- Speaker #0
Bienvenue dans TCA etc, le podcast qui décrypte les troubles des conduites alimentaires et tout ce qui gravite autour, parce que ça n'est jamais seulement qu'une histoire de bouffe. Je suis Flavie Mitsono et j'accompagne les mangeuses compulsives à devenir des mangeuses libres bien dans leur basket. alimentation, peur du manque, insatisfaction corporelle, peur du jugement, du rejet, empreinte familiale, grossophobie les sujets abordés dans ce podcast sont très vastes et pour ce faire mes invités sont aussi très variés retrouvez-moi aussi sur Instagram où j'aborde tous ces sujets au quotidien sur flavie.mtca très belle écoute Bienvenue Tamara dans le podcast TCA etc. Je suis ravie de prendre ce temps pour discuter avec toi ce matin. Pour commencer et pour permettre aux auditeurs, auditrices de savoir un petit peu qui tu es, même si après on va rentrer dans le vif du sujet et puis même s'il y a le titre de ce podcast qui indique quand même un peu l'idée derrière, j'aimerais bien te proposer de te présenter de la manière dont tu le souhaites. Tu es libre de dire exactement ce que tu as envie de dire.
- Speaker #1
Ok. Alors, bonjour, je m'appelle Tamara Pelèze, j'ai 41 ans, j'habite à Lausanne, en Suisse. Et puis, je suis... Alors, j'ai deux jobs, je travaille dans une université, dans l'administration, et en parallèle, je suis en train de me lancer en tant que thérapeute en nutrition intégrative. Et je suis yoga thérapeute déjà depuis pas mal d'années. Et puis, je ne veux pas dire que je souffre, parce que je ne souffre pas, mais j'ai pas mal de diagnostics, notamment d'endométriose, du syndrome des ovaires polycystiques, SOPK, de l'adénomiose. J'ai des troubles du stress post-traumatique, j'ai pas mal de choses, je suis neuro-atypique et j'ai souffert de TCA. en réponse je pense à tous ces diagnostics qui me sont tombés dessus à la chaîne en fait depuis quelques années, en voulant me guérir toute seule par l'alimentation, qui est un peu capotée, et ce qui m'a amenée aussi à me former, à étudier, et comme on parlait tout à l'heure, à écouter des tonnes et des tonnes de podcasts, lire des livres. et lire des études de recherche pour essayer de trouver des solutions et un peu comprendre ce qui se passait dans mon corps et comment trouver des solutions et au final me sortir de la solution extrême qui n'était que la nourriture.
- Speaker #0
Ouais, la nourriture comme la réponse à tous nos maux quoi. Soit c'est la coupable de tout, soit c'est la réponse à tous nos maux qui viendrait nous guérir. C'est vrai qu'il y a beaucoup ce discours-là aujourd'hui.
- Speaker #1
Ouais, c'est ça. En fait je pensais à ça hier et puis il y a une phrase qui est beaucoup dite dans cette espèce de communauté de guérir par la nourriture, c'est soit disant, alors à mon avis c'est pas du tout ce qui a été dit, mais soit disant Hippocrate qui aurait dit que la nourriture soit ta seule médecine. Et en fait, c'est quelque chose qui me dérange parce que je pense qu'en tant que nutritionniste, je suis bien consciente des bienfaits de la nourriture, notamment de la micronutrition. Je pense que ça peut avoir un impact hyper important. Mais je pense qu'il faut lâcher l'illusion qu'en fait, on peut guérir de maladies chroniques qui sont incurables uniquement par la nourriture. C'est des plans en charge global qui doivent être faits. Et puis en fait, c'est en tombant là-dedans que je suis tombée dans l'orthorexie. Et après, le pendule inverse, j'ai fait de l'hyperphagie compulsive, et là j'ai pris 30 kilos en 6 mois, c'est assez complexe.
- Speaker #0
Et puis dans cette idée de lâcher l'idée que la nourriture serait notre seule médecine, c'est aussi lâcher la culpabilité qui serait de se dire, si j'ai ces maladies-là... c'est parce que je n'ai pas été capable de bien manger. Parce que je trouve qu'il y a ce revers-là aussi de la médaille, où il y a quelque chose de très culpabilisant, en fait.
- Speaker #1
Complètement. Oui, c'est fou, parce qu'en fait, moi, j'ai eu... En fait, j'ai habité au Mexique pendant six ans. Et c'est là que j'ai été diagnostiquée. Ça, c'était en 2017. Mais en fait, ça faisait déjà depuis... Je pense que ça s'est un peu déclaré quand j'avais 14 ans. Donc il y a très très longtemps. Et en fait j'avais des règles hyper hyper douloureuses. Ma maman devenait me chercher au gymnase. En France c'est le lycée, mais ici c'est le gymnase. J'avais vraiment plein plein plein d'acné. Puis je commençais à avoir aussi, parce qu'en fait le syndrome des ovaires polycystiques ça a un impact aussi sur la santé mentale. Donc de l'anxiété, mais ça c'était dans les années 90, 90. Et du coup, il n'y avait pas du tout toute la conscience qu'il y a maintenant sur tous ces problèmes-là. Et en fait, j'ai eu 23 ans d'errance médicale où j'allais chez le médecin et puis non, madame, mademoiselle, tout est normal. Vous êtes un peu névrosée. Je ne sais pas quoi faire. C'est certainement dans votre tête, c'est normal d'avoir mal. C'est pas normal.
- Speaker #0
Oui, ça c'est terrible.
- Speaker #1
Et en fait, quand j'étais au Mexique, je ne saurais pas dire comment. Comment exactement ça a commencé ? Mais j'ai commencé à... Bon, déjà, j'ai été diagnostiquée, et puis j'ai commencé à avoir des infos. L'endométriose, c'est une maladie inflammatoire, donc il faut supprimer les aliments inflammatoires. Donc, après, j'ai commencé à être végane, parce que, soi-disant, le fait d'être végane, ça allait me sauver de tous mes problèmes. des équilibres après c'était il ne faut plus manger de sucre il ne faut plus manger pas de féculents de légumineuses parce que de toute façon je ne les dirais pas donc je me suis retrouvée à être vegan pas de manger de gluten évidemment parce que gluten c'est soi-disant hyper inflammatoire pas manger du tout de produits laitiers pas manger de sucre et en fait je suis tombée là-dedans sans avoir la conscience ou l'information qu'en fait, tout n'est pas obligé d'être pris à la lettre absolue. Et c'est OK. Il faut moduler de toute façon son alimentation par rapport à ses besoins individuels. Et je n'étais pas du tout accompagnée sur le reste, en fait, parce que c'est quelque chose qui doit être pris vraiment de manière holistique, faire un travail sur ses émotions. sur le sommeil,
- Speaker #0
sur le stress bah oui quand on parle d'inflammation c'est ça qui est terrible c'est que un des principaux facteurs d'inflammation dans le corps ça reste le stress quand même mais quelle dose de stress tu t'infliges ?
- Speaker #1
quand tu fais la liste de ce que tu mangeais j'ai envie de te dire mais qu'est-ce que tu mangeais ça ira peut-être plus vite tu vois c'est terrible et puis c'était terrible parce que ça m'est arrivé plusieurs fois d'être typiquement au resto et puis de mettre à pleurer parce que je ne pouvais rien manger en guillemets sur le menu et c'est vraiment terrible quoi. Mais paradoxalement, ça n'a jamais été, parce qu'on parle énormément dans la communauté des TCA, on parle énormément évidemment du rapport au poids et à l'apparence physique et en fait moi ça n'a jamais été un motivateur en fait. je mangeais rien donc j'étais toute mensolette mais ça a pas été une préoccupation en fait pour moi pas au début en tout cas j'imagine non pas au début en fait ce qui a commencé par rapport au poids en fait c'était pas j'ai jamais eu peur de grossir je me suis jamais dit il faut absolument que je maigris que quoi et quand j'ai commencé par contre parce qu'au bout d'un moment c'était pas tenable donc au bout d'un moment ça a fait la bascule et et je suis partie à l'autre extrême et là j'ai commencé à j'arrivais plus à m'arrêter de manger du tout je m'envoyais les énormes paquets de Maltesers tu sais de 500 grammes là dans la journée je mangeais c'était fou et puis j'étais suivie je suis une psy et je lui disais mais de un je comprends pas ce qui se passe parce que j'arrive pas à m'arrêter de manger il y a un truc qui va pas Et d'autre part, là j'ai commencé à grossir, mais j'ai pris 30 kilos en 6 mois en fait.
- Speaker #0
Non mais c'est énorme quoi. c'est énorme et t'es le choc ouais non mais le choc pour le corps le choc pour l'esprit qui a même pas le temps d'intégrer le nouveau schéma corporel et tout c'est un truc de fou en fait et je disais à ma psy il y a un truc qui va pas je comprends pas j'arrive pas à m'arrêter de manger j'arrive pas quand
- Speaker #1
je grossis j'avais l'impression que j'allais grossir à l'infini quoi et en fait là j'étais mal encadrée parce qu'elle m'a dit ah mais au moins vous êtes pas tombée dans l'alcool ou la drogue oui d'accord
- Speaker #0
peut-être que cette personne-là avait des personnes dans son entourage tombées dans la drogue ou l'alcool tu te dis et justement si on rembobine un petit peu parce qu'on va revenir c'est des choses qui m'intéressent beaucoup et qui peuvent je pense intéresser les personnes qui nous écoutent sur tout ce qui s'est joué pour toi avec l'alimentation, le rapport au corps, tout ça mais j'aimerais bien qu'on rembobine et j'aimerais bien te poser une question que j'ai un peu pris l'habitude par hasard de poser à mes invités, c'est de savoir quel est ton premier souvenir ou en tout cas ton souvenir le plus ancien qui te revient dans le lien avec ton corps je réfléchissais à ça justement et puis le
- Speaker #1
premier truc qui m'est venu c'était parce que moi je suis née, j'ai grandi en Suisse mais Je suis à moitié française et puis j'ai de la famille sur la côte d'Azur. Et du coup, je passais toutes mes vacances, tous mes étés au bord de la mer et à la plage. Et en fait, j'ai aussi de la famille en Guadeloupe. Donc du coup, j'ai aussi passé beaucoup de temps là-bas,
- Speaker #0
à la mer.
- Speaker #1
Et en fait, ouais. Et un des premiers souvenirs, quand je pense à ça, c'est d'être... la sensation du soleil et du sable, de la mer. J'adore être dans l'eau. J'ai toujours adoré être dans l'eau, de sauter partout comme un poisson et d'être vraiment hyper libre dans mon corps. Mais paradoxalement, j'ai reçu énormément de messages dans ma famille que je ne sais pas d'où ça sort parce que je regarde les photos et ça me paraît complètement hallucinant et invraisemblable parce que j'étais objectivement pas du tout… Je dis… bien quoi même pas enrobée mais en fait j'ai entendu pas mal de messages comme quoi j'étais trop gourmande comme quoi Tamara elle aime bien manger Tamara elle est pas du tout sportive que je sais pas il y avait des comparaisons avec une de mes cousines notamment comme quoi moi j'étais en fait en fait on m'a fait ressentir que j'étais un peu grosse quoi alors que pas du tout et en fait Donc le premier souvenir c'est ça, c'est vraiment ce sentiment de liberté, d'être juste bien dans mon corps comme n'importe quel enfant devrait se sentir en fait. Mais que assez rapidement j'ai intégré l'info qu'il y avait quelque chose qui n'était pas bien en fait, ou qui aurait pu être mieux.
