Speaker #0Bienvenue sur TCA etc, un podcast où on cherche à explorer, comprendre et surtout vaincre les troubles du comportement alimentaire. Seul au micro ou avec mes superbes invités, on va casser les idées reçues, parler alimentation, rapport au corps, thérapie, famille, rapport aux autres. Je suis Flavie Milsono, thérapeute, éducatrice et coach spécialisée dans le comportement alimentaire. Ça fait maintenant deux ans... que j'ai la chance d'accompagner des personnes à retrouver leur liberté. Vous pouvez me suivre sur Instagram, lavie.mtca. Je vous souhaite une très bonne écoute. Bienvenue dans ce nouvel épisode de podcast où on va parler de semi-guérison. Et on va parler plus particulièrement de ce qui peut te maintenir en semi-guérison et notamment, malheureusement, certains professionnels de l'accompagnement et notamment de l'accompagnement des troubles alimentaires. Ok, déjà pour commencer, peut-être que c'est bien de parler de ce qu'est la semi-guérison. Ce que j'entends en tout cas, moi, par là, c'est quelque chose qu'on observe assez régulièrement. Il y a pas mal de personnes aussi qui le décrivent. Moi-même, en tant qu'ancienne patiente, je l'ai vécu et je suis restée des années, en fait, comme ça. Qu'est-ce qu'on entend par semi-guérison ? Donc ce sont des symptômes qui vont être moins forts, moins bruyants, moins présents. ou qui vont vraiment s'exprimer à demi-bruit, à bas bruit, c'est quelque chose qui va être moins visible, plus vivable. C'est comme si on trouvait presque une forme d'équilibre avec la maladie, même si c'est toujours là. En fait, on sait bien qu'on n'est pas guéri. Et d'ailleurs, si c'est des questions qui vous titillent, savoir où est-ce que vous en êtes, savoir si vous êtes guéri des troubles alimentaires, je vous invite à écouter l'épisode 18, comment savoir si l'on est guéri de son trouble alimentaire. Et pour revenir à la semi-guérison, en fait généralement, soit on peut se sentir un peu guéri, parce qu'il y a une forme de déni qui se réinstalle, et je vais développer un peu plus tard, mais notamment si du coup on est reparti dans un fort contrôle, là il y a pas mal de déni qui peut s'installer. Soit on peut avoir conscience qu'on n'est pas guéri, on le sent bien, mais on est dans quelque chose d'un peu plus vivable, et du coup on s'accroche à cette croyance qu'on ne guérit jamais vraiment d'un trouble alimentaire. Donc là, c'est pareil, c'est le tout premier épisode de podcast que j'avais enregistré. Peut-on vraiment guérir d'un trouble alimentaire ? Si ce n'est pas encore fait, je vous invite à l'écouter. Je parle du fait qu'il y a un peu une guerre de chapelle entre les personnes qui disent qu'on ne guérit jamais vraiment et celles qui, comme moi, crient au effort que oui, on peut vraiment complètement s'en sortir. Bref, revenons à nos moutons et à la semi-guérison. Du coup, les symptômes sont moins là. Peut-être que si tu es dans les compulsions, tu fais moins de crises. Peut-être que tu es un peu moins dans le contrôle de ce que tu manges, mais en vrai, l'obsession, elle est là. L'obsession pour ce que tu manges et ce que tu ne manges pas, l'obsession pour ton corps, la forme de ton corps, ce à quoi tu ressembles, ça, c'est toujours présent. Et en fait, la majorité du temps, il y a toujours quand même beaucoup de contrôle, mais qui est rendu à peu près vivable. Donc ça, c'est la semi-guérison. Et j'avais envie de faire une parenthèse sur des thérapeutes qui te promettent la guérison et que en fait t'es même pas dans de la semi-guérison, t'es dans du rien du tout, tu retournes juste dans tout trouble alimentaire. Ça me semblait important de faire cette petite parenthèse ici. En fait il y a des professionnels qui accompagnent d'une certaine manière qui fait que ça va masquer tes symptômes. Je pense notamment à la boulimie, des personnes qui souffrent de boulimie. J'ai