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Dialogues avec l'au-delà : besoin sociétal ou transgression éthique ? | Dominique Pon cover
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« Tendances INNO » le podcast Innovation de Docaposte

Dialogues avec l'au-delà : besoin sociétal ou transgression éthique ? | Dominique Pon

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29min |25/11/2024
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29min |25/11/2024
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Description

#Podcast 🎧 | Imaginez un monde où les frontières entre la vie et la mort deviennent floues grâce à la technologie, où il est possible de 'communiquer' avec nos proches disparus par le biais de l'intelligence artificielle.


Cette possibilité, fascinante pour certains, terrifiante pour d'autres, soulève d'importantes questions éthiques et sociales.

C'est dans ce monde controversé que Marine Adatto et Olivier Senot, Directeur de l'Innovation chez Docaposte, vous embarquent aujourd'hui.


Notre invité :

➡️ Dominique Pon, Directeur Général de La Poste Santé & Autonomie et Directeur Général Adjoint de Docaposte, qui partagera son expertise sur les implications de ces technologies dans le domaine de la santé et de l'autonomie.


🎧 Au programme :

Exploration des technologies permettant d’établir un dialogue avec l'au-delà.

Débat : utiliser l'IA pour communiquer avec l'au-delà, avancée bienvenue ou une pente glissante ?

Le dialogue avec l'au-delà : besoin sociétal ou transgression éthique ?

Où sont les limites de la technologie ?

Comment les voix du passé pourraient-elles se faire entendre dans notre présent ?


💡 Ce que vous propose cet épisode :

Un éclairage sur les défis éthiques et pratiques des technologies émergentes permettant de communiquer avec nos proches disparus.

Une discussion qui promet de pousser la réflexion toujours plus loin.


Et vous, que pensez-vous de la possibilité de communiquer avec les disparus grâce à l'IA ?

Est-ce une innovation ou une intrusion ?


Partagez vos réflexions et rejoignez la discussion !


Cliquez sur ▶️.

Préparez-vous à un épisode riche en informations qui vous permettra de mieux comprendre et gérer les implications de ces technologies avant-gardistes.

Retrouvez cet épisode de “Tendances Inno” sur votre plateforme de podcast préférée : https://smartlink.ausha.co/tendances-inno-le-podcast-innovation-de-docaposte


#TendancesInno #Innovation #Docaposte #WagmiTrends #Innovation #éthique #audela #IA


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Tendances Inno, votre rendez-vous pour explorer les technologies émergentes présentées par Docaposte, le référent français de la confiance numérique. Je suis Marina Adatto, cofondatrice de Wagme Trends, et j'ai le plaisir d'être accompagnée par Olivier Senot, directeur de l'innovation chez Docaposte. Dans ce podcast, nous vous emmenons à la rencontre des innovateurs et des créateurs qui redéfinissent notre monde numérique. Que votre curiosité vous porte vers le Web3, l'IA ou toute autre technologie émergente, Vous êtes au bon endroit. Préparez-vous à une dose d'inspiration et d'informations. Au programme, des découvertes, des défis et des solutions innovantes. Alors branchez vos écouteurs, ouvrez votre esprit et plongez avec nous dans l'univers de Tendances Inno. Imaginez un monde où les frontières entre la vie et la mort deviennent floues grâce à la technologie. où il est possible de communiquer avec nos proches disparus par le biais de l'intelligence artificielle. Cette possibilité fascinante pour certains, terrifiante pour d'autres, soulève d'importantes questions éthiques et sociales. Dans cet épisode, nous vous proposons de plonger dans un univers controversé. Un univers dans lequel les technologies permettent d'établir un dialogue avec l'au-delà. Est-ce une avancée bienvenue ou une pente glissante ? Ce sont les questions que nous poserons à Dominique Pon, directeur général de la Poste Santé et Autonomie. Le dialogue avec l'au-delà est-il un besoin sociétal ou une transgression éthique ? Où sont les limites de la technologie ? Quelles sont les responsabilités qui en découlent ? Dans un monde où les voix du passé pourraient se faire entendre dans notre présent. Pour ouvrir cet épisode, qui de mieux qu'Olivier Seuneau ? C'est lui qui, nous ravit de sa vision aiguisée sur les implications éthiques et pratiques des technologies émergentes. Olivier, c'est à toi.

  • Speaker #1

    Merci Marine, et bonjour Dominique. De formation ingénieur suptélécom, ta bio est une succession de challenges. D'abord en tant qu'ingénieur dans l'aéronautique, puis dans la sécurité aéroportuaire antiterroriste, avant de tâter de l'informatique chez un énergéticien. Une carrière assez standard jusqu'en 2001, où le virus de la création s'empare de ton âme et tu crées Dopacis, qui est sans doute le brouillon ou le galop d'essai du dossier patient avant de créer iLab, un incubateur de start-up dans la e-santé. Devenu directeur général de clinique, tu continues ton investissement dans le monde de la santé en fédérant plusieurs cliniques indépendantes autour d'une alliance stratégique et de devenir membre fondateur puis président de Santécité, premier groupe coopératif français de cliniques indépendantes regroupant 120 établissements. Mais en 2019, le gouvernement fait appel à toi pour mener à bien la révolution numérique en santé. Il en sortira moins de trois ans plus tard MonEspaceSanté, aujourd'hui opérationnel. pour près de 99% de la population. Nommé chevalier de l'Ordre National du Mérite en juin 2022, tu rejoins Docaposte pour construire et diriger la Poste Santé Autonomie dans un esprit humaniste et technologique qui te caractérise, sans perdre le fil rouge qui anime tes nuits courtes depuis ton enfance, Eternesia, un projet de mémoire collective et individuelle comme patrimoine de l'humanité. Dominique, nous t'écoutons.

  • Speaker #0

    Bonjour Dominique.

  • Speaker #2

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Bienvenue, merci de nous faire le plaisir d'être avec nous aujourd'hui. Alors pour démarrer cet épisode, je vous propose un petit quiz, juste pour qu'on se mette au clair sur le sujet et quelques chiffres. Est-ce que vous êtes prêts ? Go ! Quelle proportion de la population américaine considère le développement de technologies de dialogue avec l'au-delà comme une transgression éthique ? 20%, 45% ou 70% ?

  • Speaker #2

    Un sur deux ?

  • Speaker #0

    Un sur deux ? Oui,

  • Speaker #1

    au moins la moitié. Oui,

  • Speaker #0

    au moins la moitié, exactement, 45%. C'est un sondage Pure Research de 2021, qui indique que 45% des Américains considèrent ce développement de technologies, le développement de technologies permettant de communiquer avec l'au-delà comme une transaction éthique inacceptable. Deuxième question, quel pourcentage de la population américaine voit le dialogue avec l'au-delà par la technologie comme une réponse à un besoin sociétal ? 15%, 30% ou 40% ?

  • Speaker #2

    15,

  • Speaker #0

    15%. 15%, Olivier, tu dis quoi ?

  • Speaker #1

    30 pour ne pas dire la même chose.

  • Speaker #0

    30, c'est 40. C'est 40 et c'est marrant parce que c'est l'inverse de ce qui a été dit précédemment. C'est une autre étude sociologique qui est menée par l'université de Stanford. Elle révèle que 40% des personnes interrogées considèrent ce développement de technologies de communication avec l'au-delà comme une opportunité. de répondre à un besoin spirituel et existentiel de la société. Dernière question. Quelle entreprise américaine propose déjà un service permettant de dialoguer avec un avatar d'histoire de vie interactif d'un proche décédé ? Anthropique, Here After AI, vous remarquerez mon accent, Elysium Labs ou DeepMind ?

  • Speaker #2

    Je ne sais pas.

  • Speaker #0

    Je ne sais pas non plus. C'est très américain comme question aujourd'hui. C'est la B, c'est une entreprise qui est basée aux Etats-Unis et qui permet aux gens d'enregistrer leurs souvenirs et histoires personnelles de leurs vivants sous forme de vidéos et d'audio. Et après leur décès, ces données sont utilisées par des IA. avancé pour générer un avatar virtuel interactif avec lequel leurs amis et leurs familles peuvent dialoguer. Alors, maintenant qu'on est à peu près au clair sur une vision américaine, on est allé interroger le grand public pour leur demander leur avis sur ce sujet. Je vous propose d'écouter les micro-trottoirs. Comment imagines-tu l'impact de la technologie sur notre façon de se souvenir des personnes disparues ?

  • Speaker #2

    Je pense que ça peut être intéressant de l'exploiter. Il y a pas mal de cas d'usage qui peuvent être intéressants de développer. Après, il faut faire super gaffe parce que c'est un sujet hyper touchy. Par exemple, je sais que j'ai eu passé quelqu'un qui avait un projet dans les cimetières, je crois, pour quelque chose de digital, pour faire une espèce de carnet vivant des gens. Après, pareil, les hologrammes, pour moi, je trouvais ça un peu gênant presque, un peu presque à la limite du flippant.

  • Speaker #0

    Quelles seraient pour toi les implications positives ou négatives de recevoir des messages d'un proche disparu grâce à la technologie ? Alors moi, je vois des implications négatives dans le sens où pour faire son deuil, il faut accepter le décès de la personne. Et en plus de ça, ce n'est pas des souvenirs qui sont réels. Ce n'est pas comme si on regardait une vidéo derrière ou ce n'est pas des choses qui sont vraiment arrivées. Et du coup, on tomberait un peu dans le malsain de la technologie. Comment penses-tu que notre société devrait gérer l'évolution des technologies permettant des interactions avec les défunts ?

  • Speaker #3

    Est-ce qu'on peut réellement parler d'interaction ? Ce n'est pas des interactions, c'est des fausses interactions. C'est comme si je commençais à écrire une lettre en la signant du nom de quelqu'un de mort et que je l'envoyais à sa veuve ou quoi. Ce n'est pas une réelle interaction, c'est du mensonge.

  • Speaker #0

    Quels en seraient les bénéfices ou les risques ?

  • Speaker #3

    Les bénéfices, je n'en vois aucun parce que ce seraient des faux bénéfices. Même si quelqu'un se sent mieux après avoir parlé avec la photo de son père décédé, ce n'est pas la réalité. Donc c'est un faux bénéfice. Et à la limite, il peut le faire avec une photo qui ne bouge pas et qui n'est pas utilisée par une IA. Donc voilà. Et les risques, le risque justement, c'est de vivre dans le faux, dans l'irréel. C'est de se voiler la face et de jamais faire son deuil, de jamais affronter les choses. De toujours fuir face à quelque chose de trop compliqué à encaisser.

  • Speaker #0

    Bon, alors on est plutôt sur un...

  • Speaker #1

    Oui, c'est un groupe un peu...

  • Speaker #2

    C'est avec le test de l'huile, le test de l'huile.

  • Speaker #0

    Dominique, ton avis sur ce micro-trottoir ?

  • Speaker #2

    Je suis d'accord avec ce qui est dit. Je ne sens pas du tout la survie numérique. Je ne la sens pas comme ça, recréée de façon artificielle. Moi, je crois à l'humanisme, c'est ma tradition de pensée. Je viens de là, je viens de la France, de l'Europe, d'une tradition de pensée gréco-latine qui est humaniste. Et humaniste, ce n'est pas transhumaniste. Donc je ne crois pas du tout aux vertus d'une recréation artificielle qui fait croire à la survie. Je ne crois pas à ça.

  • Speaker #0

    Olivier ?

  • Speaker #1

    Je suis très dubitatif parce que les études sociologiques montrent que ça répond à un besoin. D'un autre côté, la pente est extrêmement glissante vers des conditions d'exploitation de ces souvenirs qui peuvent être extrêmement dangereux. sur un plan ne serait-ce que sociologique et sociétal. C'est un peu partagé.

  • Speaker #0

    Dominique, tu viens d'en parler rapidement, mais comment perçois-tu l'évolution de ces technologies qui permettent de communiquer avec les défunts ? Est-ce que c'est une avancée qui est bienvenue ou est-ce que c'est une pente glissante ? Olivier en parlait juste là, d'un point de vue éthique.

  • Speaker #2

    Je vais développer un tout petit peu ce sujet. Parce que c'est un sujet qui me touche vraiment profondément. En fait, à la base de tout ça, la question que je pense qui mérite d'être posée, c'est c'est quoi la valeur d'une vie humaine ? Quand on est dans une tradition de pensée comme la nôtre, humaniste, une vie humaine, ça a une valeur inestimable, ne serait-ce que par sa rareté. Une vie humaine, c'est... Une combinaison génétique impossible à reproduire, c'est une succession d'émotions, de rencontres, elles-mêmes impossibles à reproduire. Donc une vie humaine, c'est plus rare que le plus rare des métaux rares, et donc c'est plus précieux que la plus précieuse des œuvres d'art. Et donc la mémoire, la trace d'une vie humaine, ça devrait être inscrit au patrimoine mondial de l'humanité. Si on part de ce principe-là, en fait, ce qu'on pourrait proposer et qui resterait dans un cadre humaniste et éthique... C'est que chaque personne puisse laisser une trace, mais en quelque sorte comme un geste altruiste, pour transmettre à ceux qui vont lui succéder, mais en acceptant sa finitude, pas dans un fantasme d'immortalité, en acceptant qu'on donne à celui qui nous succède. Et moi je crois beaucoup plus à l'utilisation de la technologie sur cette trace formelle et impossible à retoucher, impossible à trafiquer, qui respecte la mémoire du défunt. comme trace de ce qu'il veut laisser aux autres, en fait, à ceux qui lui succèdent, plutôt qu'à une recréation d'avatar virtuel, et qui, pour moi, ça ressemble vraiment aux alchimistes d'aujourd'hui, c'est ça les transhumanistes, c'est un fantasme de survie qui est à l'opposé de ce que c'est qu'être un être humain.

  • Speaker #0

    Et quel exemple ? Tu dis laisser une trace, choisir la trace.

  • Speaker #2

    En fait, je te donne un exemple. Je travaillais dans une clinique pendant longtemps et dans les services de soins palliatifs, je faisais venir des écrivains publics pour aider les mourants à raconter leur récit de vie pour transmettre à la famille. Donc c'était beau à pleurer, franchement c'était magnifique comme expérience. Et beaucoup de gens sont venus observer, des philosophes, des psychologues, des sociologues. Boris Cyrulnik a même commenté un petit peu ce qu'on faisait. Et en fait, cette trace permet de laisser une trace à un mourant. En fait, c'est l'inverse d'un truc morbide. Parce que pour celui qui meurt, ça lui permet d'être vivant jusqu'au bout du bout. Et pour ceux qui restent, ceux qui reçoivent la mémoire, ça enlève le poids de la culpabilité d'oublier celui qu'on a aimé. Donc en fait, à ce titre-là, la technologie, le papier, avant aujourd'hui le numérique, comme façon Pour quelqu'un qui disparaît, de laisser une trace pour donner à ce qui lui succède, c'est quelque chose d'éminemment vivant et d'éminemment humain. Pas la recréation d'avatars virtuels qui vont dialoguer dans le futur de façon artificielle.

  • Speaker #0

    La transmission, en fait, la transmission pure finalement.

  • Speaker #2

    Oui, la transmission, et ça permet aussi de marquer un principe universaliste qui est que chaque vie humaine compte, puisque si on considère que la mémoire de n'importe qui, la tienne, la mienne, celui d'eux, du président de la République comme celui du SDF en bas de ma rue. Ça a une valeur inestimable, on l'inscrit au patrimoine de l'humanité. Le principe même, en fait, est un vrai principe universaliste et humaniste d'aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Là, on assiste justement à du transhumanisme sur plein de sujets. Par exemple, il y a des projets comme celui de, je ne sais pas si tu en as entendu parler, d'Eugénie Acuida qui a fait revivre son meilleur ami grâce à un bot. C'est Microsoft qui a déposé aussi un brevet pour faire parler les morts grâce à des algorithmes. Il y a eu des tentatives d'émission aussi, qui a été rapidement déprogrammée, mais Hôtel du Temps de Thierry Ardisson, je ne sais pas si vous l'aviez vu, où il avait fait parler Dalida. En fait, là, on est clairement dans une frontière entre hommage et intrusion, dans la vie privée du défunt aussi, parce que... Alors, on est sur de la transmission, si je prends l'exemple de Dalida. Parce qu'il a repris énormément d'émissions, ses chansons, ses paroles, etc. Et il les a réexploitées pour faire son interview. Pour autant, et c'est ce que tu dis, il y a des limites de la technologie finalement qu'on ne devrait pas franchir.