- Speaker #0
Ouais c'est ça.
- Speaker #1
Et puis que je n'étais pas assez sportive, que je devrais être sportive, que j'étais trop gourmande.
- Speaker #0
donc je pense que c'est des petites graines qui ont été plantées déjà c'est intéressant parce que tout de suite le lien est fait aussi avec l'alimentation c'est à dire qu'il n'y a pas juste des réflexions qui sont faites sur ton corps c'est mis en lien avec tu serais trop gourmande donc hop on fait tout de suite le lien avec tu manges pas comme il faut et je me demandais justement toi si je te posais la même question que pour ton corps avec l'alimentation c'est quoi tes premiers souvenirs ou ton premier souvenir marquant de
- Speaker #1
ton lien avec l'alimentation ben c'est ça en fait c'est en fait c'est ultra paradoxal c'est limite un peu les messages que j'ai reçus parce que c'était un peu plus long Tu vois, le côté, on aime bien manger, on est français, la cuisine, c'est super bon. Mon père, en plus, était uruguayen. Donc, du coup, là aussi, on mange beaucoup. Mes deux parents cuisinaient, cuisinaient bien en plus les deux. Mais paradoxalement, c'était aussi, il ne faut pas trop manger, être gourmande. En fait, c'est hyper bizarre parce que quand on est petit, être gourmande, c'est chou, c'est mignon. Un enfant, c'est trop chou, elle aime bien manger. En fait, paradoxalement, c'est il ne faut pas être trop gourmande. C'est toujours trop gourmande. C'est cool, elle aime bien manger. C'est hyper positif, en fait, de bien aimer manger. Mais en réalité, non, c'était trop gourmand. J'ai souvent entendu ma mère dire, par exemple, elle mangeait des gâteaux. Ça, c'est horrible. Ça, c'est terrible. Ça, c'est la perdition. Toujours un langage vraiment hyper dichotomique, comme ça, entre le fait que quelque chose qui est super bon et qui fait super plaisir, c'est hyper mal. C'est la perdition. Et puis... Et ça, c'est quelque chose sur lequel j'ai pas mal travaillé parce que c'est quelque chose que j'ai beaucoup entendu. Et paradoxalement, il y avait aussi tout le truc, je pense que c'était hyper prévalant dans les années 80 et 90. Il faut surtout jamais laisser quoi que ce soit dans l'assiette, il faut finir sur l'assiette même quand t'as pas faim. parce qu'il y a des petits enfants qui meurent de faim dans le monde et puis toi tu as de la chance de pouvoir manger et puis tu finis ton assiette que tu aimes que tu aimes pas que tu es fin que tu n'es pas fin pour finir son assiette quoi et ça après ça s'est manifesté quand j'étais quand j'étais en train de parce que j'ai fait un groupe de de tcc donc de thérapie comportementale cognitivo-portale voilà de groupe pour le tca qui a été hyper efficace et ça c'était un truc était ressorti en fait c'est qu'à un moment donné j'avais une espèce de d'angoisse qui remontait si d'un coup je finissais pas mon assiette en fait. J'avais l'impression d'être au bord d'un précipice. Et si je m'arrêtais de manger juste à un stade où j'étais bien... satisfaite, rassasiée et tout, en fait, ce n'était pas possible pour mon corps. Ça me générait vraiment des angoisses. C'était hyper bizarre.
- Speaker #0
Oui. OK. Donc, un peu une enfance teintée de paradoxes.
- Speaker #1
Oui. Pas mal de paradoxes.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
C'est clair.
- Speaker #0
Sur le niveau alimentaire. Et aujourd'hui, dans ta famille, c'est toujours la même chose ? Comment on sait ? Comment ça se passe ?
- Speaker #1
Ouais, c'est un peu... Alors, tout le monde est plus âgé, donc c'est vrai qu'il n'y a plus trop... Déjà on est moins souvent ensemble quand même parce qu'on n'habite pas non plus dans le même pays et tout. Mais c'est vrai que je pense que ce n'est pas quelque chose qui a été amené à la conscience chez plein de monde dans ma famille. Et du coup, j'imagine que ce n'est pas quelque chose qui est réglé chez les personnes. Mais moi, je n'ai plus vraiment de... En tout cas, même si d'un coup on dit des choses, moi ça me... je prends plus ça pour moi quoi, si d'un coup ma mère me fait une remarque,
- Speaker #0
ça ne la concerne en fait ça ne me regarde plus quoi ok mais ça peut arriver en fait encore c'est à dire que tu peux quand même bien survenir des remarques oui oui mais ça arrive par la part des choses quoi waouh mais ça alors c'est quoi ta solution magique parce que je pense qu'il y a beaucoup d'auditrices qui vont être ultra intéressées non mais c'est vrai que c'est une question qui revient souvent de comment gérer ça parce que l'entourage quand on sur un parcours de guérison des troubles alimentaires C'est ce que tu disais, il y a des tonnes de prises de conscience sur le chemin, de mise au travail, de plein de choses. Et du coup, le rapport à soi, au corps, à l'alimentation, tout ça, ça bouge du tout au tout. Sauf que les proches autour, certains prennent le train, certains quand même, tu vois, selon le degré de proximité. Mais il y en a plein qui ne vont pas bouger, de toute façon. C'est clair. Et qui vont rester avec les mêmes réflexions, la même façon de penser. Et pour beaucoup de personnes, ça, c'est très difficile à gérer, tu vois.
- Speaker #1
En fait, moi, ce que j'ai... déjà en toute transparence moi ça fait des années que j'ai fait enfin pas pas forcément régulièrement mais des années des années de thérapie et de déconstruction de toutes ces choses là donc ça c'est je pense que c'est quelque chose qui est très important et aussi Tout ce que j'ai appris, notamment dans ma formation en tant que nutritionniste, dans tout ce que j'ai pu faire pour me renseigner sur les TCA, sur les mécanismes, de comment fonctionne le cerveau, des engrenages et tout ça, en fait, maintenant, j'arrive à savoir, j'ai une espèce de compas interne qui me dit ça c'est juste, c'est la vérité et ça en fait c'est le fruit aussi de notre société parce qu'on est dans une société qui est complètement orthorexique et qui est complètement grossophobe et puis on est tous dedans, on baigne tous dedans et en fait c'est un travail actif proactif à faire en fait pour déconstruire et se libérer de ces schémas là et d'accepter que en fait comme tu dis il y a certaines personnes qui prennent le train et certaines personnes qui ne prennent pas le train et de dire en fait les personnes qui sont encore là dedans c'est juste qu'elles n'ont pas pris le train rires Ouais. Et en fait ça n'a rien à voir avec moi en fait. Ça c'est quelque chose qui m'aide énormément, c'est de me dire qu'en réalité ça n'a rien à voir avec moi. Ouais. C'est une réflexion de leur schéma et vraiment instantanément ça me recentre et je me dis est-ce que ça résonne à l'intérieur de moi et en fait ça ne résonne plus. Et donc en fait ça n'a rien à voir avec moi et c'est pas la réalité quoi.
- Speaker #0
Ça me fait penser à une phrase que j'aime beaucoup qui est la vie des autres donc la vie, L apostrophe A-V-I-S, n'est que la vie, la vie des autres. Et ça rejoint exactement ce que tu disais juste avant en disant mais en fait quand elle me fait une réflexion comme ça, elle parle d'elle.
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #0
Elle parle de toi. Et je pense que ça... c'est quelque chose à garder en tête. Ces gens-là qui font des réflexions sur le corps, votre corps, le corps des autres, la bouffe, la bouffe des autres, qu'est-ce que tu manges, qu'est-ce que tu ne manges pas, moi j'ai mangé ça, en fait, ça témoigne de leurs insécurités et de leurs problématiques avec tout ça.
- Speaker #1
Complètement, oui. Après, c'est vraiment difficile, surtout quand c'est la famille proche. On est formaté pour intégrer ce qu'on nous dit en tant qu'être humain, de nos parents, de nos frères et sœurs. des gens qui sont vraiment dans notre cercle premier, c'est difficile. Et puis après, il faut aussi faire le travail de dire que ce n'est pas parce que je n'absorbe pas ce que j'entends que je rejette aussi.
- Speaker #0
Oui, c'est intéressant ça.
- Speaker #1
On a des conflits de loyauté qui peuvent être ancrés hyper profondément. Mais je pense qu'au final, ce n'est pas égoïste que de refuser de se flageller et puis de se faire souffrir. Surtout par rapport à l'alimentation parce qu'en fait c'est beaucoup plus complexe que ce qu'on veut bien nous faire croire et puis que ce soit pour perdre du poids ou dans une optique esthétique ou dans une optique de santé en fait, c'est beaucoup plus complexe que ça et la subtilité elle n'est pas là parce que les gens ont besoin d'entendre des solutions faciles, de dire ah oui. fais ça, fais ce régime miracle et tu vas perdre 15 kilos avant l'été ou arrête de manger tel aliment et tu vas guérir mais en fait ça c'est des messages qui sont simplistes qui viennent de la dette culture de la culture de régime et de cette culture orthorexique qui vend des solutions faciles mais qui sont illusoires et qui vendent en fait à la base c'est du marketing tout ça mais c'est tellement tellement ancré profondément dans la société dans laquelle on vit que c'est hyper dur de pas écouter mais c'est possible justement
- Speaker #0
c'est bien tu me fais une transition parfaite tu parles de la guérison genre ouais mange ça et puis tu verras tes problèmes seront derrière toi ça me permet de faire le lien avec justement les pathologies dont tu as parlé un peu en préambule notamment l'endométriose et le syndrome des ovaires polycystiques qui sont des pathologies tout à l'heure tu disais dans les années 90 il faut resituer on ne savait pas tout ce qu'on sait aujourd'hui je trouve qu'on avance à tout petit pas c'est vrai que ça n'a rien de comparable avec les années 90 je pense que l'endométriose on en entend plus parler mais des fois je me demande si ça ne brasse pas plus de l'air qu'autre chose et le SOPK pour le coup je trouve qu'il y a toujours un vide sidéral autour de ça c'est à dire que à titre d'exemple moi je suis pas du tout une experte là-dedans mais il y a tellement un lien qui s'impose à moi avec le comportement alimentaire parce que aussi avec le rapport à son corps avec les histoires de prise de poids et tout que En fait, j'étais bien obligée de m'y intéresser, me renseigner un peu. Mais je veux dire, quand je dis que je ne suis pas une experte, c'est que déjà, je ne l'ai pas vécu moi-même. Et voilà, je n'ai pas de formation spécifique à ça. Et pour autant, je vais te dire, mais ça me rend complètement dingue, il y a plusieurs personnes autour de moi, que ce soit des personnes que j'ai accompagnées ou des personnes de mon entourage, je suis la première personne qui leur a parlé de ça. Parce qu'elles me parlaient de différentes choses et que je mettais en lien. Je disais, mais attends. T'as déjà eu un diagnostic de SOP4 ? T'as déjà entendu parler de ça ? Ah bah non bah oui non mais c'est vrai que j'ai sans arrêt plein de kystes ovariens mais on m'a jamais dit que si que ça on a jamais fait le lien enfin franchement ça rend dingue vraiment ça rend dingue c'est de la folie et là c'est hyper actuel c'est à dire qu'il y en a une c'est une discussion que j'ai eu il y a quelques semaines quelques mois avec une personne et puis une autre personne que j'ai accompagnée l'année passée tu vois c'est une personne qui arrive en pré-ménopause et qui du coup se repose plein de questions sur l'effet de son cycle tout ça et en parlant de ça avec elle et en remontant depuis l'adolescence et tout en fait, mais horrible il se trouve que cette personne elle souffre, enfin elle souffre elle est atteinte très certainement d'un SOPK quoi c'est la folie,
- Speaker #1
en fait c'est la folie et c'est d'autant plus la folie quand on sait que l'endométriose ça touche une femme sur dix voilà qu'on sait, parce que c'est, je pense, les statistiques de femmes qui sont diagnostiquées. Il y a toutes les personnes qui ne sont pas diagnostiquées parce qu'on leur martèle le cerveau que c'est normal d'avoir mal, qu'on leur dit Ah, mais vos symptômes ne sont pas assez sérieux pour qu'on aille investiguer plus loin. Et le SOPK aussi, je ne me rappelle plus exactement, mais c'est dans le même ordre d'idées. C'est gigantesque, en fait, le nombre de femmes qui sont atteintes de ces maladies. Et en fait, le problème… D'une part, c'est qu'on ne connaît pas les causes. Réellement, même l'endométriose, on ne connaît pas la cause. Il y a des théories, oui, parce que soi-disant, le sang remonterait dans les trompes et ça se disséminerait ailleurs. Je pense que tout est avéré. En fait, on ne connaît pas les causes. D'autre part, et ça, ce n'est pas le débat du jour, mais c'est un vrai débat, c'est des maladies qui sont quand même féminines. Et là, c'est des femmes. n'est pas financée à le même titre que la santé des hommes, n'est-ce pas ? Donc il n'y a pas autant d'argent qui est mis dans les recherches, mais c'est vraiment des maladies qui sont hyper prévalentes en fait. Et je me perds, je ne me rappelle plus ce que tu m'as demandé exactement par rapport à ça.
