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#001 - Frédéric Imbert - "Le contraste m’obsède, et l’harmonie naît de ce qui ne devrait pas fonctionner ensemble". cover
The Design Talk

#001 - Frédéric Imbert - "Le contraste m’obsède, et l’harmonie naît de ce qui ne devrait pas fonctionner ensemble".

#001 - Frédéric Imbert - "Le contraste m’obsède, et l’harmonie naît de ce qui ne devrait pas fonctionner ensemble".

1h40 |08/03/2025
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The Design Talk

#001 - Frédéric Imbert - "Le contraste m’obsède, et l’harmonie naît de ce qui ne devrait pas fonctionner ensemble".

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1h40 |08/03/2025
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Description

Dans cet épisode de The Design Talk, je reçois Frédéric Imbert, designer et architecte d’intérieur, pour une conversation aussi riche qu’inspirante. De son obsession pour le contraste, à son rapport à la matière, il nous emmène dans les coulisses de son studio, où chaque projet devient une exploration entre artisanat, vision et responsabilité.

De Paris à Beyrouth, de ses premiers croquis d’enfant aux collaborations avec les grandes maisons, Frédéric nous parle de son approche instinctive du design, de la place de l’architecture dans nos vies, et de ses projets où le sensible rencontre le fonctionnel.


Un voyage à travers le temps, la matière et l’émotion, à écouter sans modération.

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Les liens importants :


https://www.f-imbertstudio.com/
https://yourse.co/collections/frederic-imbert?srsltid=AfmBOop6fdMpltMQY-iXE-mVljCA-6SBY9ZdZU5Hi-b0dZy8cz_YKqZ7
https://yourse.co/blogs/magazine/frederic-imbert-l-importance-du-faire-avec-ethique?srsltid=AfmBOoqEvPd9w7AU9EN8iA-Q1xwkDoTj81BUwVLUk_EENoEMA8Kr4Knx
https://www.linkedin.com/in/frederic-imbert-1038263a/?originalSubdomain=fr

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The Design Talk est produit par Franck Mallez. Fondateur de Yourse.co et de tcrewagency.com , ancien journaliste, et entrepreneur des industries créatives.
https://www.linkedin.com/in/franckmallez/
https://www.instagram.com/franckmallez/


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, je suis Franck Mallez, entrepreneur, fondateur, cofondateur de Yourse et passionné de design et d'architecture d'intérieur. Et dans ce podcast, The Design Talk, je pars à la rencontre de designers, d'artisans, d'éditeurs, d'entrepreneurs, d'architectes d'intérieur, de décorateurs, pour des conversations sincères, approfondies, intimes. On y parlera de matière, de process, de vision, mais aussi d'entrepreneuriat, de production. et de tout ce qu'il faut pour qu'une idée devienne une réalité. Parce que créer, ce n'est pas simplement imaginer, c'est aussi structurer, financer, fabriquer, distribuer, embaucher, se tromper, échouer, réussir et rêver. Alors prenez le temps, installez-vous et plongeons ensemble dans l'univers fascinant du design. Et bien voilà c'est parti, bienvenue dans The Design Talk, là où les idées prennent vie et où le design raconte des histoires. Ici on explore le design au-delà des formes, au cœur des idées et des âmes créatives. Et on a une âme créative avec nous aujourd'hui, Frédéric Imbert. Salut Frédéric !

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Bienvenue à ce micro. Je suis ravi de t'avoir parce qu'on va parler de ton parcours, de tes créations qui sont protéiformes, multiformes. Enfin voilà, il y a plein de choses à dire. Une question un peu pour introduire qui tu es. Tu vas avoir l'occasion de te présenter. Mais est-ce qu'il y a une chose, la première chose qui t'a inspiré ce matin quand tu as ouvert les yeux ? Est-ce qu'il y a un truc ? qui t'a inspiré plus qu'un autre jour ? Un son, une musique ?

  • Speaker #1

    Ah non, ce matin, c'était un peu bizarre, mais j'ai un immeuble horrible qui est devant chez moi. Et le ciel était splendide, et il y avait un contraste très très beau entre les deux. J'étais dans mon lit, je regardais, j'étais là, c'est sublime.

  • Speaker #0

    Le contraste entre le...

  • Speaker #1

    C'est vraiment, je pense, un des pires immeubles de Paris.

  • Speaker #0

    La laideur et le beau.

  • Speaker #1

    Sa façade paravalait depuis 1964, je pense. Et le ciel qui était bleu, bleu, bleu, c'était vraiment...

  • Speaker #0

    A Paris, donc. Oui,

  • Speaker #1

    le premier ciel d'hiver, là, ils sont toujours splendides.

  • Speaker #0

    Ah oui, quand c'est... Super. Alors, si jamais quelqu'un entrait dans ton univers pour la première fois, ne te connaît pas, ça serait quoi la première chose que tu aimerais qu'il ressente de toi, de tes créations ?

  • Speaker #1

    Qu'il ressente des choses, déjà, c'est bien. C'est un peu le premier but du travail du studio, en fait. C'est de remettre des sensations, des sentiments, de la sensibilité. refaire jouer les sens dans le quotidien des gens.

  • Speaker #0

    T'aimerais qu'ils ressentent une émotion.

  • Speaker #1

    Exactement. Et c'est une émotion qu'elle soit visuelle, qu'elle soit du ressenti et que ce soit pas une table et pas censée être juste un plateau. C'est censé être un objet qui a une interaction avec un humain qui lui-même a des sentiments. Du coup, la table est censée participer à ces sentiments. Et un intérieur encore plus.

  • Speaker #0

    Alors, pour décrire un peu qui tu es, qu'est-ce que tu fais ? si tu devais expliquer à un enfant de 6 ans très simplement ce que tu fais dans ta vie comment tu lui décrirais ?

  • Speaker #1

    Je pense que je crée des choses pour répondre à des problématiques qui sont en général pas les miennes qui sont celles des clients et après et voilà et d'une façon sensible d'une façon raisonnée responsable ça c'est très important et avec la touch du studio qui se développe de projet en projet mais si on commence à se positionner tu veux nous en parler en détail donc en gros tu étais des designers le

  • Speaker #0

    studio alors le studio frédéric Avec un verre, donc, imagine créer des objets.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Qui ont une fonction.

  • Speaker #1

    Des objets, des meubles, des intérieurs. Des intérieurs pour des particuliers, pour du public. Là, on travaille avec une mairie pour la première fois. fois, de l'espace public, donc ça c'est intéressant, un univers complet. Moi le studio je l'ai créé parce que partout où on voulait me recruter à la base, on voulait que je... enfin c'était que des agences très spécialisées. Moi je me suis dit je rêve de faire une boutique de telle marque, mais je vais en faire 400 fois la même.

  • Speaker #0

    Et le lendemain de pouvoir faire un intérieur ?

  • Speaker #1

    Je veux qu'ils m'appellent pour la faire, mais ensuite voilà, il faut quand on a envie. J'avais la chance d'avoir l'envie de tout faire et aujourd'hui j'ai la chance de pouvoir commencer à toucher un peu à tout.

  • Speaker #0

    Tu as quel âge Frédéric ? 36. 36, donc première moitié de ta vie professionnelle. Raconte-nous comment... T'es arrivé là où tu es aujourd'hui, c'est-à-dire à être indépendant, designer, peut-être à commencer à choisir tes projets. Comment on devient designer ? C'est quoi ton parcours ?

  • Speaker #1

    En fait, moi, j'ai su très tôt que j'étais passionné. Passionné par l'architecture, ensuite par l'architecture d'intérieur, par le monde en général de toute façon, tout ce qui nous entoure, nous enveloppe. Enfin, je dis que je suis passionné d'architecture, mais je suis aussi complètement passionné de botanique ou de plein de choses. choses je suis un peu je dors pas beaucoup donc j'ai beaucoup de temps pour beaucoup de passion et puis je suis assez obsessionnel en plus donc du coup j'ai tendance à creuser les choses un peu trop et en fait ça s'est établi très très tôt et d'ailleurs je pense que c'est un peu la botanique même si quand j'avais 5 ans je pensais pas que c'est de la botanique mais on va dire les plantes et l'observation de la nature et l'univers de la nature quand j'étais petit par exemple je faisais des micro environnement dans des immenses soucoupes sur la terrasse de mes parents je plantais des arbres je les taillais Et en fait, mon objectif, c'était que ça ressemble à quelque chose de plus naturel possible. Je les inondais. Et puis en parallèle, je dessinais. Ma mère, elle bossait. Ma mère travaillait à la BNP. À l'époque, ils avaient encore des imprimantes avec le papier qui se déplie. Oui, oui. En 1980. Et en fait du coup ça faisait des feuilles infinies et moi je dessinais des villes infinies comme ça et je sais pas d'où ça vient je pense que parce que j'ai joué au Simis après mais 10 ans plus tard donc c'est venu de quelque part je sais pas d'un film de je sais pas quelque chose que j'ai dû voir un moment et j'ai ce souvenir de dessiner des villes sur des kilomètres de papier comme ça et et en fait tout ça ça a créé quelque chose où quand j'ai commencé à être ado et puis quand il a commencé à au moment du bac etc, que j'ai pas eu d'ailleurs, comme quoi morceau de papier, en tout cas c'est comme ça que je considère enfin en tout cas moi j'ai continué mon histoire sans ça et en fait quand il a fallu choisir je me suis dit ben l'architecture c'est peut-être un peu trop spécialisé l'urbanisme me passionnait mais trop spécialisé puis j'avais du mal à voir comment de l'immensement grand pouvait revenir du tout petit à une tringle à rideaux par exemple. Oui à donner du temps peut-être. je suis allé vers l'archi d'intérieur, enfin un diplôme en architecture d'intérieur, parce que je me suis dit que c'est un peu carrefour, c'est un peu fourre-tout, ça m'a l'air assez généraliste, et surtout j'avais un peu l'impression qu'on en faisait un peu ce qu'on voulait, parce que je voyais plein de gens qui avaient fait des études d'archi d'intérieur et qui faisaient tous les métiers du monde en sortant de là. Donc du coup, c'est pour ça que j'ai choisi l'architecture d'intérieur. Puis après, c'est le parcours. J'ai fait mes études en alternance. Donc là déjà, j'avais décidé de faire deux choses complètement différentes. la première année j'étais sur la rénovation, enfin j'étais un sous-traitant de Pierre Evrochon, donc de l'architecture classique, relativement rigoureuse.

  • Speaker #0

    Des projets essentiellement résidentiels ?

  • Speaker #1

    Non, on travaillait sur la rénovation du Ritz à Paris, et sur le grand hôtel à Saint-Jean-Cap-Ferrat, un petit peu sur le Carlton, des hôtels assez iconiques comme ça. Donc déjà pour commencer à 19 ans, c'est plutôt sympa. Et puis comme c'est relativement rigoureux, du coup ça forme la méthodologie. Très très rapidement, on m'a briefé sur la méthode et du coup ça libère la création. En tout cas c'est comme ça que personnellement je travaille. sa agition et la deuxième année c'était complètement autre chose puisque je travaillais dans une entreprise qui organiserait, qui scénographiait des défilés de mode, des événements etc. Donc vraiment un monde très très éloigné, qui ne te connaît même pas, peut-être complémentaire dans un sens.

  • Speaker #0

    Les activités ont lieu parfois peut-être au Ritz, je ne sais pas si c'est le lien qu'on peut y voir.

  • Speaker #1

    Et du coup c'était un peu, et en fait toute ma carrière, enfin tout mon ébauche de carrière ça a été comme ça et puis après j'ai continué. Ça fait rire les gens qui me connaissent, mais je crois que j'ai fait 10 ou 12 agences en 10 ans. Par choix ? Partout dans le monde.

  • Speaker #0

    Tu voulais te tester ?

  • Speaker #1

    Parce que je faisais un projet. J'ai travaillé sur des projets pendant presque deux ans, des fois. Une fois que le projet était fait, j'allais voir ailleurs s'il y avait quelque chose à apprendre. Du coup, je continuais. J'allais apprendre, en fait.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a un moment précis où tu as réalisé, tu t'es dit, je veux créer... des objets, des univers, des intérieurs, depuis l'instant où tu croquais des villes sur des rouleaux de feuilles ou tu faisais des espèces d'univers naturels miniatures dans le jardin de tes parents, est-ce qu'il y a un moment où tu te dis, c'est ça que je veux faire de ma vie ?

  • Speaker #1

    Ce qui est certain, c'est que très très très tôt, j'ai souhaité être indépendant. Très tôt, j'ai eu besoin et envie de tenir un projet. mon projet, d'obtenir ma vie en main, dans un sens. Et en fait, tout ça, les fins. J'ai monté mon studio pour mon épanouissement aussi. C'est vraiment si c'est parce que je me sens bien à faire ce que je fais toute la journée. Et je travaille à me sentir bien en fait, en faisant des choses. Donc c'est assez. C'est assez simple finalement, comme constat. Et en fait, oui, très, très, très, très tôt. Et d'ailleurs, mon parcours de changer, d'aller apprendre des choses partout, d'essayer de rencontrer plein de gens. Et d'ailleurs, des fois, en échangeant autour d'un café avec quelqu'un, j'ai appris plus que pendant deux mois dans une agence. Des fois, ça m'est arrivé. Mais... Et en fait, tout ça, ça a été dans le but de construire. Après, je ne savais pas exactement quand est-ce que j'allais mettre un pied dans cette indépendance réelle. Donc je faisais des petits projets par-ci, par-là. Et en fait, c'est l'année des 30 ans où cette année-là a été un peu capitale parce que... Parce que déjà, c'est l'année des 30 ans. Je crois que ça marque un peu. Ça marque un peu.

  • Speaker #0

    Tu vas voir que toutes les dizaines, c'est comme ça, d'une manière différente.

  • Speaker #1

    Je n'attends pas impatiemment la quarantaine, mais on verra ce que ça donne. Et puis en plus, c'était l'année des 30 ans, j'avais déjà un petit background, j'avais grossièrement 10 ans déjà de travail, d'activité derrière moi. J'avais géré des choses très importantes, des projets à 10 millions de dollars de budget. Du coup, j'étais, si les gens m'ont fait confiance, je peux commencer à me faire confiance. Et puis en plus, c'est l'année où j'ai les premiers clients qui ont remarqué mon travail et du coup, j'ai un peu pris confiance en moi dans le regard des autres finalement.

  • Speaker #0

    Quand tu dis des clients qui ont remarqué mon travail, tu commençais donc à créer pour toi depuis... Enfin, tu n'avais jamais vraiment... Il n'y a pas eu un démarrage, tu as toujours créé pour toi.

  • Speaker #1

    Exactement,

  • Speaker #0

    oui. Et comment ils l'ont fait ? Comment ils l'ont remarqué ton travail ?

  • Speaker #1

    Le bouche à oreille, Instagram.

  • Speaker #0

    Donc tu publiais ?

  • Speaker #1

    Je suis en produit d'Instagram à la base. C'est vraiment... Aujourd'hui, les produits TikTok, ma génération, les produits d'Instagram. Et puis voilà, je montrais des croquis, je montrais des... des prototypes mais qui en fait étaient mes meubles chez moi qui étaient des formes très simples en général en plâtre ou en bois et en fait c'est comme ça que ça a commencé et du coup des premiers clients ont commencé à remarquer et c'est vrai que quand un jour il y a le directeur de l'archi chez Isabelle Marant qui t'appelle et qui te dit oui on aime bien ton travail, on voudrait te rencontrer il pourrait travailler avec tout le monde donc c'est agréable, puis après il y en a eu d'autres après il ya un promoteur immobilier puis après il ya quelqu'un pour une ville là dans le sud de la france et puis après des gens avec lesquels je travaille commence à parler de moi donc du coup ça veut dire que je travaille bien puisque ils vont apprécier voilà donc tout ça en fait c'est tout un processus de mise en confiance en fait qui m'a enfin qui a créé le mois d'abord et le studio et alors du coup donc t'es

  • Speaker #0

    clientes remarques te contactent on va reparler d'Isabelle Marant parce que c'est intéressant de comprendre le processus peut-être de création d'un projet comme celui-là en parallèle de quoi tu étais encore dans des projets salariés ou tu faisais d'autres choses pour d'autres mais est-ce que tu bascules un moment en disant ok stop j'arrête tout ?

  • Speaker #1

    Oui en fait à peu près deux ans avant un an et demi, deux ans avant de me lancer vraiment en solo je me suis dit J'avais décidé de faire exclusivement du freelance et en plus dans un domaine que j'apprécie et dans lequel j'allais à nouveau apprendre des choses. Je faisais partie des équipes de Villa Eugénie et on organisait des événements, des choses.

  • Speaker #0

    Villa Eugénie, pour ceux qui nous écoutent, c'est une grosse et belle agence d'événements essentiellement tournée autour du luxe et de la mode.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Qui organise notamment des défilés, j'imagine, des grands dîners, des trucs comme ça.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Très prestigieux.

  • Speaker #1

    Et en fait, finalement... j'ai travaillé avec eux peut-être un an et demi donc c'est pas énormément de projets parce que c'est tellement des projets au long cours que c'est pas colossal mais par contre c'était de l'apprentissage encore une fois en plus j'ai rencontré des gens vraiment très très intéressants là-bas et Et oui, en fait, c'est à la fin d'un des événements. C'est un événement qui était à Londres, une très grosse soirée à Londres, où je me suis dit, bon, je termine cet événement. Je crois qu'il était 5 heures du matin, je rentrais du chantier. J'étais en train de marcher vers mon hôtel et je me suis dit, je sens que c'est le moment. Je me suis lancé vraiment en solo. Bon, la blague, c'est qu'on commençait à entendre parler du Covid. C'était en 2019 du coup. Et donc du coup l'Europe observait un petit peu, ça commençait un petit peu à partir en live en Italie.

  • Speaker #0

    D'ailleurs c'est à cause des événements comme ça que le Covid s'est propagé en Europe. Et tout le monde raconte que c'était le défilé de la fashion week de Milan. qui, je pense, m'ont lu en février 2020, qui ont achevé, ça serait évidemment arrivé, mais qui ont achevé de propulser tout ça. Les gens qui assistent aux Dédéfinis sont des gens qui vont à Milan, puis ensuite ils viennent à Paris, qui étaient à Londres avant. Et donc voilà, c'est fini après. Toutes les rédactrices sont infectées et c'est fini.

  • Speaker #1

    C'est vraiment le moment où... Et en même temps... Vraiment, je me rappelle, j'étais en train de marcher dans la rue et puis j'ai eu une espèce de sentiment de... ... C'est bon, c'était cool, très intéressant, mais maintenant si je veux avancer, il faut que je fasse 100% du temps sur mon projet perso et moins sur les projets des autres. C'était vraiment le calendrier qui n'a pas été tout à fait adéquat. J'ai pu bien réfléchir pendant un an et demi ensuite. De toute façon,

  • Speaker #0

    si tu n'avais pas pris cette décision, je pense que les événements s'étaient arrêtés. Tous les événements de la planète Maud, mais ailleurs, se sont arrêtés.

  • Speaker #1

    Dans tous les cas, j'aurais été en galère.

  • Speaker #0

    Donc voilà, tu aurais été en galère de toute façon. Donc c'était très bien de te dire...

  • Speaker #1

    non j'avais prêts de me lancer ça je rappelle quand on a commencé à donc j'avais quand même j'avais deux petits projets d'ailleurs un riz de la roquette d'archi d'intérieur qui était très sympa qui est un peu mes deux premiers petits projets et avec une fois une maison à nice avant d'autres choses et en même temps la première chose que j'ai fait c'est me faire durer des sacs de plâtre et puis voilà il fallait s'occuper de toute façon je fais livrer à des des sacs de plâtre, du matériel pas cher et efficace. J'étais au 5ème étage d'un immeuble à Montreuil. Je pense que mes voisins m'ont pris pour un fou.

  • Speaker #0

    Tu fais livrer du plâtre et du bois. Le mec va mûrer ses fenêtres.

  • Speaker #1

    Je crois que j'ai fait livrer 30 sacs de plâtre de 50 kilos chacun. Comme j'étais au 5ème étage, j'ai dû mettre deux semaines à les monter. C'était horrible à monter. Du coup, je pense que c'est Je pense que les voisins m'ont vraiment pris pour un fou. Et puis, du coup, je me suis enfermé pendant un an, plus ou moins, entre quelques chantiers. Et puis,

  • Speaker #0

    ton appart, ta plâtrière d'appartement.

  • Speaker #1

    Voilà, qui n'était pas dans de très, très bon état en ce moment, mais ce n'est pas grave.

  • Speaker #0

    Alors, on va raconter justement avec quel matériau tu travailles et comment on peut décrire ton travail. Juste avant, je voulais que tu nous parles un peu de l'influence qu'ont eu certaines destinations pour toi. Avant d'enregistrer cette discussion, on a eu une conversation et tu me parlais du travail entre Paris et Beyrouth. En ce moment, on est fin 2024, les choses se calment un peu au Liban, mais elles sont loin d'être très calmes depuis plusieurs mois, voire plusieurs années. Donc tu y vas peut-être un peu moins en ce moment. Raconte-nous un peu pourquoi le Liban, comment c'est arrivé et en quoi ça a influencé ton travail.

  • Speaker #1

    En fait, le Liban, j'ai rencontré ce pays. formule un peu étonnante mais bon c'est pas grave c'est une rencontre on parle bien justement de toutes ces agences dans lesquelles j'ai travaillé pendant un an et demi j'ai travaillé dans une entreprise qui a disparu maintenant qui s'appelait Cityled qui était un sous-traitant light in design de Valo des Pistres pour un pour un très gros projet à Beyrouth.

  • Speaker #0

    Donc Val-de-Péry, ce gros cabinet d'archi.

  • Speaker #1

    C'est un des plus gros de Paris, je pense.

  • Speaker #0

    Et au monde, je pense qu'il en fait partie aussi.

  • Speaker #1

    Et donc c'est un cinéma splendide dans le centre de Beyrouth. Et du coup, je me suis retrouvé... là dessus j'étais intérimaires des remèdes y un jour on est venu voir en fait tu connais le liban des designers à la base oui bon bah bien voilà c'est vraiment la discussion qui a eu lieu ça a été très très qu'il y avait un chef de projet commercial un chef de projet design développement technique on va dire que les mois du coup et en fait voilà je me suis retrouvé propulsé du jour au lendemain il ya des poursuivre le projet, pour suivre tous les aspects imaginables d'un projet. Et du coup, j'ai travaillé dessus un an et demi, je pense. Et quand le projet s'est arrêté, enfin quand il a été livré, je me suis dit qu'un an et demi sur un projet, c'est un projet énorme. C'était 7 millions de dollars de budget, 6 ou 7. C'était vraiment très, très important. Les designers du projet, c'est Kylight et Annabelle Karim-Kassar. Et nous, en fait, on venait... développer le projet que eux avaient designé. Et du coup voilà je me suis dit qu'il était temps que j'aille chercher d'autres compétences. Et en fait, je me suis dit, pourquoi pas partir à Beyrouth pour voir mon évif ? Parce que très régulièrement, j'y allais au moins une fois par mois, mais très souvent, je sautais dans un avion le soir. J'avais un rendez-vous à 10h le lendemain et à 14h, j'étais dans l'avion.

  • Speaker #0

    Et donc, cette rencontre avec le Liban, parce que je trouve que c'est vrai, c'est vraiment une rencontre. Première fois, tu poses les pieds là-bas, tu vas poursuivre un projet, tu ne sais pas trop à quoi t'attendre.

  • Speaker #1

    C'est ça. Et surtout, à chaque fois que j'y allais, je ne rencontrais pas du tout le pays, parce que j'allais d'un hôtel à un... Et en fait, c'est... quand justement j'ai décidé, donc en arrêtant ce projet, enfin le livrant, en le terminant, j'avais envie de voyager, j'avais envie un peu d'être face à moi-même aussi, parce que j'avais vraiment fait le parcours collège, lycée, études non-stop sans m'arrêter, en bossant pendant toutes les vacances pour payer mes études, enfin bref c'était vraiment à la fois extrêmement linéaire et puis en même temps... pas vraiment ce que j'avais envie de faire, j'avais envie de quelque chose d'un peu plus choisi dans un sens. Donc du coup je me suis dit bon bah tiens je vais partir à la découverte du Liban, je devais partir trois mois. Je suis parti une première fois c'était, je crois que j'ai arrivé en juin, je suis parti en octobre il me semble. Et donc là j'ai travaillé avec un product designer, Cyril Najjar. ça a été une très bonne entrée en matière et après je suis rentré à Paris et après je me suis dit mais en fait Beyrouth c'était sympa du coup j'y suis retourné et puis là par contre j'y suis allé en me disant j'y reste jusqu'au moment où j'en ai marre et du coup là j'y suis resté 3 ans ans. Et depuis, donc là, c'était vraiment une rencontre, et en fait, c'est une rencontre... Alors, je m'étais juste donné comme objectif, si je pars à Beyrouth, je travaille dans une agence qui est vraiment d'archi d'intérieur. Je voulais vraiment remettre un pied dans l'archi d'intérieur, construire, enfin, je voulais vraiment devenir archi d'intérieur, en fait. Et donc, arrêter, justement, de multiplier les expériences, et là, vraiment de focus sur mon cœur de métier, on va dire. Donc, du coup, j'ai été embauché chez Nabil Dada et Adib Dada, qui est une des plus grosses agences d'archi d'intérieur et et voilà et en fait j'ai développé,

  • Speaker #0

    je me suis développé je me suis rencontré j'ai rencontré plein de gens et je me suis retrouvé dans un milieu de créatif et alors justement qu'est-ce que tu y as trouvé des compétences des agences qui t'ont permis de te concentrer sur un métier comment te dire c'est quoi la c'est quoi la différence entre voyager de Paris à Beyrouth et travailler à Beyrouth et y passer un an, six mois, etc. Est-ce que ça aurait été différent si tu l'avais fait à Milan ou à New York ? Qu'est-ce qu'il y a de plus ?

  • Speaker #1

    En fait, moi qui suis parisienno-parisien, il y a quelque chose qui m'a toujours marqué, qui m'a marqué très rapidement quand je suis arrivé à Beyrouth, c'est que tout le monde se connaît. Milan, ça peut un petit peu être comme ça. C'est à la fois des capitales, En même temps, c'est des villes à échelle humaine. Il y a quelque chose où tout le monde se connaît, au moins tout le monde se rencontre, tout le monde se voit.

  • Speaker #0

    Dans une communauté, en tout cas. Parce que je ne connais pas très bien Beyrouth, mais ce que je comprends de ce pays, c'est que ce sont des communautés qui, entre elles, sont effectivement extrêmement...

  • Speaker #1

    perméable donc tout le monde se connaît au sein d'une communauté en revanche entre les communautés c'est des groupes sociaux mais en même temps c'est un peu la même chose à paris dans là par exemple il ya pas très longtemps j'étais dans une soirée où il doit y avoir plein de designers il y avait 400 personnes je connaissais personne ce qui est assez étonnant et en fait c'est juste que c'était la communauté des product designers parisiens alors que moi je suis plutôt dans la communauté des designers arts décoratifs et en fait on se connait pas mais Beyrouth par exemple je sais pas quand on à partir du moment où on devient avec je sais pas un styliste très rapidement on rencontre tous les stylistes à peu près de la même génération par exemple c'est exactement ce qui s'est passé et par le biais d'un de mes colloques par le biais de mon travail par le biais de mes collègues enfin j'ai rencontré vraiment plein de gens extraordinaires et en plus en fait de les observer d'être entouré de toute cette créativité de cette énergie et en plus on avait tous à peu près le même âge donc on est tous un peu au même niveau, dans les mêmes vibes et en fait c'est là où je pense que je suis devenu designer là-bas en fait c'est là où j'ai commencé à faire mes premiers croquis Voilà, ça fait partie de l'attachement d'ailleurs. Et après, la vie là-bas, c'est une petite ville, c'est compliqué. Et en même temps, c'est génial. Je ne suis pas du tout le Beyrouth piscine et champagne. à mon bébé route pas de robinet par des clés cités en même temps une chaleur pas possible et des rencontres géniales enfin donc la créativité là bas est ce que l'histoire

  • Speaker #0

    de ce pays sa culture, son actualité, influence la création, et notamment en archi.

  • Speaker #1

    Pour moi, il y a deux choses au Liban. C'est que, en fait, la première chose, c'est que c'est une Beyrouth, et le Liban en général, c'est... c'est le lieu du plan B. Donc du coup, il faut toujours trouver des solutions à tout. Donc du coup, automatiquement, moi je ne comprends pas les designers ou les architectes, par exemple, qui se plaignent des normes, etc. Parce que je suis persuadé que c'est... un coup de boost au contraire à la créativité d'avoir quelque chose qui soit une situation complexe et de devoir y répondre ça c'est vraiment Beyrouth c'est une galère en permanence mais pour des fois parce qu'en fait tout est très cher tout est pas forcément accessible enfin bref ça c'est la première chose et la deuxième chose je pense qui est assez importante c'est qu'il y a ce phénomène de ville-monde alors Paris est une ville-monde par exemple parce qu'il y a des gens qui viennent de partout et c'est un melting pot complètement incroyable ... et du coup tout le monde se côtoie, tout le monde se rencontre, tout le monde s'échange. Et la créativité parisienne, elle est en grande partie due à ça. Beyrouth, c'est que des Libanais, ou presque, mais par contre c'est des Libanais qui, eux, viennent de partout. Donc du coup, ils se retrouvent là. Et du coup, moi j'ai des amis qui ont grandi en Côte d'Ivoire, j'ai des amis qui ont grandi en France, des amis qui ont grandi en Arabie Saoudite, au Qatar, aux Etats-Unis, au Canada, au Nigeria, et ils se sont tous retrouvés à Beyrouth, et du coup, à la fois ils sont tous de... ils ont tous un socle commun de Libanais et en même temps ils viennent tous mélanger toutes leurs expériences personnelles et familiales et bam il y a quelque chose qui s'épanouit et en plus c'est une ville qui est extrêmement connectée au monde donc du coup il y a en plus cette observation continue du monde qui vient encore se greffer là dessus et du coup je pense que c'est en partie pour ça que c'est une ville qui compte dans la création mondiale complètement

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, tu y retournes, tu y travailles, tu as des projets là-bas ?

  • Speaker #1

    Les projets là-bas, c'est un peu compliqué en ce moment. Ils ont tous été annulés. Ça commence à arriver. J'ai une première collaboration avec une galerie, Chaos, Sherbel Laoud, donc on a produit des miroirs en bronze que j'ai sculptés sur place, etc. C'est vraiment un projet 100% Beyrouth. Après, on commençait à signer, on allait signer des projets d'archives intérieures, mais tout a été stoppé au moment, avec Gaza. et encore plus ce qui se passe aujourd'hui mais ça va revenir et puis de toute façon mon objectif c'est de alors à la fois j'y passe pas beaucoup de temps parce que je vais y passer l'équivalent de deux mois, deux à trois mois par an répartis sur une semaine par ci, une semaine par là mais l'objectif au long terme c'est mon obsession personnelle c'est d'avoir un bureau là-bas et de vraiment avoir si je pense un peu entrepreneur ce serait vraiment d'avoir une équipe à paris et puis sa petite soeur à beyrouth notamment parce que comme j'ai enfin j'ai un réseau dans la région donc du coup on est quand même de plus en plus appelé pour des projets en arabie saoudite au qatar aux émirats etc et

  • Speaker #0

    du coup être basé à beyrouth c'est super intéressant et bien intéressant mais est-ce que l'on crée est ce que tu crées quand ce qu'on tu crées là bas quand tu fabriques parce qu'on peut même parler de ça c'est différent de ce que tu fais en france où où je crois que tu vis entre Paris et la Normandie.

  • Speaker #1

    L'atelier en Normandie, aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Voilà. Comment le lieu dans lequel tu es influence ta création ?

  • Speaker #1

    En fait, je pense que pour moi, c'est un petit peu un tout, parce que j'ai toujours l'impression de vivre un peu partout en même temps. Et en fait, quand je suis à Beyrouth, je pense de façon obsessionnelle à Paris. Quand je suis à Paris, je pense de façon obsessionnelle à Beyrouth, etc. Là, par exemple, ça fait 15 jours que je n'ai pas pu mettre les pieds à l'atelier en Normandie, et j'ai envie de... d'une seule chose, c'est de m'enfermer pendant une semaine là-bas. Alors que quand j'y étais il y a 15 jours, j'avais juste envie de venir à Paris et de travailler avec un café tranquillement en terrasse. Exactement. Du coup, je pense que c'est dans ma tête, il y a un melting un espèce de mix généralisé comme ça. Mais par contre, c'est certain que, par exemple, les miroirs que j'ai sculptés pour la galerie Chaos, alors déjà, il y a des problématiques sont pas les mêmes parce qu'on produit pas tout à fait du bronze de la même façon à Beyrouth, au Liban qu'en France, ça c'est une première chose.

  • Speaker #0

    Pour une raison de quoi ? Disponibilité des matériaux ?

  • Speaker #1

    Parce que les coûts sont pas tout à fait les mêmes, c'est relativement cher de produire au Liban et en France aussi pour du bronze, de toute façon le bronze c'est toujours cher dans tous les cas. Et puis parce que voilà la façon de travailler n'est pas tout à fait les mêmes, les conditions sont pas tout à fait les mêmes, parfois la barrière de la langue peut intervenir. Enfin donc voilà donc tout ça il y a... Le public, enfin l'acheteur potentiel n'est pas le même non plus.

  • Speaker #0

    Et puis en même temps, c'est sûr que je ne peux pas avoir le même état d'esprit quand je suis en Normandie avec le climat normand, ou dans mon bureau, ou en terrasse à Paris, ou avec le contexte. Et là, par exemple, cet atelier un peu pop-up que j'avais fait, où on était au 9e étage d'une tour, c'était une tour post-explosion en fait, c'est pour ça qu'on l'avait eu, pour en faire un atelier, parce qu'elle n'avait pas encore été rénovée. c'est que ce sont du port j'imagine c'est ça exactement et du coup on avait une vue sur la skyline du centre-ville de Beyrouth qui est juste splendide tout le monde montre toujours les tours du waterfront à Beyrouth mais la skyline du centre-ville historique on va dire est juste pour moi une des plus belles que je connaisse et et qui en plus a été désertée complètement ou quasi complètement depuis l'explosion le centre-ville oui sur la crise économique avant puis la crise souvent même plus avant la crise politique qui ensuite mais quand on regarde cette skyline on comprend vraiment quand on quand on disait à une époque que beyrouth était le petit pas Paris du Moyen-Orient, quand on voit cette skyline, ça saute aux yeux en fait. Il y a une beauté dans la ligne, dans les lignes de la ville, dans la connexion entre les bâtiments, alors qu'il y a X styles différents. Et voilà, je sculptais avec ça, avec cette vue, et puis des choses toutes bêtes, mais je me souviens que je sculptais, en fait, au Liban, la nuit tombe assez tôt, et du coup, on a tout de suite besoin de lumière artificielle, et problème d'électricité bien entendu, et du coup, je sculptais juste avec un petit spot de ch... chantier minuscule alors qu'en Normandie, par exemple, à l'atelier classique, j'ai des barres de LED infinies, lumière du jour parfaite, enfin ça peut pas être le même travail.

  • Speaker #1

    Et la culture locale influence au-delà de ce que tu viens de décrire ? Les formes, les matériaux ?

  • Speaker #0

    Non parce que de toute façon la culture locale n'est pas ma culture en fait, je ne fais pas d'appropriation quoi que ce soit, moi c'est vraiment... un Saint-Denis, je me sens très bien, mais ma maison c'est Paris. J'ai un peu cette relation avec Beyrouth, c'est un peu comme les gens qui ont des maisons de famille quelque part où ils ont un grand attachement, mais en même temps c'est pas vraiment chez eux et en même temps ils ont toujours besoin et envie d'y aller, et ils s'y sentent extrêmement bien, c'est un lieu chaleureux. Pour moi c'est un peu cette relation-là. J'ai pas une maison de famille, mais j'ai Beyrouth.

  • Speaker #1

    C'est un peu ce sentiment.

  • Speaker #0

    C'est pas très froid, mais c'est une maison de famille. Oui, mais c'est sublime. Tout le monde doit aller à Beyrouth.

  • Speaker #1

    Absolument. Parlons un peu de plus en détail de ton travail, de tes créations. Comment tu, pour ceux qui ne te connaissent pas, qui ne connaissent pas ton travail, comment tu le décrirais ? Les objets, ils ressemblent à quoi ? Ils sont faits à quel matériau ? Ça a dû évoluer d'ailleurs avec les années.

  • Speaker #0

    Je pense que pour comprendre le travail, déjà, il faut voir un peu la méthodologie qu'on a derrière. C'est cool. la première chose c'est que chaque projet est différent d'ailleurs là j'essaye de lancer de l'édition et c'est un vrai travail pour moi de penser qu'un objet va être reproduit x fois c'est vraiment du état d'esprit c'est que vraiment un autre monde donc chaque projet est différent donc le contexte est très important et ensuite dans la méthodologie non on essaie de travailler le plus proprement possible pour normaliser l'aspect responsable durabilité etc en fait on le veut le normaliser et d'ailleurs ça se voit pas dans la plupart de nos projets si on n'en parle pas ça se voit pas et donc du coup ça crée des projets qui sont assez bigarrés peut-être de nous un exemple des projets très très très représentatif par exemple le cinéma on a rénové il ya un an maintenant une salle de cinéma dans le reflet midi 6 dans le cinquième, cinquième, sixième, cinquième. Où là, pour le coup, c'est un projet global. Donc c'est un projet à la fois d'architecture intérieure et de design. Parce que le but, c'est quand même de faire travailler les deux ensemble.

  • Speaker #1

    Juste, je te dis, fais un tout petit peu attention aux mains. Non, on a des micros qui sont hyper sensibles, et quand on tapote sur le micro, ça se prend.

  • Speaker #0

    Donc ce projet de cinéma, c'est un projet qui est complet, puisqu'on a... En fait, on est parti d'une salle de cinéma qui avait été rénovée dans les années 80, qui était rouge, comme tous les cinémas. Donc l'idée, c'est de faire quelque chose qui avait beaucoup de personnalités, qui soit différent, de remettre des arts décoratifs dans la salle de cinéma, ce qui pour moi était très important, de reconnecter les deux, qui avaient historiquement toujours été connectés. qui le lien s'était perdu dans les années 80 je pense 70 et ensuite de le traiter de façon durable et responsable. Donc on n'est allé chercher que des matériaux durables et responsables. Le tissu par exemple, c'est du tissu qui est 100% recyclé, 100% recyclable, en plus tout ça avec les normes de ce type de lieu. On est obligé de les respecter, elles sont très très hautes. L'isolation phonique, c'est des matériaux, c'est une forme de ouate de coton qui est issue du recyclage des vêtements. En plus, c'est lié à des ateliers de réinsertion, etc. Donc on a réussi un peu à prolonger, enfin en utilisant ce matériau, on a participé à avoir un impact social et économique, puisque du coup il crée des ateliers dans des localités où en général il n'y a pas beaucoup d'emplois. d'un coup, il y a un atelier avec 400 personnes qui s'installent. Ça redynamise rapidement une localité.

  • Speaker #1

    Je t'interromps, excuse-moi, c'était un cahier des charges de ton client ?

  • Speaker #0

    Non, ça c'est notre cahier des charges pour tous les projets. Quand ils viennent te voir,

  • Speaker #1

    ils savent que c'est comme ça.

  • Speaker #0

    Exactement. Quand ils viennent nous voir, c'est pour proposer quelque chose de différent. De différent et de... La notion de responsabilité, ça commence un petit peu à arriver. mais surtout c'est de la responsabilité qui ne... Enfin, ça dérange en rien leurs habitudes en fait. C'est nous qui travaillons dessus, ensuite on leur propose un projet, pour eux ça n'a aucune différence.

  • Speaker #1

    On peut imaginer que ça soit plus cher, c'est vrai ou pas ?

  • Speaker #0

    Non, absolument pas. D'ailleurs cette salle de cinéma, elle a coûté grossièrement 100 000 euros. rénové quand sa petite sœur parallèle qui est vraiment sa jumelle, elle a coûté deux fois plus. Donc qui a été rénovée de façon...

  • Speaker #1

    Oui, traditionnelle, non responsable.

  • Speaker #0

    Et elle est très belle aussi. Et voilà, donc du coup, par exemple, dans cette salle de cinéma, on a... créé des grands luminaires en papier recyclé donc enfin c'est du papier adapté bien sûr au non feu etc qu'on est donc qu'on est venu récupérer recouper réassembler pour créer des gros luminaire un peu nébuleux comme ça on a créé à l'atelier du coup il ya des parties en bois c'est du bois local enfin traité de façon responsable avec des vernis des patines et des vernis responsable les fauteuils par exemple on n'est jamais à 100% on peut pas être enfin on pourrait un jour est à 100% mais aujourd'hui on tend à être le mieux possible. Donc par exemple les fauteuils c'est une marque française ou si je me trompe pas les mousses sont fabriqués en Asie, la partie métallique est fabriquée en Europe de l'Est, l'assemblage est fait en France et la tapisserie est faite en France. Et puis par rapport à nos budgets aussi parce qu'on n'est pas sur des fauteuils à 3000 euros le fauteuil. Donc voilà on joue aussi...

  • Speaker #1

    Je m'attendais à beaucoup plus pour rénover une chalette.

  • Speaker #0

    Dans mon souvenir c'est 106 000 euros le budget. hors taxe.

  • Speaker #1

    C'est très raisonnable pour un cinéma. Ce projet, c'est quoi le process ? Ton client vient te voir, te dit je connais votre travail, j'aime bien votre travail, faites-nous une proposition. C'est comme ça que ça se passe ?

  • Speaker #0

    C'est un petit peu ça, oui. C'est le bouche à oreille qui a fait son travail déjà. La première personne à travailler, c'était le bouche à oreille. Ensuite, les personnes sont venues nous voir, le directeur artistique, Pierre-Edouard Vasseur qui est venu nous voir, qui m'a dit, enfin qui m'a demandé si ça m'intéressait et ce que je pourrais proposer. Il y avait une autre équipe d'ailleurs en parallèle qui travaillait dessus déjà. C'est un peu en compétition. Tu le savais ça ? Oui. Et du coup, moi la seule chose que je lui ai dit, je te préviens, si je t'en ai dit dessus, je ne fais pas un cinéma rouge. C'est hors de question. Et puis en fait, c'est ce qu'il cherchait, je pense, d'avoir quelque chose qui se différencie. Il y a une stratégie commerciale après, derrière. D'ailleurs, il m'a dit, il y a quelques mois, peut-être 4-5 mois, que la salle était bookée. Ils ont des très bons scores pour la salle. et il a loué énormément pour des événements des choses projection privée et c'est exactement et donc du coup ça montre que commercialement parlant on a fait notre travail aussi donc voilà c'était une de mes questions parce que en général on va rarement cinéma pour la salle sauf peut-être au grand rex n'est

  • Speaker #1

    arrivé d'elle au grand rex pour la salle je me fichais un peu du film je voulais la cérémonie de trucs des eaux avant et puis le décor donc là c'est assez représentatif des arts décoratifs français pas de quand elle date cette salle grand rex mais je sais pas mais elle est drôle elle est kitsch belle et kitsch en même temps mais je pense si après il y a le le Chinese Theater de Los Angeles il y a quelques salles comme ça emblématiques mais on va rarement dans une salle pour la salle parce

  • Speaker #0

    qu'en fait ça n'existe plus ça a été massacré partout historiquement toutes les salles de cinéma les salles de cinéma de toute façon sont les descendantes des salles d'opéra et de théâtre et c'est dans le... C'est quand on... Moi par exemple, une des choses qui a formé mon regard et ma passion pour le contraste, c'est Chagall à Garnier. Mais la connexion entre les deux, si un jour un client veut qu'on fasse ça chez lui, appelez-moi. Il n'y aura pas des moulures en Apollon 3, mais en tout cas, cette notion de contraste entre... entre deux époques et en fait voilà là on est dans le summum des arts décoratifs au service d'une prestation artistique et en même temps dans d'autres cinémas beaucoup plus petit c'était souvent que des petits candélabres suspendus au mur des psyllus en cristal un peu pauvret mais qui ont le mérite d'être là en fait donc et je pense que quand les gens vont c'est l'apothéose garnier je sais pas si une salle de salle de l'opéra dans le monde qui est plus grandiose que garnier mais mais c'est Il peut y avoir n'importe quelle représentation à Garnier, la salle est autant la star du spectacle que la représentation en elle-même. Ça, c'est une notion de réussite quand même pour le décorateur.

  • Speaker #1

    Et justement, tu sais que commercialement, ça a un impact positif. Tu perds, le contrat est rempli, parce que ça fait partie aussi de tes... de tes satisfactions, d'aider ton client à avoir un lieu...

  • Speaker #0

    C'est le but de notre travail. En tout cas,

  • Speaker #1

    dans un lieu commercial qui accueille du public, oui. Tu as été, toi, assister à des projections là-bas ?

  • Speaker #0

    J'en ai fait une. et ça regarde de l'écran c'est bizarre d'être à la fois non parce qu'en plus on a quand même des choses un peu spectaculaires il y a un luminaire qui fait plus d'un mètre de diamètre dans une salle d'une centaine de places c'est déjà assez imposant de positionner tout a été pensé pour que ça gêne pas le regard et c'est surtout les luminaires sont disparaissent presque quand en fait la salle et la salle est toute noire maintenant c'est un camaïeu de noir en texture et en coloris et est en fait si à ce compte quand les lumières sont allumées si c'est une salle un peu en lévitation maintenant avec ces objets comme ça qui flotte le long des murs et après quand la lumière s'étend un des petits challenge c'était que le moins de reflets

  • Speaker #1

    possible venant du film par exemple sur les luminaires en lévitation parce que oui on est dans un noir complet ce qui est ce qui est rare et du coup luminaire oui tu te donnes l'impression d'être d'être en lévitation génial bah moi j'aimerais bien découvrir cette salle il faut y aller donc le reflet mais d'ici dans le 5e pour revenir à ton travail de merges plus générales donc on va reparler des projets et un a sans doute d'autres qui qui peuvent vraiment nous intéresser est ce qu'il ya une personne un lieu où ou un événement qui a marqué ta vision du design alors tu as pas le chagall en fait oui je pense qu'il ya deux choses c'est ma quand j'ai compris et

  • Speaker #0

    ça c'est parce que je avance j'avais compris mais je l'assumé pas mais maintenant je pense que ma vraie passion c'est le contraste le trouver le contraste l'équilibré en contraste ça c'est vraiment quelque chose et d'ailleurs beaucoup de personnes quand il voit les projets d'archives intérieures qui sont quand même relativement pur avec toujours des matériaux très fort mais dans une ligne très pure et le design qui lui par contre est parfois un peu brutale et animale il comprenait que pas la connexion mais en fait la connexion c'est que ces objets doivent se retrouver dans ses intérieurs et le but c'est que les deux communiquent tout en étant dans un contraste fort en fait et ça ce sera je pense que c'est ma passion à vie et je pense que voilà c'est des lieux comme par exemple garnier qui m'ont qui

  • Speaker #1

    m'ont offert ça la ville en règle générale c'est en fait la ville les paysages enfin tout ça que tu disais en début de conversation le contraste entre la façade led et le ciel bleu

  • Speaker #0

    ça c'est quelque chose qui m'obsède en fait cette espèce de quelque chose qui est un peu antinomique l'harmonie dans le contraste ce qui bizarrement n'est pas censé fonctionner ensemble mais c'est vraiment ce qui m'obsède complètement et il y a quelque chose qui m'a vraiment fasciné quand j'étais pré-ado, j'avais peut-être 11 ans, quelque chose comme ça c'est la première fois que j'ai vu en vrai l'Arche de la Défense et je me suis dit comment un bâtiment peut être aussi beau que ça et c'est Et puis dans sa stature, dans ses proportions. Après, en plus, quand j'ai lu dessus, le contexte est fou. Et encore plus intéressant aujourd'hui qu'à l'époque, parce qu'il y a vraiment des bâtiments qui ont... Ça s'est resserré, ça s'est encadré. Et puis après, quand j'ai un peu lu dessus, et que j'ai lu par exemple que l'architecte l'avait fait de 110 mètres de haut, 100 mètres de large, parce que s'il avait fait 100 mètres de haut, on aurait eu l'impression qu'elle n'était pas carrée vue de loin. Donc du coup, il fallait... retravailler la perspective. Ce qui est en fait quelque chose de simple. les statues sur les portes de Notre-Dame, elles ont une tête complètement démesurée, comme ça on a l'impression qu'elles sont bien... Oui, vu d'en bas... ...qu'elles sont en art humain vu d'en bas, en fait. Finalement, c'est exactement le même principe, mais tout ça, en fait, ça m'a... ça m'a vraiment fasciné et je trouve que c'est le plus bel objet du monde c'est bizarre pour un petit... L'Arche de la Défense,

  • Speaker #1

    toujours maintenant ?

  • Speaker #0

    Je trouve ça splendide, pour un truc qui fait 1 km3 je trouve ça vraiment... Et puis cette ouverture, en fait on revient au contraste, cette ouverture quand on est en face, on est ouvert sur le monde comme ça, et en même temps dans une notion de... C'est un bâtiment politique, donc ça s'inscrit dans une logique d'urbanisme politique. Et puis on tourne la tête et on arrive sur ces miroirs qui reflètent le ciel. Et on ne sait pas si c'est une fenêtre qui s'ouvre sur le ciel ou si c'est le ciel qui est reflété dans une fenêtre. C'est splendide.

  • Speaker #1

    J'avoue que je passe très souvent à la défense. C'est marquant, c'est frappant. Tu l'aimes vu de... Dans quelle perspective ? Parce qu'il y a... Une volée d'escalier, si je ne me trompe pas, avec Paris, quand on a Paris dans le dos, face à l'Arche de la Défense. Donc là, c'est écrasant même, je trouve.

  • Speaker #0

    Ce qui est beau aussi, c'est que le bâtiment, il est là, en fait. Par exemple, cette volée de marche, elle ne sert à rien. Elle sert juste à servir l'architecture et l'impression, le ressenti du visiteur par rapport à... Le visiteur, il est même... En fait, il y a toujours ces choses, en plus avec les escaliers monumentaux, qui sont en plus très frenchy. C'est vraiment très français comme détail. un peu dans quelques dictatures c'est un peu grand développement et il y a cette chose où on est obligé de presque baisser en fait les escaliers sont tellement immenses qu'on est obligé presque de baisser la tête pour pas tomber et du coup on a cette immensité au dessus de nous et puis en plus c'est une forme qui est un peu particulière parce que comme on a l'impression d'avoir un vide je pense que 90% des gens se disent mais est-ce que ça tient ?

  • Speaker #1

    et comment ça tient ?

  • Speaker #0

    et non les premières fois que je l'ai vu c'était du RER le RER A Châtelet-Sergy où en fait il s'est posé dans le paysage comme ça, c'est splendide de la gare Saint-Lazare, quand on prend les trains de Saint-Lazare à un point X ou Y on le voit à chaque fois d'ailleurs de point de vue complètement différent et puis après depuis Paris et puis ensuite je devais avoir 12 ans quelque chose comme ça, je sais plus pourquoi je suis allé à la Défense pour une raison, peut-être pour le centre commercial je sais plus ... Mais par contre, cet objet, ça m'a fasciné complètement. C'est vraiment quelque chose que je trouve...

  • Speaker #1

    D'ailleurs, tu parlais de Sergi. Si je ne me trompe pas, si tu continues, si tu vas jusqu'à Sergi Pontoise, il me semble qu'il y a une perspective...

  • Speaker #0

    Tu as l'axe majeur. Voilà, c'est ça. Qui est splendide, oui.

  • Speaker #1

    Qui passe par l'axe, enfin l'axe passe par la défense.

  • Speaker #0

    Dans mon souvenir, c'est axé sur la Tour Eiffel, je crois. Ok.

  • Speaker #1

    L'axe majeur. Je pensais que c'était défense, arc de triomphe.

  • Speaker #0

    carousel du loup forcément maintenant je vais avoir un doute on vérifiera c'est splendide et puis encore une fois c'est vraiment un travail de paysage il y a l'axe majeur avec l'espèce de cadran immense la colonnade je sais plus combien il y en a et il doit y en avoir 12 ou 16 quelque chose comme ça mais immense en photo on peut pas comprendre la taille que ça fait je sais pas quelle taille elle fonde peut-être 20 mètres de Ausha colonne en espèce de marbre blanc ou reconstitué blanc comme ça c'est très années 80 un dessin comme esthétique mais c'est vraiment splendide. Et puis ensuite ça continue, ça descend, il y a un pont rouge comme ça, très très beau, qui va sur une île. Enfin il y a plein de symboliques, c'est un peu... Oui c'est vraiment l'architecture. Oui il y a vraiment quelque chose comme ça, c'est vraiment tous ces projets. Alors c'est pas vraiment Mitterrand mais il y a toute cette logique un peu mitterrandienne de donner de la symbolique dans des projets d'architecture, de dépasser la simple vocation utilitaire d'un bâtiment.

