Speaker #0Salut à tous et bienvenue sur Tentative, le podcast qui laisse la parole à celles et ceux qui ont tenté de nouvelles expériences et qui en sont ressortis grandis. Vous écoutez l'histoire de Lol, un photographe de concert qui a tout plaqué pour se poser un peu chez lui en Auvergne. Il a alors tenté le parapente en bi-place avec un copain et ça a littéralement changé sa vie. Bonne écoute ! Je m'appelle Lol, L-O-L-L. C'est flamand, c'est bizarre, c'est atypique, mais je pense que c'est un prénom qui a prédestiné en fait le fait que ma vie était atypique et remplie de plein de choses. Et bientôt la cinquantaine, ça pique. Ça fait mal de le dire. Bientôt la cinquantaine mais dans la tête 25. Donc ça va. Aujourd'hui on va parler de la pratique du parapente via le prisme d'un noob, d'un gars qui n'en a jamais fait de sa vie et qui a toujours rêvé d'en faire, et qui devient enfin ce qu'on appelle un volant, qui a enfin la capacité à s'extraire de ce monde et à s'élever un tout petit peu, au sens propre comme au sens figuré. Première expérience avec le vol, je pense que je devais avoir entre 8 et 10 ans. Mon père m'amène à un aéroclub, pas bien loin de chez moi, dans le trou du cul du monde. C'était un dimanche. Et il me dit, viens je vais te faire essayer un truc. Et il avait des potes à lui qui avaient monté le paraclub, donc du parachutisme. Et ils avaient installé un treuil pour faire du parachute ascensionnel. Ni plus ni moins, c'était un vieux moteur de voiture accroché à une roue qui tournait dans le vide et qui enroulait un câble. Accroché à ce câble, tu avais un parachute. Et accroché au parachute, tu avais moi, 8 ans, tout seul, qui ne comprend rien à ce qui va se passer. Il me sangle, il me harnache. Et il me dit, tu tiens bien le baudrier avec les mains. Et quand on te dit cours, tu cours. Et puis il y a un grand moustachu à 20 mètres qui a gueulé cours J'ai pas eu le temps de courir, que déjà j'étais à 2 mètres du sol. Et j'étais partagé entre un sentiment de terreur totale, parce que je me retrouve gamin en train de monter en l'air, et de, je sais pas comment dire, j'étais complètement extatique. Je comprenais pas ce qui m'arrivait, je comprenais pas les sensations qu'il y avait, et là tu découvres que tu peux voler, tu découvres que t'es pas obligé de passer toute ta vie, les pieds ancrés au sol, tu pèses plus rien, t'es tout seul, y'a plus de bruit. Et puis d'un coup le treuil... tire le câble et le câble arrivé en tension se détache tout seul et là tu planes et là tu planes et tu vois tout d'en haut tu dis mais c'est génial mais je veux faire ça toute ma vie en fait je veux voler toute ma vie quel que soit le principe quel que soit le moyen je veux m'élever toute ma vie quoi bon quand tu es gamin tu as juste envie de t'élever physiquement et quand tu es un peu plus vieux quand tu es un peu plus adulte tu comprends que t'élever c'est pas que physiquement mais tu peux t'élever aussi spirituellement et de manière psychologique mais ouais dans le fond dans la forme j'avais vraiment envie de m'élever à partir de ce moment là quoi et ça reste un souvenir ultra marquant notamment parce que c'est un des rares trucs que j'ai fait avec mon père et ce qui est assez marrant c'est qu'ils m'amènent faire ce truc je décolle je vole tout seul j'atterris je tombe mais littéralement comme une merde les genoux dans le menton rouler en boule en plein milieu d'un aérodrome dans un pré avec des vaches et de la bouse il vient me chercher il me secoue il me tape sur l'épaule et on n'a plus jamais à reparler de notre vie Je me souviens du trajet retour en voiture. C'est une des premières fois où je montais à l'avant comme un grand. Je tournais la tête vers lui et j'essayais de voir s'il allait m'en parler, s'il allait me demander comment c'était passé. Rien du tout. Moi, je me dis bon, il ne faut pas en parler. On n'en parle pas. On va rester là-dessus. Et je n'ai jamais eu l'occasion d'en reparler avec lui. Je pense que c'était un truc fondateur de ces moments à part que tu as quand tu voles. Quand tu es en l'air, tu as une espèce de temporalité qui est différente. Là, j'ai eu l'impression de passer 40 ans avant tout le monde, de découvrir le multiverse et de passer dans un multiverse de calme. Je ne sais pas, c'était très particulier, une temporalité vraiment étrange. En réalité, je pense que ce vol a dû durer 3 minutes, même pas 2 minutes. J'ai dû monter à 100 mètres. Mais tu as 8-10 ans, tu es haut comme 3 tronions de chou, tu ne pèses même pas un demi-sac de ciment. et on arrive à te lever en l'air comme ça, c'est un truc phénoménal. Pour moi, ça a duré des heures. Quand t'es au fin fond du trou du cul du monde dans ta campagne, que t'as pas l'habitude de regarder la télé, que t'es pas au fait des actualités, que t'as même pas conscience qu'il y a d'autres pays, d'autres cultures, d'autres trucs et tout, et là on te fait voler. Et tu fais waouh Et ça j'en ai jamais refait. J'aimerais bien réessayer. Juste pour voir si je monte à 150 mètres et que je chiale comme un gamin de 8 ans qui revit son moment Madeleine de Proust, un peu le truc déclencheur. Après avoir occulté complètement cet épisode aérien, l'avis a repris son cours. Mon père étant photographe, reporter dans la presse, j'ai toujours eu des appareils photos à dispo. Enfin à dispo dans une armoire qui était fermée, qu'il ne fallait absolument pas que je touche. Donc bien évidemment quand tu dis à un gamin ne touche pas, il ne faut pas s'en servir, le premier truc que tu fais c'est de le piquer pour aller l'essayer. Je me mets à faire de la photo tranquillement dans mon coin, je m'achète un petit appareil photo, je fais tout le temps des photos à droite à gauche, je fais surtout des photos des copains. Puis on se met à faire de la musique, puis on aime tous la musique, puis je fais des photos de concerts et ainsi de suite. Et je rêvais de faire ma vie dans la musique. Je rêvais pas d'être musicien. d'être chanteur ou quoi que ce soit, mais je rêvais de bosser dans la musique. Un jour, je reviens de l'école, j'arrive, je monte les escaliers 4 à 4, et plus je monte et plus j'entends qu'il y a du bruit dans le couloir et dans les escaliers, j'arrive au dernier étage, sur le palier où on était, et il y a un mec qui ouvre des placards, qui tire des câbles, la porte de l'appartement est ouverte. Je comprends pas, ma mère me fait Viens vite, prends ton goûter, après je te montre, il y a une surprise, tu vas voir. En fait, le mec était venu nous installer trois nouvelles chaînes. On passait de la 1, la 2 et la 3 à Canal+, la 5 et M6, qui venaient juste d'être en place. Et ma mère me fait manger mon goûter, je saute devant la télé, j'allume la télé, je prends la télécommande, 1, 2, 3, je mets la 4, et là, le logo du Top 50 qui commence, le présentateur qui fait Ouais, salut les petits clous, bienvenue sur le Top 50 aujourd'hui, toujours numéro 1, David Bowie avec Let's Dance Et là, paf, épiphanie, je me prends un choc dans la gueule, je vois ce mec avec une classe absolue british, avec son costard 3 fois trop grand, les manches relevées, les épaulettes, qui chante Let's Dance, je me dis Mais c'est ça que je veux faire, je veux être guitariste pour ce mec Je veux être sur scène à côté de lui. Je veux vivre le truc grâce à lui. Et en fait, mon rapport à la musique a tout le temps été... J'ai vécu la musique par procuration, en fait. Comme il s'avère que j'avais commencé la photo très tôt, je me dis, putain, tu vas faire de la photo de musique ? Personne ne veut en faire. Et là, en 96, première grande claque dans la gueule, j'arrive à un festival. Je me fais accréditer pour trois jours dans un festival qui s'appelait Rockomax. 