- Speaker #0
Bienvenue dans Tendances Inno, votre rendez-vous pour explorer les technologies émergentes présentées par Docaposte, le référent français de la confiance numérique. Je suis Marina Dato et j'ai le plaisir d'être accompagnée par Olivier Senot, directeur de l'innovation chez Docaposte. Dans ce podcast, nous vous emmenons à la rencontre des innovateurs et des créateurs qui redéfinissent notre monde numérique. Que votre curiosité vous porte vers le Web3, l'IA ou toute autre technologie émergente, vous êtes au bon endroit. Préparez-vous à une dose d'inspiration et d'informations. Au programme, des découvertes, des défis et des solutions innovantes. Alors branchez vos écouteurs, ouvrez votre esprit et plongez avec nous dans l'univers de Tendances Inno. Qu'est-ce que l'innovation ? On entend ce mot partout de nos jours. L'innovation, ça sonne high-tech, gros budget. équipe d'ingénieurs, mais sait-on vraiment ce qu'il veut dire ? Alors je suis allée chercher la définition dans le Larousse pour avoir une vision claire de ce dont on parle. Innovation, action d'innover, d'introduire quelque chose de nouveau pour remplacer quelque chose d'ancien. L'innovation est donc une autre manière de voir les choses, un mindset, mot très à la mode dans l'entrepreneuriat et le management. Dans ce nouvel épisode de Tendances Inno, je vous propose de changer de point de vue et de casser cette mythologie de l'innovation qui nourrit nos croyances limitantes. avec notre invitée, Louisiane Setton, fournatrice de Gaminnov. Et pour m'accompagner, Olivier Senot, directeur innovation de Docaposte, qui, une fois n'est pas coutume, sera aussi l'intervieweur interviewé. Gros programme que l'on démarre en fanfare, avec un esprit innovant capable de comprendre les sujets les plus complexes. Un esprit innovant, je vous parle bien sûr d'Olivier. Olivier, c'est à toi.
- Speaker #1
Merci Marine. Bonjour mesdames, Louisiane. La pharmacie mène à tout, même à l'innovation. Et ce fut une surprise en étudiant ta bio de découvrir qu'après un parcours complet et un doctorat en pharmacie, tu t'occupes pendant 13 ans de marketing chez Cercle des vacances. Alors j'ai eu beau chercher, je n'ai pas trouvé de lien évident entre pharmacie et marketing d'agence de voyage. Sans doute la première expression du mindset dont vient de parler Marine, nécessaire pour innover. Mais cette période t'a permis de maturer ton projet et après une formation à l'X exécutive, Sur l'innovation, tu lances ton cabinet de conseil et de formation avec une méthode innovante pour conduire les entreprises vers un esprit d'innovation. Nous retrouvons là le mindset déjà cité plus haut. Présente au Big Boss, cité à plusieurs reprises par Forbes, tu brûles les planches, ton cabinet grossit, à quand l'extension internationale d'un Game Inove LLC, reléguant au passé les méthodes d'innovation de l'oncle Sam, référence en la matière. Louisiane, nous t'écoutons.
- Speaker #2
Oui, bonjour Marine, bonjour Olivier, donc ravie d'être parmi vous aujourd'hui. Donc c'est vrai que j'ai lancé Gaminnov il y a quelques années maintenant pour accompagner et aider les entreprises à innover et innover avec leurs collaborateurs. Donc vraiment l'idée, c'est de mobiliser de l'intelligence collective pour innover ensemble.
- Speaker #0
Alors, merci d'avoir accepté notre invitation. On va voir justement ce qu'est innover et la fameuse méthode métalouisienne dont on a parlé quand on a préparé cet entretien. Pour démarrer, je vous propose un petit quiz à tous les deux pour avoir une vision globale sur le sujet et sur l'intérêt d'innover dans les entreprises. Je suis allée très loin dans mes recherches et je peux vous dire que je suis allée déterrer des innovations un petit peu loin et des manques d'innovation aussi. Première question, quel est le point commun entre Kodak, Nokia et Blockbuster ? Ils ont tous été leaders dans leur secteur. ils n'ont pas su s'adapter à l'ère numérique où ils ont fait faillite la même année. Je suis allée loin, je vous ai prévenu. Oui,
- Speaker #1
mais ce sont des exemples qui sont enseignés en école de commerce assez régulièrement.
- Speaker #2
Le 2, je pense.
- Speaker #0
Oui, c'est ça. Donc en effet, Kodak a raté le passage à la photographie numérique. Ils ont perdu 95% de leur valeur de marché entre 1997 et 2012. Nokia a manqué la révolution des smartphones en passant de 50% de part de marché en 2007 à moins de 5% en 2013. Et Blockbuster a ignoré la montée en puissance du streaming, refusant même d'acheter Netflix pour 50 millions de dollars, c'était gratos, avant de faire faillite en 2010. Dans les trois cas, on constate une réticence à cannibaliser leurs activités principales qui étaient rentables, une sous-estimation de la vitesse d'adoption des nouvelles technologies, et donc un vrai manque de vision. à long terme sur l'évolution de leur industrie. Deuxième question. En 2012, PepsiCo a mis en place une stratégie qui a permis de réduire le délai de lancement de ces nouveaux produits de 15-20 mois, en général, à seulement 10 mois. Cette méthode, je vous l'explique, a également généré une croissance de 12% de son chiffre d'affaires et a attiré 22,5 millions de visiteurs hebdomadaires sur sa page Facebook et a réduit aussi significativement les coûts de R&D. Quelle stratégie a permis ce succès ? Alors, soit un partenariat stratégique avec les meilleures startups de la Silicon Valley, facile. Une campagne de crowdsourcing engageant les consommateurs dans le développement de produits ou alors un programme d'intelligence artificielle. entraînés sur les recettes d'Alain Ducasse.
- Speaker #2
Ah, carrément !
- Speaker #0
C'est une possibilité.
- Speaker #1
Marie, il y a une imagination.
- Speaker #2
Pas évident. Oui, je vois, je vois. On va dire le 2.