  • Speaker #1

    Oui c'est une symbolique forte.

  • Speaker #0

    Et là

  • Speaker #1

    le paysage a été transformé c'est quand même assez fou incroyable ça me donne envie d'aller voir retourner c'est super dans quand tu démarres un projet donc tu reçois un brief une commande qu'est ce qui te guide c'est plutôt comme c'est quoi la première étape c'est c'est un matériau c'est c'est une émotion c'est qu'est ce qui c'est quoi le plus il y en a un point de départ déjà en général on a deux types de projets c'est du mobilier ou de l'intérieur donc déjà c'est des

  • Speaker #0

    points de départ complètement différents le mobilier c'est un peu particulier parce que des fois on nous commande des pièces mais on sait à peine pourquoi dans quoi vont être etc parce que pour des raisons Quand on travaille pour des marques, par exemple, elles ne veulent pas trop communiquer, elles ne sont pas forcément très sûres. Des fois, elles sont sûres qu'elles veulent travailler avec nous, mais elles ne savent pas vraiment encore à quoi va ressembler la boutique, par exemple. Donc du coup, là, on travaille sur le mobilier pour un hôtel, par exemple, où c'est une autre agence d'architecture d'intérieur qui fait l'hôtel. Et nous, on vient apporter une collaboration, en fait. Donc du coup, on est dans quelque chose qui vient se compléter, qui vient se contraster l'un avec l'autre. qui vient dialoguer, donc ça c'est super intéressant. Donc là, ça part d'un cahier des charges. Ok,

  • Speaker #1

    donc là c'est une fonction, ils vont te dire on veut des consoles, on veut des tabourets, etc., des tables, mais ils vont jusqu'à te dire, parce que ton travail, on va en reparler encore un, des matériaux, parce que c'est très spécifique la manière dont je trouve, dont tu travailles, les matériaux que tu utilises, l'éco-responsabilité,

  • Speaker #0

    le...

  • Speaker #1

    L'art et povera, je ne sais pas si on peut dire ça en parlant de ton travail, mais il y a un côté très... comment dire... Le matériau le plus basique pour en faire un truc très spectaculaire, très organique. Donc voilà, je trouve que c'est intéressant. Le client vient te voir en disant « j'ai vu que vous faisiez une collection en marbre ou en papier mâché, je ne sais pas comment tu l'appelles, etc. C'est ça que je veux ? » ou c'est après toi qu'il va le faire ?

  • Speaker #0

    Alors en général, le client arrive avec un client. cahier des charges en général qu'on fait évoluer ensemble et puis forcément aussi la découverte de travail c'est par un point de départ donc c'est très souvent un autre projet ou une photo ou une inter ou je peux un article où j'en sais rien et du coup il arrive en effet que des mots mots clés comme voilà je travaille avec vous parce que vous êtes durable vous travaillez ou avec telle matière où j'aime l'esthétique de cette matière sont même forcément savoir réellement ce que c'est par exemple le carton roche dont on parlait 50% des gens qui nous contacte pense que c'est de la céramique par exemple oui on a de la pierre on pense que c'est un minéral c'est ça c'est un peu le but donc c'est très bien ça fait son job mais donc du coup voilà il ya tout et puis après nous en fait on se saisit de l'histoire Et l'architecte d'intérieur c'est exactement la même chose finalement, c'est un cahier des charges, qui est forcément différent puisque c'est pas la même échelle, c'est pas les mêmes besoins, etc. Mais finalement c'est le même principe. Dans les deux cas, c'est une rencontre, que ce soit avec une personne, avec une marque, peu importe. C'est toujours le même principe. Une rencontre, nous on se saisit de l'histoire qu'on nous propose, et ensuite on la développe avec notre client. Et pour d'une, répondre à ses besoins, et répondre au mieux, suivant nos besoins à nous aussi. Et puis ensuite, ça fait son cheminement et ça se transforme très souvent.

  • Speaker #1

    Ça évolue d'ailleurs mon cours de route ?

  • Speaker #0

    Ça évolue énormément parce que déjà d'une, on essaie d'évoluer là où on a envie d'aller. Donc souvent, on part d'un point A et le... Par exemple, une chose toute bête. La plupart des clients, ils viennent nous voir en ayant en tête des pièces, par exemple, qu'on a déjà fait pour d'autres. Sauf que nous, par définition, on ne fait pas deux fois pour des clients. On va faire deux fois la même pièce pour un client, mais pas pour un autre. Oui,

  • Speaker #1

    pas deux pièces semblables pour deux clients.

  • Speaker #0

    Exactement. Donc ça, c'est une... Et donc du coup, ils viennent nous voir avec quelque chose, mais nous, on ne va pas s'autocopier. Donc du coup, on part autre... On va forcément les emmener ailleurs, en fait. Et... Et ça se passe toujours très bien, parce qu'on prend tout le temps qu'il faut, etc. Mais c'est beaucoup de communication, c'est beaucoup d'échanges, c'est beaucoup de pédagogie, j'aime pas trop ce mot, mais vraiment d'explications, de provocations aussi parfois. Ça c'est forcément, parce que par définition on ne travaille pas pour nous en plus. Donc celui qui doit être satisfait, c'est d'abord le client, et ensuite c'est nous qui devons l'être. Et d'ailleurs de voir son client satisfait, c'est une des choses qui est très intéressantes. des plus grandes réussites moi je trouve des fois avant même le projet en lui-même de voir un client qui est content voire même qui renouvelle la collab c'est quand même c'est génial quoi ouais c'est top et si alors justement c'est intéressant ton process créatif qui

  • Speaker #1

    évolue c'est un chemin tu sais pas vraiment par quelle route tu vas passer au départ ça peut changer si c'était c'était un voyage comment il commencerait où il finirait où bah en fait il a commencé au

  • Speaker #0

    je pense dans mon parcours personnel, de mon milieu social, de ma famille, de plein de choses comme ça qui m'ont construit. Et après, où il irait, je n'en sais rien. Je n'ai pas forcément envie de savoir. Je viens devant les rencontres. Vraiment, c'est ça qui est intéressant. C'est que, on revient au fait de... Pourquoi j'ai étudié l'architecture d'intérieur ? Parce que c'est un peu... un nœud de communication et en fait finalement le studio c'est un peu la même chose. Donc demain on peut très bien m'appeler, je sais pas, pour refaire un ministère, comme pour faire une petite collab mais qui va être géniale avec je sais pas un artiste, ou ça se rend on sera peut-être même pas, on sera peut-être... presque le second rôle du projet d'ailleurs et puis ou une collaboration avec une agence d'architecture ou c'est nous qui pouvons appeler une agence d'architecture pour collaborer avec nous enfin tout est possible en fait donc ça c'est génial enfin c'est infini les possibilités La seule finitude, c'est une finitude à court terme. Il faut trouver les moyens de nos ambitions. Et du coup, il faut aller à la rencontre des gens. Il faut se développer. Là, on est au tout début. Mais le but, c'est que ça devienne... une machine qui fonctionne très bien et qui soit vraiment un outil de proposition. Ça, c'est vraiment un peu comme ça que je pourrais qualifier le studio. C'est un outil de proposition. OK. Aussi de fabrication, etc. Mais vraiment de la proposition.

  • Speaker #1

    OK. C'est intéressant parce que tu as démarré seul. Là, tu constitues ton studio. Tu as une équipe. Tu as un process créatif qui n'est pas linéaire par nature, par définition. Mais en même temps, tu es entrepreneur. Tu dois développer une boîte. Tu dois la faire vivre. Tu dois. Tu dois pouvoir payer ton matériau, tu dois, etc., te payer toi, vivre de ça. Et donc, tu ne peux pas non plus exploser les délais, les budgets. Comment tu arrives à conjuguer ce côté créatif, entrepreneur ? Il faut être processé. Je recevais, je fais cette parenthèse, je recevais il y a quelque temps une de tes consoeurs architectes d'intérieur, qui crée des objets aussi, mais... mais qui est plus un objet d'édition. Elle s'appelle Amandine Marotto, Atelier Compostelle. Elle a une chance énorme, c'est qu'elle était avocate avant. Elle a basculé vers la création. Elle a toujours su qu'elle voulait faire ce métier. Mais elle est hyper processée. C'est-à-dire qu'elle racontait son métier comme si elle me racontait un projet de développement de la dernière locomotive Alstom. C'est hyper processé. cesser et on dépasse pas et machin et on communique et on a des reportings etc moi j'étais hyper impressionné par ça mais je me dis mais ouais c'est son cerveau qui est fabriqué comme ça comment t'arrives toi ? t'y arrives ?

  • Speaker #0

    je suis extrêmement organisé ça c'est une chose alors en fait vu de l'extérieur je peux paraître désorganisé parce que je suis toujours en train de travailler sur 10 choses en même temps et j'ai besoin de travailler sur 10 choses en même temps c'est vraiment j'ai J'ai besoin d'être en permanence boosté par les projets sur lesquels je travaille et de la diversité. Mais oui, très organisé. Et puis en plus, j'ai une chance, je pense, c'est que depuis très longtemps, j'ai une vision de là où je veux emmener le studio. Donc là, par exemple, depuis les premières années, c'était comprendre ce que je veux faire, comprendre ce que je veux proposer, commencer à le proposer, etc. Maintenant, on commence à exister. Et maintenant, on va passer en phase numéro 2 où il faut commencer à faire... grossir les choses et là je suis en plein business plan et le tutti quanti vraiment pas mon métier à la base mais c'est super intéressant et donc j'apprends ça fait six mois que je suis dessus je prends le temps d'apprendre je prends le temps de comprendre comment ça fonctionne je prends le temps de rencontrer des gens lâche par à dubaï par exemple dans quelques semaines pour aller rencontrer des potentiels prospects clients qui vient enfin acquis clients, collaborateurs, etc. Je vais faire la même chose à New York dans pas longtemps. Donc, oui, en fait, moi, toute mon organisation, elle est basée sur le fait que je sais là où je veux aller. Je ne suis pas sûr de... Enfin, je ne sais pas quand je vais réussir à y aller, mais en tout cas, je sais où je veux aller. Et du coup, toute la construction du studio s'est organisée autour de ça. Donc, c'est step by step, à notre échelle, de façon qualitative et sans sacrifice. Ça, c'est important. parce que je ne ferais pas un meuble à la mode juste pour le vendre plus facilement que les autres si ça ne correspond pas à l'image que j'ai envie de donner au studio il ne sera pas fait on fera autre chose on fera une autre en respectant ce que j'ai envie de faire avec le studio et pour le coup j'ai tendance à dire de plus en plus de répondants de la part des clients donc je pense que c'est la bonne voie donc on va continuer et intensifier encore ... mais... Oui, donc extrêmement organisé, c'est vraiment de l'entrepreneuriat. C'est pas parce que c'est de la création que c'est pas de l'entrepreneuriat. Après, je pense que l'entrepreneuriat de la création est quelque chose d'assez spécifique. Il n'y a pas forcément un seul modèle, je ne sais pas combien il y en a. En tout cas, moi, au cours des rencontres, j'ai observé X modèles qui ont fonctionné à différentes époques. Je ne pense pas qu'on fasse de l'entrepreneuriat en architecture d'intérieur ou en design. Déjà, en architecture et en design, à mon avis, ça ne fonctionne pas de la même façon. En design art décoratif, c'est pas la même chose qu'en design industriel. Dans les années 90, c'est pas la même chose que dans les années 2000, qu'en 2024. Et certainement pas pareil encore en 2027. Etc, etc. Donc il faut comprendre là où on veut aller, comprendre comment on peut le faire. Et encore une fois, je pense, sans jamais se sacrifier vraiment. en sachant quel est son cadre pour avancer.

  • Speaker #1

    Oui, et tu as une identité hyper forte, si tu commences à la respecter, c'est terminé.

  • Speaker #0

    Oui, exactement.

  • Speaker #1

    Ce n'est pas pour n'importe quelle marque, j'allais dire. Tu es en train de construire une marque.

  • Speaker #0

    En fait, la notion de marque est très intéressante, et d'ailleurs, moi, ce que j'observais énormément en termes d'entrepreneuriat, c'est la mode. Alors même si leur modèle n'est pas celui de... Je ne sais pas, si j'observe le développement de Jacquemus par exemple, qui est quelqu'un que j'ai beaucoup observé, ou de Ami, toutes ces marques avec lesquelles j'ai un peu grandi, parce qu'en fait elles sont apparues quand j'étais... Moi-même, j'avais 23 ans, quand elles ont commencé, c'était des gens que je croisais parfois en soirée. Donc voilà, j'ai observé de loin comme des toutes petites marques qui sont devenues moyennes. beaucoup plus grande et puis là j'ai connu ce ils sont 800 employés ou je sais plus quoi mais c'est l'eau qu'aux fous alors le modèle de la mode moi je ne sers à rien que j'ai un atelier avec 300 personnes de sud et dedans c'est absolument pas adapté à mes besoins mais mais par contre c'est intéressant par exemple d'avoir tout intégré ce qui existe pas ou pas ou presque pas en architecture intérieure mais pour moi c'est extrêmement important In fine, d'avoir l'agence d'architecture d'intérieur, de création et d'études,

  • Speaker #2

    qui soit imbriquée avec un outil de développement,

  • Speaker #0

    qui serait un atelier, on va dire, et que les deux travaillent ensemble en permanence, s'envoient la balle en permanence, et que ça avance en parallèle, en fait, pour ensuite servir les projets, qu'ils soient petits ou immenses, un jour. Donc voilà, pour moi, c'est un peu cette... notion là et finalement c'est vraiment quelque chose qui est omniprésent dans la mode de le créateur enfin l'équipe de créa de dire deux des à les dessinateurs etc qui ensuite renvoie la balle à tous les gens qui vont faire plutôt des documents techniques qui vont servir au studio de Enfin, vos ateliers à commencer à produire des choses, les prototyper, les renvoyer au créa, etc. Et du coup, en plus, ce que je trouve génial dans ce cadre-là, c'est que les choses avancent de façon très efficace. Oui,

  • Speaker #1

    c'est ça. Tu es beaucoup plus fluide et tu es un peu plus clairé.

  • Speaker #0

    Et puis, on n'est pas dépendant de... catalogues.

  • Speaker #2

    Donc après,

  • Speaker #0

    l'atelier n'a aucune vocation à produire 40 canapés. Il vaut mieux envoyer ensuite vers des ateliers qui sont spécialisés, qui font un travail beaucoup plus fin. c'est un travail très complexe, donc il faut mieux le faire faire par des ateliers compétents, ça coûtera sûrement moins cher, mais par contre, prototyper, même le faire à échelle 1, simplement pour bien comprendre les formes, les courbes, les connexions, avoir quelqu'un qui soit capable, par exemple, je n'ai pas ça aujourd'hui dans mon équipe, mais quelqu'un qui soit capable de travailler le tissu, la broderie, le point, tout ça c'est super intéressant, donc il faut avoir des moyens pour le faire, mais en tout cas, je pense que c'est dans le modèle. que je souhaite construire, il y a ce côté un peu couture haute couture de l'intérieur, de l'architecture d'intérieur et du design qui pour moi est essentiel. Le but c'est quand même de pouvoir servir un projet de A à Z et là aujourd'hui par exemple je suis en train de travailler sur des appartements mais aussi des tringles à rideaux et enfin j'en ai 5 en prototypage à nettoyer et puis en même temps mettre un angle à rideaux parce que c'est aussi des anneaux et tout ce qui va avec, les systèmes d'accrochage. Là, je suis en train de voir si on peut dessiner nos propres robinets parce que j'en peux plus de ne pas trouver ce qui me plaît dans les catalogues. Ça coûte une fortune à faire, mais finalement, entre acheter un robinet de 2000 euros sur un catalogue et le produire pour 2000 euros, autant le faire nous-mêmes. On est en train de faire... On développe plein de choses comme ça et le but, c'est petit à petit pouvoir répondre.

  • Speaker #1

    Oui, il y a une demande. Alors, tu parlais de matériaux, justement, bronze, carton roche, la pierre, le marbre, etc. Est-ce qu'il y a... un matériau qui te fascine plus qu'un autre ?

  • Speaker #0

    Ils sont tous différents. En fait, moi, ce que j'aime beaucoup, c'est la relation entre... Le matériau, il est issu, à la base, d'une envie d'esthético-sensible. On est dans un contexte et on se dit, là, il faut... que le regard soit trappé d'une façon ou d'une autre, qu'on raconte telle ou telle histoire. Et ensuite, une fonctionnalité.

  • Speaker #1

    Donc des propriétés.

  • Speaker #0

    Exactement. On ne met pas une pierre inadaptée à un endroit, on ne met pas un bois inadapté à un endroit. Et puis, contextualiser, bien entendu. Il n'y a pas des bois exotiques, par exemple, sur mes projets à Paris. Si demain, je faisais un projet au Ghana, il y aurait des bois du Ghana. Mais à Paris, il n'y a pas des bois du Ghana à Paris. Et inversement. Je me rappelle une cliente, ça ne s'est jamais fait, mais une fois... femme qui m'a contacté du brésil et qui voulait des grands dressings en chaîne french au bas dans un des pays du bois et au milieu de rio bayad et on fait pas des choses en chaîne à rio en fait le contexte est toujours extrêmement important et et ensuite le deuxième contexte c'est les besoins du projet Donc par exemple le carton roche, c'est un mélange de cellulose qu'on recycle, donc en gros on recycle des cartons, qu'on transforme en matière, et on le mélange avec de la poudre de calcaire.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    Locale, bien entendu. Et en fait ça c'est... C'est issu du besoin de développer des matériaux qui répondent à nos cahiers des charges, donc d'être responsable. Donc par exemple, pour la mode, c'est du mobilier qui est relativement jetable. Du coup, moi, je n'ai jamais voulu faire de céramique pour la mode. chez Lanvin il y a un petit peu de béton mais aujourd'hui je le ferai autrement j'adore ces pièces mais aujourd'hui je les ferai autrement c'était le début, là j'étais plutôt dans la période où j'étudiais la forme je comprenais ce que je voulais faire maintenant je comprends ce que je veux faire et je comprends comment je veux le faire aussi et du coup l'intérêt c'est que c'est un matériau qui ressemble à de la céramique à du béton, à de la pierre ça dépend des finitions qu'on lui apporte mais par contre il y a un bilan environnemental qui... qui est quasiment neutre, voire positif potentiellement. Et puis en plus, qui répond à des problématiques où typiquement, l'an 20, les podiums sont très très lourds. Et pour eux, c'est un problème parce que quand les podiums pèsent plus lourd que les visual merchandisers qui sont censés les bouger, c'est un peu compliqué pour eux. Et du coup, en fait, on développe ce type de matériaux pour ça. Par exemple, je suis en train de faire un gros focus sur... les patines métalliques parce qu'en plus moi j'adore le métal j'adore le bronze et je fais beaucoup de bronze et c'est très rare déjà le bronze qu'on fait donc là par exemple on fait toute une collection de bronze avec la galerie eco à mumbai donc c'est que des c'est que du métal recyclé en plus le calme ils ont déjà ces réflexes là il n'y a pas ce statut de travail à l'atelier en france non pas pour le coup je suis allé j'ai prototypé j'ai dessiné prototyper en france donc à échelle réduite ensuite ces échelles réduites je suis parti il y a un an. Le solo show, il est en janvier 2025. Par contre, j'ai sculpté les pièces en novembre 2023. Donc il y a grossièrement un an. Ensuite, je suis allé dix jours à l'atelier sur place pour les sculpter réellement sur place. Donc ça a évolué, ça s'est transformé, etc. Et je suis extrêmement content en plus de cette collaboration, à la fois de la collaboration humainement, etc. C'est une équipe géniale, mais aussi de la production qu'on a faite. Ça va être tellement beau. et ensuite sur place du coup c'est reproduit et c'est produit du coup en bronze c'est que des matières recyclées parce que par exemple en bronze en France on a un problème c'est que il y a beaucoup de personnes qui veulent du bronze qui n'a pas été recyclé Alors que du bronze recyclé ou du bronze par recyclé, ça ne se voit pas en fait. C'est la même matière. Mais psychologiquement parlant, pour les gens, il ne faut surtout pas utiliser le mot recyclé. C'est quoi ?

  • Speaker #1

    Dévalorisant pour le coup ? Oui,

  • Speaker #0

    il y a un côté dévalorisant.

  • Speaker #1

    c'est un peu comme les gens qui disent moi je veux du bois massif mais le bois massif en plus accès vraiment en menuiserie le bois massif ça peut vraiment créer des problématiques en fait donc je le comprends un peu mieux pour le bois massif parce que tu as l'impression d'une noblesse que tu vas pas avoir peut-être même une propriété qui va pas avoir même si c'est bête mais c'est pas forcément vrai surtout alors que le bronze recyclé ça reste du bronze

  • Speaker #0

    Oui mais même le bois massif en fait, quand tu as cette... alors il y a des choses, moi on sculpte énormément de choses en bois massif, plein de podiums pour des marques etc en bois massif. On en sculpte énormément, on a d'ailleurs tout un process pour récupérer du bois qui n'est pas issu de forêts industrielles, avec des conditions de récolte extrêmement localisées. En plus, ça nous ouvre des portes parce que ça nous ouvre à une grosse diversité d'essences. Ça, c'est une chose. Mais par contre, pour des portes de cuisine, par exemple, les ferro-bois massifs, à mon avis, c'est l'architecture intérieure qui parle, c'est plus de contraintes qu'autre chose. Et puis surtout, par définition, dans 80% du cas, c'est une cuisine qui est jetable, parce que les gens vont vivre dans cet appartement pendant 5 ans, 10 ans, 20 ans.

  • Speaker #1

    Et la cuisine ne sera pas résistée.

  • Speaker #0

    Et puis la personne qui va racheter l'appartement, elle aura bien raison de s'approprier l'appartement et de refaire les choses, surtout si elle nous appelle pour les refaire. Et puis surtout, quand on veut des façades chênes, c'est les façades qu'on veut, ce n'est pas l'âme qu'on veut. Donc du coup, autant utiliser 2, 3, 4 millimètres de bois, et ensuite avoir un support. qui soient bien sûr responsables, etc. Bien entendu. Pas des agglomérés avec X. Mais là, moi je pars du principe qu'on ne fait pas pousser un arbre pendant 200 ans, 300 ans pour le jeter à la poubelle 10 ans plus tard. Donc il faut vraiment économiser de la même façon pour le bronze ou le laiton, par exemple. Quand là, aujourd'hui, par exemple, je suis en train de faire des dizaines et des dizaines de miroirs pour habiller tout un mur, on les fait en carton roche qu'on vient patiner ensuite avec des effets de... de différents métaux, en fait c'est un peu comme toutes les couleurs d'un lever de soleil. Donc on part de choses un peu comme de l'argent oxydé,

  • Speaker #2

    presque canon de fusil,

  • Speaker #0

    jusqu'à des choses vraiment dorées.

  • Speaker #1

    Très chaudes, oui. Là tu parles du support du miroir ou du miroir lui-même ?

  • Speaker #0

    En fait le miroir en lui-même il est intégré dans une forme qui elle est décorative. C'est ça. Et en fait, on vient les patiner parce que d'une, il y a des notions de coût, etc. Ce qui est important, parce que le bronze, ça coûte par définition très cher. Mais surtout, à partir du moment où la personne n'a pas un accès direct, les miroirs sont à 3 mètres de haut, dans un escalier, où c'est impossible qu'une main les touche. En fait, entre un bronze et un effet bronze, il n'y aura pas beaucoup de différence. Et par contre, là où la différence se fait, c'est pour le porte-monnaie du client. Surtout, ça nous a permis d'en faire de façon beaucoup plus impressionnante. Et aussi en termes d'impact environnemental en fait. Parce que là où j'ai quelques grossièrement milligrammes de métal, normalement je devrais avoir en bronze, j'aurais je pense autour de 2 à 8 kilos par miroir. Et des miroirs, il y en a potentiellement 342. Donc c'est complètement autre chose. C'est vraiment, c'est tout un process en fait. Et in fine, c'est toujours au service du projet. Du coup, ça nous a permis d'accentuer les faits, de réduire le coût, de réduire le coût environnemental comme le coût économique, d'en produire plus. Et du coup, le projet sera beaucoup plus travaillé.

  • Speaker #1

    Tout le monde est satisfait. Très intéressant. Si tu pouvais collaborer avec une personne, architecte, décorateur, vivant ou mort, tu choisirais qui ?

  • Speaker #0

    On en parlait tout à l'heure, mais Oscar n'est meilleur, très clairement. C'est vraiment, je crois, le... En fait, je pense que c'est un des premiers architectes que j'ai découvert. J'avais peut-être 10 ans, quelque chose comme ça. Ça m'a fait... fantasmé. Et puis il y a toute cette notion de... Je pense que c'est quelqu'un qui avait compris ce qui était vraiment l'architecture. Et en même temps on peut tout à fait contrarier son travail etc. parce que c'est quelqu'un qui a voué sa vie à une proposition et comme toute proposition elle n'est pas forcément parfaite. Et une proposition permet d'en enclocher une autre. Mais c'est tous ces architectes qui ont compris que l'architecture c'est...

  • Speaker #2

    ça doit être des usages,

  • Speaker #0

    des sensations, une vision, une vision même politique pour lui. Il s'inscrit vraiment dans un... En fait, l'architecture c'est vraiment un outil pour l'homme, pour le développement de la civilisation, j'allais dire. Oui, c'est si loin que ça.

  • Speaker #1

    Tu as visité certains de ces lieux, de ces créations ?

  • Speaker #0

    C'est eux au Havre, ça c'est une chose. Et à Auguste Perret aussi, très clairement.

  • Speaker #2

    Auguste Perret,

  • Speaker #0

    c'était une des premières grandes rencontres architecturales, ça aussi.

  • Speaker #2

    Oui,

  • Speaker #0

    à Paris, bien entendu.

  • Speaker #2

    Et d'ailleurs,

  • Speaker #0

    à Paris, c'est presque plus un projet d'architecture d'intérieur que d'architecture dans un sens. Oui,

  • Speaker #1

    on parle du siège du Parti communiste. Il y a quand même cette forme incroyable.

  • Speaker #0

    Oui, mais en même temps, c'est un bâtiment quasi souterrain. Oui, c'est vrai. C'est assez étonnant. C'est mystérieux, oui. Et puis, c'est... Il y a aussi quelque chose que je trouve très intéressant avec le travail de Neyméer en règle générale, c'est que c'est quand même très... C'est assez étonnant parce que c'est très typique de son époque, et en même temps c'est assez éternel en fait.

  • Speaker #1

    Ouais, j'allais dire, effectivement l'intérieur notamment de ce lieu qui est classé, je pense, j'espère en tout cas... et très daté dans les couleurs, dans les formes, mais un côté très théâtral. On parlait de l'opéra garni tout à l'heure. Je ne sais pas si on pourrait comparer, mais j'imagine que l'effet du spectacle, c'est pas une... ... quoique il y a quelques défilés de mode qui se passent là-bas.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #2

    il n'y en a pas.

  • Speaker #1

    Mais j'imagine que le spectateur qui assiste à un congrès du Parti communiste en 1983, place du colonel Fabien, le décor devait avoir une influence considérable sur...

  • Speaker #0

    sur l'impact créé par le discours oui et puis en plus le bâtiment c'est un bâtiment qui a l'échelle humaine mais par contre il englobe les gens en fait on peut pas c'est impossible quand on est à l'extérieur c'est un peu différent parce qu'il est quand même le contexte est un peu particulier mais à l'intérieur on peut pas c'est un peu comme le Grand Palais ça me fait toujours, tous les ans ça me fait marrer les salons d'art où il y a les plus grands artistes de la planète dans les salons et en fait tout ce qu'on voit c'est les photos de la voûte du grand palais et ils pourront faire les plus beaux stands du monde et je suis promis à être frustré pour eux mais ils pourront faire les plus beaux stands du monde la plus belle scénographie du monde Jamais le regard ne pourra être détourné de cette voûte, c'est impossible. Et ces lieux-là, ça fait ça.

  • Speaker #2

    Le

  • Speaker #0

    Chagall au Grand Palais, par exemple, c'est... Au Grand Palais, à Garnier,

  • Speaker #2

    c'est...

  • Speaker #0

    Déjà, moi j'aime bien parce qu'il y a une volonté un peu de choquer, d'imposer. C'est très très visionnaire de se dire... il faut que notre époque marque son temps en fait.

  • Speaker #1

    D'ailleurs, je connais mal l'histoire de cette... La vérité, je ne suis jamais rentré dans l'Opéra Garnier. J'y vais pour la première fois en une semaine.

  • Speaker #0

    Très bien, c'est d'un gros... a commissionné tu connais l'histoire de ce comme il s'appelle le grand ministre de la culture malraux avait commissionné chagall parce qu'en fait historiquement il ya une il ya bien sûr une toile en dessous mais je crois qu'elle est pas passionnante ok il me semble très bon content même post seconde pampire parce qu'il a été fini après. Donc elle est sûrement très belle mais pas dans le complément du décor. Et en fait oui la notion c'est que les époques se parlent entre elles, de montrer que toute époque est la continuité d'une autre et puis de placer... En fait je trouve ça extrêmement important que chaque époque se place dans le paysage en fait. Et puis le prolongement. En fait c'est aussi quelque chose que je trouve assez étonnant, c'est que souvent l'architecture d'un travail la décoration, ce n'est pas considéré comme du patrimoine. Pour moi, ce genre d'acte, c'est un acte politique à la base, c'est la création d'un patrimoine.

  • Speaker #1

    P- Je suis absolument d'accord avec toi, mais c'est aussi très compliqué dans ton travail, mais pour tous les architectes, de devoir respecter le patrimoine tout en… tu parlais des normes tout à l'heure, qui étaient une… levier de création parce qu'il faut faire avec mais en même temps on a eu cette discussion d'ailleurs il y a quelques temps je crois autour d'un café où je disais je suis choqué de la disparition de pas patrimoine d'art décoratif parce qu'il n'est pas protégé, parce qu'il n'est pas valorisé, parce qu'il est méconnu. Je ne te parle pas d'endroits, évidemment, classés qui sont bien protégés, mais où les façades de bureaux, les façades des immeubles 19e sont évidemment très bien préservées à Paris parce que ça touche à l'urbanisme. En revanche, ce qui dépasse là, ce qui est à l'intérieur, on le détruit allègrement. On détruit parce qu'il faut faire des portes d'un mètre cinquante pour faire passer, et c'est normal, l'accessibilité, parce que... parce qu'il y a d'énormes incendies, parce qu'il y a tout ça, parce qu'il y a des contraintes de budget. N'empêche qu'on détruit des plafonds entiers moulurés, des étages entiers de parquets splendides et d'autres. Alors, il faut vivre avec son époque, c'est vrai, mais en attendant... En fait,

  • Speaker #0

    il faut toujours trouver le levier entre... Le bâtiment doit être au service de l'actuel et du un peu plus, quelques peut-être décennies suivantes. Mais voilà. Le monde évolue et du coup l'architecture doit se plier à l'évolution, c'est une chose. On a quand même la chance d'être dans un pays qui démolit assez peu et qui a tendance à rénover. Et ça c'est quand même une grande spécificité française. Et à Paris ça se sent énormément. Il y a des projets splendides, la Poste par exemple. C'est dingue ce qu'ils ont fait, c'est un des plus beaux projets des dix dernières années je pense. Après le bâtiment est tellement dingue de toute façon que...

  • Speaker #1

    Tu parles de la place du Louvre. Oui bien sûr.

  • Speaker #0

    Mais dans un autre domaine, la rénovation de Montparnasse finalement c'est la même chose. On aurait très bien pu dire on démolit, soit on reconstruit, soit on efface cette histoire. Ben non, on a décidé de rénover le bâtiment. On attend d'ailleurs depuis quelques années que ça se lance. Mais en fait, il y a vraiment ce... Moi, ce qui m'étonne toujours, c'est à la fois les autorités qui, par exemple, vont classer des éléments, mais en fait, ce ne sont finalement pas des éléments vraiment d'intérieur, ce sont des éléments constituants de l'architecture, comme par exemple un escalier central ou ce genre de choses. Mais en effet... des fresques ou quelque chose comme ça, si c'est pas... En fait, elles vont être traitées parce qu'il s'est passé quelque chose là, parce qu'il faut garder, figer le décor, je sais pas, de la signature, de la déclaration universelle des droits de l'homme, ce genre de choses. Mais c'est pas pour ça. sa qualité en elle-même. Une fois ça sur un projet, un petit escalier ouvrier, où apparemment si je ne me trompe pas, ils en avaient découvert deux comme ça dans Paris et ça a été classé. Ça a créé des problématiques dans le projet, mais c'est pas grave en fait, ça fait partie du... Et puis voilà, justement, c'est aussi le comportement. des architectes, des architectes d'intérieur, etc. où moi j'ai vraiment du mal à comprendre pourquoi dans un appartement haussmanien où on a 3m70 sous plafond ou 4m, si les moulures on ne veut pas les voir, on ne les détruit pas en fait, on pose un plafond, on les masque, quand on est à 3m80 au-dessus de la tête, on n'est pas à 15cm près et puis accessoirement c'est à l'archi de prendre les choses en main et de proposer quelque chose. Et en fait, on n'est pas obligé de tout détruire. Il ne faut jamais oublier qu'on n'est quand même que de passage dans un appartement. Même si on se le transmet d'un point de vue familial, mais on n'est quand même que de passage.

  • Speaker #2

    Et il faut quand même...

  • Speaker #0

    quand même être respectueux donc pas forcément de tout je suis absolument pas pour tout mettre sous bulle etc je pense que c'est la pire chose qui peut arriver au patrimoine et je pense que c'est aussi une des grandes chances qu'on a à Paris contrairement à Rome par exemple qui est une ville sous bulle Paris c'est à la fois une mégapole et en même temps un musée à ciel ouvert comme certains le disent, ça prend pas mon ressenti mais je peux comprendre qu'on ait cette idée là. Voilà les choses évoluent en permanence, c'est une ville qui a une facilité à se transformer de façon dingue mais par contre il faut se transformer tout en respectant à la fois l'ancien, enfin le passé, mais aussi le futur parce que... il faut donner une possibilité au futur de choisir ce qu'il va en faire. Et ça, c'est super intéressant.

  • Speaker #1

    Justement, le futur, on en parle. C'est le troisième chapitre de notre conversation. Les tendances, les évolutions, comment tu vois l'évolution du design dans les années à venir ? Question un peu bizarre, mais ça te suit aussi des tendances. On parlait de la mode tout à l'heure. Il y a forcément des tendances. Comment tu réagis par rapport à ça ? Qu'est-ce que tu dis à tes clients qui te disent j'ai vu dans un magazine qu'il fallait, qu'il fallait. J'ai vu tel architecte, j'ai vu machin, je veux ça.

  • Speaker #0

    En général, déjà, on ne fait pas ce qu'on a vu quelque part. Première chose. Et oui, les tendances, etc. Moi, je pense qu'il faut s'en écarter au maximum. en fait on a un métier où on est censé avoir une proposition donc notre proposition peut pas être de faire quelque chose à la mode on n'est pas des copieurs c'est il faut choisir un peu notre camp après c'est tout un panache de enfin on a un métier à l'architecte intérieur au designer finalement ça veut tout dire et rien dire donc il ya dix sept mille métiers différents finalement c'est derrière ces termes mais on a les tendances je les regarde pas enfin me En fait, moi, je fais ce que j'ai envie de faire.

  • Speaker #1

    Et c'est pour ça que tes clients viennent dessus, toi.

  • Speaker #0

    Et puis voilà, ils ont fait évoluer le projet jusqu'au moment où ça matche avec les clients. Mais après, il y a des choses qui m'interpellent. C'est à quel point la notion de développement durable est toujours pas présente, par exemple. En fait, la notion de santé publique commence vraiment à être présente. On voit que certains types de peintures ont complètement disparu aujourd'hui, certains types de vernis ont complètement disparu, certains types de matériaux commencent à disparaître ou de méthodologies par rapport aux matériaux. Mais c'est vrai que je suis toujours assez étonné de voir que la notion d'éco-responsabilité, de responsabilité humaine, quand je vois certaines... Ça c'est la grande discussion avec mon marbrillé favori, mais certaines pierres qui viennent du fin fond du monde sont mises en valeur comme des pierres splendides. Si elles étaient extraites dans des conditions normales, je serais le premier à les utiliser.

  • Speaker #1

    Et encore, tu parlais du French Oak à Rio, ça n'a pas de sens. Voilà,

  • Speaker #0

    dans un contexte...

  • Speaker #1

    La pierre verte du Zimbabwe, elle n'a pas de sens chez nous.

  • Speaker #0

    Voilà, ou certains onyx afghans, par exemple. Onyx, enfin, pierre afghane, c'est pas très compliqué de comprendre qu'il y a certainement des problèmes derrière, et c'est pas compliqué d'avoir des informations à notre époque, surtout. Donc oui, c'est des pierres vraiment grandieuses, mais il est hors de question de les utiliser, en tout cas de les utiliser en première extraction. Nous, on va les utiliser quand, par exemple, on a toute une petite collection de tables, de petites tables d'appoint, où en fait, on récupère des marbres qui sont déjà stockés. Donc en fait, on ne vient pas importer des pierres pour nous. C'est par exemple des petites tables bleues, par exemple, où ça, c'est un marbre du Brésil, si je ne me trompe pas, azoulé, quelque chose. En fait c'était issu des restes d'une salle de bain des années 60, semble-t-il, qui était au fin fond d'un stock. Parce qu'en fait comme le marbre c'est extrêmement compliqué, enfin la pierre en général, extrêmement compliqué à manipuler, souvent quand on va un peu gratter dans les stocks, on trouve des choses hallucinantes qui sont... Parce que ça coûte cher de les manipuler, donc c'est souvent beaucoup plus économique et simple de les laisser dans un coin. Et en général dans les marbreries, il y a ce qu'on utilise et ce qui est stocké. Et il faut aller un peu gratter de tous les côtés pour voir... et il y a vraiment des choses exceptionnelles à aller chercher on a fait pareil une table dans une pierre qui vient de Chine je crois, c'est quelque chose jamais on aurait commandé une table comme ça c'est mon marbrillé qui m'a dit tiens j'ai découvert cette tranche, est-ce que ça t'intéresse je te la mets de côté

  • Speaker #1

    Jean-Baptiste c'est incroyable tu connais Arnaud Declare peut-être qui est un de tes confrères designers qui un jour me montre euh... une création avec un marbre. Je ne pouvais pas croire que c'était de la pierre, d'ailleurs. Je pensais que c'était du bois pétrifié. Enfin, ça aurait pu être du coup, le bois pétrifié devienne de la pierre. Mais l��, en l'occurrence, on avait l'impression que c'était plus du bois brûlé, peut-être. Et en fait, il me dit, c'est une pierre japonaise, etc. Je dis, mais t'es allé chercher ça au Japon ? Il me dit, mais pas du tout. Et c'est exactement la même histoire. Il me dit, pas du tout, j'ai mon marbre, il est belgique, il est belge, il est flamand, qui m'a sorti ce stock qu'il avait depuis son père, et c'était une pierre qui n'était pas très intéressante parce qu'elle était je ne sais pas, elle était assez neutre il fallait la travailler, etc. lui il l'a travaillée avec, je ne sais pas si c'est de l'acide mais en tout cas un truc qui lui a changé son aspect et il en a fait un plateau de table incroyable forcément c'est très limité, c'est un stock qui n'ira jamais rechercher et réalimenter mais voilà,

  • Speaker #0

    c'est le même débat En fait la notion de limiter m'intéresse aussi parce que le but du studio c'est encore une fois de répondre très précisément ... Mon objectif, c'est de travailler forcément des choses qui sont assez luxueuses, parce que c'est obligatoire par rapport aux besoins économiques qu'on a pour développer les projets. Mais aussi qui sont... Si on revient à la question de où on voit le design demain, moi je suis assez persuadé qu'en tout cas, la carte à jouer pour beaucoup de designers, c'est de faire des choses vraiment très signatures. Je crois énormément en l'édition, et d'ailleurs je travaille dessus, donc ça montre que je suis... Mais par contre, la base du travail, c'est vraiment des choses pièces uniques ou apparentées. Et typiquement, ce type de process sert ça. Je pense que quand une marque, quand un client, que ce soit pour un appartement, pour une marque ou quoi que ce soit, regarde et se dit « ça n'existe pas ailleurs » . Par exemple, j'ai des fois des conversations avec des DA qui me disent « ton nom est affilié à telle marque » . Bah oui mais regarde j'ai aussi travaillé avec un tel, un tel, un tel et en fait c'est à chaque fois de notre univers mais servi de façon différemment. Déjà parce que Dune, Joe Malone, Ariad n'a pas le même univers que Isabelle Marron à Paris, déjà Dune. Et donc on travaille... Et en fait surtout le but du studio c'est d'apporter de la différence en permanence.

  • Speaker #2

    Oui,

  • Speaker #1

    de l'unicité et coller à... coller un brief et tu ne fais pas deux fois la même pièce.

  • Speaker #0

    Il y a un contextuel en fait, où il y a un style de base. C'est un peu... Par exemple, c'est ce que j'adore dans le travail de Jean Nouvel. C'est que... Une échelle au-dessus, bien entendu. Il y a un nom un peu au-dessus aussi.

  • Speaker #1

    Pour l'instant.

  • Speaker #0

    Mais ce que j'aime beaucoup, c'est que... J'avais entendu plusieurs fois se définir comme un architecte contextuel. Parce que justement, il a presque... Il a un style et en même temps, il a une absence de style. En fait, son style, c'est la façon dont il travaille les projets. Et du coup, après, ça... Et c'est vrai que quelqu'un qui ne le connaît pas ne peut pas comprendre que la Fondation Cartier et la Philharmonie, c'est le même architecte. Déjà, il y a 30 ou 35 ans de différence entre les deux. Mais surtout, quand on commence à étudier le projet, on se rend compte qu'il y a le même process derrière, il y a la même méthodologie par rapport à la fonctionnalisation de l'espace, etc. Et la même notion des déambulations... une forme de sensibilité et Et en fait, c'est un peu comme ça qu'on travaille en réalité. Et du coup, automatiquement, ça entraîne des objets uniques. Automatiquement.

  • Speaker #1

    Très intéressant. Si tu pouvais réinterpréter un espace, un lieu, un bâtiment... Un objet peut-être même iconique, emblématique en tout cas, tu choisirais quoi ?

  • Speaker #0

    Ça va être très mégalo ce que je vais dire. Enfin très mégalo et en même temps, franchement ça n'est pas loin. En fait il y a un endroit qui me désespère à Paris, ça devrait être le plus bel endroit du monde. Pour moi, déjà, le plus bel endroit du monde, c'est la cour carrée du Louvre. Quand je vais mal, je passe. Je fais un petit détour, surtout la nuit, et l'éclairage est somptueux. C'est marrant parce que moi qui suis passionné de botanique, qui suis quand même très dans mon époque, je suis dans un endroit classique, 100% minéral. Je trouve que c'est l'endroit le plus beau de la planète. Mais par contre, la cour carrée, elle donne sur la colonnade du Louvre. qui a été massacrée dans les années 60 avec les décaissements, l'espèce de parking.

  • Speaker #1

    Alors attends, décris-moi où c'est.

  • Speaker #0

    La colonnade, c'est la façade Louis XIV. C'est la sœur de Versailles en réalité, parce que ça a été construit. J'ai vu qui était l'architecte. Et en fait, ça a été construit en partie pour déjà valoriser le Louvre, la notion de Paris ville capitale. la première monarchie européenne, mais aussi un peu pour dire au roi, regarde, tu as le plus beau palais du monde à Paris, donc pourquoi tu n'en construis rien à 40 kilomètres ? Il y avait aussi cette notion-là. Et pour moi, la colonnade, c'est un endroit qui est... est d'une beauté folle et qui à la banque fin qui s'est réveillée à l'abandon on va me taper dessus si j'y sommes mais mais j'ai pas du tout à leur dire dans les dans les décaissements dans les fossés il ya des âges éco depuis 25 ans des générateurs et les et l'esplanade en sable devant deux gils ont mis du sable parce que je pense qu'il sait pas quoi mettre d'autres et de deux ça sert de parking à des utilitaires et en fait je me dis mais cet endroit ça devrait être le plus bel endroit du monde et en plus on est vraiment dans un des centres de l'arrière peut pas être sans le contexte qui a autour c'est quand même complètement fou et moi je me suis toujours dit un jour il faudra faire quelque chose ici moi j'imagine des jardins dans les fossés d un truc fait un lieu de vie de vie aussi, vraiment un lieu de vie avec, il y a des cafés somptueux juste en face, qu'on prolonge leur terrasse dessus, peut-être qu'on supprime cette micro-autoroute qu'il y a entre les deux qui est pas du tout agréable il y a un accès parking sur le côté donc on peut pas tout à fait supprimer la circulation mais il y a vraiment quelque chose à faire et on est dans un des endroits, c'est comme la place de la Concorde c'est un endroit que le monde entier nous envie c'est un des plus beaux endroits du monde, un des plus belles perspectives du monde, un des plus beaux ensembles architectural du monde en tout cas on aime cette architecture classique parisienne, on ne peut pas être insensible. Et les gens passent à côté sans le voir parce que l'environnement urbain autour, enfin l'aménagement urbain, c'est l'environnement urbain il est somptueux, mais l'aménagement urbain en fait n'existe pas. Et vraiment il y a vraiment un projet à faire quoi. D'ailleurs une autre colonnade, la colonnade de l'hôtel du palais de justice qui est Napoléon 1er pour le coup je crois, c'est pareil. supprimons ces barrières et ces cartes de CRS et faites-en un lieu de sculpture.

  • Speaker #1

    Madame, monsieur, futur ministre de la Culture et de la carte de dessous.

  • Speaker #0

    Et puis des lieux de vie surtout. Il y en a plein comme ça. La perspective du Jardin Botanique, par exemple, avec l'immense bâtiment, le palais dédié à la science de l'Histoire naturelle, il y a vraiment quelque chose chose à faire aussi je suis assez obsédé par les milieux urbains en général mais elle en plus ça coche pas mal de cas ce qui est la botanique aussi en plus c'est vrai que puis moi j'aime pas ces lieux qui sont alors déjà qu'ils sont dévalorisés par eux mêmes parce qu'en fait ils ont des potentiels fou et en fait juste alors je sais que c'est toujours compliqué que mais on peut faire des choses sans forcément sans forcément oui tousculé de la planète et Et puis, je ne sais pas pourquoi ça va un peu plus loin, mais c'est parce que ça devient des lieux de vie au lieu d'être simplement des lieux de... Enfin, la colonnade du Louvre, par exemple, les gens sortent de la cour carrée où ils passent pour aller sur les quais de Seine. Et en fait, la seule chose qu'ils doivent se dire, c'est « Ah tiens, il faut que je marche sur le trottoir, sinon je vais avoir du sable partout sur mes chaussures. » C'est vrai que c'est à l'époque où il y avait cette espèce de stabilité,

  • Speaker #1

    je ne sais pas comment ils appellent ça.

  • Speaker #0

    C'est horrible. C'est horrible. Donc voilà.

  • Speaker #1

    Message reçu, j'espère. Je le redis, Madame, Monsieur, ministre de la Culture, vous savez ce qu'il vous reste à faire. On arrive à la fin de cette conversation. C'est vraiment passionnant. Merci vraiment, Frédéric, pour ce voyage passionnant dans ton univers. Avant de terminer, j'ai quelques questions très simples, rituelles qu'on pose et que je pose à tous les invités. Alors déjà, qu'est-ce que tu dirais à un jeune designer qui hésite à se lancer, qui est en train... de se dire maintenant on me dit qu'il faut être avocat, mais en même temps j'ai envie de créer des trucs, tu dirais quoi ?

  • Speaker #0

    Que déjà d'une, il faut faire ce qu'on veut dans la vie, première chose. Je pense que si on veut avoir une vie qui fonctionne bien, il faut vraiment le baser sur son épanouissement personnel. Et bosser dans un domaine qui nous plaît, c'est déjà une bonne partie de cet objectif. Et puis ensuite, qu'il fasse ce qu'il a envie, en fait. Parce que ça va forcément fonctionner. S'il fait ce qu'il a envie et qu'il comprend comment le valoriser, le monde est immense. Enfin, vraiment, il y a...

  • Speaker #1

    Zéro limite.

  • Speaker #0

    Je ne dirais pas qu'on a un milliard de clients potentiels, mais en tout cas, on a beaucoup plus de clients potentiels que ce dont on a besoin. Et puis ensuite, il faut par contre que ces clients comprennent qu'on existe. Et donc ça, c'est la partie peut-être la plus compliquée, sincèrement. Mais ouais, c'est juste... se lance en fait parce que c'est pas un métier facile mais par contre c'est un métier qui est infini et par définition plus c'est un métier qui vient de nous donc s'il ya bien un métier dans lequel on est censé s'épanouir c'est celui ci si le design c'était une musique un film tu choisirais

  • Speaker #1

    quoi comme morceau comme film qu'est ce qui deviendrait l'esprit pour le décrire qui sont très difficiles

  • Speaker #0

    En fait, tout de suite, j'ai des images de Bienvenue à Gataca qui m'arrivent en tête. Mais je pense que c'est parce que j'ai vu ce film. J'ai un frère qui a 4 ans de plus que moi. Du coup, il a dû le regarder quand il avait, je ne sais pas, mettons, 14 ans. Donc moi, j'étais beaucoup plus jeune.

  • Speaker #1

    Donc toi, ça t'a frappé parce que c'était...

  • Speaker #0

    Et j'ai ces images de... Ça rejoint un peu les meilleurs, d'ailleurs. C'est une architecture qui est très largement inspirée.

  • Speaker #1

    C'est même carrément...

  • Speaker #0

    C'est peut-être carrément filmé là-bas, d'ailleurs.

  • Speaker #1

    Oui, c'est bien possible.

  • Speaker #0

    C'est beaucoup plus blanc, donc peut-être un peu retouché, mais je ne sais pas.

  • Speaker #1

    Il y a un côté très...

  • Speaker #0

    il y a une étude à faire mais en tout cas j'ai tout de suite ce film qui m'arrive en tête et esthétiquement parlant c'est un l'histoire elle est ce qu'elle est j'adore la science fiction mais elle est ce qu'elle est mais par contre esthétiquement il y a quelque chose qui est c'est vraiment du volume, il n'y a pas de décoration dans ce film des aplats de couleurs, des aplats de blancs, des volumes, des lumières, des choses comme ça qui jaillissent au fin fond du pays. Enfin, je trouve ça super intéressant.

  • Speaker #1

    Écoute, il faut que je le revoie. Je l'ai vu il y a une bonne quinzaine d'années. Et enfin, si tu devais garder un seul meuble, un seul objet que tu possèdes, si tu devais en garder qu'un, ce serait quoi ?

  • Speaker #0

    Un objet que je possède ?

  • Speaker #1

    Que tu possèdes ou en tout cas avec lequel tu vis ? S'il ne devait en rester qu'un, ce serait lequel ?

  • Speaker #0

    Attends, attends, attends... Pas bonne question, très bonne question... Je pense à rien, je... La première vue j'irai à mes lignes. J'aurais tendance à dire que c'est pas vraiment un objet, c'est plutôt un empilement de tous mes carnets de croquis, de notes, etc. Parce que... J'suis tout le temps en train de prendre des notes. j'ai pas beaucoup de mémoire donc je suis tout le temps en train de prendre mes notes et en fait ça s'accumule partout tu gardes cette mémoire avant il y avait le bureau de mon assistant et le mien et le sien il était toujours très clean comme ça le mien il était couvert de papier parce qu'en plus plus ça s'accumule donc ça s'effondre. C'est plutôt cet empilement parce que c'est une espèce de... C'est vraiment mon disque dur en fait. C'est à la fois des annotations, des croquis etc. Mais c'est tout ce que... En fait j'écris beaucoup et je dessine beaucoup pour me libérer un peu, sinon ça me retède. Et du coup ça s'accumule depuis des années et des années. Et des fois je les réouvre. Parce qu'en plus finalement je les ouvre assez peu. Donc par exemple là je dois dessiner des tables par exemple pour un projet. Et en fait je commence à dessiner alors que je pourrais... très bien ressortir dans mes croquis enfin rentrer dans mes croquis plutôt, les observer, trouver déjà des idées qui ont peut-être été déjà un peu élaborées. Ben non en fait, c'est vraiment un disque dur oublié.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Frédéric, c'était vraiment un plaisir d'échanger avec toi. Ton travail montre qu'on peut allier simplicité, profondeur, respect des matériaux, du design. Franchement, c'est aller découvrir le travail de Frédéric. Frédéric Imbert, on te trouve sur Instagram, tu es un enfant d'Instagram. Instagram, tu l'as dit toi-même. On te trouve aussi dans des galeries, on mettra des liens en dessous de ce podcast. Dans le prochain épisode, on continuera à explorer des parcours uniques et inspirants. Et à très vite donc, Frédéric, dans The Design Talk.