  • Speaker #2

    Moi surtout, c'est que je trouve ça super ringard. Je trouve ça naze. Je trouve ça vraiment naze en fait. Bien sûr, comme tout le monde, je suis fasciné. Par le numérique, on nous bassine que le numérique c'est l'avenir de l'humanité, en plus post-mortem ce que tu nous racontes, moi je crois l'inverse. Je crois que l'avenir du numérique c'est l'humain. Et bien sûr que je suis fasciné par tout ce qui se passe avec la technologie, les puces de silicium, la loi de Moore qui fait qu'on multiplie par 10 tous les ans la puissance des ordinateurs, mais je suis quand même vachement plus fasciné. Par les 4 milliards et demi d'années qu'il a fallu pour qu'on devienne ce qu'on est à partir de poussière d'étoiles. C'est ça l'avenir de la techno, c'est l'humain.

  • Speaker #0

    Comment est-ce que tu envisages l'impact justement de ces technologies ? Parce qu'on y est quand même. C'est-à-dire qu'il y a ce que tu dis et c'est vrai et c'est magnifique. Mais il y a quand même aujourd'hui ces technologies dont on a parlé qui sont de plus en plus utilisées. Il y a des brevets qui sont déposés aussi. Comment est-ce que ça va impacter le processus de deuil et la santé mentale des individus ? Parce qu'on a deux voies, finalement. Il y a celle de la transmission, ce que tu expliquais, que vous faisiez dans la clinique, qui est magnifique et effectivement... Ne pas oublier les gens, ses proches, garder avec des podcasts par exemple ou avec de l'écriture les voix. Il y a un souvenir qui est là et qui est fort. Néanmoins, on est aussi dans une ère où il y a de plus en plus de développement de brevets pour faire revivre les gens. D'un point de vue santé mentale, et on a eu quelques témoignages dans le micro-trottoir. Quel impact ça va avoir selon toi ?

  • Speaker #2

    L'histoire, en fait, c'est de savoir c'est quoi la fin du film d'anticipation. Est-ce que ça sera une utopie ou une dystopie ? Ça sera une dystopie si l'Europe continue à rien foutre. Si l'Europe continue à être, en matière de technologie numérique, une espèce de rassemblement de petits bourgeois dépassés qui ne font que réguler, mais qui n'inventent pas l'avenir. Si on laisse des visions libérales, libertaires à l'américaine, ou autocratiques et liberticides à la chinoise, créer le monde de demain, bien sûr qu'on sera dans une dystopie. Si en Europe, on essaye de retrouver un peu de flamme pour créer des plateformes, des modèles, utiliser le numérique dans une tradition humaniste, là, en fait, on aura un moindre de troubles psy, parce qu'on sera dans une forme d'utopie la même. qui au XVIIIe siècle a fait que la vieille Europe s'est saisie de la technologie qu'était l'imprimerie pour la diffusion du siècle des Lumières, des droits de l'homme, tout ce qui est magnifique et universaliste. Le problème c'est qu'aujourd'hui il n'y a plus de grands projets humanistes de notre époque. Donc pour répondre à ta question, il y a un rôle considérable de l'Europe à sortir des discours antello de Salon pour se retrousser les manches et faire, vraiment faire. et construire nos propres modèles, nos propres plateformes du numérique inspirées d'une tradition de pensée éthique et humaniste. Et s'il y a ça, tu verras, il y aura beaucoup de gens qui rejoindront ce type de mouvement parce qu'on est à la recherche de spiritualité et de sens, mais un sens qui nous raccroche à ce qu'on est vraiment. Et on n'est pas des avatars, quoi.

  • Speaker #0

    C'est ça, on n'est pas des avatars. Donc arrêtez de juste légiférer, finalement. Et aller vers un...

  • Speaker #2

    Arrêter de tchatcher et faire.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça, et faire. Tu as des projets déjà qui sont sur ce positionnement et cette philosophie en tête ?

  • Speaker #2

    Tu sais, moi, je suis un mec à l'ancienne, un petit gars de Toulouse. Quand tu es un petit gars de Toulouse, tu crois à la souveraineté numérique. Tu n'es pas un bobo du 7e arrondissement à Paris, quoi. Tu crois à ça. Et tu vois, quand je passais 4 ans au ministère, au gouvernement, que je militais pour un numérique souverain, pour... Le carnet de santé des Français, tout le monde me disait « Non, ça ne marchera jamais » , mais on l'a fait. C'est une question de foi. Et sur ces sujets de transmission, sur ces sujets de liens intergénérationnels au-delà du temps, j'ai créé une initiative qui s'appelle Eternesia, qui va fédérer un écosystème pour assembler tous les gens qui croient qu'on peut, et c'est intéressant de garder des traces dans le temps, Peut-être même sans limite de durée, mais à condition qu'on ne trafique pas la mémoire de ceux qui nous ont quittés et qui ont décidé de nous transmettre un certain nombre de choses. Ce principe éthique, il est super simple et je commence à voir fleurir beaucoup d'initiatives d'ailleurs européennes sur ces sujets. Il faut arriver maintenant à les fédérer autour d'un projet suffisamment ambitieux. Mais c'est un projet que j'ai en tête depuis que j'ai 10 ans. Donc, crois-moi, je suis d'Ether.

  • Speaker #0

    Tu peux nous en dire plus ? Comment ça marche ? Comment on fait ? Comment on adhère ?

  • Speaker #2

    En fait, j'ai créé une association qui s'appelle Ethernesia. Et là, je suis en train de travailler pour monter une plateforme. Une plateforme qui doit être portée par des institutions. Tu ne filerais pas ta mémoire pour l'éternité à une start-up, quand même. tu ne filerais pas ta mémoire pour l'éternité même à Google. Par contre, si on te disait qu'il y a des grandes institutions comme l'UNESCO qui essayent de préserver ta mémoire à toi qui compte autant que les pyramides de Gizeh ou la Joconde, si tu avais la Bibliothèque nationale de France qui disait que la mémoire d'Olivier Senot va se placer dans une bibliothèque numérique à côté du manuscrit des misérables, ça serait juste magnifique parce que ça serait un beau principe universaliste. Et moi, je pense qu'il y a des capacités en France et en Europe d'impulser ce type de projet.

  • Speaker #0

    C'est très, très beau. Moi, je suis complètement d'accord. Alors, ce podcast, il a pour vocation d'acculturer, mais aussi de donner des conseils pratiques par rapport au sujet que l'on va traiter. Qu'est-ce que les auditeurs doivent retenir de cet épisode ? Tu vois, des conseils, tu viens d'en parler, d'Eternesia, cette importance de ne pas tomber dans le transhumanisme, mais de rester très humaniste. Comment est-ce qu'aujourd'hui, comment on réfléchit par rapport à ces sujets-là ? Qu'est-ce qu'on garde de cet épisode ? Comment on avance ?

  • Speaker #2

    En fait, le simple fait que ces sujets de mémoire numérique au-delà du temps soit saisi uniquement par les Américains, peut-être même de l'autre côté du Pacifique, du côté des Chinois, avec une autre tradition de pensée humaniste, et que l'Europe ne fout rien sur ces sujets-là, pour moi, ça traduit le fait qu'on est un vieux continent et on est devenu pessimiste. Quand tu es pessimiste, en fait, tu régules, comme les bourgeois. Quand tu es vieux, tu es devenu pessimiste, tu n'as plus foi en la vie et tu te réfugies derrière la régulation au lieu de faire. Donc moi, le conseil, ça serait, soyez optimiste. En fait, j'ai toujours pensé que dans la vie, il y avait deux catégories de gens, les pessimistes et les optimistes. Ce qui est cool avec les pessimistes, c'est qu'ils ont toujours raison, parce que quand ils te prédisent qu'il y a un truc qui va merder, ça merde toujours un jour. Par contre, ceux qui écrivent l'histoire des sciences, des technologies, des arts, c'est toujours les optimistes. Alors, il faut être optimiste pour écrire notre histoire.

  • Speaker #0

    Olivier.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'on est un continent de pessimistes ? Ou est-ce qu'on est enfermé dans un carcan de régulation tellement étriqué que toute initiative née de l'optimisme est vouée à se heurter aux murs réglementaires ?

  • Speaker #2

    C'est la poule et l'œuf ou c'est l'essence et le sens, comme disait Sartre. Non, pour moi, à la base, c'est qu'on a vieilli. Et quand tu deviens vieux, tu deviens pessimiste. Et c'est ça l'Europe. Je pense que si on retrouvait une forme d'optimisme, on ne ferait pas que réguler. On ferait, on fabriquerait. On inventerait l'avenir, on se planterait peut-être, mais on impulserait quelque chose. Et je pense que ce n'est pas parce qu'on est devenu un continent de vieux et un continent pessimiste. C'est ça qui est à la base pour moi.

  • Speaker #0

    Donc il y a une vraie prise de conscience à avoir aussi des nouvelles générations, j'imagine, en tout cas de ceux qui savent encore rêver et qui peuvent se dire que c'est possible.

  • Speaker #1

    Tu inclus les jeunes générations dans le continent de vieux ?

  • Speaker #2

    Oui. Tu sais, les enfants de bourgeois, ils sont déjà bourgeois à la naissance. Ce que je ressens, c'est qu'il n'y a plus de grands projets humanistes de notre époque. Et que si on arrivait à réimpulser quelque chose qui nous touche profondément, qui crée de l'émotion en fait, et qu'on se sente à l'aise par rapport à ça dans une tradition de pensée, encore une fois, qui est la nôtre, qui est humaniste. Tu auras toutes les petites nanas de HEC, tous les petits mecs de Polytechnique qui vont dire « on kiffe trop et on vient, on s'engage » . Ce qu'il faut, c'est redonner du souffle à un rêve et une utopie. Si on arrive à refaire ça en France et en Europe, c'est de la vraie politique ça. Là, je suis sûr qu'on agrègera les bonnes volontés. et on créera de l'énergie à nouveau. Mais il faut donner cette impulsion politique, et quand tu regardes bien, tu n'as plus d'impulsion politique digne de ce nom au niveau d'un rêve qui nous inscrirait dans un destin commun. C'est ça qui nous manque aujourd'hui en France et en Europe.

  • Speaker #0

    Donc c'est une question politique, pour toi, puis une question aussi, il faut que quelqu'un s'engage, il faut une étincelle pour lancer un mouvement.

  • Speaker #2

    Je n'ai jamais cru aux femmes ou aux hommes providentiels, je crois qu'au collectif. Je pense que cette flamme, on pourra la retrouver à un moment donné. On est dans une mauvaise passe actuellement, mais je crois qu'on la retrouvera.

  • Speaker #0

    Dominique, je te propose qu'on ouvre notre chakra de la réflexion avec la vision prospective d'Olivier. Quel est l'avenir du dialogue avec l'au-delà ? Olivier, utopie ou dystopie ?

  • Speaker #1

    Pas facile de rebondir derrière le discours de Dominique. Pas simple. Mais on va essayer. L'humanité a toujours une fascination pour la mort, un mystère insondable qui nous confronte probablement à notre propre finitude, consciente ou inconsciente. Cette fascination se traduit par une volonté de préserver quelque chose de nos défunts, de maintenir une connexion à eux-mêmes après leur disparition. Eternesia s'inscrit dans ce contexte sociologique, maintes fois étudié au travers des siècles, remis sur le devant de la scène par le numérique, apportant par la technologie toujours plus de réalisme, de conservation et de profondeur. dans la communication post-mortelle. Le désir de communiquer avec les morts n'est pas nouveau, il est profondément enraciné dans notre histoire, notre culture et nos systèmes de croyances. La mythologie relate l'histoire d'Orphée, qui descend aux enfers pour ramener sa bien-aimée Eurydice à la vie, illustrant cette volonté dont nous parlons. Le projet Ternesia apporte une nouvelle dimension à ce désir de communication avec les morts. Il utilise les technologies actuelles pour collecter et conserver les voix, les photos et les écrits de nos proches. En ce sens, ce projet utilise les outils technologiques pour répondre à une aspiration profondément humaine, celle de perpétuer la mémoire de ceux qui nous sont chers, et permet le partage dans le respect de la volonté du défunt et des ayants droit, cette mémoire avec l'humanité. Nous avons abordé avec toi les questions techniques et réglementaires qui côtoient immanquablement cette entreprise. C'est l'impact sur la sociologie collective qui reste une terre d'aventure inconnue. Comment les citoyens, aujourd'hui peu impliqués dans l'usage de ces outils du souvenir, vont assimiler les interactions qui seront de plus en plus réalistes ? Aide au deuil ou blocage intemporel du vivant ? L'illusion de présence que permet la technologie changera le regard des vivants sur notre finitude, glissant pour certains vers une zone de flou, entre mort biologique et transfert de conscience vers le numérique. D'autres initiatives moins humanistes et plus commerciales vont plus loin dans l'illusionnisme en proposant avatar, hologramme 3D et utilisation de l'IA générative pour converser sur des actualités avec des morts. Tour de force technologique bienvenue ou chimère technologie. Eternesia se situe à l'intersection de la technologie et de nos instincts les plus profonds en tant qu'être humain. Le désir de garder en vie la mémoire de nos proches de maintenir une connexion avec eux malgré leur disparition physique, de lutter contre l'effacement mémoriel progressif de l'esprit des vivants, une hybridation du collectif et de l'individuel, du communautaire et du singulier. Nous en avons parlé plus haut, ces espaces posent des questions de fond sur le contrôle et l'appropriation des traces, mais aussi sur la réponse à la quête humaine de l'immortalité et sur la finitude de nos existences. Ils posent des questions importantes sur notre rapport à la mort et sur la façon dont la technologie peut influencer ce rapport. Alors demain, utopie ou dystopie, je ne sais pas, mais la fin de la finitude au profit d'une étape numérique de la vie, vous avez 4 heures.

  • Speaker #2

    En écoutant Olivier, je repensais à un truc quand j'étais enfant. Mon grand-père, il me racontait ses mémoires de résistant et j'adorais. Et quand j'allais à l'école, il me parlait de Jean Moulin. Donc je revenais voir mon grand-père, je buguais. Je lui disais, mais pourquoi à l'école, il ne parle pas de toi ? Pourquoi il parle de Jean Moulin ? Et puis après, en grandissant un petit peu, je disais, mais papy, dans mille ans, on se souviendra d'Hitler et Staline ? Il me dit, ben ouais, probablement. Et est-ce qu'on aura oublié les millions de gens qui sont morts dans les goulags ou dans les camps ? Il me disait oui. Et je lui disais, mais qui c'est qui trie la valeur des vies humaines ? C'est qui le mec dans le bureau qui dit que ta vie, elle vaut rien par rapport à celle de Hitler ou Staline ? C'est qui le boss des mémoires ? Et en grandissant, j'ai compris qu'il n'y avait pas de boss, mais que si on proposait justement à chacun de transmettre, on inscrirait de façon universelle le fait que la vie de chacun est une œuvre d'art et qu'elle compte au titre du patrimoine universel de l'humanité. Ça, c'est de l'humanisme. La question du dialogue post-mortem, elle est complètement anecdotique par rapport à ça. C'est le simple fait de... de traduire dans les faits qu'en fait chaque vie humaine compte.

  • Speaker #0

    C'était ça ton déclic, tu disais tout à l'heure, j'ai mon projet en tête depuis que j'ai 10 ans, c'était tes conversations avec ton grand-père.

  • Speaker #2

    Ouais, et puis le fait que je buguais, je suis complètement névrosé, obsessionnel, tu as dû t'en apercevoir pendant l'interview. Mais je me disais, il y a un truc qui ne colle pas, je suis d'une éducation très humaniste, très universaliste, très sociale, etc. Et il y a un tri entre la mémoire des vies humaines. ce n'est pas acceptable ce truc dans ma tête. Et c'est là-dessus que j'ai buggé toute ma vie et c'est pour ça que j'ai fait Eternesia.

  • Speaker #0

    Merci, merci beaucoup Dominique. Merci Olivier aussi. Moi, je vous dis à très bientôt pour un prochain épisode.

  • Speaker #1

    Merci.

  • Speaker #0

    Et voilà, chers auditeurs, c'est tout pour cet épisode de Tendances Inno. Un grand merci pour votre écoute. Nous espérons que vous avez trouvé cette discussion aussi enrichissante et inspirante que nous. N'oubliez pas de vous abonner pour ne manquer aucun de nos futurs épisodes. Vous pouvez retrouver Tendances Inno sur toutes les plateformes de podcast, YouTube et Dailymotion. Si vous aimez ce podcast, faites-le nous savoir et aidez-nous à le faire connaître grâce à vos commentaires et à vos partages. Pour plus de contenu sur les technologies émergentes, suivez-nous sur les réseaux sociaux de Docaposte et de Wagmi Trends. A bientôt pour un nouvel épisode, placé sous le signe de la tech, du Web3 et de l'innovation. D'ici là, continuez à explorer, à innover et à créer.