- Speaker #0
Ce n'était même pas vraiment une question, je faisais un constat sur le fait que je trouve que c'est toujours trop méconnu. toujours trop peu pris en charge mais la question que j'avais envie de te poser c'était de savoir si t'étais ok pour en parler un peu expliquer comment ça s'est manifesté en tout cas pour toi c'est quoi les symptômes de l'endométriose du SOPK ça a été quoi ta vie avec ça et puis on va pouvoir ensuite faire les liens tu sais avec tous les liens tous les impacts je pourrais dire que ça a eu il y a plein de niveaux alors
- Speaker #1
Ok, donc l'endométriose, en fait c'est juste pour faire un tout petit topo pour les gens qui ne sont pas tout à fait au clair. C'est des cellules de l'endomètre. L'endomètre, c'est la paroi qui est à l'intérieur de l'utérus, qui est évacuée tous les mois quand les femmes en âge de procréer ont leurs règles. C'est le sang en fait, c'est ça, c'est l'endomètre. Et en fait, c'est des cellules. qui, on ne sait pas exactement pourquoi, migrent à l'extérieur de l'utérus et vont se loger sur... Alors moi, j'en ai sur le diaphragme, sur le foie, sur les intestins, tout autour du rectum, autour de la vessie, sur l'utérus. Enfin, il y en a partout. Dans les cas extrêmes, ça peut atteindre le cœur, le cerveau. Et en fait, ça fait comme des métastases qui ne sont pas du tout cancéreuses parce que ce n'est pas... c'est pas malin, c'est des métastases de béni, mais ça va se loger un peu partout à l'extérieur de l'utérus, là où elle ne devrait pas être, et ça peut créer des adhérences. Ça veut dire que, par exemple, le tissu croît et les organes peuvent se coller entre eux. Moi, notamment, j'ai l'ovaire gauche qui est collé à l'utérus. Ça peut être l'utérus qui se colle contre la vessie. Ça peut être vraiment, au niveau physique, c'est ça qui se passe. et en fait ça provoque des douleurs qui sont vraiment atroces, ça peut être vraiment très très violent, et ça a aussi un impact systémique, ça veut dire que ça va toucher plusieurs systèmes, ce n'est pas que l'utérus qui est affecté, notamment un des symptômes très prévalents, qui est aussi très prévalent dans le syndrome des ovaires polycystiques, c'est la fatigue chronique. Donc vraiment une grosse fatigue, des gros problèmes digestifs, parce que forcément le corps est en état d'inflammation, malheureusement parfois constant avant que ce soit pris en charge. Et il y a, je ne vais pas rentrer dans les détails de la biologie, mais il y a les prostaglandines en fait qui sont libérées par certaines hormones et tout ça qui vont créer en fait des espèces de contractions. du système digestif qui fait qu'on peut avoir la diarrhée, l'intestin irritable et tous les effets aussi psychologiques qui sont la dépression, l'anxiété parce que c'est ultra handicapant, on ne comprend pas ce qui se passe. Et en fait, ce qui est hyper difficile, et ça c'est commun aux deux maladies, je pense, c'est… On va chez le médecin. Quand on a de la chance, on est diagnostiqué. Donc moi, ça m'a pris 23 ans. J'ai dû être opérée pour qu'on me dise Ah oui, effectivement, c'est l'endométriose et puis oui, le SOPK. Et c'est tout.
- Speaker #0
Oui, c'est ça.
- Speaker #1
Il n'y a pas la présence. Alors oui, vous pouvez prendre la pilule pour mettre en pause les symptômes. Mais en fait, la pilule, ce que ça va faire, c'est que ça va en guillemets mettre sous silence. ou diminuer les symptômes, mais en fait la maladie continue de progresser. Et alors si on a de la chance, on se fait opérer, ils vont nettoyer, mais en fait il n'y a pas proactivement de la part du corps médical à l'heure actuelle une vraie prise en charge qui implique plein de choses différentes. Moi j'ai été suivie par une ostéo-gynéco, donc elle est travaillée en interne pour aller libérer les tensions, parce qu'en fait à force d'avoir mal tout ce contracte, et moi je pensais au début naïvement que je me disais mais en fait mon corps il va s'habituer au fur et à mesure je vais avoir moins mal parce que mon corps il sera habitué mais en fait c'est le contraire c'est ça les nerfs deviennent plus sensibles et en fait quand il y a un signal de douleur il réagit tout de suite et en fait on a de plus en plus mal et ça c'est le stéosynéco qui m'avait expliqué le cycle de la douleur qui fait que plus t'as mal plus t'as mal et elle m'avait vachement aidée parce qu'en plus de ça ça peut après ça évolue forcément Et moi je commençais à avoir des symptômes de fibromyalgie, c'est-à-dire que j'avais mal dans les avant-bras, dans les genoux, parce que les nerfs communiquent entre eux, la douleur elle voyage, d'un coup ça commence à devenir un truc vraiment tout le corps. Donc il y a ça, il y a évidemment l'alimentation, il faut être accompagné à plein de niveaux en fait, et quand on est chez le médecin, on a le diagnostic, on a prenez des antidouleurs et on va voir. Ciao, rentrez chez vous quoi ! Et donc ça c'est le genre de métriose. Et le SOPK, qui est aussi un dérèglement hormonal et qui est aussi inflammatoire, ça c'est encore plus... compliqué je pense dans une certaine mesure que l'endométriose parce que le SOPK c'est pas des symptômes précis il n'y a pas un... parce qu'endométriose c'est quand même il y a plein de choses différentes mais c'est quand même la douleur c'est quand même des lésions physiques qui voyagent dans le corps
- Speaker #0
Mais le SOPK, en fait, c'est les ovaires polycystiques, mais ce n'est pas toujours le cas. Donc, en fait, on peut avoir quelqu'un qui est diagnostiqué de SOPK, mais qui a des ovaires qui sont, en guillemets, normaux, qui ne sont pas gorgés de follicules. Un des symptômes, ça peut être l'absence de règles ou un cycle très, très, très irrégulier. Il y a des femmes qui ont leurs règles trois fois par année, ou une fois par année, ou des cycles qui durent 50 jours. Un hyper androgénisme qui fait que d'un coup on a des poils, là où en tant que femme normalement on ne devrait pas avoir autant de poils, donc sur le menton, entre les seins, sur la poitrine. Une perte de cheveux sur le sommet du crâne, une grosse perte de cheveux, l'acné et la prise de poids. Et la prise de poids c'est un symptôme, ce n'est pas la prise de poids qui va causer le SOPK. C'est parce que d'un coup c'est la réputation. Oui,
- Speaker #1
j'ai bien précisé.
- Speaker #0
Oui, parce que ça aussi, on l'entend aussi beaucoup. Mais tu n'as qu'à perdre du poids, ça va guérir ton SOPK. Non, la prise de poids, c'est un symptôme. Et c'est dû au fait du métabolisme qui est perturbé. Chez certaines personnes, il y a une résistance à l'insuline qui se crée et des envies de sucre qui sont complètement incontrôlables. C'est vraiment hyper complexe. Et là aussi, il y a le côté psychologique où il y a des détresses aussi. ben voilà, on est en dépression, on est anxieux, ça peut causer aussi de l'anxiété, parce que vu qu'il y a un dérèglement hormonal, les hormones, ce n'est pas que les hormones de fertilité, il y a aussi, ça joue sur les neurotransmetteurs du cerveau.
- Speaker #1
Mais oui.
- Speaker #0
Et c'est ultra complexe, en fait. Et en fait, on nous dit, on va chez le médecin, on nous dit, oui, il faut tomber enceinte, il faut perdre du poids, puis toi, tu es là, mais en fait, justement, je ne peux pas, parce que... C'est un peu le serpent qui se mord la queue. Et on est très peu accompagné. Et c'est très stigmatisé aussi. Surtout par rapport au poids. Mais tu n'as qu'à faire du sport et faire un régime et tu vas perdre du poids. Mais en fait, à partir du moment où ça commence à être hormonal et le métabolisme qui est en jeu, c'est hyper complexe.
- Speaker #1
En fait, le mange moins, fais plus de sport, ça ne marche pas. Ça marche. Oui, bien sûr, on ne va pas dire que ça ne marche pas. Ça marche à court terme. Ça peut marcher à court terme, en tout cas. A long terme, non, ça ne fonctionne pas. Alors, a fortiori, encore plus, si tu as une difficulté hormonale par-dessus, bien sûr qu'on sait que ça va être perdu d'avance. Et en plus de ça, ça va juste très certainement empirer le problème, en fait. Enfin, les problèmes, que ce soit des problèmes de dépression, ce qu'on considère comme étant un problème de poids, parce qu'à chercher à mincir, à manger moins ou à contrôler son poids, c'est là où tu risques d'entrer dans la brèche TCA, suralimentation, compulsion etc. C'est terrible, c'est pour ça que ça fait longtemps que j'ai envie de parler de ce sujet-là sur le podcast parce que forcément que parmi les personnes qui finissent par venir vers moi il y en a peut-être je ne sais pas quelle proportion on pourrait imaginer qui sont atteintes peut-être d'un SOPK mais... En tout cas, c'est quelque chose qui est très mal pris en charge.