Description

Dans cet épisode de The Design Talk, je reçois Frédéric Imbert, designer et architecte d’intérieur, pour une conversation aussi riche qu’inspirante. De son obsession pour le contraste, à son rapport à la matière, il nous emmène dans les coulisses de son studio, où chaque projet devient une exploration entre artisanat, vision et responsabilité.

De Paris à Beyrouth, de ses premiers croquis d’enfant aux collaborations avec les grandes maisons, Frédéric nous parle de son approche instinctive du design, de la place de l’architecture dans nos vies, et de ses projets où le sensible rencontre le fonctionnel.


Un voyage à travers le temps, la matière et l’émotion, à écouter sans modération.

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Les liens importants :


https://www.f-imbertstudio.com/
https://yourse.co/collections/frederic-imbert?srsltid=AfmBOop6fdMpltMQY-iXE-mVljCA-6SBY9ZdZU5Hi-b0dZy8cz_YKqZ7
https://yourse.co/blogs/magazine/frederic-imbert-l-importance-du-faire-avec-ethique?srsltid=AfmBOoqEvPd9w7AU9EN8iA-Q1xwkDoTj81BUwVLUk_EENoEMA8Kr4Knx
https://www.linkedin.com/in/frederic-imbert-1038263a/?originalSubdomain=fr

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The Design Talk est produit par Franck Mallez. Fondateur de Yourse.co et de tcrewagency.com , ancien journaliste, et entrepreneur des industries créatives.
https://www.linkedin.com/in/franckmallez/
https://www.instagram.com/franckmallez/


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, je suis Franck Mallez, entrepreneur, fondateur, cofondateur de Yourse et passionné de design et d'architecture d'intérieur. Et dans ce podcast, The Design Talk, je pars à la rencontre de designers, d'artisans, d'éditeurs, d'entrepreneurs, d'architectes d'intérieur, de décorateurs, pour des conversations sincères, approfondies, intimes. On y parlera de matière, de process, de vision, mais aussi d'entrepreneuriat, de production. et de tout ce qu'il faut pour qu'une idée devienne une réalité. Parce que créer, ce n'est pas simplement imaginer, c'est aussi structurer, financer, fabriquer, distribuer, embaucher, se tromper, échouer, réussir et rêver. Alors prenez le temps, installez-vous et plongeons ensemble dans l'univers fascinant du design. Et bien voilà c'est parti, bienvenue dans The Design Talk, là où les idées prennent vie et où le design raconte des histoires. Ici on explore le design au-delà des formes, au cœur des idées et des âmes créatives. Et on a une âme créative avec nous aujourd'hui, Frédéric Imbert. Salut Frédéric !

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Bienvenue à ce micro. Je suis ravi de t'avoir parce qu'on va parler de ton parcours, de tes créations qui sont protéiformes, multiformes. Enfin voilà, il y a plein de choses à dire. Une question un peu pour introduire qui tu es. Tu vas avoir l'occasion de te présenter. Mais est-ce qu'il y a une chose, la première chose qui t'a inspiré ce matin quand tu as ouvert les yeux ? Est-ce qu'il y a un truc ? qui t'a inspiré plus qu'un autre jour ? Un son, une musique ?

  • Speaker #1

    Ah non, ce matin, c'était un peu bizarre, mais j'ai un immeuble horrible qui est devant chez moi. Et le ciel était splendide, et il y avait un contraste très très beau entre les deux. J'étais dans mon lit, je regardais, j'étais là, c'est sublime.

  • Speaker #0

    Le contraste entre le...

  • Speaker #1

    C'est vraiment, je pense, un des pires immeubles de Paris.

  • Speaker #0

    La laideur et le beau.

  • Speaker #1

    Sa façade paravalait depuis 1964, je pense. Et le ciel qui était bleu, bleu, bleu, c'était vraiment...

  • Speaker #0

    A Paris, donc. Oui,

  • Speaker #1

    le premier ciel d'hiver, là, ils sont toujours splendides.

  • Speaker #0

    Ah oui, quand c'est... Super. Alors, si jamais quelqu'un entrait dans ton univers pour la première fois, ne te connaît pas, ça serait quoi la première chose que tu aimerais qu'il ressente de toi, de tes créations ?

  • Speaker #1

    Qu'il ressente des choses, déjà, c'est bien. C'est un peu le premier but du travail du studio, en fait. C'est de remettre des sensations, des sentiments, de la sensibilité. refaire jouer les sens dans le quotidien des gens.

  • Speaker #0

    T'aimerais qu'ils ressentent une émotion.

  • Speaker #1

    Exactement. Et c'est une émotion qu'elle soit visuelle, qu'elle soit du ressenti et que ce soit pas une table et pas censée être juste un plateau. C'est censé être un objet qui a une interaction avec un humain qui lui-même a des sentiments. Du coup, la table est censée participer à ces sentiments. Et un intérieur encore plus.

  • Speaker #0

    Alors, pour décrire un peu qui tu es, qu'est-ce que tu fais ? si tu devais expliquer à un enfant de 6 ans très simplement ce que tu fais dans ta vie comment tu lui décrirais ?

  • Speaker #1

    Je pense que je crée des choses pour répondre à des problématiques qui sont en général pas les miennes qui sont celles des clients et après et voilà et d'une façon sensible d'une façon raisonnée responsable ça c'est très important et avec la touch du studio qui se développe de projet en projet mais si on commence à se positionner tu veux nous en parler en détail donc en gros tu étais des designers le

  • Speaker #0

    studio alors le studio frédéric Avec un verre, donc, imagine créer des objets.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Qui ont une fonction.

  • Speaker #1

    Des objets, des meubles, des intérieurs. Des intérieurs pour des particuliers, pour du public. Là, on travaille avec une mairie pour la première fois. fois, de l'espace public, donc ça c'est intéressant, un univers complet. Moi le studio je l'ai créé parce que partout où on voulait me recruter à la base, on voulait que je... enfin c'était que des agences très spécialisées. Moi je me suis dit je rêve de faire une boutique de telle marque, mais je vais en faire 400 fois la même.

  • Speaker #0

    Et le lendemain de pouvoir faire un intérieur ?

  • Speaker #1

    Je veux qu'ils m'appellent pour la faire, mais ensuite voilà, il faut quand on a envie. J'avais la chance d'avoir l'envie de tout faire et aujourd'hui j'ai la chance de pouvoir commencer à toucher un peu à tout.

  • Speaker #0

    Tu as quel âge Frédéric ? 36. 36, donc première moitié de ta vie professionnelle. Raconte-nous comment... T'es arrivé là où tu es aujourd'hui, c'est-à-dire à être indépendant, designer, peut-être à commencer à choisir tes projets. Comment on devient designer ? C'est quoi ton parcours ?

  • Speaker #1

    En fait, moi, j'ai su très tôt que j'étais passionné. Passionné par l'architecture, ensuite par l'architecture d'intérieur, par le monde en général de toute façon, tout ce qui nous entoure, nous enveloppe. Enfin, je dis que je suis passionné d'architecture, mais je suis aussi complètement passionné de botanique ou de plein de choses. choses je suis un peu je dors pas beaucoup donc j'ai beaucoup de temps pour beaucoup de passion et puis je suis assez obsessionnel en plus donc du coup j'ai tendance à creuser les choses un peu trop et en fait ça s'est établi très très tôt et d'ailleurs je pense que c'est un peu la botanique même si quand j'avais 5 ans je pensais pas que c'est de la botanique mais on va dire les plantes et l'observation de la nature et l'univers de la nature quand j'étais petit par exemple je faisais des micro environnement dans des immenses soucoupes sur la terrasse de mes parents je plantais des arbres je les taillais Et en fait, mon objectif, c'était que ça ressemble à quelque chose de plus naturel possible. Je les inondais. Et puis en parallèle, je dessinais. Ma mère, elle bossait. Ma mère travaillait à la BNP. À l'époque, ils avaient encore des imprimantes avec le papier qui se déplie. Oui, oui. En 1980. Et en fait du coup ça faisait des feuilles infinies et moi je dessinais des villes infinies comme ça et je sais pas d'où ça vient je pense que parce que j'ai joué au Simis après mais 10 ans plus tard donc c'est venu de quelque part je sais pas d'un film de je sais pas quelque chose que j'ai dû voir un moment et j'ai ce souvenir de dessiner des villes sur des kilomètres de papier comme ça et et en fait tout ça ça a créé quelque chose où quand j'ai commencé à être ado et puis quand il a commencé à au moment du bac etc, que j'ai pas eu d'ailleurs, comme quoi morceau de papier, en tout cas c'est comme ça que je considère enfin en tout cas moi j'ai continué mon histoire sans ça et en fait quand il a fallu choisir je me suis dit ben l'architecture c'est peut-être un peu trop spécialisé l'urbanisme me passionnait mais trop spécialisé puis j'avais du mal à voir comment de l'immensement grand pouvait revenir du tout petit à une tringle à rideaux par exemple. Oui à donner du temps peut-être. je suis allé vers l'archi d'intérieur, enfin un diplôme en architecture d'intérieur, parce que je me suis dit que c'est un peu carrefour, c'est un peu fourre-tout, ça m'a l'air assez généraliste, et surtout j'avais un peu l'impression qu'on en faisait un peu ce qu'on voulait, parce que je voyais plein de gens qui avaient fait des études d'archi d'intérieur et qui faisaient tous les métiers du monde en sortant de là. Donc du coup, c'est pour ça que j'ai choisi l'architecture d'intérieur. Puis après, c'est le parcours. J'ai fait mes études en alternance. Donc là déjà, j'avais décidé de faire deux choses complètement différentes. la première année j'étais sur la rénovation, enfin j'étais un sous-traitant de Pierre Evrochon, donc de l'architecture classique, relativement rigoureuse.

  • Speaker #0

    Des projets essentiellement résidentiels ?

  • Speaker #1

    Non, on travaillait sur la rénovation du Ritz à Paris, et sur le grand hôtel à Saint-Jean-Cap-Ferrat, un petit peu sur le Carlton, des hôtels assez iconiques comme ça. Donc déjà pour commencer à 19 ans, c'est plutôt sympa. Et puis comme c'est relativement rigoureux, du coup ça forme la méthodologie. Très très rapidement, on m'a briefé sur la méthode et du coup ça libère la création. En tout cas c'est comme ça que personnellement je travaille. sa agition et la deuxième année c'était complètement autre chose puisque je travaillais dans une entreprise qui organiserait, qui scénographiait des défilés de mode, des événements etc. Donc vraiment un monde très très éloigné, qui ne te connaît même pas, peut-être complémentaire dans un sens.

  • Speaker #0

    Les activités ont lieu parfois peut-être au Ritz, je ne sais pas si c'est le lien qu'on peut y voir.

  • Speaker #1

    Et du coup c'était un peu, et en fait toute ma carrière, enfin tout mon ébauche de carrière ça a été comme ça et puis après j'ai continué. Ça fait rire les gens qui me connaissent, mais je crois que j'ai fait 10 ou 12 agences en 10 ans. Par choix ? Partout dans le monde.

  • Speaker #0

    Tu voulais te tester ?

  • Speaker #1

    Parce que je faisais un projet. J'ai travaillé sur des projets pendant presque deux ans, des fois. Une fois que le projet était fait, j'allais voir ailleurs s'il y avait quelque chose à apprendre. Du coup, je continuais. J'allais apprendre, en fait.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a un moment précis où tu as réalisé, tu t'es dit, je veux créer... des objets, des univers, des intérieurs, depuis l'instant où tu croquais des villes sur des rouleaux de feuilles ou tu faisais des espèces d'univers naturels miniatures dans le jardin de tes parents, est-ce qu'il y a un moment où tu te dis, c'est ça que je veux faire de ma vie ?

  • Speaker #1

    Ce qui est certain, c'est que très très très tôt, j'ai souhaité être indépendant. Très tôt, j'ai eu besoin et envie de tenir un projet. mon projet, d'obtenir ma vie en main, dans un sens. Et en fait, tout ça, les fins. J'ai monté mon studio pour mon épanouissement aussi. C'est vraiment si c'est parce que je me sens bien à faire ce que je fais toute la journée. Et je travaille à me sentir bien en fait, en faisant des choses. Donc c'est assez. C'est assez simple finalement, comme constat. Et en fait, oui, très, très, très, très tôt. Et d'ailleurs, mon parcours de changer, d'aller apprendre des choses partout, d'essayer de rencontrer plein de gens. Et d'ailleurs, des fois, en échangeant autour d'un café avec quelqu'un, j'ai appris plus que pendant deux mois dans une agence. Des fois, ça m'est arrivé. Mais... Et en fait, tout ça, ça a été dans le but de construire. Après, je ne savais pas exactement quand est-ce que j'allais mettre un pied dans cette indépendance réelle. Donc je faisais des petits projets par-ci, par-là. Et en fait, c'est l'année des 30 ans où cette année-là a été un peu capitale parce que... Parce que déjà, c'est l'année des 30 ans. Je crois que ça marque un peu. Ça marque un peu.

  • Speaker #0

    Tu vas voir que toutes les dizaines, c'est comme ça, d'une manière différente.

  • Speaker #1

    Je n'attends pas impatiemment la quarantaine, mais on verra ce que ça donne. Et puis en plus, c'était l'année des 30 ans, j'avais déjà un petit background, j'avais grossièrement 10 ans déjà de travail, d'activité derrière moi. J'avais géré des choses très importantes, des projets à 10 millions de dollars de budget. Du coup, j'étais, si les gens m'ont fait confiance, je peux commencer à me faire confiance. Et puis en plus, c'est l'année où j'ai les premiers clients qui ont remarqué mon travail et du coup, j'ai un peu pris confiance en moi dans le regard des autres finalement.

  • Speaker #0

    Quand tu dis des clients qui ont remarqué mon travail, tu commençais donc à créer pour toi depuis... Enfin, tu n'avais jamais vraiment... Il n'y a pas eu un démarrage, tu as toujours créé pour toi.

  • Speaker #1

    Exactement,

  • Speaker #0

    oui. Et comment ils l'ont fait ? Comment ils l'ont remarqué ton travail ?

  • Speaker #1

    Le bouche à oreille, Instagram.

  • Speaker #0

    Donc tu publiais ?

  • Speaker #1

    Je suis en produit d'Instagram à la base. C'est vraiment... Aujourd'hui, les produits TikTok, ma génération, les produits d'Instagram. Et puis voilà, je montrais des croquis, je montrais des... des prototypes mais qui en fait étaient mes meubles chez moi qui étaient des formes très simples en général en plâtre ou en bois et en fait c'est comme ça que ça a commencé et du coup des premiers clients ont commencé à remarquer et c'est vrai que quand un jour il y a le directeur de l'archi chez Isabelle Marant qui t'appelle et qui te dit oui on aime bien ton travail, on voudrait te rencontrer il pourrait travailler avec tout le monde donc c'est agréable, puis après il y en a eu d'autres après il ya un promoteur immobilier puis après il ya quelqu'un pour une ville là dans le sud de la france et puis après des gens avec lesquels je travaille commence à parler de moi donc du coup ça veut dire que je travaille bien puisque ils vont apprécier voilà donc tout ça en fait c'est tout un processus de mise en confiance en fait qui m'a enfin qui a créé le mois d'abord et le studio et alors du coup donc t'es

  • Speaker #0

    clientes remarques te contactent on va reparler d'Isabelle Marant parce que c'est intéressant de comprendre le processus peut-être de création d'un projet comme celui-là en parallèle de quoi tu étais encore dans des projets salariés ou tu faisais d'autres choses pour d'autres mais est-ce que tu bascules un moment en disant ok stop j'arrête tout ?

  • Speaker #1

    Oui en fait à peu près deux ans avant un an et demi, deux ans avant de me lancer vraiment en solo je me suis dit J'avais décidé de faire exclusivement du freelance et en plus dans un domaine que j'apprécie et dans lequel j'allais à nouveau apprendre des choses. Je faisais partie des équipes de Villa Eugénie et on organisait des événements, des choses.

  • Speaker #0

    Villa Eugénie, pour ceux qui nous écoutent, c'est une grosse et belle agence d'événements essentiellement tournée autour du luxe et de la mode.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Qui organise notamment des défilés, j'imagine, des grands dîners, des trucs comme ça.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Très prestigieux.

  • Speaker #1

    Et en fait, finalement... j'ai travaillé avec eux peut-être un an et demi donc c'est pas énormément de projets parce que c'est tellement des projets au long cours que c'est pas colossal mais par contre c'était de l'apprentissage encore une fois en plus j'ai rencontré des gens vraiment très très intéressants là-bas et Et oui, en fait, c'est à la fin d'un des événements. C'est un événement qui était à Londres, une très grosse soirée à Londres, où je me suis dit, bon, je termine cet événement. Je crois qu'il était 5 heures du matin, je rentrais du chantier. J'étais en train de marcher vers mon hôtel et je me suis dit, je sens que c'est le moment. Je me suis lancé vraiment en solo. Bon, la blague, c'est qu'on commençait à entendre parler du Covid. C'était en 2019 du coup. Et donc du coup l'Europe observait un petit peu, ça commençait un petit peu à partir en live en Italie.

  • Speaker #0

    D'ailleurs c'est à cause des événements comme ça que le Covid s'est propagé en Europe. Et tout le monde raconte que c'était le défilé de la fashion week de Milan. qui, je pense, m'ont lu en février 2020, qui ont achevé, ça serait évidemment arrivé, mais qui ont achevé de propulser tout ça. Les gens qui assistent aux Dédéfinis sont des gens qui vont à Milan, puis ensuite ils viennent à Paris, qui étaient à Londres avant. Et donc voilà, c'est fini après. Toutes les rédactrices sont infectées et c'est fini.

  • Speaker #1

    C'est vraiment le moment où... Et en même temps... Vraiment, je me rappelle, j'étais en train de marcher dans la rue et puis j'ai eu une espèce de sentiment de... ... C'est bon, c'était cool, très intéressant, mais maintenant si je veux avancer, il faut que je fasse 100% du temps sur mon projet perso et moins sur les projets des autres. C'était vraiment le calendrier qui n'a pas été tout à fait adéquat. J'ai pu bien réfléchir pendant un an et demi ensuite. De toute façon,

  • Speaker #0

    si tu n'avais pas pris cette décision, je pense que les événements s'étaient arrêtés. Tous les événements de la planète Maud, mais ailleurs, se sont arrêtés.

  • Speaker #1

    Dans tous les cas, j'aurais été en galère.

  • Speaker #0

    Donc voilà, tu aurais été en galère de toute façon. Donc c'était très bien de te dire...

  • Speaker #1

    non j'avais prêts de me lancer ça je rappelle quand on a commencé à donc j'avais quand même j'avais deux petits projets d'ailleurs un riz de la roquette d'archi d'intérieur qui était très sympa qui est un peu mes deux premiers petits projets et avec une fois une maison à nice avant d'autres choses et en même temps la première chose que j'ai fait c'est me faire durer des sacs de plâtre et puis voilà il fallait s'occuper de toute façon je fais livrer à des des sacs de plâtre, du matériel pas cher et efficace. J'étais au 5ème étage d'un immeuble à Montreuil. Je pense que mes voisins m'ont pris pour un fou.

  • Speaker #0

    Tu fais livrer du plâtre et du bois. Le mec va mûrer ses fenêtres.

  • Speaker #1

    Je crois que j'ai fait livrer 30 sacs de plâtre de 50 kilos chacun. Comme j'étais au 5ème étage, j'ai dû mettre deux semaines à les monter. C'était horrible à monter. Du coup, je pense que c'est Je pense que les voisins m'ont vraiment pris pour un fou. Et puis, du coup, je me suis enfermé pendant un an, plus ou moins, entre quelques chantiers. Et puis,

  • Speaker #0

    ton appart, ta plâtrière d'appartement.

  • Speaker #1

    Voilà, qui n'était pas dans de très, très bon état en ce moment, mais ce n'est pas grave.

  • Speaker #0

    Alors, on va raconter justement avec quel matériau tu travailles et comment on peut décrire ton travail. Juste avant, je voulais que tu nous parles un peu de l'influence qu'ont eu certaines destinations pour toi. Avant d'enregistrer cette discussion, on a eu une conversation et tu me parlais du travail entre Paris et Beyrouth. En ce moment, on est fin 2024, les choses se calment un peu au Liban, mais elles sont loin d'être très calmes depuis plusieurs mois, voire plusieurs années. Donc tu y vas peut-être un peu moins en ce moment. Raconte-nous un peu pourquoi le Liban, comment c'est arrivé et en quoi ça a influencé ton travail.

  • Speaker #1

    En fait, le Liban, j'ai rencontré ce pays. formule un peu étonnante mais bon c'est pas grave c'est une rencontre on parle bien justement de toutes ces agences dans lesquelles j'ai travaillé pendant un an et demi j'ai travaillé dans une entreprise qui a disparu maintenant qui s'appelait Cityled qui était un sous-traitant light in design de Valo des Pistres pour un pour un très gros projet à Beyrouth.

  • Speaker #0

    Donc Val-de-Péry, ce gros cabinet d'archi.

  • Speaker #1

    C'est un des plus gros de Paris, je pense.

  • Speaker #0

    Et au monde, je pense qu'il en fait partie aussi.

  • Speaker #1

    Et donc c'est un cinéma splendide dans le centre de Beyrouth. Et du coup, je me suis retrouvé... là dessus j'étais intérimaires des remèdes y un jour on est venu voir en fait tu connais le liban des designers à la base oui bon bah bien voilà c'est vraiment la discussion qui a eu lieu ça a été très très qu'il y avait un chef de projet commercial un chef de projet design développement technique on va dire que les mois du coup et en fait voilà je me suis retrouvé propulsé du jour au lendemain il ya des poursuivre le projet, pour suivre tous les aspects imaginables d'un projet. Et du coup, j'ai travaillé dessus un an et demi, je pense. Et quand le projet s'est arrêté, enfin quand il a été livré, je me suis dit qu'un an et demi sur un projet, c'est un projet énorme. C'était 7 millions de dollars de budget, 6 ou 7. C'était vraiment très, très important. Les designers du projet, c'est Kylight et Annabelle Karim-Kassar. Et nous, en fait, on venait... développer le projet que eux avaient designé. Et du coup voilà je me suis dit qu'il était temps que j'aille chercher d'autres compétences. Et en fait, je me suis dit, pourquoi pas partir à Beyrouth pour voir mon évif ? Parce que très régulièrement, j'y allais au moins une fois par mois, mais très souvent, je sautais dans un avion le soir. J'avais un rendez-vous à 10h le lendemain et à 14h, j'étais dans l'avion.

  • Speaker #0

    Et donc, cette rencontre avec le Liban, parce que je trouve que c'est vrai, c'est vraiment une rencontre. Première fois, tu poses les pieds là-bas, tu vas poursuivre un projet, tu ne sais pas trop à quoi t'attendre.

  • Speaker #1

    C'est ça. Et surtout, à chaque fois que j'y allais, je ne rencontrais pas du tout le pays, parce que j'allais d'un hôtel à un... Et en fait, c'est... quand justement j'ai décidé, donc en arrêtant ce projet, enfin le livrant, en le terminant, j'avais envie de voyager, j'avais envie un peu d'être face à moi-même aussi, parce que j'avais vraiment fait le parcours collège, lycée, études non-stop sans m'arrêter, en bossant pendant toutes les vacances pour payer mes études, enfin bref c'était vraiment à la fois extrêmement linéaire et puis en même temps... pas vraiment ce que j'avais envie de faire, j'avais envie de quelque chose d'un peu plus choisi dans un sens. Donc du coup je me suis dit bon bah tiens je vais partir à la découverte du Liban, je devais partir trois mois. Je suis parti une première fois c'était, je crois que j'ai arrivé en juin, je suis parti en octobre il me semble. Et donc là j'ai travaillé avec un product designer, Cyril Najjar. ça a été une très bonne entrée en matière et après je suis rentré à Paris et après je me suis dit mais en fait Beyrouth c'était sympa du coup j'y suis retourné et puis là par contre j'y suis allé en me disant j'y reste jusqu'au moment où j'en ai marre et du coup là j'y suis resté 3 ans ans. Et depuis, donc là, c'était vraiment une rencontre, et en fait, c'est une rencontre... Alors, je m'étais juste donné comme objectif, si je pars à Beyrouth, je travaille dans une agence qui est vraiment d'archi d'intérieur. Je voulais vraiment remettre un pied dans l'archi d'intérieur, construire, enfin, je voulais vraiment devenir archi d'intérieur, en fait. Et donc, arrêter, justement, de multiplier les expériences, et là, vraiment de focus sur mon cœur de métier, on va dire. Donc, du coup, j'ai été embauché chez Nabil Dada et Adib Dada, qui est une des plus grosses agences d'archi d'intérieur et et voilà et en fait j'ai développé,

  • Speaker #0

    je me suis développé je me suis rencontré j'ai rencontré plein de gens et je me suis retrouvé dans un milieu de créatif et alors justement qu'est-ce que tu y as trouvé des compétences des agences qui t'ont permis de te concentrer sur un métier comment te dire c'est quoi la c'est quoi la différence entre voyager de Paris à Beyrouth et travailler à Beyrouth et y passer un an, six mois, etc. Est-ce que ça aurait été différent si tu l'avais fait à Milan ou à New York ? Qu'est-ce qu'il y a de plus ?

  • Speaker #1

    En fait, moi qui suis parisienno-parisien, il y a quelque chose qui m'a toujours marqué, qui m'a marqué très rapidement quand je suis arrivé à Beyrouth, c'est que tout le monde se connaît. Milan, ça peut un petit peu être comme ça. C'est à la fois des capitales, En même temps, c'est des villes à échelle humaine. Il y a quelque chose où tout le monde se connaît, au moins tout le monde se rencontre, tout le monde se voit.

  • Speaker #0

    Dans une communauté, en tout cas. Parce que je ne connais pas très bien Beyrouth, mais ce que je comprends de ce pays, c'est que ce sont des communautés qui, entre elles, sont effectivement extrêmement...

  • Speaker #1

    perméable donc tout le monde se connaît au sein d'une communauté en revanche entre les communautés c'est des groupes sociaux mais en même temps c'est un peu la même chose à paris dans là par exemple il ya pas très longtemps j'étais dans une soirée où il doit y avoir plein de designers il y avait 400 personnes je connaissais personne ce qui est assez étonnant et en fait c'est juste que c'était la communauté des product designers parisiens alors que moi je suis plutôt dans la communauté des designers arts décoratifs et en fait on se connait pas mais Beyrouth par exemple je sais pas quand on à partir du moment où on devient avec je sais pas un styliste très rapidement on rencontre tous les stylistes à peu près de la même génération par exemple c'est exactement ce qui s'est passé et par le biais d'un de mes colloques par le biais de mon travail par le biais de mes collègues enfin j'ai rencontré vraiment plein de gens extraordinaires et en plus en fait de les observer d'être entouré de toute cette créativité de cette énergie et en plus on avait tous à peu près le même âge donc on est tous un peu au même niveau, dans les mêmes vibes et en fait c'est là où je pense que je suis devenu designer là-bas en fait c'est là où j'ai commencé à faire mes premiers croquis Voilà, ça fait partie de l'attachement d'ailleurs. Et après, la vie là-bas, c'est une petite ville, c'est compliqué. Et en même temps, c'est génial. Je ne suis pas du tout le Beyrouth piscine et champagne. à mon bébé route pas de robinet par des clés cités en même temps une chaleur pas possible et des rencontres géniales enfin donc la créativité là bas est ce que l'histoire

  • Speaker #0

    de ce pays sa culture, son actualité, influence la création, et notamment en archi.

  • Speaker #1

    Pour moi, il y a deux choses au Liban. C'est que, en fait, la première chose, c'est que c'est une Beyrouth, et le Liban en général, c'est... c'est le lieu du plan B. Donc du coup, il faut toujours trouver des solutions à tout. Donc du coup, automatiquement, moi je ne comprends pas les designers ou les architectes, par exemple, qui se plaignent des normes, etc. Parce que je suis persuadé que c'est... un coup de boost au contraire à la créativité d'avoir quelque chose qui soit une situation complexe et de devoir y répondre ça c'est vraiment Beyrouth c'est une galère en permanence mais pour des fois parce qu'en fait tout est très cher tout est pas forcément accessible enfin bref ça c'est la première chose et la deuxième chose je pense qui est assez importante c'est qu'il y a ce phénomène de ville-monde alors Paris est une ville-monde par exemple parce qu'il y a des gens qui viennent de partout et c'est un melting pot complètement incroyable ... et du coup tout le monde se côtoie, tout le monde se rencontre, tout le monde s'échange. Et la créativité parisienne, elle est en grande partie due à ça. Beyrouth, c'est que des Libanais, ou presque, mais par contre c'est des Libanais qui, eux, viennent de partout. Donc du coup, ils se retrouvent là. Et du coup, moi j'ai des amis qui ont grandi en Côte d'Ivoire, j'ai des amis qui ont grandi en France, des amis qui ont grandi en Arabie Saoudite, au Qatar, aux Etats-Unis, au Canada, au Nigeria, et ils se sont tous retrouvés à Beyrouth, et du coup, à la fois ils sont tous de... ils ont tous un socle commun de Libanais et en même temps ils viennent tous mélanger toutes leurs expériences personnelles et familiales et bam il y a quelque chose qui s'épanouit et en plus c'est une ville qui est extrêmement connectée au monde donc du coup il y a en plus cette observation continue du monde qui vient encore se greffer là dessus et du coup je pense que c'est en partie pour ça que c'est une ville qui compte dans la création mondiale complètement

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, tu y retournes, tu y travailles, tu as des projets là-bas ?

  • Speaker #1

    Les projets là-bas, c'est un peu compliqué en ce moment. Ils ont tous été annulés. Ça commence à arriver. J'ai une première collaboration avec une galerie, Chaos, Sherbel Laoud, donc on a produit des miroirs en bronze que j'ai sculptés sur place, etc. C'est vraiment un projet 100% Beyrouth. Après, on commençait à signer, on allait signer des projets d'archives intérieures, mais tout a été stoppé au moment, avec Gaza. et encore plus ce qui se passe aujourd'hui mais ça va revenir et puis de toute façon mon objectif c'est de alors à la fois j'y passe pas beaucoup de temps parce que je vais y passer l'équivalent de deux mois, deux à trois mois par an répartis sur une semaine par ci, une semaine par là mais l'objectif au long terme c'est mon obsession personnelle c'est d'avoir un bureau là-bas et de vraiment avoir si je pense un peu entrepreneur ce serait vraiment d'avoir une équipe à paris et puis sa petite soeur à beyrouth notamment parce que comme j'ai enfin j'ai un réseau dans la région donc du coup on est quand même de plus en plus appelé pour des projets en arabie saoudite au qatar aux émirats etc et

  • Speaker #0

    du coup être basé à beyrouth c'est super intéressant et bien intéressant mais est-ce que l'on crée est ce que tu crées quand ce qu'on tu crées là bas quand tu fabriques parce qu'on peut même parler de ça c'est différent de ce que tu fais en france où où je crois que tu vis entre Paris et la Normandie.

  • Speaker #1

    L'atelier en Normandie, aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Voilà. Comment le lieu dans lequel tu es influence ta création ?

  • Speaker #1

    En fait, je pense que pour moi, c'est un petit peu un tout, parce que j'ai toujours l'impression de vivre un peu partout en même temps. Et en fait, quand je suis à Beyrouth, je pense de façon obsessionnelle à Paris. Quand je suis à Paris, je pense de façon obsessionnelle à Beyrouth, etc. Là, par exemple, ça fait 15 jours que je n'ai pas pu mettre les pieds à l'atelier en Normandie, et j'ai envie de... d'une seule chose, c'est de m'enfermer pendant une semaine là-bas. Alors que quand j'y étais il y a 15 jours, j'avais juste envie de venir à Paris et de travailler avec un café tranquillement en terrasse. Exactement. Du coup, je pense que c'est dans ma tête, il y a un melting un espèce de mix généralisé comme ça. Mais par contre, c'est certain que, par exemple, les miroirs que j'ai sculptés pour la galerie Chaos, alors déjà, il y a des problématiques sont pas les mêmes parce qu'on produit pas tout à fait du bronze de la même façon à Beyrouth, au Liban qu'en France, ça c'est une première chose.

  • Speaker #0

    Pour une raison de quoi ? Disponibilité des matériaux ?

  • Speaker #1

    Parce que les coûts sont pas tout à fait les mêmes, c'est relativement cher de produire au Liban et en France aussi pour du bronze, de toute façon le bronze c'est toujours cher dans tous les cas. Et puis parce que voilà la façon de travailler n'est pas tout à fait les mêmes, les conditions sont pas tout à fait les mêmes, parfois la barrière de la langue peut intervenir. Enfin donc voilà donc tout ça il y a... Le public, enfin l'acheteur potentiel n'est pas le même non plus.

  • Speaker #0

    Et puis en même temps, c'est sûr que je ne peux pas avoir le même état d'esprit quand je suis en Normandie avec le climat normand, ou dans mon bureau, ou en terrasse à Paris, ou avec le contexte. Et là, par exemple, cet atelier un peu pop-up que j'avais fait, où on était au 9e étage d'une tour, c'était une tour post-explosion en fait, c'est pour ça qu'on l'avait eu, pour en faire un atelier, parce qu'elle n'avait pas encore été rénovée. c'est que ce sont du port j'imagine c'est ça exactement et du coup on avait une vue sur la skyline du centre-ville de Beyrouth qui est juste splendide tout le monde montre toujours les tours du waterfront à Beyrouth mais la skyline du centre-ville historique on va dire est juste pour moi une des plus belles que je connaisse et et qui en plus a été désertée complètement ou quasi complètement depuis l'explosion le centre-ville oui sur la crise économique avant puis la crise souvent même plus avant la crise politique qui ensuite mais quand on regarde cette skyline on comprend vraiment quand on quand on disait à une époque que beyrouth était le petit pas Paris du Moyen-Orient, quand on voit cette skyline, ça saute aux yeux en fait. Il y a une beauté dans la ligne, dans les lignes de la ville, dans la connexion entre les bâtiments, alors qu'il y a X styles différents. Et voilà, je sculptais avec ça, avec cette vue, et puis des choses toutes bêtes, mais je me souviens que je sculptais, en fait, au Liban, la nuit tombe assez tôt, et du coup, on a tout de suite besoin de lumière artificielle, et problème d'électricité bien entendu, et du coup, je sculptais juste avec un petit spot de ch... chantier minuscule alors qu'en Normandie, par exemple, à l'atelier classique, j'ai des barres de LED infinies, lumière du jour parfaite, enfin ça peut pas être le même travail.

  • Speaker #1

    Et la culture locale influence au-delà de ce que tu viens de décrire ? Les formes, les matériaux ?

  • Speaker #0

    Non parce que de toute façon la culture locale n'est pas ma culture en fait, je ne fais pas d'appropriation quoi que ce soit, moi c'est vraiment... un Saint-Denis, je me sens très bien, mais ma maison c'est Paris. J'ai un peu cette relation avec Beyrouth, c'est un peu comme les gens qui ont des maisons de famille quelque part où ils ont un grand attachement, mais en même temps c'est pas vraiment chez eux et en même temps ils ont toujours besoin et envie d'y aller, et ils s'y sentent extrêmement bien, c'est un lieu chaleureux. Pour moi c'est un peu cette relation-là. J'ai pas une maison de famille, mais j'ai Beyrouth.

  • Speaker #1

    C'est un peu ce sentiment.

  • Speaker #0

    C'est pas très froid, mais c'est une maison de famille. Oui, mais c'est sublime. Tout le monde doit aller à Beyrouth.

  • Speaker #1

    Absolument. Parlons un peu de plus en détail de ton travail, de tes créations. Comment tu, pour ceux qui ne te connaissent pas, qui ne connaissent pas ton travail, comment tu le décrirais ? Les objets, ils ressemblent à quoi ? Ils sont faits à quel matériau ? Ça a dû évoluer d'ailleurs avec les années.

  • Speaker #0

    Je pense que pour comprendre le travail, déjà, il faut voir un peu la méthodologie qu'on a derrière. C'est cool. la première chose c'est que chaque projet est différent d'ailleurs là j'essaye de lancer de l'édition et c'est un vrai travail pour moi de penser qu'un objet va être reproduit x fois c'est vraiment du état d'esprit c'est que vraiment un autre monde donc chaque projet est différent donc le contexte est très important et ensuite dans la méthodologie non on essaie de travailler le plus proprement possible pour normaliser l'aspect responsable durabilité etc en fait on le veut le normaliser et d'ailleurs ça se voit pas dans la plupart de nos projets si on n'en parle pas ça se voit pas et donc du coup ça crée des projets qui sont assez bigarrés peut-être de nous un exemple des projets très très très représentatif par exemple le cinéma on a rénové il ya un an maintenant une salle de cinéma dans le reflet midi 6 dans le cinquième, cinquième, sixième, cinquième. Où là, pour le coup, c'est un projet global. Donc c'est un projet à la fois d'architecture intérieure et de design. Parce que le but, c'est quand même de faire travailler les deux ensemble.

  • Speaker #1

    Juste, je te dis, fais un tout petit peu attention aux mains. Non, on a des micros qui sont hyper sensibles, et quand on tapote sur le micro, ça se prend.

  • Speaker #0

    Donc ce projet de cinéma, c'est un projet qui est complet, puisqu'on a... En fait, on est parti d'une salle de cinéma qui avait été rénovée dans les années 80, qui était rouge, comme tous les cinémas. Donc l'idée, c'est de faire quelque chose qui avait beaucoup de personnalités, qui soit différent, de remettre des arts décoratifs dans la salle de cinéma, ce qui pour moi était très important, de reconnecter les deux, qui avaient historiquement toujours été connectés. qui le lien s'était perdu dans les années 80 je pense 70 et ensuite de le traiter de façon durable et responsable. Donc on n'est allé chercher que des matériaux durables et responsables. Le tissu par exemple, c'est du tissu qui est 100% recyclé, 100% recyclable, en plus tout ça avec les normes de ce type de lieu. On est obligé de les respecter, elles sont très très hautes. L'isolation phonique, c'est des matériaux, c'est une forme de ouate de coton qui est issue du recyclage des vêtements. En plus, c'est lié à des ateliers de réinsertion, etc. Donc on a réussi un peu à prolonger, enfin en utilisant ce matériau, on a participé à avoir un impact social et économique, puisque du coup il crée des ateliers dans des localités où en général il n'y a pas beaucoup d'emplois. d'un coup, il y a un atelier avec 400 personnes qui s'installent. Ça redynamise rapidement une localité.

  • Speaker #1

    Je t'interromps, excuse-moi, c'était un cahier des charges de ton client ?

  • Speaker #0

    Non, ça c'est notre cahier des charges pour tous les projets. Quand ils viennent te voir,

  • Speaker #1

    ils savent que c'est comme ça.

  • Speaker #0

    Exactement. Quand ils viennent nous voir, c'est pour proposer quelque chose de différent. De différent et de... La notion de responsabilité, ça commence un petit peu à arriver. mais surtout c'est de la responsabilité qui ne... Enfin, ça dérange en rien leurs habitudes en fait. C'est nous qui travaillons dessus, ensuite on leur propose un projet, pour eux ça n'a aucune différence.

  • Speaker #1

    On peut imaginer que ça soit plus cher, c'est vrai ou pas ?

  • Speaker #0

    Non, absolument pas. D'ailleurs cette salle de cinéma, elle a coûté grossièrement 100 000 euros. rénové quand sa petite sœur parallèle qui est vraiment sa jumelle, elle a coûté deux fois plus. Donc qui a été rénovée de façon...

  • Speaker #1

    Oui, traditionnelle, non responsable.

  • Speaker #0

    Et elle est très belle aussi. Et voilà, donc du coup, par exemple, dans cette salle de cinéma, on a... créé des grands luminaires en papier recyclé donc enfin c'est du papier adapté bien sûr au non feu etc qu'on est donc qu'on est venu récupérer recouper réassembler pour créer des gros luminaire un peu nébuleux comme ça on a créé à l'atelier du coup il ya des parties en bois c'est du bois local enfin traité de façon responsable avec des vernis des patines et des vernis responsable les fauteuils par exemple on n'est jamais à 100% on peut pas être enfin on pourrait un jour est à 100% mais aujourd'hui on tend à être le mieux possible. Donc par exemple les fauteuils c'est une marque française ou si je me trompe pas les mousses sont fabriqués en Asie, la partie métallique est fabriquée en Europe de l'Est, l'assemblage est fait en France et la tapisserie est faite en France. Et puis par rapport à nos budgets aussi parce qu'on n'est pas sur des fauteuils à 3000 euros le fauteuil. Donc voilà on joue aussi...

  • Speaker #1

    Je m'attendais à beaucoup plus pour rénover une chalette.

  • Speaker #0

    Dans mon souvenir c'est 106 000 euros le budget. hors taxe.

  • Speaker #1

    C'est très raisonnable pour un cinéma. Ce projet, c'est quoi le process ? Ton client vient te voir, te dit je connais votre travail, j'aime bien votre travail, faites-nous une proposition. C'est comme ça que ça se passe ?

  • Speaker #0

    C'est un petit peu ça, oui. C'est le bouche à oreille qui a fait son travail déjà. La première personne à travailler, c'était le bouche à oreille. Ensuite, les personnes sont venues nous voir, le directeur artistique, Pierre-Edouard Vasseur qui est venu nous voir, qui m'a dit, enfin qui m'a demandé si ça m'intéressait et ce que je pourrais proposer. Il y avait une autre équipe d'ailleurs en parallèle qui travaillait dessus déjà. C'est un peu en compétition. Tu le savais ça ? Oui. Et du coup, moi la seule chose que je lui ai dit, je te préviens, si je t'en ai dit dessus, je ne fais pas un cinéma rouge. C'est hors de question. Et puis en fait, c'est ce qu'il cherchait, je pense, d'avoir quelque chose qui se différencie. Il y a une stratégie commerciale après, derrière. D'ailleurs, il m'a dit, il y a quelques mois, peut-être 4-5 mois, que la salle était bookée. Ils ont des très bons scores pour la salle. et il a loué énormément pour des événements des choses projection privée et c'est exactement et donc du coup ça montre que commercialement parlant on a fait notre travail aussi donc voilà c'était une de mes questions parce que en général on va rarement cinéma pour la salle sauf peut-être au grand rex n'est

  • Speaker #1

    arrivé d'elle au grand rex pour la salle je me fichais un peu du film je voulais la cérémonie de trucs des eaux avant et puis le décor donc là c'est assez représentatif des arts décoratifs français pas de quand elle date cette salle grand rex mais je sais pas mais elle est drôle elle est kitsch belle et kitsch en même temps mais je pense si après il y a le le Chinese Theater de Los Angeles il y a quelques salles comme ça emblématiques mais on va rarement dans une salle pour la salle parce

  • Speaker #0

    qu'en fait ça n'existe plus ça a été massacré partout historiquement toutes les salles de cinéma les salles de cinéma de toute façon sont les descendantes des salles d'opéra et de théâtre et c'est dans le... C'est quand on... Moi par exemple, une des choses qui a formé mon regard et ma passion pour le contraste, c'est Chagall à Garnier. Mais la connexion entre les deux, si un jour un client veut qu'on fasse ça chez lui, appelez-moi. Il n'y aura pas des moulures en Apollon 3, mais en tout cas, cette notion de contraste entre... entre deux époques et en fait voilà là on est dans le summum des arts décoratifs au service d'une prestation artistique et en même temps dans d'autres cinémas beaucoup plus petit c'était souvent que des petits candélabres suspendus au mur des psyllus en cristal un peu pauvret mais qui ont le mérite d'être là en fait donc et je pense que quand les gens vont c'est l'apothéose garnier je sais pas si une salle de salle de l'opéra dans le monde qui est plus grandiose que garnier mais mais c'est Il peut y avoir n'importe quelle représentation à Garnier, la salle est autant la star du spectacle que la représentation en elle-même. Ça, c'est une notion de réussite quand même pour le décorateur.

  • Speaker #1

    Et justement, tu sais que commercialement, ça a un impact positif. Tu perds, le contrat est rempli, parce que ça fait partie aussi de tes... de tes satisfactions, d'aider ton client à avoir un lieu...

  • Speaker #0

    C'est le but de notre travail. En tout cas,

  • Speaker #1

    dans un lieu commercial qui accueille du public, oui. Tu as été, toi, assister à des projections là-bas ?

  • Speaker #0

    J'en ai fait une. et ça regarde de l'écran c'est bizarre d'être à la fois non parce qu'en plus on a quand même des choses un peu spectaculaires il y a un luminaire qui fait plus d'un mètre de diamètre dans une salle d'une centaine de places c'est déjà assez imposant de positionner tout a été pensé pour que ça gêne pas le regard et c'est surtout les luminaires sont disparaissent presque quand en fait la salle et la salle est toute noire maintenant c'est un camaïeu de noir en texture et en coloris et est en fait si à ce compte quand les lumières sont allumées si c'est une salle un peu en lévitation maintenant avec ces objets comme ça qui flotte le long des murs et après quand la lumière s'étend un des petits challenge c'était que le moins de reflets

  • Speaker #1

    possible venant du film par exemple sur les luminaires en lévitation parce que oui on est dans un noir complet ce qui est ce qui est rare et du coup luminaire oui tu te donnes l'impression d'être d'être en lévitation génial bah moi j'aimerais bien découvrir cette salle il faut y aller donc le reflet mais d'ici dans le 5e pour revenir à ton travail de merges plus générales donc on va reparler des projets et un a sans doute d'autres qui qui peuvent vraiment nous intéresser est ce qu'il ya une personne un lieu où ou un événement qui a marqué ta vision du design alors tu as pas le chagall en fait oui je pense qu'il ya deux choses c'est ma quand j'ai compris et

  • Speaker #0

    ça c'est parce que je avance j'avais compris mais je l'assumé pas mais maintenant je pense que ma vraie passion c'est le contraste le trouver le contraste l'équilibré en contraste ça c'est vraiment quelque chose et d'ailleurs beaucoup de personnes quand il voit les projets d'archives intérieures qui sont quand même relativement pur avec toujours des matériaux très fort mais dans une ligne très pure et le design qui lui par contre est parfois un peu brutale et animale il comprenait que pas la connexion mais en fait la connexion c'est que ces objets doivent se retrouver dans ses intérieurs et le but c'est que les deux communiquent tout en étant dans un contraste fort en fait et ça ce sera je pense que c'est ma passion à vie et je pense que voilà c'est des lieux comme par exemple garnier qui m'ont qui

  • Speaker #1

    m'ont offert ça la ville en règle générale c'est en fait la ville les paysages enfin tout ça que tu disais en début de conversation le contraste entre la façade led et le ciel bleu

  • Speaker #0

    ça c'est quelque chose qui m'obsède en fait cette espèce de quelque chose qui est un peu antinomique l'harmonie dans le contraste ce qui bizarrement n'est pas censé fonctionner ensemble mais c'est vraiment ce qui m'obsède complètement et il y a quelque chose qui m'a vraiment fasciné quand j'étais pré-ado, j'avais peut-être 11 ans, quelque chose comme ça c'est la première fois que j'ai vu en vrai l'Arche de la Défense et je me suis dit comment un bâtiment peut être aussi beau que ça et c'est Et puis dans sa stature, dans ses proportions. Après, en plus, quand j'ai lu dessus, le contexte est fou. Et encore plus intéressant aujourd'hui qu'à l'époque, parce qu'il y a vraiment des bâtiments qui ont... Ça s'est resserré, ça s'est encadré. Et puis après, quand j'ai un peu lu dessus, et que j'ai lu par exemple que l'architecte l'avait fait de 110 mètres de haut, 100 mètres de large, parce que s'il avait fait 100 mètres de haut, on aurait eu l'impression qu'elle n'était pas carrée vue de loin. Donc du coup, il fallait... retravailler la perspective. Ce qui est en fait quelque chose de simple. les statues sur les portes de Notre-Dame, elles ont une tête complètement démesurée, comme ça on a l'impression qu'elles sont bien... Oui, vu d'en bas... ...qu'elles sont en art humain vu d'en bas, en fait. Finalement, c'est exactement le même principe, mais tout ça, en fait, ça m'a... ça m'a vraiment fasciné et je trouve que c'est le plus bel objet du monde c'est bizarre pour un petit... L'Arche de la Défense,

  • Speaker #1

    toujours maintenant ?

  • Speaker #0

    Je trouve ça splendide, pour un truc qui fait 1 km3 je trouve ça vraiment... Et puis cette ouverture, en fait on revient au contraste, cette ouverture quand on est en face, on est ouvert sur le monde comme ça, et en même temps dans une notion de... C'est un bâtiment politique, donc ça s'inscrit dans une logique d'urbanisme politique. Et puis on tourne la tête et on arrive sur ces miroirs qui reflètent le ciel. Et on ne sait pas si c'est une fenêtre qui s'ouvre sur le ciel ou si c'est le ciel qui est reflété dans une fenêtre. C'est splendide.

  • Speaker #1

    J'avoue que je passe très souvent à la défense. C'est marquant, c'est frappant. Tu l'aimes vu de... Dans quelle perspective ? Parce qu'il y a... Une volée d'escalier, si je ne me trompe pas, avec Paris, quand on a Paris dans le dos, face à l'Arche de la Défense. Donc là, c'est écrasant même, je trouve.

  • Speaker #0

    Ce qui est beau aussi, c'est que le bâtiment, il est là, en fait. Par exemple, cette volée de marche, elle ne sert à rien. Elle sert juste à servir l'architecture et l'impression, le ressenti du visiteur par rapport à... Le visiteur, il est même... En fait, il y a toujours ces choses, en plus avec les escaliers monumentaux, qui sont en plus très frenchy. C'est vraiment très français comme détail. un peu dans quelques dictatures c'est un peu grand développement et il y a cette chose où on est obligé de presque baisser en fait les escaliers sont tellement immenses qu'on est obligé presque de baisser la tête pour pas tomber et du coup on a cette immensité au dessus de nous et puis en plus c'est une forme qui est un peu particulière parce que comme on a l'impression d'avoir un vide je pense que 90% des gens se disent mais est-ce que ça tient ?

  • Speaker #1

    et comment ça tient ?

  • Speaker #0

    et non les premières fois que je l'ai vu c'était du RER le RER A Châtelet-Sergy où en fait il s'est posé dans le paysage comme ça, c'est splendide de la gare Saint-Lazare, quand on prend les trains de Saint-Lazare à un point X ou Y on le voit à chaque fois d'ailleurs de point de vue complètement différent et puis après depuis Paris et puis ensuite je devais avoir 12 ans quelque chose comme ça, je sais plus pourquoi je suis allé à la Défense pour une raison, peut-être pour le centre commercial je sais plus ... Mais par contre, cet objet, ça m'a fasciné complètement. C'est vraiment quelque chose que je trouve...

  • Speaker #1

    D'ailleurs, tu parlais de Sergi. Si je ne me trompe pas, si tu continues, si tu vas jusqu'à Sergi Pontoise, il me semble qu'il y a une perspective...

  • Speaker #0

    Tu as l'axe majeur. Voilà, c'est ça. Qui est splendide, oui.

  • Speaker #1

    Qui passe par l'axe, enfin l'axe passe par la défense.

  • Speaker #0

    Dans mon souvenir, c'est axé sur la Tour Eiffel, je crois. Ok.

  • Speaker #1

    L'axe majeur. Je pensais que c'était défense, arc de triomphe.

  • Speaker #0

    carousel du loup forcément maintenant je vais avoir un doute on vérifiera c'est splendide et puis encore une fois c'est vraiment un travail de paysage il y a l'axe majeur avec l'espèce de cadran immense la colonnade je sais plus combien il y en a et il doit y en avoir 12 ou 16 quelque chose comme ça mais immense en photo on peut pas comprendre la taille que ça fait je sais pas quelle taille elle fonde peut-être 20 mètres de Ausha colonne en espèce de marbre blanc ou reconstitué blanc comme ça c'est très années 80 un dessin comme esthétique mais c'est vraiment splendide. Et puis ensuite ça continue, ça descend, il y a un pont rouge comme ça, très très beau, qui va sur une île. Enfin il y a plein de symboliques, c'est un peu... Oui c'est vraiment l'architecture. Oui il y a vraiment quelque chose comme ça, c'est vraiment tous ces projets. Alors c'est pas vraiment Mitterrand mais il y a toute cette logique un peu mitterrandienne de donner de la symbolique dans des projets d'architecture, de dépasser la simple vocation utilitaire d'un bâtiment.

