- Speaker #0
Bienvenue dans Tendance Inno, votre rendez-vous pour explorer les technologies émergentes présentées par DocaPost, le référent français de la confiance numérique. Je suis Marina Dato, cofondatrice de Wagmeet Trends, et j'ai le plaisir d'être accompagnée par Olivier Senot, directeur de l'innovation chez DocaPost. Dans ce podcast, nous vous emmenons à la rencontre des innovateurs et des créateurs qui redéfinissent notre monde numérique. Que votre curiosité vous porte vers le Web3, l'IA ou toute autre technologie émergente, Vous êtes au bon endroit. Préparez-vous à une dose d'inspiration et d'informations. Au programme, des découvertes, des défis et des solutions innovantes. Alors branchez vos écouteurs, ouvrez votre esprit et plongez avec nous dans l'univers de Tendancino. Imaginez un monde où aucun lieu n'est hors de portée des soins médicaux de qualité. où l'intelligence artificielle comble les lacunes des services de santé, apportant des solutions innovantes aux déserts médicaux. Nous plongeons aujourd'hui au cœur de ces innovations qui révolutionnent la santé. Je suis ravie d'accueillir Louis Bardoul, entrepreneur franco-américain de 23 ans, spécialiste en tech et IA, speaker TEDx, ambassadeur Vivatech et fondateur de Dr4All, une solution basée sur l'IA pour lutter contre les déserts médicaux, finaliste du concours national. qu'est-ce qu'il y a ? Louis, merci d'être avec nous aujourd'hui.
- Speaker #1
Ravi d'être là.
- Speaker #0
À mes côtés, Olivier Senot, directeur innovation chez DocaPost, nous apportera son analyse sur la matière dont l'IA et les techs émergentes peuvent transformer radicalement l'accès aux soins dans les régions isolées. Olivier, c'est à toi.
- Speaker #2
Merci Marine, bonjour Louis. Faire ta bio relève un peu de la gageur, tu n'arrêtes jamais, tu en fais beaucoup, t'es plusieurs en réalité. D'ailleurs, pour un franco-américain et un vrai qui a vécu dans les deux pays, tu parles français, anglais, tes langues naturelles, mais aussi chinois, espagnol. C'est pratique pour présider ARIA International Speech Contest. Non content d'un parcours scolaire sans faute à Léonard de Vinci, puis à McGill, tu es aussi créateur ou cofondateur de plusieurs startups, dont l'une avec le framework Quesquia de Morad, que nous avons également reçu dans ce podcast, portant sur un sujet hautement sensible, l'IA et la médecine. Tu es également Vivatech ambassadeur, bref, tu as plusieurs vies, et c'est bien ce que je disais, tu es forcément plusieurs, personne n'a un tel niveau d'activité à seulement 22 ans si je ne m'abuse.
- Speaker #1
23 ans très récemment.
- Speaker #2
23 ans. Alors le secret de ta pile, homme d'affaires d'une autre génération, c'était Vonder, quel est le tien ? Nous t'écoutons.
- Speaker #1
Bonjour à tous, effectivement je fais beaucoup de choses, à 23 ans, plusieurs startups, mais tout dans la tech c'est... C'est justement l'entrepreneuriat et la tech, mes deux passions, qui m'animent et j'ai relié les deux ensemble et je suis là aujourd'hui avec vous.
- Speaker #0
Et merci d'être avec nous Louis. Alors pour démarrer et avoir une vision globale sur le sujet qui nous intéresse, je vous propose un quiz. Olivier adore les quiz. Première question. Dans quelle région de France le problème des déserts médicaux touche-t-il également les zones urbaines ? C'est facile pour toi Louis, mais je pose quand même la question. Petit A, Nouvelle-Aquitaine. B, Auvergne-Rhône-Alpes. C'est Île-de-France ou des Hauts-de-France ?
- Speaker #1
Tu sais, moi je connais.
- Speaker #2
Moi aussi. Étant plongé dans la santé, c'est l'Île-de-France qui a le pire désert médical avec un multiple de 2 par rapport au deuxième.
- Speaker #0
Le problème touche effectivement bien les zones rurales, mais urbaines, y compris l'Île-de-France avec plus de 60% des habitants qui vivent dans un désert médical. Deuxième question. Quelle est la principale cause du problème des déserts médicaux en France ? A. Le manque de financement du système de santé. B. La baisse du numerus clausus à l'université. C. Le vieillissement de la population médicale. Ou D. La fermeture de nombreux hôpitaux en zone rurale.