- Speaker #0
Le 2, en effet, le crowdsourcing. Donc, c'était une campagne intitulée Do Us A Flavor. Pas mal, le jeu de mots. Donc, PepsiCo, ils ont généré 3,8 millions de soumissions d'idées de nouvelles saveurs de chips dès la première édition. édition du concours. Et alors, il y a eu évidemment ensuite d'autres éditions, 2015, 2016, 2017, stratégie gagnante, parce qu'elle a été relancée aussi en 2024, pour une commercialisation dès avril 2025. Et le grand gagnant, là, c'est nouveau, désigné par le vote du public, remportera un million de dollars.
- Speaker #2
Ah, sympa.
- Speaker #0
Pas mal.
- Speaker #2
On va peut-être se connecter.
- Speaker #0
Voilà, on va peut-être se connecter. Donc, c'est vraiment une stratégie qui stimule l'innovation et en plus qui engage ses consommateurs tout en adaptant le format pour maintenir l'intérêt du public. Troisième et dernière question. Qui a dit « Attention, concentrez-vous » ? Nous embauchons des personnes intelligentes pour qu'elles puissent nous dire ce qu'il faut faire. Mark Zuckerberg, Steve Jobs ou Elon Musk ?
- Speaker #2
Ah,
- Speaker #0
j'aime bien te piquer chez Olivier.
- Speaker #2
On va partir sur Mark. Tu dis Mark ? J'hésite entre Mark ou Steve. Je ne sais pas. Tu ne sais pas ? Non, je donne ma langue au chat.
- Speaker #0
Olivier, tu dis ?
- Speaker #1
Pas Marc.
- Speaker #2
Steve alors ? Plutôt Steve.
- Speaker #0
L'homme non plus.
- Speaker #1
Non,
- Speaker #0
pas l'homme. C'est Steve en effet. Apple a instauré une véritable culture de l'innovation alignée sur les objectifs de l'entreprise depuis sa création par Steve Jobs qui est classée comme l'entreprise la plus innovante au monde par le Boston Consulting Group depuis plus de 15 ans consécutifs. En effet, il se concentre sur la production d'appareils plus intelligents et intuitifs pour améliorer l'expérience client plutôt que se focaliser uniquement sur les chiffres. Donc une grande capacité d'anticipation des tendances de la part d'Apple. Alors ce que je vous propose maintenant, c'est de passer au micro-trottoir. On est vraiment allé à la rencontre du grand public pour leur demander justement leur point de vue sur le sujet. Pour commencer, on leur a fait une demande assez simple. Je vous en ai donné ma définition du Larousse en introduction. Quelle est leur définition de l'innovation ? L'innovation,
- Speaker #1
ça peut être hyper varié. Enfin, c'est varié, il peut y avoir différents domaines.
- Speaker #2
Moi,
- Speaker #1
l'innover, c'est surtout de créer de nouvelles choses qui peuvent avoir un but dans l'évolution de l'histoire aujourd'hui, dans l'économie d'énergie, avec les véhicules électriques, etc., même au niveau informatique.
- Speaker #0
Donc un terme vaste, l'innovation qui va vraiment toucher à tous les secteurs de notre vie quotidienne. Ensuite, on leur a posé la question de ce qui va freiner l'innovation en entreprise. Et voilà ce qu'ils nous ont répondu.
- Speaker #1
Le manque d'argent. L'idée de se dire qu'effectivement, quand on manque d'argent, si les banques ne suivent pas derrière, on a beau avoir l'envie d'investir, si on le cache pour investir, il faut que les banques puissent suivre derrière. La lourdeur des décisions. Trop de personnes entre celles qui décident. et la prise de risque.
- Speaker #0
Donc, manque de budget, lourdeur des décisions, des process à rallonge, mais on n'est pas encore sur le sujet qui va nous concerner ensuite, justement sur l'innovation accessible. Dernière question, on a demandé quelles sont les qualités qu'une entreprise doit chercher chez ses collaborateurs pour favoriser l'innovation et voilà ce qu'on nous a répondu. Oui, alors pour moi, ça serait l'ouverture d'esprit et la curiosité. C'est en se nourrissant de son environnement extérieur qu'on va vraiment avoir des nouvelles idées innovantes. Voilà, tout simplement, l'innovation au fond, c'est vraiment une question de regard neuf et une envie d'explorer de nouveaux horizons. Louisiane, Olivier, est-ce que vous avez des réactions par rapport à ça ?
- Speaker #2
Oui, c'est très intéressant. C'est vrai que quand on pose généralement la question de qu'est-ce que c'est pour vous innover, comment on va innover, qu'est-ce qu'on va faire ? C'est vrai qu'on a souvent ce genre de réponses qui sont l'innovation, ça peut être dans plein de domaines différents, ça peut être sur plein de sujets différents. Et justement, moi, ce qui m'a intéressée, c'est de rendre, comme on l'a dit tout à l'heure, cette innovation accessible et de bien se dire que l'innovation, ce n'est pas toujours un système ultra high tech, hyper performant, que ça peut aussi être des choses très simples comme un nouveau produit, un nouveau service, même un nouveau business model. Et on ne s'en rend pas forcément compte, mais dans une entreprise, on innove pratiquement tous les jours. Avec ses collaborateurs, avec son management, etc. Donc finalement, tout le monde est capable d'innover.
- Speaker #0
Tout le monde est capable, mais même, je rebondis là-dessus, mais c'est tout le principe aussi de l'effectuation. C'est-à-dire qu'on ouvre notre frigo aussi, on innove pour...
- Speaker #2
On invente une recette avec ce qu'il y a.
- Speaker #0
Exactement. Olivier, une réaction ?
- Speaker #1
Tu l'as dit, l'innovation, c'est aussi un état d'esprit. Et l'objectif, c'est d'insuffler dans l'entreprise cet état d'esprit, l'amener à considérer un risque. L'amener à considérer un investissement sur un nouveau produit, un nouveau service, qui intrinsèquement, puisqu'il est nouveau, porte un risque. Et c'est vraiment cet esprit qu'il faut arriver à insuffler à l'ensemble des BU. On est vraiment sur la volonté d'innover. Ensuite, il y a la méthode. Là, on est là pour avoir une méthode et cadrer. Mais c'est surtout cet esprit d'innovation qu'il faut insuffler dans les entreprises, qu'elles n'ont pas assez aujourd'hui.