  • Speaker #1

    Oui c'est une symbolique forte.

  • Speaker #0

    Et là

  • Speaker #1

    le paysage a été transformé c'est quand même assez fou incroyable ça me donne envie d'aller voir retourner c'est super dans quand tu démarres un projet donc tu reçois un brief une commande qu'est ce qui te guide c'est plutôt comme c'est quoi la première étape c'est c'est un matériau c'est c'est une émotion c'est qu'est ce qui c'est quoi le plus il y en a un point de départ déjà en général on a deux types de projets c'est du mobilier ou de l'intérieur donc déjà c'est des

  • Speaker #0

    points de départ complètement différents le mobilier c'est un peu particulier parce que des fois on nous commande des pièces mais on sait à peine pourquoi dans quoi vont être etc parce que pour des raisons Quand on travaille pour des marques, par exemple, elles ne veulent pas trop communiquer, elles ne sont pas forcément très sûres. Des fois, elles sont sûres qu'elles veulent travailler avec nous, mais elles ne savent pas vraiment encore à quoi va ressembler la boutique, par exemple. Donc du coup, là, on travaille sur le mobilier pour un hôtel, par exemple, où c'est une autre agence d'architecture d'intérieur qui fait l'hôtel. Et nous, on vient apporter une collaboration, en fait. Donc du coup, on est dans quelque chose qui vient se compléter, qui vient se contraster l'un avec l'autre. qui vient dialoguer, donc ça c'est super intéressant. Donc là, ça part d'un cahier des charges. Ok,

  • Speaker #1

    donc là c'est une fonction, ils vont te dire on veut des consoles, on veut des tabourets, etc., des tables, mais ils vont jusqu'à te dire, parce que ton travail, on va en reparler encore un, des matériaux, parce que c'est très spécifique la manière dont je trouve, dont tu travailles, les matériaux que tu utilises, l'éco-responsabilité,

  • Speaker #0

    le...

  • Speaker #1

    L'art et povera, je ne sais pas si on peut dire ça en parlant de ton travail, mais il y a un côté très... comment dire... Le matériau le plus basique pour en faire un truc très spectaculaire, très organique. Donc voilà, je trouve que c'est intéressant. Le client vient te voir en disant « j'ai vu que vous faisiez une collection en marbre ou en papier mâché, je ne sais pas comment tu l'appelles, etc. C'est ça que je veux ? » ou c'est après toi qu'il va le faire ?

  • Speaker #0

    Alors en général, le client arrive avec un client. cahier des charges en général qu'on fait évoluer ensemble et puis forcément aussi la découverte de travail c'est par un point de départ donc c'est très souvent un autre projet ou une photo ou une inter ou je peux un article où j'en sais rien et du coup il arrive en effet que des mots mots clés comme voilà je travaille avec vous parce que vous êtes durable vous travaillez ou avec telle matière où j'aime l'esthétique de cette matière sont même forcément savoir réellement ce que c'est par exemple le carton roche dont on parlait 50% des gens qui nous contacte pense que c'est de la céramique par exemple oui on a de la pierre on pense que c'est un minéral c'est ça c'est un peu le but donc c'est très bien ça fait son job mais donc du coup voilà il ya tout et puis après nous en fait on se saisit de l'histoire Et l'architecte d'intérieur c'est exactement la même chose finalement, c'est un cahier des charges, qui est forcément différent puisque c'est pas la même échelle, c'est pas les mêmes besoins, etc. Mais finalement c'est le même principe. Dans les deux cas, c'est une rencontre, que ce soit avec une personne, avec une marque, peu importe. C'est toujours le même principe. Une rencontre, nous on se saisit de l'histoire qu'on nous propose, et ensuite on la développe avec notre client. Et pour d'une, répondre à ses besoins, et répondre au mieux, suivant nos besoins à nous aussi. Et puis ensuite, ça fait son cheminement et ça se transforme très souvent.

  • Speaker #1

    Ça évolue d'ailleurs mon cours de route ?

  • Speaker #0

    Ça évolue énormément parce que déjà d'une, on essaie d'évoluer là où on a envie d'aller. Donc souvent, on part d'un point A et le... Par exemple, une chose toute bête. La plupart des clients, ils viennent nous voir en ayant en tête des pièces, par exemple, qu'on a déjà fait pour d'autres. Sauf que nous, par définition, on ne fait pas deux fois pour des clients. On va faire deux fois la même pièce pour un client, mais pas pour un autre. Oui,

  • Speaker #1

    pas deux pièces semblables pour deux clients.

  • Speaker #0

    Exactement. Donc ça, c'est une... Et donc du coup, ils viennent nous voir avec quelque chose, mais nous, on ne va pas s'autocopier. Donc du coup, on part autre... On va forcément les emmener ailleurs, en fait. Et... Et ça se passe toujours très bien, parce qu'on prend tout le temps qu'il faut, etc. Mais c'est beaucoup de communication, c'est beaucoup d'échanges, c'est beaucoup de pédagogie, j'aime pas trop ce mot, mais vraiment d'explications, de provocations aussi parfois. Ça c'est forcément, parce que par définition on ne travaille pas pour nous en plus. Donc celui qui doit être satisfait, c'est d'abord le client, et ensuite c'est nous qui devons l'être. Et d'ailleurs de voir son client satisfait, c'est une des choses qui est très intéressantes. des plus grandes réussites moi je trouve des fois avant même le projet en lui-même de voir un client qui est content voire même qui renouvelle la collab c'est quand même c'est génial quoi ouais c'est top et si alors justement c'est intéressant ton process créatif qui

  • Speaker #1

    évolue c'est un chemin tu sais pas vraiment par quelle route tu vas passer au départ ça peut changer si c'était c'était un voyage comment il commencerait où il finirait où bah en fait il a commencé au

  • Speaker #0

    je pense dans mon parcours personnel, de mon milieu social, de ma famille, de plein de choses comme ça qui m'ont construit. Et après, où il irait, je n'en sais rien. Je n'ai pas forcément envie de savoir. Je viens devant les rencontres. Vraiment, c'est ça qui est intéressant. C'est que, on revient au fait de... Pourquoi j'ai étudié l'architecture d'intérieur ? Parce que c'est un peu... un nœud de communication et en fait finalement le studio c'est un peu la même chose. Donc demain on peut très bien m'appeler, je sais pas, pour refaire un ministère, comme pour faire une petite collab mais qui va être géniale avec je sais pas un artiste, ou ça se rend on sera peut-être même pas, on sera peut-être... presque le second rôle du projet d'ailleurs et puis ou une collaboration avec une agence d'architecture ou c'est nous qui pouvons appeler une agence d'architecture pour collaborer avec nous enfin tout est possible en fait donc ça c'est génial enfin c'est infini les possibilités La seule finitude, c'est une finitude à court terme. Il faut trouver les moyens de nos ambitions. Et du coup, il faut aller à la rencontre des gens. Il faut se développer. Là, on est au tout début. Mais le but, c'est que ça devienne... une machine qui fonctionne très bien et qui soit vraiment un outil de proposition. Ça, c'est vraiment un peu comme ça que je pourrais qualifier le studio. C'est un outil de proposition. OK. Aussi de fabrication, etc. Mais vraiment de la proposition.

  • Speaker #1

    OK. C'est intéressant parce que tu as démarré seul. Là, tu constitues ton studio. Tu as une équipe. Tu as un process créatif qui n'est pas linéaire par nature, par définition. Mais en même temps, tu es entrepreneur. Tu dois développer une boîte. Tu dois la faire vivre. Tu dois. Tu dois pouvoir payer ton matériau, tu dois, etc., te payer toi, vivre de ça. Et donc, tu ne peux pas non plus exploser les délais, les budgets. Comment tu arrives à conjuguer ce côté créatif, entrepreneur ? Il faut être processé. Je recevais, je fais cette parenthèse, je recevais il y a quelque temps une de tes consoeurs architectes d'intérieur, qui crée des objets aussi, mais... mais qui est plus un objet d'édition. Elle s'appelle Amandine Marotto, Atelier Compostelle. Elle a une chance énorme, c'est qu'elle était avocate avant. Elle a basculé vers la création. Elle a toujours su qu'elle voulait faire ce métier. Mais elle est hyper processée. C'est-à-dire qu'elle racontait son métier comme si elle me racontait un projet de développement de la dernière locomotive Alstom. C'est hyper processé. cesser et on dépasse pas et machin et on communique et on a des reportings etc moi j'étais hyper impressionné par ça mais je me dis mais ouais c'est son cerveau qui est fabriqué comme ça comment t'arrives toi ? t'y arrives ?

  • Speaker #0

    je suis extrêmement organisé ça c'est une chose alors en fait vu de l'extérieur je peux paraître désorganisé parce que je suis toujours en train de travailler sur 10 choses en même temps et j'ai besoin de travailler sur 10 choses en même temps c'est vraiment j'ai J'ai besoin d'être en permanence boosté par les projets sur lesquels je travaille et de la diversité. Mais oui, très organisé. Et puis en plus, j'ai une chance, je pense, c'est que depuis très longtemps, j'ai une vision de là où je veux emmener le studio. Donc là, par exemple, depuis les premières années, c'était comprendre ce que je veux faire, comprendre ce que je veux proposer, commencer à le proposer, etc. Maintenant, on commence à exister. Et maintenant, on va passer en phase numéro 2 où il faut commencer à faire... grossir les choses et là je suis en plein business plan et le tutti quanti vraiment pas mon métier à la base mais c'est super intéressant et donc j'apprends ça fait six mois que je suis dessus je prends le temps d'apprendre je prends le temps de comprendre comment ça fonctionne je prends le temps de rencontrer des gens lâche par à dubaï par exemple dans quelques semaines pour aller rencontrer des potentiels prospects clients qui vient enfin acquis clients, collaborateurs, etc. Je vais faire la même chose à New York dans pas longtemps. Donc, oui, en fait, moi, toute mon organisation, elle est basée sur le fait que je sais là où je veux aller. Je ne suis pas sûr de... Enfin, je ne sais pas quand je vais réussir à y aller, mais en tout cas, je sais où je veux aller. Et du coup, toute la construction du studio s'est organisée autour de ça. Donc, c'est step by step, à notre échelle, de façon qualitative et sans sacrifice. Ça, c'est important. parce que je ne ferais pas un meuble à la mode juste pour le vendre plus facilement que les autres si ça ne correspond pas à l'image que j'ai envie de donner au studio il ne sera pas fait on fera autre chose on fera une autre en respectant ce que j'ai envie de faire avec le studio et pour le coup j'ai tendance à dire de plus en plus de répondants de la part des clients donc je pense que c'est la bonne voie donc on va continuer et intensifier encore ... mais... Oui, donc extrêmement organisé, c'est vraiment de l'entrepreneuriat. C'est pas parce que c'est de la création que c'est pas de l'entrepreneuriat. Après, je pense que l'entrepreneuriat de la création est quelque chose d'assez spécifique. Il n'y a pas forcément un seul modèle, je ne sais pas combien il y en a. En tout cas, moi, au cours des rencontres, j'ai observé X modèles qui ont fonctionné à différentes époques. Je ne pense pas qu'on fasse de l'entrepreneuriat en architecture d'intérieur ou en design. Déjà, en architecture et en design, à mon avis, ça ne fonctionne pas de la même façon. En design art décoratif, c'est pas la même chose qu'en design industriel. Dans les années 90, c'est pas la même chose que dans les années 2000, qu'en 2024. Et certainement pas pareil encore en 2027. Etc, etc. Donc il faut comprendre là où on veut aller, comprendre comment on peut le faire. Et encore une fois, je pense, sans jamais se sacrifier vraiment. en sachant quel est son cadre pour avancer.

  • Speaker #1

    Oui, et tu as une identité hyper forte, si tu commences à la respecter, c'est terminé.

  • Speaker #0

    Oui, exactement.

  • Speaker #1

    Ce n'est pas pour n'importe quelle marque, j'allais dire. Tu es en train de construire une marque.

  • Speaker #0

    En fait, la notion de marque est très intéressante, et d'ailleurs, moi, ce que j'observais énormément en termes d'entrepreneuriat, c'est la mode. Alors même si leur modèle n'est pas celui de... Je ne sais pas, si j'observe le développement de Jacquemus par exemple, qui est quelqu'un que j'ai beaucoup observé, ou de Ami, toutes ces marques avec lesquelles j'ai un peu grandi, parce qu'en fait elles sont apparues quand j'étais... Moi-même, j'avais 23 ans, quand elles ont commencé, c'était des gens que je croisais parfois en soirée. Donc voilà, j'ai observé de loin comme des toutes petites marques qui sont devenues moyennes. beaucoup plus grande et puis là j'ai connu ce ils sont 800 employés ou je sais plus quoi mais c'est l'eau qu'aux fous alors le modèle de la mode moi je ne sers à rien que j'ai un atelier avec 300 personnes de sud et dedans c'est absolument pas adapté à mes besoins mais mais par contre c'est intéressant par exemple d'avoir tout intégré ce qui existe pas ou pas ou presque pas en architecture intérieure mais pour moi c'est extrêmement important In fine, d'avoir l'agence d'architecture d'intérieur, de création et d'études,

  • Speaker #2

    qui soit imbriquée avec un outil de développement,

  • Speaker #0

    qui serait un atelier, on va dire, et que les deux travaillent ensemble en permanence, s'envoient la balle en permanence, et que ça avance en parallèle, en fait, pour ensuite servir les projets, qu'ils soient petits ou immenses, un jour. Donc voilà, pour moi, c'est un peu cette... notion là et finalement c'est vraiment quelque chose qui est omniprésent dans la mode de le créateur enfin l'équipe de créa de dire deux des à les dessinateurs etc qui ensuite renvoie la balle à tous les gens qui vont faire plutôt des documents techniques qui vont servir au studio de Enfin, vos ateliers à commencer à produire des choses, les prototyper, les renvoyer au créa, etc. Et du coup, en plus, ce que je trouve génial dans ce cadre-là, c'est que les choses avancent de façon très efficace. Oui,

  • Speaker #1

    c'est ça. Tu es beaucoup plus fluide et tu es un peu plus clairé.

  • Speaker #0

    Et puis, on n'est pas dépendant de... catalogues.

  • Speaker #2

    Donc après,

  • Speaker #0

    l'atelier n'a aucune vocation à produire 40 canapés. Il vaut mieux envoyer ensuite vers des ateliers qui sont spécialisés, qui font un travail beaucoup plus fin. c'est un travail très complexe, donc il faut mieux le faire faire par des ateliers compétents, ça coûtera sûrement moins cher, mais par contre, prototyper, même le faire à échelle 1, simplement pour bien comprendre les formes, les courbes, les connexions, avoir quelqu'un qui soit capable, par exemple, je n'ai pas ça aujourd'hui dans mon équipe, mais quelqu'un qui soit capable de travailler le tissu, la broderie, le point, tout ça c'est super intéressant, donc il faut avoir des moyens pour le faire, mais en tout cas, je pense que c'est dans le modèle. que je souhaite construire, il y a ce côté un peu couture haute couture de l'intérieur, de l'architecture d'intérieur et du design qui pour moi est essentiel. Le but c'est quand même de pouvoir servir un projet de A à Z et là aujourd'hui par exemple je suis en train de travailler sur des appartements mais aussi des tringles à rideaux et enfin j'en ai 5 en prototypage à nettoyer et puis en même temps mettre un angle à rideaux parce que c'est aussi des anneaux et tout ce qui va avec, les systèmes d'accrochage. Là, je suis en train de voir si on peut dessiner nos propres robinets parce que j'en peux plus de ne pas trouver ce qui me plaît dans les catalogues. Ça coûte une fortune à faire, mais finalement, entre acheter un robinet de 2000 euros sur un catalogue et le produire pour 2000 euros, autant le faire nous-mêmes. On est en train de faire... On développe plein de choses comme ça et le but, c'est petit à petit pouvoir répondre.

  • Speaker #1

    Oui, il y a une demande. Alors, tu parlais de matériaux, justement, bronze, carton roche, la pierre, le marbre, etc. Est-ce qu'il y a... un matériau qui te fascine plus qu'un autre ?

  • Speaker #0

    Ils sont tous différents. En fait, moi, ce que j'aime beaucoup, c'est la relation entre... Le matériau, il est issu, à la base, d'une envie d'esthético-sensible. On est dans un contexte et on se dit, là, il faut... que le regard soit trappé d'une façon ou d'une autre, qu'on raconte telle ou telle histoire. Et ensuite, une fonctionnalité.

  • Speaker #1

    Donc des propriétés.

  • Speaker #0

    Exactement. On ne met pas une pierre inadaptée à un endroit, on ne met pas un bois inadapté à un endroit. Et puis, contextualiser, bien entendu. Il n'y a pas des bois exotiques, par exemple, sur mes projets à Paris. Si demain, je faisais un projet au Ghana, il y aurait des bois du Ghana. Mais à Paris, il n'y a pas des bois du Ghana à Paris. Et inversement. Je me rappelle une cliente, ça ne s'est jamais fait, mais une fois... femme qui m'a contacté du brésil et qui voulait des grands dressings en chaîne french au bas dans un des pays du bois et au milieu de rio bayad et on fait pas des choses en chaîne à rio en fait le contexte est toujours extrêmement important et et ensuite le deuxième contexte c'est les besoins du projet Donc par exemple le carton roche, c'est un mélange de cellulose qu'on recycle, donc en gros on recycle des cartons, qu'on transforme en matière, et on le mélange avec de la poudre de calcaire.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    Locale, bien entendu. Et en fait ça c'est... C'est issu du besoin de développer des matériaux qui répondent à nos cahiers des charges, donc d'être responsable. Donc par exemple, pour la mode, c'est du mobilier qui est relativement jetable. Du coup, moi, je n'ai jamais voulu faire de céramique pour la mode. chez Lanvin il y a un petit peu de béton mais aujourd'hui je le ferai autrement j'adore ces pièces mais aujourd'hui je les ferai autrement c'était le début, là j'étais plutôt dans la période où j'étudiais la forme je comprenais ce que je voulais faire maintenant je comprends ce que je veux faire et je comprends comment je veux le faire aussi et du coup l'intérêt c'est que c'est un matériau qui ressemble à de la céramique à du béton, à de la pierre ça dépend des finitions qu'on lui apporte mais par contre il y a un bilan environnemental qui... qui est quasiment neutre, voire positif potentiellement. Et puis en plus, qui répond à des problématiques où typiquement, l'an 20, les podiums sont très très lourds. Et pour eux, c'est un problème parce que quand les podiums pèsent plus lourd que les visual merchandisers qui sont censés les bouger, c'est un peu compliqué pour eux. Et du coup, en fait, on développe ce type de matériaux pour ça. Par exemple, je suis en train de faire un gros focus sur... les patines métalliques parce qu'en plus moi j'adore le métal j'adore le bronze et je fais beaucoup de bronze et c'est très rare déjà le bronze qu'on fait donc là par exemple on fait toute une collection de bronze avec la galerie eco à mumbai donc c'est que des c'est que du métal recyclé en plus le calme ils ont déjà ces réflexes là il n'y a pas ce statut de travail à l'atelier en france non pas pour le coup je suis allé j'ai prototypé j'ai dessiné prototyper en france donc à échelle réduite ensuite ces échelles réduites je suis parti il y a un an. Le solo show, il est en janvier 2025. Par contre, j'ai sculpté les pièces en novembre 2023. Donc il y a grossièrement un an. Ensuite, je suis allé dix jours à l'atelier sur place pour les sculpter réellement sur place. Donc ça a évolué, ça s'est transformé, etc. Et je suis extrêmement content en plus de cette collaboration, à la fois de la collaboration humainement, etc. C'est une équipe géniale, mais aussi de la production qu'on a faite. Ça va être tellement beau. et ensuite sur place du coup c'est reproduit et c'est produit du coup en bronze c'est que des matières recyclées parce que par exemple en bronze en France on a un problème c'est que il y a beaucoup de personnes qui veulent du bronze qui n'a pas été recyclé Alors que du bronze recyclé ou du bronze par recyclé, ça ne se voit pas en fait. C'est la même matière. Mais psychologiquement parlant, pour les gens, il ne faut surtout pas utiliser le mot recyclé. C'est quoi ?

  • Speaker #1

    Dévalorisant pour le coup ? Oui,

  • Speaker #0

    il y a un côté dévalorisant.

  • Speaker #1

    c'est un peu comme les gens qui disent moi je veux du bois massif mais le bois massif en plus accès vraiment en menuiserie le bois massif ça peut vraiment créer des problématiques en fait donc je le comprends un peu mieux pour le bois massif parce que tu as l'impression d'une noblesse que tu vas pas avoir peut-être même une propriété qui va pas avoir même si c'est bête mais c'est pas forcément vrai surtout alors que le bronze recyclé ça reste du bronze

  • Speaker #0

    Oui mais même le bois massif en fait, quand tu as cette... alors il y a des choses, moi on sculpte énormément de choses en bois massif, plein de podiums pour des marques etc en bois massif. On en sculpte énormément, on a d'ailleurs tout un process pour récupérer du bois qui n'est pas issu de forêts industrielles, avec des conditions de récolte extrêmement localisées. En plus, ça nous ouvre des portes parce que ça nous ouvre à une grosse diversité d'essences. Ça, c'est une chose. Mais par contre, pour des portes de cuisine, par exemple, les ferro-bois massifs, à mon avis, c'est l'architecture intérieure qui parle, c'est plus de contraintes qu'autre chose. Et puis surtout, par définition, dans 80% du cas, c'est une cuisine qui est jetable, parce que les gens vont vivre dans cet appartement pendant 5 ans, 10 ans, 20 ans.

  • Speaker #1

    Et la cuisine ne sera pas résistée.

  • Speaker #0

    Et puis la personne qui va racheter l'appartement, elle aura bien raison de s'approprier l'appartement et de refaire les choses, surtout si elle nous appelle pour les refaire. Et puis surtout, quand on veut des façades chênes, c'est les façades qu'on veut, ce n'est pas l'âme qu'on veut. Donc du coup, autant utiliser 2, 3, 4 millimètres de bois, et ensuite avoir un support. qui soient bien sûr responsables, etc. Bien entendu. Pas des agglomérés avec X. Mais là, moi je pars du principe qu'on ne fait pas pousser un arbre pendant 200 ans, 300 ans pour le jeter à la poubelle 10 ans plus tard. Donc il faut vraiment économiser de la même façon pour le bronze ou le laiton, par exemple. Quand là, aujourd'hui, par exemple, je suis en train de faire des dizaines et des dizaines de miroirs pour habiller tout un mur, on les fait en carton roche qu'on vient patiner ensuite avec des effets de... de différents métaux, en fait c'est un peu comme toutes les couleurs d'un lever de soleil. Donc on part de choses un peu comme de l'argent oxydé,

  • Speaker #2

    presque canon de fusil,

  • Speaker #0

    jusqu'à des choses vraiment dorées.

  • Speaker #1

    Très chaudes, oui. Là tu parles du support du miroir ou du miroir lui-même ?

  • Speaker #0

    En fait le miroir en lui-même il est intégré dans une forme qui elle est décorative. C'est ça. Et en fait, on vient les patiner parce que d'une, il y a des notions de coût, etc. Ce qui est important, parce que le bronze, ça coûte par définition très cher. Mais surtout, à partir du moment où la personne n'a pas un accès direct, les miroirs sont à 3 mètres de haut, dans un escalier, où c'est impossible qu'une main les touche. En fait, entre un bronze et un effet bronze, il n'y aura pas beaucoup de différence. Et par contre, là où la différence se fait, c'est pour le porte-monnaie du client. Surtout, ça nous a permis d'en faire de façon beaucoup plus impressionnante. Et aussi en termes d'impact environnemental en fait. Parce que là où j'ai quelques grossièrement milligrammes de métal, normalement je devrais avoir en bronze, j'aurais je pense autour de 2 à 8 kilos par miroir. Et des miroirs, il y en a potentiellement 342. Donc c'est complètement autre chose. C'est vraiment, c'est tout un process en fait. Et in fine, c'est toujours au service du projet. Du coup, ça nous a permis d'accentuer les faits, de réduire le coût, de réduire le coût environnemental comme le coût économique, d'en produire plus. Et du coup, le projet sera beaucoup plus travaillé.

  • Speaker #1

    Tout le monde est satisfait. Très intéressant. Si tu pouvais collaborer avec une personne, architecte, décorateur, vivant ou mort, tu choisirais qui ?

  • Speaker #0

    On en parlait tout à l'heure, mais Oscar n'est meilleur, très clairement. C'est vraiment, je crois, le... En fait, je pense que c'est un des premiers architectes que j'ai découvert. J'avais peut-être 10 ans, quelque chose comme ça. Ça m'a fait... fantasmé. Et puis il y a toute cette notion de... Je pense que c'est quelqu'un qui avait compris ce qui était vraiment l'architecture. Et en même temps on peut tout à fait contrarier son travail etc. parce que c'est quelqu'un qui a voué sa vie à une proposition et comme toute proposition elle n'est pas forcément parfaite. Et une proposition permet d'en enclocher une autre. Mais c'est tous ces architectes qui ont compris que l'architecture c'est...

  • Speaker #2

    ça doit être des usages,

  • Speaker #0

    des sensations, une vision, une vision même politique pour lui. Il s'inscrit vraiment dans un... En fait, l'architecture c'est vraiment un outil pour l'homme, pour le développement de la civilisation, j'allais dire. Oui, c'est si loin que ça.

  • Speaker #1

    Tu as visité certains de ces lieux, de ces créations ?

  • Speaker #0

    C'est eux au Havre, ça c'est une chose. Et à Auguste Perret aussi, très clairement.

  • Speaker #2

    Auguste Perret,

  • Speaker #0

    c'était une des premières grandes rencontres architecturales, ça aussi.

  • Speaker #2

    Oui,

  • Speaker #0

    à Paris, bien entendu.

  • Speaker #2

    Et d'ailleurs,

  • Speaker #0

    à Paris, c'est presque plus un projet d'architecture d'intérieur que d'architecture dans un sens. Oui,

  • Speaker #1

    on parle du siège du Parti communiste. Il y a quand même cette forme incroyable.

  • Speaker #0

    Oui, mais en même temps, c'est un bâtiment quasi souterrain. Oui, c'est vrai. C'est assez étonnant. C'est mystérieux, oui. Et puis, c'est... Il y a aussi quelque chose que je trouve très intéressant avec le travail de Neyméer en règle générale, c'est que c'est quand même très... C'est assez étonnant parce que c'est très typique de son époque, et en même temps c'est assez éternel en fait.

  • Speaker #1

    Ouais, j'allais dire, effectivement l'intérieur notamment de ce lieu qui est classé, je pense, j'espère en tout cas... et très daté dans les couleurs, dans les formes, mais un côté très théâtral. On parlait de l'opéra garni tout à l'heure. Je ne sais pas si on pourrait comparer, mais j'imagine que l'effet du spectacle, c'est pas une... ... quoique il y a quelques défilés de mode qui se passent là-bas.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #2

    il n'y en a pas.

  • Speaker #1

    Mais j'imagine que le spectateur qui assiste à un congrès du Parti communiste en 1983, place du colonel Fabien, le décor devait avoir une influence considérable sur...

  • Speaker #0

    sur l'impact créé par le discours oui et puis en plus le bâtiment c'est un bâtiment qui a l'échelle humaine mais par contre il englobe les gens en fait on peut pas c'est impossible quand on est à l'extérieur c'est un peu différent parce qu'il est quand même le contexte est un peu particulier mais à l'intérieur on peut pas c'est un peu comme le Grand Palais ça me fait toujours, tous les ans ça me fait marrer les salons d'art où il y a les plus grands artistes de la planète dans les salons et en fait tout ce qu'on voit c'est les photos de la voûte du grand palais et ils pourront faire les plus beaux stands du monde et je suis promis à être frustré pour eux mais ils pourront faire les plus beaux stands du monde la plus belle scénographie du monde Jamais le regard ne pourra être détourné de cette voûte, c'est impossible. Et ces lieux-là, ça fait ça.

  • Speaker #2

    Le

  • Speaker #0

    Chagall au Grand Palais, par exemple, c'est... Au Grand Palais, à Garnier,

  • Speaker #2

    c'est...

  • Speaker #0

    Déjà, moi j'aime bien parce qu'il y a une volonté un peu de choquer, d'imposer. C'est très très visionnaire de se dire... il faut que notre époque marque son temps en fait.

  • Speaker #1

    D'ailleurs, je connais mal l'histoire de cette... La vérité, je ne suis jamais rentré dans l'Opéra Garnier. J'y vais pour la première fois en une semaine.

  • Speaker #0

    Très bien, c'est d'un gros... a commissionné tu connais l'histoire de ce comme il s'appelle le grand ministre de la culture malraux avait commissionné chagall parce qu'en fait historiquement il ya une il ya bien sûr une toile en dessous mais je crois qu'elle est pas passionnante ok il me semble très bon content même post seconde pampire parce qu'il a été fini après. Donc elle est sûrement très belle mais pas dans le complément du décor. Et en fait oui la notion c'est que les époques se parlent entre elles, de montrer que toute époque est la continuité d'une autre et puis de placer... En fait je trouve ça extrêmement important que chaque époque se place dans le paysage en fait. Et puis le prolongement. En fait c'est aussi quelque chose que je trouve assez étonnant, c'est que souvent l'architecture d'un travail la décoration, ce n'est pas considéré comme du patrimoine. Pour moi, ce genre d'acte, c'est un acte politique à la base, c'est la création d'un patrimoine.

  • Speaker #1

    P- Je suis absolument d'accord avec toi, mais c'est aussi très compliqué dans ton travail, mais pour tous les architectes, de devoir respecter le patrimoine tout en… tu parlais des normes tout à l'heure, qui étaient une… levier de création parce qu'il faut faire avec mais en même temps on a eu cette discussion d'ailleurs il y a quelques temps je crois autour d'un café où je disais je suis choqué de la disparition de pas patrimoine d'art décoratif parce qu'il n'est pas protégé, parce qu'il n'est pas valorisé, parce qu'il est méconnu. Je ne te parle pas d'endroits, évidemment, classés qui sont bien protégés, mais où les façades de bureaux, les façades des immeubles 19e sont évidemment très bien préservées à Paris parce que ça touche à l'urbanisme. En revanche, ce qui dépasse là, ce qui est à l'intérieur, on le détruit allègrement. On détruit parce qu'il faut faire des portes d'un mètre cinquante pour faire passer, et c'est normal, l'accessibilité, parce que... parce qu'il y a d'énormes incendies, parce qu'il y a tout ça, parce qu'il y a des contraintes de budget. N'empêche qu'on détruit des plafonds entiers moulurés, des étages entiers de parquets splendides et d'autres. Alors, il faut vivre avec son époque, c'est vrai, mais en attendant... En fait,

  • Speaker #0

    il faut toujours trouver le levier entre... Le bâtiment doit être au service de l'actuel et du un peu plus, quelques peut-être décennies suivantes. Mais voilà. Le monde évolue et du coup l'architecture doit se plier à l'évolution, c'est une chose. On a quand même la chance d'être dans un pays qui démolit assez peu et qui a tendance à rénover. Et ça c'est quand même une grande spécificité française. Et à Paris ça se sent énormément. Il y a des projets splendides, la Poste par exemple. C'est dingue ce qu'ils ont fait, c'est un des plus beaux projets des dix dernières années je pense. Après le bâtiment est tellement dingue de toute façon que...

  • Speaker #1

    Tu parles de la place du Louvre. Oui bien sûr.

  • Speaker #0

    Mais dans un autre domaine, la rénovation de Montparnasse finalement c'est la même chose. On aurait très bien pu dire on démolit, soit on reconstruit, soit on efface cette histoire. Ben non, on a décidé de rénover le bâtiment. On attend d'ailleurs depuis quelques années que ça se lance. Mais en fait, il y a vraiment ce... Moi, ce qui m'étonne toujours, c'est à la fois les autorités qui, par exemple, vont classer des éléments, mais en fait, ce ne sont finalement pas des éléments vraiment d'intérieur, ce sont des éléments constituants de l'architecture, comme par exemple un escalier central ou ce genre de choses. Mais en effet... des fresques ou quelque chose comme ça, si c'est pas... En fait, elles vont être traitées parce qu'il s'est passé quelque chose là, parce qu'il faut garder, figer le décor, je sais pas, de la signature, de la déclaration universelle des droits de l'homme, ce genre de choses. Mais c'est pas pour ça. sa qualité en elle-même. Une fois ça sur un projet, un petit escalier ouvrier, où apparemment si je ne me trompe pas, ils en avaient découvert deux comme ça dans Paris et ça a été classé. Ça a créé des problématiques dans le projet, mais c'est pas grave en fait, ça fait partie du... Et puis voilà, justement, c'est aussi le comportement. des architectes, des architectes d'intérieur, etc. où moi j'ai vraiment du mal à comprendre pourquoi dans un appartement haussmanien où on a 3m70 sous plafond ou 4m, si les moulures on ne veut pas les voir, on ne les détruit pas en fait, on pose un plafond, on les masque, quand on est à 3m80 au-dessus de la tête, on n'est pas à 15cm près et puis accessoirement c'est à l'archi de prendre les choses en main et de proposer quelque chose. Et en fait, on n'est pas obligé de tout détruire. Il ne faut jamais oublier qu'on n'est quand même que de passage dans un appartement. Même si on se le transmet d'un point de vue familial, mais on n'est quand même que de passage.

  • Speaker #2

    Et il faut quand même...

  • Speaker #0

    quand même être respectueux donc pas forcément de tout je suis absolument pas pour tout mettre sous bulle etc je pense que c'est la pire chose qui peut arriver au patrimoine et je pense que c'est aussi une des grandes chances qu'on a à Paris contrairement à Rome par exemple qui est une ville sous bulle Paris c'est à la fois une mégapole et en même temps un musée à ciel ouvert comme certains le disent, ça prend pas mon ressenti mais je peux comprendre qu'on ait cette idée là. Voilà les choses évoluent en permanence, c'est une ville qui a une facilité à se transformer de façon dingue mais par contre il faut se transformer tout en respectant à la fois l'ancien, enfin le passé, mais aussi le futur parce que... il faut donner une possibilité au futur de choisir ce qu'il va en faire. Et ça, c'est super intéressant.

  • Speaker #1

    Justement, le futur, on en parle. C'est le troisième chapitre de notre conversation. Les tendances, les évolutions, comment tu vois l'évolution du design dans les années à venir ? Question un peu bizarre, mais ça te suit aussi des tendances. On parlait de la mode tout à l'heure. Il y a forcément des tendances. Comment tu réagis par rapport à ça ? Qu'est-ce que tu dis à tes clients qui te disent j'ai vu dans un magazine qu'il fallait, qu'il fallait. J'ai vu tel architecte, j'ai vu machin, je veux ça.

  • Speaker #0

    En général, déjà, on ne fait pas ce qu'on a vu quelque part. Première chose. Et oui, les tendances, etc. Moi, je pense qu'il faut s'en écarter au maximum. en fait on a un métier où on est censé avoir une proposition donc notre proposition peut pas être de faire quelque chose à la mode on n'est pas des copieurs c'est il faut choisir un peu notre camp après c'est tout un panache de enfin on a un métier à l'architecte intérieur au designer finalement ça veut tout dire et rien dire donc il ya dix sept mille métiers différents finalement c'est derrière ces termes mais on a les tendances je les regarde pas enfin me En fait, moi, je fais ce que j'ai envie de faire.

  • Speaker #1

    Et c'est pour ça que tes clients viennent dessus, toi.

  • Speaker #0

    Et puis voilà, ils ont fait évoluer le projet jusqu'au moment où ça matche avec les clients. Mais après, il y a des choses qui m'interpellent. C'est à quel point la notion de développement durable est toujours pas présente, par exemple. En fait, la notion de santé publique commence vraiment à être présente. On voit que certains types de peintures ont complètement disparu aujourd'hui, certains types de vernis ont complètement disparu, certains types de matériaux commencent à disparaître ou de méthodologies par rapport aux matériaux. Mais c'est vrai que je suis toujours assez étonné de voir que la notion d'éco-responsabilité, de responsabilité humaine, quand je vois certaines... Ça c'est la grande discussion avec mon marbrillé favori, mais certaines pierres qui viennent du fin fond du monde sont mises en valeur comme des pierres splendides. Si elles étaient extraites dans des conditions normales, je serais le premier à les utiliser.

  • Speaker #1

    Et encore, tu parlais du French Oak à Rio, ça n'a pas de sens. Voilà,

  • Speaker #0

    dans un contexte...

  • Speaker #1

    La pierre verte du Zimbabwe, elle n'a pas de sens chez nous.

  • Speaker #0

    Voilà, ou certains onyx afghans, par exemple. Onyx, enfin, pierre afghane, c'est pas très compliqué de comprendre qu'il y a certainement des problèmes derrière, et c'est pas compliqué d'avoir des informations à notre époque, surtout. Donc oui, c'est des pierres vraiment grandieuses, mais il est hors de question de les utiliser, en tout cas de les utiliser en première extraction. Nous, on va les utiliser quand, par exemple, on a toute une petite collection de tables, de petites tables d'appoint, où en fait, on récupère des marbres qui sont déjà stockés. Donc en fait, on ne vient pas importer des pierres pour nous. C'est par exemple des petites tables bleues, par exemple, où ça, c'est un marbre du Brésil, si je ne me trompe pas, azoulé, quelque chose. En fait c'était issu des restes d'une salle de bain des années 60, semble-t-il, qui était au fin fond d'un stock. Parce qu'en fait comme le marbre c'est extrêmement compliqué, enfin la pierre en général, extrêmement compliqué à manipuler, souvent quand on va un peu gratter dans les stocks, on trouve des choses hallucinantes qui sont... Parce que ça coûte cher de les manipuler, donc c'est souvent beaucoup plus économique et simple de les laisser dans un coin. Et en général dans les marbreries, il y a ce qu'on utilise et ce qui est stocké. Et il faut aller un peu gratter de tous les côtés pour voir... et il y a vraiment des choses exceptionnelles à aller chercher on a fait pareil une table dans une pierre qui vient de Chine je crois, c'est quelque chose jamais on aurait commandé une table comme ça c'est mon marbrillé qui m'a dit tiens j'ai découvert cette tranche, est-ce que ça t'intéresse je te la mets de côté

  • Speaker #1

    Jean-Baptiste c'est incroyable tu connais Arnaud Declare peut-être qui est un de tes confrères designers qui un jour me montre euh... une création avec un marbre. Je ne pouvais pas croire que c'était de la pierre, d'ailleurs. Je pensais que c'était du bois pétrifié. Enfin, ça aurait pu être du coup, le bois pétrifié devienne de la pierre. Mais l��, en l'occurrence, on avait l'impression que c'était plus du bois brûlé, peut-être. Et en fait, il me dit, c'est une pierre japonaise, etc. Je dis, mais t'es allé chercher ça au Japon ? Il me dit, mais pas du tout. Et c'est exactement la même histoire. Il me dit, pas du tout, j'ai mon marbre, il est belgique, il est belge, il est flamand, qui m'a sorti ce stock qu'il avait depuis son père, et c'était une pierre qui n'était pas très intéressante parce qu'elle était je ne sais pas, elle était assez neutre il fallait la travailler, etc. lui il l'a travaillée avec, je ne sais pas si c'est de l'acide mais en tout cas un truc qui lui a changé son aspect et il en a fait un plateau de table incroyable forcément c'est très limité, c'est un stock qui n'ira jamais rechercher et réalimenter mais voilà,

  • Speaker #0

    c'est le même débat En fait la notion de limiter m'intéresse aussi parce que le but du studio c'est encore une fois de répondre très précisément ... Mon objectif, c'est de travailler forcément des choses qui sont assez luxueuses, parce que c'est obligatoire par rapport aux besoins économiques qu'on a pour développer les projets. Mais aussi qui sont... Si on revient à la question de où on voit le design demain, moi je suis assez persuadé qu'en tout cas, la carte à jouer pour beaucoup de designers, c'est de faire des choses vraiment très signatures. Je crois énormément en l'édition, et d'ailleurs je travaille dessus, donc ça montre que je suis... Mais par contre, la base du travail, c'est vraiment des choses pièces uniques ou apparentées. Et typiquement, ce type de process sert ça. Je pense que quand une marque, quand un client, que ce soit pour un appartement, pour une marque ou quoi que ce soit, regarde et se dit « ça n'existe pas ailleurs » . Par exemple, j'ai des fois des conversations avec des DA qui me disent « ton nom est affilié à telle marque » . Bah oui mais regarde j'ai aussi travaillé avec un tel, un tel, un tel et en fait c'est à chaque fois de notre univers mais servi de façon différemment. Déjà parce que Dune, Joe Malone, Ariad n'a pas le même univers que Isabelle Marron à Paris, déjà Dune. Et donc on travaille... Et en fait surtout le but du studio c'est d'apporter de la différence en permanence.

  • Speaker #2

    Oui,

  • Speaker #1

    de l'unicité et coller à... coller un brief et tu ne fais pas deux fois la même pièce.

  • Speaker #0

    Il y a un contextuel en fait, où il y a un style de base. C'est un peu... Par exemple, c'est ce que j'adore dans le travail de Jean Nouvel. C'est que... Une échelle au-dessus, bien entendu. Il y a un nom un peu au-dessus aussi.

  • Speaker #1

    Pour l'instant.

  • Speaker #0

    Mais ce que j'aime beaucoup, c'est que... J'avais entendu plusieurs fois se définir comme un architecte contextuel. Parce que justement, il a presque... Il a un style et en même temps, il a une absence de style. En fait, son style, c'est la façon dont il travaille les projets. Et du coup, après, ça... Et c'est vrai que quelqu'un qui ne le connaît pas ne peut pas comprendre que la Fondation Cartier et la Philharmonie, c'est le même architecte. Déjà, il y a 30 ou 35 ans de différence entre les deux. Mais surtout, quand on commence à étudier le projet, on se rend compte qu'il y a le même process derrière, il y a la même méthodologie par rapport à la fonctionnalisation de l'espace, etc. Et la même notion des déambulations... une forme de sensibilité et Et en fait, c'est un peu comme ça qu'on travaille en réalité. Et du coup, automatiquement, ça entraîne des objets uniques. Automatiquement.

  • Speaker #1

    Très intéressant. Si tu pouvais réinterpréter un espace, un lieu, un bâtiment... Un objet peut-être même iconique, emblématique en tout cas, tu choisirais quoi ?

  • Speaker #0

    Ça va être très mégalo ce que je vais dire. Enfin très mégalo et en même temps, franchement ça n'est pas loin. En fait il y a un endroit qui me désespère à Paris, ça devrait être le plus bel endroit du monde. Pour moi, déjà, le plus bel endroit du monde, c'est la cour carrée du Louvre. Quand je vais mal, je passe. Je fais un petit détour, surtout la nuit, et l'éclairage est somptueux. C'est marrant parce que moi qui suis passionné de botanique, qui suis quand même très dans mon époque, je suis dans un endroit classique, 100% minéral. Je trouve que c'est l'endroit le plus beau de la planète. Mais par contre, la cour carrée, elle donne sur la colonnade du Louvre. qui a été massacrée dans les années 60 avec les décaissements, l'espèce de parking.

  • Speaker #1

    Alors attends, décris-moi où c'est.

  • Speaker #0

    La colonnade, c'est la façade Louis XIV. C'est la sœur de Versailles en réalité, parce que ça a été construit. J'ai vu qui était l'architecte. Et en fait, ça a été construit en partie pour déjà valoriser le Louvre, la notion de Paris ville capitale. la première monarchie européenne, mais aussi un peu pour dire au roi, regarde, tu as le plus beau palais du monde à Paris, donc pourquoi tu n'en construis rien à 40 kilomètres ? Il y avait aussi cette notion-là. Et pour moi, la colonnade, c'est un endroit qui est... est d'une beauté folle et qui à la banque fin qui s'est réveillée à l'abandon on va me taper dessus si j'y sommes mais mais j'ai pas du tout à leur dire dans les dans les décaissements dans les fossés il ya des âges éco depuis 25 ans des générateurs et les et l'esplanade en sable devant deux gils ont mis du sable parce que je pense qu'il sait pas quoi mettre d'autres et de deux ça sert de parking à des utilitaires et en fait je me dis mais cet endroit ça devrait être le plus bel endroit du monde et en plus on est vraiment dans un des centres de l'arrière peut pas être sans le contexte qui a autour c'est quand même complètement fou et moi je me suis toujours dit un jour il faudra faire quelque chose ici moi j'imagine des jardins dans les fossés d un truc fait un lieu de vie de vie aussi, vraiment un lieu de vie avec, il y a des cafés somptueux juste en face, qu'on prolonge leur terrasse dessus, peut-être qu'on supprime cette micro-autoroute qu'il y a entre les deux qui est pas du tout agréable il y a un accès parking sur le côté donc on peut pas tout à fait supprimer la circulation mais il y a vraiment quelque chose à faire et on est dans un des endroits, c'est comme la place de la Concorde c'est un endroit que le monde entier nous envie c'est un des plus beaux endroits du monde, un des plus belles perspectives du monde, un des plus beaux ensembles architectural du monde en tout cas on aime cette architecture classique parisienne, on ne peut pas être insensible. Et les gens passent à côté sans le voir parce que l'environnement urbain autour, enfin l'aménagement urbain, c'est l'environnement urbain il est somptueux, mais l'aménagement urbain en fait n'existe pas. Et vraiment il y a vraiment un projet à faire quoi. D'ailleurs une autre colonnade, la colonnade de l'hôtel du palais de justice qui est Napoléon 1er pour le coup je crois, c'est pareil. supprimons ces barrières et ces cartes de CRS et faites-en un lieu de sculpture.

  • Speaker #1

    Madame, monsieur, futur ministre de la Culture et de la carte de dessous.

  • Speaker #0

    Et puis des lieux de vie surtout. Il y en a plein comme ça. La perspective du Jardin Botanique, par exemple, avec l'immense bâtiment, le palais dédié à la science de l'Histoire naturelle, il y a vraiment quelque chose chose à faire aussi je suis assez obsédé par les milieux urbains en général mais elle en plus ça coche pas mal de cas ce qui est la botanique aussi en plus c'est vrai que puis moi j'aime pas ces lieux qui sont alors déjà qu'ils sont dévalorisés par eux mêmes parce qu'en fait ils ont des potentiels fou et en fait juste alors je sais que c'est toujours compliqué que mais on peut faire des choses sans forcément sans forcément oui tousculé de la planète et Et puis, je ne sais pas pourquoi ça va un peu plus loin, mais c'est parce que ça devient des lieux de vie au lieu d'être simplement des lieux de... Enfin, la colonnade du Louvre, par exemple, les gens sortent de la cour carrée où ils passent pour aller sur les quais de Seine. Et en fait, la seule chose qu'ils doivent se dire, c'est « Ah tiens, il faut que je marche sur le trottoir, sinon je vais avoir du sable partout sur mes chaussures. » C'est vrai que c'est à l'époque où il y avait cette espèce de stabilité,

  • Speaker #1

    je ne sais pas comment ils appellent ça.

  • Speaker #0

    C'est horrible. C'est horrible. Donc voilà.

  • Speaker #1

    Message reçu, j'espère. Je le redis, Madame, Monsieur, ministre de la Culture, vous savez ce qu'il vous reste à faire. On arrive à la fin de cette conversation. C'est vraiment passionnant. Merci vraiment, Frédéric, pour ce voyage passionnant dans ton univers. Avant de terminer, j'ai quelques questions très simples, rituelles qu'on pose et que je pose à tous les invités. Alors déjà, qu'est-ce que tu dirais à un jeune designer qui hésite à se lancer, qui est en train... de se dire maintenant on me dit qu'il faut être avocat, mais en même temps j'ai envie de créer des trucs, tu dirais quoi ?

  • Speaker #0

    Que déjà d'une, il faut faire ce qu'on veut dans la vie, première chose. Je pense que si on veut avoir une vie qui fonctionne bien, il faut vraiment le baser sur son épanouissement personnel. Et bosser dans un domaine qui nous plaît, c'est déjà une bonne partie de cet objectif. Et puis ensuite, qu'il fasse ce qu'il a envie, en fait. Parce que ça va forcément fonctionner. S'il fait ce qu'il a envie et qu'il comprend comment le valoriser, le monde est immense. Enfin, vraiment, il y a...

  • Speaker #1

    Zéro limite.

  • Speaker #0

    Je ne dirais pas qu'on a un milliard de clients potentiels, mais en tout cas, on a beaucoup plus de clients potentiels que ce dont on a besoin. Et puis ensuite, il faut par contre que ces clients comprennent qu'on existe. Et donc ça, c'est la partie peut-être la plus compliquée, sincèrement. Mais ouais, c'est juste... se lance en fait parce que c'est pas un métier facile mais par contre c'est un métier qui est infini et par définition plus c'est un métier qui vient de nous donc s'il ya bien un métier dans lequel on est censé s'épanouir c'est celui ci si le design c'était une musique un film tu choisirais

  • Speaker #1

    quoi comme morceau comme film qu'est ce qui deviendrait l'esprit pour le décrire qui sont très difficiles

  • Speaker #0

    En fait, tout de suite, j'ai des images de Bienvenue à Gataca qui m'arrivent en tête. Mais je pense que c'est parce que j'ai vu ce film. J'ai un frère qui a 4 ans de plus que moi. Du coup, il a dû le regarder quand il avait, je ne sais pas, mettons, 14 ans. Donc moi, j'étais beaucoup plus jeune.

  • Speaker #1

    Donc toi, ça t'a frappé parce que c'était...

  • Speaker #0

    Et j'ai ces images de... Ça rejoint un peu les meilleurs, d'ailleurs. C'est une architecture qui est très largement inspirée.

  • Speaker #1

    C'est même carrément...

  • Speaker #0

    C'est peut-être carrément filmé là-bas, d'ailleurs.

  • Speaker #1

    Oui, c'est bien possible.

  • Speaker #0

    C'est beaucoup plus blanc, donc peut-être un peu retouché, mais je ne sais pas.

  • Speaker #1

    Il y a un côté très...

  • Speaker #0

    il y a une étude à faire mais en tout cas j'ai tout de suite ce film qui m'arrive en tête et esthétiquement parlant c'est un l'histoire elle est ce qu'elle est j'adore la science fiction mais elle est ce qu'elle est mais par contre esthétiquement il y a quelque chose qui est c'est vraiment du volume, il n'y a pas de décoration dans ce film des aplats de couleurs, des aplats de blancs, des volumes, des lumières, des choses comme ça qui jaillissent au fin fond du pays. Enfin, je trouve ça super intéressant.

  • Speaker #1

    Écoute, il faut que je le revoie. Je l'ai vu il y a une bonne quinzaine d'années. Et enfin, si tu devais garder un seul meuble, un seul objet que tu possèdes, si tu devais en garder qu'un, ce serait quoi ?

  • Speaker #0

    Un objet que je possède ?

  • Speaker #1

    Que tu possèdes ou en tout cas avec lequel tu vis ? S'il ne devait en rester qu'un, ce serait lequel ?

  • Speaker #0

    Attends, attends, attends... Pas bonne question, très bonne question... Je pense à rien, je... La première vue j'irai à mes lignes. J'aurais tendance à dire que c'est pas vraiment un objet, c'est plutôt un empilement de tous mes carnets de croquis, de notes, etc. Parce que... J'suis tout le temps en train de prendre des notes. j'ai pas beaucoup de mémoire donc je suis tout le temps en train de prendre mes notes et en fait ça s'accumule partout tu gardes cette mémoire avant il y avait le bureau de mon assistant et le mien et le sien il était toujours très clean comme ça le mien il était couvert de papier parce qu'en plus plus ça s'accumule donc ça s'effondre. C'est plutôt cet empilement parce que c'est une espèce de... C'est vraiment mon disque dur en fait. C'est à la fois des annotations, des croquis etc. Mais c'est tout ce que... En fait j'écris beaucoup et je dessine beaucoup pour me libérer un peu, sinon ça me retède. Et du coup ça s'accumule depuis des années et des années. Et des fois je les réouvre. Parce qu'en plus finalement je les ouvre assez peu. Donc par exemple là je dois dessiner des tables par exemple pour un projet. Et en fait je commence à dessiner alors que je pourrais... très bien ressortir dans mes croquis enfin rentrer dans mes croquis plutôt, les observer, trouver déjà des idées qui ont peut-être été déjà un peu élaborées. Ben non en fait, c'est vraiment un disque dur oublié.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Frédéric, c'était vraiment un plaisir d'échanger avec toi. Ton travail montre qu'on peut allier simplicité, profondeur, respect des matériaux, du design. Franchement, c'est aller découvrir le travail de Frédéric. Frédéric Imbert, on te trouve sur Instagram, tu es un enfant d'Instagram. Instagram, tu l'as dit toi-même. On te trouve aussi dans des galeries, on mettra des liens en dessous de ce podcast. Dans le prochain épisode, on continuera à explorer des parcours uniques et inspirants. Et à très vite donc, Frédéric, dans The Design Talk.

