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The Design Talk

#002 - Amandine Maroteaux (Atelier Compostelle) - "Réparer les lieux et rendre tangibles les imaginaires"

#002 - Amandine Maroteaux (Atelier Compostelle) - "Réparer les lieux et rendre tangibles les imaginaires"

1h45 |21/03/2025
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#002 - Amandine Maroteaux (Atelier Compostelle) - "Réparer les lieux et rendre tangibles les imaginaires"

#002 - Amandine Maroteaux (Atelier Compostelle) - "Réparer les lieux et rendre tangibles les imaginaires"

1h45 |21/03/2025
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Description

Amandine Maroteaux, fondatrice de l’Atelier Compostelle a un parcours où chaque virage semble avoir été pris avec une détermination et une intuition rare.


Avant de manier les espaces, Amandine jonglait avec contrats en tant qu’avocate. Son quotidien: structurer des deals. Mais au fond d’elle, un feu couvait. Celui du design, de la matière, du dessin.

L’élément déclencheur ? Le souvenir d'un escalier au musée Calvet en Avignon, puis un projet personnel de rénovation. L'envie de repenser son propre espace devient une révélation. Chaque détail, chaque choix de matériau, chaque réflexion sur la circulation et la lumière lui donne le sentiment d’être à sa place. Le droit s’efface. L’architecture d’intérieur s’impose.


Elle quitte son cabinet, fonde Atelier Compostelle, où chaque projet est pensé comme une histoire à raconter. Un client lui demande un espace qui reflète à la fois l’élégance intemporelle et l’authenticité brute des matériaux. Amandine cherche alors à capter l’essence du lieu. Elle explore les contrastes, la douceur de la lumière naturelle et l’énergie de matières vivantes comme le bois ou la pierre patinée. « Ce qui m’intéresse, c’est de créer un lieu qui a une âme, où chaque élément dialogue avec son environnement et avec ceux qui l’habitent ».

Nous avons aussi parlé de :

L’art de convaincre : comment transformer une vision en réalité sans écraser la personnalité du client ?

L’importance du patrimoine : pourquoi la mémoire des espaces doit guider la modernité ?

Le design comme outil de transmission : comment un lieu bien conçu change notre manière de vivre ou travailler ?

Les dessous du métier : entre gestion de chantier, attentes des clients et cette part d’intuition qui fait la différence.


Nous avons mentionné
https://ateliercompostelle.com

https://www.linkedin.com/in/amandine-maroteaux-6b7a3426/
institutcalvet.fr

india-madhavi.com

https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Alechinsky

https://www.ingasempe.fr/ruche.html

https://www.allocine.fr/series/ficheserie_gen_cserie=27403.html
-------------------------------------------

The Design Talk est produit par Franck Mallez
https://www.linkedin.com/in/franckmallez/
https://www.instagram.com/franckmallez/
https://www.instagram.com/thedesigntalk.podcast
https://www.yourse.co

https://podcast.ausha.co/the-design-talk


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Designer, architecte, entrepreneur, artisan, tous ont en commun une vision, un parcours, une approche du design qui résonne avec notre époque. Alors ici, on parle d'inspiration, de matière, d'innovation, de process, mais aussi de défis, d'échecs et de réussites. Tout ce qui façonne finalement chaque projet. Ce Design Talk, c'est une plongée dans l'univers de ceux qui imaginent, transforment et réinventent notre quotidien. Alors installez-vous, ouvrez grand les oreilles, l'épisode du jour commence maintenant. Salut Amandine. Salut Franck. Donc Amandine Marotto, je suis ravi de t'avoir à ce micro aujourd'hui. On va raconter ton parcours, ton métier d'architecte d'intérieur. Tu vas nous le présenter toi-même. Et comment justement tu te présenterais à un enfant de 6 ans si tu devais décrire qui tu es, ce que tu fais ?

  • Speaker #1

    C'est une très bonne entrée en matière. À un enfant de 6 ans, je crois que je dirais que dans une partie de ma vie, je répare des maisons cassées. Puisque quel que soit le type de lutte sur lequel on intervient, de toute façon, ils ont un problème. Et on est là pour un minimal et réparer. Et à notre volet, peut-être de rendre tangibles des mondes imaginaires. Puisqu'on vient toujours nous voir avec des idées, des ambitions, des questions. Et notre travail consiste à... à rendre possible et rendre matériel, matérialisé, une idée de départ. Sinon, ça reste un dessin.

  • Speaker #0

    Donc, ton métier, c'est architecte d'intérieur. Et le monde imaginaire dont tu parles, c'est lequel ? C'est le tien ? C'est celui de tes clients ? C'est un mélange de tout ça ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est forcément un mélange de tout ça. Parce qu'on vient nous voir, on nous choisit pour un univers qui nous est propre, dans lequel on évolue et que l'on traduit dans les intérieurs de nos clients. pour accompagner un changement de vie, que ce soit pour accompagner un nouveau projet personnel, que ce soit pour accompagner dans le workspace un changement de méthode de management. Il y a des centaines, des milliers de raisons de venir nous voir. En revanche, on va toujours nous voir avec quand même une idée de ce que l'on imagine. Dans la manière de vivre ou dans l'esthétique, il y a toujours un point de départ. Et donc, on va croiser tout ça, notre univers, notre monde, celui de l'atelier Compostelle, avec les envies et les idées de nos clients.

  • Speaker #0

    J'adore cette image de dire qu'on vient réparer un endroit, ou améliorer ou perfectionner un endroit qui n'est pas à la hauteur de ce qu'imagine son utilisateur. Si on te demandait de choisir un objet qui te représente, que tu affectionnes évidemment, ça serait quoi ?

  • Speaker #1

    Immédiatement, je penserais à une œuvre d'art. En tout cas, ce sera quelque chose qui se partage, qui se choisit ensemble, qui se regarde, vers lequel on a envie de revenir. Et je trouve ça dans l'art, dans l'art contemporain en particulier. Et une œuvre d'art, ça peut être aussi un livre d'art. Je pense au livre de l'exposition Alechinsky, qui est dans la Fondation Bogossian à Bruxelles en ce moment. D'abord, c'est un lieu splendide. L'exposition est assez fantastique avec de très grands formats. magnifiquement scénarisées. Et le livre permet d'en garder un souvenir. Il permet de réfléchir, d'égliser ses réflexions. Il peut se partager, il peut se lire, il peut se cacher dans une bibliothèque. En fait, je crois que l'œuvre d'art et le livre d'art sont peut-être deux des objets qui me parlent tout de suite.

  • Speaker #0

    C'est vrai que l'art et l'architecture, ça reste. Ça peut durer des siècles, voire beaucoup plus. C'est pour ça que tu as choisi ce métier ? C'est aussi pour ça que tu as appris ce métier ?

  • Speaker #1

    En fait, j'ai choisi ce métier parce que je suis consciente de l'importance qu'ont les lieux sur ce que l'on vit. On n'est pas les mêmes personnes selon l'endroit dans lequel on s'exprime, dans lequel on reçoit, dans lequel on est reçu. Et ça, c'est ma conviction de départ. C'est que les lieux contribuent à faire les gens. J'avais entendu dans une conférence philosophique chez Chanel une très belle phrase qui était que habiller comme décorer, ça n'a rien de futile. Et donc, à défaut de travailler dans la mode et de pouvoir vous habiller, je peux vous faire vivre dans des lieux qui vont être à votre service et où vous serez la meilleure version de vous-même, une personne telle que vous voulez être au fond de vous et celle que vous voulez montrer aussi.

  • Speaker #0

    Ok, on va creuser tout ça. Peut-être pour revenir un petit peu sur qui tu es, on parlera de ton parcours avant, parce que tu as eu une vie avant l'architecture d'intérieur et la décoration. D'ailleurs, il y a une question que je me pose souvent, je ne sais pas répondre à cette question, c'est quoi la différence entre un architecte d'intérieur et un décorateur ? Est-ce qu'il y a une différence déjà ?

  • Speaker #1

    Oui, dans la description du métier, il y a une différence. Disons que, sur le principe, l'architecte d'intérieur peut toucher à de l'architecture en général et inclut dans son travail un volet restructuration, y compris les volets techniques, et un volet décoration. Le décorateur a un métier qui est plus centré sur la scénographie, la colorisation, les matières. pour moi, les deux vont ensemble parce qu'on ne peut pas penser un espace sans penser sa décoration. Et c'est plus contraignant de ne pouvoir que décorer un espace qui a été conçu sans tenir compte de la façon dont on voulait l'éclairer, le meubler, l'ameubler, le faire vivre. Donc c'est complémentaire. Et donc l'architecte peut tout, archi d'intérieur et déco comprise. L'architecte d'intérieur peut décorer également. Et le décorateur est un peu plus contraint, sur le papier en tout cas, évidemment. dans sa marge d'expression, je dirais.

  • Speaker #0

    Et ça veut dire qu'il y a une réglementation de cette activité ?

  • Speaker #1

    C'est assez variable selon les pays. Disons qu'il y a un ordre des architectes d'intérieur, des architectes d'intérieur et architectes d'intérieur d'ailleurs. Donc c'est réglementé. Maintenant, on voit de nombreuses formations qui permettent d'avoir des diplômes qui s'apparentent à une formation d'architecte d'intérieur ou décorateur. à chacun de prendre ce dont il a besoin.

  • Speaker #0

    On peut s'improviser, j'imagine que ça existe malheureusement sur le marché, des décorateurs sans avoir de diplôme et de formation ?

  • Speaker #1

    Oui, je vais répondre en deux temps. Il y a des gens qui ont un vrai talent et qui n'ont pas de diplôme et n'en ont pas besoin parce que toute leur vie, ils ont vécu dans des beaux endroits, parce qu'ils sont immergés dans un monde d'archi, de déco, dans le monde de l'art, et qu'en fait, leur œil s'est formé, qu'ils ont appris par eux-mêmes. et en fait la formation viendrait rajouter un diplôme dans le bureau mais tout le monde n'a pas besoin d'apprendre à l'école et d'autres en revanche et c'est plus le problème vont à l'école très peu de temps, voire n'y vont pas du tout n'ont pas de talent pas un savoir acquis, un savoir faire en quelques semaines et là c'est dangereux en fait je trouve c'est dangereux pour leurs clients, c'est dangereux pour les artisans et c'est dangereux pour eux-mêmes Donc je crois que c'est aussi à chacun d'entre nous, au-delà des réglementations, d'avoir conscience de ses capacités et de savoir s'entourer. J'ai commencé avec peu d'expertise, mais beaucoup d'envie et en ayant beaucoup appris par moi-même, mais pas toute seule. J'ai tout de suite monté une petite équipe autour de moi sur le volet plan, le volet 3D et sur le volet gestion de chantier.

  • Speaker #0

    Oui, c'est la femme de droit qui parle là.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    c'est une transition toute trouvée.

  • Speaker #1

    C'est une constitution d'équipe, un process, apprentissage et... Et lucidité sur ce que l'on sait faire ou pas.

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr. Alors non, mais chose amusante et très étonnante quand même dans ton parcours, c'est que tu as commencé par être avocate. Enfin, je crois que tu as commencé par être avocate. Tu vas nous raconter ça et tu es devenu ensuite architecte d'intérieur. C'est en apparence, en tout cas, deux métiers très opposés, l'un très créatif, l'autre, on l'imagine, très rationnel. Encore que pour être, je pense, un bon avocat, il faut être aussi souvent très créatif. Raconte-nous un peu ce début de carrière.

  • Speaker #1

    En fait, j'ai grandi pour le contexte dans le sud de la France, dans un environnement où les métiers de l'architecture, de l'architecture d'intérieur, les métiers de l'art, n'étaient pas notre quotidien. En revanche, on voyait beaucoup de musées et je sentais que j'avais une appétence particulière. Pas forcément pour le monde de la création à ce stade, mais pour les lieux qui inspirent quelque chose. Il m'arrivait très souvent d'être le souffle coupé, ça m'arrive encore, en entrant dans un endroit où la perspective a été parfaitement soignée, où on voit la banquette avec le velours sur laquelle on a juste envie de s'asseoir et de passer des heures à discuter, où les fenêtres sont gigantesques, où on voit un lac, où un décor a été magnifiquement posé, où en fait je suis hyper tactile. Et ça depuis toute petite, j'ai vraiment eu cette... Ce souffle coupé devant des lieux incroyables.

  • Speaker #0

    Tu te souviens de la première fois où ça t'est arrivé ?

  • Speaker #1

    Je peux me tromper évidemment, mais je crois que c'est au musée Calvet à Avignon qui a contribué à mon éducation au monde de l'art. J'étais au lycée dans la même rue et pendant les pauses, je suis toujours été une bonne élève. Je travaillais beaucoup et j'étais au collège d'ailleurs, pas au lycée. Et on pouvait de temps en temps sortir et j'aimais bien aller au musée, dans la cour du musée en fait. Et on rentrait dans les expositions et je me rappelle en fait d'un escalier. On entre dans la cour, en fait, j'entrais sur la gauche. La cour est fantastique et c'est marrant, elle me fait un peu penser dans un autre monde, à la cour à l'arrière de la Fondation Maght, celle dans laquelle il y a les statues.

  • Speaker #0

    À Saint-Paul-de-Vence.

  • Speaker #1

    Exactement, tout à fait. Toutes les sculptures, juste absolument fabuleuses. Cette cour a un peu la même forme, sauf qu'elle est évidemment du 17ème. Et donc, on entre, il y a un immense escalier. Et en fait, je me vois, il y avait des trompe-l'œil, des lumières, la lumière sur un escalier, sur une rambarde. C'est un élément très fort, en tout cas, qui a influencé mon appétence pour le monde de l'architecture d'intérieur. C'est ce jeu de lumière. On percevait, en fait, la pierre, la patine. Et puis, les gens marchaient dans l'escalier sans s'en rendre compte. Et moi, je me rappelle cette espèce de lumière sur la pierre. Et ça... probablement contribué à éveiller quelque chose.

  • Speaker #0

    T'avais quel âge ? 14-15.

  • Speaker #1

    C'est pas le début, mais c'était mon deuxième collège. J'ai changé en cours de scolarité pour être dans une organisation j'allais dire un peu plus... prestigieuse, c'est pas le mot, mais en tout cas qui préparait mieux pour les lycées que je voulais faire ensuite.

  • Speaker #0

    Parce qu'à ce moment-là, tu voulais...

  • Speaker #1

    Moi, j'étais une bonne élève. J'avais plus ou moins compris qu'être avocat, c'était bien. J'avais d'abord voulu être vétérinaire, vous allez le savoir. En fait, je monte à cheval depuis très longtemps. Et je voulais être vétérinaire, c'était très précis, de l'équipe de France de concours complet. Ok. mon prof de l'époque venait de faire les JO d'Atlanta en avant, en arrière, je ne sais plus très bien en tout cas on était dans une écurie de très haut niveau c'était l'époque Japlou c'était l'époque Japlou même un peu après mais oui effectivement c'est les posters Japlou, Milton etc et au bout d'une demi journée l'esthétique ne me convenait pas les odeurs étaient très compliquées et puis je ne me voyais pas promener un animal le matin , et l'euthanasier l'après-midi. Enfin, c'était clairement pas mon monde. Ça, j'ai très vite compris. Il a fallu trouver une solution et une amie des parents m'a accueillie en stage, elle était avocat. Et alors moi, je crois bien aimer, mais mon père m'a rappelé qu'il avait effacé la fin de mon rapport de stage dans lequel j'avais écrit que je ne ferais jamais ce métier. En revanche, j'avais aimé la dynamique du bureau et l'interaction avec ses clients. Il en était resté quelque chose. Et au-delà de ça, en fait, c'est un métier... qui est multiforme et dans laquelle je percevais que je pouvais avoir quelque chose à apporter. J'avais compris qu'il y avait une importance particulière, n'était pas que sur la technique juridique, mais que sur la capacité qu'on avait à comprendre les métiers de nos clients, dans nos métiers en corporate, ou leur parcours de vie dans des dossiers plus contentieux éventuellement. Et moi, j'aime les gens, en fait.

  • Speaker #0

    Alors, tu te lances dans cette voie qui était toute tracée, de droit

  • Speaker #1

    Oui, on apprend. J'ai fait une première fac, j'en ai plusieurs en parallèle. J'ai fait... J'ai fait deux facs en parallèle, j'ai fait l'école du Louvre, j'ai fait Sciences Po.

  • Speaker #0

    Ah oui ? quand même, l'école du Louvre.

  • Speaker #1

    En auditeur libre, donc en plus d'Assas et des cours à Sciences Po, j'allais le soir, pas tous les soirs bien sûr, et j'ai fait deux spécialisations, une sur les peintures de Watteau et l'autre sur l'écriture cunéiforme.

  • Speaker #0

    Tiens donc.

  • Speaker #1

    Et on faisait des petites boules en argile pour apprendre à faire, comme le faisait dans la tradition.

  • Speaker #0

    Alors attends, raconte-nous ça, parce que moi je vois à peu près ce que c'est.

  • Speaker #1

    Les écriture cunéiformes, c'est les premières formes d'écriture sur lesquelles tu utilisais une forme de stylet pour graver de la terre à sécher. Et en fait, les bergers faisaient des petites boules qu'ils mettaient dans une boule plus importante, qui était le nombre de moutons avec lesquels ils partaient. Et chaque propriétaire écrivait avec ce fameux stylet, ou des textes, ou des nombres. C'est un peu le début de l'écriture, c'est probablement l'une des plus anciennes formes d'écriture.

  • Speaker #0

    On est dans quelle civilisation ? Je ne veux pas dire de bêtises,

  • Speaker #1

    mais je ferai quelques vérifications pour en mettre en note d'épisode. Il y a quand même très longtemps. Et la deuxième était Watteaux, qui est un peintre qui m'a toujours fascinée parce qu'en fait, son corps s'est désagrégé. Et il est mort de gangrène, ou en tout cas une maladie qui lui ressemble. Et en fait, ses peintures subissent le même sort. Elles étaient très mal préparées. Ok. Et donc elles se décomposent de l'intérieur. En fait, certaines absorbent la peinture. Et donc elles peuvent de plus en plus difficilement être exposées. Mais ça reste un peintre qui fascine avec le voyage à l'île de Citerre. Est-ce qu'on va vers Citerre ? Est-ce qu'on en revient ? Ça n'a jamais été très clair. Toutes les enseignes, notamment le Pierrot qui est très connu. Il y a souvent ce personnage un peu triste. J'aime les gens, j'aime les histoires. Donc ça faisait partie des sujets que j'avais choisis.

  • Speaker #0

    Mais quand même, en plein milieu de tes études de droit, c'est ça ? Tu fais ça en parallèle ? Tu as quand même une petite idée, là. Tu te dis, OK, le monde de l'art,

  • Speaker #1

    le monde de la création. En fait, j'avais un ami qui était à l'école du Louvre. Je trouvais ça intéressant. Et en fait, moi, j'aime apprendre. Et si je commence à m'ennuyer, en fait, je deviens dépressive. Il ne faut pas m'arrêter. Je ne peux pas m'arrêter. Et ça, c'est un peu le fil conducteur qu'on va retrouver dans notre conversation. C'est, je ne peux pas ne pas apprendre, en fait. Alors évidemment quand je peux le partager c'est mieux, mais j'ai besoin d'apprendre, de me renouveler. J'adore bavarder, discuter, échanger des points de vue. Et pour ça, il faut avoir des choses à se dire. L'apprentissage, chez moi, est quelque chose d'extrêmement important.

  • Speaker #0

    c'est toute ta vie. En tout cas, ça ne s'est jamais arrêté. Ça ne s'arrêtera jamais.

  • Speaker #1

    Ça ne s'arrête encore pas aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Tu vas nous raconter ça. Et donc, je reprends le fil chronologique. Tu deviens avocate dans un domaine en particulier ?

  • Speaker #1

    Oui, alors ça aussi, déjà, c'est pas très clair dans le sens où j'ai fait un peu de corporate, mais j'ai surtout fait un peu de droit immobilier, enfin un peu non, du droit immobilier et de la politique européenne. Donc en fait, ce que je voulais fondamentalement faire, c'était les droits communautaires, probablement auprès des institutions européennes. Et pour compléter ma formation, j'ai fait un dernier master. à Sciences Po, qui était en partenariat avec l'université de Bath en Angleterre et avec Madrid, avec Rome également, ce qui permettait d'avoir une spécialisation sur la politique européenne, pour compléter le volet juridique en fait.

  • Speaker #0

    Alors Bath et Rome, en plus deux endroits sublimes.

  • Speaker #1

    Exactement, et à Rome j'ai aussi fait un débat dans la fin de mes études de droit avec un mémoire sur les financements publics privés des autoroutes. Donc le truc est improbable.

  • Speaker #0

    T'as aimé vivre à Rome ?

  • Speaker #1

    J'ai adoré.

  • Speaker #0

    J'ai passé trois ans à Rome. J'ai adoré cette ville.

  • Speaker #1

    C'est l'une de mes villes préférées, j'y vais de temps en temps. Je pourrais y revivre sans aucun problème. Il y a des lieux auxquels je suis très attachée. Mon sport était de courir les marches de la place d'Espagne le matin. Bon, maintenant, je le fais en marchant. Mais toutes ces rues, ces ambiances, ces odeurs, ces textiles déjà.

  • Speaker #0

    Ces patines, des murs.

  • Speaker #1

    Ces patines, tous ces musées. Quand on est étudiant, en plus, tout est très facile d'accès. On mange bien, on marche bien, les lieux sont fantastiques, les jardins de la Villa Borghese, c'est pareil, j'ai passé des heures. Maintenant, j'avoue que j'ai un petit faible pour le canapé de La Chance, le Borghese, de Noë Duchaufour Lawrence, parce qu'au-delà de son esthétique parfaite, et on pourra peut-être parler de design un peu plus tard, et de la marque que j'adore, c'est un vrai souvenir presque d'enfance.

  • Speaker #0

    Moi, à Rome, il y des millions d'endroits marquants à Rome, mais je pense qu'une fois ou deux fois par semaine, en rentrant chez moi, je m'arrêtais, je rentrais dans Saint-Louis des Français. Pareil,

  • Speaker #1

    je vais dire la même chose. En fait, j'adore le vin. J'ai commencé à aimer le vin dans le petit bar qui était en face, où on allait entre amis. C'était un peu un endroit où on allait dîner le plus souvent. et Saint-Louis des Français avec ses immenses peintures. Dont le Caravage. Dont le Caravage. C'est drôle. Tu vois, on ne savait pas. Et encore aujourd'hui, ça fait partie des incontournables. S'assoir sur un banc, respirer, regarder ces tableaux fantastiques. Et je n'étais pas très loin, en fait. Une petite rue à côté.

  • Speaker #0

    Ah oui, c'est drôle. Moi, j'étais juste à côté de Navona. Voilà, c'est dans ce coin là, vers le Parlement. Vers le... Pas le Parlement, je ne sais pas ce qu'il y a, le Sénat, je crois. Bon, très amusant. Rome, c'est évidemment le voyage à Rome. Il est fondateur du parcours.

  • Speaker #1

    Dans l'esthétique en général, je devais penser aux films de Fellini, aux voitures dans Rome. les cheveux à l'air avec ces belles voitures dans l'esthétique en général il ya tout ça en fait ouais parce que j'ai trouvé à rome je sais pas si tu partages ça c'est que j'étais frustré un moment de vivre sur une dans un endroit évidemment millénaire très inspirant

  • Speaker #0

    mais à l'époque en tout cas moi c'était dans les années 2000 une absence d'art contemporain une absence de j'ai trouvé que c'était une ville qui était quand même très tournée sur le passé très musée et je crois que ça a beaucoup changé ça a beaucoup changé notamment avec les résidences d'artistes

  • Speaker #1

    je peux me promettre, je crois que c'est India Madhavi qui avait été en résidence à la ville Medicis et qui avait lancé des collaborations italiennes avec cette résidence il y a plus d'art contemporain aujourd'hui et Moi je pense que je ne l'ai pas vu à ce moment là parce que ça m'intéressait moins, je connaissais pas.

  • Speaker #0

    Oui c'est pas ce que tu recherchais non plus.

  • Speaker #1

    Non et en fait c'est l'histoire de la voiture rouge, on cherche une voiture rouge on la voit partout. Je crois que c'est pareil en fait avec l'art c'est quand on a un oeil qui s'aiguise, on voit des oeuvres, on voit des galeries, on voit des créations parce que l'oeil en fait les reconnaît. Ouais,

  • Speaker #0

    ouais. Alors donc tu deviens avocate avec toutes ces disciplines très différentes.

  • Speaker #1

    Quand j'ai commencé à travailler en fait... j'ai rejoint d'abord un cabinet à Paris en corporate parce que j'avais décidé encore de changer et de faire du droit de la vigne et du vin et là on m'avait dit ça va être du droit rural, ça va t'ennuyer mais bon écoute, on va te montrer quand même et par contre, comment ça travaille en corporate au moins déjà t'avances sur le volet structuration d'entreprise et pour débuter c'est un peu la base et c'est très intéressant ensuite j'ai rejoint Luxembourg Oui. Et donc là, c'est pareil. Donc,

  • Speaker #0

    le tambour, ce n'est pas le jardin, c'est le pays. C'est le pays.

  • Speaker #1

    Et donc je postule dans un cabinet luxembourgeois.

  • Speaker #0

    Donc tu rejoins Luxembourg pour une raison, professionnellement ? Oui,

  • Speaker #1

    pour une raison professionnelle. Parce que le père de mes belles-sœurs, qui est luxembourgeoise, nous a dit que le pays était très dynamique, que je cherchais des avocats. Et lui avait pas mal de contacts dans des bons cabinets. Donc moi, je suis ouverte d'esprit. On me donne un conseil, j'ai tendance à le suivre. Et donc, quand on m'envoie la proposition de contrat, on me dit la seule chose, c'est que par contre, droit communautaire, il n'y a pas, il y a une personne. Il ne cherche pas de collaborateur. Donc, vous avez le choix fonds d'investissement ou corporate. Bon, alors là, en sachant que c'est Luxembourg, j'aurais dû dire fonds d'investissement. Mais bon, j'ai choisi corporate en me disant qu'en fait, le client principal de cette équipe-là était CBRE. Donc, je savais que j'allais faire du corporate, mais pour... un acteur immobilier important.

  • Speaker #0

    CBRE, pour ceux qui nous écoutent, c'est un courtier en immeuble, donc c'est l'agent immobilier d'entreprise, en fait, si on veut résumer.

  • Speaker #1

    Exactement, en tout cas, ils représentent des bailleurs importants, principalement pour des entreprises, effectivement, ou des fondations, family office, etc. Et ils ont aussi un département désormais design dédié à l'aménagement de bureaux. Mais en tout cas, voilà, c'était un peu ce qui a guidé mon choix. Et donc pendant plusieurs années, quasiment 4 ans, j'ai... J'étais dans une équipe plutôt germanophone d'ailleurs, ce qui n'était pas ma zone de confort. Mais bon, il faut faire avec. Et j'ai beaucoup appris et rencontré plein de nos clients actuels, amis et... En tout cas, j'ai déjà vite compris que je ne serais jamais la meilleure avocate au sens technique du terme. Parce que relire pour la dixième fois, ça fait rire mes amis encore aujourd'hui, avec qui je travaillais déjà à l'époque. Oui, effectivement, on préférait m'envoyer dans les boards. On préférait m'envoyer aux réunions clients où j'allais faire l'animation. En étant très bien briefée en amont, les clients étaient super contents que je vienne. Donc en fait, l'équipe roulait bien comme ça.

  • Speaker #0

    Oui, mais déjà, tu sais. savais au fond de toi que tu ne ferais pas ce métier toute ta vie ?

  • Speaker #1

    Alors en fait, là où j'étais partagée, c'était que je savais que j'aurais été une très bonne associée sur le développement commercial, sur l'affiliation de nos clients. Moi, j'aurais adoré aller faire la promotion du pays et de notre discipline autour du monde, en développement de marché, de nouvelles clientèles. Mais pour ça, il fallait 10 voire 15 ans à cette époque. Et je ne savais pas... la patience et puis il y a quand même des étapes à franchir avant ça qui n'étaient pas 100% compatibles sauf à avoir la promotion je dirais et le soutien d'un associé qui nous emmène dans son chemin qui nous apprend à faire et qui sait quelles sont nos zones de confort et je ne suis pas bonne pour tout et ça c'est clair que ça faisait partie des sujets est-ce que ce serait possible ou pas écoute je n'ai pas eu le temps de me poser la question mais pour être tout à fait honnête je me la pose aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Ok. Ok. Et donc, là, tu étais dans un grand cabinet ? Oui. Un des majors ?

  • Speaker #1

    Oui, à Luxembourg, un des cabinets principaux de la place. En tout cas, c'est le plus important cabinet luxembourgeois.

  • Speaker #0

    Ok. Ok. Et là, donc, tu es avocate pendant combien d'années ?

  • Speaker #1

    J'allais dire quasiment trois ans au total et j'ai dû en passer trois chez Rennes.

  • Speaker #0

    D'accord. Ok. Et donc, un beau matin, tu te réveilles, tu te dis non, ma vie n'est pas là. Comment ça se passe ?

  • Speaker #1

    C'est toujours un peu plus compliqué. Oui,

  • Speaker #0

    bien sûr.

  • Speaker #1

    D'abord, moi, je peux douter un petit moment. prendre une décision, mais je n'hésite pas. Donc, je pouvais douter un peu de ma place au sein du cabinet. Est-ce que c'était la bonne... Bon, j'étais très heureuse d'ailleurs, mais je sentais quand même qu'il y avait un déséquilibre. Il y avait quelque chose en tout cas qui n'était pas tout à fait ma place. Et... Il se trouve que la fille aînée de ma marraine, elle s'occupe de M. Bother à Singapour, elle y était déjà à l'époque. Et en fait, quand Isabelle, ma marraine, me parlait de ce que faisait sa fille, je me rendais compte que ça ressemblait assez à ce dont moi... j'avais envie c'est à dire qu'il y avait le volet entreprise à développer alors c'était déjà une boîte fantastique M Mother mais je voyais que... Attends j'ai pas compris moi je connais pas M Mother M Mother en fait c'est probablement l'une des boîtes les plus importantes dans l'aménagement d'intérieur de yachts, de boutiques de luxe, de bureaux. Et la fondatrice est très âgée désormais, mais elle est encore dans les équipes. Ils font des études en permanent, de la prospective. Ce n'est pas juste de l'esthétique. Il y a une démarche de recherche, de création, de contribution à la manière de vivre qui est extrêmement importante. Ça fait partie des entreprises que j'essaie de modéliser. Alors, ils sont énormes, on est petit, mais c'est un vrai exemple en tout cas.

  • Speaker #0

    Oui, c'est un exemple.

  • Speaker #1

    Et donc, je me dis qu'il y a quand même un volet créé assez vrai, mais il y a un volet entreprise. On travaille avec des vrais gens. Ce n'est pas juste un archi derrière cette table à dessin, parce que ça, ce n'est pas moi, je suis incapable de faire ça et ça ne me fait pas rêver. Il y a une interaction avec différents univers, en l'occurrence le monde du luxe pour eux, et des segments assez différents de boutiques, d'hôtellerie, de bureaux. Donc en fait, on reste dans le monde des affaires, j'allais dire, et on contribue à rendre possibles les ambitions de nos clients. Et ça, ça me parlait. Il y avait quelque chose, j'avais l'impression de le faire en tant qu'avocat déjà, mais là, ça trottait dans ma tête, ce truc de... Ça me semblait plus moi. et si j'arrivais à le faire j'avais l'impression que ça pouvait remplir toutes les cases et recoller un peu tous les morceaux de ma personnalité qui était en partie quand même un peu sous-exploitée je dirais quand j'étais avocat

  • Speaker #0

    Oui un peu oubliée un peu en mineur mais est-ce que le monde du design, de l'architecture d'intérieur déjà tu le... Tu le vivais à titre personnel, dans tes intérieurs à toi, dans tes... Je ne sais pas, tu as peut-être déménagé, etc. Est-ce que c'était quelque chose déjà de très important pour toi ?

  • Speaker #1

    Oui. Alors déjà, on a effectivement... Avec mes parents, peu déménagé. Mais je passais mon temps à refaire les espaces sur lesquels je pouvais intervenir. J'adorais dessiner. Alors, j'essigne très mal. J'écris très mal, je dessine très mal, mais ce n'est pas grave. En fait, au bureau, c'est devenu un petit challenge. Quand le nouveau arrive, il faudrait la décrypter, mon écriture. Et ça amuse beaucoup mes amis quand je leur écris des petits mots. À la maison, c'est pareil. Je ne suis pas très lisible, mais quand on arrive à me connaître et à lire mes petits mots, c'est comme connaître bien. Voilà, parenthèse. Il y a ce côté créa-déménagement. Avec mon mari, on a aussi beaucoup déménagé. Et on continue à le faire jusqu'encore récemment. Donc déjà... En étant avocat, je cherchais à créer des intérieurs qui ne soient pas neutres. On a rarement habité dans des intérieurs très classiques. Il y avait toujours un truc atypique. C'est sûr que je n'allais pas chez Ikea chercher le tout seul look. Donc, je me suis lancée dans... Quand on habitait à Lyon, on avait un appart flondide. Et en fait, on avait acheté des petits meubles dans des trocs, etc. Mais évidemment, je ne voulais pas les avoir en vieux boîte tabimée. J'avais pris des cours pour les repeindre. C'était vraiment raté. Mais j'ai essayé. Et en tout cas, ça donnait une coloration particulière à cet appart. Parce que j'avais tout peint dans des teintes de bleu. Il y avait des petites touches de rouge. Il y avait déjà pas mal de noir et blanc, qui est une trame que j'aime bien. Et la vue était splendide sur une petite cour jardin. Donc en fait, il y avait quand même ce truc de... Je voulais des lieux différents. Et nos amis adorent rester chez nous. encore aujourd'hui, on passe 5 minutes et en fait, on reste 2-3 heures parce qu'en fait, on est bien. Et c'est ce que je veux faire pour nos clients. J'avais une appétence pour ça. Mais alors, en termes de compétence, zéro. Et quand j'ai remis les dossiers de candidature, parce que bon, à mon époque, il fallait remplir des dossiers pour entrer dans les écoles d'architecture d'intérieur. Surtout dans le format que je voulais faire, qui était en reconversion. Je ne peux pas reprendre 3 ans d'école. Et je voulais une vraie école. Donc j'avais choisi Créa d'Alyon.

  • Speaker #0

    Donc tu vivais à Lyon à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    Alors je suis allée à Lyon, notamment pour ça, oui.

  • Speaker #0

    Ok. Alors attends, on va raconter ça, mais est-ce qu'il y a un moment, s'il existe, je me doute que c'est progressif.

  • Speaker #1

    Ah non, il y a un moment.

  • Speaker #0

    Mais est-ce qu'il y a un moment, un truc qui a déclenché ?

  • Speaker #1

    Il y a en fait une conversation dans un petit déjeuner, où je dis à mon mari, j'aimerais faire ce que fait Clarisse. Clarisse étant la fille aînée de ma marraine. Et là, il me dit, écoute, je le savais.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Et je t'ai fait des recherches, j'ai pré-inscrit dans des écoles. Wow. Bon, après, il y a des concours à passer, mais ça, tu sais faire. Moi, j'en ai fait plein, je les réutilise tous, donc go,

  • Speaker #0

    quoi. Il t'avait pré-inscrit dans des écoles, sachant que ça allait arriver.

  • Speaker #1

    En disant que ça pouvait arriver. Je le sentais. OK. Il savait que... Je n'aurais pas forcément eu la patience de passer six mois à chercher quelle bonne école d'en comparer 150. Moi, j'aime ou je n'aime pas. C'est comme dans l'art. Je vais acheter une œuvre parce que je l'aime. Je ne vais pas en comparer 150 pendant six mois. Les écoles, c'est pareil. J'ai choisi Créade parce que...

  • Speaker #0

    La formation était reconnue parce que le parcours proposé était très complet, mais aussi parce que c'était un coup de cœur amical avec la fille de la fondatrice, alors qu'il l'a revendue depuis. Mais quand on s'est rencontrés pour l'entretien final, j'allais dire, moi j'avais très envie de travailler avec elle, tu vois. Un petit lapsus. En tout cas, d'apprendre avec elle dans son école. Mais je savais que ce que j'avais rendu était mauvais. Parce que c'était quoi ?

  • Speaker #1

    Alors,

  • Speaker #0

    première étape, il fallait rendre un aménagement d'appartement. Je ne savais pas faire. Déjà, je l'ai fait sur un fond noir. En plus, l'impression, c'est catastrophique. J'ai pris les plans d'entraînement. à part de l'époque, j'ai découpé des meubles que j'ai collés. Alors que je voyais passer à peu près d'autres dossiers, de gens qui voulaient se reconvertir et qui avaient déjà... Ils savaient faire des 3D, ils connaissaient les plans. Je savais que c'était mauvais, mais j'espérais qu'elle... elle détecte...

  • Speaker #1

    C'est ça. C'est l'exécution qui était mauvaise, mais peut-être qu'au fond, il y avait une variété.

  • Speaker #0

    Exactement. C'est que deuxième étape, aménagement de bureau. En fait, à chaque fois, je me suis creusé la tête quand même pour avoir une approche différenciante. C'est un truc qui n'a jamais changé, c'est que quand on propose un projet, y compris dans des concours, on va toujours prendre des risques. Oui. Et à l'entretien, j'ose quand même lui demander quand est-ce qu'on aurait une réponse, qu'est-ce qu'elle a pensé de mes propositions. Et en fait, elle me regarde, elle me dit, Maman Dine, si t'es pas vous, c'est personne.

  • Speaker #1

    Ah oui, waouh !

  • Speaker #0

    Et donc on se dit qu'on est dans la bonne voie. c'est sûr qu'il faut professionnaliser parce qu'en pratique c'est pas utilisable mais vous avez un style c'est courageux, c'est très bien construit à chaque fois dans les dossiers que vous avez rendus vous avez raconté une histoire ok Et elle a dit, je vais vous avoir. Donc, je lui ai donné une deadline. J'avais quand même passé un entretien aussi en cabinet d'avocat, la même journée. Et donc, en traversant un pont au-dessus du Rhône, je me suis dit, au bout du pont, j'ai pris une décision. Et moi, je fonctionne pas mal comme ça. Dans ma tête, quand c'est arrêté, après, il y a le temps de l'exécution, je dirais. Mais quand j'ai décidé, j'ai décidé.

  • Speaker #1

    Donc, à ce moment-là, tu candidates pour rentrer chez Crade. Tu candidates en même temps dans un cabinet d'avocat. Mais tu sais... tu ne sais pas encore lequel tu veux. En tout cas, avant de franchir ce pont.

  • Speaker #0

    Je sais que j'ai envie. En fait, les deux m'intéressent. Le cabinet m'intéresse. Le projet qu'il me propose m'intéresse. Il y a un chose côté développement, en fait. C'était pour développer un nouveau département. Moi, mon côté promoteur, il y va à fond. Il y a une forme de sécurité.

  • Speaker #1

    Oui, tu maîtrises le sujet.

  • Speaker #0

    Je maîtrise le sujet. Je connais le cabinet. Je connais le fondateur du cabinet. Je sais ce que je vais pouvoir leur apporter. Évidemment. financièrement je vois près où je vais aller et en même temps je me dis à ce moment là que si j'essaie pas d'être architecte d'intérieur je le regrettais tu avais quel âge 28 29 ah oui ok ok donc c'est oui c'est un tournant déterminant la trentaine tu dis bon allez c'est maintenant que je veux faire ce que je veux oui et sachant que quand j'avais quitté luxembourg pour aller à lyon j'avais quand même discuté avec les les associés avec qui je travaillais, et qui m'avaient dit, en fait, qu'ils me donnaient un an. Après, si je devais revenir plus tard, je le ferais plus tard. Mais ils me gardaient ma place dans l'équipe pendant un an. Alors évidemment, je n'aurais pas progressé. Mais je pouvais revenir.

  • Speaker #1

    Donc tu leur avais dit, en gros...

  • Speaker #0

    En tout cas, j'ai réussi par un an. Et j'avais dit aussi à nos clients chez qui j'étais en seconde month. Je leur avais expliqué la situation. Et c'était quand même une situation particulière. Et puis, ce n'était pas les modes à l'époque. Il y a une grosse dizaine d'années. Changer de carrière, ça ne se faisait pas tellement. Quitter le monde des cabinets d'avocats pour...

  • Speaker #1

    Oui, pour un changement aussi radical.

  • Speaker #0

    Oui, il y avait un côté renonciation. à une forme de carrière toute tracée. En fait, ce qui était le plus difficile, c'était de voir dans le regard de certains amis que pour eux, en fait, j'avais plus d'ambition, alors que pour moi, en fait, c'était beaucoup plus ambitieux.

  • Speaker #1

    Mais bien sûr, parce que j'étais en risque.

  • Speaker #0

    Je pouvais... Oui, je suis en risque, c'est vrai que je n'ai pas peur de prendre des risques. mesurer, contrôler, mais je me jetais à l'eau en me disant je ferais tout pour que ça marche. Ça, c'est dans mon caractère. Et j'embarque les gens avec moi,

  • Speaker #1

    je crois. Et alors les gens autour de toi, certains ont douté. Ils se sont dit mais qu'est-ce qu'elle fait ?

  • Speaker #0

    Certains m'ont dit mais tu n'auras plus de statut social. Ben non. en fait et c'est presque mon côté défi ou en fait on me dit que c'est pas possible je vais vous pourrez que ça l'est en fait donc voilà ça fait une contextualisation un peu longue mais je pense que c'est important d'en parler pour moi qui aujourd'hui veulent changer de métier c'est presque l'effet inverse c'est à la mode donc on pousse énormément les gens à essayer à tenter à changer mais souvent les gens se trompent en fait ils font des choix qui sont pas faits pour eux alors que moi je les fais en ayant conscience que Ça me semblait la bonne voie, qu'il y avait un chemin. Il y avait aussi, il faut être honnête, une vraie opportunité de marché à ce moment-là. Il y avait peu d'architectes d'intérieur. Donc, le contexte est très différent de ce qu'il est aujourd'hui. Mais je crois que ceux qui m'ont soutenu savent qu'ils ont fait le bon choix.

  • Speaker #1

    Oui, évidemment, ils ont fait le bon choix, je te le confirme. Mais en plus, je pense que, j'imagine, je ne sais pas, on ne se connaît pas très bien, Amandine, mais que le fait d'être passé par un métier de contact client, de... Tu as un caractère de promoteur, effectivement, tu l'as dit. Opportunité de marché, tu y voyais assez clair. Tu savais ce que tu pouvais apporter à ce métier.

  • Speaker #0

    Je pensais savoir ce que je pouvais y apporter. Je savais comment il fallait s'entourer aussi. Je savais dans mon caractère et dans mes compétences, on va dire, que j'aime initier les projets, j'aime créer des équipes et j'aime que ça roule. Donc, il fallait très vite, en fait, que... ça puisse fonctionner pour que tout ça aille de l'avant. Et il y avait une forme de process qui manquait, je trouvais, à ces métiers-là, qui sont perçus comme créatifs, alors que moi je trouve que ce n'est pas la première qualité. Il faut être un bon architecte d'intérieur.

  • Speaker #1

    C'est quoi ? C'est être structuré, être processé ? Oui,

  • Speaker #0

    d'abord, il faut être digne de confiance, il faut être très organisé, il faut être près de ses chiffres et des chiffres de nos clients, parce qu'on nous confie des projets, ça veut dire nous confier des budgets. Oui,

  • Speaker #1

    des limites à ne pas dépasser. des délais à respecter.

  • Speaker #0

    Tout à fait. Donc il faut d'abord être organisé, d'abord être un bon entrepreneur. En tout cas quand on dirige une agence. Et tant mieux si on a des idées. Mais je pense qu'il y a beaucoup de belles agences qui se différencient autrement que par la créativité. après c'est pas mon angle mon angle c'est d'avoir une agence très créative une agence qui prend des risques mais je pense qu'on ne peut le faire que quand on a créé autour de soi un environnement de travail sain et ça je l'avais identifié dans les entretiens que j'avais pu mener j'avais rencontré des architectes, des décorateurs, des architectes d'intérieur des que ce soit dans des boutiques, dans des cabinets dans des clubs d'entrepreneurs parfois, il y avait un peu tout ça et Le côté seul et créa me semblait en tout cas très nettement suffisant par rapport aux ambitions que moi, j'avais pour mon métier.

  • Speaker #1

    Toi, tu savais que tu ne voulais pas travailler seule.

  • Speaker #0

    Ah oui, never ever. Moi, ça me rendrait très malheureuse.

  • Speaker #1

    Ah oui, ok. Donc, ton ambition, c'était ok, je monte une équipe, je recherche les meilleurs talents à côté de moi et on va faire la différence, on va être créatif, mais aussi on va faire la différence avec ce que ton métier, ton caractère, ta formation t'apporte.

  • Speaker #0

    Exactement. Et en fait, là où... que j'ai eu de la chance, c'est que mon mari m'a fait confiance, donc ça c'était quand même le point de départ. Notamment en achetant très vite un appart en très mauvais état et en me disant vas-y. Et en fait, quand j'ai dit à nos clients et mes anciens confrères que j'allais revenir à Luxembourg et ouvrir une agence d'archives d'intérieur, beaucoup m'ont fait confiance tout de suite. Donc en fait, j'ai eu des projets avant de finir l'école. Donc j'ai demandé à deux personnes de l'école de travailler avec moi, un pour les plans, l'autre pour les 3D. et à un ingénieur que je connaissais de Luxembourg de s'occuper du volet entreprise et gestion de chantier. Donc en fait, en revenant, on a tout de suite été une petite équipe. Alors on partit à distance, mais...

  • Speaker #1

    Oui, mais alors attends, c'est formidable. Déjà, tes anciens collègues et clients, patrons, te font confiance. Ils ont eu la vie d'après.

  • Speaker #0

    En tout cas, je ne sais pas si tu étais conscient ou inconscient, mais de me dire que j'étais une bonne avocate et que je serais une bonne architecte, qu'ils avaient besoin de moi. Et... Et en fait, c'était l'occasion. Allons-y.

  • Speaker #1

    Oui, c'est top. Quand tu as la confiance, il n'y a pas de raison. En réalité, quand tu réfléchis bien, quand quelqu'un est bon dans son domaine, qu'il a fait un choix réfléchi, qu'il montre qu'il n'est pas complètement farfelu, il n'y a pas de raison de ne pas lui faire confiance sur la suite. Mais c'est rare. J'imagine que c'est rare. Donc, tu démarres, tu es diplômé, tu démarres avant même d'être diplômé. Ce nouveau métier.

  • Speaker #0

    Quelques semaines après avoir commencé l'école, je me rappelle la première discussion. Alors maintenant que tu es archélèque d'intérieur. Alors en fait... j'ai fait trois semaines d'école je sais à peu près dessiner un rond et j'ai pas commencé à tracer un plan mais oui enfin on va y arriver et là le côté promoteur prend le ruide oui on va y arriver et du coup je demande en fait tout de suite à ceux qui savent de venir avec moi ok

  • Speaker #1

    Donc là, on est presque maintenant 10 ans après cette époque-là. Oui, on est à plus de 10 ans,

  • Speaker #0

    parce que l'agence a 10 ans, grosso modo.

  • Speaker #1

    Donc ton agence, c'est Atelier Compostelle. Alors déjà, moi, je suis curieux de savoir pourquoi ça s'appelle Atelier Compostelle.

  • Speaker #0

    Oui, en fait, la première étape était que je ne voulais pas une agence qui ait mon nom, parce que je voulais créer la meilleure agence et pas forcément être la meilleure architecte d'intérieur.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    Je pense que la force de l'Atelier Compostelle, c'est la force de l'équipe. Oui. C'est qu'on est tous complémentaires. On peut compter les unes sur les autres et les uns sur les autres. Et on s'entraide, on se challenge. Et j'espère que l'atelier existera avec ou sans moi, mais en tout cas après moi.

  • Speaker #1

    C'est rare ça aussi, parce que c'est vrai que c'est un truc comme chez les coiffeurs. Il y a Jean-Louis Coiffure.

  • Speaker #0

    Mais ce qui pose des questions, parce qu'il y a une question de lisibilité dans la communication, c'est qu'il y a Amandine dans l'agence. La communication est très axée sur moi, sur mon image et sur mes engagements. Donc ça pose des questions, le fait d'avoir une agence qui n'a pas directement son nom. Vu de l'extérieur, il faut aussi retenir deux noms. On pourra en parler, mais en tout cas... Je ne voulais pas que ce soit mon... Je pensais ensuite que dans la notion de l'atelier, alors en plus je ne parle pas forcément de l'atelier au quotidien, parce qu'on est une agence, on est un studio d'architecture, mais il y a un côté de savoir-faire et de faire ensemble. Et donc, la notion d'atelier me parlait.

  • Speaker #1

    Et de craftmanship aussi. Exactement.

  • Speaker #0

    Tout à fait. Tout à fait, exactement. C'est faire ensemble, c'est savoir-faire, artisanat. Mais ça évolue avec son temps. Et je trouve que dans l'atelier, il y a une notion d'études, de groupes. Il faut être en avance, en fait.

  • Speaker #1

    Oui, d'expérimentation, d'innovation.

  • Speaker #0

    D'expérimentation. Et c'est vrai qu'on fait toujours beaucoup de recherches au bureau, en parallèle des projets. On demande des prototypages, on dessine, on avance sur des sujets qui ne sont pas... inclus directement dans nos dossiers. Il y a des choses qu'on a envie de faire, mais on n'a pas le projet pour. Donc il y a cette notion d'atelier. Et Compostelle parce que j'ai marché le chemin du Nord. C'est par un GR qui longe la cause espagnole. Donc c'est plus de la grande randonnée que du chemin de Compostelle, mais ça reste un chemin de Compostelle. Et ce que j'y trouve, c'est qu'on sait où on va, avec quelle équipe. On a une destination, on est très préparé. Et cette ultra préparation, cette vision, cette décision qu'on a pris de partir, elle laisse de la place ensuite pendant le cheminement, à des temps de réflexion, à des temps d'ajustement. Elle laisse la place à la découverte, à la rencontre. Et en fait, je crois que c'est ça un projet d'architecture. On doit être extrêmement préparé. On doit beaucoup dessiner, on doit expliquer, on doit embarquer nos clients et nos artisans avec nous. On doit se mettre à risque, mais dans quelle mesure ? Sur le chemin, c'est combien de kilomètres on peut faire ? C'est quel équipement on a ?

  • Speaker #1

    Parce qu'il faut arriver à terme, au bon moment.

  • Speaker #0

    Exactement. Chaque jour, il faut arriver à l'endroit où, sur le chemin, on va dormir.

  • Speaker #1

    Parce que oui, par curiosité, moi, je n'ai jamais fait ce... ce parcours, mais c'est quelle durée ?

  • Speaker #0

    Il y a des durées très variables parce qu'en fait le chemin il est quasiment infini. Mais moi j'ai marché trois semaines. On part très tôt le matin parce que c'est en été. Il faut être bien équipé mais pas trop chargé. Quand on marche à plusieurs, il faut laisser marcher chacun à son rythme. Mais en faisant des temps de pause au même moment, c'est exactement ça un projet d'archi. Quand on travaille en binôme, j'aime bien mettre les gens en binôme au bureau. Et donc, on voit très bien ceux qui attendent avec impatience le chantier, vont très vite aller dessiner des détails de conception. Ceux qui sont plus fans de design, de déco, vont créer des moodboards, vont travailler sur la matière. et même s'il y a un process qui est très arrêté on voit quand même les sensibilités et chacun va à son rythme l'essentiel c'est que tout fonctionne ensemble et donc le chemin c'est ça aussi cette destination, cette temporisation ce fait de faire ensemble on peut avoir peur sur un chemin on peut devoir s'arrêter parfois on peut devoir douter, on peut devoir faire des pauses changer de direction y revenir et la relation aux gens c'est ça aussi la relation à l'architecture, au design, au projet ... C'est aussi ça.

  • Speaker #1

    Il y a une notion de solitude quand même, non ?

  • Speaker #0

    Il y a une partie de notion de solitude. Ça, c'est aussi lié à la notion d'entrepreneuriat. Quand on appuie sur le bouton et qu'on y va, on est tout seul.

  • Speaker #1

    Si on change de petit gosse pour lancer un chantier,

  • Speaker #0

    en fait, le gosse, c'est quand même moi qui le donne.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. C'est toi qui bats la main.

  • Speaker #0

    Et le chantier, c'est moi qui dois battre la mesure. Ça reste ma responsabilité. Les clients vont signer avec moi, même s'ils sont pris en charge par des équipes de projet. Et il y a un élément aussi de notre parallèle avec le chantier, c'est que quand on commence à démonter, à démolir, on découvre le principe du sur-mesure. C'est que qu'est-ce qui se cachait, qu'est-ce qu'on doit adapter ? Et comme on est très préparé, en fait, on a le temps pour ça en parallèle du chantier, pour l'adaptation, en restant dans la logique du projet. Si on est moins préparé et qu'on continue à... à chercher pendant le chantier, en fait, on est sur deux temps parallèles trop différents, je trouve.

  • Speaker #1

    Oui, mais c'est hyper intéressant, je trouve, d'insister. Alors d'abord, le nom, bravo, j'adore ce truc.

  • Speaker #0

    Mais c'est des questions, c'est joli, mais est-ce que je dois le garder ? Est-ce qu'on va en changer ? Est-ce que les initiales, le AC ?

  • Speaker #1

    ça raconte une histoire moi je trouve ça super moi j'aime bien je trouve que ça raconte une histoire j'adore le fait que tu incarnes ton agence mais en même temps ça porte pas ton nom parce que effectivement c'est une des questions que je vais te poser d'ailleurs c'est de savoir ce que t'as envie de laisser en faisant ce métier qu'est-ce qui te rendrait hyper fier de savoir que tu vas laisser alors chaque Je pense que chaque humain a envie de laisser un truc, mais dans ton métier, c'est peut-être encore plus important, plus naturel et peut-être plus important. Non, non, moi, je trouve que ce nom est top. Et puis l'histoire que on s'en doute un petit peu, on comprend. Mais l'histoire que tu racontes, elle est un petit peu la même que la démarche que tu as de raconter des histoires dans tes projets, j'imagine. Mais c'est vrai que d'ailleurs, en t'écoutant, tu expliques que quand tu démontes, quand tu démolis. tu as des découvertes, des surprises. Ça arrive souvent. Enfin, j'imagine qu'il faut que les lieux soient... Alors, tu peux avoir des mauvaises découvertes en disant « Zut, ce mur, on pensait que et on ne peut pas » ou « Là, ça ne va pas fonctionner » ou « Là, la lumière n'arrive pas comme on pensait » ou je ne sais pas quoi. Ça peut être aussi des découvertes merveilleuses de trouver, je ne sais pas si ça t'est déjà arrivé d'ailleurs, de trouver des décors.

  • Speaker #0

    Exactement. J'ai deux exemples comme ça. Dans un appartement parisien, il y a beaucoup de moquettes. Oui. des différences de niveau qu'on avait un peu de mal à expliquer. On ne pouvait pas les déposer tant que je ne commençais pas. Et en plus, on a tendance à laisser les sols d'origine, quand ils ne seront pas restaurés, le temps de la démolition, parce qu'en fait, ils servent de protection à ce qu'on va faire ensuite, quand il y a des moquettes, on a tendance à les laisser aussi, en faisant quelques sondages.

  • Speaker #1

    Tu savais quand même s'il y avait du parquet, de la pierre ? Du parquet,

  • Speaker #0

    on savait. Et la découverte, c'est qu'on se doutait qu'il y avait une pierre ou une mosaïque, mais... Sur les sondages, en fait, il n'y avait rien de très joli. Mais en déposant la moquette d'une entrée, on a retrouvé une mosaïque art déco absolument splendide. Incroyable. Qu'on a pu réparer. Et à qui on a pu redonner tout son lustre et qu'on a fait revivre. Donc ça, c'est assez touchant parce que c'est un savoir-faire qu'on retrouve. C'est une empreinte qui va rester. Et notre passage, ce n'est pas de faire table rase du passé, c'est de se dire comment on peut s'appuyer sur l'existant. pour créer une trame, une histoire. Et là, en l'occurrence, on redécouvre assez tard dans le projet un élément qui marche avec l'ensemble.

  • Speaker #1

    Mais il faut que ça marche. Tu avais prévu quoi à la place de cette... En enlevant la moquette, tu pensais mettre quoi normalement ? Du parquet ?

  • Speaker #0

    Je pensais remettre une mosaïque.

  • Speaker #1

    Ah !

  • Speaker #0

    Formidable ! Donc on avait dessiné, mais on n'avait pas commandé. On attend quand même d'avoir complètement déposé, de déposer ce qu'il y aura en dessous. Ce qu'on voyait était très abîmé, en fait. Et en fait, on a juste restauré et...

  • Speaker #1

    C'est horrible. Et alors, je ne sais pas si ça s'est déjà arrivé, mais j'imagine que ça doit arriver à tes consoeurs, confrères, de découvrir un élément comme ça et le client ne souhaite pas le conserver ou ça ne fait pas du tout partie du projet et on le sacrifie ou on le recache. Je ne sais pas si c'est déjà arrivé ça.

  • Speaker #0

    Ça peut arriver. Ça peut arriver, j'irai en particulier sur des escaliers qui... qui ont du sens avec le projet d'origine, avec la construction d'origine. Nous on travaille souvent sur des maisons années 20, années 30, qui ont un peu toutes les mêmes escaliers, avec un garde-corps en bois qui est travaillé de la même manière, avec des petits bois, avec des côtes très graphiques. On a tendance à essayer de les conserver au maximum. Parfois, ils sont trop abîmés. Et refaire exactement identique de l'ancien sans que ce soit exceptionnel, ce n'est pas exactement ce qu'on aime faire non plus. Et parfois, le cahier des charges de nos... clients et de restructurer beaucoup plus lourdement, notamment en déplaçant les escaliers. Et dans ce cas, c'est leur intérieur, que ce soit leur bureau ou leur résidence privée. Donc quand j'ai une conviction, c'est clair qu'on va se battre pour ça et le plus longtemps possible. mais c'est pas un combat en fait. Moi je préfère, à l'idée de danser avec nos clients, je dirais, de donner un rythme et un tempo, il faut les deux dans un projet. Le tempo va donner la base et hop après le rythme une musique. Mais c'est chez eux. On est quand même à leur service. On a une collection, mais on est à leur service.

  • Speaker #1

    Alors moi, on va rentrer dans ton métier. Pour qui tu travailles, tu nous expliques un peu tout ça. Mais moi, j'ai une frustration en tant que fan d'architecture, d'architecture d'intérêt. de design mais j'ai une frustration et peut-être même un combat je peux bien quand on le monnaie d'ailleurs mais c'est de voir des espaces plutôt des espaces tertiaires qui sont des immeubles à paris qui sont qui sont historiques dont on conserve les façades mais pour des raisons de réglementation de d'accessibilité de deux flux de passage de fluides de climat etc on est obligé et d'économie du principal campas son même endroit mais voilà moi ça me je me dis mais on est obligé de détruire des endroits et c'est le patrimoine de l'architecture et donc une partie de la culture française notamment, et c'est vrai dans plein d'autres pays, qu'est-ce que tu en penses ? Enfin, comment on peut faire ? Parce que c'est vrai qu'on ne peut pas obliger un client à payer 40% de plus pour conserver un plafond ou un escalier, mais en même temps... On a tous visité des intérieurs qui ont été complètement ravagés par une absence de culture, et pas pour une raison d'économie, mais où des parquets anciens ont été recouverts, etc. Et je me dis, mais il faut conserver ce truc-là. Comment on fait ?

