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The Palace Mindset

Le Cambodge

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29min |13/05/2025
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Le Cambodge

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29min |13/05/2025
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Description

Je vous emmène avec moi à la découverte du Cambodge, de Phnom Penh à Siem Reap, à travers des lieux où l’histoire affleure à chaque coin de rue.


Aux Raffles — ces hôtels mythiques figés dans le temps — j’ai dormi là où diplomates, artistes et écrivains ont laissé leur trace. Mais ce sont les visages, les sons et les petites histoires du quotidien qui ont donné toute une âme à ce voyage.


Entre art, histoire et émotions, je vous raconte un Cambodge intime, pour vous donner des envies de départ, ou simplement laisser voguer votre imaginaire.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans le podcast qui pousse les portes des grands hôtels pour réinventer votre quotidien. Palace Mindset, bonjour, comment puis-je vous aider ? Ça y est, j'ai réalisé un projet qui me tenait à cœur depuis des années, visiter le Cambodge. J'étais déjà allée en Asie une fois, à Bali. Ce qui m'avait plu, à part le climat et les paysages, c'était l'atmosphère singulière. Un mélange d'ultra-bienveillance de la part des habitants et de l'histoire spirituelle des dieux. Je m'attendais à retrouver cette ambiance au Cambodge et je n'ai pas été déçue. Allez, je vous embarque avec moi. Bienvenue dans ce nouveau format, carnet de voyage. La plupart du temps, je cherche à découvrir des destinations peu médiatisées. Peut-être à cause ou grâce à mon travail, je fuis le tourisme de masse. J'apprécie les visites où je peux me faire un avis par moi-même, sans être bombardée de vidéos sur Insta. Ça faisait plusieurs mois que cette région d'Asie du Sud-Est me faisait de l'œil. J'ai donc planifié un périple entre Cambodge et Vietnam. Je vous invite à vous abonner et à suivre le compte Insta à The Palace Mindset. pour ne pas rater la seconde partie du voyage. Nous voilà donc partis pour l'Asie. De Lausanne à Paris, 3h30 de train. Puis de Paris à Shanghai, 11h. Une escale de 4h et finalement un vol de 6h pour atteindre Phnom Penh, la capitale. Soit plus d'une journée de déplacement où on arrive crevé et en pleine nuit. Mais alors qu'on est dans la voiture pour rejoindre l'hôtel, l'excitation prend le dessus. Plongée dans un décor inédit, je ne dis plus un mot pour m'adonner à l'étude des rues de la ville. L'air chaud des vitres baissées me berce pendant que j'observe avec enthousiasme les locaux sur leur scooter qui, eux, sont bien réveillés. Et qui sourient. Beaucoup. Je comprends alors que ce pays vit aussi la nuit. Il y a une odeur d'essence environnante, accentuée par la température étouffante. En bruit de fond, j'entends des brides de musique cambodgienne émanant des foyers. Ici, quelques immeubles, pas de commerce moderne. On est en immersion dans l'Asie originale. Pas celle des gratte-ciels de Singapour. Une énergie grouille. celle du renouvellement. On sent que la ville est en plein développement. Il y a une odeur de fruits exotiques, gorgées de soleil qui s'échappent des vendeurs à la sauvette qui parcourent les avenues à vélo. L'écriture sur les affiches et les pancartes rappelle l'Inde. C'est l'alphabet Khmer. J'apprendrai par la suite l'importance des relations culturelles et religieuses entre l'Inde et le Cambodge. Au bout d'une dizaine de minutes, le décor évolue. Le bruit s'estompe et les rues s'élargissent. Les bâtiments plus anciens prennent de la hauteur. Les ambassades apparaissent l'une après l'autre et sur certaines façades, on peut lire « Bibliothèque » ou « Poste » , c'est le quartier français. En 1863, une convention franco-kmer établit un protectorat de l'Empire français sur le territoire. qui craint l'attaque de ses deux voisins, la Thaïlande et le Vietnam. Aujourd'hui encore, de magnifiques bâtiments coloniaux s'élèvent en témoins historiques. Je regarde avec de grands yeux et sous les lumières nocturnes ces constructions hautes et larges, vraiment imposantes. Et parmi ces monuments, une entrée au jardin particulièrement luxuriant attire mon regard. La voiture s'insère doucement. Je n'arrive pas à y croire. C'est notre hôtel. Bienvenue au Raffles Hotel Le Royal. Les Lobby Boys, les garçons à l'entrée, ouvrent la portière, nous souhaitent la bienvenue et nous installent dans une grande pièce à l'entrée. Comment vous dire ? Comme l'impression d'arriver chez des amis de la famille royale. On s'y sent déjà comme à la maison. C'est