20 000 personnes. J'ai mon petit sac à dos de rôle exploratrice qui se pointe devant le truc avec son passe. Et j'arrive, il est 13h30. Les concerts attaquent à 18. Le mec de la sécu me dit, mais qu'est-ce que tu fous là ? Je dis, je viens pour faire les photos. Il me fait, rentre si tu veux, c'est les balances. Je monte devant la scène, les yeux grands comme des billes, j'ai la bouche ouverte, je vois des mecs qui font de la musique. Et puis pendant ce temps-là, il y a un ballon de foot qui vient taper contre ma cheville, je me retourne, et le mec me dit, tu peux renvoyer la balle s'il te plaît ? Je fais, ouais. Il me fait, tu sais jouer au foot ? Je fais, ouais. Ah bah ça tombe bien, pose ton sac, t'es avec lui, lui et lui, et tu joues contre lui, lui et lui. Et là je me retrouve à 18 ans à jouer dans l'équipe de foot avec les Little Rabbits. et je joue contre les Stérophonics. Le soir même, je rencontre Gaëtan Roussel de Louis Attaque. Je discute avec mon idole absolu Tom Barman de Deus et je bois une bière avec Iggy Pop. Je lui serre la main, je regarde ma main et je me dis plus jamais je me laverai la main. Et là-dessus, je me dis, c'est ça que je veux faire. Et j'ai fait ça pendant 20 ans. Je pars en tournée avec des groupes, je fais des pochettes d'albums. Iggy Pop, je le recroise au moins une quinzaine de fois sur les 20 dernières années. On a une discussion qui dure sur 20 ans. Chaque fois qu'on se voit, il se souvient de moi. On essaie de finir la discussion qu'on a commencé en 96-97. On l'a toujours pas fini d'ailleurs. Et tu passes ton temps dans des avions, dans des hôtels, dans des taxis, dans des halls de gare, dans des TGV. Et t'es super content, tu fais un boulot de dingue. Puis j'ai le souvenir un jour de rentrer d'une prestat. Je monte dans un taxi et je regarde mon planning et je vois que j'ai rien pendant deux jours. Truc improbable depuis super longtemps. Je passe un coup de fil à mon meilleur pote. Je l'appelle, je lui dis putain Pat, qu'est-ce que tu fais ? J'ai deux jours de off, on se fait un truc et tout. Il me fait mais mec, on est mardi, il est 1h du matin, on a une vie quoi. Et là tu fais ah ouais, ok. Et là t'as tout qui se remet en cause. Et tu fais mais ouais c'est super, j'ai dit à 400 à l'heure. Et au final tu vois pas grandir les gamins de tes potes. T'as pas fait Noël avec ta mère depuis 10 ans. Tu sais plus quel mois on est. Tu rêves simplement d'un endroit pour poser ta brosse à dents et ton caleçon plus de deux jours d'affilée au même endroit, ça va pas, y'a un truc qui va pas. J'avais cette sensation de pas être à ma place nulle part. J'étais partout et en même temps nulle part. J'avais besoin de me trouver un endroit où j'étais bien. Et je décide de retourner me poser quelques temps là où je suis né, au fin fond de la route. De fil en aiguille, je retape des liens avec des potes que je n'avais pas vus depuis très longtemps. Je redescends un petit peu du piédestal de parisiens, new-yorkais ou londoniens qui vivaient à Saint-Rémy. à l'heure dans des sphères un petit peu plus élevées ou quoi que ce soit, et je me rends compte que c'est eux qui ont raison, ils font en fonction du temps, de la météo et des saisons, et j'ai plus mal à la tête, j'ai plus le dos qui se bloque, j'ai plus de crise d'angoisse, je dors mieux, donc voilà. Et un jour, il y a un anniversaire, je recroise le frère d'une des nanas avec qui j'étais à l'école, et moi je l'avais vu avec le prisme du gars qui a 4 ans de moins, tu vois, quand t'as 14 ans, celui qui a 4 ans de moins, c'est le petit. Et il s'avère qu'il est devenu instructeur de parapente. J'ai dit mais putain, faut que j'essaye ça. Faut que j'essaye, ça a l'air bien pour s'élever. Et puis on échange notre numéro, j'en rediscute avec sa soeur, elle me fait ouais t'as croisé mon frère et tout. Et puis un jour, il m'envoie un texto. Il me dit, demain matin, telle heure, si ça te dit, je te fais voler. Évidemment, j'y vais. Je ne sais pas à quoi m'attendre, j'ai les jetons, mais j'y vais. On se donne rendez-vous au sommet du mont de Nise, à côté du Puy-en-Velay. En fait, c'est un relais téléphone qui est au-dessus de la ville. Tu y accèdes en bagnole, tu gardes ta voiture au pied, tu fais 55 mètres à pied et tu es sur le site de décollage. On est en octobre ou en novembre, il fait un temps de merde. Il fait gris, il fait froid. Il fait humide et il arrive, il pose son matériel, il commence à déplier sa voile et je le regarde faire et j'ai l'impression de voir quelqu'un qui maîtrise son truc, mais à la perfection. Le moindre geste est efficient. Il tourne son sac dans le sens pour ouvrir sa voile dans le bon sens, qu'elle se déplie dans le bon sens pour que ses suspentes soient alignées, machin. Et il fait ça en discutant avec toi. en prenant le temps de dire complètement autre chose. Et en fait, à ce moment-là, je me vois moi avec mon matériel photo quand j'arrive en concert, quand je rentre dans la barrière crash entre le public et la scène, où je suis tellement habitué de faire des photos et d'être dans cette situation-là, qu'en fait, mon corps prend le relais. Et c'est une mémoire musculaire. Comment je me mets en place ? Comment je sors mon matos ? Comment je tourne la sangle de mon appareil photo autour du poignet ? Et lui, il fait ça avec un parapente, avec 25 mètres carrés de voile et de suspente. Il me donne le baudrier. Vas-y, mets-le comme ça, clips. Mets ton casque. Ok, t'accroches à côté de moi, viens là. me suis ok c'est à dire tu reste collé contre moi ok je me retrouve collé contre le frère de ma meilleure copine tu as ce côté contact physique avec un gars que tu connais pas si bien que ça au final et là il dit bon bah t'es prêt quand je te dis cours tu cours et surtout tu t'assois pas tu cours ok mais je cours où ? il me dit là bas Il pointe un truc, il me fait cours là-bas Il est dos à moi, je suis collé contre lui, il lève sa voile, la voile nous tire un petit peu parce qu'il y a un petit peu de vent, je fais un ou deux pas avec lui, il se retourne vers moi, il décroise les suspenses, il est dos à moi, il me fait cours ! cours et je cours mais comme un dératé mais je cours mais comme un mec sa vie elle est en jeu mais avec le sourire et aucune peur aucune notion du danger rien du tout c'est un décollage qui est un peu abrupt c'est à dire tu fais 10 mètres et d'un coup attention la marche quoi il me dit c'est bon tu peux t'asseoir je suis encore en train de courir ça fait dix secondes que les pieds touchent plus le sol et je me dis mais j'ai cette sensation de courir en l'air et de rien peser et de voler et comme il est derrière toi tu as l'impression que c'est toi qui dirige le truc parce que tu n'y a personne devant toi Et là, pendant 5-6 minutes, il joue avec le vent qui arrive en brise de terre, et il fait ce qu'on appelle du soaring, c'est-à-dire que... Comme si tu faisais du surf et que t'avais une vague perpétuelle. Cette vague, elle dure, elle s'écrase jamais contre la plage. Et lui, c'est pareil avec le vent. Il va la prendre un petit peu. plus loin, il revient, il profite de la descente de la vague et il remonte de l'autre côté et ainsi de suite. Et pendant ces 7 minutes, je crois que j'ai jamais parlé avec un niveau de décibels aussi élevé et je gueulais mais c'est trop bien, putain c'est le kiff et ça je m'en suis rendu compte après sur les autres vols. c'est qu'avec la caméra, des fois, tu te rends pas compte, mais tu hurles des trucs. Et t'as pas souvenir d'avoir dit des trucs. Je pense que pendant tout le vol, je lui ai cassé la tête. Et j'ai gueulé que c'était trop bien, que c'était génial. On va pour atterrir. Et au moment d'atterrir, on me dit, quand je te dis cours, tu cours. Et là, il me dit cours, mais mes jambes, elles courent pas. J'ai pas du tout envie de courir, parce que courir, ça veut dire retoucher les pieds au sol. Et je pense qu'inconsciemment, mon corps, il dit, non, je veux rester. Et je cours pas, et on s'écrase comme des merdes. Enfin, on s'écrase comme des merdes. On fait ce qu'on appelle un tas. C'est-à-dire qu'on arrive, et au lieu de se poser sur les jambes avec l'élan, et de faire ça. ça dignement, on se pose le cul dans l'herbe, qui frotte par terre avec l'airbag derrière, et on est à peine arrivé, la voile est pas encore retombée au sol, que je hurle dans tous les sens, mais putain, c'est ça que je veux faire, je veux trop en faire, putain, c'était génial, merci PJ, c'était trop fort, on y retourne, extatique, complet. Une décharge d'adrénaline, mais de dingue. Et là dessus, je lui dis mais comment on fait ? Comment on achète une voile ? Quand est-ce qu'on passe les stages ? Combien ça coûte ? Est-ce que j'en suis capable ? Est-ce que tu penses que tu pourrais m'aider ? Et je vois dans son oeil et il me dit Ouais c'est bon, t'es piqué Et ouais, je suis piqué, mais je suis piqué à fond quoi. Je suis piqué... Comme je pense 99% des gens qui font du parapente. C'est extrêmement rare de voir des gens, soit ils ont peur, soit ils sont malades en l'air, mais sinon tous les autres disent putain c'est génial, je vais en faire Et là c'est le début de la fin. C'est le début de la fin de vie sociale, c'est le début de la fin budgétaire. Tu penses qu'à ça, tu télécharges 22 applications de météo avec des vents différents et des modèles d'algorithmes différents et tu passes. ta journée, à regarder quand est-ce que tu peux aller voler. Et comme moi, je n'étais pas en capacité de voler, j'attendais ces coups de fil. Et comme il aimait bien les photos que je faisais, il me dit, écoute, demain, 17h30, coucher de soleil, il y a un truc à faire. Est-ce que tu veux venir faire des photos ? Et chaque fois que j'y allais, je ne savais pas si on allait faire des photos ou si on allait voler. Et je crevais d'envie que les conditions soient meilleures pour voler que pour faire des photos. Et pendant un an et demi, il me fait faire une dizaine de vols. Et il passe du statut de... petit frère de ma meilleure copine, que t'ignores complètement pendant toute ta adolescence, à mec qui maîtrise son art et qui devient ton mentor. Et là, la hiérarchie s'inverse et moi je deviens un gamin avec lui. Chaque fois que je suis avec lui, je suis un enfant. Je suis debout, raide comme un piquet, les mains dans les poches et je l'écoute. Et il m'engueule comme un gamin de 8 ans. Et je trouve ça juste génial. Donc là dessus, évidence, il faut que je vole. Aux yeux de la loi, tu peux acheter une voile et décider de voler tout seul, mais c'est impossible de voler tout seul si t'as pas les bases, si tu sais pas comment ça se passe. Donc il me donne le contact de l'école de parapente où lui était instructeur pendant 8 ans. Je laisse traîner l'affaire pendant très longtemps avant de m'inscrire parce que j'avais une copine à moi qui voulait le faire avec moi, les dates collent pas, machin. Et puis au bout d'un moment, au bout d'un an et demi, je dis bah rien à foutre, je le fais tout seul parce que là j'ai envie de le faire. J'attends trop et j'en ai marre d'attendre pour les autres, donc il faut que j'y aille. Je m'inscris. Le stage dure 5 jours, ça se passe au fin fond de la Haute-Loire, aux Estables, une petite bourgade qui est une petite station de ski, au pied du Maisin qui est le point culminant de la Haute-Loire à 1700 mètres et quelques d'altitude. Le premier jour on a rendez-vous à 9h, je suis à 8h12 devant l'école, je trepine comme un gamin, je vois notre nana qui arrive, je lui dis bonjour, on se connaît ni en noir ni en blanc, on est 7 élèves par stage d'initiation. Et tu le sais pas mais à ce moment-là, la nana qui te dit bonjour, ça va devenir ta meilleure pote de parapente, ça va devenir ta meilleure parapote. Et on échange deux trois conneries, on voit que ça match, on se regarde de travers, on fait ok, t'as l'humour douteux comme moi, on peut y aller, c'est parti. Et là on commence par du théorique. Pendant deux trois jours, comment ça fonctionne une voile ? Les principes physiques du vol, la gravité, le poids, la vitesse, ton indice de finesse de ta voile, tes suspentes, comment on freine, comment on tourne, comment on accélère. Et c'est d'une frustration extrême, parce que tu fais ça pendant quasiment deux jours sans toucher la voile. Et t'as qu'une envie, c'est de dire j'ai envie de le toucher, c'est une moto, j'ai juste envie de monter dessus et de la démarrer, je vais pas rouler avec, laissez-moi juste monter dessus. Et puis il arrive le moment où tu vas faire ce qu'on appelle tes premiers gonflages en pente école. C'est une pente avec très peu d'angles, qui est très longue, aucun obstacle autour. Et là tu vas apprendre à t'installer, te mettre en sécurité dans ton bauderie, dans ta sellette, déplier ta voile correctement, défaire tes suspentes si jamais il y a des... tours entre les suspentes et tous ces emmêlés, te mettre face au vent, comprendre comment il faut lever ta voile, quelles sont les positions à faire, tout ton schéma de routine pour te mettre dans les dispositions de décollage. Et tu fais ça pendant des après-midi entières. Tu lèves ta voile, tu cours face au vent, une fois que ta voile est au dessus de toi, tu essayes de la guider, tu essayes de la comprendre, tu essayes surtout de prendre des ressentis. Le parapente se fait beaucoup au ressenti et c'est là que c'est ultra frustrant parce que c'est totalement contre intuitif. Quand il y a quelque chose qui te tire d'un côté, instinctivement ton corps va tirer dans l'autre sens pour contrer cette force. En parapente c'est l'inverse. Ta voile te tire à gauche, tu l'accompagnes. Tu fais deux pas à gauche et tu la suis. Tu te remets à la verticale en dessous, tu te réalignes, tu te remets face au vent, elle va se remettre droite, et là, elle ne va pas lutter. Et en fait, tu passes ton temps à essayer de danser avec ta voile, alors que toi, tu veux aller dans un sens, et qu'elle, elle te dit. Non, t'es mignon, moi je vais aller là-bas. Et tu fais Non, mais en fait, moi je voudrais aller là-bas, s'il vous plaît. Fais Non, non, moi je t'amène là-bas parce que le vent, il est là-bas et que j'ai envie d'aller là-bas. Et c'est de la négociation permanente avec les éléments. Tu danses avec quelqu'un qui ne veut pas danser la même danse que toi. Et au final, t'essayes d'inventer une danse à deux pour trouver un compromis pour qu'elle fasse ce qu'elle a envie de faire par rapport aux lois de la physique et toi ce que t'as envie de faire par rapport aux lois du kiff et que tu veux aller là-bas. Et une fois que tu commences à comprendre le gonflage de voile, machin et tout, tu te retrouves là comme un con et tu sais plus quoi faire. L'instructeur il fait, et maintenant qu'est-ce qu'on fait ? Vous êtes venus pour faire quoi ? Pour voler, savoir, apprendre le parapente. Qu'est-ce que tu fais ? Eh bien vol, cours. Et là ça te paraît être une évidence, tu fais, putain mais oui en fait, je suis venu là pour ça. Et là ton premier vol, ce qui valide ton stage d'initiation, on passe avec un pot pas permis, parce qu'on a une petite éclaircie, pile au moment où on doit arriver, le soleil se lève, les nuages s'enlèvent, le vent est dans le bon sens, on est prêt à décoller. Et là on est avec les 7 clampins comme ça à attendre, et là il y a l'instructeur. qui fait, lol, allez, vas-y, montre. Je lui dis, mais en premier ? Il me dit, ouais, vas-y. Oh, bah, ok. Et là, à ce moment-là, il te dit, vas-y, passe en premier. Donc tu sens qu'il te dit, tiens, je te donne le bâton de confiance, montre aux autres. Alors là, t'as toute la peur qui s'en va. T'as plus aucune trouille, t'as plus aucune appréhension. Tu dis, là, le grand mage, le fils du vent, il t'a donné l'autorisation, t'y vas. Alors là, tu te poses aucune question, tu cours. Tu lèves ta voile, tu cours. Et tu te retrouves tout seul, en l'air, dans un endroit que tu ne connais pas. Dans un environnement que tu ne maîtrises pas. Et tu voles. Il se passe un truc de dingue. Tu découvres qu'en fait, tu peux être toi dans un autre environnement. Tu peux être toi dans un autre état. et tu peux être un autre toi, tu peux être quelqu'un qui se détache de la gravité et tu rentres dans le club des 1% de la population mondiale qui est capable de voler. Et là, à ce moment-là, tu hurles tout ce que tu peux parce que t'es en kiff total. C'est le vol le plus pourri de l'histoire du vol. mais pour toi c'est un Everest. Pour toi c'est le truc le plus cool que tu aies jamais fait de ta vie. Inconsciemment, je me suis retrouvé dans les mêmes sensations de quand j'étais gamin et que mon père me fait faire le parachute ascensionnel. Tu ne peux pas décrire la sensation. Le moment où tu voles pour la première fois, le moment où tu t'élèves pour la première fois, le