  • Speaker #0

    Alors, c'est une vraie question. Je pense qu'elle... Merci. Elle se décline en trois réponses. La première, c'est que, déjà par chance, il existe des entreprises qui déposent les matériaux anciens, qui les restaurent et qui les revendent. Donc ça permet de reconstituer les intérieurs dans des lieux qui, à l'inverse, ne sont pas restaurables. Donc on peut retravailler sur un bâtiment Art Deco ou Art Nouveau, par exemple, qui a été trop abîmé, en réintégrant des décors dans un bâtiment du même type qui, lui, est démonté partiellement. c'est un premier élément, c'est quand même assez intéressant de savoir que ça existe et que tout ne disparaît pas.

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai.

  • Speaker #0

    Ensuite, On rejoint les questions de patrimoine en France, mais heureusement, le patrimoine français, européen, d'ailleurs, est très riche. Et il existe de nombreux lieux qui sont intéressants et qui sont le témoin de chaque époque. Il reste de tout partout bien restauré. Et il y a des passionnés de patrimoine qui sont là pour ça, pour préserver les lieux, pour les ouvrir au public. Et... Pour en prendre soin ? Pour préserver des histoires ? Pour témoigner de savoir-faire ? Pour faire travailler des artisans ? C'est le deuxième élément. Ça existe quand même.

  • Speaker #1

    Oui, non mais c'est vrai.

  • Speaker #0

    Et le troisième, c'est la réponse plus directe à ta question. C'est dans la mesure où on doit utiliser un lieu. Et qu'il y a des réglementations auxquelles on ne peut rien, parce qu'elles ont été développées, la présence de sécurité principalement. Est-ce qu'on pourrait faire mieux ? Et autrement, oui, clairement. Et comme tu le sais, on s'attache à le faire. Et sur un projet sur lequel on travaille ensemble, on va essayer au maximum. de réintroduire des codes qui vont être intéressants et qui vont souligner l'architecture du bâtiment. Mais je ne suis pas passéiste, j'aime beaucoup l'histoire, j'aime l'architecture. Je voudrais pouvoir préserver un maximum des lieux anciens. Et en même temps, je crois qu'au moment où Cellulian a été créé, c'était le meilleur de ce qui se faisait. Et je pense qu'on a la responsabilité aujourd'hui de les restructurer, de les retravailler en les respectant, mais quelque part aussi en y faisant travailler le meilleur de la création contemporaine. Donc je pense qu'il faut vivre avec son temps, en respectant ce qui a existé. Quand on peut conserver, évidemment, des vitraux et les faire restaurer, bien sûr. S'il entrait une belle mosaïque, évidemment que j'ai envie de la conserver. mais si il faut parfois sacrifier un élément secondaire qui n'est pas forcément un marqueur extrêmement important ou significatif parce que ça rend le projet possible je crois que c'est aussi l'intelligence de l'architecte de savoir guider son client sur ce que l'on doit conserver ce pourquoi il faut se battre ce qu'il faut expliquer aux quittés monuments et aux architectes des bâtiments de France Parce qu'évidemment, il y a tous ces paramètres-là à prendre en considération. Et en même temps, comment aller de l'avant ? Je l'ai dit un peu au début, notre métier, c'est notamment de rendre possibles les projets. Et donc, d'analyser les bâtiments, de bien les comprendre. de comprendre l'objectif de nos clients et de concilier tout ça. Et on a un travail d'explication à faire aussi.

  • Speaker #1

    Mais ça, ça suppose que... Alors, c'est très clair, j'aime beaucoup cette réponse, mais ça suppose aussi... d'avoir cette conviction et je pense que tout le monde ne l'a pas dans son métier beaucoup long heureusement et 2 d'avoir les bons clients alors les bons projets j'imagine que naturellement ça se fait enfin tu veux tu vas peut-être nous parler de ton pire projet c'était une question que j'avais aussi mais alors pour qui atelier compostelle ton équipe de talent et toi même travaillez vous et quels sont vos c'est quoi les personas de l'agent des clients de l'agence écoute m

  • Speaker #0

    Le persona du care de l'agence, déjà, il est le même sur les projets résidentiels et les projets workspace. Le persona, c'est quelqu'un qui est convaincu de l'importance des lieux dans lesquels il vit, où il travaille, sur ce qu'il va y vivre. Alors dans les projets workspace, on va venir appuyer une méthode de management, on va venir appuyer une image. on va venir souligner un propos. Donc ça, la conviction sur l'importance de l'intérieur, elle est vraiment un point commun entre nos clients. Ensuite, nos clients, ils recherchent des éléments de différenciation et ils recherchent, j'allais dire, une vraie relation avec leur architecte. Ils recherchent un échange qui va mêler culture, architecture et monde de l'art. Pour avoir une approche globale. On vient nous chercher pour ça aussi. Ils viennent rechercher un sparring partner. ils auront des idées, mais nos clients ont souvent envie d'être surpris. Ils nous font confiance. Ils ont envie qu'on les écoute, qu'on comprenne, qu'on les challenge. Ça fait vraiment partie des points communs de nos clients, je crois. De pouvoir discuter avec nous, d'être écoutés. On nous remonte souvent le fait que on devient très souvent amis avec nos clients après les projets. C'est aussi parce que nous avons su nous écouter et créer des relations privilégiées. Alors qu'avec d'autres expériences précédentes, on n'osait pas trop dire ce qu'on pensait. Ou en fait, l'architecte imposait son point de vue. Et donc, nous, nos clients, ils viennent nous chercher aussi pour avoir un point de vue, mais pas pour qu'il soit imposé sans avoir du sens.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    La personne type, ensuite, est sensible au monde de l'art. Ça, je crois que je l'ai souligné.

  • Speaker #1

    Donc, c'est en gros. Alors, j'ai bien compris ce lien entre tous tes clients.

  • Speaker #0

    Après, géographiquement, peut-être quand même.

  • Speaker #1

    Non, géographiquement. Et puis, dans le secteur du travail pour le résidentiel, travail pour des... espaces de travail, l'hospitalité un petit peu j'imagine.

  • Speaker #0

    Oui c'est ce qu'on voudrait développer en fait. On a eu quelques expériences dans le monde de l'hospitalité qu'on a beaucoup aimé notamment on a restructuré tout l'espace d'accueil et le lobby de l'hôtel des Frères et Barbeaux Rabidard. et la perception du lieu à travers le changement qu'on a apporté dans le lobby correspond exactement à ce qu'on a voulu faire avec nos clients qui était d'être réellement un lien entre le moment de la réservation où souvent leurs clients réservaient pour le restaurant étoilé et allaient à l'hôtel et maintenant les clients réservent pour l'hôtel notamment à travers l'image que l'on a pu transformer ensemble

  • Speaker #1

    Et c'était une partie du cas des charges ?

  • Speaker #0

    Oui, en fait c'était une discussion sur Le lobby est sous-exploité d'un point de vue espace et volume. La réception a une circulation pas très logique. Et c'est un endroit que moi je connaissais bien. Et en fait la première chose qui m'est venue à l'esprit était qu'il manquait un lien. entre le moment de la réservation, entre l'image qu'on se fait et le moment où on arrive. Alors que le volume était présent, les angles de vue étaient présents et donc il fallait restructurer pour réorganiser et donner cette image premium qui correspond au service qui était déjà apporté.

  • Speaker #1

    Tu peux nous le décrire, ce lieu, pour ceux qui ne le connaissent pas ?

  • Speaker #0

    En fait, c'est une grande maison basque qui est la troisième génération. Donc, en fait, les hommes cuisinent. Xavier et Patrice sont chefs et ils ont une étoile. Et leurs épouses s'occupent de l'entreprise et de l'hôtel. Ça donne un contexte parce qu'il y a une logique familiale, en fait, où cette sensibilité-là, elle devait être présente. C'est vraiment une maison basque. Et l'entrée de l'hôtel, qui est une construction un peu plus récente, des années 70 à peu près, était un très grand volume, avec plus de 6 mètres sous plafond, qui donnait sur un escalier deux volets, mais deux volets qui se font face. Encore une autre perspective. Et on entrait, il y avait un petit bureau sur la gauche, et puis le reste était... il y avait un billard. En fait, on ne savait pas exactement où il fallait aller, et le volume n'était pas perceptible. et au Pays Basque les bergers ont un bâton qui s'appelle le Makita qui est fait en oistier et en fait chacun est unique à son veinage particulier et pour moi le passage de témoin la notion de bâton, de marcher ensemble de nouveau peut-être et de tradition basque était extrêmement importante et en fait on a appelé ce projet Makita Et j'ai dessiné un immense desk qui doit faire 7 ou 8 mètres.

  • Speaker #1

    Qui est la banque d'accueil.

  • Speaker #0

    En fait on arrive et dans l'entrée on a ce très long desk avec plein de petits bâtons verticaux qui ont l'inspiration du coup le bâton basque et sur l'arrière une gigante. grantesque bibliothèque, dans lequel il y a évidemment tous les éléments techniques nécessaires à un desk d'accueil dans un hôtel, mais plein d'objets basques et de beaux objets, en fait. Donc, ça devient, quand on arrive, on est immergé dans la culture basque, mais contemporaine. Et on a travaillé avec les entreprises locales. J'ai dessiné des luminaires qui sont inspirés des fleurs et des feuilles et des végétaux du jardin des chefs. C'est un lien entre le restaurant et l'hôtel. Ça a été créé par Asel Malchak, qui est une artisane basque et qui avait déjà travaillé pour le restaurant.

  • Speaker #1

    Tu connaissais avant ce projet ou tu l'as cherché pour le projet ?

  • Speaker #0

    Je savais ce qu'elle faisait parce que j'avais vu quelques éléments du restaurant, mais je ne l'ai pas... J'ai proposé à nos clients de l'intégrer sur le luminaire, qui n'était pas encore un volet qu'elle avait forcément développé. Mais bon, elle a dit qu'elle était partante, elle a essayé et on aime bien l'idée de la réalisation. Donc ça a renforcé ce lien entre les deux parties de la maison. On a ces grands luminaires en métal très proches du cortène. Cet immense volume noir autour du Makita, autour duquel on circule, il permet désormais d'intégrer un volet boutique. En bureau, pour la directrice de l'hôtel, tout a été regroupé. On a installé une cheminée autour de laquelle les clients peuvent venir en hiver, passer un moment, et même à l'automne. Se poser sur un canapé autour de la cheminée, c'est hyper agréable.

  • Speaker #1

    Donc tu as vraiment complètement bousculé l'expérience du visiteur, du client, peut-être même du collaborateur qui travaille dans cette zone.

  • Speaker #0

    Oui, parce qu'en fait, je pense que pour les collaborateurs de l'hôtel, c'est beaucoup plus agréable. C'est beaucoup plus simple. Et puis là... voir le sourire, c'est ce qu'elle me dit, c'est le sourire de leurs clients quand ils arrivent. Il n'y a rien de plus motivant quand on commence une expérience hôtelière que de recevoir son client, de voir qu'il a le sourire, qu'il regarde partout. Et ça, quelques années, ça fait trois ans qu'on a fini ce projet. Et j'avoue que ça me touche encore beaucoup. Chaque fois que j'y vais, elle me dit « qu'est-ce qu'on est bien ici, à Paris Grégoire, à travailler » . Et chaque fois que des clients viennent, maintenant, ils viennent pour l'hôtel. Et la réception, il y a vraiment un espace où la notion de lobby a pris tout son sens. Donc, oui, c'est une expérience qu'on a beaucoup aimée. Et j'aimerais vraiment reproduire cette expérience-là. En fait, pouvoir dessiner des lieux auxquels tout le monde a accès. Parce que finalement, on dessine des intérieurs auxquels les collaborateurs, les clients ou des familles ont accès.

  • Speaker #1

    C'est vrai que le lieu de l'hospitalité...

  • Speaker #0

    Que n'importe qui s'allait déjeuner ou dormir dans un lieu qu'on a pensé, c'est vraiment dans les ambitions de l'atelier.

  • Speaker #1

    Oui, ok, ok. Alors, une question sur, tu disais, nos projets sont, enfin, nos clients deviennent parfois des amis, même souvent. Alors moi, je me souviens d'une discussion que j'ai eue avec Joseph Dirand, qui est un architecte des PLG et qui fait beaucoup, beaucoup, beaucoup d'architecture à l'intérieur. Il me disait, alors lui, il me racontait, alors ça a peut-être changé, c'était il y a quelques années, mais il me disait, en fait, c'est un accouchement qui est tellement douloureux que neuf fois sur dix, je me fâche d'une manière ou d'une autre. C'est pas qu'il se fâche, mais qu'il y a une... Je ne sais pas, pas trahir sa pensée, mais il m'avait expliqué que c'était parfois très douloureux parce que peut-être les clients devaient accepter certaines concessions, j'en sais rien, mais qu'au bout d'un moment, il y avait toujours un moment de quelques semaines, quelques mois où on ne se parle plus, on ne parle plus à nos clients, on ne les voit plus, on a livré le truc, ils vivent dans leur intérieur ou dans leur hôtel ou je ne sais pas quoi. Et que souvent... Quelques mois, quelques années après, il y avait un nouveau projet avec ce client, mais qu'il y avait toujours une phase un peu de « c'est bon, stop » . Toi, c'est totalement l'inverse, j'ai l'impression.

  • Speaker #0

    Moi, j'ai moins cette expérience-là, peut-être notamment parce qu'on prépare nos clients à ce qu'ils vont vivre pendant le chantier. On explique qu'un projet d'architecture d'intérieur, c'est un peu comme un mariage, dans le sens où il y a une phase… On se découvre, tout va bien, et puis on peut douter. On peut s'éloigner un peu, respirer, mais en gardant le contact. Ça, c'est le rythme de nos rendez-vous. Parce qu'en fait, il y a une conviction, il y a une envie de faire. Et le monde extérieur peut nous influencer. On prévient nos clients qu'en en parlant avec les familles, avec les amis, tout le monde n'a pas la même vision des choses. Et ils peuvent douter. Mais par contre, on sait qu'ils nous ont choisis, qu'ils nous font confiance. et qu'on avance ensemble à des rythmes qui peuvent être différents parfois, mais on leur explique tout ça. Et on sait qu'il peut y avoir des moments où on va devoir rapprocher les rendez-vous, d'autres où on va les espacer un peu, où la respiration va permettre de se rendre compte qu'on est vraiment dans la bonne direction, mais pas se fâcher par contre. Donc ce rythme-là de la préparation du projet, c'est assez normal. Et puis il y a la phase de pré-projet, de pré-lancement du chantier. Où là, tout s'accélère. Donc tout le monde est dans l'euphorie du démarrage des travaux. Puis il y a le temps fort du démarrage du chantier. Ce qui veut dire aussi être sur un planning officiel.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Donc là, c'est une question super processée. Il faut tenir une cadence, expliquer le planning, par où on va passer.

  • Speaker #0

    Et dans l'agenda de chantier ensuite, il y a des phases hyper enthousiasmantes où tout va vite. Ce n'est pas que ça va vite, en fait. C'est juste que l'exécution a été préparée, elle est rapide et ça se voit. Et on sait qu'il y a des phases dans lesquelles tout est moins visible.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    c'est ça. Il y a des phases de plus-value parce qu'il y a des techniques qui ont été anticipées, mais qui fonctionneront ou pas. parce qu'il y a des décisions qui sont prises souvent par nos clients aussi et qui impactent l'enveloppe globale ou le délai. Et c'est sûr qu'il y a des timings nécessaires à la bonne exécution des projets. Et puis des phases qui sont frustrantes parce que quand on est dans le ponçage des murs et dans les enduits, il peut se passer un mois, deux mois.

  • Speaker #1

    Oui, on a l'impression qu'il ne se passe rien. Exactement. Ça ne bouge pas,

  • Speaker #0

    il n'y a pas de physionomie du mieux. Ça peut être angoissant, ça peut être... Mais par contre, c'est dans le planning, faites-nous confiance. Si je vous dis que le projet sera livré ou tenté, il le sera. Et si je pense que ça ne l'est pas, je vous le dirai dès que je le sais.

  • Speaker #1

    Ok, donc c'est une transparence.

  • Speaker #0

    Donc, est-ce pas une situation... On ne dit pas tout va bien quand ça ne va pas. En revanche, on épargne à nos clients beaucoup de soucis. On ne leur partage pas du tout les tracas du chantier. Ils restent chez nous, ils sont gérés. Et on propose à nos clients des solutions entre lesquelles ils doivent choisir. Oui. Donc, je n'ai pas de... Non, pas de mauvaises expériences. On n'en peut plus. Mais c'est aussi...

  • Speaker #1

    J'imagine qu'il y a des périodes de tension qui arrivent quand on explique mal, quand on n'est pas suffisamment transparent, quand il y a des surprises qu'on ne communique pas.

  • Speaker #0

    Oui, je ne dis pas que ça n'arrive jamais. Il y a des moments où on peut moins se comprendre. Il y a des moments où... Les projets sont gérés à l'atelier par des chefs de projet, pas par moi directement. Je vois tout, je sais tout, mais il y a des moments où je sens qu'il faut que je sois là. Où je viens plus souvent, en tout cas, entre les réunions de chantier. où je participe à un rendez-vous, où je prends les clients avec moi pour aller voir une expo, pour aller choisir quelques luminaires complémentaires. Je sens parfois qu'ils ont besoin de ne pas être que dans les timings, les budgets et de remettre de l'enthousiasme. Et ça, on a créé des process pour faire en sorte que dans les phases, comme tu disais, un peu douloureuses, ou un peu molles, il y ait des temps un peu plus ludiques, ou en tout cas dans lesquels on fait des choix. qui font plaisir. On le garde toujours sous le coude. Le choix d'un textile, les petits fauteuils complémentaires, le joli luminaire qu'on va venir poser sur un buffet.

  • Speaker #1

    Donc tu manages tes clients, c'est bien. Je vois ça.

  • Speaker #0

    Tu disais tout à l'heure quel serait ton pire projet. Je pense que le pire projet, c'est celui où on ne se comprend pas. Celui où on n'arrive pas à s'entendre. J'ai un souvenir comme ça et c'est forcément douloureux. Le contexte, c'est que nos clients travaillent tous les deux. avec des responsabilités importantes dans... Je dirais pas dans quoi, d'ailleurs.

  • Speaker #1

    C'est un projet résidentiel. C'est un projet résidentiel.

  • Speaker #0

    Et en fait, t'habitais à l'étranger. Son rentrée-vivre au Luxembourg et du jour au lendemain, n'ont plus d'occupation autre que de vivre dans un chantier en site occupé.

  • Speaker #1

    Aïe, aïe,

  • Speaker #0

    aïe. Exactement. Avec des ambitions qui étaient adaptées à ce qu'ils étaient avant, mais qui devenaient insupportables pour eux. Et en fait... Tout a... Enfin, ça n'allait plus.

  • Speaker #1

    Ils avaient vécu dans le lieu avant les travaux ?

  • Speaker #0

    Non, ils n'avaient pas vécu dans le lieu avant. Mais par contre, ils y vivaient dans un lieu très confortable et le chantier, ils le voyaient à distance. Et ils ont dû déménager dans cet endroit-là, en plein chantier, et se retrouver d'une villa gigantesque à un espace un peu calfeutré et puis avec des travaux. En fait, il y a une équation entre le temps qu'on avait prévu pour le projet, l'ambition qui était qu'on avait en gros tout cassé. C'était un duplet. On a regroupé deux appartements, cassé des dalles pour créer les bafons cathédrales. On a recréé un escalier. Et en fait, je vous fais confiance, tout roule. Tout était remis en question chaque semaine. Et plus rien, en fait, on n'arrivait plus. A se faire confiance. On n'arrivait plus à... Le chef de projet ne voulait plus aller au rendez-vous, à tel point qu'il était tellement stressé qu'il a quitté l'atelier. En disant en fait, ce métier est trop stressant. Alors ce n'est pas ce métier qui est trop stressant, c'est cette situation. particulière et j'aurais préféré le savoir quelques mois avant pour t'aider. Donc ça, c'est aussi un échec pour moi, de perdre un collaborateur parce qu'il n'est pas heureux. Et c'est douloureux parce qu'en fait, c'est un projet où tout s'est accumulé pour plus rien n'aille. Alors, l'exécution est restée impeccable. Mais ça se passait moins bien avec l'entrepreneur. Les clients essayaient de le voir le week-end, ou le bureau est fermé le week-end. En fait, il n'y a plus rien qui marchait. La communication ne marchait plus. Ils ne nous faisaient plus confiance, on ne leur faisait plus confiance. Et j'ai eu l'impression d'avoir tout essayé.

  • Speaker #1

    Et le retour de ces clients en cours de chantier n'était pas prévu, j'imagine. C'était une dimension que tu n'avais pas du tout.

  • Speaker #0

    Non, et s'ils avaient anticipé ça, j'aurais poussé moins loin l'ambition pour le projet. J'aurais typiquement pas fait recouper des dalles, j'aurais pris moins de risques. Redessiner un escalier de manière plus simple. Là, on a vraiment pris, on a dessiné quelque chose qui est un escalier imbriqué dans une bibliothèque. Ce qui veut dire que c'est vraiment du millimètre et qu'on doit vraiment pouvoir adapter la menuiserie, y compris en cours de pause. Et ça, c'est quelque chose. En fait, chaque adaptation, pour eux, devenait « vous êtes trompés » . Non, c'est du sur-mesure, c'est comme une robe sur-mesure.

  • Speaker #1

    On ajuste tout le temps.

  • Speaker #0

    On ajuste jusqu'au dernier moment. Il y a l'intention, il y a le dessin. Et la robe est parfaite. On a pu prendre 100 grammes, on a pu perdre un kilo. Elle est parfaite parce qu'elle est adaptée pour vous au moment où vous en avez besoin. Et ça, on n'a pas réussi à la faire comprendre. Mais ça reste un échec pour moi.

  • Speaker #1

    Mais tu as appris beaucoup.

  • Speaker #0

    J'ai appris beaucoup, mais c'est pas douloureux parce que quand je les croise... Je sens qu'ils ne sont pas heureux de la conclusion que ça a donnée.

  • Speaker #1

    Ils sont heureux d'un lieu ?

  • Speaker #0

    Je n'en sais rien. Je l'espère, mais je ne sais pas vraiment. Et j'avoue que je les ai croisés encore il n'y a pas très longtemps. Ça a laissé un espèce de malaise. C'est dommage. Pour moi, ça, c'est un vrai échec.

  • Speaker #1

    Oui, je comprends.

  • Speaker #0

    On a réussi l'architecture, on a réussi le timing, on l'a tenu. Mais on n'a pas l'ambition d'une transformation. La réussite, elle est liée aussi à la perception qu'on en a.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Et que le client va en avoir, et qu'il est heureux.

  • Speaker #0

    Alors que le plupart de nos clients sont très heureux quand leur projet est en cours, quand il est livré, et on se voit encore en dehors. Ils ont plaisir à en parler. Moi, mon meilleur ambassadeur, c'est mon client.

  • Speaker #1

    Bien sûr. Donc, tu travailles aujourd'hui beaucoup Luxembourg, France, dans des zones en particulier, Île-de-France, Renal.

  • Speaker #0

    En fait, le bureau de Luxembourg s'occupe de Luxembourg. Et la Belgique. Et le bureau de Paris s'occupe de... de Paris évidemment, des alentours de Paris et des projets en province qui sont en ce moment Bretagne principalement. On a travaillé dans le sud de la France, on a travaillé en Savoie, on a travaillé au Pays Basque. On adore. Mais en fait on pourrait aller beaucoup plus loin surtout. J'adorerais avoir des projets. J'adore l'Italie donc j'aimerais travailler en Italie, j'adorerais faire une villa au bord d'un lac italien. Voilà ça fait partie des choses qui sont dans le radar pour la suite. Oui exactement.

  • Speaker #1

    C'est quoi les métrics ? Alors je ne parle pas de tes chiffres et tout ça, sauf si tu veux en parler, mais on parle de combien de projets par an ? Je ne sais pas si on peut parler d'un panier moyen ? C'est quoi un peu les indicateurs ?

  • Speaker #0

    Alors l'idée est que chaque binôme de chefs de projet travaille sur cinq projets en parallèle. Ça veut dire qu'il y a toujours un projet qui est au tout début. Et je pourrais te dérouler un projet. Et un projet qui est en train de se faire. train de se terminer. On sait qu'un projet qui se termine, les 10% qui restent prennent 30% du temps. C'est connu. C'est à peu près ça. On est une dizaine au bureau, sachant que tout le monde ne travaille pas, il n'y a pas que des chefs de projet, puisqu'on a aussi des personnes qui ne font que de la 3D. Ça, c'est quelque chose que nous, on veut garder au sein des équipes, parce qu'on monte assez tôt les volumes en 3D blanche pour voir les espaces.

  • Speaker #1

    3D blanche, c'est donc des 3D plassures mères, filaires ?

  • Speaker #0

    Exactement, c'est en noir et blanc, c'est le volume réel, mais il n'y a pas de matériaux, il n'y a pas les lumières, il n'y a pas tout ça. Mais on voit les volumes quand même.

  • Speaker #1

    Et le but, c'est de vous rendre compte, mais aussi de faire valider des choses aux clients ?

  • Speaker #0

    Exactement. Exactement, parce qu'en fait, tout le monde n'a pas la même perception des espaces. Quand je rentre dans un intérieur, en fait, je le vois fini.

  • Speaker #1

    Ok, mais ça, tout le monde ne le voit pas.

  • Speaker #0

    Et je dois arriver à communiquer, et parfois pas trop tôt, ce que j'ai en tête, les angles de vue, les volumes et transformations qu'on apprend. proposer, il faut parfois aller par étape. Mais j'y reviendrai, je vais répondre à ta question. L'idée, en tout cas, c'est j'ai dans ma tête une quinzaine de projets en permanence. Les volumes sont très différents, donc c'est sûr que parfois c'est plus. Sachant que dans la gamme de projets, ça va d'une offre qui s'appelle les one day design. C'est environ une semaine de travail, mais c'est une journée complète avec les clients. Ah oui,

  • Speaker #1

    tu as trouvé tes offres carrément en fonction des...

  • Speaker #0

    Alors celle-là... Là en particulier, parce qu'en fait je voulais avoir une offre qui permette à à peu près tout le monde d'avoir accès à la touche compostelle, et d'avoir un temps avec nous, d'avoir notre regard. Parfois c'est choisir l'illuminaire d'une maison, parfois c'est revoir des plans d'un projet en VFAR, mais c'est l'équivalent d'une journée complète ensemble, plus un temps de préparation. et un temps de post-traitement. Ça, c'est vraiment le minimum pour travailler avec nous.

  • Speaker #1

    Et ça, tu as forfaitisé carrément un prix ? Ça,

  • Speaker #0

    je peux te le donner, c'est une offre qu'on vend, 3500 euros hors TVA, et qui a un vrai coup de pouce. On travaille vraiment, on donne vraiment nos idées, c'est vraiment notre style. Simplement, c'est sur un temps condensé pour le rendre accessible.

  • Speaker #1

    Et donc, attends, je creuse un peu, ça veut dire qu'un client vient te voir en disant « je veux la touche Compostelle » . Sur le one day design pour pimper mon salon ? Ça peut être ça ?

  • Speaker #0

    Ça peut être ça. Soit parce que le projet est trop petit. Ça peut être, par exemple, la conception d'un studio. On sait qu'on ne fait pas tout sur l'équivalent d'une journée à deux architectes, je précise. Et du temps avant après, en revanche, on va donner le fil conducteur. Et on va faire venir en fin de journée un entrepreneur pour chiffrer les travaux. Ça peut être que le projet est trop petit pour une mission globale, soit il est trop spécifique. Tu parlais de pimper ton salon, c'est exactement ça. On a acheté une maison, on l'a meublée par nous-mêmes, on a fait des choix et on se rend compte qu'il n'y a pas de liant, par exemple. Qu'il manque un style. Et donc, on peut très bien passer une journée à définir une démarche stylistique, à définir un listing de... d'objets, de mobilier, d'œuvres d'art par exemple. Ça peut être aussi le dessin de menuiserie. On peut terminer un projet, pas avec nous, et se dire, ce projet-là, il n'est pas terminé. Et plutôt d'aller voir directement un... agenceur qui va nous faire un projet par exemple le style de ce qu'il sait faire et ce qu'il peut fabriquer on vient vous voir et on sait que vous avez la possibilité de travailler avec différentes usines différents ateliers pour rendre possible notre projet Donc c'est quelques exemples de ce qu'on peut faire. Ça peut être de la déco, ça peut être du plan. C'est deux architectes, une journée, et le travail préparatoire. Ça c'est l'entrée. Après, ça peut être aussi, on a envie de faire un projet avec vous, mais on n'a pas le budget pour. Donc on rentre par le one day design. Mais sinon, de manière générale, on nous confie la conception globale d'un lieu. Et la conception du projet, la description des travaux. le suivi du chantier ça c'est le plus intéressant pour nous évidemment

  • Speaker #1

    Alors t'as parlé du point commun entre tous tes clients t'as parlé aussi du style Compostelle, de la touche Compostelle pourquoi on vient vous voir ? Pourquoi ?

  • Speaker #0

    Alors beaucoup te répondront on vient nous voir parce qu'on aime le bleu Oui mais pas que la palette de bleu est clairement celle dans laquelle moi je me sens le mieux qui nous ressemble il y a des centaines, des dizaines des centaines de nuances de bleu. Nos clients ne viennent pas que pour une teinte, même si on a la chance d'avoir créé deux collections de couleurs. Une pour Perrault et l'autre pour Robin, qui est un fabricant de peinture à Luxembourg. Donc on peut piocher des couleurs, évidemment, dans nos nuances. C'est ce qui se voit parfois de l'extérieur. Mais évidemment, je suis Madame Bleu, mais pas que. En fait, d'abord, on vient nous voir parce qu'on sait qu'on tient nos engagements et qu'on rend possible des projets qui sont ultra personnalisés. on vient nous voir parce qu'on a un bureau qui est discret, on fait très attention à la confidentialité, ça fait partie aussi des éléments de choix de nos clients.

  • Speaker #1

    C'est le côté luxembourgeois ?

  • Speaker #0

    Non c'est le côté moi ça je pense enfin c'est de manière générale je suis assez discrète je ne parle pas des gens Et évidemment, on a besoin que nos clients communiquent sur nos projets. Et on a besoin de communiquer sur les réseaux. On a besoin de... Quand les marques pour lesquelles on travaille nous permettent d'en parler, c'est évidemment extrêmement intense, parce que c'est un booster. Parce que c'est un élément de notoriété. Mais dans aucun de nos projets communiqués, on ne voit nos clients, sauf quand ils le souhaitent. On ne sait pas où c'est. Sauf quand c'est des bureaux et qu'on peut communiquer autour, évidemment. Donc ça fait quand même partie... On n'est pas le bureau qui... toutes les semaines, va faire une story sur sa réunion de chantier en citant monsieur, madame, machin ou l'adresse, ou nos projets, ils ne s'appellent pas... C'est pas 17 Perrer, 31 Haussmann, jamais. Je le tiens vraiment au hasard en plus. Donc ça fait aussi partie du choix de l'atelier. On vient nous choisir parce qu'on prend des risques. Et ça, c'est aussi un élément important, c'est que... Il y a la gamme dans laquelle on peut travailler, il y a un style global et je vais le développer. Mais on va vraiment à chaque fois se remettre en question, à chaque fois chercher. À chaque fois personnaliser, on va faire créer des luminaires par exemple pour certains projets. Ça veut dire qu'on a des clients qui acceptent de prendre des risques aussi. Je ne l'ai peut-être pas dit, mais on a des clients qui... On doit mesurer la prise de risque que l'on peut proposer à chacun. Quand on fait de l'ultra prototypage, tout ne peut pas toujours fonctionner, donc il faut un plan B. Ça, c'est un élément, je pense, qui est important. Alors, dans le style compostel, évidemment, il y a quand même des éléments signatures. On a développé des choses qu'on aime beaucoup. Par exemple, on aime positionner des matériaux qui ne délimitent pas au sens propre les pièces. C'est-à-dire qu'on va avoir un parquet qui va faire la continuité entre des chambres, une salle de bain, un couloir, et qui va s'arrêter quatre carreaux avant la baignoire.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et donc, on va reprendre un sol ensuite qui va faire le sol, puis remonter dans une bouche ou dans une baignoire. Donc le fait de délimiter les espaces de manière non conventionnelle, ça fait partie de ce qu'on fait souvent. On adore créer des espaces très sombres.

  • Speaker #1

    Quand tu dis sombre,

  • Speaker #0

    c'est le bureau.

  • Speaker #1

    Mais le style, il vient quand même de toi ?

  • Speaker #0

    Oui, en fait, mon job au bureau, c'est de diriger la création. Il vient de moi, mais je challenge beaucoup les équipes.

  • Speaker #1

    Tu es directeur de création de l'agence ? Oui.

  • Speaker #0

    Mon job aujourd'hui, c'est de diriger la création et le développement, bien sûr.

  • Speaker #1

    Donc si on prend un projet de type, tu as un brief.

  • Speaker #0

    En fait, on va écrire un brief, on va le définir nous-mêmes et on va intégrer dedans ces éléments signatures, notamment sur la palette chromatique, sur les jonctions entre les sols, sur la complémentarité. Moi, j'aime bien foncer, éclaircir l'espace clair. On adore peindre les plafonds, on adore faire travailler des artistes dans les projets pour venir travailler sur un plafond qui va permettre ensuite d'être une œuvre d'art in situ. On va dessiner beaucoup de bibliothèques, c'est aussi un élément signature, on dessine énormément de bibliothèques. Peindre les plafonds, on en a parlé un petit peu. On crée des alcoves. Depuis le début, un des premiers projets, on avait peint en fait en alcove un salon. Et ça fait partie des éléments que l'on reprend assez régulièrement et qui sont reconnaissables, je dirais, de notre style. Ensuite, dans les éléments de style aussi, c'est que je vais rendre contemporain des marqueurs architecturaux. Par exemple, les éraphites qu'il y avait sur des maisons hors-déco à nouveau en Belgique, je les transforme pour graver des plafonds.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Donc on a modélisé une... une manière de faire qui permet de rendre artistique un plafond donc attends t'as modélisé une manière de faire ça veut dire qu'il y a carrément une technologie un savoir-faire un process en fait ça avait pas été fait en tout cas pas par nos artisans donc on a créé une trame une manière de faire pour venir graver les plafonds C'est un exemple, mais ça fait partie de ce que je veux travailler et développer. Dans les éléments signature, il y a aussi le fait de faire ressortir les détails. Dès qu'il y a un détail, un renfoncement, je ne vais jamais effacer les défauts, mais je vais essayer soit de les faire ressortir, soit de les mettre dans un mouvement plus global. Et puis un dernier élément qui me vient à l'esprit, c'est de lier les pièces entre elles. On a parlé des sols, mais j'aime beaucoup dessiner des menuiseries qui vont relier les pièces entre elles. Qui vont commencer dans une entrée, continuer dans la salle à manger, prolonger dans un salon. En fait, on va créer des mouvements qui... qui floutent les espaces. En fait, qui rendent tout beaucoup plus important que la perception du volume.

  • Speaker #1

    Et très harmonieux, très cohérent. Oui,

  • Speaker #0

    on va créer de l'harmonie, on va créer de la fluidité. Et peut-être le dernier, c'est de casser le côté carré des pièces, en fait. On ne va jamais garder une pièce telle qu'elle est. On va créer un angle par la menuiserie, par du plat, par du taff. Mais on va toujours changer la perception des espaces et les angles de vue. Donc, c'est quelques éléments. Ça fait partie de ce pourquoi on vient nous chercher. Et plus évidemment quand on le peut, pour dessiner du mobilier sur mesure, du luminaire, etc.

  • Speaker #1

    Très clair. Ok. Et c'est quoi la première étape ? Donc tu dis on va écrire le brief, tu vas rencontrer tes clients, chefs d'entreprise, propriétaires d'une maison, etc. D'ailleurs c'est toi qui y vas tout le temps, dans les premiers rendez-vous, quasiment tout le temps ?

  • Speaker #0

    Alors... Moi j'aime rencontrer nos clients et savoir qui ils sont. Ça dépend des typologies de projet, des ambitions de projet. On a vraiment énormément de demandes. Et donc on va en premier entretenir un téléphonique, ça c'est plutôt la directrice d'agence de Luxembourg ou de Paris. qui s'en occupent pour filtrer un peu aussi la demande et voir en fait s'il est important que j'y aille ou si en fait c'est un projet un peu plus mainstream dans lequel les équipes vont très bien gérer. Ça ne veut pas dire que c'est moins exigeant mais ça veut dire qu'en fait elles savent bien, elles savent très vite ce qu'elles vont pouvoir faire donc on a un premier, c'est la première étape. Dès qu'elle identifie des projets qui sont importants pour l'atelier, des projets sur lesquels il y a une ambition particulière et sur lesquels il est important que je sois, je fais le second rendez-vous. Donc je vais voir les lieux, ou rencontrer les clients, ou les deux. de manière générale autant que possible en fait je rencontre nos clients c'est juste que matériellement oui tu peux pas tous les rencontres il y a un premier filtre de l'entretien téléphonique ou de la première visite qui est pas forcément avec moi sur les one day design par exemple ou sur des missions ponctuelles ou plus de conception Il n'y a pas besoin de moi. Je vais voir le projet, je vais y mettre ma patte, mais de manière plus light. En revanche, sur des structurations plus importantes et sur des adresses particulières, par exemple, je pense à un projet sur lequel on travaille ensemble, là, c'est indispensable. indispensable que je sois là. Je dois voir les lieux, je dois comprendre qui sont nos clients. Le timing est parfois court en plus pour remettre une offre. Donc parfois c'est des concours. On en fait peu, mais là c'est pas d'intense. Donc la première étape, c'est vraiment ça, c'est d'identifier qui est le client, ce qu'il veut. Son ambition, son attente aussi, pour formaliser une offre. Après ces deux premiers rendez-vous, on formalise une lettre de mission dans laquelle on décrit tout ce que l'on va faire. On a vraiment un tableau très détaillé de toutes les étapes. En fait, il est proposé par étapes. Donc on décrit, là un projet sommaire, là un projet détaillé. Le dossier de consultation de l'entreprise, tout l'outil d'exécution de menuiserie, le suivi de chantier. Donc tout ça est rédigé. Et on explique également dans ce document-là les documents livrables, pour qu'il n'y ait pas de malentendus. On indique ce qui est en option, ce qui est... Parfois, on optionne les vues de 3D photo réalistes, par exemple, parce qu'on voit que ça peut ne pas être nécessaire. Et ça peut faire basculer le projet dans on prend ou on attend. Il faut aussi... Enfin, j'ai quand même une entreprise à diriger. Il faut que les projets rentrent, et que les bons projets rentrent, en fait.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    Une fois que la mission est présentée, on les présente soit au bureau, soit en vidéo, mais en tout cas, on explique et on répond aux questions de nos clients. Quand elle est signée, on attribue le projet à un chef de projet, un senior, qui va travailler en binôme souvent avec quelqu'un de plus junior. Il y a un volet client et puis un volet exécution dans les projets. On doit allouer le budget dont on dispose en fonction des heures de chacun. La première étape, c'est un gros brainstorming au bureau. Parfois on n'a pas le temps du tout, mais quand on en a, même s'ils sont anciens, on va réfléchir à comment nous on voit le projet, quels sont les angles de vue, on travaille sur l'esthétique pour l'avoir en tête, mais en fait la première étape pour nous c'est vraiment le volume. On va vraiment travailler en plan, sachant que nos clients en parallèle, eux ont très tôt besoin d'avoir un début d'esthétique.

  • Speaker #1

    Oui, ils veulent savoir où valider, savoir où ils vont.

  • Speaker #0

    Pour ça, ce qu'on fait, c'est qu'on fait une grosse analyse d'image. On prend vraiment du temps pour ça avec eux. Pour twister un peu l'accès d'analyse du cerveau et les faire parler de ce qu'ils aiment et ce qu'ils n'aiment pas.

  • Speaker #1

    Donc c'est quoi ? C'est un arbre ? Tu élimines des pistes, c'est ça ? Exactement.

  • Speaker #0

    Et on affine sur une image, on perçoit un mode de vie, qu'il est indignatoire ou pas, espace qui communique, donc barrière ou pas par exemple, ouvert ou fermé, et le dining, ou la linge traditionnelle. Il y a plein de choses qui, à travers l'image, permettent de gagner beaucoup de temps. Ça ne veut pas dire que c'est figé. Ça veut dire que ça donne un fil conducteur. Et les clients ont la satisfaction d'avoir déjà un début de fil conducteur, donc de commencer à se projeter dans leur intérieur.

  • Speaker #1

    Oui, et ils n'auraient pas su te l'exprimer naturellement, forcément. Non,

  • Speaker #0

    enfin, quand on nous dit qu'on souhaite repenser les bureaux pour avoir une image plus premium et des espaces plus chaleureux. En pratique, on n'a pas tous les mêmes mots.

  • Speaker #1

    C'est ça, c'est de l'émotion. On ne décrit pas l'émotion de la même manière. Chaleureux.

  • Speaker #0

    De la même manière que de traduire la singularité de l'approche d'une entreprise. Qu'est-ce qui est singulier ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Donc, tu dois creuser ça et faire cheminer ton client pour avoir la juste expression de son...

  • Speaker #0

    Exactement. Et ça, c'est un temps de travail qui est long, en fait. Et on doit faire percevoir à nos clients le... L'exécution peut paraître rapide parfois, en revanche, les temps de recherche et tout le long du projet en fait, ils sont très longs. Et c'est compliqué quand on vend de l'intangible, d'où l'importance des photos, les photos de fin de projet, c'est extrêmement important. Si on n'a pas de photos, on ne peut pas montrer ce qu'on sait faire, ou des lieux publics, mais on n'en a pas encore, enfin pas assez en tout cas. Tu parles tout à l'heure des temps où on peut se fâcher un peu. On doit expliquer que par moments on doit réfléchir. Il y a un temps incompressible, c'est le temps de la réflexion. se lancer à corps perdu dans un projet sans réfléchir, sans passer du temps dans un intérieur, sans comprendre nos clients, c'est impossible. Enfin moi je pense qu'on se trompe dans ce cas.

  • Speaker #1

    Toi il y a des moments qui t'excitent plus que d'autres dans la vie d'un contrat comme ça,

  • Speaker #0

    d'un chantier On va déjà gagner le projet parce que c'est jamais gagné d'avance, même quand on consulte que nous ça peut ne pas marcher. Et donc c'est vrai qu'il y a cette phase où je fais de mon mieux pour calibrer l'offre le mieux possible. Et chaque fois qu'on signe un projet, d'abord j'en suis fière, j'en suis fière pour notre équipe, parce que c'est grâce à eux. Je veux que l'équipe, quand un projet est signé, mesure à quel point c'est important. Et ça c'est extrêmement chouette, donc on a un WhatsApp, on met un petit gong et tout, on est content. Parce que c'est grâce à nos clients qu'on existe. Et petite parenthèse, mais quand j'entends des agences se plaindre de leurs clients, moi j'en ai presque mal au ventre avec d'en parler en fait. On vit parce qu'on a des gens qui nous font confiance. qui nous accordent leur confiance, qui nous confient un budget, un projet, un timing, sans client. On n'est pas architecte, on est dessinateur. voire on n'est plus rien donc ça c'est extrêmement important à l'atelier, c'est la fierté d'avoir gagné les projets, c'est pas contre nos confrères on est heureux quand on nous choisit et je remercie ça me donne l'occasion, je remercie vraiment chacun de nos clients qui depuis 10 ans nous a confié un projet que ce soit un one day design, que ce soit un bâtiment de bureau

  • Speaker #1

    Pour certains, ils reviennent sur d'autres projets ?

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Ça,

  • Speaker #0

    ça doit être super important. On a des métiers qui manquent un peu de récurrence. Je sais que je dois trouver une manière d'avoir plus de récurrence et le workspace, pour ça, permet plus de récurrence. de la même manière que le dessin de mobilier, de luminaire, la correction de couleur. Il y a plein de choses à côté de l'atelier qui permettent de la récurrence. Mais sinon, on est quand même beaucoup sur du prototypage. Ce qui est récurrent, c'est qu'on réfléchit beaucoup aux aménagements de bureaux, par exemple. Et quand les projets rentrent, on a quand même étudié quelques agencements qui nous paraissent apporter le meilleur des lieux à nos clients. Et dans ce cas, on va pouvoir les proposer plusieurs fois. Parce qu'en fait, aménager une organisation dans des bureaux, le mode de vie dans une cafétéria...

  • Speaker #1

    C'est jamais figé.

  • Speaker #0

    C'est jamais figé. Moi, je suis convaincue, par exemple, reparenthèse, que dans des bureaux, les espaces les plus lumineux, les terrasses, etc. doivent être accessibles aux clients et aux collaborateurs. Ils peuvent être des salles de réunion, ils peuvent être la cafétéria, mais ils ne doivent plus être des bureaux fermés. Je pense que ce temps-là, il est passé, en fait. Donc, je sais qu'on peut perdre des projets à cause de ça. Mais je suis convaincue que quand nos clients sont reçus dans les plus beaux espaces et que les collaborateurs y ont accès d'une manière ou d'une autre, ça montre le meilleur de l'entreprise, quelle que soit sa taille.

  • Speaker #1

    Oui, on se rend compte quand même depuis le Covid en particulier que l'importance... l'importance de l'aménagement d'un lieu dans l'image excellente de la marque employeur est clé.

  • Speaker #0

    Et quand on croise des collaborateurs qui sont souriants, quand il y a une très belle cafétéria, ce qui n'empêche pas d'avoir des salons privatifs, évidemment, pour la confidentialité, mais qu'on voit l'ambiance, on perçoit la qualité de travail. Et quand on réussit ça, je pense que, quels que soient les univers dans lesquels travaillent nos clients, ils... Ils sont choisis eux-mêmes par leurs propres clients pour leurs talents, ça c'est sûr, pour leurs capacités, pour leur identité, pour toutes leurs références. Mais ils sont choisis aussi pour l'image qu'ils véhiculent. Et ça, je crois que là-dessus, nous, on a une énorme responsabilité. J'adore aménager les espaces de travail aussi pour ça. Et j'espère qu'on en fera encore plus, évidemment. Donc dans le process, je fais quelques digressions, parce que ça me paraît important de vous dire ça en quoi moi, je crois.

  • Speaker #1

    Oui, top. On va arriver sur le dernier chapitre avant de te laisser filer. Ça fait déjà 1h45 qu'on discute, c'est génial. Tu vois l'évolution de ton métier de quelle manière ? Et derrière cette question, il y a l'influence de l'IA. qui m'intéresse. Bien sûr. Est-ce que tu t'en sers ? Est-ce que tu vois un bénéfice évident, une autométisation de certaines tâches ? Est-ce que c'est une menace ?

  • Speaker #0

    Alors, je pense que c'est une menace si on n'est que dans l'exécution et si on cherche à répliquer ce qui a déjà été fait. J'ai la chance de connaître le directeur du cloud Azure chez Microsoft. d'avoir pu échanger avec lui aussi sur mon métier. Donc un petit clin d'œil à Xavier Perret et à Carole qui nous avaient mis en contact. D'ailleurs j'ai pu le recevoir dans un club que je dirige, enfin non, je suis présidente, qui s'appelle Féminin Pluriel, qui est hyper intéressant et on a la chance de pouvoir avoir des invités. nous ouvre à plein de mondes différents. Et on a eu cette conversation sur les IA. Les IA. Si on réplique et qu'on duplique, on n'aura plus de moins en moins de valeur, vu que l'IA agrège ce qui existe. Mais ce n'est pas ce que je fais. Donc, moi, j'ai besoin... L'IA est extrêmement utile. Exemple pratique, on cherche la résistance dans le luminaire. En fait, moi, l'IA, elle va me donner à trois secondes la référence, le prix ou l'acheter, alors qu'avant, on devait chercher, creuser, appeler les collègues. C'est un exemple. Je pense que l'IA nous fait gagner énormément de temps. Ça permet de challenger des solutions. Ça permet de faire un travail préparatoire. Moi, je trouverais très intéressant d'avoir une IA dans laquelle on puisse entrer des plans théoriques et qui nous tourne toutes les solutions possibles. Pour nous, on extrait ce qui convient le mieux et n'être plus que sur l'ultra valeur ajoutée.

  • Speaker #1

    Nous, on travaille là-dessus sur comment planifier la meilleure planification d'un lieu. En fonction d'un usage et d'un cas d'écharpe.

  • Speaker #0

    Exactement, ça fait partie, je trouve. de ce que les IA peuvent proposer. Pré-rédiger des cahiers des charges, relire, enfin oui, tout ça. Il y a plein de perspectives et on utilise déjà des IA dans l'encodage des plans, dans les modèles de sciences 3D. Moi, je trouve ça assez chouette en fait.

  • Speaker #1

    Dans la facilitation de l'expression du besoin du client, c'est-à-dire justement cette part...

  • Speaker #0

    Moi, ce qu'il y a, je sais que ça existe d'ailleurs, mon compte rendu de rendez-vous, je le relis et je l'enrichis, c'est génial. Parce que mon temps disponible va être alloué sur ce à quoi j'accorde une plus grande valeur ajoutée. Et sur ce qui est humainement le plus intéressant. Et je pense en plus qu'il y a une zone de sécurité, c'est que les IA peuvent éviter énormément d'erreurs. L'erreur humaine, on voit quand même que c'est... On dit souvent l'erreur est humaine et parfois il y a tellement d'informations, on travaille sur des projets où on va du macro au micro. On va penser le bâtiment dans sa globalité jusqu'à la poignée, la hauteur de la plante. le détail dans une menuiserie, oui, bien sûr qu'on peut avoir oublié un interrupteur qui était tracé et qui a disparu. Ça ne doit pas arriver, mais il y a tellement de choses à penser. Si on fait revoir tout ça à une image qui va souligner les erreurs, par exemple,

  • Speaker #1

    tout le monde gagne. Moi,

  • Speaker #0

    je suis très favorable aux IA. Comment je vois l'avenir de notre métier ? C'est un peu ça la réponse. Mon métier, en tout cas, ce n'est pas d'avoir la méga-agence qui fait de l'abattage de projets. C'est... C'est une agence qui est spécialisée sur un segment très premium, pour des clients qui sont très exigeants et qui veulent eux-mêmes donner le meilleur à leurs clients ou à leur environnement familial, qui sont surpris, qui sont en parallèle à l'automobile, qui vont plus avoir une voiture sur mesure, qui vont avoir pris le temps de choisir, qui vont chouchouter, qui vont avoir pensé dans le moindre détail, parce qu'ils en sont fiers et que cet outil... est un lien de communication, et un lien d'image, et un lien pour communiquer leur passion, sur un sujet en particulier, de se faire plaisir. En fait, moi, je fais ça dans l'intérieur.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu vois des grandes tendances de style ? Tu as ton style, tu l'imprimes, il doit évoluer aussi, j'imagine. Mais est-ce que c'est pour toi comme un peu dans plein de domaines ? Justement, tu parlais de l'automobile, les formes de l'automobile ont énormément évolué.

  • Speaker #0

    Dans la voile, c'est pareil. La forme des bateaux, on pense au Vendée Globe qui est parti récemment. C'est sûr qu'on voit des carènes de bateaux qui évoluent énormément. Chaque architecte, d'ailleurs, ayant sa signature et sa manière de concevoir les bateaux. Oui, il y a des... Il y a des tendances.

  • Speaker #1

    Il y a des modes.

  • Speaker #0

    Il y a des modes. Maintenant...

  • Speaker #1

    Le travertin est partout en ce moment.

  • Speaker #0

    Oui, mais ça peut être intéressant. La bouclelle, le travertin, les arrondis. En fait, moi, je suis pas... J'essaie de m'extraire un peu de tout ça. Et je préfère qu'au bureau, on lise... On lit beaucoup plus d'ailleurs de magazines d'art, d'expo, de livres, en général, de catalogues d'exposition. de biographie de designer, d'histoire de bâtiment, on fait beaucoup de recherches, plus que de magazine de décoration. Même si, j'aime vraiment que nos projets soient dans ces magazines, parce que je pense que ça donne accès au grand public, à l'œil d'architectes, qui peuvent ensuite recomposer un peu chez eux ce qu'ils ont vu. Même si moi, je pense que une des erreurs en architecture, et pour un architecte, c'est de copier. Et c'est de vouloir refaire plus ou moins une image Pinterest, parce qu'en fait, ça ne marche pas. Donc, dans les tendances, le travers teint, l'arrondi, les grandes dalles avec des effets marabré peut-être. En termes de chromatique, je trouve qu'on voit beaucoup de vert un peu amande. Mais ça encore, ça a du sens. selon où on travaille, on travaille à Paris c'est des chromatiques qui marchent très bien avec les parquets parisiens avec les cheminées donc c'est pas oui c'est pas forcément un problème mais il faut pas suivre et puis on a eu toute la tendance des cuisines très ouvertes, uniquement dînatoires C'est une tendance, mais qui répond à un cahier des charges et pas à tous. On a eu beaucoup la tendance dans le monde du bureau, évidemment, du flex office, des grands bureaux en oignon, mais on en revient aussi. Il y a une tendance à aménager depuis la post-Covid. bureaux qui ont un code plus domestique. Ça, en l'occurrence, j'y sous-cris complètement.

  • Speaker #1

    La frontière entre l'hospitalité et les espaces de travail.

  • Speaker #0

    C'est une tendance, pour le coup, dans laquelle je crois totalement. Je pense que créer des lieux dans lesquels on se sent bien, où l'acoustique est bonne, où la lumière est au bon moment, au bon endroit, où on peut avoir des espaces différents. Oui, ça, complètement.

  • Speaker #1

    Génial. On va arriver à la fin de cette conversation. J'ai encore deux, trois questions qui sont des questions un peu rituelles de fin d'épisode. Merci déjà vraiment, Amandine, pour ce beau voyage dans ton parcours, dans ta vision très personnelle du design. Et donc, les questions rituelles que je pose à tous les invités. Alors, c'est encore plus présent, je pense, dans ton parcours. Mais si tu avais un conseil à donner à quelqu'un qui hésite à changer de carrière, comme tu l'as fait, qu'est-ce que tu lui dirais ?

  • Speaker #0

    D'abord, je lui dirais de passer du temps, si c'est possible, évidemment, d'être accueilli dans une agence d'architecture d'intérieur et peut-être dans différents types d'agences, de passer une journée dans différents environnements pour se rendre compte et vérifier si, en fait, l'idée que l'on se fait de notre métier est cohérente avec ce qu'il ou elle souhaite faire. Parce que je pense que l'idée que l'on a d'une boîte d'architecture d'intérieur est souvent assez fausse et n'intègre pas du tout. Un grand volet de notre travail qui est perçu comme créa, recherche, matériaux, luminaires. Oui, mais pas que. La plupart de notre travail, c'est aussi de l'administratif, c'est aussi de la relation client, c'est du rédactionnel, c'est des lectures de devis, c'est de la technique. Et ça, il ne faut pas le sous-estimer.

  • Speaker #1

    Si tu ne pouvais garder qu'un seul objet ou un seul meuble, ça serait lequel ?

  • Speaker #0

    Alors, j'aime beaucoup les canapés ruché de Inga Sempé. J'en ai deux en ce moment à la maison. C'est un objet que je trouve beau, dans lequel j'aime bien m'installer, dans lequel j'aime recevoir. Ce n'est pas nous qui l'avons dessiné en l'occurrence, mais c'est une des premières belles pièces de design que j'ai eue. Donc, allez, disons un canapé ruché de Inga Sempé.

  • Speaker #1

    Très bien. On va mettre la photo en lien. Si tu pouvais dîner, déjeuner ou passer un moment avec un, une designer ou architecte, vivant ou pas, ce serait qui et de quoi vous auriez envie de parler ? Tu aurais envie de lui parler ?

  • Speaker #0

    Alors, on a la chance déjà d'avoir énormément d'architectes de talent. Je vais en citer deux. J'adorerais rencontrer India Madhavi. Je trouve qu'elle a un angle de vue très particulier. Des univers qui sont colorés, mais avec une intelligence, je trouve, assez folle. Dans le sens où c'est audacieux. mais on sent que c'est très maîtrisé. Il y a un côté presque photographique dans son travail. Et surtout, c'est quelqu'un qui a une agence dont sont sortis énormément de designers de grands talents. J'adorerais la rencontrer pour ça, tu vois, qu'est-ce que je veux laisser de l'atelier, c'est aussi ça, c'est que les gens qui en partent, si les collaborateurs en partent pour créer leur agence et qu'ils deviennent un compte mondial, c'est génial en fait, c'est qu'on aura su créer quelque chose d'important, donc il y a beaucoup de choses que j'aime dans son travail, dans ses livres, dans son style dans les objets qu'elle crée, mais le fait aussi que de son agence sortent des personnes qui à leur tour ont une identité forte ... et con dans le monde du design, ça, moi, je l'admire beaucoup. Et après, Mathieu Lehaneur. Évidemment qu'on a envie de parler des Jeux Olympiques.

  • Speaker #1

    Oui, de la flamme.

  • Speaker #0

    J'ai eu la chance de rencontrer les équipes de directeurs artistiques des cérémonies. Et du coup, c'est vrai que l'histoire de la flamme, comment on est choisi. Je l'ai déjà entendu dans des podcasts, je crois en parler, mais c'est quand même des gens qui ont le talent de faire naître des... intérieurs et des objets.

  • Speaker #1

    Et des émotions.

  • Speaker #0

    Et des émotions. Et de laisser une marque absolument indélébile. C'est Forever. C'est dingue. Alors, son travail était déjà exceptionnel à la base. C'est déjà un architecte, architecte d'intérieur, designer. Je ne sais même pas comment lui se définit exactement, d'ailleurs. Mais que je trouve très inspirant. Il y en a deux, mais pour des raisons qui sont un peu complémentaires.

  • Speaker #1

    Super. Et dernière question. Si le design était pour toi une musique ou un film, tu choisirais quoi ?

  • Speaker #0

    C'est dur comme question. Je vais reboucler avec le début, en fait. Je pense que les lieux soutiennent une expérience, un propos et une histoire. Et je pense à deux films. Je pense à la série Gentleman, qui était un film à la base d'ailleurs, de Guy Ritchie, parce qu'il y a des lieux très différents. souvent tous ces grands châteaux anglais, c'est assez magique. C'est pas forcément un endroit où je vivrais, mais c'est assez marquant et en fait, ils soutiennent le propos de l'histoire et sont très bien scénarisés et scénographiés. Donc ça, et puis... J'ai vu le conte de Montecristo. La même chose. En fait, la Villa en Provence, c'est juste la Villa de Rêve. Alors évidemment, j'aurais mis des mobiliers plus contemporains. Mais le design, c'est aussi un lieu et c'est une vue. Et quelque part, si on n'a pas l'environnement et qu'on n'a pas la vue, nous, ce que l'on va faire, on va être de la cosmétique. On va améliorer une base, mais quand on a la chance de travailler sur un lieu fort, en fait, je crois que c'est ce dont on rêve tous.