- Speaker #0
Très mal pris en charge. Et ce qui est dangereux aussi par rapport... Alors, ça ne veut pas dire que toutes les personnes qui sont atteintes de ces maladies font des TCA, forcément. Non, c'est sûr. D'accord. Mais en fait, ce qui est hyper délicat, c'est qu'on va essayer de guérir grâce à l'alimentation, mais en étant dans la restriction. Et ça, je sais que tu en parles beaucoup, et à quel point c'est important, en fait, d'alerter, enfin, j'ai envie de dire, pour alerter la population, quoi. Oui,
- Speaker #1
mais ça, c'est un peu l'idée dans laquelle je suis, aussi, tu vois. J'ai l'impression d'être avec un mégaphone, des fois, en train de répéter mes trucs. Ah, bah, la restriction, tu sais, comme les manifs politiques, là.
- Speaker #0
Non, mais parce qu'en fait, c'est tellement, tellement important, parce qu'en fait... Je pense que la nourriture, ça peut être bénéfique. Vraiment, ça peut avoir un impact important. Mais ce qui est bénéfique, ce n'est pas la restriction. C'est de s'assurer que le corps est nourri de ce qu'il a besoin au niveau cellulaire. Et ce n'est pas la restriction qui va faire ça. Et en étant dans la restriction, comme tu le dis très bien dans d'autres épisodes sur ton Instagram, qui est hyper important, c'est qu'en étant dans la restriction, le corps va chercher à compenser parce qu'en fait, on n'est pas... On n'est pas des voitures qui doivent être remplies d'essence pour fonctionner. Enfin, nos cellules, alors il y a la nourriture physiologique, disons, mais on est des êtres humains. On est des êtres humains complexes et on doit être nourris à tous les niveaux. Et en fait, la restriction, ça va faire partir le balancier de l'autre côté. Ça va créer des compulsions qui sont exacerbées par la douleur, par les hormones et tout ça. Mais même en ayant... Ces maladies, c'est possible de trouver un équilibre en s'assurant qu'on écoute son corps, qu'on mange suffisamment, qu'on nourrit son corps de ce dont il a besoin, qu'on n'exclut pas des groupes entiers d'aliments, parce que moi j'ai entendu plein de fois, parce qu'en fait je suis allée voir, avant de moi me former, je suis allée voir plein de nutritionnistes, parce que je sais là, mais en fait j'ai entendu dire qu'on pouvait guérir avec la nourriture, aidez-moi ! Et c'était oui, alors plus jamais tu vas manger de gluten jusqu'à la fin de ta vie. Il ne faut absolument plus jamais manger de sucre transformé, de produits transformés parce que c'est inflammatoire. Ce qui, dans le fond, ce n'est pas faux. Forcément, quelqu'un qui mange McDo trois fois par jour, tous les jours de sa vie, et qui ne boit que du coca, et qui ne boit jamais d'eau, et qui ne fait pas de sport, et qui ne voit jamais la lumière du soleil, forcément, ça ne va pas être bénéfique pour le corps. dans le cadre d'une alimentation équilibrée, et j'entends pas équilibrée dans le sens compter les calories, faire attention au macro, nanan, mais manger de tout, se faire plaisir, équilibrer dans le sens aussi nourrir son âme en fait, parce que le plaisir ça tu le dis aussi, j'écoutais un épisode l'autre jour, remettre le plaisir aussi dans l'assiette, ça, ça va nous nourrir. Et ça va donner au corps ce dont il a besoin. Et même en étant atteint de maladies chroniques, au bout d'un moment, le corps va dire, tu sais quoi, là, j'ai envie d'une salade. Je ne sais pas, moi, j'ai eu une phase quand j'étais en hyperphagie, là, où je mangeais un paquet entier de carambars dans la journée, plein de croissants, du pain, des pâtisseries, des vinaigreries, tout ce que je m'étais interdite pendant tellement d'années. Et en fait, j'ai essayé, j'ai été accompagnée, mais de complètement lâcher les restrictions. Et au bout d'un moment... C'est comme si on pète un barrage et forcément au début, il y a toute l'eau qui va sortir, ça va être hyper violent, ça va arracher des arbres. Et au bout d'un moment, ça s'apaise en fait. Et au bout d'un moment, le corps va dire tu sais quoi, j'ai envie de manger de la viande, j'ai envie de manger des légumes, j'ai envie d'un fruit, et puis j'ai envie d'une glace Et en fait, si on arrive à revenir à une écoute et à donner aussi les bases dont le corps a besoin, on peut passer à autre chose. prendre soin de sa santé, prendre soin de son corps et profiter de la vie parce que la vie est courte. On n'est pas là pour paranoïer sur ce qu'il y a dans notre assiette. Et je pense qu'en fait, c'est un tout petit peu plus subtil quand on a une maladie chronique parce qu'évidemment, on peut prendre des compléments alimentaires, il faut quand même réguler l'inflammation, il faut être plus attentif à ses symptômes, de se dire bah oui, effectivement, ce mois-ci, j'ai… Si j'ai fait cinq apéros, peut-être que je vais avoir plus mal à mes prochaines règles. Mais en fait, il faut vraiment lâcher cette façon de penser qui est tout ou rien. Et cette peur, en fait. Moi, j'avais peur. Quand j'ai recommencé, j'y repense, mais j'ai envie de me faire un câlin à la moi du passé. Parce que la première fois où j'ai remangé du gluten, je me suis dit que je vais mourir. J'ai mangé, j'attendais la catastrophe et en fait, rien ne s'est passé. J'ai survécu. La première fois où j'ai remangé de la viande, mon corps était là. Ah, merci, merci. En fait, quand j'étais vraiment dans l'orthorexie, j'avais peur de mourir. Parce que j'entendais tellement toutes ces solutions miracles, définitives, hyper rigides. Et en fait, on évolue dans la peur. Et ça, c'est quelque chose qu'il faut lâcher. Mais c'est un gros travail à faire, mais c'est possible.
- Speaker #1
Oui, ça y est. pas mal d'impact sur toi on l'a bien compris par rapport à tout ce que tu expliquais fin on sent que finalement ces maladies chroniques qui débarque très tôt finalement qui mène beaucoup de temps est diagnostiquée toi tu cherches à les guérir à ce moment là par le biais de l'alimentation ça a eu un impact bas sur ton comportement alimentaire tu dis que finalement tu as fini par développer des troubles alimentaires alors que de base Parce que tu précisais, il n'y avait pas du tout de volonté de mincir ou quoi, c'était vraiment sur une question de santé, apaiser les douleurs, etc. Et dans le rapport à ton corps, je me demandais quels impacts... Alors, je mets de côté un peu, tu vois, les TCA, enfin, on va forcément en parler de toute façon, mais là, plutôt, le premier sens de ma question, c'est plutôt ces symptômes d'endométriose de SOPK. Quels impacts ça a pu avoir sur la relation à ton corps ?
- Speaker #0
Pendant longtemps, déjà, j'ai eu une phase où j'avais hyper peur d'avoir mes règles. Tellement c'était violent. Ça m'est déjà arrivé de m'évanouir à cause de la douleur, de ne pas réussir à marcher, de ne pas réussir à me lever, d'avoir mal dans n'importe quoi. assise, couchée, de côté, debout, j'avais mal tout le temps. Donc d'une part, j'ai eu une phase où j'avais vraiment l'angoisse d'avoir mes règles, c'était horrible. Et j'ai eu aussi pendant longtemps la sensation que mon corps était contre moi et que mon corps me trahissait. Vraiment, ce n'était pas du tout une relation harmonieuse. Mais au-delà de l'apparence ou de comment je me voyais physiquement, c'était vraiment mais pourquoi tu m'en veux ? Qu'est-ce que je t'ai fait ? Pourquoi tu me fais souffrir à ce point ? Ça, c'était pendant très longtemps. Et ça, j'ai vraiment souffert de ça. Et puis, j'ai aussi pas mal d'insomnie à un moment donné. Puis, la peur de m'endormir parce que de toute façon, je n'ai pas réussi à dormir. Oui, c'était vraiment… En fait, ce n'était même pas une relation de haine ou de je n'aime pas mon corps mais c'est en fait je suis une victime de mon corps J'ai ressenti ça pendant longtemps. De toute façon, quoi que je fasse, rien ne va fonctionner, rien ne m'apporte du réconfort, rien, il n'y a rien qui marche, de toute façon, c'est foutu, enfin, c'est assez violent. Heureusement, c'est passé, mais ouais, c'était surtout ça en fait. Par contre, uniquement, alors effectivement, j'étais mince, je pouvais m'habiller comme je voulais, enfin voilà, mais après, je n'ai jamais été aussi mal. Quand j'étais en plein dans l'orthorexie, même les symptômes physiques de l'endométriose et du SOPK, j'avais énormément d'acné alors que j'avais 30 ans, fin de la vingtaine, la trentaine ou quoi. Et je n'ai jamais eu aussi mal des douleurs d'endométriose, de la digestion catastrophique. C'était horrible, j'étais hyper faible. Je me rappelle, je bossais quand j'étais rentrée en Suisse. À pied, je pense qu'objectivement, c'était 15-20 minutes de chez moi jusqu'à mon boulot. Et je ne pouvais pas aller bosser à pied parce que j'étais trop faible, en fait. Je faisais du sport. Je me rappelle une fois, j'étais au fitness. Et puis, je courais sur le tapis pendant un quart d'heure. Ça m'a déclenché des douleurs terribles. J'ai fait une résurgence. C'était hyper chaotique, en fait, comme relation. Et pas du tout dans l'harmonie. Et pas du tout, j'étais incapable d'écouter mon corps, de savoir, en fait, de quoi tu as besoin.
- Speaker #1
Oui,
- Speaker #0
parce que c'était ça, quoi.
- Speaker #1
Et puis, on se dit, ah ouais, mais en fait, ça veut dire que tu t'es lancée dans tout ça pour apaiser des symptômes et ça ne marchait pas du tout, en fait.
- Speaker #0
Pas du tout, pas du tout. Non, non, mais c'est ça qui est affreux. C'est qu'en fait, j'étais vraiment... Et bon, alors le fait qu'aussi mon cerveau, il ne fonctionne pas tout à fait 100% comme tout le monde, mais en fait, c'est que moi, j'entendais une info. Par exemple, il ne faut plus jamais manger de gluten. Et à aucun moment, je me suis dit, mais en fait, renseigne-toi, peut-être que toi, tu as une tolérance, une petite tolérance. Et là, en fait, maintenant, j'ai une petite tolérance. Je peux manger un ou deux trucs qui ont du gluten par jour, ça va, quoi. Enfin, pas que j'en abuse, parce qu'après, j'ai mal au ventre, mais ça va. Mais en fait, je me suis lancée là-dedans, c'était genre, pas de gluten, ok, pas de gluten, 100%, pas de gluten, tac. Ah, il ne faut plus manger de produits animaux, il faut supprimer le sucre, supprime le sucre. Et à aucun moment, en fait, je m'étais laissée l'espace de dire Mais qu'est-ce qui est juste pour moi,
- Speaker #1
en fait ?