moment où tu es libre comme l'air. C'est stupide comme phrase, mais c'est exactement ça. C'est un truc qu'il n'y a absolument que les gens qui l'ont fait, qui peuvent le ressentir et avec qui tu peux partager ça. Et il y a un côté très frustrant, très rageant, t'as qu'une envie, c'est de prendre tous les gens par la main et de leur dire Essaye, fais-le, tu ne comprends pas pourquoi il n'y a pas plus de gens qui font ça. C'est un truc de dingue. Tu te sens tellement grand que t'as l'impression d'être un géant dans ta tête et tu te dis C'était génial, j'y retourne Et t'as qu'une envie, c'est de recommencer. Encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Tous les autres stagiaires avec qui j'étais, on n'arrivait pas à parler. On aurait dit des espèces de petits singes avec des cymbales qui tapent comme ça. C'est ça qu'il y avait dans le cerveau, il n'y avait rien d'autre. On était mais extatique complet. On s'est tombé dans les bras alors qu'on se connaissait depuis trois jours. Il y a un truc mais phénoménal qui se passait. On rentrait dans le club des volants. Cette espèce de... petite caste qui arrive à s'élever au-dessus du monde, avec de la ficelle et du tissu. C'est dément. L'apprentissage de la technique, c'est contre-intuitif. Au début, t'es tabassé d'infos, t'as beaucoup de choses à penser, et je refais le parallèle avec conduire une voiture. Quand tu conduis pour la première fois sur un parking avec un moniteur d'auto-école, tu te dis, il faut que j'embraille, il faut qu'en même temps je freine, il faut que je passe ma vitesse, il faut que je réaccélère un petit peu. Et en même temps, il faut que je regarde et tu es perdu et tu cales. Le parapente, c'est pareil. Tu as trop de choses à penser et tu penses à tout. Et au final, tu fais de la merde. Tu essayes de faire un gonflage et de partir en courant. Tu te vautres comme une loutre et tu glisses sur 10 mètres sur le ventre. Tu as ta voile qui s'effondre sur toi. Tu te fais reculer de 5 mètres parce que tu n'étais pas correctement préparé. Tu n'avais pas mis ta voile face au vent et tu te fais embarquer sur le côté. Tu te fais traîner. Tu ne sais plus où sont les freins. En gros, tu fais toutes les conneries qu'un apprenti, que quelqu'un qui apprend doit faire pour comprendre. Et comme c'est au ressenti, tu fais une connerie, une fois que tu l'as ressenti, tu te dis ah oula, ça allait pas ça, donc tu refais plus. Et au final, c'est à la portée de n'importe quel clampin. C'est vraiment à la portée de n'importe qui. Dans le stage, on t'explique les risques du parapente. Déjà, t'as le premier truc de la peur du vide. Y'a des gens qui disent ah non mais moi j'ai le vertige, je pourrais jamais. En parapente, tu n'as pas le vertige parce que tu n'as pas de rapport au sol. T'as juste les deux premières secondes où tes pieds commencent à décoller, qui sont un petit peu perturbantes, t'as des guilis dans le ventre. et le moment où tu te rapproches du sol pour atterrir, où tu gères ton freinage et te poses correctement. La deuxième chose, c'est que les gens ont peur parce qu'ils pensent que c'est une pratique à risque. Et en fait, dans le stage, on t'explique que le parapente, c'est passer son temps à éliminer... des situations dans lesquelles tu peux te mettre en danger. Ce que j'aime bien comme image, en fait, c'est d'imaginer des cartons avec des trous dedans. Ton premier carton, il y a un très grand trou qui part quasiment toute la surface du carton. Le deuxième est un petit peu plus petit. Le troisième, le trou est un tout petit peu plus petit encore, et ainsi de suite, jusqu'à ce que tu aies un dernier carton avec un trou qui est à peine plus gros qu'un confetti. Le premier carton avec le grand trou, c'est est-ce que les conditions sont bonnes ? Je regarde la météo, est-ce que c'est des conditions pour voler ? Est-ce qu'il n'y a pas trop de vent ? Est-ce que le vent est dans le bon sens ? T'analyses. Le deuxième carton, c'est est-ce que mon matériel est en état ? Est-ce que mon matériel est vérifié ? Est-ce qu'il est bien installé ? Est-ce qu'il est correctement utilisé ? Tu vérifies à chaque fois. Tu passes ton temps à vérifier ton matériel. Le troisième carton, c'est moi. Est-ce que je suis en bon état pour aller voler ? Est-ce que je vais voler parce que j'en ai envie ? Ou est-ce que je vais voler parce que les potes ont dit on va aller voler ? Est-ce que je suis en forme ? Est-ce que j'ai bien dormi la veille ? Est-ce que j'ai des soucis en ce moment dans ma tête ? Est-ce que j'ai peur ? Est-ce qu'il y a du risque ou quoi que ce soit ? Et ça, c'est les cartons. Et plus tu passes les cartons... Plus tu passes les trous, plus tu élimines en fait les zones de danger. Et puis t'arrives à un moment où des fois tu te retrouves, conditions exceptionnelles, matériel nickel, t'es en forme, t'as trop envie d'aller voler, t'es avec les copains, la journée est géniale. T'as fait une super rando, et t'arrives en haut, et y'a un petit truc qui te dit ouais, je le sens pas Je le sens pas parce que je connais pas l'atterrissage, ou je le sens pas parce que les conditions sont pas comme d'habitude, je le sens pas parce que je suis un peu fatigué ou je me suis engueulé avec ma nana hier soir, ça me travaille depuis le début de la journée, et en fait, tu peux aller voler. Sauf que si tu y vas, c'est à ce moment-là où tu te mets dans une situation de danger. Et le parapente t'apprend cette humilité à te dire eh ben, on a fait trois heures de rando, on est arrivé dans un lieu magnifique, sauf qu'en haut... et bien il n'y a pas un pet de vent, ou le vent il n'est pas dans le bon sens. Alors on peut forcer le truc, on peut décider de voler, mais si on décide de voler, là, on ne rentre plus dans l'entonnoir des trous dans le carton, on tape dans le premier carton, et là c'est pas bon. Et en fait c'est ça. Alors après, quand t'es en l'air, t'es pas à l'abri de, t'as ta voile qui referme, tu prends un coup de vent dans un sens, mais ça c'est des situations dans lesquelles tu te mets toi. Si tu respectes de manière didactique tout ce qu'on t'apprend en stage d'initiation, y'a... aucune raison que tu te mettes en danger. En plus de ça, tu fais ça avec des voiles de débutants, c'est des voiles qui ont le maximum de sécurité. Pour schématiser, techniquement, avec une voile de débutant, tu es en l'air, tu voles, tu tombes dans les pommes, tu lâches les commandes, la voile, elle se met face au vent, toute seule, et elle avance. Le seul truc qu'il va y avoir, c'est que tu vas te rapprocher du sol, et tu vas peut-être rentrer dans un arbre, ou dans une clôture, ou quoi que ce soit. Mais si t'es dans une situation où t'es... il y a aucune clôture, t'es dans un pré gigantesque, et bien ta voile, elle va t'amener tout doucement au sol. et tu vas te poser sur les fesses, sur ton airbag que tu as dans ta sellette. Et en fait, ce ne sera pas plus grave que si tu tombais de ta chaise pendant que tu t'endors en mangeant ta soupe à table. Le facteur risque du parapente, c'est l'humain. Le prof de parapente, notre instructeur, nous disait Il y a un moment, vous vous mettez dans les bonnes conditions, vous avez vérifié votre voile, vous avez levé votre voile, vous êtes dans le bon sens, vous êtes OK. Là, c'est la prise de décision. Soit tu dis J'y vais. Et à ce moment-là, tu cours et tu ne te poses plus aucune question parce que toutes tes questions, toutes les prises de risque, elles sont derrière, c'est fait, tu y vas. Et là, tu décolles. Ou alors, si tu as le moindre doute, tu tires sur les freins, ta voile retombe en arrière et tu n'y vas pas. Mais tu as... 10 mètres pour choisir. Et passé une certaine limite, tu peux plus reculer. Si tu recules, c'est encore plus dangereux que si tu prenais ton envol. Alors oui, il y a des gens qui décèdent en parapente. La plupart du temps, ils prennent des risques. Ils volent dans des mauvaises conditions, au mauvais moment, ou ils font des trucs qui sont pas censés être faits dans les limites de ta voile ou de tes capacités. Quand même, tu regardes l'accidentologie en parapente, je crois qu'à 90%, c'est des chevilles, des genoux et des