Description

#Podcast 🎧 | Imaginez un monde où les frontières entre la vie et la mort deviennent floues grâce à la technologie, où il est possible de 'communiquer' avec nos proches disparus par le biais de l'intelligence artificielle.


Cette possibilité, fascinante pour certains, terrifiante pour d'autres, soulève d'importantes questions éthiques et sociales.

C'est dans ce monde controversé que Marine Adatto et Olivier Senot, Directeur de l'Innovation chez Docaposte, vous embarquent aujourd'hui.


Notre invité :

➡️ Dominique Pon, Directeur Général de La Poste Santé & Autonomie et Directeur Général Adjoint de Docaposte, qui partagera son expertise sur les implications de ces technologies dans le domaine de la santé et de l'autonomie.


🎧 Au programme :

Exploration des technologies permettant d’établir un dialogue avec l'au-delà.

Débat : utiliser l'IA pour communiquer avec l'au-delà, avancée bienvenue ou une pente glissante ?

Le dialogue avec l'au-delà : besoin sociétal ou transgression éthique ?

Où sont les limites de la technologie ?

Comment les voix du passé pourraient-elles se faire entendre dans notre présent ?


💡 Ce que vous propose cet épisode :

Un éclairage sur les défis éthiques et pratiques des technologies émergentes permettant de communiquer avec nos proches disparus.

Une discussion qui promet de pousser la réflexion toujours plus loin.


Et vous, que pensez-vous de la possibilité de communiquer avec les disparus grâce à l'IA ?

Est-ce une innovation ou une intrusion ?


Partagez vos réflexions et rejoignez la discussion !


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Préparez-vous à un épisode riche en informations qui vous permettra de mieux comprendre et gérer les implications de ces technologies avant-gardistes.

Retrouvez cet épisode de “Tendances Inno” sur votre plateforme de podcast préférée : https://smartlink.ausha.co/tendances-inno-le-podcast-innovation-de-docaposte


#TendancesInno #Innovation #Docaposte #WagmiTrends #Innovation #éthique #audela #IA


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Tendances Inno, votre rendez-vous pour explorer les technologies émergentes présentées par Docaposte, le référent français de la confiance numérique. Je suis Marina Adatto, cofondatrice de Wagme Trends, et j'ai le plaisir d'être accompagnée par Olivier Senot, directeur de l'innovation chez Docaposte. Dans ce podcast, nous vous emmenons à la rencontre des innovateurs et des créateurs qui redéfinissent notre monde numérique. Que votre curiosité vous porte vers le Web3, l'IA ou toute autre technologie émergente, Vous êtes au bon endroit. Préparez-vous à une dose d'inspiration et d'informations. Au programme, des découvertes, des défis et des solutions innovantes. Alors branchez vos écouteurs, ouvrez votre esprit et plongez avec nous dans l'univers de Tendances Inno. Imaginez un monde où les frontières entre la vie et la mort deviennent floues grâce à la technologie. où il est possible de communiquer avec nos proches disparus par le biais de l'intelligence artificielle. Cette possibilité fascinante pour certains, terrifiante pour d'autres, soulève d'importantes questions éthiques et sociales. Dans cet épisode, nous vous proposons de plonger dans un univers controversé. Un univers dans lequel les technologies permettent d'établir un dialogue avec l'au-delà. Est-ce une avancée bienvenue ou une pente glissante ? Ce sont les questions que nous poserons à Dominique Pon, directeur général de la Poste Santé et Autonomie. Le dialogue avec l'au-delà est-il un besoin sociétal ou une transgression éthique ? Où sont les limites de la technologie ? Quelles sont les responsabilités qui en découlent ? Dans un monde où les voix du passé pourraient se faire entendre dans notre présent. Pour ouvrir cet épisode, qui de mieux qu'Olivier Seuneau ? C'est lui qui, nous ravit de sa vision aiguisée sur les implications éthiques et pratiques des technologies émergentes. Olivier, c'est à toi.

  • Speaker #1

    Merci Marine, et bonjour Dominique. De formation ingénieur suptélécom, ta bio est une succession de challenges. D'abord en tant qu'ingénieur dans l'aéronautique, puis dans la sécurité aéroportuaire antiterroriste, avant de tâter de l'informatique chez un énergéticien. Une carrière assez standard jusqu'en 2001, où le virus de la création s'empare de ton âme et tu crées Dopacis, qui est sans doute le brouillon ou le galop d'essai du dossier patient avant de créer iLab, un incubateur de start-up dans la e-santé. Devenu directeur général de clinique, tu continues ton investissement dans le monde de la santé en fédérant plusieurs cliniques indépendantes autour d'une alliance stratégique et de devenir membre fondateur puis président de Santécité, premier groupe coopératif français de cliniques indépendantes regroupant 120 établissements. Mais en 2019, le gouvernement fait appel à toi pour mener à bien la révolution numérique en santé. Il en sortira moins de trois ans plus tard MonEspaceSanté, aujourd'hui opérationnel. pour près de 99% de la population. Nommé chevalier de l'Ordre National du Mérite en juin 2022, tu rejoins Docaposte pour construire et diriger la Poste Santé Autonomie dans un esprit humaniste et technologique qui te caractérise, sans perdre le fil rouge qui anime tes nuits courtes depuis ton enfance, Eternesia, un projet de mémoire collective et individuelle comme patrimoine de l'humanité. Dominique, nous t'écoutons.

  • Speaker #0

    Bonjour Dominique.

  • Speaker #2

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Bienvenue, merci de nous faire le plaisir d'être avec nous aujourd'hui. Alors pour démarrer cet épisode, je vous propose un petit quiz, juste pour qu'on se mette au clair sur le sujet et quelques chiffres. Est-ce que vous êtes prêts ? Go ! Quelle proportion de la population américaine considère le développement de technologies de dialogue avec l'au-delà comme une transgression éthique ? 20%, 45% ou 70% ?

  • Speaker #2

    Un sur deux ?

  • Speaker #0

    Un sur deux ? Oui,

  • Speaker #1

    au moins la moitié. Oui,

  • Speaker #0

    au moins la moitié, exactement, 45%. C'est un sondage Pure Research de 2021, qui indique que 45% des Américains considèrent ce développement de technologies, le développement de technologies permettant de communiquer avec l'au-delà comme une transaction éthique inacceptable. Deuxième question, quel pourcentage de la population américaine voit le dialogue avec l'au-delà par la technologie comme une réponse à un besoin sociétal ? 15%, 30% ou 40% ?

  • Speaker #2

    15,

  • Speaker #0

    15%. 15%, Olivier, tu dis quoi ?

  • Speaker #1

    30 pour ne pas dire la même chose.

  • Speaker #0

    30, c'est 40. C'est 40 et c'est marrant parce que c'est l'inverse de ce qui a été dit précédemment. C'est une autre étude sociologique qui est menée par l'université de Stanford. Elle révèle que 40% des personnes interrogées considèrent ce développement de technologies de communication avec l'au-delà comme une opportunité. de répondre à un besoin spirituel et existentiel de la société. Dernière question. Quelle entreprise américaine propose déjà un service permettant de dialoguer avec un avatar d'histoire de vie interactif d'un proche décédé ? Anthropique, Here After AI, vous remarquerez mon accent, Elysium Labs ou DeepMind ?

  • Speaker #2

    Je ne sais pas.

  • Speaker #0

    Je ne sais pas non plus. C'est très américain comme question aujourd'hui. C'est la B, c'est une entreprise qui est basée aux Etats-Unis et qui permet aux gens d'enregistrer leurs souvenirs et histoires personnelles de leurs vivants sous forme de vidéos et d'audio. Et après leur décès, ces données sont utilisées par des IA. avancé pour générer un avatar virtuel interactif avec lequel leurs amis et leurs familles peuvent dialoguer. Alors, maintenant qu'on est à peu près au clair sur une vision américaine, on est allé interroger le grand public pour leur demander leur avis sur ce sujet. Je vous propose d'écouter les micro-trottoirs. Comment imagines-tu l'impact de la technologie sur notre façon de se souvenir des personnes disparues ?

  • Speaker #2

    Je pense que ça peut être intéressant de l'exploiter. Il y a pas mal de cas d'usage qui peuvent être intéressants de développer. Après, il faut faire super gaffe parce que c'est un sujet hyper touchy. Par exemple, je sais que j'ai eu passé quelqu'un qui avait un projet dans les cimetières, je crois, pour quelque chose de digital, pour faire une espèce de carnet vivant des gens. Après, pareil, les hologrammes, pour moi, je trouvais ça un peu gênant presque, un peu presque à la limite du flippant.

  • Speaker #0

    Quelles seraient pour toi les implications positives ou négatives de recevoir des messages d'un proche disparu grâce à la technologie ? Alors moi, je vois des implications négatives dans le sens où pour faire son deuil, il faut accepter le décès de la personne. Et en plus de ça, ce n'est pas des souvenirs qui sont réels. Ce n'est pas comme si on regardait une vidéo derrière ou ce n'est pas des choses qui sont vraiment arrivées. Et du coup, on tomberait un peu dans le malsain de la technologie. Comment penses-tu que notre société devrait gérer l'évolution des technologies permettant des interactions avec les défunts ?

  • Speaker #3

    Est-ce qu'on peut réellement parler d'interaction ? Ce n'est pas des interactions, c'est des fausses interactions. C'est comme si je commençais à écrire une lettre en la signant du nom de quelqu'un de mort et que je l'envoyais à sa veuve ou quoi. Ce n'est pas une réelle interaction, c'est du mensonge.

  • Speaker #0

    Quels en seraient les bénéfices ou les risques ?

  • Speaker #3

    Les bénéfices, je n'en vois aucun parce que ce seraient des faux bénéfices. Même si quelqu'un se sent mieux après avoir parlé avec la photo de son père décédé, ce n'est pas la réalité. Donc c'est un faux bénéfice. Et à la limite, il peut le faire avec une photo qui ne bouge pas et qui n'est pas utilisée par une IA. Donc voilà. Et les risques, le risque justement, c'est de vivre dans le faux, dans l'irréel. C'est de se voiler la face et de jamais faire son deuil, de jamais affronter les choses. De toujours fuir face à quelque chose de trop compliqué à encaisser.

  • Speaker #0

    Bon, alors on est plutôt sur un...

  • Speaker #1

    Oui, c'est un groupe un peu...

  • Speaker #2

    C'est avec le test de l'huile, le test de l'huile.

  • Speaker #0

    Dominique, ton avis sur ce micro-trottoir ?

  • Speaker #2

    Je suis d'accord avec ce qui est dit. Je ne sens pas du tout la survie numérique. Je ne la sens pas comme ça, recréée de façon artificielle. Moi, je crois à l'humanisme, c'est ma tradition de pensée. Je viens de là, je viens de la France, de l'Europe, d'une tradition de pensée gréco-latine qui est humaniste. Et humaniste, ce n'est pas transhumaniste. Donc je ne crois pas du tout aux vertus d'une recréation artificielle qui fait croire à la survie. Je ne crois pas à ça.

  • Speaker #0

    Olivier ?

  • Speaker #1

    Je suis très dubitatif parce que les études sociologiques montrent que ça répond à un besoin. D'un autre côté, la pente est extrêmement glissante vers des conditions d'exploitation de ces souvenirs qui peuvent être extrêmement dangereux. sur un plan ne serait-ce que sociologique et sociétal. C'est un peu partagé.

  • Speaker #0

    Dominique, tu viens d'en parler rapidement, mais comment perçois-tu l'évolution de ces technologies qui permettent de communiquer avec les défunts ? Est-ce que c'est une avancée qui est bienvenue ou est-ce que c'est une pente glissante ? Olivier en parlait juste là, d'un point de vue éthique.

  • Speaker #2

    Je vais développer un tout petit peu ce sujet. Parce que c'est un sujet qui me touche vraiment profondément. En fait, à la base de tout ça, la question que je pense qui mérite d'être posée, c'est c'est quoi la valeur d'une vie humaine ? Quand on est dans une tradition de pensée comme la nôtre, humaniste, une vie humaine, ça a une valeur inestimable, ne serait-ce que par sa rareté. Une vie humaine, c'est... Une combinaison génétique impossible à reproduire, c'est une succession d'émotions, de rencontres, elles-mêmes impossibles à reproduire. Donc une vie humaine, c'est plus rare que le plus rare des métaux rares, et donc c'est plus précieux que la plus précieuse des œuvres d'art. Et donc la mémoire, la trace d'une vie humaine, ça devrait être inscrit au patrimoine mondial de l'humanité. Si on part de ce principe-là, en fait, ce qu'on pourrait proposer et qui resterait dans un cadre humaniste et éthique... C'est que chaque personne puisse laisser une trace, mais en quelque sorte comme un geste altruiste, pour transmettre à ceux qui vont lui succéder, mais en acceptant sa finitude, pas dans un fantasme d'immortalité, en acceptant qu'on donne à celui qui nous succède. Et moi je crois beaucoup plus à l'utilisation de la technologie sur cette trace formelle et impossible à retoucher, impossible à trafiquer, qui respecte la mémoire du défunt. comme trace de ce qu'il veut laisser aux autres, en fait, à ceux qui lui succèdent, plutôt qu'à une recréation d'avatar virtuel, et qui, pour moi, ça ressemble vraiment aux alchimistes d'aujourd'hui, c'est ça les transhumanistes, c'est un fantasme de survie qui est à l'opposé de ce que c'est qu'être un être humain.

  • Speaker #0

    Et quel exemple ? Tu dis laisser une trace, choisir la trace.

  • Speaker #2

    En fait, je te donne un exemple. Je travaillais dans une clinique pendant longtemps et dans les services de soins palliatifs, je faisais venir des écrivains publics pour aider les mourants à raconter leur récit de vie pour transmettre à la famille. Donc c'était beau à pleurer, franchement c'était magnifique comme expérience. Et beaucoup de gens sont venus observer, des philosophes, des psychologues, des sociologues. Boris Cyrulnik a même commenté un petit peu ce qu'on faisait. Et en fait, cette trace permet de laisser une trace à un mourant. En fait, c'est l'inverse d'un truc morbide. Parce que pour celui qui meurt, ça lui permet d'être vivant jusqu'au bout du bout. Et pour ceux qui restent, ceux qui reçoivent la mémoire, ça enlève le poids de la culpabilité d'oublier celui qu'on a aimé. Donc en fait, à ce titre-là, la technologie, le papier, avant aujourd'hui le numérique, comme façon Pour quelqu'un qui disparaît, de laisser une trace pour donner à ce qui lui succède, c'est quelque chose d'éminemment vivant et d'éminemment humain. Pas la recréation d'avatars virtuels qui vont dialoguer dans le futur de façon artificielle.

  • Speaker #0

    La transmission, en fait, la transmission pure finalement.

  • Speaker #2

    Oui, la transmission, et ça permet aussi de marquer un principe universaliste qui est que chaque vie humaine compte, puisque si on considère que la mémoire de n'importe qui, la tienne, la mienne, celui d'eux, du président de la République comme celui du SDF en bas de ma rue. Ça a une valeur inestimable, on l'inscrit au patrimoine de l'humanité. Le principe même, en fait, est un vrai principe universaliste et humaniste d'aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Là, on assiste justement à du transhumanisme sur plein de sujets. Par exemple, il y a des projets comme celui de, je ne sais pas si tu en as entendu parler, d'Eugénie Acuida qui a fait revivre son meilleur ami grâce à un bot. C'est Microsoft qui a déposé aussi un brevet pour faire parler les morts grâce à des algorithmes. Il y a eu des tentatives d'émission aussi, qui a été rapidement déprogrammée, mais Hôtel du Temps de Thierry Ardisson, je ne sais pas si vous l'aviez vu, où il avait fait parler Dalida. En fait, là, on est clairement dans une frontière entre hommage et intrusion, dans la vie privée du défunt aussi, parce que... Alors, on est sur de la transmission, si je prends l'exemple de Dalida. Parce qu'il a repris énormément d'émissions, ses chansons, ses paroles, etc. Et il les a réexploitées pour faire son interview. Pour autant, et c'est ce que tu dis, il y a des limites de la technologie finalement qu'on ne devrait pas franchir.

