti en crise de boulimie parce que j'ai tout mangé, 10 paquets de gâteaux, du Nutella, de la chantilly, tout. Puis, culpabilité. Donc, comment on fait pour effacer tout ce qui vient de se passer ? Ça a été les vomissements. Et depuis ce jour-là, c'est vraiment des vomissements, des crises de boulimie, tout le temps.

  • Speaker #0

    C'est resté, de la façon dont tu le dis, j'ai l'impression que ce jour-là, c'est arrivé. Et que finalement, c'est resté une constante. qui n'a quasiment pas bougé jusqu'à aujourd'hui ? Ou est-ce qu'il y a eu des périodes où il y en avait moins, il y en avait plus ?

  • Speaker #1

    Oui, parce que forcément, derrière tout ça, j'avais des études à faire, j'avais énormément de choses. Donc du coup, il y a eu une nouvelle hospitalisation à la fin de ma deuxième année. Parce que finalement, j'arrivais entre guillemets à gérer les crises, l'école, la fatigue. Mais à un moment donné, je ne pouvais plus. Donc nouvelle hospitalisation. De là, j'avais eu la sonde nasogastrique pour lutter contre les vomissements. Quand on est là-bas, on ne peut plus faire les crises. On n'a plus cette possibilité. Et puis, il y a beaucoup d'activités, un accompagnement. Pareil, très professionnel, donc on se sent bien. Donc ça a été, ça a restabilisé, je suis ressortie. Mais quand on revient avec toutes les tentations de la nourriture, de plein de choses, quelques temps après, ça a recommencé parce qu'effectivement, c'est lié aussi à l'émotionnel. J'étais énormément stressée, je me mettais cette pression de réussir mes études en fait. Et donc voilà, émotionnellement, c'est lié. J'évite le lien aussi entre l'anxiété, finalement. Les crises, c'était mon moyen, c'était un échappatoire qui venait apaiser toutes ces angoisses et me procurer, entre guillemets, du bien-être. Parce que, je vais en revenir au sport, le sport, c'était le moment où j'oubliais tout quand je faisais du sport. Au début, non, mais après, j'y prenais plaisir dans ces moments. Vraiment, il y a vraiment eu cette notion de plaisir dans le sport. Sauf que quand je n'avais pas ce plaisir-là dans le sport, il fallait que je le trouve ailleurs. Et du coup, je compensais avec les crises de bout de nuit.

  • Speaker #0

    Et comment était ton alimentation à ce moment-là en dehors des crises ?

  • Speaker #1

    J'essayais de... J'arrivais, ça dépendait des horaires de travail, etc. Il y avait toujours peut-être un ou deux repas. Il y a des périodes où je ne prenais aucun repas. Je n'arrivais pas, c'était vraiment que du vomissement. Et parfois, je me disais, bon, je m'autorisais la crise le soir. Donc j'attendais cette crise toute la journée. Donc nos pensées, elles sont... diminuées par la nourriture, elles sont diminuées par ça. Sauf que, pareil, de nouveau, énormément, beaucoup de fatigue et très peu d'alimentation.

  • Speaker #0

    Ah ouais, non mais tu devais être épuisée, et puis même, tu vois, cet envahissement cognitif, je veux dire, il faut le faire de suivre des études à côté et tout, c'est vraiment, c'est épuisant. Physiquement et psychiquement, quoi, je veux dire.

  • Speaker #1

    Mais on ne comprend pas parfois, parce que tout ça, ça se passe dans l'ombre, finalement. Dans l'ombre, c'est... dès quand je rentrais chez moi, personne n'était au courant personne n'est au courant finalement de ce combat qu'on mène contre nous-mêmes,

  • Speaker #0

    contre l'alimentation mais t'aurais aimé qu'il y ait des personnes au courant de ce que tu vivais ?

  • Speaker #1

    non mais juste me sentir comprise me sentir comprise que bah oui je suis fatiguée que oui parfois j'ai pas l'énergie d'apprendre que ouais tout simplement je suis fatiguée en fait

  • Speaker #0

    Mais à la fois, j'imagine que c'est tellement honteux que tu faisais tout pour pas que ça se sache.

  • Speaker #1

    C'est ça. Mais du coup, on se prive de vie sociale, on perd nos amis, ça crée des conflits avec notre famille qui ne comprend pas, ou qui va nous aider mais qui se sent impuissant aussi parfois.

  • Speaker #0

    Oui, tu sens. Ça fait plusieurs fois que tu parles de ça, de la vie sociale. Toi, tu as l'impression que vraiment cette maladie, elle a... creuser un fossé entre toi et les gens qui te sont chers.

  • Speaker #1

    Ah oui, oui, oui parce que ben à l'époque je me rappelle j'avais perdu mes copines parce qu'on sort plus, parce que on a peur, peur de l'alimentation, je voulais jamais aller au restaurant, si ce n'était pas moi qui cuisinait c'était impossible que je mange, ou sinon on cuisine mais on amène sa petite boîte mais voilà socialement bah c'est compliqué. Parfois des réflexions aussi des personnes qui sont même qu'ils ne connaissent pas mais en fait des réflexions qui sont vraiment nous on les prend de façon horrible du genre par exemple oh bah tu fais bien pas manger au moins tu cours s'ira pas ou non d'accord ou à bâtois tu devrais manger t'es pas grosse fin plein de ou pourquoi tu manges pas et toujours devoir se justifier et c'est peut-être des questions à nos dînes pour les autres mais c'est difficile pour nous ou entendre aussi parfois les autres Oh, moi, hier, j'ai mangé une bonne tablette de chocolat ou, je ne sais pas, une bonne raclette. Et nous, on est là, ben, non, moi, je ne peux pas. Et pareil, on en revient au niveau cognitif, c'est très compliqué. C'est très compliqué. Parce que ça nous rappelle constamment que nous, notre relation n'est pas saine avec la nourriture.

  • Speaker #0

    Ouais. Tu vois, quand tu dis des phrases anodines, bon, alors quelqu'un qui va dire, ah, hier, j'ai mangé ça, c'était trop cool. On est en France, c'est vrai qu'on est très attachés à la bouffe, ça prend beaucoup de place dans les échanges. Bon, ça, c'est une chose. Mais aller dire, t'as raison, comme ça, tu vas pas grossir. Ou toi, tu peux manger, tu peux te le permettre, t'es mince. Tout ça, franchement, c'est acheté, quoi. Tu vois ? Pour moi, il n'y a rien d'anodin là-dedans. Et en fait, on encourage des comportements vraiment malsains. Il y a quelque chose qui est normalisé dans notre société. Ça me saute de plus en plus aux yeux. Il est normalisé d'avoir un rapport troublé à l'alimentation. Clairement, quoi. Je veux dire... Toutes ces phrases, tout... Enfin, pour moi, c'est hyper problématique, tu vois, et ça n'a rien d'anodin. Et oui, du coup, c'est hyper compliqué. Quand ces phrases s'adressent à quelqu'un qui a un TCA, on ne peut jamais savoir quand la personne a un TCA, parce qu'en fait, ça ne se voit pas, ce n'est pas écrit sur son front. Mais même pour soi, moi, j'invite n'importe quelle personne à se questionner sur cette façon tout le temps. Parce qu'en fait, en faisant ça, on commente le corps de l'autre. Quand tu dis à une personne, tu peux machin, en fait, tu es en train de commenter son corps, mais aussi faire un... une espèce d'échelle d'évaluation des corps qui peuvent manger ou non. Mais attends, c'est complètement fou de dire ça, finalement. Ça veut dire que la voisine d'à côté, tu vas lui dire, non, toi, mange pas, parce que t'es trop grosse. Enfin bon, voilà, c'est mon petit cheval de bataille. Je trouve que ça n'a rien d'anodin, vraiment.

  • Speaker #1

    Je suis tout à fait d'accord avec toi. Et j'en reviens aussi de par la pression sociale qu'on a aussi en termes d'apparence. Parce que forcément, cette question d'apparence aussi rentre en compte. Moi, je suis un peu, comment dire, parfois déboussolée de voir que, que ce soit dans les magazines, on prône tout le temps la maigreur, on prône la minceur, on prône le corps beau. Bon, OK, aujourd'hui, ça change avec l'arrivée du sport, etc. Peut-être que la vision des corps change, entre guillemets, le corps idéal. Mais finalement, qu'est-ce qu'un corps idéal ? Oui. Parce que voilà, moi, comme je dis, j'ai beaucoup voyagé, on voit d'autres choses, énormément de choses. Et en France, c'est vrai qu'on a beaucoup plus cette pression. d'être soit mince, soit musclée, pas trop grande, pas trop petite non plus, cheveux lisses mais pas trop lisses, plein d'injonctions, et moi je me sens dépassée par toutes ces injonctions.

  • Speaker #0

    Et par exemple, dans quel pays t'as trouvé que c'était moins fort ?

  • Speaker #1

    Leur rapport est différent parce que, je dirais tous les pays d'Asie, les pays d'Amérique, parce que... Pareil aussi là-bas, le rapport à la nourriture, l'accès déjà, l'accès à la nourriture est totalement différent. Et la nourriture c'est comme un lien là-bas finalement. En fait, l'apparence a très peu d'importance là-bas. Moi, c'est comme ça que je l'ai ressenti, c'est comme ça que je l'ai vécu là-bas.

  • Speaker #0

    Quand tu dis Amérique, tu parles des Etats-Unis ?

  • Speaker #1

    Non, Amérique du Sud.

  • Speaker #0

    Ah ouais, Amérique du Sud, Amérique latine.

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Ok, ouais. Après, c'est pareil, est-ce que dans les normes culturelles, tu as le corps de la femme, c'est assez différent quand même ?

  • Speaker #1

    C'est ça, tout à fait. Mais on en revient du coup à nos normes ici en France, qui sont différentes et qui peuvent, entre guillemets, déclarer des troubles alimentaires en fait. Parce que je ne pense pas que dans d'autres pays, il y ait autant, si on fait une étude, autant de troubles du comportement alimentaire dans d'autres pays.

  • Speaker #0

    Oui, je serais curieuse de voir ça. Il faudrait que je me renseigne. Tu as raison sur tout ce qui est Amérique latine. Alors après, l'Asie, je suis surprise que tu parles de l'Asie parce que je sais qu'il y a énormément de troubles alimentaires dans des pays tels que le Japon, la Corée du Sud. Je pense que c'est des pays qui ne passent pas d'accès à la réussite, maîtrise de soi et tout ça.

  • Speaker #1

    C'est ça. Vraiment, ces deux pays-là sont à part. ils sont à part je me demandais plus par exemple tout ce qui est Thaïlande, Laos, Vietnam la Malaisie mais effectivement le Japon et la Corée du Sud sont des pays qui sont à part ou je l'ai énormément ressorti au Japon l'apparence est très importante ouais je pense au fond ok c'est trop intéressant franchement je me dis on

  • Speaker #0

    pourrait faire tout un épisode de podcast juste sur le sujet des voyages et ouais c'est top et d'ailleurs justement à quel moment t'es partie en voyage ? à quel âge tu avais ton premier voyage ?

  • Speaker #1

    alors je suis j'avais fait mes études, j'ai été diplômée à 21 ans j'ai commencé à voyager à 23 ans et justement gros défi parce que je me suis dit comment je vais manger là-bas tu faisais toujours autant de prises à ce moment-là ? oui il y a eu des périodes en fait mais je me rappelle juste pour la petite anecdote quand j'étais en terminale vraiment dans les troubles alimentaires il y avait un voyage en Espagne Merci. Et les stands, moi j'adore les stands. Et je n'ai pas pu y aller à cause des troubles alimentaires. Là, ça a été mon frein. Parce que je me suis dit, mais comment je vais manger ? Et là, c'était plus fort que moi, je ne pouvais pas y aller en fait. Je me suis dit, mais je ne vais pas amener mes boîtes de conserve, je ne vais pas amener mes légumes, parce que forcément, on allait être logé chez des personnes. Je me suis dit, mais comment ils vont me cuisiner ? Moi, ce sera hors de question que je mange autre chose, en fait. Et là, ça a vraiment été le frein. Donc, je ne suis pas allée en voyage. Et je me suis dit, mais non, c'est pas possible, en fait, que cette maladie m'empêche de voyager, m'empêche de vivre des expériences humaines.

  • Speaker #0

    Elle est incroyable, cette prise de conscience, là, dont tu parlais tout à l'heure. Je voulais le dire sur le moment, et puis, je ne sais plus, j'ai pu penser. J'ai trouvé ça assez fou, parce que tu étais toute jeune, et de sortir d'hospite et de se dire, ah non, Il n'y a pas moyen. Je veux faire ce que j'ai envie de faire de ma vie. Et cette maladie ne viendra pas tout gâcher. Franchement, je trouve qu'elle est incroyable, cette prise de conscience si jeune, tu vois. C'est fou. Mais alors raconte-moi justement, tu pars en voyage. Bah ouais, j'imagine avec plein de crainte. Et tout à l'heure, tu as dit quelque chose aussi d'intéressant en préambule de l'épisode. Tu disais, bah oui, je suis partie voyager. Peut-être que je partais en quête de moi-même aussi par le biais de ces voyages. Donc tout ça, ça attise ma curiosité. J'aimerais bien que tu me parles de tout ça.

  • Speaker #1

    Alors effectivement, on peut se dire, bah ailleurs, j'irais mieux. Ou si j'avais, je ne sais pas, une grande maison, j'irais mieux. Notre voiture gérera mieux. Donc, en fait, finalement, je pense qu'on essaie d'aller, de chercher ce qui nous sauverait à l'extérieur de soi. En se disant, je ne sais pas, peut-être que si je suis sur une autre plage, je n'aurai plus de troubles alimentaires. Ou si j'ai ce métier-là, je n'aurai plus de troubles alimentaires. Mais je me suis vite rendue compte que non. Les clés sont en soi. Il faut d'abord aller à la rencontre de soi. Et cette expérience des voyages, finalement, je me suis dit, mais nos problèmes nous suivent. Donc, nos problèmes, notre souffrance, elle est à l'intérieur. Et peu importe l'environnement, si on ne guérit pas ce problème, si on ne fait pas la paix avec tout ça, mais on l'aura pour toujours, en fait.

  • Speaker #0

    Oui, c'est important ce que tu dis. C'est très important. Je pense qu'il y a beaucoup de personnes qui cherchent à fuir un contexte géographique et qui sont un peu déçues de voir qu'en fait, le problème, il est toujours là.

  • Speaker #1

    C'est ça. Et je reviens, moi, je cherchais beaucoup aussi l'amour. à l'extérieur de moi, en me disant, vu que moi, je n'arrive pas à m'aimer, vu que je n'arrive pas à aimer mon corps, finalement, j'aimerais avoir quelqu'un qui va m'aimer. Et peut-être que si quelqu'un m'aime, je vais m'aimer. Mais non, ça ne marche pas comme ça non plus.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce que ça t'a amené quand même, toutes ces expériences de voyage, tu dirais ? Alors, au global, qu'est-ce que ça t'a apporté à tous les niveaux humainement ? Et en quoi ça a peut-être amené quand même des aides pour les troubles alimentaires, tu penses ?

  • Speaker #1

    Je dirais que notre corps, c'est le moteur. Il faut en prendre soin parce que sans lui, on ne vit pas tout ça. Je suis encore dans ce cheminement, justement, de rééquilibrer l'alimentation, etc. Ce que je dis, c'est aussi en cours de travail sur moi-même. Humainement, de voir que... Il y a d'autres cultures qui existent. Il y a d'autres choses, d'autres façons de vivre. Et finalement, l'apparence, notre physique, c'est un petit grain de sable, en fait. Ce n'est pas ce qui nous permet de ressentir les choses intérieurement, en fait. Et que mettre toute mon énergie sur l'apparence, c'est de l'énergie perdue de tout ce qu'il y a à faire dans le monde, de tout ce qu'il y a à découvrir. de tout ce qui a à voyager, à échanger, à partager.

  • Speaker #0

    Oui. Ça ne t'a pas donné envie de rester à l'étranger ? De voir que c'était si différent dans d'autres cultures ? Genre en Amérique du Sud, tu n'as pas eu envie de t'installer là-bas ?

  • Speaker #1

    Oui, en Argentine. Donc, ce serait probablement un projet prochain.

  • Speaker #0

    Ah, ok.

  • Speaker #1

    Pas en Amérique, mais plutôt en Nouvelle-Calédonie. J'aimerais partir.

  • Speaker #0

    Ok. Waouh.

  • Speaker #1

    Voilà. Et donc, pour faire... Je l'espère si je suis diplômée coach sportif. On en revient du coup. Le sujet aussi. Le sport, finalement, ça a été aussi un moteur pour me reconnecter à mon corps. Effectivement, comme je le disais au début, au début, c'était finalement mon ennemi de me dire « mais je vais au sport pour perdre du poids » . Donc, je le voyais plus comme une contrainte. Mais finalement, avec le temps, du coup, ma pratique, il y a eu des périodes où je n'ai pas fait de sport. Mais aujourd'hui, je le vois comme tellement une ressource, une ressource de plaisir et surtout de pouvoir mettre mon corps en mouvement, de sentir qu'il est en bonne santé et qu'il peut bouger, qu'il peut me procurer des sensations, en fait. Et du coup, c'est à travers le message du sport, dans mon futur métier, je l'espère, c'est plus ça que j'ai envie de transmettre. C'est le sport, c'est la reconnexion à soi. Au-delà de ce qui peut nous... transformer notre physique au delà de l'apparence que ça peut nous apporter c'est intérieurement que ce soit par diverses pratiques notamment le yoga tout ce qui est les pratiques douces la reconnexion à soi l'équilibré intérieur et aujourd'hui oui le sport c'est mon allié c'est ma ressource et c'est pour m'a permis finalement de tenir quelque part dans les troubles alimentaires

  • Speaker #0

    C'était la seule activité où je n'ai jamais perdu plaisir.

  • Speaker #1

    Oui, ce qui est difficile parce que c'est vraiment à double tranchant, le sport dans les troubles alimentaires. Waouh ! Tout à fait. Oui, ce n'est pas facile. Qu'est-ce qui t'a donné envie ? À un moment donné, comment tu as eu cette idée de te dire « Ah, mais si j'en faisais mon métier ? » Et en fait, j'ai plein de questions qui me viennent en lien avec ça. Est-ce que tu n'as pas eu peur aussi de te dire « Ah ouais, non mais attends, du coup, je vais… » augmenter peut-être ma pratique ? Ça va prendre une autre place ? Est-ce que ça peut jouer quelque chose sur mes troubles alimentaires ?

  • Speaker #0

    Alors, effectivement, ça a été aussi des peurs, mais des peurs qu'il faut aussi réussir à apprivoiser. Ce que j'aimerais, en fait, par la suite, c'est surtout accompagner et proposer le sport plus comme un accompagnement thérapeutique. Et pas comme dans la performance ou dans la perte de poids, comme aujourd'hui, finalement, le sport est associé.

  • Speaker #1

    Et qu'est-ce qui t'a donné un peu ce... Enfin, je ne sais pas si tu as eu un déclic ou si ça s'est mûri sur des semaines, des mois, mais comment ça s'est fait pour toi, ça ? Et comment tu t'es autorisée aussi à te dire, tiens, si j'y allais, en faire mon métier, quoi ?

  • Speaker #0

    Je pense que le métier d'infirmière devenait compliqué.

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    D'être constamment avec des gens en souffrance. c'est éprouvant. Il y a eu le Covid, il y a eu plein de choses. C'est un métier épuisant parce qu'on donne et on doit tout le temps donner, donner, donner. Et je pense qu'à travers le sport, vu que c'est quelque chose qui me donne du plaisir, j'ai plus envie de me lever le matin et de me dire « mais je vais aller faire quelque chose que j'aime » . Je n'ai pas envie de me dire « je vais me lever le matin » . Et je vais être au contact de gens qui souffrent. Parce que finalement, comme je disais au début, il faut gérer sa propre souffrance. Et finalement, c'est créer un environnement de constamment de souffrance, en fait. Et les énergies, c'est prenant. C'est prenant. Je me suis sentie vidée. Vidée par ce métier.

  • Speaker #1

    Ok. Là, tu ne l'exerces plus du tout, en fait ? Tu es à temps plein en formation pour devenir coach ?

  • Speaker #0

    Là, oui. Pour l'instant, oui.

  • Speaker #1

    Ok. Et tu sens que ça... tu es sur la bonne voie de l'épanouissement. Tu sens que tu as fait le bon choix. Oui. Trop chouette. Et aujourd'hui, alors, où est-ce que tu en es dans ton rapport au corps, dans ton rapport à l'alimentation ? Est-ce que tu veux bien nous raconter ?

  • Speaker #0

    Alors, pareil, des phases. Je pense que je me suis mis aussi beaucoup la pression avec ce nouveau défi de changer de métier. Donc, il y a eu des phases de crise de boulimie, toujours. Je suis en quête d'appliquer tout, parce que finalement, on a les clés, on a les ressources. Et là, il faut que j'arrive à les appliquer à l'intérieur, les faire rentrer. Rapport au corps, je dirais que j'ai commencé à faire plein d'exercices, à prendre conscience de l'impact de mon discours intérieur sur mes comportements alimentaires. J'en reviens à... Tu as fait, je crois, une publication il n'y a pas très longtemps sur ça, tout ce qui est les restrictions cognitives. au début quand on parlait de ça, mais je ne comprenais pas. Et finalement, c'est notre petite voix qui est responsable de tout ça. Et dès lors qu'on arrive à l'apprivoiser, à la changer, nos émotions, nos ressentis et notre comportement changent.

  • Speaker #1

    Ce que tu dis, c'est trop important pour toi, ça me faisait sourire parce que le discours interne... Mais je veux dire, on a une télé en permanence allumée à l'intérieur de nous. Je veux dire, si cette télé, elle te répète que t'es grosse, que t'es conne, que t'es moche, que t'arriveras à rien... comment tu veux passer une bonne journée moi j'invite toutes les personnes qui nous écoutent à s'observer là-dedans et à se regarder du réveil jusqu'au coucher tu ouvres un oeil, tu touches ton corps tu le critiques, tu montes sur la balance tu te dis c'est pas vrai, je suis vraiment trop grosse tu te crois dans le miroir, tu te dis que t'es moche enfin, mais qui survit là-dedans, c'est l'enfer franchement, donc t'as raison le discours interne C'est primordial.

  • Speaker #0

    Et là, c'est vraiment la prise de conscience que j'ai actuellement. Parce que finalement, on essaie de retracer l'histoire. Je ne dis pas qu'on cherche des excuses. On cherche à comprendre. Mais finalement, le problème... Enfin, on est aussi responsable. On a notre part de responsabilité. OK, l'histoire s'est passée. Il s'est passé ce qui s'est passé. Mais aujourd'hui, c'est mon propre discours interne qui continue de faire continuer finalement ces troubles alimentaires.

  • Speaker #1

    Oui, mais en même temps, j'ai envie de faire le lien justement avec ton histoire. Quand il y a des discours... zut j'ai discriminant qui vient mais c'est pas le mot que je veux quand il y a des discours hyper négatifs sur le corps et l'apparence physique qui sont là des toutes petites en fait on internalise ce truc là comme une espèce de vérité absolue c'est vrai que plus on est jeune plus c'est difficile de mettre ce... c'est pas du tout impossible mais c'est plus difficile de mettre à distance donc je suis d'accord avec toi sur le fait que on se maintient par ces pensées là et en même temps euh... je ne sais pas comment le dire il y a une forme de responsabilité et dans le fait d'avoir aussi du pouvoir sur le fait de pouvoir changer ces choses-là mais par contre il n'y a pas de culpabilité à avoir on est responsable mais pas coupable je trouve que quand on est une femme il suffit de regarder le parcours d'une petite fille depuis sa naissance jusqu'à l'arrivée à l'âge adulte Franchement, tu as du bol si tu es chapeau TCA, en vrai. Franchement, tu regardes autour de nous comment fonctionne le monde encore aujourd'hui. En France, je dis le monde, il y a quand même plein de cultures où c'est problématique, mais en France, particulièrement sur l'image de la femme. Bon, voilà. Donc oui, je suis d'accord avec toi. On a du pouvoir sur ces petites phrases qu'on se raconte. Et en même temps, c'est internalisé. C'est-à-dire que... Pour plein de personnes, cette voix qui vient de dire des trucs, t'as l'impression que c'est Dieu qui susurre à ton oreille. C'est genre la vérité absolue. Mais non, c'est juste une pensée. Reliée à tout un schéma de pensée, reliée à des croyances, reliée à une éducation, machin. Mais c'est juste une pensée que tu as le choix d'écouter ou non.

  • Speaker #0

    Mais quand on prend conscience de ça, de dire que, comme tu dis, oui, voilà, on est responsable, mais de ne pas se sentir coupable. Ça, moi, ça m'a... donc c'est pareil un processus et ça m'a soulagée me dire je ne suis pas responsable de mon enfance, je ne suis pas responsable de ce qui m'est arrivé en fait finalement mon corps il a réagi comme il pouvait et j'en reviens à dire que les troubles alimentaires finalement c'est qu'un symptôme qui nous pousse à aller à l'extérieur de soi parce que je me dis finalement sans tout ça je n'aurais jamais fait ce travail là donc finalement je préfère remercier tout ce qui m'est arrivé que de me victimiser sur ce qui m'est arrivé en fait. Mais voilà, de prendre, là pareil, je m'intéressais à tout ce qui est PNL, etc., de prendre conscience de l'impact de mes propres pensées sur moi, mais je me dis, mais je suis tellement méchante, alors que je prends soin des autres au quotidien, je l'ai fait pendant des années, et de moi-même, jamais je me comporterais de cette façon avec quelqu'un d'autre. Et pourquoi je le fais avec moi ? pourquoi tous les jours je me dis que je suis moche que je suis grosse que pourquoi que je suis nul que je me répète mais effectivement on en revient à voilà pendant 20 ans on m'a mis ça dans la tête donc bah la petite voix lui croit et du coup c'est un combat permanent finalement entre cette nouvelle petite version qui essaye de finalement de ouais d'être de s'épanouir et comme si ah bah non il y avait l'autre petite voix qui arrive non non non et c'est un combat permanent mais c'est épuisant c'est épuisant

  • Speaker #1

    Ce qui est intéressant, et d'ailleurs, il y a des outils de PNL qui proposent ça, c'est de voir aussi à quel point ces deux petites voix, elles ont un but commun. Parce qu'en fait, on a l'impression que la petite voix autocritique, elle est destructrice et que, tu sais, on parle d'autosabotage. Moi, je ne crois pas du tout à l'autosabotage. Moi, je crois qu'on cherche toujours à faire le meilleur pour soi-même, mais qu'on le fait avec des manières, des fois, très douteuses. Et que même la petite voix qui te dit « t'es moche, t'es grosse, t'es nulle » , En fait, elle a internalisé que c'était comme ça que tu allais te motiver à y arriver. Elle a internalisé qu'il fallait à tout prix que tu y arrives, que tu maigrisses, que tu sois comme ci, comme ça pour être aimé. Et tu vois, en fait, les deux petites voix ont le but de prendre soin de toi, de faire en sorte que tu sois aimé des autres et que... C'est juste qu'elles ne s'y prennent pas de la même manière. Et qu'il y en a une qui est bloquée dans ton ancien schéma. Et il y a... un exercice en PNL qui permet une espèce de réunification aussi, tu vois, de ces deux petites voix et de percevoir à quel point elles ont le même objectif. Et que, il n'y a pas... J'aime bien aussi l'idée qu'on a plusieurs parties en nous, tu vois, qui cherchent à s'exprimer, mais qu'il n'y en a pas une qui est mauvaise, quoi. Il n'y en a aucune qui nous veut du mal. Et ça, c'est intéressant. Et je trouve aussi que ça peut être un peu déculpabilisant. C'est pour ça que je le partage, parce que... Parce que l'auto-sabotage, c'est culpabilisant comme idée. Oui, je m'auto-sabote, je me fais du mal. Moi, j'entends beaucoup ça des personnes qui disent « De toute façon, je me fais du mal avec les crises. » Mais non, tu cherches à te faire du bien avec les crises, en fait. Oui, ça te fait du mal au final, après, parce que t'es aimée. En vrai, c'est un mécanisme. de soulagement, en fait, que tu mets en place. Tu cherches pas à te faire du mal.

  • Speaker #0

    Et ça, pareil, je l'ai compris, de me dire que finalement, mes crises, elles venaient finalement m'apaiser d'angoisse permanente. Elles venaient, ouais, me permettre finalement de m'échapper.

  • Speaker #1

    Ouais. Et puis...

  • Speaker #0

    Malgré toutes les conséquences qu'il y a derrière.

  • Speaker #1

    Et je sais pas comment tu manges aujourd'hui, mais il y a aussi quelque chose de très physiologique derrière les crises. À un moment donné, si on mange pas assez, si on est en restriction réelle ou cognitive en permanence, tu vois en fait Il y a un mécanisme physiologique, enfin, c'est un mélange physiologique et psychologique qui fait que la crise, elle arrive. Elle est juste normale. Donc, effectivement, il y a le côté énergétique, le côté frustration, le côté émotionnel. Et tout ça, hop, tu mélanges bien et bim, t'as une belle grosse crise. Mais ça sert à rien de lutter contre, en fait. C'est sur le pourquoi elle est là qu'il faut agir, effectivement. Tout à l'heure, t'as dit un truc. T'as dit... Je ne vais pas retrouver tes mots exacts, mais en gros, tu parlais du fait que tu avais les clés aujourd'hui pour sortir de la boulimie et que simplement, bon, ben voilà, il fallait réussir à les mettre en place vraiment. Et du coup, j'ai eu envie de te poser la question, pourquoi c'est difficile de les mettre en place du coup, aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Parce que comme on dit, ça demande de tout appliquer sur soi, c'est difficile ou peut-être aussi en sortir finalement, ça fait peur. de lâcher ce poids, de lâcher mon identité peut-être, parce que finalement j'ai grandi depuis 20 ans, c'est une partie de moi, peut-être je dirais la peur.

  • Speaker #1

    Et la peur de quoi ? Qu'est-ce qui pourrait te manquer alors si la boulimie disparaissait ?

  • Speaker #0

    Le vide, de me dire mais ouais, qu'est-ce que je vais faire sans tout ça ? Parce que les crises de boulimie parfois c'est aussi l'ennui, la solitude. elles remplissent finalement encore un... Il y a encore un rôle qu'il faut que j'arrive à...

  • Speaker #1

    Ouais, peut-être. Mais qu'est-ce que t'imagines que tu pourrais faire si tu faisais pas de crise de boulimie ? À ton avis, il y aurait quoi dans ta vie à la place ?