- Speaker #0
C'est ça en fait que toi tu définirais comme l'innovation dans le cadre de l'entreprise ?
- Speaker #1
Oui, dans le cadre de l'entreprise.
- Speaker #0
Et toi Louisiane, justement, comment est-ce que tu définis l'innovation dans le cadre de l'entreprise ?
- Speaker #2
Alors moi j'aime bien réfléchir au niveau des organisations. C'est-à-dire que l'innovation ce n'est pas forcément que dans une entreprise. Ça peut être intéressant parfois de réfléchir au niveau d'une filière, au niveau d'un groupe, etc. Donc c'est pour ça que j'aime bien parler de l'innovation des organisations. Et surtout, on l'a entendu tout à l'heure, Ce qui est intéressant quand on veut faire de l'innovation, c'est d'ouvrir. Ouverture d'esprit, mais aussi d'ouvrir au collectif qui réfléchit. C'est pour ça que dans la méthode que je propose, il y a toute une partie au début où on va cartographier l'écosystème que l'on souhaite intégrer à la réflexion, de telle manière à ce qu'on puisse s'intéresser et inclure toutes les parties prenantes. Ce qui va apporter une très grande richesse dans tout le process innovation et dans le fait d'innover. Et du coup, ça va permettre de recueillir des avis différents et justement de ne pas se bloquer avec ses biais métiers. Ce qui est souvent le problème, entre guillemets, en entreprise, c'est qu'on a son quotidien, ses habitudes, sa machine à faire tourner, entre guillemets. On a du mal à se libérer son esprit pour pouvoir innover, justement, sans biais métiers. C'est ce qui est généralement le plus difficile en entreprise.
- Speaker #0
Et puis, il y a un mythe aussi qui est... La différence entre le processus collectif d'innovation dont tu viens de parler et la création, qui est aussi un processus individuel.
- Speaker #2
C'est ça. Raconte. En fait, l'idée, c'est de se dire, on va faire du collectif une force. C'est intéressant et c'est enrichissant d'avoir plusieurs points de vue et de faire participer plusieurs profils différents. Pourquoi ? Parce qu'on est toujours plus fort à plusieurs cerveaux qu'à un seul. Le côté créatif, c'est un peu différent. C'est, voilà, je vais me mettre moi derrière ma feuille et puis je vais sortir des idées. Je vais lister des idées comme ça de façon très spontanée. Là, quand on travaille en collectif, il faut qu'il y ait quand même un petit peu des règles et une méthodologie pour y arriver. Donc, on fait ça par étapes. On doit respecter un certain nombre d'étapes. C'est vrai que c'est un peu paradoxal parce qu'on se dit, ah, il faut être super créa, mais en même temps, il faut quand même que ce soit guidé, organisé. Sinon, on a du mal à bien sélectionner, driver, synthétiser, hiérarchiser toutes les idées qui sortent. C'est ça, je dirais, la différence entre les deux. Mais c'est tout à fait faisable d'imaginer à plusieurs.
- Speaker #0
Oui. Alors toi, dans les organisations que tu accompagnes, tu viens résoudre aussi des blocages à l'innovation. Est-ce que c'est une question de culture, de structure, ou alors il y a probablement beaucoup d'autres facteurs qui entrent en jeu dans ces points de blocage ?
- Speaker #2
Alors, des blocages, je vais dire, ça fait partie de la vie des organisations. On a tous déjà rencontré des blocages, que ce soit avec son manager, que ce soit avec des collaborateurs, que ce soit avec même d'autres business units, d'autres équipes. Donc c'est quelque chose qui arrive très régulièrement. Pourquoi c'est intéressant d'intervenir quand il y a des blocages ? C'est parce que justement, il y a des raisons à ces blocages. Et donc ce qu'on va faire, c'est qu'on va faire un réel diagnostic état des lieux de tout ce qui se passe, tout ce qu'il y a en jeu, toutes les attentes. On va s'écouter aussi, très important, c'est que... On peut entendre ce qu'il nous a dit, mais ce n'est pas pareil de s'écouter et de comprendre les points de vue de l'autre. Et donc, dans toute cette phase un petit peu de diagnostic et d'exploration, on va lister les problématiques, on va les organiser, les hiérarchiser, les pondérer. Et ça va permettre justement de répondre de façon innovante à ces problématiques communes. Et donc, c'est comme ça qu'on arrive à innover avec un collectif, en fait.
- Speaker #0
Et donc, toi, tu animes des ateliers d'intelligence collective et ça fait tomber les barrières.
- Speaker #2
Voilà, exactement. C'est vrai qu'au début, quand le manager vient me voir en me disant, voilà, l'équipe est bloquée sur un projet ou est bloquée sur sa roadmap ou est bloquée avec d'autres équipes. Tout de suite, il y a un peu une levée de bouclier. Ah, mais on n'a pas le temps. Ah, mais on ne peut pas faire des ateliers. Ah, mais etc. Et puis, très vite, en fait, les équipes se rendent compte que déjà, c'est un moment agréable. à un moment un peu sorti du quotidien et du coup ils aiment prendre ce temps qui peut qui peut sembler une contrainte au début, mais finalement qui est très bénéfique au bout de quelques ateliers. Et surtout, l'idée de sortir l'équipe de son quotidien et de faire ses ateliers, par exemple, hors les murs, de penser différemment, penser hors cadre, ça permet de redonner un booster d'énergie. Ça insuffle une nouvelle dynamique qui permet justement de faire tomber ces barrières. Parce qu'on travaille en équipe avec différents niveaux d'hierarchie, c'est ça aussi qui est intéressant. Et quand on est dans ces ateliers, il n'y a plus du tout ce rapport hiérarchique, etc. C'est vraiment l'idée, c'est, voilà, on fait pause, on met arrêt sur image, tout le monde peut apporter sa pierre à l'édifice, et on va innover ensemble, sans barrière hiérarchique, sans crainte. Et ça se fait très bien avec des petites techniques de communication et d'échange qui fonctionnent à merveille.