  • Speaker #2

    Moi surtout, c'est que je trouve ça super ringard. Je trouve ça naze. Je trouve ça vraiment naze en fait. Bien sûr, comme tout le monde, je suis fasciné. Par le numérique, on nous bassine que le numérique c'est l'avenir de l'humanité, en plus post-mortem ce que tu nous racontes, moi je crois l'inverse. Je crois que l'avenir du numérique c'est l'humain. Et bien sûr que je suis fasciné par tout ce qui se passe avec la technologie, les puces de silicium, la loi de Moore qui fait qu'on multiplie par 10 tous les ans la puissance des ordinateurs, mais je suis quand même vachement plus fasciné. Par les 4 milliards et demi d'années qu'il a fallu pour qu'on devienne ce qu'on est à partir de poussière d'étoiles. C'est ça l'avenir de la techno, c'est l'humain.

  • Speaker #0

    Comment est-ce que tu envisages l'impact justement de ces technologies ? Parce qu'on y est quand même. C'est-à-dire qu'il y a ce que tu dis et c'est vrai et c'est magnifique. Mais il y a quand même aujourd'hui ces technologies dont on a parlé qui sont de plus en plus utilisées. Il y a des brevets qui sont déposés aussi. Comment est-ce que ça va impacter le processus de deuil et la santé mentale des individus ? Parce qu'on a deux voies, finalement. Il y a celle de la transmission, ce que tu expliquais, que vous faisiez dans la clinique, qui est magnifique et effectivement... Ne pas oublier les gens, ses proches, garder avec des podcasts par exemple ou avec de l'écriture les voix. Il y a un souvenir qui est là et qui est fort. Néanmoins, on est aussi dans une ère où il y a de plus en plus de développement de brevets pour faire revivre les gens. D'un point de vue santé mentale, et on a eu quelques témoignages dans le micro-trottoir. Quel impact ça va avoir selon toi ?

  • Speaker #2

    L'histoire, en fait, c'est de savoir c'est quoi la fin du film d'anticipation. Est-ce que ça sera une utopie ou une dystopie ? Ça sera une dystopie si l'Europe continue à rien foutre. Si l'Europe continue à être, en matière de technologie numérique, une espèce de rassemblement de petits bourgeois dépassés qui ne font que réguler, mais qui n'inventent pas l'avenir. Si on laisse des visions libérales, libertaires à l'américaine, ou autocratiques et liberticides à la chinoise, créer le monde de demain, bien sûr qu'on sera dans une dystopie. Si en Europe, on essaye de retrouver un peu de flamme pour créer des plateformes, des modèles, utiliser le numérique dans une tradition humaniste, là, en fait, on aura un moindre de troubles psy, parce qu'on sera dans une forme d'utopie la même. qui au XVIIIe siècle a fait que la vieille Europe s'est saisie de la technologie qu'était l'imprimerie pour la diffusion du siècle des Lumières, des droits de l'homme, tout ce qui est magnifique et universaliste. Le problème c'est qu'aujourd'hui il n'y a plus de grands projets humanistes de notre époque. Donc pour répondre à ta question, il y a un rôle considérable de l'Europe à sortir des discours antello de Salon pour se retrousser les manches et faire, vraiment faire. et construire nos propres modèles, nos propres plateformes du numérique inspirées d'une tradition de pensée éthique et humaniste. Et s'il y a ça, tu verras, il y aura beaucoup de gens qui rejoindront ce type de mouvement parce qu'on est à la recherche de spiritualité et de sens, mais un sens qui nous raccroche à ce qu'on est vraiment. Et on n'est pas des avatars, quoi.

  • Speaker #0

    C'est ça, on n'est pas des avatars. Donc arrêtez de juste légiférer, finalement. Et aller vers un...

  • Speaker #2

    Arrêter de tchatcher et faire.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça, et faire. Tu as des projets déjà qui sont sur ce positionnement et cette philosophie en tête ?

  • Speaker #2

    Tu sais, moi, je suis un mec à l'ancienne, un petit gars de Toulouse. Quand tu es un petit gars de Toulouse, tu crois à la souveraineté numérique. Tu n'es pas un bobo du 7e arrondissement à Paris, quoi. Tu crois à ça. Et tu vois, quand je passais 4 ans au ministère, au gouvernement, que je militais pour un numérique souverain, pour... Le carnet de santé des Français, tout le monde me disait « Non, ça ne marchera jamais » , mais on l'a fait. C'est une question de foi. Et sur ces sujets de transmission, sur ces sujets de liens intergénérationnels au-delà du temps, j'ai créé une initiative qui s'appelle Eternesia, qui va fédérer un écosystème pour assembler tous les gens qui croient qu'on peut, et c'est intéressant de garder des traces dans le temps, Peut-être même sans limite de durée, mais à condition qu'on ne trafique pas la mémoire de ceux qui nous ont quittés et qui ont décidé de nous transmettre un certain nombre de choses. Ce principe éthique, il est super simple et je commence à voir fleurir beaucoup d'initiatives d'ailleurs européennes sur ces sujets. Il faut arriver maintenant à les fédérer autour d'un projet suffisamment ambitieux. Mais c'est un projet que j'ai en tête depuis que j'ai 10 ans. Donc, crois-moi, je suis d'Ether.

  • Speaker #0

    Tu peux nous en dire plus ? Comment ça marche ? Comment on fait ? Comment on adhère ?

  • Speaker #2

    En fait, j'ai créé une association qui s'appelle Ethernesia. Et là, je suis en train de travailler pour monter une plateforme. Une plateforme qui doit être portée par des institutions. Tu ne filerais pas ta mémoire pour l'éternité à une start-up, quand même. tu ne filerais pas ta mémoire pour l'éternité même à Google. Par contre, si on te disait qu'il y a des grandes institutions comme l'UNESCO qui essayent de préserver ta mémoire à toi qui compte autant que les pyramides de Gizeh ou la Joconde, si tu avais la Bibliothèque nationale de France qui disait que la mémoire d'Olivier Senot va se placer dans une bibliothèque numérique à côté du manuscrit des misérables, ça serait juste magnifique parce que ça serait un beau principe universaliste. Et moi, je pense qu'il y a des capacités en France et en Europe d'impulser ce type de projet.

  • Speaker #0

    C'est très, très beau. Moi, je suis complètement d'accord. Alors, ce podcast, il a pour vocation d'acculturer, mais aussi de donner des conseils pratiques par rapport au sujet que l'on va traiter. Qu'est-ce que les auditeurs doivent retenir de cet épisode ? Tu vois, des conseils, tu viens d'en parler, d'Eternesia, cette importance de ne pas tomber dans le transhumanisme, mais de rester très humaniste. Comment est-ce qu'aujourd'hui, comment on réfléchit par rapport à ces sujets-là ? Qu'est-ce qu'on garde de cet épisode ? Comment on avance ?

  • Speaker #2

    En fait, le simple fait que ces sujets de mémoire numérique au-delà du temps soit saisi uniquement par les Américains, peut-être même de l'autre côté du Pacifique, du côté des Chinois, avec une autre tradition de pensée humaniste, et que l'Europe ne fout rien sur ces sujets-là, pour moi, ça traduit le fait qu'on est un vieux continent et on est devenu pessimiste. Quand tu es pessimiste, en fait, tu régules, comme les bourgeois. Quand tu es vieux, tu es devenu pessimiste, tu n'as plus foi en la vie et tu te réfugies derrière la régulation au lieu de faire. Donc moi, le conseil, ça serait, soyez optimiste. En fait, j'ai toujours pensé que dans la vie, il y avait deux catégories de gens, les pessimistes et les optimistes. Ce qui est cool avec les pessimistes, c'est qu'ils ont toujours raison, parce que quand ils te prédisent qu'il y a un truc qui va merder, ça merde toujours un jour. Par contre, ceux qui écrivent l'histoire des sciences, des technologies, des arts, c'est toujours les optimistes. Alors, il faut être optimiste pour écrire notre histoire.

  • Speaker #0

    Olivier.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'on est un continent de pessimistes ? Ou est-ce qu'on est enfermé dans un carcan de régulation tellement étriqué que toute initiative née de l'optimisme est vouée à se heurter aux murs réglementaires ?

  • Speaker #2

    C'est la poule et l'œuf ou c'est l'essence et le sens, comme disait Sartre. Non, pour moi, à la base, c'est qu'on a vieilli. Et quand tu deviens vieux, tu deviens pessimiste. Et c'est ça l'Europe. Je pense que si on retrouvait une forme d'optimisme, on ne ferait pas que réguler. On ferait, on fabriquerait. On inventerait l'avenir, on se planterait peut-être, mais on impulserait quelque chose. Et je pense que ce n'est pas parce qu'on est devenu un continent de vieux et un continent pessimiste. C'est ça qui est à la base pour moi.

  • Speaker #0

    Donc il y a une vraie prise de conscience à avoir aussi des nouvelles générations, j'imagine, en tout cas de ceux qui savent encore rêver et qui peuvent se dire que c'est possible.

  • Speaker #1

    Tu inclus les jeunes générations dans le continent de vieux ?

  • Speaker #2

    Oui. Tu sais, les enfants de bourgeois, ils sont déjà bourgeois à la naissance. Ce que je ressens, c'est qu'il n'y a plus de grands projets humanistes de notre époque. Et que si on arrivait à réimpulser quelque chose qui nous touche profondément, qui crée de l'émotion en fait, et qu'on se sente à l'aise par rapport à ça dans une tradition de pensée, encore une fois, qui est la nôtre, qui est humaniste. Tu auras toutes les petites nanas de HEC, tous les petits mecs de Polytechnique qui vont dire « on kiffe trop et on vient, on s'engage » . Ce qu'il faut, c'est redonner du souffle à un rêve et une utopie. Si on arrive à refaire ça en France et en Europe, c'est de la vraie politique ça. Là, je suis sûr qu'on agrègera les bonnes volontés. et on créera de l'énergie à nouveau. Mais il faut donner cette impulsion politique, et quand tu regardes bien, tu n'as plus d'impulsion politique digne de ce nom au niveau d'un rêve qui nous inscrirait dans un destin commun. C'est ça qui nous manque aujourd'hui en France et en Europe.

  • Speaker #0

    Donc c'est une question politique, pour toi, puis une question aussi, il faut que quelqu'un s'engage, il faut une étincelle pour lancer un mouvement.

  • Speaker #2

    Je n'ai jamais cru aux femmes ou aux hommes providentiels, je crois qu'au collectif. Je pense que cette flamme, on pourra la retrouver à un moment donné. On est dans une mauvaise passe actuellement, mais je crois qu'on la retrouvera.

  • Speaker #0

    Dominique, je te propose qu'on ouvre notre chakra de la réflexion avec la vision prospective d'Olivier. Quel est l'avenir du dialogue avec l'au-delà ? Olivier, utopie ou dystopie ?

  • Speaker #1

    Pas facile de rebondir derrière le discours de Dominique. Pas simple. Mais on va essayer. L'humanité a toujours une fascination pour la mort, un mystère insondable qui nous confronte probablement à notre propre finitude, consciente ou inconsciente. Cette fascination se traduit par une volonté de préserver quelque chose de nos défunts, de maintenir une connexion à eux-mêmes après leur disparition. Eternesia s'inscrit dans ce contexte sociologique, maintes fois étudié au travers des siècles, remis sur le devant de la scène par le numérique, apportant par la technologie toujours plus de réalisme, de conservation et de profondeur. dans la communication post-mortelle. Le désir de communiquer avec les morts n'est pas nouveau, il est profondément enraciné dans notre histoire, notre culture et nos systèmes de croyances. La mythologie relate l'histoire d'Orphée, qui descend aux enfers pour ramener sa bien-aimée Eurydice à la vie, illustrant cette volonté dont nous parlons. Le projet Ternesia apporte une nouvelle dimension à ce désir de communication avec les morts. Il utilise les technologies actuelles pour collecter et conserver les voix, les photos et les écrits de nos proches. En ce sens, ce projet utilise les outils technologiques pour répondre à une aspiration profondément humaine, celle de perpétuer la mémoire de ceux qui nous sont chers, et permet le partage dans le respect de la volonté du défunt et des ayants droit, cette mémoire avec l'humanité. Nous avons abordé avec toi les questions techniques et réglementaires qui côtoient immanquablement cette entreprise. C'est l'impact sur la sociologie collective qui reste une terre d'aventure inconnue. Comment les citoyens, aujourd'hui peu impliqués dans l'usage de ces outils du souvenir, vont assimiler les interactions qui seront de plus en plus réalistes ? Aide au deuil ou blocage intemporel du vivant ? L'illusion de présence que permet la technologie changera le regard des vivants sur notre finitude, glissant pour certains vers une zone de flou, entre mort biologique et transfert de conscience vers le numérique. D'autres initiatives moins humanistes et plus commerciales vont plus loin dans l'illusionnisme en proposant avatar, hologramme 3D et utilisation de l'IA générative pour converser sur des actualités avec des morts. Tour de force technologique bienvenue ou chimère technologie. Eternesia se situe à l'intersection de la technologie et de nos instincts les plus profonds en tant qu'être humain. Le désir de garder en vie la mémoire de nos proches de maintenir une connexion avec eux malgré leur disparition physique, de lutter contre l'effacement mémoriel progressif de l'esprit des vivants, une hybridation du collectif et de l'individuel, du communautaire et du singulier. Nous en avons parlé plus haut, ces espaces posent des questions de fond sur le contrôle et l'appropriation des traces, mais aussi sur la réponse à la quête humaine de l'immortalité et sur la finitude de nos existences. Ils posent des questions importantes sur notre rapport à la mort et sur la façon dont la technologie peut influencer ce rapport. Alors demain, utopie ou dystopie, je ne sais pas, mais la fin de la finitude au profit d'une étape numérique de la vie, vous avez 4 heures.

  • Speaker #2

    En écoutant Olivier, je repensais à un truc quand j'étais enfant. Mon grand-père, il me racontait ses mémoires de résistant et j'adorais. Et quand j'allais à l'école, il me parlait de Jean Moulin. Donc je revenais voir mon grand-père, je buguais. Je lui disais, mais pourquoi à l'école, il ne parle pas de toi ? Pourquoi il parle de Jean Moulin ? Et puis après, en grandissant un petit peu, je disais, mais papy, dans mille ans, on se souviendra d'Hitler et Staline ? Il me dit, ben ouais, probablement. Et est-ce qu'on aura oublié les millions de gens qui sont morts dans les goulags ou dans les camps ? Il me disait oui. Et je lui disais, mais qui c'est qui trie la valeur des vies humaines ? C'est qui le mec dans le bureau qui dit que ta vie, elle vaut rien par rapport à celle de Hitler ou Staline ? C'est qui le boss des mémoires ? Et en grandissant, j'ai compris qu'il n'y avait pas de boss, mais que si on proposait justement à chacun de transmettre, on inscrirait de façon universelle le fait que la vie de chacun est une œuvre d'art et qu'elle compte au titre du patrimoine universel de l'humanité. Ça, c'est de l'humanisme. La question du dialogue post-mortem, elle est complètement anecdotique par rapport à ça. C'est le simple fait de... de traduire dans les faits qu'en fait chaque vie humaine compte.

  • Speaker #0

    C'était ça ton déclic, tu disais tout à l'heure, j'ai mon projet en tête depuis que j'ai 10 ans, c'était tes conversations avec ton grand-père.

  • Speaker #2

    Ouais, et puis le fait que je buguais, je suis complètement névrosé, obsessionnel, tu as dû t'en apercevoir pendant l'interview. Mais je me disais, il y a un truc qui ne colle pas, je suis d'une éducation très humaniste, très universaliste, très sociale, etc. Et il y a un tri entre la mémoire des vies humaines. ce n'est pas acceptable ce truc dans ma tête. Et c'est là-dessus que j'ai buggé toute ma vie et c'est pour ça que j'ai fait Eternesia.

  • Speaker #0

    Merci, merci beaucoup Dominique. Merci Olivier aussi. Moi, je vous dis à très bientôt pour un prochain épisode.

  • Speaker #1

    Merci.

  • Speaker #0

    Et voilà, chers auditeurs, c'est tout pour cet épisode de Tendances Inno. Un grand merci pour votre écoute. Nous espérons que vous avez trouvé cette discussion aussi enrichissante et inspirante que nous. N'oubliez pas de vous abonner pour ne manquer aucun de nos futurs épisodes. Vous pouvez retrouver Tendances Inno sur toutes les plateformes de podcast, YouTube et Dailymotion. Si vous aimez ce podcast, faites-le nous savoir et aidez-nous à le faire connaître grâce à vos commentaires et à vos partages. Pour plus de contenu sur les technologies émergentes, suivez-nous sur les réseaux sociaux de Docaposte et de Wagmi Trends. A bientôt pour un nouvel épisode, placé sous le signe de la tech, du Web3 et de l'innovation. D'ici là, continuez à explorer, à innover et à créer.