fou, étant donné la hauteur sous plafond exceptionnelle et les décors absolument dingues qui nous entourent. Les senteurs m'enivrent. Notes de jasmin, vapeur de riz cuit et d'humidité environnante, arôme de lotus. Comme si nos sens n'étaient pas assez stimulés encore, le majordome nous apporte un breuvage de bienvenue à la citronnelle. Et mon goût se met alors au diapason. Mais l'euphorie devra attendre, on va se coucher. Un ray de lumière me caresse la peau, sur mes jambes découvertes de la couette que j'ai repoussée toute la nuit. J'ouvre les yeux, le jour qui traverse les rideaux révèle toutes les couleurs de la pièce. Notre chambre s'appelle l'Enemark parce qu'elle se situe dans le bâtiment historique de 1929, et ici le temps semble s'être arrêté. Lorsque j'arrive dans un hôtel, l'un de mes premiers réflexes est de scruter la papeterie. Sur notre bureau, les documents ont une allure formelle, voire royale. Dorures et encadrés, presque comme des archives. Ça me donne tout de suite l'envie d'écrire. Ce que j'ai pas manqué de faire pour collecter mes impressions spontanées, pour ne rien oublier dans cet épisode. Globalement, la technologie s'estompe dans cet endroit magique, rendant hommage aux objets précieux, témoins des époques qui passent. Les cartes postales proposent des illustrations des élévations de façades du bâtiment. Le téléphone à cadran en bois et en laiton est bien fonctionnel et nous permet même de joindre notre maître d'hôtel. Un mix parfait entre le confort du monde moderne et le charme de l'ancien. Une des stars de l'espace, Avec les plafonds, les parquets et les bois des meubles hérités, c'est la baignoire. Une magnifique baignoire sur pied, qui en a vu passer des icônes. Oui, parce que depuis l'ouverture de l'hôtel, Charlie Chaplin, Charles de Gaulle et Jackie Kennedy sont autant de grands noms qui y ont séjourné. Chacun y laissant son empreinte, à travers un intitulé de suite ou un cocktail phare. L'histoire du Raphaël Zotel le Royal est spectaculaire. Il s'inscrit dans la vision de l'architecte Ernest Hébrard, qui en 1923 décide de révéler toute la splendeur de Phnom Penh à travers un plan d'urbanisme révolutionnaire. Il prévoit un canal, des avenues bordées d'arbres, un marché central et surtout, un hôtel majestueux qui serait le plus haut et le plus grand bâtiment de la ville. Et pour inaugurer cette construction d'une telle splendeur, Sa Majesté le Roi lui-même est présente. Dès les années 30, la réputation du lieu rayonne et attire des célébrités du monde entier, souvent comme escale pour aller visiter les temples d'Ankor plus au nord. En 1975, lorsque le pays connaît des heures terribles, le royal tombe entre les mains de l'armée des Khmer Rouges. Il ferme ses portes. Puis... à la chute du régime, réouvre d'abord pour abriter les aides internationales. À partir des années 90, l'hôtel récupère son nom et sa joie, subit de nombreuses rénovations et voit sa façade repeinte dans le somptueux blanc lotus pour qu'aujourd'hui, vous et moi, puissions y séjourner sur les pas de ces acteurs historiques. Il est temps de sortir et d'aller explorer, déjà guidé par les damiers d'origine qui tracent les longs couloirs. Par les nombreuses ouvertures, je me rends compte que la végétation est reine ici. Un arbre majestueux règne tant mètres dans le jardin, soutenu par des poutres. La piscine traversée par un pont reliant l'ancien et le nouveau bâtiment est bordée de frangipaniers. Leurs branches qui penchent vers l'eau laissent tomber délicatement de jolies fleurs blanches au cœur jaune. J'avoue, je n'ai pas résisté à l'envie d'en glisser une dans les cheveux. L'eau a toute son importance quand on sait qu'à l'époque, les grandes avenues étaient des canaux. La ville est encore aujourd'hui entourée du mythique Mekong et de la rivière Tonle Sap. On s'avance vers le petit déjeuner en terrasse, dont la proposition culinaire est simple, mais composée de bons produits, et l'atmosphère est sereine, le climat est chaud. Une force tranquille s'échappe décidément de cet hôtel et de son vécu. Le service opère comme un lien entre deux cultures qui se rendent hommage, les Khmer et les Français. Le raffole a conservé des influences françaises dans les subtilités, notamment les pâtisseries. Les moments passés ici semblent hors du ton. Lisa, qui nous sert les boissons chaudes, est d'une douceur inégalée à l'image du lieu. Aucun frottement ne peut entraver notre expérience. Nous sommes même bercés par un son d'ambiance au bruit d'oiseaux exotiques. Le voyage initiatique débute dans l'hôtel, qui est finalement un monument comme les autres. Mais j'enfile mes baskets, il est