poignets sur un atterrissage qui est loupé ou quelqu'un qui glisse au décollage et qui se tord une cheville ou qui se casse la gueule par terre. Mais si tu voles... pas au dessus de tes bottes, que tu voles vraiment dans ce que tu sais faire et dans ton niveau, c'est pas plus dangereux que de monter une échelle pour aller cueillir des frises Le but c'est d'en profiter et d'en faire le plus longtemps possible. Une fois que t'as kiffé ça, t'as qu'une envie c'est d'en refaire, et pour en refaire, il faut être en état d'en faire et pas prendre de risques. Alors j'en suis pas encore à ce niveau là, mais le parapente se fait avec les cinq sens. La vue, c'est le truc qui est le sens le plus développé normalement. Et alors ce qui est génial, c'est qu'en parapente, il n'y a rien à voir. Tu voles avec de l'air, tu vois pas l'air. Il n'y a rien à voir. Tu vois pas les thermiques, tu vois pas où est-ce que ça décolle, tu vois pas la force du vent. Si tu n'avais que la vue, je pense que tu ne pourrais pas pratiquer correctement. Tu pourrais pas bien voler. On t'apprend à ne pas regarder ta voile au départ. Parce que si tu lèves la tête, elle déconcentre sur le reste et ta voile peut s'affaisser. Donc tu triches. La vue, ce n'est pas forcément regarder l'air, c'est plutôt regarder à côté les arbres ou l'herbe. Tu vois si ça bouge. Donc ça veut dire qu'il y a un peu de vent. Tu vois si ça bouge fort et dans quel sens ça bouge. Le toucher, à mon humble avis, c'est le plus essentiel et le plus important dans le parapente. Une voile, elle se sent dans les mains, avec un niveau de contact au niveau de tes commandes. Après, t'as le son qui est ultra important, parce que t'entends le vent, et surtout, tu sais d'où il vient. Tu apprends à tourner la tête, et quand tu l'entends dans tes deux oreilles, tu sais qu'il est en face de toi. Le goût, des fois, tu passes à peu près des nuages et tu tires la langue comme un couillon, et t'as envie de goûter l'air, et il se passe des trucs bizarres. T'es bouche ouverte et tu ressens des trucs. Et l'odeur, j'aurais jamais pensé ça, mais des fois tu te retrouves relativement haut en l'air, et d'un coup tu te prends une odeur de foin, tu te prends une odeur de lisier ou de bouse de vache, alors que t'es à 300 mètres du sol, tu te dis mais comment c'est possible quoi ? Et en fait t'as des courants d'air qui te ramènent les odeurs du sol. l'odeur de la terre, l'odeur des feuillages. C'est une des seules pratiques où tu as tous tes sens qui sont mobilisés, nécessaires et qui kiffent en fait. Je vais arrêter de dire que c'est génial le parapente, je vais juste vous dire faites-en. Ça vous coûtera moins cher que de faire un week-end en all inclusive à Marrakech en partant avec EasyJet et en cramant du kérosène. Et vous allez voir ce que c'est que d'avoir la sensation d'avoir une voile accrochée à soi et qui vous tire vers le haut et qui vous élève et qui vous sépare de la gravité. Avant de voler tout seul, en fait, il y a deux étapes. Le premier, c'est le stage d'initiation. Cinq jours où tu découvres la voile et on te fait faire ton premier grand vol. Ce qu'on appelle grand vol, c'est ton premier vol en solo, avec une radio, un moniteur en haut, un moniteur en bas, qui ont certifié que tu étais apte à pouvoir voler. prendre le décollage toi tu arrives en fait on dit vas-y tu peux y aller après tu fais un stage perfectionnement ou là tu vas reprendre tous tes acquis remettre en place et on va te faire voler progressivement dans ta semaine de stage avec de moins en moins de radio de moins en moins d'informations et de plus en plus on va te mettre dans des situations de on est prêt à décoller et on te dit alors si tu devais décoller là tu partirais où tu partirais comment est ce que tu pars on t'amène à l'autonomie une fois que tu as fait ces deux stages tu peux y aller Et puis le premier vol, t'as pas envie de le faire tout seul, t'as envie de le faire avec les copains, c'est un peu la pétoche quand même. Donc tu rappelles ton pote et tu lui dis tu fais quoi demain ? Ça vole ? Les textos qu'on s'envoie c'est ça vole demain ? Point d'interrogation. Et là il dit ouais, demain matin 10h. Et moi le premier vol que je fais solo, sortie de stage, je le fais au même endroit où lui m'avait fait faire mon... vol en bi-place avec lui. Et je m'attends à ce qu'il arrive avec sa voile et qu'on vole tous les deux ensemble. Il arrive sans voile. Je lui dis mais attends, tu ne voles pas avec moi ? Il me dit non, c'est ton premier vol solo. Tu vas y aller là ? La pétoche. Et là il te dit, alors qu'est-ce que t'en penses ? Tu penses que ça vole dans combien de temps ? Il y avait de la brume, il y avait une mer de... une mer de nuages, pas trop de vent ça c'était entre deux le cul entre deux chaises, tu savais pas si c'était bon pour y aller ou pas et tout et lui il sait, mais il te dit pas il te regarde faire, une fois que t'as pris la décision d'y aller, il fait bah vas-y je vais te chercher en bas, et là tu voles tout seul, c'est la vraie première fois où tu voles tout seul, parce que t'as personne autour de toi, t'as pas d'instructeur, t'as ton pote qui te regarde, il te filme, il te donne pas des conseils il te filme, il te filme et il se fout de ta gueule il fait ah putain faut que tu perdes des kilos mec parce que là ton matériel il est un petit peu lui léger. C'était vraiment le vrai début du vrai gros kiff. Autant avant t'étais extatique et tout, et là tu rentres dans le sérieux. C'est-à-dire que tu t'interroges sur est-ce que je suis en danger, est-ce que je fais attention, est-ce que je vole bien. Tu fais ton plan de vol tout seul. Tu décides de là où tu décolles, de là où tu vas atterrir. En fait, le parapente t'apprend un truc qui, personnellement, m'a énormément aidé. Il t'apprend en même temps l'humilité et en même temps la confiance en toi. Il t'apprend l'humilité de te dire j'y vais pas parce que je suis pas plus fort que les éléments et que je suis pas plus malin qu'un autre et que j'ai pas plus d'expérience ou je maîtrise pas très bien et il t'apprend en même temps la confiance en toi pas forcément dans le fait j'y arrive tout seul mais dans le fait je n'y arrive pas tout seul et je ne le fais pas tout seul en fait j'ai plus pris confiance en moi sur des décisions négatives en disant je n'y vais pas que sur je pense que les conditions sont bonnes je vais y aller et c'est ça qui est très intéressant c'est de se dire et au final j'y vais pas et je redescends à pied je range mon frein je me dis j'aurais dû y aller et au final je fais non j'aurais pas dû y aller si j'ai décidé de pas y aller c'était une bonne idée et c'est à ce moment là tu prends confiance en toi pas parce que tu te dis je me suis fait confiance c'est là où j'ai l'impression d'engranger le plus de confiance en moi. Et ça, c'est vraiment phénoménal. Mais l'humilité que tu peux avoir face aux éléments, tu te sens à la fois tout petit, parce que ce n'est pas toi qui décide au final. Et par contre, quand tu as décidé d'y aller et que tu voles, alors là, tu te sens tout grand. Tu te sens tout grand avec les oiseaux, avec les grands rapaces, avec les petits coups de vent, avec les grands nuages, avec le paysage magnifique, avec des couchers de soleil. Tu tournes la tête à droite, tu vois des copains. Tu tournes la tête à gauche, tu vois un autre copain. C'est phénoménal. C'est phénoménal parce qu'avec de la ficelle et du tissu, on est en train de kiffer, on est en train de voler. Il n'y a pas d'essence à mettre dedans, il n'y a pas à le recharger. Il n'y a pas quelqu'un qui va nous faire payer l'entrée au départ. Et là, on est vraiment dans le partage, on est vraiment dans le moment exceptionnel à vivre. T'as l'impression que les couleurs sont trois fois plus fortes. T'as l'impression que la température est beaucoup plus importante, dans le froid ou dans le chaud. T'as l'impression que les ressentis que t'as sont exhaustés dans tous les sens. Et t'as surtout cette sensation de t'élever, et dans le fond et dans la forme. La pratique du parapente est à mon avis la pratique la plus écologique qu'il puisse y avoir. Tu prends ta voile, ta paire