- Speaker #0
Bienvenue dans TCA, etc., le podcast qui décrypte les troubles des conduites alimentaires et tout ce qui gravite autour, parce que ça n'est jamais seulement qu'une histoire de bouffe. Je suis Flavie Milsono, et j'accompagne les mangeuses compulsives à devenir des mangeuses libres bien dans leur basket. Alimentation,
- Speaker #1
peur du manque,
- Speaker #0
insatisfaction corporelle, peur du jugement, du rejet, empreinte familiale, grossophobie, les sujets abordés dans ce podcast sont très vastes, et pour ce faire, mes invités sont aussi très variés. Retrouvez-moi aussi sur Instagram, où j'aborde tous ces sujets au quotidien sur flavie.mtca. Très belle écoute ! Bienvenue Nina sur le podcast, trop contente de t'accueillir et de passer ce petit temps à discuter avec toi.
- Speaker #1
Merci !
- Speaker #0
Ce que je te propose en préambule, c'est que tu commences par te présenter de la manière qui te semblera la mieux, la plus appropriée, pour que les audits te rissent. puissent avoir une idée de qui est Nina ?
- Speaker #1
Alors, je m'appelle Nina, j'ai 24 ans, j'habite en Suisse. On entendra peut-être à mon accent. Oui.
- Speaker #0
De ouf.
- Speaker #1
J'ai fait des études, on va dire, voilà. En Suisse, ça se dit différemment. C'est l'assistant, ça s'appelle assistant socio-éducatif. Du coup, c'est l'assistant des éducateurs. Donc, à part avoir un salaire moins bon. C'est la même chose. Donc, je viens de finir cette formation en juin. Je suis une personne très, très sociable. Du coup, j'aime les gens, j'aime être avec les gens. Et puis, actuellement, au jour d'aujourd'hui, je suis un peu perdue dans ma vie professionnelle. Et je pourrais faire des liens, justement, avec les TCA. Et puis, du coup, je suis dans de gros questionnements. encore et toujours, depuis un moment, et notamment depuis que j'ai commencé ton programme. Donc voilà, je suis une personne très vivante, assez lumineuse, et voilà, j'aime la vie, et voilà !
- Speaker #0
Ça me fait sourire, c'est vrai que t'es très lumineuse, en fait, tu vois, il y a quelque chose aussi dans... Alors, ça se dégage autant dans ta façon de parler, tes intonations, plein de choses, que physiquement, tu vois. C'est quelque chose de... C'est chouette.
- Speaker #1
Merci.
- Speaker #0
Trop chouette. En tout cas, c'est très agréable. C'est nourrissant aussi pour les gens, j'imagine, qui te côtoient. En tout cas, moi, je trouve ça très nourrissant et inspirant de pouvoir côtoyer des gens lumineux. Mais en vrai, je me dis... J'ai déjà envie d'ouvrir des parenthèses. Mais en disant ça, je me dis, quelque part, est-ce que ce n'est pas aussi parfois lourd à porter d'être ce type de personne lumineuse ? Est-ce que... Il n'y a pas un rôle d'aller éclairer les autres qui devient presque une obligation et que tu n'as jamais le droit de t'éteindre.
- Speaker #1
Là, nous ouvrons un grand sujet. Oui, clairement. Et pour faire justement un peu le parallèle avec ma vie professionnelle, j'ai commencé une formation dans le travail social un peu sur le tard. J'avais déjà 21 ans et en fait jusqu'à ce moment-là, jusqu'à mes 21 ans, j'étais vraiment cette personne tout le temps qui sortait tout le temps, qui était toujours au taquet comme on dit ici, qui aimait faire rire les gens. Enfin voilà, moi je ne me suis jamais vraiment posé de questions par rapport à ça. Et en fait au moment où j'ai commencé mon travail, je me suis rendue compte que... Je me rends compte maintenant en fait, je ne me rendais pas compte il y a trois ans. Mais je me suis rendue compte que je ne rechargeais jamais mes batteries en fait. et que justement, je continuais à être cette personne dans le privé. Donc d'être toujours cette fille lumineuse qui avait toujours beaucoup d'énergie, à dire oui à tout, tout le temps. Mais en fait, je me suis, je pense, clairement épuisée aussi dans mon travail parce que je travaillais avec des personnes en situation de handicap, avec des horaires coupés. Donc en fait, je travaillais le matin assez tôt. Et ensuite, j'avais un coupé de 6 heures. Je recommençais à travailler le soir. Et en fait, dans mes coupés, je continuais à voir du monde. Je faisais toujours du sport. Enfin, je faisais toujours... 15 000 choses. Et puis, en fait, je me suis rendue compte petit à petit que ça ne me convenait plus parce que je n'avais plus l'énergie à donner justement aux autres, chose que j'adore faire. Et puis, c'est maintenant à la fin de cette formation où je me sens vraiment assez épuisée par rapport à justement, je pense clairement, cette hyper sociabilité. Et je me dis, mais qui fuit ? Qu'est-ce que j'ai envie de montrer aux autres ? Est-ce que c'est vraiment moi ou pas ? J'ai eu beaucoup, beaucoup de questionnements, justement, par rapport à ma personnalité. Et en fait, je pense maintenant que je suis comme ça. Ça fait vraiment partie de moi. Sauf que je dois apprendre aussi à prendre du temps vraiment pour moi et pour recharger ces batteries parce que j'avais vraiment plus du tout d'énergie à donner aux autres.
- Speaker #0
Effectivement, c'est quand tu dis vaste sujet. Ouais, clairement. Mais en même temps, c'est un sujet qui se rencontre à peu près toujours. dans le cadre des troubles alimentaires, la question du masque social. Franchement, quelle personne qui a des troubles alimentaires et qui ne se reconnaît pas dans cette question de mettre un masque, d'essayer d'être un peu un caméléon et d'essayer de masquer les choses ? Je trouve que c'est un vrai sujet et que du coup, comme tu dis, c'est aussi un sujet qui peut s'étendre sur longtemps parce qu'il y a plein d'étapes. Il y a prendre conscience que... Ouais, euh... c'est peut-être pas complètement moi, donc il y a peut-être une grosse phase de remise en question, putain, ça se trouve, c'est pas du tout moi, ah si, en fait, c'est quand même moi, mais là, peut-être un peu trop, enfin bon, ça peut être un peu flippant, ça peut paraître bordélique peut-être, au début, on met le pied là-dedans.
- Speaker #1
Oui, et puis en plus, tout ce travail justement sur moi, que j'ai commencé quand même relativement tôt, je pense que j'ai commencé à me poser des questions aussi par rapport à la nourriture et tout, je devais avoir, je pense que je devais avoir 17 ans. 17-18 ans, où ça a commencé par re-questionner aussi le rapport avec ma maman, re-questionner, pas la hiérarchie, mais un peu l'éducation quand même. Pas comme si j'étais rebelle, mais juste me dire, ah mais en fait, mes parents, c'est pas Dieu sur Terre. Et puis j'ai aussi ma propre façon de penser. Et je pense que vraiment, ça s'étale sur plusieurs années. Mais comme je dis, même si je l'ai commencé tôt. Et puis je vois vraiment l'évolution et toutes les étapes. qui ont été faites. Et puis finalement, mes TCA, ça a aussi fait partie justement de mon processus jusqu'à maintenant. Et maintenant, je peux dire merci en fait à mon poids, à mes TCA parce que peut-être que sans ça, je ne me serais jamais questionnée autant parce que c'était la pointe de l'iceberg et que du coup, il y a eu plein de choses à faire. C'est quoi ?
- Speaker #0
Tu m'offres la transition parfaite.
- Speaker #1
Merci.
- Speaker #0
Je la saisis. Justement, tu parles de TTCA. Tu sais qu'il y a une question que j'aime bien poser. Tu sais ou pas, je ne sais pas. J'aime beaucoup entrer dans le sujet en reparlant de l'enfance et en demandant aux personnes que je reçois ce qu'elles se souviennent de cette époque de l'enfance en lien avec l'alimentation, mais aussi le rapport au corps. Toi, quand tu étais petite fille, est-ce que tu te souviens comment c'était pour toi ton rapport à la bouffe et ton rapport au corps ?
- Speaker #1
Alors moi, j'ai grandi déjà dans une famille de grands sportifs. Mon grand-papa, donc du côté maternel, avait un club de sport qui est assez connu dans la région. Et mes parents, en fait, se sont connus à travers les entraînements. Mon papa, sportif d'élite, en fait, il faisait de l'athlétisme, il faisait du saut en longueur. Donc il a été champion suisse de cette discipline. Donc pendant nombreuses années, même quand je suis née, il continuait à être dans la compétition. Donc il y a vraiment déjà ce terrain qui peut être hyper positif aussi, cette culture du sport qu'aujourd'hui je suis hyper contente de l'avoir. Mais du coup, je pense que ça a aussi créé pas mal de biais parce que, alors voilà, j'avais un papa qui était très sportif, une maman qui était aussi très sportive, donc du coup une famille très sportive. J'ai toujours beaucoup bougé, beaucoup fait de sport. Et puis par contre, le rapport au corps. Puisque je suis une fille, je pense que je me suis beaucoup identifiée à ma maman en grandissant. Et j'ai une maman qui est... Maman, si tu m'entends, ne m'en veux pas, mais voilà. Qui est quand même une insatisfaite et je pense qu'elle sera... J'espère pas, mais qu'il l'est toujours. À 50 ans, elle est toujours insatisfaite de son corps. Elle n'a jamais été satisfaite. Donc j'ai toujours entendu des commentaires plutôt négatifs, en fait. d'elles deux qui se regardaient dans le miroir, etc. Et puis je pense que, enfin non, je suis sûre que je me suis vraiment construite avec ça, du coup à travers le regard de ma maman, avec son propre corps finalement. Et puis en grandissant, mes parents ont vu que je prenais du poids. Donc il y avait la question de poids, il y avait la question de courbe, comme on entend souvent, les théâtres et tout ça. J'ai été aussi voir une diète assez vite quand j'avais 9 ans. Mais finalement, quand j'en ai redisputé aussi récemment avec ma maman, elle dit clairement qu'elle s'inquiétait. Et puis, elle me voyait pas mâcher et gober les aliments. Et en fait, j'ai fini deux fois à l'hôpital parce que j'ai eu une fois des carottes coincées dans les poumons. Et puis, une autre fois, je crois, des arrêtes aussi coincées. Donc, c'était presque vital parce que du coup, je n'arrivais plus à respirer. Donc, il y avait vraiment cette notion de... On s'inquiète pour notre fille parce qu'elle bouffe, parce qu'elle est hyper dans la compulsion, en fait. Et je pense que maintenant, avec le recul, je le comprends mieux. Cette question de... En fait, on avait peur pour toi parce qu'on avait peur que tu t'étouffes. Et finalement, il y a quand même toujours cette image du corps qui était là. Mais je ne sais pas quelle partie... si c'est plus l'impulsivité ou plus l'image du corps qui a pris de la place. Mais disons qu'en grandissant, moi, je l'ai plus vue dans l'image du corps et moins l'impulsivité. Et c'est vrai qu'après, en grandissant et maintenant à 24 ans, on en reparlera peut-être après avec ce TDAH et du coup l'impulsivité qui ressort, je fais d'autres liens en fait. Sauf que jusqu'à il n'y a pas longtemps, pour moi, c'était ma maman qui se regardait, qui se dénigrait. qui me contrôlait quand même toujours avec la bouffe, qui me disait toujours, t'es sûre que t'as pas assez ? Enfin, j'ai jamais vraiment eu l'espace, en fait, d'expérimenter ça. Mais comme on entend souvent aussi dans tes podcasts, les personnes qui le partagent, c'est souvent ça. Mais du coup, je me suis toujours sentie hyper bien dans mon corps. Enfin, je sais pas comment expliquer. J'ai toujours fait beaucoup de natation. Donc, en fait, j'étais tout le temps en maillot de bain. Et ça, même encore aujourd'hui, même si, voilà, j'ai pris du poids, c'est pas un problème. C'est vraiment comment maintenant je me sens au fond de moi. Mais l'image de moi, moi, j'ai toujours été assez... Finalement, ça fait partie de moi. Et c'est aussi ce que les gens, du coup, maintenant disent. Ah, mais si tu perdais 30 kilos, ça serait plus toi. Donc, du coup, il y a tous autant cette personnalité, de l'image. Mais c'est vrai que l'image de moi, comment je me voyais, je crois que ça n'a pas été trop difficile. Même les moqueries à l'école, c'était « oui, ok, t'es grosse » . Mais disons que ça ne m'a pas traumatisée, je crois.