temps d'explorer. Je sors de l'enceinte et me retrouve plongée dans le tumulte des scooters et tuktuk, qui sont le cœur battant des rues. Pour être honnête, marcher n'était peut-être pas la meilleure idée parce que traverser est un défi à chaque fois. Mais l'immersion est totale. Grâce à ce parcours, j'ai le temps d'apprécier d'autres constructions comme la bibliothèque voisine. J'y entre timidement. Ce qui est fou, c'est que malgré son héritage culturel, ses visiteurs sont très jeunes. L'envie d'apprendre se traduit par la concentration des étudiants. L'éducation et l'art semblent prendre leur revanche sur les sombres années guidées par les Khmer Rouges qui combattaient l'intellectualisme. Ambassades, musées nationaux, palaces royaux et colonialistes, si vous appréciez l'architecture, comme moi, c'est un plaisir pour les yeux. En ville, les touristes se font rares au profit de petits vendeurs, d'écoliers, de chauffeurs de tuktuk. La ville grouille. Les étals couvrent les rues et les senteurs qui s'en émanent sont plus ou moins agréables. Oui, parce que parmi les fruits exotiques, il y a aussi du durian. Vous connaissez ce fruit ? Figurez-vous qu'il est interdit de voyager avec et qu'il est même banni de certains espaces publics. On parle d'une odeur de cadavre en décomposition. Mais son goût, si vous avez le courage de goûter, s'apparenterait à de la crème anglaise. Bon, personnellement, je n'ai pas essayé. Au marché, on trouve aussi de la viande accrochée à des piques qui maturent au soleil. Bref, un mélange assez déconcertant pour nous, Européens. Parmi les lieux dédiés à la culture, un passage au musée du génocide s'impose. Une ancienne prison du régime, comme un devoir de mémoire. Le lieu a été conservé en état. L'exposition traite de l'expérience des enfants à cette époque, un moment impactant du voyage. Dans notre escapade du jour, une visite du Palais Royal, aux toits dorés et brillants, en pointe et aux cornes élevées vers le ciel, le Musée National, moins haut, aux couleurs chaudes briques et ocres, est tout aussi majestueux. Il regorge de trésors nationaux, sculptures et statues issues des temples, peintures originales, autant de pièces récupérées des pillages du XXe siècle qui font aujourd'hui la fierté des habitants. On s'arrête dans un café pour le déjeuner, le Eleven One Kitchen, dans le quartier BKK One. C'est comme une oasis de fraîcheur, dans la température pesante, colorée par la verdure des végétaux qui apporte vie et joie au lieu. Une fusion entre cuisine cambodgienne et plat européen, dans une atmosphère décontractée et sous la brise rafraîchissante d'un ventilateur en bois. Retour à l'hôtel. L'heure dorée sonne, le soleil disparaît peu à peu et des nuances rosées envoûtantes recouvrent le ciel du Raffles. Je m'installe au bord de la piscine pour dévorer mon livre dans des conditions idéales. Une autre cliente travaille sa brasse dans le bassin et les voyageurs profitent comme moi du spectacle. Dans le silence, je pense que les mêmes valeurs nous unissent. Une recherche de calme et de sens profond dans ce voyage. Ici, ça parle cambodgien, français ou allemand principalement. De l'autre côté de la rue, un géant s'élève. Hôtel concurrent d'une célèbre marque américaine. On y est allé, on y a dîné. Et l'atmosphère est bien différente. Aussi agréable, mais on n'y va pas pour les mêmes raisons. Il propose une terrasse sur la ville où chanteurs acoustiques et DJ donnent le la à une ambiance festive et bruyante qui nous ramène en 2025. Les cocktails plus pop sont inspirés des mangas japonais. Au Raffles, chaque geste évoque une certaine spiritualité. L'histoire est le fil rouge, ancré dans les décors et les interactions. Le bar en est un pilier. Atmosphère tamisée, recettes inspirantes et représentations d'éléphants en sont les marqueurs. Un jour peut-être, j'irai boire un Singapour Sling à celui de Singapour. Mais aujourd'hui, à Phnom Penh, on m'invite à déguster le Femme Fatale. Drôle de nom. Ce que j'ignore, c'est que je marche sur les pas de l'ancienne première dame des Etats-Unis, Jackie Kennedy. En fait, c'était son rêve de petite fille de visiter le Cambodge, surtout pour les temples d'Angkor. Invité par le prince lui-même malgré les nombreux aléas de son voyage, son séjour est bien resté depuis dans les mémoires. Même le magazine Life a couvert l'événement. Bien sûr, elle a séjourné dans le plus prestigieux hôtel de Phnom Penh, vous l'aurez deviné, le Royal. Et comme Madame n'a jamais caché son goût pour le champagne et les cocktails, on lui aurait confectionné un breuvage signature. Voilà, c'est celui-là que je bois. Le femme fatale. Et j'aime