de Vans, ton jean, un petit sweat, t'as pas besoin d'être équipé comme un randonneur de haute altitude. Tu marches jusqu'à un décollage et tu voles. Tu ne dépenses rien, tu ne salis pas, tu ne pollues pas. Tu ne pollues pas au niveau sonore, tu ne fais pas de bruit, tu ne déranges pas la flore, la faune, même il t'arrive des fois de voler. Et comme tu ne fais pas de bruit, tu vois les animaux sous tes pieds, tu les vois passer, ils ne t'entendent pas. Et donc tu les vois dans des conditions qui sont totalement normales pour eux. Et ça c'est un kiff absolu. Quand tu voles et qu'il y a de la neige, tu vois encore mieux les animaux, tu vois leurs traces et c'est hallucinant. C'est une pratique qui est écolo dans l'âme. Tu te sers du vent pour te déplacer. Et tu as aussi ce côté respect de la nature, parce que tu es obligé de respecter la nature qui te permet de voler. Et tu reviens à l'humilité aussi, parce que tu es obligé d'accepter le fait que les éléments, des fois, ils ne sont pas d'accord avec ça, et qu'ils n'ont surtout rien à foutre que tu voles ou que tu ne voles pas. S'ils ont décrété qu'il y avait du vent, ou qu'il y avait de la pluie, ou que ça n'allait pas dans le bon sens, eh bien, tu n'y vas pas. Et puis, ce qui est génial, c'est que tu ne vas pas prendre un ascenseur pour monter au sommet d'une tour et partir en parapente. Par contre, marcher... jusqu'au sommet d'une dune, sur une plage, avec un petit soleil couchant, partir avec les copains en rando, une heure, deux heures, voire trois heures, arriver avec un joli paysage, s'asseoir sur un caillou, regarder de marmottes, et puis tu sors un sandwich, tu bois un petit coup avec les potes, et puis tu te dis, bon, maintenant, on redescend par la pente. T'as un peu raccord avec la nature, t'es au calme, t'es bien. C'est beaucoup mieux que de se dire, on part entre potes et on se claque un aller-retour en deux jours pour aller boire des coups dans une ville à l'étranger. C'est pas mal à faire. Mais quand tu vois le plaisir que t'apporte le parapente, je pense que si tout le monde avait fait du parapente une fois dans sa vie, plus personne n'irait faire un city break à Budapest ou à Prague en partant de l'aéroport d'Orly avec EasyJet. Voilà. Le monde s'en porterait beaucoup mieux. Non, mais c'est une pratique qui est complètement en accord avec la nature. Tu peux pas dire je veux faire du parapente et j'en ai rien à foutre de la nature, j'en ai rien à foutre de l'environnement. C'est pas possible. Parce qu'il y a un moment où tu vas être en contradiction avec les paysages que tu veux voir, les endroits où tu veux aller. Tout le monde a vu cette vidéo du gars qui est en train de faire du parapente, et t'as un gigantesque rapace qui vient et qui se pose sur ses pieds, et qui replie les ailes. Si t'aimes pas la nature, faut pas faire ça. Moi, à mon petit niveau, je commence juste. J'ai juste l'impression qu'il y a un monde gigantesque qui s'ouvre à moi. En fait, j'ai l'impression de jouer à un jeu vidéo, où je débloque la map petit à petit. Je fais une mission, je me débloque une zone, et je fais Waouh, je peux faire tout ça Tu vas découvrir que tu peux décoller d'un endroit. Une fois que tu l'as débloqué, cet endroit-là, il est dans ta liste. Et tu vas aller d'endroit en endroit en endroit avec des potes, tout seul. Tu vas essayer de faire des trucs. Et puis au bout d'un moment, tu te dis, est-ce que je choisirais pas l'endroit où je veux aller ? Alors après, il faut avoir un certain niveau aussi pour aller dans certains spots. Mais tu te dis, l'année prochaine, l'été prochain, les vacances, elles vont pas être organisées du tout de la même manière. On va pas choisir où est-ce qu'on va. On va choisir où est-ce qu'on va voler. Et t'organises tes vacances avec toujours dans un petit coin de ta tête de dire, ouais, mais là, il y a un chouette spot. de parapente quand même. Donc t'amènes ta voile avec toi. Les week-ends, tu te dis pas, tiens, je vais me balader. J'ai la chance d'habiter à la campagne, je vais randonner. Où est-ce que je vais randonner avec la voile ? Parce que t'es pas à l'abri d'un coup de chance d'arriver à un endroit où les conditions sont bonnes et après tu peux voler. Mais tu sais pas, ça avance. Enfin, pas tout le temps. Après, tu te fais une bucket list les endroits où je voudrais aller voler. Il y a des trucs qui sont pour l'instant de l'ordre de l'inatteignable. La liste, elle est sans fin. Faircore, il y a un spot en Corse qui est phénoménal. Par contre, là, il faut un niveau certain. Et c'est pas parce que t'as le niveau que t'as les conditions. Donc il faut aligner un peu tous les éléments, il faut que toutes les planètes s'alignent. Et quand ça s'aligne, tu vis des moments de dingue. La dernière fois que tout s'est aligné, je reçois un coup de fil à 23h de mon meilleur pote, mentor, instructeur, mec qui met des claques derrière la tête, et il me dit Demain matin c'est fumant, il y a un truc de dingue à faire, est-ce que t'en es ? Je dis Bien sûr que j'en suis, t'as même pas besoin de poser la question, tu me dis juste quel endroit, quelle heure, j'arrive quoi. Il me donne rendez-vous au pied du Maisin, point culminant de la haute loi, rendez-vous 6h du matin. On va faire un lever de soleil, on va voler au lever de soleil. 6 heures du matin, on est dans le noir complet, on est tous à la frontale, on se dit bonjour, il y en a qu'on connaît pas, et on se dit bon on va se découvrir là-haut quand le soleil va commencer à se lever. Et on part, on monte au sommet du maison, on en a même pas pour 30 minutes. Les premiers déplis, les voiles, pof pof, le soleil commence à se lever, on a le droit de voler à partir du moment où le soleil se lève jusqu'au moment où le soleil se couche. Donc là, premier rayon du soleil, top départ, c'est parti. Il y a un peu de vent. Moi je sens qu'il y a un peu de vent, plus que d'habitude. J'ai pas l'habitude d'avoir autant de vent. Le pote expérimenté part. Léo, le fils de mon pote, il me regarde, il décolle. Il se fait limite satelliser parce qu'il fait 40 kilos tout mouillé et qu'il y a un bon ZEF en face. Mon pote prépare sa copine pour partir en bi-place et il va pour décoller. Je fais, mais moi ? Il me fait, bah toi tu pars en dernier. Je fais, mais attends, mais... Il me fait, écoute, je t'ai amené. Pour moi les conditions sont bonnes. Je connais ton niveau, tu prends la décision d'y aller ou tu y vas pas. Et là, t'as 8 ans, ils ont te fait un sac à dos avec de la confiance dans le dos. Et là tu te dis, qu'est-ce que je fais ? Lui il me donne son feu vert, moi je me donne mon feu vert, j'y vais. Et je les vois tous les 3 partir. Je vais pour m'y mettre et je regarde, levé de soleil, les 3 voiles au milieu, mais c'est épique. C'est un des moments les plus beaux que j'ai jamais vécu jusqu'à présent. T'as le temps de sortir le téléphone portable, de faire une photo comme ça à l'arrache, tu le remets dans ta veste, tu fermes le zip et tu te dis je vais y aller. Et au bout, tu te dis je vais y aller, tu commences à pousser avec le premier pied, tu veux faire un pas en avant, t'as à peine décollé le talon, tu te fais lever. Et là tu te lèves. Et tu prends 1 mètre, 2 mètres, 3 mètres, et tu commences à partir. Et on se retrouve dans des conditions avec une brise de terre qui arrive en face de nous. On a cette espèce de vague perpétuelle de vent. Et là, pendant 45 minutes, on surfe. On surfe dans cette vague. Et je crois que pendant tout le temps, je hurle que c'est génial, que je kiffe, que c'est le pied. On se passe les uns autour des autres, on se croise, on s'invective, on s'appelle. Les autres, ils se parlent normalement. Moi, je hurle comme un gamin de 8 ans. Et c'est dément. Et t'as le soleil qui se lève. et tu commences à sentir un peu 2-3 trucs qui bouillonnent dans l'air et tu surfes dans cette vague perpétuelle et tu fais des allers-retours. Droite, gauche, tu fais tes virages, tu essaies de bien re-rentrer dedans pour reprendre la vague qui te ramène, qui te remonte et tu te retrouves des fois à 80 mètres au-dessus de l'endroit où tu as décollé. Le principe de la gravité, c'est que ça te