- Speaker #0
Ok. Qu'est-ce qui t'a donné envie de perdre du poids, du coup ?
- Speaker #1
Eh bien, du coup, ça a toujours été un gros questionnement. Donc, une maman qui me répétait toujours « t'es sûre que t'es encore faim ? » Doucement. En fait, c'est vraiment cette pression, je dis de ma maman, mais parce que c'est d'elle dont je me souviens. Même si aujourd'hui, si j'en parle avec, elle me dit « ah, mais ton papa aussi » . mais c'est vrai que moi je me souviens d'elle surtout donc c'est vraiment en fait j'ai l'impression que c'est vraiment éducatif mais que si j'étais sûrement que si j'avais été dans une autre famille ça aurait été totalement différent mais là c'est vraiment cette maman qui m'a qui m'a contrôlé toute ma vie et puis à 18 ans je lui ai dit j'aimerais que plus jamais tu me fasses des remarques sur ce que je mange et ça devenait vraiment une pression en fait de manger en face d'elle à chaque fois j'avais des remarques je sentais vraiment quelque chose qui pesait Est-ce que c'était ma perception ? Est-ce qu'elle, elle avait aussi quelque chose ? Je ne sais pas, mais disons qu'on a toujours entretenu une relation. Et l'élément central, c'est ça. C'était le contrôle de la bouffe, le sport. Donc, j'ai construit une relation avec ma mère qui n'était qu'autour de ça. Et c'est que maintenant, maintenant j'habite aussi seule, mais depuis peu, que je me rends compte qu'en fait... il y avait quand même cet élément maman qui était très très très très présente en fait.
- Speaker #0
Ouais, on pourrait ajouter la pression sociétale, on pourrait ajouter plein de choses. Tu as grandi quand même dans un milieu où il y a le culte de la minceur, il y a plein de trucs qui peuvent venir expliquer, mais je pense qu'effectivement, c'est indéniable que de grandir dans ce type d'environnement, ça forge de cette manière-là et ça laisse des traces. C'est trop intéressant, tu... tu as parlé déjà du TDAH et ce qu'on s'était dit, même si on n'a pas préparé cet épisode de podcast, on s'était dit que ce serait chouette de venir parler de tout ce qui tourne autour de la neuroatypie en lien avec les TCA et notamment le TDAH. Et en fait, comme tu le dis, qu'est-ce qui jouait ton impulsivité aussi alimentaire, les réflexions de ta mère ? Mais en fait, on pourrait imaginer que tu... Imagine que tu es la même petite fille. avec cette même impulsivité alimentaire, mais tout le monde s'en fout de ton poids, et tout le monde s'en fout de la forme de ton corps, la prise en charge, elle sera très différente. Bien sûr qu'on va chercher à se dire, bah, attends, mais là, tu t'es étouffée avec une carotte et tout, enfin, tu vois, il y avait du concret qui venait dire qu'il y avait une impulsivité comme ça dans ta façon de t'alimenter, qui aurait été intéressante à prendre en charge. Moi, j'ai l'impression que ce culte de la minceur vient toujours tout pourrir dans la prise en charge des enfants, tu vois. On aurait pu t'accompagner, et d'ailleurs, peut-être qu'il aurait été possible de... faire le lien. Je sais pas à quel âge tu as été diagnostiquée. Je me souviens plus, tu étais petite quand même quand tu as été diagnostiquée toi.
- Speaker #1
Mais il y a eu plusieurs tests qui ont été faits parce que dans mon enfance, ma maman avait beaucoup de peine à me gérer parce que j'étais tout le temps dans tous les sens. Je le suis toujours un peu. Mais on avait fait des tests de... Mais bon, je sais pas qu'est ce qui valait ces tests. Et les professionnels ont dit non mais elle sait rester devant la télé tranquille. Donc il n'y a pas de...
- Speaker #0
Attends, c'est qui ces professionnels ? J'ai l'impression d'entendre des gens qui parlent de TCA alors qu'ils n'ont jamais eu de formation. Tu sais, ah bah non, elle mange un repas normal donc elle n'a pas de TCA, tu vois, ça reviendrait au même truc, quoi.
- Speaker #1
Donc je ne sais pas quel professionnel on est allé voir, non plus. Du coup, c'était un peu ça la réalité. Et puis, ça revient toujours au présent, parce que je discute quand même pas mal avec ma maman pour essayer de comprendre et faire des liens. Donc, soit disant, il n'y avait pas d'hypertensibilité. Parce que je savais rester sur le canapé. Mais par contre, j'étais tout le temps à gauche, à droite. Depuis toujours, j'allais prendre les mains des petites grand-mamans à la plage. Je partais en courant. Donc, il y avait toujours ce truc de... Je n'étais pas comme les autres. Et puis après, à 12 ans... Je crois que je devais avoir 11 ou 12 ans. En Suisse, on a... Je crois que vous appelez le collège. Mais la transition entre l'école primaire, donc jusqu'à 10-11 ans. Et ensuite, avant, maintenant ça a encore changé, mais avant, il y avait une année de transition, en fait. Et puis les élèves, en fait, ils étaient un peu testés pour savoir dans quelle filière ils allaient aller, s'ils allaient plutôt aller au lycée ou s'ils allaient plutôt faire un métier manuel, des apprentissages ou comme ça. Et puis, ma mère est enseignante, donc il y avait aussi ce truc un petit peu avec des lunettes quand même différentes. Et du coup, elle s'est dit, on va essayer de la médiquer pour cette année-là. Donc en fait, j'ai été médiquée pendant une année. Apparemment, parce que moi je ne me souviens pas, ça a vraiment porté ses fruits au niveau de la concentration, donc dans mes apprentissages. Et moi je me souviens, donc j'avais 11 ou 12 ans, je me souviens qu'on m'avait dit que potentiellement ça pouvait me couper la faim et je me réjouissais de prendre de la ritaline. Je ne sais pas si j'ose le mentionner, mais... Donc je me réjouissais d'être médiquée pour potentiellement perdre du poids parce que potentiellement ça peut couper la faim. Donc déjà, à cet âge-là, j'avais ce truc de « purée, il faut que je perde, il faut que je perde ou il ne faut pas prendre » . Donc le lien était déjà assez fort. Et puis après, en fait, j'ai fait cette année-là, j'ai passé mes examens, enfin voilà, et puis après, je n'ai plus de médication. Mais par contre, ce n'est pas pour autant que j'avais de la facilité à me rester concentrée. C'était toujours très compliqué, et puis même encore maintenant.
- Speaker #0
Et le moment où tu as eu un traitement, tu as eu l'impression que ça t'aidait ?
- Speaker #1
En fait, ça fait déjà tellement longtemps. Ça fait 12 ans. Du coup, vraiment, j'ai vraiment pas de souvenirs. Mais ma maman me dit encore aujourd'hui que oui, les profs voyaient vraiment la différence. Mais j'étais médiquée seulement pour les cours. Et c'était tout. Mais après, voilà, maintenant, aujourd'hui, j'ai un recul qui est différent. J'ai une conscience des faits qui sont vraiment différents. Et si j'avais cette conscience-là à 12 ans, peut-être que...
- Speaker #0
Oui, enfin, attends. Oh mon Dieu, tes petites épaules de 12 ans. On n'a pas cette conscience-là et on n'est pas censé la voir. Et j'ai envie de dire que ce n'est pas bon signe quand on a un tel niveau de conscience à cet âge-là. Oui, je trouve que c'est quand même beaucoup à demander. En tout cas, moi, ce que je me disais en t'écoutant, c'est qu'effectivement, s'il y avait eu moins de focus sur ton corps, ton poids... peut-être qu'il y a des diagnostics qui auraient pu être faits plutôt différemment, des liens qui auraient pu se faire un peu différemment. Je trouve qu'on voit tellement tout sous le prisme du poids, dès l'enfance, qu'on passe à côté de plein de problématiques. Tout comme je pense qu'il y a plein de gamins, moi j'ai fait partie d'ailleurs de ces enfants, donc j'en parle en connaissance de cause, qui à un moment donné dans leur enfance prennent beaucoup de poids. Et en fait, au lieu d'aller dire « Attends, mais qu'est-ce qui se passe dans la vie de cet enfant ? Qu'est-ce qui se passe ? Est-ce qu'il y a des choses difficiles ? Est-ce qu'il y a des choses graves qui se passent ? » C'est des questions qu'on se poserait si l'enfant perdait beaucoup de poids, à l'inverse. Mais dans une grande prise de poids, on ne va pas nécessairement se poser cette question, on ne va pas aller observer le comportement alimentaire, on ne va pas aller observer la vie émotionnelle et tout. On va dire « Il faut que tu manges moins, il faut que tu maigrisses. » Et donc, on rajoute une problématique.
- Speaker #1
et j'ai l'impression que c'est ça pour toi c'est à dire que t'avais sans doute déjà un fonctionnement qui était le tien ce qu'on appelle aujourd'hui des fonctionnements atypiques mais en fait on t'a rajouté la question de t'es censée devoir maigrir oui et puis je pense qu'il y avait cette difficulté en tout cas pour ma maman mais maintenant elle le reconnait et quand j'en discute avec elle le dit de vouloir me mettre dans une case Sauf qu'en fait, je ne rentre pas même encore aujourd'hui. J'ai de la peine à rentrer dans une case. Et c'est hyper paradoxal parce qu'autant dans mes apprentissages à l'école, ce cadre vraiment assez, pas restrictif, mais un cadre qui était solide, disons, en fait, ça me rassurait parce que j'avais besoin de ce cadre. Et puis, autant, ça me faisait chier quand on me mettait dans un cadre, dans une case. Puis ma mère voulait vraiment que je puisse rentrer au milieu dans une case. Et un jour, je me suis dit, mais en fait, pourquoi ? Pourquoi tu voulais me contrôler ? Pourquoi tu avais envie que je sois comme ça ? Parce que j'ai aussi beaucoup entendu Nina, on sait que t'es là. Et en fait, elle m'a dit, un jour, elle m'a dit, en fait, en public, c'était sympa parce que tu faisais rire les gens et tout, mais après, à la maison, c'était compliqué. Et j'étais là, oui, mais tu peux pas prendre qu'un petit bout de moi et l'autre, tu le restreins. Et puis, du coup, je pense que, comme tu disais avant, par rapport à... qu'on est peut-être passé à côté de quelque chose, c'est qu'il y avait tellement ce culte de la minceur. Ma mère qui a fait aussi 12 000 régimes et tout ça. Ma grand-mère aussi. Donc, voilà, ça se passe. En fait, on est passé à côté, je pense, d'un gros truc. Et c'est aujourd'hui, en fait, que je suis là où, là ? C'est le bordel. Et je ne sais plus où donner de la tête. Du coup, j'ai... Pour en revenir au TCA, avec ton programme, vraiment, ça m'a énormément aidée. Ça m'a fait comprendre plein de choses. Mais maintenant, je me rends compte que finalement, est-ce que j'avais réellement des TCA ? Est-ce que c'était vraiment ça la base ? Ou est-ce que c'était... Du coup, ça fait partie parce que les TCA, voilà, mais je me rends compte qu'en fait, ça a été un outil pour moi. Enfin, ça a été une béquille.