- Speaker #0
Et ça, malheureusement, je pense que c'est quand même le cas chez pas mal de monde. Et ouais, c'est contre-productif à souhait. Et en fait, c'est terrible parce que tu te dis Mais je fais tellement d'efforts, je fais tellement d'efforts, en fait, je fais tout juste. Et en fait, ça ne marche pas. Et c'est hyper déprimant.
- Speaker #1
Oui, mais ce qui est quand même assez incroyable, c'est... le fait que... Alors, peut-être qu'il y a aussi le TCA qui a quand même pointé le bout de son nez. Enfin, tu vois, c'est ça qui est difficile aussi à mesurer. Dans quelle mesure il avait déjà commencé à prendre possession un peu de toi ? Parce que ce que tu dis, ça fait vraiment écho aux personnes qui disent Ok, je vais entamer ce régime trop bien. Les gens, ils ont l'air de trop bien maigrir et tout. Génial. Allez, j'y vais. Putain, mais je fais tout. Et en fait, ça ne marche jamais. Et en fait... Dans ce cas de figure, quand tu prends un peu de recul, tu te dis juste parce que le truc ne marche pas. En fait, la logique voudrait qu'on mette en question l'outil, mais non.
- Speaker #0
Exactement.
- Speaker #1
C'est sûr qu'on met en question, tu vois. C'est ça qui est quand même assez incroyable. Mais c'est un fonctionnement très commun.
- Speaker #0
Oui, c'est ça. Et j'aime bien l'expression que tu as utilisée. Là, tu viens de dire que c'est le Tessier qui a pris possession de toi. Oui. Et moi, j'avais vraiment l'impression, à un moment donné, d'être possédée. Sur le côté TCA, je me disais, mais en fait, j'ai aucun contrôle. En fait, je suis comme si j'étais dans un vaisseau spatial et que les commandes ont été piratées et qu'en fait, moi, je ne gère plus rien. Et en fait, il y a un espèce de diable dans la tête qui a pris les commandes et qui me dit, mais en fait, tu pourrais supprimer encore un autre truc. Ou tu pourrais essayer de faire une détox, ou tu pourrais te relancer dans un truc et tout. Et je pense qu'en fait, c'est vraiment, ça s'est rétroalimenté en fait. Je pense que j'ai commencé, alors les diagnostics physiques sont très réels, j'ai vraiment ces maladies. J'ai vraiment essayé de trouver des solutions. Je pense qu'il y avait une toute petite brèche et le TCA s'est incerté dedans et il a pris les commandes. Alors qu'en fait, ce qui aurait été mieux, c'est de dire, effectivement, tu peux mettre certaines choses en place au niveau de l'alimentation qui vont t'aider, mais tu n'es pas obligé d'être à 100%. Et il y a aussi mille autres trucs à côté qui vont aussi aider pour que tu puisses… En fait, maintenant, moi et mon corps, on est une équipe. Et puis, on va de l'avant ensemble et on se fait aider.
- Speaker #1
Mais en même temps, je ne peux pas m'empêcher de penser en t'écoutant que potentiellement, le fait d'être dans ce contrôle hyper rigide qui finit par être un trouble alimentaire, c'est aussi mettre toute ton attention et ton énergie là-dedans et donc un moyen de gérer, survivre à ces douleurs et à ce, j'avais envie de dire, désespoir. Je ne sais pas si le mot est juste, mais de dire mais il me le sent. tu vois à ce côté un peu j'ai tout le temps mal, il y a genre rien à y faire et au moins tu te voues à une cause, en fait c'est quand même souvent le cas, peu importe pourquoi le TCA arrive, si c'est en lien avec le poids ou quoi cet hyper contrôle en fait souvent il répond à un besoin tu vois de pas regarder autre chose ou d'avoir l'impression de reprendre le contrôle sur sa vie sur au moins autre chose tu vois je pense que
- Speaker #0
Alors moi, j'ai chance ou pas de chance, je ne sais pas. Mais moi, c'est vrai que ça n'a jamais été pour contrôler mon poids. Mais je pense que c'est exactement le même mécanisme que pour les personnes qui sont tombées dans les TCA dans le but d'essayer de contrôler leur poids. En fait, c'est de te dire, au moins, ça, je contrôle. De te dire, je ne contrôle rien du tout. Je ne peux pas contrôler les douleurs, je ne peux pas contrôler mes diagnostics, je ne peux pas contrôler mon poids, je ne peux pas contrôler d'autres choses. Mais ça, je peux contrôler. Et en fait, c'est l'illusion. Et c'est une illusion qui est tellement alléchante en fait que c'est... Moi je comprends, je suis aussi hyper passionnée par les TCA et je connais plein de monde qui ont eu des TCA même différents ou miens, l'anorexie, la boulimie, des choses comme ça. Et c'est clairement ça, c'est de se dire en fait c'est l'illusion du contrôle quoi, de te dire en fait je contrôle ça. Il y a plein de choses dans ma vie qui ne vont pas, peut-être que... J'ai pas une situation familiale difficile ou j'ai été victime de violence ou plein d'autres choses en fait. Ça peut être vraiment plein de choses. Et puis en fait te dire, ça je contrôle quoi. Et en fait le problème c'est que ça peut trop vite dégénérer dans un engrenage qui devient en fait te prendre toute ta vie. Moi je suis passée par la phase aussi parce qu'une fois j'avais lu, je crois qu'un truc qui m'a fait... J'ai commencé à me rendre compte que j'avais un problème. Une fois, j'ai fait une crise d'angoisse parce que j'avais mangé à 20h. Alors que normalement, dans mes règles, il ne faut pas manger trop tard le soir parce qu'après, tu ne vas pas bien dormir. J'avais mangé du quinoa germé avec du concombre et de la tomate. Et là, j'ai fait une crise d'angoisse parce que j'avais mangé trop tard. Et là, j'ai dit qu'il y avait un truc qui ne va pas. Je n'aurais pas à me rappeler si c'était, j'avais lu un livre d'alimentation intuitive ou écouté un podcast, je ne sais plus. Et en fait, la personne disait, pour savoir si l'une des pistes qui peut dire est-ce que oui ou non j'ai un TCA, c'est combien de temps tu passes à penser à la nourriture en fait, en pourcentage, plus ou moins. Et là, j'ai réalisé qu'en fait, c'était 95% de mon temps, même plus. C'est que ça en fait, je pensais à ça tout le temps. Qu'est-ce que je vais manger ? lire des livres de recettes. Alors paradoxalement maintenant ça m'intéresse, moi j'aime bien manger, j'adore cuisiner, maintenant je suis hyper intéressée par la nourriture mais le côté pathologique je pense qu'il s'est calmé, enfin même il n'est plus là. Mais c'était je lisais des livres de cuisine avant de m'endormir, je lisais des blogs de recettes genre comment transformer les recettes pour qu'elles soient anti-inflammatoires, qu'est ce que je vais manger, qu'est ce que je vais acheter, comment je vais cuisiner, enfin en fait je pensais à ça. tout le temps, mais pas de manière sereine et qui me provoquait de la joie. Enfin, c'était dans l'angoisse. Oh mon Dieu, qu'est-ce que je vais faire ? Et là, je me suis dit, ah ouais, ça, effectivement, là, je rentre dans les critères. Et après, ça a été très long pour que je sois prise en charge, mais j'ai été prise en charge et puis maintenant, c'est bon. Et puis donc,
- Speaker #1
il y a eu cette phase de bascule dans l'hyperphagie avec... une prise de poids importante et un sujet que j'avais envie qu'on aborde toutes les deux aussi, c'est le sujet de la grossophobie médicale et du coup là une question me vient parce que finalement t'as eu des prises en charge pour ces pathologies que sont l'endométriose et le SOPK avec un corps très différent en fait selon les moments, c'est à dire que t'as été très mince et puis t'as pris très rapidement 30 kilos. Est-ce que, déjà, on pourrait être bien sûr, ouais, t'étais prise en charge à ce moment-là, même, tu vois, quand t'étais dans ta phase d'orthorexie, t'avais déjà eu ton diagnostic ou pas, par rapport à tout ce qui est endométriose, tout ça ?
- Speaker #0
Alors oui, c'est ça qui a déclenché, je pense. Ok. Ça, et... Non, parce qu'en fait, c'est pas vrai, parce qu'en fait, j'étais végane déjà avant, parce que j'ai commencé à faire du yoga et... J'ai fait ma formation de yoga thérapeute en 2016. Et puis, je pense que j'étais déjà un peu là-dedans parce que je voyais bien mon corps et je n'étais pas en bonne santé. Ça faisait des années que je cherchais désespérément des solutions. Et puis ça, ça a un peu commencé déjà à dire, mais tu vas guérir avec la nourriture. Mais j'ai eu mon diagnostic d'endométriose en 2017. Mais en fait, je n'ai pas été prise en charge vraiment tout de suite. C'était une fois que j'étais rentrée ensuite, c'était en 2018. Et j'avais eu une crise qui a duré dix jours, pour laquelle j'ai fini aux urgences. Et là, j'ai commencé à être suivie. Mais là, effectivement, j'étais mince.
- Speaker #1
Donc, c'est cool. Ça veut dire que tu as quand même cette vision bien différente, peut-être ou pas. Mais c'est la question que je me pose en t'entendant. Je me dis, est-ce que tu as l'impression que ça change quelque chose dans la prise en charge ? Le fait d'être mince ?
- Speaker #0
Alors, pas... Pas dans la prise en charge de l'endométriose, mais si un peu quand même, parce qu'après, quand j'ai commencé à prendre du poids, en fait, ce que j'entendais, c'était il faut perdre du poids Ok, certes, je veux bien, mais aidez-moi à perdre du poids, parce que je dis vous savez bien que j'ai un trouble du métabolisme, et je refuse, je disais, je refuse de faire des régimes hyper stricts parce que de toute façon, je sais très bien que ça ne marche pas, parce que c'est prouvé scientifiquement, les régimes ne marchent pas. Aidez-moi. Ah non, mais vous avez fait du sport et puis, je ne sais pas, arrêtez de grignoter, je ne sais plus ce qu'il m'avait dit. Après, j'avais trouvé une nutritionniste qui pouvait être prise en charge par mon assurance et pour ça, il fallait que le médecin signe. Je lui avais dit, mais vous pouvez me signer le bon pour que ça soit pris en charge. Ah, mais moi, je suis gynéco, ce n'est pas moi qui gère ça. Ok, probablement, je suis là, mais bon, vous me dites de perdre du poids, mais en tant que vous, vous ne voulez pas m'aider à perdre du poids. Donc, voilà. Et après, là où j'ai vraiment été, j'ai subi la grossophobie, c'est parce que j'ai fait un parcours de PMA, donc procréation médicalement assistée. Et là, la première médecin que j'ai vue au centre de procréation médicalement assistée me dit, alors moi, j'étais déjà, alors on arrive à ce stade-là, on est déjà… fragilisé parce que le parcours est hyper long et on n'est pas bien, c'est pas un truc qu'on va faire de guette à cœur quoi. Et là elle me dit et là en fait c'est paradoxal parce que mon TCA était revenu sous contrôle, j'étais pas encore sortie de l'auberge mais c'était déjà beaucoup mieux et là elle me dit ah mais votre IMC est juste à la limite parce que vous avez une limite style de 35 et moi j'étais genre à 34,9 un truc comme ça DMC, il faut surtout pas que vous preniez du poids parce que sinon on peut vous refuser le traitement. Et là, j'étais là, c'est un gag, que j'en arrive à ce stade après tout ce que j'ai fait, après tout ce que j'ai fait en thérapie pour justement me guérir du TCA, de stabiliser mon poids, là j'avais arrêté de prendre du poids à l'infini quoi. Et j'étais là, non parce que vous comprenez, l'anesthésiste peut vous refuser le traitement et tout mais... Et en fait, j'étais complètement estomaquée. J'avais évidemment commencé à pleurer parce que je me disais, non, mais en fait, ce n'est pas possible. Vous me dites ça, ce n'est pas possible. Ah, si vous pleurez déjà maintenant, il faudrait faire une thérapie parce que vous savez, le processus va être difficile. En gros, qu'est-ce que tu es en train de chier dans mon bureau ?