eu des témoignages en fait, c'est pour ça que j'en parle. d'une façon de fonctionner, de professionnel, ça m'ennuie presque de les nommer de cette manière-là, mais voilà, qui en fait accompagne à sortir de la boulimie en contrôlant absolument tout ce qu'on mange. Tout est contrôlé, pesé, parce que dans cette promesse-là, il y a aussi le fait de ne pas grossir, voire même de maigrir, d'avoir le corps de ses rêves. Et donc du coup, ces personnes-là accompagnent au fait d'hyper-contrôler tout ce que tu as à manger. Du coup, tu es dans un hyper-contrôle. qui permet d'avoir l'impression de reprendre le pouvoir. Donc c'est un peu le versant anorexique. Donc là, on se sent tout puissant. En fait, toutes les personnes qui sont passées par l'anorexie ou des phases d'hyper contrôle, en tout cas sans même avoir été diagnostiquées dans l'anorexie, savent de quoi je parle. Cette espèce de toute puissance de c'est bon, tout va bien, je gère, tout va bien Sauf qu'on sait que c'est temporaire. Et surtout si déjà, toi de base, t'es dans la boulimie, à un moment donné, tu vas te reprendre le truc dans la figure. Et en plus, on en revient au fait que c'est hyper infantilisant. Genre, comment tu fais ? Le jour où ton accompagnement avec cette personne est terminé, tu vas chercher à continuer de contrôler tout toute seule dans ton coin. En fait, très rapidement, tu vas perdre... la motivation pour faire ça, tu vas perdre le sens, tu vas aussi et surtout être rattrapé par plein de choses, des besoins, des envies qui ne rentrent pas dans ce contrôle-là parce que la vie n'est pas linéaire et que ce n'est pas du tout compatible avec une vie normale. Et donc tu n'apprends à aucun moment dans ces cas-là à t'écouter, à connaître tes besoins, à connaître tes sensations et à faire confiance à ton corps sur le fait que tu puisses te réguler naturellement sans contrôle. Voilà, donc du coup, à un moment donné, forcément, tu te reprends le revers de la médaille. Et en fait, là où temporairement, sur quelques semaines, les personnes peuvent avoir l'impression d'avoir guéri en plus, en choisissant leur corps, en maigrissant, ça ne peut pas durer, c'est une évidence. Et en fait, elles ne sont pas du tout dans de la guérison, ni même de la semi-guérison, elles sont juste dans une autre facette du TCA, qui est le contrôle. Le contrôle, il est toujours présent. Chaque TCA... est restrictif. Dans l'hyperphagie, il y a aussi beaucoup de restrictions, restrictions cognitives. C'est juste que les personnes veulent contrôler, n'y arrivent pas. Mais le contrôle, en fait, il est là. Et donc là, dans cet accompagnement-là, on vient juste faire émerger toujours plus de contrôle, et du coup, c'est juste une autre facette du TCA, mais à un moment donné, ça va rebasculer dans d'autres façons de s'exprimer pour ton trouble alimentaire. Voilà, voilà. Donc ça, c'est pas très reluisant. et je ne sais pas trop comment lutter contre ça, je vous avoue, mais c'est vraiment catastrophique. En plus, c'est des messages qui ont du poids, qui sont écoutés parce qu'ils vous vendent du rêve, en fait, quand on te dit Viens, tu vas guérir de la boulimie en ayant le corps que tu veux, le poids que tu veux, etc. Forcément, c'est hyper tentant. Mais c'est surtout un énorme piège. Bref, ce n'est pas le sujet principal de mon podcast du jour, donc je vais tâcher de me recentrer. On a donc parlé de ce que c'est que la semi-guérison. Pour le deuxième point de ce podcast, j'ai envie qu'on parle de pourquoi c'est si compliqué d'aller au bout de la guérison. Beaucoup de personnes restent bloquées dans cette semi-guérison, parce qu'en fait c'est hyper difficile de lâcher prise jusqu'au bout. C'est hyper difficile d'oser se lancer, c'est un peu comme un saut dans le vide. Quand t'es dans l'hyper-contrôle, depuis toujours, quand tu grandis dans une société qui prône ça, Le