- Speaker #0
Oui, mais du coup, c'est pas la même question de se dire est-ce que j'avais réellement des TCA ou est-ce que c'était ça la base du problème ? déjà si tu te dis est-ce que c'était ça la base c'est que tu confirmes qu'il y avait des TCA, mais qu'effectivement, peut-être que ça a été pour toi, encore une fois, pour reprendre un peu ton image tout à l'heure, c'était la partie immergée de l'iceberg, en fait. C'est ce qui t'a permis d'aller te mettre au travail et de creuser, creuser, creuser. Mais quand est-ce que tu as pris conscience, pris conscience, ou en tout cas, quand est-ce que tu t'es posé la question de, tiens, mais est-ce que je n'ai pas des troubles alimentaires, en fait ?
- Speaker #1
Alors ça, je pense que c'est quelque chose quand même, si les réseaux sociaux n'existaient pas, je pense que je n'aurais pas été autant creusée, je ne sais pas. Mais je dirais que c'est parce que ça n'a jamais fonctionné en fait. Tout ce que j'ai testé, tous les régimes, les façons de manger différentes, le sport que je faisais, en fait ça ne jouait pas. Et puis j'avais beaucoup de crises, enfin pas des crises mais des compulsions, c'est la même chose. Et ça me questionnait beaucoup et je me disais, mais est-ce que c'est normal d'avoir des compulsions ? Est-ce que c'est normal d'avoir des crises ? Puis je me souviens que j'avais des amis autour de moi qui me disaient, mais Nina, nous aussi on en a. Moi aussi, des fois, je mange trois lignes de choc et puis ça me fait du bien. Mais en fait, c'était des personnes qui avaient des poids dits normaux, en fait. Et du coup, il n'y avait pas cette question. Et peut-être que si je n'avais pas surpoids, mais que j'avais quand même des compulsions, je serais peut-être passée à côté. mais encore une fois il y avait toujours cette pointe de l'iceberg qui était là, purée mais pourquoi Pourquoi j'ai du poids en trop ? Et même si on a beau dire tout ce qu'on veut sur la balance, je pense que quand il y a un grand surpoids, il y a quand même quelque chose qui dysfonctionne. En tout cas, à mon sens. C'est moi qui vois la chose comme ça. Après, je ne sais pas toi ce que tu diras.
- Speaker #0
Ça veut dire que tu ne penses pas qu'on puisse être à son poids d'équilibre et en bonne santé et tout ça en étant... Alors, qu'est-ce que tu appelles un grand surpoids ?
- Speaker #1
Je ne sais pas si je peux parler de chiffres, mais Ça, typiquement, le poids de forme d'où tu parles souvent, moi, ça m'a beaucoup parlé parce qu'en fait, je pense que mon poids de forme, il est entre 75 et 85 kilos. Vraiment, je pense. Je pense même autour des 80 kilos. Et en fait, j'ai souvent stagné autour de ce poids. Et en fait, je me sentais bien, sauf que ce n'était jamais assez. Donc, il fallait perdre parce qu'en fait, je me disais non, mais 76 kilos, il me semble que c'était super. Donc, du coup, c'était peut-être... 4-5 kilos en moins. Donc, finalement, c'était OK. Sauf que là, j'ai vraiment pris beaucoup, beaucoup de poids. Et je pense que maintenant, là, je pense que mon corps, je suis plus essoufflée. Je fais de la course à pied, plaisir, mais je suis quand même plus essoufflée. Je ne suis pas bien. Je suis quelqu'un d'assez dynamique. On fait des sprints. Je n'arrive pas à partir. Il y a des choses où je me sens quand même lourde. C'est un fait.
- Speaker #0
Tu as l'impression de ne pas être justement à un poids qui serait un poids d'équilibre.
- Speaker #1
La panne.
- Speaker #0
Mais par ailleurs, quand tu dis qu'on ne peut pas être en surpoids et en poids d'équilibre, pour le coup, en fait, toi, tu le dis, tu dis le poids auquel... autour duquel tu as stagné longtemps et dans lequel tu te sentais bien, c'est un poids où on disait de toi que tu étais en surpoids. Enfin, tu vois, c'était un poids où on te priait de maigrir, quoi. Donc, moi, je pense qu'effectivement, on peut être vraiment en surpoids. Considérer, c'est pour ça que j'aime bien dire considérer en obésité, considérer en surpoids, parce que c'est une considération par rapport à une espèce de norme établie par rapport à des statistiques et tout ça. Mais on peut être considéré en surpoids en étant en excellente santé. et en étant très bien, en fait, et en étant vraiment à son poids d'équilibre. Alors après, on peut mal le vivre, parce que psychologiquement, on nous a tellement rabâché que c'était trop, et parce qu'on voit tellement d'autres corps tout le temps, comme si, comme ça, plus fins. Après, sur la question de l'obésité, tu vois, si on me disait, « Attends, est-ce que tu penses que si on prend… » Je n'aime pas utiliser ces critères d'obésité, mais en même temps, ça nous permet de… dire les choses plus simplement je pense si on parle d'obésité morbide tu as le dernier stade de l'obésité effectivement est ce que naturellement le poids d'équilibré de quelqu'un peut être à ce poids là je pense pas effectivement je pense pas mais
- Speaker #1
il ya ce justement c'est cool que tu le soulève parce que moi ça m'a beaucoup questionné de t'entendre dire En fait pour moi dans ma perception des choses et comment moi je l'interpréter dans ce que tu pouvais partager Je me disais, mais en fait, ça veut dire que je peux faire 100, 110 kilos, puis c'est OK, même 120 kilos, puis c'est OK. Du coup, j'étais là, mais à quel moment, finalement, il y a quand même cette question de santé ou de... Oui, de santé qui rentre en jeu, tu vois. Alors, je pense que c'est un peu deux extrêmes. Et moi, j'ai dû passer, je pense, par ces deux extrêmes pour me rendre compte que finalement, il y avait quelque chose qui était juste. Mais quand j'étais à ce poids de 80 kilos, en fait, moi, j'étais soi-disant pas bien. J'avais l'impression de ne pas être bien, mais en fait, je pense que j'étais très bien. Et là, par contre, à 80 kilos, il y a quelques années, c'était vraiment la pression de la société, c'était encore peut-être la pression que j'avais de ma maman, potentiellement. Sauf que maintenant, aujourd'hui, j'ai pris quasi 20 kilos et franchement, c'est beaucoup. Là, je fais 100 kilos. Ok, je me suis repesée, je suis là. Mais du coup, j'ai beaucoup avancé parce que je me dis, ok, 100 kilos, mais c'est quoi ? C'est un chiffre sur une balance. Ok, le chiffre. Mais du coup, moi, je peux observer à l'extérieur que du coup, je me sens moins bien quand je cours, je me sens moins bien si je marche, quand je me baisse, quand je mets mes chaussures. C'est des choses qui sont concrètes, en fait. Et là, ça me parle beaucoup plus. Mais c'est vrai que je pense que si j'avais entendu le chiffre sur la balance, tu peux être en super bonne santé et faire 80 kilos, c'est bon.
- Speaker #0
Je pense que tu peux être en très bonne santé et faire 100 kilos. Oui. Tu vois, quand tu dis, mais ouais, mais alors 110, c'est OK, 120, c'est OK. En fait, j'ai quand même envie de dire oui, ça peut être OK. Ça peut être OK. Et franchement, la santé, oui, d'accord. Après, c'est compliqué. Je suis une goutte d'eau dans un océan de diète culture. Mais je pense que c'est important de le dire et de le redire et de le répéter. Le facteur poids est un facteur santé parmi plein d'autres. Et donc, tu peux être dans une santé. catastrophique à 60 kilos. Oui, le facteur augmentation du poids, si tu t'éloignes beaucoup de ce qui est censé être ton poids d'équilibre, en fait, oui, ça va être un facteur à prendre en compte qui peut, à un moment donné, t'amener des problèmes de santé. C'est vrai. Mais tout comme plein d'autres, tu vois. Et à côté de ça, il y a plein de gens qui vont améliorer leur santé et leur santé mentale en prenant du poids et en dépassant le poids d'équilibre. par rapport à une vie où tu passes ton temps. Parce qu'on sait aussi aujourd'hui que ce qui est le plus délétère, ce n'est pas le surpoids, c'est les variations de poids, le yo-yo. On sait que ça, c'est vraiment mauvais pour la santé, que notre corps, il n'aime pas, et que ça le sursollicite, ça le stresse. Il y a tout un effet vraiment délétère. Donc voilà, ce côté, il y aurait un poids. En fait, j'entends bien ce que tu dis et je me dis, tout ce que tu dis, c'est tellement légitime et normal de se dire ça. mais il n'y a pas un poids où on peut se dire « Ah ça y est, attention, là j'ai dépassé le truc, je vais être en mauvaise santé, et là, fini les conneries, il faut que je me reprenne en main. » Parce que le « fini les conneries, il faut que je me reprenne en main » , c'est le problème ! Et c'est ce qui fait que tu finis par faire que de prendre le poids.
- Speaker #1
Et d'ailleurs, je vais rebondir sur ce que tu dis, parce que j'ai vécu quelque chose de très intéressant la semaine passée. J'ai été voir ma médecin, donc médecin généraliste, Pour autre chose, signer un papier pour le travail, bref. Et, ben, parlons-en, mais c'est piqure pour perdre du poids.
- Speaker #0
qui sont là partout et tout ça. Moi, je n'en avais pas beaucoup entendu parler. Et d'ailleurs, Bypass et tout, pour moi, c'était hors de question. Je savais qu'il y avait autre chose, qu'il y a autre chose à travailler. Et en fait, j'ai été la voir. Et puis, on a parlé justement de ses injections, qu'est-ce qu'elle en pensait. Elle avait son avis, bref. Et elle me dit, mais attends. Donc, je lui exprime que j'ai pris 20 kilos. Elle me pèse. D'ailleurs, j'étais d'accord qu'elle me pèse, alors qu'avant, je ne voulais pas voir. donc elle me pèse et tout Puis elle prend les paramètres vitaux et tout ça. Puis elle me dit, oui, mais Nina, en fait, vous êtes toujours en super bonne santé. Vous avez un... Je ne sais plus, elle a pris mes pulses ou je ne sais plus quoi. Elle me dit, mais vous avez des pulses d'une grande sportive et tout, mais tout va bien. C'est fou quand même. Et j'ai pris 20 kilos. Et en fait, au fond de moi, là, j'enlève un peu mon égo, j'enlève comment je me vois. En fait, en moi, mon corps, il va hyper bien. Et c'est difficile en fait de faire justement la différence entre l'image que j'ai de moi, comment je me vois et en fait ma santé. Parce que oui je parle de santé, avant aussi quand je faisais 75 kilos je parlais de ma santé, ma mère me parlait de ma santé, mais en fait on m'a toujours parlé de ma santé. Mais même quand j'allais voir ma diététicienne, ma diététicienne me disait mais Nina, enfin limite elle me disait t'es très bien, tout va bien. Mais en fait c'était dans ma tête que c'était le gros bordel. Et puis même quand je lui disais à ma diète que j'avais des compulsions, elle me disait, ben voilà, ça fait partie. Enfin, il n'y avait pas du tout une approche, il n'y a jamais eu d'ailleurs. Et c'est peut-être ça des fois qui est frustrant pour moi. Quelqu'un qui m'a dit, il faut vraiment que tu perdes du poids là. Là, c'est vraiment chaud.