  • Speaker #1

    Génial. Merci beaucoup, Amandine. C'était vraiment un plaisir d'échanger avec toi. Ton parcours montre vraiment qu'on peut mélanger rigueur, créativité, process pour créer des espaces qui marquent et qui transmettent de l'émotion. Dans notre prochain épisode, on parlera encore de parcours uniques et d'inspiration. à très vite dans The Design Talk.

  • Speaker #0

    Merci Franck et bonne écoute à tous.

Description

Amandine Maroteaux, fondatrice de l’Atelier Compostelle a un parcours où chaque virage semble avoir été pris avec une détermination et une intuition rare.


Avant de manier les espaces, Amandine jonglait avec contrats en tant qu’avocate. Son quotidien: structurer des deals. Mais au fond d’elle, un feu couvait. Celui du design, de la matière, du dessin.

L’élément déclencheur ? Le souvenir d'un escalier au musée Calvet en Avignon, puis un projet personnel de rénovation. L'envie de repenser son propre espace devient une révélation. Chaque détail, chaque choix de matériau, chaque réflexion sur la circulation et la lumière lui donne le sentiment d’être à sa place. Le droit s’efface. L’architecture d’intérieur s’impose.


Elle quitte son cabinet, fonde Atelier Compostelle, où chaque projet est pensé comme une histoire à raconter. Un client lui demande un espace qui reflète à la fois l’élégance intemporelle et l’authenticité brute des matériaux. Amandine cherche alors à capter l’essence du lieu. Elle explore les contrastes, la douceur de la lumière naturelle et l’énergie de matières vivantes comme le bois ou la pierre patinée. « Ce qui m’intéresse, c’est de créer un lieu qui a une âme, où chaque élément dialogue avec son environnement et avec ceux qui l’habitent ».

Nous avons aussi parlé de :

L’art de convaincre : comment transformer une vision en réalité sans écraser la personnalité du client ?

L’importance du patrimoine : pourquoi la mémoire des espaces doit guider la modernité ?

Le design comme outil de transmission : comment un lieu bien conçu change notre manière de vivre ou travailler ?

Les dessous du métier : entre gestion de chantier, attentes des clients et cette part d’intuition qui fait la différence.


Nous avons mentionné
https://ateliercompostelle.com

https://www.linkedin.com/in/amandine-maroteaux-6b7a3426/
institutcalvet.fr

india-madhavi.com

https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Alechinsky

https://www.ingasempe.fr/ruche.html

https://www.allocine.fr/series/ficheserie_gen_cserie=27403.html
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The Design Talk est produit par Franck Mallez
https://www.linkedin.com/in/franckmallez/
https://www.instagram.com/franckmallez/
https://www.instagram.com/thedesigntalk.podcast
https://www.yourse.co

https://podcast.ausha.co/the-design-talk


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Designer, architecte, entrepreneur, artisan, tous ont en commun une vision, un parcours, une approche du design qui résonne avec notre époque. Alors ici, on parle d'inspiration, de matière, d'innovation, de process, mais aussi de défis, d'échecs et de réussites. Tout ce qui façonne finalement chaque projet. Ce Design Talk, c'est une plongée dans l'univers de ceux qui imaginent, transforment et réinventent notre quotidien. Alors installez-vous, ouvrez grand les oreilles, l'épisode du jour commence maintenant. Salut Amandine. Salut Franck. Donc Amandine Marotto, je suis ravi de t'avoir à ce micro aujourd'hui. On va raconter ton parcours, ton métier d'architecte d'intérieur. Tu vas nous le présenter toi-même. Et comment justement tu te présenterais à un enfant de 6 ans si tu devais décrire qui tu es, ce que tu fais ?

  • Speaker #1

    C'est une très bonne entrée en matière. À un enfant de 6 ans, je crois que je dirais que dans une partie de ma vie, je répare des maisons cassées. Puisque quel que soit le type de lutte sur lequel on intervient, de toute façon, ils ont un problème. Et on est là pour un minimal et réparer. Et à notre volet, peut-être de rendre tangibles des mondes imaginaires. Puisqu'on vient toujours nous voir avec des idées, des ambitions, des questions. Et notre travail consiste à... à rendre possible et rendre matériel, matérialisé, une idée de départ. Sinon, ça reste un dessin.

  • Speaker #0

    Donc, ton métier, c'est architecte d'intérieur. Et le monde imaginaire dont tu parles, c'est lequel ? C'est le tien ? C'est celui de tes clients ? C'est un mélange de tout ça ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est forcément un mélange de tout ça. Parce qu'on vient nous voir, on nous choisit pour un univers qui nous est propre, dans lequel on évolue et que l'on traduit dans les intérieurs de nos clients. pour accompagner un changement de vie, que ce soit pour accompagner un nouveau projet personnel, que ce soit pour accompagner dans le workspace un changement de méthode de management. Il y a des centaines, des milliers de raisons de venir nous voir. En revanche, on va toujours nous voir avec quand même une idée de ce que l'on imagine. Dans la manière de vivre ou dans l'esthétique, il y a toujours un point de départ. Et donc, on va croiser tout ça, notre univers, notre monde, celui de l'atelier Compostelle, avec les envies et les idées de nos clients.

  • Speaker #0

    J'adore cette image de dire qu'on vient réparer un endroit, ou améliorer ou perfectionner un endroit qui n'est pas à la hauteur de ce qu'imagine son utilisateur. Si on te demandait de choisir un objet qui te représente, que tu affectionnes évidemment, ça serait quoi ?

  • Speaker #1

    Immédiatement, je penserais à une œuvre d'art. En tout cas, ce sera quelque chose qui se partage, qui se choisit ensemble, qui se regarde, vers lequel on a envie de revenir. Et je trouve ça dans l'art, dans l'art contemporain en particulier. Et une œuvre d'art, ça peut être aussi un livre d'art. Je pense au livre de l'exposition Alechinsky, qui est dans la Fondation Bogossian à Bruxelles en ce moment. D'abord, c'est un lieu splendide. L'exposition est assez fantastique avec de très grands formats. magnifiquement scénarisées. Et le livre permet d'en garder un souvenir. Il permet de réfléchir, d'égliser ses réflexions. Il peut se partager, il peut se lire, il peut se cacher dans une bibliothèque. En fait, je crois que l'œuvre d'art et le livre d'art sont peut-être deux des objets qui me parlent tout de suite.

  • Speaker #0

    C'est vrai que l'art et l'architecture, ça reste. Ça peut durer des siècles, voire beaucoup plus. C'est pour ça que tu as choisi ce métier ? C'est aussi pour ça que tu as appris ce métier ?

  • Speaker #1

    En fait, j'ai choisi ce métier parce que je suis consciente de l'importance qu'ont les lieux sur ce que l'on vit. On n'est pas les mêmes personnes selon l'endroit dans lequel on s'exprime, dans lequel on reçoit, dans lequel on est reçu. Et ça, c'est ma conviction de départ. C'est que les lieux contribuent à faire les gens. J'avais entendu dans une conférence philosophique chez Chanel une très belle phrase qui était que habiller comme décorer, ça n'a rien de futile. Et donc, à défaut de travailler dans la mode et de pouvoir vous habiller, je peux vous faire vivre dans des lieux qui vont être à votre service et où vous serez la meilleure version de vous-même, une personne telle que vous voulez être au fond de vous et celle que vous voulez montrer aussi.

  • Speaker #0

    Ok, on va creuser tout ça. Peut-être pour revenir un petit peu sur qui tu es, on parlera de ton parcours avant, parce que tu as eu une vie avant l'architecture d'intérieur et la décoration. D'ailleurs, il y a une question que je me pose souvent, je ne sais pas répondre à cette question, c'est quoi la différence entre un architecte d'intérieur et un décorateur ? Est-ce qu'il y a une différence déjà ?

  • Speaker #1

    Oui, dans la description du métier, il y a une différence. Disons que, sur le principe, l'architecte d'intérieur peut toucher à de l'architecture en général et inclut dans son travail un volet restructuration, y compris les volets techniques, et un volet décoration. Le décorateur a un métier qui est plus centré sur la scénographie, la colorisation, les matières. pour moi, les deux vont ensemble parce qu'on ne peut pas penser un espace sans penser sa décoration. Et c'est plus contraignant de ne pouvoir que décorer un espace qui a été conçu sans tenir compte de la façon dont on voulait l'éclairer, le meubler, l'ameubler, le faire vivre. Donc c'est complémentaire. Et donc l'architecte peut tout, archi d'intérieur et déco comprise. L'architecte d'intérieur peut décorer également. Et le décorateur est un peu plus contraint, sur le papier en tout cas, évidemment. dans sa marge d'expression, je dirais.

  • Speaker #0

    Et ça veut dire qu'il y a une réglementation de cette activité ?

  • Speaker #1

    C'est assez variable selon les pays. Disons qu'il y a un ordre des architectes d'intérieur, des architectes d'intérieur et architectes d'intérieur d'ailleurs. Donc c'est réglementé. Maintenant, on voit de nombreuses formations qui permettent d'avoir des diplômes qui s'apparentent à une formation d'architecte d'intérieur ou décorateur. à chacun de prendre ce dont il a besoin.

  • Speaker #0

    On peut s'improviser, j'imagine que ça existe malheureusement sur le marché, des décorateurs sans avoir de diplôme et de formation ?

  • Speaker #1

    Oui, je vais répondre en deux temps. Il y a des gens qui ont un vrai talent et qui n'ont pas de diplôme et n'en ont pas besoin parce que toute leur vie, ils ont vécu dans des beaux endroits, parce qu'ils sont immergés dans un monde d'archi, de déco, dans le monde de l'art, et qu'en fait, leur œil s'est formé, qu'ils ont appris par eux-mêmes. et en fait la formation viendrait rajouter un diplôme dans le bureau mais tout le monde n'a pas besoin d'apprendre à l'école et d'autres en revanche et c'est plus le problème vont à l'école très peu de temps, voire n'y vont pas du tout n'ont pas de talent pas un savoir acquis, un savoir faire en quelques semaines et là c'est dangereux en fait je trouve c'est dangereux pour leurs clients, c'est dangereux pour les artisans et c'est dangereux pour eux-mêmes Donc je crois que c'est aussi à chacun d'entre nous, au-delà des réglementations, d'avoir conscience de ses capacités et de savoir s'entourer. J'ai commencé avec peu d'expertise, mais beaucoup d'envie et en ayant beaucoup appris par moi-même, mais pas toute seule. J'ai tout de suite monté une petite équipe autour de moi sur le volet plan, le volet 3D et sur le volet gestion de chantier.

  • Speaker #0

    Oui, c'est la femme de droit qui parle là.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    c'est une transition toute trouvée.

  • Speaker #1

    C'est une constitution d'équipe, un process, apprentissage et... Et lucidité sur ce que l'on sait faire ou pas.

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr. Alors non, mais chose amusante et très étonnante quand même dans ton parcours, c'est que tu as commencé par être avocate. Enfin, je crois que tu as commencé par être avocate. Tu vas nous raconter ça et tu es devenu ensuite architecte d'intérieur. C'est en apparence, en tout cas, deux métiers très opposés, l'un très créatif, l'autre, on l'imagine, très rationnel. Encore que pour être, je pense, un bon avocat, il faut être aussi souvent très créatif. Raconte-nous un peu ce début de carrière.

  • Speaker #1

    En fait, j'ai grandi pour le contexte dans le sud de la France, dans un environnement où les métiers de l'architecture, de l'architecture d'intérieur, les métiers de l'art, n'étaient pas notre quotidien. En revanche, on voyait beaucoup de musées et je sentais que j'avais une appétence particulière. Pas forcément pour le monde de la création à ce stade, mais pour les lieux qui inspirent quelque chose. Il m'arrivait très souvent d'être le souffle coupé, ça m'arrive encore, en entrant dans un endroit où la perspective a été parfaitement soignée, où on voit la banquette avec le velours sur laquelle on a juste envie de s'asseoir et de passer des heures à discuter, où les fenêtres sont gigantesques, où on voit un lac, où un décor a été magnifiquement posé, où en fait je suis hyper tactile. Et ça depuis toute petite, j'ai vraiment eu cette... Ce souffle coupé devant des lieux incroyables.

  • Speaker #0

    Tu te souviens de la première fois où ça t'est arrivé ?

  • Speaker #1

    Je peux me tromper évidemment, mais je crois que c'est au musée Calvet à Avignon qui a contribué à mon éducation au monde de l'art. J'étais au lycée dans la même rue et pendant les pauses, je suis toujours été une bonne élève. Je travaillais beaucoup et j'étais au collège d'ailleurs, pas au lycée. Et on pouvait de temps en temps sortir et j'aimais bien aller au musée, dans la cour du musée en fait. Et on rentrait dans les expositions et je me rappelle en fait d'un escalier. On entre dans la cour, en fait, j'entrais sur la gauche. La cour est fantastique et c'est marrant, elle me fait un peu penser dans un autre monde, à la cour à l'arrière de la Fondation Maght, celle dans laquelle il y a les statues.

  • Speaker #0

    À Saint-Paul-de-Vence.

  • Speaker #1

    Exactement, tout à fait. Toutes les sculptures, juste absolument fabuleuses. Cette cour a un peu la même forme, sauf qu'elle est évidemment du 17ème. Et donc, on entre, il y a un immense escalier. Et en fait, je me vois, il y avait des trompe-l'œil, des lumières, la lumière sur un escalier, sur une rambarde. C'est un élément très fort, en tout cas, qui a influencé mon appétence pour le monde de l'architecture d'intérieur. C'est ce jeu de lumière. On percevait, en fait, la pierre, la patine. Et puis, les gens marchaient dans l'escalier sans s'en rendre compte. Et moi, je me rappelle cette espèce de lumière sur la pierre. Et ça... probablement contribué à éveiller quelque chose.

  • Speaker #0

    T'avais quel âge ? 14-15.

  • Speaker #1

    C'est pas le début, mais c'était mon deuxième collège. J'ai changé en cours de scolarité pour être dans une organisation j'allais dire un peu plus... prestigieuse, c'est pas le mot, mais en tout cas qui préparait mieux pour les lycées que je voulais faire ensuite.

  • Speaker #0

    Parce qu'à ce moment-là, tu voulais...

  • Speaker #1

    Moi, j'étais une bonne élève. J'avais plus ou moins compris qu'être avocat, c'était bien. J'avais d'abord voulu être vétérinaire, vous allez le savoir. En fait, je monte à cheval depuis très longtemps. Et je voulais être vétérinaire, c'était très précis, de l'équipe de France de concours complet. Ok. mon prof de l'époque venait de faire les JO d'Atlanta en avant, en arrière, je ne sais plus très bien en tout cas on était dans une écurie de très haut niveau c'était l'époque Japlou c'était l'époque Japlou même un peu après mais oui effectivement c'est les posters Japlou, Milton etc et au bout d'une demi journée l'esthétique ne me convenait pas les odeurs étaient très compliquées et puis je ne me voyais pas promener un animal le matin , et l'euthanasier l'après-midi. Enfin, c'était clairement pas mon monde. Ça, j'ai très vite compris. Il a fallu trouver une solution et une amie des parents m'a accueillie en stage, elle était avocat. Et alors moi, je crois bien aimer, mais mon père m'a rappelé qu'il avait effacé la fin de mon rapport de stage dans lequel j'avais écrit que je ne ferais jamais ce métier. En revanche, j'avais aimé la dynamique du bureau et l'interaction avec ses clients. Il en était resté quelque chose. Et au-delà de ça, en fait, c'est un métier... qui est multiforme et dans laquelle je percevais que je pouvais avoir quelque chose à apporter. J'avais compris qu'il y avait une importance particulière, n'était pas que sur la technique juridique, mais que sur la capacité qu'on avait à comprendre les métiers de nos clients, dans nos métiers en corporate, ou leur parcours de vie dans des dossiers plus contentieux éventuellement. Et moi, j'aime les gens, en fait.

  • Speaker #0

    Alors, tu te lances dans cette voie qui était toute tracée, de droit

  • Speaker #1

    Oui, on apprend. J'ai fait une première fac, j'en ai plusieurs en parallèle. J'ai fait... J'ai fait deux facs en parallèle, j'ai fait l'école du Louvre, j'ai fait Sciences Po.

  • Speaker #0

    Ah oui ? quand même, l'école du Louvre.

  • Speaker #1

    En auditeur libre, donc en plus d'Assas et des cours à Sciences Po, j'allais le soir, pas tous les soirs bien sûr, et j'ai fait deux spécialisations, une sur les peintures de Watteau et l'autre sur l'écriture cunéiforme.

  • Speaker #0

    Tiens donc.

  • Speaker #1

    Et on faisait des petites boules en argile pour apprendre à faire, comme le faisait dans la tradition.

  • Speaker #0

    Alors attends, raconte-nous ça, parce que moi je vois à peu près ce que c'est.

  • Speaker #1

    Les écriture cunéiformes, c'est les premières formes d'écriture sur lesquelles tu utilisais une forme de stylet pour graver de la terre à sécher. Et en fait, les bergers faisaient des petites boules qu'ils mettaient dans une boule plus importante, qui était le nombre de moutons avec lesquels ils partaient. Et chaque propriétaire écrivait avec ce fameux stylet, ou des textes, ou des nombres. C'est un peu le début de l'écriture, c'est probablement l'une des plus anciennes formes d'écriture.

  • Speaker #0

    On est dans quelle civilisation ? Je ne veux pas dire de bêtises,

  • Speaker #1

    mais je ferai quelques vérifications pour en mettre en note d'épisode. Il y a quand même très longtemps. Et la deuxième était Watteaux, qui est un peintre qui m'a toujours fascinée parce qu'en fait, son corps s'est désagrégé. Et il est mort de gangrène, ou en tout cas une maladie qui lui ressemble. Et en fait, ses peintures subissent le même sort. Elles étaient très mal préparées. Ok. Et donc elles se décomposent de l'intérieur. En fait, certaines absorbent la peinture. Et donc elles peuvent de plus en plus difficilement être exposées. Mais ça reste un peintre qui fascine avec le voyage à l'île de Citerre. Est-ce qu'on va vers Citerre ? Est-ce qu'on en revient ? Ça n'a jamais été très clair. Toutes les enseignes, notamment le Pierrot qui est très connu. Il y a souvent ce personnage un peu triste. J'aime les gens, j'aime les histoires. Donc ça faisait partie des sujets que j'avais choisis.

  • Speaker #0

    Mais quand même, en plein milieu de tes études de droit, c'est ça ? Tu fais ça en parallèle ? Tu as quand même une petite idée, là. Tu te dis, OK, le monde de l'art,

  • Speaker #1

    le monde de la création. En fait, j'avais un ami qui était à l'école du Louvre. Je trouvais ça intéressant. Et en fait, moi, j'aime apprendre. Et si je commence à m'ennuyer, en fait, je deviens dépressive. Il ne faut pas m'arrêter. Je ne peux pas m'arrêter. Et ça, c'est un peu le fil conducteur qu'on va retrouver dans notre conversation. C'est, je ne peux pas ne pas apprendre, en fait. Alors évidemment quand je peux le partager c'est mieux, mais j'ai besoin d'apprendre, de me renouveler. J'adore bavarder, discuter, échanger des points de vue. Et pour ça, il faut avoir des choses à se dire. L'apprentissage, chez moi, est quelque chose d'extrêmement important.

  • Speaker #0

    c'est toute ta vie. En tout cas, ça ne s'est jamais arrêté. Ça ne s'arrêtera jamais.

  • Speaker #1

    Ça ne s'arrête encore pas aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Tu vas nous raconter ça. Et donc, je reprends le fil chronologique. Tu deviens avocate dans un domaine en particulier ?

  • Speaker #1

    Oui, alors ça aussi, déjà, c'est pas très clair dans le sens où j'ai fait un peu de corporate, mais j'ai surtout fait un peu de droit immobilier, enfin un peu non, du droit immobilier et de la politique européenne. Donc en fait, ce que je voulais fondamentalement faire, c'était les droits communautaires, probablement auprès des institutions européennes. Et pour compléter ma formation, j'ai fait un dernier master. à Sciences Po, qui était en partenariat avec l'université de Bath en Angleterre et avec Madrid, avec Rome également, ce qui permettait d'avoir une spécialisation sur la politique européenne, pour compléter le volet juridique en fait.

  • Speaker #0

    Alors Bath et Rome, en plus deux endroits sublimes.

  • Speaker #1

    Exactement, et à Rome j'ai aussi fait un débat dans la fin de mes études de droit avec un mémoire sur les financements publics privés des autoroutes. Donc le truc est improbable.

  • Speaker #0

    T'as aimé vivre à Rome ?

  • Speaker #1

    J'ai adoré.

  • Speaker #0

    J'ai passé trois ans à Rome. J'ai adoré cette ville.

  • Speaker #1

    C'est l'une de mes villes préférées, j'y vais de temps en temps. Je pourrais y revivre sans aucun problème. Il y a des lieux auxquels je suis très attachée. Mon sport était de courir les marches de la place d'Espagne le matin. Bon, maintenant, je le fais en marchant. Mais toutes ces rues, ces ambiances, ces odeurs, ces textiles déjà.

  • Speaker #0

    Ces patines, des murs.

  • Speaker #1

    Ces patines, tous ces musées. Quand on est étudiant, en plus, tout est très facile d'accès. On mange bien, on marche bien, les lieux sont fantastiques, les jardins de la Villa Borghese, c'est pareil, j'ai passé des heures. Maintenant, j'avoue que j'ai un petit faible pour le canapé de La Chance, le Borghese, de Noë Duchaufour Lawrence, parce qu'au-delà de son esthétique parfaite, et on pourra peut-être parler de design un peu plus tard, et de la marque que j'adore, c'est un vrai souvenir presque d'enfance.

  • Speaker #0

    Moi, à Rome, il y des millions d'endroits marquants à Rome, mais je pense qu'une fois ou deux fois par semaine, en rentrant chez moi, je m'arrêtais, je rentrais dans Saint-Louis des Français. Pareil,

  • Speaker #1

    je vais dire la même chose. En fait, j'adore le vin. J'ai commencé à aimer le vin dans le petit bar qui était en face, où on allait entre amis. C'était un peu un endroit où on allait dîner le plus souvent. et Saint-Louis des Français avec ses immenses peintures. Dont le Caravage. Dont le Caravage. C'est drôle. Tu vois, on ne savait pas. Et encore aujourd'hui, ça fait partie des incontournables. S'assoir sur un banc, respirer, regarder ces tableaux fantastiques. Et je n'étais pas très loin, en fait. Une petite rue à côté.

  • Speaker #0

    Ah oui, c'est drôle. Moi, j'étais juste à côté de Navona. Voilà, c'est dans ce coin là, vers le Parlement. Vers le... Pas le Parlement, je ne sais pas ce qu'il y a, le Sénat, je crois. Bon, très amusant. Rome, c'est évidemment le voyage à Rome. Il est fondateur du parcours.

  • Speaker #1

    Dans l'esthétique en général, je devais penser aux films de Fellini, aux voitures dans Rome. les cheveux à l'air avec ces belles voitures dans l'esthétique en général il ya tout ça en fait ouais parce que j'ai trouvé à rome je sais pas si tu partages ça c'est que j'étais frustré un moment de vivre sur une dans un endroit évidemment millénaire très inspirant

  • Speaker #0

    mais à l'époque en tout cas moi c'était dans les années 2000 une absence d'art contemporain une absence de j'ai trouvé que c'était une ville qui était quand même très tournée sur le passé très musée et je crois que ça a beaucoup changé ça a beaucoup changé notamment avec les résidences d'artistes

  • Speaker #1

    je peux me promettre, je crois que c'est India Madhavi qui avait été en résidence à la ville Medicis et qui avait lancé des collaborations italiennes avec cette résidence il y a plus d'art contemporain aujourd'hui et Moi je pense que je ne l'ai pas vu à ce moment là parce que ça m'intéressait moins, je connaissais pas.

  • Speaker #0

    Oui c'est pas ce que tu recherchais non plus.

  • Speaker #1

    Non et en fait c'est l'histoire de la voiture rouge, on cherche une voiture rouge on la voit partout. Je crois que c'est pareil en fait avec l'art c'est quand on a un oeil qui s'aiguise, on voit des oeuvres, on voit des galeries, on voit des créations parce que l'oeil en fait les reconnaît. Ouais,

  • Speaker #0

    ouais. Alors donc tu deviens avocate avec toutes ces disciplines très différentes.

  • Speaker #1

    Quand j'ai commencé à travailler en fait... j'ai rejoint d'abord un cabinet à Paris en corporate parce que j'avais décidé encore de changer et de faire du droit de la vigne et du vin et là on m'avait dit ça va être du droit rural, ça va t'ennuyer mais bon écoute, on va te montrer quand même et par contre, comment ça travaille en corporate au moins déjà t'avances sur le volet structuration d'entreprise et pour débuter c'est un peu la base et c'est très intéressant ensuite j'ai rejoint Luxembourg Oui. Et donc là, c'est pareil. Donc,

  • Speaker #0

    le tambour, ce n'est pas le jardin, c'est le pays. C'est le pays.

  • Speaker #1

    Et donc je postule dans un cabinet luxembourgeois.

  • Speaker #0

    Donc tu rejoins Luxembourg pour une raison, professionnellement ? Oui,

  • Speaker #1

    pour une raison professionnelle. Parce que le père de mes belles-sœurs, qui est luxembourgeoise, nous a dit que le pays était très dynamique, que je cherchais des avocats. Et lui avait pas mal de contacts dans des bons cabinets. Donc moi, je suis ouverte d'esprit. On me donne un conseil, j'ai tendance à le suivre. Et donc, quand on m'envoie la proposition de contrat, on me dit la seule chose, c'est que par contre, droit communautaire, il n'y a pas, il y a une personne. Il ne cherche pas de collaborateur. Donc, vous avez le choix fonds d'investissement ou corporate. Bon, alors là, en sachant que c'est Luxembourg, j'aurais dû dire fonds d'investissement. Mais bon, j'ai choisi corporate en me disant qu'en fait, le client principal de cette équipe-là était CBRE. Donc, je savais que j'allais faire du corporate, mais pour... un acteur immobilier important.

  • Speaker #0

    CBRE, pour ceux qui nous écoutent, c'est un courtier en immeuble, donc c'est l'agent immobilier d'entreprise, en fait, si on veut résumer.

  • Speaker #1

    Exactement, en tout cas, ils représentent des bailleurs importants, principalement pour des entreprises, effectivement, ou des fondations, family office, etc. Et ils ont aussi un département désormais design dédié à l'aménagement de bureaux. Mais en tout cas, voilà, c'était un peu ce qui a guidé mon choix. Et donc pendant plusieurs années, quasiment 4 ans, j'ai... J'étais dans une équipe plutôt germanophone d'ailleurs, ce qui n'était pas ma zone de confort. Mais bon, il faut faire avec. Et j'ai beaucoup appris et rencontré plein de nos clients actuels, amis et... En tout cas, j'ai déjà vite compris que je ne serais jamais la meilleure avocate au sens technique du terme. Parce que relire pour la dixième fois, ça fait rire mes amis encore aujourd'hui, avec qui je travaillais déjà à l'époque. Oui, effectivement, on préférait m'envoyer dans les boards. On préférait m'envoyer aux réunions clients où j'allais faire l'animation. En étant très bien briefée en amont, les clients étaient super contents que je vienne. Donc en fait, l'équipe roulait bien comme ça.

  • Speaker #0

    Oui, mais déjà, tu sais. savais au fond de toi que tu ne ferais pas ce métier toute ta vie ?

  • Speaker #1

    Alors en fait, là où j'étais partagée, c'était que je savais que j'aurais été une très bonne associée sur le développement commercial, sur l'affiliation de nos clients. Moi, j'aurais adoré aller faire la promotion du pays et de notre discipline autour du monde, en développement de marché, de nouvelles clientèles. Mais pour ça, il fallait 10 voire 15 ans à cette époque. Et je ne savais pas... la patience et puis il y a quand même des étapes à franchir avant ça qui n'étaient pas 100% compatibles sauf à avoir la promotion je dirais et le soutien d'un associé qui nous emmène dans son chemin qui nous apprend à faire et qui sait quelles sont nos zones de confort et je ne suis pas bonne pour tout et ça c'est clair que ça faisait partie des sujets est-ce que ce serait possible ou pas écoute je n'ai pas eu le temps de me poser la question mais pour être tout à fait honnête je me la pose aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Ok. Ok. Et donc, là, tu étais dans un grand cabinet ? Oui. Un des majors ?

  • Speaker #1

    Oui, à Luxembourg, un des cabinets principaux de la place. En tout cas, c'est le plus important cabinet luxembourgeois.

  • Speaker #0

    Ok. Ok. Et là, donc, tu es avocate pendant combien d'années ?

  • Speaker #1

    J'allais dire quasiment trois ans au total et j'ai dû en passer trois chez Rennes.

  • Speaker #0

    D'accord. Ok. Et donc, un beau matin, tu te réveilles, tu te dis non, ma vie n'est pas là. Comment ça se passe ?

  • Speaker #1

    C'est toujours un peu plus compliqué. Oui,

  • Speaker #0

    bien sûr.

  • Speaker #1

    D'abord, moi, je peux douter un petit moment. prendre une décision, mais je n'hésite pas. Donc, je pouvais douter un peu de ma place au sein du cabinet. Est-ce que c'était la bonne... Bon, j'étais très heureuse d'ailleurs, mais je sentais quand même qu'il y avait un déséquilibre. Il y avait quelque chose en tout cas qui n'était pas tout à fait ma place. Et... Il se trouve que la fille aînée de ma marraine, elle s'occupe de M. Bother à Singapour, elle y était déjà à l'époque. Et en fait, quand Isabelle, ma marraine, me parlait de ce que faisait sa fille, je me rendais compte que ça ressemblait assez à ce dont moi... j'avais envie c'est à dire qu'il y avait le volet entreprise à développer alors c'était déjà une boîte fantastique M Mother mais je voyais que... Attends j'ai pas compris moi je connais pas M Mother M Mother en fait c'est probablement l'une des boîtes les plus importantes dans l'aménagement d'intérieur de yachts, de boutiques de luxe, de bureaux. Et la fondatrice est très âgée désormais, mais elle est encore dans les équipes. Ils font des études en permanent, de la prospective. Ce n'est pas juste de l'esthétique. Il y a une démarche de recherche, de création, de contribution à la manière de vivre qui est extrêmement importante. Ça fait partie des entreprises que j'essaie de modéliser. Alors, ils sont énormes, on est petit, mais c'est un vrai exemple en tout cas.

  • Speaker #0

    Oui, c'est un exemple.

  • Speaker #1

    Et donc, je me dis qu'il y a quand même un volet créé assez vrai, mais il y a un volet entreprise. On travaille avec des vrais gens. Ce n'est pas juste un archi derrière cette table à dessin, parce que ça, ce n'est pas moi, je suis incapable de faire ça et ça ne me fait pas rêver. Il y a une interaction avec différents univers, en l'occurrence le monde du luxe pour eux, et des segments assez différents de boutiques, d'hôtellerie, de bureaux. Donc en fait, on reste dans le monde des affaires, j'allais dire, et on contribue à rendre possibles les ambitions de nos clients. Et ça, ça me parlait. Il y avait quelque chose, j'avais l'impression de le faire en tant qu'avocat déjà, mais là, ça trottait dans ma tête, ce truc de... Ça me semblait plus moi. et si j'arrivais à le faire j'avais l'impression que ça pouvait remplir toutes les cases et recoller un peu tous les morceaux de ma personnalité qui était en partie quand même un peu sous-exploitée je dirais quand j'étais avocat

  • Speaker #0

    Oui un peu oubliée un peu en mineur mais est-ce que le monde du design, de l'architecture d'intérieur déjà tu le... Tu le vivais à titre personnel, dans tes intérieurs à toi, dans tes... Je ne sais pas, tu as peut-être déménagé, etc. Est-ce que c'était quelque chose déjà de très important pour toi ?

  • Speaker #1

    Oui. Alors déjà, on a effectivement... Avec mes parents, peu déménagé. Mais je passais mon temps à refaire les espaces sur lesquels je pouvais intervenir. J'adorais dessiner. Alors, j'essigne très mal. J'écris très mal, je dessine très mal, mais ce n'est pas grave. En fait, au bureau, c'est devenu un petit challenge. Quand le nouveau arrive, il faudrait la décrypter, mon écriture. Et ça amuse beaucoup mes amis quand je leur écris des petits mots. À la maison, c'est pareil. Je ne suis pas très lisible, mais quand on arrive à me connaître et à lire mes petits mots, c'est comme connaître bien. Voilà, parenthèse. Il y a ce côté créa-déménagement. Avec mon mari, on a aussi beaucoup déménagé. Et on continue à le faire jusqu'encore récemment. Donc déjà... En étant avocat, je cherchais à créer des intérieurs qui ne soient pas neutres. On a rarement habité dans des intérieurs très classiques. Il y avait toujours un truc atypique. C'est sûr que je n'allais pas chez Ikea chercher le tout seul look. Donc, je me suis lancée dans... Quand on habitait à Lyon, on avait un appart flondide. Et en fait, on avait acheté des petits meubles dans des trocs, etc. Mais évidemment, je ne voulais pas les avoir en vieux boîte tabimée. J'avais pris des cours pour les repeindre. C'était vraiment raté. Mais j'ai essayé. Et en tout cas, ça donnait une coloration particulière à cet appart. Parce que j'avais tout peint dans des teintes de bleu. Il y avait des petites touches de rouge. Il y avait déjà pas mal de noir et blanc, qui est une trame que j'aime bien. Et la vue était splendide sur une petite cour jardin. Donc en fait, il y avait quand même ce truc de... Je voulais des lieux différents. Et nos amis adorent rester chez nous. encore aujourd'hui, on passe 5 minutes et en fait, on reste 2-3 heures parce qu'en fait, on est bien. Et c'est ce que je veux faire pour nos clients. J'avais une appétence pour ça. Mais alors, en termes de compétence, zéro. Et quand j'ai remis les dossiers de candidature, parce que bon, à mon époque, il fallait remplir des dossiers pour entrer dans les écoles d'architecture d'intérieur. Surtout dans le format que je voulais faire, qui était en reconversion. Je ne peux pas reprendre 3 ans d'école. Et je voulais une vraie école. Donc j'avais choisi Créa d'Alyon.

  • Speaker #0

    Donc tu vivais à Lyon à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    Alors je suis allée à Lyon, notamment pour ça, oui.

  • Speaker #0

    Ok. Alors attends, on va raconter ça, mais est-ce qu'il y a un moment, s'il existe, je me doute que c'est progressif.

  • Speaker #1

    Ah non, il y a un moment.

  • Speaker #0

    Mais est-ce qu'il y a un moment, un truc qui a déclenché ?

  • Speaker #1

    Il y a en fait une conversation dans un petit déjeuner, où je dis à mon mari, j'aimerais faire ce que fait Clarisse. Clarisse étant la fille aînée de ma marraine. Et là, il me dit, écoute, je le savais.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Et je t'ai fait des recherches, j'ai pré-inscrit dans des écoles. Wow. Bon, après, il y a des concours à passer, mais ça, tu sais faire. Moi, j'en ai fait plein, je les réutilise tous, donc go,

  • Speaker #0

    quoi. Il t'avait pré-inscrit dans des écoles, sachant que ça allait arriver.

  • Speaker #1

    En disant que ça pouvait arriver. Je le sentais. OK. Il savait que... Je n'aurais pas forcément eu la patience de passer six mois à chercher quelle bonne école d'en comparer 150. Moi, j'aime ou je n'aime pas. C'est comme dans l'art. Je vais acheter une œuvre parce que je l'aime. Je ne vais pas en comparer 150 pendant six mois. Les écoles, c'est pareil. J'ai choisi Créade parce que...

  • Speaker #0

    La formation était reconnue parce que le parcours proposé était très complet, mais aussi parce que c'était un coup de cœur amical avec la fille de la fondatrice, alors qu'il l'a revendue depuis. Mais quand on s'est rencontrés pour l'entretien final, j'allais dire, moi j'avais très envie de travailler avec elle, tu vois. Un petit lapsus. En tout cas, d'apprendre avec elle dans son école. Mais je savais que ce que j'avais rendu était mauvais. Parce que c'était quoi ?

  • Speaker #1

    Alors,

  • Speaker #0

    première étape, il fallait rendre un aménagement d'appartement. Je ne savais pas faire. Déjà, je l'ai fait sur un fond noir. En plus, l'impression, c'est catastrophique. J'ai pris les plans d'entraînement. à part de l'époque, j'ai découpé des meubles que j'ai collés. Alors que je voyais passer à peu près d'autres dossiers, de gens qui voulaient se reconvertir et qui avaient déjà... Ils savaient faire des 3D, ils connaissaient les plans. Je savais que c'était mauvais, mais j'espérais qu'elle... elle détecte...

  • Speaker #1

    C'est ça. C'est l'exécution qui était mauvaise, mais peut-être qu'au fond, il y avait une variété.

  • Speaker #0

    Exactement. C'est que deuxième étape, aménagement de bureau. En fait, à chaque fois, je me suis creusé la tête quand même pour avoir une approche différenciante. C'est un truc qui n'a jamais changé, c'est que quand on propose un projet, y compris dans des concours, on va toujours prendre des risques. Oui. Et à l'entretien, j'ose quand même lui demander quand est-ce qu'on aurait une réponse, qu'est-ce qu'elle a pensé de mes propositions. Et en fait, elle me regarde, elle me dit, Maman Dine, si t'es pas vous, c'est personne.

  • Speaker #1

    Ah oui, waouh !

  • Speaker #0

    Et donc on se dit qu'on est dans la bonne voie. c'est sûr qu'il faut professionnaliser parce qu'en pratique c'est pas utilisable mais vous avez un style c'est courageux, c'est très bien construit à chaque fois dans les dossiers que vous avez rendus vous avez raconté une histoire ok Et elle a dit, je vais vous avoir. Donc, je lui ai donné une deadline. J'avais quand même passé un entretien aussi en cabinet d'avocat, la même journée. Et donc, en traversant un pont au-dessus du Rhône, je me suis dit, au bout du pont, j'ai pris une décision. Et moi, je fonctionne pas mal comme ça. Dans ma tête, quand c'est arrêté, après, il y a le temps de l'exécution, je dirais. Mais quand j'ai décidé, j'ai décidé.

  • Speaker #1

    Donc, à ce moment-là, tu candidates pour rentrer chez Crade. Tu candidates en même temps dans un cabinet d'avocat. Mais tu sais... tu ne sais pas encore lequel tu veux. En tout cas, avant de franchir ce pont.

  • Speaker #0

    Je sais que j'ai envie. En fait, les deux m'intéressent. Le cabinet m'intéresse. Le projet qu'il me propose m'intéresse. Il y a un chose côté développement, en fait. C'était pour développer un nouveau département. Moi, mon côté promoteur, il y va à fond. Il y a une forme de sécurité.

  • Speaker #1

    Oui, tu maîtrises le sujet.

  • Speaker #0

    Je maîtrise le sujet. Je connais le cabinet. Je connais le fondateur du cabinet. Je sais ce que je vais pouvoir leur apporter. Évidemment. financièrement je vois près où je vais aller et en même temps je me dis à ce moment là que si j'essaie pas d'être architecte d'intérieur je le regrettais tu avais quel âge 28 29 ah oui ok ok donc c'est oui c'est un tournant déterminant la trentaine tu dis bon allez c'est maintenant que je veux faire ce que je veux oui et sachant que quand j'avais quitté luxembourg pour aller à lyon j'avais quand même discuté avec les les associés avec qui je travaillais, et qui m'avaient dit, en fait, qu'ils me donnaient un an. Après, si je devais revenir plus tard, je le ferais plus tard. Mais ils me gardaient ma place dans l'équipe pendant un an. Alors évidemment, je n'aurais pas progressé. Mais je pouvais revenir.

  • Speaker #1

    Donc tu leur avais dit, en gros...

  • Speaker #0

    En tout cas, j'ai réussi par un an. Et j'avais dit aussi à nos clients chez qui j'étais en seconde month. Je leur avais expliqué la situation. Et c'était quand même une situation particulière. Et puis, ce n'était pas les modes à l'époque. Il y a une grosse dizaine d'années. Changer de carrière, ça ne se faisait pas tellement. Quitter le monde des cabinets d'avocats pour...

  • Speaker #1

    Oui, pour un changement aussi radical.

  • Speaker #0

    Oui, il y avait un côté renonciation. à une forme de carrière toute tracée. En fait, ce qui était le plus difficile, c'était de voir dans le regard de certains amis que pour eux, en fait, j'avais plus d'ambition, alors que pour moi, en fait, c'était beaucoup plus ambitieux.

  • Speaker #1

    Mais bien sûr, parce que j'étais en risque.

  • Speaker #0

    Je pouvais... Oui, je suis en risque, c'est vrai que je n'ai pas peur de prendre des risques. mesurer, contrôler, mais je me jetais à l'eau en me disant je ferais tout pour que ça marche. Ça, c'est dans mon caractère. Et j'embarque les gens avec moi,

  • Speaker #1

    je crois. Et alors les gens autour de toi, certains ont douté. Ils se sont dit mais qu'est-ce qu'elle fait ?

  • Speaker #0

    Certains m'ont dit mais tu n'auras plus de statut social. Ben non. en fait et c'est presque mon côté défi ou en fait on me dit que c'est pas possible je vais vous pourrez que ça l'est en fait donc voilà ça fait une contextualisation un peu longue mais je pense que c'est important d'en parler pour moi qui aujourd'hui veulent changer de métier c'est presque l'effet inverse c'est à la mode donc on pousse énormément les gens à essayer à tenter à changer mais souvent les gens se trompent en fait ils font des choix qui sont pas faits pour eux alors que moi je les fais en ayant conscience que Ça me semblait la bonne voie, qu'il y avait un chemin. Il y avait aussi, il faut être honnête, une vraie opportunité de marché à ce moment-là. Il y avait peu d'architectes d'intérieur. Donc, le contexte est très différent de ce qu'il est aujourd'hui. Mais je crois que ceux qui m'ont soutenu savent qu'ils ont fait le bon choix.

  • Speaker #1

    Oui, évidemment, ils ont fait le bon choix, je te le confirme. Mais en plus, je pense que, j'imagine, je ne sais pas, on ne se connaît pas très bien, Amandine, mais que le fait d'être passé par un métier de contact client, de... Tu as un caractère de promoteur, effectivement, tu l'as dit. Opportunité de marché, tu y voyais assez clair. Tu savais ce que tu pouvais apporter à ce métier.

  • Speaker #0

    Je pensais savoir ce que je pouvais y apporter. Je savais comment il fallait s'entourer aussi. Je savais dans mon caractère et dans mes compétences, on va dire, que j'aime initier les projets, j'aime créer des équipes et j'aime que ça roule. Donc, il fallait très vite, en fait, que... ça puisse fonctionner pour que tout ça aille de l'avant. Et il y avait une forme de process qui manquait, je trouvais, à ces métiers-là, qui sont perçus comme créatifs, alors que moi je trouve que ce n'est pas la première qualité. Il faut être un bon architecte d'intérieur.

  • Speaker #1

    C'est quoi ? C'est être structuré, être processé ? Oui,

  • Speaker #0

    d'abord, il faut être digne de confiance, il faut être très organisé, il faut être près de ses chiffres et des chiffres de nos clients, parce qu'on nous confie des projets, ça veut dire nous confier des budgets. Oui,

  • Speaker #1

    des limites à ne pas dépasser. des délais à respecter.

  • Speaker #0

    Tout à fait. Donc il faut d'abord être organisé, d'abord être un bon entrepreneur. En tout cas quand on dirige une agence. Et tant mieux si on a des idées. Mais je pense qu'il y a beaucoup de belles agences qui se différencient autrement que par la créativité. après c'est pas mon angle mon angle c'est d'avoir une agence très créative une agence qui prend des risques mais je pense qu'on ne peut le faire que quand on a créé autour de soi un environnement de travail sain et ça je l'avais identifié dans les entretiens que j'avais pu mener j'avais rencontré des architectes, des décorateurs, des architectes d'intérieur des que ce soit dans des boutiques, dans des cabinets dans des clubs d'entrepreneurs parfois, il y avait un peu tout ça et Le côté seul et créa me semblait en tout cas très nettement suffisant par rapport aux ambitions que moi, j'avais pour mon métier.

  • Speaker #1

    Toi, tu savais que tu ne voulais pas travailler seule.

  • Speaker #0

    Ah oui, never ever. Moi, ça me rendrait très malheureuse.

  • Speaker #1

    Ah oui, ok. Donc, ton ambition, c'était ok, je monte une équipe, je recherche les meilleurs talents à côté de moi et on va faire la différence, on va être créatif, mais aussi on va faire la différence avec ce que ton métier, ton caractère, ta formation t'apporte.

  • Speaker #0

    Exactement. Et en fait, là où... que j'ai eu de la chance, c'est que mon mari m'a fait confiance, donc ça c'était quand même le point de départ. Notamment en achetant très vite un appart en très mauvais état et en me disant vas-y. Et en fait, quand j'ai dit à nos clients et mes anciens confrères que j'allais revenir à Luxembourg et ouvrir une agence d'archives d'intérieur, beaucoup m'ont fait confiance tout de suite. Donc en fait, j'ai eu des projets avant de finir l'école. Donc j'ai demandé à deux personnes de l'école de travailler avec moi, un pour les plans, l'autre pour les 3D. et à un ingénieur que je connaissais de Luxembourg de s'occuper du volet entreprise et gestion de chantier. Donc en fait, en revenant, on a tout de suite été une petite équipe. Alors on partit à distance, mais...

  • Speaker #1

    Oui, mais alors attends, c'est formidable. Déjà, tes anciens collègues et clients, patrons, te font confiance. Ils ont eu la vie d'après.

  • Speaker #0

    En tout cas, je ne sais pas si tu étais conscient ou inconscient, mais de me dire que j'étais une bonne avocate et que je serais une bonne architecte, qu'ils avaient besoin de moi. Et... Et en fait, c'était l'occasion. Allons-y.

  • Speaker #1

    Oui, c'est top. Quand tu as la confiance, il n'y a pas de raison. En réalité, quand tu réfléchis bien, quand quelqu'un est bon dans son domaine, qu'il a fait un choix réfléchi, qu'il montre qu'il n'est pas complètement farfelu, il n'y a pas de raison de ne pas lui faire confiance sur la suite. Mais c'est rare. J'imagine que c'est rare. Donc, tu démarres, tu es diplômé, tu démarres avant même d'être diplômé. Ce nouveau métier.

  • Speaker #0

    Quelques semaines après avoir commencé l'école, je me rappelle la première discussion. Alors maintenant que tu es archélèque d'intérieur. Alors en fait... j'ai fait trois semaines d'école je sais à peu près dessiner un rond et j'ai pas commencé à tracer un plan mais oui enfin on va y arriver et là le côté promoteur prend le ruide oui on va y arriver et du coup je demande en fait tout de suite à ceux qui savent de venir avec moi ok

  • Speaker #1

    Donc là, on est presque maintenant 10 ans après cette époque-là. Oui, on est à plus de 10 ans,

  • Speaker #0

    parce que l'agence a 10 ans, grosso modo.

  • Speaker #1

    Donc ton agence, c'est Atelier Compostelle. Alors déjà, moi, je suis curieux de savoir pourquoi ça s'appelle Atelier Compostelle.

  • Speaker #0

    Oui, en fait, la première étape était que je ne voulais pas une agence qui ait mon nom, parce que je voulais créer la meilleure agence et pas forcément être la meilleure architecte d'intérieur.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    Je pense que la force de l'Atelier Compostelle, c'est la force de l'équipe. Oui. C'est qu'on est tous complémentaires. On peut compter les unes sur les autres et les uns sur les autres. Et on s'entraide, on se challenge. Et j'espère que l'atelier existera avec ou sans moi, mais en tout cas après moi.

  • Speaker #1

    C'est rare ça aussi, parce que c'est vrai que c'est un truc comme chez les coiffeurs. Il y a Jean-Louis Coiffure.

  • Speaker #0

    Mais ce qui pose des questions, parce qu'il y a une question de lisibilité dans la communication, c'est qu'il y a Amandine dans l'agence. La communication est très axée sur moi, sur mon image et sur mes engagements. Donc ça pose des questions, le fait d'avoir une agence qui n'a pas directement son nom. Vu de l'extérieur, il faut aussi retenir deux noms. On pourra en parler, mais en tout cas... Je ne voulais pas que ce soit mon... Je pensais ensuite que dans la notion de l'atelier, alors en plus je ne parle pas forcément de l'atelier au quotidien, parce qu'on est une agence, on est un studio d'architecture, mais il y a un côté de savoir-faire et de faire ensemble. Et donc, la notion d'atelier me parlait.

  • Speaker #1

    Et de craftmanship aussi. Exactement.

  • Speaker #0

    Tout à fait. Tout à fait, exactement. C'est faire ensemble, c'est savoir-faire, artisanat. Mais ça évolue avec son temps. Et je trouve que dans l'atelier, il y a une notion d'études, de groupes. Il faut être en avance, en fait.

  • Speaker #1

    Oui, d'expérimentation, d'innovation.

  • Speaker #0

    D'expérimentation. Et c'est vrai qu'on fait toujours beaucoup de recherches au bureau, en parallèle des projets. On demande des prototypages, on dessine, on avance sur des sujets qui ne sont pas... inclus directement dans nos dossiers. Il y a des choses qu'on a envie de faire, mais on n'a pas le projet pour. Donc il y a cette notion d'atelier. Et Compostelle parce que j'ai marché le chemin du Nord. C'est par un GR qui longe la cause espagnole. Donc c'est plus de la grande randonnée que du chemin de Compostelle, mais ça reste un chemin de Compostelle. Et ce que j'y trouve, c'est qu'on sait où on va, avec quelle équipe. On a une destination, on est très préparé. Et cette ultra préparation, cette vision, cette décision qu'on a pris de partir, elle laisse de la place ensuite pendant le cheminement, à des temps de réflexion, à des temps d'ajustement. Elle laisse la place à la découverte, à la rencontre. Et en fait, je crois que c'est ça un projet d'architecture. On doit être extrêmement préparé. On doit beaucoup dessiner, on doit expliquer, on doit embarquer nos clients et nos artisans avec nous. On doit se mettre à risque, mais dans quelle mesure ? Sur le chemin, c'est combien de kilomètres on peut faire ? C'est quel équipement on a ?

  • Speaker #1

    Parce qu'il faut arriver à terme, au bon moment.

  • Speaker #0

    Exactement. Chaque jour, il faut arriver à l'endroit où, sur le chemin, on va dormir.

  • Speaker #1

    Parce que oui, par curiosité, moi, je n'ai jamais fait ce... ce parcours, mais c'est quelle durée ?

  • Speaker #0

    Il y a des durées très variables parce qu'en fait le chemin il est quasiment infini. Mais moi j'ai marché trois semaines. On part très tôt le matin parce que c'est en été. Il faut être bien équipé mais pas trop chargé. Quand on marche à plusieurs, il faut laisser marcher chacun à son rythme. Mais en faisant des temps de pause au même moment, c'est exactement ça un projet d'archi. Quand on travaille en binôme, j'aime bien mettre les gens en binôme au bureau. Et donc, on voit très bien ceux qui attendent avec impatience le chantier, vont très vite aller dessiner des détails de conception. Ceux qui sont plus fans de design, de déco, vont créer des moodboards, vont travailler sur la matière. et même s'il y a un process qui est très arrêté on voit quand même les sensibilités et chacun va à son rythme l'essentiel c'est que tout fonctionne ensemble et donc le chemin c'est ça aussi cette destination, cette temporisation ce fait de faire ensemble on peut avoir peur sur un chemin on peut devoir s'arrêter parfois on peut devoir douter, on peut devoir faire des pauses changer de direction y revenir et la relation aux gens c'est ça aussi la relation à l'architecture, au design, au projet ... C'est aussi ça.

  • Speaker #1

    Il y a une notion de solitude quand même, non ?

  • Speaker #0

    Il y a une partie de notion de solitude. Ça, c'est aussi lié à la notion d'entrepreneuriat. Quand on appuie sur le bouton et qu'on y va, on est tout seul.

  • Speaker #1

    Si on change de petit gosse pour lancer un chantier,

  • Speaker #0

    en fait, le gosse, c'est quand même moi qui le donne.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. C'est toi qui bats la main.

  • Speaker #0

    Et le chantier, c'est moi qui dois battre la mesure. Ça reste ma responsabilité. Les clients vont signer avec moi, même s'ils sont pris en charge par des équipes de projet. Et il y a un élément aussi de notre parallèle avec le chantier, c'est que quand on commence à démonter, à démolir, on découvre le principe du sur-mesure. C'est que qu'est-ce qui se cachait, qu'est-ce qu'on doit adapter ? Et comme on est très préparé, en fait, on a le temps pour ça en parallèle du chantier, pour l'adaptation, en restant dans la logique du projet. Si on est moins préparé et qu'on continue à... à chercher pendant le chantier, en fait, on est sur deux temps parallèles trop différents, je trouve.

  • Speaker #1

    Oui, mais c'est hyper intéressant, je trouve, d'insister. Alors d'abord, le nom, bravo, j'adore ce truc.

  • Speaker #0

    Mais c'est des questions, c'est joli, mais est-ce que je dois le garder ? Est-ce qu'on va en changer ? Est-ce que les initiales, le AC ?

  • Speaker #1

    ça raconte une histoire moi je trouve ça super moi j'aime bien je trouve que ça raconte une histoire j'adore le fait que tu incarnes ton agence mais en même temps ça porte pas ton nom parce que effectivement c'est une des questions que je vais te poser d'ailleurs c'est de savoir ce que t'as envie de laisser en faisant ce métier qu'est-ce qui te rendrait hyper fier de savoir que tu vas laisser alors chaque Je pense que chaque humain a envie de laisser un truc, mais dans ton métier, c'est peut-être encore plus important, plus naturel et peut-être plus important. Non, non, moi, je trouve que ce nom est top. Et puis l'histoire que on s'en doute un petit peu, on comprend. Mais l'histoire que tu racontes, elle est un petit peu la même que la démarche que tu as de raconter des histoires dans tes projets, j'imagine. Mais c'est vrai que d'ailleurs, en t'écoutant, tu expliques que quand tu démontes, quand tu démolis. tu as des découvertes, des surprises. Ça arrive souvent. Enfin, j'imagine qu'il faut que les lieux soient... Alors, tu peux avoir des mauvaises découvertes en disant « Zut, ce mur, on pensait que et on ne peut pas » ou « Là, ça ne va pas fonctionner » ou « Là, la lumière n'arrive pas comme on pensait » ou je ne sais pas quoi. Ça peut être aussi des découvertes merveilleuses de trouver, je ne sais pas si ça t'est déjà arrivé d'ailleurs, de trouver des décors.

  • Speaker #0

    Exactement. J'ai deux exemples comme ça. Dans un appartement parisien, il y a beaucoup de moquettes. Oui. des différences de niveau qu'on avait un peu de mal à expliquer. On ne pouvait pas les déposer tant que je ne commençais pas. Et en plus, on a tendance à laisser les sols d'origine, quand ils ne seront pas restaurés, le temps de la démolition, parce qu'en fait, ils servent de protection à ce qu'on va faire ensuite, quand il y a des moquettes, on a tendance à les laisser aussi, en faisant quelques sondages.

  • Speaker #1

    Tu savais quand même s'il y avait du parquet, de la pierre ? Du parquet,

  • Speaker #0

    on savait. Et la découverte, c'est qu'on se doutait qu'il y avait une pierre ou une mosaïque, mais... Sur les sondages, en fait, il n'y avait rien de très joli. Mais en déposant la moquette d'une entrée, on a retrouvé une mosaïque art déco absolument splendide. Incroyable. Qu'on a pu réparer. Et à qui on a pu redonner tout son lustre et qu'on a fait revivre. Donc ça, c'est assez touchant parce que c'est un savoir-faire qu'on retrouve. C'est une empreinte qui va rester. Et notre passage, ce n'est pas de faire table rase du passé, c'est de se dire comment on peut s'appuyer sur l'existant. pour créer une trame, une histoire. Et là, en l'occurrence, on redécouvre assez tard dans le projet un élément qui marche avec l'ensemble.

  • Speaker #1

    Mais il faut que ça marche. Tu avais prévu quoi à la place de cette... En enlevant la moquette, tu pensais mettre quoi normalement ? Du parquet ?

  • Speaker #0

    Je pensais remettre une mosaïque.

  • Speaker #1

    Ah !

  • Speaker #0

    Formidable ! Donc on avait dessiné, mais on n'avait pas commandé. On attend quand même d'avoir complètement déposé, de déposer ce qu'il y aura en dessous. Ce qu'on voyait était très abîmé, en fait. Et en fait, on a juste restauré et...

  • Speaker #1

    C'est horrible. Et alors, je ne sais pas si ça s'est déjà arrivé, mais j'imagine que ça doit arriver à tes consoeurs, confrères, de découvrir un élément comme ça et le client ne souhaite pas le conserver ou ça ne fait pas du tout partie du projet et on le sacrifie ou on le recache. Je ne sais pas si c'est déjà arrivé ça.

  • Speaker #0

    Ça peut arriver. Ça peut arriver, j'irai en particulier sur des escaliers qui... qui ont du sens avec le projet d'origine, avec la construction d'origine. Nous on travaille souvent sur des maisons années 20, années 30, qui ont un peu toutes les mêmes escaliers, avec un garde-corps en bois qui est travaillé de la même manière, avec des petits bois, avec des côtes très graphiques. On a tendance à essayer de les conserver au maximum. Parfois, ils sont trop abîmés. Et refaire exactement identique de l'ancien sans que ce soit exceptionnel, ce n'est pas exactement ce qu'on aime faire non plus. Et parfois, le cahier des charges de nos... clients et de restructurer beaucoup plus lourdement, notamment en déplaçant les escaliers. Et dans ce cas, c'est leur intérieur, que ce soit leur bureau ou leur résidence privée. Donc quand j'ai une conviction, c'est clair qu'on va se battre pour ça et le plus longtemps possible. mais c'est pas un combat en fait. Moi je préfère, à l'idée de danser avec nos clients, je dirais, de donner un rythme et un tempo, il faut les deux dans un projet. Le tempo va donner la base et hop après le rythme une musique. Mais c'est chez eux. On est quand même à leur service. On a une collection, mais on est à leur service.

  • Speaker #1

    Alors moi, on va rentrer dans ton métier. Pour qui tu travailles, tu nous expliques un peu tout ça. Mais moi, j'ai une frustration en tant que fan d'architecture, d'architecture d'intérêt. de design mais j'ai une frustration et peut-être même un combat je peux bien quand on le monnaie d'ailleurs mais c'est de voir des espaces plutôt des espaces tertiaires qui sont des immeubles à paris qui sont qui sont historiques dont on conserve les façades mais pour des raisons de réglementation de d'accessibilité de deux flux de passage de fluides de climat etc on est obligé et d'économie du principal campas son même endroit mais voilà moi ça me je me dis mais on est obligé de détruire des endroits et c'est le patrimoine de l'architecture et donc une partie de la culture française notamment, et c'est vrai dans plein d'autres pays, qu'est-ce que tu en penses ? Enfin, comment on peut faire ? Parce que c'est vrai qu'on ne peut pas obliger un client à payer 40% de plus pour conserver un plafond ou un escalier, mais en même temps... On a tous visité des intérieurs qui ont été complètement ravagés par une absence de culture, et pas pour une raison d'économie, mais où des parquets anciens ont été recouverts, etc. Et je me dis, mais il faut conserver ce truc-là. Comment on fait ?