fait d'être tout le temps dans la maîtrise de soi, mais dans la maîtrise de tout même. La peur derrière tout ça, c'est aussi beaucoup la peur de basculer dans le chaos. On a l'impression que si on lâche ce contrôle, alors c'est forcément le chaos. C'est le contrôle ou le vide sidéral, et donc on fait n'importe quoi, et on se retrouve à prendre du poids sans fin, à être en mauvaise santé, avec des problèmes de santé chroniques ou carencés. Il y a énormément de fausses croyances autour de tout ça. Et en fait, il y a très peu de messages qui viennent contrebalancer toute cette culture qu'on a en France autour du régime, autour du corps mince. Et du coup, c'est hyper compliqué d'oser se lancer seule parce qu'on se sent, déjà quand on vit des troubles alimentaires, on se sent très isolée, différente. Mais en plus de ça, quand on cherche à vouloir déconstruire tout ça et aller vers la guérison... En fait, on se sent complètement à la marge de ce qui est pratiqué par, on a l'impression, toutes les personnes. Et c'est vrai qu'en fait, il y a une culture comme ça, mais il y a aussi tout un tas de gens qui sont juste mangeurs intuitifs et qui ne se sont jamais laissés perturber par toute cette culture et qui mangent réellement de manière intuitive depuis qu'ils sont tout petits. Et il y a aussi énormément de gens qui ont guéri des troubles alimentaires et qui sont devenus des mangeurs mangeuses intuitifs, intuitives. Donc voilà, on n'a quasiment pas d'exemple à suivre, donc toute seule c'est hyper compliqué. Du coup ça m'amène à un troisième point, bon bah voilà, elle est professionnelle dans tout ça, parce que finalement on se dit bah ok, c'est le moment où tu te dis c'est trop compliqué, j'y arrive pas, je vois bien que je fais du sur place, ça fait genre 10 ans, 15 ans que je suis en quasi guérison, c'est parti je vais me faire accompagner. Et donc on pourrait imaginer que bah voilà, le moment où on se fait accompagner, et ben ça y est, ça switch, on va pouvoir enfin aller au fond des choses et accéder à la guérison. En pensant ça, on passe à côté d'un truc important. C'est que ceux qui sont des professionnels de santé, peu importe, diététiciens, psychologues, je ne sais pas, hypnothérapeutes, toutes sortes de personnes, coachs aussi, qu'on peut aller voir quand on cherche à aller mieux, à dépasser une problématique. Mais en fait, ces personnes-là, ça reste avant tout des êtres humains qui, eux-mêmes, vivent aussi dans notre société. Dans notre société hautement grossophobe, dans notre société obsédée par le culte de la minceur. par la maîtrise de soi, etc. Et du coup, quand on va s'adresser à un professionnel, effectivement, il y a le côté professionnel, mais il y a aussi ce côté très humain où on se construit chacun. des représentations du monde. Et c'est bien pour ça que c'est important d'aller vers des personnes qui sont formées, parce qu'on n'est plus juste face à l'humain, mais on est un professionnel de l'accompagnement qui est censé avoir appris à laisser de côté ses propres représentations. Je parle souvent de lunettes du monde, c'est-à-dire qu'on a chacun notre filtre du monde par rapport à notre éducation, tout ce qu'on a vécu dans notre vie. Et du coup, en tant que pro, on est censé se décaler de... ce filtre de vision du monde pour pouvoir accompagner les personnes. Mais en même temps, ça c'est valable à partir du moment où déjà la formation, elle enseigne ça, donc je fais une parenthèse, mais il y a des gens qui s'autoproclament coach, en fait coach c'est quand même un vrai métier, je veux dire, il faut des vraies formations et on apprend un vrai positionnement thérapeutique, professionnel, justement comme ce dont je viens de parler. Mais même chez des personnes qui sont formées, si on prend l'exemple du BTS diététique, en fait, nombre de personnes développent des troubles alimentaires en suivant