- Speaker #1
Le vieillissement de la population médicale.
- Speaker #0
Exactement.
- Speaker #2
Un peu ABCD quand même.
- Speaker #0
Un peu ABCD.
- Speaker #2
Un peu les facteurs.
- Speaker #0
Un peu ABCD, mais c'est vrai que, grosso modo... Un généraliste sur deux, par exemple, est âgé de plus de 60 ans. Mais ça, on y reviendra parce que c'est l'un des sujets de Louis. Troisième question. Quelle est la moyenne de jours d'attente pour obtenir un rendez-vous chez un ophtalmologue en France ? 51 jours, 87 jours, 80 jours ou 65 jours ?
- Speaker #1
Alors moi, j'ai pris un rendez-vous très récemment. Je dirais dans les 60 jours.
- Speaker #0
Olivier, tu dis quoi ?
- Speaker #2
Au global, ça ne doit pas être loin de 50 à 60.
- Speaker #0
C'est ça, 51 jours. C'est une étude qui a été réalisée par le CSA pour le compte du Syndicat national des ophtalmologistes en 2020 et donc qui révèle ce délai d'attente. Que le motif soit urgent ou pas, et quel que soit le canal utilisé, téléphone ou internet, donc 51 jours. Pour rentrer encore plus dans le sujet, on est allé à la rencontre des citoyens, et on leur a posé des questions, justement sur ce sujet, écoutez. Selon toi, quel est le rendez-vous médical le plus difficile à obtenir en 2024 en France ?
- Speaker #3
Tant donné que je suis une femme et que c'est quelque chose que je vis au quotidien souvent, je dirais les rendez-vous gynécologiques, parce que c'est une médecine particulière à la femme. Et donc qui va être sociétalement moins prise au sérieux dans cette société patriarcale. Surtout, c'est des rendez-vous qu'on doit renouveler souvent pour des contrôles de pilules, contrôles de santé, etc. Et il y a un peu trop de tabous autour de ça. Et les rendez-vous, ils sont vraiment toujours trop longs. Pendant des mois, on peut patienter. Alors parfois, il y a des urgences et que c'est important.
- Speaker #0
10% des Français vivent dans un désert médical. Comment l'IA pourrait aider à rendre les soins de santé plus accessibles pour tout le monde ?
- Speaker #4
Je pense que ce sera intéressant de rendre accessible l'IA aux médecins et aux professionnels de santé pour justement faciliter leur quotidien et pour qu'ils gagnent en productivité et comme ça ils pourront voir plus de patients. Une IA qui permettrait d'optimiser les plannings pour faire en sorte que les rendez-vous avec les mêmes besoins se suivent, avec le même matériel et comme ça les professionnels de santé peuvent être un peu plus efficaces.
- Speaker #0
Les visites médicales assistées par l'IA permettent aux médecins de voir plus de patients sans augmenter leurs heures de travail et ainsi apporter une réponse aux déserts médicaux. Pour ou contre ?
- Speaker #5
Plutôt contre.
- Speaker #0
Pourquoi ?
- Speaker #5
Pour moi, remplacer l'humain, c'est compliqué à l'heure d'aujourd'hui. Je pense qu'on a besoin de contacts pour parler notamment de problèmes et je vois mal l'IA résoudre ça. Par contre, avoir de l'IA pour aider dans... Pour avoir un rendez-vous plus vite ou pour même les suivis médicaux, ça pourrait être cool. Pas parler à une IA, en tout cas de mes problèmes médicaux, ça je ne me vois pas du tout le faire.
- Speaker #0
Alors on a des réactions très tranchées. Qu'est-ce que vous en dites ?
- Speaker #1
Alors je partage ces opinions et en fait moi je remarque quelque chose d'autre également. Surtout lorsque je suis face à un médecin avec lequel j'ai pris un rendez-vous. Souvent ils me disent qu'ils ont plein de personnes qui ne se pointent pas au rendez-vous. Donc ça en plus... de leur emploi du temps chargé, ça fait que tout ça combiné, c'est très difficile d'avoir des rendez-vous.
- Speaker #0
Olivier ?
- Speaker #2
Les avis sont tranchés et peut-être un peu à l'opposé de ce qui va se passer en termes d'évolution de la pratique médicale, notamment vis-à-vis de l'IA. Mais l'avenir nous le dira.