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Description

#Podcast 🎧 | Imaginez un monde où les frontières entre la vie et la mort deviennent floues grâce à la technologie, où il est possible de 'communiquer' avec nos proches disparus par le biais de l'intelligence artificielle.


Cette possibilité, fascinante pour certains, terrifiante pour d'autres, soulève d'importantes questions éthiques et sociales.

C'est dans ce monde controversé que Marine Adatto et Olivier Senot, Directeur de l'Innovation chez Docaposte, vous embarquent aujourd'hui.


Notre invité :

➡️ Dominique Pon, Directeur Général de La Poste Santé & Autonomie et Directeur Général Adjoint de Docaposte, qui partagera son expertise sur les implications de ces technologies dans le domaine de la santé et de l'autonomie.


🎧 Au programme :

Exploration des technologies permettant d’établir un dialogue avec l'au-delà.

Débat : utiliser l'IA pour communiquer avec l'au-delà, avancée bienvenue ou une pente glissante ?

Le dialogue avec l'au-delà : besoin sociétal ou transgression éthique ?

Où sont les limites de la technologie ?

Comment les voix du passé pourraient-elles se faire entendre dans notre présent ?


💡 Ce que vous propose cet épisode :

Un éclairage sur les défis éthiques et pratiques des technologies émergentes permettant de communiquer avec nos proches disparus.

Une discussion qui promet de pousser la réflexion toujours plus loin.


Et vous, que pensez-vous de la possibilité de communiquer avec les disparus grâce à l'IA ?

Est-ce une innovation ou une intrusion ?


Partagez vos réflexions et rejoignez la discussion !


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Préparez-vous à un épisode riche en informations qui vous permettra de mieux comprendre et gérer les implications de ces technologies avant-gardistes.

Retrouvez cet épisode de “Tendances Inno” sur votre plateforme de podcast préférée : https://smartlink.ausha.co/tendances-inno-le-podcast-innovation-de-docaposte


#TendancesInno #Innovation #Docaposte #WagmiTrends #Innovation #éthique #audela #IA


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Tendances Inno, votre rendez-vous pour explorer les technologies émergentes présentées par Docaposte, le référent français de la confiance numérique. Je suis Marina Adatto, cofondatrice de Wagme Trends, et j'ai le plaisir d'être accompagnée par Olivier Senot, directeur de l'innovation chez Docaposte. Dans ce podcast, nous vous emmenons à la rencontre des innovateurs et des créateurs qui redéfinissent notre monde numérique. Que votre curiosité vous porte vers le Web3, l'IA ou toute autre technologie émergente, Vous êtes au bon endroit. Préparez-vous à une dose d'inspiration et d'informations. Au programme, des découvertes, des défis et des solutions innovantes. Alors branchez vos écouteurs, ouvrez votre esprit et plongez avec nous dans l'univers de Tendances Inno. Imaginez un monde où les frontières entre la vie et la mort deviennent floues grâce à la technologie. où il est possible de communiquer avec nos proches disparus par le biais de l'intelligence artificielle. Cette possibilité fascinante pour certains, terrifiante pour d'autres, soulève d'importantes questions éthiques et sociales. Dans cet épisode, nous vous proposons de plonger dans un univers controversé. Un univers dans lequel les technologies permettent d'établir un dialogue avec l'au-delà. Est-ce une avancée bienvenue ou une pente glissante ? Ce sont les questions que nous poserons à Dominique Pon, directeur général de la Poste Santé et Autonomie. Le dialogue avec l'au-delà est-il un besoin sociétal ou une transgression éthique ? Où sont les limites de la technologie ? Quelles sont les responsabilités qui en découlent ? Dans un monde où les voix du passé pourraient se faire entendre dans notre présent. Pour ouvrir cet épisode, qui de mieux qu'Olivier Seuneau ? C'est lui qui, nous ravit de sa vision aiguisée sur les implications éthiques et pratiques des technologies émergentes. Olivier, c'est à toi.

  • Speaker #1

    Merci Marine, et bonjour Dominique. De formation ingénieur suptélécom, ta bio est une succession de challenges. D'abord en tant qu'ingénieur dans l'aéronautique, puis dans la sécurité aéroportuaire antiterroriste, avant de tâter de l'informatique chez un énergéticien. Une carrière assez standard jusqu'en 2001, où le virus de la création s'empare de ton âme et tu crées Dopacis, qui est sans doute le brouillon ou le galop d'essai du dossier patient avant de créer iLab, un incubateur de start-up dans la e-santé. Devenu directeur général de clinique, tu continues ton investissement dans le monde de la santé en fédérant plusieurs cliniques indépendantes autour d'une alliance stratégique et de devenir membre fondateur puis président de Santécité, premier groupe coopératif français de cliniques indépendantes regroupant 120 établissements. Mais en 2019, le gouvernement fait appel à toi pour mener à bien la révolution numérique en santé. Il en sortira moins de trois ans plus tard MonEspaceSanté, aujourd'hui opérationnel. pour près de 99% de la population. Nommé chevalier de l'Ordre National du Mérite en juin 2022, tu rejoins Docaposte pour construire et diriger la Poste Santé Autonomie dans un esprit humaniste et technologique qui te caractérise, sans perdre le fil rouge qui anime tes nuits courtes depuis ton enfance, Eternesia, un projet de mémoire collective et individuelle comme patrimoine de l'humanité. Dominique, nous t'écoutons.

  • Speaker #0

    Bonjour Dominique.

  • Speaker #2

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Bienvenue, merci de nous faire le plaisir d'être avec nous aujourd'hui. Alors pour démarrer cet épisode, je vous propose un petit quiz, juste pour qu'on se mette au clair sur le sujet et quelques chiffres. Est-ce que vous êtes prêts ? Go ! Quelle proportion de la population américaine considère le développement de technologies de dialogue avec l'au-delà comme une transgression éthique ? 20%, 45% ou 70% ?

  • Speaker #2

    Un sur deux ?

  • Speaker #0

    Un sur deux ? Oui,

  • Speaker #1

    au moins la moitié. Oui,

  • Speaker #0

    au moins la moitié, exactement, 45%. C'est un sondage Pure Research de 2021, qui indique que 45% des Américains considèrent ce développement de technologies, le développement de technologies permettant de communiquer avec l'au-delà comme une transaction éthique inacceptable. Deuxième question, quel pourcentage de la population américaine voit le dialogue avec l'au-delà par la technologie comme une réponse à un besoin sociétal ? 15%, 30% ou 40% ?

  • Speaker #2

    15,

  • Speaker #0

    15%. 15%, Olivier, tu dis quoi ?

  • Speaker #1

    30 pour ne pas dire la même chose.

  • Speaker #0

    30, c'est 40. C'est 40 et c'est marrant parce que c'est l'inverse de ce qui a été dit précédemment. C'est une autre étude sociologique qui est menée par l'université de Stanford. Elle révèle que 40% des personnes interrogées considèrent ce développement de technologies de communication avec l'au-delà comme une opportunité. de répondre à un besoin spirituel et existentiel de la société. Dernière question. Quelle entreprise américaine propose déjà un service permettant de dialoguer avec un avatar d'histoire de vie interactif d'un proche décédé ? Anthropique, Here After AI, vous remarquerez mon accent, Elysium Labs ou DeepMind ?

  • Speaker #2

    Je ne sais pas.

  • Speaker #0

    Je ne sais pas non plus. C'est très américain comme question aujourd'hui. C'est la B, c'est une entreprise qui est basée aux Etats-Unis et qui permet aux gens d'enregistrer leurs souvenirs et histoires personnelles de leurs vivants sous forme de vidéos et d'audio. Et après leur décès, ces données sont utilisées par des IA. avancé pour générer un avatar virtuel interactif avec lequel leurs amis et leurs familles peuvent dialoguer. Alors, maintenant qu'on est à peu près au clair sur une vision américaine, on est allé interroger le grand public pour leur demander leur avis sur ce sujet. Je vous propose d'écouter les micro-trottoirs. Comment imagines-tu l'impact de la technologie sur notre façon de se souvenir des personnes disparues ?

  • Speaker #2

    Je pense que ça peut être intéressant de l'exploiter. Il y a pas mal de cas d'usage qui peuvent être intéressants de développer. Après, il faut faire super gaffe parce que c'est un sujet hyper touchy. Par exemple, je sais que j'ai eu passé quelqu'un qui avait un projet dans les cimetières, je crois, pour quelque chose de digital, pour faire une espèce de carnet vivant des gens. Après, pareil, les hologrammes, pour moi, je trouvais ça un peu gênant presque, un peu presque à la limite du flippant.

  • Speaker #0

    Quelles seraient pour toi les implications positives ou négatives de recevoir des messages d'un proche disparu grâce à la technologie ? Alors moi, je vois des implications négatives dans le sens où pour faire son deuil, il faut accepter le décès de la personne. Et en plus de ça, ce n'est pas des souvenirs qui sont réels. Ce n'est pas comme si on regardait une vidéo derrière ou ce n'est pas des choses qui sont vraiment arrivées. Et du coup, on tomberait un peu dans le malsain de la technologie. Comment penses-tu que notre société devrait gérer l'évolution des technologies permettant des interactions avec les défunts ?

  • Speaker #3

    Est-ce qu'on peut réellement parler d'interaction ? Ce n'est pas des interactions, c'est des fausses interactions. C'est comme si je commençais à écrire une lettre en la signant du nom de quelqu'un de mort et que je l'envoyais à sa veuve ou quoi. Ce n'est pas une réelle interaction, c'est du mensonge.

  • Speaker #0

    Quels en seraient les bénéfices ou les risques ?

  • Speaker #3

    Les bénéfices, je n'en vois aucun parce que ce seraient des faux bénéfices. Même si quelqu'un se sent mieux après avoir parlé avec la photo de son père décédé, ce n'est pas la réalité. Donc c'est un faux bénéfice. Et à la limite, il peut le faire avec une photo qui ne bouge pas et qui n'est pas utilisée par une IA. Donc voilà. Et les risques, le risque justement, c'est de vivre dans le faux, dans l'irréel. C'est de se voiler la face et de jamais faire son deuil, de jamais affronter les choses. De toujours fuir face à quelque chose de trop compliqué à encaisser.

  • Speaker #0

    Bon, alors on est plutôt sur un...

  • Speaker #1

    Oui, c'est un groupe un peu...

  • Speaker #2

    C'est avec le test de l'huile, le test de l'huile.

  • Speaker #0

    Dominique, ton avis sur ce micro-trottoir ?

  • Speaker #2

    Je suis d'accord avec ce qui est dit. Je ne sens pas du tout la survie numérique. Je ne la sens pas comme ça, recréée de façon artificielle. Moi, je crois à l'humanisme, c'est ma tradition de pensée. Je viens de là, je viens de la France, de l'Europe, d'une tradition de pensée gréco-latine qui est humaniste. Et humaniste, ce n'est pas transhumaniste. Donc je ne crois pas du tout aux vertus d'une recréation artificielle qui fait croire à la survie. Je ne crois pas à ça.

  • Speaker #0

    Olivier ?

  • Speaker #1

    Je suis très dubitatif parce que les études sociologiques montrent que ça répond à un besoin. D'un autre côté, la pente est extrêmement glissante vers des conditions d'exploitation de ces souvenirs qui peuvent être extrêmement dangereux. sur un plan ne serait-ce que sociologique et sociétal. C'est un peu partagé.

  • Speaker #0

    Dominique, tu viens d'en parler rapidement, mais comment perçois-tu l'évolution de ces technologies qui permettent de communiquer avec les défunts ? Est-ce que c'est une avancée qui est bienvenue ou est-ce que c'est une pente glissante ? Olivier en parlait juste là, d'un point de vue éthique.

  • Speaker #2

    Je vais développer un tout petit peu ce sujet. Parce que c'est un sujet qui me touche vraiment profondément. En fait, à la base de tout ça, la question que je pense qui mérite d'être posée, c'est c'est quoi la valeur d'une vie humaine ? Quand on est dans une tradition de pensée comme la nôtre, humaniste, une vie humaine, ça a une valeur inestimable, ne serait-ce que par sa rareté. Une vie humaine, c'est... Une combinaison génétique impossible à reproduire, c'est une succession d'émotions, de rencontres, elles-mêmes impossibles à reproduire. Donc une vie humaine, c'est plus rare que le plus rare des métaux rares, et donc c'est plus précieux que la plus précieuse des œuvres d'art. Et donc la mémoire, la trace d'une vie humaine, ça devrait être inscrit au patrimoine mondial de l'humanité. Si on part de ce principe-là, en fait, ce qu'on pourrait proposer et qui resterait dans un cadre humaniste et éthique... C'est que chaque personne puisse laisser une trace, mais en quelque sorte comme un geste altruiste, pour transmettre à ceux qui vont lui succéder, mais en acceptant sa finitude, pas dans un fantasme d'immortalité, en acceptant qu'on donne à celui qui nous succède. Et moi je crois beaucoup plus à l'utilisation de la technologie sur cette trace formelle et impossible à retoucher, impossible à trafiquer, qui respecte la mémoire du défunt. comme trace de ce qu'il veut laisser aux autres, en fait, à ceux qui lui succèdent, plutôt qu'à une recréation d'avatar virtuel, et qui, pour moi, ça ressemble vraiment aux alchimistes d'aujourd'hui, c'est ça les transhumanistes, c'est un fantasme de survie qui est à l'opposé de ce que c'est qu'être un être humain.

  • Speaker #0

    Et quel exemple ? Tu dis laisser une trace, choisir la trace.

  • Speaker #2

    En fait, je te donne un exemple. Je travaillais dans une clinique pendant longtemps et dans les services de soins palliatifs, je faisais venir des écrivains publics pour aider les mourants à raconter leur récit de vie pour transmettre à la famille. Donc c'était beau à pleurer, franchement c'était magnifique comme expérience. Et beaucoup de gens sont venus observer, des philosophes, des psychologues, des sociologues. Boris Cyrulnik a même commenté un petit peu ce qu'on faisait. Et en fait, cette trace permet de laisser une trace à un mourant. En fait, c'est l'inverse d'un truc morbide. Parce que pour celui qui meurt, ça lui permet d'être vivant jusqu'au bout du bout. Et pour ceux qui restent, ceux qui reçoivent la mémoire, ça enlève le poids de la culpabilité d'oublier celui qu'on a aimé. Donc en fait, à ce titre-là, la technologie, le papier, avant aujourd'hui le numérique, comme façon Pour quelqu'un qui disparaît, de laisser une trace pour donner à ce qui lui succède, c'est quelque chose d'éminemment vivant et d'éminemment humain. Pas la recréation d'avatars virtuels qui vont dialoguer dans le futur de façon artificielle.

  • Speaker #0

    La transmission, en fait, la transmission pure finalement.

  • Speaker #2

    Oui, la transmission, et ça permet aussi de marquer un principe universaliste qui est que chaque vie humaine compte, puisque si on considère que la mémoire de n'importe qui, la tienne, la mienne, celui d'eux, du président de la République comme celui du SDF en bas de ma rue. Ça a une valeur inestimable, on l'inscrit au patrimoine de l'humanité. Le principe même, en fait, est un vrai principe universaliste et humaniste d'aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Là, on assiste justement à du transhumanisme sur plein de sujets. Par exemple, il y a des projets comme celui de, je ne sais pas si tu en as entendu parler, d'Eugénie Acuida qui a fait revivre son meilleur ami grâce à un bot. C'est Microsoft qui a déposé aussi un brevet pour faire parler les morts grâce à des algorithmes. Il y a eu des tentatives d'émission aussi, qui a été rapidement déprogrammée, mais Hôtel du Temps de Thierry Ardisson, je ne sais pas si vous l'aviez vu, où il avait fait parler Dalida. En fait, là, on est clairement dans une frontière entre hommage et intrusion, dans la vie privée du défunt aussi, parce que... Alors, on est sur de la transmission, si je prends l'exemple de Dalida. Parce qu'il a repris énormément d'émissions, ses chansons, ses paroles, etc. Et il les a réexploitées pour faire son interview. Pour autant, et c'est ce que tu dis, il y a des limites de la technologie finalement qu'on ne devrait pas franchir.