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Description

Dans cet épisode de The Design Talk, je reçois Frédéric Imbert, designer et architecte d’intérieur, pour une conversation aussi riche qu’inspirante. De son obsession pour le contraste, à son rapport à la matière, il nous emmène dans les coulisses de son studio, où chaque projet devient une exploration entre artisanat, vision et responsabilité.

De Paris à Beyrouth, de ses premiers croquis d’enfant aux collaborations avec les grandes maisons, Frédéric nous parle de son approche instinctive du design, de la place de l’architecture dans nos vies, et de ses projets où le sensible rencontre le fonctionnel.


Un voyage à travers le temps, la matière et l’émotion, à écouter sans modération.

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Les liens importants :


https://www.f-imbertstudio.com/
https://yourse.co/collections/frederic-imbert?srsltid=AfmBOop6fdMpltMQY-iXE-mVljCA-6SBY9ZdZU5Hi-b0dZy8cz_YKqZ7
https://yourse.co/blogs/magazine/frederic-imbert-l-importance-du-faire-avec-ethique?srsltid=AfmBOoqEvPd9w7AU9EN8iA-Q1xwkDoTj81BUwVLUk_EENoEMA8Kr4Knx
https://www.linkedin.com/in/frederic-imbert-1038263a/?originalSubdomain=fr

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The Design Talk est produit par Franck Mallez. Fondateur de Yourse.co et de tcrewagency.com , ancien journaliste, et entrepreneur des industries créatives.
https://www.linkedin.com/in/franckmallez/
https://www.instagram.com/franckmallez/


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, je suis Franck Mallez, entrepreneur, fondateur, cofondateur de Yourse et passionné de design et d'architecture d'intérieur. Et dans ce podcast, The Design Talk, je pars à la rencontre de designers, d'artisans, d'éditeurs, d'entrepreneurs, d'architectes d'intérieur, de décorateurs, pour des conversations sincères, approfondies, intimes. On y parlera de matière, de process, de vision, mais aussi d'entrepreneuriat, de production. et de tout ce qu'il faut pour qu'une idée devienne une réalité. Parce que créer, ce n'est pas simplement imaginer, c'est aussi structurer, financer, fabriquer, distribuer, embaucher, se tromper, échouer, réussir et rêver. Alors prenez le temps, installez-vous et plongeons ensemble dans l'univers fascinant du design. Et bien voilà c'est parti, bienvenue dans The Design Talk, là où les idées prennent vie et où le design raconte des histoires. Ici on explore le design au-delà des formes, au cœur des idées et des âmes créatives. Et on a une âme créative avec nous aujourd'hui, Frédéric Imbert. Salut Frédéric !

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Bienvenue à ce micro. Je suis ravi de t'avoir parce qu'on va parler de ton parcours, de tes créations qui sont protéiformes, multiformes. Enfin voilà, il y a plein de choses à dire. Une question un peu pour introduire qui tu es. Tu vas avoir l'occasion de te présenter. Mais est-ce qu'il y a une chose, la première chose qui t'a inspiré ce matin quand tu as ouvert les yeux ? Est-ce qu'il y a un truc ? qui t'a inspiré plus qu'un autre jour ? Un son, une musique ?

  • Speaker #1

    Ah non, ce matin, c'était un peu bizarre, mais j'ai un immeuble horrible qui est devant chez moi. Et le ciel était splendide, et il y avait un contraste très très beau entre les deux. J'étais dans mon lit, je regardais, j'étais là, c'est sublime.

  • Speaker #0

    Le contraste entre le...

  • Speaker #1

    C'est vraiment, je pense, un des pires immeubles de Paris.

  • Speaker #0

    La laideur et le beau.

  • Speaker #1

    Sa façade paravalait depuis 1964, je pense. Et le ciel qui était bleu, bleu, bleu, c'était vraiment...

  • Speaker #0

    A Paris, donc. Oui,

  • Speaker #1

    le premier ciel d'hiver, là, ils sont toujours splendides.

  • Speaker #0

    Ah oui, quand c'est... Super. Alors, si jamais quelqu'un entrait dans ton univers pour la première fois, ne te connaît pas, ça serait quoi la première chose que tu aimerais qu'il ressente de toi, de tes créations ?

  • Speaker #1

    Qu'il ressente des choses, déjà, c'est bien. C'est un peu le premier but du travail du studio, en fait. C'est de remettre des sensations, des sentiments, de la sensibilité. refaire jouer les sens dans le quotidien des gens.

  • Speaker #0

    T'aimerais qu'ils ressentent une émotion.

  • Speaker #1

    Exactement. Et c'est une émotion qu'elle soit visuelle, qu'elle soit du ressenti et que ce soit pas une table et pas censée être juste un plateau. C'est censé être un objet qui a une interaction avec un humain qui lui-même a des sentiments. Du coup, la table est censée participer à ces sentiments. Et un intérieur encore plus.

  • Speaker #0

    Alors, pour décrire un peu qui tu es, qu'est-ce que tu fais ? si tu devais expliquer à un enfant de 6 ans très simplement ce que tu fais dans ta vie comment tu lui décrirais ?

  • Speaker #1

    Je pense que je crée des choses pour répondre à des problématiques qui sont en général pas les miennes qui sont celles des clients et après et voilà et d'une façon sensible d'une façon raisonnée responsable ça c'est très important et avec la touch du studio qui se développe de projet en projet mais si on commence à se positionner tu veux nous en parler en détail donc en gros tu étais des designers le

  • Speaker #0

    studio alors le studio frédéric Avec un verre, donc, imagine créer des objets.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Qui ont une fonction.

  • Speaker #1

    Des objets, des meubles, des intérieurs. Des intérieurs pour des particuliers, pour du public. Là, on travaille avec une mairie pour la première fois. fois, de l'espace public, donc ça c'est intéressant, un univers complet. Moi le studio je l'ai créé parce que partout où on voulait me recruter à la base, on voulait que je... enfin c'était que des agences très spécialisées. Moi je me suis dit je rêve de faire une boutique de telle marque, mais je vais en faire 400 fois la même.

  • Speaker #0

    Et le lendemain de pouvoir faire un intérieur ?

  • Speaker #1

    Je veux qu'ils m'appellent pour la faire, mais ensuite voilà, il faut quand on a envie. J'avais la chance d'avoir l'envie de tout faire et aujourd'hui j'ai la chance de pouvoir commencer à toucher un peu à tout.

  • Speaker #0

    Tu as quel âge Frédéric ? 36. 36, donc première moitié de ta vie professionnelle. Raconte-nous comment... T'es arrivé là où tu es aujourd'hui, c'est-à-dire à être indépendant, designer, peut-être à commencer à choisir tes projets. Comment on devient designer ? C'est quoi ton parcours ?

  • Speaker #1

    En fait, moi, j'ai su très tôt que j'étais passionné. Passionné par l'architecture, ensuite par l'architecture d'intérieur, par le monde en général de toute façon, tout ce qui nous entoure, nous enveloppe. Enfin, je dis que je suis passionné d'architecture, mais je suis aussi complètement passionné de botanique ou de plein de choses. choses je suis un peu je dors pas beaucoup donc j'ai beaucoup de temps pour beaucoup de passion et puis je suis assez obsessionnel en plus donc du coup j'ai tendance à creuser les choses un peu trop et en fait ça s'est établi très très tôt et d'ailleurs je pense que c'est un peu la botanique même si quand j'avais 5 ans je pensais pas que c'est de la botanique mais on va dire les plantes et l'observation de la nature et l'univers de la nature quand j'étais petit par exemple je faisais des micro environnement dans des immenses soucoupes sur la terrasse de mes parents je plantais des arbres je les taillais Et en fait, mon objectif, c'était que ça ressemble à quelque chose de plus naturel possible. Je les inondais. Et puis en parallèle, je dessinais. Ma mère, elle bossait. Ma mère travaillait à la BNP. À l'époque, ils avaient encore des imprimantes avec le papier qui se déplie. Oui, oui. En 1980. Et en fait du coup ça faisait des feuilles infinies et moi je dessinais des villes infinies comme ça et je sais pas d'où ça vient je pense que parce que j'ai joué au Simis après mais 10 ans plus tard donc c'est venu de quelque part je sais pas d'un film de je sais pas quelque chose que j'ai dû voir un moment et j'ai ce souvenir de dessiner des villes sur des kilomètres de papier comme ça et et en fait tout ça ça a créé quelque chose où quand j'ai commencé à être ado et puis quand il a commencé à au moment du bac etc, que j'ai pas eu d'ailleurs, comme quoi morceau de papier, en tout cas c'est comme ça que je considère enfin en tout cas moi j'ai continué mon histoire sans ça et en fait quand il a fallu choisir je me suis dit ben l'architecture c'est peut-être un peu trop spécialisé l'urbanisme me passionnait mais trop spécialisé puis j'avais du mal à voir comment de l'immensement grand pouvait revenir du tout petit à une tringle à rideaux par exemple. Oui à donner du temps peut-être. je suis allé vers l'archi d'intérieur, enfin un diplôme en architecture d'intérieur, parce que je me suis dit que c'est un peu carrefour, c'est un peu fourre-tout, ça m'a l'air assez généraliste, et surtout j'avais un peu l'impression qu'on en faisait un peu ce qu'on voulait, parce que je voyais plein de gens qui avaient fait des études d'archi d'intérieur et qui faisaient tous les métiers du monde en sortant de là. Donc du coup, c'est pour ça que j'ai choisi l'architecture d'intérieur. Puis après, c'est le parcours. J'ai fait mes études en alternance. Donc là déjà, j'avais décidé de faire deux choses complètement différentes. la première année j'étais sur la rénovation, enfin j'étais un sous-traitant de Pierre Evrochon, donc de l'architecture classique, relativement rigoureuse.

  • Speaker #0

    Des projets essentiellement résidentiels ?

  • Speaker #1

    Non, on travaillait sur la rénovation du Ritz à Paris, et sur le grand hôtel à Saint-Jean-Cap-Ferrat, un petit peu sur le Carlton, des hôtels assez iconiques comme ça. Donc déjà pour commencer à 19 ans, c'est plutôt sympa. Et puis comme c'est relativement rigoureux, du coup ça forme la méthodologie. Très très rapidement, on m'a briefé sur la méthode et du coup ça libère la création. En tout cas c'est comme ça que personnellement je travaille. sa agition et la deuxième année c'était complètement autre chose puisque je travaillais dans une entreprise qui organiserait, qui scénographiait des défilés de mode, des événements etc. Donc vraiment un monde très très éloigné, qui ne te connaît même pas, peut-être complémentaire dans un sens.

  • Speaker #0

    Les activités ont lieu parfois peut-être au Ritz, je ne sais pas si c'est le lien qu'on peut y voir.

  • Speaker #1

    Et du coup c'était un peu, et en fait toute ma carrière, enfin tout mon ébauche de carrière ça a été comme ça et puis après j'ai continué. Ça fait rire les gens qui me connaissent, mais je crois que j'ai fait 10 ou 12 agences en 10 ans. Par choix ? Partout dans le monde.

  • Speaker #0

    Tu voulais te tester ?

  • Speaker #1

    Parce que je faisais un projet. J'ai travaillé sur des projets pendant presque deux ans, des fois. Une fois que le projet était fait, j'allais voir ailleurs s'il y avait quelque chose à apprendre. Du coup, je continuais. J'allais apprendre, en fait.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a un moment précis où tu as réalisé, tu t'es dit, je veux créer... des objets, des univers, des intérieurs, depuis l'instant où tu croquais des villes sur des rouleaux de feuilles ou tu faisais des espèces d'univers naturels miniatures dans le jardin de tes parents, est-ce qu'il y a un moment où tu te dis, c'est ça que je veux faire de ma vie ?

  • Speaker #1

    Ce qui est certain, c'est que très très très tôt, j'ai souhaité être indépendant. Très tôt, j'ai eu besoin et envie de tenir un projet. mon projet, d'obtenir ma vie en main, dans un sens. Et en fait, tout ça, les fins. J'ai monté mon studio pour mon épanouissement aussi. C'est vraiment si c'est parce que je me sens bien à faire ce que je fais toute la journée. Et je travaille à me sentir bien en fait, en faisant des choses. Donc c'est assez. C'est assez simple finalement, comme constat. Et en fait, oui, très, très, très, très tôt. Et d'ailleurs, mon parcours de changer, d'aller apprendre des choses partout, d'essayer de rencontrer plein de gens. Et d'ailleurs, des fois, en échangeant autour d'un café avec quelqu'un, j'ai appris plus que pendant deux mois dans une agence. Des fois, ça m'est arrivé. Mais... Et en fait, tout ça, ça a été dans le but de construire. Après, je ne savais pas exactement quand est-ce que j'allais mettre un pied dans cette indépendance réelle. Donc je faisais des petits projets par-ci, par-là. Et en fait, c'est l'année des 30 ans où cette année-là a été un peu capitale parce que... Parce que déjà, c'est l'année des 30 ans. Je crois que ça marque un peu. Ça marque un peu.

  • Speaker #0

    Tu vas voir que toutes les dizaines, c'est comme ça, d'une manière différente.

  • Speaker #1

    Je n'attends pas impatiemment la quarantaine, mais on verra ce que ça donne. Et puis en plus, c'était l'année des 30 ans, j'avais déjà un petit background, j'avais grossièrement 10 ans déjà de travail, d'activité derrière moi. J'avais géré des choses très importantes, des projets à 10 millions de dollars de budget. Du coup, j'étais, si les gens m'ont fait confiance, je peux commencer à me faire confiance. Et puis en plus, c'est l'année où j'ai les premiers clients qui ont remarqué mon travail et du coup, j'ai un peu pris confiance en moi dans le regard des autres finalement.

  • Speaker #0

    Quand tu dis des clients qui ont remarqué mon travail, tu commençais donc à créer pour toi depuis... Enfin, tu n'avais jamais vraiment... Il n'y a pas eu un démarrage, tu as toujours créé pour toi.

  • Speaker #1

    Exactement,

  • Speaker #0

    oui. Et comment ils l'ont fait ? Comment ils l'ont remarqué ton travail ?

  • Speaker #1

    Le bouche à oreille, Instagram.

  • Speaker #0

    Donc tu publiais ?

  • Speaker #1

    Je suis en produit d'Instagram à la base. C'est vraiment... Aujourd'hui, les produits TikTok, ma génération, les produits d'Instagram. Et puis voilà, je montrais des croquis, je montrais des... des prototypes mais qui en fait étaient mes meubles chez moi qui étaient des formes très simples en général en plâtre ou en bois et en fait c'est comme ça que ça a commencé et du coup des premiers clients ont commencé à remarquer et c'est vrai que quand un jour il y a le directeur de l'archi chez Isabelle Marant qui t'appelle et qui te dit oui on aime bien ton travail, on voudrait te rencontrer il pourrait travailler avec tout le monde donc c'est agréable, puis après il y en a eu d'autres après il ya un promoteur immobilier puis après il ya quelqu'un pour une ville là dans le sud de la france et puis après des gens avec lesquels je travaille commence à parler de moi donc du coup ça veut dire que je travaille bien puisque ils vont apprécier voilà donc tout ça en fait c'est tout un processus de mise en confiance en fait qui m'a enfin qui a créé le mois d'abord et le studio et alors du coup donc t'es

  • Speaker #0

    clientes remarques te contactent on va reparler d'Isabelle Marant parce que c'est intéressant de comprendre le processus peut-être de création d'un projet comme celui-là en parallèle de quoi tu étais encore dans des projets salariés ou tu faisais d'autres choses pour d'autres mais est-ce que tu bascules un moment en disant ok stop j'arrête tout ?

  • Speaker #1

    Oui en fait à peu près deux ans avant un an et demi, deux ans avant de me lancer vraiment en solo je me suis dit J'avais décidé de faire exclusivement du freelance et en plus dans un domaine que j'apprécie et dans lequel j'allais à nouveau apprendre des choses. Je faisais partie des équipes de Villa Eugénie et on organisait des événements, des choses.

  • Speaker #0

    Villa Eugénie, pour ceux qui nous écoutent, c'est une grosse et belle agence d'événements essentiellement tournée autour du luxe et de la mode.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Qui organise notamment des défilés, j'imagine, des grands dîners, des trucs comme ça.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Très prestigieux.

  • Speaker #1

    Et en fait, finalement... j'ai travaillé avec eux peut-être un an et demi donc c'est pas énormément de projets parce que c'est tellement des projets au long cours que c'est pas colossal mais par contre c'était de l'apprentissage encore une fois en plus j'ai rencontré des gens vraiment très très intéressants là-bas et Et oui, en fait, c'est à la fin d'un des événements. C'est un événement qui était à Londres, une très grosse soirée à Londres, où je me suis dit, bon, je termine cet événement. Je crois qu'il était 5 heures du matin, je rentrais du chantier. J'étais en train de marcher vers mon hôtel et je me suis dit, je sens que c'est le moment. Je me suis lancé vraiment en solo. Bon, la blague, c'est qu'on commençait à entendre parler du Covid. C'était en 2019 du coup. Et donc du coup l'Europe observait un petit peu, ça commençait un petit peu à partir en live en Italie.

  • Speaker #0

    D'ailleurs c'est à cause des événements comme ça que le Covid s'est propagé en Europe. Et tout le monde raconte que c'était le défilé de la fashion week de Milan. qui, je pense, m'ont lu en février 2020, qui ont achevé, ça serait évidemment arrivé, mais qui ont achevé de propulser tout ça. Les gens qui assistent aux Dédéfinis sont des gens qui vont à Milan, puis ensuite ils viennent à Paris, qui étaient à Londres avant. Et donc voilà, c'est fini après. Toutes les rédactrices sont infectées et c'est fini.

  • Speaker #1

    C'est vraiment le moment où... Et en même temps... Vraiment, je me rappelle, j'étais en train de marcher dans la rue et puis j'ai eu une espèce de sentiment de... ... C'est bon, c'était cool, très intéressant, mais maintenant si je veux avancer, il faut que je fasse 100% du temps sur mon projet perso et moins sur les projets des autres. C'était vraiment le calendrier qui n'a pas été tout à fait adéquat. J'ai pu bien réfléchir pendant un an et demi ensuite. De toute façon,

  • Speaker #0

    si tu n'avais pas pris cette décision, je pense que les événements s'étaient arrêtés. Tous les événements de la planète Maud, mais ailleurs, se sont arrêtés.

  • Speaker #1

    Dans tous les cas, j'aurais été en galère.

  • Speaker #0

    Donc voilà, tu aurais été en galère de toute façon. Donc c'était très bien de te dire...

  • Speaker #1

    non j'avais prêts de me lancer ça je rappelle quand on a commencé à donc j'avais quand même j'avais deux petits projets d'ailleurs un riz de la roquette d'archi d'intérieur qui était très sympa qui est un peu mes deux premiers petits projets et avec une fois une maison à nice avant d'autres choses et en même temps la première chose que j'ai fait c'est me faire durer des sacs de plâtre et puis voilà il fallait s'occuper de toute façon je fais livrer à des des sacs de plâtre, du matériel pas cher et efficace. J'étais au 5ème étage d'un immeuble à Montreuil. Je pense que mes voisins m'ont pris pour un fou.

  • Speaker #0

    Tu fais livrer du plâtre et du bois. Le mec va mûrer ses fenêtres.

  • Speaker #1

    Je crois que j'ai fait livrer 30 sacs de plâtre de 50 kilos chacun. Comme j'étais au 5ème étage, j'ai dû mettre deux semaines à les monter. C'était horrible à monter. Du coup, je pense que c'est Je pense que les voisins m'ont vraiment pris pour un fou. Et puis, du coup, je me suis enfermé pendant un an, plus ou moins, entre quelques chantiers. Et puis,

  • Speaker #0

    ton appart, ta plâtrière d'appartement.

  • Speaker #1

    Voilà, qui n'était pas dans de très, très bon état en ce moment, mais ce n'est pas grave.

  • Speaker #0

    Alors, on va raconter justement avec quel matériau tu travailles et comment on peut décrire ton travail. Juste avant, je voulais que tu nous parles un peu de l'influence qu'ont eu certaines destinations pour toi. Avant d'enregistrer cette discussion, on a eu une conversation et tu me parlais du travail entre Paris et Beyrouth. En ce moment, on est fin 2024, les choses se calment un peu au Liban, mais elles sont loin d'être très calmes depuis plusieurs mois, voire plusieurs années. Donc tu y vas peut-être un peu moins en ce moment. Raconte-nous un peu pourquoi le Liban, comment c'est arrivé et en quoi ça a influencé ton travail.

  • Speaker #1

    En fait, le Liban, j'ai rencontré ce pays. formule un peu étonnante mais bon c'est pas grave c'est une rencontre on parle bien justement de toutes ces agences dans lesquelles j'ai travaillé pendant un an et demi j'ai travaillé dans une entreprise qui a disparu maintenant qui s'appelait Cityled qui était un sous-traitant light in design de Valo des Pistres pour un pour un très gros projet à Beyrouth.

  • Speaker #0

    Donc Val-de-Péry, ce gros cabinet d'archi.

  • Speaker #1

    C'est un des plus gros de Paris, je pense.

  • Speaker #0

    Et au monde, je pense qu'il en fait partie aussi.

  • Speaker #1

    Et donc c'est un cinéma splendide dans le centre de Beyrouth. Et du coup, je me suis retrouvé... là dessus j'étais intérimaires des remèdes y un jour on est venu voir en fait tu connais le liban des designers à la base oui bon bah bien voilà c'est vraiment la discussion qui a eu lieu ça a été très très qu'il y avait un chef de projet commercial un chef de projet design développement technique on va dire que les mois du coup et en fait voilà je me suis retrouvé propulsé du jour au lendemain il ya des poursuivre le projet, pour suivre tous les aspects imaginables d'un projet. Et du coup, j'ai travaillé dessus un an et demi, je pense. Et quand le projet s'est arrêté, enfin quand il a été livré, je me suis dit qu'un an et demi sur un projet, c'est un projet énorme. C'était 7 millions de dollars de budget, 6 ou 7. C'était vraiment très, très important. Les designers du projet, c'est Kylight et Annabelle Karim-Kassar. Et nous, en fait, on venait... développer le projet que eux avaient designé. Et du coup voilà je me suis dit qu'il était temps que j'aille chercher d'autres compétences. Et en fait, je me suis dit, pourquoi pas partir à Beyrouth pour voir mon évif ? Parce que très régulièrement, j'y allais au moins une fois par mois, mais très souvent, je sautais dans un avion le soir. J'avais un rendez-vous à 10h le lendemain et à 14h, j'étais dans l'avion.

  • Speaker #0

    Et donc, cette rencontre avec le Liban, parce que je trouve que c'est vrai, c'est vraiment une rencontre. Première fois, tu poses les pieds là-bas, tu vas poursuivre un projet, tu ne sais pas trop à quoi t'attendre.

  • Speaker #1

    C'est ça. Et surtout, à chaque fois que j'y allais, je ne rencontrais pas du tout le pays, parce que j'allais d'un hôtel à un... Et en fait, c'est... quand justement j'ai décidé, donc en arrêtant ce projet, enfin le livrant, en le terminant, j'avais envie de voyager, j'avais envie un peu d'être face à moi-même aussi, parce que j'avais vraiment fait le parcours collège, lycée, études non-stop sans m'arrêter, en bossant pendant toutes les vacances pour payer mes études, enfin bref c'était vraiment à la fois extrêmement linéaire et puis en même temps... pas vraiment ce que j'avais envie de faire, j'avais envie de quelque chose d'un peu plus choisi dans un sens. Donc du coup je me suis dit bon bah tiens je vais partir à la découverte du Liban, je devais partir trois mois. Je suis parti une première fois c'était, je crois que j'ai arrivé en juin, je suis parti en octobre il me semble. Et donc là j'ai travaillé avec un product designer, Cyril Najjar. ça a été une très bonne entrée en matière et après je suis rentré à Paris et après je me suis dit mais en fait Beyrouth c'était sympa du coup j'y suis retourné et puis là par contre j'y suis allé en me disant j'y reste jusqu'au moment où j'en ai marre et du coup là j'y suis resté 3 ans ans. Et depuis, donc là, c'était vraiment une rencontre, et en fait, c'est une rencontre... Alors, je m'étais juste donné comme objectif, si je pars à Beyrouth, je travaille dans une agence qui est vraiment d'archi d'intérieur. Je voulais vraiment remettre un pied dans l'archi d'intérieur, construire, enfin, je voulais vraiment devenir archi d'intérieur, en fait. Et donc, arrêter, justement, de multiplier les expériences, et là, vraiment de focus sur mon cœur de métier, on va dire. Donc, du coup, j'ai été embauché chez Nabil Dada et Adib Dada, qui est une des plus grosses agences d'archi d'intérieur et et voilà et en fait j'ai développé,

  • Speaker #0

    je me suis développé je me suis rencontré j'ai rencontré plein de gens et je me suis retrouvé dans un milieu de créatif et alors justement qu'est-ce que tu y as trouvé des compétences des agences qui t'ont permis de te concentrer sur un métier comment te dire c'est quoi la c'est quoi la différence entre voyager de Paris à Beyrouth et travailler à Beyrouth et y passer un an, six mois, etc. Est-ce que ça aurait été différent si tu l'avais fait à Milan ou à New York ? Qu'est-ce qu'il y a de plus ?

  • Speaker #1

    En fait, moi qui suis parisienno-parisien, il y a quelque chose qui m'a toujours marqué, qui m'a marqué très rapidement quand je suis arrivé à Beyrouth, c'est que tout le monde se connaît. Milan, ça peut un petit peu être comme ça. C'est à la fois des capitales, En même temps, c'est des villes à échelle humaine. Il y a quelque chose où tout le monde se connaît, au moins tout le monde se rencontre, tout le monde se voit.

  • Speaker #0

    Dans une communauté, en tout cas. Parce que je ne connais pas très bien Beyrouth, mais ce que je comprends de ce pays, c'est que ce sont des communautés qui, entre elles, sont effectivement extrêmement...

  • Speaker #1

    perméable donc tout le monde se connaît au sein d'une communauté en revanche entre les communautés c'est des groupes sociaux mais en même temps c'est un peu la même chose à paris dans là par exemple il ya pas très longtemps j'étais dans une soirée où il doit y avoir plein de designers il y avait 400 personnes je connaissais personne ce qui est assez étonnant et en fait c'est juste que c'était la communauté des product designers parisiens alors que moi je suis plutôt dans la communauté des designers arts décoratifs et en fait on se connait pas mais Beyrouth par exemple je sais pas quand on à partir du moment où on devient avec je sais pas un styliste très rapidement on rencontre tous les stylistes à peu près de la même génération par exemple c'est exactement ce qui s'est passé et par le biais d'un de mes colloques par le biais de mon travail par le biais de mes collègues enfin j'ai rencontré vraiment plein de gens extraordinaires et en plus en fait de les observer d'être entouré de toute cette créativité de cette énergie et en plus on avait tous à peu près le même âge donc on est tous un peu au même niveau, dans les mêmes vibes et en fait c'est là où je pense que je suis devenu designer là-bas en fait c'est là où j'ai commencé à faire mes premiers croquis Voilà, ça fait partie de l'attachement d'ailleurs. Et après, la vie là-bas, c'est une petite ville, c'est compliqué. Et en même temps, c'est génial. Je ne suis pas du tout le Beyrouth piscine et champagne. à mon bébé route pas de robinet par des clés cités en même temps une chaleur pas possible et des rencontres géniales enfin donc la créativité là bas est ce que l'histoire

  • Speaker #0

    de ce pays sa culture, son actualité, influence la création, et notamment en archi.

  • Speaker #1

    Pour moi, il y a deux choses au Liban. C'est que, en fait, la première chose, c'est que c'est une Beyrouth, et le Liban en général, c'est... c'est le lieu du plan B. Donc du coup, il faut toujours trouver des solutions à tout. Donc du coup, automatiquement, moi je ne comprends pas les designers ou les architectes, par exemple, qui se plaignent des normes, etc. Parce que je suis persuadé que c'est... un coup de boost au contraire à la créativité d'avoir quelque chose qui soit une situation complexe et de devoir y répondre ça c'est vraiment Beyrouth c'est une galère en permanence mais pour des fois parce qu'en fait tout est très cher tout est pas forcément accessible enfin bref ça c'est la première chose et la deuxième chose je pense qui est assez importante c'est qu'il y a ce phénomène de ville-monde alors Paris est une ville-monde par exemple parce qu'il y a des gens qui viennent de partout et c'est un melting pot complètement incroyable ... et du coup tout le monde se côtoie, tout le monde se rencontre, tout le monde s'échange. Et la créativité parisienne, elle est en grande partie due à ça. Beyrouth, c'est que des Libanais, ou presque, mais par contre c'est des Libanais qui, eux, viennent de partout. Donc du coup, ils se retrouvent là. Et du coup, moi j'ai des amis qui ont grandi en Côte d'Ivoire, j'ai des amis qui ont grandi en France, des amis qui ont grandi en Arabie Saoudite, au Qatar, aux Etats-Unis, au Canada, au Nigeria, et ils se sont tous retrouvés à Beyrouth, et du coup, à la fois ils sont tous de... ils ont tous un socle commun de Libanais et en même temps ils viennent tous mélanger toutes leurs expériences personnelles et familiales et bam il y a quelque chose qui s'épanouit et en plus c'est une ville qui est extrêmement connectée au monde donc du coup il y a en plus cette observation continue du monde qui vient encore se greffer là dessus et du coup je pense que c'est en partie pour ça que c'est une ville qui compte dans la création mondiale complètement

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, tu y retournes, tu y travailles, tu as des projets là-bas ?

  • Speaker #1

    Les projets là-bas, c'est un peu compliqué en ce moment. Ils ont tous été annulés. Ça commence à arriver. J'ai une première collaboration avec une galerie, Chaos, Sherbel Laoud, donc on a produit des miroirs en bronze que j'ai sculptés sur place, etc. C'est vraiment un projet 100% Beyrouth. Après, on commençait à signer, on allait signer des projets d'archives intérieures, mais tout a été stoppé au moment, avec Gaza. et encore plus ce qui se passe aujourd'hui mais ça va revenir et puis de toute façon mon objectif c'est de alors à la fois j'y passe pas beaucoup de temps parce que je vais y passer l'équivalent de deux mois, deux à trois mois par an répartis sur une semaine par ci, une semaine par là mais l'objectif au long terme c'est mon obsession personnelle c'est d'avoir un bureau là-bas et de vraiment avoir si je pense un peu entrepreneur ce serait vraiment d'avoir une équipe à paris et puis sa petite soeur à beyrouth notamment parce que comme j'ai enfin j'ai un réseau dans la région donc du coup on est quand même de plus en plus appelé pour des projets en arabie saoudite au qatar aux émirats etc et

  • Speaker #0

    du coup être basé à beyrouth c'est super intéressant et bien intéressant mais est-ce que l'on crée est ce que tu crées quand ce qu'on tu crées là bas quand tu fabriques parce qu'on peut même parler de ça c'est différent de ce que tu fais en france où où je crois que tu vis entre Paris et la Normandie.

  • Speaker #1

    L'atelier en Normandie, aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Voilà. Comment le lieu dans lequel tu es influence ta création ?

  • Speaker #1

    En fait, je pense que pour moi, c'est un petit peu un tout, parce que j'ai toujours l'impression de vivre un peu partout en même temps. Et en fait, quand je suis à Beyrouth, je pense de façon obsessionnelle à Paris. Quand je suis à Paris, je pense de façon obsessionnelle à Beyrouth, etc. Là, par exemple, ça fait 15 jours que je n'ai pas pu mettre les pieds à l'atelier en Normandie, et j'ai envie de... d'une seule chose, c'est de m'enfermer pendant une semaine là-bas. Alors que quand j'y étais il y a 15 jours, j'avais juste envie de venir à Paris et de travailler avec un café tranquillement en terrasse. Exactement. Du coup, je pense que c'est dans ma tête, il y a un melting un espèce de mix généralisé comme ça. Mais par contre, c'est certain que, par exemple, les miroirs que j'ai sculptés pour la galerie Chaos, alors déjà, il y a des problématiques sont pas les mêmes parce qu'on produit pas tout à fait du bronze de la même façon à Beyrouth, au Liban qu'en France, ça c'est une première chose.

  • Speaker #0

    Pour une raison de quoi ? Disponibilité des matériaux ?

  • Speaker #1

    Parce que les coûts sont pas tout à fait les mêmes, c'est relativement cher de produire au Liban et en France aussi pour du bronze, de toute façon le bronze c'est toujours cher dans tous les cas. Et puis parce que voilà la façon de travailler n'est pas tout à fait les mêmes, les conditions sont pas tout à fait les mêmes, parfois la barrière de la langue peut intervenir. Enfin donc voilà donc tout ça il y a... Le public, enfin l'acheteur potentiel n'est pas le même non plus.

  • Speaker #0

    Et puis en même temps, c'est sûr que je ne peux pas avoir le même état d'esprit quand je suis en Normandie avec le climat normand, ou dans mon bureau, ou en terrasse à Paris, ou avec le contexte. Et là, par exemple, cet atelier un peu pop-up que j'avais fait, où on était au 9e étage d'une tour, c'était une tour post-explosion en fait, c'est pour ça qu'on l'avait eu, pour en faire un atelier, parce qu'elle n'avait pas encore été rénovée. c'est que ce sont du port j'imagine c'est ça exactement et du coup on avait une vue sur la skyline du centre-ville de Beyrouth qui est juste splendide tout le monde montre toujours les tours du waterfront à Beyrouth mais la skyline du centre-ville historique on va dire est juste pour moi une des plus belles que je connaisse et et qui en plus a été désertée complètement ou quasi complètement depuis l'explosion le centre-ville oui sur la crise économique avant puis la crise souvent même plus avant la crise politique qui ensuite mais quand on regarde cette skyline on comprend vraiment quand on quand on disait à une époque que beyrouth était le petit pas Paris du Moyen-Orient, quand on voit cette skyline, ça saute aux yeux en fait. Il y a une beauté dans la ligne, dans les lignes de la ville, dans la connexion entre les bâtiments, alors qu'il y a X styles différents. Et voilà, je sculptais avec ça, avec cette vue, et puis des choses toutes bêtes, mais je me souviens que je sculptais, en fait, au Liban, la nuit tombe assez tôt, et du coup, on a tout de suite besoin de lumière artificielle, et problème d'électricité bien entendu, et du coup, je sculptais juste avec un petit spot de ch... chantier minuscule alors qu'en Normandie, par exemple, à l'atelier classique, j'ai des barres de LED infinies, lumière du jour parfaite, enfin ça peut pas être le même travail.

  • Speaker #1

    Et la culture locale influence au-delà de ce que tu viens de décrire ? Les formes, les matériaux ?

  • Speaker #0

    Non parce que de toute façon la culture locale n'est pas ma culture en fait, je ne fais pas d'appropriation quoi que ce soit, moi c'est vraiment... un Saint-Denis, je me sens très bien, mais ma maison c'est Paris. J'ai un peu cette relation avec Beyrouth, c'est un peu comme les gens qui ont des maisons de famille quelque part où ils ont un grand attachement, mais en même temps c'est pas vraiment chez eux et en même temps ils ont toujours besoin et envie d'y aller, et ils s'y sentent extrêmement bien, c'est un lieu chaleureux. Pour moi c'est un peu cette relation-là. J'ai pas une maison de famille, mais j'ai Beyrouth.

  • Speaker #1

    C'est un peu ce sentiment.

  • Speaker #0

    C'est pas très froid, mais c'est une maison de famille. Oui, mais c'est sublime. Tout le monde doit aller à Beyrouth.

  • Speaker #1

    Absolument. Parlons un peu de plus en détail de ton travail, de tes créations. Comment tu, pour ceux qui ne te connaissent pas, qui ne connaissent pas ton travail, comment tu le décrirais ? Les objets, ils ressemblent à quoi ? Ils sont faits à quel matériau ? Ça a dû évoluer d'ailleurs avec les années.

  • Speaker #0

    Je pense que pour comprendre le travail, déjà, il faut voir un peu la méthodologie qu'on a derrière. C'est cool. la première chose c'est que chaque projet est différent d'ailleurs là j'essaye de lancer de l'édition et c'est un vrai travail pour moi de penser qu'un objet va être reproduit x fois c'est vraiment du état d'esprit c'est que vraiment un autre monde donc chaque projet est différent donc le contexte est très important et ensuite dans la méthodologie non on essaie de travailler le plus proprement possible pour normaliser l'aspect responsable durabilité etc en fait on le veut le normaliser et d'ailleurs ça se voit pas dans la plupart de nos projets si on n'en parle pas ça se voit pas et donc du coup ça crée des projets qui sont assez bigarrés peut-être de nous un exemple des projets très très très représentatif par exemple le cinéma on a rénové il ya un an maintenant une salle de cinéma dans le reflet midi 6 dans le cinquième, cinquième, sixième, cinquième. Où là, pour le coup, c'est un projet global. Donc c'est un projet à la fois d'architecture intérieure et de design. Parce que le but, c'est quand même de faire travailler les deux ensemble.

  • Speaker #1

    Juste, je te dis, fais un tout petit peu attention aux mains. Non, on a des micros qui sont hyper sensibles, et quand on tapote sur le micro, ça se prend.

  • Speaker #0

    Donc ce projet de cinéma, c'est un projet qui est complet, puisqu'on a... En fait, on est parti d'une salle de cinéma qui avait été rénovée dans les années 80, qui était rouge, comme tous les cinémas. Donc l'idée, c'est de faire quelque chose qui avait beaucoup de personnalités, qui soit différent, de remettre des arts décoratifs dans la salle de cinéma, ce qui pour moi était très important, de reconnecter les deux, qui avaient historiquement toujours été connectés. qui le lien s'était perdu dans les années 80 je pense 70 et ensuite de le traiter de façon durable et responsable. Donc on n'est allé chercher que des matériaux durables et responsables. Le tissu par exemple, c'est du tissu qui est 100% recyclé, 100% recyclable, en plus tout ça avec les normes de ce type de lieu. On est obligé de les respecter, elles sont très très hautes. L'isolation phonique, c'est des matériaux, c'est une forme de ouate de coton qui est issue du recyclage des vêtements. En plus, c'est lié à des ateliers de réinsertion, etc. Donc on a réussi un peu à prolonger, enfin en utilisant ce matériau, on a participé à avoir un impact social et économique, puisque du coup il crée des ateliers dans des localités où en général il n'y a pas beaucoup d'emplois. d'un coup, il y a un atelier avec 400 personnes qui s'installent. Ça redynamise rapidement une localité.

  • Speaker #1

    Je t'interromps, excuse-moi, c'était un cahier des charges de ton client ?

  • Speaker #0

    Non, ça c'est notre cahier des charges pour tous les projets. Quand ils viennent te voir,

  • Speaker #1

    ils savent que c'est comme ça.

  • Speaker #0

    Exactement. Quand ils viennent nous voir, c'est pour proposer quelque chose de différent. De différent et de... La notion de responsabilité, ça commence un petit peu à arriver. mais surtout c'est de la responsabilité qui ne... Enfin, ça dérange en rien leurs habitudes en fait. C'est nous qui travaillons dessus, ensuite on leur propose un projet, pour eux ça n'a aucune différence.

  • Speaker #1

    On peut imaginer que ça soit plus cher, c'est vrai ou pas ?

  • Speaker #0

    Non, absolument pas. D'ailleurs cette salle de cinéma, elle a coûté grossièrement 100 000 euros. rénové quand sa petite sœur parallèle qui est vraiment sa jumelle, elle a coûté deux fois plus. Donc qui a été rénovée de façon...

  • Speaker #1

    Oui, traditionnelle, non responsable.

  • Speaker #0

    Et elle est très belle aussi. Et voilà, donc du coup, par exemple, dans cette salle de cinéma, on a... créé des grands luminaires en papier recyclé donc enfin c'est du papier adapté bien sûr au non feu etc qu'on est donc qu'on est venu récupérer recouper réassembler pour créer des gros luminaire un peu nébuleux comme ça on a créé à l'atelier du coup il ya des parties en bois c'est du bois local enfin traité de façon responsable avec des vernis des patines et des vernis responsable les fauteuils par exemple on n'est jamais à 100% on peut pas être enfin on pourrait un jour est à 100% mais aujourd'hui on tend à être le mieux possible. Donc par exemple les fauteuils c'est une marque française ou si je me trompe pas les mousses sont fabriqués en Asie, la partie métallique est fabriquée en Europe de l'Est, l'assemblage est fait en France et la tapisserie est faite en France. Et puis par rapport à nos budgets aussi parce qu'on n'est pas sur des fauteuils à 3000 euros le fauteuil. Donc voilà on joue aussi...

  • Speaker #1

    Je m'attendais à beaucoup plus pour rénover une chalette.

  • Speaker #0

    Dans mon souvenir c'est 106 000 euros le budget. hors taxe.

  • Speaker #1

    C'est très raisonnable pour un cinéma. Ce projet, c'est quoi le process ? Ton client vient te voir, te dit je connais votre travail, j'aime bien votre travail, faites-nous une proposition. C'est comme ça que ça se passe ?

  • Speaker #0

    C'est un petit peu ça, oui. C'est le bouche à oreille qui a fait son travail déjà. La première personne à travailler, c'était le bouche à oreille. Ensuite, les personnes sont venues nous voir, le directeur artistique, Pierre-Edouard Vasseur qui est venu nous voir, qui m'a dit, enfin qui m'a demandé si ça m'intéressait et ce que je pourrais proposer. Il y avait une autre équipe d'ailleurs en parallèle qui travaillait dessus déjà. C'est un peu en compétition. Tu le savais ça ? Oui. Et du coup, moi la seule chose que je lui ai dit, je te préviens, si je t'en ai dit dessus, je ne fais pas un cinéma rouge. C'est hors de question. Et puis en fait, c'est ce qu'il cherchait, je pense, d'avoir quelque chose qui se différencie. Il y a une stratégie commerciale après, derrière. D'ailleurs, il m'a dit, il y a quelques mois, peut-être 4-5 mois, que la salle était bookée. Ils ont des très bons scores pour la salle. et il a loué énormément pour des événements des choses projection privée et c'est exactement et donc du coup ça montre que commercialement parlant on a fait notre travail aussi donc voilà c'était une de mes questions parce que en général on va rarement cinéma pour la salle sauf peut-être au grand rex n'est

  • Speaker #1

    arrivé d'elle au grand rex pour la salle je me fichais un peu du film je voulais la cérémonie de trucs des eaux avant et puis le décor donc là c'est assez représentatif des arts décoratifs français pas de quand elle date cette salle grand rex mais je sais pas mais elle est drôle elle est kitsch belle et kitsch en même temps mais je pense si après il y a le le Chinese Theater de Los Angeles il y a quelques salles comme ça emblématiques mais on va rarement dans une salle pour la salle parce

  • Speaker #0

    qu'en fait ça n'existe plus ça a été massacré partout historiquement toutes les salles de cinéma les salles de cinéma de toute façon sont les descendantes des salles d'opéra et de théâtre et c'est dans le... C'est quand on... Moi par exemple, une des choses qui a formé mon regard et ma passion pour le contraste, c'est Chagall à Garnier. Mais la connexion entre les deux, si un jour un client veut qu'on fasse ça chez lui, appelez-moi. Il n'y aura pas des moulures en Apollon 3, mais en tout cas, cette notion de contraste entre... entre deux époques et en fait voilà là on est dans le summum des arts décoratifs au service d'une prestation artistique et en même temps dans d'autres cinémas beaucoup plus petit c'était souvent que des petits candélabres suspendus au mur des psyllus en cristal un peu pauvret mais qui ont le mérite d'être là en fait donc et je pense que quand les gens vont c'est l'apothéose garnier je sais pas si une salle de salle de l'opéra dans le monde qui est plus grandiose que garnier mais mais c'est Il peut y avoir n'importe quelle représentation à Garnier, la salle est autant la star du spectacle que la représentation en elle-même. Ça, c'est une notion de réussite quand même pour le décorateur.

  • Speaker #1

    Et justement, tu sais que commercialement, ça a un impact positif. Tu perds, le contrat est rempli, parce que ça fait partie aussi de tes... de tes satisfactions, d'aider ton client à avoir un lieu...

  • Speaker #0

    C'est le but de notre travail. En tout cas,

  • Speaker #1

    dans un lieu commercial qui accueille du public, oui. Tu as été, toi, assister à des projections là-bas ?

  • Speaker #0

    J'en ai fait une. et ça regarde de l'écran c'est bizarre d'être à la fois non parce qu'en plus on a quand même des choses un peu spectaculaires il y a un luminaire qui fait plus d'un mètre de diamètre dans une salle d'une centaine de places c'est déjà assez imposant de positionner tout a été pensé pour que ça gêne pas le regard et c'est surtout les luminaires sont disparaissent presque quand en fait la salle et la salle est toute noire maintenant c'est un camaïeu de noir en texture et en coloris et est en fait si à ce compte quand les lumières sont allumées si c'est une salle un peu en lévitation maintenant avec ces objets comme ça qui flotte le long des murs et après quand la lumière s'étend un des petits challenge c'était que le moins de reflets

  • Speaker #1

    possible venant du film par exemple sur les luminaires en lévitation parce que oui on est dans un noir complet ce qui est ce qui est rare et du coup luminaire oui tu te donnes l'impression d'être d'être en lévitation génial bah moi j'aimerais bien découvrir cette salle il faut y aller donc le reflet mais d'ici dans le 5e pour revenir à ton travail de merges plus générales donc on va reparler des projets et un a sans doute d'autres qui qui peuvent vraiment nous intéresser est ce qu'il ya une personne un lieu où ou un événement qui a marqué ta vision du design alors tu as pas le chagall en fait oui je pense qu'il ya deux choses c'est ma quand j'ai compris et

  • Speaker #0

    ça c'est parce que je avance j'avais compris mais je l'assumé pas mais maintenant je pense que ma vraie passion c'est le contraste le trouver le contraste l'équilibré en contraste ça c'est vraiment quelque chose et d'ailleurs beaucoup de personnes quand il voit les projets d'archives intérieures qui sont quand même relativement pur avec toujours des matériaux très fort mais dans une ligne très pure et le design qui lui par contre est parfois un peu brutale et animale il comprenait que pas la connexion mais en fait la connexion c'est que ces objets doivent se retrouver dans ses intérieurs et le but c'est que les deux communiquent tout en étant dans un contraste fort en fait et ça ce sera je pense que c'est ma passion à vie et je pense que voilà c'est des lieux comme par exemple garnier qui m'ont qui

  • Speaker #1

    m'ont offert ça la ville en règle générale c'est en fait la ville les paysages enfin tout ça que tu disais en début de conversation le contraste entre la façade led et le ciel bleu

  • Speaker #0

    ça c'est quelque chose qui m'obsède en fait cette espèce de quelque chose qui est un peu antinomique l'harmonie dans le contraste ce qui bizarrement n'est pas censé fonctionner ensemble mais c'est vraiment ce qui m'obsède complètement et il y a quelque chose qui m'a vraiment fasciné quand j'étais pré-ado, j'avais peut-être 11 ans, quelque chose comme ça c'est la première fois que j'ai vu en vrai l'Arche de la Défense et je me suis dit comment un bâtiment peut être aussi beau que ça et c'est Et puis dans sa stature, dans ses proportions. Après, en plus, quand j'ai lu dessus, le contexte est fou. Et encore plus intéressant aujourd'hui qu'à l'époque, parce qu'il y a vraiment des bâtiments qui ont... Ça s'est resserré, ça s'est encadré. Et puis après, quand j'ai un peu lu dessus, et que j'ai lu par exemple que l'architecte l'avait fait de 110 mètres de haut, 100 mètres de large, parce que s'il avait fait 100 mètres de haut, on aurait eu l'impression qu'elle n'était pas carrée vue de loin. Donc du coup, il fallait... retravailler la perspective. Ce qui est en fait quelque chose de simple. les statues sur les portes de Notre-Dame, elles ont une tête complètement démesurée, comme ça on a l'impression qu'elles sont bien... Oui, vu d'en bas... ...qu'elles sont en art humain vu d'en bas, en fait. Finalement, c'est exactement le même principe, mais tout ça, en fait, ça m'a... ça m'a vraiment fasciné et je trouve que c'est le plus bel objet du monde c'est bizarre pour un petit... L'Arche de la Défense,

  • Speaker #1

    toujours maintenant ?

  • Speaker #0

    Je trouve ça splendide, pour un truc qui fait 1 km3 je trouve ça vraiment... Et puis cette ouverture, en fait on revient au contraste, cette ouverture quand on est en face, on est ouvert sur le monde comme ça, et en même temps dans une notion de... C'est un bâtiment politique, donc ça s'inscrit dans une logique d'urbanisme politique. Et puis on tourne la tête et on arrive sur ces miroirs qui reflètent le ciel. Et on ne sait pas si c'est une fenêtre qui s'ouvre sur le ciel ou si c'est le ciel qui est reflété dans une fenêtre. C'est splendide.

  • Speaker #1

    J'avoue que je passe très souvent à la défense. C'est marquant, c'est frappant. Tu l'aimes vu de... Dans quelle perspective ? Parce qu'il y a... Une volée d'escalier, si je ne me trompe pas, avec Paris, quand on a Paris dans le dos, face à l'Arche de la Défense. Donc là, c'est écrasant même, je trouve.

  • Speaker #0

    Ce qui est beau aussi, c'est que le bâtiment, il est là, en fait. Par exemple, cette volée de marche, elle ne sert à rien. Elle sert juste à servir l'architecture et l'impression, le ressenti du visiteur par rapport à... Le visiteur, il est même... En fait, il y a toujours ces choses, en plus avec les escaliers monumentaux, qui sont en plus très frenchy. C'est vraiment très français comme détail. un peu dans quelques dictatures c'est un peu grand développement et il y a cette chose où on est obligé de presque baisser en fait les escaliers sont tellement immenses qu'on est obligé presque de baisser la tête pour pas tomber et du coup on a cette immensité au dessus de nous et puis en plus c'est une forme qui est un peu particulière parce que comme on a l'impression d'avoir un vide je pense que 90% des gens se disent mais est-ce que ça tient ?

  • Speaker #1

    et comment ça tient ?

  • Speaker #0

    et non les premières fois que je l'ai vu c'était du RER le RER A Châtelet-Sergy où en fait il s'est posé dans le paysage comme ça, c'est splendide de la gare Saint-Lazare, quand on prend les trains de Saint-Lazare à un point X ou Y on le voit à chaque fois d'ailleurs de point de vue complètement différent et puis après depuis Paris et puis ensuite je devais avoir 12 ans quelque chose comme ça, je sais plus pourquoi je suis allé à la Défense pour une raison, peut-être pour le centre commercial je sais plus ... Mais par contre, cet objet, ça m'a fasciné complètement. C'est vraiment quelque chose que je trouve...

  • Speaker #1

    D'ailleurs, tu parlais de Sergi. Si je ne me trompe pas, si tu continues, si tu vas jusqu'à Sergi Pontoise, il me semble qu'il y a une perspective...

  • Speaker #0

    Tu as l'axe majeur. Voilà, c'est ça. Qui est splendide, oui.

  • Speaker #1

    Qui passe par l'axe, enfin l'axe passe par la défense.

  • Speaker #0

    Dans mon souvenir, c'est axé sur la Tour Eiffel, je crois. Ok.

  • Speaker #1

    L'axe majeur. Je pensais que c'était défense, arc de triomphe.

  • Speaker #0

    carousel du loup forcément maintenant je vais avoir un doute on vérifiera c'est splendide et puis encore une fois c'est vraiment un travail de paysage il y a l'axe majeur avec l'espèce de cadran immense la colonnade je sais plus combien il y en a et il doit y en avoir 12 ou 16 quelque chose comme ça mais immense en photo on peut pas comprendre la taille que ça fait je sais pas quelle taille elle fonde peut-être 20 mètres de Ausha colonne en espèce de marbre blanc ou reconstitué blanc comme ça c'est très années 80 un dessin comme esthétique mais c'est vraiment splendide. Et puis ensuite ça continue, ça descend, il y a un pont rouge comme ça, très très beau, qui va sur une île. Enfin il y a plein de symboliques, c'est un peu... Oui c'est vraiment l'architecture. Oui il y a vraiment quelque chose comme ça, c'est vraiment tous ces projets. Alors c'est pas vraiment Mitterrand mais il y a toute cette logique un peu mitterrandienne de donner de la symbolique dans des projets d'architecture, de dépasser la simple vocation utilitaire d'un bâtiment.