  • Speaker #0

    Alors, c'est une vraie question. Je pense qu'elle... Merci. Elle se décline en trois réponses. La première, c'est que, déjà par chance, il existe des entreprises qui déposent les matériaux anciens, qui les restaurent et qui les revendent. Donc ça permet de reconstituer les intérieurs dans des lieux qui, à l'inverse, ne sont pas restaurables. Donc on peut retravailler sur un bâtiment Art Deco ou Art Nouveau, par exemple, qui a été trop abîmé, en réintégrant des décors dans un bâtiment du même type qui, lui, est démonté partiellement. c'est un premier élément, c'est quand même assez intéressant de savoir que ça existe et que tout ne disparaît pas.

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai.

  • Speaker #0

    Ensuite, On rejoint les questions de patrimoine en France, mais heureusement, le patrimoine français, européen, d'ailleurs, est très riche. Et il existe de nombreux lieux qui sont intéressants et qui sont le témoin de chaque époque. Il reste de tout partout bien restauré. Et il y a des passionnés de patrimoine qui sont là pour ça, pour préserver les lieux, pour les ouvrir au public. Et... Pour en prendre soin ? Pour préserver des histoires ? Pour témoigner de savoir-faire ? Pour faire travailler des artisans ? C'est le deuxième élément. Ça existe quand même.

  • Speaker #1

    Oui, non mais c'est vrai.

  • Speaker #0

    Et le troisième, c'est la réponse plus directe à ta question. C'est dans la mesure où on doit utiliser un lieu. Et qu'il y a des réglementations auxquelles on ne peut rien, parce qu'elles ont été développées, la présence de sécurité principalement. Est-ce qu'on pourrait faire mieux ? Et autrement, oui, clairement. Et comme tu le sais, on s'attache à le faire. Et sur un projet sur lequel on travaille ensemble, on va essayer au maximum. de réintroduire des codes qui vont être intéressants et qui vont souligner l'architecture du bâtiment. Mais je ne suis pas passéiste, j'aime beaucoup l'histoire, j'aime l'architecture. Je voudrais pouvoir préserver un maximum des lieux anciens. Et en même temps, je crois qu'au moment où Cellulian a été créé, c'était le meilleur de ce qui se faisait. Et je pense qu'on a la responsabilité aujourd'hui de les restructurer, de les retravailler en les respectant, mais quelque part aussi en y faisant travailler le meilleur de la création contemporaine. Donc je pense qu'il faut vivre avec son temps, en respectant ce qui a existé. Quand on peut conserver, évidemment, des vitraux et les faire restaurer, bien sûr. S'il entrait une belle mosaïque, évidemment que j'ai envie de la conserver. mais si il faut parfois sacrifier un élément secondaire qui n'est pas forcément un marqueur extrêmement important ou significatif parce que ça rend le projet possible je crois que c'est aussi l'intelligence de l'architecte de savoir guider son client sur ce que l'on doit conserver ce pourquoi il faut se battre ce qu'il faut expliquer aux quittés monuments et aux architectes des bâtiments de France Parce qu'évidemment, il y a tous ces paramètres-là à prendre en considération. Et en même temps, comment aller de l'avant ? Je l'ai dit un peu au début, notre métier, c'est notamment de rendre possibles les projets. Et donc, d'analyser les bâtiments, de bien les comprendre. de comprendre l'objectif de nos clients et de concilier tout ça. Et on a un travail d'explication à faire aussi.

  • Speaker #1

    Mais ça, ça suppose que... Alors, c'est très clair, j'aime beaucoup cette réponse, mais ça suppose aussi... d'avoir cette conviction et je pense que tout le monde ne l'a pas dans son métier beaucoup long heureusement et 2 d'avoir les bons clients alors les bons projets j'imagine que naturellement ça se fait enfin tu veux tu vas peut-être nous parler de ton pire projet c'était une question que j'avais aussi mais alors pour qui atelier compostelle ton équipe de talent et toi même travaillez vous et quels sont vos c'est quoi les personas de l'agent des clients de l'agence écoute m

  • Speaker #0

    Le persona du care de l'agence, déjà, il est le même sur les projets résidentiels et les projets workspace. Le persona, c'est quelqu'un qui est convaincu de l'importance des lieux dans lesquels il vit, où il travaille, sur ce qu'il va y vivre. Alors dans les projets workspace, on va venir appuyer une méthode de management, on va venir appuyer une image. on va venir souligner un propos. Donc ça, la conviction sur l'importance de l'intérieur, elle est vraiment un point commun entre nos clients. Ensuite, nos clients, ils recherchent des éléments de différenciation et ils recherchent, j'allais dire, une vraie relation avec leur architecte. Ils recherchent un échange qui va mêler culture, architecture et monde de l'art. Pour avoir une approche globale. On vient nous chercher pour ça aussi. Ils viennent rechercher un sparring partner. ils auront des idées, mais nos clients ont souvent envie d'être surpris. Ils nous font confiance. Ils ont envie qu'on les écoute, qu'on comprenne, qu'on les challenge. Ça fait vraiment partie des points communs de nos clients, je crois. De pouvoir discuter avec nous, d'être écoutés. On nous remonte souvent le fait que on devient très souvent amis avec nos clients après les projets. C'est aussi parce que nous avons su nous écouter et créer des relations privilégiées. Alors qu'avec d'autres expériences précédentes, on n'osait pas trop dire ce qu'on pensait. Ou en fait, l'architecte imposait son point de vue. Et donc, nous, nos clients, ils viennent nous chercher aussi pour avoir un point de vue, mais pas pour qu'il soit imposé sans avoir du sens.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    La personne type, ensuite, est sensible au monde de l'art. Ça, je crois que je l'ai souligné.

  • Speaker #1

    Donc, c'est en gros. Alors, j'ai bien compris ce lien entre tous tes clients.

  • Speaker #0

    Après, géographiquement, peut-être quand même.

  • Speaker #1

    Non, géographiquement. Et puis, dans le secteur du travail pour le résidentiel, travail pour des... espaces de travail, l'hospitalité un petit peu j'imagine.

  • Speaker #0

    Oui c'est ce qu'on voudrait développer en fait. On a eu quelques expériences dans le monde de l'hospitalité qu'on a beaucoup aimé notamment on a restructuré tout l'espace d'accueil et le lobby de l'hôtel des Frères et Barbeaux Rabidard. et la perception du lieu à travers le changement qu'on a apporté dans le lobby correspond exactement à ce qu'on a voulu faire avec nos clients qui était d'être réellement un lien entre le moment de la réservation où souvent leurs clients réservaient pour le restaurant étoilé et allaient à l'hôtel et maintenant les clients réservent pour l'hôtel notamment à travers l'image que l'on a pu transformer ensemble

  • Speaker #1

    Et c'était une partie du cas des charges ?

  • Speaker #0

    Oui, en fait c'était une discussion sur Le lobby est sous-exploité d'un point de vue espace et volume. La réception a une circulation pas très logique. Et c'est un endroit que moi je connaissais bien. Et en fait la première chose qui m'est venue à l'esprit était qu'il manquait un lien. entre le moment de la réservation, entre l'image qu'on se fait et le moment où on arrive. Alors que le volume était présent, les angles de vue étaient présents et donc il fallait restructurer pour réorganiser et donner cette image premium qui correspond au service qui était déjà apporté.

  • Speaker #1

    Tu peux nous le décrire, ce lieu, pour ceux qui ne le connaissent pas ?

  • Speaker #0

    En fait, c'est une grande maison basque qui est la troisième génération. Donc, en fait, les hommes cuisinent. Xavier et Patrice sont chefs et ils ont une étoile. Et leurs épouses s'occupent de l'entreprise et de l'hôtel. Ça donne un contexte parce qu'il y a une logique familiale, en fait, où cette sensibilité-là, elle devait être présente. C'est vraiment une maison basque. Et l'entrée de l'hôtel, qui est une construction un peu plus récente, des années 70 à peu près, était un très grand volume, avec plus de 6 mètres sous plafond, qui donnait sur un escalier deux volets, mais deux volets qui se font face. Encore une autre perspective. Et on entrait, il y avait un petit bureau sur la gauche, et puis le reste était... il y avait un billard. En fait, on ne savait pas exactement où il fallait aller, et le volume n'était pas perceptible. et au Pays Basque les bergers ont un bâton qui s'appelle le Makita qui est fait en oistier et en fait chacun est unique à son veinage particulier et pour moi le passage de témoin la notion de bâton, de marcher ensemble de nouveau peut-être et de tradition basque était extrêmement importante et en fait on a appelé ce projet Makita Et j'ai dessiné un immense desk qui doit faire 7 ou 8 mètres.

  • Speaker #1

    Qui est la banque d'accueil.

  • Speaker #0

    En fait on arrive et dans l'entrée on a ce très long desk avec plein de petits bâtons verticaux qui ont l'inspiration du coup le bâton basque et sur l'arrière une gigante. grantesque bibliothèque, dans lequel il y a évidemment tous les éléments techniques nécessaires à un desk d'accueil dans un hôtel, mais plein d'objets basques et de beaux objets, en fait. Donc, ça devient, quand on arrive, on est immergé dans la culture basque, mais contemporaine. Et on a travaillé avec les entreprises locales. J'ai dessiné des luminaires qui sont inspirés des fleurs et des feuilles et des végétaux du jardin des chefs. C'est un lien entre le restaurant et l'hôtel. Ça a été créé par Asel Malchak, qui est une artisane basque et qui avait déjà travaillé pour le restaurant.

  • Speaker #1

    Tu connaissais avant ce projet ou tu l'as cherché pour le projet ?

  • Speaker #0

    Je savais ce qu'elle faisait parce que j'avais vu quelques éléments du restaurant, mais je ne l'ai pas... J'ai proposé à nos clients de l'intégrer sur le luminaire, qui n'était pas encore un volet qu'elle avait forcément développé. Mais bon, elle a dit qu'elle était partante, elle a essayé et on aime bien l'idée de la réalisation. Donc ça a renforcé ce lien entre les deux parties de la maison. On a ces grands luminaires en métal très proches du cortène. Cet immense volume noir autour du Makita, autour duquel on circule, il permet désormais d'intégrer un volet boutique. En bureau, pour la directrice de l'hôtel, tout a été regroupé. On a installé une cheminée autour de laquelle les clients peuvent venir en hiver, passer un moment, et même à l'automne. Se poser sur un canapé autour de la cheminée, c'est hyper agréable.

  • Speaker #1

    Donc tu as vraiment complètement bousculé l'expérience du visiteur, du client, peut-être même du collaborateur qui travaille dans cette zone.

  • Speaker #0

    Oui, parce qu'en fait, je pense que pour les collaborateurs de l'hôtel, c'est beaucoup plus agréable. C'est beaucoup plus simple. Et puis là... voir le sourire, c'est ce qu'elle me dit, c'est le sourire de leurs clients quand ils arrivent. Il n'y a rien de plus motivant quand on commence une expérience hôtelière que de recevoir son client, de voir qu'il a le sourire, qu'il regarde partout. Et ça, quelques années, ça fait trois ans qu'on a fini ce projet. Et j'avoue que ça me touche encore beaucoup. Chaque fois que j'y vais, elle me dit « qu'est-ce qu'on est bien ici, à Paris Grégoire, à travailler » . Et chaque fois que des clients viennent, maintenant, ils viennent pour l'hôtel. Et la réception, il y a vraiment un espace où la notion de lobby a pris tout son sens. Donc, oui, c'est une expérience qu'on a beaucoup aimée. Et j'aimerais vraiment reproduire cette expérience-là. En fait, pouvoir dessiner des lieux auxquels tout le monde a accès. Parce que finalement, on dessine des intérieurs auxquels les collaborateurs, les clients ou des familles ont accès.

  • Speaker #1

    C'est vrai que le lieu de l'hospitalité...

  • Speaker #0

    Que n'importe qui s'allait déjeuner ou dormir dans un lieu qu'on a pensé, c'est vraiment dans les ambitions de l'atelier.

  • Speaker #1

    Oui, ok, ok. Alors, une question sur, tu disais, nos projets sont, enfin, nos clients deviennent parfois des amis, même souvent. Alors moi, je me souviens d'une discussion que j'ai eue avec Joseph Dirand, qui est un architecte des PLG et qui fait beaucoup, beaucoup, beaucoup d'architecture à l'intérieur. Il me disait, alors lui, il me racontait, alors ça a peut-être changé, c'était il y a quelques années, mais il me disait, en fait, c'est un accouchement qui est tellement douloureux que neuf fois sur dix, je me fâche d'une manière ou d'une autre. C'est pas qu'il se fâche, mais qu'il y a une... Je ne sais pas, pas trahir sa pensée, mais il m'avait expliqué que c'était parfois très douloureux parce que peut-être les clients devaient accepter certaines concessions, j'en sais rien, mais qu'au bout d'un moment, il y avait toujours un moment de quelques semaines, quelques mois où on ne se parle plus, on ne parle plus à nos clients, on ne les voit plus, on a livré le truc, ils vivent dans leur intérieur ou dans leur hôtel ou je ne sais pas quoi. Et que souvent... Quelques mois, quelques années après, il y avait un nouveau projet avec ce client, mais qu'il y avait toujours une phase un peu de « c'est bon, stop » . Toi, c'est totalement l'inverse, j'ai l'impression.

  • Speaker #0

    Moi, j'ai moins cette expérience-là, peut-être notamment parce qu'on prépare nos clients à ce qu'ils vont vivre pendant le chantier. On explique qu'un projet d'architecture d'intérieur, c'est un peu comme un mariage, dans le sens où il y a une phase… On se découvre, tout va bien, et puis on peut douter. On peut s'éloigner un peu, respirer, mais en gardant le contact. Ça, c'est le rythme de nos rendez-vous. Parce qu'en fait, il y a une conviction, il y a une envie de faire. Et le monde extérieur peut nous influencer. On prévient nos clients qu'en en parlant avec les familles, avec les amis, tout le monde n'a pas la même vision des choses. Et ils peuvent douter. Mais par contre, on sait qu'ils nous ont choisis, qu'ils nous font confiance. et qu'on avance ensemble à des rythmes qui peuvent être différents parfois, mais on leur explique tout ça. Et on sait qu'il peut y avoir des moments où on va devoir rapprocher les rendez-vous, d'autres où on va les espacer un peu, où la respiration va permettre de se rendre compte qu'on est vraiment dans la bonne direction, mais pas se fâcher par contre. Donc ce rythme-là de la préparation du projet, c'est assez normal. Et puis il y a la phase de pré-projet, de pré-lancement du chantier. Où là, tout s'accélère. Donc tout le monde est dans l'euphorie du démarrage des travaux. Puis il y a le temps fort du démarrage du chantier. Ce qui veut dire aussi être sur un planning officiel.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Donc là, c'est une question super processée. Il faut tenir une cadence, expliquer le planning, par où on va passer.

  • Speaker #0

    Et dans l'agenda de chantier ensuite, il y a des phases hyper enthousiasmantes où tout va vite. Ce n'est pas que ça va vite, en fait. C'est juste que l'exécution a été préparée, elle est rapide et ça se voit. Et on sait qu'il y a des phases dans lesquelles tout est moins visible.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    c'est ça. Il y a des phases de plus-value parce qu'il y a des techniques qui ont été anticipées, mais qui fonctionneront ou pas. parce qu'il y a des décisions qui sont prises souvent par nos clients aussi et qui impactent l'enveloppe globale ou le délai. Et c'est sûr qu'il y a des timings nécessaires à la bonne exécution des projets. Et puis des phases qui sont frustrantes parce que quand on est dans le ponçage des murs et dans les enduits, il peut se passer un mois, deux mois.

  • Speaker #1

    Oui, on a l'impression qu'il ne se passe rien. Exactement. Ça ne bouge pas,

  • Speaker #0

    il n'y a pas de physionomie du mieux. Ça peut être angoissant, ça peut être... Mais par contre, c'est dans le planning, faites-nous confiance. Si je vous dis que le projet sera livré ou tenté, il le sera. Et si je pense que ça ne l'est pas, je vous le dirai dès que je le sais.

  • Speaker #1

    Ok, donc c'est une transparence.

  • Speaker #0

    Donc, est-ce pas une situation... On ne dit pas tout va bien quand ça ne va pas. En revanche, on épargne à nos clients beaucoup de soucis. On ne leur partage pas du tout les tracas du chantier. Ils restent chez nous, ils sont gérés. Et on propose à nos clients des solutions entre lesquelles ils doivent choisir. Oui. Donc, je n'ai pas de... Non, pas de mauvaises expériences. On n'en peut plus. Mais c'est aussi...

  • Speaker #1

    J'imagine qu'il y a des périodes de tension qui arrivent quand on explique mal, quand on n'est pas suffisamment transparent, quand il y a des surprises qu'on ne communique pas.

  • Speaker #0

    Oui, je ne dis pas que ça n'arrive jamais. Il y a des moments où on peut moins se comprendre. Il y a des moments où... Les projets sont gérés à l'atelier par des chefs de projet, pas par moi directement. Je vois tout, je sais tout, mais il y a des moments où je sens qu'il faut que je sois là. Où je viens plus souvent, en tout cas, entre les réunions de chantier. où je participe à un rendez-vous, où je prends les clients avec moi pour aller voir une expo, pour aller choisir quelques luminaires complémentaires. Je sens parfois qu'ils ont besoin de ne pas être que dans les timings, les budgets et de remettre de l'enthousiasme. Et ça, on a créé des process pour faire en sorte que dans les phases, comme tu disais, un peu douloureuses, ou un peu molles, il y ait des temps un peu plus ludiques, ou en tout cas dans lesquels on fait des choix. qui font plaisir. On le garde toujours sous le coude. Le choix d'un textile, les petits fauteuils complémentaires, le joli luminaire qu'on va venir poser sur un buffet.

  • Speaker #1

    Donc tu manages tes clients, c'est bien. Je vois ça.

  • Speaker #0

    Tu disais tout à l'heure quel serait ton pire projet. Je pense que le pire projet, c'est celui où on ne se comprend pas. Celui où on n'arrive pas à s'entendre. J'ai un souvenir comme ça et c'est forcément douloureux. Le contexte, c'est que nos clients travaillent tous les deux. avec des responsabilités importantes dans... Je dirais pas dans quoi, d'ailleurs.

  • Speaker #1

    C'est un projet résidentiel. C'est un projet résidentiel.

  • Speaker #0

    Et en fait, t'habitais à l'étranger. Son rentrée-vivre au Luxembourg et du jour au lendemain, n'ont plus d'occupation autre que de vivre dans un chantier en site occupé.

  • Speaker #1

    Aïe, aïe,

  • Speaker #0

    aïe. Exactement. Avec des ambitions qui étaient adaptées à ce qu'ils étaient avant, mais qui devenaient insupportables pour eux. Et en fait... Tout a... Enfin, ça n'allait plus.

  • Speaker #1

    Ils avaient vécu dans le lieu avant les travaux ?

  • Speaker #0

    Non, ils n'avaient pas vécu dans le lieu avant. Mais par contre, ils y vivaient dans un lieu très confortable et le chantier, ils le voyaient à distance. Et ils ont dû déménager dans cet endroit-là, en plein chantier, et se retrouver d'une villa gigantesque à un espace un peu calfeutré et puis avec des travaux. En fait, il y a une équation entre le temps qu'on avait prévu pour le projet, l'ambition qui était qu'on avait en gros tout cassé. C'était un duplet. On a regroupé deux appartements, cassé des dalles pour créer les bafons cathédrales. On a recréé un escalier. Et en fait, je vous fais confiance, tout roule. Tout était remis en question chaque semaine. Et plus rien, en fait, on n'arrivait plus. A se faire confiance. On n'arrivait plus à... Le chef de projet ne voulait plus aller au rendez-vous, à tel point qu'il était tellement stressé qu'il a quitté l'atelier. En disant en fait, ce métier est trop stressant. Alors ce n'est pas ce métier qui est trop stressant, c'est cette situation. particulière et j'aurais préféré le savoir quelques mois avant pour t'aider. Donc ça, c'est aussi un échec pour moi, de perdre un collaborateur parce qu'il n'est pas heureux. Et c'est douloureux parce qu'en fait, c'est un projet où tout s'est accumulé pour plus rien n'aille. Alors, l'exécution est restée impeccable. Mais ça se passait moins bien avec l'entrepreneur. Les clients essayaient de le voir le week-end, ou le bureau est fermé le week-end. En fait, il n'y a plus rien qui marchait. La communication ne marchait plus. Ils ne nous faisaient plus confiance, on ne leur faisait plus confiance. Et j'ai eu l'impression d'avoir tout essayé.

  • Speaker #1

    Et le retour de ces clients en cours de chantier n'était pas prévu, j'imagine. C'était une dimension que tu n'avais pas du tout.

  • Speaker #0

    Non, et s'ils avaient anticipé ça, j'aurais poussé moins loin l'ambition pour le projet. J'aurais typiquement pas fait recouper des dalles, j'aurais pris moins de risques. Redessiner un escalier de manière plus simple. Là, on a vraiment pris, on a dessiné quelque chose qui est un escalier imbriqué dans une bibliothèque. Ce qui veut dire que c'est vraiment du millimètre et qu'on doit vraiment pouvoir adapter la menuiserie, y compris en cours de pause. Et ça, c'est quelque chose. En fait, chaque adaptation, pour eux, devenait « vous êtes trompés » . Non, c'est du sur-mesure, c'est comme une robe sur-mesure.

  • Speaker #1

    On ajuste tout le temps.

  • Speaker #0

    On ajuste jusqu'au dernier moment. Il y a l'intention, il y a le dessin. Et la robe est parfaite. On a pu prendre 100 grammes, on a pu perdre un kilo. Elle est parfaite parce qu'elle est adaptée pour vous au moment où vous en avez besoin. Et ça, on n'a pas réussi à la faire comprendre. Mais ça reste un échec pour moi.

  • Speaker #1

    Mais tu as appris beaucoup.

  • Speaker #0

    J'ai appris beaucoup, mais c'est pas douloureux parce que quand je les croise... Je sens qu'ils ne sont pas heureux de la conclusion que ça a donnée.

  • Speaker #1

    Ils sont heureux d'un lieu ?

  • Speaker #0

    Je n'en sais rien. Je l'espère, mais je ne sais pas vraiment. Et j'avoue que je les ai croisés encore il n'y a pas très longtemps. Ça a laissé un espèce de malaise. C'est dommage. Pour moi, ça, c'est un vrai échec.

  • Speaker #1

    Oui, je comprends.

  • Speaker #0

    On a réussi l'architecture, on a réussi le timing, on l'a tenu. Mais on n'a pas l'ambition d'une transformation. La réussite, elle est liée aussi à la perception qu'on en a.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Et que le client va en avoir, et qu'il est heureux.

  • Speaker #0

    Alors que le plupart de nos clients sont très heureux quand leur projet est en cours, quand il est livré, et on se voit encore en dehors. Ils ont plaisir à en parler. Moi, mon meilleur ambassadeur, c'est mon client.

  • Speaker #1

    Bien sûr. Donc, tu travailles aujourd'hui beaucoup Luxembourg, France, dans des zones en particulier, Île-de-France, Renal.

  • Speaker #0

    En fait, le bureau de Luxembourg s'occupe de Luxembourg. Et la Belgique. Et le bureau de Paris s'occupe de... de Paris évidemment, des alentours de Paris et des projets en province qui sont en ce moment Bretagne principalement. On a travaillé dans le sud de la France, on a travaillé en Savoie, on a travaillé au Pays Basque. On adore. Mais en fait on pourrait aller beaucoup plus loin surtout. J'adorerais avoir des projets. J'adore l'Italie donc j'aimerais travailler en Italie, j'adorerais faire une villa au bord d'un lac italien. Voilà ça fait partie des choses qui sont dans le radar pour la suite. Oui exactement.

  • Speaker #1

    C'est quoi les métrics ? Alors je ne parle pas de tes chiffres et tout ça, sauf si tu veux en parler, mais on parle de combien de projets par an ? Je ne sais pas si on peut parler d'un panier moyen ? C'est quoi un peu les indicateurs ?

  • Speaker #0

    Alors l'idée est que chaque binôme de chefs de projet travaille sur cinq projets en parallèle. Ça veut dire qu'il y a toujours un projet qui est au tout début. Et je pourrais te dérouler un projet. Et un projet qui est en train de se faire. train de se terminer. On sait qu'un projet qui se termine, les 10% qui restent prennent 30% du temps. C'est connu. C'est à peu près ça. On est une dizaine au bureau, sachant que tout le monde ne travaille pas, il n'y a pas que des chefs de projet, puisqu'on a aussi des personnes qui ne font que de la 3D. Ça, c'est quelque chose que nous, on veut garder au sein des équipes, parce qu'on monte assez tôt les volumes en 3D blanche pour voir les espaces.

  • Speaker #1

    3D blanche, c'est donc des 3D plassures mères, filaires ?

  • Speaker #0

    Exactement, c'est en noir et blanc, c'est le volume réel, mais il n'y a pas de matériaux, il n'y a pas les lumières, il n'y a pas tout ça. Mais on voit les volumes quand même.

  • Speaker #1

    Et le but, c'est de vous rendre compte, mais aussi de faire valider des choses aux clients ?

  • Speaker #0

    Exactement. Exactement, parce qu'en fait, tout le monde n'a pas la même perception des espaces. Quand je rentre dans un intérieur, en fait, je le vois fini.

  • Speaker #1

    Ok, mais ça, tout le monde ne le voit pas.

  • Speaker #0

    Et je dois arriver à communiquer, et parfois pas trop tôt, ce que j'ai en tête, les angles de vue, les volumes et transformations qu'on apprend. proposer, il faut parfois aller par étape. Mais j'y reviendrai, je vais répondre à ta question. L'idée, en tout cas, c'est j'ai dans ma tête une quinzaine de projets en permanence. Les volumes sont très différents, donc c'est sûr que parfois c'est plus. Sachant que dans la gamme de projets, ça va d'une offre qui s'appelle les one day design. C'est environ une semaine de travail, mais c'est une journée complète avec les clients. Ah oui,

  • Speaker #1

    tu as trouvé tes offres carrément en fonction des...

  • Speaker #0

    Alors celle-là... Là en particulier, parce qu'en fait je voulais avoir une offre qui permette à à peu près tout le monde d'avoir accès à la touche compostelle, et d'avoir un temps avec nous, d'avoir notre regard. Parfois c'est choisir l'illuminaire d'une maison, parfois c'est revoir des plans d'un projet en VFAR, mais c'est l'équivalent d'une journée complète ensemble, plus un temps de préparation. et un temps de post-traitement. Ça, c'est vraiment le minimum pour travailler avec nous.

  • Speaker #1

    Et ça, tu as forfaitisé carrément un prix ? Ça,

  • Speaker #0

    je peux te le donner, c'est une offre qu'on vend, 3500 euros hors TVA, et qui a un vrai coup de pouce. On travaille vraiment, on donne vraiment nos idées, c'est vraiment notre style. Simplement, c'est sur un temps condensé pour le rendre accessible.

  • Speaker #1

    Et donc, attends, je creuse un peu, ça veut dire qu'un client vient te voir en disant « je veux la touche Compostelle » . Sur le one day design pour pimper mon salon ? Ça peut être ça ?

  • Speaker #0

    Ça peut être ça. Soit parce que le projet est trop petit. Ça peut être, par exemple, la conception d'un studio. On sait qu'on ne fait pas tout sur l'équivalent d'une journée à deux architectes, je précise. Et du temps avant après, en revanche, on va donner le fil conducteur. Et on va faire venir en fin de journée un entrepreneur pour chiffrer les travaux. Ça peut être que le projet est trop petit pour une mission globale, soit il est trop spécifique. Tu parlais de pimper ton salon, c'est exactement ça. On a acheté une maison, on l'a meublée par nous-mêmes, on a fait des choix et on se rend compte qu'il n'y a pas de liant, par exemple. Qu'il manque un style. Et donc, on peut très bien passer une journée à définir une démarche stylistique, à définir un listing de... d'objets, de mobilier, d'œuvres d'art par exemple. Ça peut être aussi le dessin de menuiserie. On peut terminer un projet, pas avec nous, et se dire, ce projet-là, il n'est pas terminé. Et plutôt d'aller voir directement un... agenceur qui va nous faire un projet par exemple le style de ce qu'il sait faire et ce qu'il peut fabriquer on vient vous voir et on sait que vous avez la possibilité de travailler avec différentes usines différents ateliers pour rendre possible notre projet Donc c'est quelques exemples de ce qu'on peut faire. Ça peut être de la déco, ça peut être du plan. C'est deux architectes, une journée, et le travail préparatoire. Ça c'est l'entrée. Après, ça peut être aussi, on a envie de faire un projet avec vous, mais on n'a pas le budget pour. Donc on rentre par le one day design. Mais sinon, de manière générale, on nous confie la conception globale d'un lieu. Et la conception du projet, la description des travaux. le suivi du chantier ça c'est le plus intéressant pour nous évidemment

  • Speaker #1

    Alors t'as parlé du point commun entre tous tes clients t'as parlé aussi du style Compostelle, de la touche Compostelle pourquoi on vient vous voir ? Pourquoi ?

  • Speaker #0

    Alors beaucoup te répondront on vient nous voir parce qu'on aime le bleu Oui mais pas que la palette de bleu est clairement celle dans laquelle moi je me sens le mieux qui nous ressemble il y a des centaines, des dizaines des centaines de nuances de bleu. Nos clients ne viennent pas que pour une teinte, même si on a la chance d'avoir créé deux collections de couleurs. Une pour Perrault et l'autre pour Robin, qui est un fabricant de peinture à Luxembourg. Donc on peut piocher des couleurs, évidemment, dans nos nuances. C'est ce qui se voit parfois de l'extérieur. Mais évidemment, je suis Madame Bleu, mais pas que. En fait, d'abord, on vient nous voir parce qu'on sait qu'on tient nos engagements et qu'on rend possible des projets qui sont ultra personnalisés. on vient nous voir parce qu'on a un bureau qui est discret, on fait très attention à la confidentialité, ça fait partie aussi des éléments de choix de nos clients.

  • Speaker #1

    C'est le côté luxembourgeois ?

  • Speaker #0

    Non c'est le côté moi ça je pense enfin c'est de manière générale je suis assez discrète je ne parle pas des gens Et évidemment, on a besoin que nos clients communiquent sur nos projets. Et on a besoin de communiquer sur les réseaux. On a besoin de... Quand les marques pour lesquelles on travaille nous permettent d'en parler, c'est évidemment extrêmement intense, parce que c'est un booster. Parce que c'est un élément de notoriété. Mais dans aucun de nos projets communiqués, on ne voit nos clients, sauf quand ils le souhaitent. On ne sait pas où c'est. Sauf quand c'est des bureaux et qu'on peut communiquer autour, évidemment. Donc ça fait quand même partie... On n'est pas le bureau qui... toutes les semaines, va faire une story sur sa réunion de chantier en citant monsieur, madame, machin ou l'adresse, ou nos projets, ils ne s'appellent pas... C'est pas 17 Perrer, 31 Haussmann, jamais. Je le tiens vraiment au hasard en plus. Donc ça fait aussi partie du choix de l'atelier. On vient nous choisir parce qu'on prend des risques. Et ça, c'est aussi un élément important, c'est que... Il y a la gamme dans laquelle on peut travailler, il y a un style global et je vais le développer. Mais on va vraiment à chaque fois se remettre en question, à chaque fois chercher. À chaque fois personnaliser, on va faire créer des luminaires par exemple pour certains projets. Ça veut dire qu'on a des clients qui acceptent de prendre des risques aussi. Je ne l'ai peut-être pas dit, mais on a des clients qui... On doit mesurer la prise de risque que l'on peut proposer à chacun. Quand on fait de l'ultra prototypage, tout ne peut pas toujours fonctionner, donc il faut un plan B. Ça, c'est un élément, je pense, qui est important. Alors, dans le style compostel, évidemment, il y a quand même des éléments signatures. On a développé des choses qu'on aime beaucoup. Par exemple, on aime positionner des matériaux qui ne délimitent pas au sens propre les pièces. C'est-à-dire qu'on va avoir un parquet qui va faire la continuité entre des chambres, une salle de bain, un couloir, et qui va s'arrêter quatre carreaux avant la baignoire.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et donc, on va reprendre un sol ensuite qui va faire le sol, puis remonter dans une bouche ou dans une baignoire. Donc le fait de délimiter les espaces de manière non conventionnelle, ça fait partie de ce qu'on fait souvent. On adore créer des espaces très sombres.

  • Speaker #1

    Quand tu dis sombre,

  • Speaker #0

    c'est le bureau.

  • Speaker #1

    Mais le style, il vient quand même de toi ?

  • Speaker #0

    Oui, en fait, mon job au bureau, c'est de diriger la création. Il vient de moi, mais je challenge beaucoup les équipes.

  • Speaker #1

    Tu es directeur de création de l'agence ? Oui.

  • Speaker #0

    Mon job aujourd'hui, c'est de diriger la création et le développement, bien sûr.

  • Speaker #1

    Donc si on prend un projet de type, tu as un brief.

  • Speaker #0

    En fait, on va écrire un brief, on va le définir nous-mêmes et on va intégrer dedans ces éléments signatures, notamment sur la palette chromatique, sur les jonctions entre les sols, sur la complémentarité. Moi, j'aime bien foncer, éclaircir l'espace clair. On adore peindre les plafonds, on adore faire travailler des artistes dans les projets pour venir travailler sur un plafond qui va permettre ensuite d'être une œuvre d'art in situ. On va dessiner beaucoup de bibliothèques, c'est aussi un élément signature, on dessine énormément de bibliothèques. Peindre les plafonds, on en a parlé un petit peu. On crée des alcoves. Depuis le début, un des premiers projets, on avait peint en fait en alcove un salon. Et ça fait partie des éléments que l'on reprend assez régulièrement et qui sont reconnaissables, je dirais, de notre style. Ensuite, dans les éléments de style aussi, c'est que je vais rendre contemporain des marqueurs architecturaux. Par exemple, les éraphites qu'il y avait sur des maisons hors-déco à nouveau en Belgique, je les transforme pour graver des plafonds.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Donc on a modélisé une... une manière de faire qui permet de rendre artistique un plafond donc attends t'as modélisé une manière de faire ça veut dire qu'il y a carrément une technologie un savoir-faire un process en fait ça avait pas été fait en tout cas pas par nos artisans donc on a créé une trame une manière de faire pour venir graver les plafonds C'est un exemple, mais ça fait partie de ce que je veux travailler et développer. Dans les éléments signature, il y a aussi le fait de faire ressortir les détails. Dès qu'il y a un détail, un renfoncement, je ne vais jamais effacer les défauts, mais je vais essayer soit de les faire ressortir, soit de les mettre dans un mouvement plus global. Et puis un dernier élément qui me vient à l'esprit, c'est de lier les pièces entre elles. On a parlé des sols, mais j'aime beaucoup dessiner des menuiseries qui vont relier les pièces entre elles. Qui vont commencer dans une entrée, continuer dans la salle à manger, prolonger dans un salon. En fait, on va créer des mouvements qui... qui floutent les espaces. En fait, qui rendent tout beaucoup plus important que la perception du volume.

  • Speaker #1

    Et très harmonieux, très cohérent. Oui,

  • Speaker #0

    on va créer de l'harmonie, on va créer de la fluidité. Et peut-être le dernier, c'est de casser le côté carré des pièces, en fait. On ne va jamais garder une pièce telle qu'elle est. On va créer un angle par la menuiserie, par du plat, par du taff. Mais on va toujours changer la perception des espaces et les angles de vue. Donc, c'est quelques éléments. Ça fait partie de ce pourquoi on vient nous chercher. Et plus évidemment quand on le peut, pour dessiner du mobilier sur mesure, du luminaire, etc.

  • Speaker #1

    Très clair. Ok. Et c'est quoi la première étape ? Donc tu dis on va écrire le brief, tu vas rencontrer tes clients, chefs d'entreprise, propriétaires d'une maison, etc. D'ailleurs c'est toi qui y vas tout le temps, dans les premiers rendez-vous, quasiment tout le temps ?

  • Speaker #0

    Alors... Moi j'aime rencontrer nos clients et savoir qui ils sont. Ça dépend des typologies de projet, des ambitions de projet. On a vraiment énormément de demandes. Et donc on va en premier entretenir un téléphonique, ça c'est plutôt la directrice d'agence de Luxembourg ou de Paris. qui s'en occupent pour filtrer un peu aussi la demande et voir en fait s'il est important que j'y aille ou si en fait c'est un projet un peu plus mainstream dans lequel les équipes vont très bien gérer. Ça ne veut pas dire que c'est moins exigeant mais ça veut dire qu'en fait elles savent bien, elles savent très vite ce qu'elles vont pouvoir faire donc on a un premier, c'est la première étape. Dès qu'elle identifie des projets qui sont importants pour l'atelier, des projets sur lesquels il y a une ambition particulière et sur lesquels il est important que je sois, je fais le second rendez-vous. Donc je vais voir les lieux, ou rencontrer les clients, ou les deux. de manière générale autant que possible en fait je rencontre nos clients c'est juste que matériellement oui tu peux pas tous les rencontres il y a un premier filtre de l'entretien téléphonique ou de la première visite qui est pas forcément avec moi sur les one day design par exemple ou sur des missions ponctuelles ou plus de conception Il n'y a pas besoin de moi. Je vais voir le projet, je vais y mettre ma patte, mais de manière plus light. En revanche, sur des structurations plus importantes et sur des adresses particulières, par exemple, je pense à un projet sur lequel on travaille ensemble, là, c'est indispensable. indispensable que je sois là. Je dois voir les lieux, je dois comprendre qui sont nos clients. Le timing est parfois court en plus pour remettre une offre. Donc parfois c'est des concours. On en fait peu, mais là c'est pas d'intense. Donc la première étape, c'est vraiment ça, c'est d'identifier qui est le client, ce qu'il veut. Son ambition, son attente aussi, pour formaliser une offre. Après ces deux premiers rendez-vous, on formalise une lettre de mission dans laquelle on décrit tout ce que l'on va faire. On a vraiment un tableau très détaillé de toutes les étapes. En fait, il est proposé par étapes. Donc on décrit, là un projet sommaire, là un projet détaillé. Le dossier de consultation de l'entreprise, tout l'outil d'exécution de menuiserie, le suivi de chantier. Donc tout ça est rédigé. Et on explique également dans ce document-là les documents livrables, pour qu'il n'y ait pas de malentendus. On indique ce qui est en option, ce qui est... Parfois, on optionne les vues de 3D photo réalistes, par exemple, parce qu'on voit que ça peut ne pas être nécessaire. Et ça peut faire basculer le projet dans on prend ou on attend. Il faut aussi... Enfin, j'ai quand même une entreprise à diriger. Il faut que les projets rentrent, et que les bons projets rentrent, en fait.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    Une fois que la mission est présentée, on les présente soit au bureau, soit en vidéo, mais en tout cas, on explique et on répond aux questions de nos clients. Quand elle est signée, on attribue le projet à un chef de projet, un senior, qui va travailler en binôme souvent avec quelqu'un de plus junior. Il y a un volet client et puis un volet exécution dans les projets. On doit allouer le budget dont on dispose en fonction des heures de chacun. La première étape, c'est un gros brainstorming au bureau. Parfois on n'a pas le temps du tout, mais quand on en a, même s'ils sont anciens, on va réfléchir à comment nous on voit le projet, quels sont les angles de vue, on travaille sur l'esthétique pour l'avoir en tête, mais en fait la première étape pour nous c'est vraiment le volume. On va vraiment travailler en plan, sachant que nos clients en parallèle, eux ont très tôt besoin d'avoir un début d'esthétique.

  • Speaker #1

    Oui, ils veulent savoir où valider, savoir où ils vont.

  • Speaker #0

    Pour ça, ce qu'on fait, c'est qu'on fait une grosse analyse d'image. On prend vraiment du temps pour ça avec eux. Pour twister un peu l'accès d'analyse du cerveau et les faire parler de ce qu'ils aiment et ce qu'ils n'aiment pas.

  • Speaker #1

    Donc c'est quoi ? C'est un arbre ? Tu élimines des pistes, c'est ça ? Exactement.

  • Speaker #0

    Et on affine sur une image, on perçoit un mode de vie, qu'il est indignatoire ou pas, espace qui communique, donc barrière ou pas par exemple, ouvert ou fermé, et le dining, ou la linge traditionnelle. Il y a plein de choses qui, à travers l'image, permettent de gagner beaucoup de temps. Ça ne veut pas dire que c'est figé. Ça veut dire que ça donne un fil conducteur. Et les clients ont la satisfaction d'avoir déjà un début de fil conducteur, donc de commencer à se projeter dans leur intérieur.

  • Speaker #1

    Oui, et ils n'auraient pas su te l'exprimer naturellement, forcément. Non,

  • Speaker #0

    enfin, quand on nous dit qu'on souhaite repenser les bureaux pour avoir une image plus premium et des espaces plus chaleureux. En pratique, on n'a pas tous les mêmes mots.

  • Speaker #1

    C'est ça, c'est de l'émotion. On ne décrit pas l'émotion de la même manière. Chaleureux.

  • Speaker #0

    De la même manière que de traduire la singularité de l'approche d'une entreprise. Qu'est-ce qui est singulier ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Donc, tu dois creuser ça et faire cheminer ton client pour avoir la juste expression de son...

  • Speaker #0

    Exactement. Et ça, c'est un temps de travail qui est long, en fait. Et on doit faire percevoir à nos clients le... L'exécution peut paraître rapide parfois, en revanche, les temps de recherche et tout le long du projet en fait, ils sont très longs. Et c'est compliqué quand on vend de l'intangible, d'où l'importance des photos, les photos de fin de projet, c'est extrêmement important. Si on n'a pas de photos, on ne peut pas montrer ce qu'on sait faire, ou des lieux publics, mais on n'en a pas encore, enfin pas assez en tout cas. Tu parles tout à l'heure des temps où on peut se fâcher un peu. On doit expliquer que par moments on doit réfléchir. Il y a un temps incompressible, c'est le temps de la réflexion. se lancer à corps perdu dans un projet sans réfléchir, sans passer du temps dans un intérieur, sans comprendre nos clients, c'est impossible. Enfin moi je pense qu'on se trompe dans ce cas.

  • Speaker #1

    Toi il y a des moments qui t'excitent plus que d'autres dans la vie d'un contrat comme ça,

  • Speaker #0

    d'un chantier On va déjà gagner le projet parce que c'est jamais gagné d'avance, même quand on consulte que nous ça peut ne pas marcher. Et donc c'est vrai qu'il y a cette phase où je fais de mon mieux pour calibrer l'offre le mieux possible. Et chaque fois qu'on signe un projet, d'abord j'en suis fière, j'en suis fière pour notre équipe, parce que c'est grâce à eux. Je veux que l'équipe, quand un projet est signé, mesure à quel point c'est important. Et ça c'est extrêmement chouette, donc on a un WhatsApp, on met un petit gong et tout, on est content. Parce que c'est grâce à nos clients qu'on existe. Et petite parenthèse, mais quand j'entends des agences se plaindre de leurs clients, moi j'en ai presque mal au ventre avec d'en parler en fait. On vit parce qu'on a des gens qui nous font confiance. qui nous accordent leur confiance, qui nous confient un budget, un projet, un timing, sans client. On n'est pas architecte, on est dessinateur. voire on n'est plus rien donc ça c'est extrêmement important à l'atelier, c'est la fierté d'avoir gagné les projets, c'est pas contre nos confrères on est heureux quand on nous choisit et je remercie ça me donne l'occasion, je remercie vraiment chacun de nos clients qui depuis 10 ans nous a confié un projet que ce soit un one day design, que ce soit un bâtiment de bureau

  • Speaker #1

    Pour certains, ils reviennent sur d'autres projets ?

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Ça,

  • Speaker #0

    ça doit être super important. On a des métiers qui manquent un peu de récurrence. Je sais que je dois trouver une manière d'avoir plus de récurrence et le workspace, pour ça, permet plus de récurrence. de la même manière que le dessin de mobilier, de luminaire, la correction de couleur. Il y a plein de choses à côté de l'atelier qui permettent de la récurrence. Mais sinon, on est quand même beaucoup sur du prototypage. Ce qui est récurrent, c'est qu'on réfléchit beaucoup aux aménagements de bureaux, par exemple. Et quand les projets rentrent, on a quand même étudié quelques agencements qui nous paraissent apporter le meilleur des lieux à nos clients. Et dans ce cas, on va pouvoir les proposer plusieurs fois. Parce qu'en fait, aménager une organisation dans des bureaux, le mode de vie dans une cafétéria...

  • Speaker #1

    C'est jamais figé.

  • Speaker #0

    C'est jamais figé. Moi, je suis convaincue, par exemple, reparenthèse, que dans des bureaux, les espaces les plus lumineux, les terrasses, etc. doivent être accessibles aux clients et aux collaborateurs. Ils peuvent être des salles de réunion, ils peuvent être la cafétéria, mais ils ne doivent plus être des bureaux fermés. Je pense que ce temps-là, il est passé, en fait. Donc, je sais qu'on peut perdre des projets à cause de ça. Mais je suis convaincue que quand nos clients sont reçus dans les plus beaux espaces et que les collaborateurs y ont accès d'une manière ou d'une autre, ça montre le meilleur de l'entreprise, quelle que soit sa taille.

  • Speaker #1

    Oui, on se rend compte quand même depuis le Covid en particulier que l'importance... l'importance de l'aménagement d'un lieu dans l'image excellente de la marque employeur est clé.

  • Speaker #0

    Et quand on croise des collaborateurs qui sont souriants, quand il y a une très belle cafétéria, ce qui n'empêche pas d'avoir des salons privatifs, évidemment, pour la confidentialité, mais qu'on voit l'ambiance, on perçoit la qualité de travail. Et quand on réussit ça, je pense que, quels que soient les univers dans lesquels travaillent nos clients, ils... Ils sont choisis eux-mêmes par leurs propres clients pour leurs talents, ça c'est sûr, pour leurs capacités, pour leur identité, pour toutes leurs références. Mais ils sont choisis aussi pour l'image qu'ils véhiculent. Et ça, je crois que là-dessus, nous, on a une énorme responsabilité. J'adore aménager les espaces de travail aussi pour ça. Et j'espère qu'on en fera encore plus, évidemment. Donc dans le process, je fais quelques digressions, parce que ça me paraît important de vous dire ça en quoi moi, je crois.

  • Speaker #1

    Oui, top. On va arriver sur le dernier chapitre avant de te laisser filer. Ça fait déjà 1h45 qu'on discute, c'est génial. Tu vois l'évolution de ton métier de quelle manière ? Et derrière cette question, il y a l'influence de l'IA. qui m'intéresse. Bien sûr. Est-ce que tu t'en sers ? Est-ce que tu vois un bénéfice évident, une autométisation de certaines tâches ? Est-ce que c'est une menace ?

  • Speaker #0

    Alors, je pense que c'est une menace si on n'est que dans l'exécution et si on cherche à répliquer ce qui a déjà été fait. J'ai la chance de connaître le directeur du cloud Azure chez Microsoft. d'avoir pu échanger avec lui aussi sur mon métier. Donc un petit clin d'œil à Xavier Perret et à Carole qui nous avaient mis en contact. D'ailleurs j'ai pu le recevoir dans un club que je dirige, enfin non, je suis présidente, qui s'appelle Féminin Pluriel, qui est hyper intéressant et on a la chance de pouvoir avoir des invités. nous ouvre à plein de mondes différents. Et on a eu cette conversation sur les IA. Les IA. Si on réplique et qu'on duplique, on n'aura plus de moins en moins de valeur, vu que l'IA agrège ce qui existe. Mais ce n'est pas ce que je fais. Donc, moi, j'ai besoin... L'IA est extrêmement utile. Exemple pratique, on cherche la résistance dans le luminaire. En fait, moi, l'IA, elle va me donner à trois secondes la référence, le prix ou l'acheter, alors qu'avant, on devait chercher, creuser, appeler les collègues. C'est un exemple. Je pense que l'IA nous fait gagner énormément de temps. Ça permet de challenger des solutions. Ça permet de faire un travail préparatoire. Moi, je trouverais très intéressant d'avoir une IA dans laquelle on puisse entrer des plans théoriques et qui nous tourne toutes les solutions possibles. Pour nous, on extrait ce qui convient le mieux et n'être plus que sur l'ultra valeur ajoutée.

  • Speaker #1

    Nous, on travaille là-dessus sur comment planifier la meilleure planification d'un lieu. En fonction d'un usage et d'un cas d'écharpe.

  • Speaker #0

    Exactement, ça fait partie, je trouve. de ce que les IA peuvent proposer. Pré-rédiger des cahiers des charges, relire, enfin oui, tout ça. Il y a plein de perspectives et on utilise déjà des IA dans l'encodage des plans, dans les modèles de sciences 3D. Moi, je trouve ça assez chouette en fait.

  • Speaker #1

    Dans la facilitation de l'expression du besoin du client, c'est-à-dire justement cette part...

  • Speaker #0

    Moi, ce qu'il y a, je sais que ça existe d'ailleurs, mon compte rendu de rendez-vous, je le relis et je l'enrichis, c'est génial. Parce que mon temps disponible va être alloué sur ce à quoi j'accorde une plus grande valeur ajoutée. Et sur ce qui est humainement le plus intéressant. Et je pense en plus qu'il y a une zone de sécurité, c'est que les IA peuvent éviter énormément d'erreurs. L'erreur humaine, on voit quand même que c'est... On dit souvent l'erreur est humaine et parfois il y a tellement d'informations, on travaille sur des projets où on va du macro au micro. On va penser le bâtiment dans sa globalité jusqu'à la poignée, la hauteur de la plante. le détail dans une menuiserie, oui, bien sûr qu'on peut avoir oublié un interrupteur qui était tracé et qui a disparu. Ça ne doit pas arriver, mais il y a tellement de choses à penser. Si on fait revoir tout ça à une image qui va souligner les erreurs, par exemple,

  • Speaker #1

    tout le monde gagne. Moi,

  • Speaker #0

    je suis très favorable aux IA. Comment je vois l'avenir de notre métier ? C'est un peu ça la réponse. Mon métier, en tout cas, ce n'est pas d'avoir la méga-agence qui fait de l'abattage de projets. C'est... C'est une agence qui est spécialisée sur un segment très premium, pour des clients qui sont très exigeants et qui veulent eux-mêmes donner le meilleur à leurs clients ou à leur environnement familial, qui sont surpris, qui sont en parallèle à l'automobile, qui vont plus avoir une voiture sur mesure, qui vont avoir pris le temps de choisir, qui vont chouchouter, qui vont avoir pensé dans le moindre détail, parce qu'ils en sont fiers et que cet outil... est un lien de communication, et un lien d'image, et un lien pour communiquer leur passion, sur un sujet en particulier, de se faire plaisir. En fait, moi, je fais ça dans l'intérieur.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu vois des grandes tendances de style ? Tu as ton style, tu l'imprimes, il doit évoluer aussi, j'imagine. Mais est-ce que c'est pour toi comme un peu dans plein de domaines ? Justement, tu parlais de l'automobile, les formes de l'automobile ont énormément évolué.

  • Speaker #0

    Dans la voile, c'est pareil. La forme des bateaux, on pense au Vendée Globe qui est parti récemment. C'est sûr qu'on voit des carènes de bateaux qui évoluent énormément. Chaque architecte, d'ailleurs, ayant sa signature et sa manière de concevoir les bateaux. Oui, il y a des... Il y a des tendances.

  • Speaker #1

    Il y a des modes.

  • Speaker #0

    Il y a des modes. Maintenant...

  • Speaker #1

    Le travertin est partout en ce moment.

  • Speaker #0

    Oui, mais ça peut être intéressant. La bouclelle, le travertin, les arrondis. En fait, moi, je suis pas... J'essaie de m'extraire un peu de tout ça. Et je préfère qu'au bureau, on lise... On lit beaucoup plus d'ailleurs de magazines d'art, d'expo, de livres, en général, de catalogues d'exposition. de biographie de designer, d'histoire de bâtiment, on fait beaucoup de recherches, plus que de magazine de décoration. Même si, j'aime vraiment que nos projets soient dans ces magazines, parce que je pense que ça donne accès au grand public, à l'œil d'architectes, qui peuvent ensuite recomposer un peu chez eux ce qu'ils ont vu. Même si moi, je pense que une des erreurs en architecture, et pour un architecte, c'est de copier. Et c'est de vouloir refaire plus ou moins une image Pinterest, parce qu'en fait, ça ne marche pas. Donc, dans les tendances, le travers teint, l'arrondi, les grandes dalles avec des effets marabré peut-être. En termes de chromatique, je trouve qu'on voit beaucoup de vert un peu amande. Mais ça encore, ça a du sens. selon où on travaille, on travaille à Paris c'est des chromatiques qui marchent très bien avec les parquets parisiens avec les cheminées donc c'est pas oui c'est pas forcément un problème mais il faut pas suivre et puis on a eu toute la tendance des cuisines très ouvertes, uniquement dînatoires C'est une tendance, mais qui répond à un cahier des charges et pas à tous. On a eu beaucoup la tendance dans le monde du bureau, évidemment, du flex office, des grands bureaux en oignon, mais on en revient aussi. Il y a une tendance à aménager depuis la post-Covid. bureaux qui ont un code plus domestique. Ça, en l'occurrence, j'y sous-cris complètement.

  • Speaker #1

    La frontière entre l'hospitalité et les espaces de travail.

  • Speaker #0

    C'est une tendance, pour le coup, dans laquelle je crois totalement. Je pense que créer des lieux dans lesquels on se sent bien, où l'acoustique est bonne, où la lumière est au bon moment, au bon endroit, où on peut avoir des espaces différents. Oui, ça, complètement.

  • Speaker #1

    Génial. On va arriver à la fin de cette conversation. J'ai encore deux, trois questions qui sont des questions un peu rituelles de fin d'épisode. Merci déjà vraiment, Amandine, pour ce beau voyage dans ton parcours, dans ta vision très personnelle du design. Et donc, les questions rituelles que je pose à tous les invités. Alors, c'est encore plus présent, je pense, dans ton parcours. Mais si tu avais un conseil à donner à quelqu'un qui hésite à changer de carrière, comme tu l'as fait, qu'est-ce que tu lui dirais ?

  • Speaker #0

    D'abord, je lui dirais de passer du temps, si c'est possible, évidemment, d'être accueilli dans une agence d'architecture d'intérieur et peut-être dans différents types d'agences, de passer une journée dans différents environnements pour se rendre compte et vérifier si, en fait, l'idée que l'on se fait de notre métier est cohérente avec ce qu'il ou elle souhaite faire. Parce que je pense que l'idée que l'on a d'une boîte d'architecture d'intérieur est souvent assez fausse et n'intègre pas du tout. Un grand volet de notre travail qui est perçu comme créa, recherche, matériaux, luminaires. Oui, mais pas que. La plupart de notre travail, c'est aussi de l'administratif, c'est aussi de la relation client, c'est du rédactionnel, c'est des lectures de devis, c'est de la technique. Et ça, il ne faut pas le sous-estimer.

  • Speaker #1

    Si tu ne pouvais garder qu'un seul objet ou un seul meuble, ça serait lequel ?

  • Speaker #0

    Alors, j'aime beaucoup les canapés ruché de Inga Sempé. J'en ai deux en ce moment à la maison. C'est un objet que je trouve beau, dans lequel j'aime bien m'installer, dans lequel j'aime recevoir. Ce n'est pas nous qui l'avons dessiné en l'occurrence, mais c'est une des premières belles pièces de design que j'ai eue. Donc, allez, disons un canapé ruché de Inga Sempé.

  • Speaker #1

    Très bien. On va mettre la photo en lien. Si tu pouvais dîner, déjeuner ou passer un moment avec un, une designer ou architecte, vivant ou pas, ce serait qui et de quoi vous auriez envie de parler ? Tu aurais envie de lui parler ?

  • Speaker #0

    Alors, on a la chance déjà d'avoir énormément d'architectes de talent. Je vais en citer deux. J'adorerais rencontrer India Madhavi. Je trouve qu'elle a un angle de vue très particulier. Des univers qui sont colorés, mais avec une intelligence, je trouve, assez folle. Dans le sens où c'est audacieux. mais on sent que c'est très maîtrisé. Il y a un côté presque photographique dans son travail. Et surtout, c'est quelqu'un qui a une agence dont sont sortis énormément de designers de grands talents. J'adorerais la rencontrer pour ça, tu vois, qu'est-ce que je veux laisser de l'atelier, c'est aussi ça, c'est que les gens qui en partent, si les collaborateurs en partent pour créer leur agence et qu'ils deviennent un compte mondial, c'est génial en fait, c'est qu'on aura su créer quelque chose d'important, donc il y a beaucoup de choses que j'aime dans son travail, dans ses livres, dans son style dans les objets qu'elle crée, mais le fait aussi que de son agence sortent des personnes qui à leur tour ont une identité forte ... et con dans le monde du design, ça, moi, je l'admire beaucoup. Et après, Mathieu Lehaneur. Évidemment qu'on a envie de parler des Jeux Olympiques.

  • Speaker #1

    Oui, de la flamme.

  • Speaker #0

    J'ai eu la chance de rencontrer les équipes de directeurs artistiques des cérémonies. Et du coup, c'est vrai que l'histoire de la flamme, comment on est choisi. Je l'ai déjà entendu dans des podcasts, je crois en parler, mais c'est quand même des gens qui ont le talent de faire naître des... intérieurs et des objets.

  • Speaker #1

    Et des émotions.

  • Speaker #0

    Et des émotions. Et de laisser une marque absolument indélébile. C'est Forever. C'est dingue. Alors, son travail était déjà exceptionnel à la base. C'est déjà un architecte, architecte d'intérieur, designer. Je ne sais même pas comment lui se définit exactement, d'ailleurs. Mais que je trouve très inspirant. Il y en a deux, mais pour des raisons qui sont un peu complémentaires.

  • Speaker #1

    Super. Et dernière question. Si le design était pour toi une musique ou un film, tu choisirais quoi ?

  • Speaker #0

    C'est dur comme question. Je vais reboucler avec le début, en fait. Je pense que les lieux soutiennent une expérience, un propos et une histoire. Et je pense à deux films. Je pense à la série Gentleman, qui était un film à la base d'ailleurs, de Guy Ritchie, parce qu'il y a des lieux très différents. souvent tous ces grands châteaux anglais, c'est assez magique. C'est pas forcément un endroit où je vivrais, mais c'est assez marquant et en fait, ils soutiennent le propos de l'histoire et sont très bien scénarisés et scénographiés. Donc ça, et puis... J'ai vu le conte de Montecristo. La même chose. En fait, la Villa en Provence, c'est juste la Villa de Rêve. Alors évidemment, j'aurais mis des mobiliers plus contemporains. Mais le design, c'est aussi un lieu et c'est une vue. Et quelque part, si on n'a pas l'environnement et qu'on n'a pas la vue, nous, ce que l'on va faire, on va être de la cosmétique. On va améliorer une base, mais quand on a la chance de travailler sur un lieu fort, en fait, je crois que c'est ce dont on rêve tous.