le BTS diététique. Parce que ce qui est inculqué dedans amène plutôt à de l'anxiété alimentaire et à un hyper contrôle. Je ne dis pas que toutes les personnes développent des TCA, mais en fait, j'en ai vu tellement, tellement, tellement et sans aller jusqu'au TCA. J'ai rencontré énormément de personnes diététiciennes, c'était plutôt des femmes, qui du coup elles-mêmes sont dans un contrôle quand même assez rigide de leur alimentation et accrochées pas mal au culte de la minceur. Et en plus de ça, la problématique c'est que les TCA sont très peu abordés dans cette formation. Donc genre il y a une heure ou deux de cours sur deux ans de formation, alors que c'est la pathologie du comportement alimentaire. Mais justement, le BTS diététique s'intéresse... au fonctionnement physiologique du corps en lien avec l'alimentation. C'est, je pense, super riche et intéressant par rapport à tous les besoins du corps, et notamment, je ne sais pas, dans le cas où la personne vieillit, lorsqu'on a une pathologie précise, lorsqu'on doit se faire opérer. En fait, le comportement alimentaire, il semble très peu abordé. Dans les études de médecine, c'est quelque chose qui est très peu abordé, voire inexistant, et dans les études de psycho, je crois que c'est carrément. inexistants en fait. Enfin en tout cas, les psychos avec qui j'ai parlé m'ont dit n'avoir reçu aucune formation spécifique sur les troubles du comportement alimentaire. Donc finalement, tu te retrouves avec ton trouble là, tu sens bien que t'es coincé, t'as avancé peut-être grâce à Insta, grâce à des podcasts, à plein d'outils comme ça ou peut-être aussi grâce à des pros quand même notamment, mais tu sens qu'il y a un truc qui est bloqué et donc tu te dis, ok je vais aller voir des pros qui seront plus spécifiques normalement autour de ce sujet-là, parce que tu te dis que légitimement, une diététicienne, ça doit être la pro du trouble alimentaire, et en fait, tu te retrouves face au fait que c'est des personnes qui n'ont pas reçu de formation, c'est des personnes qui ont reçu une formation qui les a peut-être poussées à l'hyper-contrôle, et donc on se retrouve dans la situation où ce n'est pas aidant, voire même ça peut enfoncer davantage le clou. À mon sens... accompagner une pathologie comme le trouble alimentaire qui est autant en lien avec des enjeux sociétaux, de culte de la minceur, de grossophobie, de sexisme et de culture des régimes, ça nécessite de se questionner soi, en tant que citoyen, citoyenne en fait. Ça nécessite de prendre du recul. Cette pathologie, elle est reliée à tout ça. Et du coup, c'est important de pouvoir aller se questionner sur notre positionnement par rapport à tout ça. C'est quoi ? Mon rapport au corps en tant que professionnel ? C'est quoi mon rapport à mon corps, mais aussi au corps des autres, et notamment au corps gros ? Qu'est-ce que j'en pense du corps gros ? Est-ce que c'est forcément une problématique ? Est-ce que je suis persuadée qu'on ne peut pas être en bonne santé quand on est gros ? Il y a tout un tas de choses comme ça qui ressortent du discours de certains professionnels. Questionnez aussi son rapport à l'alimentation. C'est quoi les croyances qui viennent régir la façon de manger de tous ces professionnels-là ? comment ils font leur choix alimentaire, comment ils se nourrissent, c'est quoi leur rapport à l'alimentation, est-ce qu'ils se sentent libres, sous contrôle, c'est quoi leur façon de manger, et donc voilà, quelle place prend le contrôle globalement dans leur alimentation, dans leur vie. Mais alors, comment toi, parce que c'est ça l'idée, comment toi tu pourrais savoir si un ou une professionnelle a déjà fait ça ? Alors il y a des formations spécifiques autour du trouble du comportement alimentaire. Et donc, on peut imaginer que là, normalement, il y a quand même ce travail-là qui a été fait de