  • Speaker #0

    Tellement de choses. Je serais tellement en pleine forme, parce que ça m'épuise, ça me fatigue. Physiquement, c'est épuisant. Parfois, j'en fais jusqu'à 4, 5 par jour. et puis financièrement aussi c'est compliqué parce qu'il faut tout acheter après voilà il faut faire le ménage il faut tout nettoyer c'est horrible en fait c'est horrible et je me dis sans tout ça je serais tellement en pleine forme pour aller de nouveau explorer le monde ouais

  • Speaker #1

    c'est ça en fait je pense que t'es même aujourd'hui t'es peut-être même pas en mesure d'imaginer tout ce qui viendrait remplir la place Moi, je crois que c'est un faux besoin. Ça me parle beaucoup de ce que tu dis. J'avais exactement les mêmes peurs que toi. Et l'impression aussi que sans les crises, qu'est-ce que j'allais faire de tout cet envahissement émotionnel ? Comment j'allais évacuer, finalement ? Et la question, elle ne se pose même pas. En fait... déjà, il y a beaucoup moins d'envahissement émotionnel quand tu es libre de manger, beaucoup plus libre dans ton corps et dans ton alimentation. Mine de rien, il y a une base émotionnelle qui n'est plus là, une base un peu pourrie de stress, de frustration, de plein de choses. Et puis, en fait, ce que je dis souvent, c'est qu'on a peur du vide quand on a un TCA, alors que c'est le TCA qui creuse le vide. et qu'en plus tu l'as très bien dit dans tes relations. Je compare le TCA à une espèce de tractopelle à l'intérieur qui va creuser sans arrêt. Et puis comme il creuse ce vide, tu dis, mais attends, si j'enlève ça, du coup, je vais avoir juste ce vide. Non, c'est lui, c'est le TCA qui creuse le vide. Et en fait, petit à petit, en ayant de moins en moins besoin des compulsions... Pour moi, le premier élément sur lequel bosser, c'est vraiment la bouffe, en fait, de manger plus, plus consistant, avec plus de plaisir, plus d'aliments interdits, tout ça. Mais il y a un truc en vrai qui s'apaise, quoi. C'est difficile de le dire différemment. Je voudrais trouver d'autres mots pour mieux le dire, mais il y a quelque chose qui s'apaise et tu as moins besoin de crise. Il y en a moins, moins souvent, moins forte. Ça, c'est les filles du programme, c'est ce qu'elles disent aussi, tu sais, des fois. Il y en a qui vont me dire « Ah ouais, mais j'ai refait une crise alors que je n'en avais pas fait depuis deux, trois semaines. » Puis je vais dire « Ok, est-ce que c'était vraiment la même crise que d'habitude ? » Non, franchement, j'ai moins mangé d'aliments, ça a duré moins longtemps. Et en fait, petit à petit, le truc commence à s'éloigner. Et en fait, déjà à ce moment-là, tu as remis plein de choses dans ta vie. Tu as remis plein de choses.

  • Speaker #0

    Parce que ça prend du temps. ça prend énormément d'énergie oui,

  • Speaker #1

    non mais ce que tu dis tu parlais d'argent aussi, on n'en parle pas assez je me dis tiens, je pourrais même faire un épisode là-dessus peut-être collaboratif où j'invite des personnes à venir me parler de ça en fait, mais moi j'avais fait un calcul à la louche il y a quelques années de ça, je m'étais dit alors en 5 ans de guérison j'avais fait un calcul un peu grossier avec une moyenne de temps de crise par semaine, avec une crise qui me coûtait tant sauf qu'à temps l'inflation est passée par là à l'époque la bouffe coûtait moins cher et en fait j'avais ajouté aussi le côté dépenses compulsives dans des fringues parce qu'en fait j'avais ça aussi avec la boulimie que j'ai plus du tout depuis que je suis guérie il y a plein de choses d'associées en fait au mécanisme et du coup j'avais calculé que j'avais économisé autour de 18 000 euros en 5 ans non mais j'en suis pas loin c'est un truc malade et du coup

  • Speaker #0

    c'est difficile parce qu'on se dit mais on va travailler et au final on est ruiné de par nos crises et c'est le cercle vicieux en fait c'est difficile on doit mettre de l'énergie en plus pour aller travailler,

  • Speaker #1

    pour avoir de l'argent finalement l'argent qu'on gagne c'est même pas pour nous faire plaisir non parce qu'on va le mettre dans nos crises en fait et puis il y a même des personnes qui m'ont déjà dit bah ouais moi j'ai pas d'argent à mettre dans le soin parce que tout passe dans les crises Mais tant que tu ne te soigneras pas, tu auras des crises. Enfin, tu vois, tu es clairement dans un cercle vicieux. C'est terrible. Franchement, c'est terrible. Mais en tout cas, je n'ai aucun doute sur le fait que tu ne sois pas face à du vide. Enfin, déjà parce que je connais ces mécanismes et je sais comment ça se passe. Mais en plus, parce qu'en ayant échangé avec toi, si tu veux, et vu ta vie de jeune adulte, comment elle a été hyper remplie, les voyages, les rencontres et tout. comment est-ce que ça pourrait être vide ?

  • Speaker #0

    C'est vrai.

  • Speaker #1

    Franchement !

  • Speaker #0

    Je pourrais tellement l'enrichir encore plus.

  • Speaker #1

    Mais ouais. Qu'est-ce que tu ferais si je te dis, imagine demain, tu ne fais plus du tout de crise de boulimie, qu'est-ce que tu ferais en plus dans ta vie ? Quels sont les premiers trucs qui te viennent ?

  • Speaker #0

    Me reposer.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    Autoriser mon corps à se reposer.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui t'empêche de le faire aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Le cerveau. Quand j'essaye de me reposer, il y a toutes les pensées qui reviennent et c'est difficile. C'est difficile. Parfois, du coup, je préfère dire, je fais une crise, au moins je suis fatiguée et je dors.

  • Speaker #1

    Il y a un vrai truc à bosser dessus, c'est intéressant. Alors que tu te prépares à être coach sportive et que... tu diras aux personnes que tu accompagneras que le repos post-entraînement est aussi important que l'entraînement.

  • Speaker #0

    Tout à fait. Et c'est ça ce que je dis, je pense que j'ai énormément de connaissances, que ce soit en termes de sport, de par mon métier d'infirmière, et c'est dur de l'appliquer sur soi. Mais je me dis, le discours que je vais tenir aux autres, il faut que je me l'applique à moi-même. Pour pouvoir aussi recréer cet alignement entre ce que je vais dire et ce que je vais faire.

  • Speaker #1

    Oui, et je suis en train de me dire, tu sais, quand des personnes, par exemple, ont du mal à réintroduire un aliment interdit parce que trop flippant et que ça part en crise, je cherche avec elles comment elles pourraient mettre de la sécurité, soit à l'extérieur, soit avec d'autres gens. Et je suis en train de me dire, peut-être que tu pourrais te poser cette question-là pour le repos, pour réapprendre à te donner des temps à ne rien faire. Est-ce que ça pourrait être... par le biais d'autres gens, faire ces moments-là avec d'autres gens, ou à l'extérieur de chez toi pour te protéger de l'arrivée d'une crise, mais de renouer, même si c'est une fois par semaine, avec, je ne sais pas, dix minutes de repos, des tout petits moments comme ça. Repos, ça peut être lire, faire des mots fléchés, regarder une série, te faire masser, j'en sais rien, aller au ciné, ça peut être plein de choses, t'asseoir dans un parc. observer ce qui se passe. Il y a plein de façons de se reposer, mais peut-être que tu pourrais innover autour des façons de te reposer et peut-être créer de la sécurité autour de ça pour ne pas que ça parte sur une crise.

  • Speaker #0

    C'est ça. Et ça me fait rebondir de me dire que, par exemple, aujourd'hui, quand je vais au restaurant avec des amis ou autres, j'ai l'impression de ne plus avoir ces barrières avec l'alimentation.

  • Speaker #1

    Ça, c'est cool.

  • Speaker #0

    Parce que c'est le moment... Je suis soit avec une amie, soit avec une autre personne. Et en fait, le moment est tellement plus important, le moment est tellement plus enrichissant émotionnellement que finalement, j'en oublie. Je ne vais pas me dire, je ne vais pas manger ça parce que je vais prendre un kilo. Non, j'ai plus envie, sur le moment T, de m'enrichir. émotionnellement de la chaleur humaine de ce moment finalement, de ce moment simple mais qui apporte tellement trop bien,

  • Speaker #1

    c'est super déjà c'est génial que tu aies développé ça entre guillemets et je pense que peut-être tu peux t'appuyer là-dessus pour d'autres choses, pour le repos par exemple c'est ça qu'est-ce qui Enfin, tu l'as déjà dit sur plein de choses, mais si tu devais nommer là où les choses qui t'ont le plus aidé sur ton parcours jusqu'ici, qu'est-ce que c'est ?

  • Speaker #0

    Les professionnels.

  • Speaker #1

    OK.

  • Speaker #0

    Quand même, le fait d'être à l'hôpital, parce que c'était vraiment une clinique spécialisée pour les troubles alimentaires. Aujourd'hui, de trouver des personnes comme toi qui font des podcasts, qui donnent des clés. Non, c'est vrai ? Parce que comme je dis, il y a 15 ans en arrière, on n'avait pas tout ça. On n'avait pas toutes ces ressources-là en fait. Donc à l'époque, c'était les livres. Je lisais les livres, des témoignages autobiographiques des personnes qui avaient des troubles alimentaires. Et ouais, de se sentir finalement qu'on n'est pas seul.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu aimerais dire aux personnes qui nous écoutent ? Si tu devais leur transmettre quelque chose, ce serait quoi ?

  • Speaker #0

    Qu'il y a de l'espoir. que je cesse de me dire que ce n'est pas arrivé pour rien comme comme on disait au début il ya les symptômes il ya plein de choses c'est pour nous finalement cette maladie elle est pour nous mais il faut arriver à un moment donné voilà d'avoir les clés d'avoir les ressources à prendre du temps être patiente s'entourer des bonnes personnes et que ouais la vie elle est elle est merveilleuse il ya énormément de choses à faire en en dehors de tout ça c'est joli,

  • Speaker #1

    la vie elle est merveilleuse et c'est vrai que finalement tu t'es un peu fait une promesse en sortant de cette première hospitalisation peut-être que tu t'imaginais que t'allais commencer par guérir et vivre tous tes voyages, tu l'as fait un peu différemment t'es partie avec ta maladie sous le bras en disant non mais moi je vais vivre ma vie et c'est chouette aussi je trouve que c'est une façon aussi de montrer que la guérison arrivera quand elle arrivera, mais que ta vie, elle continue, elle n'est pas complètement sur pause. Et peut-être que tu aurais plus profité en étant complètement libre de manger ce que tu veux, mais il n'empêche que tu l'as quand même vécu et que tu as profité quand même à ta manière.

  • Speaker #0

    Et je pense que moi, je le verrais plus positivement en me disant, je ne veux plus me fuir en fait, parce que ça vient avec nous. Et peu importe qu'on soit à 10 000 kilomètres ici, non, c'est pour nous en fait. et c'est à l'intérieur de nous ok peut-être que l'extérieur a contribué à tout ça mais c'est à l'intérieur de soi qu'il faut aller chercher et qu'il faut aller apaiser, faire la paix c'est joli,

  • Speaker #1

    je ne veux plus me fuir j'ai très envie de rester sur cette phrase, je la trouve très belle merci beaucoup pour cet échange qui était très riche qui est parti sur plein de choses je trouve on aura encore à dire Mais ouais, en fait, c'est ça. Je me dis, à un moment donné, à contre-cœur, je devais refermer certaines portes pour revenir sur notre échange. Mais je me dis, mais attends, il y aurait eu tellement de portes là, aller explorer davantage autour des voyages, autour de la connaissance de soi, autour de... Tu as parlé aussi de l'amour, chercher l'amour, et puis plutôt l'amour de soi. Enfin, je me dis qu'il y aurait plein d'autres choses à en dire. Mais déjà, je trouve que... Je trouve que tu as dit beaucoup de choses et je suis sûre que ça va créer des résonances chez les personnes qui vont écouter. Donc, un immense merci d'être venue te livrer à mon tour.

  • Speaker #0

    Une petite anecdote, j'ai toujours dit, un jour quand je serai guérie, vraiment, totalement, j'aimerais vraiment faire mon travail et me dire aider les personnes dans le même cas. Écrire un livre ou partager en fait.

  • Speaker #1

    Moi aussi, ça fait toujours partie de mes rêves, du coup, je ne l'ai pas accompli ça d'écrire un livre, tu ne vois pas encore. Oui, mais je pense que beaucoup de personnes ressentent cette envie-là en ayant vécu les troubles alimentaires, mais parce que c'est à la hauteur de la puissance de ce qu'on vit à l'intérieur de ça. Franchement, je pense que quand on ne le vit pas de l'intérieur, comme beaucoup de choses, tant que tu ne le vis pas de l'intérieur, tu ne peux pas. Et d'ailleurs, c'est même difficile de l'expliquer avec des mots, toute l'horreur qu'on peut traverser. Et à la fois, la libération de ce truc-là, ça a un côté un peu magique, même si ça s'estompe avec les années, on ne va pas se mentir. Ça fait des années que je suis guérie, je ne me lève pas tous les matins en me disant « c'est magique de pouvoir manger ce que je veux » . Il y a quelque chose qui devient ma nouvelle normalité. mais c'est vrai que c'est oui je comprends que tu aies cette envie là parce que tu vois j'en ai fait aussi mon métier et que c'est très porteur quoi ouais ouais tout va être à

  • Speaker #0

    100% vraiment guéri pour pouvoir partager librement ouais et avoir cette force en soi de voilà de pas se laisser non plus imprégner oui complètement ah oui bah il y a ça oui oui

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai, j'avais même pas pensé à ça. Le côté, t'entends les histoires des autres, si toi-même t'es pas encore au clair, à mon avis, ça va venir te trigger.

  • Speaker #0

    C'est vrai.

  • Speaker #1

    Et comme tu dis, je crois que vraiment, si t'es pas complètement tranquille avec la bouffe, à un moment donné, ça va transparaître aussi. Enfin, tu vois, si tu crées du contenu sur les réseaux et tout, je pense que, bon, il y a des choses qui se ressentent. En tout cas, moi, je le ressens quand je vais sur d'autres contenus. Je le vois bien si la personne n'est pas ultra tranquille avec son corps et avec la bouffe. Bon, en tout cas, nous allons être merci.

  • Speaker #0

    On donne de l'espoir, en tout cas.

  • Speaker #1

    Ouais, j'espère aussi transmettre un message juste dans le sens où je ne veux pas vendre un truc parfait, quoi, tu vois. Ouais, c'est ça. Ouais, sortir des troubles alimentaires, ça ne veut pas dire être dans une relation toujours géniale à son corps, tu vois. Il y a des phases... plus compliquées, mais en fait je pense que c'est simplement relié au fait d'être un être humain et notamment une femme et encore une fois dans notre société je pense que tu guéris des troubles alimentaires et tu vas vivre dans une société complètement différente, ce sera peut-être plus jamais plus du tout un sujet mais là quand tu vis en France je pense que c'est normal que le corps de la femme soit un sujet pour les femmes je pense que voilà on parle de guérison comme un but ultime et je pense que ça fera partie de nous Merci.

  • Speaker #0

    C'est notre histoire, c'est nous-mêmes, mais la relation, ce sera plus, finalement, pathologique et plus un frein dans notre vie tous les jours. Finalement, ça devient pathologique quand nous-mêmes, on en souffre. Mais voilà, la guérison, c'est, moi, je dirais juste, ouais, retrouver, ne plus avoir de frein de par cette maladie, en fait.

  • Speaker #1

    Mais je suis complètement d'accord avec toi, je trouve que c'est très juste ce que tu dis, que finalement, ce but ultime de guérir du trouble alimentaire... Ok, en fait, le but ultime, c'est de vivre ta vie, quoi. C'est de vivre ta vie sans être complètement parasité par tous ces trucs qui viennent te freiner, par cet espace mental et tout. Tu as une charge mentale où tu penses à 90% du temps à la bouffe et à ton poids. Bon, ben voilà, si tout d'un coup, tu viens y penser, déjà 50%, tu auras plus de place, 30%, puis 20%, et puis chacun jaugera où il veut, et le but, ce n'est pas d'arriver à une espèce de guérison parfaite. qui Ausha plein de critères, on s'en fout en fait. Tu vois, le but c'est de juste vivre ta vie de manière épanouie.

  • Speaker #0

    Et de pouvoir aller manger une petite gourmandise quand on en a envie.

  • Speaker #1

    C'est clair, que ce ne soit pas un sujet quoi.

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #1

    Bon, en tout cas, merci beaucoup. Merci, merci, merci. J'ai vraiment adoré discuter avec toi. Donc, merci.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup.

  • Speaker #1

    Un grand merci à toi qui est encore là à la fin de cet épisode. Comme je te le dis souvent... Ton soutien est super important, c'est même ça qui permet au podcast d'exister encore aujourd'hui. Alors, si mon contenu t'apporte de l'aide d'une quelconque manière que ce soit, sache que tu peux m'en redonner à ton tour. Pour ça, il y a plusieurs façons de faire. Tu peux tout d'abord partager le podcast, en parler autour de toi, à tes proches, mais aussi à des professionnels. Tu peux laisser 5 étoiles, notamment sur Spotify ou Apple Podcast, ou laisser ton meilleur commentaire. Mais depuis peu, j'ai aussi apporté une nouveauté qui te permet de me soutenir encore plus concrètement avec de l'argent. Effectivement, tu trouveras en description de cet épisode un lien qui te permettra de faire un don à la hauteur de ce que tu trouves que ce podcast t'a apporté. Merci, merci beaucoup. C'est grâce à ton soutien que ce travail va pouvoir continuer. Je te souhaite de prendre soin de toi autant que ce sera possible et je te dis à très bientôt sur un nouvel épisode. Ciao !

Chapters

  • Présentation Marie-Laure

    01:49

  • Son rapport au corps et à l’alimentation dans l’enfance

    05:21

  • Le début des TCA avec l’anorexie

    10:14

  • Le début de la boulimie

    14:27

  • Pression sociale de l’apparence

    21:24

  • Son évolution dans le rapport au corps

    29:18

  • Où elle en est aujourd’hui

    33:07

  • Ce qui lui manque pour guérir aujourd’hui

    41:39

  • Ce qui l’a le plus aidée jusqu’ici

    51:04

  • Ce que Marie-Laure aimerait vous dire

    51:46

Description


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Infirmière en reconversion pour devenir coach sportive, Marie-Laure revient sur son histoire avec les troubles alimentaires.

De sa phase d’anorexie à l’adolescence où elle perd 20kg en un mois jusqu’à la bascule vers la boulimie vomitive qui est toujours là aujourd’hui. En passant par ses voyages qui lui font pleinement prendre conscience des injonctions sur le corps en France, Marie-laure nous parle aussi de la transformation de son rapport au corps.

C’est donc un échange durant lequel nous allons explorer plein d’aspects du TCA et plus largement du rapport à soi.

Merci Marie-Laure pour ton sourire et ce super échange! 



Au programme : 


Présentation Marie-Laure
Son rapport au corps et à l’alimentation dans l’enfance
Le début des TCA avec l’anorexie
Le début de la boulimie

Pression sociale de l’apparence

Son évolution dans le rapport au corps
Où elle en est aujourd’hui
Ce qui lui manque pour guérir aujourd’hui 

Ce qui l’a le plus aidée jusqu’ici
Ce que Marie-Laure aimerait vous dire 




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Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans TCA, etc., le podcast qui décrypte les troubles des conduites alimentaires et tout ce qui gravite autour, parce que ça n'est jamais seulement qu'une histoire de bouffe. Je suis Flavie Mitsono, et j'accompagne les mangeuses compulsives à devenir des mangeuses libres bien dans leur basket. Alimentation, peur du manque, insatisfaction corporelle, peur du jugement, du rejet, empreinte familiale, grossophobie, les sujets abordés dans ce podcast sont très vastes, et pour ce faire, mes invités sont aussi très variés. Retrouvez-moi aussi sur Instagram où j'aborde tous ces sujets au quotidien sur Flavie.mtca. Très belle écoute. Bienvenue Marie-Laure dans le podcast, je suis très contente de t'accueillir. En plus t'as un sourire jusque-là, on ne le voit pas dans le podcast mais c'est trop bien, tu es lumineuse.

  • Speaker #1

    Merci de te voir.

  • Speaker #0

    Très contente de passer ce temps pour échanger avec toi. Je te propose de commencer par te présenter pour que les personnes qui nous écoutent aient un peu une idée de qui tu es. Et puis moi aussi, au passage, parce que je me suis gardée la surprise, on n'a pas trop parlé avant, je vais te découvrir aussi.

  • Speaker #1

    Eh bien, allons-y. Alors du coup, je m'appelle Marie-Laure, j'ai 28 ans. Je suis infirmière depuis 7 ans maintenant. Et là, actuellement, en reconversion pour être coach sportif. Donc, on va vite arriver dans le cœur du sujet.

  • Speaker #0

    Trop bien.

  • Speaker #1

    Voilà. Donc, beaucoup d'expériences à l'étranger. J'ai exercé mon métier du coup en Guyane, en Corse. J'ai beaucoup voyagé. Peut-être aussi aller à la quête de soi quelque part à travers ces voyages.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Voilà. Donc là, actuellement, en reconversion pour être coach sportif.

  • Speaker #0

    OK. Très bien. Et si tu es sur ce podcast qui s'appelle Tessa, etc., c'est aussi parce que tu as une expérience de vie avec les troubles alimentaires.

  • Speaker #1

    Bien sûr. C'est le cœur de ma vie. C'est l'autre part. qu'on ne voit pas, qui est parfois cachée, parce que quelque part c'est invisible. Ça a commencé quand j'avais 14 ans, suite à beaucoup d'insultes, de moqueries. Au collège, j'étais la grosse intello tout le temps, c'était mon petit surnom, même de par ma famille qui me traitait, mon père surtout, beaucoup d'insultes. Donc j'étais un petit peu en surpoids, mais rien de... médicalement rien de plus du coup je suis vite tombée dans l'anorexie mais j'ai mis du temps à comprendre parce que pour moi ça a débuté, je veux perdre un petit peu de kilos donc voilà à l'époque je regardais les magazines toutes les recettes miracles pour pouvoir perdre du poids et puis petit à petit finalement j'ai perdu quasi 20 kilos en un mois parce que je finissais par manger une pomme par jour trois feuilles de salade et j'allais courir 10 kilomètres Merci. Donc voilà, on rentre vite, la petite voix s'infiltre vite dans notre tête et c'est très difficile de la contrôler après. Enfin, au début, on croit qu'on contrôle, mais finalement, on ne contrôle pas du tout. Mes professeurs ont été alertés de par cet amégrissement finalement quasi soudain, parce qu'il y avait eu les vacances d'été et quand ils m'ont revu à l'heure de rentrée, ils étaient un peu surpris. Mes copines aussi à l'époque, donc du coup, avec l'infirmière, etc., qui m'a pris en charge. Et de là, j'ai compris qu'on arrivait dans l'anorexie. Donc, dur déjà de mettre des mots sur ça. Parce que pour moi, c'est quelque chose... Je me rappelle, parfois, à la télé, on voyait ce genre de témoignages. Et on se dit, mais waouh, comment c'est possible ? Et en fait, on comprend vite que c'est qu'un symptôme. C'est qu'un symptôme de notre souffrance interne, en fait. Je voulais juste dire, mais aidez-moi, aidez-moi. Je vais pas bien, aidez-moi.

  • Speaker #0

    Ouais, ok. Là, on est rentré très vite dans le vif du sujet. C'est hyper intéressant. Tu as dit plein de choses. J'ai déjà plein de questions à te poser. Déjà, par rapport au sport, parce que ce n'est pas anodin si jeune. Aujourd'hui, la course à pied, c'est assez à la mode. Mais tu vois, on parle d'un truc d'il y a 15 ans. Ce n'était pas du tout à la mode pareil. Donc, j'ai plein de questions. La première, est-ce qu'avant de sombrer dans l'anorexie, tu faisais du sport et du coup, tu as juste durci ton entraînement ? Et puis, tu sais, il y a une question que j'aime bien poser aux personnes dans le podcast, c'est aussi de savoir quels sont les premiers souvenirs avant la maladie. Parce que là, tu dis que ça arrivait à 14 ans. Et du coup, je serais curieuse que tu parles de ton rapport à ton corps et à l'alimentation avant ça, quand tu étais petite. Tu prends dans l'ordre que tu veux, tu réponds à celle que tu veux en premier, je m'en fiche.

  • Speaker #1

    On va commencer par le sport. Donc, effectivement, j'ai commencé le sport très jeune. J'avais 6-7 ans, j'ai commencé le tennis. Et c'est vrai que mes parents m'avaient mise au sport. pour maigrir. Parce qu'il fallait que je bouge. Voilà, donc ça avait commencé de là. Et puis, après, j'ai beaucoup aimé le tennis. Donc, voilà, j'en suis sortie. Enfin, j'en ai fait beaucoup, beaucoup. Et puis après, j'ai accentué, du coup, parce que je voyais que ça permettait de perdre du poids, etc. Sauf qu'à un moment donné, j'étais tellement faible que j'ai dû arrêter ce sport. Donc, là, ça a été très compliqué parce qu'au début, effectivement, pour moi, je voyais aussi le sport comme un moyen de maigrir ou de ne pas grossir. Mais après, donc voilà, avec le temps, etc., c'est beaucoup plus émotionnel, un bien-être émotionnel. Mais effectivement, j'ai accentué cette pratique. Et c'était même une pratique nocive pour ne pas maigrir. Et on rentrait vraiment dans les troubles alimentaires.

  • Speaker #0

    En même temps, je ne vois pas comment tu aurais pu voir ça autrement. Si on t'a mise au sport pour maigrir ou pour ne pas grossir, je ne vois pas comment tu aurais pu construire une autre image.

  • Speaker #1

    C'est ça. Et parce qu'effectivement, moi, j'étais très gourmande à l'époque. Et j'étais vraiment, entre guillemets, dans ma famille, le petit boulet. Celle qui était la plus grosse. Et j'ai toujours été, par exemple, j'avais toujours des réflexions, que ce soit de mes proches ou de ma famille, « Non, ne mange pas, tu es trop grosse, il faut que tu maigrisses. » Tout le temps, tout le temps.

  • Speaker #0

    Mais tu mangeais réellement plus que les autres. Là, tu vois, on touche aussi aux souvenirs, à la d'enfance. Parce que tu dis « J'étais très gourmande. » OK. Enfin, qu'est-ce que ça signifie, en fait ? « J'étais très gourmande. » « Tu étais beaucoup plus gourmande que les autres. » Et concrètement, qu'est-ce que ça voulait dire ? Est-ce que tu avais l'impression de manger plus que d'autres ?

  • Speaker #1

    Alors pour moi, non. mais finalement j'ai fini par le croire que je mangeais trop que j'étais trop grosse en fait donc après mon rapport moi je finissais par manger quand les autres mangeaient des gâteaux etc moi j'en mangeais pas c'est terrible c'est cruel en fait je trouve je veux dire t'avais peut-être juste une morphologie différente tout point et comme je te dis j'étais vraiment un petit peu en surpoids bon je suis pas très grande mais pour 1m55 je devais faire à peine 60 kilos Donc, effectivement, un petit peu bien en point, mais sans être médicalement au-delà. Mais du coup, moi, j'ai la croyance que j'ai depuis toute petite, c'est que je suis grosse et que pour qu'on m'aime, il faut que je maigrisse.

  • Speaker #0

    Oui, tu m'étonnes. Et donc, c'est quoi tes souvenirs dans le rapport au corps et à l'alimentation petite ? Aussi loin que tu te souviennes, c'est ça ? Tu te sentais trop grosse ?

  • Speaker #1

    Ah oui, tout le temps. Je pleurais pour ne pas aller à la piscine parce que... tout le temps les camarades me traitaient de gros, c'était mon surnom, vraiment.

  • Speaker #0

    C'est durant.

  • Speaker #1

    Et du coup, là, je me suis dit, si je maigris, peut-être qu'on arrêtera de me traiter et qu'on m'aimera. Je me suis mis cette pression de vouloir exceller dans d'autres choses, donc ce soir au tennis, à l'école, j'avais toujours les bonnes notes, et encore aujourd'hui, j'ai toujours besoin de prouver en réalisant des choses, pour finalement qu'on... qu'on pense autre chose de moi qu'un physique. Donc là, c'est des croyances, voilà, avec le temps qui sont en train de se déconstruire de par ton podcast, de par d'autres choses que je suis. Mais c'est des croyances très difficiles à...

  • Speaker #0

    Mais en même temps, pour moi, c'est pas malsain de chercher à ce qu'on jauge ta valeur sur autre chose que le physique. Par contre, je m'attendais à ce que tu tournes ta phrase différemment. Je croyais que tu allais me dire que tu cherchais à compenser. Tu vois que finalement, le fait d'exceller, comme tu disais, dans d'autres trucs, c'était pour compenser le fait que tu n'avais pas un physique comme il fallait.

  • Speaker #1

    C'est ça. C'était plus ça. Je voulais satisfaire mon père, le rendre fier de moi, malgré que j'ai quelques kilos en trop, mais je suis capable de faire d'autres choses. Mais ça ne suffisait pas. Ça ne suffisait pas, malheureusement.

  • Speaker #0

    Et alors quand tu as maigri, parce que tu dis, bon ben voilà, peut-être qu'en maigrissant, on va arrêter de m'insulter, peut-être qu'on va commencer à m'aimer, et dans le on, je mets autant les camarades de classe que ta famille, ton père, etc. Qu'est-ce qui s'est passé ? Ça a fonctionné alors ?

  • Speaker #1

    Eh ben finalement non. Sauf que la petite voix, elle était dans la tête. Voilà, la petite voix qui nous empêche de manger, qui a peur qu'on regrossisse. Et après c'était ça le problème, parce que je me suis dit, ok, maintenant j'ai atteint. entre guillemets mon objectif de perdre du poids, mais ça va être difficile de le reprendre.

  • Speaker #0

    Ça a duré combien de temps cette phase-là ? Parce que tu dis que tu as perdu du poids très vite, en un mois. Et ensuite, tu as maintenu ce poids-là combien de temps à peu près ?