- Speaker #0
Par méconnaissance aussi de ce qui va arriver.
- Speaker #2
Par méconnaissance de ce qui va arriver.
- Speaker #0
Alors Louis, un tiers de la population française réside dans ce qu'on appelle un désert médical. selon le site gouvernemental Vipublic. On en a parlé tout à l'heure. Souvent, on imagine que ces zones se trouvent en milieu rural ou éloigné, mais le plus grand désert médical pourrait ne pas être là où on l'imagine. Et on en a parlé. Est-ce que tu peux, pour commencer, nous expliquer ce que ça veut vraiment dire un désert médical ?
- Speaker #1
Alors un désert médical, c'est très simple. Il y a deux variables qui le définissent. Première variable, c'est la dimension spatiale. Donc en fait, la distance entre le patient et le médecin. Combien de temps est-ce que ça met pour aller au lieu de rendez-vous ? Première dimension spatiale et ensuite la dimension temporelle. On peut avoir un rendez-vous au bout de combien de temps ? On a vu juste avant que par un ophtalmo, c'était autour de 51 jours en général. Donc en fait, c'est ces deux facteurs-là, temporel et puis au niveau de la distance, qui définissent le désert médical.
- Speaker #0
Et donc, ce qu'on se disait aussi tout à l'heure, le plus grand désert médical en France, c'est l'Île-de-France.
- Speaker #1
C'est ça.
- Speaker #0
Quelles sont les spécialités médicales les plus touchées ? Aujourd'hui ?
- Speaker #1
Aujourd'hui, il y en a quatre principaux. On l'a vu, il y a les généralistes, il y a les ophtalmologues, et il y a également les dermatologues et les gynécologues. C'est surtout ces quatre spécialités-là qui sont très touchées par la désertification médicale.
- Speaker #0
Et on sait pourquoi ?
- Speaker #1
Parce qu'il y en a beaucoup qui partent à la retraite dans ces spécialités, notamment chez les généralistes. Les généralistes ont une moyenne d'âge qui est très élevée, donc il y en a beaucoup qui partent à la retraite. Et pour les autres spécialités comme les gynécologues, les dermatologues ou les ophtalmologues, c'est un petit peu la même chose et on a trop peu par rapport à la population, effectivement.
- Speaker #0
Donc globalement, on est sur un problème de départ à la retraite. Ce n'est pas un problème de numerus clausus au niveau des étudiants. C'est essentiellement un vieillissement de la population des médecins.
- Speaker #1
Alors il y a également le fait qu'il y a moins d'étudiants dans ces spécialités-là que dans d'autres spécialités. Donc il y a ça, combiné justement avec les départs à la retraite.
- Speaker #0
Ok. On reviendra justement tout à l'heure sur ta solution. Pour lutter contre la pénurie de médecins... Il y a déjà des initiatives, comme des cabines de téléconsultation qui se sont fortement développées ces dernières années en France, avec désormais plusieurs milliers d'unités installées dans différents lieux publics et privés. Poiloui, tu as créé Dr4All, c'est une solution qui va encore plus loin dans la réponse aux déserts médicaux. Comment ça marche ?
- Speaker #1
Exactement. Donc Dr4All, qui est dans le contexte du programme Qu'est-ce qu'il y a, c'est une plateforme qui est dédiée aux collectivités territoriales, aux entités publiques comme des villes, des communes. pour leur donner justement une visualisation plus poussée et plus complète de l'état du désert médical sur leur territoire, pour qu'ils puissent mieux voir, mieux comprendre. Donc en fait, très concrètement, ce sont différents schémas, donc des maps, des cartes avec des zones de chaleur qui indiquent la gravité du désert médical par le passé, aujourd'hui également, demain. Demain, car on a un modèle prédictif d'IA qui prédit l'évolution des déserts médicaux. Par rapport à plein de variables, donc les étudiants qui sortent d'école de médecine, le vieillissement de la population, plein de données sur la population, mais également, surtout, le nombre de médecins qui partent à la retraite.
- Speaker #0
Et donc vous êtes en capacité, là, d'ici deux ans, trois ans, cinq ans, de donner un état du nombre de médecins disponibles en France et... D'éveiller peut-être aussi les consciences par rapport à ça ?