déconstruction. Les formations auxquelles je pense, c'est plutôt des formations longues. Je ne crois pas... qu'on puisse faire ce travail-là avec une formation en e-learning de deux jours ou trois jours. Déjà, le e-learning, c'est très peu confrontant. Je trouve que dans l'échange, même si c'est en visio, le présentiel, je trouve que ça reste top du top, mais même si c'est en visio, il y a des vrais échanges, il y a la possibilité de questionner, de confronter les points de vue pour aller vers de la déconstruction. Des formations plutôt longues, soit distancielles, présentielles, mais pas que basées sur du e-learning. Et donc, je pense notamment aux formations qui sont dispensées par le GROS, le groupe de réflexion sur l'obésité et le surpoids. Les formations qui sont dispensées par Andat TCA. Andat TCA, il faut savoir qu'ils dispensent des formations longues d'un an, donc pour des professionnels, mais aussi pour les pères aidants. Et c'est des formations qui sont uniquement en présentiel et en tout petit groupe. On ne va pas aussi loin quand on est 150 ou 200 derrière notre ordi que quand on est 6 autour d'une table. C'est une évidence. C'est hyper remuant et challengeant du coup comme formation. Et puis, il y a la formation à l'alimentation intuitive. Je ne la connais pas bien de l'intérieur. Autant les professionnels du gros, j'ai pu les côtoyer dans d'autres formations que j'ai faites. L'alimentation intuitive, ce n'est pas le cas. Mais ça me semble hyper adapté aussi. Et c'est une formation qui prend du temps quand même. qui nécessitent de la mise en pratique, de la remise en question. Toutes ces formations-là, c'est des formations qui mettent l'accent sur l'autorégulation de notre comportement alimentaire et qui passent notamment par nos sensations internes. Je précise ça parce que je ne suis pas allée fouiller, sans doute qu'il existe encore des formations pour accompagner les TCA en mode vieille école, avec du contrôle alimentaire, avec 50-100 ans de retard. Je ne crois pas que ce soit des formations qui permettent d'accompagner vraiment vers la guérison. Elles n'ont jamais fait leur preuve. Ce qui est hyper aussi aidant, c'est ce qui est TCC troisième vague, thérapie cognitivo-comportementale. Après, ça aussi, c'est limite. Si la personne est formée TCC, mais pas en lien avec les troubles alimentaires, elle ne pourra pas forcément vous aider. Mais si vous voyez une personne qui s'est formée spécifiquement aux troubles alimentaires et à des approches TCC, C'est quand même plutôt bon signe à mon sens. En fait, l'idée, c'est que ces formations-là, ces formations longues, le but, c'est qu'elles viennent bousculer le professionnel dans sa façon de faire, dans ses croyances. Chaque exercice qu'on doit être amené à donner à nos patients, il faut qu'on les teste sur soi. C'est une obligation. Ça devrait être rendu obligatoire par tous les formateurs. Il faut aller vivre toutes ces expérimentations sur soi. Moi, j'ai l'impression d'être mon propre cobaye. Je vous parle d'un sujet que j'expérimente forcément tout le temps au quotidien. Le rapport à mon corps, le rapport à l'alimentation. Et en fait, quand je réfléchis à de nouveaux exercices pour accompagner les personnes que j'accompagne, je cherche à les mettre en pratique sur moi avant toute chose. Alors, ce n'est pas un gage de ça va marcher pour tout le monde, ce n'est pas ça, c'est juste qu'aller demander par exemple à quelqu'un de noter tous les jours ce qu'il mange, ce qu'il ressent. de manger en pleine conscience au quotidien, à chaque repas, mais c'est complètement délirant. Et pour ça, pour se rendre compte que c'est délirant, il faut essayer de le vivre soi. Et en fait, quand on est soi-même mangeur serein, tranquille, et qu'on fait des exercices comme ça et qu'on les trouve hyper durs, on se dit, imagine pour des gens pour qui c'est pas tranquille. Donc