- Speaker #1
C'est frustrant ou c'est culpabilisant du coup ?
- Speaker #0
Ben, je pense que moi, j'aurais peut-être aimé qu'on me dise, tu vas suivre ça, tu vas faire comme ça tac tac tac tac parce que là t'es vraiment en danger
- Speaker #1
Mais oui, mais si tu l'étais pas. Bah oui !
- Speaker #0
Du coup, en fait, c'était horrible parce que j'avais dans ma tête ce truc de il faut perdre ou il faut pas prendre, soit disant pour ma santé, sauf qu'en fait, j'ai jamais eu de problème de santé. Et maintenant que j'ai pris 20 kilos, je me dis, mais en fait, c'est vrai, je suis en bonne santé. Mais si j'avais pu me le dire 20 kilos avant, ça aurait été cool.
- Speaker #1
Mais il est jamais trop tard. En fait, le... la prise de tête sur ta santé, elle est la même que des tas de nanas qui vont plus parler de l'image de leur corps, qui ont plus été obsédés par « il faudrait que je sois plus mince » , et qui se voient en photo 20 kilos de moins, et qui disent « mais attends, j'étais super bien ! Mais pourquoi je me suis pas dit que j'étais super bien ? Je me serais foutu la paix ! » Mais il est jamais trop tard pour se foutre la paix. Et en fait, c'est aussi en te foutant la paix, et peut-être en te lâchant un peu la grappe sur ta santé, que tu seras paradoxalement plus à même de prendre soin de ta santé au global c'est toujours la même histoire après qu'est-ce que ça dit aussi ces craintes voire même cette obsession pour ta santé à quoi c'est rattaché si tu tires le fil qu'est-ce que ça vient dire et
- Speaker #0
je pense que tout cet aspect de corps et tout j'ai quand même énormément avancé et si aujourd'hui même encore une fois avec 20 kilos en plus je pense que quand j'ai commencé le programme je crois que c'était en octobre Merci. Et je pense que j'ai dû prendre, c'est rien, entre 8 et 13 kilos, on va dire 10 kilos, je pense. Et au début, j'étais là, j'ai eu un pressentiment où je me suis dit, je pense que je vais devoir prendre du poids pour réussir à lâcher. Et en fait, c'est ce qui s'est passé. Et aujourd'hui, je peux dire que je n'ai plus de problème en lien avec les aliments, en ayant fait tous les exercices, de réapprendre aussi à mettre mon corps en mouvement, à manger. des aliments qui étaient soi-disant interdits, en fait, aujourd'hui, je peux dire que je ne me suis jamais sentie autant à l'aise et autant bien avec les aliments, avec 22 de plus. Donc, je me dis, si, peut-être que si je ne les avais jamais pris, j'aurais jamais eu cette conscience et puis j'aurais toujours été dans le contrôle et dans la culpabilité. Et maintenant, je ne le suis plus du tout. Donc, en fait, il y a quand même tout un immense côté positif. Mais maintenant, c'est vraiment l'image de moi, chose qui avant était plutôt OK. Maintenant, je suis un peu dans le déni. Je ne me regarde pas, en fait. Je ne me regarde plus. Je ne me regarde pas dans le miroir. Enfin, le visage, oui. Mais mon corps, non. J'ai des vergetures qui sont en Paris, qui n'étaient pas là. Et tu te dis, c'est quand même des traces qui vont être là toute ta vie. Mais en même temps, je me dis, c'est beau parce que c'est mon parcours. Ça fait partie de moi. Donc, j'arrive quand même à prendre ce recul. Mais voilà, j'ai un copain. Et même si j'essaye de déconstruire énormément de choses, il me dit bah oui je vois que t'as pris du poids mais je t'aime toujours autant et tout Et au début, je lui disais, t'imagines, tu prends 20 kilos. Et en fait, j'ai pris 20 kilos depuis que je suis avec. Mais en fait, il est toujours là et il m'aime toujours. Et en fait, c'est pas ça la base de notre relation. Mais en même temps, ça fait partie... Enfin, c'est hyper difficile.
- Speaker #1
Ouais, c'est marrant ce que tu dis. C'est comme si tu étais en train de dire que ton chemin, c'était d'aller te confronter à ce truc, un peu cette plus grande peur de la vivre et de dire, putain, ma vie, elle est quand même assez stylée. Alors que j'ai pris ces 20 foutus kilos. Mais légitimement, j'entends bien qu'aujourd'hui, tu voudrais pouvoir te délester de ce poids-là.
- Speaker #0
Mais même pas en me disant, ça fait tellement d'années que je me... Je ne suis pas dans cette démarche-là. Je suis juste en mode... Franchement, là, si j'avais une baguette magique, je me dirais, ok, vas-y, tac, t'en enlèves 10 et tu te sens déjà plus légère. Et t'es plus à l'aise, je ne suis pas dans le sport. Je suis un peu de yoga, je me sens compressée avec mon ventre. Ce n'est pas agréable, mais je le dis comme ça. Mais c'est vrai, quand tu es assise par terre et que je dois faire des exercices de souplesse, je me sens coincée. c'est ma perception et c'est comment je me sens
- Speaker #1
Mais il y a une question que je me pose. Alors, on pourrait en dire plein de choses, en fait, sur tout ce qui peut se mettre au travail, sur l'acceptation corporelle. Parce que... Mais on en a déjà vachement parlé, il me semble, toutes les deux, via messages vocaux interposés et tout, sur tout ce travail qu'il y a à faire aussi, sur, OK, il y a l'acceptation de l'ici et maintenant, que tu ne peux pas changer, qui n'est pas en ton pouvoir, et comment tu peux... vivre les choses de la meilleure manière possible. Mais en même temps, j'ai l'impression que tu te sens parfois pas bien et illimité et quand même globalement super bien. Enfin, tu vois qu'il y a deux trucs qui cohabitent. Pour revenir à des trucs assez factuels, si on considère que tu es bien au-dessus de ton poids d'équilibre, mettons si tu es 20 kilos au-dessus de ton poids d'équilibre et que tu retrouves un équilibre justement avec la nourriture et que tu manges en lien avec tes besoins, logiquement, d'une, ton poids, il n'est plus censé augmenter, il est censé plutôt se stabiliser, voire, dans un certain timing qu'on ne connaît pas, qu'on ne maîtrise pas, potentiellement redescendre. Alors, pas forcément 20 kilos. Moi, ce n'est pas souvent ce que je vois. Mais encore que, j'ai un exemple. Peut-être que cette personne, il faudrait que je lui propose de venir témoigner une personne avec qui j'avais travaillé et qui, en fait... a perdu, je crois, après, sur le long terme, 18 kilos. Mais c'était en lien avec d'autres choses aussi dans sa vie. Mais il n'empêche que ça a été possible pour elle de perdre 18 kilos alors même qu'elle avait eu des TCA. Et en ça, c'est quand même un sacré sujet, parce que j'avais aussi envie d'ouvrir cette porte-là et de te dire « Attends, mais ta baguette magique qui te fait perdre 10 kilos, est-ce que ça ne réactiverait pas des troubles alimentaires ? » Parce que quand tu dis « J'ai eu besoin de prendre ces 10 kilos pour vraiment lâcher, Au début du programme, ça me fait écho avec d'autres personnes qui sont actuellement dans le programme et qui ont commencé par perdre du poids. Et chez qui ça a réactivé les restrictions et les compulsions. Tu vois, tu as un truc, j'ai l'impression que tout est possible. On peut guérir son comportement alimentaire en maigrissant, on peut le guérir en grossissant, mais en fait, ça n'enclenche pas les mêmes choses. En tout cas, peut-être que si tu avais ta baguette magique, que tu perdais 10 kilos. Ce serait peut-être pas si simple, mais pour revenir, pour reprendre mon fil de ce que je te disais, on peut se questionner sur où est-ce que t'en es dans le processus aussi, et que peut-être il va y avoir une perte de poids naturelle qui va se mettre en place.
- Speaker #0
Oui, et après je pense que là actuellement il y a aussi cette impatience. Clairement, le fait de dire « purée là c'est bon ! » Et tout d'un coup je remets ça sur le tapis en me disant « j'ai vraiment envie de perdre du poids, mais parce que je vois des photos de moi, je vois... » des habits qui sont un peu trop petits, mais en même temps là ça fait, je pense depuis que j'ai commencé le programme, ouais peut-être une année, en fait j'ai pas changé de taille d'habit alors que clairement avant je changeais quasiment chaque année de taille d'habit donc il y avait beaucoup de choses, à chaque fois ça faisait comme ça le pantalon de ski, alors ça c'était vraiment le truc, là ok, est-ce que cette année ça va être bon, et c'était vraiment mon angoisse et puis là en fait je remarque que non en fait mes habits me vont, ça fait longtemps que c'est stable, et finalement il y a vraiment beaucoup de mieux Et là, ces derniers jours, j'étais là, OK, maintenant, je me reprends. Non, mais non. Qu'est-ce que tu veux reprendre, en fait ? Mais du coup, je suis hyper contente parce que c'est des choses que j'ai acquises aussi, franchement, à travers aussi tous les podcasts que j'ai écoutés, à travers le programme et tout. Et je me dis, en fait, maintenant, tu as vraiment acquis des choses et elles sont acquises.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
C'est là, en fait.
- Speaker #1
Non, mais là, on est en train de parler de patience à une personne avec un TDAH aussi, tu vois.
- Speaker #0
Alors. Franchement, je pense que... Je sais pas qu'est-ce qui prend plus de place. Maintenant, c'est le TDAH. En ce moment, c'est plus le TDAH qui prend plus de place que le poids, en fait. Maintenant, le poids... Ok, le poids, non pas le poids, la bouffe. Franchement, maintenant, je suis là, mon âme. Enfin, je ne sais pas, je ne me pose plus trop de questions. Et j'ai eu besoin de cette phase parce que j'ai aussi un copain qui n'en a rien à fiche, qui mange ce qu'il veut quand il veut. Il est un peu... Il n'est pas en surpoids ? Oui, oui, un petit surpoids, mais voilà. Il en a conscience. Il ne fait pas de sport, ça le fait de schisse. Il n'a pas envie de faire attention. Il n'a pas envie de mettre de l'énergie là-dedans. Et franchement pour moi c'était très compliqué au début Et j'étais là ben bravo Et il m'a aussi amené ce côté plus foutoir la paix, qui m'a fait beaucoup, beaucoup de bien. Mais maintenant, moi, je pense que j'ai aussi cette... Je ne sais pas si on peut appeler ça une valeur, mais de manger sainement, de manger correctement, de mettre des aliments qui me font du bien dans mon corps. Parce que je ne veux pas que de manger trois croissants au jambon le matin et un donut, moi, je ne vais pas me sentir bien.
- Speaker #1
Mais est-ce que t'aurais envie de le faire ? Est-ce que ça t'apporterait du plaisir gustatif ? Est-ce que ce serait satisfaisant ?