- Speaker #1
Genre, si tu pleures, l'émotion ne doit pas… Quand tu es un humain qui va bien, tu es un robot finalement. C'est ça. Tu pleures, mais va faire une thérapie.
- Speaker #0
et on te menace de te refuser un traitement à cause de ton poids et on t'interdit de pleurer derrière. Et je m'étais dit, je lui donne une deuxième chance parce que je pars du principe qu'on a tous droit à une deuxième chance. Je m'étais dit, je fais un deuxième rendez-vous avec cette médecin. pour voir et là elle m'avait redit l'IMC et tout et là je m'étais énervée en fait parce que j'avais dit moi je me suis fait parler eu un cours sur l'IMC et après je me suis renseignée et j'ai dit mais en fait vous savez très bien que l'IMC c'est un indicateur de santé l'IMC c'est un outil statistique qui a été créé au 19e siècle pour mesurer le poids de soldats j'ai plus le nom maintenant du l'indice de kétley C'est un statisticien, un mathématicien qui a créé cette formule pour faire des statistiques au niveau d'une population. Ce n'est pas un indicateur de santé. Et je lui avais dit, regardez mes bilans sanguins, vous voyez très bien que je suis en bonne santé. Je n'ai pas d'hypertension, je n'ai pas de diabète, ma glycémie va bien, je n'ai pas de résistance à l'insuline, je n'ai pas de... Tout va bien, je suis en bonne santé. Alors oui, j'ai l'endométriose, mais... Ça s'est stabilisé depuis. Ça, c'était dans le passé, tous les trucs que tu racontais. Là, maintenant, ça va, tu vois. Et je lui ai dit, mais ce n'est pas possible. Vous voyez bien mes résultats sanguins. Vous voyez bien que je suis en bonne santé. Ça n'a aucun sens ce que vous me dites. Et je m'étais tellement énervée. Elle m'a dit, oui, vous savez, c'est des règles qu'on a. Il ne faut surtout pas prendre de poids et tout. Et là, j'étais retournée au CHUV, là où j'étais suivie pour mon TCA. Et j'avais dit à ma médecin, je suis là. c'est trop mal ils m'ont dit que là là puis en fait ça m'avait réactivé mon TCA pendant quelques temps aussi parce qu'après du coup j'étais en flip total et elle elle m'avait dit non mais ça me paraît trop bizarre et tout puis en fait elle m'avait pesé et mesuré parce qu'en fait ils avaient juste oublié de me mesurer aussi quand ils ont ils
- Speaker #1
ont mais du coup ils se basaient sur quoi ?
- Speaker #0
parce qu'ils m'ont demandé combien je mesurais puis moi j'étais là mais en fait je sais pas trop mais je crois 1m64 et en réalité je fais 1m66 et en fait qui change mon IMC, ce qui aurait pu changer ma prise en charge, ce qui est absolument et complètement aberrant. Et puis ma médecin, elle me dit, non, mais c'est bon, ne vous inquiétez pas. Et au final, c'était passé. Et après, on ne m'a plus jamais reposé de question sur mon poids. J'ai changé de médecin. J'ai demandé, je veux être suivie par quelqu'un d'autre, parce que, elle, ce n'était pas possible. Mais en fait, j'avais été tellement choquée par la froideur du truc et par le fait que, ah, je mesure 2 cm de plus que ce que je pensais. Et du coup, j'ai droit à être suivie médicalement. Alors qu'avant, je n'avais pas le droit. Enfin, genre, c'est hyper violent. Et ça, je sais que c'est beaucoup de monde qui vit la grossophobie médicale. Moi, j'ai des amis qui sont en situation d'obésité, qui ont des problèmes divers et variés, et qu'on leur dit, il faut perdre du poids, il faut perdre du poids, il faut perdre du poids. Alors qu'en fait, le poids en soi, c'est hyper délicat. Parce que c'est pas non plus être en situation d'obésité, c'est pas non plus un... un symptôme de santé, dans le sens, quelqu'un qui prend, moi comme j'ai pris 30 kilos en 6 mois, ce n'est pas un corps qui est en bonne santé, qui est physiologiquement stable, il ne va pas prendre 30 kilos en 6 mois, on est d'accord. Mais ce n'est pas le poids, les kilos, ce n'est pas un indicateur de santé. Ce qui est un indicateur de santé, c'est l'hypertension, le cholestérol, la glycémie, les dyslipidémies au niveau du sang. Les problèmes cardiovasculaires, ça, c'est des indicateurs de santé. Et il y a des personnes qui sont en surpoids, qui sont en très bonne santé. Et il y a des personnes qui sont très minces, qui ne sont pas du tout en bonne santé. Et en fait, c'est hyper difficile à gérer, c'est hyper décourageant. Et c'est surtout à quel point les personnes en situation d'obésité doivent se battre pour être prises en charge médicalement correctement.
- Speaker #1
Comme ça m'intéressait ce sujet aussi, tu vois, de la PMA et tout, j'étais allée lire un peu sur Internet, lire aussi sur des forums, des échanges de personnes concernées. Et en fait, de ce que j'ai compris, en gros, il y a souvent ce qui est refusé. Enfin, je vais essayer d'être claire. Ce pourquoi c'est refusé aux personnes considérées comme trop grosses, c'est parce qu'il y a plus de risques d'échec. Et en fait... C'est horrible parce que même si c'est vrai, en fait, je ne sais pas si c'est vrai, mais même si c'est vrai, tu vois, bon bah oui, en fait, c'est important d'informer la personne du risque, de dire ce qu'on observe sur nos dernières études, c'est qu'une personne qui a votre IMC, on observe à peu près tant de pourcentages de plus d'échecs.
- Speaker #0
Bah oui,
- Speaker #1
à la limite, tu vois, tu informes et la personne, elle a le droit à faire son parcours comme n'importe qui.
- Speaker #0
Mais là... Genre on dit non bah non pas toi parce qu'il ya plus de risques d'échec mais à quel point c'est possible ça tu vois de dire ça c'est ça mais surtout que surtout que d'après ce que j'ai compris parce que moi je suis pas méga une experte en fertilité non plus à ce niveau là mais ce que j'ai compris en fait c'était que potentiellement il y avait plus de risques du faire d'avoir un diabète gestationnel après et que le bébé soit trop gros et que du coup il doit y avoir je crois une césarienne ou comme ça Mais en fait, dans la réalité, ce n'est pas vraiment une cause d'échec. Je ne veux pas dire de bêtises, donc je ne veux pas trop m'avancer, mais je crois que ce n'est pas si clair que ça. Effectivement, comme tu le dis, alors moi, en fait, l'argument, c'était que ce n'était pas un hôpital, c'était une clinique. Et que si d'un coup, il y avait… Parce qu'en fait, c'était pour le prélèvement d'ovocytes, j'ai été endormie, c'est une mini-intervention. Et qu'en fait, je ne pouvais pas être intubée parce qu'on n'était pas dans un hôpital. et qu'il y avait plus de risques que je m'étouffe en étant endormie. Et en fait, je dis là, mais en fait, vous avez peur de quoi ? Que je m'étouffe avec mes boobs ? C'est hallucinant, surtout que je me suis déjà fait opérer plusieurs fois avant, je n'ai jamais eu aucun problème. C'est toujours super bien récupéré, même en étant dans une phase où je suis plus grosse que ce que j'étais la première fois que je me suis fait opérer. C'est hallucinant. Mais apparemment, il y a plus de risques de diabète gestationnel.
- Speaker #1
Ok.
- Speaker #0
C'est une complication en fait. Mais comme tu dis, qu'on soit informé, parce qu'il ne faut pas non plus, c'est hyper délicat, je trouve, parce qu'il ne faut pas non plus 100% banaliser complètement le fait que d'être en situation d'obésité, ça peut avoir des répercussions sur la santé, si la personne ne fait pas de sport, qu'elle ne prend pas soin d'elle et tout. Ça, je pense qu'il faut aussi garder ça à l'esprit, potentiellement, peut-être, c'est un risque. Mais comme tu dis, informer la personne et laisser la personne. prendre la décision. Je sais qu'aux États-Unis, c'est carrément, suivant l'IMC, en fait, la FIV est prise en charge financièrement ou pas. Ici, en plus de ça, en Suisse, on doit payer nous-mêmes, c'est jamais pris en charge la FIV. Mais en fait, on refuse le traitement. C'est même pas, comme tu dis, laisser le choix à la personne. C'est genre, nous, on décide que, en fait, t'es trop grosse, donc non.
- Speaker #1
Mais ce que tu dis, c'est quoi ? C'est qu'aux États-Unis, si t'es considérée comme trop grosse, c'est pas pris en charge financièrement ?
- Speaker #0
En fait, d'après ce que j'ai compris, dans certains États, il y a une limite d'IMC pour que la fille soit prise en charge par les assurances, en fait. De toute façon,
- Speaker #1
c'est des assurances privées, forcément. Ouais,
- Speaker #0
ouais, forcément, mais c'est quand même complètement ahurissant. Ouais,
- Speaker #1
moi,
- Speaker #0
ce que... C'est la vraie discrimination, quoi.
- Speaker #1
Ce que je vois en France, en tout cas... après c'est de j'aimerais bien voir des études là dessus j'en ai pas aujourd'hui mais de mes échanges à moi de mon oeil là à moi je vois aussi des femmes qui ont bénéficié d'un parcours PMA alors qu'elles souffraient d'anorexie parce que aménorée hypothalamique et que du coup voilà et j'ai la sensation que c'est moins compliqué Je pensais à ça quand tu parlais de l'exemple du diabète gesta et de la possibilité que l'enfant, je ne me rappelle plus comment ça s'appelle, mais effectivement, c'est des bébés qui sont beaucoup plus gros que ce qu'ils auraient dû être. Donc, on va amener l'argument, non mais attendez, on pense à votre bébé, nous, madame, prendre ce risque-là. Mais dans le cadre d'une personne qui souffre d'une anorexie, ou d'une orthorexie, qui aurait mené en tout cas à une sous-nutrition qui elle-même mène à une aménorée, et donc voilà, pas de possibilité d'avoir un enfant de manière naturelle, j'ai l'impression qu'on se pose tout d'un coup moins la question de la santé du bébé. Alors que... Non mais tu vois, je me dis que potentiellement il va y avoir une sous-nutrition. Alors j'exagère, j'imagine bien quand même, j'espère en fait que c'est fait dans un cadre avec, tu vois... un suivi, mais bon, ok, je vais le dire, je vais aller au fond de ma pensée et puis tant pis. Non, mais pour moi, c'est bien plus dangereux, quoi. Tu vois, c'est quoi le délire, là, je veux dire, par rapport au développement de l'enfant, si la maman, elle mange pas assez, qu'est-ce qui va se passer pour cet enfant ? Et derrière, qu'est-ce qui va pouvoir s'inscrire, peut-être, pour toute sa vie, sur le fait qu'il y ait des choses qui ne soient pas bien développées pendant la grossesse ? Et peut-être que je suis complètement à côté de la plaque et que c'est encore plus dur d'avoir accès à une PMA quand tu es en sous-poids, mais je n'ai pas l'impression.