  • Speaker #1

    Alors, j'étais descendue à peu près pareil, de 61 jusqu'à 37 kilos au plus bas. Et de là, on a suivi les hospitalisations, parce que j'étais vraiment très faible. Donc j'arrivais entre guillemets à aller encore un petit peu en cours, etc. pendant peut-être 3-4 mois, mais après ça devenait compliqué parce que même les camarades c'était... ils voyaient qu'il y avait un changement en fait en moi. Donc on a suivi les hospitalisations. J'avais eu une première hospitalisation de quasi trois mois. Donc c'était dans un service de pédiatrie parce que j'étais encore mineure à l'époque. Et de là j'avais rencontré une incroyable infirmière qui m'a donné l'envie aujourd'hui d'être infirmière.

  • Speaker #0

    C'est tellement beau.

  • Speaker #1

    J'aimerais aider les autres. sauf qu'on comprend vite aussi qu'avant de pouvoir aider les autres il faut être bien au fond de soi c'est super important et pareil de pas vouloir chercher à sauver les autres quand même ouais tout à fait parce

  • Speaker #0

    qu'on s'épuise et c'est pas la solution non plus oui c'est difficile en même temps là on touche à un autre sujet mais qui est très important parce qu'en plus beaucoup de femmes s'orientent vers le care le prendre soin et Et c'est vrai que cette notion de sauveur, très honnêtement, moi-même, je lutte contre ça encore. Je suis dans l'aide, le soin apporté depuis bien plus longtemps que ça. J'ai toujours fait que ça. Mais ça fait quatre ans que je suis à mon compte. Et je sens que c'est vraiment quelque chose... Je dois toujours me réajuster. Je trouve que le syndrome du sauveur, il est hyper présent. Et c'est...

  • Speaker #1

    horrible énergie que tu te pompes toi même en fait en faisant ça donc ça me parle tout à fait ce que tu dis je suis bien d'accord mais j'avais pas toutes les connaissances à l'époque j'ai un an qui m'étonne et toutes ses ressources donc effectivement on s'en rend pas compte en fait au début et c'est vrai qu'avec le temps j'ai quand même compris que ma pratique professionnelle devenait compliqué avec ma problématique finalement de fond en fait parce que c'est compliqué de soigner entre guillemets des eaux qui sont en souffrance Ça renvoie énormément à nous-mêmes qui sommes en souffrance.

  • Speaker #0

    Oui, parce que finalement, on a fait un gros saut dans le temps où on comprend que tu es devenue infirmière. Mais qu'est-ce qui s'est joué ensuite pour toi ? Est-ce que tu as l'impression à un moment donné d'être sortie de l'anorexie ? Si oui, comment ça s'est passé dans les années qu'on suivit ?

  • Speaker #1

    Après la première hospitalisation, Ça m'avait fait du bien. Je me rappelle, je m'étais fait la promesse de me dire « Mais je ne veux pas que cette maladie empiète ma vie et m'empêche de réaliser mes rêves. » M'empêche parce que j'étais pleine de rêves à l'époque. J'avais cette envie d'être infirmière, cette envie de voyager, cette envie de faire plein de choses. Et quelque part, c'est un frein parce qu'avec cette maladie, on perd tout. On perd nos amis, on perd notre santé. On perd énormément de choses en fait. Et donc du coup, ça a été... j'étais un peu mieux quand je suis sortie de l'hôpital, donc ça m'a permis de continuer de faire mes études. Toujours dans l'anorexie, jusqu'à la première année à l'école d'infirmière. Et je me rappelle du jour où on a basculé dans l'opposé. Donc du coup j'avais quand même réussi à reprendre du poids, à avoir un poids stable et de remanger en fait avec l'accompagnement des diététiciennes etc. Tout ce travail qu'on avait pu faire à l'hôpital. Ça a duré quelques temps, mais quand on revient dans la vraie vie c'est compliqué quand on sort du cadre finalement. Et je me rappelle un jour, j'étais avec ma meilleure amie et là je lui dis mais j'ai envie de manger du chocolat, j'ai envie de manger plein de choses. Et donc c'était cette meilleure amie-là qui était aussi à l'époque hospitalisée en même temps que moi. On s'était rencontré du coup, donc un peu les mêmes problématiques, une histoire totalement différente mais du coup au final, les mêmes problématiques. Et elle me dit mais mange, mange. Et puis moi, j'étais toujours dans cette restriction-là. Et je suis allée au magasin, j'ai acheté tout ce que j'avais envie, tout ce que je m'étais privée depuis tout le temps. Et puis là, c'est parti en crise de boulimie parce que j'ai tout mangé, 10 paquets de gâteaux, du Nutella, de la chantilly, tout. Puis, culpabilité. Donc, comment on fait pour effacer tout ce qui vient de se passer ? Ça a été les vomissements. Et depuis ce jour-là, c'est vraiment des vomissements, des crises de boulimie, tout le temps.

  • Speaker #0

    C'est resté, de la façon dont tu le dis, j'ai l'impression que ce jour-là, c'est arrivé. Et que finalement, c'est resté une constante. qui n'a quasiment pas bougé jusqu'à aujourd'hui ? Ou est-ce qu'il y a eu des périodes où il y en avait moins, il y en avait plus ?

  • Speaker #1

    Oui, parce que forcément, derrière tout ça, j'avais des études à faire, j'avais énormément de choses. Donc du coup, il y a eu une nouvelle hospitalisation à la fin de ma deuxième année. Parce que finalement, j'arrivais entre guillemets à gérer les crises, l'école, la fatigue. Mais à un moment donné, je ne pouvais plus. Donc nouvelle hospitalisation. De là, j'avais eu la sonde nasogastrique pour lutter contre les vomissements. Quand on est là-bas, on ne peut plus faire les crises. On n'a plus cette possibilité. Et puis, il y a beaucoup d'activités, un accompagnement. Pareil, très professionnel, donc on se sent bien. Donc ça a été, ça a restabilisé, je suis ressortie. Mais quand on revient avec toutes les tentations de la nourriture, de plein de choses, quelques temps après, ça a recommencé parce qu'effectivement, c'est lié aussi à l'émotionnel. J'étais énormément stressée, je me mettais cette pression de réussir mes études en fait. Et donc voilà, émotionnellement, c'est lié. J'évite le lien aussi entre l'anxiété, finalement. Les crises, c'était mon moyen, c'était un échappatoire qui venait apaiser toutes ces angoisses et me procurer, entre guillemets, du bien-être. Parce que, je vais en revenir au sport, le sport, c'était le moment où j'oubliais tout quand je faisais du sport. Au début, non, mais après, j'y prenais plaisir dans ces moments. Vraiment, il y a vraiment eu cette notion de plaisir dans le sport. Sauf que quand je n'avais pas ce plaisir-là dans le sport, il fallait que je le trouve ailleurs. Et du coup, je compensais avec les crises de bout de nuit.

  • Speaker #0

    Et comment était ton alimentation à ce moment-là en dehors des crises ?

  • Speaker #1

    J'essayais de... J'arrivais, ça dépendait des horaires de travail, etc. Il y avait toujours peut-être un ou deux repas. Il y a des périodes où je ne prenais aucun repas. Je n'arrivais pas, c'était vraiment que du vomissement. Et parfois, je me disais, bon, je m'autorisais la crise le soir. Donc j'attendais cette crise toute la journée. Donc nos pensées, elles sont... diminuées par la nourriture, elles sont diminuées par ça. Sauf que, pareil, de nouveau, énormément, beaucoup de fatigue et très peu d'alimentation.

  • Speaker #0

    Ah ouais, non mais tu devais être épuisée, et puis même, tu vois, cet envahissement cognitif, je veux dire, il faut le faire de suivre des études à côté et tout, c'est vraiment, c'est épuisant. Physiquement et psychiquement, quoi, je veux dire.

  • Speaker #1

    Mais on ne comprend pas parfois, parce que tout ça, ça se passe dans l'ombre, finalement. Dans l'ombre, c'est... dès quand je rentrais chez moi, personne n'était au courant personne n'est au courant finalement de ce combat qu'on mène contre nous-mêmes,

  • Speaker #0

    contre l'alimentation mais t'aurais aimé qu'il y ait des personnes au courant de ce que tu vivais ?

  • Speaker #1

    non mais juste me sentir comprise me sentir comprise que bah oui je suis fatiguée que oui parfois j'ai pas l'énergie d'apprendre que ouais tout simplement je suis fatiguée en fait

  • Speaker #0

    Mais à la fois, j'imagine que c'est tellement honteux que tu faisais tout pour pas que ça se sache.

  • Speaker #1

    C'est ça. Mais du coup, on se prive de vie sociale, on perd nos amis, ça crée des conflits avec notre famille qui ne comprend pas, ou qui va nous aider mais qui se sent impuissant aussi parfois.

  • Speaker #0

    Oui, tu sens. Ça fait plusieurs fois que tu parles de ça, de la vie sociale. Toi, tu as l'impression que vraiment cette maladie, elle a... creuser un fossé entre toi et les gens qui te sont chers.

  • Speaker #1

    Ah oui, oui, oui parce que ben à l'époque je me rappelle j'avais perdu mes copines parce qu'on sort plus, parce que on a peur, peur de l'alimentation, je voulais jamais aller au restaurant, si ce n'était pas moi qui cuisinait c'était impossible que je mange, ou sinon on cuisine mais on amène sa petite boîte mais voilà socialement bah c'est compliqué. Parfois des réflexions aussi des personnes qui sont même qu'ils ne connaissent pas mais en fait des réflexions qui sont vraiment nous on les prend de façon horrible du genre par exemple oh bah tu fais bien pas manger au moins tu cours s'ira pas ou non d'accord ou à bâtois tu devrais manger t'es pas grosse fin plein de ou pourquoi tu manges pas et toujours devoir se justifier et c'est peut-être des questions à nos dînes pour les autres mais c'est difficile pour nous ou entendre aussi parfois les autres Oh, moi, hier, j'ai mangé une bonne tablette de chocolat ou, je ne sais pas, une bonne raclette. Et nous, on est là, ben, non, moi, je ne peux pas. Et pareil, on en revient au niveau cognitif, c'est très compliqué. C'est très compliqué. Parce que ça nous rappelle constamment que nous, notre relation n'est pas saine avec la nourriture.

  • Speaker #0

    Ouais. Tu vois, quand tu dis des phrases anodines, bon, alors quelqu'un qui va dire, ah, hier, j'ai mangé ça, c'était trop cool. On est en France, c'est vrai qu'on est très attachés à la bouffe, ça prend beaucoup de place dans les échanges. Bon, ça, c'est une chose. Mais aller dire, t'as raison, comme ça, tu vas pas grossir. Ou toi, tu peux manger, tu peux te le permettre, t'es mince. Tout ça, franchement, c'est acheté, quoi. Tu vois ? Pour moi, il n'y a rien d'anodin là-dedans. Et en fait, on encourage des comportements vraiment malsains. Il y a quelque chose qui est normalisé dans notre société. Ça me saute de plus en plus aux yeux. Il est normalisé d'avoir un rapport troublé à l'alimentation. Clairement, quoi. Je veux dire... Toutes ces phrases, tout... Enfin, pour moi, c'est hyper problématique, tu vois, et ça n'a rien d'anodin. Et oui, du coup, c'est hyper compliqué. Quand ces phrases s'adressent à quelqu'un qui a un TCA, on ne peut jamais savoir quand la personne a un TCA, parce qu'en fait, ça ne se voit pas, ce n'est pas écrit sur son front. Mais même pour soi, moi, j'invite n'importe quelle personne à se questionner sur cette façon tout le temps. Parce qu'en fait, en faisant ça, on commente le corps de l'autre. Quand tu dis à une personne, tu peux machin, en fait, tu es en train de commenter son corps, mais aussi faire un... une espèce d'échelle d'évaluation des corps qui peuvent manger ou non. Mais attends, c'est complètement fou de dire ça, finalement. Ça veut dire que la voisine d'à côté, tu vas lui dire, non, toi, mange pas, parce que t'es trop grosse. Enfin bon, voilà, c'est mon petit cheval de bataille. Je trouve que ça n'a rien d'anodin, vraiment.

  • Speaker #1

    Je suis tout à fait d'accord avec toi. Et j'en reviens aussi de par la pression sociale qu'on a aussi en termes d'apparence. Parce que forcément, cette question d'apparence aussi rentre en compte. Moi, je suis un peu, comment dire, parfois déboussolée de voir que, que ce soit dans les magazines, on prône tout le temps la maigreur, on prône la minceur, on prône le corps beau. Bon, OK, aujourd'hui, ça change avec l'arrivée du sport, etc. Peut-être que la vision des corps change, entre guillemets, le corps idéal. Mais finalement, qu'est-ce qu'un corps idéal ? Oui. Parce que voilà, moi, comme je dis, j'ai beaucoup voyagé, on voit d'autres choses, énormément de choses. Et en France, c'est vrai qu'on a beaucoup plus cette pression. d'être soit mince, soit musclée, pas trop grande, pas trop petite non plus, cheveux lisses mais pas trop lisses, plein d'injonctions, et moi je me sens dépassée par toutes ces injonctions.

  • Speaker #0

    Et par exemple, dans quel pays t'as trouvé que c'était moins fort ?

  • Speaker #1

    Leur rapport est différent parce que, je dirais tous les pays d'Asie, les pays d'Amérique, parce que... Pareil aussi là-bas, le rapport à la nourriture, l'accès déjà, l'accès à la nourriture est totalement différent. Et la nourriture c'est comme un lien là-bas finalement. En fait, l'apparence a très peu d'importance là-bas. Moi, c'est comme ça que je l'ai ressenti, c'est comme ça que je l'ai vécu là-bas.

  • Speaker #0

    Quand tu dis Amérique, tu parles des Etats-Unis ?

  • Speaker #1

    Non, Amérique du Sud.

  • Speaker #0

    Ah ouais, Amérique du Sud, Amérique latine.

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Ok, ouais. Après, c'est pareil, est-ce que dans les normes culturelles, tu as le corps de la femme, c'est assez différent quand même ?

  • Speaker #1

    C'est ça, tout à fait. Mais on en revient du coup à nos normes ici en France, qui sont différentes et qui peuvent, entre guillemets, déclarer des troubles alimentaires en fait. Parce que je ne pense pas que dans d'autres pays, il y ait autant, si on fait une étude, autant de troubles du comportement alimentaire dans d'autres pays.

  • Speaker #0

    Oui, je serais curieuse de voir ça. Il faudrait que je me renseigne. Tu as raison sur tout ce qui est Amérique latine. Alors après, l'Asie, je suis surprise que tu parles de l'Asie parce que je sais qu'il y a énormément de troubles alimentaires dans des pays tels que le Japon, la Corée du Sud. Je pense que c'est des pays qui ne passent pas d'accès à la réussite, maîtrise de soi et tout ça.

  • Speaker #1

    C'est ça. Vraiment, ces deux pays-là sont à part. ils sont à part je me demandais plus par exemple tout ce qui est Thaïlande, Laos, Vietnam la Malaisie mais effectivement le Japon et la Corée du Sud sont des pays qui sont à part ou je l'ai énormément ressorti au Japon l'apparence est très importante ouais je pense au fond ok c'est trop intéressant franchement je me dis on

  • Speaker #0

    pourrait faire tout un épisode de podcast juste sur le sujet des voyages et ouais c'est top et d'ailleurs justement à quel moment t'es partie en voyage ? à quel âge tu avais ton premier voyage ?

  • Speaker #1

    alors je suis j'avais fait mes études, j'ai été diplômée à 21 ans j'ai commencé à voyager à 23 ans et justement gros défi parce que je me suis dit comment je vais manger là-bas tu faisais toujours autant de prises à ce moment-là ? oui il y a eu des périodes en fait mais je me rappelle juste pour la petite anecdote quand j'étais en terminale vraiment dans les troubles alimentaires il y avait un voyage en Espagne Merci. Et les stands, moi j'adore les stands. Et je n'ai pas pu y aller à cause des troubles alimentaires. Là, ça a été mon frein. Parce que je me suis dit, mais comment je vais manger ? Et là, c'était plus fort que moi, je ne pouvais pas y aller en fait. Je me suis dit, mais je ne vais pas amener mes boîtes de conserve, je ne vais pas amener mes légumes, parce que forcément, on allait être logé chez des personnes. Je me suis dit, mais comment ils vont me cuisiner ? Moi, ce sera hors de question que je mange autre chose, en fait. Et là, ça a vraiment été le frein. Donc, je ne suis pas allée en voyage. Et je me suis dit, mais non, c'est pas possible, en fait, que cette maladie m'empêche de voyager, m'empêche de vivre des expériences humaines.

  • Speaker #0

    Elle est incroyable, cette prise de conscience, là, dont tu parlais tout à l'heure. Je voulais le dire sur le moment, et puis, je ne sais plus, j'ai pu penser. J'ai trouvé ça assez fou, parce que tu étais toute jeune, et de sortir d'hospite et de se dire, ah non, Il n'y a pas moyen. Je veux faire ce que j'ai envie de faire de ma vie. Et cette maladie ne viendra pas tout gâcher. Franchement, je trouve qu'elle est incroyable, cette prise de conscience si jeune, tu vois. C'est fou. Mais alors raconte-moi justement, tu pars en voyage. Bah ouais, j'imagine avec plein de crainte. Et tout à l'heure, tu as dit quelque chose aussi d'intéressant en préambule de l'épisode. Tu disais, bah oui, je suis partie voyager. Peut-être que je partais en quête de moi-même aussi par le biais de ces voyages. Donc tout ça, ça attise ma curiosité. J'aimerais bien que tu me parles de tout ça.

  • Speaker #1

    Alors effectivement, on peut se dire, bah ailleurs, j'irais mieux. Ou si j'avais, je ne sais pas, une grande maison, j'irais mieux. Notre voiture gérera mieux. Donc, en fait, finalement, je pense qu'on essaie d'aller, de chercher ce qui nous sauverait à l'extérieur de soi. En se disant, je ne sais pas, peut-être que si je suis sur une autre plage, je n'aurai plus de troubles alimentaires. Ou si j'ai ce métier-là, je n'aurai plus de troubles alimentaires. Mais je me suis vite rendue compte que non. Les clés sont en soi. Il faut d'abord aller à la rencontre de soi. Et cette expérience des voyages, finalement, je me suis dit, mais nos problèmes nous suivent. Donc, nos problèmes, notre souffrance, elle est à l'intérieur. Et peu importe l'environnement, si on ne guérit pas ce problème, si on ne fait pas la paix avec tout ça, mais on l'aura pour toujours, en fait.

  • Speaker #0

    Oui, c'est important ce que tu dis. C'est très important. Je pense qu'il y a beaucoup de personnes qui cherchent à fuir un contexte géographique et qui sont un peu déçues de voir qu'en fait, le problème, il est toujours là.

  • Speaker #1

    C'est ça. Et je reviens, moi, je cherchais beaucoup aussi l'amour. à l'extérieur de moi, en me disant, vu que moi, je n'arrive pas à m'aimer, vu que je n'arrive pas à aimer mon corps, finalement, j'aimerais avoir quelqu'un qui va m'aimer. Et peut-être que si quelqu'un m'aime, je vais m'aimer. Mais non, ça ne marche pas comme ça non plus.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce que ça t'a amené quand même, toutes ces expériences de voyage, tu dirais ? Alors, au global, qu'est-ce que ça t'a apporté à tous les niveaux humainement ? Et en quoi ça a peut-être amené quand même des aides pour les troubles alimentaires, tu penses ?

  • Speaker #1

    Je dirais que notre corps, c'est le moteur. Il faut en prendre soin parce que sans lui, on ne vit pas tout ça. Je suis encore dans ce cheminement, justement, de rééquilibrer l'alimentation, etc. Ce que je dis, c'est aussi en cours de travail sur moi-même. Humainement, de voir que... Il y a d'autres cultures qui existent. Il y a d'autres choses, d'autres façons de vivre. Et finalement, l'apparence, notre physique, c'est un petit grain de sable, en fait. Ce n'est pas ce qui nous permet de ressentir les choses intérieurement, en fait. Et que mettre toute mon énergie sur l'apparence, c'est de l'énergie perdue de tout ce qu'il y a à faire dans le monde, de tout ce qu'il y a à découvrir. de tout ce qui a à voyager, à échanger, à partager.

  • Speaker #0

    Oui. Ça ne t'a pas donné envie de rester à l'étranger ? De voir que c'était si différent dans d'autres cultures ? Genre en Amérique du Sud, tu n'as pas eu envie de t'installer là-bas ?

  • Speaker #1

    Oui, en Argentine. Donc, ce serait probablement un projet prochain.

  • Speaker #0

    Ah, ok.

  • Speaker #1

    Pas en Amérique, mais plutôt en Nouvelle-Calédonie. J'aimerais partir.

  • Speaker #0

    Ok. Waouh.

  • Speaker #1

    Voilà. Et donc, pour faire... Je l'espère si je suis diplômée coach sportif. On en revient du coup. Le sujet aussi. Le sport, finalement, ça a été aussi un moteur pour me reconnecter à mon corps. Effectivement, comme je le disais au début, au début, c'était finalement mon ennemi de me dire « mais je vais au sport pour perdre du poids » . Donc, je le voyais plus comme une contrainte. Mais finalement, avec le temps, du coup, ma pratique, il y a eu des périodes où je n'ai pas fait de sport. Mais aujourd'hui, je le vois comme tellement une ressource, une ressource de plaisir et surtout de pouvoir mettre mon corps en mouvement, de sentir qu'il est en bonne santé et qu'il peut bouger, qu'il peut me procurer des sensations, en fait. Et du coup, c'est à travers le message du sport, dans mon futur métier, je l'espère, c'est plus ça que j'ai envie de transmettre. C'est le sport, c'est la reconnexion à soi. Au-delà de ce qui peut nous... transformer notre physique au delà de l'apparence que ça peut nous apporter c'est intérieurement que ce soit par diverses pratiques notamment le yoga tout ce qui est les pratiques douces la reconnexion à soi l'équilibré intérieur et aujourd'hui oui le sport c'est mon allié c'est ma ressource et c'est pour m'a permis finalement de tenir quelque part dans les troubles alimentaires

  • Speaker #0

    C'était la seule activité où je n'ai jamais perdu plaisir.

  • Speaker #1

    Oui, ce qui est difficile parce que c'est vraiment à double tranchant, le sport dans les troubles alimentaires. Waouh ! Tout à fait. Oui, ce n'est pas facile. Qu'est-ce qui t'a donné envie ? À un moment donné, comment tu as eu cette idée de te dire « Ah, mais si j'en faisais mon métier ? » Et en fait, j'ai plein de questions qui me viennent en lien avec ça. Est-ce que tu n'as pas eu peur aussi de te dire « Ah ouais, non mais attends, du coup, je vais… » augmenter peut-être ma pratique ? Ça va prendre une autre place ? Est-ce que ça peut jouer quelque chose sur mes troubles alimentaires ?

  • Speaker #0

    Alors, effectivement, ça a été aussi des peurs, mais des peurs qu'il faut aussi réussir à apprivoiser. Ce que j'aimerais, en fait, par la suite, c'est surtout accompagner et proposer le sport plus comme un accompagnement thérapeutique. Et pas comme dans la performance ou dans la perte de poids, comme aujourd'hui, finalement, le sport est associé.

  • Speaker #1

    Et qu'est-ce qui t'a donné un peu ce... Enfin, je ne sais pas si tu as eu un déclic ou si ça s'est mûri sur des semaines, des mois, mais comment ça s'est fait pour toi, ça ? Et comment tu t'es autorisée aussi à te dire, tiens, si j'y allais, en faire mon métier, quoi ?

  • Speaker #0

    Je pense que le métier d'infirmière devenait compliqué.

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    D'être constamment avec des gens en souffrance. c'est éprouvant. Il y a eu le Covid, il y a eu plein de choses. C'est un métier épuisant parce qu'on donne et on doit tout le temps donner, donner, donner. Et je pense qu'à travers le sport, vu que c'est quelque chose qui me donne du plaisir, j'ai plus envie de me lever le matin et de me dire « mais je vais aller faire quelque chose que j'aime » . Je n'ai pas envie de me dire « je vais me lever le matin » . Et je vais être au contact de gens qui souffrent. Parce que finalement, comme je disais au début, il faut gérer sa propre souffrance. Et finalement, c'est créer un environnement de constamment de souffrance, en fait. Et les énergies, c'est prenant. C'est prenant. Je me suis sentie vidée. Vidée par ce métier.

  • Speaker #1

    Ok. Là, tu ne l'exerces plus du tout, en fait ? Tu es à temps plein en formation pour devenir coach ?

  • Speaker #0

    Là, oui. Pour l'instant, oui.

  • Speaker #1

    Ok. Et tu sens que ça... tu es sur la bonne voie de l'épanouissement. Tu sens que tu as fait le bon choix. Oui. Trop chouette. Et aujourd'hui, alors, où est-ce que tu en es dans ton rapport au corps, dans ton rapport à l'alimentation ? Est-ce que tu veux bien nous raconter ?

  • Speaker #0

    Alors, pareil, des phases. Je pense que je me suis mis aussi beaucoup la pression avec ce nouveau défi de changer de métier. Donc, il y a eu des phases de crise de boulimie, toujours. Je suis en quête d'appliquer tout, parce que finalement, on a les clés, on a les ressources. Et là, il faut que j'arrive à les appliquer à l'intérieur, les faire rentrer. Rapport au corps, je dirais que j'ai commencé à faire plein d'exercices, à prendre conscience de l'impact de mon discours intérieur sur mes comportements alimentaires. J'en reviens à... Tu as fait, je crois, une publication il n'y a pas très longtemps sur ça, tout ce qui est les restrictions cognitives. au début quand on parlait de ça, mais je ne comprenais pas. Et finalement, c'est notre petite voix qui est responsable de tout ça. Et dès lors qu'on arrive à l'apprivoiser, à la changer, nos émotions, nos ressentis et notre comportement changent.

  • Speaker #1

    Ce que tu dis, c'est trop important pour toi, ça me faisait sourire parce que le discours interne... Mais je veux dire, on a une télé en permanence allumée à l'intérieur de nous. Je veux dire, si cette télé, elle te répète que t'es grosse, que t'es conne, que t'es moche, que t'arriveras à rien... comment tu veux passer une bonne journée moi j'invite toutes les personnes qui nous écoutent à s'observer là-dedans et à se regarder du réveil jusqu'au coucher tu ouvres un oeil, tu touches ton corps tu le critiques, tu montes sur la balance tu te dis c'est pas vrai, je suis vraiment trop grosse tu te crois dans le miroir, tu te dis que t'es moche enfin, mais qui survit là-dedans, c'est l'enfer franchement, donc t'as raison le discours interne C'est primordial.

  • Speaker #0

    Et là, c'est vraiment la prise de conscience que j'ai actuellement. Parce que finalement, on essaie de retracer l'histoire. Je ne dis pas qu'on cherche des excuses. On cherche à comprendre. Mais finalement, le problème... Enfin, on est aussi responsable. On a notre part de responsabilité. OK, l'histoire s'est passée. Il s'est passé ce qui s'est passé. Mais aujourd'hui, c'est mon propre discours interne qui continue de faire continuer finalement ces troubles alimentaires.

  • Speaker #1

    Oui, mais en même temps, j'ai envie de faire le lien justement avec ton histoire. Quand il y a des discours... zut j'ai discriminant qui vient mais c'est pas le mot que je veux quand il y a des discours hyper négatifs sur le corps et l'apparence physique qui sont là des toutes petites en fait on internalise ce truc là comme une espèce de vérité absolue c'est vrai que plus on est jeune plus c'est difficile de mettre ce... c'est pas du tout impossible mais c'est plus difficile de mettre à distance donc je suis d'accord avec toi sur le fait que on se maintient par ces pensées là et en même temps euh... je ne sais pas comment le dire il y a une forme de responsabilité et dans le fait d'avoir aussi du pouvoir sur le fait de pouvoir changer ces choses-là mais par contre il n'y a pas de culpabilité à avoir on est responsable mais pas coupable je trouve que quand on est une femme il suffit de regarder le parcours d'une petite fille depuis sa naissance jusqu'à l'arrivée à l'âge adulte Franchement, tu as du bol si tu es chapeau TCA, en vrai. Franchement, tu regardes autour de nous comment fonctionne le monde encore aujourd'hui. En France, je dis le monde, il y a quand même plein de cultures où c'est problématique, mais en France, particulièrement sur l'image de la femme. Bon, voilà. Donc oui, je suis d'accord avec toi. On a du pouvoir sur ces petites phrases qu'on se raconte. Et en même temps, c'est internalisé. C'est-à-dire que... Pour plein de personnes, cette voix qui vient de dire des trucs, t'as l'impression que c'est Dieu qui susurre à ton oreille. C'est genre la vérité absolue. Mais non, c'est juste une pensée. Reliée à tout un schéma de pensée, reliée à des croyances, reliée à une éducation, machin. Mais c'est juste une pensée que tu as le choix d'écouter ou non.

  • Speaker #0

    Mais quand on prend conscience de ça, de dire que, comme tu dis, oui, voilà, on est responsable, mais de ne pas se sentir coupable. Ça, moi, ça m'a... donc c'est pareil un processus et ça m'a soulagée me dire je ne suis pas responsable de mon enfance, je ne suis pas responsable de ce qui m'est arrivé en fait finalement mon corps il a réagi comme il pouvait et j'en reviens à dire que les troubles alimentaires finalement c'est qu'un symptôme qui nous pousse à aller à l'extérieur de soi parce que je me dis finalement sans tout ça je n'aurais jamais fait ce travail là donc finalement je préfère remercier tout ce qui m'est arrivé que de me victimiser sur ce qui m'est arrivé en fait. Mais voilà, de prendre, là pareil, je m'intéressais à tout ce qui est PNL, etc., de prendre conscience de l'impact de mes propres pensées sur moi, mais je me dis, mais je suis tellement méchante, alors que je prends soin des autres au quotidien, je l'ai fait pendant des années, et de moi-même, jamais je me comporterais de cette façon avec quelqu'un d'autre. Et pourquoi je le fais avec moi ? pourquoi tous les jours je me dis que je suis moche que je suis grosse que pourquoi que je suis nul que je me répète mais effectivement on en revient à voilà pendant 20 ans on m'a mis ça dans la tête donc bah la petite voix lui croit et du coup c'est un combat permanent finalement entre cette nouvelle petite version qui essaye de finalement de ouais d'être de s'épanouir et comme si ah bah non il y avait l'autre petite voix qui arrive non non non et c'est un combat permanent mais c'est épuisant c'est épuisant

  • Speaker #1

    Ce qui est intéressant, et d'ailleurs, il y a des outils de PNL qui proposent ça, c'est de voir aussi à quel point ces deux petites voix, elles ont un but commun. Parce qu'en fait, on a l'impression que la petite voix autocritique, elle est destructrice et que, tu sais, on parle d'autosabotage. Moi, je ne crois pas du tout à l'autosabotage. Moi, je crois qu'on cherche toujours à faire le meilleur pour soi-même, mais qu'on le fait avec des manières, des fois, très douteuses. Et que même la petite voix qui te dit « t'es moche, t'es grosse, t'es nulle » , En fait, elle a internalisé que c'était comme ça que tu allais te motiver à y arriver. Elle a internalisé qu'il fallait à tout prix que tu y arrives, que tu maigrisses, que tu sois comme ci, comme ça pour être aimé. Et tu vois, en fait, les deux petites voix ont le but de prendre soin de toi, de faire en sorte que tu sois aimé des autres et que... C'est juste qu'elles ne s'y prennent pas de la même manière. Et qu'il y en a une qui est bloquée dans ton ancien schéma. Et il y a... un exercice en PNL qui permet une espèce de réunification aussi, tu vois, de ces deux petites voix et de percevoir à quel point elles ont le même objectif. Et que, il n'y a pas... J'aime bien aussi l'idée qu'on a plusieurs parties en nous, tu vois, qui cherchent à s'exprimer, mais qu'il n'y en a pas une qui est mauvaise, quoi. Il n'y en a aucune qui nous veut du mal. Et ça, c'est intéressant. Et je trouve aussi que ça peut être un peu déculpabilisant. C'est pour ça que je le partage, parce que... Parce que l'auto-sabotage, c'est culpabilisant comme idée. Oui, je m'auto-sabote, je me fais du mal. Moi, j'entends beaucoup ça des personnes qui disent « De toute façon, je me fais du mal avec les crises. » Mais non, tu cherches à te faire du bien avec les crises, en fait. Oui, ça te fait du mal au final, après, parce que t'es aimée. En vrai, c'est un mécanisme. de soulagement, en fait, que tu mets en place. Tu cherches pas à te faire du mal.