- Speaker #0
Justement, pas toujours. Donc en fait je suis un peu passée d'une extrême à l'autre encore une fois, et là j'essaie de revenir sur quelque chose qui me correspond mieux. Et maintenant on habite ensemble, ça fait pas longtemps qu'on habite ensemble, ça fait un mois et demi, et ben pour moi c'est difficile. Parce qu'en fait lui il s'en fiche, il est là ok, quelle est mon envie maintenant sur le moment ? Mais moi j'ai besoin d'anticiper certaines choses, donc en fait c'est... Des fois, c'est difficile, mais on va trouver l'équilibre. Mais pour moi, de retrouver vraiment qu'est-ce qui me fait du bien. Entre dire non à un croissant au jambon une fois parce que j'en ai envie, ou dire non à tout, ou oui à tout. C'est vraiment trouver cet équilibre.
- Speaker #1
Ouais. Pour moi, c'est la dernière phase qui est super importante, et j'ai envie de te dire, fais-toi confiance et n'aie pas peur. Reste aussi très connecté à toi, parce qu'en vrai... moi, manger des croissants au jambon le matin et le midi, de la pizza et je ne sais pas quoi, en fait, je n'ai aucunement besoin de me dire « Non, Flavie, ce n'est pas ça. » C'est juste que ça ne me fait pas du tout kiffer, en fait, parce que je ne vais pas digérer, je vais être ballonnée. Même le goût ne va pas me faire envie, je vais être devant, je vais dire « Oh non ! » Mais parce que ça fait des années que j'ai pu expérimenter la guérison des TCA et que, contrairement à ce que j'imaginais, je ne suis pas obsédée par le gras, le sucre, machin. Et qu'en fait, si je passe une phase où je vais manger beaucoup de sandwichs plats préparés ou je sais pas quoi, je vais rêver. Alors soit selon les saisons, soit de trucs ultra frais, ultra juteux, soit de soupes de légumes à gogo, tu vois ? L'équilibre va se faire, et oui, c'est hyper important de le dire, donc je le redis, on peut avoir souffert d'un trouble alimentaire, en sortir, et derrière, faire des choix, vraiment, pour... pour soi, pour son bien-être, pour sa santé au global. Et du coup, faire des choix alimentaires aussi.
- Speaker #0
Oui, je pense que là, je suis justement dans cette phase à me dire, OK, le gluten moderne, actuellement, ça ne me fait pas du bien. Et je sens vraiment que je ne me sens pas bien. Mais vu que j'ai eu toute la phase de réintroduction des aliments interdits, je suis restée longtemps dans cette phase. Et maintenant, je suis là, OK, Lina, maintenant, tu as expérimenté. qu'est-ce qui te fait à toi du bien et j'ai un exemple hyper concret, je suis partie en Valais à la montagne avec une amie et cette amie, elle avait vraiment besoin de manger, le matin elle a besoin de manger donc elle voulait acheter du pain, du fromage donc on a acheté du pain et du fromage et moi le fromage c'est vraiment quelque chose et puis, et en fait je savais je sais que le pain suivant lequel, et le fromage Combo, j'arrive pas à m'arrêter. Enfin, j'arrive pas à m'arrêter. J'en mange pas mal. J'arrive pas à me dire juste une petite tartine avec un petit bout de fromage. J'ai besoin d'en manger. Donc j'en mange. Je me sens bien sur le moment. Enfin, j'ai pas trop mangé, voilà. Sauf qu'après, je me suis sentie ballonnée toute la journée. Et je me suis dit, bah merde en fait. Là, je savais. Mais dans ma tête, je me suis dit, non, non, non. Faut pas être dans la restriction. Donc vas-y. Alors qu'en fait, après coup, j'étais là, bah... Ça m'a fait plaisir sur le moment, mais après, je me sentais pas bien. Donc je suis encore dans la... Là, je pense que je suis dans une phase où je sais, mais il faut quand même que j'agisse, en fait. Que je me dise, OK, Nina, prends juste un temps. Est-ce que manger quatre tranches de pain et huit bouts de fromage, est-ce qu'après, tu vas te sentir bien ? Mais du coup, je tâte encore un peu.
- Speaker #1
Mais peut-être que c'est normal que tu tâtonnes, et puis peut-être que tu vas réussir à trouver des réponses d'entre deux et réussir à relever la tête au bout de deux tranches de pain et quatre bouts de fromage, et dire... ok, je tente d'arrêter là, je teste ce juste milieu-là. Pour le moment, tu es encore obligé de faire des trucs un peu conscients. Si je faisais le parallèle avec l'apprentissage de la conduite, je ne sais pas si tu es conductrice, si tu as ton permis, je veux dire, au début, tu étais obligé de réfléchir au moment où tu allais passer la seconde et au moment où tu allais passer la troisième, et tu vois, tout ça était conscient avant de devenir complètement inconscient et ancré. Donc là, tu es encore en train de tâtonner. Mais dans quelques temps, ça deviendra inconscient. Et ça ne voudra pas dire que ce sera parfait. Il y a des fois où ce sera trop. Il y a des fois où ce ne sera pas assez, où tu n'auras pas du tout mangé le fromage. Et le soir, tu auras été affamée, où tu te seras un peu jetée sur la boue sans forcément faire de compulsion. Mais tu vois, un truc un peu comme ça, où tu diras, ah ouais, c'est peut-être en lien avec ce matin. De toute façon, ça ne sera jamais parfait.
- Speaker #0
Non, clairement. Et je pense qu'il faut que je sorte aussi de ça. De la perfection et du truc hyper... On ne sort pas du cadre, quoi. C'est comme ça et pas autrement. Et pour beaucoup de choses, et je pense que là, du coup, le TDAH rentre en jeu, c'est que je suis tout le temps insatisfaite. Enfin, très souvent, pour ne pas dire tout le temps. C'est jamais assez, en fait. Je fais jamais assez, c'est jamais assez. Il faut toujours faire mieux. Et j'ai de la peine à me dire, genre... Là, actuellement, tu en es là et c'est hyper bien ce que tu fais. Il y a un bout qui dit ça, puis un autre qui n'est quand même pas satisfait et qui se base sur des choses, typiquement le poids, qui ne bouge pas actuellement. Mais en même temps, c'est que peut-être qu'il doit être là pour le moment. Donc, c'est vraiment ces deux dialogues avec moi-même qui, des fois, sont quand même difficiles. Et en fait, vraiment, avec le TDAH, typiquement, j'ai fini ma formation, puis... Je suis un peu en transition, je suis à 30% fixe et puis le reste du temps, j'ai un peu des petits jobs à Ausha droite. Je me suis toujours pas mal débrouillée pour avoir des sous. Mais en fait, quand je n'ai rien, c'est une catastrophe. Quand il n'y a rien dans ma tête, c'est très compliqué. Et avant, c'était la bouffe et le sport qui prenaient toute la place. Et c'est que ces derniers mois où je me suis dit, peut-être qu'il y a quelque chose d'autre qu'OK la bouffe. parce que Sur le moment, quand j'avais mes TCA, en fait, c'était rassurant. C'était très rassurant. J'avais mis routine, j'allais au lycée. Après, j'allais faire du sport. Après, je mangeais sainement. Et puis, en fait... Mais par contre, je pensais tout le temps à la bouffe. Tout le temps, tout le temps, tout le temps à ce que je mangeais. Ah purée, et puis là, si je mange ça, OK, je vais devoir aller faire du sport, machin. Mais c'était pas forcément... J'étais pas malheureuse, en fait. Ça venait, je pense, combler quelque chose et ça jouait. Et c'est là, après, où justement, je suis tombée sur des comptes Instagram, etc., où j'ai pris conscience qu'il y avait potentiellement quelque chose qui était un peu bancal. Et du coup, j'ai ouvert une porte qui était vraiment immense. Et du coup, je l'ai creusée, creusée, creusée. Et aujourd'hui, je me dis, OK, maintenant, il y a autre chose. Et le TDAH, c'est vraiment un gros sujet, je pense, maintenant. Parce qu'il n'y a plus ce contrôle, en fait, sur l'alimentation.
- Speaker #1
Oui, c'est souvent ce que je dis, que le TCA, c'est un peu le tapis que tu soulèves quand ça va mieux et que tu vois tout ce qui était caché sous le tapis. T'es accompagnée actuellement autour du TDAH ?
- Speaker #0
Non, mais là, d'ailleurs, c'est une de mes missions de cette semaine. Je dois appeler justement un psychiatre pour voir ce que je peux mettre en place. Après, les médications, il y a du oui, il y a du non. De toute façon, comme pour tout, tu entends tout et son contraire. Je sais pas, on verra. Est-ce que tout d'un coup, si j'ai de nouveau un job à temps plein ou je sais rien, à 80%, ça va me permettre d'être active et puis du coup de pas avoir trop de temps pour penser, puis que ça suffira, je sais pas. Mais oui, il faut que je prenne ça en charge. Parce qu'il y a tout qui remonte maintenant, en fait.
- Speaker #1
Comment tu pourrais expliquer ce que tu vis avec le TDAH et quels liens tu fais, tu as fait ? avec ton comportement alimentaire ?
- Speaker #0
Comme je l'ai déjà dit juste avant, je pense, on en a parlé avant, mais que le TDAH, c'était vraiment la base. La base d'une neuroatypie. J'ai un papa qui l'est 3-2 000, je pense. Et du coup, j'ai... Je pense que la bouffe a pris plus de place que le TDAH. Sauf que le TDAH, c'était toujours là et j'avais quand même toujours des commentaires par rapport à cette personnalité, par rapport à ma personnalité. Du coup, j'étais comme j'étais, mais en fait, il ne fallait pas que je sois comme ça. En fait, partout où j'allais ou ce que je faisais, c'est mon sentiment. Encore une fois, je n'ai pas envie de culpabiliser les gens à l'extérieur, mais en fait, ce n'est jamais bien. Ce n'est jamais bien ce que je fais, du coup, ce n'est jamais juste ce que je dis. comment je mange, ça allait pas. Et du coup, en fait, Nina, de manière globale, n'était jamais à la bonne place au bon moment. C'était jamais juste, en fait. Et aujourd'hui, c'est dur de dire ça quand même, mais aujourd'hui, je me sens beaucoup plus alignée. Mais ce côté TDAH, donc TDAH neuroatypie, chez moi, en tout cas, ça se présente avec pas mal d'impulsivité. Tout d'un coup, beaucoup d'angoisse. Et d'ailleurs, ça, je ne l'ai pas mentionné, mais depuis que ce n'est plus vraiment un problème la bouffe, il y a beaucoup d'angoisse qui sont arrivées. Mais des angoisses, je pense, en fait, liées à des scénarios que je me fais, qui n'arrivent pas. Et puis justement, TDAH, donc hyperactivité mentale, donc tout le temps en train de penser, tout le temps, dans tous les sens. Et en fait, c'est hyper stressant, c'est hyper angoissant parce qu'il n'y a rien qui se passe. En fait, tu te fais des scénarios qui n'existent pas. Et puis, lien, tu vois, là aussi, je repars dans tous les sens, lien avec la nourriture. Là, je n'en fais plus puisque je pense qu'avant, je me jetais sur la bouffe quand ça se passait, en fait.
- Speaker #1
Pour calmer les angoisses, pour...