- Speaker #0
Alors, en tout cas, on n'en parle pas. C'est vrai que moi, je n'ai pas non plus entendu du tout, je n'ai jamais entendu de témoignages ou même d'infos que ça avait été le cas. Mais ce qui est fou aussi, c'est que par exemple... Tu vois, ils m'ont demandé, alors, est-ce que vous fumez ? Oui, non. Est-ce que vous buvez ? Oui, non. J'aurais pu dire n'importe quoi. Alors, moi, je fume pas. Mais j'aurais très bien pu, tu vois, fumer plein de clopes et tout. Mais ça, on va pas après commencer à dire, ah, il faut absolument arrêter de fumer. Alors, soit disant, apparemment, les personnes qui fument, on leur dit quand même, il faut arrêter de fumer. Mais on leur dit pas, enfin, je sais pas. Ça non plus, là, je fais des... Je ne sais pas, je fais... Comment dire ? J'assume peut-être des choses qui ne sont pas vraies. Mais est-ce que vraiment, on leur interdit d'avoir accès au traitement sur le fait qu'elles fument ? Je ne sais pas. C'est assez fou, mais ce n'est pas prévalant. Et pas que pour la PMA. C'est pour plein de choses différentes.
- Speaker #1
C'est clair que la grossophobie, elle est surreprésentée. Et c'est intéressant, il y a un épisode de podcast qui est sorti aujourd'hui, le jour où on enregistre, où j'échange avec Lisa de mon gros podcast et qui parlait de la grossophobie et qui parlait des conséquences aussi sur les personnes minces, sur les personnes normées, au-delà du fait que ça crée du TCA, la peur de grossir, elle est un peu partout. Aussi sur cette prise en charge médicale où elle disait, mais attends, on passe à côté de certaines pathologies chez des personnes minces. Parce qu'on ne va pas penser à aller chercher un diabète chez quelqu'un qui est mince. Ça aussi, c'est de la grossophobie médicale. C'est vraiment le revers de la médaille du fait qu'à l'inverse, une personne grosse, on va déjà lui coller toutes les étiquettes de plein de maladies. Parce que c'est censé être une maladie en soi d'être gros.
- Speaker #0
Oui, c'est ça. Et même, ça me fait penser, mais même par rapport à la prise en charge des TCA, moi, je n'ai jamais été ni super maigre, ni super, super obèse, enfin, vraiment visiblement obèse, en fait. Et du coup, quand mon TCA, autant l'orthorexie que l'hyperphagie étaient actifs, en fait, quand j'étais orthorexique, j'ai entendu même, Ah, mais tu manges tellement sainement, ça m'inspire trop bien ! Et quand j'étais de l'autre revers du TCA qui était l'hyperphagie, en fait, c'était un peu, ouais, mais bon, vous n'êtes pas si grosse que ça, madame, donc ça va. Puis en fait, toi, tu es là, mais en fait, non, moi, je suis en souffrance, quoi. Help.
- Speaker #1
Comme si tout devait se mesurer à un poids, à une taille de corps. Bonheur, ton bien-être, ta santé, ta réussite. C'est dingue, quoi.
- Speaker #0
C'est fou, hein. C'est complètement fou. Alors qu'en fait, être gros... vraiment juste, enfin, basiquement, être gros, ça n'empêche pas d'être heureux, ça n'empêche pas le plaisir, ça n'empêche pas l'amour, ça n'empêche pas de faire carrière, ça n'empêche pas de faire du sport, ça n'empêche pas de bien dormir, de méditer, de faire du yoga, d'être heureux et être mince ne garantit pas la santé, le bonheur, la joie. En fait, c'est juste, il faut arrêter de tout ramener au poids. Mais au poids, l'apparence, et au poids et au kilo sur la balance, et à ce putain d'IMC.
- Speaker #1
Ouais, mais c'est terrible, parce que quand tu dis être gros n'empêche pas d'être heureux, épanoui, de faire du sport, de faire des choses, rencontrer du monde, vivre sa vie, ça me fait écho à des personnes que j'accompagne et qui sont passablement bloquées. Enfin, tu vois, moi j'ai confiance dans le fait que c'est juste une passe, mais... Je pense à des personnes, tu vois, à qui on a tellement répété ça, qui ont tellement baigné de là-dedans, que si aujourd'hui elles ont un corps gros, plus gros devant le miroir, c'est comme si elles se fermaient direct toutes les portes, tu vois. Non, ça n'est pas possible.
- Speaker #0
On est très heureuse.
- Speaker #1
Ce n'est pas possible de faire ça, ce n'est pas possible de faire ça. Et du coup, voilà, il y a... Donc effectivement, leur vie... Et puis, bah... oui, on peut se dire, elles ne sont pas épanouies, elles ne sont pas heureuses, elles ne font pas toutes ces choses-là. Pas parce que leur corps les empêche de faire ça, mais parce que leur éducation, enfin, franchement, je ne trouve même pas mon mot, mais c'est pas, pour moi, à ce stade-là, c'est pas de l'éducation. C'est du, tu vois, du...
- Speaker #0
C'est du brainwashing, quoi.
- Speaker #1
C'est du lavage de cerveau. Lavage de cerveau,
- Speaker #0
ouais, ouais, c'est clair.
- Speaker #1
C'est du lavage de cerveau, en fait, qui fait que tu ne peux pas être heureuse dans un corps gros.
- Speaker #0
C'est ça. Et moi je vois très bien aussi avec mes patientes la peur de prendre du poids. Là j'en ai une qui va venir en consulte bientôt, qui a été ménopausée récemment et très rapidement en fait. Et mon Dieu, mais genre je vais prendre du poids. Et est-ce que tu fais la perte de poids en tant que nutritionniste et tout ? Alors je dis oui, enfin dans le sens. une approche consciente de la gestion du poids. Oui, après, je ne vais jamais te dire, mets ton régime, mange tant de calories par jour et tout, parce que ça, ce n'est pas ma façon de travailler. De toute façon, ça ne sert à rien. Mais vraiment, je sentais la détresse de cette personne qui est hyper mince, en fait. Objectivement, après, on ne peut pas savoir son état de santé, mais au niveau de l'apparence, tu n'as du tout quelqu'un qui est en surpoids. Mais cette peur de prendre du poids, oui, je sens que... J'ai commencé à gonfler et tout. Et comme tu dis, c'est vraiment ce lavage de cerveau te dire que prendre du poids, c'est la pire des choses qui peut arriver de ta vie. Mais ouais. C'est tellement triste parce qu'en fait, je rigole, mais en fait, ce n'est pas drôle parce que c'est vraiment le message qui nous martèle au niveau de la société, qu'en fait, c'est vraiment la pire des choses qui peut arriver de ta vie. Et la meilleure chose qui peut arriver de ta vie, c'est de perdre du poids. Alors qu'en fait, moi, j'ai pris 30 kilos. en six mois. Alors, je ne dis pas que c'est une expérience agréable. Je ne suis pas au plus confortable que j'ai été, mais je suis en couple. Enfin, je suis heureuse. J'ai une vie sociale au top. Je m'éclate dans mon boulot. Je suis en train de me lancer en tant que thérapeute. Ça se passe super bien. Enfin, je suis hyper heureuse, en fait. Les difficultés de la vie sont les difficultés de la vie. Ils sont les mêmes pour tout le monde, en fait. Mais en fait, j'ai eu des phases où j'étais très heureuse en étant mince. J'ai eu des phases où j'étais très malheureuse, j'ai eu des phases où j'étais très malheureuse en étant grosse, et j'ai eu des phases où je suis très heureuse, même maintenant, ma vie, j'ai aucune barrière liée à mon poids. Et même au niveau de ma santé, j'ai pas mal de cholestérol, parce que je pense que j'ai un peu, pendant ma phase d'hyperphagie, qui a duré quand même trois ans, au total, presque trois ans, j'ai pas fait du bien à mon corps, et voilà. Mais ça n'a pas à voir avec mon poids. Et à voir avec le fait de ce que j'ai mangé pendant trois ans, qui était une conséquence des restrictions qui ont duré tant d'années avant moi. J'ai une de mes clientes qui est venue cette semaine, qui est sous statine parce qu'elle a du cholestérol, et elle, elle est toute maquée.
- Speaker #1
Ouais, non mais clairement, tu fais bien le... Le rappeler.
- Speaker #0
En fait, c'est déconstruire ce truc que de prendre du poids, quoi que ce soit comme impact, si ce n'est qu'il faut s'habituer à son nouveau corps, il y a peut-être des ajustements à faire, il faut changer sa garde-robe et tout. Mais ça n'empêche pas d'être heureux, ça n'empêche pas d'être épanoui, ça n'empêche pas d'être en bonne santé surtout, parce qu'on vit dans une société qui est hyper orthorexique. qui est remplie de détox et de plein de choses. Et on pense qu'en fait, être mince, c'est le sacré graal de tout. Et en fait, la réalité est beaucoup plus complexe que ça. Et en fait, moi, j'ai plein d'amour pour toutes les personnes qui sont dans ce parcours, parce que c'est tellement isolant et on est tellement misérables, alors qu'en fait, la porte est ouverte. Et de l'autre côté de la porte, il y a plein de bonheur, en fait. Peu importe la taille de notre porte.