  • Speaker #0

    Et ça, pareil, je l'ai compris, de me dire que finalement, mes crises, elles venaient finalement m'apaiser d'angoisse permanente. Elles venaient, ouais, me permettre finalement de m'échapper.

  • Speaker #1

    Ouais. Et puis...

  • Speaker #0

    Malgré toutes les conséquences qu'il y a derrière.

  • Speaker #1

    Et je sais pas comment tu manges aujourd'hui, mais il y a aussi quelque chose de très physiologique derrière les crises. À un moment donné, si on mange pas assez, si on est en restriction réelle ou cognitive en permanence, tu vois en fait Il y a un mécanisme physiologique, enfin, c'est un mélange physiologique et psychologique qui fait que la crise, elle arrive. Elle est juste normale. Donc, effectivement, il y a le côté énergétique, le côté frustration, le côté émotionnel. Et tout ça, hop, tu mélanges bien et bim, t'as une belle grosse crise. Mais ça sert à rien de lutter contre, en fait. C'est sur le pourquoi elle est là qu'il faut agir, effectivement. Tout à l'heure, t'as dit un truc. T'as dit... Je ne vais pas retrouver tes mots exacts, mais en gros, tu parlais du fait que tu avais les clés aujourd'hui pour sortir de la boulimie et que simplement, bon, ben voilà, il fallait réussir à les mettre en place vraiment. Et du coup, j'ai eu envie de te poser la question, pourquoi c'est difficile de les mettre en place du coup, aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Parce que comme on dit, ça demande de tout appliquer sur soi, c'est difficile ou peut-être aussi en sortir finalement, ça fait peur. de lâcher ce poids, de lâcher mon identité peut-être, parce que finalement j'ai grandi depuis 20 ans, c'est une partie de moi, peut-être je dirais la peur.

  • Speaker #1

    Et la peur de quoi ? Qu'est-ce qui pourrait te manquer alors si la boulimie disparaissait ?

  • Speaker #0

    Le vide, de me dire mais ouais, qu'est-ce que je vais faire sans tout ça ? Parce que les crises de boulimie parfois c'est aussi l'ennui, la solitude. elles remplissent finalement encore un... Il y a encore un rôle qu'il faut que j'arrive à...

  • Speaker #1

    Ouais, peut-être. Mais qu'est-ce que t'imagines que tu pourrais faire si tu faisais pas de crise de boulimie ? À ton avis, il y aurait quoi dans ta vie à la place ?

  • Speaker #0

    Tellement de choses. Je serais tellement en pleine forme, parce que ça m'épuise, ça me fatigue. Physiquement, c'est épuisant. Parfois, j'en fais jusqu'à 4, 5 par jour. et puis financièrement aussi c'est compliqué parce qu'il faut tout acheter après voilà il faut faire le ménage il faut tout nettoyer c'est horrible en fait c'est horrible et je me dis sans tout ça je serais tellement en pleine forme pour aller de nouveau explorer le monde ouais

  • Speaker #1

    c'est ça en fait je pense que t'es même aujourd'hui t'es peut-être même pas en mesure d'imaginer tout ce qui viendrait remplir la place Moi, je crois que c'est un faux besoin. Ça me parle beaucoup de ce que tu dis. J'avais exactement les mêmes peurs que toi. Et l'impression aussi que sans les crises, qu'est-ce que j'allais faire de tout cet envahissement émotionnel ? Comment j'allais évacuer, finalement ? Et la question, elle ne se pose même pas. En fait... déjà, il y a beaucoup moins d'envahissement émotionnel quand tu es libre de manger, beaucoup plus libre dans ton corps et dans ton alimentation. Mine de rien, il y a une base émotionnelle qui n'est plus là, une base un peu pourrie de stress, de frustration, de plein de choses. Et puis, en fait, ce que je dis souvent, c'est qu'on a peur du vide quand on a un TCA, alors que c'est le TCA qui creuse le vide. et qu'en plus tu l'as très bien dit dans tes relations. Je compare le TCA à une espèce de tractopelle à l'intérieur qui va creuser sans arrêt. Et puis comme il creuse ce vide, tu dis, mais attends, si j'enlève ça, du coup, je vais avoir juste ce vide. Non, c'est lui, c'est le TCA qui creuse le vide. Et en fait, petit à petit, en ayant de moins en moins besoin des compulsions... Pour moi, le premier élément sur lequel bosser, c'est vraiment la bouffe, en fait, de manger plus, plus consistant, avec plus de plaisir, plus d'aliments interdits, tout ça. Mais il y a un truc en vrai qui s'apaise, quoi. C'est difficile de le dire différemment. Je voudrais trouver d'autres mots pour mieux le dire, mais il y a quelque chose qui s'apaise et tu as moins besoin de crise. Il y en a moins, moins souvent, moins forte. Ça, c'est les filles du programme, c'est ce qu'elles disent aussi, tu sais, des fois. Il y en a qui vont me dire « Ah ouais, mais j'ai refait une crise alors que je n'en avais pas fait depuis deux, trois semaines. » Puis je vais dire « Ok, est-ce que c'était vraiment la même crise que d'habitude ? » Non, franchement, j'ai moins mangé d'aliments, ça a duré moins longtemps. Et en fait, petit à petit, le truc commence à s'éloigner. Et en fait, déjà à ce moment-là, tu as remis plein de choses dans ta vie. Tu as remis plein de choses.

  • Speaker #0

    Parce que ça prend du temps. ça prend énormément d'énergie oui,

  • Speaker #1

    non mais ce que tu dis tu parlais d'argent aussi, on n'en parle pas assez je me dis tiens, je pourrais même faire un épisode là-dessus peut-être collaboratif où j'invite des personnes à venir me parler de ça en fait, mais moi j'avais fait un calcul à la louche il y a quelques années de ça, je m'étais dit alors en 5 ans de guérison j'avais fait un calcul un peu grossier avec une moyenne de temps de crise par semaine, avec une crise qui me coûtait tant sauf qu'à temps l'inflation est passée par là à l'époque la bouffe coûtait moins cher et en fait j'avais ajouté aussi le côté dépenses compulsives dans des fringues parce qu'en fait j'avais ça aussi avec la boulimie que j'ai plus du tout depuis que je suis guérie il y a plein de choses d'associées en fait au mécanisme et du coup j'avais calculé que j'avais économisé autour de 18 000 euros en 5 ans non mais j'en suis pas loin c'est un truc malade et du coup

  • Speaker #0

    c'est difficile parce qu'on se dit mais on va travailler et au final on est ruiné de par nos crises et c'est le cercle vicieux en fait c'est difficile on doit mettre de l'énergie en plus pour aller travailler,

  • Speaker #1

    pour avoir de l'argent finalement l'argent qu'on gagne c'est même pas pour nous faire plaisir non parce qu'on va le mettre dans nos crises en fait et puis il y a même des personnes qui m'ont déjà dit bah ouais moi j'ai pas d'argent à mettre dans le soin parce que tout passe dans les crises Mais tant que tu ne te soigneras pas, tu auras des crises. Enfin, tu vois, tu es clairement dans un cercle vicieux. C'est terrible. Franchement, c'est terrible. Mais en tout cas, je n'ai aucun doute sur le fait que tu ne sois pas face à du vide. Enfin, déjà parce que je connais ces mécanismes et je sais comment ça se passe. Mais en plus, parce qu'en ayant échangé avec toi, si tu veux, et vu ta vie de jeune adulte, comment elle a été hyper remplie, les voyages, les rencontres et tout. comment est-ce que ça pourrait être vide ?

  • Speaker #0

    C'est vrai.

  • Speaker #1

    Franchement !

  • Speaker #0

    Je pourrais tellement l'enrichir encore plus.

  • Speaker #1

    Mais ouais. Qu'est-ce que tu ferais si je te dis, imagine demain, tu ne fais plus du tout de crise de boulimie, qu'est-ce que tu ferais en plus dans ta vie ? Quels sont les premiers trucs qui te viennent ?

  • Speaker #0

    Me reposer.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    Autoriser mon corps à se reposer.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui t'empêche de le faire aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Le cerveau. Quand j'essaye de me reposer, il y a toutes les pensées qui reviennent et c'est difficile. C'est difficile. Parfois, du coup, je préfère dire, je fais une crise, au moins je suis fatiguée et je dors.

  • Speaker #1

    Il y a un vrai truc à bosser dessus, c'est intéressant. Alors que tu te prépares à être coach sportive et que... tu diras aux personnes que tu accompagneras que le repos post-entraînement est aussi important que l'entraînement.

  • Speaker #0

    Tout à fait. Et c'est ça ce que je dis, je pense que j'ai énormément de connaissances, que ce soit en termes de sport, de par mon métier d'infirmière, et c'est dur de l'appliquer sur soi. Mais je me dis, le discours que je vais tenir aux autres, il faut que je me l'applique à moi-même. Pour pouvoir aussi recréer cet alignement entre ce que je vais dire et ce que je vais faire.

  • Speaker #1

    Oui, et je suis en train de me dire, tu sais, quand des personnes, par exemple, ont du mal à réintroduire un aliment interdit parce que trop flippant et que ça part en crise, je cherche avec elles comment elles pourraient mettre de la sécurité, soit à l'extérieur, soit avec d'autres gens. Et je suis en train de me dire, peut-être que tu pourrais te poser cette question-là pour le repos, pour réapprendre à te donner des temps à ne rien faire. Est-ce que ça pourrait être... par le biais d'autres gens, faire ces moments-là avec d'autres gens, ou à l'extérieur de chez toi pour te protéger de l'arrivée d'une crise, mais de renouer, même si c'est une fois par semaine, avec, je ne sais pas, dix minutes de repos, des tout petits moments comme ça. Repos, ça peut être lire, faire des mots fléchés, regarder une série, te faire masser, j'en sais rien, aller au ciné, ça peut être plein de choses, t'asseoir dans un parc. observer ce qui se passe. Il y a plein de façons de se reposer, mais peut-être que tu pourrais innover autour des façons de te reposer et peut-être créer de la sécurité autour de ça pour ne pas que ça parte sur une crise.

  • Speaker #0

    C'est ça. Et ça me fait rebondir de me dire que, par exemple, aujourd'hui, quand je vais au restaurant avec des amis ou autres, j'ai l'impression de ne plus avoir ces barrières avec l'alimentation.

  • Speaker #1

    Ça, c'est cool.

  • Speaker #0

    Parce que c'est le moment... Je suis soit avec une amie, soit avec une autre personne. Et en fait, le moment est tellement plus important, le moment est tellement plus enrichissant émotionnellement que finalement, j'en oublie. Je ne vais pas me dire, je ne vais pas manger ça parce que je vais prendre un kilo. Non, j'ai plus envie, sur le moment T, de m'enrichir. émotionnellement de la chaleur humaine de ce moment finalement, de ce moment simple mais qui apporte tellement trop bien,

  • Speaker #1

    c'est super déjà c'est génial que tu aies développé ça entre guillemets et je pense que peut-être tu peux t'appuyer là-dessus pour d'autres choses, pour le repos par exemple c'est ça qu'est-ce qui Enfin, tu l'as déjà dit sur plein de choses, mais si tu devais nommer là où les choses qui t'ont le plus aidé sur ton parcours jusqu'ici, qu'est-ce que c'est ?

  • Speaker #0

    Les professionnels.

  • Speaker #1

    OK.

  • Speaker #0

    Quand même, le fait d'être à l'hôpital, parce que c'était vraiment une clinique spécialisée pour les troubles alimentaires. Aujourd'hui, de trouver des personnes comme toi qui font des podcasts, qui donnent des clés. Non, c'est vrai ? Parce que comme je dis, il y a 15 ans en arrière, on n'avait pas tout ça. On n'avait pas toutes ces ressources-là en fait. Donc à l'époque, c'était les livres. Je lisais les livres, des témoignages autobiographiques des personnes qui avaient des troubles alimentaires. Et ouais, de se sentir finalement qu'on n'est pas seul.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu aimerais dire aux personnes qui nous écoutent ? Si tu devais leur transmettre quelque chose, ce serait quoi ?

  • Speaker #0

    Qu'il y a de l'espoir. que je cesse de me dire que ce n'est pas arrivé pour rien comme comme on disait au début il ya les symptômes il ya plein de choses c'est pour nous finalement cette maladie elle est pour nous mais il faut arriver à un moment donné voilà d'avoir les clés d'avoir les ressources à prendre du temps être patiente s'entourer des bonnes personnes et que ouais la vie elle est elle est merveilleuse il ya énormément de choses à faire en en dehors de tout ça c'est joli,

  • Speaker #1

    la vie elle est merveilleuse et c'est vrai que finalement tu t'es un peu fait une promesse en sortant de cette première hospitalisation peut-être que tu t'imaginais que t'allais commencer par guérir et vivre tous tes voyages, tu l'as fait un peu différemment t'es partie avec ta maladie sous le bras en disant non mais moi je vais vivre ma vie et c'est chouette aussi je trouve que c'est une façon aussi de montrer que la guérison arrivera quand elle arrivera, mais que ta vie, elle continue, elle n'est pas complètement sur pause. Et peut-être que tu aurais plus profité en étant complètement libre de manger ce que tu veux, mais il n'empêche que tu l'as quand même vécu et que tu as profité quand même à ta manière.

  • Speaker #0

    Et je pense que moi, je le verrais plus positivement en me disant, je ne veux plus me fuir en fait, parce que ça vient avec nous. Et peu importe qu'on soit à 10 000 kilomètres ici, non, c'est pour nous en fait. et c'est à l'intérieur de nous ok peut-être que l'extérieur a contribué à tout ça mais c'est à l'intérieur de soi qu'il faut aller chercher et qu'il faut aller apaiser, faire la paix c'est joli,

  • Speaker #1

    je ne veux plus me fuir j'ai très envie de rester sur cette phrase, je la trouve très belle merci beaucoup pour cet échange qui était très riche qui est parti sur plein de choses je trouve on aura encore à dire Mais ouais, en fait, c'est ça. Je me dis, à un moment donné, à contre-cœur, je devais refermer certaines portes pour revenir sur notre échange. Mais je me dis, mais attends, il y aurait eu tellement de portes là, aller explorer davantage autour des voyages, autour de la connaissance de soi, autour de... Tu as parlé aussi de l'amour, chercher l'amour, et puis plutôt l'amour de soi. Enfin, je me dis qu'il y aurait plein d'autres choses à en dire. Mais déjà, je trouve que... Je trouve que tu as dit beaucoup de choses et je suis sûre que ça va créer des résonances chez les personnes qui vont écouter. Donc, un immense merci d'être venue te livrer à mon tour.

  • Speaker #0

    Une petite anecdote, j'ai toujours dit, un jour quand je serai guérie, vraiment, totalement, j'aimerais vraiment faire mon travail et me dire aider les personnes dans le même cas. Écrire un livre ou partager en fait.

  • Speaker #1

    Moi aussi, ça fait toujours partie de mes rêves, du coup, je ne l'ai pas accompli ça d'écrire un livre, tu ne vois pas encore. Oui, mais je pense que beaucoup de personnes ressentent cette envie-là en ayant vécu les troubles alimentaires, mais parce que c'est à la hauteur de la puissance de ce qu'on vit à l'intérieur de ça. Franchement, je pense que quand on ne le vit pas de l'intérieur, comme beaucoup de choses, tant que tu ne le vis pas de l'intérieur, tu ne peux pas. Et d'ailleurs, c'est même difficile de l'expliquer avec des mots, toute l'horreur qu'on peut traverser. Et à la fois, la libération de ce truc-là, ça a un côté un peu magique, même si ça s'estompe avec les années, on ne va pas se mentir. Ça fait des années que je suis guérie, je ne me lève pas tous les matins en me disant « c'est magique de pouvoir manger ce que je veux » . Il y a quelque chose qui devient ma nouvelle normalité. mais c'est vrai que c'est oui je comprends que tu aies cette envie là parce que tu vois j'en ai fait aussi mon métier et que c'est très porteur quoi ouais ouais tout va être à

  • Speaker #0

    100% vraiment guéri pour pouvoir partager librement ouais et avoir cette force en soi de voilà de pas se laisser non plus imprégner oui complètement ah oui bah il y a ça oui oui

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai, j'avais même pas pensé à ça. Le côté, t'entends les histoires des autres, si toi-même t'es pas encore au clair, à mon avis, ça va venir te trigger.

  • Speaker #0

    C'est vrai.

  • Speaker #1

    Et comme tu dis, je crois que vraiment, si t'es pas complètement tranquille avec la bouffe, à un moment donné, ça va transparaître aussi. Enfin, tu vois, si tu crées du contenu sur les réseaux et tout, je pense que, bon, il y a des choses qui se ressentent. En tout cas, moi, je le ressens quand je vais sur d'autres contenus. Je le vois bien si la personne n'est pas ultra tranquille avec son corps et avec la bouffe. Bon, en tout cas, nous allons être merci.

  • Speaker #0

    On donne de l'espoir, en tout cas.

  • Speaker #1

    Ouais, j'espère aussi transmettre un message juste dans le sens où je ne veux pas vendre un truc parfait, quoi, tu vois. Ouais, c'est ça. Ouais, sortir des troubles alimentaires, ça ne veut pas dire être dans une relation toujours géniale à son corps, tu vois. Il y a des phases... plus compliquées, mais en fait je pense que c'est simplement relié au fait d'être un être humain et notamment une femme et encore une fois dans notre société je pense que tu guéris des troubles alimentaires et tu vas vivre dans une société complètement différente, ce sera peut-être plus jamais plus du tout un sujet mais là quand tu vis en France je pense que c'est normal que le corps de la femme soit un sujet pour les femmes je pense que voilà on parle de guérison comme un but ultime et je pense que ça fera partie de nous Merci.

  • Speaker #0

    C'est notre histoire, c'est nous-mêmes, mais la relation, ce sera plus, finalement, pathologique et plus un frein dans notre vie tous les jours. Finalement, ça devient pathologique quand nous-mêmes, on en souffre. Mais voilà, la guérison, c'est, moi, je dirais juste, ouais, retrouver, ne plus avoir de frein de par cette maladie, en fait.

  • Speaker #1

    Mais je suis complètement d'accord avec toi, je trouve que c'est très juste ce que tu dis, que finalement, ce but ultime de guérir du trouble alimentaire... Ok, en fait, le but ultime, c'est de vivre ta vie, quoi. C'est de vivre ta vie sans être complètement parasité par tous ces trucs qui viennent te freiner, par cet espace mental et tout. Tu as une charge mentale où tu penses à 90% du temps à la bouffe et à ton poids. Bon, ben voilà, si tout d'un coup, tu viens y penser, déjà 50%, tu auras plus de place, 30%, puis 20%, et puis chacun jaugera où il veut, et le but, ce n'est pas d'arriver à une espèce de guérison parfaite. qui Ausha plein de critères, on s'en fout en fait. Tu vois, le but c'est de juste vivre ta vie de manière épanouie.

  • Speaker #0

    Et de pouvoir aller manger une petite gourmandise quand on en a envie.

  • Speaker #1

    C'est clair, que ce ne soit pas un sujet quoi.

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #1

    Bon, en tout cas, merci beaucoup. Merci, merci, merci. J'ai vraiment adoré discuter avec toi. Donc, merci.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup.

  • Speaker #1

    Un grand merci à toi qui est encore là à la fin de cet épisode. Comme je te le dis souvent... Ton soutien est super important, c'est même ça qui permet au podcast d'exister encore aujourd'hui. Alors, si mon contenu t'apporte de l'aide d'une quelconque manière que ce soit, sache que tu peux m'en redonner à ton tour. Pour ça, il y a plusieurs façons de faire. Tu peux tout d'abord partager le podcast, en parler autour de toi, à tes proches, mais aussi à des professionnels. Tu peux laisser 5 étoiles, notamment sur Spotify ou Apple Podcast, ou laisser ton meilleur commentaire. Mais depuis peu, j'ai aussi apporté une nouveauté qui te permet de me soutenir encore plus concrètement avec de l'argent. Effectivement, tu trouveras en description de cet épisode un lien qui te permettra de faire un don à la hauteur de ce que tu trouves que ce podcast t'a apporté. Merci, merci beaucoup. C'est grâce à ton soutien que ce travail va pouvoir continuer. Je te souhaite de prendre soin de toi autant que ce sera possible et je te dis à très bientôt sur un nouvel épisode. Ciao !

Chapters

  • Présentation Marie-Laure

    01:49

  • Son rapport au corps et à l’alimentation dans l’enfance

    05:21

  • Le début des TCA avec l’anorexie

    10:14

  • Le début de la boulimie

    14:27

  • Pression sociale de l’apparence

    21:24

  • Son évolution dans le rapport au corps

    29:18

  • Où elle en est aujourd’hui

    33:07

  • Ce qui lui manque pour guérir aujourd’hui

    41:39

  • Ce qui l’a le plus aidée jusqu’ici

    51:04

  • Ce que Marie-Laure aimerait vous dire

    51:46

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Infirmière en reconversion pour devenir coach sportive, Marie-Laure revient sur son histoire avec les troubles alimentaires.

De sa phase d’anorexie à l’adolescence où elle perd 20kg en un mois jusqu’à la bascule vers la boulimie vomitive qui est toujours là aujourd’hui. En passant par ses voyages qui lui font pleinement prendre conscience des injonctions sur le corps en France, Marie-laure nous parle aussi de la transformation de son rapport au corps.

C’est donc un échange durant lequel nous allons explorer plein d’aspects du TCA et plus largement du rapport à soi.

Merci Marie-Laure pour ton sourire et ce super échange! 



Au programme : 


Présentation Marie-Laure
Son rapport au corps et à l’alimentation dans l’enfance
Le début des TCA avec l’anorexie
Le début de la boulimie

Pression sociale de l’apparence

Son évolution dans le rapport au corps
Où elle en est aujourd’hui
Ce qui lui manque pour guérir aujourd’hui 

Ce qui l’a le plus aidée jusqu’ici
Ce que Marie-Laure aimerait vous dire 




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Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans TCA, etc., le podcast qui décrypte les troubles des conduites alimentaires et tout ce qui gravite autour, parce que ça n'est jamais seulement qu'une histoire de bouffe. Je suis Flavie Mitsono, et j'accompagne les mangeuses compulsives à devenir des mangeuses libres bien dans leur basket. Alimentation, peur du manque, insatisfaction corporelle, peur du jugement, du rejet, empreinte familiale, grossophobie, les sujets abordés dans ce podcast sont très vastes, et pour ce faire, mes invités sont aussi très variés. Retrouvez-moi aussi sur Instagram où j'aborde tous ces sujets au quotidien sur Flavie.mtca. Très belle écoute. Bienvenue Marie-Laure dans le podcast, je suis très contente de t'accueillir. En plus t'as un sourire jusque-là, on ne le voit pas dans le podcast mais c'est trop bien, tu es lumineuse.

  • Speaker #1

    Merci de te voir.

  • Speaker #0

    Très contente de passer ce temps pour échanger avec toi. Je te propose de commencer par te présenter pour que les personnes qui nous écoutent aient un peu une idée de qui tu es. Et puis moi aussi, au passage, parce que je me suis gardée la surprise, on n'a pas trop parlé avant, je vais te découvrir aussi.

  • Speaker #1

    Eh bien, allons-y. Alors du coup, je m'appelle Marie-Laure, j'ai 28 ans. Je suis infirmière depuis 7 ans maintenant. Et là, actuellement, en reconversion pour être coach sportif. Donc, on va vite arriver dans le cœur du sujet.

  • Speaker #0

    Trop bien.

  • Speaker #1

    Voilà. Donc, beaucoup d'expériences à l'étranger. J'ai exercé mon métier du coup en Guyane, en Corse. J'ai beaucoup voyagé. Peut-être aussi aller à la quête de soi quelque part à travers ces voyages.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Voilà. Donc là, actuellement, en reconversion pour être coach sportif.

  • Speaker #0

    OK. Très bien. Et si tu es sur ce podcast qui s'appelle Tessa, etc., c'est aussi parce que tu as une expérience de vie avec les troubles alimentaires.

  • Speaker #1

    Bien sûr. C'est le cœur de ma vie. C'est l'autre part. qu'on ne voit pas, qui est parfois cachée, parce que quelque part c'est invisible. Ça a commencé quand j'avais 14 ans, suite à beaucoup d'insultes, de moqueries. Au collège, j'étais la grosse intello tout le temps, c'était mon petit surnom, même de par ma famille qui me traitait, mon père surtout, beaucoup d'insultes. Donc j'étais un petit peu en surpoids, mais rien de... médicalement rien de plus du coup je suis vite tombée dans l'anorexie mais j'ai mis du temps à comprendre parce que pour moi ça a débuté, je veux perdre un petit peu de kilos donc voilà à l'époque je regardais les magazines toutes les recettes miracles pour pouvoir perdre du poids et puis petit à petit finalement j'ai perdu quasi 20 kilos en un mois parce que je finissais par manger une pomme par jour trois feuilles de salade et j'allais courir 10 kilomètres Merci. Donc voilà, on rentre vite, la petite voix s'infiltre vite dans notre tête et c'est très difficile de la contrôler après. Enfin, au début, on croit qu'on contrôle, mais finalement, on ne contrôle pas du tout. Mes professeurs ont été alertés de par cet amégrissement finalement quasi soudain, parce qu'il y avait eu les vacances d'été et quand ils m'ont revu à l'heure de rentrée, ils étaient un peu surpris. Mes copines aussi à l'époque, donc du coup, avec l'infirmière, etc., qui m'a pris en charge. Et de là, j'ai compris qu'on arrivait dans l'anorexie. Donc, dur déjà de mettre des mots sur ça. Parce que pour moi, c'est quelque chose... Je me rappelle, parfois, à la télé, on voyait ce genre de témoignages. Et on se dit, mais waouh, comment c'est possible ? Et en fait, on comprend vite que c'est qu'un symptôme. C'est qu'un symptôme de notre souffrance interne, en fait. Je voulais juste dire, mais aidez-moi, aidez-moi. Je vais pas bien, aidez-moi.

  • Speaker #0

    Ouais, ok. Là, on est rentré très vite dans le vif du sujet. C'est hyper intéressant. Tu as dit plein de choses. J'ai déjà plein de questions à te poser. Déjà, par rapport au sport, parce que ce n'est pas anodin si jeune. Aujourd'hui, la course à pied, c'est assez à la mode. Mais tu vois, on parle d'un truc d'il y a 15 ans. Ce n'était pas du tout à la mode pareil. Donc, j'ai plein de questions. La première, est-ce qu'avant de sombrer dans l'anorexie, tu faisais du sport et du coup, tu as juste durci ton entraînement ? Et puis, tu sais, il y a une question que j'aime bien poser aux personnes dans le podcast, c'est aussi de savoir quels sont les premiers souvenirs avant la maladie. Parce que là, tu dis que ça arrivait à 14 ans. Et du coup, je serais curieuse que tu parles de ton rapport à ton corps et à l'alimentation avant ça, quand tu étais petite. Tu prends dans l'ordre que tu veux, tu réponds à celle que tu veux en premier, je m'en fiche.

  • Speaker #1

    On va commencer par le sport. Donc, effectivement, j'ai commencé le sport très jeune. J'avais 6-7 ans, j'ai commencé le tennis. Et c'est vrai que mes parents m'avaient mise au sport. pour maigrir. Parce qu'il fallait que je bouge. Voilà, donc ça avait commencé de là. Et puis, après, j'ai beaucoup aimé le tennis. Donc, voilà, j'en suis sortie. Enfin, j'en ai fait beaucoup, beaucoup. Et puis après, j'ai accentué, du coup, parce que je voyais que ça permettait de perdre du poids, etc. Sauf qu'à un moment donné, j'étais tellement faible que j'ai dû arrêter ce sport. Donc, là, ça a été très compliqué parce qu'au début, effectivement, pour moi, je voyais aussi le sport comme un moyen de maigrir ou de ne pas grossir. Mais après, donc voilà, avec le temps, etc., c'est beaucoup plus émotionnel, un bien-être émotionnel. Mais effectivement, j'ai accentué cette pratique. Et c'était même une pratique nocive pour ne pas maigrir. Et on rentrait vraiment dans les troubles alimentaires.

  • Speaker #0

    En même temps, je ne vois pas comment tu aurais pu voir ça autrement. Si on t'a mise au sport pour maigrir ou pour ne pas grossir, je ne vois pas comment tu aurais pu construire une autre image.

  • Speaker #1

    C'est ça. Et parce qu'effectivement, moi, j'étais très gourmande à l'époque. Et j'étais vraiment, entre guillemets, dans ma famille, le petit boulet. Celle qui était la plus grosse. Et j'ai toujours été, par exemple, j'avais toujours des réflexions, que ce soit de mes proches ou de ma famille, « Non, ne mange pas, tu es trop grosse, il faut que tu maigrisses. » Tout le temps, tout le temps.