- Speaker #0
Finalement, les obstacles qui reviennent le plus souvent, c'est... Là, tu parles de communication.
- Speaker #2
Alors, les obstacles de la communication, ça c'est sûr. Il y a toujours différents profils dans les équipes et différentes façons de communiquer. Ça, c'est un point très important. C'est-à-dire qu'il y a des personnes qui vont être très à l'aise en communication directe, il y a des personnes qui sont plus processeurs, qui ont besoin d'être plus sur le côté réfléchi, qui ne sont pas forcément dans le côté spontané. Mais l'idée, c'est grâce à ces méthodologies que l'on utilise, d'organiser tous ces ateliers et que chacun... puisse apporter sa contribution de la façon qui lui va le mieux.
- Speaker #0
Que chacun puisse être partie prenante. Exactement. On reviendra sur la méthode tout à l'heure. Olivier, dans une grande structure, il y a des résistances spécifiques. Au-delà de ce que Louisiane vient d'évoquer, on parlait tout à l'heure dans le micro-trottoir, le budget, les process. Qu'est-ce que toi, tu observes comme frein ?
- Speaker #1
Grande ou petite structure, l'innovation porte par son essence les blocages. Parce qu'innover, c'est changer. Et l'humain est strictement allergique à tout type de changement, surtout quand ça le concerne. Donc, par essence, on sait que si on veut innover, on va devoir lever ces différentes barrières. Dans les grands groupes, on a ensuite une organisation qui fait qu'un sponsor COMEX est assez essentiel. si on veut arriver au bout. La ligne budgétaire n'est pas forcément la question primordiale, sauf quand on s'appelle Apple, où effectivement 15% du CA est dédié à l'innovation. Là, on a une vraie ligne budgétaire. Mais les vrais freins, c'est les freins au changement, les freins au changement de mentalité. Et pourquoi lui plutôt qu'un autre ? parce que quand on est 10 000 dans une organisation, on ne peut quand même pas faire des ateliers à 10 000. C'est un petit peu compliqué. Donc, pourquoi lui n'est pas un hôte, l'organisation, etc. Donc, ce sont finalement des problèmes strictement humains, des problèmes de communication. Et c'est important dans l'entreprise d'avoir des séances, des sessions où l'ensemble de ceux qui ont une responsabilité liée à l'innovation, que ce soit en BU, en branche. les patrons de roadmap, etc. Puis s'échanger, on l'a mis en place chez nous, ça apporte de la fluidité, ça apporte de la compréhension entre les BU. Donc ce que disait Louisiane, c'est effectivement le numéro un, la communication en entreprise, c'est ce qui fait toute la différence entre imposer l'innovation au titre d'une direction d'innovation et emmener l'entreprise dans une direction innovante. avec cette... Et cet éternel frein des patrons de BU, cette fois, entre la fin du mois et la fin du monde, entre le P&L du quarter et l'avenir de l'entreprise.
- Speaker #2
Exactement.
- Speaker #1
Eux sont jugés sur le P&L du quarter. L'avenir de l'entreprise, c'est la stratégie, etc. Mais finalement, c'est quand même eux qui vont emmener l'entreprise, au même titre que le COMEX, vers l'avenir. Donc voilà, on a tous ces freins qui ne sont pas liés, encore une fois, aux grosses entreprises. Toutes les PME, toutes les entreprises de taille moyenne ont les mêmes freins. La nuance, c'est l'effet de levier, parce qu'effectivement, quand on est 10 000, l'effet de levier est plus important.
- Speaker #0
C'est ça, et comment embarquer, créer un mouvement autour de soi avec justement tous les collaborateurs, tous les patrons de BU, le fameux faire savoir, communiquer pour faire comprendre et ensuite faire savoir.
- Speaker #1
Faire savoir, d'où ce podcast.
- Speaker #0
D'où ce podcast.
- Speaker #1
On était, Docaposte, c'était la deuxième entreprise à faire des podcasts professionnels. Et aujourd'hui, il y en a près d'une cinquantaine qui nous ont emboîté le pas. Là aussi, on a innové un petit peu. À une époque où on était les seuls.
- Speaker #0
Je suis très contente de le faire avec toi, Olivier. Donc, Louisiane, tu parles d'innover par la méthode. Toi, quelles sont les méthodologies que tu vas utiliser pour faire émerger toutes ces idées nouvelles et débridées ?
- Speaker #2
Oui.
- Speaker #0
Justement, Olivier en parlait, la version au risque, la version aussi au changement. Comment on fait ?
- Speaker #2
Alors, comment on fait ? On fait travailler les gens. C'est comme ça qu'on y arrive. C'est-à-dire que moi, j'arrive souvent en tant que facilitatrice. donc je ne connais pas le métier ce qui est un gros plus parce que du coup je n'ai pas les biais métiers du quotidien donc c'est pour ça que c'est intéressant de se faire accompagner par quelqu'un d'extérieur un petit peu neutre qui arrive et qui va faire ce rôle un petit peu d'animation et de règle du jeu et puis ensuite comment on fait ? En fait on passe par différentes phases tout simplement, il y a une première phase comme je le disais tout à l'heure où on va faire un diagnostic état des lieux On va cartographier l'écosystème des parties prenantes en essayant d'être le plus large possible pour pouvoir vraiment prendre en compte l'avis du maximum de personnes.
- Speaker #0
Alors ça veut dire quoi cartographier l'écosystème des parties prenantes ?