- Speaker #1
Qu'est-ce que tu pourrais nous partager, justement, de toi, ce qui t'aide dans ton quotidien à, en fait, j'avais envie de dire, à te sentir bien globalement. Et derrière te sentir bien, il y a le fait de te sentir bien dans ton corps, dans ta peau, dans ta vie, lié aussi aux pathologies que tu as, qui sont toujours là, même si tu disais, oui, aujourd'hui, c'est stabilisé, mais en fait, elles existent encore. Qu'est-ce qui te permet de prendre soin de toi ? et d'aller bien même si je fais une petite parenthèse pour les personnes qui nous écoutent personne ne va toujours hyper bien tous les jours c'est aussi normal juste d'avoir des journées où on est au fond du sac et on a l'impression que rien ne va mais qu'est-ce qui te permet globalement de prendre soin de toi et d'aller globalement bien c'est
- Speaker #0
la deuxième grande illusion ouais c'est ça se penser qu'il faut aller bien tout le temps ça c'est ben en fait alors je continue à être en thérapie au besoin Donc je vais voir ma fille, je fais de l'acupuncture, je fais des choses comme ça. Mais en fait, surtout, c'est que j'ai énormément de chance d'être super bien entourée. Je compte, j'ai pas mal d'amis qui sont des amis depuis que je suis petite. En fait, j'ai des amis d'enfance qui sont toujours des amis proches maintenant. Donc, number one, mes amis. avec qui je peux parler, enfin je suis vraiment soutenue, entourée, on s'entend bien et tout. J'ai une vie de couple qui va bien, donc ça c'est vrai que ça aide aussi. J'ai un job où ça se passe super bien et en fait tout ça c'est des choses qui sont extérieures, mais en fait surtout ce qui fait que j'arrive à aller bien c'est que j'arrive en fait à honorer mon corps et à honorer, à m'honorer moi en fait, d'accepter. J'ai fait un gros travail d'acceptation. J'aime beaucoup, je suis assez intéressée par la psychologie bouddhiste aussi en fait, ou comme tu disais avant, c'est l'illusion de croire qu'il faut qu'on aille bien tout le temps. Je pense que le plus vite on peut lâcher ça, le mieux on va en fait. Et en fait, je pense qu'au fond, du fond, c'est l'acceptation de Ok, j'ai les maladies chroniques, c'est pas cool, mais ça fait partie de moi, je n'aurai jamais pas de maladies chroniques. J'accepte que j'ai eu un TCA, je n'aurai jamais pas eu de TCA. Et après, en partant de tout ça, j'arrive à mettre des choses en place pour quand il y a des jours où ça ne va pas. Ben voilà, ça va pas en fait. Et puis, ben je vais chier, je suis de mauvaise humeur, j'ai du jour de merde. De temps en temps, ça m'arrive de revoir des petites crises. Enfin là, l'autre jour, j'ai eu mes règles, pas ce cycle, mais le cycle d'avant, j'ai eu vraiment super super mal. Et puis ben en fait, le seul truc pour calmer la douleur, c'est que j'ai mangé plein de chocolat. Et je me dis, ben en fait, je suis pas repartie à zéro, c'est ok. La guérison n'est pas linéaire.
- Speaker #1
ça c'est un truc que je me suis répété aussi la guérison n'est pas linéaire la guérison n'est pas linéaire oui puis le rapport à l'alimentation n'a pas vocation à être parfait non plus,
- Speaker #0
en fait rien n'a vocation à être parfait c'est ça et en fait je pense que moi c'est ça qui vraiment me permet d'aller bien en fait d'accepter que justement rien n'est parfait et qu'en fait c'est ok C'est ok d'avoir des jours où, parce que la petite bête, elle est là aussi, de me dire, tu pourrais recommencer à ne plus manger de gluten, ne plus manger de produits laitiers, blablabla. Et en fait, je dis, ok, c'est bon, tu n'as plus de pouvoir sur moi, arrête de parler. Et puis, j'arrive aussi à trouver l'équilibre au niveau de l'alimentation en nourrissant mon corps et en lui donnant ce dont il a besoin. Et puis, je prends de la lactase pour quand j'ai envie de manger des produits laitiers, comme ça, ça calme les symptômes. Voilà, si j'ai mangé une glace, je mange une glace. Et en fait, je suis arrivée à un stade où j'arrive à me dire... Parce qu'en fait, l'autre jour, j'ai écouté un de tes épisodes aussi et tu as dit un truc qui était hyper intéressant, c'était qu'il y a une phase de la guérison du TCA potentielle qui est la peur aussi de ne pas s'autoriser les choses parce que...
- Speaker #1
La peur de se prendre à nouveau, en fait, quelque part. Voilà.
- Speaker #0
Et de dire, en fait, je ne dois pas du tout me restreindre, donc je dois donner à mon corps tout ce qu'il veut, quand il veut,
- Speaker #1
tout de suite.
- Speaker #0
Et en fait, j'ai appris, parce que je fais aussi beaucoup de yoga, donc ça, c'est mon fil rouge, en fait. Je pense qu'à la base aussi, c'est les amis, être entourée au niveau des gens qui m'aiment, ma femme et tout. Mais aussi le yoga, ça, c'est depuis des années et des années. C'est quelque chose qui m'aide à revenir, à ralentir, à revenir dans ma respiration, à me recentrer. Voilà, et en fait maintenant c'est tellement clair et c'est tellement évident qu'en fait c'est la restriction qui cause les compulsions que j'arrive à me dire ok, si j'ai envie, je prends l'exemple de la glace parce qu'on en était, mais si j'ai envie d'une glace, c'est pas une compulsion. De faire la différence entre une envie et une compulsion, de me dire si j'ai envie d'une glace parce que j'ai envie d'une glace, il fait chaud, j'adore les glaces et tout, je mange ma glace, je profite de ma glace, je me dis c'est trop bon, trop bonne cette glace. Et en fait après il n'y a pas le truc... la panique qui s'ensuit ou alors le truc où d'un coup il n'y a plus de contrôle et je mange 4 glaces et en fait c'est tout, en fait globalement tout cet équilibre qui fait qu'en ce moment j'arrive à aller bien et aussi à m'écouter je sais qu'on vous laisse parler plus tôt, puis en fait je t'avais écrit, j'ai dit écoute là franchement j'ai pas trop le moral, je suis un peu au fond du bac ça va pas le faire et en fait t'apprends à s'écouter, enfin dire ben voilà, là je ne suis pas bien, alors on ne peut pas tout planter et puis tout arrêter et ne pas aller bosser parce qu'on ne vit pas dans un monde comme ça, mais de dire, qu'est-ce que je peux faire quand ça ne va pas pour écouter ce qui ne va pas dans mon corps, donner à mon corps ce dont il a besoin, attendre que ça passe et se dire de toute façon, ça va passer. C'est un peu vague comme réponse. Non,
- Speaker #1
au contraire, je trouve qu'il y a plein de choses mais assez précises et concrètes. Est-ce que Et cette dernière phrase, est-ce que ça résumerait ce que tu aurais envie de transmettre aux personnes qui sont peut-être dans un parcours par lequel tu es passé ? Alors, parcours que ce soit de guérison de TCA ou de découverte de pathologies lourdes comme celle que toi, tu peux vivre. Est-ce que ça résume assez bien ? Ou est-ce qu'il y a... Un autre truc que tu avais envie de dire, parce que l'écoute de soi, je trouve que c'est très fort ce que tu viens de dire, ce par quoi tu viens de terminer. Mais peut-être que tu as envie de passer un message particulier pour conclure cet épisode de podcast aux personnes qui sont peut-être un peu malmenées en pleine tempête.
- Speaker #0
Je pense la première chose, en fait il y a plusieurs premières choses. Une des premières choses c'est que vous n'êtes pas seul. En fait on est plein à vivre ce genre de choses-là. Donc je sais que ça ne résout pas les solutions, mais en fait moi ça m'a beaucoup aidé de me dire que je ne suis pas toute seule. Et deuxième chose, faites-vous aider. Parce qu'en fait c'est des choses qui sont plus gros, ça fait plus gros que nous en fait. On a tendance à s'isoler, à se dire je ne vais jamais y arriver Mais en fait, il y a des solutions. Mais les solutions viennent quand on va chercher de l'aide là où elle est et de savoir que tout finit par passer. Et que même si dans le cas de maladie chronique, il n'y a objectivement pas de guérison, c'est 100% possible de vivre une vie épanouie, sereine et d'être en harmonie. avec ces diagnostics en fait. Mais vous n'êtes pas tout seul et il y a de l'espoir. Et il ne faut pas essayer de se lancer, peut-être baisser dans un truc. Il n'y a pas de modèle qui fonctionne pareil pour tout le monde. Chacun est un individu avec des solutions qui fonctionnent. Pour certaines personnes, il y a des choses qui vont fonctionner. Pour certaines personnes, des choses qui ne vont pas fonctionner. Et en fait, c'est toute une espèce de fine tuning. de trouver une solution adaptée à soi, mais garder espoir et puis aller chercher de l'aide parce qu'en fait il y en a, il y a plein plein plein plein de thérapeutes, de personnes comme toi, comme moi, qui en fait sont là pour vous soutenir. Je ne veux pas dire prendre par la main parce que c'est un côté ultra condescendant, mais plutôt prendre la main dans le sens de la compassion et de l'amour, de dire il y a la lumière au bout du tunnel.
- Speaker #1
Trop bien, merci beaucoup. Merci beaucoup pour ce message d'espoir. Si nos auditeurs, auditrices, ont envie de pouvoir en savoir plus sur toi, te retrouver, peut-être même t'écrire, pourquoi pas, où est-ce qu'ils peuvent te trouver justement ?
- Speaker #0
Alors, j'ai un site qui est encore en train d'être finalisé, mais qui est déjà actif, qui est nutriyoga.ch. et mon compte Instagram qui est le même nom c'est atnutriyoga.ch voilà sinon je ne suis pas vraiment active ailleurs pour l'instant mais j'ai ces deux plateformes Instagram je suis tout le temps connectée et je n'ai pas il faut que je finalise un peu le message parce que je vais j'ai beaucoup de boulot je travaille encore beaucoup à côté je ne sais pas encore vraiment comment ça va lancer mais je vais J'ai des consultations, je suis dispo pour en parler. Je suis les gens, donc c'est un grand plaisir.
- Speaker #1
Parfait, je mettrai ces références-là, de toute façon, en description de l'épisode de podcast.
- Speaker #0
Trop bien, merci.
- Speaker #1
Et puis, voilà, que dire à part merci. J'ai adoré cet échange, j'ai adoré prendre ce temps avec toi. Et je suis trop contente de pouvoir offrir ça aux personnes qui vont écouter le podcast. Je pense que c'était un message très riche parce que à la fois, je ne sais pas comment dire, très concret, très lucide sur la réalité de ce que c'est tout ça, et à la fois hyper porteur d'espoir. Donc, top quoi, on ne peut pas...
- Speaker #0
Moi, je pense que si j'avais eu accès à ce genre d'infos quand moi j'étais dans la tempête, justement, les choses auraient été beaucoup plus faciles en fait.
- Speaker #1
Mais oui, mais c'est exactement...
- Speaker #0
On ne parlait pas encore assez, je crois.
- Speaker #1
C'est exactement pour ça que je fais ce type de choses. c'est clair je pense souvent à celle que j'étais par le passé même si tu vois moi j'ai pas été concernée par ces problématiques là type endométriose SOPK, il n'empêche que j'ai bien en tête toutes ces personnes qui sont à chaque fois je prends l'image de la tempête mais parce que c'est ça, je vois le petit bateau un peu fragile là sur une mer hyper agitée où tu te dis juste soit je vais mourir, soit je vais mourir.
- Speaker #0
Exactement ça,
- Speaker #1
ouais. Et pour rester dans la métaphore un peu pourrie, j'ai cet infart qui balance des jets de lumière.
- Speaker #0
Eh oh,
- Speaker #1
il y a des trucs par là-bas. Non mais voilà, c'est vrai que c'est exactement l'idée. Donc merci beaucoup de participer à ça et de pouvoir m'aider à transmettre ce type de message.
- Speaker #0
Merci. Merci à toi. Trop bien. C'est important.
- Speaker #1
Un grand merci à toi qui est encore là à la fin de cet épisode. Mon podcast étant une ressource gratuite que je mets à disposition. Le meilleur moyen pour me soutenir est de laisser une note, un commentaire sur ta plateforme d'écoute et bien sûr de partager mon podcast pour le faire connaître et diffuser le message que je souhaite transmettre. Un grand merci à toi pour ton soutien.