  • Speaker #0

    Mais tu mangeais réellement plus que les autres. Là, tu vois, on touche aussi aux souvenirs, à la d'enfance. Parce que tu dis « J'étais très gourmande. » OK. Enfin, qu'est-ce que ça signifie, en fait ? « J'étais très gourmande. » « Tu étais beaucoup plus gourmande que les autres. » Et concrètement, qu'est-ce que ça voulait dire ? Est-ce que tu avais l'impression de manger plus que d'autres ?

  • Speaker #1

    Alors pour moi, non. mais finalement j'ai fini par le croire que je mangeais trop que j'étais trop grosse en fait donc après mon rapport moi je finissais par manger quand les autres mangeaient des gâteaux etc moi j'en mangeais pas c'est terrible c'est cruel en fait je trouve je veux dire t'avais peut-être juste une morphologie différente tout point et comme je te dis j'étais vraiment un petit peu en surpoids bon je suis pas très grande mais pour 1m55 je devais faire à peine 60 kilos Donc, effectivement, un petit peu bien en point, mais sans être médicalement au-delà. Mais du coup, moi, j'ai la croyance que j'ai depuis toute petite, c'est que je suis grosse et que pour qu'on m'aime, il faut que je maigrisse.

  • Speaker #0

    Oui, tu m'étonnes. Et donc, c'est quoi tes souvenirs dans le rapport au corps et à l'alimentation petite ? Aussi loin que tu te souviennes, c'est ça ? Tu te sentais trop grosse ?

  • Speaker #1

    Ah oui, tout le temps. Je pleurais pour ne pas aller à la piscine parce que... tout le temps les camarades me traitaient de gros, c'était mon surnom, vraiment.

  • Speaker #0

    C'est durant.

  • Speaker #1

    Et du coup, là, je me suis dit, si je maigris, peut-être qu'on arrêtera de me traiter et qu'on m'aimera. Je me suis mis cette pression de vouloir exceller dans d'autres choses, donc ce soir au tennis, à l'école, j'avais toujours les bonnes notes, et encore aujourd'hui, j'ai toujours besoin de prouver en réalisant des choses, pour finalement qu'on... qu'on pense autre chose de moi qu'un physique. Donc là, c'est des croyances, voilà, avec le temps qui sont en train de se déconstruire de par ton podcast, de par d'autres choses que je suis. Mais c'est des croyances très difficiles à...

  • Speaker #0

    Mais en même temps, pour moi, c'est pas malsain de chercher à ce qu'on jauge ta valeur sur autre chose que le physique. Par contre, je m'attendais à ce que tu tournes ta phrase différemment. Je croyais que tu allais me dire que tu cherchais à compenser. Tu vois que finalement, le fait d'exceller, comme tu disais, dans d'autres trucs, c'était pour compenser le fait que tu n'avais pas un physique comme il fallait.

  • Speaker #1

    C'est ça. C'était plus ça. Je voulais satisfaire mon père, le rendre fier de moi, malgré que j'ai quelques kilos en trop, mais je suis capable de faire d'autres choses. Mais ça ne suffisait pas. Ça ne suffisait pas, malheureusement.

  • Speaker #0

    Et alors quand tu as maigri, parce que tu dis, bon ben voilà, peut-être qu'en maigrissant, on va arrêter de m'insulter, peut-être qu'on va commencer à m'aimer, et dans le on, je mets autant les camarades de classe que ta famille, ton père, etc. Qu'est-ce qui s'est passé ? Ça a fonctionné alors ?

  • Speaker #1

    Eh ben finalement non. Sauf que la petite voix, elle était dans la tête. Voilà, la petite voix qui nous empêche de manger, qui a peur qu'on regrossisse. Et après c'était ça le problème, parce que je me suis dit, ok, maintenant j'ai atteint. entre guillemets mon objectif de perdre du poids, mais ça va être difficile de le reprendre.

  • Speaker #0

    Ça a duré combien de temps cette phase-là ? Parce que tu dis que tu as perdu du poids très vite, en un mois. Et ensuite, tu as maintenu ce poids-là combien de temps à peu près ?

  • Speaker #1

    Alors, j'étais descendue à peu près pareil, de 61 jusqu'à 37 kilos au plus bas. Et de là, on a suivi les hospitalisations, parce que j'étais vraiment très faible. Donc j'arrivais entre guillemets à aller encore un petit peu en cours, etc. pendant peut-être 3-4 mois, mais après ça devenait compliqué parce que même les camarades c'était... ils voyaient qu'il y avait un changement en fait en moi. Donc on a suivi les hospitalisations. J'avais eu une première hospitalisation de quasi trois mois. Donc c'était dans un service de pédiatrie parce que j'étais encore mineure à l'époque. Et de là j'avais rencontré une incroyable infirmière qui m'a donné l'envie aujourd'hui d'être infirmière.

  • Speaker #0

    C'est tellement beau.

  • Speaker #1

    J'aimerais aider les autres. sauf qu'on comprend vite aussi qu'avant de pouvoir aider les autres il faut être bien au fond de soi c'est super important et pareil de pas vouloir chercher à sauver les autres quand même ouais tout à fait parce

  • Speaker #0

    qu'on s'épuise et c'est pas la solution non plus oui c'est difficile en même temps là on touche à un autre sujet mais qui est très important parce qu'en plus beaucoup de femmes s'orientent vers le care le prendre soin et Et c'est vrai que cette notion de sauveur, très honnêtement, moi-même, je lutte contre ça encore. Je suis dans l'aide, le soin apporté depuis bien plus longtemps que ça. J'ai toujours fait que ça. Mais ça fait quatre ans que je suis à mon compte. Et je sens que c'est vraiment quelque chose... Je dois toujours me réajuster. Je trouve que le syndrome du sauveur, il est hyper présent. Et c'est...

  • Speaker #1

    horrible énergie que tu te pompes toi même en fait en faisant ça donc ça me parle tout à fait ce que tu dis je suis bien d'accord mais j'avais pas toutes les connaissances à l'époque j'ai un an qui m'étonne et toutes ses ressources donc effectivement on s'en rend pas compte en fait au début et c'est vrai qu'avec le temps j'ai quand même compris que ma pratique professionnelle devenait compliqué avec ma problématique finalement de fond en fait parce que c'est compliqué de soigner entre guillemets des eaux qui sont en souffrance Ça renvoie énormément à nous-mêmes qui sommes en souffrance.

  • Speaker #0

    Oui, parce que finalement, on a fait un gros saut dans le temps où on comprend que tu es devenue infirmière. Mais qu'est-ce qui s'est joué ensuite pour toi ? Est-ce que tu as l'impression à un moment donné d'être sortie de l'anorexie ? Si oui, comment ça s'est passé dans les années qu'on suivit ?

  • Speaker #1

    Après la première hospitalisation, Ça m'avait fait du bien. Je me rappelle, je m'étais fait la promesse de me dire « Mais je ne veux pas que cette maladie empiète ma vie et m'empêche de réaliser mes rêves. » M'empêche parce que j'étais pleine de rêves à l'époque. J'avais cette envie d'être infirmière, cette envie de voyager, cette envie de faire plein de choses. Et quelque part, c'est un frein parce qu'avec cette maladie, on perd tout. On perd nos amis, on perd notre santé. On perd énormément de choses en fait. Et donc du coup, ça a été... j'étais un peu mieux quand je suis sortie de l'hôpital, donc ça m'a permis de continuer de faire mes études. Toujours dans l'anorexie, jusqu'à la première année à l'école d'infirmière. Et je me rappelle du jour où on a basculé dans l'opposé. Donc du coup j'avais quand même réussi à reprendre du poids, à avoir un poids stable et de remanger en fait avec l'accompagnement des diététiciennes etc. Tout ce travail qu'on avait pu faire à l'hôpital. Ça a duré quelques temps, mais quand on revient dans la vraie vie c'est compliqué quand on sort du cadre finalement. Et je me rappelle un jour, j'étais avec ma meilleure amie et là je lui dis mais j'ai envie de manger du chocolat, j'ai envie de manger plein de choses. Et donc c'était cette meilleure amie-là qui était aussi à l'époque hospitalisée en même temps que moi. On s'était rencontré du coup, donc un peu les mêmes problématiques, une histoire totalement différente mais du coup au final, les mêmes problématiques. Et elle me dit mais mange, mange. Et puis moi, j'étais toujours dans cette restriction-là. Et je suis allée au magasin, j'ai acheté tout ce que j'avais envie, tout ce que je m'étais privée depuis tout le temps. Et puis là, c'est parti en crise de boulimie parce que j'ai tout mangé, 10 paquets de gâteaux, du Nutella, de la chantilly, tout. Puis, culpabilité. Donc, comment on fait pour effacer tout ce qui vient de se passer ? Ça a été les vomissements. Et depuis ce jour-là, c'est vraiment des vomissements, des crises de boulimie, tout le temps.

  • Speaker #0

    C'est resté, de la façon dont tu le dis, j'ai l'impression que ce jour-là, c'est arrivé. Et que finalement, c'est resté une constante. qui n'a quasiment pas bougé jusqu'à aujourd'hui ? Ou est-ce qu'il y a eu des périodes où il y en avait moins, il y en avait plus ?

  • Speaker #1

    Oui, parce que forcément, derrière tout ça, j'avais des études à faire, j'avais énormément de choses. Donc du coup, il y a eu une nouvelle hospitalisation à la fin de ma deuxième année. Parce que finalement, j'arrivais entre guillemets à gérer les crises, l'école, la fatigue. Mais à un moment donné, je ne pouvais plus. Donc nouvelle hospitalisation. De là, j'avais eu la sonde nasogastrique pour lutter contre les vomissements. Quand on est là-bas, on ne peut plus faire les crises. On n'a plus cette possibilité. Et puis, il y a beaucoup d'activités, un accompagnement. Pareil, très professionnel, donc on se sent bien. Donc ça a été, ça a restabilisé, je suis ressortie. Mais quand on revient avec toutes les tentations de la nourriture, de plein de choses, quelques temps après, ça a recommencé parce qu'effectivement, c'est lié aussi à l'émotionnel. J'étais énormément stressée, je me mettais cette pression de réussir mes études en fait. Et donc voilà, émotionnellement, c'est lié. J'évite le lien aussi entre l'anxiété, finalement. Les crises, c'était mon moyen, c'était un échappatoire qui venait apaiser toutes ces angoisses et me procurer, entre guillemets, du bien-être. Parce que, je vais en revenir au sport, le sport, c'était le moment où j'oubliais tout quand je faisais du sport. Au début, non, mais après, j'y prenais plaisir dans ces moments. Vraiment, il y a vraiment eu cette notion de plaisir dans le sport. Sauf que quand je n'avais pas ce plaisir-là dans le sport, il fallait que je le trouve ailleurs. Et du coup, je compensais avec les crises de bout de nuit.

  • Speaker #0

    Et comment était ton alimentation à ce moment-là en dehors des crises ?

  • Speaker #1

    J'essayais de... J'arrivais, ça dépendait des horaires de travail, etc. Il y avait toujours peut-être un ou deux repas. Il y a des périodes où je ne prenais aucun repas. Je n'arrivais pas, c'était vraiment que du vomissement. Et parfois, je me disais, bon, je m'autorisais la crise le soir. Donc j'attendais cette crise toute la journée. Donc nos pensées, elles sont... diminuées par la nourriture, elles sont diminuées par ça. Sauf que, pareil, de nouveau, énormément, beaucoup de fatigue et très peu d'alimentation.

  • Speaker #0

    Ah ouais, non mais tu devais être épuisée, et puis même, tu vois, cet envahissement cognitif, je veux dire, il faut le faire de suivre des études à côté et tout, c'est vraiment, c'est épuisant. Physiquement et psychiquement, quoi, je veux dire.

  • Speaker #1

    Mais on ne comprend pas parfois, parce que tout ça, ça se passe dans l'ombre, finalement. Dans l'ombre, c'est... dès quand je rentrais chez moi, personne n'était au courant personne n'est au courant finalement de ce combat qu'on mène contre nous-mêmes,

  • Speaker #0

    contre l'alimentation mais t'aurais aimé qu'il y ait des personnes au courant de ce que tu vivais ?

  • Speaker #1

    non mais juste me sentir comprise me sentir comprise que bah oui je suis fatiguée que oui parfois j'ai pas l'énergie d'apprendre que ouais tout simplement je suis fatiguée en fait

  • Speaker #0

    Mais à la fois, j'imagine que c'est tellement honteux que tu faisais tout pour pas que ça se sache.

  • Speaker #1

    C'est ça. Mais du coup, on se prive de vie sociale, on perd nos amis, ça crée des conflits avec notre famille qui ne comprend pas, ou qui va nous aider mais qui se sent impuissant aussi parfois.

  • Speaker #0

    Oui, tu sens. Ça fait plusieurs fois que tu parles de ça, de la vie sociale. Toi, tu as l'impression que vraiment cette maladie, elle a... creuser un fossé entre toi et les gens qui te sont chers.

  • Speaker #1

    Ah oui, oui, oui parce que ben à l'époque je me rappelle j'avais perdu mes copines parce qu'on sort plus, parce que on a peur, peur de l'alimentation, je voulais jamais aller au restaurant, si ce n'était pas moi qui cuisinait c'était impossible que je mange, ou sinon on cuisine mais on amène sa petite boîte mais voilà socialement bah c'est compliqué. Parfois des réflexions aussi des personnes qui sont même qu'ils ne connaissent pas mais en fait des réflexions qui sont vraiment nous on les prend de façon horrible du genre par exemple oh bah tu fais bien pas manger au moins tu cours s'ira pas ou non d'accord ou à bâtois tu devrais manger t'es pas grosse fin plein de ou pourquoi tu manges pas et toujours devoir se justifier et c'est peut-être des questions à nos dînes pour les autres mais c'est difficile pour nous ou entendre aussi parfois les autres Oh, moi, hier, j'ai mangé une bonne tablette de chocolat ou, je ne sais pas, une bonne raclette. Et nous, on est là, ben, non, moi, je ne peux pas. Et pareil, on en revient au niveau cognitif, c'est très compliqué. C'est très compliqué. Parce que ça nous rappelle constamment que nous, notre relation n'est pas saine avec la nourriture.

  • Speaker #0

    Ouais. Tu vois, quand tu dis des phrases anodines, bon, alors quelqu'un qui va dire, ah, hier, j'ai mangé ça, c'était trop cool. On est en France, c'est vrai qu'on est très attachés à la bouffe, ça prend beaucoup de place dans les échanges. Bon, ça, c'est une chose. Mais aller dire, t'as raison, comme ça, tu vas pas grossir. Ou toi, tu peux manger, tu peux te le permettre, t'es mince. Tout ça, franchement, c'est acheté, quoi. Tu vois ? Pour moi, il n'y a rien d'anodin là-dedans. Et en fait, on encourage des comportements vraiment malsains. Il y a quelque chose qui est normalisé dans notre société. Ça me saute de plus en plus aux yeux. Il est normalisé d'avoir un rapport troublé à l'alimentation. Clairement, quoi. Je veux dire... Toutes ces phrases, tout... Enfin, pour moi, c'est hyper problématique, tu vois, et ça n'a rien d'anodin. Et oui, du coup, c'est hyper compliqué. Quand ces phrases s'adressent à quelqu'un qui a un TCA, on ne peut jamais savoir quand la personne a un TCA, parce qu'en fait, ça ne se voit pas, ce n'est pas écrit sur son front. Mais même pour soi, moi, j'invite n'importe quelle personne à se questionner sur cette façon tout le temps. Parce qu'en fait, en faisant ça, on commente le corps de l'autre. Quand tu dis à une personne, tu peux machin, en fait, tu es en train de commenter son corps, mais aussi faire un... une espèce d'échelle d'évaluation des corps qui peuvent manger ou non. Mais attends, c'est complètement fou de dire ça, finalement. Ça veut dire que la voisine d'à côté, tu vas lui dire, non, toi, mange pas, parce que t'es trop grosse. Enfin bon, voilà, c'est mon petit cheval de bataille. Je trouve que ça n'a rien d'anodin, vraiment.

  • Speaker #1

    Je suis tout à fait d'accord avec toi. Et j'en reviens aussi de par la pression sociale qu'on a aussi en termes d'apparence. Parce que forcément, cette question d'apparence aussi rentre en compte. Moi, je suis un peu, comment dire, parfois déboussolée de voir que, que ce soit dans les magazines, on prône tout le temps la maigreur, on prône la minceur, on prône le corps beau. Bon, OK, aujourd'hui, ça change avec l'arrivée du sport, etc. Peut-être que la vision des corps change, entre guillemets, le corps idéal. Mais finalement, qu'est-ce qu'un corps idéal ? Oui. Parce que voilà, moi, comme je dis, j'ai beaucoup voyagé, on voit d'autres choses, énormément de choses. Et en France, c'est vrai qu'on a beaucoup plus cette pression. d'être soit mince, soit musclée, pas trop grande, pas trop petite non plus, cheveux lisses mais pas trop lisses, plein d'injonctions, et moi je me sens dépassée par toutes ces injonctions.

  • Speaker #0

    Et par exemple, dans quel pays t'as trouvé que c'était moins fort ?

  • Speaker #1

    Leur rapport est différent parce que, je dirais tous les pays d'Asie, les pays d'Amérique, parce que... Pareil aussi là-bas, le rapport à la nourriture, l'accès déjà, l'accès à la nourriture est totalement différent. Et la nourriture c'est comme un lien là-bas finalement. En fait, l'apparence a très peu d'importance là-bas. Moi, c'est comme ça que je l'ai ressenti, c'est comme ça que je l'ai vécu là-bas.

  • Speaker #0

    Quand tu dis Amérique, tu parles des Etats-Unis ?

  • Speaker #1

    Non, Amérique du Sud.

  • Speaker #0

    Ah ouais, Amérique du Sud, Amérique latine.

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Ok, ouais. Après, c'est pareil, est-ce que dans les normes culturelles, tu as le corps de la femme, c'est assez différent quand même ?

  • Speaker #1

    C'est ça, tout à fait. Mais on en revient du coup à nos normes ici en France, qui sont différentes et qui peuvent, entre guillemets, déclarer des troubles alimentaires en fait. Parce que je ne pense pas que dans d'autres pays, il y ait autant, si on fait une étude, autant de troubles du comportement alimentaire dans d'autres pays.

  • Speaker #0

    Oui, je serais curieuse de voir ça. Il faudrait que je me renseigne. Tu as raison sur tout ce qui est Amérique latine. Alors après, l'Asie, je suis surprise que tu parles de l'Asie parce que je sais qu'il y a énormément de troubles alimentaires dans des pays tels que le Japon, la Corée du Sud. Je pense que c'est des pays qui ne passent pas d'accès à la réussite, maîtrise de soi et tout ça.

  • Speaker #1

    C'est ça. Vraiment, ces deux pays-là sont à part. ils sont à part je me demandais plus par exemple tout ce qui est Thaïlande, Laos, Vietnam la Malaisie mais effectivement le Japon et la Corée du Sud sont des pays qui sont à part ou je l'ai énormément ressorti au Japon l'apparence est très importante ouais je pense au fond ok c'est trop intéressant franchement je me dis on

  • Speaker #0

    pourrait faire tout un épisode de podcast juste sur le sujet des voyages et ouais c'est top et d'ailleurs justement à quel moment t'es partie en voyage ? à quel âge tu avais ton premier voyage ?

  • Speaker #1

    alors je suis j'avais fait mes études, j'ai été diplômée à 21 ans j'ai commencé à voyager à 23 ans et justement gros défi parce que je me suis dit comment je vais manger là-bas tu faisais toujours autant de prises à ce moment-là ? oui il y a eu des périodes en fait mais je me rappelle juste pour la petite anecdote quand j'étais en terminale vraiment dans les troubles alimentaires il y avait un voyage en Espagne Merci. Et les stands, moi j'adore les stands. Et je n'ai pas pu y aller à cause des troubles alimentaires. Là, ça a été mon frein. Parce que je me suis dit, mais comment je vais manger ? Et là, c'était plus fort que moi, je ne pouvais pas y aller en fait. Je me suis dit, mais je ne vais pas amener mes boîtes de conserve, je ne vais pas amener mes légumes, parce que forcément, on allait être logé chez des personnes. Je me suis dit, mais comment ils vont me cuisiner ? Moi, ce sera hors de question que je mange autre chose, en fait. Et là, ça a vraiment été le frein. Donc, je ne suis pas allée en voyage. Et je me suis dit, mais non, c'est pas possible, en fait, que cette maladie m'empêche de voyager, m'empêche de vivre des expériences humaines.

  • Speaker #0

    Elle est incroyable, cette prise de conscience, là, dont tu parlais tout à l'heure. Je voulais le dire sur le moment, et puis, je ne sais plus, j'ai pu penser. J'ai trouvé ça assez fou, parce que tu étais toute jeune, et de sortir d'hospite et de se dire, ah non, Il n'y a pas moyen. Je veux faire ce que j'ai envie de faire de ma vie. Et cette maladie ne viendra pas tout gâcher. Franchement, je trouve qu'elle est incroyable, cette prise de conscience si jeune, tu vois. C'est fou. Mais alors raconte-moi justement, tu pars en voyage. Bah ouais, j'imagine avec plein de crainte. Et tout à l'heure, tu as dit quelque chose aussi d'intéressant en préambule de l'épisode. Tu disais, bah oui, je suis partie voyager. Peut-être que je partais en quête de moi-même aussi par le biais de ces voyages. Donc tout ça, ça attise ma curiosité. J'aimerais bien que tu me parles de tout ça.

  • Speaker #1

    Alors effectivement, on peut se dire, bah ailleurs, j'irais mieux. Ou si j'avais, je ne sais pas, une grande maison, j'irais mieux. Notre voiture gérera mieux. Donc, en fait, finalement, je pense qu'on essaie d'aller, de chercher ce qui nous sauverait à l'extérieur de soi. En se disant, je ne sais pas, peut-être que si je suis sur une autre plage, je n'aurai plus de troubles alimentaires. Ou si j'ai ce métier-là, je n'aurai plus de troubles alimentaires. Mais je me suis vite rendue compte que non. Les clés sont en soi. Il faut d'abord aller à la rencontre de soi. Et cette expérience des voyages, finalement, je me suis dit, mais nos problèmes nous suivent. Donc, nos problèmes, notre souffrance, elle est à l'intérieur. Et peu importe l'environnement, si on ne guérit pas ce problème, si on ne fait pas la paix avec tout ça, mais on l'aura pour toujours, en fait.

  • Speaker #0

    Oui, c'est important ce que tu dis. C'est très important. Je pense qu'il y a beaucoup de personnes qui cherchent à fuir un contexte géographique et qui sont un peu déçues de voir qu'en fait, le problème, il est toujours là.

  • Speaker #1

    C'est ça. Et je reviens, moi, je cherchais beaucoup aussi l'amour. à l'extérieur de moi, en me disant, vu que moi, je n'arrive pas à m'aimer, vu que je n'arrive pas à aimer mon corps, finalement, j'aimerais avoir quelqu'un qui va m'aimer. Et peut-être que si quelqu'un m'aime, je vais m'aimer. Mais non, ça ne marche pas comme ça non plus.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce que ça t'a amené quand même, toutes ces expériences de voyage, tu dirais ? Alors, au global, qu'est-ce que ça t'a apporté à tous les niveaux humainement ? Et en quoi ça a peut-être amené quand même des aides pour les troubles alimentaires, tu penses ?

  • Speaker #1

    Je dirais que notre corps, c'est le moteur. Il faut en prendre soin parce que sans lui, on ne vit pas tout ça. Je suis encore dans ce cheminement, justement, de rééquilibrer l'alimentation, etc. Ce que je dis, c'est aussi en cours de travail sur moi-même. Humainement, de voir que... Il y a d'autres cultures qui existent. Il y a d'autres choses, d'autres façons de vivre. Et finalement, l'apparence, notre physique, c'est un petit grain de sable, en fait. Ce n'est pas ce qui nous permet de ressentir les choses intérieurement, en fait. Et que mettre toute mon énergie sur l'apparence, c'est de l'énergie perdue de tout ce qu'il y a à faire dans le monde, de tout ce qu'il y a à découvrir. de tout ce qui a à voyager, à échanger, à partager.

  • Speaker #0

    Oui. Ça ne t'a pas donné envie de rester à l'étranger ? De voir que c'était si différent dans d'autres cultures ? Genre en Amérique du Sud, tu n'as pas eu envie de t'installer là-bas ?

  • Speaker #1

    Oui, en Argentine. Donc, ce serait probablement un projet prochain.

  • Speaker #0

    Ah, ok.

  • Speaker #1

    Pas en Amérique, mais plutôt en Nouvelle-Calédonie. J'aimerais partir.

  • Speaker #0

    Ok. Waouh.

  • Speaker #1

    Voilà. Et donc, pour faire... Je l'espère si je suis diplômée coach sportif. On en revient du coup. Le sujet aussi. Le sport, finalement, ça a été aussi un moteur pour me reconnecter à mon corps. Effectivement, comme je le disais au début, au début, c'était finalement mon ennemi de me dire « mais je vais au sport pour perdre du poids » . Donc, je le voyais plus comme une contrainte. Mais finalement, avec le temps, du coup, ma pratique, il y a eu des périodes où je n'ai pas fait de sport. Mais aujourd'hui, je le vois comme tellement une ressource, une ressource de plaisir et surtout de pouvoir mettre mon corps en mouvement, de sentir qu'il est en bonne santé et qu'il peut bouger, qu'il peut me procurer des sensations, en fait. Et du coup, c'est à travers le message du sport, dans mon futur métier, je l'espère, c'est plus ça que j'ai envie de transmettre. C'est le sport, c'est la reconnexion à soi. Au-delà de ce qui peut nous... transformer notre physique au delà de l'apparence que ça peut nous apporter c'est intérieurement que ce soit par diverses pratiques notamment le yoga tout ce qui est les pratiques douces la reconnexion à soi l'équilibré intérieur et aujourd'hui oui le sport c'est mon allié c'est ma ressource et c'est pour m'a permis finalement de tenir quelque part dans les troubles alimentaires

  • Speaker #0

    C'était la seule activité où je n'ai jamais perdu plaisir.

  • Speaker #1

    Oui, ce qui est difficile parce que c'est vraiment à double tranchant, le sport dans les troubles alimentaires. Waouh ! Tout à fait. Oui, ce n'est pas facile. Qu'est-ce qui t'a donné envie ? À un moment donné, comment tu as eu cette idée de te dire « Ah, mais si j'en faisais mon métier ? » Et en fait, j'ai plein de questions qui me viennent en lien avec ça. Est-ce que tu n'as pas eu peur aussi de te dire « Ah ouais, non mais attends, du coup, je vais… » augmenter peut-être ma pratique ? Ça va prendre une autre place ? Est-ce que ça peut jouer quelque chose sur mes troubles alimentaires ?

  • Speaker #0

    Alors, effectivement, ça a été aussi des peurs, mais des peurs qu'il faut aussi réussir à apprivoiser. Ce que j'aimerais, en fait, par la suite, c'est surtout accompagner et proposer le sport plus comme un accompagnement thérapeutique. Et pas comme dans la performance ou dans la perte de poids, comme aujourd'hui, finalement, le sport est associé.

  • Speaker #1

    Et qu'est-ce qui t'a donné un peu ce... Enfin, je ne sais pas si tu as eu un déclic ou si ça s'est mûri sur des semaines, des mois, mais comment ça s'est fait pour toi, ça ? Et comment tu t'es autorisée aussi à te dire, tiens, si j'y allais, en faire mon métier, quoi ?

  • Speaker #0

    Je pense que le métier d'infirmière devenait compliqué.

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    D'être constamment avec des gens en souffrance. c'est éprouvant. Il y a eu le Covid, il y a eu plein de choses. C'est un métier épuisant parce qu'on donne et on doit tout le temps donner, donner, donner. Et je pense qu'à travers le sport, vu que c'est quelque chose qui me donne du plaisir, j'ai plus envie de me lever le matin et de me dire « mais je vais aller faire quelque chose que j'aime » . Je n'ai pas envie de me dire « je vais me lever le matin » . Et je vais être au contact de gens qui souffrent. Parce que finalement, comme je disais au début, il faut gérer sa propre souffrance. Et finalement, c'est créer un environnement de constamment de souffrance, en fait. Et les énergies, c'est prenant. C'est prenant. Je me suis sentie vidée. Vidée par ce métier.

  • Speaker #1

    Ok. Là, tu ne l'exerces plus du tout, en fait ? Tu es à temps plein en formation pour devenir coach ?

  • Speaker #0

    Là, oui. Pour l'instant, oui.

  • Speaker #1

    Ok. Et tu sens que ça... tu es sur la bonne voie de l'épanouissement. Tu sens que tu as fait le bon choix. Oui. Trop chouette. Et aujourd'hui, alors, où est-ce que tu en es dans ton rapport au corps, dans ton rapport à l'alimentation ? Est-ce que tu veux bien nous raconter ?

  • Speaker #0

    Alors, pareil, des phases. Je pense que je me suis mis aussi beaucoup la pression avec ce nouveau défi de changer de métier. Donc, il y a eu des phases de crise de boulimie, toujours. Je suis en quête d'appliquer tout, parce que finalement, on a les clés, on a les ressources. Et là, il faut que j'arrive à les appliquer à l'intérieur, les faire rentrer. Rapport au corps, je dirais que j'ai commencé à faire plein d'exercices, à prendre conscience de l'impact de mon discours intérieur sur mes comportements alimentaires. J'en reviens à... Tu as fait, je crois, une publication il n'y a pas très longtemps sur ça, tout ce qui est les restrictions cognitives. au début quand on parlait de ça, mais je ne comprenais pas. Et finalement, c'est notre petite voix qui est responsable de tout ça. Et dès lors qu'on arrive à l'apprivoiser, à la changer, nos émotions, nos ressentis et notre comportement changent.

  • Speaker #1

    Ce que tu dis, c'est trop important pour toi, ça me faisait sourire parce que le discours interne... Mais je veux dire, on a une télé en permanence allumée à l'intérieur de nous. Je veux dire, si cette télé, elle te répète que t'es grosse, que t'es conne, que t'es moche, que t'arriveras à rien... comment tu veux passer une bonne journée moi j'invite toutes les personnes qui nous écoutent à s'observer là-dedans et à se regarder du réveil jusqu'au coucher tu ouvres un oeil, tu touches ton corps tu le critiques, tu montes sur la balance tu te dis c'est pas vrai, je suis vraiment trop grosse tu te crois dans le miroir, tu te dis que t'es moche enfin, mais qui survit là-dedans, c'est l'enfer franchement, donc t'as raison le discours interne C'est primordial.