- Speaker #2
Et bien tout simplement ça veut dire on fait une carte, on couche sur le papier les différentes parties prenantes, donc institutions, clients, consommateurs, les différentes parties prenantes dans l'entreprise, dans les organisations. Voilà, enfin tout. tous ceux qui sont concernés par le sujet en question, qui peuvent avoir quelque chose à dire sur le sujet en question, et qui sont intéressants à consulter, en fait. Il est intéressant d'aller consulter. Donc, du coup, on cartographie tout ça, on organise tout ça. C'est là que moi, j'apporte des méthodes pour faire tout ça et ranger ce qu'il faut à la bonne place. Et ensuite, une fois qu'on a fait ça, on va aller justement interviewer, se renseigner, un peu comme vous l'avez fait avec le micro-trottoir. C'est vraiment là, on est dans le contact et la communication. On va aller se renseigner, interviewer toutes ces parties prenantes pour recueillir des informations. Recueillir des informations sur un sujet précis, mais on essaie d'ouvrir quand même au maximum parce que parfois les managers viennent souvent me voir avec une problématique, mais en fait derrière il y en a une quinzaine qui semblent évidentes une fois qu'on les a formulées, mais au début on garde en tête vraiment une problématique principale. Donc une fois qu'on a fait tout ça, tout ce travail d'aller récupérer les avis à droite, à gauche, les idées, etc. On organise toutes ces idées, on va les structurer, les organiser. Donc ça, je le fais justement avec l'équipe. Et l'idée, c'est aussi de leur transmettre ce savoir-faire tout au long de l'accompagnement pour qu'ensuite, eux soient autonomes dans ces démarches et qu'ils puissent le faire au quotidien dans leur travail. Et une fois qu'on a fait ça, on organise, on hiérarchise, on pondère toutes ces idées. On va formuler des problématiques liées à tous ces freins, ces obstacles qui ont été justement observés. Et après... on passe à la phase d'idéation où là, on va générer, on va imaginer, on va concevoir des concepts innovants en réponse aux problématiques qu'on a identifiées. Et ensuite, j'accompagne les équipes pour justement classer aussi, organiser tous ces concepts. Parce que comme on le disait tout à l'heure, Olivier, on ne peut pas tout lancer d'un coup. Il y a aussi des moyens limitants. le temps, les ressources aussi, les ressources humaines qui peuvent être un point limitant pour lancer l'innovation. Et donc, on fait un petit peu avec ce qu'on a, c'est-à-dire qu'en fonction des enjeux de l'organisation, s'ils ont des enjeux business, des enjeux RSE, des enjeux autres, on classe, on organise tous ces concepts. Et puis, petit à petit, ils co-construisent une roadmap de projets avec tous ces projets innovants qui peuvent... on va dire, rythmées dans le temps et selon aussi leurs contraintes, leurs objectifs, ce qu'ils ont envie de faire. Selon aussi l'ADN des entreprises, c'est un point important ça. La raison d'être, la vision, tout ça, ça permet de driver ces choix. Et une fois qu'on a fait ça, petit à petit, on monte des équipes-projets et puis les projets vivent leur vie, j'ai envie de dire.
- Speaker #0
Et alors, quel impact justement dans les entreprises, la raison d'être par exemple, est-ce que ça peut faire émerger dans les raisons d'être une envie d'innover ?
- Speaker #2
Oui. De toute façon, on va dire qu'innover, c'est constamment remettre en question. C'est ça qui ne plaît pas aussi. C'est mouvant, c'est-à-dire que ce n'est pas quelque chose de gravé dans le marbre. On a des idées, on les formule à un instant T, mais ces idées, elles vont vivre. Avoir une idée et exécuter cette idée, ça n'a rien à voir. On le voit bien avec les chefs-projets. Ils sont aujourd'hui encore plus vrais aujourd'hui dans la géopolitique dans laquelle on évolue. Être agile, c'est la clé, c'est évident. Un projet, il ne peut pas être gravé dans le marbre pour toute la vie. Il vit, il évolue avec les équipes, avec l'environnement. Donc, l'idée, c'est de se dire vraiment de transmettre une méthodologie aux équipes pour que, justement, elles soient capables, après, de refaire des ateliers comme ceux que j'anime, tout le temps, en fait, pour réévaluer, redimensionner, recaler aussi des projets, parce que parfois, finalement, il y a un projet qui va devenir plus prioritaire qu'un autre. Et donc, voilà, la roadmap, j'ai envie de dire, elle est évolutive. Ce n'est pas quelque chose de fixe.
- Speaker #0
Oui, et pour rebondir sur l'agilité, il y a aussi donné une possibilité, en tout cas une capacité à devenir agile et faire tomber ses peurs de l'agilité et donc du changement pour justement aussi avancer. C'est quelque chose que tu observes ?
- Speaker #2
Oui, alors c'est sûr que, comme on le disait tout à l'heure, personne n'aime le changement. Tout le monde aime bien sa routine et puis quand on a mis quelque chose en place qui fonctionne, on se dit voilà, c'est bon, ça, hop, je le range, c'est fait, check. mais C'est sûr que l'agilité, c'est ce que je disais, est clé. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, le fait de faire travailler ses collaborateurs sur des ateliers plutôt agiles, où on va échanger, on structure bien sûr, mais on va aussi faire émerger de nouvelles idées, etc. Ça permet d'avoir aussi des projets qui sont super challenge, parce que constamment, on remet en question. donc ça c'est un point important c'est que quand on commence le projet et qu'on caste La core team, on se disait pourquoi lui et pas lui, etc. Ça fait aussi partie des critères. C'est-à-dire que la core team qui va être sélectionnée pour ensuite diffuser cette culture innovation et agile au reste des collaborateurs, c'est une core team qui doit être vraiment solide sur ce point de vue, notamment sur le fait d'être tolérant à l'ambiguïté, par exemple, de pouvoir évoluer dans un environnement un petit peu incertain. Il faut plutôt des caractères qui collent avec ce genre de soft skills.
- Speaker #0
Et alors justement... Tu parlais avant de démarrer de cette méthode agile en diamant.
- Speaker #2
Double diamant, oui.
- Speaker #0
Double diamant. Ça aussi, c'est justement une méthode que tu utilises et qui permet, tu me disais, de ramener les personnes qu'on perd.