  • Speaker #2

    Moi surtout, c'est que je trouve ça super ringard. Je trouve ça naze. Je trouve ça vraiment naze en fait. Bien sûr, comme tout le monde, je suis fasciné. Par le numérique, on nous bassine que le numérique c'est l'avenir de l'humanité, en plus post-mortem ce que tu nous racontes, moi je crois l'inverse. Je crois que l'avenir du numérique c'est l'humain. Et bien sûr que je suis fasciné par tout ce qui se passe avec la technologie, les puces de silicium, la loi de Moore qui fait qu'on multiplie par 10 tous les ans la puissance des ordinateurs, mais je suis quand même vachement plus fasciné. Par les 4 milliards et demi d'années qu'il a fallu pour qu'on devienne ce qu'on est à partir de poussière d'étoiles. C'est ça l'avenir de la techno, c'est l'humain.

  • Speaker #0

    Comment est-ce que tu envisages l'impact justement de ces technologies ? Parce qu'on y est quand même. C'est-à-dire qu'il y a ce que tu dis et c'est vrai et c'est magnifique. Mais il y a quand même aujourd'hui ces technologies dont on a parlé qui sont de plus en plus utilisées. Il y a des brevets qui sont déposés aussi. Comment est-ce que ça va impacter le processus de deuil et la santé mentale des individus ? Parce qu'on a deux voies, finalement. Il y a celle de la transmission, ce que tu expliquais, que vous faisiez dans la clinique, qui est magnifique et effectivement... Ne pas oublier les gens, ses proches, garder avec des podcasts par exemple ou avec de l'écriture les voix. Il y a un souvenir qui est là et qui est fort. Néanmoins, on est aussi dans une ère où il y a de plus en plus de développement de brevets pour faire revivre les gens. D'un point de vue santé mentale, et on a eu quelques témoignages dans le micro-trottoir. Quel impact ça va avoir selon toi ?

  • Speaker #2

    L'histoire, en fait, c'est de savoir c'est quoi la fin du film d'anticipation. Est-ce que ça sera une utopie ou une dystopie ? Ça sera une dystopie si l'Europe continue à rien foutre. Si l'Europe continue à être, en matière de technologie numérique, une espèce de rassemblement de petits bourgeois dépassés qui ne font que réguler, mais qui n'inventent pas l'avenir. Si on laisse des visions libérales, libertaires à l'américaine, ou autocratiques et liberticides à la chinoise, créer le monde de demain, bien sûr qu'on sera dans une dystopie. Si en Europe, on essaye de retrouver un peu de flamme pour créer des plateformes, des modèles, utiliser le numérique dans une tradition humaniste, là, en fait, on aura un moindre de troubles psy, parce qu'on sera dans une forme d'utopie la même. qui au XVIIIe siècle a fait que la vieille Europe s'est saisie de la technologie qu'était l'imprimerie pour la diffusion du siècle des Lumières, des droits de l'homme, tout ce qui est magnifique et universaliste. Le problème c'est qu'aujourd'hui il n'y a plus de grands projets humanistes de notre époque. Donc pour répondre à ta question, il y a un rôle considérable de l'Europe à sortir des discours antello de Salon pour se retrousser les manches et faire, vraiment faire. et construire nos propres modèles, nos propres plateformes du numérique inspirées d'une tradition de pensée éthique et humaniste. Et s'il y a ça, tu verras, il y aura beaucoup de gens qui rejoindront ce type de mouvement parce qu'on est à la recherche de spiritualité et de sens, mais un sens qui nous raccroche à ce qu'on est vraiment. Et on n'est pas des avatars, quoi.

  • Speaker #0

    C'est ça, on n'est pas des avatars. Donc arrêtez de juste légiférer, finalement. Et aller vers un...

  • Speaker #2

    Arrêter de tchatcher et faire.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça, et faire. Tu as des projets déjà qui sont sur ce positionnement et cette philosophie en tête ?

  • Speaker #2

    Tu sais, moi, je suis un mec à l'ancienne, un petit gars de Toulouse. Quand tu es un petit gars de Toulouse, tu crois à la souveraineté numérique. Tu n'es pas un bobo du 7e arrondissement à Paris, quoi. Tu crois à ça. Et tu vois, quand je passais 4 ans au ministère, au gouvernement, que je militais pour un numérique souverain, pour... Le carnet de santé des Français, tout le monde me disait « Non, ça ne marchera jamais » , mais on l'a fait. C'est une question de foi. Et sur ces sujets de transmission, sur ces sujets de liens intergénérationnels au-delà du temps, j'ai créé une initiative qui s'appelle Eternesia, qui va fédérer un écosystème pour assembler tous les gens qui croient qu'on peut, et c'est intéressant de garder des traces dans le temps, Peut-être même sans limite de durée, mais à condition qu'on ne trafique pas la mémoire de ceux qui nous ont quittés et qui ont décidé de nous transmettre un certain nombre de choses. Ce principe éthique, il est super simple et je commence à voir fleurir beaucoup d'initiatives d'ailleurs européennes sur ces sujets. Il faut arriver maintenant à les fédérer autour d'un projet suffisamment ambitieux. Mais c'est un projet que j'ai en tête depuis que j'ai 10 ans. Donc, crois-moi, je suis d'Ether.

  • Speaker #0

    Tu peux nous en dire plus ? Comment ça marche ? Comment on fait ? Comment on adhère ?

  • Speaker #2

    En fait, j'ai créé une association qui s'appelle Ethernesia. Et là, je suis en train de travailler pour monter une plateforme. Une plateforme qui doit être portée par des institutions. Tu ne filerais pas ta mémoire pour l'éternité à une start-up, quand même. tu ne filerais pas ta mémoire pour l'éternité même à Google. Par contre, si on te disait qu'il y a des grandes institutions comme l'UNESCO qui essayent de préserver ta mémoire à toi qui compte autant que les pyramides de Gizeh ou la Joconde, si tu avais la Bibliothèque nationale de France qui disait que la mémoire d'Olivier Senot va se placer dans une bibliothèque numérique à côté du manuscrit des misérables, ça serait juste magnifique parce que ça serait un beau principe universaliste. Et moi, je pense qu'il y a des capacités en France et en Europe d'impulser ce type de projet.

  • Speaker #0

    C'est très, très beau. Moi, je suis complètement d'accord. Alors, ce podcast, il a pour vocation d'acculturer, mais aussi de donner des conseils pratiques par rapport au sujet que l'on va traiter. Qu'est-ce que les auditeurs doivent retenir de cet épisode ? Tu vois, des conseils, tu viens d'en parler, d'Eternesia, cette importance de ne pas tomber dans le transhumanisme, mais de rester très humaniste. Comment est-ce qu'aujourd'hui, comment on réfléchit par rapport à ces sujets-là ? Qu'est-ce qu'on garde de cet épisode ? Comment on avance ?

  • Speaker #2

    En fait, le simple fait que ces sujets de mémoire numérique au-delà du temps soit saisi uniquement par les Américains, peut-être même de l'autre côté du Pacifique, du côté des Chinois, avec une autre tradition de pensée humaniste, et que l'Europe ne fout rien sur ces sujets-là, pour moi, ça traduit le fait qu'on est un vieux continent et on est devenu pessimiste. Quand tu es pessimiste, en fait, tu régules, comme les bourgeois. Quand tu es vieux, tu es devenu pessimiste, tu n'as plus foi en la vie et tu te réfugies derrière la régulation au lieu de faire. Donc moi, le conseil, ça serait, soyez optimiste. En fait, j'ai toujours pensé que dans la vie, il y avait deux catégories de gens, les pessimistes et les optimistes. Ce qui est cool avec les pessimistes, c'est qu'ils ont toujours raison, parce que quand ils te prédisent qu'il y a un truc qui va merder, ça merde toujours un jour. Par contre, ceux qui écrivent l'histoire des sciences, des technologies, des arts, c'est toujours les optimistes. Alors, il faut être optimiste pour écrire notre histoire.

  • Speaker #0

    Olivier.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'on est un continent de pessimistes ? Ou est-ce qu'on est enfermé dans un carcan de régulation tellement étriqué que toute initiative née de l'optimisme est vouée à se heurter aux murs réglementaires ?

  • Speaker #2

    C'est la poule et l'œuf ou c'est l'essence et le sens, comme disait Sartre. Non, pour moi, à la base, c'est qu'on a vieilli. Et quand tu deviens vieux, tu deviens pessimiste. Et c'est ça l'Europe. Je pense que si on retrouvait une forme d'optimisme, on ne ferait pas que réguler. On ferait, on fabriquerait. On inventerait l'avenir, on se planterait peut-être, mais on impulserait quelque chose. Et je pense que ce n'est pas parce qu'on est devenu un continent de vieux et un continent pessimiste. C'est ça qui est à la base pour moi.

  • Speaker #0

    Donc il y a une vraie prise de conscience à avoir aussi des nouvelles générations, j'imagine, en tout cas de ceux qui savent encore rêver et qui peuvent se dire que c'est possible.

  • Speaker #1

    Tu inclus les jeunes générations dans le continent de vieux ?

  • Speaker #2

    Oui. Tu sais, les enfants de bourgeois, ils sont déjà bourgeois à la naissance. Ce que je ressens, c'est qu'il n'y a plus de grands projets humanistes de notre époque. Et que si on arrivait à réimpulser quelque chose qui nous touche profondément, qui crée de l'émotion en fait, et qu'on se sente à l'aise par rapport à ça dans une tradition de pensée, encore une fois, qui est la nôtre, qui est humaniste. Tu auras toutes les petites nanas de HEC, tous les petits mecs de Polytechnique qui vont dire « on kiffe trop et on vient, on s'engage » . Ce qu'il faut, c'est redonner du souffle à un rêve et une utopie. Si on arrive à refaire ça en France et en Europe, c'est de la vraie politique ça. Là, je suis sûr qu'on agrègera les bonnes volontés. et on créera de l'énergie à nouveau. Mais il faut donner cette impulsion politique, et quand tu regardes bien, tu n'as plus d'impulsion politique digne de ce nom au niveau d'un rêve qui nous inscrirait dans un destin commun. C'est ça qui nous manque aujourd'hui en France et en Europe.

  • Speaker #0

    Donc c'est une question politique, pour toi, puis une question aussi, il faut que quelqu'un s'engage, il faut une étincelle pour lancer un mouvement.

  • Speaker #2

    Je n'ai jamais cru aux femmes ou aux hommes providentiels, je crois qu'au collectif. Je pense que cette flamme, on pourra la retrouver à un moment donné. On est dans une mauvaise passe actuellement, mais je crois qu'on la retrouvera.

  • Speaker #0

    Dominique, je te propose qu'on ouvre notre chakra de la réflexion avec la vision prospective d'Olivier. Quel est l'avenir du dialogue avec l'au-delà ? Olivier, utopie ou dystopie ?

  • Speaker #1

    Pas facile de rebondir derrière le discours de Dominique. Pas simple. Mais on va essayer. L'humanité a toujours une fascination pour la mort, un mystère insondable qui nous confronte probablement à notre propre finitude, consciente ou inconsciente. Cette fascination se traduit par une volonté de préserver quelque chose de nos défunts, de maintenir une connexion à eux-mêmes après leur disparition. Eternesia s'inscrit dans ce contexte sociologique, maintes fois étudié au travers des siècles, remis sur le devant de la scène par le numérique, apportant par la technologie toujours plus de réalisme, de conservation et de profondeur. dans la communication post-mortelle. Le désir de communiquer avec les morts n'est pas nouveau, il est profondément enraciné dans notre histoire, notre culture et nos systèmes de croyances. La mythologie relate l'histoire d'Orphée, qui descend aux enfers pour ramener sa bien-aimée Eurydice à la vie, illustrant cette volonté dont nous parlons. Le projet Ternesia apporte une nouvelle dimension à ce désir de communication avec les morts. Il utilise les technologies actuelles pour collecter et conserver les voix, les photos et les écrits de nos proches. En ce sens, ce projet utilise les outils technologiques pour répondre à une aspiration profondément humaine, celle de perpétuer la mémoire de ceux qui nous sont chers, et permet le partage dans le respect de la volonté du défunt et des ayants droit, cette mémoire avec l'humanité. Nous avons abordé avec toi les questions techniques et réglementaires qui côtoient immanquablement cette entreprise. C'est l'impact sur la sociologie collective qui reste une terre d'aventure inconnue. Comment les citoyens, aujourd'hui peu impliqués dans l'usage de ces outils du souvenir, vont assimiler les interactions qui seront de plus en plus réalistes ? Aide au deuil ou blocage intemporel du vivant ? L'illusion de présence que permet la technologie changera le regard des vivants sur notre finitude, glissant pour certains vers une zone de flou, entre mort biologique et transfert de conscience vers le numérique. D'autres initiatives moins humanistes et plus commerciales vont plus loin dans l'illusionnisme en proposant avatar, hologramme 3D et utilisation de l'IA générative pour converser sur des actualités avec des morts. Tour de force technologique bienvenue ou chimère technologie. Eternesia se situe à l'intersection de la technologie et de nos instincts les plus profonds en tant qu'être humain. Le désir de garder en vie la mémoire de nos proches de maintenir une connexion avec eux malgré leur disparition physique, de lutter contre l'effacement mémoriel progressif de l'esprit des vivants, une hybridation du collectif et de l'individuel, du communautaire et du singulier. Nous en avons parlé plus haut, ces espaces posent des questions de fond sur le contrôle et l'appropriation des traces, mais aussi sur la réponse à la quête humaine de l'immortalité et sur la finitude de nos existences. Ils posent des questions importantes sur notre rapport à la mort et sur la façon dont la technologie peut influencer ce rapport. Alors demain, utopie ou dystopie, je ne sais pas, mais la fin de la finitude au profit d'une étape numérique de la vie, vous avez 4 heures.

  • Speaker #2

    En écoutant Olivier, je repensais à un truc quand j'étais enfant. Mon grand-père, il me racontait ses mémoires de résistant et j'adorais. Et quand j'allais à l'école, il me parlait de Jean Moulin. Donc je revenais voir mon grand-père, je buguais. Je lui disais, mais pourquoi à l'école, il ne parle pas de toi ? Pourquoi il parle de Jean Moulin ? Et puis après, en grandissant un petit peu, je disais, mais papy, dans mille ans, on se souviendra d'Hitler et Staline ? Il me dit, ben ouais, probablement. Et est-ce qu'on aura oublié les millions de gens qui sont morts dans les goulags ou dans les camps ? Il me disait oui. Et je lui disais, mais qui c'est qui trie la valeur des vies humaines ? C'est qui le mec dans le bureau qui dit que ta vie, elle vaut rien par rapport à celle de Hitler ou Staline ? C'est qui le boss des mémoires ? Et en grandissant, j'ai compris qu'il n'y avait pas de boss, mais que si on proposait justement à chacun de transmettre, on inscrirait de façon universelle le fait que la vie de chacun est une œuvre d'art et qu'elle compte au titre du patrimoine universel de l'humanité. Ça, c'est de l'humanisme. La question du dialogue post-mortem, elle est complètement anecdotique par rapport à ça. C'est le simple fait de... de traduire dans les faits qu'en fait chaque vie humaine compte.

  • Speaker #0

    C'était ça ton déclic, tu disais tout à l'heure, j'ai mon projet en tête depuis que j'ai 10 ans, c'était tes conversations avec ton grand-père.

  • Speaker #2

    Ouais, et puis le fait que je buguais, je suis complètement névrosé, obsessionnel, tu as dû t'en apercevoir pendant l'interview. Mais je me disais, il y a un truc qui ne colle pas, je suis d'une éducation très humaniste, très universaliste, très sociale, etc. Et il y a un tri entre la mémoire des vies humaines. ce n'est pas acceptable ce truc dans ma tête. Et c'est là-dessus que j'ai buggé toute ma vie et c'est pour ça que j'ai fait Eternesia.

  • Speaker #0

    Merci, merci beaucoup Dominique. Merci Olivier aussi. Moi, je vous dis à très bientôt pour un prochain épisode.

  • Speaker #1

    Merci.

  • Speaker #0

    Et voilà, chers auditeurs, c'est tout pour cet épisode de Tendances Inno. Un grand merci pour votre écoute. Nous espérons que vous avez trouvé cette discussion aussi enrichissante et inspirante que nous. N'oubliez pas de vous abonner pour ne manquer aucun de nos futurs épisodes. Vous pouvez retrouver Tendances Inno sur toutes les plateformes de podcast, YouTube et Dailymotion. Si vous aimez ce podcast, faites-le nous savoir et aidez-nous à le faire connaître grâce à vos commentaires et à vos partages. Pour plus de contenu sur les technologies émergentes, suivez-nous sur les réseaux sociaux de Docaposte et de Wagmi Trends. A bientôt pour un nouvel épisode, placé sous le signe de la tech, du Web3 et de l'innovation. D'ici là, continuez à explorer, à innover et à créer.