  • Speaker #0

    Et là, c'est vraiment la prise de conscience que j'ai actuellement. Parce que finalement, on essaie de retracer l'histoire. Je ne dis pas qu'on cherche des excuses. On cherche à comprendre. Mais finalement, le problème... Enfin, on est aussi responsable. On a notre part de responsabilité. OK, l'histoire s'est passée. Il s'est passé ce qui s'est passé. Mais aujourd'hui, c'est mon propre discours interne qui continue de faire continuer finalement ces troubles alimentaires.

  • Speaker #1

    Oui, mais en même temps, j'ai envie de faire le lien justement avec ton histoire. Quand il y a des discours... zut j'ai discriminant qui vient mais c'est pas le mot que je veux quand il y a des discours hyper négatifs sur le corps et l'apparence physique qui sont là des toutes petites en fait on internalise ce truc là comme une espèce de vérité absolue c'est vrai que plus on est jeune plus c'est difficile de mettre ce... c'est pas du tout impossible mais c'est plus difficile de mettre à distance donc je suis d'accord avec toi sur le fait que on se maintient par ces pensées là et en même temps euh... je ne sais pas comment le dire il y a une forme de responsabilité et dans le fait d'avoir aussi du pouvoir sur le fait de pouvoir changer ces choses-là mais par contre il n'y a pas de culpabilité à avoir on est responsable mais pas coupable je trouve que quand on est une femme il suffit de regarder le parcours d'une petite fille depuis sa naissance jusqu'à l'arrivée à l'âge adulte Franchement, tu as du bol si tu es chapeau TCA, en vrai. Franchement, tu regardes autour de nous comment fonctionne le monde encore aujourd'hui. En France, je dis le monde, il y a quand même plein de cultures où c'est problématique, mais en France, particulièrement sur l'image de la femme. Bon, voilà. Donc oui, je suis d'accord avec toi. On a du pouvoir sur ces petites phrases qu'on se raconte. Et en même temps, c'est internalisé. C'est-à-dire que... Pour plein de personnes, cette voix qui vient de dire des trucs, t'as l'impression que c'est Dieu qui susurre à ton oreille. C'est genre la vérité absolue. Mais non, c'est juste une pensée. Reliée à tout un schéma de pensée, reliée à des croyances, reliée à une éducation, machin. Mais c'est juste une pensée que tu as le choix d'écouter ou non.

  • Speaker #0

    Mais quand on prend conscience de ça, de dire que, comme tu dis, oui, voilà, on est responsable, mais de ne pas se sentir coupable. Ça, moi, ça m'a... donc c'est pareil un processus et ça m'a soulagée me dire je ne suis pas responsable de mon enfance, je ne suis pas responsable de ce qui m'est arrivé en fait finalement mon corps il a réagi comme il pouvait et j'en reviens à dire que les troubles alimentaires finalement c'est qu'un symptôme qui nous pousse à aller à l'extérieur de soi parce que je me dis finalement sans tout ça je n'aurais jamais fait ce travail là donc finalement je préfère remercier tout ce qui m'est arrivé que de me victimiser sur ce qui m'est arrivé en fait. Mais voilà, de prendre, là pareil, je m'intéressais à tout ce qui est PNL, etc., de prendre conscience de l'impact de mes propres pensées sur moi, mais je me dis, mais je suis tellement méchante, alors que je prends soin des autres au quotidien, je l'ai fait pendant des années, et de moi-même, jamais je me comporterais de cette façon avec quelqu'un d'autre. Et pourquoi je le fais avec moi ? pourquoi tous les jours je me dis que je suis moche que je suis grosse que pourquoi que je suis nul que je me répète mais effectivement on en revient à voilà pendant 20 ans on m'a mis ça dans la tête donc bah la petite voix lui croit et du coup c'est un combat permanent finalement entre cette nouvelle petite version qui essaye de finalement de ouais d'être de s'épanouir et comme si ah bah non il y avait l'autre petite voix qui arrive non non non et c'est un combat permanent mais c'est épuisant c'est épuisant

  • Speaker #1

    Ce qui est intéressant, et d'ailleurs, il y a des outils de PNL qui proposent ça, c'est de voir aussi à quel point ces deux petites voix, elles ont un but commun. Parce qu'en fait, on a l'impression que la petite voix autocritique, elle est destructrice et que, tu sais, on parle d'autosabotage. Moi, je ne crois pas du tout à l'autosabotage. Moi, je crois qu'on cherche toujours à faire le meilleur pour soi-même, mais qu'on le fait avec des manières, des fois, très douteuses. Et que même la petite voix qui te dit « t'es moche, t'es grosse, t'es nulle » , En fait, elle a internalisé que c'était comme ça que tu allais te motiver à y arriver. Elle a internalisé qu'il fallait à tout prix que tu y arrives, que tu maigrisses, que tu sois comme ci, comme ça pour être aimé. Et tu vois, en fait, les deux petites voix ont le but de prendre soin de toi, de faire en sorte que tu sois aimé des autres et que... C'est juste qu'elles ne s'y prennent pas de la même manière. Et qu'il y en a une qui est bloquée dans ton ancien schéma. Et il y a... un exercice en PNL qui permet une espèce de réunification aussi, tu vois, de ces deux petites voix et de percevoir à quel point elles ont le même objectif. Et que, il n'y a pas... J'aime bien aussi l'idée qu'on a plusieurs parties en nous, tu vois, qui cherchent à s'exprimer, mais qu'il n'y en a pas une qui est mauvaise, quoi. Il n'y en a aucune qui nous veut du mal. Et ça, c'est intéressant. Et je trouve aussi que ça peut être un peu déculpabilisant. C'est pour ça que je le partage, parce que... Parce que l'auto-sabotage, c'est culpabilisant comme idée. Oui, je m'auto-sabote, je me fais du mal. Moi, j'entends beaucoup ça des personnes qui disent « De toute façon, je me fais du mal avec les crises. » Mais non, tu cherches à te faire du bien avec les crises, en fait. Oui, ça te fait du mal au final, après, parce que t'es aimée. En vrai, c'est un mécanisme. de soulagement, en fait, que tu mets en place. Tu cherches pas à te faire du mal.

  • Speaker #0

    Et ça, pareil, je l'ai compris, de me dire que finalement, mes crises, elles venaient finalement m'apaiser d'angoisse permanente. Elles venaient, ouais, me permettre finalement de m'échapper.

  • Speaker #1

    Ouais. Et puis...

  • Speaker #0

    Malgré toutes les conséquences qu'il y a derrière.

  • Speaker #1

    Et je sais pas comment tu manges aujourd'hui, mais il y a aussi quelque chose de très physiologique derrière les crises. À un moment donné, si on mange pas assez, si on est en restriction réelle ou cognitive en permanence, tu vois en fait Il y a un mécanisme physiologique, enfin, c'est un mélange physiologique et psychologique qui fait que la crise, elle arrive. Elle est juste normale. Donc, effectivement, il y a le côté énergétique, le côté frustration, le côté émotionnel. Et tout ça, hop, tu mélanges bien et bim, t'as une belle grosse crise. Mais ça sert à rien de lutter contre, en fait. C'est sur le pourquoi elle est là qu'il faut agir, effectivement. Tout à l'heure, t'as dit un truc. T'as dit... Je ne vais pas retrouver tes mots exacts, mais en gros, tu parlais du fait que tu avais les clés aujourd'hui pour sortir de la boulimie et que simplement, bon, ben voilà, il fallait réussir à les mettre en place vraiment. Et du coup, j'ai eu envie de te poser la question, pourquoi c'est difficile de les mettre en place du coup, aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Parce que comme on dit, ça demande de tout appliquer sur soi, c'est difficile ou peut-être aussi en sortir finalement, ça fait peur. de lâcher ce poids, de lâcher mon identité peut-être, parce que finalement j'ai grandi depuis 20 ans, c'est une partie de moi, peut-être je dirais la peur.

  • Speaker #1

    Et la peur de quoi ? Qu'est-ce qui pourrait te manquer alors si la boulimie disparaissait ?

  • Speaker #0

    Le vide, de me dire mais ouais, qu'est-ce que je vais faire sans tout ça ? Parce que les crises de boulimie parfois c'est aussi l'ennui, la solitude. elles remplissent finalement encore un... Il y a encore un rôle qu'il faut que j'arrive à...

  • Speaker #1

    Ouais, peut-être. Mais qu'est-ce que t'imagines que tu pourrais faire si tu faisais pas de crise de boulimie ? À ton avis, il y aurait quoi dans ta vie à la place ?

  • Speaker #0

    Tellement de choses. Je serais tellement en pleine forme, parce que ça m'épuise, ça me fatigue. Physiquement, c'est épuisant. Parfois, j'en fais jusqu'à 4, 5 par jour. et puis financièrement aussi c'est compliqué parce qu'il faut tout acheter après voilà il faut faire le ménage il faut tout nettoyer c'est horrible en fait c'est horrible et je me dis sans tout ça je serais tellement en pleine forme pour aller de nouveau explorer le monde ouais

  • Speaker #1

    c'est ça en fait je pense que t'es même aujourd'hui t'es peut-être même pas en mesure d'imaginer tout ce qui viendrait remplir la place Moi, je crois que c'est un faux besoin. Ça me parle beaucoup de ce que tu dis. J'avais exactement les mêmes peurs que toi. Et l'impression aussi que sans les crises, qu'est-ce que j'allais faire de tout cet envahissement émotionnel ? Comment j'allais évacuer, finalement ? Et la question, elle ne se pose même pas. En fait... déjà, il y a beaucoup moins d'envahissement émotionnel quand tu es libre de manger, beaucoup plus libre dans ton corps et dans ton alimentation. Mine de rien, il y a une base émotionnelle qui n'est plus là, une base un peu pourrie de stress, de frustration, de plein de choses. Et puis, en fait, ce que je dis souvent, c'est qu'on a peur du vide quand on a un TCA, alors que c'est le TCA qui creuse le vide. et qu'en plus tu l'as très bien dit dans tes relations. Je compare le TCA à une espèce de tractopelle à l'intérieur qui va creuser sans arrêt. Et puis comme il creuse ce vide, tu dis, mais attends, si j'enlève ça, du coup, je vais avoir juste ce vide. Non, c'est lui, c'est le TCA qui creuse le vide. Et en fait, petit à petit, en ayant de moins en moins besoin des compulsions... Pour moi, le premier élément sur lequel bosser, c'est vraiment la bouffe, en fait, de manger plus, plus consistant, avec plus de plaisir, plus d'aliments interdits, tout ça. Mais il y a un truc en vrai qui s'apaise, quoi. C'est difficile de le dire différemment. Je voudrais trouver d'autres mots pour mieux le dire, mais il y a quelque chose qui s'apaise et tu as moins besoin de crise. Il y en a moins, moins souvent, moins forte. Ça, c'est les filles du programme, c'est ce qu'elles disent aussi, tu sais, des fois. Il y en a qui vont me dire « Ah ouais, mais j'ai refait une crise alors que je n'en avais pas fait depuis deux, trois semaines. » Puis je vais dire « Ok, est-ce que c'était vraiment la même crise que d'habitude ? » Non, franchement, j'ai moins mangé d'aliments, ça a duré moins longtemps. Et en fait, petit à petit, le truc commence à s'éloigner. Et en fait, déjà à ce moment-là, tu as remis plein de choses dans ta vie. Tu as remis plein de choses.

  • Speaker #0

    Parce que ça prend du temps. ça prend énormément d'énergie oui,

  • Speaker #1

    non mais ce que tu dis tu parlais d'argent aussi, on n'en parle pas assez je me dis tiens, je pourrais même faire un épisode là-dessus peut-être collaboratif où j'invite des personnes à venir me parler de ça en fait, mais moi j'avais fait un calcul à la louche il y a quelques années de ça, je m'étais dit alors en 5 ans de guérison j'avais fait un calcul un peu grossier avec une moyenne de temps de crise par semaine, avec une crise qui me coûtait tant sauf qu'à temps l'inflation est passée par là à l'époque la bouffe coûtait moins cher et en fait j'avais ajouté aussi le côté dépenses compulsives dans des fringues parce qu'en fait j'avais ça aussi avec la boulimie que j'ai plus du tout depuis que je suis guérie il y a plein de choses d'associées en fait au mécanisme et du coup j'avais calculé que j'avais économisé autour de 18 000 euros en 5 ans non mais j'en suis pas loin c'est un truc malade et du coup

  • Speaker #0

    c'est difficile parce qu'on se dit mais on va travailler et au final on est ruiné de par nos crises et c'est le cercle vicieux en fait c'est difficile on doit mettre de l'énergie en plus pour aller travailler,

  • Speaker #1

    pour avoir de l'argent finalement l'argent qu'on gagne c'est même pas pour nous faire plaisir non parce qu'on va le mettre dans nos crises en fait et puis il y a même des personnes qui m'ont déjà dit bah ouais moi j'ai pas d'argent à mettre dans le soin parce que tout passe dans les crises Mais tant que tu ne te soigneras pas, tu auras des crises. Enfin, tu vois, tu es clairement dans un cercle vicieux. C'est terrible. Franchement, c'est terrible. Mais en tout cas, je n'ai aucun doute sur le fait que tu ne sois pas face à du vide. Enfin, déjà parce que je connais ces mécanismes et je sais comment ça se passe. Mais en plus, parce qu'en ayant échangé avec toi, si tu veux, et vu ta vie de jeune adulte, comment elle a été hyper remplie, les voyages, les rencontres et tout. comment est-ce que ça pourrait être vide ?

  • Speaker #0

    C'est vrai.

  • Speaker #1

    Franchement !

  • Speaker #0

    Je pourrais tellement l'enrichir encore plus.

  • Speaker #1

    Mais ouais. Qu'est-ce que tu ferais si je te dis, imagine demain, tu ne fais plus du tout de crise de boulimie, qu'est-ce que tu ferais en plus dans ta vie ? Quels sont les premiers trucs qui te viennent ?

  • Speaker #0

    Me reposer.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    Autoriser mon corps à se reposer.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui t'empêche de le faire aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Le cerveau. Quand j'essaye de me reposer, il y a toutes les pensées qui reviennent et c'est difficile. C'est difficile. Parfois, du coup, je préfère dire, je fais une crise, au moins je suis fatiguée et je dors.

  • Speaker #1

    Il y a un vrai truc à bosser dessus, c'est intéressant. Alors que tu te prépares à être coach sportive et que... tu diras aux personnes que tu accompagneras que le repos post-entraînement est aussi important que l'entraînement.

  • Speaker #0

    Tout à fait. Et c'est ça ce que je dis, je pense que j'ai énormément de connaissances, que ce soit en termes de sport, de par mon métier d'infirmière, et c'est dur de l'appliquer sur soi. Mais je me dis, le discours que je vais tenir aux autres, il faut que je me l'applique à moi-même. Pour pouvoir aussi recréer cet alignement entre ce que je vais dire et ce que je vais faire.

  • Speaker #1

    Oui, et je suis en train de me dire, tu sais, quand des personnes, par exemple, ont du mal à réintroduire un aliment interdit parce que trop flippant et que ça part en crise, je cherche avec elles comment elles pourraient mettre de la sécurité, soit à l'extérieur, soit avec d'autres gens. Et je suis en train de me dire, peut-être que tu pourrais te poser cette question-là pour le repos, pour réapprendre à te donner des temps à ne rien faire. Est-ce que ça pourrait être... par le biais d'autres gens, faire ces moments-là avec d'autres gens, ou à l'extérieur de chez toi pour te protéger de l'arrivée d'une crise, mais de renouer, même si c'est une fois par semaine, avec, je ne sais pas, dix minutes de repos, des tout petits moments comme ça. Repos, ça peut être lire, faire des mots fléchés, regarder une série, te faire masser, j'en sais rien, aller au ciné, ça peut être plein de choses, t'asseoir dans un parc. observer ce qui se passe. Il y a plein de façons de se reposer, mais peut-être que tu pourrais innover autour des façons de te reposer et peut-être créer de la sécurité autour de ça pour ne pas que ça parte sur une crise.

  • Speaker #0

    C'est ça. Et ça me fait rebondir de me dire que, par exemple, aujourd'hui, quand je vais au restaurant avec des amis ou autres, j'ai l'impression de ne plus avoir ces barrières avec l'alimentation.

  • Speaker #1

    Ça, c'est cool.

  • Speaker #0

    Parce que c'est le moment... Je suis soit avec une amie, soit avec une autre personne. Et en fait, le moment est tellement plus important, le moment est tellement plus enrichissant émotionnellement que finalement, j'en oublie. Je ne vais pas me dire, je ne vais pas manger ça parce que je vais prendre un kilo. Non, j'ai plus envie, sur le moment T, de m'enrichir. émotionnellement de la chaleur humaine de ce moment finalement, de ce moment simple mais qui apporte tellement trop bien,

  • Speaker #1

    c'est super déjà c'est génial que tu aies développé ça entre guillemets et je pense que peut-être tu peux t'appuyer là-dessus pour d'autres choses, pour le repos par exemple c'est ça qu'est-ce qui Enfin, tu l'as déjà dit sur plein de choses, mais si tu devais nommer là où les choses qui t'ont le plus aidé sur ton parcours jusqu'ici, qu'est-ce que c'est ?

  • Speaker #0

    Les professionnels.

  • Speaker #1

    OK.

  • Speaker #0

    Quand même, le fait d'être à l'hôpital, parce que c'était vraiment une clinique spécialisée pour les troubles alimentaires. Aujourd'hui, de trouver des personnes comme toi qui font des podcasts, qui donnent des clés. Non, c'est vrai ? Parce que comme je dis, il y a 15 ans en arrière, on n'avait pas tout ça. On n'avait pas toutes ces ressources-là en fait. Donc à l'époque, c'était les livres. Je lisais les livres, des témoignages autobiographiques des personnes qui avaient des troubles alimentaires. Et ouais, de se sentir finalement qu'on n'est pas seul.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu aimerais dire aux personnes qui nous écoutent ? Si tu devais leur transmettre quelque chose, ce serait quoi ?

  • Speaker #0

    Qu'il y a de l'espoir. que je cesse de me dire que ce n'est pas arrivé pour rien comme comme on disait au début il ya les symptômes il ya plein de choses c'est pour nous finalement cette maladie elle est pour nous mais il faut arriver à un moment donné voilà d'avoir les clés d'avoir les ressources à prendre du temps être patiente s'entourer des bonnes personnes et que ouais la vie elle est elle est merveilleuse il ya énormément de choses à faire en en dehors de tout ça c'est joli,

  • Speaker #1

    la vie elle est merveilleuse et c'est vrai que finalement tu t'es un peu fait une promesse en sortant de cette première hospitalisation peut-être que tu t'imaginais que t'allais commencer par guérir et vivre tous tes voyages, tu l'as fait un peu différemment t'es partie avec ta maladie sous le bras en disant non mais moi je vais vivre ma vie et c'est chouette aussi je trouve que c'est une façon aussi de montrer que la guérison arrivera quand elle arrivera, mais que ta vie, elle continue, elle n'est pas complètement sur pause. Et peut-être que tu aurais plus profité en étant complètement libre de manger ce que tu veux, mais il n'empêche que tu l'as quand même vécu et que tu as profité quand même à ta manière.

  • Speaker #0

    Et je pense que moi, je le verrais plus positivement en me disant, je ne veux plus me fuir en fait, parce que ça vient avec nous. Et peu importe qu'on soit à 10 000 kilomètres ici, non, c'est pour nous en fait. et c'est à l'intérieur de nous ok peut-être que l'extérieur a contribué à tout ça mais c'est à l'intérieur de soi qu'il faut aller chercher et qu'il faut aller apaiser, faire la paix c'est joli,

  • Speaker #1

    je ne veux plus me fuir j'ai très envie de rester sur cette phrase, je la trouve très belle merci beaucoup pour cet échange qui était très riche qui est parti sur plein de choses je trouve on aura encore à dire Mais ouais, en fait, c'est ça. Je me dis, à un moment donné, à contre-cœur, je devais refermer certaines portes pour revenir sur notre échange. Mais je me dis, mais attends, il y aurait eu tellement de portes là, aller explorer davantage autour des voyages, autour de la connaissance de soi, autour de... Tu as parlé aussi de l'amour, chercher l'amour, et puis plutôt l'amour de soi. Enfin, je me dis qu'il y aurait plein d'autres choses à en dire. Mais déjà, je trouve que... Je trouve que tu as dit beaucoup de choses et je suis sûre que ça va créer des résonances chez les personnes qui vont écouter. Donc, un immense merci d'être venue te livrer à mon tour.

  • Speaker #0

    Une petite anecdote, j'ai toujours dit, un jour quand je serai guérie, vraiment, totalement, j'aimerais vraiment faire mon travail et me dire aider les personnes dans le même cas. Écrire un livre ou partager en fait.

  • Speaker #1

    Moi aussi, ça fait toujours partie de mes rêves, du coup, je ne l'ai pas accompli ça d'écrire un livre, tu ne vois pas encore. Oui, mais je pense que beaucoup de personnes ressentent cette envie-là en ayant vécu les troubles alimentaires, mais parce que c'est à la hauteur de la puissance de ce qu'on vit à l'intérieur de ça. Franchement, je pense que quand on ne le vit pas de l'intérieur, comme beaucoup de choses, tant que tu ne le vis pas de l'intérieur, tu ne peux pas. Et d'ailleurs, c'est même difficile de l'expliquer avec des mots, toute l'horreur qu'on peut traverser. Et à la fois, la libération de ce truc-là, ça a un côté un peu magique, même si ça s'estompe avec les années, on ne va pas se mentir. Ça fait des années que je suis guérie, je ne me lève pas tous les matins en me disant « c'est magique de pouvoir manger ce que je veux » . Il y a quelque chose qui devient ma nouvelle normalité. mais c'est vrai que c'est oui je comprends que tu aies cette envie là parce que tu vois j'en ai fait aussi mon métier et que c'est très porteur quoi ouais ouais tout va être à

  • Speaker #0

    100% vraiment guéri pour pouvoir partager librement ouais et avoir cette force en soi de voilà de pas se laisser non plus imprégner oui complètement ah oui bah il y a ça oui oui

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai, j'avais même pas pensé à ça. Le côté, t'entends les histoires des autres, si toi-même t'es pas encore au clair, à mon avis, ça va venir te trigger.

  • Speaker #0

    C'est vrai.

  • Speaker #1

    Et comme tu dis, je crois que vraiment, si t'es pas complètement tranquille avec la bouffe, à un moment donné, ça va transparaître aussi. Enfin, tu vois, si tu crées du contenu sur les réseaux et tout, je pense que, bon, il y a des choses qui se ressentent. En tout cas, moi, je le ressens quand je vais sur d'autres contenus. Je le vois bien si la personne n'est pas ultra tranquille avec son corps et avec la bouffe. Bon, en tout cas, nous allons être merci.

  • Speaker #0

    On donne de l'espoir, en tout cas.

  • Speaker #1

    Ouais, j'espère aussi transmettre un message juste dans le sens où je ne veux pas vendre un truc parfait, quoi, tu vois. Ouais, c'est ça. Ouais, sortir des troubles alimentaires, ça ne veut pas dire être dans une relation toujours géniale à son corps, tu vois. Il y a des phases... plus compliquées, mais en fait je pense que c'est simplement relié au fait d'être un être humain et notamment une femme et encore une fois dans notre société je pense que tu guéris des troubles alimentaires et tu vas vivre dans une société complètement différente, ce sera peut-être plus jamais plus du tout un sujet mais là quand tu vis en France je pense que c'est normal que le corps de la femme soit un sujet pour les femmes je pense que voilà on parle de guérison comme un but ultime et je pense que ça fera partie de nous Merci.

  • Speaker #0

    C'est notre histoire, c'est nous-mêmes, mais la relation, ce sera plus, finalement, pathologique et plus un frein dans notre vie tous les jours. Finalement, ça devient pathologique quand nous-mêmes, on en souffre. Mais voilà, la guérison, c'est, moi, je dirais juste, ouais, retrouver, ne plus avoir de frein de par cette maladie, en fait.

  • Speaker #1

    Mais je suis complètement d'accord avec toi, je trouve que c'est très juste ce que tu dis, que finalement, ce but ultime de guérir du trouble alimentaire... Ok, en fait, le but ultime, c'est de vivre ta vie, quoi. C'est de vivre ta vie sans être complètement parasité par tous ces trucs qui viennent te freiner, par cet espace mental et tout. Tu as une charge mentale où tu penses à 90% du temps à la bouffe et à ton poids. Bon, ben voilà, si tout d'un coup, tu viens y penser, déjà 50%, tu auras plus de place, 30%, puis 20%, et puis chacun jaugera où il veut, et le but, ce n'est pas d'arriver à une espèce de guérison parfaite. qui Ausha plein de critères, on s'en fout en fait. Tu vois, le but c'est de juste vivre ta vie de manière épanouie.

  • Speaker #0

    Et de pouvoir aller manger une petite gourmandise quand on en a envie.

  • Speaker #1

    C'est clair, que ce ne soit pas un sujet quoi.

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #1

    Bon, en tout cas, merci beaucoup. Merci, merci, merci. J'ai vraiment adoré discuter avec toi. Donc, merci.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup.

  • Speaker #1

    Un grand merci à toi qui est encore là à la fin de cet épisode. Comme je te le dis souvent... Ton soutien est super important, c'est même ça qui permet au podcast d'exister encore aujourd'hui. Alors, si mon contenu t'apporte de l'aide d'une quelconque manière que ce soit, sache que tu peux m'en redonner à ton tour. Pour ça, il y a plusieurs façons de faire. Tu peux tout d'abord partager le podcast, en parler autour de toi, à tes proches, mais aussi à des professionnels. Tu peux laisser 5 étoiles, notamment sur Spotify ou Apple Podcast, ou laisser ton meilleur commentaire. Mais depuis peu, j'ai aussi apporté une nouveauté qui te permet de me soutenir encore plus concrètement avec de l'argent. Effectivement, tu trouveras en description de cet épisode un lien qui te permettra de faire un don à la hauteur de ce que tu trouves que ce podcast t'a apporté. Merci, merci beaucoup. C'est grâce à ton soutien que ce travail va pouvoir continuer. Je te souhaite de prendre soin de toi autant que ce sera possible et je te dis à très bientôt sur un nouvel épisode. Ciao !

Chapters

  • Présentation Marie-Laure

    01:49

  • Son rapport au corps et à l’alimentation dans l’enfance

    05:21

  • Le début des TCA avec l’anorexie

    10:14

  • Le début de la boulimie

    14:27

  • Pression sociale de l’apparence

    21:24

  • Son évolution dans le rapport au corps

    29:18

  • Où elle en est aujourd’hui

    33:07

  • Ce qui lui manque pour guérir aujourd’hui

    41:39

  • Ce qui l’a le plus aidée jusqu’ici

    51:04

  • Ce que Marie-Laure aimerait vous dire

    51:46

Description


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Infirmière en reconversion pour devenir coach sportive, Marie-Laure revient sur son histoire avec les troubles alimentaires.

De sa phase d’anorexie à l’adolescence où elle perd 20kg en un mois jusqu’à la bascule vers la boulimie vomitive qui est toujours là aujourd’hui. En passant par ses voyages qui lui font pleinement prendre conscience des injonctions sur le corps en France, Marie-laure nous parle aussi de la transformation de son rapport au corps.

C’est donc un échange durant lequel nous allons explorer plein d’aspects du TCA et plus largement du rapport à soi.

Merci Marie-Laure pour ton sourire et ce super échange! 



Au programme : 


Présentation Marie-Laure
Son rapport au corps et à l’alimentation dans l’enfance
Le début des TCA avec l’anorexie
Le début de la boulimie

Pression sociale de l’apparence

Son évolution dans le rapport au corps
Où elle en est aujourd’hui
Ce qui lui manque pour guérir aujourd’hui 

Ce qui l’a le plus aidée jusqu’ici
Ce que Marie-Laure aimerait vous dire 




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Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans TCA, etc., le podcast qui décrypte les troubles des conduites alimentaires et tout ce qui gravite autour, parce que ça n'est jamais seulement qu'une histoire de bouffe. Je suis Flavie Mitsono, et j'accompagne les mangeuses compulsives à devenir des mangeuses libres bien dans leur basket. Alimentation, peur du manque, insatisfaction corporelle, peur du jugement, du rejet, empreinte familiale, grossophobie, les sujets abordés dans ce podcast sont très vastes, et pour ce faire, mes invités sont aussi très variés. Retrouvez-moi aussi sur Instagram où j'aborde tous ces sujets au quotidien sur Flavie.mtca. Très belle écoute. Bienvenue Marie-Laure dans le podcast, je suis très contente de t'accueillir. En plus t'as un sourire jusque-là, on ne le voit pas dans le podcast mais c'est trop bien, tu es lumineuse.

  • Speaker #1

    Merci de te voir.

  • Speaker #0

    Très contente de passer ce temps pour échanger avec toi. Je te propose de commencer par te présenter pour que les personnes qui nous écoutent aient un peu une idée de qui tu es. Et puis moi aussi, au passage, parce que je me suis gardée la surprise, on n'a pas trop parlé avant, je vais te découvrir aussi.

  • Speaker #1

    Eh bien, allons-y. Alors du coup, je m'appelle Marie-Laure, j'ai 28 ans. Je suis infirmière depuis 7 ans maintenant. Et là, actuellement, en reconversion pour être coach sportif. Donc, on va vite arriver dans le cœur du sujet.

  • Speaker #0

    Trop bien.

  • Speaker #1

    Voilà. Donc, beaucoup d'expériences à l'étranger. J'ai exercé mon métier du coup en Guyane, en Corse. J'ai beaucoup voyagé. Peut-être aussi aller à la quête de soi quelque part à travers ces voyages.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Voilà. Donc là, actuellement, en reconversion pour être coach sportif.

  • Speaker #0

    OK. Très bien. Et si tu es sur ce podcast qui s'appelle Tessa, etc., c'est aussi parce que tu as une expérience de vie avec les troubles alimentaires.