  • Speaker #1

    Oui c'est une symbolique forte.

  • Speaker #0

    Et là

  • Speaker #1

    le paysage a été transformé c'est quand même assez fou incroyable ça me donne envie d'aller voir retourner c'est super dans quand tu démarres un projet donc tu reçois un brief une commande qu'est ce qui te guide c'est plutôt comme c'est quoi la première étape c'est c'est un matériau c'est c'est une émotion c'est qu'est ce qui c'est quoi le plus il y en a un point de départ déjà en général on a deux types de projets c'est du mobilier ou de l'intérieur donc déjà c'est des

  • Speaker #0

    points de départ complètement différents le mobilier c'est un peu particulier parce que des fois on nous commande des pièces mais on sait à peine pourquoi dans quoi vont être etc parce que pour des raisons Quand on travaille pour des marques, par exemple, elles ne veulent pas trop communiquer, elles ne sont pas forcément très sûres. Des fois, elles sont sûres qu'elles veulent travailler avec nous, mais elles ne savent pas vraiment encore à quoi va ressembler la boutique, par exemple. Donc du coup, là, on travaille sur le mobilier pour un hôtel, par exemple, où c'est une autre agence d'architecture d'intérieur qui fait l'hôtel. Et nous, on vient apporter une collaboration, en fait. Donc du coup, on est dans quelque chose qui vient se compléter, qui vient se contraster l'un avec l'autre. qui vient dialoguer, donc ça c'est super intéressant. Donc là, ça part d'un cahier des charges. Ok,

  • Speaker #1

    donc là c'est une fonction, ils vont te dire on veut des consoles, on veut des tabourets, etc., des tables, mais ils vont jusqu'à te dire, parce que ton travail, on va en reparler encore un, des matériaux, parce que c'est très spécifique la manière dont je trouve, dont tu travailles, les matériaux que tu utilises, l'éco-responsabilité,

  • Speaker #0

    le...

  • Speaker #1

    L'art et povera, je ne sais pas si on peut dire ça en parlant de ton travail, mais il y a un côté très... comment dire... Le matériau le plus basique pour en faire un truc très spectaculaire, très organique. Donc voilà, je trouve que c'est intéressant. Le client vient te voir en disant « j'ai vu que vous faisiez une collection en marbre ou en papier mâché, je ne sais pas comment tu l'appelles, etc. C'est ça que je veux ? » ou c'est après toi qu'il va le faire ?

  • Speaker #0

    Alors en général, le client arrive avec un client. cahier des charges en général qu'on fait évoluer ensemble et puis forcément aussi la découverte de travail c'est par un point de départ donc c'est très souvent un autre projet ou une photo ou une inter ou je peux un article où j'en sais rien et du coup il arrive en effet que des mots mots clés comme voilà je travaille avec vous parce que vous êtes durable vous travaillez ou avec telle matière où j'aime l'esthétique de cette matière sont même forcément savoir réellement ce que c'est par exemple le carton roche dont on parlait 50% des gens qui nous contacte pense que c'est de la céramique par exemple oui on a de la pierre on pense que c'est un minéral c'est ça c'est un peu le but donc c'est très bien ça fait son job mais donc du coup voilà il ya tout et puis après nous en fait on se saisit de l'histoire Et l'architecte d'intérieur c'est exactement la même chose finalement, c'est un cahier des charges, qui est forcément différent puisque c'est pas la même échelle, c'est pas les mêmes besoins, etc. Mais finalement c'est le même principe. Dans les deux cas, c'est une rencontre, que ce soit avec une personne, avec une marque, peu importe. C'est toujours le même principe. Une rencontre, nous on se saisit de l'histoire qu'on nous propose, et ensuite on la développe avec notre client. Et pour d'une, répondre à ses besoins, et répondre au mieux, suivant nos besoins à nous aussi. Et puis ensuite, ça fait son cheminement et ça se transforme très souvent.

  • Speaker #1

    Ça évolue d'ailleurs mon cours de route ?

  • Speaker #0

    Ça évolue énormément parce que déjà d'une, on essaie d'évoluer là où on a envie d'aller. Donc souvent, on part d'un point A et le... Par exemple, une chose toute bête. La plupart des clients, ils viennent nous voir en ayant en tête des pièces, par exemple, qu'on a déjà fait pour d'autres. Sauf que nous, par définition, on ne fait pas deux fois pour des clients. On va faire deux fois la même pièce pour un client, mais pas pour un autre. Oui,

  • Speaker #1

    pas deux pièces semblables pour deux clients.

  • Speaker #0

    Exactement. Donc ça, c'est une... Et donc du coup, ils viennent nous voir avec quelque chose, mais nous, on ne va pas s'autocopier. Donc du coup, on part autre... On va forcément les emmener ailleurs, en fait. Et... Et ça se passe toujours très bien, parce qu'on prend tout le temps qu'il faut, etc. Mais c'est beaucoup de communication, c'est beaucoup d'échanges, c'est beaucoup de pédagogie, j'aime pas trop ce mot, mais vraiment d'explications, de provocations aussi parfois. Ça c'est forcément, parce que par définition on ne travaille pas pour nous en plus. Donc celui qui doit être satisfait, c'est d'abord le client, et ensuite c'est nous qui devons l'être. Et d'ailleurs de voir son client satisfait, c'est une des choses qui est très intéressantes. des plus grandes réussites moi je trouve des fois avant même le projet en lui-même de voir un client qui est content voire même qui renouvelle la collab c'est quand même c'est génial quoi ouais c'est top et si alors justement c'est intéressant ton process créatif qui

  • Speaker #1

    évolue c'est un chemin tu sais pas vraiment par quelle route tu vas passer au départ ça peut changer si c'était c'était un voyage comment il commencerait où il finirait où bah en fait il a commencé au

  • Speaker #0

    je pense dans mon parcours personnel, de mon milieu social, de ma famille, de plein de choses comme ça qui m'ont construit. Et après, où il irait, je n'en sais rien. Je n'ai pas forcément envie de savoir. Je viens devant les rencontres. Vraiment, c'est ça qui est intéressant. C'est que, on revient au fait de... Pourquoi j'ai étudié l'architecture d'intérieur ? Parce que c'est un peu... un nœud de communication et en fait finalement le studio c'est un peu la même chose. Donc demain on peut très bien m'appeler, je sais pas, pour refaire un ministère, comme pour faire une petite collab mais qui va être géniale avec je sais pas un artiste, ou ça se rend on sera peut-être même pas, on sera peut-être... presque le second rôle du projet d'ailleurs et puis ou une collaboration avec une agence d'architecture ou c'est nous qui pouvons appeler une agence d'architecture pour collaborer avec nous enfin tout est possible en fait donc ça c'est génial enfin c'est infini les possibilités La seule finitude, c'est une finitude à court terme. Il faut trouver les moyens de nos ambitions. Et du coup, il faut aller à la rencontre des gens. Il faut se développer. Là, on est au tout début. Mais le but, c'est que ça devienne... une machine qui fonctionne très bien et qui soit vraiment un outil de proposition. Ça, c'est vraiment un peu comme ça que je pourrais qualifier le studio. C'est un outil de proposition. OK. Aussi de fabrication, etc. Mais vraiment de la proposition.

  • Speaker #1

    OK. C'est intéressant parce que tu as démarré seul. Là, tu constitues ton studio. Tu as une équipe. Tu as un process créatif qui n'est pas linéaire par nature, par définition. Mais en même temps, tu es entrepreneur. Tu dois développer une boîte. Tu dois la faire vivre. Tu dois. Tu dois pouvoir payer ton matériau, tu dois, etc., te payer toi, vivre de ça. Et donc, tu ne peux pas non plus exploser les délais, les budgets. Comment tu arrives à conjuguer ce côté créatif, entrepreneur ? Il faut être processé. Je recevais, je fais cette parenthèse, je recevais il y a quelque temps une de tes consoeurs architectes d'intérieur, qui crée des objets aussi, mais... mais qui est plus un objet d'édition. Elle s'appelle Amandine Marotto, Atelier Compostelle. Elle a une chance énorme, c'est qu'elle était avocate avant. Elle a basculé vers la création. Elle a toujours su qu'elle voulait faire ce métier. Mais elle est hyper processée. C'est-à-dire qu'elle racontait son métier comme si elle me racontait un projet de développement de la dernière locomotive Alstom. C'est hyper processé. cesser et on dépasse pas et machin et on communique et on a des reportings etc moi j'étais hyper impressionné par ça mais je me dis mais ouais c'est son cerveau qui est fabriqué comme ça comment t'arrives toi ? t'y arrives ?

  • Speaker #0

    je suis extrêmement organisé ça c'est une chose alors en fait vu de l'extérieur je peux paraître désorganisé parce que je suis toujours en train de travailler sur 10 choses en même temps et j'ai besoin de travailler sur 10 choses en même temps c'est vraiment j'ai J'ai besoin d'être en permanence boosté par les projets sur lesquels je travaille et de la diversité. Mais oui, très organisé. Et puis en plus, j'ai une chance, je pense, c'est que depuis très longtemps, j'ai une vision de là où je veux emmener le studio. Donc là, par exemple, depuis les premières années, c'était comprendre ce que je veux faire, comprendre ce que je veux proposer, commencer à le proposer, etc. Maintenant, on commence à exister. Et maintenant, on va passer en phase numéro 2 où il faut commencer à faire... grossir les choses et là je suis en plein business plan et le tutti quanti vraiment pas mon métier à la base mais c'est super intéressant et donc j'apprends ça fait six mois que je suis dessus je prends le temps d'apprendre je prends le temps de comprendre comment ça fonctionne je prends le temps de rencontrer des gens lâche par à dubaï par exemple dans quelques semaines pour aller rencontrer des potentiels prospects clients qui vient enfin acquis clients, collaborateurs, etc. Je vais faire la même chose à New York dans pas longtemps. Donc, oui, en fait, moi, toute mon organisation, elle est basée sur le fait que je sais là où je veux aller. Je ne suis pas sûr de... Enfin, je ne sais pas quand je vais réussir à y aller, mais en tout cas, je sais où je veux aller. Et du coup, toute la construction du studio s'est organisée autour de ça. Donc, c'est step by step, à notre échelle, de façon qualitative et sans sacrifice. Ça, c'est important. parce que je ne ferais pas un meuble à la mode juste pour le vendre plus facilement que les autres si ça ne correspond pas à l'image que j'ai envie de donner au studio il ne sera pas fait on fera autre chose on fera une autre en respectant ce que j'ai envie de faire avec le studio et pour le coup j'ai tendance à dire de plus en plus de répondants de la part des clients donc je pense que c'est la bonne voie donc on va continuer et intensifier encore ... mais... Oui, donc extrêmement organisé, c'est vraiment de l'entrepreneuriat. C'est pas parce que c'est de la création que c'est pas de l'entrepreneuriat. Après, je pense que l'entrepreneuriat de la création est quelque chose d'assez spécifique. Il n'y a pas forcément un seul modèle, je ne sais pas combien il y en a. En tout cas, moi, au cours des rencontres, j'ai observé X modèles qui ont fonctionné à différentes époques. Je ne pense pas qu'on fasse de l'entrepreneuriat en architecture d'intérieur ou en design. Déjà, en architecture et en design, à mon avis, ça ne fonctionne pas de la même façon. En design art décoratif, c'est pas la même chose qu'en design industriel. Dans les années 90, c'est pas la même chose que dans les années 2000, qu'en 2024. Et certainement pas pareil encore en 2027. Etc, etc. Donc il faut comprendre là où on veut aller, comprendre comment on peut le faire. Et encore une fois, je pense, sans jamais se sacrifier vraiment. en sachant quel est son cadre pour avancer.

  • Speaker #1

    Oui, et tu as une identité hyper forte, si tu commences à la respecter, c'est terminé.

  • Speaker #0

    Oui, exactement.

  • Speaker #1

    Ce n'est pas pour n'importe quelle marque, j'allais dire. Tu es en train de construire une marque.

  • Speaker #0

    En fait, la notion de marque est très intéressante, et d'ailleurs, moi, ce que j'observais énormément en termes d'entrepreneuriat, c'est la mode. Alors même si leur modèle n'est pas celui de... Je ne sais pas, si j'observe le développement de Jacquemus par exemple, qui est quelqu'un que j'ai beaucoup observé, ou de Ami, toutes ces marques avec lesquelles j'ai un peu grandi, parce qu'en fait elles sont apparues quand j'étais... Moi-même, j'avais 23 ans, quand elles ont commencé, c'était des gens que je croisais parfois en soirée. Donc voilà, j'ai observé de loin comme des toutes petites marques qui sont devenues moyennes. beaucoup plus grande et puis là j'ai connu ce ils sont 800 employés ou je sais plus quoi mais c'est l'eau qu'aux fous alors le modèle de la mode moi je ne sers à rien que j'ai un atelier avec 300 personnes de sud et dedans c'est absolument pas adapté à mes besoins mais mais par contre c'est intéressant par exemple d'avoir tout intégré ce qui existe pas ou pas ou presque pas en architecture intérieure mais pour moi c'est extrêmement important In fine, d'avoir l'agence d'architecture d'intérieur, de création et d'études,

  • Speaker #2

    qui soit imbriquée avec un outil de développement,

  • Speaker #0

    qui serait un atelier, on va dire, et que les deux travaillent ensemble en permanence, s'envoient la balle en permanence, et que ça avance en parallèle, en fait, pour ensuite servir les projets, qu'ils soient petits ou immenses, un jour. Donc voilà, pour moi, c'est un peu cette... notion là et finalement c'est vraiment quelque chose qui est omniprésent dans la mode de le créateur enfin l'équipe de créa de dire deux des à les dessinateurs etc qui ensuite renvoie la balle à tous les gens qui vont faire plutôt des documents techniques qui vont servir au studio de Enfin, vos ateliers à commencer à produire des choses, les prototyper, les renvoyer au créa, etc. Et du coup, en plus, ce que je trouve génial dans ce cadre-là, c'est que les choses avancent de façon très efficace. Oui,

  • Speaker #1

    c'est ça. Tu es beaucoup plus fluide et tu es un peu plus clairé.

  • Speaker #0

    Et puis, on n'est pas dépendant de... catalogues.

  • Speaker #2

    Donc après,

  • Speaker #0

    l'atelier n'a aucune vocation à produire 40 canapés. Il vaut mieux envoyer ensuite vers des ateliers qui sont spécialisés, qui font un travail beaucoup plus fin. c'est un travail très complexe, donc il faut mieux le faire faire par des ateliers compétents, ça coûtera sûrement moins cher, mais par contre, prototyper, même le faire à échelle 1, simplement pour bien comprendre les formes, les courbes, les connexions, avoir quelqu'un qui soit capable, par exemple, je n'ai pas ça aujourd'hui dans mon équipe, mais quelqu'un qui soit capable de travailler le tissu, la broderie, le point, tout ça c'est super intéressant, donc il faut avoir des moyens pour le faire, mais en tout cas, je pense que c'est dans le modèle. que je souhaite construire, il y a ce côté un peu couture haute couture de l'intérieur, de l'architecture d'intérieur et du design qui pour moi est essentiel. Le but c'est quand même de pouvoir servir un projet de A à Z et là aujourd'hui par exemple je suis en train de travailler sur des appartements mais aussi des tringles à rideaux et enfin j'en ai 5 en prototypage à nettoyer et puis en même temps mettre un angle à rideaux parce que c'est aussi des anneaux et tout ce qui va avec, les systèmes d'accrochage. Là, je suis en train de voir si on peut dessiner nos propres robinets parce que j'en peux plus de ne pas trouver ce qui me plaît dans les catalogues. Ça coûte une fortune à faire, mais finalement, entre acheter un robinet de 2000 euros sur un catalogue et le produire pour 2000 euros, autant le faire nous-mêmes. On est en train de faire... On développe plein de choses comme ça et le but, c'est petit à petit pouvoir répondre.

  • Speaker #1

    Oui, il y a une demande. Alors, tu parlais de matériaux, justement, bronze, carton roche, la pierre, le marbre, etc. Est-ce qu'il y a... un matériau qui te fascine plus qu'un autre ?

  • Speaker #0

    Ils sont tous différents. En fait, moi, ce que j'aime beaucoup, c'est la relation entre... Le matériau, il est issu, à la base, d'une envie d'esthético-sensible. On est dans un contexte et on se dit, là, il faut... que le regard soit trappé d'une façon ou d'une autre, qu'on raconte telle ou telle histoire. Et ensuite, une fonctionnalité.

  • Speaker #1

    Donc des propriétés.

  • Speaker #0

    Exactement. On ne met pas une pierre inadaptée à un endroit, on ne met pas un bois inadapté à un endroit. Et puis, contextualiser, bien entendu. Il n'y a pas des bois exotiques, par exemple, sur mes projets à Paris. Si demain, je faisais un projet au Ghana, il y aurait des bois du Ghana. Mais à Paris, il n'y a pas des bois du Ghana à Paris. Et inversement. Je me rappelle une cliente, ça ne s'est jamais fait, mais une fois... femme qui m'a contacté du brésil et qui voulait des grands dressings en chaîne french au bas dans un des pays du bois et au milieu de rio bayad et on fait pas des choses en chaîne à rio en fait le contexte est toujours extrêmement important et et ensuite le deuxième contexte c'est les besoins du projet Donc par exemple le carton roche, c'est un mélange de cellulose qu'on recycle, donc en gros on recycle des cartons, qu'on transforme en matière, et on le mélange avec de la poudre de calcaire.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    Locale, bien entendu. Et en fait ça c'est... C'est issu du besoin de développer des matériaux qui répondent à nos cahiers des charges, donc d'être responsable. Donc par exemple, pour la mode, c'est du mobilier qui est relativement jetable. Du coup, moi, je n'ai jamais voulu faire de céramique pour la mode. chez Lanvin il y a un petit peu de béton mais aujourd'hui je le ferai autrement j'adore ces pièces mais aujourd'hui je les ferai autrement c'était le début, là j'étais plutôt dans la période où j'étudiais la forme je comprenais ce que je voulais faire maintenant je comprends ce que je veux faire et je comprends comment je veux le faire aussi et du coup l'intérêt c'est que c'est un matériau qui ressemble à de la céramique à du béton, à de la pierre ça dépend des finitions qu'on lui apporte mais par contre il y a un bilan environnemental qui... qui est quasiment neutre, voire positif potentiellement. Et puis en plus, qui répond à des problématiques où typiquement, l'an 20, les podiums sont très très lourds. Et pour eux, c'est un problème parce que quand les podiums pèsent plus lourd que les visual merchandisers qui sont censés les bouger, c'est un peu compliqué pour eux. Et du coup, en fait, on développe ce type de matériaux pour ça. Par exemple, je suis en train de faire un gros focus sur... les patines métalliques parce qu'en plus moi j'adore le métal j'adore le bronze et je fais beaucoup de bronze et c'est très rare déjà le bronze qu'on fait donc là par exemple on fait toute une collection de bronze avec la galerie eco à mumbai donc c'est que des c'est que du métal recyclé en plus le calme ils ont déjà ces réflexes là il n'y a pas ce statut de travail à l'atelier en france non pas pour le coup je suis allé j'ai prototypé j'ai dessiné prototyper en france donc à échelle réduite ensuite ces échelles réduites je suis parti il y a un an. Le solo show, il est en janvier 2025. Par contre, j'ai sculpté les pièces en novembre 2023. Donc il y a grossièrement un an. Ensuite, je suis allé dix jours à l'atelier sur place pour les sculpter réellement sur place. Donc ça a évolué, ça s'est transformé, etc. Et je suis extrêmement content en plus de cette collaboration, à la fois de la collaboration humainement, etc. C'est une équipe géniale, mais aussi de la production qu'on a faite. Ça va être tellement beau. et ensuite sur place du coup c'est reproduit et c'est produit du coup en bronze c'est que des matières recyclées parce que par exemple en bronze en France on a un problème c'est que il y a beaucoup de personnes qui veulent du bronze qui n'a pas été recyclé Alors que du bronze recyclé ou du bronze par recyclé, ça ne se voit pas en fait. C'est la même matière. Mais psychologiquement parlant, pour les gens, il ne faut surtout pas utiliser le mot recyclé. C'est quoi ?

  • Speaker #1

    Dévalorisant pour le coup ? Oui,

  • Speaker #0

    il y a un côté dévalorisant.

  • Speaker #1

    c'est un peu comme les gens qui disent moi je veux du bois massif mais le bois massif en plus accès vraiment en menuiserie le bois massif ça peut vraiment créer des problématiques en fait donc je le comprends un peu mieux pour le bois massif parce que tu as l'impression d'une noblesse que tu vas pas avoir peut-être même une propriété qui va pas avoir même si c'est bête mais c'est pas forcément vrai surtout alors que le bronze recyclé ça reste du bronze

  • Speaker #0

    Oui mais même le bois massif en fait, quand tu as cette... alors il y a des choses, moi on sculpte énormément de choses en bois massif, plein de podiums pour des marques etc en bois massif. On en sculpte énormément, on a d'ailleurs tout un process pour récupérer du bois qui n'est pas issu de forêts industrielles, avec des conditions de récolte extrêmement localisées. En plus, ça nous ouvre des portes parce que ça nous ouvre à une grosse diversité d'essences. Ça, c'est une chose. Mais par contre, pour des portes de cuisine, par exemple, les ferro-bois massifs, à mon avis, c'est l'architecture intérieure qui parle, c'est plus de contraintes qu'autre chose. Et puis surtout, par définition, dans 80% du cas, c'est une cuisine qui est jetable, parce que les gens vont vivre dans cet appartement pendant 5 ans, 10 ans, 20 ans.

  • Speaker #1

    Et la cuisine ne sera pas résistée.

  • Speaker #0

    Et puis la personne qui va racheter l'appartement, elle aura bien raison de s'approprier l'appartement et de refaire les choses, surtout si elle nous appelle pour les refaire. Et puis surtout, quand on veut des façades chênes, c'est les façades qu'on veut, ce n'est pas l'âme qu'on veut. Donc du coup, autant utiliser 2, 3, 4 millimètres de bois, et ensuite avoir un support. qui soient bien sûr responsables, etc. Bien entendu. Pas des agglomérés avec X. Mais là, moi je pars du principe qu'on ne fait pas pousser un arbre pendant 200 ans, 300 ans pour le jeter à la poubelle 10 ans plus tard. Donc il faut vraiment économiser de la même façon pour le bronze ou le laiton, par exemple. Quand là, aujourd'hui, par exemple, je suis en train de faire des dizaines et des dizaines de miroirs pour habiller tout un mur, on les fait en carton roche qu'on vient patiner ensuite avec des effets de... de différents métaux, en fait c'est un peu comme toutes les couleurs d'un lever de soleil. Donc on part de choses un peu comme de l'argent oxydé,

  • Speaker #2

    presque canon de fusil,

  • Speaker #0

    jusqu'à des choses vraiment dorées.

  • Speaker #1

    Très chaudes, oui. Là tu parles du support du miroir ou du miroir lui-même ?

  • Speaker #0

    En fait le miroir en lui-même il est intégré dans une forme qui elle est décorative. C'est ça. Et en fait, on vient les patiner parce que d'une, il y a des notions de coût, etc. Ce qui est important, parce que le bronze, ça coûte par définition très cher. Mais surtout, à partir du moment où la personne n'a pas un accès direct, les miroirs sont à 3 mètres de haut, dans un escalier, où c'est impossible qu'une main les touche. En fait, entre un bronze et un effet bronze, il n'y aura pas beaucoup de différence. Et par contre, là où la différence se fait, c'est pour le porte-monnaie du client. Surtout, ça nous a permis d'en faire de façon beaucoup plus impressionnante. Et aussi en termes d'impact environnemental en fait. Parce que là où j'ai quelques grossièrement milligrammes de métal, normalement je devrais avoir en bronze, j'aurais je pense autour de 2 à 8 kilos par miroir. Et des miroirs, il y en a potentiellement 342. Donc c'est complètement autre chose. C'est vraiment, c'est tout un process en fait. Et in fine, c'est toujours au service du projet. Du coup, ça nous a permis d'accentuer les faits, de réduire le coût, de réduire le coût environnemental comme le coût économique, d'en produire plus. Et du coup, le projet sera beaucoup plus travaillé.

  • Speaker #1

    Tout le monde est satisfait. Très intéressant. Si tu pouvais collaborer avec une personne, architecte, décorateur, vivant ou mort, tu choisirais qui ?

  • Speaker #0

    On en parlait tout à l'heure, mais Oscar n'est meilleur, très clairement. C'est vraiment, je crois, le... En fait, je pense que c'est un des premiers architectes que j'ai découvert. J'avais peut-être 10 ans, quelque chose comme ça. Ça m'a fait... fantasmé. Et puis il y a toute cette notion de... Je pense que c'est quelqu'un qui avait compris ce qui était vraiment l'architecture. Et en même temps on peut tout à fait contrarier son travail etc. parce que c'est quelqu'un qui a voué sa vie à une proposition et comme toute proposition elle n'est pas forcément parfaite. Et une proposition permet d'en enclocher une autre. Mais c'est tous ces architectes qui ont compris que l'architecture c'est...

  • Speaker #2

    ça doit être des usages,

  • Speaker #0

    des sensations, une vision, une vision même politique pour lui. Il s'inscrit vraiment dans un... En fait, l'architecture c'est vraiment un outil pour l'homme, pour le développement de la civilisation, j'allais dire. Oui, c'est si loin que ça.

  • Speaker #1

    Tu as visité certains de ces lieux, de ces créations ?

  • Speaker #0

    C'est eux au Havre, ça c'est une chose. Et à Auguste Perret aussi, très clairement.

  • Speaker #2

    Auguste Perret,

  • Speaker #0

    c'était une des premières grandes rencontres architecturales, ça aussi.

  • Speaker #2

    Oui,

  • Speaker #0

    à Paris, bien entendu.

  • Speaker #2

    Et d'ailleurs,

  • Speaker #0

    à Paris, c'est presque plus un projet d'architecture d'intérieur que d'architecture dans un sens. Oui,

  • Speaker #1

    on parle du siège du Parti communiste. Il y a quand même cette forme incroyable.

  • Speaker #0

    Oui, mais en même temps, c'est un bâtiment quasi souterrain. Oui, c'est vrai. C'est assez étonnant. C'est mystérieux, oui. Et puis, c'est... Il y a aussi quelque chose que je trouve très intéressant avec le travail de Neyméer en règle générale, c'est que c'est quand même très... C'est assez étonnant parce que c'est très typique de son époque, et en même temps c'est assez éternel en fait.

  • Speaker #1

    Ouais, j'allais dire, effectivement l'intérieur notamment de ce lieu qui est classé, je pense, j'espère en tout cas... et très daté dans les couleurs, dans les formes, mais un côté très théâtral. On parlait de l'opéra garni tout à l'heure. Je ne sais pas si on pourrait comparer, mais j'imagine que l'effet du spectacle, c'est pas une... ... quoique il y a quelques défilés de mode qui se passent là-bas.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #2

    il n'y en a pas.

  • Speaker #1

    Mais j'imagine que le spectateur qui assiste à un congrès du Parti communiste en 1983, place du colonel Fabien, le décor devait avoir une influence considérable sur...

  • Speaker #0

    sur l'impact créé par le discours oui et puis en plus le bâtiment c'est un bâtiment qui a l'échelle humaine mais par contre il englobe les gens en fait on peut pas c'est impossible quand on est à l'extérieur c'est un peu différent parce qu'il est quand même le contexte est un peu particulier mais à l'intérieur on peut pas c'est un peu comme le Grand Palais ça me fait toujours, tous les ans ça me fait marrer les salons d'art où il y a les plus grands artistes de la planète dans les salons et en fait tout ce qu'on voit c'est les photos de la voûte du grand palais et ils pourront faire les plus beaux stands du monde et je suis promis à être frustré pour eux mais ils pourront faire les plus beaux stands du monde la plus belle scénographie du monde Jamais le regard ne pourra être détourné de cette voûte, c'est impossible. Et ces lieux-là, ça fait ça.

  • Speaker #2

    Le

  • Speaker #0

    Chagall au Grand Palais, par exemple, c'est... Au Grand Palais, à Garnier,

  • Speaker #2

    c'est...

  • Speaker #0

    Déjà, moi j'aime bien parce qu'il y a une volonté un peu de choquer, d'imposer. C'est très très visionnaire de se dire... il faut que notre époque marque son temps en fait.

  • Speaker #1

    D'ailleurs, je connais mal l'histoire de cette... La vérité, je ne suis jamais rentré dans l'Opéra Garnier. J'y vais pour la première fois en une semaine.

  • Speaker #0

    Très bien, c'est d'un gros... a commissionné tu connais l'histoire de ce comme il s'appelle le grand ministre de la culture malraux avait commissionné chagall parce qu'en fait historiquement il ya une il ya bien sûr une toile en dessous mais je crois qu'elle est pas passionnante ok il me semble très bon content même post seconde pampire parce qu'il a été fini après. Donc elle est sûrement très belle mais pas dans le complément du décor. Et en fait oui la notion c'est que les époques se parlent entre elles, de montrer que toute époque est la continuité d'une autre et puis de placer... En fait je trouve ça extrêmement important que chaque époque se place dans le paysage en fait. Et puis le prolongement. En fait c'est aussi quelque chose que je trouve assez étonnant, c'est que souvent l'architecture d'un travail la décoration, ce n'est pas considéré comme du patrimoine. Pour moi, ce genre d'acte, c'est un acte politique à la base, c'est la création d'un patrimoine.

  • Speaker #1

    P- Je suis absolument d'accord avec toi, mais c'est aussi très compliqué dans ton travail, mais pour tous les architectes, de devoir respecter le patrimoine tout en… tu parlais des normes tout à l'heure, qui étaient une… levier de création parce qu'il faut faire avec mais en même temps on a eu cette discussion d'ailleurs il y a quelques temps je crois autour d'un café où je disais je suis choqué de la disparition de pas patrimoine d'art décoratif parce qu'il n'est pas protégé, parce qu'il n'est pas valorisé, parce qu'il est méconnu. Je ne te parle pas d'endroits, évidemment, classés qui sont bien protégés, mais où les façades de bureaux, les façades des immeubles 19e sont évidemment très bien préservées à Paris parce que ça touche à l'urbanisme. En revanche, ce qui dépasse là, ce qui est à l'intérieur, on le détruit allègrement. On détruit parce qu'il faut faire des portes d'un mètre cinquante pour faire passer, et c'est normal, l'accessibilité, parce que... parce qu'il y a d'énormes incendies, parce qu'il y a tout ça, parce qu'il y a des contraintes de budget. N'empêche qu'on détruit des plafonds entiers moulurés, des étages entiers de parquets splendides et d'autres. Alors, il faut vivre avec son époque, c'est vrai, mais en attendant... En fait,

  • Speaker #0

    il faut toujours trouver le levier entre... Le bâtiment doit être au service de l'actuel et du un peu plus, quelques peut-être décennies suivantes. Mais voilà. Le monde évolue et du coup l'architecture doit se plier à l'évolution, c'est une chose. On a quand même la chance d'être dans un pays qui démolit assez peu et qui a tendance à rénover. Et ça c'est quand même une grande spécificité française. Et à Paris ça se sent énormément. Il y a des projets splendides, la Poste par exemple. C'est dingue ce qu'ils ont fait, c'est un des plus beaux projets des dix dernières années je pense. Après le bâtiment est tellement dingue de toute façon que...

  • Speaker #1

    Tu parles de la place du Louvre. Oui bien sûr.

  • Speaker #0

    Mais dans un autre domaine, la rénovation de Montparnasse finalement c'est la même chose. On aurait très bien pu dire on démolit, soit on reconstruit, soit on efface cette histoire. Ben non, on a décidé de rénover le bâtiment. On attend d'ailleurs depuis quelques années que ça se lance. Mais en fait, il y a vraiment ce... Moi, ce qui m'étonne toujours, c'est à la fois les autorités qui, par exemple, vont classer des éléments, mais en fait, ce ne sont finalement pas des éléments vraiment d'intérieur, ce sont des éléments constituants de l'architecture, comme par exemple un escalier central ou ce genre de choses. Mais en effet... des fresques ou quelque chose comme ça, si c'est pas... En fait, elles vont être traitées parce qu'il s'est passé quelque chose là, parce qu'il faut garder, figer le décor, je sais pas, de la signature, de la déclaration universelle des droits de l'homme, ce genre de choses. Mais c'est pas pour ça. sa qualité en elle-même. Une fois ça sur un projet, un petit escalier ouvrier, où apparemment si je ne me trompe pas, ils en avaient découvert deux comme ça dans Paris et ça a été classé. Ça a créé des problématiques dans le projet, mais c'est pas grave en fait, ça fait partie du... Et puis voilà, justement, c'est aussi le comportement. des architectes, des architectes d'intérieur, etc. où moi j'ai vraiment du mal à comprendre pourquoi dans un appartement haussmanien où on a 3m70 sous plafond ou 4m, si les moulures on ne veut pas les voir, on ne les détruit pas en fait, on pose un plafond, on les masque, quand on est à 3m80 au-dessus de la tête, on n'est pas à 15cm près et puis accessoirement c'est à l'archi de prendre les choses en main et de proposer quelque chose. Et en fait, on n'est pas obligé de tout détruire. Il ne faut jamais oublier qu'on n'est quand même que de passage dans un appartement. Même si on se le transmet d'un point de vue familial, mais on n'est quand même que de passage.

  • Speaker #2

    Et il faut quand même...

  • Speaker #0

    quand même être respectueux donc pas forcément de tout je suis absolument pas pour tout mettre sous bulle etc je pense que c'est la pire chose qui peut arriver au patrimoine et je pense que c'est aussi une des grandes chances qu'on a à Paris contrairement à Rome par exemple qui est une ville sous bulle Paris c'est à la fois une mégapole et en même temps un musée à ciel ouvert comme certains le disent, ça prend pas mon ressenti mais je peux comprendre qu'on ait cette idée là. Voilà les choses évoluent en permanence, c'est une ville qui a une facilité à se transformer de façon dingue mais par contre il faut se transformer tout en respectant à la fois l'ancien, enfin le passé, mais aussi le futur parce que... il faut donner une possibilité au futur de choisir ce qu'il va en faire. Et ça, c'est super intéressant.

  • Speaker #1

    Justement, le futur, on en parle. C'est le troisième chapitre de notre conversation. Les tendances, les évolutions, comment tu vois l'évolution du design dans les années à venir ? Question un peu bizarre, mais ça te suit aussi des tendances. On parlait de la mode tout à l'heure. Il y a forcément des tendances. Comment tu réagis par rapport à ça ? Qu'est-ce que tu dis à tes clients qui te disent j'ai vu dans un magazine qu'il fallait, qu'il fallait. J'ai vu tel architecte, j'ai vu machin, je veux ça.

  • Speaker #0

    En général, déjà, on ne fait pas ce qu'on a vu quelque part. Première chose. Et oui, les tendances, etc. Moi, je pense qu'il faut s'en écarter au maximum. en fait on a un métier où on est censé avoir une proposition donc notre proposition peut pas être de faire quelque chose à la mode on n'est pas des copieurs c'est il faut choisir un peu notre camp après c'est tout un panache de enfin on a un métier à l'architecte intérieur au designer finalement ça veut tout dire et rien dire donc il ya dix sept mille métiers différents finalement c'est derrière ces termes mais on a les tendances je les regarde pas enfin me En fait, moi, je fais ce que j'ai envie de faire.

  • Speaker #1

    Et c'est pour ça que tes clients viennent dessus, toi.

  • Speaker #0

    Et puis voilà, ils ont fait évoluer le projet jusqu'au moment où ça matche avec les clients. Mais après, il y a des choses qui m'interpellent. C'est à quel point la notion de développement durable est toujours pas présente, par exemple. En fait, la notion de santé publique commence vraiment à être présente. On voit que certains types de peintures ont complètement disparu aujourd'hui, certains types de vernis ont complètement disparu, certains types de matériaux commencent à disparaître ou de méthodologies par rapport aux matériaux. Mais c'est vrai que je suis toujours assez étonné de voir que la notion d'éco-responsabilité, de responsabilité humaine, quand je vois certaines... Ça c'est la grande discussion avec mon marbrillé favori, mais certaines pierres qui viennent du fin fond du monde sont mises en valeur comme des pierres splendides. Si elles étaient extraites dans des conditions normales, je serais le premier à les utiliser.

  • Speaker #1

    Et encore, tu parlais du French Oak à Rio, ça n'a pas de sens. Voilà,

  • Speaker #0

    dans un contexte...

  • Speaker #1

    La pierre verte du Zimbabwe, elle n'a pas de sens chez nous.

  • Speaker #0

    Voilà, ou certains onyx afghans, par exemple. Onyx, enfin, pierre afghane, c'est pas très compliqué de comprendre qu'il y a certainement des problèmes derrière, et c'est pas compliqué d'avoir des informations à notre époque, surtout. Donc oui, c'est des pierres vraiment grandieuses, mais il est hors de question de les utiliser, en tout cas de les utiliser en première extraction. Nous, on va les utiliser quand, par exemple, on a toute une petite collection de tables, de petites tables d'appoint, où en fait, on récupère des marbres qui sont déjà stockés. Donc en fait, on ne vient pas importer des pierres pour nous. C'est par exemple des petites tables bleues, par exemple, où ça, c'est un marbre du Brésil, si je ne me trompe pas, azoulé, quelque chose. En fait c'était issu des restes d'une salle de bain des années 60, semble-t-il, qui était au fin fond d'un stock. Parce qu'en fait comme le marbre c'est extrêmement compliqué, enfin la pierre en général, extrêmement compliqué à manipuler, souvent quand on va un peu gratter dans les stocks, on trouve des choses hallucinantes qui sont... Parce que ça coûte cher de les manipuler, donc c'est souvent beaucoup plus économique et simple de les laisser dans un coin. Et en général dans les marbreries, il y a ce qu'on utilise et ce qui est stocké. Et il faut aller un peu gratter de tous les côtés pour voir... et il y a vraiment des choses exceptionnelles à aller chercher on a fait pareil une table dans une pierre qui vient de Chine je crois, c'est quelque chose jamais on aurait commandé une table comme ça c'est mon marbrillé qui m'a dit tiens j'ai découvert cette tranche, est-ce que ça t'intéresse je te la mets de côté

  • Speaker #1

    Jean-Baptiste c'est incroyable tu connais Arnaud Declare peut-être qui est un de tes confrères designers qui un jour me montre euh... une création avec un marbre. Je ne pouvais pas croire que c'était de la pierre, d'ailleurs. Je pensais que c'était du bois pétrifié. Enfin, ça aurait pu être du coup, le bois pétrifié devienne de la pierre. Mais l��, en l'occurrence, on avait l'impression que c'était plus du bois brûlé, peut-être. Et en fait, il me dit, c'est une pierre japonaise, etc. Je dis, mais t'es allé chercher ça au Japon ? Il me dit, mais pas du tout. Et c'est exactement la même histoire. Il me dit, pas du tout, j'ai mon marbre, il est belgique, il est belge, il est flamand, qui m'a sorti ce stock qu'il avait depuis son père, et c'était une pierre qui n'était pas très intéressante parce qu'elle était je ne sais pas, elle était assez neutre il fallait la travailler, etc. lui il l'a travaillée avec, je ne sais pas si c'est de l'acide mais en tout cas un truc qui lui a changé son aspect et il en a fait un plateau de table incroyable forcément c'est très limité, c'est un stock qui n'ira jamais rechercher et réalimenter mais voilà,

  • Speaker #0

    c'est le même débat En fait la notion de limiter m'intéresse aussi parce que le but du studio c'est encore une fois de répondre très précisément ... Mon objectif, c'est de travailler forcément des choses qui sont assez luxueuses, parce que c'est obligatoire par rapport aux besoins économiques qu'on a pour développer les projets. Mais aussi qui sont... Si on revient à la question de où on voit le design demain, moi je suis assez persuadé qu'en tout cas, la carte à jouer pour beaucoup de designers, c'est de faire des choses vraiment très signatures. Je crois énormément en l'édition, et d'ailleurs je travaille dessus, donc ça montre que je suis... Mais par contre, la base du travail, c'est vraiment des choses pièces uniques ou apparentées. Et typiquement, ce type de process sert ça. Je pense que quand une marque, quand un client, que ce soit pour un appartement, pour une marque ou quoi que ce soit, regarde et se dit « ça n'existe pas ailleurs » . Par exemple, j'ai des fois des conversations avec des DA qui me disent « ton nom est affilié à telle marque » . Bah oui mais regarde j'ai aussi travaillé avec un tel, un tel, un tel et en fait c'est à chaque fois de notre univers mais servi de façon différemment. Déjà parce que Dune, Joe Malone, Ariad n'a pas le même univers que Isabelle Marron à Paris, déjà Dune. Et donc on travaille... Et en fait surtout le but du studio c'est d'apporter de la différence en permanence.

  • Speaker #2

    Oui,

  • Speaker #1

    de l'unicité et coller à... coller un brief et tu ne fais pas deux fois la même pièce.

  • Speaker #0

    Il y a un contextuel en fait, où il y a un style de base. C'est un peu... Par exemple, c'est ce que j'adore dans le travail de Jean Nouvel. C'est que... Une échelle au-dessus, bien entendu. Il y a un nom un peu au-dessus aussi.

  • Speaker #1

    Pour l'instant.

  • Speaker #0

    Mais ce que j'aime beaucoup, c'est que... J'avais entendu plusieurs fois se définir comme un architecte contextuel. Parce que justement, il a presque... Il a un style et en même temps, il a une absence de style. En fait, son style, c'est la façon dont il travaille les projets. Et du coup, après, ça... Et c'est vrai que quelqu'un qui ne le connaît pas ne peut pas comprendre que la Fondation Cartier et la Philharmonie, c'est le même architecte. Déjà, il y a 30 ou 35 ans de différence entre les deux. Mais surtout, quand on commence à étudier le projet, on se rend compte qu'il y a le même process derrière, il y a la même méthodologie par rapport à la fonctionnalisation de l'espace, etc. Et la même notion des déambulations... une forme de sensibilité et Et en fait, c'est un peu comme ça qu'on travaille en réalité. Et du coup, automatiquement, ça entraîne des objets uniques. Automatiquement.

  • Speaker #1

    Très intéressant. Si tu pouvais réinterpréter un espace, un lieu, un bâtiment... Un objet peut-être même iconique, emblématique en tout cas, tu choisirais quoi ?

  • Speaker #0

    Ça va être très mégalo ce que je vais dire. Enfin très mégalo et en même temps, franchement ça n'est pas loin. En fait il y a un endroit qui me désespère à Paris, ça devrait être le plus bel endroit du monde. Pour moi, déjà, le plus bel endroit du monde, c'est la cour carrée du Louvre. Quand je vais mal, je passe. Je fais un petit détour, surtout la nuit, et l'éclairage est somptueux. C'est marrant parce que moi qui suis passionné de botanique, qui suis quand même très dans mon époque, je suis dans un endroit classique, 100% minéral. Je trouve que c'est l'endroit le plus beau de la planète. Mais par contre, la cour carrée, elle donne sur la colonnade du Louvre. qui a été massacrée dans les années 60 avec les décaissements, l'espèce de parking.

  • Speaker #1

    Alors attends, décris-moi où c'est.

  • Speaker #0

    La colonnade, c'est la façade Louis XIV. C'est la sœur de Versailles en réalité, parce que ça a été construit. J'ai vu qui était l'architecte. Et en fait, ça a été construit en partie pour déjà valoriser le Louvre, la notion de Paris ville capitale. la première monarchie européenne, mais aussi un peu pour dire au roi, regarde, tu as le plus beau palais du monde à Paris, donc pourquoi tu n'en construis rien à 40 kilomètres ? Il y avait aussi cette notion-là. Et pour moi, la colonnade, c'est un endroit qui est... est d'une beauté folle et qui à la banque fin qui s'est réveillée à l'abandon on va me taper dessus si j'y sommes mais mais j'ai pas du tout à leur dire dans les dans les décaissements dans les fossés il ya des âges éco depuis 25 ans des générateurs et les et l'esplanade en sable devant deux gils ont mis du sable parce que je pense qu'il sait pas quoi mettre d'autres et de deux ça sert de parking à des utilitaires et en fait je me dis mais cet endroit ça devrait être le plus bel endroit du monde et en plus on est vraiment dans un des centres de l'arrière peut pas être sans le contexte qui a autour c'est quand même complètement fou et moi je me suis toujours dit un jour il faudra faire quelque chose ici moi j'imagine des jardins dans les fossés d un truc fait un lieu de vie de vie aussi, vraiment un lieu de vie avec, il y a des cafés somptueux juste en face, qu'on prolonge leur terrasse dessus, peut-être qu'on supprime cette micro-autoroute qu'il y a entre les deux qui est pas du tout agréable il y a un accès parking sur le côté donc on peut pas tout à fait supprimer la circulation mais il y a vraiment quelque chose à faire et on est dans un des endroits, c'est comme la place de la Concorde c'est un endroit que le monde entier nous envie c'est un des plus beaux endroits du monde, un des plus belles perspectives du monde, un des plus beaux ensembles architectural du monde en tout cas on aime cette architecture classique parisienne, on ne peut pas être insensible. Et les gens passent à côté sans le voir parce que l'environnement urbain autour, enfin l'aménagement urbain, c'est l'environnement urbain il est somptueux, mais l'aménagement urbain en fait n'existe pas. Et vraiment il y a vraiment un projet à faire quoi. D'ailleurs une autre colonnade, la colonnade de l'hôtel du palais de justice qui est Napoléon 1er pour le coup je crois, c'est pareil. supprimons ces barrières et ces cartes de CRS et faites-en un lieu de sculpture.

  • Speaker #1

    Madame, monsieur, futur ministre de la Culture et de la carte de dessous.

  • Speaker #0

    Et puis des lieux de vie surtout. Il y en a plein comme ça. La perspective du Jardin Botanique, par exemple, avec l'immense bâtiment, le palais dédié à la science de l'Histoire naturelle, il y a vraiment quelque chose chose à faire aussi je suis assez obsédé par les milieux urbains en général mais elle en plus ça coche pas mal de cas ce qui est la botanique aussi en plus c'est vrai que puis moi j'aime pas ces lieux qui sont alors déjà qu'ils sont dévalorisés par eux mêmes parce qu'en fait ils ont des potentiels fou et en fait juste alors je sais que c'est toujours compliqué que mais on peut faire des choses sans forcément sans forcément oui tousculé de la planète et Et puis, je ne sais pas pourquoi ça va un peu plus loin, mais c'est parce que ça devient des lieux de vie au lieu d'être simplement des lieux de... Enfin, la colonnade du Louvre, par exemple, les gens sortent de la cour carrée où ils passent pour aller sur les quais de Seine. Et en fait, la seule chose qu'ils doivent se dire, c'est « Ah tiens, il faut que je marche sur le trottoir, sinon je vais avoir du sable partout sur mes chaussures. » C'est vrai que c'est à l'époque où il y avait cette espèce de stabilité,

  • Speaker #1

    je ne sais pas comment ils appellent ça.

  • Speaker #0

    C'est horrible. C'est horrible. Donc voilà.

  • Speaker #1

    Message reçu, j'espère. Je le redis, Madame, Monsieur, ministre de la Culture, vous savez ce qu'il vous reste à faire. On arrive à la fin de cette conversation. C'est vraiment passionnant. Merci vraiment, Frédéric, pour ce voyage passionnant dans ton univers. Avant de terminer, j'ai quelques questions très simples, rituelles qu'on pose et que je pose à tous les invités. Alors déjà, qu'est-ce que tu dirais à un jeune designer qui hésite à se lancer, qui est en train... de se dire maintenant on me dit qu'il faut être avocat, mais en même temps j'ai envie de créer des trucs, tu dirais quoi ?

  • Speaker #0

    Que déjà d'une, il faut faire ce qu'on veut dans la vie, première chose. Je pense que si on veut avoir une vie qui fonctionne bien, il faut vraiment le baser sur son épanouissement personnel. Et bosser dans un domaine qui nous plaît, c'est déjà une bonne partie de cet objectif. Et puis ensuite, qu'il fasse ce qu'il a envie, en fait. Parce que ça va forcément fonctionner. S'il fait ce qu'il a envie et qu'il comprend comment le valoriser, le monde est immense. Enfin, vraiment, il y a...

  • Speaker #1

    Zéro limite.

  • Speaker #0

    Je ne dirais pas qu'on a un milliard de clients potentiels, mais en tout cas, on a beaucoup plus de clients potentiels que ce dont on a besoin. Et puis ensuite, il faut par contre que ces clients comprennent qu'on existe. Et donc ça, c'est la partie peut-être la plus compliquée, sincèrement. Mais ouais, c'est juste... se lance en fait parce que c'est pas un métier facile mais par contre c'est un métier qui est infini et par définition plus c'est un métier qui vient de nous donc s'il ya bien un métier dans lequel on est censé s'épanouir c'est celui ci si le design c'était une musique un film tu choisirais

  • Speaker #1

    quoi comme morceau comme film qu'est ce qui deviendrait l'esprit pour le décrire qui sont très difficiles

  • Speaker #0

    En fait, tout de suite, j'ai des images de Bienvenue à Gataca qui m'arrivent en tête. Mais je pense que c'est parce que j'ai vu ce film. J'ai un frère qui a 4 ans de plus que moi. Du coup, il a dû le regarder quand il avait, je ne sais pas, mettons, 14 ans. Donc moi, j'étais beaucoup plus jeune.

  • Speaker #1

    Donc toi, ça t'a frappé parce que c'était...

  • Speaker #0

    Et j'ai ces images de... Ça rejoint un peu les meilleurs, d'ailleurs. C'est une architecture qui est très largement inspirée.

  • Speaker #1

    C'est même carrément...

  • Speaker #0

    C'est peut-être carrément filmé là-bas, d'ailleurs.

  • Speaker #1

    Oui, c'est bien possible.

  • Speaker #0

    C'est beaucoup plus blanc, donc peut-être un peu retouché, mais je ne sais pas.

  • Speaker #1

    Il y a un côté très...

  • Speaker #0

    il y a une étude à faire mais en tout cas j'ai tout de suite ce film qui m'arrive en tête et esthétiquement parlant c'est un l'histoire elle est ce qu'elle est j'adore la science fiction mais elle est ce qu'elle est mais par contre esthétiquement il y a quelque chose qui est c'est vraiment du volume, il n'y a pas de décoration dans ce film des aplats de couleurs, des aplats de blancs, des volumes, des lumières, des choses comme ça qui jaillissent au fin fond du pays. Enfin, je trouve ça super intéressant.

  • Speaker #1

    Écoute, il faut que je le revoie. Je l'ai vu il y a une bonne quinzaine d'années. Et enfin, si tu devais garder un seul meuble, un seul objet que tu possèdes, si tu devais en garder qu'un, ce serait quoi ?

  • Speaker #0

    Un objet que je possède ?

  • Speaker #1

    Que tu possèdes ou en tout cas avec lequel tu vis ? S'il ne devait en rester qu'un, ce serait lequel ?

  • Speaker #0

    Attends, attends, attends... Pas bonne question, très bonne question... Je pense à rien, je... La première vue j'irai à mes lignes. J'aurais tendance à dire que c'est pas vraiment un objet, c'est plutôt un empilement de tous mes carnets de croquis, de notes, etc. Parce que... J'suis tout le temps en train de prendre des notes. j'ai pas beaucoup de mémoire donc je suis tout le temps en train de prendre mes notes et en fait ça s'accumule partout tu gardes cette mémoire avant il y avait le bureau de mon assistant et le mien et le sien il était toujours très clean comme ça le mien il était couvert de papier parce qu'en plus plus ça s'accumule donc ça s'effondre. C'est plutôt cet empilement parce que c'est une espèce de... C'est vraiment mon disque dur en fait. C'est à la fois des annotations, des croquis etc. Mais c'est tout ce que... En fait j'écris beaucoup et je dessine beaucoup pour me libérer un peu, sinon ça me retède. Et du coup ça s'accumule depuis des années et des années. Et des fois je les réouvre. Parce qu'en plus finalement je les ouvre assez peu. Donc par exemple là je dois dessiner des tables par exemple pour un projet. Et en fait je commence à dessiner alors que je pourrais... très bien ressortir dans mes croquis enfin rentrer dans mes croquis plutôt, les observer, trouver déjà des idées qui ont peut-être été déjà un peu élaborées. Ben non en fait, c'est vraiment un disque dur oublié.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Frédéric, c'était vraiment un plaisir d'échanger avec toi. Ton travail montre qu'on peut allier simplicité, profondeur, respect des matériaux, du design. Franchement, c'est aller découvrir le travail de Frédéric. Frédéric Imbert, on te trouve sur Instagram, tu es un enfant d'Instagram. Instagram, tu l'as dit toi-même. On te trouve aussi dans des galeries, on mettra des liens en dessous de ce podcast. Dans le prochain épisode, on continuera à explorer des parcours uniques et inspirants. Et à très vite donc, Frédéric, dans The Design Talk.