- Speaker #2
Oui. Alors, c'est vrai que la particularité des ateliers que l'on propose avec Gaminnov, c'est de faire intervenir des experts méthodaux tout au long du procédé. Donc... en fonction des besoins, c'est hyper personnalisé, c'est-à-dire qu'à un moment si on sent par exemple qu'il y a besoin d'évoluer plutôt en méthodologie double diamant, c'est-à-dire diverger puis ensuite on reconverge ensemble puis on diverge, on converge, je peux être amené à faire intervenir un expert spécifique sur ce sujet là. Par exemple dans le diagnostic si on veut aller faire un profil innovation ou innovation profiler avec des soft skills pour bien cartographier les différents profils qui sont là, le profil de l'équipe surtout. je vais faire intervenir des enseignants-chercheurs, notamment de l'école éventuellement, qui maîtrisent cette méthodologie et qui vont accompagner justement ces ateliers au fur et à mesure. Donc j'ai envie de dire, Gaminnov, en fait, c'est plein de méthodes possibles que l'on utilise au coup par coup, en fonction du besoin, et vraiment très personnalisé en fonction du déroulé des différents ateliers.
- Speaker #0
De façon agile.
- Speaker #2
De façon agile. Elle était facile.
- Speaker #0
Olivier ? Olivier, l'innovation, on l'a vu, c'est souvent lié aux réseaux, aux échanges. Comment est-ce qu'une entreprise peut encourager justement cette dimension collaborative entre ses équipes ? Et est-ce qu'il faut un champion ? Tu disais tout à l'heure, il faut un sponsor COMEX. Mais est-ce qu'on a besoin d'un champion de l'innovation pour justement maximiser ses échanges et ses réseaux dans l'entreprise ?
- Speaker #1
Est-ce qu'il faut un champion ? Grande question. Il faut un coordinateur, il faut un bon diplomate, quelqu'un qui soit capable d'aller voir tout le monde, de réconcilier tout le monde sur le sujet de l'innovation, qui pour le coup est le sujet le plus facile pour réconcilier les BU entre elles. Donc il faut plutôt un coordinateur, un leader, qui permette de tisser ce réseau innovation à l'intérieur de l'entreprise. Ça oui, je suis assez convaincu que s'il n'y a pas quelqu'un qui porte le sujet en entreprise... le sujet va se déliter dans les problèmes du quotidien et dans le P&L du quotidien. Ensuite, c'est des échanges à l'intérieur de l'entreprise, c'est aussi des échanges à l'extérieur de l'entreprise. On n'innove pas tout seul, on innove avec un réseau de start-up, on innove avec un réseau académique, on innove avec des réseaux de chercheurs et avec des partenaires, parfois des concurrents, autour d'une même table, sur une dynamique de filière. On l'a vu dans le numérique autour de la dynamique de la filière du cloud, autour de la dynamique de la filière de la confiance. On est tous concurrents autour de la table.
- Speaker #0
Et pourtant, on se pose les questions sur c'est quoi l'avenir du cloud ? C'est quoi l'avenir de l'identité numérique ? Toutes ces questions qui nous concernent, parce que ce sont nos métiers, mais ça doit aussi aller à l'extérieur de l'entreprise. Et moi, c'est aussi ce que je prône et que je fais régulièrement, c'est d'aller voir des entreprises qui n'ont rien à voir avec nos métiers. On était chez Léonard il n'y a pas très longtemps. pour découvrir comment Léonard infuse l'innovation au sein de son groupe. Léonard, c'est la direction innovation de Vinci Group. Il fabrique des routes, des tunnels, des parkings, tout ça. Tu peux éloigner du numérique, je trouve. Même s'ils utilisent énormément le numérique, énormément l'IA. Et donc, ça permet d'observer les méthodes, ça permet d'observer comment, à l'intérieur de l'entreprise, est gérée l'innovation sur des métiers qui ne sont pas les nôtres. Donc, le réseau, il doit être vraiment... très étendu et j'étends ce réseau à un autre groupe d'acteurs de l'innovation qui sont tout ce qui est VC, CVC, LP, etc. qui travaillent sur le financement de l'innovation. Donc on est très en lien avec la BPI par exemple et avec un réseau de VC qui nous permettent de cartographier les grandes tendances, qui nous permettent d'avoir accès à certaines startups très innovantes en Inde, au Japon, aux Etats-Unis, en Angleterre et d'avoir un petit peu cette émulation. qui nous permettent d'avoir, pas une vision, ça serait un peu trop gros, mais au moins une tendance et une idée de que sera l'avenir sur nos domaines et plus largement sur nos domaines connexes.
- Speaker #1
Donc, évidemment, pas que de l'interne, de l'interne, de l'externe, du réseau, du secteur, très, très, très large. Ça, ça fait partie justement de cette capacité à aller chercher un maximum d'informations des soft skills. Donc, aujourd'hui, on en entend beaucoup parler. D'ailleurs, je crois qu'on a posé la question pendant le micro-trottoir. On entend beaucoup, en fait, parler de recruter sur les soft skills. Peut-être que même c'était toi qui m'avais dit ça, Louisiane, quand on avait préparé recruter sur les soft skills, puis se former sur les hard skills. Pour vous, en quoi est-ce que ces qualités humaines, justement, sont essentielles pour innover ?
- Speaker #2
Oui, alors, effectivement, on en avait parlé ensemble et c'était suite à un événement. Des big boss où j'avais échangé avec plusieurs RH sur ce sujet-là qui me disaient que le recrutement aujourd'hui est difficile de recruter des talents. Je pense que tout le monde est concerné par ce sujet-là. Et que de plus en plus, les entreprises se tournent finalement vers le savoir-être de chaque candidat. Donc, sa faculté à savoir-être, ses soft skills, ses compétences douces. Et que les entreprises proposent justement des formations. sur plutôt les hard skills au fur et à mesure. Alors, ça dépend des métiers, bien évidemment, ça dépend aussi des secteurs, mais que ça pouvait éventuellement être une piste pour recruter demain. En tout cas, ce qui est sûr, c'est que tout à l'heure, on parlait de qu'est-ce que c'est un champion, etc. On peut quand même dire qu'une des qualités, c'est la curiosité. C'est-à-dire que toute cette phase, justement, sur l'exploration, comme tu le disais, Olivier, d'aller voir dans son secteur, mais pas que. d'aller voir dans d'autres secteurs, dans d'autres univers, c'est clé dans la phase exploratoire. Pourquoi ? Parce que justement, on va voir un autre secteur sans biais métier pour le coup, puisqu'on n'en a pas quand on découvre un nouveau secteur qu'on ne connaît pas. Et on peut très bien faire des parallèles avec les problématiques que l'on rencontre, que peut-être l'autre secteur a déjà rencontré et solutionné d'une certaine façon. Donc ça, je dirais sur la curiosité, pour moi, quand tu posais la question de Cédric, c'est un des points clés. Après, sur les soft skills, en fait, Des soft skills, il y en a plein, très variés, des cognitives, des conatives. Enfin, vraiment, il y en a plein différentes. Au cœur, il y a la communication quand même, qui reste toujours très présente. Des soft skills, il y en a plein. Et c'est justement la richesse de ces différentes soft skills qui fait aussi la richesse de l'équipe qui va innover.