- Speaker #1
Effectivement. Et nous, ce qu'on a souhaité faire, c'est justement de mettre ça en lumière et de révéler cette information chez les étudiants en école de médecine et d'essayer d'orienter les étudiants vers les spécialités et les rôles qui sont urgents à remplir. Parce qu'aujourd'hui, les étudiants suivent un petit peu les tendances. Il y a des spécialités qui sont plus tendances que d'autres. Nous, en fait, on essaye de leur faire une carte aussi qui va les inciter à aller vers ces spécialités-là et aussi les métiers dans certaines zones et de mapper également les incitations d'État, des incitations financières, mais également d'aide administrative pour les pousser à aider la situation.
- Speaker #0
Alors toi, tu as fait un POC sur la région Île-de-France, à l'instant T, là, sur la région Île-de-France. Quelles sont les prédictions ?
- Speaker #1
Pour l'année prochaine, par exemple, on a prédit 5% de plus. sur le nombre d'habitants qui habitent dans un désert médical sur l'île de France. Donc aujourd'hui, en île de France, il y a 60% des habitants qui habitent un désert médical. Et l'année prochaine, d'ici fin 2025, ce sera autour de 65-66%. Donc la situation, elle est assez...
- Speaker #0
Oui. La France est reconnue comme pionnière dans l'utilisation de l'intelligence artificielle pour le diagnostic médical, notamment en radiologie. En quoi l'intégration de l'IA dans ces processus représente-t-elle une révolution, particulièrement dans le diagnostic des patients ?
- Speaker #1
L'IA dans le diagnostic des images médicales est une vraie révolution, parce qu'elle permet de faire un diagnostic très rapide en quelques minutes, on peut avoir un compte rendu de l'IA. également la précision de ces outils-là d'intelligence artificielle sont très élevés. On est autour de 100% de précision dans le compte-rendu. Et ça permet justement de prendre en charge beaucoup plus de patients sur un même laps de temps, également d'accélérer la prise en charge des patients aux urgences notamment. Grâce à l'IA, on peut faire un pré-diagnostic du patient et de lister les patients en fonction de la gravité et de les prendre en charge par... par classement de gravité. Par exemple, quelqu'un qui rentre dans les urgences, on ne sait pas s'il y a quelque chose de grave ou de bénin, et on va lui faire passer très rapidement un examen. L'IA va donner un compte rendu en quelques minutes, et on va voir quelle est la gravité, et on va le prendre en charge en fonction de cela.
- Speaker #0
C'est quel type d'examen ?
- Speaker #1
Ça peut être, par exemple, pour une fracture, pour plein de choses différentes.
- Speaker #0
Mais c'est surtout de la radiologie ?
- Speaker #1
Aujourd'hui, l'IA en imagerie... médical, ça va toucher toutes les spécialités, cardiologie, oncologie. Mais dans les urgences, c'est beaucoup les fractures.
- Speaker #0
Louis, parmi les grandes tendances, il y a aussi les jumeaux numériques.
- Speaker #1
Effectivement, c'est une des tendances dont on entend beaucoup parler en ce moment. Ça a été beaucoup montré, notamment à la RSNA, le plus gros salon de radiologie au monde, qui était à Chicago très récemment. Tout le monde en parle. Et en fait, qu'est-ce que c'est le jumeau numérique ? Le jumeau numérique des patients, qui est également connu sous le nom de patient numérique, est une représentation virtuelle et détaillée, très détaillée même, d'un patient qui est basé sur énormément de données médicales et biologiques. Ces données sont ensuite intégrées ensemble et analysées à l'aide de l'intelligence artificielle et de l'apprentissage automatique, comme dit en anglais le machine learning, pour créer un modèle virtuel personnalisé du patient. Ce modèle du patient simule le fonctionnement du corps du patient et permet aux médecins quelques révolutions. Première évolution, de comprendre beaucoup plus la physiologie individuelle du patient. Également de prédire la progression des maladies, donc d'anticiper l'évolution des maladies chroniques et également d'identifier les patients à risque de complications. Ensuite, on peut également tester des traitements virtuellement sur le patient. Donc on peut simuler des effets de différents traitements sur le jumeau numérique avant de les administrer aux patients. Cela réduit les essais cliniques et les risques potentiels. Donc en quelques mots, pour résumer un petit peu, Merci. Ces explications techniques, comme le nom l'indique, c'est un jumeau, une représentation extrêmement similaire de notre corps, quasiment à l'identique. En fait, au lieu de tester sur notre corps avec du risque, on le teste sur le jumeau numérique. Et aussi, on peut accélérer le temps sur le jumeau numérique, ce qu'on ne peut pas faire avec notre vrai corps, et justement de prédire et de voir l'avenir par rapport à plein de facteurs. sur le corps. Par exemple, aujourd'hui, on a une maladie. On peut accélérer le temps au niveau du jumeau numérique et voir dans X années où en sera la maladie.