Description

Dans cet épisode de The Design Talk, je reçois Frédéric Imbert, designer et architecte d’intérieur, pour une conversation aussi riche qu’inspirante. De son obsession pour le contraste, à son rapport à la matière, il nous emmène dans les coulisses de son studio, où chaque projet devient une exploration entre artisanat, vision et responsabilité.

De Paris à Beyrouth, de ses premiers croquis d’enfant aux collaborations avec les grandes maisons, Frédéric nous parle de son approche instinctive du design, de la place de l’architecture dans nos vies, et de ses projets où le sensible rencontre le fonctionnel.


Un voyage à travers le temps, la matière et l’émotion, à écouter sans modération.

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Les liens importants :


https://www.f-imbertstudio.com/
https://yourse.co/collections/frederic-imbert?srsltid=AfmBOop6fdMpltMQY-iXE-mVljCA-6SBY9ZdZU5Hi-b0dZy8cz_YKqZ7
https://yourse.co/blogs/magazine/frederic-imbert-l-importance-du-faire-avec-ethique?srsltid=AfmBOoqEvPd9w7AU9EN8iA-Q1xwkDoTj81BUwVLUk_EENoEMA8Kr4Knx
https://www.linkedin.com/in/frederic-imbert-1038263a/?originalSubdomain=fr

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The Design Talk est produit par Franck Mallez. Fondateur de Yourse.co et de tcrewagency.com , ancien journaliste, et entrepreneur des industries créatives.
https://www.linkedin.com/in/franckmallez/
https://www.instagram.com/franckmallez/


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, je suis Franck Mallez, entrepreneur, fondateur, cofondateur de Yourse et passionné de design et d'architecture d'intérieur. Et dans ce podcast, The Design Talk, je pars à la rencontre de designers, d'artisans, d'éditeurs, d'entrepreneurs, d'architectes d'intérieur, de décorateurs, pour des conversations sincères, approfondies, intimes. On y parlera de matière, de process, de vision, mais aussi d'entrepreneuriat, de production. et de tout ce qu'il faut pour qu'une idée devienne une réalité. Parce que créer, ce n'est pas simplement imaginer, c'est aussi structurer, financer, fabriquer, distribuer, embaucher, se tromper, échouer, réussir et rêver. Alors prenez le temps, installez-vous et plongeons ensemble dans l'univers fascinant du design. Et bien voilà c'est parti, bienvenue dans The Design Talk, là où les idées prennent vie et où le design raconte des histoires. Ici on explore le design au-delà des formes, au cœur des idées et des âmes créatives. Et on a une âme créative avec nous aujourd'hui, Frédéric Imbert. Salut Frédéric !

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Bienvenue à ce micro. Je suis ravi de t'avoir parce qu'on va parler de ton parcours, de tes créations qui sont protéiformes, multiformes. Enfin voilà, il y a plein de choses à dire. Une question un peu pour introduire qui tu es. Tu vas avoir l'occasion de te présenter. Mais est-ce qu'il y a une chose, la première chose qui t'a inspiré ce matin quand tu as ouvert les yeux ? Est-ce qu'il y a un truc ? qui t'a inspiré plus qu'un autre jour ? Un son, une musique ?

  • Speaker #1

    Ah non, ce matin, c'était un peu bizarre, mais j'ai un immeuble horrible qui est devant chez moi. Et le ciel était splendide, et il y avait un contraste très très beau entre les deux. J'étais dans mon lit, je regardais, j'étais là, c'est sublime.

  • Speaker #0

    Le contraste entre le...

  • Speaker #1

    C'est vraiment, je pense, un des pires immeubles de Paris.

  • Speaker #0

    La laideur et le beau.

  • Speaker #1

    Sa façade paravalait depuis 1964, je pense. Et le ciel qui était bleu, bleu, bleu, c'était vraiment...

  • Speaker #0

    A Paris, donc. Oui,

  • Speaker #1

    le premier ciel d'hiver, là, ils sont toujours splendides.

  • Speaker #0

    Ah oui, quand c'est... Super. Alors, si jamais quelqu'un entrait dans ton univers pour la première fois, ne te connaît pas, ça serait quoi la première chose que tu aimerais qu'il ressente de toi, de tes créations ?

  • Speaker #1

    Qu'il ressente des choses, déjà, c'est bien. C'est un peu le premier but du travail du studio, en fait. C'est de remettre des sensations, des sentiments, de la sensibilité. refaire jouer les sens dans le quotidien des gens.

  • Speaker #0

    T'aimerais qu'ils ressentent une émotion.

  • Speaker #1

    Exactement. Et c'est une émotion qu'elle soit visuelle, qu'elle soit du ressenti et que ce soit pas une table et pas censée être juste un plateau. C'est censé être un objet qui a une interaction avec un humain qui lui-même a des sentiments. Du coup, la table est censée participer à ces sentiments. Et un intérieur encore plus.

  • Speaker #0

    Alors, pour décrire un peu qui tu es, qu'est-ce que tu fais ? si tu devais expliquer à un enfant de 6 ans très simplement ce que tu fais dans ta vie comment tu lui décrirais ?

  • Speaker #1

    Je pense que je crée des choses pour répondre à des problématiques qui sont en général pas les miennes qui sont celles des clients et après et voilà et d'une façon sensible d'une façon raisonnée responsable ça c'est très important et avec la touch du studio qui se développe de projet en projet mais si on commence à se positionner tu veux nous en parler en détail donc en gros tu étais des designers le

  • Speaker #0

    studio alors le studio frédéric Avec un verre, donc, imagine créer des objets.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Qui ont une fonction.

  • Speaker #1

    Des objets, des meubles, des intérieurs. Des intérieurs pour des particuliers, pour du public. Là, on travaille avec une mairie pour la première fois. fois, de l'espace public, donc ça c'est intéressant, un univers complet. Moi le studio je l'ai créé parce que partout où on voulait me recruter à la base, on voulait que je... enfin c'était que des agences très spécialisées. Moi je me suis dit je rêve de faire une boutique de telle marque, mais je vais en faire 400 fois la même.

  • Speaker #0

    Et le lendemain de pouvoir faire un intérieur ?

  • Speaker #1

    Je veux qu'ils m'appellent pour la faire, mais ensuite voilà, il faut quand on a envie. J'avais la chance d'avoir l'envie de tout faire et aujourd'hui j'ai la chance de pouvoir commencer à toucher un peu à tout.

  • Speaker #0

    Tu as quel âge Frédéric ? 36. 36, donc première moitié de ta vie professionnelle. Raconte-nous comment... T'es arrivé là où tu es aujourd'hui, c'est-à-dire à être indépendant, designer, peut-être à commencer à choisir tes projets. Comment on devient designer ? C'est quoi ton parcours ?

  • Speaker #1

    En fait, moi, j'ai su très tôt que j'étais passionné. Passionné par l'architecture, ensuite par l'architecture d'intérieur, par le monde en général de toute façon, tout ce qui nous entoure, nous enveloppe. Enfin, je dis que je suis passionné d'architecture, mais je suis aussi complètement passionné de botanique ou de plein de choses. choses je suis un peu je dors pas beaucoup donc j'ai beaucoup de temps pour beaucoup de passion et puis je suis assez obsessionnel en plus donc du coup j'ai tendance à creuser les choses un peu trop et en fait ça s'est établi très très tôt et d'ailleurs je pense que c'est un peu la botanique même si quand j'avais 5 ans je pensais pas que c'est de la botanique mais on va dire les plantes et l'observation de la nature et l'univers de la nature quand j'étais petit par exemple je faisais des micro environnement dans des immenses soucoupes sur la terrasse de mes parents je plantais des arbres je les taillais Et en fait, mon objectif, c'était que ça ressemble à quelque chose de plus naturel possible. Je les inondais. Et puis en parallèle, je dessinais. Ma mère, elle bossait. Ma mère travaillait à la BNP. À l'époque, ils avaient encore des imprimantes avec le papier qui se déplie. Oui, oui. En 1980. Et en fait du coup ça faisait des feuilles infinies et moi je dessinais des villes infinies comme ça et je sais pas d'où ça vient je pense que parce que j'ai joué au Simis après mais 10 ans plus tard donc c'est venu de quelque part je sais pas d'un film de je sais pas quelque chose que j'ai dû voir un moment et j'ai ce souvenir de dessiner des villes sur des kilomètres de papier comme ça et et en fait tout ça ça a créé quelque chose où quand j'ai commencé à être ado et puis quand il a commencé à au moment du bac etc, que j'ai pas eu d'ailleurs, comme quoi morceau de papier, en tout cas c'est comme ça que je considère enfin en tout cas moi j'ai continué mon histoire sans ça et en fait quand il a fallu choisir je me suis dit ben l'architecture c'est peut-être un peu trop spécialisé l'urbanisme me passionnait mais trop spécialisé puis j'avais du mal à voir comment de l'immensement grand pouvait revenir du tout petit à une tringle à rideaux par exemple. Oui à donner du temps peut-être. je suis allé vers l'archi d'intérieur, enfin un diplôme en architecture d'intérieur, parce que je me suis dit que c'est un peu carrefour, c'est un peu fourre-tout, ça m'a l'air assez généraliste, et surtout j'avais un peu l'impression qu'on en faisait un peu ce qu'on voulait, parce que je voyais plein de gens qui avaient fait des études d'archi d'intérieur et qui faisaient tous les métiers du monde en sortant de là. Donc du coup, c'est pour ça que j'ai choisi l'architecture d'intérieur. Puis après, c'est le parcours. J'ai fait mes études en alternance. Donc là déjà, j'avais décidé de faire deux choses complètement différentes. la première année j'étais sur la rénovation, enfin j'étais un sous-traitant de Pierre Evrochon, donc de l'architecture classique, relativement rigoureuse.

  • Speaker #0

    Des projets essentiellement résidentiels ?

  • Speaker #1

    Non, on travaillait sur la rénovation du Ritz à Paris, et sur le grand hôtel à Saint-Jean-Cap-Ferrat, un petit peu sur le Carlton, des hôtels assez iconiques comme ça. Donc déjà pour commencer à 19 ans, c'est plutôt sympa. Et puis comme c'est relativement rigoureux, du coup ça forme la méthodologie. Très très rapidement, on m'a briefé sur la méthode et du coup ça libère la création. En tout cas c'est comme ça que personnellement je travaille. sa agition et la deuxième année c'était complètement autre chose puisque je travaillais dans une entreprise qui organiserait, qui scénographiait des défilés de mode, des événements etc. Donc vraiment un monde très très éloigné, qui ne te connaît même pas, peut-être complémentaire dans un sens.

  • Speaker #0

    Les activités ont lieu parfois peut-être au Ritz, je ne sais pas si c'est le lien qu'on peut y voir.

  • Speaker #1

    Et du coup c'était un peu, et en fait toute ma carrière, enfin tout mon ébauche de carrière ça a été comme ça et puis après j'ai continué. Ça fait rire les gens qui me connaissent, mais je crois que j'ai fait 10 ou 12 agences en 10 ans. Par choix ? Partout dans le monde.

  • Speaker #0

    Tu voulais te tester ?

  • Speaker #1

    Parce que je faisais un projet. J'ai travaillé sur des projets pendant presque deux ans, des fois. Une fois que le projet était fait, j'allais voir ailleurs s'il y avait quelque chose à apprendre. Du coup, je continuais. J'allais apprendre, en fait.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a un moment précis où tu as réalisé, tu t'es dit, je veux créer... des objets, des univers, des intérieurs, depuis l'instant où tu croquais des villes sur des rouleaux de feuilles ou tu faisais des espèces d'univers naturels miniatures dans le jardin de tes parents, est-ce qu'il y a un moment où tu te dis, c'est ça que je veux faire de ma vie ?

  • Speaker #1

    Ce qui est certain, c'est que très très très tôt, j'ai souhaité être indépendant. Très tôt, j'ai eu besoin et envie de tenir un projet. mon projet, d'obtenir ma vie en main, dans un sens. Et en fait, tout ça, les fins. J'ai monté mon studio pour mon épanouissement aussi. C'est vraiment si c'est parce que je me sens bien à faire ce que je fais toute la journée. Et je travaille à me sentir bien en fait, en faisant des choses. Donc c'est assez. C'est assez simple finalement, comme constat. Et en fait, oui, très, très, très, très tôt. Et d'ailleurs, mon parcours de changer, d'aller apprendre des choses partout, d'essayer de rencontrer plein de gens. Et d'ailleurs, des fois, en échangeant autour d'un café avec quelqu'un, j'ai appris plus que pendant deux mois dans une agence. Des fois, ça m'est arrivé. Mais... Et en fait, tout ça, ça a été dans le but de construire. Après, je ne savais pas exactement quand est-ce que j'allais mettre un pied dans cette indépendance réelle. Donc je faisais des petits projets par-ci, par-là. Et en fait, c'est l'année des 30 ans où cette année-là a été un peu capitale parce que... Parce que déjà, c'est l'année des 30 ans. Je crois que ça marque un peu. Ça marque un peu.

  • Speaker #0

    Tu vas voir que toutes les dizaines, c'est comme ça, d'une manière différente.

  • Speaker #1

    Je n'attends pas impatiemment la quarantaine, mais on verra ce que ça donne. Et puis en plus, c'était l'année des 30 ans, j'avais déjà un petit background, j'avais grossièrement 10 ans déjà de travail, d'activité derrière moi. J'avais géré des choses très importantes, des projets à 10 millions de dollars de budget. Du coup, j'étais, si les gens m'ont fait confiance, je peux commencer à me faire confiance. Et puis en plus, c'est l'année où j'ai les premiers clients qui ont remarqué mon travail et du coup, j'ai un peu pris confiance en moi dans le regard des autres finalement.

  • Speaker #0

    Quand tu dis des clients qui ont remarqué mon travail, tu commençais donc à créer pour toi depuis... Enfin, tu n'avais jamais vraiment... Il n'y a pas eu un démarrage, tu as toujours créé pour toi.

  • Speaker #1

    Exactement,

  • Speaker #0

    oui. Et comment ils l'ont fait ? Comment ils l'ont remarqué ton travail ?

  • Speaker #1

    Le bouche à oreille, Instagram.

  • Speaker #0

    Donc tu publiais ?

  • Speaker #1

    Je suis en produit d'Instagram à la base. C'est vraiment... Aujourd'hui, les produits TikTok, ma génération, les produits d'Instagram. Et puis voilà, je montrais des croquis, je montrais des... des prototypes mais qui en fait étaient mes meubles chez moi qui étaient des formes très simples en général en plâtre ou en bois et en fait c'est comme ça que ça a commencé et du coup des premiers clients ont commencé à remarquer et c'est vrai que quand un jour il y a le directeur de l'archi chez Isabelle Marant qui t'appelle et qui te dit oui on aime bien ton travail, on voudrait te rencontrer il pourrait travailler avec tout le monde donc c'est agréable, puis après il y en a eu d'autres après il ya un promoteur immobilier puis après il ya quelqu'un pour une ville là dans le sud de la france et puis après des gens avec lesquels je travaille commence à parler de moi donc du coup ça veut dire que je travaille bien puisque ils vont apprécier voilà donc tout ça en fait c'est tout un processus de mise en confiance en fait qui m'a enfin qui a créé le mois d'abord et le studio et alors du coup donc t'es

  • Speaker #0

    clientes remarques te contactent on va reparler d'Isabelle Marant parce que c'est intéressant de comprendre le processus peut-être de création d'un projet comme celui-là en parallèle de quoi tu étais encore dans des projets salariés ou tu faisais d'autres choses pour d'autres mais est-ce que tu bascules un moment en disant ok stop j'arrête tout ?

  • Speaker #1

    Oui en fait à peu près deux ans avant un an et demi, deux ans avant de me lancer vraiment en solo je me suis dit J'avais décidé de faire exclusivement du freelance et en plus dans un domaine que j'apprécie et dans lequel j'allais à nouveau apprendre des choses. Je faisais partie des équipes de Villa Eugénie et on organisait des événements, des choses.

  • Speaker #0

    Villa Eugénie, pour ceux qui nous écoutent, c'est une grosse et belle agence d'événements essentiellement tournée autour du luxe et de la mode.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Qui organise notamment des défilés, j'imagine, des grands dîners, des trucs comme ça.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Très prestigieux.

  • Speaker #1

    Et en fait, finalement... j'ai travaillé avec eux peut-être un an et demi donc c'est pas énormément de projets parce que c'est tellement des projets au long cours que c'est pas colossal mais par contre c'était de l'apprentissage encore une fois en plus j'ai rencontré des gens vraiment très très intéressants là-bas et Et oui, en fait, c'est à la fin d'un des événements. C'est un événement qui était à Londres, une très grosse soirée à Londres, où je me suis dit, bon, je termine cet événement. Je crois qu'il était 5 heures du matin, je rentrais du chantier. J'étais en train de marcher vers mon hôtel et je me suis dit, je sens que c'est le moment. Je me suis lancé vraiment en solo. Bon, la blague, c'est qu'on commençait à entendre parler du Covid. C'était en 2019 du coup. Et donc du coup l'Europe observait un petit peu, ça commençait un petit peu à partir en live en Italie.

  • Speaker #0

    D'ailleurs c'est à cause des événements comme ça que le Covid s'est propagé en Europe. Et tout le monde raconte que c'était le défilé de la fashion week de Milan. qui, je pense, m'ont lu en février 2020, qui ont achevé, ça serait évidemment arrivé, mais qui ont achevé de propulser tout ça. Les gens qui assistent aux Dédéfinis sont des gens qui vont à Milan, puis ensuite ils viennent à Paris, qui étaient à Londres avant. Et donc voilà, c'est fini après. Toutes les rédactrices sont infectées et c'est fini.

  • Speaker #1

    C'est vraiment le moment où... Et en même temps... Vraiment, je me rappelle, j'étais en train de marcher dans la rue et puis j'ai eu une espèce de sentiment de... ... C'est bon, c'était cool, très intéressant, mais maintenant si je veux avancer, il faut que je fasse 100% du temps sur mon projet perso et moins sur les projets des autres. C'était vraiment le calendrier qui n'a pas été tout à fait adéquat. J'ai pu bien réfléchir pendant un an et demi ensuite. De toute façon,

  • Speaker #0

    si tu n'avais pas pris cette décision, je pense que les événements s'étaient arrêtés. Tous les événements de la planète Maud, mais ailleurs, se sont arrêtés.

  • Speaker #1

    Dans tous les cas, j'aurais été en galère.

  • Speaker #0

    Donc voilà, tu aurais été en galère de toute façon. Donc c'était très bien de te dire...

  • Speaker #1

    non j'avais prêts de me lancer ça je rappelle quand on a commencé à donc j'avais quand même j'avais deux petits projets d'ailleurs un riz de la roquette d'archi d'intérieur qui était très sympa qui est un peu mes deux premiers petits projets et avec une fois une maison à nice avant d'autres choses et en même temps la première chose que j'ai fait c'est me faire durer des sacs de plâtre et puis voilà il fallait s'occuper de toute façon je fais livrer à des des sacs de plâtre, du matériel pas cher et efficace. J'étais au 5ème étage d'un immeuble à Montreuil. Je pense que mes voisins m'ont pris pour un fou.

  • Speaker #0

    Tu fais livrer du plâtre et du bois. Le mec va mûrer ses fenêtres.

  • Speaker #1

    Je crois que j'ai fait livrer 30 sacs de plâtre de 50 kilos chacun. Comme j'étais au 5ème étage, j'ai dû mettre deux semaines à les monter. C'était horrible à monter. Du coup, je pense que c'est Je pense que les voisins m'ont vraiment pris pour un fou. Et puis, du coup, je me suis enfermé pendant un an, plus ou moins, entre quelques chantiers. Et puis,

  • Speaker #0

    ton appart, ta plâtrière d'appartement.

  • Speaker #1

    Voilà, qui n'était pas dans de très, très bon état en ce moment, mais ce n'est pas grave.

  • Speaker #0

    Alors, on va raconter justement avec quel matériau tu travailles et comment on peut décrire ton travail. Juste avant, je voulais que tu nous parles un peu de l'influence qu'ont eu certaines destinations pour toi. Avant d'enregistrer cette discussion, on a eu une conversation et tu me parlais du travail entre Paris et Beyrouth. En ce moment, on est fin 2024, les choses se calment un peu au Liban, mais elles sont loin d'être très calmes depuis plusieurs mois, voire plusieurs années. Donc tu y vas peut-être un peu moins en ce moment. Raconte-nous un peu pourquoi le Liban, comment c'est arrivé et en quoi ça a influencé ton travail.

  • Speaker #1

    En fait, le Liban, j'ai rencontré ce pays. formule un peu étonnante mais bon c'est pas grave c'est une rencontre on parle bien justement de toutes ces agences dans lesquelles j'ai travaillé pendant un an et demi j'ai travaillé dans une entreprise qui a disparu maintenant qui s'appelait Cityled qui était un sous-traitant light in design de Valo des Pistres pour un pour un très gros projet à Beyrouth.

  • Speaker #0

    Donc Val-de-Péry, ce gros cabinet d'archi.

  • Speaker #1

    C'est un des plus gros de Paris, je pense.

  • Speaker #0

    Et au monde, je pense qu'il en fait partie aussi.

  • Speaker #1

    Et donc c'est un cinéma splendide dans le centre de Beyrouth. Et du coup, je me suis retrouvé... là dessus j'étais intérimaires des remèdes y un jour on est venu voir en fait tu connais le liban des designers à la base oui bon bah bien voilà c'est vraiment la discussion qui a eu lieu ça a été très très qu'il y avait un chef de projet commercial un chef de projet design développement technique on va dire que les mois du coup et en fait voilà je me suis retrouvé propulsé du jour au lendemain il ya des poursuivre le projet, pour suivre tous les aspects imaginables d'un projet. Et du coup, j'ai travaillé dessus un an et demi, je pense. Et quand le projet s'est arrêté, enfin quand il a été livré, je me suis dit qu'un an et demi sur un projet, c'est un projet énorme. C'était 7 millions de dollars de budget, 6 ou 7. C'était vraiment très, très important. Les designers du projet, c'est Kylight et Annabelle Karim-Kassar. Et nous, en fait, on venait... développer le projet que eux avaient designé. Et du coup voilà je me suis dit qu'il était temps que j'aille chercher d'autres compétences. Et en fait, je me suis dit, pourquoi pas partir à Beyrouth pour voir mon évif ? Parce que très régulièrement, j'y allais au moins une fois par mois, mais très souvent, je sautais dans un avion le soir. J'avais un rendez-vous à 10h le lendemain et à 14h, j'étais dans l'avion.

  • Speaker #0

    Et donc, cette rencontre avec le Liban, parce que je trouve que c'est vrai, c'est vraiment une rencontre. Première fois, tu poses les pieds là-bas, tu vas poursuivre un projet, tu ne sais pas trop à quoi t'attendre.

  • Speaker #1

    C'est ça. Et surtout, à chaque fois que j'y allais, je ne rencontrais pas du tout le pays, parce que j'allais d'un hôtel à un... Et en fait, c'est... quand justement j'ai décidé, donc en arrêtant ce projet, enfin le livrant, en le terminant, j'avais envie de voyager, j'avais envie un peu d'être face à moi-même aussi, parce que j'avais vraiment fait le parcours collège, lycée, études non-stop sans m'arrêter, en bossant pendant toutes les vacances pour payer mes études, enfin bref c'était vraiment à la fois extrêmement linéaire et puis en même temps... pas vraiment ce que j'avais envie de faire, j'avais envie de quelque chose d'un peu plus choisi dans un sens. Donc du coup je me suis dit bon bah tiens je vais partir à la découverte du Liban, je devais partir trois mois. Je suis parti une première fois c'était, je crois que j'ai arrivé en juin, je suis parti en octobre il me semble. Et donc là j'ai travaillé avec un product designer, Cyril Najjar. ça a été une très bonne entrée en matière et après je suis rentré à Paris et après je me suis dit mais en fait Beyrouth c'était sympa du coup j'y suis retourné et puis là par contre j'y suis allé en me disant j'y reste jusqu'au moment où j'en ai marre et du coup là j'y suis resté 3 ans ans. Et depuis, donc là, c'était vraiment une rencontre, et en fait, c'est une rencontre... Alors, je m'étais juste donné comme objectif, si je pars à Beyrouth, je travaille dans une agence qui est vraiment d'archi d'intérieur. Je voulais vraiment remettre un pied dans l'archi d'intérieur, construire, enfin, je voulais vraiment devenir archi d'intérieur, en fait. Et donc, arrêter, justement, de multiplier les expériences, et là, vraiment de focus sur mon cœur de métier, on va dire. Donc, du coup, j'ai été embauché chez Nabil Dada et Adib Dada, qui est une des plus grosses agences d'archi d'intérieur et et voilà et en fait j'ai développé,

  • Speaker #0

    je me suis développé je me suis rencontré j'ai rencontré plein de gens et je me suis retrouvé dans un milieu de créatif et alors justement qu'est-ce que tu y as trouvé des compétences des agences qui t'ont permis de te concentrer sur un métier comment te dire c'est quoi la c'est quoi la différence entre voyager de Paris à Beyrouth et travailler à Beyrouth et y passer un an, six mois, etc. Est-ce que ça aurait été différent si tu l'avais fait à Milan ou à New York ? Qu'est-ce qu'il y a de plus ?

  • Speaker #1

    En fait, moi qui suis parisienno-parisien, il y a quelque chose qui m'a toujours marqué, qui m'a marqué très rapidement quand je suis arrivé à Beyrouth, c'est que tout le monde se connaît. Milan, ça peut un petit peu être comme ça. C'est à la fois des capitales, En même temps, c'est des villes à échelle humaine. Il y a quelque chose où tout le monde se connaît, au moins tout le monde se rencontre, tout le monde se voit.

  • Speaker #0

    Dans une communauté, en tout cas. Parce que je ne connais pas très bien Beyrouth, mais ce que je comprends de ce pays, c'est que ce sont des communautés qui, entre elles, sont effectivement extrêmement...

  • Speaker #1

    perméable donc tout le monde se connaît au sein d'une communauté en revanche entre les communautés c'est des groupes sociaux mais en même temps c'est un peu la même chose à paris dans là par exemple il ya pas très longtemps j'étais dans une soirée où il doit y avoir plein de designers il y avait 400 personnes je connaissais personne ce qui est assez étonnant et en fait c'est juste que c'était la communauté des product designers parisiens alors que moi je suis plutôt dans la communauté des designers arts décoratifs et en fait on se connait pas mais Beyrouth par exemple je sais pas quand on à partir du moment où on devient avec je sais pas un styliste très rapidement on rencontre tous les stylistes à peu près de la même génération par exemple c'est exactement ce qui s'est passé et par le biais d'un de mes colloques par le biais de mon travail par le biais de mes collègues enfin j'ai rencontré vraiment plein de gens extraordinaires et en plus en fait de les observer d'être entouré de toute cette créativité de cette énergie et en plus on avait tous à peu près le même âge donc on est tous un peu au même niveau, dans les mêmes vibes et en fait c'est là où je pense que je suis devenu designer là-bas en fait c'est là où j'ai commencé à faire mes premiers croquis Voilà, ça fait partie de l'attachement d'ailleurs. Et après, la vie là-bas, c'est une petite ville, c'est compliqué. Et en même temps, c'est génial. Je ne suis pas du tout le Beyrouth piscine et champagne. à mon bébé route pas de robinet par des clés cités en même temps une chaleur pas possible et des rencontres géniales enfin donc la créativité là bas est ce que l'histoire

  • Speaker #0

    de ce pays sa culture, son actualité, influence la création, et notamment en archi.

  • Speaker #1

    Pour moi, il y a deux choses au Liban. C'est que, en fait, la première chose, c'est que c'est une Beyrouth, et le Liban en général, c'est... c'est le lieu du plan B. Donc du coup, il faut toujours trouver des solutions à tout. Donc du coup, automatiquement, moi je ne comprends pas les designers ou les architectes, par exemple, qui se plaignent des normes, etc. Parce que je suis persuadé que c'est... un coup de boost au contraire à la créativité d'avoir quelque chose qui soit une situation complexe et de devoir y répondre ça c'est vraiment Beyrouth c'est une galère en permanence mais pour des fois parce qu'en fait tout est très cher tout est pas forcément accessible enfin bref ça c'est la première chose et la deuxième chose je pense qui est assez importante c'est qu'il y a ce phénomène de ville-monde alors Paris est une ville-monde par exemple parce qu'il y a des gens qui viennent de partout et c'est un melting pot complètement incroyable ... et du coup tout le monde se côtoie, tout le monde se rencontre, tout le monde s'échange. Et la créativité parisienne, elle est en grande partie due à ça. Beyrouth, c'est que des Libanais, ou presque, mais par contre c'est des Libanais qui, eux, viennent de partout. Donc du coup, ils se retrouvent là. Et du coup, moi j'ai des amis qui ont grandi en Côte d'Ivoire, j'ai des amis qui ont grandi en France, des amis qui ont grandi en Arabie Saoudite, au Qatar, aux Etats-Unis, au Canada, au Nigeria, et ils se sont tous retrouvés à Beyrouth, et du coup, à la fois ils sont tous de... ils ont tous un socle commun de Libanais et en même temps ils viennent tous mélanger toutes leurs expériences personnelles et familiales et bam il y a quelque chose qui s'épanouit et en plus c'est une ville qui est extrêmement connectée au monde donc du coup il y a en plus cette observation continue du monde qui vient encore se greffer là dessus et du coup je pense que c'est en partie pour ça que c'est une ville qui compte dans la création mondiale complètement

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, tu y retournes, tu y travailles, tu as des projets là-bas ?

  • Speaker #1

    Les projets là-bas, c'est un peu compliqué en ce moment. Ils ont tous été annulés. Ça commence à arriver. J'ai une première collaboration avec une galerie, Chaos, Sherbel Laoud, donc on a produit des miroirs en bronze que j'ai sculptés sur place, etc. C'est vraiment un projet 100% Beyrouth. Après, on commençait à signer, on allait signer des projets d'archives intérieures, mais tout a été stoppé au moment, avec Gaza. et encore plus ce qui se passe aujourd'hui mais ça va revenir et puis de toute façon mon objectif c'est de alors à la fois j'y passe pas beaucoup de temps parce que je vais y passer l'équivalent de deux mois, deux à trois mois par an répartis sur une semaine par ci, une semaine par là mais l'objectif au long terme c'est mon obsession personnelle c'est d'avoir un bureau là-bas et de vraiment avoir si je pense un peu entrepreneur ce serait vraiment d'avoir une équipe à paris et puis sa petite soeur à beyrouth notamment parce que comme j'ai enfin j'ai un réseau dans la région donc du coup on est quand même de plus en plus appelé pour des projets en arabie saoudite au qatar aux émirats etc et

  • Speaker #0

    du coup être basé à beyrouth c'est super intéressant et bien intéressant mais est-ce que l'on crée est ce que tu crées quand ce qu'on tu crées là bas quand tu fabriques parce qu'on peut même parler de ça c'est différent de ce que tu fais en france où où je crois que tu vis entre Paris et la Normandie.

  • Speaker #1

    L'atelier en Normandie, aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Voilà. Comment le lieu dans lequel tu es influence ta création ?

  • Speaker #1

    En fait, je pense que pour moi, c'est un petit peu un tout, parce que j'ai toujours l'impression de vivre un peu partout en même temps. Et en fait, quand je suis à Beyrouth, je pense de façon obsessionnelle à Paris. Quand je suis à Paris, je pense de façon obsessionnelle à Beyrouth, etc. Là, par exemple, ça fait 15 jours que je n'ai pas pu mettre les pieds à l'atelier en Normandie, et j'ai envie de... d'une seule chose, c'est de m'enfermer pendant une semaine là-bas. Alors que quand j'y étais il y a 15 jours, j'avais juste envie de venir à Paris et de travailler avec un café tranquillement en terrasse. Exactement. Du coup, je pense que c'est dans ma tête, il y a un melting un espèce de mix généralisé comme ça. Mais par contre, c'est certain que, par exemple, les miroirs que j'ai sculptés pour la galerie Chaos, alors déjà, il y a des problématiques sont pas les mêmes parce qu'on produit pas tout à fait du bronze de la même façon à Beyrouth, au Liban qu'en France, ça c'est une première chose.

  • Speaker #0

    Pour une raison de quoi ? Disponibilité des matériaux ?

  • Speaker #1

    Parce que les coûts sont pas tout à fait les mêmes, c'est relativement cher de produire au Liban et en France aussi pour du bronze, de toute façon le bronze c'est toujours cher dans tous les cas. Et puis parce que voilà la façon de travailler n'est pas tout à fait les mêmes, les conditions sont pas tout à fait les mêmes, parfois la barrière de la langue peut intervenir. Enfin donc voilà donc tout ça il y a... Le public, enfin l'acheteur potentiel n'est pas le même non plus.

  • Speaker #0

    Et puis en même temps, c'est sûr que je ne peux pas avoir le même état d'esprit quand je suis en Normandie avec le climat normand, ou dans mon bureau, ou en terrasse à Paris, ou avec le contexte. Et là, par exemple, cet atelier un peu pop-up que j'avais fait, où on était au 9e étage d'une tour, c'était une tour post-explosion en fait, c'est pour ça qu'on l'avait eu, pour en faire un atelier, parce qu'elle n'avait pas encore été rénovée. c'est que ce sont du port j'imagine c'est ça exactement et du coup on avait une vue sur la skyline du centre-ville de Beyrouth qui est juste splendide tout le monde montre toujours les tours du waterfront à Beyrouth mais la skyline du centre-ville historique on va dire est juste pour moi une des plus belles que je connaisse et et qui en plus a été désertée complètement ou quasi complètement depuis l'explosion le centre-ville oui sur la crise économique avant puis la crise souvent même plus avant la crise politique qui ensuite mais quand on regarde cette skyline on comprend vraiment quand on quand on disait à une époque que beyrouth était le petit pas Paris du Moyen-Orient, quand on voit cette skyline, ça saute aux yeux en fait. Il y a une beauté dans la ligne, dans les lignes de la ville, dans la connexion entre les bâtiments, alors qu'il y a X styles différents. Et voilà, je sculptais avec ça, avec cette vue, et puis des choses toutes bêtes, mais je me souviens que je sculptais, en fait, au Liban, la nuit tombe assez tôt, et du coup, on a tout de suite besoin de lumière artificielle, et problème d'électricité bien entendu, et du coup, je sculptais juste avec un petit spot de ch... chantier minuscule alors qu'en Normandie, par exemple, à l'atelier classique, j'ai des barres de LED infinies, lumière du jour parfaite, enfin ça peut pas être le même travail.

  • Speaker #1

    Et la culture locale influence au-delà de ce que tu viens de décrire ? Les formes, les matériaux ?

  • Speaker #0

    Non parce que de toute façon la culture locale n'est pas ma culture en fait, je ne fais pas d'appropriation quoi que ce soit, moi c'est vraiment... un Saint-Denis, je me sens très bien, mais ma maison c'est Paris. J'ai un peu cette relation avec Beyrouth, c'est un peu comme les gens qui ont des maisons de famille quelque part où ils ont un grand attachement, mais en même temps c'est pas vraiment chez eux et en même temps ils ont toujours besoin et envie d'y aller, et ils s'y sentent extrêmement bien, c'est un lieu chaleureux. Pour moi c'est un peu cette relation-là. J'ai pas une maison de famille, mais j'ai Beyrouth.

  • Speaker #1

    C'est un peu ce sentiment.

  • Speaker #0

    C'est pas très froid, mais c'est une maison de famille. Oui, mais c'est sublime. Tout le monde doit aller à Beyrouth.

  • Speaker #1

    Absolument. Parlons un peu de plus en détail de ton travail, de tes créations. Comment tu, pour ceux qui ne te connaissent pas, qui ne connaissent pas ton travail, comment tu le décrirais ? Les objets, ils ressemblent à quoi ? Ils sont faits à quel matériau ? Ça a dû évoluer d'ailleurs avec les années.

  • Speaker #0

    Je pense que pour comprendre le travail, déjà, il faut voir un peu la méthodologie qu'on a derrière. C'est cool. la première chose c'est que chaque projet est différent d'ailleurs là j'essaye de lancer de l'édition et c'est un vrai travail pour moi de penser qu'un objet va être reproduit x fois c'est vraiment du état d'esprit c'est que vraiment un autre monde donc chaque projet est différent donc le contexte est très important et ensuite dans la méthodologie non on essaie de travailler le plus proprement possible pour normaliser l'aspect responsable durabilité etc en fait on le veut le normaliser et d'ailleurs ça se voit pas dans la plupart de nos projets si on n'en parle pas ça se voit pas et donc du coup ça crée des projets qui sont assez bigarrés peut-être de nous un exemple des projets très très très représentatif par exemple le cinéma on a rénové il ya un an maintenant une salle de cinéma dans le reflet midi 6 dans le cinquième, cinquième, sixième, cinquième. Où là, pour le coup, c'est un projet global. Donc c'est un projet à la fois d'architecture intérieure et de design. Parce que le but, c'est quand même de faire travailler les deux ensemble.

  • Speaker #1

    Juste, je te dis, fais un tout petit peu attention aux mains. Non, on a des micros qui sont hyper sensibles, et quand on tapote sur le micro, ça se prend.

  • Speaker #0

    Donc ce projet de cinéma, c'est un projet qui est complet, puisqu'on a... En fait, on est parti d'une salle de cinéma qui avait été rénovée dans les années 80, qui était rouge, comme tous les cinémas. Donc l'idée, c'est de faire quelque chose qui avait beaucoup de personnalités, qui soit différent, de remettre des arts décoratifs dans la salle de cinéma, ce qui pour moi était très important, de reconnecter les deux, qui avaient historiquement toujours été connectés. qui le lien s'était perdu dans les années 80 je pense 70 et ensuite de le traiter de façon durable et responsable. Donc on n'est allé chercher que des matériaux durables et responsables. Le tissu par exemple, c'est du tissu qui est 100% recyclé, 100% recyclable, en plus tout ça avec les normes de ce type de lieu. On est obligé de les respecter, elles sont très très hautes. L'isolation phonique, c'est des matériaux, c'est une forme de ouate de coton qui est issue du recyclage des vêtements. En plus, c'est lié à des ateliers de réinsertion, etc. Donc on a réussi un peu à prolonger, enfin en utilisant ce matériau, on a participé à avoir un impact social et économique, puisque du coup il crée des ateliers dans des localités où en général il n'y a pas beaucoup d'emplois. d'un coup, il y a un atelier avec 400 personnes qui s'installent. Ça redynamise rapidement une localité.

  • Speaker #1

    Je t'interromps, excuse-moi, c'était un cahier des charges de ton client ?

  • Speaker #0

    Non, ça c'est notre cahier des charges pour tous les projets. Quand ils viennent te voir,

  • Speaker #1

    ils savent que c'est comme ça.

  • Speaker #0

    Exactement. Quand ils viennent nous voir, c'est pour proposer quelque chose de différent. De différent et de... La notion de responsabilité, ça commence un petit peu à arriver. mais surtout c'est de la responsabilité qui ne... Enfin, ça dérange en rien leurs habitudes en fait. C'est nous qui travaillons dessus, ensuite on leur propose un projet, pour eux ça n'a aucune différence.

  • Speaker #1

    On peut imaginer que ça soit plus cher, c'est vrai ou pas ?

  • Speaker #0

    Non, absolument pas. D'ailleurs cette salle de cinéma, elle a coûté grossièrement 100 000 euros. rénové quand sa petite sœur parallèle qui est vraiment sa jumelle, elle a coûté deux fois plus. Donc qui a été rénovée de façon...

  • Speaker #1

    Oui, traditionnelle, non responsable.

  • Speaker #0

    Et elle est très belle aussi. Et voilà, donc du coup, par exemple, dans cette salle de cinéma, on a... créé des grands luminaires en papier recyclé donc enfin c'est du papier adapté bien sûr au non feu etc qu'on est donc qu'on est venu récupérer recouper réassembler pour créer des gros luminaire un peu nébuleux comme ça on a créé à l'atelier du coup il ya des parties en bois c'est du bois local enfin traité de façon responsable avec des vernis des patines et des vernis responsable les fauteuils par exemple on n'est jamais à 100% on peut pas être enfin on pourrait un jour est à 100% mais aujourd'hui on tend à être le mieux possible. Donc par exemple les fauteuils c'est une marque française ou si je me trompe pas les mousses sont fabriqués en Asie, la partie métallique est fabriquée en Europe de l'Est, l'assemblage est fait en France et la tapisserie est faite en France. Et puis par rapport à nos budgets aussi parce qu'on n'est pas sur des fauteuils à 3000 euros le fauteuil. Donc voilà on joue aussi...

  • Speaker #1

    Je m'attendais à beaucoup plus pour rénover une chalette.

  • Speaker #0

    Dans mon souvenir c'est 106 000 euros le budget. hors taxe.

  • Speaker #1

    C'est très raisonnable pour un cinéma. Ce projet, c'est quoi le process ? Ton client vient te voir, te dit je connais votre travail, j'aime bien votre travail, faites-nous une proposition. C'est comme ça que ça se passe ?

  • Speaker #0

    C'est un petit peu ça, oui. C'est le bouche à oreille qui a fait son travail déjà. La première personne à travailler, c'était le bouche à oreille. Ensuite, les personnes sont venues nous voir, le directeur artistique, Pierre-Edouard Vasseur qui est venu nous voir, qui m'a dit, enfin qui m'a demandé si ça m'intéressait et ce que je pourrais proposer. Il y avait une autre équipe d'ailleurs en parallèle qui travaillait dessus déjà. C'est un peu en compétition. Tu le savais ça ? Oui. Et du coup, moi la seule chose que je lui ai dit, je te préviens, si je t'en ai dit dessus, je ne fais pas un cinéma rouge. C'est hors de question. Et puis en fait, c'est ce qu'il cherchait, je pense, d'avoir quelque chose qui se différencie. Il y a une stratégie commerciale après, derrière. D'ailleurs, il m'a dit, il y a quelques mois, peut-être 4-5 mois, que la salle était bookée. Ils ont des très bons scores pour la salle. et il a loué énormément pour des événements des choses projection privée et c'est exactement et donc du coup ça montre que commercialement parlant on a fait notre travail aussi donc voilà c'était une de mes questions parce que en général on va rarement cinéma pour la salle sauf peut-être au grand rex n'est

  • Speaker #1

    arrivé d'elle au grand rex pour la salle je me fichais un peu du film je voulais la cérémonie de trucs des eaux avant et puis le décor donc là c'est assez représentatif des arts décoratifs français pas de quand elle date cette salle grand rex mais je sais pas mais elle est drôle elle est kitsch belle et kitsch en même temps mais je pense si après il y a le le Chinese Theater de Los Angeles il y a quelques salles comme ça emblématiques mais on va rarement dans une salle pour la salle parce

  • Speaker #0

    qu'en fait ça n'existe plus ça a été massacré partout historiquement toutes les salles de cinéma les salles de cinéma de toute façon sont les descendantes des salles d'opéra et de théâtre et c'est dans le... C'est quand on... Moi par exemple, une des choses qui a formé mon regard et ma passion pour le contraste, c'est Chagall à Garnier. Mais la connexion entre les deux, si un jour un client veut qu'on fasse ça chez lui, appelez-moi. Il n'y aura pas des moulures en Apollon 3, mais en tout cas, cette notion de contraste entre... entre deux époques et en fait voilà là on est dans le summum des arts décoratifs au service d'une prestation artistique et en même temps dans d'autres cinémas beaucoup plus petit c'était souvent que des petits candélabres suspendus au mur des psyllus en cristal un peu pauvret mais qui ont le mérite d'être là en fait donc et je pense que quand les gens vont c'est l'apothéose garnier je sais pas si une salle de salle de l'opéra dans le monde qui est plus grandiose que garnier mais mais c'est Il peut y avoir n'importe quelle représentation à Garnier, la salle est autant la star du spectacle que la représentation en elle-même. Ça, c'est une notion de réussite quand même pour le décorateur.

  • Speaker #1

    Et justement, tu sais que commercialement, ça a un impact positif. Tu perds, le contrat est rempli, parce que ça fait partie aussi de tes... de tes satisfactions, d'aider ton client à avoir un lieu...

  • Speaker #0

    C'est le but de notre travail. En tout cas,

  • Speaker #1

    dans un lieu commercial qui accueille du public, oui. Tu as été, toi, assister à des projections là-bas ?

  • Speaker #0

    J'en ai fait une. et ça regarde de l'écran c'est bizarre d'être à la fois non parce qu'en plus on a quand même des choses un peu spectaculaires il y a un luminaire qui fait plus d'un mètre de diamètre dans une salle d'une centaine de places c'est déjà assez imposant de positionner tout a été pensé pour que ça gêne pas le regard et c'est surtout les luminaires sont disparaissent presque quand en fait la salle et la salle est toute noire maintenant c'est un camaïeu de noir en texture et en coloris et est en fait si à ce compte quand les lumières sont allumées si c'est une salle un peu en lévitation maintenant avec ces objets comme ça qui flotte le long des murs et après quand la lumière s'étend un des petits challenge c'était que le moins de reflets

  • Speaker #1

    possible venant du film par exemple sur les luminaires en lévitation parce que oui on est dans un noir complet ce qui est ce qui est rare et du coup luminaire oui tu te donnes l'impression d'être d'être en lévitation génial bah moi j'aimerais bien découvrir cette salle il faut y aller donc le reflet mais d'ici dans le 5e pour revenir à ton travail de merges plus générales donc on va reparler des projets et un a sans doute d'autres qui qui peuvent vraiment nous intéresser est ce qu'il ya une personne un lieu où ou un événement qui a marqué ta vision du design alors tu as pas le chagall en fait oui je pense qu'il ya deux choses c'est ma quand j'ai compris et

  • Speaker #0

    ça c'est parce que je avance j'avais compris mais je l'assumé pas mais maintenant je pense que ma vraie passion c'est le contraste le trouver le contraste l'équilibré en contraste ça c'est vraiment quelque chose et d'ailleurs beaucoup de personnes quand il voit les projets d'archives intérieures qui sont quand même relativement pur avec toujours des matériaux très fort mais dans une ligne très pure et le design qui lui par contre est parfois un peu brutale et animale il comprenait que pas la connexion mais en fait la connexion c'est que ces objets doivent se retrouver dans ses intérieurs et le but c'est que les deux communiquent tout en étant dans un contraste fort en fait et ça ce sera je pense que c'est ma passion à vie et je pense que voilà c'est des lieux comme par exemple garnier qui m'ont qui

  • Speaker #1

    m'ont offert ça la ville en règle générale c'est en fait la ville les paysages enfin tout ça que tu disais en début de conversation le contraste entre la façade led et le ciel bleu

  • Speaker #0

    ça c'est quelque chose qui m'obsède en fait cette espèce de quelque chose qui est un peu antinomique l'harmonie dans le contraste ce qui bizarrement n'est pas censé fonctionner ensemble mais c'est vraiment ce qui m'obsède complètement et il y a quelque chose qui m'a vraiment fasciné quand j'étais pré-ado, j'avais peut-être 11 ans, quelque chose comme ça c'est la première fois que j'ai vu en vrai l'Arche de la Défense et je me suis dit comment un bâtiment peut être aussi beau que ça et c'est Et puis dans sa stature, dans ses proportions. Après, en plus, quand j'ai lu dessus, le contexte est fou. Et encore plus intéressant aujourd'hui qu'à l'époque, parce qu'il y a vraiment des bâtiments qui ont... Ça s'est resserré, ça s'est encadré. Et puis après, quand j'ai un peu lu dessus, et que j'ai lu par exemple que l'architecte l'avait fait de 110 mètres de haut, 100 mètres de large, parce que s'il avait fait 100 mètres de haut, on aurait eu l'impression qu'elle n'était pas carrée vue de loin. Donc du coup, il fallait... retravailler la perspective. Ce qui est en fait quelque chose de simple. les statues sur les portes de Notre-Dame, elles ont une tête complètement démesurée, comme ça on a l'impression qu'elles sont bien... Oui, vu d'en bas... ...qu'elles sont en art humain vu d'en bas, en fait. Finalement, c'est exactement le même principe, mais tout ça, en fait, ça m'a... ça m'a vraiment fasciné et je trouve que c'est le plus bel objet du monde c'est bizarre pour un petit... L'Arche de la Défense,

  • Speaker #1

    toujours maintenant ?

  • Speaker #0

    Je trouve ça splendide, pour un truc qui fait 1 km3 je trouve ça vraiment... Et puis cette ouverture, en fait on revient au contraste, cette ouverture quand on est en face, on est ouvert sur le monde comme ça, et en même temps dans une notion de... C'est un bâtiment politique, donc ça s'inscrit dans une logique d'urbanisme politique. Et puis on tourne la tête et on arrive sur ces miroirs qui reflètent le ciel. Et on ne sait pas si c'est une fenêtre qui s'ouvre sur le ciel ou si c'est le ciel qui est reflété dans une fenêtre. C'est splendide.

  • Speaker #1

    J'avoue que je passe très souvent à la défense. C'est marquant, c'est frappant. Tu l'aimes vu de... Dans quelle perspective ? Parce qu'il y a... Une volée d'escalier, si je ne me trompe pas, avec Paris, quand on a Paris dans le dos, face à l'Arche de la Défense. Donc là, c'est écrasant même, je trouve.

  • Speaker #0

    Ce qui est beau aussi, c'est que le bâtiment, il est là, en fait. Par exemple, cette volée de marche, elle ne sert à rien. Elle sert juste à servir l'architecture et l'impression, le ressenti du visiteur par rapport à... Le visiteur, il est même... En fait, il y a toujours ces choses, en plus avec les escaliers monumentaux, qui sont en plus très frenchy. C'est vraiment très français comme détail. un peu dans quelques dictatures c'est un peu grand développement et il y a cette chose où on est obligé de presque baisser en fait les escaliers sont tellement immenses qu'on est obligé presque de baisser la tête pour pas tomber et du coup on a cette immensité au dessus de nous et puis en plus c'est une forme qui est un peu particulière parce que comme on a l'impression d'avoir un vide je pense que 90% des gens se disent mais est-ce que ça tient ?

  • Speaker #1

    et comment ça tient ?

  • Speaker #0

    et non les premières fois que je l'ai vu c'était du RER le RER A Châtelet-Sergy où en fait il s'est posé dans le paysage comme ça, c'est splendide de la gare Saint-Lazare, quand on prend les trains de Saint-Lazare à un point X ou Y on le voit à chaque fois d'ailleurs de point de vue complètement différent et puis après depuis Paris et puis ensuite je devais avoir 12 ans quelque chose comme ça, je sais plus pourquoi je suis allé à la Défense pour une raison, peut-être pour le centre commercial je sais plus ... Mais par contre, cet objet, ça m'a fasciné complètement. C'est vraiment quelque chose que je trouve...

  • Speaker #1

    D'ailleurs, tu parlais de Sergi. Si je ne me trompe pas, si tu continues, si tu vas jusqu'à Sergi Pontoise, il me semble qu'il y a une perspective...

  • Speaker #0

    Tu as l'axe majeur. Voilà, c'est ça. Qui est splendide, oui.

  • Speaker #1

    Qui passe par l'axe, enfin l'axe passe par la défense.

  • Speaker #0

    Dans mon souvenir, c'est axé sur la Tour Eiffel, je crois. Ok.

  • Speaker #1

    L'axe majeur. Je pensais que c'était défense, arc de triomphe.

  • Speaker #0

    carousel du loup forcément maintenant je vais avoir un doute on vérifiera c'est splendide et puis encore une fois c'est vraiment un travail de paysage il y a l'axe majeur avec l'espèce de cadran immense la colonnade je sais plus combien il y en a et il doit y en avoir 12 ou 16 quelque chose comme ça mais immense en photo on peut pas comprendre la taille que ça fait je sais pas quelle taille elle fonde peut-être 20 mètres de Ausha colonne en espèce de marbre blanc ou reconstitué blanc comme ça c'est très années 80 un dessin comme esthétique mais c'est vraiment splendide. Et puis ensuite ça continue, ça descend, il y a un pont rouge comme ça, très très beau, qui va sur une île. Enfin il y a plein de symboliques, c'est un peu... Oui c'est vraiment l'architecture. Oui il y a vraiment quelque chose comme ça, c'est vraiment tous ces projets. Alors c'est pas vraiment Mitterrand mais il y a toute cette logique un peu mitterrandienne de donner de la symbolique dans des projets d'architecture, de dépasser la simple vocation utilitaire d'un bâtiment.

  • Speaker #1

    Oui c'est une symbolique forte.