- Speaker #1
Olivier, as-tu quelque chose à ajouter ?
- Speaker #0
Dans nos métiers, on a besoin de fondamentaux, de bases. donc Être au préalable ingénieur ou diplômé d'une fac française ou internationale dans le computer science, c'est quand même un peu essentiel, même pour innover. C'est important d'avoir des bases théoriques. Moi, je milite énormément pour le retour des maths au lycée. Alors, j'étais plus ou moins entendu. Mais parce que les maths, la philosophie, ce sont les deux matières qui permettent de former l'esprit. Et les hard skills fondamentaux d'une école d'ingénieurs sont nécessaires si on ne veut pas être assez rapidement limité. dans la réflexion, dans l'étendue de la réflexion. Donc oui, des soft skills, mais moi, je reste assez assez recuebouté sur les hard skills.
- Speaker #1
Mais pour cette capacité à savoir être curieux et apprendre et développer un chemin de pensée, c'est ça, c'est-à-dire que ça te donne cette façon de réfléchir, ce que tu dis quand tu fais cette filière, ces études.
- Speaker #0
Ce qu'on apprend en...
- Speaker #1
Parce que là, tu fermes la porte quand même à pas mal de gens.
- Speaker #0
Non, mais je ne ferme pas la porte. Mais ce qu'on apprend en école d'ingé, en école de commerce ou en fac, on ne s'en sert pas ou on s'en sert de 1% de ce que l'on a appris sur les hard skills techniques, quelle équation, quel ceci, quel cela. Par contre, pendant ces études, on apprend à penser, on apprend à réfléchir, on apprend à questionner. Dans les filières scientifiques, on apprend à remettre en question la science. Mais pas... à la façon des platistes, pas en affirmant que la Terre est plate, en posant des questions selon un déroulé scientifique. Ce qui évite aussi de s'étaler sur des théories qui peuvent être un peu farfelues, mais il faut se questionner. Et apprendre à se questionner, que ce soit en philosophie, que ce soit en technologie, c'est une méthode qu'il faut apprendre, c'est une méthode qu'il faut pratiquer, et qui est extrêmement utile pour l'innovation, puisque quand on... On fait de l'innovation avant tout, on questionne pourquoi, on ne fait pas de l'innovation pour se faire plaisir. Alors certains si, Edison c'est ce qu'il faisait, mais pour le coup dans nos métiers et dans notre monde capitaliste, on fait aussi de l'innovation pour être le premier sur le marché, pour être différenciateur sur le marché. Et donc se questionner sur l'intérêt de l'innovation par rapport au marché, par rapport à la tendance, par rapport à l'éthique, par rapport à la politique, par rapport à la géopolitique. Ce sont des questions que l'on apprend au fur et à mesure de ses études et au-delà de ses études. Et ce ne sont pas des formations pointues sur 15 jours, 6 mois, qui vont permettre de donner cet esprit. C'est pour ça que je reste un peu réac là-dessus, je le connais.
- Speaker #1
C'est ton droit.
- Speaker #0
Et les soft skills, normalement, quand on a appris à se questionner, quand on a appris à poser des questions à la science, à poser des questions à la philosophie, sauf ce qu'ils viennent avec. Et s'il faut, par contre, emmener un certain nombre de collaborateurs sur des formations soft skills, sur des formations un peu plus pragmatiques, pourquoi pas ? Mais voilà, je reste un peu réac là-dessus. Je suis désolé, Marie.
- Speaker #1
Mais ne sois pas désolé, tu as le droit. Tu as tout à fait le droit, justement. Alors, tu en as un peu parlé. L'objectif de Tente d'Ancino, c'est d'acculturer. On explique vraiment tout depuis tout à l'heure, mais aussi, c'est proposer des conseils à nos auditeurs qui voudraient se lancer dans une dynamique d'innovation pour leur entreprise. Par quoi commencer ? Du coup, je commence par Olivier. Par quoi commencer, Olivier ?
- Speaker #0
Par avoir envie.
- Speaker #1
Donner l'envie d'avoir.
- Speaker #0
Par avoir envie. C'est-à-dire que lancer une dynamique d'innovation, ce n'est pas un ordre que vous pouvez donner à un collaborateur. C'est une volonté d'un collaborateur, d'un cadre dirigeant de dire on doit intégrer de l'innovation et je voudrais bien le faire. Voilà. Et à partir de là... Tout se déroulera très bien. C'est l'envie d'innover, l'envie d'emmener l'entreprise sur un chemin de leader, sur un chemin d'innovateur. Alors, on ne va pas tous inventer la Tesla ou le smartphone. Ça, c'est hélas. Mais c'est dans cet esprit qu'on emmène l'entreprise. Donc, pour démarrer, il faut avoir envie. Et je dirais que c'est à peu près tout.
- Speaker #1
OK.