- Speaker #0
Donc, ça permet de comprendre la physiologie individuelle du patient, ce que tu disais, prédire des progressions de maladies, tester des traitements. Et on peut aller encore plus loin parce qu'il y a aussi, tu m'en as parlé précédemment, des organes artificiels.
- Speaker #1
Il y a également une troisième tendance qui est assez importante. On relève également de la biotechnologie, pas que la technologie médicale. Ce sont les organes artificiels. Aujourd'hui, on est capable d'imprimer en 3D des organes et remplacer comme ça les organes défectueux ou manquants des patients. C'est une vraie révolution et la France est assez pionnière là-dedans, comme dans l'IA d'imagerie médicale. Pour donner un exemple, il y a eu une première mondiale d'implantation réussie d'un organe respiratoire artificiel qui a été réalisé chez 12 patients. à l'APHP à Paris. C'est une vraie révolution.
- Speaker #0
Alors Olivier, je me tourne vers toi. En Europe, la réglementation sur la protection des données est très stricte. La création de jumeaux numériques, je reviens sur les jumeaux numériques, ça soulève nécessairement la question de la préservation des données. Et puis il y a aussi des questions éthiques, qui peuvent être développées à l'insu du patient. Toi, quelle est ta vision sur une adoption de cette tech ici en France et plus largement en Europe ?
- Speaker #2
Tu l'as dit dans la question... la réglementation va être le point clé. Un dicton qui dit les Américains inventent, les Chinois copient et les Européens réglementent. En ce qui concerne l'IA particulièrement, on est exactement dans ce schéma et on est en train de créer une grosse réglementation autour de l'IA qui, pour certains aspects, va être renforcée au niveau national et on est sur la ligne critique. d'une réglementation qui va être trop contraignante pour laisser la place à l'innovation. Et le jumeau numérique va être la victime de cette réglementation si on ferme trop ou si on n'a pas les outils nécessaires pour garantir à la fois l'éthique, l'utilisation des données, la conservation des données dans des environnements à la fois sécurisés mais aussi avec un contrôle de ce qui est fait sur ces données. adapté à la réglementation et inversement, c'est-à-dire la réglementation adaptée à l'état de l'art actuel, on prend le risque en Europe d'être en queue de peloton de l'innovation, puisque les approches, laissons les Chinois de côté, mais l'approche américaine est strictement orthogonale à celle européenne. Aux États-Unis, ils laissent faire et ils réglementent au moment où il y a une dérive. Donc l'innovation est non seulement pas freinée, Mais elle est en plus encouragée, puisqu'on sait que c'est si on va trop loin ou s'il y a une dérive, qu'il y aura une réglementation, qui est en général en plus une réglementation qui est co-construite avec les acteurs, ce qui est rarement le cas en France où on est plus dans un top-down assez dur, notamment en médecine.
- Speaker #0
Et ça pourrait être une réponse aux déserts médicaux, ce jumeau numérique ?
- Speaker #2
Alors, le jumeau numérique est un des atouts. une des briques pour répondre aux déserts médicaux. Il y en a plein d'autres. On pourrait en parler pendant dix podcasts parce que c'est un sujet extrêmement large et extrêmement intéressant. Mais oui, c'est une des briques à condition qu'on arrive à embarquer le corps médical dans l'aventure IA et que le corps médical ne soit pas un frein à l'aventure IA. Et ça, aujourd'hui, on n'a pas de réponse. On est sur un statu quo puisque l'IA, même si elle est arrivée depuis des années en radiologie, En termes de diagnostic ou de jumeau numérique, elle n'est pas encore dans le quotidien des médecins.
- Speaker #0
Et les cabines de consultation aussi ? Je n'ai pas le droit d'y aller ?
- Speaker #2
Ah si, si, les cabines de consultation...
- Speaker #0
Attends, je t'en faisais la question. Et les cabines de consultation aussi, il faut embarquer le corps médical ? Qu'est-ce qu'il faut faire ?