  • Speaker #0

    Et là

  • Speaker #1

    le paysage a été transformé c'est quand même assez fou incroyable ça me donne envie d'aller voir retourner c'est super dans quand tu démarres un projet donc tu reçois un brief une commande qu'est ce qui te guide c'est plutôt comme c'est quoi la première étape c'est c'est un matériau c'est c'est une émotion c'est qu'est ce qui c'est quoi le plus il y en a un point de départ déjà en général on a deux types de projets c'est du mobilier ou de l'intérieur donc déjà c'est des

  • Speaker #0

    points de départ complètement différents le mobilier c'est un peu particulier parce que des fois on nous commande des pièces mais on sait à peine pourquoi dans quoi vont être etc parce que pour des raisons Quand on travaille pour des marques, par exemple, elles ne veulent pas trop communiquer, elles ne sont pas forcément très sûres. Des fois, elles sont sûres qu'elles veulent travailler avec nous, mais elles ne savent pas vraiment encore à quoi va ressembler la boutique, par exemple. Donc du coup, là, on travaille sur le mobilier pour un hôtel, par exemple, où c'est une autre agence d'architecture d'intérieur qui fait l'hôtel. Et nous, on vient apporter une collaboration, en fait. Donc du coup, on est dans quelque chose qui vient se compléter, qui vient se contraster l'un avec l'autre. qui vient dialoguer, donc ça c'est super intéressant. Donc là, ça part d'un cahier des charges. Ok,

  • Speaker #1

    donc là c'est une fonction, ils vont te dire on veut des consoles, on veut des tabourets, etc., des tables, mais ils vont jusqu'à te dire, parce que ton travail, on va en reparler encore un, des matériaux, parce que c'est très spécifique la manière dont je trouve, dont tu travailles, les matériaux que tu utilises, l'éco-responsabilité,

  • Speaker #0

    le...

  • Speaker #1

    L'art et povera, je ne sais pas si on peut dire ça en parlant de ton travail, mais il y a un côté très... comment dire... Le matériau le plus basique pour en faire un truc très spectaculaire, très organique. Donc voilà, je trouve que c'est intéressant. Le client vient te voir en disant « j'ai vu que vous faisiez une collection en marbre ou en papier mâché, je ne sais pas comment tu l'appelles, etc. C'est ça que je veux ? » ou c'est après toi qu'il va le faire ?

  • Speaker #0

    Alors en général, le client arrive avec un client. cahier des charges en général qu'on fait évoluer ensemble et puis forcément aussi la découverte de travail c'est par un point de départ donc c'est très souvent un autre projet ou une photo ou une inter ou je peux un article où j'en sais rien et du coup il arrive en effet que des mots mots clés comme voilà je travaille avec vous parce que vous êtes durable vous travaillez ou avec telle matière où j'aime l'esthétique de cette matière sont même forcément savoir réellement ce que c'est par exemple le carton roche dont on parlait 50% des gens qui nous contacte pense que c'est de la céramique par exemple oui on a de la pierre on pense que c'est un minéral c'est ça c'est un peu le but donc c'est très bien ça fait son job mais donc du coup voilà il ya tout et puis après nous en fait on se saisit de l'histoire Et l'architecte d'intérieur c'est exactement la même chose finalement, c'est un cahier des charges, qui est forcément différent puisque c'est pas la même échelle, c'est pas les mêmes besoins, etc. Mais finalement c'est le même principe. Dans les deux cas, c'est une rencontre, que ce soit avec une personne, avec une marque, peu importe. C'est toujours le même principe. Une rencontre, nous on se saisit de l'histoire qu'on nous propose, et ensuite on la développe avec notre client. Et pour d'une, répondre à ses besoins, et répondre au mieux, suivant nos besoins à nous aussi. Et puis ensuite, ça fait son cheminement et ça se transforme très souvent.

  • Speaker #1

    Ça évolue d'ailleurs mon cours de route ?

  • Speaker #0

    Ça évolue énormément parce que déjà d'une, on essaie d'évoluer là où on a envie d'aller. Donc souvent, on part d'un point A et le... Par exemple, une chose toute bête. La plupart des clients, ils viennent nous voir en ayant en tête des pièces, par exemple, qu'on a déjà fait pour d'autres. Sauf que nous, par définition, on ne fait pas deux fois pour des clients. On va faire deux fois la même pièce pour un client, mais pas pour un autre. Oui,

  • Speaker #1

    pas deux pièces semblables pour deux clients.

  • Speaker #0

    Exactement. Donc ça, c'est une... Et donc du coup, ils viennent nous voir avec quelque chose, mais nous, on ne va pas s'autocopier. Donc du coup, on part autre... On va forcément les emmener ailleurs, en fait. Et... Et ça se passe toujours très bien, parce qu'on prend tout le temps qu'il faut, etc. Mais c'est beaucoup de communication, c'est beaucoup d'échanges, c'est beaucoup de pédagogie, j'aime pas trop ce mot, mais vraiment d'explications, de provocations aussi parfois. Ça c'est forcément, parce que par définition on ne travaille pas pour nous en plus. Donc celui qui doit être satisfait, c'est d'abord le client, et ensuite c'est nous qui devons l'être. Et d'ailleurs de voir son client satisfait, c'est une des choses qui est très intéressantes. des plus grandes réussites moi je trouve des fois avant même le projet en lui-même de voir un client qui est content voire même qui renouvelle la collab c'est quand même c'est génial quoi ouais c'est top et si alors justement c'est intéressant ton process créatif qui

  • Speaker #1

    évolue c'est un chemin tu sais pas vraiment par quelle route tu vas passer au départ ça peut changer si c'était c'était un voyage comment il commencerait où il finirait où bah en fait il a commencé au

  • Speaker #0

    je pense dans mon parcours personnel, de mon milieu social, de ma famille, de plein de choses comme ça qui m'ont construit. Et après, où il irait, je n'en sais rien. Je n'ai pas forcément envie de savoir. Je viens devant les rencontres. Vraiment, c'est ça qui est intéressant. C'est que, on revient au fait de... Pourquoi j'ai étudié l'architecture d'intérieur ? Parce que c'est un peu... un nœud de communication et en fait finalement le studio c'est un peu la même chose. Donc demain on peut très bien m'appeler, je sais pas, pour refaire un ministère, comme pour faire une petite collab mais qui va être géniale avec je sais pas un artiste, ou ça se rend on sera peut-être même pas, on sera peut-être... presque le second rôle du projet d'ailleurs et puis ou une collaboration avec une agence d'architecture ou c'est nous qui pouvons appeler une agence d'architecture pour collaborer avec nous enfin tout est possible en fait donc ça c'est génial enfin c'est infini les possibilités La seule finitude, c'est une finitude à court terme. Il faut trouver les moyens de nos ambitions. Et du coup, il faut aller à la rencontre des gens. Il faut se développer. Là, on est au tout début. Mais le but, c'est que ça devienne... une machine qui fonctionne très bien et qui soit vraiment un outil de proposition. Ça, c'est vraiment un peu comme ça que je pourrais qualifier le studio. C'est un outil de proposition. OK. Aussi de fabrication, etc. Mais vraiment de la proposition.

  • Speaker #1

    OK. C'est intéressant parce que tu as démarré seul. Là, tu constitues ton studio. Tu as une équipe. Tu as un process créatif qui n'est pas linéaire par nature, par définition. Mais en même temps, tu es entrepreneur. Tu dois développer une boîte. Tu dois la faire vivre. Tu dois. Tu dois pouvoir payer ton matériau, tu dois, etc., te payer toi, vivre de ça. Et donc, tu ne peux pas non plus exploser les délais, les budgets. Comment tu arrives à conjuguer ce côté créatif, entrepreneur ? Il faut être processé. Je recevais, je fais cette parenthèse, je recevais il y a quelque temps une de tes consoeurs architectes d'intérieur, qui crée des objets aussi, mais... mais qui est plus un objet d'édition. Elle s'appelle Amandine Marotto, Atelier Compostelle. Elle a une chance énorme, c'est qu'elle était avocate avant. Elle a basculé vers la création. Elle a toujours su qu'elle voulait faire ce métier. Mais elle est hyper processée. C'est-à-dire qu'elle racontait son métier comme si elle me racontait un projet de développement de la dernière locomotive Alstom. C'est hyper processé. cesser et on dépasse pas et machin et on communique et on a des reportings etc moi j'étais hyper impressionné par ça mais je me dis mais ouais c'est son cerveau qui est fabriqué comme ça comment t'arrives toi ? t'y arrives ?

  • Speaker #0

    je suis extrêmement organisé ça c'est une chose alors en fait vu de l'extérieur je peux paraître désorganisé parce que je suis toujours en train de travailler sur 10 choses en même temps et j'ai besoin de travailler sur 10 choses en même temps c'est vraiment j'ai J'ai besoin d'être en permanence boosté par les projets sur lesquels je travaille et de la diversité. Mais oui, très organisé. Et puis en plus, j'ai une chance, je pense, c'est que depuis très longtemps, j'ai une vision de là où je veux emmener le studio. Donc là, par exemple, depuis les premières années, c'était comprendre ce que je veux faire, comprendre ce que je veux proposer, commencer à le proposer, etc. Maintenant, on commence à exister. Et maintenant, on va passer en phase numéro 2 où il faut commencer à faire... grossir les choses et là je suis en plein business plan et le tutti quanti vraiment pas mon métier à la base mais c'est super intéressant et donc j'apprends ça fait six mois que je suis dessus je prends le temps d'apprendre je prends le temps de comprendre comment ça fonctionne je prends le temps de rencontrer des gens lâche par à dubaï par exemple dans quelques semaines pour aller rencontrer des potentiels prospects clients qui vient enfin acquis clients, collaborateurs, etc. Je vais faire la même chose à New York dans pas longtemps. Donc, oui, en fait, moi, toute mon organisation, elle est basée sur le fait que je sais là où je veux aller. Je ne suis pas sûr de... Enfin, je ne sais pas quand je vais réussir à y aller, mais en tout cas, je sais où je veux aller. Et du coup, toute la construction du studio s'est organisée autour de ça. Donc, c'est step by step, à notre échelle, de façon qualitative et sans sacrifice. Ça, c'est important. parce que je ne ferais pas un meuble à la mode juste pour le vendre plus facilement que les autres si ça ne correspond pas à l'image que j'ai envie de donner au studio il ne sera pas fait on fera autre chose on fera une autre en respectant ce que j'ai envie de faire avec le studio et pour le coup j'ai tendance à dire de plus en plus de répondants de la part des clients donc je pense que c'est la bonne voie donc on va continuer et intensifier encore ... mais... Oui, donc extrêmement organisé, c'est vraiment de l'entrepreneuriat. C'est pas parce que c'est de la création que c'est pas de l'entrepreneuriat. Après, je pense que l'entrepreneuriat de la création est quelque chose d'assez spécifique. Il n'y a pas forcément un seul modèle, je ne sais pas combien il y en a. En tout cas, moi, au cours des rencontres, j'ai observé X modèles qui ont fonctionné à différentes époques. Je ne pense pas qu'on fasse de l'entrepreneuriat en architecture d'intérieur ou en design. Déjà, en architecture et en design, à mon avis, ça ne fonctionne pas de la même façon. En design art décoratif, c'est pas la même chose qu'en design industriel. Dans les années 90, c'est pas la même chose que dans les années 2000, qu'en 2024. Et certainement pas pareil encore en 2027. Etc, etc. Donc il faut comprendre là où on veut aller, comprendre comment on peut le faire. Et encore une fois, je pense, sans jamais se sacrifier vraiment. en sachant quel est son cadre pour avancer.

  • Speaker #1

    Oui, et tu as une identité hyper forte, si tu commences à la respecter, c'est terminé.

  • Speaker #0

    Oui, exactement.

  • Speaker #1

    Ce n'est pas pour n'importe quelle marque, j'allais dire. Tu es en train de construire une marque.

  • Speaker #0

    En fait, la notion de marque est très intéressante, et d'ailleurs, moi, ce que j'observais énormément en termes d'entrepreneuriat, c'est la mode. Alors même si leur modèle n'est pas celui de... Je ne sais pas, si j'observe le développement de Jacquemus par exemple, qui est quelqu'un que j'ai beaucoup observé, ou de Ami, toutes ces marques avec lesquelles j'ai un peu grandi, parce qu'en fait elles sont apparues quand j'étais... Moi-même, j'avais 23 ans, quand elles ont commencé, c'était des gens que je croisais parfois en soirée. Donc voilà, j'ai observé de loin comme des toutes petites marques qui sont devenues moyennes. beaucoup plus grande et puis là j'ai connu ce ils sont 800 employés ou je sais plus quoi mais c'est l'eau qu'aux fous alors le modèle de la mode moi je ne sers à rien que j'ai un atelier avec 300 personnes de sud et dedans c'est absolument pas adapté à mes besoins mais mais par contre c'est intéressant par exemple d'avoir tout intégré ce qui existe pas ou pas ou presque pas en architecture intérieure mais pour moi c'est extrêmement important In fine, d'avoir l'agence d'architecture d'intérieur, de création et d'études,

  • Speaker #2

    qui soit imbriquée avec un outil de développement,

  • Speaker #0

    qui serait un atelier, on va dire, et que les deux travaillent ensemble en permanence, s'envoient la balle en permanence, et que ça avance en parallèle, en fait, pour ensuite servir les projets, qu'ils soient petits ou immenses, un jour. Donc voilà, pour moi, c'est un peu cette... notion là et finalement c'est vraiment quelque chose qui est omniprésent dans la mode de le créateur enfin l'équipe de créa de dire deux des à les dessinateurs etc qui ensuite renvoie la balle à tous les gens qui vont faire plutôt des documents techniques qui vont servir au studio de Enfin, vos ateliers à commencer à produire des choses, les prototyper, les renvoyer au créa, etc. Et du coup, en plus, ce que je trouve génial dans ce cadre-là, c'est que les choses avancent de façon très efficace. Oui,

  • Speaker #1

    c'est ça. Tu es beaucoup plus fluide et tu es un peu plus clairé.

  • Speaker #0

    Et puis, on n'est pas dépendant de... catalogues.

  • Speaker #2

    Donc après,

  • Speaker #0

    l'atelier n'a aucune vocation à produire 40 canapés. Il vaut mieux envoyer ensuite vers des ateliers qui sont spécialisés, qui font un travail beaucoup plus fin. c'est un travail très complexe, donc il faut mieux le faire faire par des ateliers compétents, ça coûtera sûrement moins cher, mais par contre, prototyper, même le faire à échelle 1, simplement pour bien comprendre les formes, les courbes, les connexions, avoir quelqu'un qui soit capable, par exemple, je n'ai pas ça aujourd'hui dans mon équipe, mais quelqu'un qui soit capable de travailler le tissu, la broderie, le point, tout ça c'est super intéressant, donc il faut avoir des moyens pour le faire, mais en tout cas, je pense que c'est dans le modèle. que je souhaite construire, il y a ce côté un peu couture haute couture de l'intérieur, de l'architecture d'intérieur et du design qui pour moi est essentiel. Le but c'est quand même de pouvoir servir un projet de A à Z et là aujourd'hui par exemple je suis en train de travailler sur des appartements mais aussi des tringles à rideaux et enfin j'en ai 5 en prototypage à nettoyer et puis en même temps mettre un angle à rideaux parce que c'est aussi des anneaux et tout ce qui va avec, les systèmes d'accrochage. Là, je suis en train de voir si on peut dessiner nos propres robinets parce que j'en peux plus de ne pas trouver ce qui me plaît dans les catalogues. Ça coûte une fortune à faire, mais finalement, entre acheter un robinet de 2000 euros sur un catalogue et le produire pour 2000 euros, autant le faire nous-mêmes. On est en train de faire... On développe plein de choses comme ça et le but, c'est petit à petit pouvoir répondre.

  • Speaker #1

    Oui, il y a une demande. Alors, tu parlais de matériaux, justement, bronze, carton roche, la pierre, le marbre, etc. Est-ce qu'il y a... un matériau qui te fascine plus qu'un autre ?

  • Speaker #0

    Ils sont tous différents. En fait, moi, ce que j'aime beaucoup, c'est la relation entre... Le matériau, il est issu, à la base, d'une envie d'esthético-sensible. On est dans un contexte et on se dit, là, il faut... que le regard soit trappé d'une façon ou d'une autre, qu'on raconte telle ou telle histoire. Et ensuite, une fonctionnalité.

  • Speaker #1

    Donc des propriétés.

  • Speaker #0

    Exactement. On ne met pas une pierre inadaptée à un endroit, on ne met pas un bois inadapté à un endroit. Et puis, contextualiser, bien entendu. Il n'y a pas des bois exotiques, par exemple, sur mes projets à Paris. Si demain, je faisais un projet au Ghana, il y aurait des bois du Ghana. Mais à Paris, il n'y a pas des bois du Ghana à Paris. Et inversement. Je me rappelle une cliente, ça ne s'est jamais fait, mais une fois... femme qui m'a contacté du brésil et qui voulait des grands dressings en chaîne french au bas dans un des pays du bois et au milieu de rio bayad et on fait pas des choses en chaîne à rio en fait le contexte est toujours extrêmement important et et ensuite le deuxième contexte c'est les besoins du projet Donc par exemple le carton roche, c'est un mélange de cellulose qu'on recycle, donc en gros on recycle des cartons, qu'on transforme en matière, et on le mélange avec de la poudre de calcaire.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    Locale, bien entendu. Et en fait ça c'est... C'est issu du besoin de développer des matériaux qui répondent à nos cahiers des charges, donc d'être responsable. Donc par exemple, pour la mode, c'est du mobilier qui est relativement jetable. Du coup, moi, je n'ai jamais voulu faire de céramique pour la mode. chez Lanvin il y a un petit peu de béton mais aujourd'hui je le ferai autrement j'adore ces pièces mais aujourd'hui je les ferai autrement c'était le début, là j'étais plutôt dans la période où j'étudiais la forme je comprenais ce que je voulais faire maintenant je comprends ce que je veux faire et je comprends comment je veux le faire aussi et du coup l'intérêt c'est que c'est un matériau qui ressemble à de la céramique à du béton, à de la pierre ça dépend des finitions qu'on lui apporte mais par contre il y a un bilan environnemental qui... qui est quasiment neutre, voire positif potentiellement. Et puis en plus, qui répond à des problématiques où typiquement, l'an 20, les podiums sont très très lourds. Et pour eux, c'est un problème parce que quand les podiums pèsent plus lourd que les visual merchandisers qui sont censés les bouger, c'est un peu compliqué pour eux. Et du coup, en fait, on développe ce type de matériaux pour ça. Par exemple, je suis en train de faire un gros focus sur... les patines métalliques parce qu'en plus moi j'adore le métal j'adore le bronze et je fais beaucoup de bronze et c'est très rare déjà le bronze qu'on fait donc là par exemple on fait toute une collection de bronze avec la galerie eco à mumbai donc c'est que des c'est que du métal recyclé en plus le calme ils ont déjà ces réflexes là il n'y a pas ce statut de travail à l'atelier en france non pas pour le coup je suis allé j'ai prototypé j'ai dessiné prototyper en france donc à échelle réduite ensuite ces échelles réduites je suis parti il y a un an. Le solo show, il est en janvier 2025. Par contre, j'ai sculpté les pièces en novembre 2023. Donc il y a grossièrement un an. Ensuite, je suis allé dix jours à l'atelier sur place pour les sculpter réellement sur place. Donc ça a évolué, ça s'est transformé, etc. Et je suis extrêmement content en plus de cette collaboration, à la fois de la collaboration humainement, etc. C'est une équipe géniale, mais aussi de la production qu'on a faite. Ça va être tellement beau. et ensuite sur place du coup c'est reproduit et c'est produit du coup en bronze c'est que des matières recyclées parce que par exemple en bronze en France on a un problème c'est que il y a beaucoup de personnes qui veulent du bronze qui n'a pas été recyclé Alors que du bronze recyclé ou du bronze par recyclé, ça ne se voit pas en fait. C'est la même matière. Mais psychologiquement parlant, pour les gens, il ne faut surtout pas utiliser le mot recyclé. C'est quoi ?

  • Speaker #1

    Dévalorisant pour le coup ? Oui,

  • Speaker #0

    il y a un côté dévalorisant.

  • Speaker #1

    c'est un peu comme les gens qui disent moi je veux du bois massif mais le bois massif en plus accès vraiment en menuiserie le bois massif ça peut vraiment créer des problématiques en fait donc je le comprends un peu mieux pour le bois massif parce que tu as l'impression d'une noblesse que tu vas pas avoir peut-être même une propriété qui va pas avoir même si c'est bête mais c'est pas forcément vrai surtout alors que le bronze recyclé ça reste du bronze

  • Speaker #0

    Oui mais même le bois massif en fait, quand tu as cette... alors il y a des choses, moi on sculpte énormément de choses en bois massif, plein de podiums pour des marques etc en bois massif. On en sculpte énormément, on a d'ailleurs tout un process pour récupérer du bois qui n'est pas issu de forêts industrielles, avec des conditions de récolte extrêmement localisées. En plus, ça nous ouvre des portes parce que ça nous ouvre à une grosse diversité d'essences. Ça, c'est une chose. Mais par contre, pour des portes de cuisine, par exemple, les ferro-bois massifs, à mon avis, c'est l'architecture intérieure qui parle, c'est plus de contraintes qu'autre chose. Et puis surtout, par définition, dans 80% du cas, c'est une cuisine qui est jetable, parce que les gens vont vivre dans cet appartement pendant 5 ans, 10 ans, 20 ans.

  • Speaker #1

    Et la cuisine ne sera pas résistée.

  • Speaker #0

    Et puis la personne qui va racheter l'appartement, elle aura bien raison de s'approprier l'appartement et de refaire les choses, surtout si elle nous appelle pour les refaire. Et puis surtout, quand on veut des façades chênes, c'est les façades qu'on veut, ce n'est pas l'âme qu'on veut. Donc du coup, autant utiliser 2, 3, 4 millimètres de bois, et ensuite avoir un support. qui soient bien sûr responsables, etc. Bien entendu. Pas des agglomérés avec X. Mais là, moi je pars du principe qu'on ne fait pas pousser un arbre pendant 200 ans, 300 ans pour le jeter à la poubelle 10 ans plus tard. Donc il faut vraiment économiser de la même façon pour le bronze ou le laiton, par exemple. Quand là, aujourd'hui, par exemple, je suis en train de faire des dizaines et des dizaines de miroirs pour habiller tout un mur, on les fait en carton roche qu'on vient patiner ensuite avec des effets de... de différents métaux, en fait c'est un peu comme toutes les couleurs d'un lever de soleil. Donc on part de choses un peu comme de l'argent oxydé,

  • Speaker #2

    presque canon de fusil,

  • Speaker #0

    jusqu'à des choses vraiment dorées.

  • Speaker #1

    Très chaudes, oui. Là tu parles du support du miroir ou du miroir lui-même ?

  • Speaker #0

    En fait le miroir en lui-même il est intégré dans une forme qui elle est décorative. C'est ça. Et en fait, on vient les patiner parce que d'une, il y a des notions de coût, etc. Ce qui est important, parce que le bronze, ça coûte par définition très cher. Mais surtout, à partir du moment où la personne n'a pas un accès direct, les miroirs sont à 3 mètres de haut, dans un escalier, où c'est impossible qu'une main les touche. En fait, entre un bronze et un effet bronze, il n'y aura pas beaucoup de différence. Et par contre, là où la différence se fait, c'est pour le porte-monnaie du client. Surtout, ça nous a permis d'en faire de façon beaucoup plus impressionnante. Et aussi en termes d'impact environnemental en fait. Parce que là où j'ai quelques grossièrement milligrammes de métal, normalement je devrais avoir en bronze, j'aurais je pense autour de 2 à 8 kilos par miroir. Et des miroirs, il y en a potentiellement 342. Donc c'est complètement autre chose. C'est vraiment, c'est tout un process en fait. Et in fine, c'est toujours au service du projet. Du coup, ça nous a permis d'accentuer les faits, de réduire le coût, de réduire le coût environnemental comme le coût économique, d'en produire plus. Et du coup, le projet sera beaucoup plus travaillé.

  • Speaker #1

    Tout le monde est satisfait. Très intéressant. Si tu pouvais collaborer avec une personne, architecte, décorateur, vivant ou mort, tu choisirais qui ?

  • Speaker #0

    On en parlait tout à l'heure, mais Oscar n'est meilleur, très clairement. C'est vraiment, je crois, le... En fait, je pense que c'est un des premiers architectes que j'ai découvert. J'avais peut-être 10 ans, quelque chose comme ça. Ça m'a fait... fantasmé. Et puis il y a toute cette notion de... Je pense que c'est quelqu'un qui avait compris ce qui était vraiment l'architecture. Et en même temps on peut tout à fait contrarier son travail etc. parce que c'est quelqu'un qui a voué sa vie à une proposition et comme toute proposition elle n'est pas forcément parfaite. Et une proposition permet d'en enclocher une autre. Mais c'est tous ces architectes qui ont compris que l'architecture c'est...

  • Speaker #2

    ça doit être des usages,

  • Speaker #0

    des sensations, une vision, une vision même politique pour lui. Il s'inscrit vraiment dans un... En fait, l'architecture c'est vraiment un outil pour l'homme, pour le développement de la civilisation, j'allais dire. Oui, c'est si loin que ça.

  • Speaker #1

    Tu as visité certains de ces lieux, de ces créations ?

  • Speaker #0

    C'est eux au Havre, ça c'est une chose. Et à Auguste Perret aussi, très clairement.

  • Speaker #2

    Auguste Perret,

  • Speaker #0

    c'était une des premières grandes rencontres architecturales, ça aussi.

  • Speaker #2

    Oui,

  • Speaker #0

    à Paris, bien entendu.

  • Speaker #2

    Et d'ailleurs,

  • Speaker #0

    à Paris, c'est presque plus un projet d'architecture d'intérieur que d'architecture dans un sens. Oui,

  • Speaker #1

    on parle du siège du Parti communiste. Il y a quand même cette forme incroyable.

  • Speaker #0

    Oui, mais en même temps, c'est un bâtiment quasi souterrain. Oui, c'est vrai. C'est assez étonnant. C'est mystérieux, oui. Et puis, c'est... Il y a aussi quelque chose que je trouve très intéressant avec le travail de Neyméer en règle générale, c'est que c'est quand même très... C'est assez étonnant parce que c'est très typique de son époque, et en même temps c'est assez éternel en fait.

  • Speaker #1

    Ouais, j'allais dire, effectivement l'intérieur notamment de ce lieu qui est classé, je pense, j'espère en tout cas... et très daté dans les couleurs, dans les formes, mais un côté très théâtral. On parlait de l'opéra garni tout à l'heure. Je ne sais pas si on pourrait comparer, mais j'imagine que l'effet du spectacle, c'est pas une... ... quoique il y a quelques défilés de mode qui se passent là-bas.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #2

    il n'y en a pas.

  • Speaker #1

    Mais j'imagine que le spectateur qui assiste à un congrès du Parti communiste en 1983, place du colonel Fabien, le décor devait avoir une influence considérable sur...

  • Speaker #0

    sur l'impact créé par le discours oui et puis en plus le bâtiment c'est un bâtiment qui a l'échelle humaine mais par contre il englobe les gens en fait on peut pas c'est impossible quand on est à l'extérieur c'est un peu différent parce qu'il est quand même le contexte est un peu particulier mais à l'intérieur on peut pas c'est un peu comme le Grand Palais ça me fait toujours, tous les ans ça me fait marrer les salons d'art où il y a les plus grands artistes de la planète dans les salons et en fait tout ce qu'on voit c'est les photos de la voûte du grand palais et ils pourront faire les plus beaux stands du monde et je suis promis à être frustré pour eux mais ils pourront faire les plus beaux stands du monde la plus belle scénographie du monde Jamais le regard ne pourra être détourné de cette voûte, c'est impossible. Et ces lieux-là, ça fait ça.

  • Speaker #2

    Le

  • Speaker #0

    Chagall au Grand Palais, par exemple, c'est... Au Grand Palais, à Garnier,

  • Speaker #2

    c'est...

  • Speaker #0

    Déjà, moi j'aime bien parce qu'il y a une volonté un peu de choquer, d'imposer. C'est très très visionnaire de se dire... il faut que notre époque marque son temps en fait.

  • Speaker #1

    D'ailleurs, je connais mal l'histoire de cette... La vérité, je ne suis jamais rentré dans l'Opéra Garnier. J'y vais pour la première fois en une semaine.

  • Speaker #0

    Très bien, c'est d'un gros... a commissionné tu connais l'histoire de ce comme il s'appelle le grand ministre de la culture malraux avait commissionné chagall parce qu'en fait historiquement il ya une il ya bien sûr une toile en dessous mais je crois qu'elle est pas passionnante ok il me semble très bon content même post seconde pampire parce qu'il a été fini après. Donc elle est sûrement très belle mais pas dans le complément du décor. Et en fait oui la notion c'est que les époques se parlent entre elles, de montrer que toute époque est la continuité d'une autre et puis de placer... En fait je trouve ça extrêmement important que chaque époque se place dans le paysage en fait. Et puis le prolongement. En fait c'est aussi quelque chose que je trouve assez étonnant, c'est que souvent l'architecture d'un travail la décoration, ce n'est pas considéré comme du patrimoine. Pour moi, ce genre d'acte, c'est un acte politique à la base, c'est la création d'un patrimoine.

  • Speaker #1

    P- Je suis absolument d'accord avec toi, mais c'est aussi très compliqué dans ton travail, mais pour tous les architectes, de devoir respecter le patrimoine tout en… tu parlais des normes tout à l'heure, qui étaient une… levier de création parce qu'il faut faire avec mais en même temps on a eu cette discussion d'ailleurs il y a quelques temps je crois autour d'un café où je disais je suis choqué de la disparition de pas patrimoine d'art décoratif parce qu'il n'est pas protégé, parce qu'il n'est pas valorisé, parce qu'il est méconnu. Je ne te parle pas d'endroits, évidemment, classés qui sont bien protégés, mais où les façades de bureaux, les façades des immeubles 19e sont évidemment très bien préservées à Paris parce que ça touche à l'urbanisme. En revanche, ce qui dépasse là, ce qui est à l'intérieur, on le détruit allègrement. On détruit parce qu'il faut faire des portes d'un mètre cinquante pour faire passer, et c'est normal, l'accessibilité, parce que... parce qu'il y a d'énormes incendies, parce qu'il y a tout ça, parce qu'il y a des contraintes de budget. N'empêche qu'on détruit des plafonds entiers moulurés, des étages entiers de parquets splendides et d'autres. Alors, il faut vivre avec son époque, c'est vrai, mais en attendant... En fait,

  • Speaker #0

    il faut toujours trouver le levier entre... Le bâtiment doit être au service de l'actuel et du un peu plus, quelques peut-être décennies suivantes. Mais voilà. Le monde évolue et du coup l'architecture doit se plier à l'évolution, c'est une chose. On a quand même la chance d'être dans un pays qui démolit assez peu et qui a tendance à rénover. Et ça c'est quand même une grande spécificité française. Et à Paris ça se sent énormément. Il y a des projets splendides, la Poste par exemple. C'est dingue ce qu'ils ont fait, c'est un des plus beaux projets des dix dernières années je pense. Après le bâtiment est tellement dingue de toute façon que...

  • Speaker #1

    Tu parles de la place du Louvre. Oui bien sûr.

  • Speaker #0

    Mais dans un autre domaine, la rénovation de Montparnasse finalement c'est la même chose. On aurait très bien pu dire on démolit, soit on reconstruit, soit on efface cette histoire. Ben non, on a décidé de rénover le bâtiment. On attend d'ailleurs depuis quelques années que ça se lance. Mais en fait, il y a vraiment ce... Moi, ce qui m'étonne toujours, c'est à la fois les autorités qui, par exemple, vont classer des éléments, mais en fait, ce ne sont finalement pas des éléments vraiment d'intérieur, ce sont des éléments constituants de l'architecture, comme par exemple un escalier central ou ce genre de choses. Mais en effet... des fresques ou quelque chose comme ça, si c'est pas... En fait, elles vont être traitées parce qu'il s'est passé quelque chose là, parce qu'il faut garder, figer le décor, je sais pas, de la signature, de la déclaration universelle des droits de l'homme, ce genre de choses. Mais c'est pas pour ça. sa qualité en elle-même. Une fois ça sur un projet, un petit escalier ouvrier, où apparemment si je ne me trompe pas, ils en avaient découvert deux comme ça dans Paris et ça a été classé. Ça a créé des problématiques dans le projet, mais c'est pas grave en fait, ça fait partie du... Et puis voilà, justement, c'est aussi le comportement. des architectes, des architectes d'intérieur, etc. où moi j'ai vraiment du mal à comprendre pourquoi dans un appartement haussmanien où on a 3m70 sous plafond ou 4m, si les moulures on ne veut pas les voir, on ne les détruit pas en fait, on pose un plafond, on les masque, quand on est à 3m80 au-dessus de la tête, on n'est pas à 15cm près et puis accessoirement c'est à l'archi de prendre les choses en main et de proposer quelque chose. Et en fait, on n'est pas obligé de tout détruire. Il ne faut jamais oublier qu'on n'est quand même que de passage dans un appartement. Même si on se le transmet d'un point de vue familial, mais on n'est quand même que de passage.

  • Speaker #2

    Et il faut quand même...

  • Speaker #0

    quand même être respectueux donc pas forcément de tout je suis absolument pas pour tout mettre sous bulle etc je pense que c'est la pire chose qui peut arriver au patrimoine et je pense que c'est aussi une des grandes chances qu'on a à Paris contrairement à Rome par exemple qui est une ville sous bulle Paris c'est à la fois une mégapole et en même temps un musée à ciel ouvert comme certains le disent, ça prend pas mon ressenti mais je peux comprendre qu'on ait cette idée là. Voilà les choses évoluent en permanence, c'est une ville qui a une facilité à se transformer de façon dingue mais par contre il faut se transformer tout en respectant à la fois l'ancien, enfin le passé, mais aussi le futur parce que... il faut donner une possibilité au futur de choisir ce qu'il va en faire. Et ça, c'est super intéressant.

  • Speaker #1

    Justement, le futur, on en parle. C'est le troisième chapitre de notre conversation. Les tendances, les évolutions, comment tu vois l'évolution du design dans les années à venir ? Question un peu bizarre, mais ça te suit aussi des tendances. On parlait de la mode tout à l'heure. Il y a forcément des tendances. Comment tu réagis par rapport à ça ? Qu'est-ce que tu dis à tes clients qui te disent j'ai vu dans un magazine qu'il fallait, qu'il fallait. J'ai vu tel architecte, j'ai vu machin, je veux ça.

  • Speaker #0

    En général, déjà, on ne fait pas ce qu'on a vu quelque part. Première chose. Et oui, les tendances, etc. Moi, je pense qu'il faut s'en écarter au maximum. en fait on a un métier où on est censé avoir une proposition donc notre proposition peut pas être de faire quelque chose à la mode on n'est pas des copieurs c'est il faut choisir un peu notre camp après c'est tout un panache de enfin on a un métier à l'architecte intérieur au designer finalement ça veut tout dire et rien dire donc il ya dix sept mille métiers différents finalement c'est derrière ces termes mais on a les tendances je les regarde pas enfin me En fait, moi, je fais ce que j'ai envie de faire.

  • Speaker #1

    Et c'est pour ça que tes clients viennent dessus, toi.

  • Speaker #0

    Et puis voilà, ils ont fait évoluer le projet jusqu'au moment où ça matche avec les clients. Mais après, il y a des choses qui m'interpellent. C'est à quel point la notion de développement durable est toujours pas présente, par exemple. En fait, la notion de santé publique commence vraiment à être présente. On voit que certains types de peintures ont complètement disparu aujourd'hui, certains types de vernis ont complètement disparu, certains types de matériaux commencent à disparaître ou de méthodologies par rapport aux matériaux. Mais c'est vrai que je suis toujours assez étonné de voir que la notion d'éco-responsabilité, de responsabilité humaine, quand je vois certaines... Ça c'est la grande discussion avec mon marbrillé favori, mais certaines pierres qui viennent du fin fond du monde sont mises en valeur comme des pierres splendides. Si elles étaient extraites dans des conditions normales, je serais le premier à les utiliser.

  • Speaker #1

    Et encore, tu parlais du French Oak à Rio, ça n'a pas de sens. Voilà,

  • Speaker #0

    dans un contexte...

  • Speaker #1

    La pierre verte du Zimbabwe, elle n'a pas de sens chez nous.

  • Speaker #0

    Voilà, ou certains onyx afghans, par exemple. Onyx, enfin, pierre afghane, c'est pas très compliqué de comprendre qu'il y a certainement des problèmes derrière, et c'est pas compliqué d'avoir des informations à notre époque, surtout. Donc oui, c'est des pierres vraiment grandieuses, mais il est hors de question de les utiliser, en tout cas de les utiliser en première extraction. Nous, on va les utiliser quand, par exemple, on a toute une petite collection de tables, de petites tables d'appoint, où en fait, on récupère des marbres qui sont déjà stockés. Donc en fait, on ne vient pas importer des pierres pour nous. C'est par exemple des petites tables bleues, par exemple, où ça, c'est un marbre du Brésil, si je ne me trompe pas, azoulé, quelque chose. En fait c'était issu des restes d'une salle de bain des années 60, semble-t-il, qui était au fin fond d'un stock. Parce qu'en fait comme le marbre c'est extrêmement compliqué, enfin la pierre en général, extrêmement compliqué à manipuler, souvent quand on va un peu gratter dans les stocks, on trouve des choses hallucinantes qui sont... Parce que ça coûte cher de les manipuler, donc c'est souvent beaucoup plus économique et simple de les laisser dans un coin. Et en général dans les marbreries, il y a ce qu'on utilise et ce qui est stocké. Et il faut aller un peu gratter de tous les côtés pour voir... et il y a vraiment des choses exceptionnelles à aller chercher on a fait pareil une table dans une pierre qui vient de Chine je crois, c'est quelque chose jamais on aurait commandé une table comme ça c'est mon marbrillé qui m'a dit tiens j'ai découvert cette tranche, est-ce que ça t'intéresse je te la mets de côté

  • Speaker #1

    Jean-Baptiste c'est incroyable tu connais Arnaud Declare peut-être qui est un de tes confrères designers qui un jour me montre euh... une création avec un marbre. Je ne pouvais pas croire que c'était de la pierre, d'ailleurs. Je pensais que c'était du bois pétrifié. Enfin, ça aurait pu être du coup, le bois pétrifié devienne de la pierre. Mais l��, en l'occurrence, on avait l'impression que c'était plus du bois brûlé, peut-être. Et en fait, il me dit, c'est une pierre japonaise, etc. Je dis, mais t'es allé chercher ça au Japon ? Il me dit, mais pas du tout. Et c'est exactement la même histoire. Il me dit, pas du tout, j'ai mon marbre, il est belgique, il est belge, il est flamand, qui m'a sorti ce stock qu'il avait depuis son père, et c'était une pierre qui n'était pas très intéressante parce qu'elle était je ne sais pas, elle était assez neutre il fallait la travailler, etc. lui il l'a travaillée avec, je ne sais pas si c'est de l'acide mais en tout cas un truc qui lui a changé son aspect et il en a fait un plateau de table incroyable forcément c'est très limité, c'est un stock qui n'ira jamais rechercher et réalimenter mais voilà,

  • Speaker #0

    c'est le même débat En fait la notion de limiter m'intéresse aussi parce que le but du studio c'est encore une fois de répondre très précisément ... Mon objectif, c'est de travailler forcément des choses qui sont assez luxueuses, parce que c'est obligatoire par rapport aux besoins économiques qu'on a pour développer les projets. Mais aussi qui sont... Si on revient à la question de où on voit le design demain, moi je suis assez persuadé qu'en tout cas, la carte à jouer pour beaucoup de designers, c'est de faire des choses vraiment très signatures. Je crois énormément en l'édition, et d'ailleurs je travaille dessus, donc ça montre que je suis... Mais par contre, la base du travail, c'est vraiment des choses pièces uniques ou apparentées. Et typiquement, ce type de process sert ça. Je pense que quand une marque, quand un client, que ce soit pour un appartement, pour une marque ou quoi que ce soit, regarde et se dit « ça n'existe pas ailleurs » . Par exemple, j'ai des fois des conversations avec des DA qui me disent « ton nom est affilié à telle marque » . Bah oui mais regarde j'ai aussi travaillé avec un tel, un tel, un tel et en fait c'est à chaque fois de notre univers mais servi de façon différemment. Déjà parce que Dune, Joe Malone, Ariad n'a pas le même univers que Isabelle Marron à Paris, déjà Dune. Et donc on travaille... Et en fait surtout le but du studio c'est d'apporter de la différence en permanence.

  • Speaker #2

    Oui,

  • Speaker #1

    de l'unicité et coller à... coller un brief et tu ne fais pas deux fois la même pièce.

  • Speaker #0

    Il y a un contextuel en fait, où il y a un style de base. C'est un peu... Par exemple, c'est ce que j'adore dans le travail de Jean Nouvel. C'est que... Une échelle au-dessus, bien entendu. Il y a un nom un peu au-dessus aussi.

  • Speaker #1

    Pour l'instant.

  • Speaker #0

    Mais ce que j'aime beaucoup, c'est que... J'avais entendu plusieurs fois se définir comme un architecte contextuel. Parce que justement, il a presque... Il a un style et en même temps, il a une absence de style. En fait, son style, c'est la façon dont il travaille les projets. Et du coup, après, ça... Et c'est vrai que quelqu'un qui ne le connaît pas ne peut pas comprendre que la Fondation Cartier et la Philharmonie, c'est le même architecte. Déjà, il y a 30 ou 35 ans de différence entre les deux. Mais surtout, quand on commence à étudier le projet, on se rend compte qu'il y a le même process derrière, il y a la même méthodologie par rapport à la fonctionnalisation de l'espace, etc. Et la même notion des déambulations... une forme de sensibilité et Et en fait, c'est un peu comme ça qu'on travaille en réalité. Et du coup, automatiquement, ça entraîne des objets uniques. Automatiquement.

  • Speaker #1

    Très intéressant. Si tu pouvais réinterpréter un espace, un lieu, un bâtiment... Un objet peut-être même iconique, emblématique en tout cas, tu choisirais quoi ?

  • Speaker #0

    Ça va être très mégalo ce que je vais dire. Enfin très mégalo et en même temps, franchement ça n'est pas loin. En fait il y a un endroit qui me désespère à Paris, ça devrait être le plus bel endroit du monde. Pour moi, déjà, le plus bel endroit du monde, c'est la cour carrée du Louvre. Quand je vais mal, je passe. Je fais un petit détour, surtout la nuit, et l'éclairage est somptueux. C'est marrant parce que moi qui suis passionné de botanique, qui suis quand même très dans mon époque, je suis dans un endroit classique, 100% minéral. Je trouve que c'est l'endroit le plus beau de la planète. Mais par contre, la cour carrée, elle donne sur la colonnade du Louvre. qui a été massacrée dans les années 60 avec les décaissements, l'espèce de parking.

  • Speaker #1

    Alors attends, décris-moi où c'est.

  • Speaker #0

    La colonnade, c'est la façade Louis XIV. C'est la sœur de Versailles en réalité, parce que ça a été construit. J'ai vu qui était l'architecte. Et en fait, ça a été construit en partie pour déjà valoriser le Louvre, la notion de Paris ville capitale. la première monarchie européenne, mais aussi un peu pour dire au roi, regarde, tu as le plus beau palais du monde à Paris, donc pourquoi tu n'en construis rien à 40 kilomètres ? Il y avait aussi cette notion-là. Et pour moi, la colonnade, c'est un endroit qui est... est d'une beauté folle et qui à la banque fin qui s'est réveillée à l'abandon on va me taper dessus si j'y sommes mais mais j'ai pas du tout à leur dire dans les dans les décaissements dans les fossés il ya des âges éco depuis 25 ans des générateurs et les et l'esplanade en sable devant deux gils ont mis du sable parce que je pense qu'il sait pas quoi mettre d'autres et de deux ça sert de parking à des utilitaires et en fait je me dis mais cet endroit ça devrait être le plus bel endroit du monde et en plus on est vraiment dans un des centres de l'arrière peut pas être sans le contexte qui a autour c'est quand même complètement fou et moi je me suis toujours dit un jour il faudra faire quelque chose ici moi j'imagine des jardins dans les fossés d un truc fait un lieu de vie de vie aussi, vraiment un lieu de vie avec, il y a des cafés somptueux juste en face, qu'on prolonge leur terrasse dessus, peut-être qu'on supprime cette micro-autoroute qu'il y a entre les deux qui est pas du tout agréable il y a un accès parking sur le côté donc on peut pas tout à fait supprimer la circulation mais il y a vraiment quelque chose à faire et on est dans un des endroits, c'est comme la place de la Concorde c'est un endroit que le monde entier nous envie c'est un des plus beaux endroits du monde, un des plus belles perspectives du monde, un des plus beaux ensembles architectural du monde en tout cas on aime cette architecture classique parisienne, on ne peut pas être insensible. Et les gens passent à côté sans le voir parce que l'environnement urbain autour, enfin l'aménagement urbain, c'est l'environnement urbain il est somptueux, mais l'aménagement urbain en fait n'existe pas. Et vraiment il y a vraiment un projet à faire quoi. D'ailleurs une autre colonnade, la colonnade de l'hôtel du palais de justice qui est Napoléon 1er pour le coup je crois, c'est pareil. supprimons ces barrières et ces cartes de CRS et faites-en un lieu de sculpture.

  • Speaker #1

    Madame, monsieur, futur ministre de la Culture et de la carte de dessous.

  • Speaker #0

    Et puis des lieux de vie surtout. Il y en a plein comme ça. La perspective du Jardin Botanique, par exemple, avec l'immense bâtiment, le palais dédié à la science de l'Histoire naturelle, il y a vraiment quelque chose chose à faire aussi je suis assez obsédé par les milieux urbains en général mais elle en plus ça coche pas mal de cas ce qui est la botanique aussi en plus c'est vrai que puis moi j'aime pas ces lieux qui sont alors déjà qu'ils sont dévalorisés par eux mêmes parce qu'en fait ils ont des potentiels fou et en fait juste alors je sais que c'est toujours compliqué que mais on peut faire des choses sans forcément sans forcément oui tousculé de la planète et Et puis, je ne sais pas pourquoi ça va un peu plus loin, mais c'est parce que ça devient des lieux de vie au lieu d'être simplement des lieux de... Enfin, la colonnade du Louvre, par exemple, les gens sortent de la cour carrée où ils passent pour aller sur les quais de Seine. Et en fait, la seule chose qu'ils doivent se dire, c'est « Ah tiens, il faut que je marche sur le trottoir, sinon je vais avoir du sable partout sur mes chaussures. » C'est vrai que c'est à l'époque où il y avait cette espèce de stabilité,

  • Speaker #1

    je ne sais pas comment ils appellent ça.

  • Speaker #0

    C'est horrible. C'est horrible. Donc voilà.

  • Speaker #1

    Message reçu, j'espère. Je le redis, Madame, Monsieur, ministre de la Culture, vous savez ce qu'il vous reste à faire. On arrive à la fin de cette conversation. C'est vraiment passionnant. Merci vraiment, Frédéric, pour ce voyage passionnant dans ton univers. Avant de terminer, j'ai quelques questions très simples, rituelles qu'on pose et que je pose à tous les invités. Alors déjà, qu'est-ce que tu dirais à un jeune designer qui hésite à se lancer, qui est en train... de se dire maintenant on me dit qu'il faut être avocat, mais en même temps j'ai envie de créer des trucs, tu dirais quoi ?

  • Speaker #0

    Que déjà d'une, il faut faire ce qu'on veut dans la vie, première chose. Je pense que si on veut avoir une vie qui fonctionne bien, il faut vraiment le baser sur son épanouissement personnel. Et bosser dans un domaine qui nous plaît, c'est déjà une bonne partie de cet objectif. Et puis ensuite, qu'il fasse ce qu'il a envie, en fait. Parce que ça va forcément fonctionner. S'il fait ce qu'il a envie et qu'il comprend comment le valoriser, le monde est immense. Enfin, vraiment, il y a...

  • Speaker #1

    Zéro limite.

  • Speaker #0

    Je ne dirais pas qu'on a un milliard de clients potentiels, mais en tout cas, on a beaucoup plus de clients potentiels que ce dont on a besoin. Et puis ensuite, il faut par contre que ces clients comprennent qu'on existe. Et donc ça, c'est la partie peut-être la plus compliquée, sincèrement. Mais ouais, c'est juste... se lance en fait parce que c'est pas un métier facile mais par contre c'est un métier qui est infini et par définition plus c'est un métier qui vient de nous donc s'il ya bien un métier dans lequel on est censé s'épanouir c'est celui ci si le design c'était une musique un film tu choisirais

  • Speaker #1

    quoi comme morceau comme film qu'est ce qui deviendrait l'esprit pour le décrire qui sont très difficiles

  • Speaker #0

    En fait, tout de suite, j'ai des images de Bienvenue à Gataca qui m'arrivent en tête. Mais je pense que c'est parce que j'ai vu ce film. J'ai un frère qui a 4 ans de plus que moi. Du coup, il a dû le regarder quand il avait, je ne sais pas, mettons, 14 ans. Donc moi, j'étais beaucoup plus jeune.

  • Speaker #1

    Donc toi, ça t'a frappé parce que c'était...

  • Speaker #0

    Et j'ai ces images de... Ça rejoint un peu les meilleurs, d'ailleurs. C'est une architecture qui est très largement inspirée.

  • Speaker #1

    C'est même carrément...

  • Speaker #0

    C'est peut-être carrément filmé là-bas, d'ailleurs.

  • Speaker #1

    Oui, c'est bien possible.

  • Speaker #0

    C'est beaucoup plus blanc, donc peut-être un peu retouché, mais je ne sais pas.

  • Speaker #1

    Il y a un côté très...

  • Speaker #0

    il y a une étude à faire mais en tout cas j'ai tout de suite ce film qui m'arrive en tête et esthétiquement parlant c'est un l'histoire elle est ce qu'elle est j'adore la science fiction mais elle est ce qu'elle est mais par contre esthétiquement il y a quelque chose qui est c'est vraiment du volume, il n'y a pas de décoration dans ce film des aplats de couleurs, des aplats de blancs, des volumes, des lumières, des choses comme ça qui jaillissent au fin fond du pays. Enfin, je trouve ça super intéressant.

  • Speaker #1

    Écoute, il faut que je le revoie. Je l'ai vu il y a une bonne quinzaine d'années. Et enfin, si tu devais garder un seul meuble, un seul objet que tu possèdes, si tu devais en garder qu'un, ce serait quoi ?

  • Speaker #0

    Un objet que je possède ?

  • Speaker #1

    Que tu possèdes ou en tout cas avec lequel tu vis ? S'il ne devait en rester qu'un, ce serait lequel ?

  • Speaker #0

    Attends, attends, attends... Pas bonne question, très bonne question... Je pense à rien, je... La première vue j'irai à mes lignes. J'aurais tendance à dire que c'est pas vraiment un objet, c'est plutôt un empilement de tous mes carnets de croquis, de notes, etc. Parce que... J'suis tout le temps en train de prendre des notes. j'ai pas beaucoup de mémoire donc je suis tout le temps en train de prendre mes notes et en fait ça s'accumule partout tu gardes cette mémoire avant il y avait le bureau de mon assistant et le mien et le sien il était toujours très clean comme ça le mien il était couvert de papier parce qu'en plus plus ça s'accumule donc ça s'effondre. C'est plutôt cet empilement parce que c'est une espèce de... C'est vraiment mon disque dur en fait. C'est à la fois des annotations, des croquis etc. Mais c'est tout ce que... En fait j'écris beaucoup et je dessine beaucoup pour me libérer un peu, sinon ça me retède. Et du coup ça s'accumule depuis des années et des années. Et des fois je les réouvre. Parce qu'en plus finalement je les ouvre assez peu. Donc par exemple là je dois dessiner des tables par exemple pour un projet. Et en fait je commence à dessiner alors que je pourrais... très bien ressortir dans mes croquis enfin rentrer dans mes croquis plutôt, les observer, trouver déjà des idées qui ont peut-être été déjà un peu élaborées. Ben non en fait, c'est vraiment un disque dur oublié.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Frédéric, c'était vraiment un plaisir d'échanger avec toi. Ton travail montre qu'on peut allier simplicité, profondeur, respect des matériaux, du design. Franchement, c'est aller découvrir le travail de Frédéric. Frédéric Imbert, on te trouve sur Instagram, tu es un enfant d'Instagram. Instagram, tu l'as dit toi-même. On te trouve aussi dans des galeries, on mettra des liens en dessous de ce podcast. Dans le prochain épisode, on continuera à explorer des parcours uniques et inspirants. Et à très vite donc, Frédéric, dans The Design Talk.

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