voilà, c'est important aussi de pouvoir, par le biais de ces formations, aller se rendre compte en tant que pro qu'on n'est peut-être pas si tranquille que ça. Et je pense qu'il y a... plein de professionnels qui pourraient en témoigner pour qui ça a été un énorme virage, en fait, d'aller se former à ces outils spécifiques. Bon, donc on pourrait se dire qu'à partir du moment où vous voyez quelqu'un qui a sur son profil écrit formation chez Dugros, formation en date, alimentation intuitive ça y est, c'est bon, vous pouvez y aller les yeux fermés. Je vais mettre un autre bémol là-dessus, c'est pas toujours le cas. La formation, elle est ce qu'elle est, elle peut pas garantir que la personne derrière va mettre en pratique exactement cette façon de travailler. Et je pense que pour certains pros, c'est trop challengeant, c'est trop difficile d'ôter les biagrossophobes, c'est trop difficile d'admettre qu'on peut être en bonne santé, même si on est considéré en surpoids. Il y a des choses comme ça qui sont trop difficiles, et du coup, il y a des professionnels de santé qui sont formés, mais qui continuent d'accompagner d'une manière... un peu aléatoire ou, j'ai envie de dire, ambivalente. Il y a beaucoup d'ambivalence. Moi, je vois plein de comptes fleurir sur les réseaux de personnes parfois qui sont ultra suivies et qui balancent des messages ultra ambivalents. Un coup, elle va sortir un poste en mode Ouais, acceptation corporelle, ouais, alimentation intuitive. Et le poste d'après, elle va te dire exactement combien de calories tu es censé manger. Et le problème, c'est que ça crée du brouillard mental. Ça crée un bazar. monstre pour les personnes qui essaient de suivre ces conseils-là. Donc voilà, la réalité c'est que, bon, là les personnes auxquelles je pense, elles ne sont pas du tout formées à ces formations longues dont je vous parlais. Donc quand même, c'est un bon gage. Ça ne protège pas de tout. Et à l'inverse, j'ai envie de vous dire aussi qu'il y a des personnes, vraiment j'en suis persuadée, qui sont formées par ailleurs à plein d'outils thérapeutiques, ce que ça c'est quand même important, qui ne sont pas formées spécifiquement TCA, mais qui ont fait tout ce travail de déconstruction pour elles. sur leur comportement alimentaire, peut-être en étant accompagnés par des proformés, par le biais aussi d'écoutes de podcasts, de lectures de livres, en allant chercher du matériel à plein d'endroits. Et donc, je pense vraiment qu'il y a des personnes vraiment chouettes en mesure d'accompagner avec une belle approche type gros en date alimentation intuitive, même si elles n'ont pas le, la formation. Donc c'est compliqué, et finalement je me dis, là, peut-être que toi qui m'écoutes, tu te dis, ouais super, donc elle me remet du flou. Elle me dit, ok, pour trouver les professionnels qui vont faire sortir de la semi-guérison, il faut que je trouve les gens formés à ça, ça, ça. Ensuite elle me dit, ouais, mais même s'ils sont formés, c'est pas forcément parfait. Puis après elle me dit, y'en a, ils sont pas formés, et puis ça le fait. Faites-vous confiance aussi. C'est-à-dire que l'ambivalence, en vrai, on la sent quand elle est là. En vrai, ça va même plus loin. Chez ces gens-là, on peut même parler d'injonction paradoxale. Et l'injonction paradoxale, ça met dans une impossibilité à agir, c'est-à-dire qu'il n'y a pas de bonne solution. En gros, la personne, elle va te dire, oui, il faut manger de tout, vraiment lâcher toutes tes restrictions et te faire plaisir, mais il ne faudrait pas trop grossir. Du coup, ne pas trop grossir sous-entend contrôler. Et donc contrôler sous-entend que tu ne peux pas lâcher le contrôle et manger de tout comme elle te le disait avant. Donc là, on est dans de l'injonction paradoxale. Et en fait, ça, c'est à ça qu'il faut faire attention. Quand vous allez sur des comptes, regardez