  • Speaker #1

    Génial. Merci beaucoup, Amandine. C'était vraiment un plaisir d'échanger avec toi. Ton parcours montre vraiment qu'on peut mélanger rigueur, créativité, process pour créer des espaces qui marquent et qui transmettent de l'émotion. Dans notre prochain épisode, on parlera encore de parcours uniques et d'inspiration. à très vite dans The Design Talk.

  • Speaker #0

    Merci Franck et bonne écoute à tous.

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Description

Amandine Maroteaux, fondatrice de l’Atelier Compostelle a un parcours où chaque virage semble avoir été pris avec une détermination et une intuition rare.


Avant de manier les espaces, Amandine jonglait avec contrats en tant qu’avocate. Son quotidien: structurer des deals. Mais au fond d’elle, un feu couvait. Celui du design, de la matière, du dessin.

L’élément déclencheur ? Le souvenir d'un escalier au musée Calvet en Avignon, puis un projet personnel de rénovation. L'envie de repenser son propre espace devient une révélation. Chaque détail, chaque choix de matériau, chaque réflexion sur la circulation et la lumière lui donne le sentiment d’être à sa place. Le droit s’efface. L’architecture d’intérieur s’impose.


Elle quitte son cabinet, fonde Atelier Compostelle, où chaque projet est pensé comme une histoire à raconter. Un client lui demande un espace qui reflète à la fois l’élégance intemporelle et l’authenticité brute des matériaux. Amandine cherche alors à capter l’essence du lieu. Elle explore les contrastes, la douceur de la lumière naturelle et l’énergie de matières vivantes comme le bois ou la pierre patinée. « Ce qui m’intéresse, c’est de créer un lieu qui a une âme, où chaque élément dialogue avec son environnement et avec ceux qui l’habitent ».

Nous avons aussi parlé de :

L’art de convaincre : comment transformer une vision en réalité sans écraser la personnalité du client ?

L’importance du patrimoine : pourquoi la mémoire des espaces doit guider la modernité ?

Le design comme outil de transmission : comment un lieu bien conçu change notre manière de vivre ou travailler ?

Les dessous du métier : entre gestion de chantier, attentes des clients et cette part d’intuition qui fait la différence.


Nous avons mentionné
https://ateliercompostelle.com

https://www.linkedin.com/in/amandine-maroteaux-6b7a3426/
institutcalvet.fr

india-madhavi.com

https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Alechinsky

https://www.ingasempe.fr/ruche.html

https://www.allocine.fr/series/ficheserie_gen_cserie=27403.html
-------------------------------------------

The Design Talk est produit par Franck Mallez
https://www.linkedin.com/in/franckmallez/
https://www.instagram.com/franckmallez/
https://www.instagram.com/thedesigntalk.podcast
https://www.yourse.co

https://podcast.ausha.co/the-design-talk


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Designer, architecte, entrepreneur, artisan, tous ont en commun une vision, un parcours, une approche du design qui résonne avec notre époque. Alors ici, on parle d'inspiration, de matière, d'innovation, de process, mais aussi de défis, d'échecs et de réussites. Tout ce qui façonne finalement chaque projet. Ce Design Talk, c'est une plongée dans l'univers de ceux qui imaginent, transforment et réinventent notre quotidien. Alors installez-vous, ouvrez grand les oreilles, l'épisode du jour commence maintenant. Salut Amandine. Salut Franck. Donc Amandine Marotto, je suis ravi de t'avoir à ce micro aujourd'hui. On va raconter ton parcours, ton métier d'architecte d'intérieur. Tu vas nous le présenter toi-même. Et comment justement tu te présenterais à un enfant de 6 ans si tu devais décrire qui tu es, ce que tu fais ?

  • Speaker #1

    C'est une très bonne entrée en matière. À un enfant de 6 ans, je crois que je dirais que dans une partie de ma vie, je répare des maisons cassées. Puisque quel que soit le type de lutte sur lequel on intervient, de toute façon, ils ont un problème. Et on est là pour un minimal et réparer. Et à notre volet, peut-être de rendre tangibles des mondes imaginaires. Puisqu'on vient toujours nous voir avec des idées, des ambitions, des questions. Et notre travail consiste à... à rendre possible et rendre matériel, matérialisé, une idée de départ. Sinon, ça reste un dessin.

  • Speaker #0

    Donc, ton métier, c'est architecte d'intérieur. Et le monde imaginaire dont tu parles, c'est lequel ? C'est le tien ? C'est celui de tes clients ? C'est un mélange de tout ça ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est forcément un mélange de tout ça. Parce qu'on vient nous voir, on nous choisit pour un univers qui nous est propre, dans lequel on évolue et que l'on traduit dans les intérieurs de nos clients. pour accompagner un changement de vie, que ce soit pour accompagner un nouveau projet personnel, que ce soit pour accompagner dans le workspace un changement de méthode de management. Il y a des centaines, des milliers de raisons de venir nous voir. En revanche, on va toujours nous voir avec quand même une idée de ce que l'on imagine. Dans la manière de vivre ou dans l'esthétique, il y a toujours un point de départ. Et donc, on va croiser tout ça, notre univers, notre monde, celui de l'atelier Compostelle, avec les envies et les idées de nos clients.

  • Speaker #0

    J'adore cette image de dire qu'on vient réparer un endroit, ou améliorer ou perfectionner un endroit qui n'est pas à la hauteur de ce qu'imagine son utilisateur. Si on te demandait de choisir un objet qui te représente, que tu affectionnes évidemment, ça serait quoi ?

  • Speaker #1

    Immédiatement, je penserais à une œuvre d'art. En tout cas, ce sera quelque chose qui se partage, qui se choisit ensemble, qui se regarde, vers lequel on a envie de revenir. Et je trouve ça dans l'art, dans l'art contemporain en particulier. Et une œuvre d'art, ça peut être aussi un livre d'art. Je pense au livre de l'exposition Alechinsky, qui est dans la Fondation Bogossian à Bruxelles en ce moment. D'abord, c'est un lieu splendide. L'exposition est assez fantastique avec de très grands formats. magnifiquement scénarisées. Et le livre permet d'en garder un souvenir. Il permet de réfléchir, d'égliser ses réflexions. Il peut se partager, il peut se lire, il peut se cacher dans une bibliothèque. En fait, je crois que l'œuvre d'art et le livre d'art sont peut-être deux des objets qui me parlent tout de suite.

  • Speaker #0

    C'est vrai que l'art et l'architecture, ça reste. Ça peut durer des siècles, voire beaucoup plus. C'est pour ça que tu as choisi ce métier ? C'est aussi pour ça que tu as appris ce métier ?

  • Speaker #1

    En fait, j'ai choisi ce métier parce que je suis consciente de l'importance qu'ont les lieux sur ce que l'on vit. On n'est pas les mêmes personnes selon l'endroit dans lequel on s'exprime, dans lequel on reçoit, dans lequel on est reçu. Et ça, c'est ma conviction de départ. C'est que les lieux contribuent à faire les gens. J'avais entendu dans une conférence philosophique chez Chanel une très belle phrase qui était que habiller comme décorer, ça n'a rien de futile. Et donc, à défaut de travailler dans la mode et de pouvoir vous habiller, je peux vous faire vivre dans des lieux qui vont être à votre service et où vous serez la meilleure version de vous-même, une personne telle que vous voulez être au fond de vous et celle que vous voulez montrer aussi.

  • Speaker #0

    Ok, on va creuser tout ça. Peut-être pour revenir un petit peu sur qui tu es, on parlera de ton parcours avant, parce que tu as eu une vie avant l'architecture d'intérieur et la décoration. D'ailleurs, il y a une question que je me pose souvent, je ne sais pas répondre à cette question, c'est quoi la différence entre un architecte d'intérieur et un décorateur ? Est-ce qu'il y a une différence déjà ?

  • Speaker #1

    Oui, dans la description du métier, il y a une différence. Disons que, sur le principe, l'architecte d'intérieur peut toucher à de l'architecture en général et inclut dans son travail un volet restructuration, y compris les volets techniques, et un volet décoration. Le décorateur a un métier qui est plus centré sur la scénographie, la colorisation, les matières. pour moi, les deux vont ensemble parce qu'on ne peut pas penser un espace sans penser sa décoration. Et c'est plus contraignant de ne pouvoir que décorer un espace qui a été conçu sans tenir compte de la façon dont on voulait l'éclairer, le meubler, l'ameubler, le faire vivre. Donc c'est complémentaire. Et donc l'architecte peut tout, archi d'intérieur et déco comprise. L'architecte d'intérieur peut décorer également. Et le décorateur est un peu plus contraint, sur le papier en tout cas, évidemment. dans sa marge d'expression, je dirais.

  • Speaker #0

    Et ça veut dire qu'il y a une réglementation de cette activité ?

  • Speaker #1

    C'est assez variable selon les pays. Disons qu'il y a un ordre des architectes d'intérieur, des architectes d'intérieur et architectes d'intérieur d'ailleurs. Donc c'est réglementé. Maintenant, on voit de nombreuses formations qui permettent d'avoir des diplômes qui s'apparentent à une formation d'architecte d'intérieur ou décorateur. à chacun de prendre ce dont il a besoin.

  • Speaker #0

    On peut s'improviser, j'imagine que ça existe malheureusement sur le marché, des décorateurs sans avoir de diplôme et de formation ?

  • Speaker #1

    Oui, je vais répondre en deux temps. Il y a des gens qui ont un vrai talent et qui n'ont pas de diplôme et n'en ont pas besoin parce que toute leur vie, ils ont vécu dans des beaux endroits, parce qu'ils sont immergés dans un monde d'archi, de déco, dans le monde de l'art, et qu'en fait, leur œil s'est formé, qu'ils ont appris par eux-mêmes. et en fait la formation viendrait rajouter un diplôme dans le bureau mais tout le monde n'a pas besoin d'apprendre à l'école et d'autres en revanche et c'est plus le problème vont à l'école très peu de temps, voire n'y vont pas du tout n'ont pas de talent pas un savoir acquis, un savoir faire en quelques semaines et là c'est dangereux en fait je trouve c'est dangereux pour leurs clients, c'est dangereux pour les artisans et c'est dangereux pour eux-mêmes Donc je crois que c'est aussi à chacun d'entre nous, au-delà des réglementations, d'avoir conscience de ses capacités et de savoir s'entourer. J'ai commencé avec peu d'expertise, mais beaucoup d'envie et en ayant beaucoup appris par moi-même, mais pas toute seule. J'ai tout de suite monté une petite équipe autour de moi sur le volet plan, le volet 3D et sur le volet gestion de chantier.

  • Speaker #0

    Oui, c'est la femme de droit qui parle là.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    c'est une transition toute trouvée.

  • Speaker #1

    C'est une constitution d'équipe, un process, apprentissage et... Et lucidité sur ce que l'on sait faire ou pas.

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr. Alors non, mais chose amusante et très étonnante quand même dans ton parcours, c'est que tu as commencé par être avocate. Enfin, je crois que tu as commencé par être avocate. Tu vas nous raconter ça et tu es devenu ensuite architecte d'intérieur. C'est en apparence, en tout cas, deux métiers très opposés, l'un très créatif, l'autre, on l'imagine, très rationnel. Encore que pour être, je pense, un bon avocat, il faut être aussi souvent très créatif. Raconte-nous un peu ce début de carrière.

  • Speaker #1

    En fait, j'ai grandi pour le contexte dans le sud de la France, dans un environnement où les métiers de l'architecture, de l'architecture d'intérieur, les métiers de l'art, n'étaient pas notre quotidien. En revanche, on voyait beaucoup de musées et je sentais que j'avais une appétence particulière. Pas forcément pour le monde de la création à ce stade, mais pour les lieux qui inspirent quelque chose. Il m'arrivait très souvent d'être le souffle coupé, ça m'arrive encore, en entrant dans un endroit où la perspective a été parfaitement soignée, où on voit la banquette avec le velours sur laquelle on a juste envie de s'asseoir et de passer des heures à discuter, où les fenêtres sont gigantesques, où on voit un lac, où un décor a été magnifiquement posé, où en fait je suis hyper tactile. Et ça depuis toute petite, j'ai vraiment eu cette... Ce souffle coupé devant des lieux incroyables.

  • Speaker #0

    Tu te souviens de la première fois où ça t'est arrivé ?

  • Speaker #1

    Je peux me tromper évidemment, mais je crois que c'est au musée Calvet à Avignon qui a contribué à mon éducation au monde de l'art. J'étais au lycée dans la même rue et pendant les pauses, je suis toujours été une bonne élève. Je travaillais beaucoup et j'étais au collège d'ailleurs, pas au lycée. Et on pouvait de temps en temps sortir et j'aimais bien aller au musée, dans la cour du musée en fait. Et on rentrait dans les expositions et je me rappelle en fait d'un escalier. On entre dans la cour, en fait, j'entrais sur la gauche. La cour est fantastique et c'est marrant, elle me fait un peu penser dans un autre monde, à la cour à l'arrière de la Fondation Maght, celle dans laquelle il y a les statues.

  • Speaker #0

    À Saint-Paul-de-Vence.

  • Speaker #1

    Exactement, tout à fait. Toutes les sculptures, juste absolument fabuleuses. Cette cour a un peu la même forme, sauf qu'elle est évidemment du 17ème. Et donc, on entre, il y a un immense escalier. Et en fait, je me vois, il y avait des trompe-l'œil, des lumières, la lumière sur un escalier, sur une rambarde. C'est un élément très fort, en tout cas, qui a influencé mon appétence pour le monde de l'architecture d'intérieur. C'est ce jeu de lumière. On percevait, en fait, la pierre, la patine. Et puis, les gens marchaient dans l'escalier sans s'en rendre compte. Et moi, je me rappelle cette espèce de lumière sur la pierre. Et ça... probablement contribué à éveiller quelque chose.

  • Speaker #0

    T'avais quel âge ? 14-15.

  • Speaker #1

    C'est pas le début, mais c'était mon deuxième collège. J'ai changé en cours de scolarité pour être dans une organisation j'allais dire un peu plus... prestigieuse, c'est pas le mot, mais en tout cas qui préparait mieux pour les lycées que je voulais faire ensuite.

  • Speaker #0

    Parce qu'à ce moment-là, tu voulais...

  • Speaker #1

    Moi, j'étais une bonne élève. J'avais plus ou moins compris qu'être avocat, c'était bien. J'avais d'abord voulu être vétérinaire, vous allez le savoir. En fait, je monte à cheval depuis très longtemps. Et je voulais être vétérinaire, c'était très précis, de l'équipe de France de concours complet. Ok. mon prof de l'époque venait de faire les JO d'Atlanta en avant, en arrière, je ne sais plus très bien en tout cas on était dans une écurie de très haut niveau c'était l'époque Japlou c'était l'époque Japlou même un peu après mais oui effectivement c'est les posters Japlou, Milton etc et au bout d'une demi journée l'esthétique ne me convenait pas les odeurs étaient très compliquées et puis je ne me voyais pas promener un animal le matin , et l'euthanasier l'après-midi. Enfin, c'était clairement pas mon monde. Ça, j'ai très vite compris. Il a fallu trouver une solution et une amie des parents m'a accueillie en stage, elle était avocat. Et alors moi, je crois bien aimer, mais mon père m'a rappelé qu'il avait effacé la fin de mon rapport de stage dans lequel j'avais écrit que je ne ferais jamais ce métier. En revanche, j'avais aimé la dynamique du bureau et l'interaction avec ses clients. Il en était resté quelque chose. Et au-delà de ça, en fait, c'est un métier... qui est multiforme et dans laquelle je percevais que je pouvais avoir quelque chose à apporter. J'avais compris qu'il y avait une importance particulière, n'était pas que sur la technique juridique, mais que sur la capacité qu'on avait à comprendre les métiers de nos clients, dans nos métiers en corporate, ou leur parcours de vie dans des dossiers plus contentieux éventuellement. Et moi, j'aime les gens, en fait.

  • Speaker #0

    Alors, tu te lances dans cette voie qui était toute tracée, de droit

  • Speaker #1

    Oui, on apprend. J'ai fait une première fac, j'en ai plusieurs en parallèle. J'ai fait... J'ai fait deux facs en parallèle, j'ai fait l'école du Louvre, j'ai fait Sciences Po.

  • Speaker #0

    Ah oui ? quand même, l'école du Louvre.

  • Speaker #1

    En auditeur libre, donc en plus d'Assas et des cours à Sciences Po, j'allais le soir, pas tous les soirs bien sûr, et j'ai fait deux spécialisations, une sur les peintures de Watteau et l'autre sur l'écriture cunéiforme.

  • Speaker #0

    Tiens donc.

  • Speaker #1

    Et on faisait des petites boules en argile pour apprendre à faire, comme le faisait dans la tradition.

  • Speaker #0

    Alors attends, raconte-nous ça, parce que moi je vois à peu près ce que c'est.

  • Speaker #1

    Les écriture cunéiformes, c'est les premières formes d'écriture sur lesquelles tu utilisais une forme de stylet pour graver de la terre à sécher. Et en fait, les bergers faisaient des petites boules qu'ils mettaient dans une boule plus importante, qui était le nombre de moutons avec lesquels ils partaient. Et chaque propriétaire écrivait avec ce fameux stylet, ou des textes, ou des nombres. C'est un peu le début de l'écriture, c'est probablement l'une des plus anciennes formes d'écriture.

  • Speaker #0

    On est dans quelle civilisation ? Je ne veux pas dire de bêtises,

  • Speaker #1

    mais je ferai quelques vérifications pour en mettre en note d'épisode. Il y a quand même très longtemps. Et la deuxième était Watteaux, qui est un peintre qui m'a toujours fascinée parce qu'en fait, son corps s'est désagrégé. Et il est mort de gangrène, ou en tout cas une maladie qui lui ressemble. Et en fait, ses peintures subissent le même sort. Elles étaient très mal préparées. Ok. Et donc elles se décomposent de l'intérieur. En fait, certaines absorbent la peinture. Et donc elles peuvent de plus en plus difficilement être exposées. Mais ça reste un peintre qui fascine avec le voyage à l'île de Citerre. Est-ce qu'on va vers Citerre ? Est-ce qu'on en revient ? Ça n'a jamais été très clair. Toutes les enseignes, notamment le Pierrot qui est très connu. Il y a souvent ce personnage un peu triste. J'aime les gens, j'aime les histoires. Donc ça faisait partie des sujets que j'avais choisis.

  • Speaker #0

    Mais quand même, en plein milieu de tes études de droit, c'est ça ? Tu fais ça en parallèle ? Tu as quand même une petite idée, là. Tu te dis, OK, le monde de l'art,

  • Speaker #1

    le monde de la création. En fait, j'avais un ami qui était à l'école du Louvre. Je trouvais ça intéressant. Et en fait, moi, j'aime apprendre. Et si je commence à m'ennuyer, en fait, je deviens dépressive. Il ne faut pas m'arrêter. Je ne peux pas m'arrêter. Et ça, c'est un peu le fil conducteur qu'on va retrouver dans notre conversation. C'est, je ne peux pas ne pas apprendre, en fait. Alors évidemment quand je peux le partager c'est mieux, mais j'ai besoin d'apprendre, de me renouveler. J'adore bavarder, discuter, échanger des points de vue. Et pour ça, il faut avoir des choses à se dire. L'apprentissage, chez moi, est quelque chose d'extrêmement important.

  • Speaker #0

    c'est toute ta vie. En tout cas, ça ne s'est jamais arrêté. Ça ne s'arrêtera jamais.

  • Speaker #1

    Ça ne s'arrête encore pas aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Tu vas nous raconter ça. Et donc, je reprends le fil chronologique. Tu deviens avocate dans un domaine en particulier ?

  • Speaker #1

    Oui, alors ça aussi, déjà, c'est pas très clair dans le sens où j'ai fait un peu de corporate, mais j'ai surtout fait un peu de droit immobilier, enfin un peu non, du droit immobilier et de la politique européenne. Donc en fait, ce que je voulais fondamentalement faire, c'était les droits communautaires, probablement auprès des institutions européennes. Et pour compléter ma formation, j'ai fait un dernier master. à Sciences Po, qui était en partenariat avec l'université de Bath en Angleterre et avec Madrid, avec Rome également, ce qui permettait d'avoir une spécialisation sur la politique européenne, pour compléter le volet juridique en fait.

  • Speaker #0

    Alors Bath et Rome, en plus deux endroits sublimes.

  • Speaker #1

    Exactement, et à Rome j'ai aussi fait un débat dans la fin de mes études de droit avec un mémoire sur les financements publics privés des autoroutes. Donc le truc est improbable.

  • Speaker #0

    T'as aimé vivre à Rome ?

  • Speaker #1

    J'ai adoré.

  • Speaker #0

    J'ai passé trois ans à Rome. J'ai adoré cette ville.

  • Speaker #1

    C'est l'une de mes villes préférées, j'y vais de temps en temps. Je pourrais y revivre sans aucun problème. Il y a des lieux auxquels je suis très attachée. Mon sport était de courir les marches de la place d'Espagne le matin. Bon, maintenant, je le fais en marchant. Mais toutes ces rues, ces ambiances, ces odeurs, ces textiles déjà.

  • Speaker #0

    Ces patines, des murs.

  • Speaker #1

    Ces patines, tous ces musées. Quand on est étudiant, en plus, tout est très facile d'accès. On mange bien, on marche bien, les lieux sont fantastiques, les jardins de la Villa Borghese, c'est pareil, j'ai passé des heures. Maintenant, j'avoue que j'ai un petit faible pour le canapé de La Chance, le Borghese, de Noë Duchaufour Lawrence, parce qu'au-delà de son esthétique parfaite, et on pourra peut-être parler de design un peu plus tard, et de la marque que j'adore, c'est un vrai souvenir presque d'enfance.

  • Speaker #0

    Moi, à Rome, il y des millions d'endroits marquants à Rome, mais je pense qu'une fois ou deux fois par semaine, en rentrant chez moi, je m'arrêtais, je rentrais dans Saint-Louis des Français. Pareil,

  • Speaker #1

    je vais dire la même chose. En fait, j'adore le vin. J'ai commencé à aimer le vin dans le petit bar qui était en face, où on allait entre amis. C'était un peu un endroit où on allait dîner le plus souvent. et Saint-Louis des Français avec ses immenses peintures. Dont le Caravage. Dont le Caravage. C'est drôle. Tu vois, on ne savait pas. Et encore aujourd'hui, ça fait partie des incontournables. S'assoir sur un banc, respirer, regarder ces tableaux fantastiques. Et je n'étais pas très loin, en fait. Une petite rue à côté.

  • Speaker #0

    Ah oui, c'est drôle. Moi, j'étais juste à côté de Navona. Voilà, c'est dans ce coin là, vers le Parlement. Vers le... Pas le Parlement, je ne sais pas ce qu'il y a, le Sénat, je crois. Bon, très amusant. Rome, c'est évidemment le voyage à Rome. Il est fondateur du parcours.

  • Speaker #1

    Dans l'esthétique en général, je devais penser aux films de Fellini, aux voitures dans Rome. les cheveux à l'air avec ces belles voitures dans l'esthétique en général il ya tout ça en fait ouais parce que j'ai trouvé à rome je sais pas si tu partages ça c'est que j'étais frustré un moment de vivre sur une dans un endroit évidemment millénaire très inspirant

  • Speaker #0

    mais à l'époque en tout cas moi c'était dans les années 2000 une absence d'art contemporain une absence de j'ai trouvé que c'était une ville qui était quand même très tournée sur le passé très musée et je crois que ça a beaucoup changé ça a beaucoup changé notamment avec les résidences d'artistes

  • Speaker #1

    je peux me promettre, je crois que c'est India Madhavi qui avait été en résidence à la ville Medicis et qui avait lancé des collaborations italiennes avec cette résidence il y a plus d'art contemporain aujourd'hui et Moi je pense que je ne l'ai pas vu à ce moment là parce que ça m'intéressait moins, je connaissais pas.

  • Speaker #0

    Oui c'est pas ce que tu recherchais non plus.

  • Speaker #1

    Non et en fait c'est l'histoire de la voiture rouge, on cherche une voiture rouge on la voit partout. Je crois que c'est pareil en fait avec l'art c'est quand on a un oeil qui s'aiguise, on voit des oeuvres, on voit des galeries, on voit des créations parce que l'oeil en fait les reconnaît. Ouais,

  • Speaker #0

    ouais. Alors donc tu deviens avocate avec toutes ces disciplines très différentes.

  • Speaker #1

    Quand j'ai commencé à travailler en fait... j'ai rejoint d'abord un cabinet à Paris en corporate parce que j'avais décidé encore de changer et de faire du droit de la vigne et du vin et là on m'avait dit ça va être du droit rural, ça va t'ennuyer mais bon écoute, on va te montrer quand même et par contre, comment ça travaille en corporate au moins déjà t'avances sur le volet structuration d'entreprise et pour débuter c'est un peu la base et c'est très intéressant ensuite j'ai rejoint Luxembourg Oui. Et donc là, c'est pareil. Donc,

  • Speaker #0

    le tambour, ce n'est pas le jardin, c'est le pays. C'est le pays.

  • Speaker #1

    Et donc je postule dans un cabinet luxembourgeois.

  • Speaker #0

    Donc tu rejoins Luxembourg pour une raison, professionnellement ? Oui,

  • Speaker #1

    pour une raison professionnelle. Parce que le père de mes belles-sœurs, qui est luxembourgeoise, nous a dit que le pays était très dynamique, que je cherchais des avocats. Et lui avait pas mal de contacts dans des bons cabinets. Donc moi, je suis ouverte d'esprit. On me donne un conseil, j'ai tendance à le suivre. Et donc, quand on m'envoie la proposition de contrat, on me dit la seule chose, c'est que par contre, droit communautaire, il n'y a pas, il y a une personne. Il ne cherche pas de collaborateur. Donc, vous avez le choix fonds d'investissement ou corporate. Bon, alors là, en sachant que c'est Luxembourg, j'aurais dû dire fonds d'investissement. Mais bon, j'ai choisi corporate en me disant qu'en fait, le client principal de cette équipe-là était CBRE. Donc, je savais que j'allais faire du corporate, mais pour... un acteur immobilier important.

  • Speaker #0

    CBRE, pour ceux qui nous écoutent, c'est un courtier en immeuble, donc c'est l'agent immobilier d'entreprise, en fait, si on veut résumer.

  • Speaker #1

    Exactement, en tout cas, ils représentent des bailleurs importants, principalement pour des entreprises, effectivement, ou des fondations, family office, etc. Et ils ont aussi un département désormais design dédié à l'aménagement de bureaux. Mais en tout cas, voilà, c'était un peu ce qui a guidé mon choix. Et donc pendant plusieurs années, quasiment 4 ans, j'ai... J'étais dans une équipe plutôt germanophone d'ailleurs, ce qui n'était pas ma zone de confort. Mais bon, il faut faire avec. Et j'ai beaucoup appris et rencontré plein de nos clients actuels, amis et... En tout cas, j'ai déjà vite compris que je ne serais jamais la meilleure avocate au sens technique du terme. Parce que relire pour la dixième fois, ça fait rire mes amis encore aujourd'hui, avec qui je travaillais déjà à l'époque. Oui, effectivement, on préférait m'envoyer dans les boards. On préférait m'envoyer aux réunions clients où j'allais faire l'animation. En étant très bien briefée en amont, les clients étaient super contents que je vienne. Donc en fait, l'équipe roulait bien comme ça.

  • Speaker #0

    Oui, mais déjà, tu sais. savais au fond de toi que tu ne ferais pas ce métier toute ta vie ?

  • Speaker #1

    Alors en fait, là où j'étais partagée, c'était que je savais que j'aurais été une très bonne associée sur le développement commercial, sur l'affiliation de nos clients. Moi, j'aurais adoré aller faire la promotion du pays et de notre discipline autour du monde, en développement de marché, de nouvelles clientèles. Mais pour ça, il fallait 10 voire 15 ans à cette époque. Et je ne savais pas... la patience et puis il y a quand même des étapes à franchir avant ça qui n'étaient pas 100% compatibles sauf à avoir la promotion je dirais et le soutien d'un associé qui nous emmène dans son chemin qui nous apprend à faire et qui sait quelles sont nos zones de confort et je ne suis pas bonne pour tout et ça c'est clair que ça faisait partie des sujets est-ce que ce serait possible ou pas écoute je n'ai pas eu le temps de me poser la question mais pour être tout à fait honnête je me la pose aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Ok. Ok. Et donc, là, tu étais dans un grand cabinet ? Oui. Un des majors ?

  • Speaker #1

    Oui, à Luxembourg, un des cabinets principaux de la place. En tout cas, c'est le plus important cabinet luxembourgeois.

  • Speaker #0

    Ok. Ok. Et là, donc, tu es avocate pendant combien d'années ?

  • Speaker #1

    J'allais dire quasiment trois ans au total et j'ai dû en passer trois chez Rennes.

  • Speaker #0

    D'accord. Ok. Et donc, un beau matin, tu te réveilles, tu te dis non, ma vie n'est pas là. Comment ça se passe ?

  • Speaker #1

    C'est toujours un peu plus compliqué. Oui,

  • Speaker #0

    bien sûr.

  • Speaker #1

    D'abord, moi, je peux douter un petit moment. prendre une décision, mais je n'hésite pas. Donc, je pouvais douter un peu de ma place au sein du cabinet. Est-ce que c'était la bonne... Bon, j'étais très heureuse d'ailleurs, mais je sentais quand même qu'il y avait un déséquilibre. Il y avait quelque chose en tout cas qui n'était pas tout à fait ma place. Et... Il se trouve que la fille aînée de ma marraine, elle s'occupe de M. Bother à Singapour, elle y était déjà à l'époque. Et en fait, quand Isabelle, ma marraine, me parlait de ce que faisait sa fille, je me rendais compte que ça ressemblait assez à ce dont moi... j'avais envie c'est à dire qu'il y avait le volet entreprise à développer alors c'était déjà une boîte fantastique M Mother mais je voyais que... Attends j'ai pas compris moi je connais pas M Mother M Mother en fait c'est probablement l'une des boîtes les plus importantes dans l'aménagement d'intérieur de yachts, de boutiques de luxe, de bureaux. Et la fondatrice est très âgée désormais, mais elle est encore dans les équipes. Ils font des études en permanent, de la prospective. Ce n'est pas juste de l'esthétique. Il y a une démarche de recherche, de création, de contribution à la manière de vivre qui est extrêmement importante. Ça fait partie des entreprises que j'essaie de modéliser. Alors, ils sont énormes, on est petit, mais c'est un vrai exemple en tout cas.

  • Speaker #0

    Oui, c'est un exemple.

  • Speaker #1

    Et donc, je me dis qu'il y a quand même un volet créé assez vrai, mais il y a un volet entreprise. On travaille avec des vrais gens. Ce n'est pas juste un archi derrière cette table à dessin, parce que ça, ce n'est pas moi, je suis incapable de faire ça et ça ne me fait pas rêver. Il y a une interaction avec différents univers, en l'occurrence le monde du luxe pour eux, et des segments assez différents de boutiques, d'hôtellerie, de bureaux. Donc en fait, on reste dans le monde des affaires, j'allais dire, et on contribue à rendre possibles les ambitions de nos clients. Et ça, ça me parlait. Il y avait quelque chose, j'avais l'impression de le faire en tant qu'avocat déjà, mais là, ça trottait dans ma tête, ce truc de... Ça me semblait plus moi. et si j'arrivais à le faire j'avais l'impression que ça pouvait remplir toutes les cases et recoller un peu tous les morceaux de ma personnalité qui était en partie quand même un peu sous-exploitée je dirais quand j'étais avocat

  • Speaker #0

    Oui un peu oubliée un peu en mineur mais est-ce que le monde du design, de l'architecture d'intérieur déjà tu le... Tu le vivais à titre personnel, dans tes intérieurs à toi, dans tes... Je ne sais pas, tu as peut-être déménagé, etc. Est-ce que c'était quelque chose déjà de très important pour toi ?

  • Speaker #1

    Oui. Alors déjà, on a effectivement... Avec mes parents, peu déménagé. Mais je passais mon temps à refaire les espaces sur lesquels je pouvais intervenir. J'adorais dessiner. Alors, j'essigne très mal. J'écris très mal, je dessine très mal, mais ce n'est pas grave. En fait, au bureau, c'est devenu un petit challenge. Quand le nouveau arrive, il faudrait la décrypter, mon écriture. Et ça amuse beaucoup mes amis quand je leur écris des petits mots. À la maison, c'est pareil. Je ne suis pas très lisible, mais quand on arrive à me connaître et à lire mes petits mots, c'est comme connaître bien. Voilà, parenthèse. Il y a ce côté créa-déménagement. Avec mon mari, on a aussi beaucoup déménagé. Et on continue à le faire jusqu'encore récemment. Donc déjà... En étant avocat, je cherchais à créer des intérieurs qui ne soient pas neutres. On a rarement habité dans des intérieurs très classiques. Il y avait toujours un truc atypique. C'est sûr que je n'allais pas chez Ikea chercher le tout seul look. Donc, je me suis lancée dans... Quand on habitait à Lyon, on avait un appart flondide. Et en fait, on avait acheté des petits meubles dans des trocs, etc. Mais évidemment, je ne voulais pas les avoir en vieux boîte tabimée. J'avais pris des cours pour les repeindre. C'était vraiment raté. Mais j'ai essayé. Et en tout cas, ça donnait une coloration particulière à cet appart. Parce que j'avais tout peint dans des teintes de bleu. Il y avait des petites touches de rouge. Il y avait déjà pas mal de noir et blanc, qui est une trame que j'aime bien. Et la vue était splendide sur une petite cour jardin. Donc en fait, il y avait quand même ce truc de... Je voulais des lieux différents. Et nos amis adorent rester chez nous. encore aujourd'hui, on passe 5 minutes et en fait, on reste 2-3 heures parce qu'en fait, on est bien. Et c'est ce que je veux faire pour nos clients. J'avais une appétence pour ça. Mais alors, en termes de compétence, zéro. Et quand j'ai remis les dossiers de candidature, parce que bon, à mon époque, il fallait remplir des dossiers pour entrer dans les écoles d'architecture d'intérieur. Surtout dans le format que je voulais faire, qui était en reconversion. Je ne peux pas reprendre 3 ans d'école. Et je voulais une vraie école. Donc j'avais choisi Créa d'Alyon.

  • Speaker #0

    Donc tu vivais à Lyon à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    Alors je suis allée à Lyon, notamment pour ça, oui.

  • Speaker #0

    Ok. Alors attends, on va raconter ça, mais est-ce qu'il y a un moment, s'il existe, je me doute que c'est progressif.

  • Speaker #1

    Ah non, il y a un moment.

  • Speaker #0

    Mais est-ce qu'il y a un moment, un truc qui a déclenché ?

  • Speaker #1

    Il y a en fait une conversation dans un petit déjeuner, où je dis à mon mari, j'aimerais faire ce que fait Clarisse. Clarisse étant la fille aînée de ma marraine. Et là, il me dit, écoute, je le savais.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Et je t'ai fait des recherches, j'ai pré-inscrit dans des écoles. Wow. Bon, après, il y a des concours à passer, mais ça, tu sais faire. Moi, j'en ai fait plein, je les réutilise tous, donc go,

  • Speaker #0

    quoi. Il t'avait pré-inscrit dans des écoles, sachant que ça allait arriver.

  • Speaker #1

    En disant que ça pouvait arriver. Je le sentais. OK. Il savait que... Je n'aurais pas forcément eu la patience de passer six mois à chercher quelle bonne école d'en comparer 150. Moi, j'aime ou je n'aime pas. C'est comme dans l'art. Je vais acheter une œuvre parce que je l'aime. Je ne vais pas en comparer 150 pendant six mois. Les écoles, c'est pareil. J'ai choisi Créade parce que...

  • Speaker #0

    La formation était reconnue parce que le parcours proposé était très complet, mais aussi parce que c'était un coup de cœur amical avec la fille de la fondatrice, alors qu'il l'a revendue depuis. Mais quand on s'est rencontrés pour l'entretien final, j'allais dire, moi j'avais très envie de travailler avec elle, tu vois. Un petit lapsus. En tout cas, d'apprendre avec elle dans son école. Mais je savais que ce que j'avais rendu était mauvais. Parce que c'était quoi ?

  • Speaker #1

    Alors,

  • Speaker #0

    première étape, il fallait rendre un aménagement d'appartement. Je ne savais pas faire. Déjà, je l'ai fait sur un fond noir. En plus, l'impression, c'est catastrophique. J'ai pris les plans d'entraînement. à part de l'époque, j'ai découpé des meubles que j'ai collés. Alors que je voyais passer à peu près d'autres dossiers, de gens qui voulaient se reconvertir et qui avaient déjà... Ils savaient faire des 3D, ils connaissaient les plans. Je savais que c'était mauvais, mais j'espérais qu'elle... elle détecte...

  • Speaker #1

    C'est ça. C'est l'exécution qui était mauvaise, mais peut-être qu'au fond, il y avait une variété.

  • Speaker #0

    Exactement. C'est que deuxième étape, aménagement de bureau. En fait, à chaque fois, je me suis creusé la tête quand même pour avoir une approche différenciante. C'est un truc qui n'a jamais changé, c'est que quand on propose un projet, y compris dans des concours, on va toujours prendre des risques. Oui. Et à l'entretien, j'ose quand même lui demander quand est-ce qu'on aurait une réponse, qu'est-ce qu'elle a pensé de mes propositions. Et en fait, elle me regarde, elle me dit, Maman Dine, si t'es pas vous, c'est personne.

  • Speaker #1

    Ah oui, waouh !

  • Speaker #0

    Et donc on se dit qu'on est dans la bonne voie. c'est sûr qu'il faut professionnaliser parce qu'en pratique c'est pas utilisable mais vous avez un style c'est courageux, c'est très bien construit à chaque fois dans les dossiers que vous avez rendus vous avez raconté une histoire ok Et elle a dit, je vais vous avoir. Donc, je lui ai donné une deadline. J'avais quand même passé un entretien aussi en cabinet d'avocat, la même journée. Et donc, en traversant un pont au-dessus du Rhône, je me suis dit, au bout du pont, j'ai pris une décision. Et moi, je fonctionne pas mal comme ça. Dans ma tête, quand c'est arrêté, après, il y a le temps de l'exécution, je dirais. Mais quand j'ai décidé, j'ai décidé.

  • Speaker #1

    Donc, à ce moment-là, tu candidates pour rentrer chez Crade. Tu candidates en même temps dans un cabinet d'avocat. Mais tu sais... tu ne sais pas encore lequel tu veux. En tout cas, avant de franchir ce pont.

  • Speaker #0

    Je sais que j'ai envie. En fait, les deux m'intéressent. Le cabinet m'intéresse. Le projet qu'il me propose m'intéresse. Il y a un chose côté développement, en fait. C'était pour développer un nouveau département. Moi, mon côté promoteur, il y va à fond. Il y a une forme de sécurité.

  • Speaker #1

    Oui, tu maîtrises le sujet.

  • Speaker #0

    Je maîtrise le sujet. Je connais le cabinet. Je connais le fondateur du cabinet. Je sais ce que je vais pouvoir leur apporter. Évidemment. financièrement je vois près où je vais aller et en même temps je me dis à ce moment là que si j'essaie pas d'être architecte d'intérieur je le regrettais tu avais quel âge 28 29 ah oui ok ok donc c'est oui c'est un tournant déterminant la trentaine tu dis bon allez c'est maintenant que je veux faire ce que je veux oui et sachant que quand j'avais quitté luxembourg pour aller à lyon j'avais quand même discuté avec les les associés avec qui je travaillais, et qui m'avaient dit, en fait, qu'ils me donnaient un an. Après, si je devais revenir plus tard, je le ferais plus tard. Mais ils me gardaient ma place dans l'équipe pendant un an. Alors évidemment, je n'aurais pas progressé. Mais je pouvais revenir.

  • Speaker #1

    Donc tu leur avais dit, en gros...

  • Speaker #0

    En tout cas, j'ai réussi par un an. Et j'avais dit aussi à nos clients chez qui j'étais en seconde month. Je leur avais expliqué la situation. Et c'était quand même une situation particulière. Et puis, ce n'était pas les modes à l'époque. Il y a une grosse dizaine d'années. Changer de carrière, ça ne se faisait pas tellement. Quitter le monde des cabinets d'avocats pour...

  • Speaker #1

    Oui, pour un changement aussi radical.

  • Speaker #0

    Oui, il y avait un côté renonciation. à une forme de carrière toute tracée. En fait, ce qui était le plus difficile, c'était de voir dans le regard de certains amis que pour eux, en fait, j'avais plus d'ambition, alors que pour moi, en fait, c'était beaucoup plus ambitieux.

  • Speaker #1

    Mais bien sûr, parce que j'étais en risque.

  • Speaker #0

    Je pouvais... Oui, je suis en risque, c'est vrai que je n'ai pas peur de prendre des risques. mesurer, contrôler, mais je me jetais à l'eau en me disant je ferais tout pour que ça marche. Ça, c'est dans mon caractère. Et j'embarque les gens avec moi,

  • Speaker #1

    je crois. Et alors les gens autour de toi, certains ont douté. Ils se sont dit mais qu'est-ce qu'elle fait ?

  • Speaker #0

    Certains m'ont dit mais tu n'auras plus de statut social. Ben non. en fait et c'est presque mon côté défi ou en fait on me dit que c'est pas possible je vais vous pourrez que ça l'est en fait donc voilà ça fait une contextualisation un peu longue mais je pense que c'est important d'en parler pour moi qui aujourd'hui veulent changer de métier c'est presque l'effet inverse c'est à la mode donc on pousse énormément les gens à essayer à tenter à changer mais souvent les gens se trompent en fait ils font des choix qui sont pas faits pour eux alors que moi je les fais en ayant conscience que Ça me semblait la bonne voie, qu'il y avait un chemin. Il y avait aussi, il faut être honnête, une vraie opportunité de marché à ce moment-là. Il y avait peu d'architectes d'intérieur. Donc, le contexte est très différent de ce qu'il est aujourd'hui. Mais je crois que ceux qui m'ont soutenu savent qu'ils ont fait le bon choix.

  • Speaker #1

    Oui, évidemment, ils ont fait le bon choix, je te le confirme. Mais en plus, je pense que, j'imagine, je ne sais pas, on ne se connaît pas très bien, Amandine, mais que le fait d'être passé par un métier de contact client, de... Tu as un caractère de promoteur, effectivement, tu l'as dit. Opportunité de marché, tu y voyais assez clair. Tu savais ce que tu pouvais apporter à ce métier.

  • Speaker #0

    Je pensais savoir ce que je pouvais y apporter. Je savais comment il fallait s'entourer aussi. Je savais dans mon caractère et dans mes compétences, on va dire, que j'aime initier les projets, j'aime créer des équipes et j'aime que ça roule. Donc, il fallait très vite, en fait, que... ça puisse fonctionner pour que tout ça aille de l'avant. Et il y avait une forme de process qui manquait, je trouvais, à ces métiers-là, qui sont perçus comme créatifs, alors que moi je trouve que ce n'est pas la première qualité. Il faut être un bon architecte d'intérieur.

  • Speaker #1

    C'est quoi ? C'est être structuré, être processé ? Oui,

  • Speaker #0

    d'abord, il faut être digne de confiance, il faut être très organisé, il faut être près de ses chiffres et des chiffres de nos clients, parce qu'on nous confie des projets, ça veut dire nous confier des budgets. Oui,

  • Speaker #1

    des limites à ne pas dépasser. des délais à respecter.

  • Speaker #0

    Tout à fait. Donc il faut d'abord être organisé, d'abord être un bon entrepreneur. En tout cas quand on dirige une agence. Et tant mieux si on a des idées. Mais je pense qu'il y a beaucoup de belles agences qui se différencient autrement que par la créativité. après c'est pas mon angle mon angle c'est d'avoir une agence très créative une agence qui prend des risques mais je pense qu'on ne peut le faire que quand on a créé autour de soi un environnement de travail sain et ça je l'avais identifié dans les entretiens que j'avais pu mener j'avais rencontré des architectes, des décorateurs, des architectes d'intérieur des que ce soit dans des boutiques, dans des cabinets dans des clubs d'entrepreneurs parfois, il y avait un peu tout ça et Le côté seul et créa me semblait en tout cas très nettement suffisant par rapport aux ambitions que moi, j'avais pour mon métier.

  • Speaker #1

    Toi, tu savais que tu ne voulais pas travailler seule.

  • Speaker #0

    Ah oui, never ever. Moi, ça me rendrait très malheureuse.

  • Speaker #1

    Ah oui, ok. Donc, ton ambition, c'était ok, je monte une équipe, je recherche les meilleurs talents à côté de moi et on va faire la différence, on va être créatif, mais aussi on va faire la différence avec ce que ton métier, ton caractère, ta formation t'apporte.

  • Speaker #0

    Exactement. Et en fait, là où... que j'ai eu de la chance, c'est que mon mari m'a fait confiance, donc ça c'était quand même le point de départ. Notamment en achetant très vite un appart en très mauvais état et en me disant vas-y. Et en fait, quand j'ai dit à nos clients et mes anciens confrères que j'allais revenir à Luxembourg et ouvrir une agence d'archives d'intérieur, beaucoup m'ont fait confiance tout de suite. Donc en fait, j'ai eu des projets avant de finir l'école. Donc j'ai demandé à deux personnes de l'école de travailler avec moi, un pour les plans, l'autre pour les 3D. et à un ingénieur que je connaissais de Luxembourg de s'occuper du volet entreprise et gestion de chantier. Donc en fait, en revenant, on a tout de suite été une petite équipe. Alors on partit à distance, mais...

  • Speaker #1

    Oui, mais alors attends, c'est formidable. Déjà, tes anciens collègues et clients, patrons, te font confiance. Ils ont eu la vie d'après.

  • Speaker #0

    En tout cas, je ne sais pas si tu étais conscient ou inconscient, mais de me dire que j'étais une bonne avocate et que je serais une bonne architecte, qu'ils avaient besoin de moi. Et... Et en fait, c'était l'occasion. Allons-y.

  • Speaker #1

    Oui, c'est top. Quand tu as la confiance, il n'y a pas de raison. En réalité, quand tu réfléchis bien, quand quelqu'un est bon dans son domaine, qu'il a fait un choix réfléchi, qu'il montre qu'il n'est pas complètement farfelu, il n'y a pas de raison de ne pas lui faire confiance sur la suite. Mais c'est rare. J'imagine que c'est rare. Donc, tu démarres, tu es diplômé, tu démarres avant même d'être diplômé. Ce nouveau métier.

  • Speaker #0

    Quelques semaines après avoir commencé l'école, je me rappelle la première discussion. Alors maintenant que tu es archélèque d'intérieur. Alors en fait... j'ai fait trois semaines d'école je sais à peu près dessiner un rond et j'ai pas commencé à tracer un plan mais oui enfin on va y arriver et là le côté promoteur prend le ruide oui on va y arriver et du coup je demande en fait tout de suite à ceux qui savent de venir avec moi ok

  • Speaker #1

    Donc là, on est presque maintenant 10 ans après cette époque-là. Oui, on est à plus de 10 ans,

  • Speaker #0

    parce que l'agence a 10 ans, grosso modo.

  • Speaker #1

    Donc ton agence, c'est Atelier Compostelle. Alors déjà, moi, je suis curieux de savoir pourquoi ça s'appelle Atelier Compostelle.

  • Speaker #0

    Oui, en fait, la première étape était que je ne voulais pas une agence qui ait mon nom, parce que je voulais créer la meilleure agence et pas forcément être la meilleure architecte d'intérieur.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    Je pense que la force de l'Atelier Compostelle, c'est la force de l'équipe. Oui. C'est qu'on est tous complémentaires. On peut compter les unes sur les autres et les uns sur les autres. Et on s'entraide, on se challenge. Et j'espère que l'atelier existera avec ou sans moi, mais en tout cas après moi.

  • Speaker #1

    C'est rare ça aussi, parce que c'est vrai que c'est un truc comme chez les coiffeurs. Il y a Jean-Louis Coiffure.

  • Speaker #0

    Mais ce qui pose des questions, parce qu'il y a une question de lisibilité dans la communication, c'est qu'il y a Amandine dans l'agence. La communication est très axée sur moi, sur mon image et sur mes engagements. Donc ça pose des questions, le fait d'avoir une agence qui n'a pas directement son nom. Vu de l'extérieur, il faut aussi retenir deux noms. On pourra en parler, mais en tout cas... Je ne voulais pas que ce soit mon... Je pensais ensuite que dans la notion de l'atelier, alors en plus je ne parle pas forcément de l'atelier au quotidien, parce qu'on est une agence, on est un studio d'architecture, mais il y a un côté de savoir-faire et de faire ensemble. Et donc, la notion d'atelier me parlait.

  • Speaker #1

    Et de craftmanship aussi. Exactement.

  • Speaker #0

    Tout à fait. Tout à fait, exactement. C'est faire ensemble, c'est savoir-faire, artisanat. Mais ça évolue avec son temps. Et je trouve que dans l'atelier, il y a une notion d'études, de groupes. Il faut être en avance, en fait.

  • Speaker #1

    Oui, d'expérimentation, d'innovation.

  • Speaker #0

    D'expérimentation. Et c'est vrai qu'on fait toujours beaucoup de recherches au bureau, en parallèle des projets. On demande des prototypages, on dessine, on avance sur des sujets qui ne sont pas... inclus directement dans nos dossiers. Il y a des choses qu'on a envie de faire, mais on n'a pas le projet pour. Donc il y a cette notion d'atelier. Et Compostelle parce que j'ai marché le chemin du Nord. C'est par un GR qui longe la cause espagnole. Donc c'est plus de la grande randonnée que du chemin de Compostelle, mais ça reste un chemin de Compostelle. Et ce que j'y trouve, c'est qu'on sait où on va, avec quelle équipe. On a une destination, on est très préparé. Et cette ultra préparation, cette vision, cette décision qu'on a pris de partir, elle laisse de la place ensuite pendant le cheminement, à des temps de réflexion, à des temps d'ajustement. Elle laisse la place à la découverte, à la rencontre. Et en fait, je crois que c'est ça un projet d'architecture. On doit être extrêmement préparé. On doit beaucoup dessiner, on doit expliquer, on doit embarquer nos clients et nos artisans avec nous. On doit se mettre à risque, mais dans quelle mesure ? Sur le chemin, c'est combien de kilomètres on peut faire ? C'est quel équipement on a ?

  • Speaker #1

    Parce qu'il faut arriver à terme, au bon moment.

  • Speaker #0

    Exactement. Chaque jour, il faut arriver à l'endroit où, sur le chemin, on va dormir.

  • Speaker #1

    Parce que oui, par curiosité, moi, je n'ai jamais fait ce... ce parcours, mais c'est quelle durée ?

  • Speaker #0

    Il y a des durées très variables parce qu'en fait le chemin il est quasiment infini. Mais moi j'ai marché trois semaines. On part très tôt le matin parce que c'est en été. Il faut être bien équipé mais pas trop chargé. Quand on marche à plusieurs, il faut laisser marcher chacun à son rythme. Mais en faisant des temps de pause au même moment, c'est exactement ça un projet d'archi. Quand on travaille en binôme, j'aime bien mettre les gens en binôme au bureau. Et donc, on voit très bien ceux qui attendent avec impatience le chantier, vont très vite aller dessiner des détails de conception. Ceux qui sont plus fans de design, de déco, vont créer des moodboards, vont travailler sur la matière. et même s'il y a un process qui est très arrêté on voit quand même les sensibilités et chacun va à son rythme l'essentiel c'est que tout fonctionne ensemble et donc le chemin c'est ça aussi cette destination, cette temporisation ce fait de faire ensemble on peut avoir peur sur un chemin on peut devoir s'arrêter parfois on peut devoir douter, on peut devoir faire des pauses changer de direction y revenir et la relation aux gens c'est ça aussi la relation à l'architecture, au design, au projet ... C'est aussi ça.

  • Speaker #1

    Il y a une notion de solitude quand même, non ?

  • Speaker #0

    Il y a une partie de notion de solitude. Ça, c'est aussi lié à la notion d'entrepreneuriat. Quand on appuie sur le bouton et qu'on y va, on est tout seul.

  • Speaker #1

    Si on change de petit gosse pour lancer un chantier,

  • Speaker #0

    en fait, le gosse, c'est quand même moi qui le donne.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. C'est toi qui bats la main.

  • Speaker #0

    Et le chantier, c'est moi qui dois battre la mesure. Ça reste ma responsabilité. Les clients vont signer avec moi, même s'ils sont pris en charge par des équipes de projet. Et il y a un élément aussi de notre parallèle avec le chantier, c'est que quand on commence à démonter, à démolir, on découvre le principe du sur-mesure. C'est que qu'est-ce qui se cachait, qu'est-ce qu'on doit adapter ? Et comme on est très préparé, en fait, on a le temps pour ça en parallèle du chantier, pour l'adaptation, en restant dans la logique du projet. Si on est moins préparé et qu'on continue à... à chercher pendant le chantier, en fait, on est sur deux temps parallèles trop différents, je trouve.

  • Speaker #1

    Oui, mais c'est hyper intéressant, je trouve, d'insister. Alors d'abord, le nom, bravo, j'adore ce truc.

  • Speaker #0

    Mais c'est des questions, c'est joli, mais est-ce que je dois le garder ? Est-ce qu'on va en changer ? Est-ce que les initiales, le AC ?

  • Speaker #1

    ça raconte une histoire moi je trouve ça super moi j'aime bien je trouve que ça raconte une histoire j'adore le fait que tu incarnes ton agence mais en même temps ça porte pas ton nom parce que effectivement c'est une des questions que je vais te poser d'ailleurs c'est de savoir ce que t'as envie de laisser en faisant ce métier qu'est-ce qui te rendrait hyper fier de savoir que tu vas laisser alors chaque Je pense que chaque humain a envie de laisser un truc, mais dans ton métier, c'est peut-être encore plus important, plus naturel et peut-être plus important. Non, non, moi, je trouve que ce nom est top. Et puis l'histoire que on s'en doute un petit peu, on comprend. Mais l'histoire que tu racontes, elle est un petit peu la même que la démarche que tu as de raconter des histoires dans tes projets, j'imagine. Mais c'est vrai que d'ailleurs, en t'écoutant, tu expliques que quand tu démontes, quand tu démolis. tu as des découvertes, des surprises. Ça arrive souvent. Enfin, j'imagine qu'il faut que les lieux soient... Alors, tu peux avoir des mauvaises découvertes en disant « Zut, ce mur, on pensait que et on ne peut pas » ou « Là, ça ne va pas fonctionner » ou « Là, la lumière n'arrive pas comme on pensait » ou je ne sais pas quoi. Ça peut être aussi des découvertes merveilleuses de trouver, je ne sais pas si ça t'est déjà arrivé d'ailleurs, de trouver des décors.

  • Speaker #0

    Exactement. J'ai deux exemples comme ça. Dans un appartement parisien, il y a beaucoup de moquettes. Oui. des différences de niveau qu'on avait un peu de mal à expliquer. On ne pouvait pas les déposer tant que je ne commençais pas. Et en plus, on a tendance à laisser les sols d'origine, quand ils ne seront pas restaurés, le temps de la démolition, parce qu'en fait, ils servent de protection à ce qu'on va faire ensuite, quand il y a des moquettes, on a tendance à les laisser aussi, en faisant quelques sondages.

  • Speaker #1

    Tu savais quand même s'il y avait du parquet, de la pierre ? Du parquet,

  • Speaker #0

    on savait. Et la découverte, c'est qu'on se doutait qu'il y avait une pierre ou une mosaïque, mais... Sur les sondages, en fait, il n'y avait rien de très joli. Mais en déposant la moquette d'une entrée, on a retrouvé une mosaïque art déco absolument splendide. Incroyable. Qu'on a pu réparer. Et à qui on a pu redonner tout son lustre et qu'on a fait revivre. Donc ça, c'est assez touchant parce que c'est un savoir-faire qu'on retrouve. C'est une empreinte qui va rester. Et notre passage, ce n'est pas de faire table rase du passé, c'est de se dire comment on peut s'appuyer sur l'existant. pour créer une trame, une histoire. Et là, en l'occurrence, on redécouvre assez tard dans le projet un élément qui marche avec l'ensemble.

  • Speaker #1

    Mais il faut que ça marche. Tu avais prévu quoi à la place de cette... En enlevant la moquette, tu pensais mettre quoi normalement ? Du parquet ?

  • Speaker #0

    Je pensais remettre une mosaïque.

  • Speaker #1

    Ah !

  • Speaker #0

    Formidable ! Donc on avait dessiné, mais on n'avait pas commandé. On attend quand même d'avoir complètement déposé, de déposer ce qu'il y aura en dessous. Ce qu'on voyait était très abîmé, en fait. Et en fait, on a juste restauré et...

  • Speaker #1

    C'est horrible. Et alors, je ne sais pas si ça s'est déjà arrivé, mais j'imagine que ça doit arriver à tes consoeurs, confrères, de découvrir un élément comme ça et le client ne souhaite pas le conserver ou ça ne fait pas du tout partie du projet et on le sacrifie ou on le recache. Je ne sais pas si c'est déjà arrivé ça.

  • Speaker #0

    Ça peut arriver. Ça peut arriver, j'irai en particulier sur des escaliers qui... qui ont du sens avec le projet d'origine, avec la construction d'origine. Nous on travaille souvent sur des maisons années 20, années 30, qui ont un peu toutes les mêmes escaliers, avec un garde-corps en bois qui est travaillé de la même manière, avec des petits bois, avec des côtes très graphiques. On a tendance à essayer de les conserver au maximum. Parfois, ils sont trop abîmés. Et refaire exactement identique de l'ancien sans que ce soit exceptionnel, ce n'est pas exactement ce qu'on aime faire non plus. Et parfois, le cahier des charges de nos... clients et de restructurer beaucoup plus lourdement, notamment en déplaçant les escaliers. Et dans ce cas, c'est leur intérieur, que ce soit leur bureau ou leur résidence privée. Donc quand j'ai une conviction, c'est clair qu'on va se battre pour ça et le plus longtemps possible. mais c'est pas un combat en fait. Moi je préfère, à l'idée de danser avec nos clients, je dirais, de donner un rythme et un tempo, il faut les deux dans un projet. Le tempo va donner la base et hop après le rythme une musique. Mais c'est chez eux. On est quand même à leur service. On a une collection, mais on est à leur service.

  • Speaker #1

    Alors moi, on va rentrer dans ton métier. Pour qui tu travailles, tu nous expliques un peu tout ça. Mais moi, j'ai une frustration en tant que fan d'architecture, d'architecture d'intérêt. de design mais j'ai une frustration et peut-être même un combat je peux bien quand on le monnaie d'ailleurs mais c'est de voir des espaces plutôt des espaces tertiaires qui sont des immeubles à paris qui sont qui sont historiques dont on conserve les façades mais pour des raisons de réglementation de d'accessibilité de deux flux de passage de fluides de climat etc on est obligé et d'économie du principal campas son même endroit mais voilà moi ça me je me dis mais on est obligé de détruire des endroits et c'est le patrimoine de l'architecture et donc une partie de la culture française notamment, et c'est vrai dans plein d'autres pays, qu'est-ce que tu en penses ? Enfin, comment on peut faire ? Parce que c'est vrai qu'on ne peut pas obliger un client à payer 40% de plus pour conserver un plafond ou un escalier, mais en même temps... On a tous visité des intérieurs qui ont été complètement ravagés par une absence de culture, et pas pour une raison d'économie, mais où des parquets anciens ont été recouverts, etc. Et je me dis, mais il faut conserver ce truc-là. Comment on fait ?