  • Speaker #1

    Bien sûr. C'est le cœur de ma vie. C'est l'autre part. qu'on ne voit pas, qui est parfois cachée, parce que quelque part c'est invisible. Ça a commencé quand j'avais 14 ans, suite à beaucoup d'insultes, de moqueries. Au collège, j'étais la grosse intello tout le temps, c'était mon petit surnom, même de par ma famille qui me traitait, mon père surtout, beaucoup d'insultes. Donc j'étais un petit peu en surpoids, mais rien de... médicalement rien de plus du coup je suis vite tombée dans l'anorexie mais j'ai mis du temps à comprendre parce que pour moi ça a débuté, je veux perdre un petit peu de kilos donc voilà à l'époque je regardais les magazines toutes les recettes miracles pour pouvoir perdre du poids et puis petit à petit finalement j'ai perdu quasi 20 kilos en un mois parce que je finissais par manger une pomme par jour trois feuilles de salade et j'allais courir 10 kilomètres Merci. Donc voilà, on rentre vite, la petite voix s'infiltre vite dans notre tête et c'est très difficile de la contrôler après. Enfin, au début, on croit qu'on contrôle, mais finalement, on ne contrôle pas du tout. Mes professeurs ont été alertés de par cet amégrissement finalement quasi soudain, parce qu'il y avait eu les vacances d'été et quand ils m'ont revu à l'heure de rentrée, ils étaient un peu surpris. Mes copines aussi à l'époque, donc du coup, avec l'infirmière, etc., qui m'a pris en charge. Et de là, j'ai compris qu'on arrivait dans l'anorexie. Donc, dur déjà de mettre des mots sur ça. Parce que pour moi, c'est quelque chose... Je me rappelle, parfois, à la télé, on voyait ce genre de témoignages. Et on se dit, mais waouh, comment c'est possible ? Et en fait, on comprend vite que c'est qu'un symptôme. C'est qu'un symptôme de notre souffrance interne, en fait. Je voulais juste dire, mais aidez-moi, aidez-moi. Je vais pas bien, aidez-moi.

  • Speaker #0

    Ouais, ok. Là, on est rentré très vite dans le vif du sujet. C'est hyper intéressant. Tu as dit plein de choses. J'ai déjà plein de questions à te poser. Déjà, par rapport au sport, parce que ce n'est pas anodin si jeune. Aujourd'hui, la course à pied, c'est assez à la mode. Mais tu vois, on parle d'un truc d'il y a 15 ans. Ce n'était pas du tout à la mode pareil. Donc, j'ai plein de questions. La première, est-ce qu'avant de sombrer dans l'anorexie, tu faisais du sport et du coup, tu as juste durci ton entraînement ? Et puis, tu sais, il y a une question que j'aime bien poser aux personnes dans le podcast, c'est aussi de savoir quels sont les premiers souvenirs avant la maladie. Parce que là, tu dis que ça arrivait à 14 ans. Et du coup, je serais curieuse que tu parles de ton rapport à ton corps et à l'alimentation avant ça, quand tu étais petite. Tu prends dans l'ordre que tu veux, tu réponds à celle que tu veux en premier, je m'en fiche.

  • Speaker #1

    On va commencer par le sport. Donc, effectivement, j'ai commencé le sport très jeune. J'avais 6-7 ans, j'ai commencé le tennis. Et c'est vrai que mes parents m'avaient mise au sport. pour maigrir. Parce qu'il fallait que je bouge. Voilà, donc ça avait commencé de là. Et puis, après, j'ai beaucoup aimé le tennis. Donc, voilà, j'en suis sortie. Enfin, j'en ai fait beaucoup, beaucoup. Et puis après, j'ai accentué, du coup, parce que je voyais que ça permettait de perdre du poids, etc. Sauf qu'à un moment donné, j'étais tellement faible que j'ai dû arrêter ce sport. Donc, là, ça a été très compliqué parce qu'au début, effectivement, pour moi, je voyais aussi le sport comme un moyen de maigrir ou de ne pas grossir. Mais après, donc voilà, avec le temps, etc., c'est beaucoup plus émotionnel, un bien-être émotionnel. Mais effectivement, j'ai accentué cette pratique. Et c'était même une pratique nocive pour ne pas maigrir. Et on rentrait vraiment dans les troubles alimentaires.

  • Speaker #0

    En même temps, je ne vois pas comment tu aurais pu voir ça autrement. Si on t'a mise au sport pour maigrir ou pour ne pas grossir, je ne vois pas comment tu aurais pu construire une autre image.

  • Speaker #1

    C'est ça. Et parce qu'effectivement, moi, j'étais très gourmande à l'époque. Et j'étais vraiment, entre guillemets, dans ma famille, le petit boulet. Celle qui était la plus grosse. Et j'ai toujours été, par exemple, j'avais toujours des réflexions, que ce soit de mes proches ou de ma famille, « Non, ne mange pas, tu es trop grosse, il faut que tu maigrisses. » Tout le temps, tout le temps.

  • Speaker #0

    Mais tu mangeais réellement plus que les autres. Là, tu vois, on touche aussi aux souvenirs, à la d'enfance. Parce que tu dis « J'étais très gourmande. » OK. Enfin, qu'est-ce que ça signifie, en fait ? « J'étais très gourmande. » « Tu étais beaucoup plus gourmande que les autres. » Et concrètement, qu'est-ce que ça voulait dire ? Est-ce que tu avais l'impression de manger plus que d'autres ?

  • Speaker #1

    Alors pour moi, non. mais finalement j'ai fini par le croire que je mangeais trop que j'étais trop grosse en fait donc après mon rapport moi je finissais par manger quand les autres mangeaient des gâteaux etc moi j'en mangeais pas c'est terrible c'est cruel en fait je trouve je veux dire t'avais peut-être juste une morphologie différente tout point et comme je te dis j'étais vraiment un petit peu en surpoids bon je suis pas très grande mais pour 1m55 je devais faire à peine 60 kilos Donc, effectivement, un petit peu bien en point, mais sans être médicalement au-delà. Mais du coup, moi, j'ai la croyance que j'ai depuis toute petite, c'est que je suis grosse et que pour qu'on m'aime, il faut que je maigrisse.

  • Speaker #0

    Oui, tu m'étonnes. Et donc, c'est quoi tes souvenirs dans le rapport au corps et à l'alimentation petite ? Aussi loin que tu te souviennes, c'est ça ? Tu te sentais trop grosse ?

  • Speaker #1

    Ah oui, tout le temps. Je pleurais pour ne pas aller à la piscine parce que... tout le temps les camarades me traitaient de gros, c'était mon surnom, vraiment.

  • Speaker #0

    C'est durant.

  • Speaker #1

    Et du coup, là, je me suis dit, si je maigris, peut-être qu'on arrêtera de me traiter et qu'on m'aimera. Je me suis mis cette pression de vouloir exceller dans d'autres choses, donc ce soir au tennis, à l'école, j'avais toujours les bonnes notes, et encore aujourd'hui, j'ai toujours besoin de prouver en réalisant des choses, pour finalement qu'on... qu'on pense autre chose de moi qu'un physique. Donc là, c'est des croyances, voilà, avec le temps qui sont en train de se déconstruire de par ton podcast, de par d'autres choses que je suis. Mais c'est des croyances très difficiles à...

  • Speaker #0

    Mais en même temps, pour moi, c'est pas malsain de chercher à ce qu'on jauge ta valeur sur autre chose que le physique. Par contre, je m'attendais à ce que tu tournes ta phrase différemment. Je croyais que tu allais me dire que tu cherchais à compenser. Tu vois que finalement, le fait d'exceller, comme tu disais, dans d'autres trucs, c'était pour compenser le fait que tu n'avais pas un physique comme il fallait.

  • Speaker #1

    C'est ça. C'était plus ça. Je voulais satisfaire mon père, le rendre fier de moi, malgré que j'ai quelques kilos en trop, mais je suis capable de faire d'autres choses. Mais ça ne suffisait pas. Ça ne suffisait pas, malheureusement.

  • Speaker #0

    Et alors quand tu as maigri, parce que tu dis, bon ben voilà, peut-être qu'en maigrissant, on va arrêter de m'insulter, peut-être qu'on va commencer à m'aimer, et dans le on, je mets autant les camarades de classe que ta famille, ton père, etc. Qu'est-ce qui s'est passé ? Ça a fonctionné alors ?

  • Speaker #1

    Eh ben finalement non. Sauf que la petite voix, elle était dans la tête. Voilà, la petite voix qui nous empêche de manger, qui a peur qu'on regrossisse. Et après c'était ça le problème, parce que je me suis dit, ok, maintenant j'ai atteint. entre guillemets mon objectif de perdre du poids, mais ça va être difficile de le reprendre.

  • Speaker #0

    Ça a duré combien de temps cette phase-là ? Parce que tu dis que tu as perdu du poids très vite, en un mois. Et ensuite, tu as maintenu ce poids-là combien de temps à peu près ?

  • Speaker #1

    Alors, j'étais descendue à peu près pareil, de 61 jusqu'à 37 kilos au plus bas. Et de là, on a suivi les hospitalisations, parce que j'étais vraiment très faible. Donc j'arrivais entre guillemets à aller encore un petit peu en cours, etc. pendant peut-être 3-4 mois, mais après ça devenait compliqué parce que même les camarades c'était... ils voyaient qu'il y avait un changement en fait en moi. Donc on a suivi les hospitalisations. J'avais eu une première hospitalisation de quasi trois mois. Donc c'était dans un service de pédiatrie parce que j'étais encore mineure à l'époque. Et de là j'avais rencontré une incroyable infirmière qui m'a donné l'envie aujourd'hui d'être infirmière.

  • Speaker #0

    C'est tellement beau.

  • Speaker #1

    J'aimerais aider les autres. sauf qu'on comprend vite aussi qu'avant de pouvoir aider les autres il faut être bien au fond de soi c'est super important et pareil de pas vouloir chercher à sauver les autres quand même ouais tout à fait parce

  • Speaker #0

    qu'on s'épuise et c'est pas la solution non plus oui c'est difficile en même temps là on touche à un autre sujet mais qui est très important parce qu'en plus beaucoup de femmes s'orientent vers le care le prendre soin et Et c'est vrai que cette notion de sauveur, très honnêtement, moi-même, je lutte contre ça encore. Je suis dans l'aide, le soin apporté depuis bien plus longtemps que ça. J'ai toujours fait que ça. Mais ça fait quatre ans que je suis à mon compte. Et je sens que c'est vraiment quelque chose... Je dois toujours me réajuster. Je trouve que le syndrome du sauveur, il est hyper présent. Et c'est...

  • Speaker #1

    horrible énergie que tu te pompes toi même en fait en faisant ça donc ça me parle tout à fait ce que tu dis je suis bien d'accord mais j'avais pas toutes les connaissances à l'époque j'ai un an qui m'étonne et toutes ses ressources donc effectivement on s'en rend pas compte en fait au début et c'est vrai qu'avec le temps j'ai quand même compris que ma pratique professionnelle devenait compliqué avec ma problématique finalement de fond en fait parce que c'est compliqué de soigner entre guillemets des eaux qui sont en souffrance Ça renvoie énormément à nous-mêmes qui sommes en souffrance.

  • Speaker #0

    Oui, parce que finalement, on a fait un gros saut dans le temps où on comprend que tu es devenue infirmière. Mais qu'est-ce qui s'est joué ensuite pour toi ? Est-ce que tu as l'impression à un moment donné d'être sortie de l'anorexie ? Si oui, comment ça s'est passé dans les années qu'on suivit ?

  • Speaker #1

    Après la première hospitalisation, Ça m'avait fait du bien. Je me rappelle, je m'étais fait la promesse de me dire « Mais je ne veux pas que cette maladie empiète ma vie et m'empêche de réaliser mes rêves. » M'empêche parce que j'étais pleine de rêves à l'époque. J'avais cette envie d'être infirmière, cette envie de voyager, cette envie de faire plein de choses. Et quelque part, c'est un frein parce qu'avec cette maladie, on perd tout. On perd nos amis, on perd notre santé. On perd énormément de choses en fait. Et donc du coup, ça a été... j'étais un peu mieux quand je suis sortie de l'hôpital, donc ça m'a permis de continuer de faire mes études. Toujours dans l'anorexie, jusqu'à la première année à l'école d'infirmière. Et je me rappelle du jour où on a basculé dans l'opposé. Donc du coup j'avais quand même réussi à reprendre du poids, à avoir un poids stable et de remanger en fait avec l'accompagnement des diététiciennes etc. Tout ce travail qu'on avait pu faire à l'hôpital. Ça a duré quelques temps, mais quand on revient dans la vraie vie c'est compliqué quand on sort du cadre finalement. Et je me rappelle un jour, j'étais avec ma meilleure amie et là je lui dis mais j'ai envie de manger du chocolat, j'ai envie de manger plein de choses. Et donc c'était cette meilleure amie-là qui était aussi à l'époque hospitalisée en même temps que moi. On s'était rencontré du coup, donc un peu les mêmes problématiques, une histoire totalement différente mais du coup au final, les mêmes problématiques. Et elle me dit mais mange, mange. Et puis moi, j'étais toujours dans cette restriction-là. Et je suis allée au magasin, j'ai acheté tout ce que j'avais envie, tout ce que je m'étais privée depuis tout le temps. Et puis là, c'est parti en crise de boulimie parce que j'ai tout mangé, 10 paquets de gâteaux, du Nutella, de la chantilly, tout. Puis, culpabilité. Donc, comment on fait pour effacer tout ce qui vient de se passer ? Ça a été les vomissements. Et depuis ce jour-là, c'est vraiment des vomissements, des crises de boulimie, tout le temps.

  • Speaker #0

    C'est resté, de la façon dont tu le dis, j'ai l'impression que ce jour-là, c'est arrivé. Et que finalement, c'est resté une constante. qui n'a quasiment pas bougé jusqu'à aujourd'hui ? Ou est-ce qu'il y a eu des périodes où il y en avait moins, il y en avait plus ?

  • Speaker #1

    Oui, parce que forcément, derrière tout ça, j'avais des études à faire, j'avais énormément de choses. Donc du coup, il y a eu une nouvelle hospitalisation à la fin de ma deuxième année. Parce que finalement, j'arrivais entre guillemets à gérer les crises, l'école, la fatigue. Mais à un moment donné, je ne pouvais plus. Donc nouvelle hospitalisation. De là, j'avais eu la sonde nasogastrique pour lutter contre les vomissements. Quand on est là-bas, on ne peut plus faire les crises. On n'a plus cette possibilité. Et puis, il y a beaucoup d'activités, un accompagnement. Pareil, très professionnel, donc on se sent bien. Donc ça a été, ça a restabilisé, je suis ressortie. Mais quand on revient avec toutes les tentations de la nourriture, de plein de choses, quelques temps après, ça a recommencé parce qu'effectivement, c'est lié aussi à l'émotionnel. J'étais énormément stressée, je me mettais cette pression de réussir mes études en fait. Et donc voilà, émotionnellement, c'est lié. J'évite le lien aussi entre l'anxiété, finalement. Les crises, c'était mon moyen, c'était un échappatoire qui venait apaiser toutes ces angoisses et me procurer, entre guillemets, du bien-être. Parce que, je vais en revenir au sport, le sport, c'était le moment où j'oubliais tout quand je faisais du sport. Au début, non, mais après, j'y prenais plaisir dans ces moments. Vraiment, il y a vraiment eu cette notion de plaisir dans le sport. Sauf que quand je n'avais pas ce plaisir-là dans le sport, il fallait que je le trouve ailleurs. Et du coup, je compensais avec les crises de bout de nuit.

  • Speaker #0

    Et comment était ton alimentation à ce moment-là en dehors des crises ?

  • Speaker #1

    J'essayais de... J'arrivais, ça dépendait des horaires de travail, etc. Il y avait toujours peut-être un ou deux repas. Il y a des périodes où je ne prenais aucun repas. Je n'arrivais pas, c'était vraiment que du vomissement. Et parfois, je me disais, bon, je m'autorisais la crise le soir. Donc j'attendais cette crise toute la journée. Donc nos pensées, elles sont... diminuées par la nourriture, elles sont diminuées par ça. Sauf que, pareil, de nouveau, énormément, beaucoup de fatigue et très peu d'alimentation.

  • Speaker #0

    Ah ouais, non mais tu devais être épuisée, et puis même, tu vois, cet envahissement cognitif, je veux dire, il faut le faire de suivre des études à côté et tout, c'est vraiment, c'est épuisant. Physiquement et psychiquement, quoi, je veux dire.

  • Speaker #1

    Mais on ne comprend pas parfois, parce que tout ça, ça se passe dans l'ombre, finalement. Dans l'ombre, c'est... dès quand je rentrais chez moi, personne n'était au courant personne n'est au courant finalement de ce combat qu'on mène contre nous-mêmes,

  • Speaker #0

    contre l'alimentation mais t'aurais aimé qu'il y ait des personnes au courant de ce que tu vivais ?

  • Speaker #1

    non mais juste me sentir comprise me sentir comprise que bah oui je suis fatiguée que oui parfois j'ai pas l'énergie d'apprendre que ouais tout simplement je suis fatiguée en fait

  • Speaker #0

    Mais à la fois, j'imagine que c'est tellement honteux que tu faisais tout pour pas que ça se sache.

  • Speaker #1

    C'est ça. Mais du coup, on se prive de vie sociale, on perd nos amis, ça crée des conflits avec notre famille qui ne comprend pas, ou qui va nous aider mais qui se sent impuissant aussi parfois.

  • Speaker #0

    Oui, tu sens. Ça fait plusieurs fois que tu parles de ça, de la vie sociale. Toi, tu as l'impression que vraiment cette maladie, elle a... creuser un fossé entre toi et les gens qui te sont chers.

  • Speaker #1

    Ah oui, oui, oui parce que ben à l'époque je me rappelle j'avais perdu mes copines parce qu'on sort plus, parce que on a peur, peur de l'alimentation, je voulais jamais aller au restaurant, si ce n'était pas moi qui cuisinait c'était impossible que je mange, ou sinon on cuisine mais on amène sa petite boîte mais voilà socialement bah c'est compliqué. Parfois des réflexions aussi des personnes qui sont même qu'ils ne connaissent pas mais en fait des réflexions qui sont vraiment nous on les prend de façon horrible du genre par exemple oh bah tu fais bien pas manger au moins tu cours s'ira pas ou non d'accord ou à bâtois tu devrais manger t'es pas grosse fin plein de ou pourquoi tu manges pas et toujours devoir se justifier et c'est peut-être des questions à nos dînes pour les autres mais c'est difficile pour nous ou entendre aussi parfois les autres Oh, moi, hier, j'ai mangé une bonne tablette de chocolat ou, je ne sais pas, une bonne raclette. Et nous, on est là, ben, non, moi, je ne peux pas. Et pareil, on en revient au niveau cognitif, c'est très compliqué. C'est très compliqué. Parce que ça nous rappelle constamment que nous, notre relation n'est pas saine avec la nourriture.

  • Speaker #0

    Ouais. Tu vois, quand tu dis des phrases anodines, bon, alors quelqu'un qui va dire, ah, hier, j'ai mangé ça, c'était trop cool. On est en France, c'est vrai qu'on est très attachés à la bouffe, ça prend beaucoup de place dans les échanges. Bon, ça, c'est une chose. Mais aller dire, t'as raison, comme ça, tu vas pas grossir. Ou toi, tu peux manger, tu peux te le permettre, t'es mince. Tout ça, franchement, c'est acheté, quoi. Tu vois ? Pour moi, il n'y a rien d'anodin là-dedans. Et en fait, on encourage des comportements vraiment malsains. Il y a quelque chose qui est normalisé dans notre société. Ça me saute de plus en plus aux yeux. Il est normalisé d'avoir un rapport troublé à l'alimentation. Clairement, quoi. Je veux dire... Toutes ces phrases, tout... Enfin, pour moi, c'est hyper problématique, tu vois, et ça n'a rien d'anodin. Et oui, du coup, c'est hyper compliqué. Quand ces phrases s'adressent à quelqu'un qui a un TCA, on ne peut jamais savoir quand la personne a un TCA, parce qu'en fait, ça ne se voit pas, ce n'est pas écrit sur son front. Mais même pour soi, moi, j'invite n'importe quelle personne à se questionner sur cette façon tout le temps. Parce qu'en fait, en faisant ça, on commente le corps de l'autre. Quand tu dis à une personne, tu peux machin, en fait, tu es en train de commenter son corps, mais aussi faire un... une espèce d'échelle d'évaluation des corps qui peuvent manger ou non. Mais attends, c'est complètement fou de dire ça, finalement. Ça veut dire que la voisine d'à côté, tu vas lui dire, non, toi, mange pas, parce que t'es trop grosse. Enfin bon, voilà, c'est mon petit cheval de bataille. Je trouve que ça n'a rien d'anodin, vraiment.

  • Speaker #1

    Je suis tout à fait d'accord avec toi. Et j'en reviens aussi de par la pression sociale qu'on a aussi en termes d'apparence. Parce que forcément, cette question d'apparence aussi rentre en compte. Moi, je suis un peu, comment dire, parfois déboussolée de voir que, que ce soit dans les magazines, on prône tout le temps la maigreur, on prône la minceur, on prône le corps beau. Bon, OK, aujourd'hui, ça change avec l'arrivée du sport, etc. Peut-être que la vision des corps change, entre guillemets, le corps idéal. Mais finalement, qu'est-ce qu'un corps idéal ? Oui. Parce que voilà, moi, comme je dis, j'ai beaucoup voyagé, on voit d'autres choses, énormément de choses. Et en France, c'est vrai qu'on a beaucoup plus cette pression. d'être soit mince, soit musclée, pas trop grande, pas trop petite non plus, cheveux lisses mais pas trop lisses, plein d'injonctions, et moi je me sens dépassée par toutes ces injonctions.

  • Speaker #0

    Et par exemple, dans quel pays t'as trouvé que c'était moins fort ?

  • Speaker #1

    Leur rapport est différent parce que, je dirais tous les pays d'Asie, les pays d'Amérique, parce que... Pareil aussi là-bas, le rapport à la nourriture, l'accès déjà, l'accès à la nourriture est totalement différent. Et la nourriture c'est comme un lien là-bas finalement. En fait, l'apparence a très peu d'importance là-bas. Moi, c'est comme ça que je l'ai ressenti, c'est comme ça que je l'ai vécu là-bas.

  • Speaker #0

    Quand tu dis Amérique, tu parles des Etats-Unis ?

  • Speaker #1

    Non, Amérique du Sud.

  • Speaker #0

    Ah ouais, Amérique du Sud, Amérique latine.

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Ok, ouais. Après, c'est pareil, est-ce que dans les normes culturelles, tu as le corps de la femme, c'est assez différent quand même ?

  • Speaker #1

    C'est ça, tout à fait. Mais on en revient du coup à nos normes ici en France, qui sont différentes et qui peuvent, entre guillemets, déclarer des troubles alimentaires en fait. Parce que je ne pense pas que dans d'autres pays, il y ait autant, si on fait une étude, autant de troubles du comportement alimentaire dans d'autres pays.

  • Speaker #0

    Oui, je serais curieuse de voir ça. Il faudrait que je me renseigne. Tu as raison sur tout ce qui est Amérique latine. Alors après, l'Asie, je suis surprise que tu parles de l'Asie parce que je sais qu'il y a énormément de troubles alimentaires dans des pays tels que le Japon, la Corée du Sud. Je pense que c'est des pays qui ne passent pas d'accès à la réussite, maîtrise de soi et tout ça.

  • Speaker #1

    C'est ça. Vraiment, ces deux pays-là sont à part. ils sont à part je me demandais plus par exemple tout ce qui est Thaïlande, Laos, Vietnam la Malaisie mais effectivement le Japon et la Corée du Sud sont des pays qui sont à part ou je l'ai énormément ressorti au Japon l'apparence est très importante ouais je pense au fond ok c'est trop intéressant franchement je me dis on

  • Speaker #0

    pourrait faire tout un épisode de podcast juste sur le sujet des voyages et ouais c'est top et d'ailleurs justement à quel moment t'es partie en voyage ? à quel âge tu avais ton premier voyage ?

  • Speaker #1

    alors je suis j'avais fait mes études, j'ai été diplômée à 21 ans j'ai commencé à voyager à 23 ans et justement gros défi parce que je me suis dit comment je vais manger là-bas tu faisais toujours autant de prises à ce moment-là ? oui il y a eu des périodes en fait mais je me rappelle juste pour la petite anecdote quand j'étais en terminale vraiment dans les troubles alimentaires il y avait un voyage en Espagne Merci. Et les stands, moi j'adore les stands. Et je n'ai pas pu y aller à cause des troubles alimentaires. Là, ça a été mon frein. Parce que je me suis dit, mais comment je vais manger ? Et là, c'était plus fort que moi, je ne pouvais pas y aller en fait. Je me suis dit, mais je ne vais pas amener mes boîtes de conserve, je ne vais pas amener mes légumes, parce que forcément, on allait être logé chez des personnes. Je me suis dit, mais comment ils vont me cuisiner ? Moi, ce sera hors de question que je mange autre chose, en fait. Et là, ça a vraiment été le frein. Donc, je ne suis pas allée en voyage. Et je me suis dit, mais non, c'est pas possible, en fait, que cette maladie m'empêche de voyager, m'empêche de vivre des expériences humaines.

  • Speaker #0

    Elle est incroyable, cette prise de conscience, là, dont tu parlais tout à l'heure. Je voulais le dire sur le moment, et puis, je ne sais plus, j'ai pu penser. J'ai trouvé ça assez fou, parce que tu étais toute jeune, et de sortir d'hospite et de se dire, ah non, Il n'y a pas moyen. Je veux faire ce que j'ai envie de faire de ma vie. Et cette maladie ne viendra pas tout gâcher. Franchement, je trouve qu'elle est incroyable, cette prise de conscience si jeune, tu vois. C'est fou. Mais alors raconte-moi justement, tu pars en voyage. Bah ouais, j'imagine avec plein de crainte. Et tout à l'heure, tu as dit quelque chose aussi d'intéressant en préambule de l'épisode. Tu disais, bah oui, je suis partie voyager. Peut-être que je partais en quête de moi-même aussi par le biais de ces voyages. Donc tout ça, ça attise ma curiosité. J'aimerais bien que tu me parles de tout ça.

  • Speaker #1

    Alors effectivement, on peut se dire, bah ailleurs, j'irais mieux. Ou si j'avais, je ne sais pas, une grande maison, j'irais mieux. Notre voiture gérera mieux. Donc, en fait, finalement, je pense qu'on essaie d'aller, de chercher ce qui nous sauverait à l'extérieur de soi. En se disant, je ne sais pas, peut-être que si je suis sur une autre plage, je n'aurai plus de troubles alimentaires. Ou si j'ai ce métier-là, je n'aurai plus de troubles alimentaires. Mais je me suis vite rendue compte que non. Les clés sont en soi. Il faut d'abord aller à la rencontre de soi. Et cette expérience des voyages, finalement, je me suis dit, mais nos problèmes nous suivent. Donc, nos problèmes, notre souffrance, elle est à l'intérieur. Et peu importe l'environnement, si on ne guérit pas ce problème, si on ne fait pas la paix avec tout ça, mais on l'aura pour toujours, en fait.

  • Speaker #0

    Oui, c'est important ce que tu dis. C'est très important. Je pense qu'il y a beaucoup de personnes qui cherchent à fuir un contexte géographique et qui sont un peu déçues de voir qu'en fait, le problème, il est toujours là.

  • Speaker #1

    C'est ça. Et je reviens, moi, je cherchais beaucoup aussi l'amour. à l'extérieur de moi, en me disant, vu que moi, je n'arrive pas à m'aimer, vu que je n'arrive pas à aimer mon corps, finalement, j'aimerais avoir quelqu'un qui va m'aimer. Et peut-être que si quelqu'un m'aime, je vais m'aimer. Mais non, ça ne marche pas comme ça non plus.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce que ça t'a amené quand même, toutes ces expériences de voyage, tu dirais ? Alors, au global, qu'est-ce que ça t'a apporté à tous les niveaux humainement ? Et en quoi ça a peut-être amené quand même des aides pour les troubles alimentaires, tu penses ?

  • Speaker #1

    Je dirais que notre corps, c'est le moteur. Il faut en prendre soin parce que sans lui, on ne vit pas tout ça. Je suis encore dans ce cheminement, justement, de rééquilibrer l'alimentation, etc. Ce que je dis, c'est aussi en cours de travail sur moi-même. Humainement, de voir que... Il y a d'autres cultures qui existent. Il y a d'autres choses, d'autres façons de vivre. Et finalement, l'apparence, notre physique, c'est un petit grain de sable, en fait. Ce n'est pas ce qui nous permet de ressentir les choses intérieurement, en fait. Et que mettre toute mon énergie sur l'apparence, c'est de l'énergie perdue de tout ce qu'il y a à faire dans le monde, de tout ce qu'il y a à découvrir. de tout ce qui a à voyager, à échanger, à partager.

  • Speaker #0

    Oui. Ça ne t'a pas donné envie de rester à l'étranger ? De voir que c'était si différent dans d'autres cultures ? Genre en Amérique du Sud, tu n'as pas eu envie de t'installer là-bas ?

  • Speaker #1

    Oui, en Argentine. Donc, ce serait probablement un projet prochain.

  • Speaker #0

    Ah, ok.

  • Speaker #1

    Pas en Amérique, mais plutôt en Nouvelle-Calédonie. J'aimerais partir.

  • Speaker #0

    Ok. Waouh.

  • Speaker #1

    Voilà. Et donc, pour faire... Je l'espère si je suis diplômée coach sportif. On en revient du coup. Le sujet aussi. Le sport, finalement, ça a été aussi un moteur pour me reconnecter à mon corps. Effectivement, comme je le disais au début, au début, c'était finalement mon ennemi de me dire « mais je vais au sport pour perdre du poids » . Donc, je le voyais plus comme une contrainte. Mais finalement, avec le temps, du coup, ma pratique, il y a eu des périodes où je n'ai pas fait de sport. Mais aujourd'hui, je le vois comme tellement une ressource, une ressource de plaisir et surtout de pouvoir mettre mon corps en mouvement, de sentir qu'il est en bonne santé et qu'il peut bouger, qu'il peut me procurer des sensations, en fait. Et du coup, c'est à travers le message du sport, dans mon futur métier, je l'espère, c'est plus ça que j'ai envie de transmettre. C'est le sport, c'est la reconnexion à soi. Au-delà de ce qui peut nous... transformer notre physique au delà de l'apparence que ça peut nous apporter c'est intérieurement que ce soit par diverses pratiques notamment le yoga tout ce qui est les pratiques douces la reconnexion à soi l'équilibré intérieur et aujourd'hui oui le sport c'est mon allié c'est ma ressource et c'est pour m'a permis finalement de tenir quelque part dans les troubles alimentaires

  • Speaker #0

    C'était la seule activité où je n'ai jamais perdu plaisir.

  • Speaker #1

    Oui, ce qui est difficile parce que c'est vraiment à double tranchant, le sport dans les troubles alimentaires. Waouh ! Tout à fait. Oui, ce n'est pas facile. Qu'est-ce qui t'a donné envie ? À un moment donné, comment tu as eu cette idée de te dire « Ah, mais si j'en faisais mon métier ? » Et en fait, j'ai plein de questions qui me viennent en lien avec ça. Est-ce que tu n'as pas eu peur aussi de te dire « Ah ouais, non mais attends, du coup, je vais… » augmenter peut-être ma pratique ? Ça va prendre une autre place ? Est-ce que ça peut jouer quelque chose sur mes troubles alimentaires ?