ça. Et peut-être même que parfois, vous ne le conscientisez pas intellectuellement, mais ça vous met mal à l'aise. Il y a quelque chose qui vous met mal à l'aise. Faites-vous confiance là-dessus. Donc ça, c'est vraiment un point important. Donc regardez les contenus quand ils sont dispo, que ce soit sur Instagram, que ce soit les podcasts. écouter, regarder, il y a les vidéos YouTube aussi de pas mal de professionnels. Et donc ça, vous allez déjà sentir si la personne, elle-même, elle semble être dans quelque chose de totalement libre avec son alimentation ou si ce n'est pas le cas. Si ce n'est pas le cas, elle ne peut pas vous accompagner à autre chose que là où elle n'est pas. C'est ça qu'il faut bien comprendre. C'est que tous ces professionnels-là, ils ne peuvent pas vous accompagner plus loin que là où ils ne sont rendus eux. Une personne qui a... peur de lâcher le contrôle pour elle, elle ne va pas accompagner quelqu'un d'autre à le faire. Ce n'est pas possible. Ça la ferait trop flipper. Et donc, c'est bien ça qu'il faut avoir en tête. Et des exemples, j'en ai plein. Des personnes qui m'ont raconté dans des services spéciaux TCA en hôpital, il fallait prendre des repas thérapeutiques avec les professionnels, et les professionnels en question mangent avec des personnes qui souffrent d'anorexie mentale. Et donc, les nanas, les pros... en mangeant, font des commentaires sur ce qu'elles mangent en disant que demain elles vont devoir aller courir parce que quand même ça fait beaucoup. Et ça, des exemples, vous en avez à la pelle. À chaque fois que je demande des témoignages, vous en avez plein à me donner. Des psychologues aussi qui jugent des portions alimentaires en disant, bah oui, mais quand même, vous ne devriez pas manger autant. Ou qui donnent des conseils foireux pour arrêter les crises de boulimie, du genre, arrêtez d'acheter les aliments qui vous font envie. C'est tout l'inverse de ce qu'il faut. Donc, en fait, là, on touche, vous voyez, à des gens qui ne sont pas formés, en fait. Soit ils sont à des postes, sincèrement, moi, je pense où ils ne devraient pas être, déjà. Je veux dire, service spécifique TCA, on ne met pas des personnes qui ne sont pas formées. Soit, c'est des personnes qui prennent un rôle qu'elles ne devraient pas prendre la psychologue. Elle aurait dû connaître ses limites et elle ne peut pas accompagner les TCA. Et du coup, là, elle parle juste d'elle quand elle dit ça, par rapport à des portions alimentaires, etc. Exemple. concret d'une personne qui est sur les réseaux, qui est une diététicienne qui se dit anti-régime, qui est donc reconnue, validée pour ça, et en fait qui dit à ses patientes oui, bien sûr, tu peux manger tel gâteau, par contre, avant il faudra t'assurer de manger un peu moins, que ton repas ait plus de salade et que tu mettes peu de gras dans ton repas. C'est le fameux oui-mais, comme ce dont je parlais dans un poste. Ce sont des gens qui ne vont pas t'accompagner vers la guérison. Ce n'est pas possible. Ces gens-là, en fait, ils ne peuvent pas. Ils ne peuvent pas parce qu'en fait, ils ne sont pas eux-mêmes 100% sereins avec l'alimentation. Je ne dis pas que ces gens-là ont un gros problème, qu'ils sont malades ou je ne sais pas quoi. eux, peut-être ont trouvé une sorte d'équilibre alimentaire comme ça. Peut-être qu'en vrai, il y a des gens qui ont des symptômes de fou, ils ne le disent pas, et voilà. Mais peut-être aussi qu'eux-mêmes sont en semi-guérison, ou sont dans un truc qui leur convient, mais toi, qui débarques avec un vrai TCA bien prononcé et qui a besoin de guérir, ces gens-là, ils ne vont pas pouvoir t'emmener au bout. Ces gens-là, ils vont nourrir la croyance qu'en fait, on ne guérit jamais complètement d'un trouble alimentaire. C'est compliqué, moi j'ai déjà été dans la... situation où j'accompagne quelqu'un qui est en parallèle