- Speaker #2
Les cabines de consultation, il faut embarquer, il faut déjà trouver la bonne configuration. Parce qu'aujourd'hui, on teste beaucoup de cabines, il y a des configurations qui ne conviennent pas. Donc il faut déjà trouver la bonne configuration, ensuite embarquer le corps médical, peut-être élargir le corps médical sur des spécialités liées aux cabines de téléconsultation. Et puis il faut embarquer la population, puisque le micro-trottoir était significatif sur ce point. La personne interrogée expliquait que non, on ne peut pas remplacer le médecin par quoi que ce soit, ça n'existe pas. Alors que techniquement, on a quand même des choses intéressantes à dire là-dessus. Il faut embarquer la population. Et cet embarquement de la population, il n'est pas encore fait. Il est en cours et il va être beaucoup drivé par les GAFAM qui ont mis quelques milliards de dollars de gaz pour aller dans cette direction.
- Speaker #0
Finalement, l'avenir, c'est en tout cas pour lutter contre les déserts médicaux, c'est une combinaison entre une adoption... L'embarquement du corps médical, des prédictions comme le fait Louis avec Dr. Forall, c'est un peu un ensemble de tout ça et un changement des mentalités aussi.
- Speaker #2
C'est une grosse marmite dans laquelle il va falloir mettre tous ces ingrédients en conservant à l'esprit, à mon sens, qu'on ne fera pas tout par la technologie, mais on ne fera pas tout par l'humain. puisque l'humain va être dépassé par l'IA. Et si on reprend le mantra de Bill Gates, effectivement, l'IA ne remplacera pas l'humain, ni dans le médical, ni ailleurs. Par contre, l'humain qui n'utilise pas l'IA sera remplacé par l'humain qui utilise l'IA. L'IA, il faut vraiment le voir comme un assistant, un démultiplicateur de savoir, un démultiplicateur de puissance au service de l'humain. et c'est Dans cette direction qu'il faut embarquer à la fois la population et, dans le cas précis, le corps médical, si on veut avoir une efficience et une optimisation de ce couplage entre la tech et l'humain.
- Speaker #0
Alors, la transition est parfaite, merci Olivier. Pour conclure, est-ce que vous pourriez partager chacun des conseils sur comment nos auditeurs, qu'ils soient citoyens, professionnels de santé, peuvent contribuer ou tirer parti des avancées technologiques médicales et de l'IA pour lutter efficacement ? contre ces déserts médicaux ?
- Speaker #2
Toujours les mêmes idées, toujours le même mantra qui était partagé d'ailleurs par Morad, tester, tester ce qui est mis à votre disposition. Les concitoyens ont accès à des centaines d'outils, faire attention à ce qu'ils soient labellisés, à ce que ça ne soit pas n'importe quoi, mais tester, si vous avez une cabine médicale à côté de chez vous, testez-la. Peut-être que ça vous conviendra, peut-être que c'est... une des réponses au désert médical. L'optimisation, l'anticipation des besoins en médecins par territoire est une autre brique. Le jumeau numérique est une brique. On va voir apparaître les bagues connectées, après les montres connectées. On va voir apparaître les jumeaux numériques dans les miroirs de salles de bain qui vont permettre d'avoir une efficacité sur la prévention, sur la détection très en amont de maladies, qu'elles soient chroniques ou aigües. On a énormément d'outils qui existent aujourd'hui technologiquement. On parlait des organes artificiels, mais on a aussi une autre voie qui est extrêmement intéressante, qui est assez peu traitée en France, mais beaucoup aux États-Unis, qui est la chimère. Donc en utilisant, là ils utilisent des cochons génétiquement modifiés pour remplacer les organes humains avec... Tous les avantages de la modification génétique, puisque depuis CRISPR-Cas9, c'est assez facile, entre guillemets, de faire de la manipulation génétique, pour qu'il n'y ait pas de rejet. Donc le phénomène de rejet est strictement annulé par ces nouveaux organes. Donc il y a beaucoup, beaucoup de pistes. qui techniquement sont soit en cours de développement, soit opérationnels, et qui arriveront, puisque dans le médical, il faut compter une dizaine d'années entre la réalisation et la validation technologique d'une avancée quelle qu'elle soit, et puis la mise à disposition auprès du grand public. Donc toutes ces connaissances, on les a aujourd'hui, elles vont arriver d'ici une dizaine d'années sur le marché. Ça posera des vraies questions éthiques. Qui paye la modification génétique du cochon ? Qui paye l'organe artificiel ? À quel titre ? Pour quel usage ? Voilà, donc c'est tout ça qui sont des questions intéressantes sur le plan éthique. Et demain, l'IA en santé, comment est-ce que le grand public peut y avoir accès ? Comment on traite les erreurs de l'IA ? comment on traite les hallucinations de l'IA, s'il en reste, même si d'ici quelques années, on va arriver à des taux d'accuracie de quasi 100%. Voilà, toutes ces questions-là sont des questions sociétales et non pas des questions techniques, puisqu'encore une fois, tout ça est déjà présent, soit dans les labos, soit dans les préséries, et tout ça est prêt à être utilisé.