- Speaker #0
Clairement, parce qu'au jour d'aujourd'hui, j'ai franchement plus... Enfin, des compulsions ou comme ça, j'ai plus. Alors oui, ce côté un peu impulsif, je peux l'avoir encore. Mais par contre, j'arrive à m'écouter beaucoup plus à travers le travail que j'ai fait. Donc si tout d'un coup, là, l'autre fois, j'ai eu un apéro, en préparant l'apéro, j'avais tellement faim que j'ai bouffé des chips. J'étais justement un peu compulsive. Mais du coup, après, il y avait l'apéro sur la table, j'avais plus faim. Donc je n'ai pas mangé. Chose qu'avant, je n'aurais jamais fait. Parce que c'était caché. donc il y a quand même tout ce... ce côté compulsif, impulsif qui est là, et je pense qui est lié au TDAH, mais qui, avec la bouffe, c'est OK maintenant. Ça fait partie. Je me dis que ce n'est pas grave. Oui,
- Speaker #1
et puis ça se régule. En fait, c'est trop bien que tu partages ça, parce que je pense qu'il y a des personnes qui se disent, qui ont peut-être identifié qu'elles avaient un TCA, mais qui, si elles identifient qu'il y a un TDAH, se disent, bah oui. mais en fait c'est l'impulsivité du TDAH donc de toute façon ça sert à rien d'essayer de traiter le TCA mais c'est des choses différentes en fait même si t'as encore l'impulsivité qui va se présenter avec la nourriture et bah comme il n'y a plus toute cette culpabilité toute la restriction et la restriction cognitive enfin c'est un très bon exemple l'exemple de l'apéro ça veut dire que ok là il y a cette impulsivité et entre parenthèses que tout le monde peut avoir si à un moment donné on est affamé aussi quoi de toute façon ... Mais derrière, ça se régule, en fait. Donc, voilà, c'est hyper chouette. Et pour moi, ça souligne quand même tout l'intérêt de pouvoir prendre en charge le TCA comme une vraie pathologie en tant que telle. Ce qui, encore aujourd'hui, je trouve, n'est pas assez fait, pas assez proposé aux personnes. Tu vois, le TCA est relié... Tu sais, des fois, on parle de comorbidité, en fait, voilà, le lien entre les pathologies. Il y a plein de gens qui font de la dépression qui ont un TCA, qui ont un TDAH, qui ont un TCA, qui ont une personnalité qualifiée de border et ont un TCA. Et du coup, on va dire aux gens, ben non, mais vous êtes bipolaire ou border ou machin, donc il faut prendre ça en charge. Comme si le TCA allait nécessairement disparaître et était complètement relié à ça. Il y a toujours, en fait. Imagine si t'avais été prise en charge pour ton TDAH du coup c'est une vraie question imagine t'es prise en charge et t'es mise sous traitement je sais pas quoi, est-ce que tu penses que sans tout le travail que t'as fait là sur ton comportement alimentaire sur ton rapport à l'alimentation est-ce que tu penses que ça aurait complètement réglé le TCA ?
- Speaker #0
Ben du coup pas forcément parce qu'il y a quand même l'aspect culture de la minceur culture de la minceur et éducatif qui était là après j'ai un frère Merci. un frère et une sœur qui n'ont pas du tout de surpoids ma mère n'a pas de surpoids, mon père n'a pas de surpoids et je pense que les deux ont aussi un TDAH, mon frère et ma sœur mais par contre ça a été d'autres choses en fait ma sœur elle a je pense de ce que je peux observer elle a fait une addiction aux réseaux sociaux très très très très jeune donc le téléphone c'est vraiment le truc qui lui permet en fait de je sais pas d'occuper en fait son cerveau. Et mon frère, c'est un artiste, il fait de la musique. Et je pense que c'est ça. Lui, c'est ce chemin-là qu'il a pris. Il a aussi beaucoup fumé, par exemple, de cannabis. Je pense que ça a été aussi sa baie qui a lui. Et moi, ça a été la bouffe. Mais je pense que les trois, c'est assez marrant, parce que si je regarde, vraiment les trois, on a nos trucs, en fait. Mais comme tout le monde sûrement. Mais en tout cas, dans ma fratrie, je pense qu'on potentiellement souffre, on va dire. Les trois de la même chose, mais on ne les exprime pas du tout de la même façon. Et si je regarde mon papa, qui a aussi, je pense, un TDAH, c'est un sportif d'élite, mais un taré. Je veux dire, il travaillait à 100% et il allait encore s'entraîner à côté. Il faisait des crises de bouffe. Ça, j'en ai aussi parlé avec lui. Mais il n'a jamais été médiqué, alors il a 56 ans, on n'en parlait pas. Mais oui, du coup, je pense que ça aurait été différent. Oui, sûrement que ça aurait été différent si mon TDA avait été pris en charge plus tôt. Après, maintenant, il y a cette idée des piqûres qui est venue, clairement. Mais dernièrement, je me suis dit, si je faisais ces piqûres et que je perdais un peu de poids, peut-être que ça m'aiderait. Et en même temps, je me dis, mais en fait, ça ne changerait pas ton hyperactivité mentale. OK, tu n'aurais plus ton poids, mais ce n'est déjà plus un vrai souci, finalement. Donc, ça serait juste accélérer le truc. Puis en même temps, tu ne sais pas vraiment ce que tu te mets dans ton corps. Mais là, maintenant, aujourd'hui, je me dis, mais je pense que ce TDAH, maintenant, il a la place de s'exprimer. Enfin, il a la place, en fait, de s'exprimer. Et moi, j'ai le temps et l'espace pour le prendre en charge. Mais comme... Comme pendant ces trois dernières années où j'avais des horaires assez particuliers, où j'ai eu le temps et l'espace de prendre en charge mes TCA. Or et tout.
- Speaker #1
L'histoire des piqûres, je t'invite à aller voir, je ne sais pas si tu connais sur Instagram, le compte Corcool. Je voulais le repartager, il faudrait que je le repartage sur Insta. Ce compte-là a fait un post hier sur ces fameuses injections. que je conseille à tout le monde d'aller lire, qui est truffé d'infos, d'infos qui reposent sur des études, et qui expliquent aussi le fonctionnement de ces piqûres, et qui parlent aussi du fait que ça fonctionne ou non aujourd'hui, c'est-à-dire que c'est survendu comme quelque chose qui fonctionne, mais parce que c'est un business, on parle de milliards d'euros, en fait, générés par ces industries pharmaceutiques. Et en fait, c'est pour ça qu'on en entend beaucoup parler, mais la réalité, c'est que ça marche, pas pour tout le monde déjà, contrairement à ce qu'on dit, et de toute façon, ça marche que à condition de continuer de faire les piqûres. Du moment où tu arrêtes, tu reprends, il y a même des gens qui reprennent avant d'arrêter les piqûres. Donc c'est quand même hyper questionnant, une piqûre à vie, mais ensuite, là où c'est surprenant par rapport, d'habitude, de notre système de santé.
- Speaker #0
prend beaucoup plus de choses en charge mais je le sais par une amie qu'en Suisse c'est pris en charge alors c'est pris en charge mais seulement si tu es suivi par un endocrinologue et que tu suis les doses et que tu as un IMC de plus de 30 je crois ou je sais plus ça c'est pris en charge mais après il y a des médecins qui le prescrivent quand même mais du coup c'est pas remboursé par les assurances parce qu'il y a aussi, je pense que c'est la même chose mais il y a la question de franchise et tout Et de toute façon, si tu as une franchise à 2500 francs, si ça ne dépasse pas, ce n'est pas pris en charge.
- Speaker #1
Alors nous, il n'y a pas de notion de franchise. En fait, si tu veux, on a un système de sécurité sociale où on a l'habitude que tous les soins soient gratuits.
- Speaker #0
Ah oui, mais c'est pas du tout. Chez nous, pas du tout.
- Speaker #1
Mais par contre, ces injections, alors à moins que ça ait évolué, mais pour moi, aux dernières nouvelles, aujourd'hui, n'importe quel médecin a le droit de le prescrire, ce qui est déjà en soi hyper questionnant.
- Speaker #0
À tout le monde.
- Speaker #1
Je ne sais pas. comment c'est encadré. Et par contre, mais moi, déjà, juste le fait qu'un médecin généraliste, enfin, tu vois, qu'il ne soit pas un endocrino et tout, enfin, que n'importe quel médecin puisse prescrire, je trouve ça questionnant. Et du coup, je ne suis pas sûre qu'il y ait une limite d'IMC. Et par contre, nous, aux dernières nouvelles, ce n'est pas remboursé, ce n'est pas pris en charge. Donc, c'est hyper coûteux. C'est autour de 400 euros par mois, je crois. Donc, Donc, il faut s'imaginer prendre un médicament sur lequel on a... aucun recul, toute sa vie. En fait, je t'invite vraiment à aller voir ce post-là qui a été fait. Quand l'épisode de podcast sortira, ça datera un peu, mais allez voir sur le compte de Corcool. On manque de recul quand même là-dessus et sur ce post, Corcool parlait aussi de le fonctionnement, en fait, comment ça fonctionne. C'est quoi ces molécules qu'on s'injecte et comment ça fonctionne ? Il y a plein de questions qui sont quand même intéressantes à se poser. Voilà, après, c'est difficile de... Comment dire ? Je n'ai pas pour habitude de me positionner contre quoi que ce soit, par exemple la chirurgie bariatrique ou des choses comme ça. Là, j'avoue que moi, j'ai du mal à voir l'intérêt du truc, étant donné qu'à partir du moment où tu arrêtes les injections, tu reprends tout le poids.
- Speaker #0
Mais en fait, toutes ces choses, ça me questionne aussi beaucoup, parce qu'il y a une amie de ma maman qui, je pense, enfin non je suis sûre, a des troubles alimentaires, mais vraiment depuis toujours et tout. Et en fait, elle n'a jamais pris ça en compte, en considération. Elle s'est toujours, vraiment, image d'elle, vraiment horrible. Donc elle s'est toujours trouvée énorme, grosse, moche, machin. Et pour elle, la beauté c'est à travers la minceur. Elle a fait une première fois une opération, je ne sais plus laquelle, chirurgie bariatrique. elle a perdu sauf que c'est pas quelqu'un qui est forcément active c'est pas quelqu'un qui mange forcément enfin voilà sainement en fait elle a rien changé et en fait y'a rien qu'à changer dans sa tête enfin oui je crois il y a des suivis quand même qui sont obligatoires mais il y a fondamentalement pas grand chose qui a changé elle a repris tout le poids voire plus et au jour d'aujourd'hui elle a commencé ses piqûres donc elle était tellement contente de pouvoir avoir accès à ses piqûres qu'elle se pique donc tous les jours à haute dose C'est horrible de dire ça, mais elle ressemble à un cadavre. Elle a un teint qui est gris. Vraiment, alors oui, elle est maigre. Enfin, elle est mince. Et elle rentre dans une taille 34, comme elle a toujours voulu. Très questionnant. Très questionnant. Et ça me questionne aussi dans l'approche du fait de... Est-ce que c'est une question de facilité ? Est-ce que c'est... Je sais pas, j'ai de la peine à avoir un avis vraiment concret et tranché, parce que j'ai l'impression que pour certaines personnes, ça peut être bénéfique. Après, je connais pas tous les aspects qu'il y a aussi au niveau de la santé, comme tu parlais du pancréas et tout. J'ai une autre amie, à contrario, qui a toujours été très forte, et vraiment qui en avait marre de son poids, et elle en a discuté avec son médecin, et son médecin lui a dit, ben écoutez, on peut essayer. mais la plus petite dose, je crois que c'est 0,5, je sais pas. Elle a fait ça pendant un moment, et en fait, le fait d'avoir pu perdre un peu de poids, elle a perdu genre, je sais pas, 10 ou 13 kilos. C'est pas rien, mais elle faisait genre 120 kilos. Donc il y avait quand même un bon poids à perdre, elle se sentait pas bien et tout ça. Et en fait, elle, ça lui a vraiment fait du bien. Et elle dit, grâce à ces piqûres, ça m'a permis d'avoir envie de faire du sport, d'avoir envie de plus bouger. Et du coup, maintenant, elle bouge. Elle a du plaisir à bouger. Elle a changé son alimentation. Elle est suivie quand même, je crois, psy. Et puis, elle fait aussi de l'hypnose à côté. Et vraiment, elle dit, ça a changé un bout de ma vie.