accompagné par une personne comme ça. Et donc nos messages viennent se confronter. Et donc la personne, elle fait deux pas en avant avec moi, un pas en arrière avec cette personne-là. Et en fait, tant que tu restes à vouloir écouter ces deux messages-là, ça ne fonctionne pas. Et donc effectivement, pour te lancer dans le vide et aller vraiment vers la guérison totale, la guérison où tu n'es plus en train de contrôler ce que tu manges, la guérison où ça y est. tu lâches et tu oses aller tester ta capacité d'autorégulation. Tu oses aller là-dedans. Tu oses te faire confiance sur ta faim, sur tes envies, tout ça. Il faut que ce soit fait par un ou une professionnelle qui l'a fait avant toi, qui le fait au quotidien. Quelqu'un qui est tranquille avec son alimentation, mais 100% tranquille. Quelqu'un qui est allé déconstruire et qui continue de déconstruire parce que franchement, moi, des biagrossophobes, j'en ai forcément encore plein. Donc quelqu'un qui est allé déconstruire et qui est en chemin encore pour déconstruire plein de choses autour de la grossophobie, autour du culte du régime, du culte de la minceur. Autre chose que je voulais préciser, du coup, c'est que je disais que pour t'y retrouver, tu peux consommer le contenu et voir ce que disent ces personnes, mais tu peux aussi te faire confiance sur ce que tu ressens en accompagnement, si tu as commencé un accompagnement avec ces personnes-là. Peut-être que toi qui m'écoutes, là, ça va te faire des tilts. Tu vas penser aux accompagnements qui sont en cours pour toi. Tu vas te dire, bah ouais, effectivement, moi, ma diète, elle tient ce genre de discours. Elle est pour l'acceptation corporelle, mais quand même, il ne faudrait pas prôner l'obésité. Elle est pour être en bonne santé, en mangeant tout ce qu'on veut, mais quand même, il faut faire gaffe à ses quantités. Ou, mais quand même, c'est impossible qu'on soit en bonne santé en ayant tel poids. Mais quand même, oui, on pourrait aller vers une perte de poids intentionnelle alors même que tu avais des TCA avant. Tout ça, c'est bancal, quoi. donc si tu reconnais des choses comme ça libre à toi je suis pas en train de te dire allez change de pro l'idée pour moi c'est que ça puisse enclencher des réflexions et que tu puisses te dire ok ok donc en fait si je veux aller à l'étape plus loin il faut peut-être que je me tourne vers quelqu'un qui est capable de m'emmener vers cette étape là après ça veut pas dire que ta diète ta psy, que sais-je t'as servi à rien jusqu'ici je dirais t'as déjà à emmener jusqu'à cette étape là et c'est cool et puis on peut aussi rester dans cette semi-guérison toute sa vie et puis que ça nous convienne. Il y a zéro jugement de ma part en fait là-dessus, je ne suis pas en train de dire vous devriez tous faire comme moi j'ai fait et vous libérer de machin. Non, franchement, je n'ai pas du tout la prétention de dire ça. Et selon d'où on vient, on ne pose pas non plus les mêmes objectifs. Et voilà, c'est complètement OK. Mais si toi, tu es actuellement en semi-guérison, peut-être que cet épisode, il va pouvoir t'apporter quelque chose et j'en serais ravie. Et si vous êtes professionnel, de la santé et de l'accompagnement, et notamment autour des troubles alimentaires, et que vous avez écouté ce podcast, vraiment, le prenez pas mal, vous ne vous sentez pas attaqué dans ce que je disais, j'aimerais plutôt planter des petites graines et permettre à plus de gens de franchir le cap, d'aller se former, et vous allez voir que professionnellement, ça va être un virage immense, et c'est vraiment beaucoup plus satisfaisant d'accompagner de cette manière-là, et vous verrez aussi que personnellement, ça vous apportera beaucoup. ça vous libérera vous aussi davantage. Merci beaucoup d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout. 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