- Speaker #0
Sociétal et de communication aussi.
- Speaker #2
et de communication, et de politique, et économique. Il y a beaucoup, beaucoup de choses.
- Speaker #0
Oui, il y a quelque chose à ajouter par rapport à tout ça ?
- Speaker #1
Rien de plus, je pense que je partage le même sujet. En tout cas, j'ai hâte de voir ce que donne la suite de l'innovation justement dans la technologie médicale et aussi dans la biotech.
- Speaker #0
Est-ce que vous avez des ressources à partager pour les auditeurs qui voudraient justement s'acculturer à ça ?
- Speaker #1
Alors pour cela, il y a plein de salons. Dans la technologie médicale, dans la biotechnologie, il y a Sant'Expo là très bientôt. Il y a les JFR, les Journées francophones de radiologie. Il y a plein de salons.
- Speaker #0
C'est ouvert à tous ?
- Speaker #1
C'est ouvert à tous, si je ne me trompe pas, la plupart des salons. Donc vous pouvez venir jeter un coup d'œil aux différentes technologies, voir les machines, ça peut être les scanners, les IRM, mais aussi toute la partie informatique, les celles d'IA qui vont et déjà vous diagnostiquent. Comme je l'ai dit auparavant, prenez en main votre santé, renseignez-vous. Et je pense qu'il ne faut pas avoir peur de toutes ces innovations. Il faut les adopter. Et elles révolutionnent déjà le monde.
- Speaker #0
Olivier, une ressource ?
- Speaker #2
Toujours la même, tester, fréquenter les salons, dont VivaTech, qui est un salon tech qui s'intéresse beaucoup aux médicales. Tester, tester par vous-même. Si j'osais, je dirais... Testez ChatGPT tel qu'il est proposé au grand public dans sa version 4.32k sur des questions médicales. Vous serez surpris de ce qu'il pourra vous raconter. Donc testez, tenez-vous au courant, développez l'esprit critique par rapport à ce que vous pouvez consulter.
- Speaker #0
Merci à tous les deux. À présent, je vous propose d'ouvrir nos chakras de la réflexion. On adore ça ici. Avec Olivier, c'est à toi.
- Speaker #2
Merci Marine. La santé de demain, c'est un sujet qui nous concerne tous chaque jour, nous en rapproche un peu plus. Et c'est au cœur des enjeux sociétaux et économiques de ce siècle. On en a parlé un petit peu avant. La santé est un droit fondamental. Elle est inscrite dans la Déclaration universelle des droits de l'homme. Elle est aussi une condition essentielle pour le bien-être, on y reviendra, pour le développement et la prospérité de nos sociétés. Une société en bonne santé est une société... plus productif qu'une société malade. Mais même inscrit dans la Déclaration universelle des droits de l'homme, il faut vivre dans une grotte pour ignorer les inégalités, parfois croissantes, d'accès aux soins de nos concitoyens. On en a parlé, 62% en Ile-de-France, bientôt 65 ou 66% en Ile-de-France. C'est assez dramatique, je rajoute un chiffre, 11% de nos concitoyens de plus de 17 ans n'ont pas de médecin traitant. Donc la cartographie est connue. Son remède l'est un peu moins et l'outil de prédiction s'inscrit dans l'arsenal nécessaire aux décideurs politiques pour aménager le territoire. L'IA dont on a cessé de parler et dont on ne cesse de parler à toutes les sauces est évidemment au cœur de ces innovations, devenue une révolution par l'accélération de cette dernière. Et si le numérique offre des possibilités inédites pour réduire les distances, faciliter les communications, optimiser le parcours de soins, faciliter la télémédecine, la téléconsultation, la télésurveillance, etc. Et ce, depuis longtemps, l'intelligence artificielle fait également une entrée fracassante dans l'optimisation et le diagnostic. Pas une semaine ne passe sans démontrer que l'IA est bien supérieure à l'humain dans une spécialité médicale connue.