- Speaker #1
Oui, c'est intéressant ce que tu dis.
- Speaker #0
Du coup, je vois.
- Speaker #1
Oui, je vois. Mais le problème, c'est que c'est vendu comme une solution miracle. Et je trouve qu'on ne pense pas assez à l'après. Et moi, ce n'est pas tant les... c'est clairement pas les personnes que je remets en question avoir envie de perdre du poids c'est légitime et c'est pour ça aussi que si tu veux se positionner contre ce genre de truc alors que je fais partie des personnes minces c'est un peu facile quoi tu vois ce que je veux dire je veux dire t'arrives ah non moi je suis contre ça si j'étais dans une autre catégorie de personnes en lien avec mon poids Je ne sais pas comment le dire, parce que c'est hyper bizarre aussi de faire des catégories, mais on essaie de raisonner comme la société raisonne. Peut-être que je me positionnerais différemment. En fait, c'est pour ça que les gens aient envie de perdre du poids et soient prêts à tout. Ce que je déplore, c'est la communication sur ce truc. C'est la façon dont c'est amené. Parce que c'est pareil, la chirurgie bariatrique, je... Je vois bien comment ça fonctionne dans la majorité des endroits. En fait, effectivement, tu as une prise en charge avant, psychologique et diète, où juste les diètes te donnent des diètes, te mettent au régime. Et les gens qui arrivent, la majorité ont quand même un TCA et ce n'est pas pris en charge. Et donc, bien sûr que rien n'est réglé. Là, c'est pareil, si tu veux. Si ces piqûres, si ce traitement pouvait être utilisé... dans le cadre d'une prise en charge bien spécifique, avec une prise en charge du trouble alimentaire, s'il y a un trouble alimentaire, etc. Encore que peut-être que même dans ce cadre-là, si de toute façon tu reprends systématiquement tout le poids, je ne vois pas l'intérêt. Je voudrais bien voir des gens qui ont fait ce truc-là et qui n'ont jamais repris le poids et qui vont bien, et qui n'ont pas de trouble alimentaire. Parce que ne pas reprendre le poids parce que tu souffres d'anorexie, ça ne compte pas, entre guillemets. Enfin, je veux dire, tu es juste dans ton trouble.
- Speaker #0
C'est hyper pertinent ce que tu dis, mais j'ai vraiment l'impression qu'il y a plusieurs aspects. Moi, en toute sincérité, maintenant, j'ai regardé pas mal d'émissions par rapport à ça, et ça m'a beaucoup questionnée, justement, par rapport au TCA, parce que j'étais là, si c'est si facile... De toute façon, quand tu as des TCA et que tu es en surpoids, tu as envie de perdre. Donc évidemment, logique, tu te dis, ah bah tellement chouette, fume, une petite piqûre, tac, tac, tac. Mais c'est logique que tu reprennes du poids si tu arrêtes. Parce que là-dedans, le mécanisme, même on dit que ça agit sur le cerveau, je ne sais pas quoi, mais si tu n'as plus ce stop avec l'insuline ou je ne sais plus comment ça fonctionne, évidemment que ton cerveau est de nouveau, let's go, on mange pour, je ne sais pas, combler quelque chose. Donc finalement, les TCA sont toujours là. mais tu n'as plus de poids.
- Speaker #1
Je pense que ça peut aller au-delà de ça. Je pense que tu peux ne pas perdre de poids. Si tu as un TCA très, très actif, je pense que tu peux ne pas perdre de poids. Parce qu'en fait, en gros, ça joue sur l'hormone de la faim, a priori, si j'ai bien compris. Ça va jouer effectivement sur l'insuline et donc sur ton taux de sucre dans le sang, qui va jouer aussi sur le fait que ton corps va appeler d'autres choses à manger. tu vas moins aller tourner vers la nourriture, mais ça joue aussi sur la vidange de l'estomac. Donc, en fait, ça donne un effet de satiété beaucoup plus long. Donc, en fait, tu n'as pas faim. Mais bon, si tu as un TCA hyperactif, tu peux ne pas du tout avoir faim et quand même te jeter sur la bouffe et tout ça. Donc, clairement, il y a des gens, de toute façon, sur qui ça ne fonctionnera pas. Mais comme tu le dis, si ça fonctionne et que tu ne règles pas ton problème de TCA, bon, voilà, mais... Est-ce qu'il n'y a pas des gens chez qui on a testé ces piqûres-là ? Parce que là, on le dit aujourd'hui que les gens reprennent le poids systématiquement. Est-ce que parmi ces gens, il y a des gens qui n'étaient pas concernés par des compulsions et qui, juste, ont quand même repris le poids ? Je ne sais pas. Je ne sais pas, mais c'est un sujet qui est complexe. Et justement, regarde, on commence à en parler toutes les deux et on voit qu'on ouvre plein de portes. C'est tellement complexe. Et nous, on nous vend ça comme un truc linéaire. t'es gros, t'es grosse, fais des piqûres, ça ira mieux. Mais rien n'est jamais aussi simple.
- Speaker #0
Et puis, en fait, ça revient toujours à la même chose. C'est la même chose que les régimes. Mais oui. Finalement. Donc, en fait, le fonctionnement, il est le même. Ok, tu vas perdre rapidement, peut-être, mais tu vas tout reprendre. Enfin, je le vois un peu sur le même étage.
- Speaker #1
Bien sûr. Et puis, la base de tout ça, elle est la même. L'obsession du corps mince, l'obsession à vouloir... virer les corps gros, en fait les corps gros seraient des problèmes à résoudre tu vois ce que je veux dire ? l'obsession à vouloir dire qu'on ne peut pas être en bonne santé dans un corps gros, qu'on ne peut pas être heureux dans un corps gros, qu'on ne peut pas être épanoui dans un corps gros il y a quand même un truc de base de toute façon qui est ultra problématique en tout cas on est parti sur ce sujet mais merci d'avoir abordé ce sujet là parce que Je pense que ça trotte dans la tête de plein de personnes et que c'est cool d'ouvrir le débat là-dessus. Mais j'aimerais bien revenir sur toi. Je réfléchis, en fait, il y a deux questions qui me semblent importantes à te poser. La première, déjà, c'est de savoir ce qui t'a aidé à aller mieux dans ton rapport avec l'alimentation, à ton avis, même s'il y a sûrement plein de choses. Et qu'est-ce qui t'a aidé à aller mieux aussi globalement ? Même si j'entends bien que rien n'est parfait et tout n'est pas réglé dans le rapport à ton corps et à ton poids. Mais qu'est-ce qui t'a aidé sur le chemin ? Genre les trucs, en tout cas les premiers trucs qui te viennent comme ça.
- Speaker #0
Je pense que c'est la rencontre avec mon copain. Ouais, ouais, ouais. Parce que, en fait, j'ai... Bon, je vais parler. Je fais court, mais... Donc, j'ai rencontré mon copain, j'avais 19 ans. Quand je regarde les photos, je faisais une taille 42. Je trouve que j'étais hyper belle avec mes yeux de maintenant. Je faisais du sport. J'étais à fond dans les TCA, évidemment. Je le rencontre. Il ne fait pas de sport. Il s'en fiche. Il ne contrôle rien du tout. Il ne mange pas plus de légumes que ça. Il ne sort pas beaucoup. Il n'a pas 12 000 amis comme moi. Je ne comprends pas. Mais par contre, il y a quelque chose qui m'attire vraiment profondément chez lui. Donc, au-delà du physique, là, je parle vraiment de sa personnalité. Et on a commencé à se voir plus souvent, à avoir vraiment des discussions très intéressantes, assez profondes, quelqu'un sur qui je pouvais compter, qui ne m'a jamais jugée, qui a toujours essayé de comprendre, en fait, comment je fonctionnais. Donc, la Nina d'avant était très, très contrôlante. Très, très contrôlante. Et pendant, je ne sais pas, pendant presque deux ans, j'ai voulu le changer, j'ai voulu qu'il soit comme moi j'ai voulu qu'il fasse attention j'ai voulu qu'il mange sainement, j'ai voulu qu'il fasse du sport et en fait lui il me disait mais Nina mais fous-toi la paix parce qu'en fait un jour sans sport pour moi ce n'était pas possible. Un jour s'en sortir... aller marcher ou un peu se dépenser, ce n'était pas possible. Et en fait, on crée toujours une relation et franchement, c'est une relation qui est vraiment incroyable. J'ai vraiment beaucoup de chance. Et en fait, on a commencé à avoir des discussions autour de l'alimentation, autour du corps, etc. Et en fait, lui suivait ses envies tout le temps. J'étais là, mais comment c'est possible ? Et le type, il ne prend pas de poids. Enfin voilà, il a un peu de chitch comme on dit, mais... Il prend pas de poids, il est pas obèse, il est pas malheureux, il se pose pas 12 000 questions toujours sur son corps. Donc je pense que ça a été un énorme élément dans ma vie, vraiment, vraiment, vraiment. Et après, évidemment, ça a ouvert plein de discussions, ça a ouvert des questionnements. Moi, j'étais tellement dans le contrôle, franchement, c'était quasi invivable. Je faisais des crises où, en fait, on s'engueulait pour des choses qui me stressaient moins. Parce que lui, il était là, bon, tout va bien, quoi. Alors il y a eu un bout des deux, lui a commencé à un peu plus bouger et moi j'ai commencé à un peu plus me poser aussi. Et en fait quand j'allais chez lui, parce qu'on habitait à une heure de route, quand j'allais chez lui, je faisais beaucoup de crises de bouffe. Donc j'allais manger mais des trucs, enfin je faisais vraiment des crises. Et un jour j'étais toute seule chez lui, j'ai commencé à vouloir un peu faire du rangement, un peu encore dans le contrôle, à ranger sur ma part et tout. Et en fait ça allait pas. Il y avait quelque chose qui n'allait pas. Et là, fium, je suis allée déglinguer les placards où vraiment j'ai mangé. J'ai vraiment eu une énorme crise. Et puis quand il est rentré, je lui ai expliqué. Et il m'a dit, mais respire. Et je ne sais pas, il y a quelque chose qui s'est passé où je me suis dit, ah ouais, il y a peut-être autre chose derrière. Et en fait, grâce à toutes ces discussions, grâce aussi après du coup au programme quand même, eh bien, ça m'a permis d'apaiser en fait ce... Ce rapport et ce contrôle. Parce que vraiment, j'avais le contrôle sur la bouffe et sur le sport, mais j'avais le contrôle sur tout. Mon apparence, ce que je mettais, ce que je disais. Tout, en fait. Et ça m'a permis aussi de m'accepter beaucoup plus dans mon authenticité. Et ça, je pense que c'est hyper important. Parce qu'avant, comme je disais, je n'étais jamais à la bonne place. Ce n'était jamais assez, c'était trop, c'était ci, c'était ça. Et aujourd'hui, j'ai l'impression que je me suis... Même s'il y a encore du chemin, mais... Je me sens beaucoup plus alignée aussi avec ça, avec ma personnalité, avec plusieurs facettes, peut-être pas toutes encore, mais beaucoup plus de facettes qui font partie de moi. Et puis, ce contrôle, c'est vraiment apaisé, en fait. Mais je pense que mon copain est vraiment un élément central,
- Speaker #1
quand même. Oui, on sent que ça a été un élément déclencheur aussi, avec un effet miroir aussi. Il te renvoyait finalement ton fonctionnement. Et ça t'a permis d'en prendre vraiment conscience et d'avoir envie de bouger. Trop chouette. Et ma dernière question, c'est de savoir ce que t'aimerais dire aux personnes qui nous écoutent et qui sont en pleine tempête peut-être, en lien avec les troubles alimentaires, en pleine souffrance avec la nourriture. Qu'est-ce que t'aurais envie de leur dire ?