tire vers le bas et là tu te lèves. Et là tu partages un moment dingue avec 4 personnes et tu as le soleil qui te chauffe le visage. Tu es bien et tu ne sais plus comment tu t'appelles. Tu ne sais plus quelle heure il est. Tu ne sais plus où tu es. Tu voles. Et ça dure 40 minutes. jusqu'au moment où t'es trop extatique et que tu fais un virage et ton virage tu le fais un peu trop long et tu sors de cette vague et là tu fais oh merde et tu perds la vague, tu perds le vent qui arrive en face et là tu fais oh et tu descends et tu les vois encore voler et tu fais et voilà, et bah là c'est de l'expérience là c'est le moment où t'as compris comment il fallait le prendre correctement et qu'en faisant un virage un petit peu plus long tu perdais cette brise et tu perdais cette espèce de vague qui te remontait en permanence. Donc là c'est fini et là tu dis bon bah les copains ont profité Et toi, tu te concentres sur où est-ce que je vais atterrir, comment j'atterris. Je me mets en face de mon atterrissage, dans le sens du vent, et t'essayes d'arriver tout doucement. Tu finis ton vol, et là, ça dure 5 minutes le temps de descendre. T'arrives en bas, tu te poses comme un caca. Tu regardes les autres, t'as le petit Paul qui arrive et qui se pose à côté, mais comme un dieu, il touche à peine le sol, il se pose, mais t'as l'impression qu'il pèse rien. Et notre pote Damien, qui est encore en train de voler, et qui fait du souris, il continue sur la vague. Une demi-heure après, on lui passe un petit coup de fil, il me fait Damien, faut qu'on aille manger, tu viens ? Enfin, bah oui, j'arrive. Il aurait pu y rester trois heures. Et en bas, quand t'as reposé les pieds au sol, que t'as reconnecté avec la réalité, que t'as replié ta voile en boule, que tu l'as mis sur l'épaule pour aller jusqu'à la voiture et la charger, bizarrement, ton petit déj'est la meilleure gouffe. Tous les soucis que t'avais la veille, ils sont moins importants. Là, on est dans le vrai, là. Je suis pas croyant, mais dans le parapente, t'as un petit côté spirituel quand même. Tu te connectes avec toi, tu te recentres, tu te rééquilibres, tu te réalignes. Et les moments que tu passes là-haut, des fois, sont très méditatifs. Tu te débarrasses de tout ce qui ne sert à rien et tu focuses sur l'essentiel quand tu es en train de voler. Et il y a des fois, tu te dis, j'aurais dû commencer il y a beaucoup plus longtemps, comme ça j'aurais pu voler plus vite et je me serais retrouvé bien avant. Le temps d'un vol varie. Il n'y a pas de temps de vol normal de vol. Il n'y a pas des petits vols, des grands vols. Un petit plouf, c'est tu gonfles ta voile. Tu fais ton vol, et tu fais ton petit vol qui t'amène jusqu'à ton atterrissage. On appelle ça un plouf, ça peut durer entre 2 et 5 minutes. Et puis il y a les gens qui font du parapente depuis des années, qui ont de l'expérience. Ça ne leur empêche pas de faire des ploufs de temps en temps, parce que les conditions ne sont pas exceptionnelles pour voler. Et pour faire un grand vol, qui fait plusieurs heures ou plusieurs centaines de kilomètres, il faut des thermiques. Il faut entre guillemets avoir des ascenseurs. Tu ne peux pas partir de 800 mètres d'altitude et aller à 200 kilomètres. sans de temps en temps reprendre un ascenseur qui te remonte à 2000, tu redescends un tout petit peu, t'en prends un autre qui te remonte à 1500 mètres d'altitude, et ainsi de suite. En fait, les thermiques, c'est des courants d'air chaud. L'air chaud est plus léger que l'air froid, donc il monte. Donc t'as une colonne d'air qui te sert d'ascenseur. Il faut savoir les détecter, les thermiques. Il y a quelques signes avant le coureur. T'as souvent des thermiques sous les nuages, je schématise. Et après, quand t'as un niveau suffisamment bon, eh ben tu peux faire comme mon... mon meilleur pote qui, lui, décolle de son jardin. Il a un pré qui fait 50 mètres de long. Il décolle de 600 mètres d'altitude et il va se poser à 1 700. Et quand il a mis le 7, il se dit, ouais, c'est fumant aujourd'hui, les conditions sont bonnes, allez, je vais plus loin. Tu peux faire des vols qui durent plusieurs heures. Une fois, je les ai amenés en voiture à un endroit, à un décollage, et je dis, j'attends de savoir où est-ce qu'il faut aller vous récupérer. Et ils commencent tous à partir, et mon pote me dit, viens avec moi, on va décoller d'à côté. Et il fait, tu vois les autres, ils sont à peu près à 400, 500 mètres d'altitude là, regarde bien, moi je vais décoller, dans 10 minutes je suis là-haut. Il se retourne face à moi, il me dit, c'est bon ? Il fait pas un pas en avant, il court pas, il marche pas. Il décolle juste les deux talons du sol et il se fait mais satelliser. Six minutes après, il était à je sais pas combien de milliers d'altitude dans les nuages et il m'envoie un texto. Il me fait t'emmerdes pas à m'attendre. Je te dirai quand je me pose. Tu peux rentrer chez toi, t'inquiète. Je rentre chez moi. J'envoie un petit texto. Ça va. Pas de réponse. Il est en vol. Il a d'autres choses à foutre que de me répondre. Deux heures et demie, trois heures après, je reçois un texto. Ouais. t'inquiète pas, c'est bon, je me suis posé, je vais rentrer en train. Il avait fait le puits en velay, Rohan, en deux heures et demie. Je sais pas combien de centaines de kilomètres il y a, mais il était pas passé par la ligne droite. Il avait fait une petite thermique dans un coin, il reprenait un courant ascendant, il allait de l'autre côté, et ainsi de suite. Dans quelle pratique tu te dis, je vais prendre le vent, et puis je vais aller me balader à des centaines de kilomètres, en kiffant, dans des beaux paysages, au calme, sans risque, avec les copains. Et puis on verra bien comment on rentre. C'est juste parfait, quoi. Et après, t'as des choses beaucoup plus énervantes. Ils partent en vacances avec leurs familles respectives, entre potes. Ils prennent les voiles, ils sont vers Chamonix. Est-ce qu'on ne tenterait pas d'aller voler un tout petit peu et tout ? Ils partent, ils prennent la voiture, ils vont au site de décollage de Chamonix. Ils posent la voiture, ils font 30 mètres d'écho. Ils partent, conditions fumantes, ils se font mener en l'air. Ils prennent l'ascenseur de l'espace, ils se posent au sommet du Mont-Blanc. T'as les mecs qui arrivent en haut du Mont-Blanc, tout équipés d'alpinisme et tout. Eux, ils grelottent comme des cons avec un sourire jusqu'aux oreilles. Ils font un selfie, ils font une photo, ils reprennent les voiles, ils redécollent, ils redescendent et ils se posent à 20 mètres des bagnoles. Ça, c'est leur quotidien. Je rêve d'avoir le niveau, l'expérience, les heures de vol et la certification pour amener des gens avec moi en bi-place. J'ai du mal à imaginer qu'est-ce qui peut être plus cool comme partage que d'amener quelqu'un voler. Et je vois l'exemple de mon pote PJ qui m'a fait découvrir en bi-place. qui, en plus de ça, transmet sa passion de la meilleure des manières. Et je ne vois pas ce qu'il y a de plus cool au niveau partage de moments. Et d'autant plus, je pense que là, ils m'ont beaucoup influencé aussi là-dessus, c'est qu'ils ont monté une association Handicare qui permet aux personnes en situation de handicap de découvrir le vol en parapente. Donc, ils font ça depuis quelques années. Ils prennent des personnes et les font voler en joaillettes, avec des fauteuils qui sont spécialisés pour ça. Et là, récemment, ils ont fait un truc qui est complètement marteau. ils ont décidé l'été dernier d'amener un sportif en situation de handicap parce qu'il fallait quand même être assez sportif à la base et ils ont décidé de tout simplement monter au sommet du Kilimanjaro et de faire le premier vol bi-place en joaillette du Kilimanjaro. Quand il y a ce genre de projet autour d'une table un soir un peu arrosé entre copains, copines et qu'on dit si on allait se faire le Kilimanjaro et on décolle en bi-place pour la première fois tu te dis que t'es au bon endroit avec les bonnes personnes Et ils ont fait ça, c'est un truc de dingue. Ne serait-ce qu'au niveau logistique et organisation, la montée au Kilimanjaro, elle se fait pas facilement. Et