- Speaker #2
Oui, c'est ça. Moi, j'aurais dit aussi l'envie, la motivation. Et aussi, cette idée, ça, j'insiste vraiment beaucoup dessus, en réponse à ce que tu as dit sur le bagage à avoir, c'est que l'idée aussi, c'est quand même de rendre ça accessible. Il ne faut pas que ça semble compliqué, cher, inaccessible, inatteignable, même à des petites PME. Parce qu'en fait, des innovations, elles en font tout le temps. Elles en font dans leur quotidien, avec des petites choses simples, mais elles ne sont pas forcément... organisé et structuré, c'est là où le bagage et on va dire le côté carré scientifique effectivement est un plus, parce que c'est ça souvent qui manque. C'est-à-dire que les équipes le font, mais pas forcément de façon coordonnée, pas forcément de façon efficace et peuvent justement se perdre dans des process qui parfois retombent un peu comme l'effet soufflé, j'ai envie de dire. Et c'est sur ça aussi que je voulais terminer, Marine, c'est que l'innovation, il ne faut surtout pas que ce soit déceptif. Donc effectivement, il y a l'envie. Ça, c'est hyper important, la motivation. Mais quand on décide d'embarquer son collectif, son équipe, son organisation, voire même sa filière sur un projet d'innovation, il faut vraiment bien réfléchir au déroulé et à l'accompagnement qu'on va choisir pour ne pas avoir cet effet déceptif, justement, de « on va inventer la nouvelle, le nouveau smartphone, je ne sais pas quoi » , et que le collectif soit déçu parce que ça, il n'y a rien de pire que ça. Et ça, ça s'accompagne, ça se traite, ça s'organise, et justement, ça se prévoit.
- Speaker #1
Oui, c'est donc de la méthode,
- Speaker #2
la méthode du cadrage. L'organisation.
- Speaker #1
Alors, on a vu, on a beaucoup de clichés, des clichés notamment sur l'innovation et l'high tech. On a des mythes sur les grandes idées. Mais finalement, quel est le futur de l'innovation ? Et s'il y a bien une chose que j'ai retenue de ce que vous m'avez dit tous les deux, c'est comment donner l'envie d'avoir envie ? Olivier, c'est à toi.
- Speaker #0
Nous en avons dit beaucoup sur l'innovation, mais pour moi c'est un peu court. Oh, on pouvait dire, Dieu, bien des choses en somme, en variant le ton. Par exemple, tenez, futuriste, c'est la clé des lendemains, le sésame du progrès, l'étincelle du changement qui nous mène au sommet. Sceptique, certains la craignent, la redoutent, la rejettent en vain, mais elle avance toujours, implacable, avec entrain. Optimiste, car l'innovation c'est l'audace de voir plus loin. De viser plus haut, plus fort, elle trace un nouveau chemin. Provocateur. Et que faites-vous là, immobile et figée ? L'innovation vous appelle, il est temps de changer. Féroce. Elle dévore de vieilles idées, les obsolètes doctrines. Elle sème le chaos, mais d'un chaos qui illumine. Conquérante. Car l'innovation, monsieur, c'est un brasier ardent, qui brûle le passé et fait jaillir le présent. Amical. Innovons, chers amis, unissons nos talents. Créons demain ensemble à deux, c'est plus brillant. Curieux, mais comment faites-vous pour inventer ainsi ? Est-ce une muse cachée qui vous parle la nuit ? Tranchant, l'innovation voyons, ce n'est que poudre aux yeux. Un mirage éphémère, un espoir prétentieux. Prudent, attention aux excès, car tout ce qui est neuf ne dure pas toujours. Et parfois on s'y heurte. Dramatique, innovons ou périssons, telle est la dure loi. Qui ne s'adapte pas disparaît dans l'effroi. Respectueux, l'innovation c'est grand, c'est noble, c'est sacré. Elle pousse l'humanité à toujours progresser. Et enfin avec Panache, l'innovation c'est vivre, c'est oser, c'est braver. C'est toujours s'élancer sans jamais hésiter. Elle ne s'incline devant rien ni devant personne, car l'innovation, monsieur, c'est l'esprit qui détonne. Edmond me pardonnera ce plagiat, mais voilà ainsi ce que l'on aurait pu dire si nous avions un peu d'esprit et de lettres, car le champ est si large que rien ne peut résumer l'innovation. Elle est avant tout une philosophie, une quête, refusant la simple fascination pour la nouveauté, mais comme l'a suggéré Francis Bacon, l'un des pionniers de la méthode scientifique, La véritable innovation est avant tout un acte d'observation rigoureuse et de remise en question de l'évidence. Seul son impact sur la société est indéniable. Elle apporte des solutions aux défis les plus pressants de notre temps, qu'ils soient environnementaux, médicaux, sociaux ou économiques. Et comme un phare dans l'océan de la modernité, elle constitue le moteur incontestable du progrès humain. Mais l'innovation n'est pas sans exiger son tribut. Elle requiert un équilibre délicat entre le respect de l'éthique, l'impact sociétal, l'inclusion et la poursuite de l'excellence. Elle impose la nécessité d'une réflexion profonde sur l'usage, que nous en faisons, et sur les conséquences qu'elle engendre, l'IA générative en est l'illustration contemporaine parfaite. L'humanité accélère, les innovations envahissent chaque jour un peu plus notre quotidien, et je ne résiste pas à vous poser cette question rhétorique partiellement répondue dans cette chronique. L'innovation est-elle synonyme de progrès ? Vous avez 4 heures.
- Speaker #1
Bravo Olivier.
- Speaker #2
Bravo.
- Speaker #1
Merci, merci Louisiane, merci Olivier pour vos éclairages, c'était passionnant N'hésitez pas chers auditeurs à mettre en pratique tous ces conseils et à réfléchir aussi à votre propre approche de l'innovation et pourquoi pas faire aussi bouger les lignes à votre façon et moi je vous dis à très vite dans un prochain épisode de Tendances Inno, salut ! Et voilà chers auditeurs, c'est tout pour cet épisode de Tendances Inno. Un grand merci pour votre écoute, nous espérons que vous avez trouvé cette discussion aussi enrichissante et inspirante que nous N'oubliez pas de vous abonner pour ne manquer aucun de nos futurs épisodes. Vous pouvez retrouver Tendances Inno sur toutes les plateformes de podcast, YouTube et Dailymotion. Si vous aimez ce podcast, faites-le nous savoir et aidez-nous à le faire connaître grâce à vos commentaires et à vos partages. Pour plus de contenu sur les technologies émergentes, suivez-nous sur les réseaux sociaux de Docaposte. A bientôt pour un nouvel épisode, placé sous le signe de la tech, du Web3 et de l'innovation. D'ici là, continuez à explorer, à innover et à créer.
- Speaker #0
Sous