  • Speaker #0

    Alors, c'est une vraie question. Je pense qu'elle... Merci. Elle se décline en trois réponses. La première, c'est que, déjà par chance, il existe des entreprises qui déposent les matériaux anciens, qui les restaurent et qui les revendent. Donc ça permet de reconstituer les intérieurs dans des lieux qui, à l'inverse, ne sont pas restaurables. Donc on peut retravailler sur un bâtiment Art Deco ou Art Nouveau, par exemple, qui a été trop abîmé, en réintégrant des décors dans un bâtiment du même type qui, lui, est démonté partiellement. c'est un premier élément, c'est quand même assez intéressant de savoir que ça existe et que tout ne disparaît pas.

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai.

  • Speaker #0

    Ensuite, On rejoint les questions de patrimoine en France, mais heureusement, le patrimoine français, européen, d'ailleurs, est très riche. Et il existe de nombreux lieux qui sont intéressants et qui sont le témoin de chaque époque. Il reste de tout partout bien restauré. Et il y a des passionnés de patrimoine qui sont là pour ça, pour préserver les lieux, pour les ouvrir au public. Et... Pour en prendre soin ? Pour préserver des histoires ? Pour témoigner de savoir-faire ? Pour faire travailler des artisans ? C'est le deuxième élément. Ça existe quand même.

  • Speaker #1

    Oui, non mais c'est vrai.

  • Speaker #0

    Et le troisième, c'est la réponse plus directe à ta question. C'est dans la mesure où on doit utiliser un lieu. Et qu'il y a des réglementations auxquelles on ne peut rien, parce qu'elles ont été développées, la présence de sécurité principalement. Est-ce qu'on pourrait faire mieux ? Et autrement, oui, clairement. Et comme tu le sais, on s'attache à le faire. Et sur un projet sur lequel on travaille ensemble, on va essayer au maximum. de réintroduire des codes qui vont être intéressants et qui vont souligner l'architecture du bâtiment. Mais je ne suis pas passéiste, j'aime beaucoup l'histoire, j'aime l'architecture. Je voudrais pouvoir préserver un maximum des lieux anciens. Et en même temps, je crois qu'au moment où Cellulian a été créé, c'était le meilleur de ce qui se faisait. Et je pense qu'on a la responsabilité aujourd'hui de les restructurer, de les retravailler en les respectant, mais quelque part aussi en y faisant travailler le meilleur de la création contemporaine. Donc je pense qu'il faut vivre avec son temps, en respectant ce qui a existé. Quand on peut conserver, évidemment, des vitraux et les faire restaurer, bien sûr. S'il entrait une belle mosaïque, évidemment que j'ai envie de la conserver. mais si il faut parfois sacrifier un élément secondaire qui n'est pas forcément un marqueur extrêmement important ou significatif parce que ça rend le projet possible je crois que c'est aussi l'intelligence de l'architecte de savoir guider son client sur ce que l'on doit conserver ce pourquoi il faut se battre ce qu'il faut expliquer aux quittés monuments et aux architectes des bâtiments de France Parce qu'évidemment, il y a tous ces paramètres-là à prendre en considération. Et en même temps, comment aller de l'avant ? Je l'ai dit un peu au début, notre métier, c'est notamment de rendre possibles les projets. Et donc, d'analyser les bâtiments, de bien les comprendre. de comprendre l'objectif de nos clients et de concilier tout ça. Et on a un travail d'explication à faire aussi.

  • Speaker #1

    Mais ça, ça suppose que... Alors, c'est très clair, j'aime beaucoup cette réponse, mais ça suppose aussi... d'avoir cette conviction et je pense que tout le monde ne l'a pas dans son métier beaucoup long heureusement et 2 d'avoir les bons clients alors les bons projets j'imagine que naturellement ça se fait enfin tu veux tu vas peut-être nous parler de ton pire projet c'était une question que j'avais aussi mais alors pour qui atelier compostelle ton équipe de talent et toi même travaillez vous et quels sont vos c'est quoi les personas de l'agent des clients de l'agence écoute m

  • Speaker #0

    Le persona du care de l'agence, déjà, il est le même sur les projets résidentiels et les projets workspace. Le persona, c'est quelqu'un qui est convaincu de l'importance des lieux dans lesquels il vit, où il travaille, sur ce qu'il va y vivre. Alors dans les projets workspace, on va venir appuyer une méthode de management, on va venir appuyer une image. on va venir souligner un propos. Donc ça, la conviction sur l'importance de l'intérieur, elle est vraiment un point commun entre nos clients. Ensuite, nos clients, ils recherchent des éléments de différenciation et ils recherchent, j'allais dire, une vraie relation avec leur architecte. Ils recherchent un échange qui va mêler culture, architecture et monde de l'art. Pour avoir une approche globale. On vient nous chercher pour ça aussi. Ils viennent rechercher un sparring partner. ils auront des idées, mais nos clients ont souvent envie d'être surpris. Ils nous font confiance. Ils ont envie qu'on les écoute, qu'on comprenne, qu'on les challenge. Ça fait vraiment partie des points communs de nos clients, je crois. De pouvoir discuter avec nous, d'être écoutés. On nous remonte souvent le fait que on devient très souvent amis avec nos clients après les projets. C'est aussi parce que nous avons su nous écouter et créer des relations privilégiées. Alors qu'avec d'autres expériences précédentes, on n'osait pas trop dire ce qu'on pensait. Ou en fait, l'architecte imposait son point de vue. Et donc, nous, nos clients, ils viennent nous chercher aussi pour avoir un point de vue, mais pas pour qu'il soit imposé sans avoir du sens.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    La personne type, ensuite, est sensible au monde de l'art. Ça, je crois que je l'ai souligné.

  • Speaker #1

    Donc, c'est en gros. Alors, j'ai bien compris ce lien entre tous tes clients.

  • Speaker #0

    Après, géographiquement, peut-être quand même.

  • Speaker #1

    Non, géographiquement. Et puis, dans le secteur du travail pour le résidentiel, travail pour des... espaces de travail, l'hospitalité un petit peu j'imagine.

  • Speaker #0

    Oui c'est ce qu'on voudrait développer en fait. On a eu quelques expériences dans le monde de l'hospitalité qu'on a beaucoup aimé notamment on a restructuré tout l'espace d'accueil et le lobby de l'hôtel des Frères et Barbeaux Rabidard. et la perception du lieu à travers le changement qu'on a apporté dans le lobby correspond exactement à ce qu'on a voulu faire avec nos clients qui était d'être réellement un lien entre le moment de la réservation où souvent leurs clients réservaient pour le restaurant étoilé et allaient à l'hôtel et maintenant les clients réservent pour l'hôtel notamment à travers l'image que l'on a pu transformer ensemble

  • Speaker #1

    Et c'était une partie du cas des charges ?

  • Speaker #0

    Oui, en fait c'était une discussion sur Le lobby est sous-exploité d'un point de vue espace et volume. La réception a une circulation pas très logique. Et c'est un endroit que moi je connaissais bien. Et en fait la première chose qui m'est venue à l'esprit était qu'il manquait un lien. entre le moment de la réservation, entre l'image qu'on se fait et le moment où on arrive. Alors que le volume était présent, les angles de vue étaient présents et donc il fallait restructurer pour réorganiser et donner cette image premium qui correspond au service qui était déjà apporté.

  • Speaker #1

    Tu peux nous le décrire, ce lieu, pour ceux qui ne le connaissent pas ?

  • Speaker #0

    En fait, c'est une grande maison basque qui est la troisième génération. Donc, en fait, les hommes cuisinent. Xavier et Patrice sont chefs et ils ont une étoile. Et leurs épouses s'occupent de l'entreprise et de l'hôtel. Ça donne un contexte parce qu'il y a une logique familiale, en fait, où cette sensibilité-là, elle devait être présente. C'est vraiment une maison basque. Et l'entrée de l'hôtel, qui est une construction un peu plus récente, des années 70 à peu près, était un très grand volume, avec plus de 6 mètres sous plafond, qui donnait sur un escalier deux volets, mais deux volets qui se font face. Encore une autre perspective. Et on entrait, il y avait un petit bureau sur la gauche, et puis le reste était... il y avait un billard. En fait, on ne savait pas exactement où il fallait aller, et le volume n'était pas perceptible. et au Pays Basque les bergers ont un bâton qui s'appelle le Makita qui est fait en oistier et en fait chacun est unique à son veinage particulier et pour moi le passage de témoin la notion de bâton, de marcher ensemble de nouveau peut-être et de tradition basque était extrêmement importante et en fait on a appelé ce projet Makita Et j'ai dessiné un immense desk qui doit faire 7 ou 8 mètres.

  • Speaker #1

    Qui est la banque d'accueil.

  • Speaker #0

    En fait on arrive et dans l'entrée on a ce très long desk avec plein de petits bâtons verticaux qui ont l'inspiration du coup le bâton basque et sur l'arrière une gigante. grantesque bibliothèque, dans lequel il y a évidemment tous les éléments techniques nécessaires à un desk d'accueil dans un hôtel, mais plein d'objets basques et de beaux objets, en fait. Donc, ça devient, quand on arrive, on est immergé dans la culture basque, mais contemporaine. Et on a travaillé avec les entreprises locales. J'ai dessiné des luminaires qui sont inspirés des fleurs et des feuilles et des végétaux du jardin des chefs. C'est un lien entre le restaurant et l'hôtel. Ça a été créé par Asel Malchak, qui est une artisane basque et qui avait déjà travaillé pour le restaurant.

  • Speaker #1

    Tu connaissais avant ce projet ou tu l'as cherché pour le projet ?

  • Speaker #0

    Je savais ce qu'elle faisait parce que j'avais vu quelques éléments du restaurant, mais je ne l'ai pas... J'ai proposé à nos clients de l'intégrer sur le luminaire, qui n'était pas encore un volet qu'elle avait forcément développé. Mais bon, elle a dit qu'elle était partante, elle a essayé et on aime bien l'idée de la réalisation. Donc ça a renforcé ce lien entre les deux parties de la maison. On a ces grands luminaires en métal très proches du cortène. Cet immense volume noir autour du Makita, autour duquel on circule, il permet désormais d'intégrer un volet boutique. En bureau, pour la directrice de l'hôtel, tout a été regroupé. On a installé une cheminée autour de laquelle les clients peuvent venir en hiver, passer un moment, et même à l'automne. Se poser sur un canapé autour de la cheminée, c'est hyper agréable.

  • Speaker #1

    Donc tu as vraiment complètement bousculé l'expérience du visiteur, du client, peut-être même du collaborateur qui travaille dans cette zone.

  • Speaker #0

    Oui, parce qu'en fait, je pense que pour les collaborateurs de l'hôtel, c'est beaucoup plus agréable. C'est beaucoup plus simple. Et puis là... voir le sourire, c'est ce qu'elle me dit, c'est le sourire de leurs clients quand ils arrivent. Il n'y a rien de plus motivant quand on commence une expérience hôtelière que de recevoir son client, de voir qu'il a le sourire, qu'il regarde partout. Et ça, quelques années, ça fait trois ans qu'on a fini ce projet. Et j'avoue que ça me touche encore beaucoup. Chaque fois que j'y vais, elle me dit « qu'est-ce qu'on est bien ici, à Paris Grégoire, à travailler » . Et chaque fois que des clients viennent, maintenant, ils viennent pour l'hôtel. Et la réception, il y a vraiment un espace où la notion de lobby a pris tout son sens. Donc, oui, c'est une expérience qu'on a beaucoup aimée. Et j'aimerais vraiment reproduire cette expérience-là. En fait, pouvoir dessiner des lieux auxquels tout le monde a accès. Parce que finalement, on dessine des intérieurs auxquels les collaborateurs, les clients ou des familles ont accès.

  • Speaker #1

    C'est vrai que le lieu de l'hospitalité...

  • Speaker #0

    Que n'importe qui s'allait déjeuner ou dormir dans un lieu qu'on a pensé, c'est vraiment dans les ambitions de l'atelier.

  • Speaker #1

    Oui, ok, ok. Alors, une question sur, tu disais, nos projets sont, enfin, nos clients deviennent parfois des amis, même souvent. Alors moi, je me souviens d'une discussion que j'ai eue avec Joseph Dirand, qui est un architecte des PLG et qui fait beaucoup, beaucoup, beaucoup d'architecture à l'intérieur. Il me disait, alors lui, il me racontait, alors ça a peut-être changé, c'était il y a quelques années, mais il me disait, en fait, c'est un accouchement qui est tellement douloureux que neuf fois sur dix, je me fâche d'une manière ou d'une autre. C'est pas qu'il se fâche, mais qu'il y a une... Je ne sais pas, pas trahir sa pensée, mais il m'avait expliqué que c'était parfois très douloureux parce que peut-être les clients devaient accepter certaines concessions, j'en sais rien, mais qu'au bout d'un moment, il y avait toujours un moment de quelques semaines, quelques mois où on ne se parle plus, on ne parle plus à nos clients, on ne les voit plus, on a livré le truc, ils vivent dans leur intérieur ou dans leur hôtel ou je ne sais pas quoi. Et que souvent... Quelques mois, quelques années après, il y avait un nouveau projet avec ce client, mais qu'il y avait toujours une phase un peu de « c'est bon, stop » . Toi, c'est totalement l'inverse, j'ai l'impression.

  • Speaker #0

    Moi, j'ai moins cette expérience-là, peut-être notamment parce qu'on prépare nos clients à ce qu'ils vont vivre pendant le chantier. On explique qu'un projet d'architecture d'intérieur, c'est un peu comme un mariage, dans le sens où il y a une phase… On se découvre, tout va bien, et puis on peut douter. On peut s'éloigner un peu, respirer, mais en gardant le contact. Ça, c'est le rythme de nos rendez-vous. Parce qu'en fait, il y a une conviction, il y a une envie de faire. Et le monde extérieur peut nous influencer. On prévient nos clients qu'en en parlant avec les familles, avec les amis, tout le monde n'a pas la même vision des choses. Et ils peuvent douter. Mais par contre, on sait qu'ils nous ont choisis, qu'ils nous font confiance. et qu'on avance ensemble à des rythmes qui peuvent être différents parfois, mais on leur explique tout ça. Et on sait qu'il peut y avoir des moments où on va devoir rapprocher les rendez-vous, d'autres où on va les espacer un peu, où la respiration va permettre de se rendre compte qu'on est vraiment dans la bonne direction, mais pas se fâcher par contre. Donc ce rythme-là de la préparation du projet, c'est assez normal. Et puis il y a la phase de pré-projet, de pré-lancement du chantier. Où là, tout s'accélère. Donc tout le monde est dans l'euphorie du démarrage des travaux. Puis il y a le temps fort du démarrage du chantier. Ce qui veut dire aussi être sur un planning officiel.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Donc là, c'est une question super processée. Il faut tenir une cadence, expliquer le planning, par où on va passer.

  • Speaker #0

    Et dans l'agenda de chantier ensuite, il y a des phases hyper enthousiasmantes où tout va vite. Ce n'est pas que ça va vite, en fait. C'est juste que l'exécution a été préparée, elle est rapide et ça se voit. Et on sait qu'il y a des phases dans lesquelles tout est moins visible.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    c'est ça. Il y a des phases de plus-value parce qu'il y a des techniques qui ont été anticipées, mais qui fonctionneront ou pas. parce qu'il y a des décisions qui sont prises souvent par nos clients aussi et qui impactent l'enveloppe globale ou le délai. Et c'est sûr qu'il y a des timings nécessaires à la bonne exécution des projets. Et puis des phases qui sont frustrantes parce que quand on est dans le ponçage des murs et dans les enduits, il peut se passer un mois, deux mois.

  • Speaker #1

    Oui, on a l'impression qu'il ne se passe rien. Exactement. Ça ne bouge pas,

  • Speaker #0

    il n'y a pas de physionomie du mieux. Ça peut être angoissant, ça peut être... Mais par contre, c'est dans le planning, faites-nous confiance. Si je vous dis que le projet sera livré ou tenté, il le sera. Et si je pense que ça ne l'est pas, je vous le dirai dès que je le sais.

  • Speaker #1

    Ok, donc c'est une transparence.

  • Speaker #0

    Donc, est-ce pas une situation... On ne dit pas tout va bien quand ça ne va pas. En revanche, on épargne à nos clients beaucoup de soucis. On ne leur partage pas du tout les tracas du chantier. Ils restent chez nous, ils sont gérés. Et on propose à nos clients des solutions entre lesquelles ils doivent choisir. Oui. Donc, je n'ai pas de... Non, pas de mauvaises expériences. On n'en peut plus. Mais c'est aussi...

  • Speaker #1

    J'imagine qu'il y a des périodes de tension qui arrivent quand on explique mal, quand on n'est pas suffisamment transparent, quand il y a des surprises qu'on ne communique pas.

  • Speaker #0

    Oui, je ne dis pas que ça n'arrive jamais. Il y a des moments où on peut moins se comprendre. Il y a des moments où... Les projets sont gérés à l'atelier par des chefs de projet, pas par moi directement. Je vois tout, je sais tout, mais il y a des moments où je sens qu'il faut que je sois là. Où je viens plus souvent, en tout cas, entre les réunions de chantier. où je participe à un rendez-vous, où je prends les clients avec moi pour aller voir une expo, pour aller choisir quelques luminaires complémentaires. Je sens parfois qu'ils ont besoin de ne pas être que dans les timings, les budgets et de remettre de l'enthousiasme. Et ça, on a créé des process pour faire en sorte que dans les phases, comme tu disais, un peu douloureuses, ou un peu molles, il y ait des temps un peu plus ludiques, ou en tout cas dans lesquels on fait des choix. qui font plaisir. On le garde toujours sous le coude. Le choix d'un textile, les petits fauteuils complémentaires, le joli luminaire qu'on va venir poser sur un buffet.

  • Speaker #1

    Donc tu manages tes clients, c'est bien. Je vois ça.

  • Speaker #0

    Tu disais tout à l'heure quel serait ton pire projet. Je pense que le pire projet, c'est celui où on ne se comprend pas. Celui où on n'arrive pas à s'entendre. J'ai un souvenir comme ça et c'est forcément douloureux. Le contexte, c'est que nos clients travaillent tous les deux. avec des responsabilités importantes dans... Je dirais pas dans quoi, d'ailleurs.

  • Speaker #1

    C'est un projet résidentiel. C'est un projet résidentiel.

  • Speaker #0

    Et en fait, t'habitais à l'étranger. Son rentrée-vivre au Luxembourg et du jour au lendemain, n'ont plus d'occupation autre que de vivre dans un chantier en site occupé.

  • Speaker #1

    Aïe, aïe,

  • Speaker #0

    aïe. Exactement. Avec des ambitions qui étaient adaptées à ce qu'ils étaient avant, mais qui devenaient insupportables pour eux. Et en fait... Tout a... Enfin, ça n'allait plus.

  • Speaker #1

    Ils avaient vécu dans le lieu avant les travaux ?

  • Speaker #0

    Non, ils n'avaient pas vécu dans le lieu avant. Mais par contre, ils y vivaient dans un lieu très confortable et le chantier, ils le voyaient à distance. Et ils ont dû déménager dans cet endroit-là, en plein chantier, et se retrouver d'une villa gigantesque à un espace un peu calfeutré et puis avec des travaux. En fait, il y a une équation entre le temps qu'on avait prévu pour le projet, l'ambition qui était qu'on avait en gros tout cassé. C'était un duplet. On a regroupé deux appartements, cassé des dalles pour créer les bafons cathédrales. On a recréé un escalier. Et en fait, je vous fais confiance, tout roule. Tout était remis en question chaque semaine. Et plus rien, en fait, on n'arrivait plus. A se faire confiance. On n'arrivait plus à... Le chef de projet ne voulait plus aller au rendez-vous, à tel point qu'il était tellement stressé qu'il a quitté l'atelier. En disant en fait, ce métier est trop stressant. Alors ce n'est pas ce métier qui est trop stressant, c'est cette situation. particulière et j'aurais préféré le savoir quelques mois avant pour t'aider. Donc ça, c'est aussi un échec pour moi, de perdre un collaborateur parce qu'il n'est pas heureux. Et c'est douloureux parce qu'en fait, c'est un projet où tout s'est accumulé pour plus rien n'aille. Alors, l'exécution est restée impeccable. Mais ça se passait moins bien avec l'entrepreneur. Les clients essayaient de le voir le week-end, ou le bureau est fermé le week-end. En fait, il n'y a plus rien qui marchait. La communication ne marchait plus. Ils ne nous faisaient plus confiance, on ne leur faisait plus confiance. Et j'ai eu l'impression d'avoir tout essayé.

  • Speaker #1

    Et le retour de ces clients en cours de chantier n'était pas prévu, j'imagine. C'était une dimension que tu n'avais pas du tout.

  • Speaker #0

    Non, et s'ils avaient anticipé ça, j'aurais poussé moins loin l'ambition pour le projet. J'aurais typiquement pas fait recouper des dalles, j'aurais pris moins de risques. Redessiner un escalier de manière plus simple. Là, on a vraiment pris, on a dessiné quelque chose qui est un escalier imbriqué dans une bibliothèque. Ce qui veut dire que c'est vraiment du millimètre et qu'on doit vraiment pouvoir adapter la menuiserie, y compris en cours de pause. Et ça, c'est quelque chose. En fait, chaque adaptation, pour eux, devenait « vous êtes trompés » . Non, c'est du sur-mesure, c'est comme une robe sur-mesure.

  • Speaker #1

    On ajuste tout le temps.

  • Speaker #0

    On ajuste jusqu'au dernier moment. Il y a l'intention, il y a le dessin. Et la robe est parfaite. On a pu prendre 100 grammes, on a pu perdre un kilo. Elle est parfaite parce qu'elle est adaptée pour vous au moment où vous en avez besoin. Et ça, on n'a pas réussi à la faire comprendre. Mais ça reste un échec pour moi.

  • Speaker #1

    Mais tu as appris beaucoup.

  • Speaker #0

    J'ai appris beaucoup, mais c'est pas douloureux parce que quand je les croise... Je sens qu'ils ne sont pas heureux de la conclusion que ça a donnée.

  • Speaker #1

    Ils sont heureux d'un lieu ?

  • Speaker #0

    Je n'en sais rien. Je l'espère, mais je ne sais pas vraiment. Et j'avoue que je les ai croisés encore il n'y a pas très longtemps. Ça a laissé un espèce de malaise. C'est dommage. Pour moi, ça, c'est un vrai échec.

  • Speaker #1

    Oui, je comprends.

  • Speaker #0

    On a réussi l'architecture, on a réussi le timing, on l'a tenu. Mais on n'a pas l'ambition d'une transformation. La réussite, elle est liée aussi à la perception qu'on en a.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Et que le client va en avoir, et qu'il est heureux.

  • Speaker #0

    Alors que le plupart de nos clients sont très heureux quand leur projet est en cours, quand il est livré, et on se voit encore en dehors. Ils ont plaisir à en parler. Moi, mon meilleur ambassadeur, c'est mon client.

  • Speaker #1

    Bien sûr. Donc, tu travailles aujourd'hui beaucoup Luxembourg, France, dans des zones en particulier, Île-de-France, Renal.

  • Speaker #0

    En fait, le bureau de Luxembourg s'occupe de Luxembourg. Et la Belgique. Et le bureau de Paris s'occupe de... de Paris évidemment, des alentours de Paris et des projets en province qui sont en ce moment Bretagne principalement. On a travaillé dans le sud de la France, on a travaillé en Savoie, on a travaillé au Pays Basque. On adore. Mais en fait on pourrait aller beaucoup plus loin surtout. J'adorerais avoir des projets. J'adore l'Italie donc j'aimerais travailler en Italie, j'adorerais faire une villa au bord d'un lac italien. Voilà ça fait partie des choses qui sont dans le radar pour la suite. Oui exactement.

  • Speaker #1

    C'est quoi les métrics ? Alors je ne parle pas de tes chiffres et tout ça, sauf si tu veux en parler, mais on parle de combien de projets par an ? Je ne sais pas si on peut parler d'un panier moyen ? C'est quoi un peu les indicateurs ?

  • Speaker #0

    Alors l'idée est que chaque binôme de chefs de projet travaille sur cinq projets en parallèle. Ça veut dire qu'il y a toujours un projet qui est au tout début. Et je pourrais te dérouler un projet. Et un projet qui est en train de se faire. train de se terminer. On sait qu'un projet qui se termine, les 10% qui restent prennent 30% du temps. C'est connu. C'est à peu près ça. On est une dizaine au bureau, sachant que tout le monde ne travaille pas, il n'y a pas que des chefs de projet, puisqu'on a aussi des personnes qui ne font que de la 3D. Ça, c'est quelque chose que nous, on veut garder au sein des équipes, parce qu'on monte assez tôt les volumes en 3D blanche pour voir les espaces.

  • Speaker #1

    3D blanche, c'est donc des 3D plassures mères, filaires ?

  • Speaker #0

    Exactement, c'est en noir et blanc, c'est le volume réel, mais il n'y a pas de matériaux, il n'y a pas les lumières, il n'y a pas tout ça. Mais on voit les volumes quand même.

  • Speaker #1

    Et le but, c'est de vous rendre compte, mais aussi de faire valider des choses aux clients ?

  • Speaker #0

    Exactement. Exactement, parce qu'en fait, tout le monde n'a pas la même perception des espaces. Quand je rentre dans un intérieur, en fait, je le vois fini.

  • Speaker #1

    Ok, mais ça, tout le monde ne le voit pas.

  • Speaker #0

    Et je dois arriver à communiquer, et parfois pas trop tôt, ce que j'ai en tête, les angles de vue, les volumes et transformations qu'on apprend. proposer, il faut parfois aller par étape. Mais j'y reviendrai, je vais répondre à ta question. L'idée, en tout cas, c'est j'ai dans ma tête une quinzaine de projets en permanence. Les volumes sont très différents, donc c'est sûr que parfois c'est plus. Sachant que dans la gamme de projets, ça va d'une offre qui s'appelle les one day design. C'est environ une semaine de travail, mais c'est une journée complète avec les clients. Ah oui,

  • Speaker #1

    tu as trouvé tes offres carrément en fonction des...

  • Speaker #0

    Alors celle-là... Là en particulier, parce qu'en fait je voulais avoir une offre qui permette à à peu près tout le monde d'avoir accès à la touche compostelle, et d'avoir un temps avec nous, d'avoir notre regard. Parfois c'est choisir l'illuminaire d'une maison, parfois c'est revoir des plans d'un projet en VFAR, mais c'est l'équivalent d'une journée complète ensemble, plus un temps de préparation. et un temps de post-traitement. Ça, c'est vraiment le minimum pour travailler avec nous.

  • Speaker #1

    Et ça, tu as forfaitisé carrément un prix ? Ça,

  • Speaker #0

    je peux te le donner, c'est une offre qu'on vend, 3500 euros hors TVA, et qui a un vrai coup de pouce. On travaille vraiment, on donne vraiment nos idées, c'est vraiment notre style. Simplement, c'est sur un temps condensé pour le rendre accessible.

  • Speaker #1

    Et donc, attends, je creuse un peu, ça veut dire qu'un client vient te voir en disant « je veux la touche Compostelle » . Sur le one day design pour pimper mon salon ? Ça peut être ça ?

  • Speaker #0

    Ça peut être ça. Soit parce que le projet est trop petit. Ça peut être, par exemple, la conception d'un studio. On sait qu'on ne fait pas tout sur l'équivalent d'une journée à deux architectes, je précise. Et du temps avant après, en revanche, on va donner le fil conducteur. Et on va faire venir en fin de journée un entrepreneur pour chiffrer les travaux. Ça peut être que le projet est trop petit pour une mission globale, soit il est trop spécifique. Tu parlais de pimper ton salon, c'est exactement ça. On a acheté une maison, on l'a meublée par nous-mêmes, on a fait des choix et on se rend compte qu'il n'y a pas de liant, par exemple. Qu'il manque un style. Et donc, on peut très bien passer une journée à définir une démarche stylistique, à définir un listing de... d'objets, de mobilier, d'œuvres d'art par exemple. Ça peut être aussi le dessin de menuiserie. On peut terminer un projet, pas avec nous, et se dire, ce projet-là, il n'est pas terminé. Et plutôt d'aller voir directement un... agenceur qui va nous faire un projet par exemple le style de ce qu'il sait faire et ce qu'il peut fabriquer on vient vous voir et on sait que vous avez la possibilité de travailler avec différentes usines différents ateliers pour rendre possible notre projet Donc c'est quelques exemples de ce qu'on peut faire. Ça peut être de la déco, ça peut être du plan. C'est deux architectes, une journée, et le travail préparatoire. Ça c'est l'entrée. Après, ça peut être aussi, on a envie de faire un projet avec vous, mais on n'a pas le budget pour. Donc on rentre par le one day design. Mais sinon, de manière générale, on nous confie la conception globale d'un lieu. Et la conception du projet, la description des travaux. le suivi du chantier ça c'est le plus intéressant pour nous évidemment

  • Speaker #1

    Alors t'as parlé du point commun entre tous tes clients t'as parlé aussi du style Compostelle, de la touche Compostelle pourquoi on vient vous voir ? Pourquoi ?

  • Speaker #0

    Alors beaucoup te répondront on vient nous voir parce qu'on aime le bleu Oui mais pas que la palette de bleu est clairement celle dans laquelle moi je me sens le mieux qui nous ressemble il y a des centaines, des dizaines des centaines de nuances de bleu. Nos clients ne viennent pas que pour une teinte, même si on a la chance d'avoir créé deux collections de couleurs. Une pour Perrault et l'autre pour Robin, qui est un fabricant de peinture à Luxembourg. Donc on peut piocher des couleurs, évidemment, dans nos nuances. C'est ce qui se voit parfois de l'extérieur. Mais évidemment, je suis Madame Bleu, mais pas que. En fait, d'abord, on vient nous voir parce qu'on sait qu'on tient nos engagements et qu'on rend possible des projets qui sont ultra personnalisés. on vient nous voir parce qu'on a un bureau qui est discret, on fait très attention à la confidentialité, ça fait partie aussi des éléments de choix de nos clients.

  • Speaker #1

    C'est le côté luxembourgeois ?

  • Speaker #0

    Non c'est le côté moi ça je pense enfin c'est de manière générale je suis assez discrète je ne parle pas des gens Et évidemment, on a besoin que nos clients communiquent sur nos projets. Et on a besoin de communiquer sur les réseaux. On a besoin de... Quand les marques pour lesquelles on travaille nous permettent d'en parler, c'est évidemment extrêmement intense, parce que c'est un booster. Parce que c'est un élément de notoriété. Mais dans aucun de nos projets communiqués, on ne voit nos clients, sauf quand ils le souhaitent. On ne sait pas où c'est. Sauf quand c'est des bureaux et qu'on peut communiquer autour, évidemment. Donc ça fait quand même partie... On n'est pas le bureau qui... toutes les semaines, va faire une story sur sa réunion de chantier en citant monsieur, madame, machin ou l'adresse, ou nos projets, ils ne s'appellent pas... C'est pas 17 Perrer, 31 Haussmann, jamais. Je le tiens vraiment au hasard en plus. Donc ça fait aussi partie du choix de l'atelier. On vient nous choisir parce qu'on prend des risques. Et ça, c'est aussi un élément important, c'est que... Il y a la gamme dans laquelle on peut travailler, il y a un style global et je vais le développer. Mais on va vraiment à chaque fois se remettre en question, à chaque fois chercher. À chaque fois personnaliser, on va faire créer des luminaires par exemple pour certains projets. Ça veut dire qu'on a des clients qui acceptent de prendre des risques aussi. Je ne l'ai peut-être pas dit, mais on a des clients qui... On doit mesurer la prise de risque que l'on peut proposer à chacun. Quand on fait de l'ultra prototypage, tout ne peut pas toujours fonctionner, donc il faut un plan B. Ça, c'est un élément, je pense, qui est important. Alors, dans le style compostel, évidemment, il y a quand même des éléments signatures. On a développé des choses qu'on aime beaucoup. Par exemple, on aime positionner des matériaux qui ne délimitent pas au sens propre les pièces. C'est-à-dire qu'on va avoir un parquet qui va faire la continuité entre des chambres, une salle de bain, un couloir, et qui va s'arrêter quatre carreaux avant la baignoire.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et donc, on va reprendre un sol ensuite qui va faire le sol, puis remonter dans une bouche ou dans une baignoire. Donc le fait de délimiter les espaces de manière non conventionnelle, ça fait partie de ce qu'on fait souvent. On adore créer des espaces très sombres.

  • Speaker #1

    Quand tu dis sombre,

  • Speaker #0

    c'est le bureau.

  • Speaker #1

    Mais le style, il vient quand même de toi ?

  • Speaker #0

    Oui, en fait, mon job au bureau, c'est de diriger la création. Il vient de moi, mais je challenge beaucoup les équipes.

  • Speaker #1

    Tu es directeur de création de l'agence ? Oui.

  • Speaker #0

    Mon job aujourd'hui, c'est de diriger la création et le développement, bien sûr.

  • Speaker #1

    Donc si on prend un projet de type, tu as un brief.

  • Speaker #0

    En fait, on va écrire un brief, on va le définir nous-mêmes et on va intégrer dedans ces éléments signatures, notamment sur la palette chromatique, sur les jonctions entre les sols, sur la complémentarité. Moi, j'aime bien foncer, éclaircir l'espace clair. On adore peindre les plafonds, on adore faire travailler des artistes dans les projets pour venir travailler sur un plafond qui va permettre ensuite d'être une œuvre d'art in situ. On va dessiner beaucoup de bibliothèques, c'est aussi un élément signature, on dessine énormément de bibliothèques. Peindre les plafonds, on en a parlé un petit peu. On crée des alcoves. Depuis le début, un des premiers projets, on avait peint en fait en alcove un salon. Et ça fait partie des éléments que l'on reprend assez régulièrement et qui sont reconnaissables, je dirais, de notre style. Ensuite, dans les éléments de style aussi, c'est que je vais rendre contemporain des marqueurs architecturaux. Par exemple, les éraphites qu'il y avait sur des maisons hors-déco à nouveau en Belgique, je les transforme pour graver des plafonds.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Donc on a modélisé une... une manière de faire qui permet de rendre artistique un plafond donc attends t'as modélisé une manière de faire ça veut dire qu'il y a carrément une technologie un savoir-faire un process en fait ça avait pas été fait en tout cas pas par nos artisans donc on a créé une trame une manière de faire pour venir graver les plafonds C'est un exemple, mais ça fait partie de ce que je veux travailler et développer. Dans les éléments signature, il y a aussi le fait de faire ressortir les détails. Dès qu'il y a un détail, un renfoncement, je ne vais jamais effacer les défauts, mais je vais essayer soit de les faire ressortir, soit de les mettre dans un mouvement plus global. Et puis un dernier élément qui me vient à l'esprit, c'est de lier les pièces entre elles. On a parlé des sols, mais j'aime beaucoup dessiner des menuiseries qui vont relier les pièces entre elles. Qui vont commencer dans une entrée, continuer dans la salle à manger, prolonger dans un salon. En fait, on va créer des mouvements qui... qui floutent les espaces. En fait, qui rendent tout beaucoup plus important que la perception du volume.

  • Speaker #1

    Et très harmonieux, très cohérent. Oui,

  • Speaker #0

    on va créer de l'harmonie, on va créer de la fluidité. Et peut-être le dernier, c'est de casser le côté carré des pièces, en fait. On ne va jamais garder une pièce telle qu'elle est. On va créer un angle par la menuiserie, par du plat, par du taff. Mais on va toujours changer la perception des espaces et les angles de vue. Donc, c'est quelques éléments. Ça fait partie de ce pourquoi on vient nous chercher. Et plus évidemment quand on le peut, pour dessiner du mobilier sur mesure, du luminaire, etc.

  • Speaker #1

    Très clair. Ok. Et c'est quoi la première étape ? Donc tu dis on va écrire le brief, tu vas rencontrer tes clients, chefs d'entreprise, propriétaires d'une maison, etc. D'ailleurs c'est toi qui y vas tout le temps, dans les premiers rendez-vous, quasiment tout le temps ?

  • Speaker #0

    Alors... Moi j'aime rencontrer nos clients et savoir qui ils sont. Ça dépend des typologies de projet, des ambitions de projet. On a vraiment énormément de demandes. Et donc on va en premier entretenir un téléphonique, ça c'est plutôt la directrice d'agence de Luxembourg ou de Paris. qui s'en occupent pour filtrer un peu aussi la demande et voir en fait s'il est important que j'y aille ou si en fait c'est un projet un peu plus mainstream dans lequel les équipes vont très bien gérer. Ça ne veut pas dire que c'est moins exigeant mais ça veut dire qu'en fait elles savent bien, elles savent très vite ce qu'elles vont pouvoir faire donc on a un premier, c'est la première étape. Dès qu'elle identifie des projets qui sont importants pour l'atelier, des projets sur lesquels il y a une ambition particulière et sur lesquels il est important que je sois, je fais le second rendez-vous. Donc je vais voir les lieux, ou rencontrer les clients, ou les deux. de manière générale autant que possible en fait je rencontre nos clients c'est juste que matériellement oui tu peux pas tous les rencontres il y a un premier filtre de l'entretien téléphonique ou de la première visite qui est pas forcément avec moi sur les one day design par exemple ou sur des missions ponctuelles ou plus de conception Il n'y a pas besoin de moi. Je vais voir le projet, je vais y mettre ma patte, mais de manière plus light. En revanche, sur des structurations plus importantes et sur des adresses particulières, par exemple, je pense à un projet sur lequel on travaille ensemble, là, c'est indispensable. indispensable que je sois là. Je dois voir les lieux, je dois comprendre qui sont nos clients. Le timing est parfois court en plus pour remettre une offre. Donc parfois c'est des concours. On en fait peu, mais là c'est pas d'intense. Donc la première étape, c'est vraiment ça, c'est d'identifier qui est le client, ce qu'il veut. Son ambition, son attente aussi, pour formaliser une offre. Après ces deux premiers rendez-vous, on formalise une lettre de mission dans laquelle on décrit tout ce que l'on va faire. On a vraiment un tableau très détaillé de toutes les étapes. En fait, il est proposé par étapes. Donc on décrit, là un projet sommaire, là un projet détaillé. Le dossier de consultation de l'entreprise, tout l'outil d'exécution de menuiserie, le suivi de chantier. Donc tout ça est rédigé. Et on explique également dans ce document-là les documents livrables, pour qu'il n'y ait pas de malentendus. On indique ce qui est en option, ce qui est... Parfois, on optionne les vues de 3D photo réalistes, par exemple, parce qu'on voit que ça peut ne pas être nécessaire. Et ça peut faire basculer le projet dans on prend ou on attend. Il faut aussi... Enfin, j'ai quand même une entreprise à diriger. Il faut que les projets rentrent, et que les bons projets rentrent, en fait.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    Une fois que la mission est présentée, on les présente soit au bureau, soit en vidéo, mais en tout cas, on explique et on répond aux questions de nos clients. Quand elle est signée, on attribue le projet à un chef de projet, un senior, qui va travailler en binôme souvent avec quelqu'un de plus junior. Il y a un volet client et puis un volet exécution dans les projets. On doit allouer le budget dont on dispose en fonction des heures de chacun. La première étape, c'est un gros brainstorming au bureau. Parfois on n'a pas le temps du tout, mais quand on en a, même s'ils sont anciens, on va réfléchir à comment nous on voit le projet, quels sont les angles de vue, on travaille sur l'esthétique pour l'avoir en tête, mais en fait la première étape pour nous c'est vraiment le volume. On va vraiment travailler en plan, sachant que nos clients en parallèle, eux ont très tôt besoin d'avoir un début d'esthétique.

  • Speaker #1

    Oui, ils veulent savoir où valider, savoir où ils vont.

  • Speaker #0

    Pour ça, ce qu'on fait, c'est qu'on fait une grosse analyse d'image. On prend vraiment du temps pour ça avec eux. Pour twister un peu l'accès d'analyse du cerveau et les faire parler de ce qu'ils aiment et ce qu'ils n'aiment pas.

  • Speaker #1

    Donc c'est quoi ? C'est un arbre ? Tu élimines des pistes, c'est ça ? Exactement.

  • Speaker #0

    Et on affine sur une image, on perçoit un mode de vie, qu'il est indignatoire ou pas, espace qui communique, donc barrière ou pas par exemple, ouvert ou fermé, et le dining, ou la linge traditionnelle. Il y a plein de choses qui, à travers l'image, permettent de gagner beaucoup de temps. Ça ne veut pas dire que c'est figé. Ça veut dire que ça donne un fil conducteur. Et les clients ont la satisfaction d'avoir déjà un début de fil conducteur, donc de commencer à se projeter dans leur intérieur.

  • Speaker #1

    Oui, et ils n'auraient pas su te l'exprimer naturellement, forcément. Non,

  • Speaker #0

    enfin, quand on nous dit qu'on souhaite repenser les bureaux pour avoir une image plus premium et des espaces plus chaleureux. En pratique, on n'a pas tous les mêmes mots.

  • Speaker #1

    C'est ça, c'est de l'émotion. On ne décrit pas l'émotion de la même manière. Chaleureux.

  • Speaker #0

    De la même manière que de traduire la singularité de l'approche d'une entreprise. Qu'est-ce qui est singulier ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Donc, tu dois creuser ça et faire cheminer ton client pour avoir la juste expression de son...

  • Speaker #0

    Exactement. Et ça, c'est un temps de travail qui est long, en fait. Et on doit faire percevoir à nos clients le... L'exécution peut paraître rapide parfois, en revanche, les temps de recherche et tout le long du projet en fait, ils sont très longs. Et c'est compliqué quand on vend de l'intangible, d'où l'importance des photos, les photos de fin de projet, c'est extrêmement important. Si on n'a pas de photos, on ne peut pas montrer ce qu'on sait faire, ou des lieux publics, mais on n'en a pas encore, enfin pas assez en tout cas. Tu parles tout à l'heure des temps où on peut se fâcher un peu. On doit expliquer que par moments on doit réfléchir. Il y a un temps incompressible, c'est le temps de la réflexion. se lancer à corps perdu dans un projet sans réfléchir, sans passer du temps dans un intérieur, sans comprendre nos clients, c'est impossible. Enfin moi je pense qu'on se trompe dans ce cas.

  • Speaker #1

    Toi il y a des moments qui t'excitent plus que d'autres dans la vie d'un contrat comme ça,

  • Speaker #0

    d'un chantier On va déjà gagner le projet parce que c'est jamais gagné d'avance, même quand on consulte que nous ça peut ne pas marcher. Et donc c'est vrai qu'il y a cette phase où je fais de mon mieux pour calibrer l'offre le mieux possible. Et chaque fois qu'on signe un projet, d'abord j'en suis fière, j'en suis fière pour notre équipe, parce que c'est grâce à eux. Je veux que l'équipe, quand un projet est signé, mesure à quel point c'est important. Et ça c'est extrêmement chouette, donc on a un WhatsApp, on met un petit gong et tout, on est content. Parce que c'est grâce à nos clients qu'on existe. Et petite parenthèse, mais quand j'entends des agences se plaindre de leurs clients, moi j'en ai presque mal au ventre avec d'en parler en fait. On vit parce qu'on a des gens qui nous font confiance. qui nous accordent leur confiance, qui nous confient un budget, un projet, un timing, sans client. On n'est pas architecte, on est dessinateur. voire on n'est plus rien donc ça c'est extrêmement important à l'atelier, c'est la fierté d'avoir gagné les projets, c'est pas contre nos confrères on est heureux quand on nous choisit et je remercie ça me donne l'occasion, je remercie vraiment chacun de nos clients qui depuis 10 ans nous a confié un projet que ce soit un one day design, que ce soit un bâtiment de bureau

  • Speaker #1

    Pour certains, ils reviennent sur d'autres projets ?

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Ça,

  • Speaker #0

    ça doit être super important. On a des métiers qui manquent un peu de récurrence. Je sais que je dois trouver une manière d'avoir plus de récurrence et le workspace, pour ça, permet plus de récurrence. de la même manière que le dessin de mobilier, de luminaire, la correction de couleur. Il y a plein de choses à côté de l'atelier qui permettent de la récurrence. Mais sinon, on est quand même beaucoup sur du prototypage. Ce qui est récurrent, c'est qu'on réfléchit beaucoup aux aménagements de bureaux, par exemple. Et quand les projets rentrent, on a quand même étudié quelques agencements qui nous paraissent apporter le meilleur des lieux à nos clients. Et dans ce cas, on va pouvoir les proposer plusieurs fois. Parce qu'en fait, aménager une organisation dans des bureaux, le mode de vie dans une cafétéria...

  • Speaker #1

    C'est jamais figé.

  • Speaker #0

    C'est jamais figé. Moi, je suis convaincue, par exemple, reparenthèse, que dans des bureaux, les espaces les plus lumineux, les terrasses, etc. doivent être accessibles aux clients et aux collaborateurs. Ils peuvent être des salles de réunion, ils peuvent être la cafétéria, mais ils ne doivent plus être des bureaux fermés. Je pense que ce temps-là, il est passé, en fait. Donc, je sais qu'on peut perdre des projets à cause de ça. Mais je suis convaincue que quand nos clients sont reçus dans les plus beaux espaces et que les collaborateurs y ont accès d'une manière ou d'une autre, ça montre le meilleur de l'entreprise, quelle que soit sa taille.

  • Speaker #1

    Oui, on se rend compte quand même depuis le Covid en particulier que l'importance... l'importance de l'aménagement d'un lieu dans l'image excellente de la marque employeur est clé.

  • Speaker #0

    Et quand on croise des collaborateurs qui sont souriants, quand il y a une très belle cafétéria, ce qui n'empêche pas d'avoir des salons privatifs, évidemment, pour la confidentialité, mais qu'on voit l'ambiance, on perçoit la qualité de travail. Et quand on réussit ça, je pense que, quels que soient les univers dans lesquels travaillent nos clients, ils... Ils sont choisis eux-mêmes par leurs propres clients pour leurs talents, ça c'est sûr, pour leurs capacités, pour leur identité, pour toutes leurs références. Mais ils sont choisis aussi pour l'image qu'ils véhiculent. Et ça, je crois que là-dessus, nous, on a une énorme responsabilité. J'adore aménager les espaces de travail aussi pour ça. Et j'espère qu'on en fera encore plus, évidemment. Donc dans le process, je fais quelques digressions, parce que ça me paraît important de vous dire ça en quoi moi, je crois.

  • Speaker #1

    Oui, top. On va arriver sur le dernier chapitre avant de te laisser filer. Ça fait déjà 1h45 qu'on discute, c'est génial. Tu vois l'évolution de ton métier de quelle manière ? Et derrière cette question, il y a l'influence de l'IA. qui m'intéresse. Bien sûr. Est-ce que tu t'en sers ? Est-ce que tu vois un bénéfice évident, une autométisation de certaines tâches ? Est-ce que c'est une menace ?

  • Speaker #0

    Alors, je pense que c'est une menace si on n'est que dans l'exécution et si on cherche à répliquer ce qui a déjà été fait. J'ai la chance de connaître le directeur du cloud Azure chez Microsoft. d'avoir pu échanger avec lui aussi sur mon métier. Donc un petit clin d'œil à Xavier Perret et à Carole qui nous avaient mis en contact. D'ailleurs j'ai pu le recevoir dans un club que je dirige, enfin non, je suis présidente, qui s'appelle Féminin Pluriel, qui est hyper intéressant et on a la chance de pouvoir avoir des invités. nous ouvre à plein de mondes différents. Et on a eu cette conversation sur les IA. Les IA. Si on réplique et qu'on duplique, on n'aura plus de moins en moins de valeur, vu que l'IA agrège ce qui existe. Mais ce n'est pas ce que je fais. Donc, moi, j'ai besoin... L'IA est extrêmement utile. Exemple pratique, on cherche la résistance dans le luminaire. En fait, moi, l'IA, elle va me donner à trois secondes la référence, le prix ou l'acheter, alors qu'avant, on devait chercher, creuser, appeler les collègues. C'est un exemple. Je pense que l'IA nous fait gagner énormément de temps. Ça permet de challenger des solutions. Ça permet de faire un travail préparatoire. Moi, je trouverais très intéressant d'avoir une IA dans laquelle on puisse entrer des plans théoriques et qui nous tourne toutes les solutions possibles. Pour nous, on extrait ce qui convient le mieux et n'être plus que sur l'ultra valeur ajoutée.

  • Speaker #1

    Nous, on travaille là-dessus sur comment planifier la meilleure planification d'un lieu. En fonction d'un usage et d'un cas d'écharpe.

  • Speaker #0

    Exactement, ça fait partie, je trouve. de ce que les IA peuvent proposer. Pré-rédiger des cahiers des charges, relire, enfin oui, tout ça. Il y a plein de perspectives et on utilise déjà des IA dans l'encodage des plans, dans les modèles de sciences 3D. Moi, je trouve ça assez chouette en fait.

  • Speaker #1

    Dans la facilitation de l'expression du besoin du client, c'est-à-dire justement cette part...

  • Speaker #0

    Moi, ce qu'il y a, je sais que ça existe d'ailleurs, mon compte rendu de rendez-vous, je le relis et je l'enrichis, c'est génial. Parce que mon temps disponible va être alloué sur ce à quoi j'accorde une plus grande valeur ajoutée. Et sur ce qui est humainement le plus intéressant. Et je pense en plus qu'il y a une zone de sécurité, c'est que les IA peuvent éviter énormément d'erreurs. L'erreur humaine, on voit quand même que c'est... On dit souvent l'erreur est humaine et parfois il y a tellement d'informations, on travaille sur des projets où on va du macro au micro. On va penser le bâtiment dans sa globalité jusqu'à la poignée, la hauteur de la plante. le détail dans une menuiserie, oui, bien sûr qu'on peut avoir oublié un interrupteur qui était tracé et qui a disparu. Ça ne doit pas arriver, mais il y a tellement de choses à penser. Si on fait revoir tout ça à une image qui va souligner les erreurs, par exemple,

  • Speaker #1

    tout le monde gagne. Moi,

  • Speaker #0

    je suis très favorable aux IA. Comment je vois l'avenir de notre métier ? C'est un peu ça la réponse. Mon métier, en tout cas, ce n'est pas d'avoir la méga-agence qui fait de l'abattage de projets. C'est... C'est une agence qui est spécialisée sur un segment très premium, pour des clients qui sont très exigeants et qui veulent eux-mêmes donner le meilleur à leurs clients ou à leur environnement familial, qui sont surpris, qui sont en parallèle à l'automobile, qui vont plus avoir une voiture sur mesure, qui vont avoir pris le temps de choisir, qui vont chouchouter, qui vont avoir pensé dans le moindre détail, parce qu'ils en sont fiers et que cet outil... est un lien de communication, et un lien d'image, et un lien pour communiquer leur passion, sur un sujet en particulier, de se faire plaisir. En fait, moi, je fais ça dans l'intérieur.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu vois des grandes tendances de style ? Tu as ton style, tu l'imprimes, il doit évoluer aussi, j'imagine. Mais est-ce que c'est pour toi comme un peu dans plein de domaines ? Justement, tu parlais de l'automobile, les formes de l'automobile ont énormément évolué.

  • Speaker #0

    Dans la voile, c'est pareil. La forme des bateaux, on pense au Vendée Globe qui est parti récemment. C'est sûr qu'on voit des carènes de bateaux qui évoluent énormément. Chaque architecte, d'ailleurs, ayant sa signature et sa manière de concevoir les bateaux. Oui, il y a des... Il y a des tendances.

  • Speaker #1

    Il y a des modes.

  • Speaker #0

    Il y a des modes. Maintenant...

  • Speaker #1

    Le travertin est partout en ce moment.

  • Speaker #0

    Oui, mais ça peut être intéressant. La bouclelle, le travertin, les arrondis. En fait, moi, je suis pas... J'essaie de m'extraire un peu de tout ça. Et je préfère qu'au bureau, on lise... On lit beaucoup plus d'ailleurs de magazines d'art, d'expo, de livres, en général, de catalogues d'exposition. de biographie de designer, d'histoire de bâtiment, on fait beaucoup de recherches, plus que de magazine de décoration. Même si, j'aime vraiment que nos projets soient dans ces magazines, parce que je pense que ça donne accès au grand public, à l'œil d'architectes, qui peuvent ensuite recomposer un peu chez eux ce qu'ils ont vu. Même si moi, je pense que une des erreurs en architecture, et pour un architecte, c'est de copier. Et c'est de vouloir refaire plus ou moins une image Pinterest, parce qu'en fait, ça ne marche pas. Donc, dans les tendances, le travers teint, l'arrondi, les grandes dalles avec des effets marabré peut-être. En termes de chromatique, je trouve qu'on voit beaucoup de vert un peu amande. Mais ça encore, ça a du sens. selon où on travaille, on travaille à Paris c'est des chromatiques qui marchent très bien avec les parquets parisiens avec les cheminées donc c'est pas oui c'est pas forcément un problème mais il faut pas suivre et puis on a eu toute la tendance des cuisines très ouvertes, uniquement dînatoires C'est une tendance, mais qui répond à un cahier des charges et pas à tous. On a eu beaucoup la tendance dans le monde du bureau, évidemment, du flex office, des grands bureaux en oignon, mais on en revient aussi. Il y a une tendance à aménager depuis la post-Covid. bureaux qui ont un code plus domestique. Ça, en l'occurrence, j'y sous-cris complètement.

  • Speaker #1

    La frontière entre l'hospitalité et les espaces de travail.

  • Speaker #0

    C'est une tendance, pour le coup, dans laquelle je crois totalement. Je pense que créer des lieux dans lesquels on se sent bien, où l'acoustique est bonne, où la lumière est au bon moment, au bon endroit, où on peut avoir des espaces différents. Oui, ça, complètement.

  • Speaker #1

    Génial. On va arriver à la fin de cette conversation. J'ai encore deux, trois questions qui sont des questions un peu rituelles de fin d'épisode. Merci déjà vraiment, Amandine, pour ce beau voyage dans ton parcours, dans ta vision très personnelle du design. Et donc, les questions rituelles que je pose à tous les invités. Alors, c'est encore plus présent, je pense, dans ton parcours. Mais si tu avais un conseil à donner à quelqu'un qui hésite à changer de carrière, comme tu l'as fait, qu'est-ce que tu lui dirais ?

  • Speaker #0

    D'abord, je lui dirais de passer du temps, si c'est possible, évidemment, d'être accueilli dans une agence d'architecture d'intérieur et peut-être dans différents types d'agences, de passer une journée dans différents environnements pour se rendre compte et vérifier si, en fait, l'idée que l'on se fait de notre métier est cohérente avec ce qu'il ou elle souhaite faire. Parce que je pense que l'idée que l'on a d'une boîte d'architecture d'intérieur est souvent assez fausse et n'intègre pas du tout. Un grand volet de notre travail qui est perçu comme créa, recherche, matériaux, luminaires. Oui, mais pas que. La plupart de notre travail, c'est aussi de l'administratif, c'est aussi de la relation client, c'est du rédactionnel, c'est des lectures de devis, c'est de la technique. Et ça, il ne faut pas le sous-estimer.

  • Speaker #1

    Si tu ne pouvais garder qu'un seul objet ou un seul meuble, ça serait lequel ?

  • Speaker #0

    Alors, j'aime beaucoup les canapés ruché de Inga Sempé. J'en ai deux en ce moment à la maison. C'est un objet que je trouve beau, dans lequel j'aime bien m'installer, dans lequel j'aime recevoir. Ce n'est pas nous qui l'avons dessiné en l'occurrence, mais c'est une des premières belles pièces de design que j'ai eue. Donc, allez, disons un canapé ruché de Inga Sempé.

  • Speaker #1

    Très bien. On va mettre la photo en lien. Si tu pouvais dîner, déjeuner ou passer un moment avec un, une designer ou architecte, vivant ou pas, ce serait qui et de quoi vous auriez envie de parler ? Tu aurais envie de lui parler ?

  • Speaker #0

    Alors, on a la chance déjà d'avoir énormément d'architectes de talent. Je vais en citer deux. J'adorerais rencontrer India Madhavi. Je trouve qu'elle a un angle de vue très particulier. Des univers qui sont colorés, mais avec une intelligence, je trouve, assez folle. Dans le sens où c'est audacieux. mais on sent que c'est très maîtrisé. Il y a un côté presque photographique dans son travail. Et surtout, c'est quelqu'un qui a une agence dont sont sortis énormément de designers de grands talents. J'adorerais la rencontrer pour ça, tu vois, qu'est-ce que je veux laisser de l'atelier, c'est aussi ça, c'est que les gens qui en partent, si les collaborateurs en partent pour créer leur agence et qu'ils deviennent un compte mondial, c'est génial en fait, c'est qu'on aura su créer quelque chose d'important, donc il y a beaucoup de choses que j'aime dans son travail, dans ses livres, dans son style dans les objets qu'elle crée, mais le fait aussi que de son agence sortent des personnes qui à leur tour ont une identité forte ... et con dans le monde du design, ça, moi, je l'admire beaucoup. Et après, Mathieu Lehaneur. Évidemment qu'on a envie de parler des Jeux Olympiques.

  • Speaker #1

    Oui, de la flamme.

  • Speaker #0

    J'ai eu la chance de rencontrer les équipes de directeurs artistiques des cérémonies. Et du coup, c'est vrai que l'histoire de la flamme, comment on est choisi. Je l'ai déjà entendu dans des podcasts, je crois en parler, mais c'est quand même des gens qui ont le talent de faire naître des... intérieurs et des objets.

  • Speaker #1

    Et des émotions.

  • Speaker #0

    Et des émotions. Et de laisser une marque absolument indélébile. C'est Forever. C'est dingue. Alors, son travail était déjà exceptionnel à la base. C'est déjà un architecte, architecte d'intérieur, designer. Je ne sais même pas comment lui se définit exactement, d'ailleurs. Mais que je trouve très inspirant. Il y en a deux, mais pour des raisons qui sont un peu complémentaires.

  • Speaker #1

    Super. Et dernière question. Si le design était pour toi une musique ou un film, tu choisirais quoi ?

  • Speaker #0

    C'est dur comme question. Je vais reboucler avec le début, en fait. Je pense que les lieux soutiennent une expérience, un propos et une histoire. Et je pense à deux films. Je pense à la série Gentleman, qui était un film à la base d'ailleurs, de Guy Ritchie, parce qu'il y a des lieux très différents. souvent tous ces grands châteaux anglais, c'est assez magique. C'est pas forcément un endroit où je vivrais, mais c'est assez marquant et en fait, ils soutiennent le propos de l'histoire et sont très bien scénarisés et scénographiés. Donc ça, et puis... J'ai vu le conte de Montecristo. La même chose. En fait, la Villa en Provence, c'est juste la Villa de Rêve. Alors évidemment, j'aurais mis des mobiliers plus contemporains. Mais le design, c'est aussi un lieu et c'est une vue. Et quelque part, si on n'a pas l'environnement et qu'on n'a pas la vue, nous, ce que l'on va faire, on va être de la cosmétique. On va améliorer une base, mais quand on a la chance de travailler sur un lieu fort, en fait, je crois que c'est ce dont on rêve tous.

  • Speaker #1

    Génial. Merci beaucoup, Amandine. C'était vraiment un plaisir d'échanger avec toi. Ton parcours montre vraiment qu'on peut mélanger rigueur, créativité, process pour créer des espaces qui marquent et qui transmettent de l'émotion. Dans notre prochain épisode, on parlera encore de parcours uniques et d'inspiration. à très vite dans The Design Talk.