il y a un moment où ils n'en peuvent plus. Ils se retrouvent dans un espèce de boulot d'étranglement avec des cailloux. La joaillette ne passe pas, elle ne peut pas passer, ils ne peuvent pas le pousser. Ils se lèvent et ils s'appuient sur les copains pour essayer de marcher un petit peu. Et ils finissent à quatre pattes. Et les mecs, tous, quand ils le voient, lui, sortir de sa joaillette pour finir les 200 derniers mètres à quatre pattes dans les graviers au sommet du Kilimanjaro, je peux te dire qu'ils ont plus mal. Ils se bougent, ils secouent. Et là, c'est lui qui les tire tous. Pendant tout le trajet, c'était les autres qui le poussaient et qui le tiraient dans sa joaillette pour monter. Et là, sur les 200 derniers mètres, c'est lui qui a tiré toute l'équipe. Leçon de vie, quoi. Et arrivé en haut, ils ne savent pas s'ils vont pouvoir voler. Et je ne vais pas te spoiler le film. Si tu ne chiales pas ta race en regardant le film, je pense que tu es mort à l'intérieur de toi. Et mon rêve absolu... c'est de faire voler ma pote Steph. Mais elle ne le sait pas. Et je ne sais pas si elle ne va pas le découvrir à travers ce podcast. Ma pote Steph, qui est ambassadrice du Téléthon, est à mobilité réduite. Et je doute qu'il y ait quelque chose qui l'arrête. Parce que c'est un des plus gros mentales que je connaisse. C'est une putain de wonderwoman. Et là, depuis que je me suis mis au parapente, il n'y a pas une fois où je me suis dit Putain, il faudrait que je la fasse voler Je ne sais pas si elle la kifferait ou pas. Je ne sais pas si elle aurait peur ou pas. Mais il faudrait vraiment que je la fasse voler. Et pour la faire voler, il faut que j'apprenne. Et rien que de savoir que peut-être, elle serait d'accord. Je te jure, je me bouge, je vais voler de plus en plus, j'accumule des heures de vol et je me dis, putain, c'est quand les certifications ? C'est quand j'avance ? Quand est-ce que je peux faire du BPL ? Et je me retrouve dans la situation d'avant. de commencer, je le suis mais une pile, un gamin hyperactif de 8 ans sous cocaïne à Disneyland avec une carte bleue. Et là, t'as envie de tout faire tout vite, maintenant, tout de suite. Et il faut que t'apprennes aussi à étaler et à profiter et à emmagasiner l'expérience pour pouvoir un jour réussir à dire, ben voilà, on est en train de finir le repas, c'est dimanche midi, on a bien bouffé et tout, les conditions elles sont chouettes, ça vous dit on vole ? Et tu prends les copains et tu vas faire des ploufs. Et tu sors le bi-place et tu les fais voler 3-4 minutes, t'arrives en bas, tu remontes, t'en reprends un autre, tu remontes. C'est le pied, quoi. Le parapente a un truc unique, c'est que l'humain n'est pas fait pour voler. On n'est pas fait pour voler. On n'est pas du tout conçu, on n'a pas du tout évolué pour ça. Et tu te rends compte qu'avec des choses simples, du tissu, de la ficelle et un peu d'air, tu peux voler comme un oiseau, quoi. C'est tout con, mais de par le fait de voler... tu deviens une part infime de la population en fait. Et on ne vole pas dans une carcasse métallique qui fait je ne sais pas combien de milliers de tonnes et qui crame des litres et des litres de kérosène à la seconde pour partir dans un pays où normalement il fait un petit peu meilleur. Non, là, avec moins de 10 kilos sur le dos, on vole tout seul, dans la nature, dans des beaux paysages. On respecte l'environnement et en plus, on prend des palettes de kiff dans la gueule. On se prend des pelletées de bonheur dans la gueule. C'est foutrement agréable. ça m'a appris beaucoup de choses ça m'a appris déjà l'humilité la confiance en moi je fais pas partie des gens qui ont confiance en eux honnêtement et ça a été même l'inverse pendant très très longtemps dans ce que je faisais avant et où j'étais vraiment pas du tout confiant et je comprenais pas comment j'avais pu en arriver là avec le temps je me suis rendu compte que c'était pas si dégueulasse ce que je fais sinon j'y serais pas arrivé mais elle paraît pas en tête à ta place je dire si tu y es c'est que tu l'as décidé c'est que tu l'as voulu c'est que tu as fait en sorte pour être bon quoi Et ça fait du bien. Quand t'as pas du tout confiance en toi, ça fait du bien. Donc la confiance en soi, elle vient par cette pratique-là où il faut que t'aies une dose de lucidité et d'humilité face à ce que tu vas faire. En même pas un an et demi, deux ans, j'ai pris plus d'humilité et plus de confiance en moi qu'en 15 ans avec différents thérapeutes qui m'ont coûté beaucoup plus cher. Et je voyais revenir plus bronzé que moi de certains week-ends avec le pognon que je leur laissais dans les séances. C'est la meilleure des thérapies, je te jure. Je ne sais pas. comment le conseiller autrement à tout le monde, faites du parapente. Si quelqu'un voulait se lancer dans le parapente et qu'il n'ose pas, le seul conseil que je pourrais lui donner, c'est de ne pas réfléchir. C'est de s'inscrire. Au pire, il va trouver ça bien. Au mieux, sa vie va changer. On a une phrase chez nous pour ça. Qu'est-ce qu'on risque ? Là, tu ne risques pas grand-chose. J'irais presque jusqu'à dire, essayez, inscrivez-vous, faites votre stage d'initiation. Et si à la fin, d'une manière tout à fait sincère, franche, Vous n'avez pas aimé, vous avez trouvé ça nul, vous avez trouvé ça moyen, tiède, je vous rembourse. Par contre, si vous avez kiffé et que vous y mettez, on va voler ensemble. Et là, c'est vraiment un putain de pied. Je ne vois pas comment on ne peut pas kiffer ça. Je vois pas comment tu peux pas kiffer ça. Ça devrait être d'utilité publique. Tout le monde devrait essayer le parapente. Alors, très certainement, les gens qui ont une autre pratique, un autre sport, vont dire c'est génial, fais le machin et tout. Ouais, mais non. Non, je vois pas ce qu'il y a de mieux que de voler. De voler tout seul, dans la nature. C'est un apaisement. C'est... Pour la confiance en soi, pour l'humilité, pour le rapport aux autres, pour la solidarité aussi, pour l'entraide, pour la bienveillance. Si j'avais su, je l'aime beaucoup, ma psy, mais j'aurais peut-être été la voir de manière moins fréquente et j'aurais été voler plus et plus tôt. Me mettre au parapente sur le tard, passer 45 piges, c'est la meilleure chose que j'ai jamais décidée. Je pense que c'est arrivé aussi à un moment dans ma vie où je me disais... J'ai passé tellement de temps à dire il faudrait que je fasse ça, il faudrait que je fasse ça, il faudrait que j'essaye, il faudrait que j'ose, il faudrait que je tente. Ouais mais j'ai pas le temps, j'ai pas le pognon en ce moment pour le faire. Ou putain, ouais non, on avait prévu autre chose. Ouais mais il faudrait que je cale ça, je verrai. Et au final j'ai dit putain, eh merde quoi, je pense à moi, j'y vais. C'est la meilleure décision que j'ai jamais prise de ma vie quoi. En fait, que ça soit le parapente, que ce soit autre chose, à partir du moment où tu prends une décision pour toi, que tu fais un truc dont tu as envie depuis des années, que ça soit de la pâte à modeler, que ça soit t'inscrire à un club de tir, que ce soit de faire du parapente ou d'écrire un bouquin. Putain, qu'est-ce que tu risques ? Peu importe le résultat, peu importe que ça te plaise ou que ça te plaise pas, ou que tu découvres une passion, si t'as envie de le faire, rien que de le faire pour toi, putain, c'est gagné, quoi. Tu fais un truc pour toi. Tu te dis, bah voilà, cette putain de ligne sur ma liste que j'ai depuis 15 ans, 20 ans, et que j'ose pas faire, c'est fait. Au pire, ça m'ouvre vers des horizons géniaux, et au moins pire, je découvre une passion phénoménale et... Et ma vie change, quoi. Chaque fois que j'en parle, j'ai l'impression d'être un espèce d'illuminé, en fait. J'ai l'impression d'être complètement cintré et de pas être encore en descente. Alors que c'est pensé depuis longtemps, et que c'est analysé depuis longtemps, et c'est digéré depuis longtemps, j'ai vraiment pas peur de dire qu'en fait, faire du parapente, oser me mettre au parapente, oser faire ce que j'ai eu envie de faire depuis si longtemps, ça a été la meilleure décision de ma vie. Point barre.