Description

#Podcast 🎧 | Imaginez un monde où les frontières entre la vie et la mort deviennent floues grâce à la technologie, où il est possible de 'communiquer' avec nos proches disparus par le biais de l'intelligence artificielle.


Cette possibilité, fascinante pour certains, terrifiante pour d'autres, soulève d'importantes questions éthiques et sociales.

C'est dans ce monde controversé que Marine Adatto et Olivier Senot, Directeur de l'Innovation chez Docaposte, vous embarquent aujourd'hui.


Notre invité :

➡️ Dominique Pon, Directeur Général de La Poste Santé & Autonomie et Directeur Général Adjoint de Docaposte, qui partagera son expertise sur les implications de ces technologies dans le domaine de la santé et de l'autonomie.


🎧 Au programme :

Exploration des technologies permettant d’établir un dialogue avec l'au-delà.

Débat : utiliser l'IA pour communiquer avec l'au-delà, avancée bienvenue ou une pente glissante ?

Le dialogue avec l'au-delà : besoin sociétal ou transgression éthique ?

Où sont les limites de la technologie ?

Comment les voix du passé pourraient-elles se faire entendre dans notre présent ?


💡 Ce que vous propose cet épisode :

Un éclairage sur les défis éthiques et pratiques des technologies émergentes permettant de communiquer avec nos proches disparus.

Une discussion qui promet de pousser la réflexion toujours plus loin.


Et vous, que pensez-vous de la possibilité de communiquer avec les disparus grâce à l'IA ?

Est-ce une innovation ou une intrusion ?


Partagez vos réflexions et rejoignez la discussion !


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Préparez-vous à un épisode riche en informations qui vous permettra de mieux comprendre et gérer les implications de ces technologies avant-gardistes.

Retrouvez cet épisode de “Tendances Inno” sur votre plateforme de podcast préférée : https://smartlink.ausha.co/tendances-inno-le-podcast-innovation-de-docaposte


#TendancesInno #Innovation #Docaposte #WagmiTrends #Innovation #éthique #audela #IA


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Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Tendances Inno, votre rendez-vous pour explorer les technologies émergentes présentées par Docaposte, le référent français de la confiance numérique. Je suis Marina Adatto, cofondatrice de Wagme Trends, et j'ai le plaisir d'être accompagnée par Olivier Senot, directeur de l'innovation chez Docaposte. Dans ce podcast, nous vous emmenons à la rencontre des innovateurs et des créateurs qui redéfinissent notre monde numérique. Que votre curiosité vous porte vers le Web3, l'IA ou toute autre technologie émergente, Vous êtes au bon endroit. Préparez-vous à une dose d'inspiration et d'informations. Au programme, des découvertes, des défis et des solutions innovantes. Alors branchez vos écouteurs, ouvrez votre esprit et plongez avec nous dans l'univers de Tendances Inno. Imaginez un monde où les frontières entre la vie et la mort deviennent floues grâce à la technologie. où il est possible de communiquer avec nos proches disparus par le biais de l'intelligence artificielle. Cette possibilité fascinante pour certains, terrifiante pour d'autres, soulève d'importantes questions éthiques et sociales. Dans cet épisode, nous vous proposons de plonger dans un univers controversé. Un univers dans lequel les technologies permettent d'établir un dialogue avec l'au-delà. Est-ce une avancée bienvenue ou une pente glissante ? Ce sont les questions que nous poserons à Dominique Pon, directeur général de la Poste Santé et Autonomie. Le dialogue avec l'au-delà est-il un besoin sociétal ou une transgression éthique ? Où sont les limites de la technologie ? Quelles sont les responsabilités qui en découlent ? Dans un monde où les voix du passé pourraient se faire entendre dans notre présent. Pour ouvrir cet épisode, qui de mieux qu'Olivier Seuneau ? C'est lui qui, nous ravit de sa vision aiguisée sur les implications éthiques et pratiques des technologies émergentes. Olivier, c'est à toi.

  • Speaker #1

    Merci Marine, et bonjour Dominique. De formation ingénieur suptélécom, ta bio est une succession de challenges. D'abord en tant qu'ingénieur dans l'aéronautique, puis dans la sécurité aéroportuaire antiterroriste, avant de tâter de l'informatique chez un énergéticien. Une carrière assez standard jusqu'en 2001, où le virus de la création s'empare de ton âme et tu crées Dopacis, qui est sans doute le brouillon ou le galop d'essai du dossier patient avant de créer iLab, un incubateur de start-up dans la e-santé. Devenu directeur général de clinique, tu continues ton investissement dans le monde de la santé en fédérant plusieurs cliniques indépendantes autour d'une alliance stratégique et de devenir membre fondateur puis président de Santécité, premier groupe coopératif français de cliniques indépendantes regroupant 120 établissements. Mais en 2019, le gouvernement fait appel à toi pour mener à bien la révolution numérique en santé. Il en sortira moins de trois ans plus tard MonEspaceSanté, aujourd'hui opérationnel. pour près de 99% de la population. Nommé chevalier de l'Ordre National du Mérite en juin 2022, tu rejoins Docaposte pour construire et diriger la Poste Santé Autonomie dans un esprit humaniste et technologique qui te caractérise, sans perdre le fil rouge qui anime tes nuits courtes depuis ton enfance, Eternesia, un projet de mémoire collective et individuelle comme patrimoine de l'humanité. Dominique, nous t'écoutons.

  • Speaker #0

    Bonjour Dominique.

  • Speaker #2

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Bienvenue, merci de nous faire le plaisir d'être avec nous aujourd'hui. Alors pour démarrer cet épisode, je vous propose un petit quiz, juste pour qu'on se mette au clair sur le sujet et quelques chiffres. Est-ce que vous êtes prêts ? Go ! Quelle proportion de la population américaine considère le développement de technologies de dialogue avec l'au-delà comme une transgression éthique ? 20%, 45% ou 70% ?

  • Speaker #2

    Un sur deux ?

  • Speaker #0

    Un sur deux ? Oui,

  • Speaker #1

    au moins la moitié. Oui,

  • Speaker #0

    au moins la moitié, exactement, 45%. C'est un sondage Pure Research de 2021, qui indique que 45% des Américains considèrent ce développement de technologies, le développement de technologies permettant de communiquer avec l'au-delà comme une transaction éthique inacceptable. Deuxième question, quel pourcentage de la population américaine voit le dialogue avec l'au-delà par la technologie comme une réponse à un besoin sociétal ? 15%, 30% ou 40% ?

  • Speaker #2

    15,

  • Speaker #0

    15%. 15%, Olivier, tu dis quoi ?

  • Speaker #1

    30 pour ne pas dire la même chose.

  • Speaker #0

    30, c'est 40. C'est 40 et c'est marrant parce que c'est l'inverse de ce qui a été dit précédemment. C'est une autre étude sociologique qui est menée par l'université de Stanford. Elle révèle que 40% des personnes interrogées considèrent ce développement de technologies de communication avec l'au-delà comme une opportunité. de répondre à un besoin spirituel et existentiel de la société. Dernière question. Quelle entreprise américaine propose déjà un service permettant de dialoguer avec un avatar d'histoire de vie interactif d'un proche décédé ? Anthropique, Here After AI, vous remarquerez mon accent, Elysium Labs ou DeepMind ?

  • Speaker #2

    Je ne sais pas.

  • Speaker #0

    Je ne sais pas non plus. C'est très américain comme question aujourd'hui. C'est la B, c'est une entreprise qui est basée aux Etats-Unis et qui permet aux gens d'enregistrer leurs souvenirs et histoires personnelles de leurs vivants sous forme de vidéos et d'audio. Et après leur décès, ces données sont utilisées par des IA. avancé pour générer un avatar virtuel interactif avec lequel leurs amis et leurs familles peuvent dialoguer. Alors, maintenant qu'on est à peu près au clair sur une vision américaine, on est allé interroger le grand public pour leur demander leur avis sur ce sujet. Je vous propose d'écouter les micro-trottoirs. Comment imagines-tu l'impact de la technologie sur notre façon de se souvenir des personnes disparues ?

  • Speaker #2

    Je pense que ça peut être intéressant de l'exploiter. Il y a pas mal de cas d'usage qui peuvent être intéressants de développer. Après, il faut faire super gaffe parce que c'est un sujet hyper touchy. Par exemple, je sais que j'ai eu passé quelqu'un qui avait un projet dans les cimetières, je crois, pour quelque chose de digital, pour faire une espèce de carnet vivant des gens. Après, pareil, les hologrammes, pour moi, je trouvais ça un peu gênant presque, un peu presque à la limite du flippant.

  • Speaker #0

    Quelles seraient pour toi les implications positives ou négatives de recevoir des messages d'un proche disparu grâce à la technologie ? Alors moi, je vois des implications négatives dans le sens où pour faire son deuil, il faut accepter le décès de la personne. Et en plus de ça, ce n'est pas des souvenirs qui sont réels. Ce n'est pas comme si on regardait une vidéo derrière ou ce n'est pas des choses qui sont vraiment arrivées. Et du coup, on tomberait un peu dans le malsain de la technologie. Comment penses-tu que notre société devrait gérer l'évolution des technologies permettant des interactions avec les défunts ?

  • Speaker #3

    Est-ce qu'on peut réellement parler d'interaction ? Ce n'est pas des interactions, c'est des fausses interactions. C'est comme si je commençais à écrire une lettre en la signant du nom de quelqu'un de mort et que je l'envoyais à sa veuve ou quoi. Ce n'est pas une réelle interaction, c'est du mensonge.

  • Speaker #0

    Quels en seraient les bénéfices ou les risques ?

  • Speaker #3

    Les bénéfices, je n'en vois aucun parce que ce seraient des faux bénéfices. Même si quelqu'un se sent mieux après avoir parlé avec la photo de son père décédé, ce n'est pas la réalité. Donc c'est un faux bénéfice. Et à la limite, il peut le faire avec une photo qui ne bouge pas et qui n'est pas utilisée par une IA. Donc voilà. Et les risques, le risque justement, c'est de vivre dans le faux, dans l'irréel. C'est de se voiler la face et de jamais faire son deuil, de jamais affronter les choses. De toujours fuir face à quelque chose de trop compliqué à encaisser.

  • Speaker #0

    Bon, alors on est plutôt sur un...

  • Speaker #1

    Oui, c'est un groupe un peu...

  • Speaker #2

    C'est avec le test de l'huile, le test de l'huile.

  • Speaker #0

    Dominique, ton avis sur ce micro-trottoir ?

  • Speaker #2

    Je suis d'accord avec ce qui est dit. Je ne sens pas du tout la survie numérique. Je ne la sens pas comme ça, recréée de façon artificielle. Moi, je crois à l'humanisme, c'est ma tradition de pensée. Je viens de là, je viens de la France, de l'Europe, d'une tradition de pensée gréco-latine qui est humaniste. Et humaniste, ce n'est pas transhumaniste. Donc je ne crois pas du tout aux vertus d'une recréation artificielle qui fait croire à la survie. Je ne crois pas à ça.

  • Speaker #0

    Olivier ?

  • Speaker #1

    Je suis très dubitatif parce que les études sociologiques montrent que ça répond à un besoin. D'un autre côté, la pente est extrêmement glissante vers des conditions d'exploitation de ces souvenirs qui peuvent être extrêmement dangereux. sur un plan ne serait-ce que sociologique et sociétal. C'est un peu partagé.

  • Speaker #0

    Dominique, tu viens d'en parler rapidement, mais comment perçois-tu l'évolution de ces technologies qui permettent de communiquer avec les défunts ? Est-ce que c'est une avancée qui est bienvenue ou est-ce que c'est une pente glissante ? Olivier en parlait juste là, d'un point de vue éthique.

  • Speaker #2

    Je vais développer un tout petit peu ce sujet. Parce que c'est un sujet qui me touche vraiment profondément. En fait, à la base de tout ça, la question que je pense qui mérite d'être posée, c'est c'est quoi la valeur d'une vie humaine ? Quand on est dans une tradition de pensée comme la nôtre, humaniste, une vie humaine, ça a une valeur inestimable, ne serait-ce que par sa rareté. Une vie humaine, c'est... Une combinaison génétique impossible à reproduire, c'est une succession d'émotions, de rencontres, elles-mêmes impossibles à reproduire. Donc une vie humaine, c'est plus rare que le plus rare des métaux rares, et donc c'est plus précieux que la plus précieuse des œuvres d'art. Et donc la mémoire, la trace d'une vie humaine, ça devrait être inscrit au patrimoine mondial de l'humanité. Si on part de ce principe-là, en fait, ce qu'on pourrait proposer et qui resterait dans un cadre humaniste et éthique... C'est que chaque personne puisse laisser une trace, mais en quelque sorte comme un geste altruiste, pour transmettre à ceux qui vont lui succéder, mais en acceptant sa finitude, pas dans un fantasme d'immortalité, en acceptant qu'on donne à celui qui nous succède. Et moi je crois beaucoup plus à l'utilisation de la technologie sur cette trace formelle et impossible à retoucher, impossible à trafiquer, qui respecte la mémoire du défunt. comme trace de ce qu'il veut laisser aux autres, en fait, à ceux qui lui succèdent, plutôt qu'à une recréation d'avatar virtuel, et qui, pour moi, ça ressemble vraiment aux alchimistes d'aujourd'hui, c'est ça les transhumanistes, c'est un fantasme de survie qui est à l'opposé de ce que c'est qu'être un être humain.

  • Speaker #0

    Et quel exemple ? Tu dis laisser une trace, choisir la trace.

  • Speaker #2

    En fait, je te donne un exemple. Je travaillais dans une clinique pendant longtemps et dans les services de soins palliatifs, je faisais venir des écrivains publics pour aider les mourants à raconter leur récit de vie pour transmettre à la famille. Donc c'était beau à pleurer, franchement c'était magnifique comme expérience. Et beaucoup de gens sont venus observer, des philosophes, des psychologues, des sociologues. Boris Cyrulnik a même commenté un petit peu ce qu'on faisait. Et en fait, cette trace permet de laisser une trace à un mourant. En fait, c'est l'inverse d'un truc morbide. Parce que pour celui qui meurt, ça lui permet d'être vivant jusqu'au bout du bout. Et pour ceux qui restent, ceux qui reçoivent la mémoire, ça enlève le poids de la culpabilité d'oublier celui qu'on a aimé. Donc en fait, à ce titre-là, la technologie, le papier, avant aujourd'hui le numérique, comme façon Pour quelqu'un qui disparaît, de laisser une trace pour donner à ce qui lui succède, c'est quelque chose d'éminemment vivant et d'éminemment humain. Pas la recréation d'avatars virtuels qui vont dialoguer dans le futur de façon artificielle.

  • Speaker #0

    La transmission, en fait, la transmission pure finalement.

  • Speaker #2

    Oui, la transmission, et ça permet aussi de marquer un principe universaliste qui est que chaque vie humaine compte, puisque si on considère que la mémoire de n'importe qui, la tienne, la mienne, celui d'eux, du président de la République comme celui du SDF en bas de ma rue. Ça a une valeur inestimable, on l'inscrit au patrimoine de l'humanité. Le principe même, en fait, est un vrai principe universaliste et humaniste d'aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Là, on assiste justement à du transhumanisme sur plein de sujets. Par exemple, il y a des projets comme celui de, je ne sais pas si tu en as entendu parler, d'Eugénie Acuida qui a fait revivre son meilleur ami grâce à un bot. C'est Microsoft qui a déposé aussi un brevet pour faire parler les morts grâce à des algorithmes. Il y a eu des tentatives d'émission aussi, qui a été rapidement déprogrammée, mais Hôtel du Temps de Thierry Ardisson, je ne sais pas si vous l'aviez vu, où il avait fait parler Dalida. En fait, là, on est clairement dans une frontière entre hommage et intrusion, dans la vie privée du défunt aussi, parce que... Alors, on est sur de la transmission, si je prends l'exemple de Dalida. Parce qu'il a repris énormément d'émissions, ses chansons, ses paroles, etc. Et il les a réexploitées pour faire son interview. Pour autant, et c'est ce que tu dis, il y a des limites de la technologie finalement qu'on ne devrait pas franchir.