  • Speaker #0

    Merci Franck et bonne écoute à tous.

Description

Amandine Maroteaux, fondatrice de l’Atelier Compostelle a un parcours où chaque virage semble avoir été pris avec une détermination et une intuition rare.


Avant de manier les espaces, Amandine jonglait avec contrats en tant qu’avocate. Son quotidien: structurer des deals. Mais au fond d’elle, un feu couvait. Celui du design, de la matière, du dessin.

L’élément déclencheur ? Le souvenir d'un escalier au musée Calvet en Avignon, puis un projet personnel de rénovation. L'envie de repenser son propre espace devient une révélation. Chaque détail, chaque choix de matériau, chaque réflexion sur la circulation et la lumière lui donne le sentiment d’être à sa place. Le droit s’efface. L’architecture d’intérieur s’impose.


Elle quitte son cabinet, fonde Atelier Compostelle, où chaque projet est pensé comme une histoire à raconter. Un client lui demande un espace qui reflète à la fois l’élégance intemporelle et l’authenticité brute des matériaux. Amandine cherche alors à capter l’essence du lieu. Elle explore les contrastes, la douceur de la lumière naturelle et l’énergie de matières vivantes comme le bois ou la pierre patinée. « Ce qui m’intéresse, c’est de créer un lieu qui a une âme, où chaque élément dialogue avec son environnement et avec ceux qui l’habitent ».

Nous avons aussi parlé de :

L’art de convaincre : comment transformer une vision en réalité sans écraser la personnalité du client ?

L’importance du patrimoine : pourquoi la mémoire des espaces doit guider la modernité ?

Le design comme outil de transmission : comment un lieu bien conçu change notre manière de vivre ou travailler ?

Les dessous du métier : entre gestion de chantier, attentes des clients et cette part d’intuition qui fait la différence.


Nous avons mentionné
https://ateliercompostelle.com

https://www.linkedin.com/in/amandine-maroteaux-6b7a3426/
institutcalvet.fr

india-madhavi.com

https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Alechinsky

https://www.ingasempe.fr/ruche.html

https://www.allocine.fr/series/ficheserie_gen_cserie=27403.html
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The Design Talk est produit par Franck Mallez
https://www.linkedin.com/in/franckmallez/
https://www.instagram.com/franckmallez/
https://www.instagram.com/thedesigntalk.podcast
https://www.yourse.co

https://podcast.ausha.co/the-design-talk


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Designer, architecte, entrepreneur, artisan, tous ont en commun une vision, un parcours, une approche du design qui résonne avec notre époque. Alors ici, on parle d'inspiration, de matière, d'innovation, de process, mais aussi de défis, d'échecs et de réussites. Tout ce qui façonne finalement chaque projet. Ce Design Talk, c'est une plongée dans l'univers de ceux qui imaginent, transforment et réinventent notre quotidien. Alors installez-vous, ouvrez grand les oreilles, l'épisode du jour commence maintenant. Salut Amandine. Salut Franck. Donc Amandine Marotto, je suis ravi de t'avoir à ce micro aujourd'hui. On va raconter ton parcours, ton métier d'architecte d'intérieur. Tu vas nous le présenter toi-même. Et comment justement tu te présenterais à un enfant de 6 ans si tu devais décrire qui tu es, ce que tu fais ?

  • Speaker #1

    C'est une très bonne entrée en matière. À un enfant de 6 ans, je crois que je dirais que dans une partie de ma vie, je répare des maisons cassées. Puisque quel que soit le type de lutte sur lequel on intervient, de toute façon, ils ont un problème. Et on est là pour un minimal et réparer. Et à notre volet, peut-être de rendre tangibles des mondes imaginaires. Puisqu'on vient toujours nous voir avec des idées, des ambitions, des questions. Et notre travail consiste à... à rendre possible et rendre matériel, matérialisé, une idée de départ. Sinon, ça reste un dessin.

  • Speaker #0

    Donc, ton métier, c'est architecte d'intérieur. Et le monde imaginaire dont tu parles, c'est lequel ? C'est le tien ? C'est celui de tes clients ? C'est un mélange de tout ça ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est forcément un mélange de tout ça. Parce qu'on vient nous voir, on nous choisit pour un univers qui nous est propre, dans lequel on évolue et que l'on traduit dans les intérieurs de nos clients. pour accompagner un changement de vie, que ce soit pour accompagner un nouveau projet personnel, que ce soit pour accompagner dans le workspace un changement de méthode de management. Il y a des centaines, des milliers de raisons de venir nous voir. En revanche, on va toujours nous voir avec quand même une idée de ce que l'on imagine. Dans la manière de vivre ou dans l'esthétique, il y a toujours un point de départ. Et donc, on va croiser tout ça, notre univers, notre monde, celui de l'atelier Compostelle, avec les envies et les idées de nos clients.

  • Speaker #0

    J'adore cette image de dire qu'on vient réparer un endroit, ou améliorer ou perfectionner un endroit qui n'est pas à la hauteur de ce qu'imagine son utilisateur. Si on te demandait de choisir un objet qui te représente, que tu affectionnes évidemment, ça serait quoi ?

  • Speaker #1

    Immédiatement, je penserais à une œuvre d'art. En tout cas, ce sera quelque chose qui se partage, qui se choisit ensemble, qui se regarde, vers lequel on a envie de revenir. Et je trouve ça dans l'art, dans l'art contemporain en particulier. Et une œuvre d'art, ça peut être aussi un livre d'art. Je pense au livre de l'exposition Alechinsky, qui est dans la Fondation Bogossian à Bruxelles en ce moment. D'abord, c'est un lieu splendide. L'exposition est assez fantastique avec de très grands formats. magnifiquement scénarisées. Et le livre permet d'en garder un souvenir. Il permet de réfléchir, d'égliser ses réflexions. Il peut se partager, il peut se lire, il peut se cacher dans une bibliothèque. En fait, je crois que l'œuvre d'art et le livre d'art sont peut-être deux des objets qui me parlent tout de suite.

  • Speaker #0

    C'est vrai que l'art et l'architecture, ça reste. Ça peut durer des siècles, voire beaucoup plus. C'est pour ça que tu as choisi ce métier ? C'est aussi pour ça que tu as appris ce métier ?

  • Speaker #1

    En fait, j'ai choisi ce métier parce que je suis consciente de l'importance qu'ont les lieux sur ce que l'on vit. On n'est pas les mêmes personnes selon l'endroit dans lequel on s'exprime, dans lequel on reçoit, dans lequel on est reçu. Et ça, c'est ma conviction de départ. C'est que les lieux contribuent à faire les gens. J'avais entendu dans une conférence philosophique chez Chanel une très belle phrase qui était que habiller comme décorer, ça n'a rien de futile. Et donc, à défaut de travailler dans la mode et de pouvoir vous habiller, je peux vous faire vivre dans des lieux qui vont être à votre service et où vous serez la meilleure version de vous-même, une personne telle que vous voulez être au fond de vous et celle que vous voulez montrer aussi.

  • Speaker #0

    Ok, on va creuser tout ça. Peut-être pour revenir un petit peu sur qui tu es, on parlera de ton parcours avant, parce que tu as eu une vie avant l'architecture d'intérieur et la décoration. D'ailleurs, il y a une question que je me pose souvent, je ne sais pas répondre à cette question, c'est quoi la différence entre un architecte d'intérieur et un décorateur ? Est-ce qu'il y a une différence déjà ?

  • Speaker #1

    Oui, dans la description du métier, il y a une différence. Disons que, sur le principe, l'architecte d'intérieur peut toucher à de l'architecture en général et inclut dans son travail un volet restructuration, y compris les volets techniques, et un volet décoration. Le décorateur a un métier qui est plus centré sur la scénographie, la colorisation, les matières. pour moi, les deux vont ensemble parce qu'on ne peut pas penser un espace sans penser sa décoration. Et c'est plus contraignant de ne pouvoir que décorer un espace qui a été conçu sans tenir compte de la façon dont on voulait l'éclairer, le meubler, l'ameubler, le faire vivre. Donc c'est complémentaire. Et donc l'architecte peut tout, archi d'intérieur et déco comprise. L'architecte d'intérieur peut décorer également. Et le décorateur est un peu plus contraint, sur le papier en tout cas, évidemment. dans sa marge d'expression, je dirais.

  • Speaker #0

    Et ça veut dire qu'il y a une réglementation de cette activité ?

  • Speaker #1

    C'est assez variable selon les pays. Disons qu'il y a un ordre des architectes d'intérieur, des architectes d'intérieur et architectes d'intérieur d'ailleurs. Donc c'est réglementé. Maintenant, on voit de nombreuses formations qui permettent d'avoir des diplômes qui s'apparentent à une formation d'architecte d'intérieur ou décorateur. à chacun de prendre ce dont il a besoin.

  • Speaker #0

    On peut s'improviser, j'imagine que ça existe malheureusement sur le marché, des décorateurs sans avoir de diplôme et de formation ?

  • Speaker #1

    Oui, je vais répondre en deux temps. Il y a des gens qui ont un vrai talent et qui n'ont pas de diplôme et n'en ont pas besoin parce que toute leur vie, ils ont vécu dans des beaux endroits, parce qu'ils sont immergés dans un monde d'archi, de déco, dans le monde de l'art, et qu'en fait, leur œil s'est formé, qu'ils ont appris par eux-mêmes. et en fait la formation viendrait rajouter un diplôme dans le bureau mais tout le monde n'a pas besoin d'apprendre à l'école et d'autres en revanche et c'est plus le problème vont à l'école très peu de temps, voire n'y vont pas du tout n'ont pas de talent pas un savoir acquis, un savoir faire en quelques semaines et là c'est dangereux en fait je trouve c'est dangereux pour leurs clients, c'est dangereux pour les artisans et c'est dangereux pour eux-mêmes Donc je crois que c'est aussi à chacun d'entre nous, au-delà des réglementations, d'avoir conscience de ses capacités et de savoir s'entourer. J'ai commencé avec peu d'expertise, mais beaucoup d'envie et en ayant beaucoup appris par moi-même, mais pas toute seule. J'ai tout de suite monté une petite équipe autour de moi sur le volet plan, le volet 3D et sur le volet gestion de chantier.

  • Speaker #0

    Oui, c'est la femme de droit qui parle là.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    c'est une transition toute trouvée.

  • Speaker #1

    C'est une constitution d'équipe, un process, apprentissage et... Et lucidité sur ce que l'on sait faire ou pas.

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr. Alors non, mais chose amusante et très étonnante quand même dans ton parcours, c'est que tu as commencé par être avocate. Enfin, je crois que tu as commencé par être avocate. Tu vas nous raconter ça et tu es devenu ensuite architecte d'intérieur. C'est en apparence, en tout cas, deux métiers très opposés, l'un très créatif, l'autre, on l'imagine, très rationnel. Encore que pour être, je pense, un bon avocat, il faut être aussi souvent très créatif. Raconte-nous un peu ce début de carrière.

  • Speaker #1

    En fait, j'ai grandi pour le contexte dans le sud de la France, dans un environnement où les métiers de l'architecture, de l'architecture d'intérieur, les métiers de l'art, n'étaient pas notre quotidien. En revanche, on voyait beaucoup de musées et je sentais que j'avais une appétence particulière. Pas forcément pour le monde de la création à ce stade, mais pour les lieux qui inspirent quelque chose. Il m'arrivait très souvent d'être le souffle coupé, ça m'arrive encore, en entrant dans un endroit où la perspective a été parfaitement soignée, où on voit la banquette avec le velours sur laquelle on a juste envie de s'asseoir et de passer des heures à discuter, où les fenêtres sont gigantesques, où on voit un lac, où un décor a été magnifiquement posé, où en fait je suis hyper tactile. Et ça depuis toute petite, j'ai vraiment eu cette... Ce souffle coupé devant des lieux incroyables.

  • Speaker #0

    Tu te souviens de la première fois où ça t'est arrivé ?

  • Speaker #1

    Je peux me tromper évidemment, mais je crois que c'est au musée Calvet à Avignon qui a contribué à mon éducation au monde de l'art. J'étais au lycée dans la même rue et pendant les pauses, je suis toujours été une bonne élève. Je travaillais beaucoup et j'étais au collège d'ailleurs, pas au lycée. Et on pouvait de temps en temps sortir et j'aimais bien aller au musée, dans la cour du musée en fait. Et on rentrait dans les expositions et je me rappelle en fait d'un escalier. On entre dans la cour, en fait, j'entrais sur la gauche. La cour est fantastique et c'est marrant, elle me fait un peu penser dans un autre monde, à la cour à l'arrière de la Fondation Maght, celle dans laquelle il y a les statues.

  • Speaker #0

    À Saint-Paul-de-Vence.

  • Speaker #1

    Exactement, tout à fait. Toutes les sculptures, juste absolument fabuleuses. Cette cour a un peu la même forme, sauf qu'elle est évidemment du 17ème. Et donc, on entre, il y a un immense escalier. Et en fait, je me vois, il y avait des trompe-l'œil, des lumières, la lumière sur un escalier, sur une rambarde. C'est un élément très fort, en tout cas, qui a influencé mon appétence pour le monde de l'architecture d'intérieur. C'est ce jeu de lumière. On percevait, en fait, la pierre, la patine. Et puis, les gens marchaient dans l'escalier sans s'en rendre compte. Et moi, je me rappelle cette espèce de lumière sur la pierre. Et ça... probablement contribué à éveiller quelque chose.

  • Speaker #0

    T'avais quel âge ? 14-15.

  • Speaker #1

    C'est pas le début, mais c'était mon deuxième collège. J'ai changé en cours de scolarité pour être dans une organisation j'allais dire un peu plus... prestigieuse, c'est pas le mot, mais en tout cas qui préparait mieux pour les lycées que je voulais faire ensuite.

  • Speaker #0

    Parce qu'à ce moment-là, tu voulais...

  • Speaker #1

    Moi, j'étais une bonne élève. J'avais plus ou moins compris qu'être avocat, c'était bien. J'avais d'abord voulu être vétérinaire, vous allez le savoir. En fait, je monte à cheval depuis très longtemps. Et je voulais être vétérinaire, c'était très précis, de l'équipe de France de concours complet. Ok. mon prof de l'époque venait de faire les JO d'Atlanta en avant, en arrière, je ne sais plus très bien en tout cas on était dans une écurie de très haut niveau c'était l'époque Japlou c'était l'époque Japlou même un peu après mais oui effectivement c'est les posters Japlou, Milton etc et au bout d'une demi journée l'esthétique ne me convenait pas les odeurs étaient très compliquées et puis je ne me voyais pas promener un animal le matin , et l'euthanasier l'après-midi. Enfin, c'était clairement pas mon monde. Ça, j'ai très vite compris. Il a fallu trouver une solution et une amie des parents m'a accueillie en stage, elle était avocat. Et alors moi, je crois bien aimer, mais mon père m'a rappelé qu'il avait effacé la fin de mon rapport de stage dans lequel j'avais écrit que je ne ferais jamais ce métier. En revanche, j'avais aimé la dynamique du bureau et l'interaction avec ses clients. Il en était resté quelque chose. Et au-delà de ça, en fait, c'est un métier... qui est multiforme et dans laquelle je percevais que je pouvais avoir quelque chose à apporter. J'avais compris qu'il y avait une importance particulière, n'était pas que sur la technique juridique, mais que sur la capacité qu'on avait à comprendre les métiers de nos clients, dans nos métiers en corporate, ou leur parcours de vie dans des dossiers plus contentieux éventuellement. Et moi, j'aime les gens, en fait.

  • Speaker #0

    Alors, tu te lances dans cette voie qui était toute tracée, de droit

  • Speaker #1

    Oui, on apprend. J'ai fait une première fac, j'en ai plusieurs en parallèle. J'ai fait... J'ai fait deux facs en parallèle, j'ai fait l'école du Louvre, j'ai fait Sciences Po.

  • Speaker #0

    Ah oui ? quand même, l'école du Louvre.

  • Speaker #1

    En auditeur libre, donc en plus d'Assas et des cours à Sciences Po, j'allais le soir, pas tous les soirs bien sûr, et j'ai fait deux spécialisations, une sur les peintures de Watteau et l'autre sur l'écriture cunéiforme.

  • Speaker #0

    Tiens donc.

  • Speaker #1

    Et on faisait des petites boules en argile pour apprendre à faire, comme le faisait dans la tradition.

  • Speaker #0

    Alors attends, raconte-nous ça, parce que moi je vois à peu près ce que c'est.

  • Speaker #1

    Les écriture cunéiformes, c'est les premières formes d'écriture sur lesquelles tu utilisais une forme de stylet pour graver de la terre à sécher. Et en fait, les bergers faisaient des petites boules qu'ils mettaient dans une boule plus importante, qui était le nombre de moutons avec lesquels ils partaient. Et chaque propriétaire écrivait avec ce fameux stylet, ou des textes, ou des nombres. C'est un peu le début de l'écriture, c'est probablement l'une des plus anciennes formes d'écriture.

  • Speaker #0

    On est dans quelle civilisation ? Je ne veux pas dire de bêtises,

  • Speaker #1

    mais je ferai quelques vérifications pour en mettre en note d'épisode. Il y a quand même très longtemps. Et la deuxième était Watteaux, qui est un peintre qui m'a toujours fascinée parce qu'en fait, son corps s'est désagrégé. Et il est mort de gangrène, ou en tout cas une maladie qui lui ressemble. Et en fait, ses peintures subissent le même sort. Elles étaient très mal préparées. Ok. Et donc elles se décomposent de l'intérieur. En fait, certaines absorbent la peinture. Et donc elles peuvent de plus en plus difficilement être exposées. Mais ça reste un peintre qui fascine avec le voyage à l'île de Citerre. Est-ce qu'on va vers Citerre ? Est-ce qu'on en revient ? Ça n'a jamais été très clair. Toutes les enseignes, notamment le Pierrot qui est très connu. Il y a souvent ce personnage un peu triste. J'aime les gens, j'aime les histoires. Donc ça faisait partie des sujets que j'avais choisis.

  • Speaker #0

    Mais quand même, en plein milieu de tes études de droit, c'est ça ? Tu fais ça en parallèle ? Tu as quand même une petite idée, là. Tu te dis, OK, le monde de l'art,

  • Speaker #1

    le monde de la création. En fait, j'avais un ami qui était à l'école du Louvre. Je trouvais ça intéressant. Et en fait, moi, j'aime apprendre. Et si je commence à m'ennuyer, en fait, je deviens dépressive. Il ne faut pas m'arrêter. Je ne peux pas m'arrêter. Et ça, c'est un peu le fil conducteur qu'on va retrouver dans notre conversation. C'est, je ne peux pas ne pas apprendre, en fait. Alors évidemment quand je peux le partager c'est mieux, mais j'ai besoin d'apprendre, de me renouveler. J'adore bavarder, discuter, échanger des points de vue. Et pour ça, il faut avoir des choses à se dire. L'apprentissage, chez moi, est quelque chose d'extrêmement important.

  • Speaker #0

    c'est toute ta vie. En tout cas, ça ne s'est jamais arrêté. Ça ne s'arrêtera jamais.

  • Speaker #1

    Ça ne s'arrête encore pas aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Tu vas nous raconter ça. Et donc, je reprends le fil chronologique. Tu deviens avocate dans un domaine en particulier ?

  • Speaker #1

    Oui, alors ça aussi, déjà, c'est pas très clair dans le sens où j'ai fait un peu de corporate, mais j'ai surtout fait un peu de droit immobilier, enfin un peu non, du droit immobilier et de la politique européenne. Donc en fait, ce que je voulais fondamentalement faire, c'était les droits communautaires, probablement auprès des institutions européennes. Et pour compléter ma formation, j'ai fait un dernier master. à Sciences Po, qui était en partenariat avec l'université de Bath en Angleterre et avec Madrid, avec Rome également, ce qui permettait d'avoir une spécialisation sur la politique européenne, pour compléter le volet juridique en fait.

  • Speaker #0

    Alors Bath et Rome, en plus deux endroits sublimes.

  • Speaker #1

    Exactement, et à Rome j'ai aussi fait un débat dans la fin de mes études de droit avec un mémoire sur les financements publics privés des autoroutes. Donc le truc est improbable.

  • Speaker #0

    T'as aimé vivre à Rome ?

  • Speaker #1

    J'ai adoré.

  • Speaker #0

    J'ai passé trois ans à Rome. J'ai adoré cette ville.

  • Speaker #1

    C'est l'une de mes villes préférées, j'y vais de temps en temps. Je pourrais y revivre sans aucun problème. Il y a des lieux auxquels je suis très attachée. Mon sport était de courir les marches de la place d'Espagne le matin. Bon, maintenant, je le fais en marchant. Mais toutes ces rues, ces ambiances, ces odeurs, ces textiles déjà.

  • Speaker #0

    Ces patines, des murs.

  • Speaker #1

    Ces patines, tous ces musées. Quand on est étudiant, en plus, tout est très facile d'accès. On mange bien, on marche bien, les lieux sont fantastiques, les jardins de la Villa Borghese, c'est pareil, j'ai passé des heures. Maintenant, j'avoue que j'ai un petit faible pour le canapé de La Chance, le Borghese, de Noë Duchaufour Lawrence, parce qu'au-delà de son esthétique parfaite, et on pourra peut-être parler de design un peu plus tard, et de la marque que j'adore, c'est un vrai souvenir presque d'enfance.

  • Speaker #0

    Moi, à Rome, il y des millions d'endroits marquants à Rome, mais je pense qu'une fois ou deux fois par semaine, en rentrant chez moi, je m'arrêtais, je rentrais dans Saint-Louis des Français. Pareil,

  • Speaker #1

    je vais dire la même chose. En fait, j'adore le vin. J'ai commencé à aimer le vin dans le petit bar qui était en face, où on allait entre amis. C'était un peu un endroit où on allait dîner le plus souvent. et Saint-Louis des Français avec ses immenses peintures. Dont le Caravage. Dont le Caravage. C'est drôle. Tu vois, on ne savait pas. Et encore aujourd'hui, ça fait partie des incontournables. S'assoir sur un banc, respirer, regarder ces tableaux fantastiques. Et je n'étais pas très loin, en fait. Une petite rue à côté.

  • Speaker #0

    Ah oui, c'est drôle. Moi, j'étais juste à côté de Navona. Voilà, c'est dans ce coin là, vers le Parlement. Vers le... Pas le Parlement, je ne sais pas ce qu'il y a, le Sénat, je crois. Bon, très amusant. Rome, c'est évidemment le voyage à Rome. Il est fondateur du parcours.

  • Speaker #1

    Dans l'esthétique en général, je devais penser aux films de Fellini, aux voitures dans Rome. les cheveux à l'air avec ces belles voitures dans l'esthétique en général il ya tout ça en fait ouais parce que j'ai trouvé à rome je sais pas si tu partages ça c'est que j'étais frustré un moment de vivre sur une dans un endroit évidemment millénaire très inspirant

  • Speaker #0

    mais à l'époque en tout cas moi c'était dans les années 2000 une absence d'art contemporain une absence de j'ai trouvé que c'était une ville qui était quand même très tournée sur le passé très musée et je crois que ça a beaucoup changé ça a beaucoup changé notamment avec les résidences d'artistes

  • Speaker #1

    je peux me promettre, je crois que c'est India Madhavi qui avait été en résidence à la ville Medicis et qui avait lancé des collaborations italiennes avec cette résidence il y a plus d'art contemporain aujourd'hui et Moi je pense que je ne l'ai pas vu à ce moment là parce que ça m'intéressait moins, je connaissais pas.

  • Speaker #0

    Oui c'est pas ce que tu recherchais non plus.

  • Speaker #1

    Non et en fait c'est l'histoire de la voiture rouge, on cherche une voiture rouge on la voit partout. Je crois que c'est pareil en fait avec l'art c'est quand on a un oeil qui s'aiguise, on voit des oeuvres, on voit des galeries, on voit des créations parce que l'oeil en fait les reconnaît. Ouais,

  • Speaker #0

    ouais. Alors donc tu deviens avocate avec toutes ces disciplines très différentes.

  • Speaker #1

    Quand j'ai commencé à travailler en fait... j'ai rejoint d'abord un cabinet à Paris en corporate parce que j'avais décidé encore de changer et de faire du droit de la vigne et du vin et là on m'avait dit ça va être du droit rural, ça va t'ennuyer mais bon écoute, on va te montrer quand même et par contre, comment ça travaille en corporate au moins déjà t'avances sur le volet structuration d'entreprise et pour débuter c'est un peu la base et c'est très intéressant ensuite j'ai rejoint Luxembourg Oui. Et donc là, c'est pareil. Donc,

  • Speaker #0

    le tambour, ce n'est pas le jardin, c'est le pays. C'est le pays.

  • Speaker #1

    Et donc je postule dans un cabinet luxembourgeois.

  • Speaker #0

    Donc tu rejoins Luxembourg pour une raison, professionnellement ? Oui,

  • Speaker #1

    pour une raison professionnelle. Parce que le père de mes belles-sœurs, qui est luxembourgeoise, nous a dit que le pays était très dynamique, que je cherchais des avocats. Et lui avait pas mal de contacts dans des bons cabinets. Donc moi, je suis ouverte d'esprit. On me donne un conseil, j'ai tendance à le suivre. Et donc, quand on m'envoie la proposition de contrat, on me dit la seule chose, c'est que par contre, droit communautaire, il n'y a pas, il y a une personne. Il ne cherche pas de collaborateur. Donc, vous avez le choix fonds d'investissement ou corporate. Bon, alors là, en sachant que c'est Luxembourg, j'aurais dû dire fonds d'investissement. Mais bon, j'ai choisi corporate en me disant qu'en fait, le client principal de cette équipe-là était CBRE. Donc, je savais que j'allais faire du corporate, mais pour... un acteur immobilier important.

  • Speaker #0

    CBRE, pour ceux qui nous écoutent, c'est un courtier en immeuble, donc c'est l'agent immobilier d'entreprise, en fait, si on veut résumer.

  • Speaker #1

    Exactement, en tout cas, ils représentent des bailleurs importants, principalement pour des entreprises, effectivement, ou des fondations, family office, etc. Et ils ont aussi un département désormais design dédié à l'aménagement de bureaux. Mais en tout cas, voilà, c'était un peu ce qui a guidé mon choix. Et donc pendant plusieurs années, quasiment 4 ans, j'ai... J'étais dans une équipe plutôt germanophone d'ailleurs, ce qui n'était pas ma zone de confort. Mais bon, il faut faire avec. Et j'ai beaucoup appris et rencontré plein de nos clients actuels, amis et... En tout cas, j'ai déjà vite compris que je ne serais jamais la meilleure avocate au sens technique du terme. Parce que relire pour la dixième fois, ça fait rire mes amis encore aujourd'hui, avec qui je travaillais déjà à l'époque. Oui, effectivement, on préférait m'envoyer dans les boards. On préférait m'envoyer aux réunions clients où j'allais faire l'animation. En étant très bien briefée en amont, les clients étaient super contents que je vienne. Donc en fait, l'équipe roulait bien comme ça.

  • Speaker #0

    Oui, mais déjà, tu sais. savais au fond de toi que tu ne ferais pas ce métier toute ta vie ?

  • Speaker #1

    Alors en fait, là où j'étais partagée, c'était que je savais que j'aurais été une très bonne associée sur le développement commercial, sur l'affiliation de nos clients. Moi, j'aurais adoré aller faire la promotion du pays et de notre discipline autour du monde, en développement de marché, de nouvelles clientèles. Mais pour ça, il fallait 10 voire 15 ans à cette époque. Et je ne savais pas... la patience et puis il y a quand même des étapes à franchir avant ça qui n'étaient pas 100% compatibles sauf à avoir la promotion je dirais et le soutien d'un associé qui nous emmène dans son chemin qui nous apprend à faire et qui sait quelles sont nos zones de confort et je ne suis pas bonne pour tout et ça c'est clair que ça faisait partie des sujets est-ce que ce serait possible ou pas écoute je n'ai pas eu le temps de me poser la question mais pour être tout à fait honnête je me la pose aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Ok. Ok. Et donc, là, tu étais dans un grand cabinet ? Oui. Un des majors ?

  • Speaker #1

    Oui, à Luxembourg, un des cabinets principaux de la place. En tout cas, c'est le plus important cabinet luxembourgeois.

  • Speaker #0

    Ok. Ok. Et là, donc, tu es avocate pendant combien d'années ?

  • Speaker #1

    J'allais dire quasiment trois ans au total et j'ai dû en passer trois chez Rennes.

  • Speaker #0

    D'accord. Ok. Et donc, un beau matin, tu te réveilles, tu te dis non, ma vie n'est pas là. Comment ça se passe ?

  • Speaker #1

    C'est toujours un peu plus compliqué. Oui,

  • Speaker #0

    bien sûr.

  • Speaker #1

    D'abord, moi, je peux douter un petit moment. prendre une décision, mais je n'hésite pas. Donc, je pouvais douter un peu de ma place au sein du cabinet. Est-ce que c'était la bonne... Bon, j'étais très heureuse d'ailleurs, mais je sentais quand même qu'il y avait un déséquilibre. Il y avait quelque chose en tout cas qui n'était pas tout à fait ma place. Et... Il se trouve que la fille aînée de ma marraine, elle s'occupe de M. Bother à Singapour, elle y était déjà à l'époque. Et en fait, quand Isabelle, ma marraine, me parlait de ce que faisait sa fille, je me rendais compte que ça ressemblait assez à ce dont moi... j'avais envie c'est à dire qu'il y avait le volet entreprise à développer alors c'était déjà une boîte fantastique M Mother mais je voyais que... Attends j'ai pas compris moi je connais pas M Mother M Mother en fait c'est probablement l'une des boîtes les plus importantes dans l'aménagement d'intérieur de yachts, de boutiques de luxe, de bureaux. Et la fondatrice est très âgée désormais, mais elle est encore dans les équipes. Ils font des études en permanent, de la prospective. Ce n'est pas juste de l'esthétique. Il y a une démarche de recherche, de création, de contribution à la manière de vivre qui est extrêmement importante. Ça fait partie des entreprises que j'essaie de modéliser. Alors, ils sont énormes, on est petit, mais c'est un vrai exemple en tout cas.

  • Speaker #0

    Oui, c'est un exemple.

  • Speaker #1

    Et donc, je me dis qu'il y a quand même un volet créé assez vrai, mais il y a un volet entreprise. On travaille avec des vrais gens. Ce n'est pas juste un archi derrière cette table à dessin, parce que ça, ce n'est pas moi, je suis incapable de faire ça et ça ne me fait pas rêver. Il y a une interaction avec différents univers, en l'occurrence le monde du luxe pour eux, et des segments assez différents de boutiques, d'hôtellerie, de bureaux. Donc en fait, on reste dans le monde des affaires, j'allais dire, et on contribue à rendre possibles les ambitions de nos clients. Et ça, ça me parlait. Il y avait quelque chose, j'avais l'impression de le faire en tant qu'avocat déjà, mais là, ça trottait dans ma tête, ce truc de... Ça me semblait plus moi. et si j'arrivais à le faire j'avais l'impression que ça pouvait remplir toutes les cases et recoller un peu tous les morceaux de ma personnalité qui était en partie quand même un peu sous-exploitée je dirais quand j'étais avocat

  • Speaker #0

    Oui un peu oubliée un peu en mineur mais est-ce que le monde du design, de l'architecture d'intérieur déjà tu le... Tu le vivais à titre personnel, dans tes intérieurs à toi, dans tes... Je ne sais pas, tu as peut-être déménagé, etc. Est-ce que c'était quelque chose déjà de très important pour toi ?

  • Speaker #1

    Oui. Alors déjà, on a effectivement... Avec mes parents, peu déménagé. Mais je passais mon temps à refaire les espaces sur lesquels je pouvais intervenir. J'adorais dessiner. Alors, j'essigne très mal. J'écris très mal, je dessine très mal, mais ce n'est pas grave. En fait, au bureau, c'est devenu un petit challenge. Quand le nouveau arrive, il faudrait la décrypter, mon écriture. Et ça amuse beaucoup mes amis quand je leur écris des petits mots. À la maison, c'est pareil. Je ne suis pas très lisible, mais quand on arrive à me connaître et à lire mes petits mots, c'est comme connaître bien. Voilà, parenthèse. Il y a ce côté créa-déménagement. Avec mon mari, on a aussi beaucoup déménagé. Et on continue à le faire jusqu'encore récemment. Donc déjà... En étant avocat, je cherchais à créer des intérieurs qui ne soient pas neutres. On a rarement habité dans des intérieurs très classiques. Il y avait toujours un truc atypique. C'est sûr que je n'allais pas chez Ikea chercher le tout seul look. Donc, je me suis lancée dans... Quand on habitait à Lyon, on avait un appart flondide. Et en fait, on avait acheté des petits meubles dans des trocs, etc. Mais évidemment, je ne voulais pas les avoir en vieux boîte tabimée. J'avais pris des cours pour les repeindre. C'était vraiment raté. Mais j'ai essayé. Et en tout cas, ça donnait une coloration particulière à cet appart. Parce que j'avais tout peint dans des teintes de bleu. Il y avait des petites touches de rouge. Il y avait déjà pas mal de noir et blanc, qui est une trame que j'aime bien. Et la vue était splendide sur une petite cour jardin. Donc en fait, il y avait quand même ce truc de... Je voulais des lieux différents. Et nos amis adorent rester chez nous. encore aujourd'hui, on passe 5 minutes et en fait, on reste 2-3 heures parce qu'en fait, on est bien. Et c'est ce que je veux faire pour nos clients. J'avais une appétence pour ça. Mais alors, en termes de compétence, zéro. Et quand j'ai remis les dossiers de candidature, parce que bon, à mon époque, il fallait remplir des dossiers pour entrer dans les écoles d'architecture d'intérieur. Surtout dans le format que je voulais faire, qui était en reconversion. Je ne peux pas reprendre 3 ans d'école. Et je voulais une vraie école. Donc j'avais choisi Créa d'Alyon.

  • Speaker #0

    Donc tu vivais à Lyon à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    Alors je suis allée à Lyon, notamment pour ça, oui.

  • Speaker #0

    Ok. Alors attends, on va raconter ça, mais est-ce qu'il y a un moment, s'il existe, je me doute que c'est progressif.

  • Speaker #1

    Ah non, il y a un moment.

  • Speaker #0

    Mais est-ce qu'il y a un moment, un truc qui a déclenché ?

  • Speaker #1

    Il y a en fait une conversation dans un petit déjeuner, où je dis à mon mari, j'aimerais faire ce que fait Clarisse. Clarisse étant la fille aînée de ma marraine. Et là, il me dit, écoute, je le savais.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Et je t'ai fait des recherches, j'ai pré-inscrit dans des écoles. Wow. Bon, après, il y a des concours à passer, mais ça, tu sais faire. Moi, j'en ai fait plein, je les réutilise tous, donc go,

  • Speaker #0

    quoi. Il t'avait pré-inscrit dans des écoles, sachant que ça allait arriver.

  • Speaker #1

    En disant que ça pouvait arriver. Je le sentais. OK. Il savait que... Je n'aurais pas forcément eu la patience de passer six mois à chercher quelle bonne école d'en comparer 150. Moi, j'aime ou je n'aime pas. C'est comme dans l'art. Je vais acheter une œuvre parce que je l'aime. Je ne vais pas en comparer 150 pendant six mois. Les écoles, c'est pareil. J'ai choisi Créade parce que...

  • Speaker #0

    La formation était reconnue parce que le parcours proposé était très complet, mais aussi parce que c'était un coup de cœur amical avec la fille de la fondatrice, alors qu'il l'a revendue depuis. Mais quand on s'est rencontrés pour l'entretien final, j'allais dire, moi j'avais très envie de travailler avec elle, tu vois. Un petit lapsus. En tout cas, d'apprendre avec elle dans son école. Mais je savais que ce que j'avais rendu était mauvais. Parce que c'était quoi ?

  • Speaker #1

    Alors,

  • Speaker #0

    première étape, il fallait rendre un aménagement d'appartement. Je ne savais pas faire. Déjà, je l'ai fait sur un fond noir. En plus, l'impression, c'est catastrophique. J'ai pris les plans d'entraînement. à part de l'époque, j'ai découpé des meubles que j'ai collés. Alors que je voyais passer à peu près d'autres dossiers, de gens qui voulaient se reconvertir et qui avaient déjà... Ils savaient faire des 3D, ils connaissaient les plans. Je savais que c'était mauvais, mais j'espérais qu'elle... elle détecte...

  • Speaker #1

    C'est ça. C'est l'exécution qui était mauvaise, mais peut-être qu'au fond, il y avait une variété.

  • Speaker #0

    Exactement. C'est que deuxième étape, aménagement de bureau. En fait, à chaque fois, je me suis creusé la tête quand même pour avoir une approche différenciante. C'est un truc qui n'a jamais changé, c'est que quand on propose un projet, y compris dans des concours, on va toujours prendre des risques. Oui. Et à l'entretien, j'ose quand même lui demander quand est-ce qu'on aurait une réponse, qu'est-ce qu'elle a pensé de mes propositions. Et en fait, elle me regarde, elle me dit, Maman Dine, si t'es pas vous, c'est personne.

  • Speaker #1

    Ah oui, waouh !

  • Speaker #0

    Et donc on se dit qu'on est dans la bonne voie. c'est sûr qu'il faut professionnaliser parce qu'en pratique c'est pas utilisable mais vous avez un style c'est courageux, c'est très bien construit à chaque fois dans les dossiers que vous avez rendus vous avez raconté une histoire ok Et elle a dit, je vais vous avoir. Donc, je lui ai donné une deadline. J'avais quand même passé un entretien aussi en cabinet d'avocat, la même journée. Et donc, en traversant un pont au-dessus du Rhône, je me suis dit, au bout du pont, j'ai pris une décision. Et moi, je fonctionne pas mal comme ça. Dans ma tête, quand c'est arrêté, après, il y a le temps de l'exécution, je dirais. Mais quand j'ai décidé, j'ai décidé.

  • Speaker #1

    Donc, à ce moment-là, tu candidates pour rentrer chez Crade. Tu candidates en même temps dans un cabinet d'avocat. Mais tu sais... tu ne sais pas encore lequel tu veux. En tout cas, avant de franchir ce pont.

  • Speaker #0

    Je sais que j'ai envie. En fait, les deux m'intéressent. Le cabinet m'intéresse. Le projet qu'il me propose m'intéresse. Il y a un chose côté développement, en fait. C'était pour développer un nouveau département. Moi, mon côté promoteur, il y va à fond. Il y a une forme de sécurité.

  • Speaker #1

    Oui, tu maîtrises le sujet.

  • Speaker #0

    Je maîtrise le sujet. Je connais le cabinet. Je connais le fondateur du cabinet. Je sais ce que je vais pouvoir leur apporter. Évidemment. financièrement je vois près où je vais aller et en même temps je me dis à ce moment là que si j'essaie pas d'être architecte d'intérieur je le regrettais tu avais quel âge 28 29 ah oui ok ok donc c'est oui c'est un tournant déterminant la trentaine tu dis bon allez c'est maintenant que je veux faire ce que je veux oui et sachant que quand j'avais quitté luxembourg pour aller à lyon j'avais quand même discuté avec les les associés avec qui je travaillais, et qui m'avaient dit, en fait, qu'ils me donnaient un an. Après, si je devais revenir plus tard, je le ferais plus tard. Mais ils me gardaient ma place dans l'équipe pendant un an. Alors évidemment, je n'aurais pas progressé. Mais je pouvais revenir.

  • Speaker #1

    Donc tu leur avais dit, en gros...

  • Speaker #0

    En tout cas, j'ai réussi par un an. Et j'avais dit aussi à nos clients chez qui j'étais en seconde month. Je leur avais expliqué la situation. Et c'était quand même une situation particulière. Et puis, ce n'était pas les modes à l'époque. Il y a une grosse dizaine d'années. Changer de carrière, ça ne se faisait pas tellement. Quitter le monde des cabinets d'avocats pour...

  • Speaker #1

    Oui, pour un changement aussi radical.

  • Speaker #0

    Oui, il y avait un côté renonciation. à une forme de carrière toute tracée. En fait, ce qui était le plus difficile, c'était de voir dans le regard de certains amis que pour eux, en fait, j'avais plus d'ambition, alors que pour moi, en fait, c'était beaucoup plus ambitieux.

  • Speaker #1

    Mais bien sûr, parce que j'étais en risque.

  • Speaker #0

    Je pouvais... Oui, je suis en risque, c'est vrai que je n'ai pas peur de prendre des risques. mesurer, contrôler, mais je me jetais à l'eau en me disant je ferais tout pour que ça marche. Ça, c'est dans mon caractère. Et j'embarque les gens avec moi,

  • Speaker #1

    je crois. Et alors les gens autour de toi, certains ont douté. Ils se sont dit mais qu'est-ce qu'elle fait ?

  • Speaker #0

    Certains m'ont dit mais tu n'auras plus de statut social. Ben non. en fait et c'est presque mon côté défi ou en fait on me dit que c'est pas possible je vais vous pourrez que ça l'est en fait donc voilà ça fait une contextualisation un peu longue mais je pense que c'est important d'en parler pour moi qui aujourd'hui veulent changer de métier c'est presque l'effet inverse c'est à la mode donc on pousse énormément les gens à essayer à tenter à changer mais souvent les gens se trompent en fait ils font des choix qui sont pas faits pour eux alors que moi je les fais en ayant conscience que Ça me semblait la bonne voie, qu'il y avait un chemin. Il y avait aussi, il faut être honnête, une vraie opportunité de marché à ce moment-là. Il y avait peu d'architectes d'intérieur. Donc, le contexte est très différent de ce qu'il est aujourd'hui. Mais je crois que ceux qui m'ont soutenu savent qu'ils ont fait le bon choix.

  • Speaker #1

    Oui, évidemment, ils ont fait le bon choix, je te le confirme. Mais en plus, je pense que, j'imagine, je ne sais pas, on ne se connaît pas très bien, Amandine, mais que le fait d'être passé par un métier de contact client, de... Tu as un caractère de promoteur, effectivement, tu l'as dit. Opportunité de marché, tu y voyais assez clair. Tu savais ce que tu pouvais apporter à ce métier.

  • Speaker #0

    Je pensais savoir ce que je pouvais y apporter. Je savais comment il fallait s'entourer aussi. Je savais dans mon caractère et dans mes compétences, on va dire, que j'aime initier les projets, j'aime créer des équipes et j'aime que ça roule. Donc, il fallait très vite, en fait, que... ça puisse fonctionner pour que tout ça aille de l'avant. Et il y avait une forme de process qui manquait, je trouvais, à ces métiers-là, qui sont perçus comme créatifs, alors que moi je trouve que ce n'est pas la première qualité. Il faut être un bon architecte d'intérieur.

  • Speaker #1

    C'est quoi ? C'est être structuré, être processé ? Oui,

  • Speaker #0

    d'abord, il faut être digne de confiance, il faut être très organisé, il faut être près de ses chiffres et des chiffres de nos clients, parce qu'on nous confie des projets, ça veut dire nous confier des budgets. Oui,

  • Speaker #1

    des limites à ne pas dépasser. des délais à respecter.

  • Speaker #0

    Tout à fait. Donc il faut d'abord être organisé, d'abord être un bon entrepreneur. En tout cas quand on dirige une agence. Et tant mieux si on a des idées. Mais je pense qu'il y a beaucoup de belles agences qui se différencient autrement que par la créativité. après c'est pas mon angle mon angle c'est d'avoir une agence très créative une agence qui prend des risques mais je pense qu'on ne peut le faire que quand on a créé autour de soi un environnement de travail sain et ça je l'avais identifié dans les entretiens que j'avais pu mener j'avais rencontré des architectes, des décorateurs, des architectes d'intérieur des que ce soit dans des boutiques, dans des cabinets dans des clubs d'entrepreneurs parfois, il y avait un peu tout ça et Le côté seul et créa me semblait en tout cas très nettement suffisant par rapport aux ambitions que moi, j'avais pour mon métier.

  • Speaker #1

    Toi, tu savais que tu ne voulais pas travailler seule.

  • Speaker #0

    Ah oui, never ever. Moi, ça me rendrait très malheureuse.

  • Speaker #1

    Ah oui, ok. Donc, ton ambition, c'était ok, je monte une équipe, je recherche les meilleurs talents à côté de moi et on va faire la différence, on va être créatif, mais aussi on va faire la différence avec ce que ton métier, ton caractère, ta formation t'apporte.

  • Speaker #0

    Exactement. Et en fait, là où... que j'ai eu de la chance, c'est que mon mari m'a fait confiance, donc ça c'était quand même le point de départ. Notamment en achetant très vite un appart en très mauvais état et en me disant vas-y. Et en fait, quand j'ai dit à nos clients et mes anciens confrères que j'allais revenir à Luxembourg et ouvrir une agence d'archives d'intérieur, beaucoup m'ont fait confiance tout de suite. Donc en fait, j'ai eu des projets avant de finir l'école. Donc j'ai demandé à deux personnes de l'école de travailler avec moi, un pour les plans, l'autre pour les 3D. et à un ingénieur que je connaissais de Luxembourg de s'occuper du volet entreprise et gestion de chantier. Donc en fait, en revenant, on a tout de suite été une petite équipe. Alors on partit à distance, mais...

  • Speaker #1

    Oui, mais alors attends, c'est formidable. Déjà, tes anciens collègues et clients, patrons, te font confiance. Ils ont eu la vie d'après.

  • Speaker #0

    En tout cas, je ne sais pas si tu étais conscient ou inconscient, mais de me dire que j'étais une bonne avocate et que je serais une bonne architecte, qu'ils avaient besoin de moi. Et... Et en fait, c'était l'occasion. Allons-y.

  • Speaker #1

    Oui, c'est top. Quand tu as la confiance, il n'y a pas de raison. En réalité, quand tu réfléchis bien, quand quelqu'un est bon dans son domaine, qu'il a fait un choix réfléchi, qu'il montre qu'il n'est pas complètement farfelu, il n'y a pas de raison de ne pas lui faire confiance sur la suite. Mais c'est rare. J'imagine que c'est rare. Donc, tu démarres, tu es diplômé, tu démarres avant même d'être diplômé. Ce nouveau métier.

  • Speaker #0

    Quelques semaines après avoir commencé l'école, je me rappelle la première discussion. Alors maintenant que tu es archélèque d'intérieur. Alors en fait... j'ai fait trois semaines d'école je sais à peu près dessiner un rond et j'ai pas commencé à tracer un plan mais oui enfin on va y arriver et là le côté promoteur prend le ruide oui on va y arriver et du coup je demande en fait tout de suite à ceux qui savent de venir avec moi ok

  • Speaker #1

    Donc là, on est presque maintenant 10 ans après cette époque-là. Oui, on est à plus de 10 ans,

  • Speaker #0

    parce que l'agence a 10 ans, grosso modo.

  • Speaker #1

    Donc ton agence, c'est Atelier Compostelle. Alors déjà, moi, je suis curieux de savoir pourquoi ça s'appelle Atelier Compostelle.

  • Speaker #0

    Oui, en fait, la première étape était que je ne voulais pas une agence qui ait mon nom, parce que je voulais créer la meilleure agence et pas forcément être la meilleure architecte d'intérieur.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    Je pense que la force de l'Atelier Compostelle, c'est la force de l'équipe. Oui. C'est qu'on est tous complémentaires. On peut compter les unes sur les autres et les uns sur les autres. Et on s'entraide, on se challenge. Et j'espère que l'atelier existera avec ou sans moi, mais en tout cas après moi.

  • Speaker #1

    C'est rare ça aussi, parce que c'est vrai que c'est un truc comme chez les coiffeurs. Il y a Jean-Louis Coiffure.

  • Speaker #0

    Mais ce qui pose des questions, parce qu'il y a une question de lisibilité dans la communication, c'est qu'il y a Amandine dans l'agence. La communication est très axée sur moi, sur mon image et sur mes engagements. Donc ça pose des questions, le fait d'avoir une agence qui n'a pas directement son nom. Vu de l'extérieur, il faut aussi retenir deux noms. On pourra en parler, mais en tout cas... Je ne voulais pas que ce soit mon... Je pensais ensuite que dans la notion de l'atelier, alors en plus je ne parle pas forcément de l'atelier au quotidien, parce qu'on est une agence, on est un studio d'architecture, mais il y a un côté de savoir-faire et de faire ensemble. Et donc, la notion d'atelier me parlait.

  • Speaker #1

    Et de craftmanship aussi. Exactement.

  • Speaker #0

    Tout à fait. Tout à fait, exactement. C'est faire ensemble, c'est savoir-faire, artisanat. Mais ça évolue avec son temps. Et je trouve que dans l'atelier, il y a une notion d'études, de groupes. Il faut être en avance, en fait.

  • Speaker #1

    Oui, d'expérimentation, d'innovation.

  • Speaker #0

    D'expérimentation. Et c'est vrai qu'on fait toujours beaucoup de recherches au bureau, en parallèle des projets. On demande des prototypages, on dessine, on avance sur des sujets qui ne sont pas... inclus directement dans nos dossiers. Il y a des choses qu'on a envie de faire, mais on n'a pas le projet pour. Donc il y a cette notion d'atelier. Et Compostelle parce que j'ai marché le chemin du Nord. C'est par un GR qui longe la cause espagnole. Donc c'est plus de la grande randonnée que du chemin de Compostelle, mais ça reste un chemin de Compostelle. Et ce que j'y trouve, c'est qu'on sait où on va, avec quelle équipe. On a une destination, on est très préparé. Et cette ultra préparation, cette vision, cette décision qu'on a pris de partir, elle laisse de la place ensuite pendant le cheminement, à des temps de réflexion, à des temps d'ajustement. Elle laisse la place à la découverte, à la rencontre. Et en fait, je crois que c'est ça un projet d'architecture. On doit être extrêmement préparé. On doit beaucoup dessiner, on doit expliquer, on doit embarquer nos clients et nos artisans avec nous. On doit se mettre à risque, mais dans quelle mesure ? Sur le chemin, c'est combien de kilomètres on peut faire ? C'est quel équipement on a ?

  • Speaker #1

    Parce qu'il faut arriver à terme, au bon moment.

  • Speaker #0

    Exactement. Chaque jour, il faut arriver à l'endroit où, sur le chemin, on va dormir.

  • Speaker #1

    Parce que oui, par curiosité, moi, je n'ai jamais fait ce... ce parcours, mais c'est quelle durée ?

  • Speaker #0

    Il y a des durées très variables parce qu'en fait le chemin il est quasiment infini. Mais moi j'ai marché trois semaines. On part très tôt le matin parce que c'est en été. Il faut être bien équipé mais pas trop chargé. Quand on marche à plusieurs, il faut laisser marcher chacun à son rythme. Mais en faisant des temps de pause au même moment, c'est exactement ça un projet d'archi. Quand on travaille en binôme, j'aime bien mettre les gens en binôme au bureau. Et donc, on voit très bien ceux qui attendent avec impatience le chantier, vont très vite aller dessiner des détails de conception. Ceux qui sont plus fans de design, de déco, vont créer des moodboards, vont travailler sur la matière. et même s'il y a un process qui est très arrêté on voit quand même les sensibilités et chacun va à son rythme l'essentiel c'est que tout fonctionne ensemble et donc le chemin c'est ça aussi cette destination, cette temporisation ce fait de faire ensemble on peut avoir peur sur un chemin on peut devoir s'arrêter parfois on peut devoir douter, on peut devoir faire des pauses changer de direction y revenir et la relation aux gens c'est ça aussi la relation à l'architecture, au design, au projet ... C'est aussi ça.

  • Speaker #1

    Il y a une notion de solitude quand même, non ?

  • Speaker #0

    Il y a une partie de notion de solitude. Ça, c'est aussi lié à la notion d'entrepreneuriat. Quand on appuie sur le bouton et qu'on y va, on est tout seul.

  • Speaker #1

    Si on change de petit gosse pour lancer un chantier,

  • Speaker #0

    en fait, le gosse, c'est quand même moi qui le donne.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. C'est toi qui bats la main.

  • Speaker #0

    Et le chantier, c'est moi qui dois battre la mesure. Ça reste ma responsabilité. Les clients vont signer avec moi, même s'ils sont pris en charge par des équipes de projet. Et il y a un élément aussi de notre parallèle avec le chantier, c'est que quand on commence à démonter, à démolir, on découvre le principe du sur-mesure. C'est que qu'est-ce qui se cachait, qu'est-ce qu'on doit adapter ? Et comme on est très préparé, en fait, on a le temps pour ça en parallèle du chantier, pour l'adaptation, en restant dans la logique du projet. Si on est moins préparé et qu'on continue à... à chercher pendant le chantier, en fait, on est sur deux temps parallèles trop différents, je trouve.

  • Speaker #1

    Oui, mais c'est hyper intéressant, je trouve, d'insister. Alors d'abord, le nom, bravo, j'adore ce truc.

  • Speaker #0

    Mais c'est des questions, c'est joli, mais est-ce que je dois le garder ? Est-ce qu'on va en changer ? Est-ce que les initiales, le AC ?

  • Speaker #1

    ça raconte une histoire moi je trouve ça super moi j'aime bien je trouve que ça raconte une histoire j'adore le fait que tu incarnes ton agence mais en même temps ça porte pas ton nom parce que effectivement c'est une des questions que je vais te poser d'ailleurs c'est de savoir ce que t'as envie de laisser en faisant ce métier qu'est-ce qui te rendrait hyper fier de savoir que tu vas laisser alors chaque Je pense que chaque humain a envie de laisser un truc, mais dans ton métier, c'est peut-être encore plus important, plus naturel et peut-être plus important. Non, non, moi, je trouve que ce nom est top. Et puis l'histoire que on s'en doute un petit peu, on comprend. Mais l'histoire que tu racontes, elle est un petit peu la même que la démarche que tu as de raconter des histoires dans tes projets, j'imagine. Mais c'est vrai que d'ailleurs, en t'écoutant, tu expliques que quand tu démontes, quand tu démolis. tu as des découvertes, des surprises. Ça arrive souvent. Enfin, j'imagine qu'il faut que les lieux soient... Alors, tu peux avoir des mauvaises découvertes en disant « Zut, ce mur, on pensait que et on ne peut pas » ou « Là, ça ne va pas fonctionner » ou « Là, la lumière n'arrive pas comme on pensait » ou je ne sais pas quoi. Ça peut être aussi des découvertes merveilleuses de trouver, je ne sais pas si ça t'est déjà arrivé d'ailleurs, de trouver des décors.

  • Speaker #0

    Exactement. J'ai deux exemples comme ça. Dans un appartement parisien, il y a beaucoup de moquettes. Oui. des différences de niveau qu'on avait un peu de mal à expliquer. On ne pouvait pas les déposer tant que je ne commençais pas. Et en plus, on a tendance à laisser les sols d'origine, quand ils ne seront pas restaurés, le temps de la démolition, parce qu'en fait, ils servent de protection à ce qu'on va faire ensuite, quand il y a des moquettes, on a tendance à les laisser aussi, en faisant quelques sondages.

  • Speaker #1

    Tu savais quand même s'il y avait du parquet, de la pierre ? Du parquet,

  • Speaker #0

    on savait. Et la découverte, c'est qu'on se doutait qu'il y avait une pierre ou une mosaïque, mais... Sur les sondages, en fait, il n'y avait rien de très joli. Mais en déposant la moquette d'une entrée, on a retrouvé une mosaïque art déco absolument splendide. Incroyable. Qu'on a pu réparer. Et à qui on a pu redonner tout son lustre et qu'on a fait revivre. Donc ça, c'est assez touchant parce que c'est un savoir-faire qu'on retrouve. C'est une empreinte qui va rester. Et notre passage, ce n'est pas de faire table rase du passé, c'est de se dire comment on peut s'appuyer sur l'existant. pour créer une trame, une histoire. Et là, en l'occurrence, on redécouvre assez tard dans le projet un élément qui marche avec l'ensemble.

  • Speaker #1

    Mais il faut que ça marche. Tu avais prévu quoi à la place de cette... En enlevant la moquette, tu pensais mettre quoi normalement ? Du parquet ?

  • Speaker #0

    Je pensais remettre une mosaïque.

  • Speaker #1

    Ah !

  • Speaker #0

    Formidable ! Donc on avait dessiné, mais on n'avait pas commandé. On attend quand même d'avoir complètement déposé, de déposer ce qu'il y aura en dessous. Ce qu'on voyait était très abîmé, en fait. Et en fait, on a juste restauré et...

  • Speaker #1

    C'est horrible. Et alors, je ne sais pas si ça s'est déjà arrivé, mais j'imagine que ça doit arriver à tes consoeurs, confrères, de découvrir un élément comme ça et le client ne souhaite pas le conserver ou ça ne fait pas du tout partie du projet et on le sacrifie ou on le recache. Je ne sais pas si c'est déjà arrivé ça.

  • Speaker #0

    Ça peut arriver. Ça peut arriver, j'irai en particulier sur des escaliers qui... qui ont du sens avec le projet d'origine, avec la construction d'origine. Nous on travaille souvent sur des maisons années 20, années 30, qui ont un peu toutes les mêmes escaliers, avec un garde-corps en bois qui est travaillé de la même manière, avec des petits bois, avec des côtes très graphiques. On a tendance à essayer de les conserver au maximum. Parfois, ils sont trop abîmés. Et refaire exactement identique de l'ancien sans que ce soit exceptionnel, ce n'est pas exactement ce qu'on aime faire non plus. Et parfois, le cahier des charges de nos... clients et de restructurer beaucoup plus lourdement, notamment en déplaçant les escaliers. Et dans ce cas, c'est leur intérieur, que ce soit leur bureau ou leur résidence privée. Donc quand j'ai une conviction, c'est clair qu'on va se battre pour ça et le plus longtemps possible. mais c'est pas un combat en fait. Moi je préfère, à l'idée de danser avec nos clients, je dirais, de donner un rythme et un tempo, il faut les deux dans un projet. Le tempo va donner la base et hop après le rythme une musique. Mais c'est chez eux. On est quand même à leur service. On a une collection, mais on est à leur service.

  • Speaker #1

    Alors moi, on va rentrer dans ton métier. Pour qui tu travailles, tu nous expliques un peu tout ça. Mais moi, j'ai une frustration en tant que fan d'architecture, d'architecture d'intérêt. de design mais j'ai une frustration et peut-être même un combat je peux bien quand on le monnaie d'ailleurs mais c'est de voir des espaces plutôt des espaces tertiaires qui sont des immeubles à paris qui sont qui sont historiques dont on conserve les façades mais pour des raisons de réglementation de d'accessibilité de deux flux de passage de fluides de climat etc on est obligé et d'économie du principal campas son même endroit mais voilà moi ça me je me dis mais on est obligé de détruire des endroits et c'est le patrimoine de l'architecture et donc une partie de la culture française notamment, et c'est vrai dans plein d'autres pays, qu'est-ce que tu en penses ? Enfin, comment on peut faire ? Parce que c'est vrai qu'on ne peut pas obliger un client à payer 40% de plus pour conserver un plafond ou un escalier, mais en même temps... On a tous visité des intérieurs qui ont été complètement ravagés par une absence de culture, et pas pour une raison d'économie, mais où des parquets anciens ont été recouverts, etc. Et je me dis, mais il faut conserver ce truc-là. Comment on fait ?