- Speaker #0
Je ne sais pas si je peux le dire, mais qu'il n'y a potentiellement rien à faire. Enfin, rien à faire dans le sens où, en fait, il faut lâcher. Même si il y a une année, c'est ce que j'entendais et j'étais là, mais non, mais c'est pas possible. Il faut, à un moment donné, lâcher et sauter dans le vide, je sais pas. C'est vraiment l'image que j'ai, en fait, de vraiment laisser venir, pouvoir en parler. Moi, je pense que ce qui m'a beaucoup aidée, c'est typiquement quand je faisais 12 000 audios. Mais ça me permettait vraiment de décharger. Je trouve que ce que je faisais pas, et puis de pouvoir en parler à quelqu'un qui... qui ne va pas forcément directement répondre et directement avoir une solution, mais je pense que d'en parler et de... C'est hyper dur de le dire. Je réfléchis à mon mois d'avant de rien faire, de laisser passer les vagues. Et s'il y a des crises, elles ne partiront pas de sitôt, et tu le dis très souvent d'ailleurs, même dans le programme, que du moment où... Je ne sais plus comment tu le verbalises, mais que... En fait, quand tu lâches tes crises après, elles partent. Comment tu dis ? Ou quand tu acceptes ? Comment tu le dis,
- Speaker #1
Flavie ? Je ne sais pas. Je dis beaucoup de choses. Oui,
- Speaker #0
je verbalise une chose qui, pour moi, a été vraiment fondamentale. Avec ces compulsions, qu'en fait, très vite, elles ne sont plus là. Quand tu réintègres. Non, pas quand tu réintègres.
- Speaker #1
Oui, peut-être ça. Mais oui, je vois ce que tu veux dire. En tout cas... Je veux dire, les personnes qui viennent vers moi, le truc central, c'est les compulsions.
- Speaker #0
Oui, justement.
- Speaker #1
Et avec l'impression, genre, des personnes, des fois, qui en font depuis 20 ans. en disant non mais attends moi je suis un cas désespéré machin et t'as des personnes pour qui les compulsions sortent de leur vie au bout de trois semaines quoi tu vois et t'es là what the fuck quoi c'est pas possible et voilà mais en fait effectivement ce lâcher prise alors il paraît compliqué et tout mais oui ce lâcher prise qui passe par plein de choses en réalité ça passe par la réintroduction des aliments Ça passe par le fait de plus accepter de répondre à sa faim, mais ça passe aussi par une acceptation globale de soi. Qu'est-ce que je ressens ? Quand tu dis se laisser traverser aussi, ça me fait vraiment écho. Apprendre à se laisser traverser par ses émotions. En fait, quand tu dis il faut ne rien faire, c'est trop intéressant. Au début, je me suis dit quoi ? Mais que veux-tu dire ? Mais c'est vrai,
- Speaker #0
c'est très juste.
- Speaker #1
Arrêter de vouloir tout contrôler. Tout gérer, tout en serrer et gérer ses émotions, gérer ses pensées, gérer son poids, gérer son machin. Effectivement, je pense que c'est un lâcher prise global.
- Speaker #0
Je pense que vraiment, de rien faire, enfin, c'est pas vrai, c'est pas rien faire, c'est la prise de conscience. Et je pense que déjà, quand la personne, elle fait la démarche de s'intéresser, j'en sais rien, à tes podcasts ou à ta page Insta ou de prendre le programme, il y a déjà une grosse partie qui est faite, à mon avis. Et après, ce truc de ne rien faire, c'est « Ok, maintenant, j'ai conscientisé ce qui se passait. » Et j'ai l'impression, en tout cas pour moi, que les crises du moment où j'avais conscientisé d'autres choses en rapport avec les TCA, du coup, parce qu'avant, ça ne me parlait pas du tout. Je me disais « Bon, non, je n'ai pas de troubles alimentaires. » Eh bien, c'était déjà le gros du chemin qui avait été fait. Vraiment de conscientiser ça et de se dire « Ok, maintenant, je lâche. » Ça va être le bordel pendant un moment. mais après en fait ça comme tu dis souvent le corps il sait il sait très très bien et après ça se fait mais oui je pense qu'un suivi aussi psy à côté ça peut beaucoup aider moi j'ai eu un suivi psy à côté et ça m'a franchement beaucoup aidé mais c'est vrai que c'est plus pas pluridisciplinaire ça c'est quand on accompagne mais d'avoir vraiment plurifactoriel en fait il y a plein de choses c'est pas juste le coup et quand tu parles du suivi psy c'est clair que
- Speaker #1
Après, il y a différents accompagnements. Moi, il y a des personnes que j'accompagne aussi en individuel, tu vois, à côté du programme. Ce qui n'empêche pas que ça peut être intéressant d'avoir quand même un suivi psy à côté. Mais c'est moins souvent le cas. Par contre, les personnes qui suivent le programme en groupe ou en autonomie, ouais, c'est cool s'il y a la possibilité d'avoir un suivi psy parce que, tu l'as très bien dit, ton histoire illustre très bien ça. Le TCA, c'est... En tout cas, je ne peux pas dire à chaque fois, mais parfois... Le TCA, c'est un peu le tapis qui cache d'autres choses, où c'est une partie du problème. Et bosser sur son comportement alimentaire, ça peut soulever plein de choses. Et donc là, c'est trop bien. Je veux dire, du coup, tu as tellement de matière. Hop, tu prends ces trucs-là et tu vas les bosser. Franchement, moi, je ne sais pas en quelle langue le dire, mais je le sais, tu n'es pas la seule à le dire. Et voilà le programme que j'ai créé sur les compulsions. en fait, ce n'est clairement pas qu'une histoire de bouffe. Les troubles alimentaires, ce n'est clairement pas qu'une histoire de bouffe. Et le travail que tu vas faire en lien avec ce programme-là, il va soulever mille choses, en fait.
- Speaker #0
Après, il faut être aussi prêt, je pense, à les creuser. Parce que je pense que si tu restes en surface et que tu te dis non, c'est que la bouffe, c'est que la bouffe, je ne pense pas que c'est...
- Speaker #1
Oui, mais tu y seras amenée de toute façon. tu y seras amené. Enfin, je veux dire, c'est inévitable. Si tu suis le truc, si tu suis le programme, si tu prends le programme, que tu le consultes vite fait et que tu ne mets rien en place, effectivement, peut-être, et c'est peut-être juste parce que tu n'es pas prête à ce moment-là, pas comme ça, pas voilà. Mais si tu mets un minimum les exercices en place, à un moment donné, ça va venir, quoi. Ça va venir remuer. Mais ouais, ce que tu dis, ça me parle beaucoup. Et quand tout à l'heure, tu parlais de se lâcher prise, tout ça, je me disais, finalement, c'est sortir de la lutte. Arrêter, c'est pas tant ne rien faire, parce qu'en fait, t'as été pleinement active dans ce processus, t'as testé plein de choses et t'as été vraiment pleinement active. Mais, je pense que t'as accepté de ne plus lutter contre toi et de plutôt œuvrer, tester des choses dans un cadre complètement différent qui n'est plus « je vais me changer et je vais… » tu vois, une espèce de lutte tout le temps contre soi. Et au global, pas que sur la bouffe, en fait.
- Speaker #0
Oui, et je pense que le fait de dire ne rien faire, c'est parce qu'en fait, je pense que la plupart des gens se disent que c'est une montagne. Et au final, la montagne, c'est plus justement les TCA et se contrôler et d'être vraiment dans le contrôle. Et du moment où tu lâches ça, tu descends de plusieurs étages. Et c'est peut-être pour ça que j'ai le sentiment que c'est ne rien faire, parce qu'en fait, ça me prenait plus d'énergie d'être dans les TCA que de plus l'être.
- Speaker #1
Et que dans... Non mais merci de dire ça ! ça c'est pareil je sais que j'ai déjà fait des posts sur le sujet où je disais t'as l'impression que c'est l'enfer ta guérison des TCA mais crois-moi c'est vachement plus facile que les TCA que ton quotidien d'aujourd'hui clairement ah oui plus
- Speaker #0
de place aussi pour penser à d'autres choses alors bon moi c'est encore autre chose mais l'espace pour penser à d'autres choses et pour pour profiter pleinement de ta vie Parce que quand t'as vu, dirigé par les TCA et le sport, franchement, c'est pas comme ça pour tout le monde, mais moi, en tout cas, c'était ça. Eh ben, les restos, maintenant, j'en profite beaucoup plus. De ne pas aller au sport, ben, c'est pas grave. Et c'est beaucoup plus léger, quand même.
- Speaker #1
Écoute, merci beaucoup, Nina. C'est passé super vite. Mais ça fait déjà un bon bout de temps qu'on discute. Donc, c'est le moment pour moi de te remercier. Merci pour tous ces partages. Je trouve qu'on a ouvert... plein de portes, à l'image d'un bon fonctionnement d'un TDAH. Je pense que j'ai... Je n'ai pas de diagnostic, j'en sais rien, mais par contre, ce que je sais, c'est que j'ai clairement ce fonctionnement qui parle un peu dans tous les sens, mais je retombe toujours sur mes pattes, donc j'ai accepté ce fonctionnement, et je trouve qu'au contraire, ça crée des discussions tellement riches, tu vois. Donc, merci d'être venu partager tous ces morceaux de toi à mon micro. Je sais à quel point... ça va résonner pour plein de personnes et à quel point ça peut aider plein de personnes. Donc merci à toi.
- Speaker #0
Avec grand plaisir.
- Speaker #1
Et puis je te dis à très bientôt.
- Speaker #0
À bientôt.
- Speaker #1
Un grand merci à toi qui est encore là à la fin de cet épisode. Comme je te le dis souvent, ton soutien est super important. C'est même ça qui permet au podcast d'exister encore aujourd'hui. Alors si mon contenu t'apporte de l'aide d'une quelconque manière que ce soit, sache que tu peux m'en redonner à ton tour. Pour ça, il y a plusieurs façons de faire. Tu peux tout d'abord... partager le podcast, en parler autour de toi, à tes proches mais aussi à des professionnels. Tu peux laisser 5 étoiles, notamment sur Spotify ou Apple Podcasts, ou laisser ton meilleur commentaire. Mais depuis peu, j'ai aussi apporté une nouveauté qui te permet de me soutenir encore plus concrètement avec de l'argent. Effectivement, tu trouveras en description de cet épisode un lien qui te permettra de faire un don à la hauteur de ce que tu trouves que ce podcast t'a apporté. Merci, merci beaucoup. C'est grâce à ton soutien que ce travail va pouvoir continuer. Je te souhaite de prendre soin de toi autant que ce sera possible. Et je te dis à très bientôt sur un nouvel épisode. Ciao !