  • Speaker #2

    Moi surtout, c'est que je trouve ça super ringard. Je trouve ça naze. Je trouve ça vraiment naze en fait. Bien sûr, comme tout le monde, je suis fasciné. Par le numérique, on nous bassine que le numérique c'est l'avenir de l'humanité, en plus post-mortem ce que tu nous racontes, moi je crois l'inverse. Je crois que l'avenir du numérique c'est l'humain. Et bien sûr que je suis fasciné par tout ce qui se passe avec la technologie, les puces de silicium, la loi de Moore qui fait qu'on multiplie par 10 tous les ans la puissance des ordinateurs, mais je suis quand même vachement plus fasciné. Par les 4 milliards et demi d'années qu'il a fallu pour qu'on devienne ce qu'on est à partir de poussière d'étoiles. C'est ça l'avenir de la techno, c'est l'humain.

  • Speaker #0

    Comment est-ce que tu envisages l'impact justement de ces technologies ? Parce qu'on y est quand même. C'est-à-dire qu'il y a ce que tu dis et c'est vrai et c'est magnifique. Mais il y a quand même aujourd'hui ces technologies dont on a parlé qui sont de plus en plus utilisées. Il y a des brevets qui sont déposés aussi. Comment est-ce que ça va impacter le processus de deuil et la santé mentale des individus ? Parce qu'on a deux voies, finalement. Il y a celle de la transmission, ce que tu expliquais, que vous faisiez dans la clinique, qui est magnifique et effectivement... Ne pas oublier les gens, ses proches, garder avec des podcasts par exemple ou avec de l'écriture les voix. Il y a un souvenir qui est là et qui est fort. Néanmoins, on est aussi dans une ère où il y a de plus en plus de développement de brevets pour faire revivre les gens. D'un point de vue santé mentale, et on a eu quelques témoignages dans le micro-trottoir. Quel impact ça va avoir selon toi ?

  • Speaker #2

    L'histoire, en fait, c'est de savoir c'est quoi la fin du film d'anticipation. Est-ce que ça sera une utopie ou une dystopie ? Ça sera une dystopie si l'Europe continue à rien foutre. Si l'Europe continue à être, en matière de technologie numérique, une espèce de rassemblement de petits bourgeois dépassés qui ne font que réguler, mais qui n'inventent pas l'avenir. Si on laisse des visions libérales, libertaires à l'américaine, ou autocratiques et liberticides à la chinoise, créer le monde de demain, bien sûr qu'on sera dans une dystopie. Si en Europe, on essaye de retrouver un peu de flamme pour créer des plateformes, des modèles, utiliser le numérique dans une tradition humaniste, là, en fait, on aura un moindre de troubles psy, parce qu'on sera dans une forme d'utopie la même. qui au XVIIIe siècle a fait que la vieille Europe s'est saisie de la technologie qu'était l'imprimerie pour la diffusion du siècle des Lumières, des droits de l'homme, tout ce qui est magnifique et universaliste. Le problème c'est qu'aujourd'hui il n'y a plus de grands projets humanistes de notre époque. Donc pour répondre à ta question, il y a un rôle considérable de l'Europe à sortir des discours antello de Salon pour se retrousser les manches et faire, vraiment faire. et construire nos propres modèles, nos propres plateformes du numérique inspirées d'une tradition de pensée éthique et humaniste. Et s'il y a ça, tu verras, il y aura beaucoup de gens qui rejoindront ce type de mouvement parce qu'on est à la recherche de spiritualité et de sens, mais un sens qui nous raccroche à ce qu'on est vraiment. Et on n'est pas des avatars, quoi.

  • Speaker #0

    C'est ça, on n'est pas des avatars. Donc arrêtez de juste légiférer, finalement. Et aller vers un...

  • Speaker #2

    Arrêter de tchatcher et faire.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça, et faire. Tu as des projets déjà qui sont sur ce positionnement et cette philosophie en tête ?

  • Speaker #2

    Tu sais, moi, je suis un mec à l'ancienne, un petit gars de Toulouse. Quand tu es un petit gars de Toulouse, tu crois à la souveraineté numérique. Tu n'es pas un bobo du 7e arrondissement à Paris, quoi. Tu crois à ça. Et tu vois, quand je passais 4 ans au ministère, au gouvernement, que je militais pour un numérique souverain, pour... Le carnet de santé des Français, tout le monde me disait « Non, ça ne marchera jamais » , mais on l'a fait. C'est une question de foi. Et sur ces sujets de transmission, sur ces sujets de liens intergénérationnels au-delà du temps, j'ai créé une initiative qui s'appelle Eternesia, qui va fédérer un écosystème pour assembler tous les gens qui croient qu'on peut, et c'est intéressant de garder des traces dans le temps, Peut-être même sans limite de durée, mais à condition qu'on ne trafique pas la mémoire de ceux qui nous ont quittés et qui ont décidé de nous transmettre un certain nombre de choses. Ce principe éthique, il est super simple et je commence à voir fleurir beaucoup d'initiatives d'ailleurs européennes sur ces sujets. Il faut arriver maintenant à les fédérer autour d'un projet suffisamment ambitieux. Mais c'est un projet que j'ai en tête depuis que j'ai 10 ans. Donc, crois-moi, je suis d'Ether.

  • Speaker #0

    Tu peux nous en dire plus ? Comment ça marche ? Comment on fait ? Comment on adhère ?

  • Speaker #2

    En fait, j'ai créé une association qui s'appelle Ethernesia. Et là, je suis en train de travailler pour monter une plateforme. Une plateforme qui doit être portée par des institutions. Tu ne filerais pas ta mémoire pour l'éternité à une start-up, quand même. tu ne filerais pas ta mémoire pour l'éternité même à Google. Par contre, si on te disait qu'il y a des grandes institutions comme l'UNESCO qui essayent de préserver ta mémoire à toi qui compte autant que les pyramides de Gizeh ou la Joconde, si tu avais la Bibliothèque nationale de France qui disait que la mémoire d'Olivier Senot va se placer dans une bibliothèque numérique à côté du manuscrit des misérables, ça serait juste magnifique parce que ça serait un beau principe universaliste. Et moi, je pense qu'il y a des capacités en France et en Europe d'impulser ce type de projet.

  • Speaker #0

    C'est très, très beau. Moi, je suis complètement d'accord. Alors, ce podcast, il a pour vocation d'acculturer, mais aussi de donner des conseils pratiques par rapport au sujet que l'on va traiter. Qu'est-ce que les auditeurs doivent retenir de cet épisode ? Tu vois, des conseils, tu viens d'en parler, d'Eternesia, cette importance de ne pas tomber dans le transhumanisme, mais de rester très humaniste. Comment est-ce qu'aujourd'hui, comment on réfléchit par rapport à ces sujets-là ? Qu'est-ce qu'on garde de cet épisode ? Comment on avance ?

  • Speaker #2

    En fait, le simple fait que ces sujets de mémoire numérique au-delà du temps soit saisi uniquement par les Américains, peut-être même de l'autre côté du Pacifique, du côté des Chinois, avec une autre tradition de pensée humaniste, et que l'Europe ne fout rien sur ces sujets-là, pour moi, ça traduit le fait qu'on est un vieux continent et on est devenu pessimiste. Quand tu es pessimiste, en fait, tu régules, comme les bourgeois. Quand tu es vieux, tu es devenu pessimiste, tu n'as plus foi en la vie et tu te réfugies derrière la régulation au lieu de faire. Donc moi, le conseil, ça serait, soyez optimiste. En fait, j'ai toujours pensé que dans la vie, il y avait deux catégories de gens, les pessimistes et les optimistes. Ce qui est cool avec les pessimistes, c'est qu'ils ont toujours raison, parce que quand ils te prédisent qu'il y a un truc qui va merder, ça merde toujours un jour. Par contre, ceux qui écrivent l'histoire des sciences, des technologies, des arts, c'est toujours les optimistes. Alors, il faut être optimiste pour écrire notre histoire.

  • Speaker #0

    Olivier.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'on est un continent de pessimistes ? Ou est-ce qu'on est enfermé dans un carcan de régulation tellement étriqué que toute initiative née de l'optimisme est vouée à se heurter aux murs réglementaires ?

  • Speaker #2

    C'est la poule et l'œuf ou c'est l'essence et le sens, comme disait Sartre. Non, pour moi, à la base, c'est qu'on a vieilli. Et quand tu deviens vieux, tu deviens pessimiste. Et c'est ça l'Europe. Je pense que si on retrouvait une forme d'optimisme, on ne ferait pas que réguler. On ferait, on fabriquerait. On inventerait l'avenir, on se planterait peut-être, mais on impulserait quelque chose. Et je pense que ce n'est pas parce qu'on est devenu un continent de vieux et un continent pessimiste. C'est ça qui est à la base pour moi.

  • Speaker #0

    Donc il y a une vraie prise de conscience à avoir aussi des nouvelles générations, j'imagine, en tout cas de ceux qui savent encore rêver et qui peuvent se dire que c'est possible.

  • Speaker #1

    Tu inclus les jeunes générations dans le continent de vieux ?

  • Speaker #2

    Oui. Tu sais, les enfants de bourgeois, ils sont déjà bourgeois à la naissance. Ce que je ressens, c'est qu'il n'y a plus de grands projets humanistes de notre époque. Et que si on arrivait à réimpulser quelque chose qui nous touche profondément, qui crée de l'émotion en fait, et qu'on se sente à l'aise par rapport à ça dans une tradition de pensée, encore une fois, qui est la nôtre, qui est humaniste. Tu auras toutes les petites nanas de HEC, tous les petits mecs de Polytechnique qui vont dire « on kiffe trop et on vient, on s'engage » . Ce qu'il faut, c'est redonner du souffle à un rêve et une utopie. Si on arrive à refaire ça en France et en Europe, c'est de la vraie politique ça. Là, je suis sûr qu'on agrègera les bonnes volontés. et on créera de l'énergie à nouveau. Mais il faut donner cette impulsion politique, et quand tu regardes bien, tu n'as plus d'impulsion politique digne de ce nom au niveau d'un rêve qui nous inscrirait dans un destin commun. C'est ça qui nous manque aujourd'hui en France et en Europe.

  • Speaker #0

    Donc c'est une question politique, pour toi, puis une question aussi, il faut que quelqu'un s'engage, il faut une étincelle pour lancer un mouvement.

  • Speaker #2

    Je n'ai jamais cru aux femmes ou aux hommes providentiels, je crois qu'au collectif. Je pense que cette flamme, on pourra la retrouver à un moment donné. On est dans une mauvaise passe actuellement, mais je crois qu'on la retrouvera.

  • Speaker #0

    Dominique, je te propose qu'on ouvre notre chakra de la réflexion avec la vision prospective d'Olivier. Quel est l'avenir du dialogue avec l'au-delà ? Olivier, utopie ou dystopie ?

  • Speaker #1

    Pas facile de rebondir derrière le discours de Dominique. Pas simple. Mais on va essayer. L'humanité a toujours une fascination pour la mort, un mystère insondable qui nous confronte probablement à notre propre finitude, consciente ou inconsciente. Cette fascination se traduit par une volonté de préserver quelque chose de nos défunts, de maintenir une connexion à eux-mêmes après leur disparition. Eternesia s'inscrit dans ce contexte sociologique, maintes fois étudié au travers des siècles, remis sur le devant de la scène par le numérique, apportant par la technologie toujours plus de réalisme, de conservation et de profondeur. dans la communication post-mortelle. Le désir de communiquer avec les morts n'est pas nouveau, il est profondément enraciné dans notre histoire, notre culture et nos systèmes de croyances. La mythologie relate l'histoire d'Orphée, qui descend aux enfers pour ramener sa bien-aimée Eurydice à la vie, illustrant cette volonté dont nous parlons. Le projet Ternesia apporte une nouvelle dimension à ce désir de communication avec les morts. Il utilise les technologies actuelles pour collecter et conserver les voix, les photos et les écrits de nos proches. En ce sens, ce projet utilise les outils technologiques pour répondre à une aspiration profondément humaine, celle de perpétuer la mémoire de ceux qui nous sont chers, et permet le partage dans le respect de la volonté du défunt et des ayants droit, cette mémoire avec l'humanité. Nous avons abordé avec toi les questions techniques et réglementaires qui côtoient immanquablement cette entreprise. C'est l'impact sur la sociologie collective qui reste une terre d'aventure inconnue. Comment les citoyens, aujourd'hui peu impliqués dans l'usage de ces outils du souvenir, vont assimiler les interactions qui seront de plus en plus réalistes ? Aide au deuil ou blocage intemporel du vivant ? L'illusion de présence que permet la technologie changera le regard des vivants sur notre finitude, glissant pour certains vers une zone de flou, entre mort biologique et transfert de conscience vers le numérique. D'autres initiatives moins humanistes et plus commerciales vont plus loin dans l'illusionnisme en proposant avatar, hologramme 3D et utilisation de l'IA générative pour converser sur des actualités avec des morts. Tour de force technologique bienvenue ou chimère technologie. Eternesia se situe à l'intersection de la technologie et de nos instincts les plus profonds en tant qu'être humain. Le désir de garder en vie la mémoire de nos proches de maintenir une connexion avec eux malgré leur disparition physique, de lutter contre l'effacement mémoriel progressif de l'esprit des vivants, une hybridation du collectif et de l'individuel, du communautaire et du singulier. Nous en avons parlé plus haut, ces espaces posent des questions de fond sur le contrôle et l'appropriation des traces, mais aussi sur la réponse à la quête humaine de l'immortalité et sur la finitude de nos existences. Ils posent des questions importantes sur notre rapport à la mort et sur la façon dont la technologie peut influencer ce rapport. Alors demain, utopie ou dystopie, je ne sais pas, mais la fin de la finitude au profit d'une étape numérique de la vie, vous avez 4 heures.

  • Speaker #2

    En écoutant Olivier, je repensais à un truc quand j'étais enfant. Mon grand-père, il me racontait ses mémoires de résistant et j'adorais. Et quand j'allais à l'école, il me parlait de Jean Moulin. Donc je revenais voir mon grand-père, je buguais. Je lui disais, mais pourquoi à l'école, il ne parle pas de toi ? Pourquoi il parle de Jean Moulin ? Et puis après, en grandissant un petit peu, je disais, mais papy, dans mille ans, on se souviendra d'Hitler et Staline ? Il me dit, ben ouais, probablement. Et est-ce qu'on aura oublié les millions de gens qui sont morts dans les goulags ou dans les camps ? Il me disait oui. Et je lui disais, mais qui c'est qui trie la valeur des vies humaines ? C'est qui le mec dans le bureau qui dit que ta vie, elle vaut rien par rapport à celle de Hitler ou Staline ? C'est qui le boss des mémoires ? Et en grandissant, j'ai compris qu'il n'y avait pas de boss, mais que si on proposait justement à chacun de transmettre, on inscrirait de façon universelle le fait que la vie de chacun est une œuvre d'art et qu'elle compte au titre du patrimoine universel de l'humanité. Ça, c'est de l'humanisme. La question du dialogue post-mortem, elle est complètement anecdotique par rapport à ça. C'est le simple fait de... de traduire dans les faits qu'en fait chaque vie humaine compte.

  • Speaker #0

    C'était ça ton déclic, tu disais tout à l'heure, j'ai mon projet en tête depuis que j'ai 10 ans, c'était tes conversations avec ton grand-père.

  • Speaker #2

    Ouais, et puis le fait que je buguais, je suis complètement névrosé, obsessionnel, tu as dû t'en apercevoir pendant l'interview. Mais je me disais, il y a un truc qui ne colle pas, je suis d'une éducation très humaniste, très universaliste, très sociale, etc. Et il y a un tri entre la mémoire des vies humaines. ce n'est pas acceptable ce truc dans ma tête. Et c'est là-dessus que j'ai buggé toute ma vie et c'est pour ça que j'ai fait Eternesia.

  • Speaker #0

    Merci, merci beaucoup Dominique. Merci Olivier aussi. Moi, je vous dis à très bientôt pour un prochain épisode.

  • Speaker #1

    Merci.

  • Speaker #0

    Et voilà, chers auditeurs, c'est tout pour cet épisode de Tendances Inno. Un grand merci pour votre écoute. Nous espérons que vous avez trouvé cette discussion aussi enrichissante et inspirante que nous. N'oubliez pas de vous abonner pour ne manquer aucun de nos futurs épisodes. Vous pouvez retrouver Tendances Inno sur toutes les plateformes de podcast, YouTube et Dailymotion. Si vous aimez ce podcast, faites-le nous savoir et aidez-nous à le faire connaître grâce à vos commentaires et à vos partages. Pour plus de contenu sur les technologies émergentes, suivez-nous sur les réseaux sociaux de Docaposte et de Wagmi Trends. A bientôt pour un nouvel épisode, placé sous le signe de la tech, du Web3 et de l'innovation. D'ici là, continuez à explorer, à innover et à créer.

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