  • Speaker #0

    Alors, c'est une vraie question. Je pense qu'elle... Merci. Elle se décline en trois réponses. La première, c'est que, déjà par chance, il existe des entreprises qui déposent les matériaux anciens, qui les restaurent et qui les revendent. Donc ça permet de reconstituer les intérieurs dans des lieux qui, à l'inverse, ne sont pas restaurables. Donc on peut retravailler sur un bâtiment Art Deco ou Art Nouveau, par exemple, qui a été trop abîmé, en réintégrant des décors dans un bâtiment du même type qui, lui, est démonté partiellement. c'est un premier élément, c'est quand même assez intéressant de savoir que ça existe et que tout ne disparaît pas.

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai.

  • Speaker #0

    Ensuite, On rejoint les questions de patrimoine en France, mais heureusement, le patrimoine français, européen, d'ailleurs, est très riche. Et il existe de nombreux lieux qui sont intéressants et qui sont le témoin de chaque époque. Il reste de tout partout bien restauré. Et il y a des passionnés de patrimoine qui sont là pour ça, pour préserver les lieux, pour les ouvrir au public. Et... Pour en prendre soin ? Pour préserver des histoires ? Pour témoigner de savoir-faire ? Pour faire travailler des artisans ? C'est le deuxième élément. Ça existe quand même.

  • Speaker #1

    Oui, non mais c'est vrai.

  • Speaker #0

    Et le troisième, c'est la réponse plus directe à ta question. C'est dans la mesure où on doit utiliser un lieu. Et qu'il y a des réglementations auxquelles on ne peut rien, parce qu'elles ont été développées, la présence de sécurité principalement. Est-ce qu'on pourrait faire mieux ? Et autrement, oui, clairement. Et comme tu le sais, on s'attache à le faire. Et sur un projet sur lequel on travaille ensemble, on va essayer au maximum. de réintroduire des codes qui vont être intéressants et qui vont souligner l'architecture du bâtiment. Mais je ne suis pas passéiste, j'aime beaucoup l'histoire, j'aime l'architecture. Je voudrais pouvoir préserver un maximum des lieux anciens. Et en même temps, je crois qu'au moment où Cellulian a été créé, c'était le meilleur de ce qui se faisait. Et je pense qu'on a la responsabilité aujourd'hui de les restructurer, de les retravailler en les respectant, mais quelque part aussi en y faisant travailler le meilleur de la création contemporaine. Donc je pense qu'il faut vivre avec son temps, en respectant ce qui a existé. Quand on peut conserver, évidemment, des vitraux et les faire restaurer, bien sûr. S'il entrait une belle mosaïque, évidemment que j'ai envie de la conserver. mais si il faut parfois sacrifier un élément secondaire qui n'est pas forcément un marqueur extrêmement important ou significatif parce que ça rend le projet possible je crois que c'est aussi l'intelligence de l'architecte de savoir guider son client sur ce que l'on doit conserver ce pourquoi il faut se battre ce qu'il faut expliquer aux quittés monuments et aux architectes des bâtiments de France Parce qu'évidemment, il y a tous ces paramètres-là à prendre en considération. Et en même temps, comment aller de l'avant ? Je l'ai dit un peu au début, notre métier, c'est notamment de rendre possibles les projets. Et donc, d'analyser les bâtiments, de bien les comprendre. de comprendre l'objectif de nos clients et de concilier tout ça. Et on a un travail d'explication à faire aussi.

  • Speaker #1

    Mais ça, ça suppose que... Alors, c'est très clair, j'aime beaucoup cette réponse, mais ça suppose aussi... d'avoir cette conviction et je pense que tout le monde ne l'a pas dans son métier beaucoup long heureusement et 2 d'avoir les bons clients alors les bons projets j'imagine que naturellement ça se fait enfin tu veux tu vas peut-être nous parler de ton pire projet c'était une question que j'avais aussi mais alors pour qui atelier compostelle ton équipe de talent et toi même travaillez vous et quels sont vos c'est quoi les personas de l'agent des clients de l'agence écoute m

  • Speaker #0

    Le persona du care de l'agence, déjà, il est le même sur les projets résidentiels et les projets workspace. Le persona, c'est quelqu'un qui est convaincu de l'importance des lieux dans lesquels il vit, où il travaille, sur ce qu'il va y vivre. Alors dans les projets workspace, on va venir appuyer une méthode de management, on va venir appuyer une image. on va venir souligner un propos. Donc ça, la conviction sur l'importance de l'intérieur, elle est vraiment un point commun entre nos clients. Ensuite, nos clients, ils recherchent des éléments de différenciation et ils recherchent, j'allais dire, une vraie relation avec leur architecte. Ils recherchent un échange qui va mêler culture, architecture et monde de l'art. Pour avoir une approche globale. On vient nous chercher pour ça aussi. Ils viennent rechercher un sparring partner. ils auront des idées, mais nos clients ont souvent envie d'être surpris. Ils nous font confiance. Ils ont envie qu'on les écoute, qu'on comprenne, qu'on les challenge. Ça fait vraiment partie des points communs de nos clients, je crois. De pouvoir discuter avec nous, d'être écoutés. On nous remonte souvent le fait que on devient très souvent amis avec nos clients après les projets. C'est aussi parce que nous avons su nous écouter et créer des relations privilégiées. Alors qu'avec d'autres expériences précédentes, on n'osait pas trop dire ce qu'on pensait. Ou en fait, l'architecte imposait son point de vue. Et donc, nous, nos clients, ils viennent nous chercher aussi pour avoir un point de vue, mais pas pour qu'il soit imposé sans avoir du sens.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    La personne type, ensuite, est sensible au monde de l'art. Ça, je crois que je l'ai souligné.

  • Speaker #1

    Donc, c'est en gros. Alors, j'ai bien compris ce lien entre tous tes clients.

  • Speaker #0

    Après, géographiquement, peut-être quand même.

  • Speaker #1

    Non, géographiquement. Et puis, dans le secteur du travail pour le résidentiel, travail pour des... espaces de travail, l'hospitalité un petit peu j'imagine.

  • Speaker #0

    Oui c'est ce qu'on voudrait développer en fait. On a eu quelques expériences dans le monde de l'hospitalité qu'on a beaucoup aimé notamment on a restructuré tout l'espace d'accueil et le lobby de l'hôtel des Frères et Barbeaux Rabidard. et la perception du lieu à travers le changement qu'on a apporté dans le lobby correspond exactement à ce qu'on a voulu faire avec nos clients qui était d'être réellement un lien entre le moment de la réservation où souvent leurs clients réservaient pour le restaurant étoilé et allaient à l'hôtel et maintenant les clients réservent pour l'hôtel notamment à travers l'image que l'on a pu transformer ensemble

  • Speaker #1

    Et c'était une partie du cas des charges ?

  • Speaker #0

    Oui, en fait c'était une discussion sur Le lobby est sous-exploité d'un point de vue espace et volume. La réception a une circulation pas très logique. Et c'est un endroit que moi je connaissais bien. Et en fait la première chose qui m'est venue à l'esprit était qu'il manquait un lien. entre le moment de la réservation, entre l'image qu'on se fait et le moment où on arrive. Alors que le volume était présent, les angles de vue étaient présents et donc il fallait restructurer pour réorganiser et donner cette image premium qui correspond au service qui était déjà apporté.

  • Speaker #1

    Tu peux nous le décrire, ce lieu, pour ceux qui ne le connaissent pas ?

  • Speaker #0

    En fait, c'est une grande maison basque qui est la troisième génération. Donc, en fait, les hommes cuisinent. Xavier et Patrice sont chefs et ils ont une étoile. Et leurs épouses s'occupent de l'entreprise et de l'hôtel. Ça donne un contexte parce qu'il y a une logique familiale, en fait, où cette sensibilité-là, elle devait être présente. C'est vraiment une maison basque. Et l'entrée de l'hôtel, qui est une construction un peu plus récente, des années 70 à peu près, était un très grand volume, avec plus de 6 mètres sous plafond, qui donnait sur un escalier deux volets, mais deux volets qui se font face. Encore une autre perspective. Et on entrait, il y avait un petit bureau sur la gauche, et puis le reste était... il y avait un billard. En fait, on ne savait pas exactement où il fallait aller, et le volume n'était pas perceptible. et au Pays Basque les bergers ont un bâton qui s'appelle le Makita qui est fait en oistier et en fait chacun est unique à son veinage particulier et pour moi le passage de témoin la notion de bâton, de marcher ensemble de nouveau peut-être et de tradition basque était extrêmement importante et en fait on a appelé ce projet Makita Et j'ai dessiné un immense desk qui doit faire 7 ou 8 mètres.

  • Speaker #1

    Qui est la banque d'accueil.

  • Speaker #0

    En fait on arrive et dans l'entrée on a ce très long desk avec plein de petits bâtons verticaux qui ont l'inspiration du coup le bâton basque et sur l'arrière une gigante. grantesque bibliothèque, dans lequel il y a évidemment tous les éléments techniques nécessaires à un desk d'accueil dans un hôtel, mais plein d'objets basques et de beaux objets, en fait. Donc, ça devient, quand on arrive, on est immergé dans la culture basque, mais contemporaine. Et on a travaillé avec les entreprises locales. J'ai dessiné des luminaires qui sont inspirés des fleurs et des feuilles et des végétaux du jardin des chefs. C'est un lien entre le restaurant et l'hôtel. Ça a été créé par Asel Malchak, qui est une artisane basque et qui avait déjà travaillé pour le restaurant.

  • Speaker #1

    Tu connaissais avant ce projet ou tu l'as cherché pour le projet ?

  • Speaker #0

    Je savais ce qu'elle faisait parce que j'avais vu quelques éléments du restaurant, mais je ne l'ai pas... J'ai proposé à nos clients de l'intégrer sur le luminaire, qui n'était pas encore un volet qu'elle avait forcément développé. Mais bon, elle a dit qu'elle était partante, elle a essayé et on aime bien l'idée de la réalisation. Donc ça a renforcé ce lien entre les deux parties de la maison. On a ces grands luminaires en métal très proches du cortène. Cet immense volume noir autour du Makita, autour duquel on circule, il permet désormais d'intégrer un volet boutique. En bureau, pour la directrice de l'hôtel, tout a été regroupé. On a installé une cheminée autour de laquelle les clients peuvent venir en hiver, passer un moment, et même à l'automne. Se poser sur un canapé autour de la cheminée, c'est hyper agréable.

  • Speaker #1

    Donc tu as vraiment complètement bousculé l'expérience du visiteur, du client, peut-être même du collaborateur qui travaille dans cette zone.

  • Speaker #0

    Oui, parce qu'en fait, je pense que pour les collaborateurs de l'hôtel, c'est beaucoup plus agréable. C'est beaucoup plus simple. Et puis là... voir le sourire, c'est ce qu'elle me dit, c'est le sourire de leurs clients quand ils arrivent. Il n'y a rien de plus motivant quand on commence une expérience hôtelière que de recevoir son client, de voir qu'il a le sourire, qu'il regarde partout. Et ça, quelques années, ça fait trois ans qu'on a fini ce projet. Et j'avoue que ça me touche encore beaucoup. Chaque fois que j'y vais, elle me dit « qu'est-ce qu'on est bien ici, à Paris Grégoire, à travailler » . Et chaque fois que des clients viennent, maintenant, ils viennent pour l'hôtel. Et la réception, il y a vraiment un espace où la notion de lobby a pris tout son sens. Donc, oui, c'est une expérience qu'on a beaucoup aimée. Et j'aimerais vraiment reproduire cette expérience-là. En fait, pouvoir dessiner des lieux auxquels tout le monde a accès. Parce que finalement, on dessine des intérieurs auxquels les collaborateurs, les clients ou des familles ont accès.

  • Speaker #1

    C'est vrai que le lieu de l'hospitalité...

  • Speaker #0

    Que n'importe qui s'allait déjeuner ou dormir dans un lieu qu'on a pensé, c'est vraiment dans les ambitions de l'atelier.

  • Speaker #1

    Oui, ok, ok. Alors, une question sur, tu disais, nos projets sont, enfin, nos clients deviennent parfois des amis, même souvent. Alors moi, je me souviens d'une discussion que j'ai eue avec Joseph Dirand, qui est un architecte des PLG et qui fait beaucoup, beaucoup, beaucoup d'architecture à l'intérieur. Il me disait, alors lui, il me racontait, alors ça a peut-être changé, c'était il y a quelques années, mais il me disait, en fait, c'est un accouchement qui est tellement douloureux que neuf fois sur dix, je me fâche d'une manière ou d'une autre. C'est pas qu'il se fâche, mais qu'il y a une... Je ne sais pas, pas trahir sa pensée, mais il m'avait expliqué que c'était parfois très douloureux parce que peut-être les clients devaient accepter certaines concessions, j'en sais rien, mais qu'au bout d'un moment, il y avait toujours un moment de quelques semaines, quelques mois où on ne se parle plus, on ne parle plus à nos clients, on ne les voit plus, on a livré le truc, ils vivent dans leur intérieur ou dans leur hôtel ou je ne sais pas quoi. Et que souvent... Quelques mois, quelques années après, il y avait un nouveau projet avec ce client, mais qu'il y avait toujours une phase un peu de « c'est bon, stop » . Toi, c'est totalement l'inverse, j'ai l'impression.

  • Speaker #0

    Moi, j'ai moins cette expérience-là, peut-être notamment parce qu'on prépare nos clients à ce qu'ils vont vivre pendant le chantier. On explique qu'un projet d'architecture d'intérieur, c'est un peu comme un mariage, dans le sens où il y a une phase… On se découvre, tout va bien, et puis on peut douter. On peut s'éloigner un peu, respirer, mais en gardant le contact. Ça, c'est le rythme de nos rendez-vous. Parce qu'en fait, il y a une conviction, il y a une envie de faire. Et le monde extérieur peut nous influencer. On prévient nos clients qu'en en parlant avec les familles, avec les amis, tout le monde n'a pas la même vision des choses. Et ils peuvent douter. Mais par contre, on sait qu'ils nous ont choisis, qu'ils nous font confiance. et qu'on avance ensemble à des rythmes qui peuvent être différents parfois, mais on leur explique tout ça. Et on sait qu'il peut y avoir des moments où on va devoir rapprocher les rendez-vous, d'autres où on va les espacer un peu, où la respiration va permettre de se rendre compte qu'on est vraiment dans la bonne direction, mais pas se fâcher par contre. Donc ce rythme-là de la préparation du projet, c'est assez normal. Et puis il y a la phase de pré-projet, de pré-lancement du chantier. Où là, tout s'accélère. Donc tout le monde est dans l'euphorie du démarrage des travaux. Puis il y a le temps fort du démarrage du chantier. Ce qui veut dire aussi être sur un planning officiel.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Donc là, c'est une question super processée. Il faut tenir une cadence, expliquer le planning, par où on va passer.

  • Speaker #0

    Et dans l'agenda de chantier ensuite, il y a des phases hyper enthousiasmantes où tout va vite. Ce n'est pas que ça va vite, en fait. C'est juste que l'exécution a été préparée, elle est rapide et ça se voit. Et on sait qu'il y a des phases dans lesquelles tout est moins visible.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    c'est ça. Il y a des phases de plus-value parce qu'il y a des techniques qui ont été anticipées, mais qui fonctionneront ou pas. parce qu'il y a des décisions qui sont prises souvent par nos clients aussi et qui impactent l'enveloppe globale ou le délai. Et c'est sûr qu'il y a des timings nécessaires à la bonne exécution des projets. Et puis des phases qui sont frustrantes parce que quand on est dans le ponçage des murs et dans les enduits, il peut se passer un mois, deux mois.

  • Speaker #1

    Oui, on a l'impression qu'il ne se passe rien. Exactement. Ça ne bouge pas,

  • Speaker #0

    il n'y a pas de physionomie du mieux. Ça peut être angoissant, ça peut être... Mais par contre, c'est dans le planning, faites-nous confiance. Si je vous dis que le projet sera livré ou tenté, il le sera. Et si je pense que ça ne l'est pas, je vous le dirai dès que je le sais.

  • Speaker #1

    Ok, donc c'est une transparence.

  • Speaker #0

    Donc, est-ce pas une situation... On ne dit pas tout va bien quand ça ne va pas. En revanche, on épargne à nos clients beaucoup de soucis. On ne leur partage pas du tout les tracas du chantier. Ils restent chez nous, ils sont gérés. Et on propose à nos clients des solutions entre lesquelles ils doivent choisir. Oui. Donc, je n'ai pas de... Non, pas de mauvaises expériences. On n'en peut plus. Mais c'est aussi...

  • Speaker #1

    J'imagine qu'il y a des périodes de tension qui arrivent quand on explique mal, quand on n'est pas suffisamment transparent, quand il y a des surprises qu'on ne communique pas.

  • Speaker #0

    Oui, je ne dis pas que ça n'arrive jamais. Il y a des moments où on peut moins se comprendre. Il y a des moments où... Les projets sont gérés à l'atelier par des chefs de projet, pas par moi directement. Je vois tout, je sais tout, mais il y a des moments où je sens qu'il faut que je sois là. Où je viens plus souvent, en tout cas, entre les réunions de chantier. où je participe à un rendez-vous, où je prends les clients avec moi pour aller voir une expo, pour aller choisir quelques luminaires complémentaires. Je sens parfois qu'ils ont besoin de ne pas être que dans les timings, les budgets et de remettre de l'enthousiasme. Et ça, on a créé des process pour faire en sorte que dans les phases, comme tu disais, un peu douloureuses, ou un peu molles, il y ait des temps un peu plus ludiques, ou en tout cas dans lesquels on fait des choix. qui font plaisir. On le garde toujours sous le coude. Le choix d'un textile, les petits fauteuils complémentaires, le joli luminaire qu'on va venir poser sur un buffet.

  • Speaker #1

    Donc tu manages tes clients, c'est bien. Je vois ça.

  • Speaker #0

    Tu disais tout à l'heure quel serait ton pire projet. Je pense que le pire projet, c'est celui où on ne se comprend pas. Celui où on n'arrive pas à s'entendre. J'ai un souvenir comme ça et c'est forcément douloureux. Le contexte, c'est que nos clients travaillent tous les deux. avec des responsabilités importantes dans... Je dirais pas dans quoi, d'ailleurs.

  • Speaker #1

    C'est un projet résidentiel. C'est un projet résidentiel.

  • Speaker #0

    Et en fait, t'habitais à l'étranger. Son rentrée-vivre au Luxembourg et du jour au lendemain, n'ont plus d'occupation autre que de vivre dans un chantier en site occupé.

  • Speaker #1

    Aïe, aïe,

  • Speaker #0

    aïe. Exactement. Avec des ambitions qui étaient adaptées à ce qu'ils étaient avant, mais qui devenaient insupportables pour eux. Et en fait... Tout a... Enfin, ça n'allait plus.

  • Speaker #1

    Ils avaient vécu dans le lieu avant les travaux ?

  • Speaker #0

    Non, ils n'avaient pas vécu dans le lieu avant. Mais par contre, ils y vivaient dans un lieu très confortable et le chantier, ils le voyaient à distance. Et ils ont dû déménager dans cet endroit-là, en plein chantier, et se retrouver d'une villa gigantesque à un espace un peu calfeutré et puis avec des travaux. En fait, il y a une équation entre le temps qu'on avait prévu pour le projet, l'ambition qui était qu'on avait en gros tout cassé. C'était un duplet. On a regroupé deux appartements, cassé des dalles pour créer les bafons cathédrales. On a recréé un escalier. Et en fait, je vous fais confiance, tout roule. Tout était remis en question chaque semaine. Et plus rien, en fait, on n'arrivait plus. A se faire confiance. On n'arrivait plus à... Le chef de projet ne voulait plus aller au rendez-vous, à tel point qu'il était tellement stressé qu'il a quitté l'atelier. En disant en fait, ce métier est trop stressant. Alors ce n'est pas ce métier qui est trop stressant, c'est cette situation. particulière et j'aurais préféré le savoir quelques mois avant pour t'aider. Donc ça, c'est aussi un échec pour moi, de perdre un collaborateur parce qu'il n'est pas heureux. Et c'est douloureux parce qu'en fait, c'est un projet où tout s'est accumulé pour plus rien n'aille. Alors, l'exécution est restée impeccable. Mais ça se passait moins bien avec l'entrepreneur. Les clients essayaient de le voir le week-end, ou le bureau est fermé le week-end. En fait, il n'y a plus rien qui marchait. La communication ne marchait plus. Ils ne nous faisaient plus confiance, on ne leur faisait plus confiance. Et j'ai eu l'impression d'avoir tout essayé.

  • Speaker #1

    Et le retour de ces clients en cours de chantier n'était pas prévu, j'imagine. C'était une dimension que tu n'avais pas du tout.

  • Speaker #0

    Non, et s'ils avaient anticipé ça, j'aurais poussé moins loin l'ambition pour le projet. J'aurais typiquement pas fait recouper des dalles, j'aurais pris moins de risques. Redessiner un escalier de manière plus simple. Là, on a vraiment pris, on a dessiné quelque chose qui est un escalier imbriqué dans une bibliothèque. Ce qui veut dire que c'est vraiment du millimètre et qu'on doit vraiment pouvoir adapter la menuiserie, y compris en cours de pause. Et ça, c'est quelque chose. En fait, chaque adaptation, pour eux, devenait « vous êtes trompés » . Non, c'est du sur-mesure, c'est comme une robe sur-mesure.

  • Speaker #1

    On ajuste tout le temps.

  • Speaker #0

    On ajuste jusqu'au dernier moment. Il y a l'intention, il y a le dessin. Et la robe est parfaite. On a pu prendre 100 grammes, on a pu perdre un kilo. Elle est parfaite parce qu'elle est adaptée pour vous au moment où vous en avez besoin. Et ça, on n'a pas réussi à la faire comprendre. Mais ça reste un échec pour moi.

  • Speaker #1

    Mais tu as appris beaucoup.

  • Speaker #0

    J'ai appris beaucoup, mais c'est pas douloureux parce que quand je les croise... Je sens qu'ils ne sont pas heureux de la conclusion que ça a donnée.

  • Speaker #1

    Ils sont heureux d'un lieu ?

  • Speaker #0

    Je n'en sais rien. Je l'espère, mais je ne sais pas vraiment. Et j'avoue que je les ai croisés encore il n'y a pas très longtemps. Ça a laissé un espèce de malaise. C'est dommage. Pour moi, ça, c'est un vrai échec.

  • Speaker #1

    Oui, je comprends.

  • Speaker #0

    On a réussi l'architecture, on a réussi le timing, on l'a tenu. Mais on n'a pas l'ambition d'une transformation. La réussite, elle est liée aussi à la perception qu'on en a.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Et que le client va en avoir, et qu'il est heureux.

  • Speaker #0

    Alors que le plupart de nos clients sont très heureux quand leur projet est en cours, quand il est livré, et on se voit encore en dehors. Ils ont plaisir à en parler. Moi, mon meilleur ambassadeur, c'est mon client.

  • Speaker #1

    Bien sûr. Donc, tu travailles aujourd'hui beaucoup Luxembourg, France, dans des zones en particulier, Île-de-France, Renal.

  • Speaker #0

    En fait, le bureau de Luxembourg s'occupe de Luxembourg. Et la Belgique. Et le bureau de Paris s'occupe de... de Paris évidemment, des alentours de Paris et des projets en province qui sont en ce moment Bretagne principalement. On a travaillé dans le sud de la France, on a travaillé en Savoie, on a travaillé au Pays Basque. On adore. Mais en fait on pourrait aller beaucoup plus loin surtout. J'adorerais avoir des projets. J'adore l'Italie donc j'aimerais travailler en Italie, j'adorerais faire une villa au bord d'un lac italien. Voilà ça fait partie des choses qui sont dans le radar pour la suite. Oui exactement.

  • Speaker #1

    C'est quoi les métrics ? Alors je ne parle pas de tes chiffres et tout ça, sauf si tu veux en parler, mais on parle de combien de projets par an ? Je ne sais pas si on peut parler d'un panier moyen ? C'est quoi un peu les indicateurs ?

  • Speaker #0

    Alors l'idée est que chaque binôme de chefs de projet travaille sur cinq projets en parallèle. Ça veut dire qu'il y a toujours un projet qui est au tout début. Et je pourrais te dérouler un projet. Et un projet qui est en train de se faire. train de se terminer. On sait qu'un projet qui se termine, les 10% qui restent prennent 30% du temps. C'est connu. C'est à peu près ça. On est une dizaine au bureau, sachant que tout le monde ne travaille pas, il n'y a pas que des chefs de projet, puisqu'on a aussi des personnes qui ne font que de la 3D. Ça, c'est quelque chose que nous, on veut garder au sein des équipes, parce qu'on monte assez tôt les volumes en 3D blanche pour voir les espaces.

  • Speaker #1

    3D blanche, c'est donc des 3D plassures mères, filaires ?

  • Speaker #0

    Exactement, c'est en noir et blanc, c'est le volume réel, mais il n'y a pas de matériaux, il n'y a pas les lumières, il n'y a pas tout ça. Mais on voit les volumes quand même.

  • Speaker #1

    Et le but, c'est de vous rendre compte, mais aussi de faire valider des choses aux clients ?

  • Speaker #0

    Exactement. Exactement, parce qu'en fait, tout le monde n'a pas la même perception des espaces. Quand je rentre dans un intérieur, en fait, je le vois fini.

  • Speaker #1

    Ok, mais ça, tout le monde ne le voit pas.

  • Speaker #0

    Et je dois arriver à communiquer, et parfois pas trop tôt, ce que j'ai en tête, les angles de vue, les volumes et transformations qu'on apprend. proposer, il faut parfois aller par étape. Mais j'y reviendrai, je vais répondre à ta question. L'idée, en tout cas, c'est j'ai dans ma tête une quinzaine de projets en permanence. Les volumes sont très différents, donc c'est sûr que parfois c'est plus. Sachant que dans la gamme de projets, ça va d'une offre qui s'appelle les one day design. C'est environ une semaine de travail, mais c'est une journée complète avec les clients. Ah oui,

  • Speaker #1

    tu as trouvé tes offres carrément en fonction des...

  • Speaker #0

    Alors celle-là... Là en particulier, parce qu'en fait je voulais avoir une offre qui permette à à peu près tout le monde d'avoir accès à la touche compostelle, et d'avoir un temps avec nous, d'avoir notre regard. Parfois c'est choisir l'illuminaire d'une maison, parfois c'est revoir des plans d'un projet en VFAR, mais c'est l'équivalent d'une journée complète ensemble, plus un temps de préparation. et un temps de post-traitement. Ça, c'est vraiment le minimum pour travailler avec nous.

  • Speaker #1

    Et ça, tu as forfaitisé carrément un prix ? Ça,

  • Speaker #0

    je peux te le donner, c'est une offre qu'on vend, 3500 euros hors TVA, et qui a un vrai coup de pouce. On travaille vraiment, on donne vraiment nos idées, c'est vraiment notre style. Simplement, c'est sur un temps condensé pour le rendre accessible.

  • Speaker #1

    Et donc, attends, je creuse un peu, ça veut dire qu'un client vient te voir en disant « je veux la touche Compostelle » . Sur le one day design pour pimper mon salon ? Ça peut être ça ?

  • Speaker #0

    Ça peut être ça. Soit parce que le projet est trop petit. Ça peut être, par exemple, la conception d'un studio. On sait qu'on ne fait pas tout sur l'équivalent d'une journée à deux architectes, je précise. Et du temps avant après, en revanche, on va donner le fil conducteur. Et on va faire venir en fin de journée un entrepreneur pour chiffrer les travaux. Ça peut être que le projet est trop petit pour une mission globale, soit il est trop spécifique. Tu parlais de pimper ton salon, c'est exactement ça. On a acheté une maison, on l'a meublée par nous-mêmes, on a fait des choix et on se rend compte qu'il n'y a pas de liant, par exemple. Qu'il manque un style. Et donc, on peut très bien passer une journée à définir une démarche stylistique, à définir un listing de... d'objets, de mobilier, d'œuvres d'art par exemple. Ça peut être aussi le dessin de menuiserie. On peut terminer un projet, pas avec nous, et se dire, ce projet-là, il n'est pas terminé. Et plutôt d'aller voir directement un... agenceur qui va nous faire un projet par exemple le style de ce qu'il sait faire et ce qu'il peut fabriquer on vient vous voir et on sait que vous avez la possibilité de travailler avec différentes usines différents ateliers pour rendre possible notre projet Donc c'est quelques exemples de ce qu'on peut faire. Ça peut être de la déco, ça peut être du plan. C'est deux architectes, une journée, et le travail préparatoire. Ça c'est l'entrée. Après, ça peut être aussi, on a envie de faire un projet avec vous, mais on n'a pas le budget pour. Donc on rentre par le one day design. Mais sinon, de manière générale, on nous confie la conception globale d'un lieu. Et la conception du projet, la description des travaux. le suivi du chantier ça c'est le plus intéressant pour nous évidemment

  • Speaker #1

    Alors t'as parlé du point commun entre tous tes clients t'as parlé aussi du style Compostelle, de la touche Compostelle pourquoi on vient vous voir ? Pourquoi ?

  • Speaker #0

    Alors beaucoup te répondront on vient nous voir parce qu'on aime le bleu Oui mais pas que la palette de bleu est clairement celle dans laquelle moi je me sens le mieux qui nous ressemble il y a des centaines, des dizaines des centaines de nuances de bleu. Nos clients ne viennent pas que pour une teinte, même si on a la chance d'avoir créé deux collections de couleurs. Une pour Perrault et l'autre pour Robin, qui est un fabricant de peinture à Luxembourg. Donc on peut piocher des couleurs, évidemment, dans nos nuances. C'est ce qui se voit parfois de l'extérieur. Mais évidemment, je suis Madame Bleu, mais pas que. En fait, d'abord, on vient nous voir parce qu'on sait qu'on tient nos engagements et qu'on rend possible des projets qui sont ultra personnalisés. on vient nous voir parce qu'on a un bureau qui est discret, on fait très attention à la confidentialité, ça fait partie aussi des éléments de choix de nos clients.

  • Speaker #1

    C'est le côté luxembourgeois ?

  • Speaker #0

    Non c'est le côté moi ça je pense enfin c'est de manière générale je suis assez discrète je ne parle pas des gens Et évidemment, on a besoin que nos clients communiquent sur nos projets. Et on a besoin de communiquer sur les réseaux. On a besoin de... Quand les marques pour lesquelles on travaille nous permettent d'en parler, c'est évidemment extrêmement intense, parce que c'est un booster. Parce que c'est un élément de notoriété. Mais dans aucun de nos projets communiqués, on ne voit nos clients, sauf quand ils le souhaitent. On ne sait pas où c'est. Sauf quand c'est des bureaux et qu'on peut communiquer autour, évidemment. Donc ça fait quand même partie... On n'est pas le bureau qui... toutes les semaines, va faire une story sur sa réunion de chantier en citant monsieur, madame, machin ou l'adresse, ou nos projets, ils ne s'appellent pas... C'est pas 17 Perrer, 31 Haussmann, jamais. Je le tiens vraiment au hasard en plus. Donc ça fait aussi partie du choix de l'atelier. On vient nous choisir parce qu'on prend des risques. Et ça, c'est aussi un élément important, c'est que... Il y a la gamme dans laquelle on peut travailler, il y a un style global et je vais le développer. Mais on va vraiment à chaque fois se remettre en question, à chaque fois chercher. À chaque fois personnaliser, on va faire créer des luminaires par exemple pour certains projets. Ça veut dire qu'on a des clients qui acceptent de prendre des risques aussi. Je ne l'ai peut-être pas dit, mais on a des clients qui... On doit mesurer la prise de risque que l'on peut proposer à chacun. Quand on fait de l'ultra prototypage, tout ne peut pas toujours fonctionner, donc il faut un plan B. Ça, c'est un élément, je pense, qui est important. Alors, dans le style compostel, évidemment, il y a quand même des éléments signatures. On a développé des choses qu'on aime beaucoup. Par exemple, on aime positionner des matériaux qui ne délimitent pas au sens propre les pièces. C'est-à-dire qu'on va avoir un parquet qui va faire la continuité entre des chambres, une salle de bain, un couloir, et qui va s'arrêter quatre carreaux avant la baignoire.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et donc, on va reprendre un sol ensuite qui va faire le sol, puis remonter dans une bouche ou dans une baignoire. Donc le fait de délimiter les espaces de manière non conventionnelle, ça fait partie de ce qu'on fait souvent. On adore créer des espaces très sombres.

  • Speaker #1

    Quand tu dis sombre,

  • Speaker #0

    c'est le bureau.

  • Speaker #1

    Mais le style, il vient quand même de toi ?

  • Speaker #0

    Oui, en fait, mon job au bureau, c'est de diriger la création. Il vient de moi, mais je challenge beaucoup les équipes.

  • Speaker #1

    Tu es directeur de création de l'agence ? Oui.

  • Speaker #0

    Mon job aujourd'hui, c'est de diriger la création et le développement, bien sûr.

  • Speaker #1

    Donc si on prend un projet de type, tu as un brief.

  • Speaker #0

    En fait, on va écrire un brief, on va le définir nous-mêmes et on va intégrer dedans ces éléments signatures, notamment sur la palette chromatique, sur les jonctions entre les sols, sur la complémentarité. Moi, j'aime bien foncer, éclaircir l'espace clair. On adore peindre les plafonds, on adore faire travailler des artistes dans les projets pour venir travailler sur un plafond qui va permettre ensuite d'être une œuvre d'art in situ. On va dessiner beaucoup de bibliothèques, c'est aussi un élément signature, on dessine énormément de bibliothèques. Peindre les plafonds, on en a parlé un petit peu. On crée des alcoves. Depuis le début, un des premiers projets, on avait peint en fait en alcove un salon. Et ça fait partie des éléments que l'on reprend assez régulièrement et qui sont reconnaissables, je dirais, de notre style. Ensuite, dans les éléments de style aussi, c'est que je vais rendre contemporain des marqueurs architecturaux. Par exemple, les éraphites qu'il y avait sur des maisons hors-déco à nouveau en Belgique, je les transforme pour graver des plafonds.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Donc on a modélisé une... une manière de faire qui permet de rendre artistique un plafond donc attends t'as modélisé une manière de faire ça veut dire qu'il y a carrément une technologie un savoir-faire un process en fait ça avait pas été fait en tout cas pas par nos artisans donc on a créé une trame une manière de faire pour venir graver les plafonds C'est un exemple, mais ça fait partie de ce que je veux travailler et développer. Dans les éléments signature, il y a aussi le fait de faire ressortir les détails. Dès qu'il y a un détail, un renfoncement, je ne vais jamais effacer les défauts, mais je vais essayer soit de les faire ressortir, soit de les mettre dans un mouvement plus global. Et puis un dernier élément qui me vient à l'esprit, c'est de lier les pièces entre elles. On a parlé des sols, mais j'aime beaucoup dessiner des menuiseries qui vont relier les pièces entre elles. Qui vont commencer dans une entrée, continuer dans la salle à manger, prolonger dans un salon. En fait, on va créer des mouvements qui... qui floutent les espaces. En fait, qui rendent tout beaucoup plus important que la perception du volume.

  • Speaker #1

    Et très harmonieux, très cohérent. Oui,

  • Speaker #0

    on va créer de l'harmonie, on va créer de la fluidité. Et peut-être le dernier, c'est de casser le côté carré des pièces, en fait. On ne va jamais garder une pièce telle qu'elle est. On va créer un angle par la menuiserie, par du plat, par du taff. Mais on va toujours changer la perception des espaces et les angles de vue. Donc, c'est quelques éléments. Ça fait partie de ce pourquoi on vient nous chercher. Et plus évidemment quand on le peut, pour dessiner du mobilier sur mesure, du luminaire, etc.

  • Speaker #1

    Très clair. Ok. Et c'est quoi la première étape ? Donc tu dis on va écrire le brief, tu vas rencontrer tes clients, chefs d'entreprise, propriétaires d'une maison, etc. D'ailleurs c'est toi qui y vas tout le temps, dans les premiers rendez-vous, quasiment tout le temps ?

  • Speaker #0

    Alors... Moi j'aime rencontrer nos clients et savoir qui ils sont. Ça dépend des typologies de projet, des ambitions de projet. On a vraiment énormément de demandes. Et donc on va en premier entretenir un téléphonique, ça c'est plutôt la directrice d'agence de Luxembourg ou de Paris. qui s'en occupent pour filtrer un peu aussi la demande et voir en fait s'il est important que j'y aille ou si en fait c'est un projet un peu plus mainstream dans lequel les équipes vont très bien gérer. Ça ne veut pas dire que c'est moins exigeant mais ça veut dire qu'en fait elles savent bien, elles savent très vite ce qu'elles vont pouvoir faire donc on a un premier, c'est la première étape. Dès qu'elle identifie des projets qui sont importants pour l'atelier, des projets sur lesquels il y a une ambition particulière et sur lesquels il est important que je sois, je fais le second rendez-vous. Donc je vais voir les lieux, ou rencontrer les clients, ou les deux. de manière générale autant que possible en fait je rencontre nos clients c'est juste que matériellement oui tu peux pas tous les rencontres il y a un premier filtre de l'entretien téléphonique ou de la première visite qui est pas forcément avec moi sur les one day design par exemple ou sur des missions ponctuelles ou plus de conception Il n'y a pas besoin de moi. Je vais voir le projet, je vais y mettre ma patte, mais de manière plus light. En revanche, sur des structurations plus importantes et sur des adresses particulières, par exemple, je pense à un projet sur lequel on travaille ensemble, là, c'est indispensable. indispensable que je sois là. Je dois voir les lieux, je dois comprendre qui sont nos clients. Le timing est parfois court en plus pour remettre une offre. Donc parfois c'est des concours. On en fait peu, mais là c'est pas d'intense. Donc la première étape, c'est vraiment ça, c'est d'identifier qui est le client, ce qu'il veut. Son ambition, son attente aussi, pour formaliser une offre. Après ces deux premiers rendez-vous, on formalise une lettre de mission dans laquelle on décrit tout ce que l'on va faire. On a vraiment un tableau très détaillé de toutes les étapes. En fait, il est proposé par étapes. Donc on décrit, là un projet sommaire, là un projet détaillé. Le dossier de consultation de l'entreprise, tout l'outil d'exécution de menuiserie, le suivi de chantier. Donc tout ça est rédigé. Et on explique également dans ce document-là les documents livrables, pour qu'il n'y ait pas de malentendus. On indique ce qui est en option, ce qui est... Parfois, on optionne les vues de 3D photo réalistes, par exemple, parce qu'on voit que ça peut ne pas être nécessaire. Et ça peut faire basculer le projet dans on prend ou on attend. Il faut aussi... Enfin, j'ai quand même une entreprise à diriger. Il faut que les projets rentrent, et que les bons projets rentrent, en fait.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    Une fois que la mission est présentée, on les présente soit au bureau, soit en vidéo, mais en tout cas, on explique et on répond aux questions de nos clients. Quand elle est signée, on attribue le projet à un chef de projet, un senior, qui va travailler en binôme souvent avec quelqu'un de plus junior. Il y a un volet client et puis un volet exécution dans les projets. On doit allouer le budget dont on dispose en fonction des heures de chacun. La première étape, c'est un gros brainstorming au bureau. Parfois on n'a pas le temps du tout, mais quand on en a, même s'ils sont anciens, on va réfléchir à comment nous on voit le projet, quels sont les angles de vue, on travaille sur l'esthétique pour l'avoir en tête, mais en fait la première étape pour nous c'est vraiment le volume. On va vraiment travailler en plan, sachant que nos clients en parallèle, eux ont très tôt besoin d'avoir un début d'esthétique.

  • Speaker #1

    Oui, ils veulent savoir où valider, savoir où ils vont.

  • Speaker #0

    Pour ça, ce qu'on fait, c'est qu'on fait une grosse analyse d'image. On prend vraiment du temps pour ça avec eux. Pour twister un peu l'accès d'analyse du cerveau et les faire parler de ce qu'ils aiment et ce qu'ils n'aiment pas.

  • Speaker #1

    Donc c'est quoi ? C'est un arbre ? Tu élimines des pistes, c'est ça ? Exactement.

  • Speaker #0

    Et on affine sur une image, on perçoit un mode de vie, qu'il est indignatoire ou pas, espace qui communique, donc barrière ou pas par exemple, ouvert ou fermé, et le dining, ou la linge traditionnelle. Il y a plein de choses qui, à travers l'image, permettent de gagner beaucoup de temps. Ça ne veut pas dire que c'est figé. Ça veut dire que ça donne un fil conducteur. Et les clients ont la satisfaction d'avoir déjà un début de fil conducteur, donc de commencer à se projeter dans leur intérieur.

  • Speaker #1

    Oui, et ils n'auraient pas su te l'exprimer naturellement, forcément. Non,

  • Speaker #0

    enfin, quand on nous dit qu'on souhaite repenser les bureaux pour avoir une image plus premium et des espaces plus chaleureux. En pratique, on n'a pas tous les mêmes mots.

  • Speaker #1

    C'est ça, c'est de l'émotion. On ne décrit pas l'émotion de la même manière. Chaleureux.

  • Speaker #0

    De la même manière que de traduire la singularité de l'approche d'une entreprise. Qu'est-ce qui est singulier ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Donc, tu dois creuser ça et faire cheminer ton client pour avoir la juste expression de son...

  • Speaker #0

    Exactement. Et ça, c'est un temps de travail qui est long, en fait. Et on doit faire percevoir à nos clients le... L'exécution peut paraître rapide parfois, en revanche, les temps de recherche et tout le long du projet en fait, ils sont très longs. Et c'est compliqué quand on vend de l'intangible, d'où l'importance des photos, les photos de fin de projet, c'est extrêmement important. Si on n'a pas de photos, on ne peut pas montrer ce qu'on sait faire, ou des lieux publics, mais on n'en a pas encore, enfin pas assez en tout cas. Tu parles tout à l'heure des temps où on peut se fâcher un peu. On doit expliquer que par moments on doit réfléchir. Il y a un temps incompressible, c'est le temps de la réflexion. se lancer à corps perdu dans un projet sans réfléchir, sans passer du temps dans un intérieur, sans comprendre nos clients, c'est impossible. Enfin moi je pense qu'on se trompe dans ce cas.

  • Speaker #1

    Toi il y a des moments qui t'excitent plus que d'autres dans la vie d'un contrat comme ça,

  • Speaker #0

    d'un chantier On va déjà gagner le projet parce que c'est jamais gagné d'avance, même quand on consulte que nous ça peut ne pas marcher. Et donc c'est vrai qu'il y a cette phase où je fais de mon mieux pour calibrer l'offre le mieux possible. Et chaque fois qu'on signe un projet, d'abord j'en suis fière, j'en suis fière pour notre équipe, parce que c'est grâce à eux. Je veux que l'équipe, quand un projet est signé, mesure à quel point c'est important. Et ça c'est extrêmement chouette, donc on a un WhatsApp, on met un petit gong et tout, on est content. Parce que c'est grâce à nos clients qu'on existe. Et petite parenthèse, mais quand j'entends des agences se plaindre de leurs clients, moi j'en ai presque mal au ventre avec d'en parler en fait. On vit parce qu'on a des gens qui nous font confiance. qui nous accordent leur confiance, qui nous confient un budget, un projet, un timing, sans client. On n'est pas architecte, on est dessinateur. voire on n'est plus rien donc ça c'est extrêmement important à l'atelier, c'est la fierté d'avoir gagné les projets, c'est pas contre nos confrères on est heureux quand on nous choisit et je remercie ça me donne l'occasion, je remercie vraiment chacun de nos clients qui depuis 10 ans nous a confié un projet que ce soit un one day design, que ce soit un bâtiment de bureau

  • Speaker #1

    Pour certains, ils reviennent sur d'autres projets ?

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Ça,

  • Speaker #0

    ça doit être super important. On a des métiers qui manquent un peu de récurrence. Je sais que je dois trouver une manière d'avoir plus de récurrence et le workspace, pour ça, permet plus de récurrence. de la même manière que le dessin de mobilier, de luminaire, la correction de couleur. Il y a plein de choses à côté de l'atelier qui permettent de la récurrence. Mais sinon, on est quand même beaucoup sur du prototypage. Ce qui est récurrent, c'est qu'on réfléchit beaucoup aux aménagements de bureaux, par exemple. Et quand les projets rentrent, on a quand même étudié quelques agencements qui nous paraissent apporter le meilleur des lieux à nos clients. Et dans ce cas, on va pouvoir les proposer plusieurs fois. Parce qu'en fait, aménager une organisation dans des bureaux, le mode de vie dans une cafétéria...

  • Speaker #1

    C'est jamais figé.

  • Speaker #0

    C'est jamais figé. Moi, je suis convaincue, par exemple, reparenthèse, que dans des bureaux, les espaces les plus lumineux, les terrasses, etc. doivent être accessibles aux clients et aux collaborateurs. Ils peuvent être des salles de réunion, ils peuvent être la cafétéria, mais ils ne doivent plus être des bureaux fermés. Je pense que ce temps-là, il est passé, en fait. Donc, je sais qu'on peut perdre des projets à cause de ça. Mais je suis convaincue que quand nos clients sont reçus dans les plus beaux espaces et que les collaborateurs y ont accès d'une manière ou d'une autre, ça montre le meilleur de l'entreprise, quelle que soit sa taille.

  • Speaker #1

    Oui, on se rend compte quand même depuis le Covid en particulier que l'importance... l'importance de l'aménagement d'un lieu dans l'image excellente de la marque employeur est clé.

  • Speaker #0

    Et quand on croise des collaborateurs qui sont souriants, quand il y a une très belle cafétéria, ce qui n'empêche pas d'avoir des salons privatifs, évidemment, pour la confidentialité, mais qu'on voit l'ambiance, on perçoit la qualité de travail. Et quand on réussit ça, je pense que, quels que soient les univers dans lesquels travaillent nos clients, ils... Ils sont choisis eux-mêmes par leurs propres clients pour leurs talents, ça c'est sûr, pour leurs capacités, pour leur identité, pour toutes leurs références. Mais ils sont choisis aussi pour l'image qu'ils véhiculent. Et ça, je crois que là-dessus, nous, on a une énorme responsabilité. J'adore aménager les espaces de travail aussi pour ça. Et j'espère qu'on en fera encore plus, évidemment. Donc dans le process, je fais quelques digressions, parce que ça me paraît important de vous dire ça en quoi moi, je crois.

  • Speaker #1

    Oui, top. On va arriver sur le dernier chapitre avant de te laisser filer. Ça fait déjà 1h45 qu'on discute, c'est génial. Tu vois l'évolution de ton métier de quelle manière ? Et derrière cette question, il y a l'influence de l'IA. qui m'intéresse. Bien sûr. Est-ce que tu t'en sers ? Est-ce que tu vois un bénéfice évident, une autométisation de certaines tâches ? Est-ce que c'est une menace ?

  • Speaker #0

    Alors, je pense que c'est une menace si on n'est que dans l'exécution et si on cherche à répliquer ce qui a déjà été fait. J'ai la chance de connaître le directeur du cloud Azure chez Microsoft. d'avoir pu échanger avec lui aussi sur mon métier. Donc un petit clin d'œil à Xavier Perret et à Carole qui nous avaient mis en contact. D'ailleurs j'ai pu le recevoir dans un club que je dirige, enfin non, je suis présidente, qui s'appelle Féminin Pluriel, qui est hyper intéressant et on a la chance de pouvoir avoir des invités. nous ouvre à plein de mondes différents. Et on a eu cette conversation sur les IA. Les IA. Si on réplique et qu'on duplique, on n'aura plus de moins en moins de valeur, vu que l'IA agrège ce qui existe. Mais ce n'est pas ce que je fais. Donc, moi, j'ai besoin... L'IA est extrêmement utile. Exemple pratique, on cherche la résistance dans le luminaire. En fait, moi, l'IA, elle va me donner à trois secondes la référence, le prix ou l'acheter, alors qu'avant, on devait chercher, creuser, appeler les collègues. C'est un exemple. Je pense que l'IA nous fait gagner énormément de temps. Ça permet de challenger des solutions. Ça permet de faire un travail préparatoire. Moi, je trouverais très intéressant d'avoir une IA dans laquelle on puisse entrer des plans théoriques et qui nous tourne toutes les solutions possibles. Pour nous, on extrait ce qui convient le mieux et n'être plus que sur l'ultra valeur ajoutée.

  • Speaker #1

    Nous, on travaille là-dessus sur comment planifier la meilleure planification d'un lieu. En fonction d'un usage et d'un cas d'écharpe.

  • Speaker #0

    Exactement, ça fait partie, je trouve. de ce que les IA peuvent proposer. Pré-rédiger des cahiers des charges, relire, enfin oui, tout ça. Il y a plein de perspectives et on utilise déjà des IA dans l'encodage des plans, dans les modèles de sciences 3D. Moi, je trouve ça assez chouette en fait.

  • Speaker #1

    Dans la facilitation de l'expression du besoin du client, c'est-à-dire justement cette part...

  • Speaker #0

    Moi, ce qu'il y a, je sais que ça existe d'ailleurs, mon compte rendu de rendez-vous, je le relis et je l'enrichis, c'est génial. Parce que mon temps disponible va être alloué sur ce à quoi j'accorde une plus grande valeur ajoutée. Et sur ce qui est humainement le plus intéressant. Et je pense en plus qu'il y a une zone de sécurité, c'est que les IA peuvent éviter énormément d'erreurs. L'erreur humaine, on voit quand même que c'est... On dit souvent l'erreur est humaine et parfois il y a tellement d'informations, on travaille sur des projets où on va du macro au micro. On va penser le bâtiment dans sa globalité jusqu'à la poignée, la hauteur de la plante. le détail dans une menuiserie, oui, bien sûr qu'on peut avoir oublié un interrupteur qui était tracé et qui a disparu. Ça ne doit pas arriver, mais il y a tellement de choses à penser. Si on fait revoir tout ça à une image qui va souligner les erreurs, par exemple,

  • Speaker #1

    tout le monde gagne. Moi,

  • Speaker #0

    je suis très favorable aux IA. Comment je vois l'avenir de notre métier ? C'est un peu ça la réponse. Mon métier, en tout cas, ce n'est pas d'avoir la méga-agence qui fait de l'abattage de projets. C'est... C'est une agence qui est spécialisée sur un segment très premium, pour des clients qui sont très exigeants et qui veulent eux-mêmes donner le meilleur à leurs clients ou à leur environnement familial, qui sont surpris, qui sont en parallèle à l'automobile, qui vont plus avoir une voiture sur mesure, qui vont avoir pris le temps de choisir, qui vont chouchouter, qui vont avoir pensé dans le moindre détail, parce qu'ils en sont fiers et que cet outil... est un lien de communication, et un lien d'image, et un lien pour communiquer leur passion, sur un sujet en particulier, de se faire plaisir. En fait, moi, je fais ça dans l'intérieur.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu vois des grandes tendances de style ? Tu as ton style, tu l'imprimes, il doit évoluer aussi, j'imagine. Mais est-ce que c'est pour toi comme un peu dans plein de domaines ? Justement, tu parlais de l'automobile, les formes de l'automobile ont énormément évolué.

  • Speaker #0

    Dans la voile, c'est pareil. La forme des bateaux, on pense au Vendée Globe qui est parti récemment. C'est sûr qu'on voit des carènes de bateaux qui évoluent énormément. Chaque architecte, d'ailleurs, ayant sa signature et sa manière de concevoir les bateaux. Oui, il y a des... Il y a des tendances.

  • Speaker #1

    Il y a des modes.

  • Speaker #0

    Il y a des modes. Maintenant...

  • Speaker #1

    Le travertin est partout en ce moment.

  • Speaker #0

    Oui, mais ça peut être intéressant. La bouclelle, le travertin, les arrondis. En fait, moi, je suis pas... J'essaie de m'extraire un peu de tout ça. Et je préfère qu'au bureau, on lise... On lit beaucoup plus d'ailleurs de magazines d'art, d'expo, de livres, en général, de catalogues d'exposition. de biographie de designer, d'histoire de bâtiment, on fait beaucoup de recherches, plus que de magazine de décoration. Même si, j'aime vraiment que nos projets soient dans ces magazines, parce que je pense que ça donne accès au grand public, à l'œil d'architectes, qui peuvent ensuite recomposer un peu chez eux ce qu'ils ont vu. Même si moi, je pense que une des erreurs en architecture, et pour un architecte, c'est de copier. Et c'est de vouloir refaire plus ou moins une image Pinterest, parce qu'en fait, ça ne marche pas. Donc, dans les tendances, le travers teint, l'arrondi, les grandes dalles avec des effets marabré peut-être. En termes de chromatique, je trouve qu'on voit beaucoup de vert un peu amande. Mais ça encore, ça a du sens. selon où on travaille, on travaille à Paris c'est des chromatiques qui marchent très bien avec les parquets parisiens avec les cheminées donc c'est pas oui c'est pas forcément un problème mais il faut pas suivre et puis on a eu toute la tendance des cuisines très ouvertes, uniquement dînatoires C'est une tendance, mais qui répond à un cahier des charges et pas à tous. On a eu beaucoup la tendance dans le monde du bureau, évidemment, du flex office, des grands bureaux en oignon, mais on en revient aussi. Il y a une tendance à aménager depuis la post-Covid. bureaux qui ont un code plus domestique. Ça, en l'occurrence, j'y sous-cris complètement.

  • Speaker #1

    La frontière entre l'hospitalité et les espaces de travail.

  • Speaker #0

    C'est une tendance, pour le coup, dans laquelle je crois totalement. Je pense que créer des lieux dans lesquels on se sent bien, où l'acoustique est bonne, où la lumière est au bon moment, au bon endroit, où on peut avoir des espaces différents. Oui, ça, complètement.

  • Speaker #1

    Génial. On va arriver à la fin de cette conversation. J'ai encore deux, trois questions qui sont des questions un peu rituelles de fin d'épisode. Merci déjà vraiment, Amandine, pour ce beau voyage dans ton parcours, dans ta vision très personnelle du design. Et donc, les questions rituelles que je pose à tous les invités. Alors, c'est encore plus présent, je pense, dans ton parcours. Mais si tu avais un conseil à donner à quelqu'un qui hésite à changer de carrière, comme tu l'as fait, qu'est-ce que tu lui dirais ?

  • Speaker #0

    D'abord, je lui dirais de passer du temps, si c'est possible, évidemment, d'être accueilli dans une agence d'architecture d'intérieur et peut-être dans différents types d'agences, de passer une journée dans différents environnements pour se rendre compte et vérifier si, en fait, l'idée que l'on se fait de notre métier est cohérente avec ce qu'il ou elle souhaite faire. Parce que je pense que l'idée que l'on a d'une boîte d'architecture d'intérieur est souvent assez fausse et n'intègre pas du tout. Un grand volet de notre travail qui est perçu comme créa, recherche, matériaux, luminaires. Oui, mais pas que. La plupart de notre travail, c'est aussi de l'administratif, c'est aussi de la relation client, c'est du rédactionnel, c'est des lectures de devis, c'est de la technique. Et ça, il ne faut pas le sous-estimer.

  • Speaker #1

    Si tu ne pouvais garder qu'un seul objet ou un seul meuble, ça serait lequel ?

  • Speaker #0

    Alors, j'aime beaucoup les canapés ruché de Inga Sempé. J'en ai deux en ce moment à la maison. C'est un objet que je trouve beau, dans lequel j'aime bien m'installer, dans lequel j'aime recevoir. Ce n'est pas nous qui l'avons dessiné en l'occurrence, mais c'est une des premières belles pièces de design que j'ai eue. Donc, allez, disons un canapé ruché de Inga Sempé.

  • Speaker #1

    Très bien. On va mettre la photo en lien. Si tu pouvais dîner, déjeuner ou passer un moment avec un, une designer ou architecte, vivant ou pas, ce serait qui et de quoi vous auriez envie de parler ? Tu aurais envie de lui parler ?

  • Speaker #0

    Alors, on a la chance déjà d'avoir énormément d'architectes de talent. Je vais en citer deux. J'adorerais rencontrer India Madhavi. Je trouve qu'elle a un angle de vue très particulier. Des univers qui sont colorés, mais avec une intelligence, je trouve, assez folle. Dans le sens où c'est audacieux. mais on sent que c'est très maîtrisé. Il y a un côté presque photographique dans son travail. Et surtout, c'est quelqu'un qui a une agence dont sont sortis énormément de designers de grands talents. J'adorerais la rencontrer pour ça, tu vois, qu'est-ce que je veux laisser de l'atelier, c'est aussi ça, c'est que les gens qui en partent, si les collaborateurs en partent pour créer leur agence et qu'ils deviennent un compte mondial, c'est génial en fait, c'est qu'on aura su créer quelque chose d'important, donc il y a beaucoup de choses que j'aime dans son travail, dans ses livres, dans son style dans les objets qu'elle crée, mais le fait aussi que de son agence sortent des personnes qui à leur tour ont une identité forte ... et con dans le monde du design, ça, moi, je l'admire beaucoup. Et après, Mathieu Lehaneur. Évidemment qu'on a envie de parler des Jeux Olympiques.

  • Speaker #1

    Oui, de la flamme.

  • Speaker #0

    J'ai eu la chance de rencontrer les équipes de directeurs artistiques des cérémonies. Et du coup, c'est vrai que l'histoire de la flamme, comment on est choisi. Je l'ai déjà entendu dans des podcasts, je crois en parler, mais c'est quand même des gens qui ont le talent de faire naître des... intérieurs et des objets.

  • Speaker #1

    Et des émotions.

  • Speaker #0

    Et des émotions. Et de laisser une marque absolument indélébile. C'est Forever. C'est dingue. Alors, son travail était déjà exceptionnel à la base. C'est déjà un architecte, architecte d'intérieur, designer. Je ne sais même pas comment lui se définit exactement, d'ailleurs. Mais que je trouve très inspirant. Il y en a deux, mais pour des raisons qui sont un peu complémentaires.

  • Speaker #1

    Super. Et dernière question. Si le design était pour toi une musique ou un film, tu choisirais quoi ?

  • Speaker #0

    C'est dur comme question. Je vais reboucler avec le début, en fait. Je pense que les lieux soutiennent une expérience, un propos et une histoire. Et je pense à deux films. Je pense à la série Gentleman, qui était un film à la base d'ailleurs, de Guy Ritchie, parce qu'il y a des lieux très différents. souvent tous ces grands châteaux anglais, c'est assez magique. C'est pas forcément un endroit où je vivrais, mais c'est assez marquant et en fait, ils soutiennent le propos de l'histoire et sont très bien scénarisés et scénographiés. Donc ça, et puis... J'ai vu le conte de Montecristo. La même chose. En fait, la Villa en Provence, c'est juste la Villa de Rêve. Alors évidemment, j'aurais mis des mobiliers plus contemporains. Mais le design, c'est aussi un lieu et c'est une vue. Et quelque part, si on n'a pas l'environnement et qu'on n'a pas la vue, nous, ce que l'on va faire, on va être de la cosmétique. On va améliorer une base, mais quand on a la chance de travailler sur un lieu fort, en fait, je crois que c'est ce dont on rêve tous.

  • Speaker #1

    Génial. Merci beaucoup, Amandine. C'était vraiment un plaisir d'échanger avec toi. Ton parcours montre vraiment qu'on peut mélanger rigueur, créativité, process pour créer des espaces qui marquent et qui transmettent de l'émotion. Dans notre prochain épisode, on parlera encore de parcours uniques et d'inspiration. à très vite dans The Design Talk.

  • Speaker #0

    Merci Franck et bonne écoute à tous.

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