  • Speaker #0

    Alors, effectivement, ça a été aussi des peurs, mais des peurs qu'il faut aussi réussir à apprivoiser. Ce que j'aimerais, en fait, par la suite, c'est surtout accompagner et proposer le sport plus comme un accompagnement thérapeutique. Et pas comme dans la performance ou dans la perte de poids, comme aujourd'hui, finalement, le sport est associé.

  • Speaker #1

    Et qu'est-ce qui t'a donné un peu ce... Enfin, je ne sais pas si tu as eu un déclic ou si ça s'est mûri sur des semaines, des mois, mais comment ça s'est fait pour toi, ça ? Et comment tu t'es autorisée aussi à te dire, tiens, si j'y allais, en faire mon métier, quoi ?

  • Speaker #0

    Je pense que le métier d'infirmière devenait compliqué.

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    D'être constamment avec des gens en souffrance. c'est éprouvant. Il y a eu le Covid, il y a eu plein de choses. C'est un métier épuisant parce qu'on donne et on doit tout le temps donner, donner, donner. Et je pense qu'à travers le sport, vu que c'est quelque chose qui me donne du plaisir, j'ai plus envie de me lever le matin et de me dire « mais je vais aller faire quelque chose que j'aime » . Je n'ai pas envie de me dire « je vais me lever le matin » . Et je vais être au contact de gens qui souffrent. Parce que finalement, comme je disais au début, il faut gérer sa propre souffrance. Et finalement, c'est créer un environnement de constamment de souffrance, en fait. Et les énergies, c'est prenant. C'est prenant. Je me suis sentie vidée. Vidée par ce métier.

  • Speaker #1

    Ok. Là, tu ne l'exerces plus du tout, en fait ? Tu es à temps plein en formation pour devenir coach ?

  • Speaker #0

    Là, oui. Pour l'instant, oui.

  • Speaker #1

    Ok. Et tu sens que ça... tu es sur la bonne voie de l'épanouissement. Tu sens que tu as fait le bon choix. Oui. Trop chouette. Et aujourd'hui, alors, où est-ce que tu en es dans ton rapport au corps, dans ton rapport à l'alimentation ? Est-ce que tu veux bien nous raconter ?

  • Speaker #0

    Alors, pareil, des phases. Je pense que je me suis mis aussi beaucoup la pression avec ce nouveau défi de changer de métier. Donc, il y a eu des phases de crise de boulimie, toujours. Je suis en quête d'appliquer tout, parce que finalement, on a les clés, on a les ressources. Et là, il faut que j'arrive à les appliquer à l'intérieur, les faire rentrer. Rapport au corps, je dirais que j'ai commencé à faire plein d'exercices, à prendre conscience de l'impact de mon discours intérieur sur mes comportements alimentaires. J'en reviens à... Tu as fait, je crois, une publication il n'y a pas très longtemps sur ça, tout ce qui est les restrictions cognitives. au début quand on parlait de ça, mais je ne comprenais pas. Et finalement, c'est notre petite voix qui est responsable de tout ça. Et dès lors qu'on arrive à l'apprivoiser, à la changer, nos émotions, nos ressentis et notre comportement changent.

  • Speaker #1

    Ce que tu dis, c'est trop important pour toi, ça me faisait sourire parce que le discours interne... Mais je veux dire, on a une télé en permanence allumée à l'intérieur de nous. Je veux dire, si cette télé, elle te répète que t'es grosse, que t'es conne, que t'es moche, que t'arriveras à rien... comment tu veux passer une bonne journée moi j'invite toutes les personnes qui nous écoutent à s'observer là-dedans et à se regarder du réveil jusqu'au coucher tu ouvres un oeil, tu touches ton corps tu le critiques, tu montes sur la balance tu te dis c'est pas vrai, je suis vraiment trop grosse tu te crois dans le miroir, tu te dis que t'es moche enfin, mais qui survit là-dedans, c'est l'enfer franchement, donc t'as raison le discours interne C'est primordial.

  • Speaker #0

    Et là, c'est vraiment la prise de conscience que j'ai actuellement. Parce que finalement, on essaie de retracer l'histoire. Je ne dis pas qu'on cherche des excuses. On cherche à comprendre. Mais finalement, le problème... Enfin, on est aussi responsable. On a notre part de responsabilité. OK, l'histoire s'est passée. Il s'est passé ce qui s'est passé. Mais aujourd'hui, c'est mon propre discours interne qui continue de faire continuer finalement ces troubles alimentaires.

  • Speaker #1

    Oui, mais en même temps, j'ai envie de faire le lien justement avec ton histoire. Quand il y a des discours... zut j'ai discriminant qui vient mais c'est pas le mot que je veux quand il y a des discours hyper négatifs sur le corps et l'apparence physique qui sont là des toutes petites en fait on internalise ce truc là comme une espèce de vérité absolue c'est vrai que plus on est jeune plus c'est difficile de mettre ce... c'est pas du tout impossible mais c'est plus difficile de mettre à distance donc je suis d'accord avec toi sur le fait que on se maintient par ces pensées là et en même temps euh... je ne sais pas comment le dire il y a une forme de responsabilité et dans le fait d'avoir aussi du pouvoir sur le fait de pouvoir changer ces choses-là mais par contre il n'y a pas de culpabilité à avoir on est responsable mais pas coupable je trouve que quand on est une femme il suffit de regarder le parcours d'une petite fille depuis sa naissance jusqu'à l'arrivée à l'âge adulte Franchement, tu as du bol si tu es chapeau TCA, en vrai. Franchement, tu regardes autour de nous comment fonctionne le monde encore aujourd'hui. En France, je dis le monde, il y a quand même plein de cultures où c'est problématique, mais en France, particulièrement sur l'image de la femme. Bon, voilà. Donc oui, je suis d'accord avec toi. On a du pouvoir sur ces petites phrases qu'on se raconte. Et en même temps, c'est internalisé. C'est-à-dire que... Pour plein de personnes, cette voix qui vient de dire des trucs, t'as l'impression que c'est Dieu qui susurre à ton oreille. C'est genre la vérité absolue. Mais non, c'est juste une pensée. Reliée à tout un schéma de pensée, reliée à des croyances, reliée à une éducation, machin. Mais c'est juste une pensée que tu as le choix d'écouter ou non.

  • Speaker #0

    Mais quand on prend conscience de ça, de dire que, comme tu dis, oui, voilà, on est responsable, mais de ne pas se sentir coupable. Ça, moi, ça m'a... donc c'est pareil un processus et ça m'a soulagée me dire je ne suis pas responsable de mon enfance, je ne suis pas responsable de ce qui m'est arrivé en fait finalement mon corps il a réagi comme il pouvait et j'en reviens à dire que les troubles alimentaires finalement c'est qu'un symptôme qui nous pousse à aller à l'extérieur de soi parce que je me dis finalement sans tout ça je n'aurais jamais fait ce travail là donc finalement je préfère remercier tout ce qui m'est arrivé que de me victimiser sur ce qui m'est arrivé en fait. Mais voilà, de prendre, là pareil, je m'intéressais à tout ce qui est PNL, etc., de prendre conscience de l'impact de mes propres pensées sur moi, mais je me dis, mais je suis tellement méchante, alors que je prends soin des autres au quotidien, je l'ai fait pendant des années, et de moi-même, jamais je me comporterais de cette façon avec quelqu'un d'autre. Et pourquoi je le fais avec moi ? pourquoi tous les jours je me dis que je suis moche que je suis grosse que pourquoi que je suis nul que je me répète mais effectivement on en revient à voilà pendant 20 ans on m'a mis ça dans la tête donc bah la petite voix lui croit et du coup c'est un combat permanent finalement entre cette nouvelle petite version qui essaye de finalement de ouais d'être de s'épanouir et comme si ah bah non il y avait l'autre petite voix qui arrive non non non et c'est un combat permanent mais c'est épuisant c'est épuisant

  • Speaker #1

    Ce qui est intéressant, et d'ailleurs, il y a des outils de PNL qui proposent ça, c'est de voir aussi à quel point ces deux petites voix, elles ont un but commun. Parce qu'en fait, on a l'impression que la petite voix autocritique, elle est destructrice et que, tu sais, on parle d'autosabotage. Moi, je ne crois pas du tout à l'autosabotage. Moi, je crois qu'on cherche toujours à faire le meilleur pour soi-même, mais qu'on le fait avec des manières, des fois, très douteuses. Et que même la petite voix qui te dit « t'es moche, t'es grosse, t'es nulle » , En fait, elle a internalisé que c'était comme ça que tu allais te motiver à y arriver. Elle a internalisé qu'il fallait à tout prix que tu y arrives, que tu maigrisses, que tu sois comme ci, comme ça pour être aimé. Et tu vois, en fait, les deux petites voix ont le but de prendre soin de toi, de faire en sorte que tu sois aimé des autres et que... C'est juste qu'elles ne s'y prennent pas de la même manière. Et qu'il y en a une qui est bloquée dans ton ancien schéma. Et il y a... un exercice en PNL qui permet une espèce de réunification aussi, tu vois, de ces deux petites voix et de percevoir à quel point elles ont le même objectif. Et que, il n'y a pas... J'aime bien aussi l'idée qu'on a plusieurs parties en nous, tu vois, qui cherchent à s'exprimer, mais qu'il n'y en a pas une qui est mauvaise, quoi. Il n'y en a aucune qui nous veut du mal. Et ça, c'est intéressant. Et je trouve aussi que ça peut être un peu déculpabilisant. C'est pour ça que je le partage, parce que... Parce que l'auto-sabotage, c'est culpabilisant comme idée. Oui, je m'auto-sabote, je me fais du mal. Moi, j'entends beaucoup ça des personnes qui disent « De toute façon, je me fais du mal avec les crises. » Mais non, tu cherches à te faire du bien avec les crises, en fait. Oui, ça te fait du mal au final, après, parce que t'es aimée. En vrai, c'est un mécanisme. de soulagement, en fait, que tu mets en place. Tu cherches pas à te faire du mal.

  • Speaker #0

    Et ça, pareil, je l'ai compris, de me dire que finalement, mes crises, elles venaient finalement m'apaiser d'angoisse permanente. Elles venaient, ouais, me permettre finalement de m'échapper.

  • Speaker #1

    Ouais. Et puis...

  • Speaker #0

    Malgré toutes les conséquences qu'il y a derrière.

  • Speaker #1

    Et je sais pas comment tu manges aujourd'hui, mais il y a aussi quelque chose de très physiologique derrière les crises. À un moment donné, si on mange pas assez, si on est en restriction réelle ou cognitive en permanence, tu vois en fait Il y a un mécanisme physiologique, enfin, c'est un mélange physiologique et psychologique qui fait que la crise, elle arrive. Elle est juste normale. Donc, effectivement, il y a le côté énergétique, le côté frustration, le côté émotionnel. Et tout ça, hop, tu mélanges bien et bim, t'as une belle grosse crise. Mais ça sert à rien de lutter contre, en fait. C'est sur le pourquoi elle est là qu'il faut agir, effectivement. Tout à l'heure, t'as dit un truc. T'as dit... Je ne vais pas retrouver tes mots exacts, mais en gros, tu parlais du fait que tu avais les clés aujourd'hui pour sortir de la boulimie et que simplement, bon, ben voilà, il fallait réussir à les mettre en place vraiment. Et du coup, j'ai eu envie de te poser la question, pourquoi c'est difficile de les mettre en place du coup, aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Parce que comme on dit, ça demande de tout appliquer sur soi, c'est difficile ou peut-être aussi en sortir finalement, ça fait peur. de lâcher ce poids, de lâcher mon identité peut-être, parce que finalement j'ai grandi depuis 20 ans, c'est une partie de moi, peut-être je dirais la peur.

  • Speaker #1

    Et la peur de quoi ? Qu'est-ce qui pourrait te manquer alors si la boulimie disparaissait ?

  • Speaker #0

    Le vide, de me dire mais ouais, qu'est-ce que je vais faire sans tout ça ? Parce que les crises de boulimie parfois c'est aussi l'ennui, la solitude. elles remplissent finalement encore un... Il y a encore un rôle qu'il faut que j'arrive à...

  • Speaker #1

    Ouais, peut-être. Mais qu'est-ce que t'imagines que tu pourrais faire si tu faisais pas de crise de boulimie ? À ton avis, il y aurait quoi dans ta vie à la place ?

  • Speaker #0

    Tellement de choses. Je serais tellement en pleine forme, parce que ça m'épuise, ça me fatigue. Physiquement, c'est épuisant. Parfois, j'en fais jusqu'à 4, 5 par jour. et puis financièrement aussi c'est compliqué parce qu'il faut tout acheter après voilà il faut faire le ménage il faut tout nettoyer c'est horrible en fait c'est horrible et je me dis sans tout ça je serais tellement en pleine forme pour aller de nouveau explorer le monde ouais

  • Speaker #1

    c'est ça en fait je pense que t'es même aujourd'hui t'es peut-être même pas en mesure d'imaginer tout ce qui viendrait remplir la place Moi, je crois que c'est un faux besoin. Ça me parle beaucoup de ce que tu dis. J'avais exactement les mêmes peurs que toi. Et l'impression aussi que sans les crises, qu'est-ce que j'allais faire de tout cet envahissement émotionnel ? Comment j'allais évacuer, finalement ? Et la question, elle ne se pose même pas. En fait... déjà, il y a beaucoup moins d'envahissement émotionnel quand tu es libre de manger, beaucoup plus libre dans ton corps et dans ton alimentation. Mine de rien, il y a une base émotionnelle qui n'est plus là, une base un peu pourrie de stress, de frustration, de plein de choses. Et puis, en fait, ce que je dis souvent, c'est qu'on a peur du vide quand on a un TCA, alors que c'est le TCA qui creuse le vide. et qu'en plus tu l'as très bien dit dans tes relations. Je compare le TCA à une espèce de tractopelle à l'intérieur qui va creuser sans arrêt. Et puis comme il creuse ce vide, tu dis, mais attends, si j'enlève ça, du coup, je vais avoir juste ce vide. Non, c'est lui, c'est le TCA qui creuse le vide. Et en fait, petit à petit, en ayant de moins en moins besoin des compulsions... Pour moi, le premier élément sur lequel bosser, c'est vraiment la bouffe, en fait, de manger plus, plus consistant, avec plus de plaisir, plus d'aliments interdits, tout ça. Mais il y a un truc en vrai qui s'apaise, quoi. C'est difficile de le dire différemment. Je voudrais trouver d'autres mots pour mieux le dire, mais il y a quelque chose qui s'apaise et tu as moins besoin de crise. Il y en a moins, moins souvent, moins forte. Ça, c'est les filles du programme, c'est ce qu'elles disent aussi, tu sais, des fois. Il y en a qui vont me dire « Ah ouais, mais j'ai refait une crise alors que je n'en avais pas fait depuis deux, trois semaines. » Puis je vais dire « Ok, est-ce que c'était vraiment la même crise que d'habitude ? » Non, franchement, j'ai moins mangé d'aliments, ça a duré moins longtemps. Et en fait, petit à petit, le truc commence à s'éloigner. Et en fait, déjà à ce moment-là, tu as remis plein de choses dans ta vie. Tu as remis plein de choses.

  • Speaker #0

    Parce que ça prend du temps. ça prend énormément d'énergie oui,

  • Speaker #1

    non mais ce que tu dis tu parlais d'argent aussi, on n'en parle pas assez je me dis tiens, je pourrais même faire un épisode là-dessus peut-être collaboratif où j'invite des personnes à venir me parler de ça en fait, mais moi j'avais fait un calcul à la louche il y a quelques années de ça, je m'étais dit alors en 5 ans de guérison j'avais fait un calcul un peu grossier avec une moyenne de temps de crise par semaine, avec une crise qui me coûtait tant sauf qu'à temps l'inflation est passée par là à l'époque la bouffe coûtait moins cher et en fait j'avais ajouté aussi le côté dépenses compulsives dans des fringues parce qu'en fait j'avais ça aussi avec la boulimie que j'ai plus du tout depuis que je suis guérie il y a plein de choses d'associées en fait au mécanisme et du coup j'avais calculé que j'avais économisé autour de 18 000 euros en 5 ans non mais j'en suis pas loin c'est un truc malade et du coup

  • Speaker #0

    c'est difficile parce qu'on se dit mais on va travailler et au final on est ruiné de par nos crises et c'est le cercle vicieux en fait c'est difficile on doit mettre de l'énergie en plus pour aller travailler,

  • Speaker #1

    pour avoir de l'argent finalement l'argent qu'on gagne c'est même pas pour nous faire plaisir non parce qu'on va le mettre dans nos crises en fait et puis il y a même des personnes qui m'ont déjà dit bah ouais moi j'ai pas d'argent à mettre dans le soin parce que tout passe dans les crises Mais tant que tu ne te soigneras pas, tu auras des crises. Enfin, tu vois, tu es clairement dans un cercle vicieux. C'est terrible. Franchement, c'est terrible. Mais en tout cas, je n'ai aucun doute sur le fait que tu ne sois pas face à du vide. Enfin, déjà parce que je connais ces mécanismes et je sais comment ça se passe. Mais en plus, parce qu'en ayant échangé avec toi, si tu veux, et vu ta vie de jeune adulte, comment elle a été hyper remplie, les voyages, les rencontres et tout. comment est-ce que ça pourrait être vide ?

  • Speaker #0

    C'est vrai.

  • Speaker #1

    Franchement !

  • Speaker #0

    Je pourrais tellement l'enrichir encore plus.

  • Speaker #1

    Mais ouais. Qu'est-ce que tu ferais si je te dis, imagine demain, tu ne fais plus du tout de crise de boulimie, qu'est-ce que tu ferais en plus dans ta vie ? Quels sont les premiers trucs qui te viennent ?

  • Speaker #0

    Me reposer.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    Autoriser mon corps à se reposer.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui t'empêche de le faire aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Le cerveau. Quand j'essaye de me reposer, il y a toutes les pensées qui reviennent et c'est difficile. C'est difficile. Parfois, du coup, je préfère dire, je fais une crise, au moins je suis fatiguée et je dors.

  • Speaker #1

    Il y a un vrai truc à bosser dessus, c'est intéressant. Alors que tu te prépares à être coach sportive et que... tu diras aux personnes que tu accompagneras que le repos post-entraînement est aussi important que l'entraînement.

  • Speaker #0

    Tout à fait. Et c'est ça ce que je dis, je pense que j'ai énormément de connaissances, que ce soit en termes de sport, de par mon métier d'infirmière, et c'est dur de l'appliquer sur soi. Mais je me dis, le discours que je vais tenir aux autres, il faut que je me l'applique à moi-même. Pour pouvoir aussi recréer cet alignement entre ce que je vais dire et ce que je vais faire.

  • Speaker #1

    Oui, et je suis en train de me dire, tu sais, quand des personnes, par exemple, ont du mal à réintroduire un aliment interdit parce que trop flippant et que ça part en crise, je cherche avec elles comment elles pourraient mettre de la sécurité, soit à l'extérieur, soit avec d'autres gens. Et je suis en train de me dire, peut-être que tu pourrais te poser cette question-là pour le repos, pour réapprendre à te donner des temps à ne rien faire. Est-ce que ça pourrait être... par le biais d'autres gens, faire ces moments-là avec d'autres gens, ou à l'extérieur de chez toi pour te protéger de l'arrivée d'une crise, mais de renouer, même si c'est une fois par semaine, avec, je ne sais pas, dix minutes de repos, des tout petits moments comme ça. Repos, ça peut être lire, faire des mots fléchés, regarder une série, te faire masser, j'en sais rien, aller au ciné, ça peut être plein de choses, t'asseoir dans un parc. observer ce qui se passe. Il y a plein de façons de se reposer, mais peut-être que tu pourrais innover autour des façons de te reposer et peut-être créer de la sécurité autour de ça pour ne pas que ça parte sur une crise.

  • Speaker #0

    C'est ça. Et ça me fait rebondir de me dire que, par exemple, aujourd'hui, quand je vais au restaurant avec des amis ou autres, j'ai l'impression de ne plus avoir ces barrières avec l'alimentation.

  • Speaker #1

    Ça, c'est cool.

  • Speaker #0

    Parce que c'est le moment... Je suis soit avec une amie, soit avec une autre personne. Et en fait, le moment est tellement plus important, le moment est tellement plus enrichissant émotionnellement que finalement, j'en oublie. Je ne vais pas me dire, je ne vais pas manger ça parce que je vais prendre un kilo. Non, j'ai plus envie, sur le moment T, de m'enrichir. émotionnellement de la chaleur humaine de ce moment finalement, de ce moment simple mais qui apporte tellement trop bien,

  • Speaker #1

    c'est super déjà c'est génial que tu aies développé ça entre guillemets et je pense que peut-être tu peux t'appuyer là-dessus pour d'autres choses, pour le repos par exemple c'est ça qu'est-ce qui Enfin, tu l'as déjà dit sur plein de choses, mais si tu devais nommer là où les choses qui t'ont le plus aidé sur ton parcours jusqu'ici, qu'est-ce que c'est ?

  • Speaker #0

    Les professionnels.

  • Speaker #1

    OK.

  • Speaker #0

    Quand même, le fait d'être à l'hôpital, parce que c'était vraiment une clinique spécialisée pour les troubles alimentaires. Aujourd'hui, de trouver des personnes comme toi qui font des podcasts, qui donnent des clés. Non, c'est vrai ? Parce que comme je dis, il y a 15 ans en arrière, on n'avait pas tout ça. On n'avait pas toutes ces ressources-là en fait. Donc à l'époque, c'était les livres. Je lisais les livres, des témoignages autobiographiques des personnes qui avaient des troubles alimentaires. Et ouais, de se sentir finalement qu'on n'est pas seul.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu aimerais dire aux personnes qui nous écoutent ? Si tu devais leur transmettre quelque chose, ce serait quoi ?

  • Speaker #0

    Qu'il y a de l'espoir. que je cesse de me dire que ce n'est pas arrivé pour rien comme comme on disait au début il ya les symptômes il ya plein de choses c'est pour nous finalement cette maladie elle est pour nous mais il faut arriver à un moment donné voilà d'avoir les clés d'avoir les ressources à prendre du temps être patiente s'entourer des bonnes personnes et que ouais la vie elle est elle est merveilleuse il ya énormément de choses à faire en en dehors de tout ça c'est joli,

  • Speaker #1

    la vie elle est merveilleuse et c'est vrai que finalement tu t'es un peu fait une promesse en sortant de cette première hospitalisation peut-être que tu t'imaginais que t'allais commencer par guérir et vivre tous tes voyages, tu l'as fait un peu différemment t'es partie avec ta maladie sous le bras en disant non mais moi je vais vivre ma vie et c'est chouette aussi je trouve que c'est une façon aussi de montrer que la guérison arrivera quand elle arrivera, mais que ta vie, elle continue, elle n'est pas complètement sur pause. Et peut-être que tu aurais plus profité en étant complètement libre de manger ce que tu veux, mais il n'empêche que tu l'as quand même vécu et que tu as profité quand même à ta manière.

  • Speaker #0

    Et je pense que moi, je le verrais plus positivement en me disant, je ne veux plus me fuir en fait, parce que ça vient avec nous. Et peu importe qu'on soit à 10 000 kilomètres ici, non, c'est pour nous en fait. et c'est à l'intérieur de nous ok peut-être que l'extérieur a contribué à tout ça mais c'est à l'intérieur de soi qu'il faut aller chercher et qu'il faut aller apaiser, faire la paix c'est joli,

  • Speaker #1

    je ne veux plus me fuir j'ai très envie de rester sur cette phrase, je la trouve très belle merci beaucoup pour cet échange qui était très riche qui est parti sur plein de choses je trouve on aura encore à dire Mais ouais, en fait, c'est ça. Je me dis, à un moment donné, à contre-cœur, je devais refermer certaines portes pour revenir sur notre échange. Mais je me dis, mais attends, il y aurait eu tellement de portes là, aller explorer davantage autour des voyages, autour de la connaissance de soi, autour de... Tu as parlé aussi de l'amour, chercher l'amour, et puis plutôt l'amour de soi. Enfin, je me dis qu'il y aurait plein d'autres choses à en dire. Mais déjà, je trouve que... Je trouve que tu as dit beaucoup de choses et je suis sûre que ça va créer des résonances chez les personnes qui vont écouter. Donc, un immense merci d'être venue te livrer à mon tour.

  • Speaker #0

    Une petite anecdote, j'ai toujours dit, un jour quand je serai guérie, vraiment, totalement, j'aimerais vraiment faire mon travail et me dire aider les personnes dans le même cas. Écrire un livre ou partager en fait.

  • Speaker #1

    Moi aussi, ça fait toujours partie de mes rêves, du coup, je ne l'ai pas accompli ça d'écrire un livre, tu ne vois pas encore. Oui, mais je pense que beaucoup de personnes ressentent cette envie-là en ayant vécu les troubles alimentaires, mais parce que c'est à la hauteur de la puissance de ce qu'on vit à l'intérieur de ça. Franchement, je pense que quand on ne le vit pas de l'intérieur, comme beaucoup de choses, tant que tu ne le vis pas de l'intérieur, tu ne peux pas. Et d'ailleurs, c'est même difficile de l'expliquer avec des mots, toute l'horreur qu'on peut traverser. Et à la fois, la libération de ce truc-là, ça a un côté un peu magique, même si ça s'estompe avec les années, on ne va pas se mentir. Ça fait des années que je suis guérie, je ne me lève pas tous les matins en me disant « c'est magique de pouvoir manger ce que je veux » . Il y a quelque chose qui devient ma nouvelle normalité. mais c'est vrai que c'est oui je comprends que tu aies cette envie là parce que tu vois j'en ai fait aussi mon métier et que c'est très porteur quoi ouais ouais tout va être à

  • Speaker #0

    100% vraiment guéri pour pouvoir partager librement ouais et avoir cette force en soi de voilà de pas se laisser non plus imprégner oui complètement ah oui bah il y a ça oui oui

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai, j'avais même pas pensé à ça. Le côté, t'entends les histoires des autres, si toi-même t'es pas encore au clair, à mon avis, ça va venir te trigger.

  • Speaker #0

    C'est vrai.

  • Speaker #1

    Et comme tu dis, je crois que vraiment, si t'es pas complètement tranquille avec la bouffe, à un moment donné, ça va transparaître aussi. Enfin, tu vois, si tu crées du contenu sur les réseaux et tout, je pense que, bon, il y a des choses qui se ressentent. En tout cas, moi, je le ressens quand je vais sur d'autres contenus. Je le vois bien si la personne n'est pas ultra tranquille avec son corps et avec la bouffe. Bon, en tout cas, nous allons être merci.

  • Speaker #0

    On donne de l'espoir, en tout cas.

  • Speaker #1

    Ouais, j'espère aussi transmettre un message juste dans le sens où je ne veux pas vendre un truc parfait, quoi, tu vois. Ouais, c'est ça. Ouais, sortir des troubles alimentaires, ça ne veut pas dire être dans une relation toujours géniale à son corps, tu vois. Il y a des phases... plus compliquées, mais en fait je pense que c'est simplement relié au fait d'être un être humain et notamment une femme et encore une fois dans notre société je pense que tu guéris des troubles alimentaires et tu vas vivre dans une société complètement différente, ce sera peut-être plus jamais plus du tout un sujet mais là quand tu vis en France je pense que c'est normal que le corps de la femme soit un sujet pour les femmes je pense que voilà on parle de guérison comme un but ultime et je pense que ça fera partie de nous Merci.

  • Speaker #0

    C'est notre histoire, c'est nous-mêmes, mais la relation, ce sera plus, finalement, pathologique et plus un frein dans notre vie tous les jours. Finalement, ça devient pathologique quand nous-mêmes, on en souffre. Mais voilà, la guérison, c'est, moi, je dirais juste, ouais, retrouver, ne plus avoir de frein de par cette maladie, en fait.

  • Speaker #1

    Mais je suis complètement d'accord avec toi, je trouve que c'est très juste ce que tu dis, que finalement, ce but ultime de guérir du trouble alimentaire... Ok, en fait, le but ultime, c'est de vivre ta vie, quoi. C'est de vivre ta vie sans être complètement parasité par tous ces trucs qui viennent te freiner, par cet espace mental et tout. Tu as une charge mentale où tu penses à 90% du temps à la bouffe et à ton poids. Bon, ben voilà, si tout d'un coup, tu viens y penser, déjà 50%, tu auras plus de place, 30%, puis 20%, et puis chacun jaugera où il veut, et le but, ce n'est pas d'arriver à une espèce de guérison parfaite. qui Ausha plein de critères, on s'en fout en fait. Tu vois, le but c'est de juste vivre ta vie de manière épanouie.

  • Speaker #0

    Et de pouvoir aller manger une petite gourmandise quand on en a envie.

  • Speaker #1

    C'est clair, que ce ne soit pas un sujet quoi.

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #1

    Bon, en tout cas, merci beaucoup. Merci, merci, merci. J'ai vraiment adoré discuter avec toi. Donc, merci.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup.

  • Speaker #1

    Un grand merci à toi qui est encore là à la fin de cet épisode. Comme je te le dis souvent... Ton soutien est super important, c'est même ça qui permet au podcast d'exister encore aujourd'hui. Alors, si mon contenu t'apporte de l'aide d'une quelconque manière que ce soit, sache que tu peux m'en redonner à ton tour. Pour ça, il y a plusieurs façons de faire. Tu peux tout d'abord partager le podcast, en parler autour de toi, à tes proches, mais aussi à des professionnels. Tu peux laisser 5 étoiles, notamment sur Spotify ou Apple Podcast, ou laisser ton meilleur commentaire. Mais depuis peu, j'ai aussi apporté une nouveauté qui te permet de me soutenir encore plus concrètement avec de l'argent. Effectivement, tu trouveras en description de cet épisode un lien qui te permettra de faire un don à la hauteur de ce que tu trouves que ce podcast t'a apporté. Merci, merci beaucoup. C'est grâce à ton soutien que ce travail va pouvoir continuer. Je te souhaite de prendre soin de toi autant que ce sera possible et je te dis à très bientôt sur un nouvel épisode. Ciao !

Chapters

  • Présentation Marie-Laure

    01:49

  • Son rapport au corps et à l’alimentation dans l’enfance

    05:21

  • Le début des TCA avec l’anorexie

    10:14

  • Le début de la boulimie

    14:27

  • Pression sociale de l’apparence

    21:24

  • Son évolution dans le rapport au corps

    29:18

  • Où elle en est aujourd’hui

    33:07

  • Ce qui lui manque pour guérir aujourd’hui

    41:39

  • Ce qui l’a le plus aidée jusqu’ici

    51:04

  • Ce que Marie-Laure aimerait vous dire

    51:46

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