- Speaker #0
Dernier en date, l'ophtalmologie qui a plié l'humain à plus de 80%. Par ces essais et ces avancées, on se rapproche de l'instant tant attendu par les patients ou tant redouté par la communauté et les médecins, où l'IA sera en mesure de produire des diagnostics allopathiques complets, bien plus finement que n'importe quel être humain. Le point de singularité médical. invention personnelle que je définis par l'instant où la machine sera supérieure en tout point à l'homme dans le diagnostic, ne cesse de se rapprocher. Mais ces technologies ne sont pas une panacée. Elles posent des problèmes éthiques, juridiques, sociaux, sociétaux. Comment garantir la protection des données personnelles de santé ? Comment assurer la fiabilité, la transparence, l'explicabilité, la traçabilité des algorithmes ? Comment éviter les biais, les discriminations, autant que faire se peut les erreurs ? Voilà quelques questions encore sans réponse auxquelles il est nécessaire d'ajouter celles concernant les professionnels de santé et la question de leur formation. À quoi ressemblera un médecin en 2040 ? Comment accompagner les usagers dans l'appropriation de ces outils ? Comment réguler le marché et le partage de la valeur entre les acteurs ? Comment régler un conflit entre IA et humains sur une différence d'interprétation ? Ces questions nous renvoient à la dimension humaine de la santé, qui ne peut se réduire à une simple affaire technique ou économique. La santé est aussi une affaire de sens, de valeur, de choix, de responsabilité et en Europe de solidarité. C'est pourquoi il est important de réfléchir aux finalités et aux principes qui doivent guider l'évolution de la santé de demain. Paul Ricoeur a développé le concept de capabilité en économie. On peut l'appliquer à la santé et ce concept de capabilité, qui a été déjà emprunté à l'économiste Amartya Sen, désigne la capacité d'un individu à accomplir les activités qu'il juge importantes pour sa vie. en fonction de ses aspirations, de ses projets, de ses valeurs. La « capabilité » est donc une mesure du bien-être qui ne se limite pas au niveau de revenu ou au statut social, mais qui prend en compte la liberté et la diversité des choix possibles. La santé n'est pas seulement l'absence de maladie, mais la possibilité de vivre pleinement sa vie selon ses propres critères. Ainsi, la santé de demain ne doit pas seulement viser à soigner les malades, mais à promouvoir la capabilité de chacun en tenant compte de sa singularité de sa situation, de ses besoins, de ses attentes. Ça implique de repenser le modèle de soin en passant d'une logique centrée sur la maladie, la médecine allopathique, peut-être vers une logique centrée vers la personne, la médecine holistique, en favorisant, grâce à la technologie, la prévention, l'éducation, la coordination, la participation, l'empowerment, etc. Une fois qu'on a dit tout ça, on peut poser une question simple. Est-ce que l'IA est le moteur d'un changement sociétal ? Vous avez 4 heures.
- Speaker #1
Olivier, tu nous laisses sans voix. C'est une excellente question. Merci à tous les deux d'avoir partagé votre vision, vos connaissances sur ce sujet. Nous vous mettons toutes les ressources dans la description de l'épisode. Je vous dis belle journée et à très vite.
- Speaker #0
À très vite.
- Speaker #1
Et voilà, chers auditeurs, c'est tout pour cet épisode de Tendance Inno. Un grand merci pour votre écoute. Nous espérons que vous avez trouvé cette discussion aussi enrichissante et inspirante que nous. N'oubliez pas de vous abonner pour ne manquer aucun de nos futurs épisodes. Vous pouvez retrouver Tendance Inno sur toutes les plateformes de podcast, YouTube et Dailymotion. Si vous aimez ce podcast, faites-le nous savoir et aidez-nous à le faire connaître grâce à vos commentaires et à vos partages. Pour plus de contenu sur les technologies émergentes, suivez-nous sur les réseaux sociaux de DocaPost et de Wagmeetrends. A bientôt pour un nouvel épisode, placé sous le signe de la tech, du Web3 et de l'innovation. D'ici là, continuez à explorer, à innover et à créer.