beaucoup, pas seulement le nom. Un peu comme la pyramide olfactive du parfum, ce que je ressens s'opère en trois temps. D'abord, en tête, une certaine gourmandise, subtile, pas comme un cocktail girly cliché, trop sucré. C'est la fraise. Puis, comme des notes de cœur, une vague de chaleur dans ma gorge, des arômes qui ont du corps et qui donnent toute leur puissance à la boisson. Il s'agit du cognac, le côté fatal bien sûr. Et finalement, en fond, une certaine légèreté qui crée l'équilibre et ajoute une touche sophistiquée du vin pétillant. Une recette pourtant simple, mais dont l'équilibre parfait m'épate. Un vrai cocktail de grande dame. Je vous partagerai la recette sur Instagram, n'hésitez pas à aller voir sur le compte The Palace Mindset. Mais c'est au retour en chambre, après une douce soirée au bar à rire dans une atmosphère vibrante de soir d'été, qu'un autre type de magie opère. Quand la quiétude des longs couloirs sereins vous raccompagne, que la fraîcheur de la pièce vous accueille, alors que vous vous préparez à aller dormir, en vous déchaussant assis sur le fauteuil, en débriefant de cette belle journée de découverte, vous trouvez, sur l'oreiller, une surprise. Un petit feuillet. Je lis Fables of the Exotic East from the Raffles. Ici, pas de chocolat sur le lit au service du soir. En fait, à chaque fin de journée, est déposée une histoire rendant hommage à la région ou aux mémoires d'explorateurs d'Indochine, à un article de journal ou bien un extrait de roman. Un rituel fort qui me guide vers le sommeil grâce à une joyeuse dose d'onirisme. Le jour se lève et il est temps de partir, à contre-cœur de quitter cet endroit précieux. Mais surtout, impatient d'attaquer la partie tant attendue du voyage, le trésor du Cambodge, les temples d'Ankor. Vous voyez dans Lara Croft les édifices sauvages en pleine jungle dont les lianes se mélangent aux pierres taillées. Alors nous voilà partis en voiture pour remonter l'artère principale du pays avec pour destination Simrip. À mesure que nous quittons la ville, les maisons grandissent. Derrière les commerces et les habitations qui bordent cette voie, d'immenses espaces vierges. Les constructions sont rassemblées autour de ces axes, mais l'horizon me laisse entrevoir les pâturages plutôt secs, à perte de vue. La perspective est étonnante, surtout pour une résidente suisse, aucune montagne n'est visible. Nous sommes partis aux alentours de 15h30 et voyons donc défiler sous nos yeux le coucher du soleil. C'est beau, car les paysages évoluent, devenant de plus en plus sauvages et aérés, adoptant une couleur orangée. Les quartiers sont tout à coup plus agricoles, les poules et les buffles se baladent librement de part et d'autre de la route. Tiens, un groupe d'enfants vêtus du même uniforme partent à l'unition de l'école, enfourchant leur vélo. Plus loin, d'autres écoliers, qui avaient pris de l'avance, roulent paisiblement en discutant et en riant. Deux garagistes boivent le café. C'est comme une vie de village qui se déroule sur une voie unique. Ici, les habitations sont un peu plus reculées, profitant d'une entrée et d'escalier. C'est bien différent du chœur de Phnom Penh. Les voitures remplacent les tuktuk, l'ambiance est calme. Puis, la nuit tombe doucement. Les décors s'effacent peu à peu tandis qu'apparaissent des points lumineux. Les lumières de nombreux restaurants et leurs terrasses ou des décorations pour réveiller la végétation. Un rond-point, puis une ville se dessine. Un canal recouvert de lampions, un parc, comme l'impression de changer tout à coup de culture. Une famille joue au badminton, sur une grande place, d'autres s'entraînent dans une salle de sport à ciel ouvert, un couple s'embrasse sur un banc. Et au milieu de ce tableau, notre nouvelle résidence apparaît, le Raffles Grand Hôtel d'Ancor. On nous accueille avec des crâmes, les écharpes locales. Ma première soirée, seule sur la terrasse du restaurant, est un moment de calme absolu après une journée bien remplie. L'air frais du soir me caresse le visage, contrastant agréablement avec la chaleur qui m'a enveloppée toute la journée. Autour de moi, les lanternes diffusent une lumière douce, et la vue sur les jardins bien entretenue me donne l'impression d'être à l'écart du monde. C'est comme si le temps ralentissait ici. Je savoure chaque bouchée, appréciant le mélange subtil des saveurs cambodgiennes de mes nouilles au bœuf, tout en laissant mon esprit vagabonder entre le souvenir de Phnom Penh et le confort de cette nouvelle partie du voyage. Parfois, sorti de mes pensées grâce au cri d'un gecko. Puis, je rejoins le bar pour ne pas finir grignoté par nos amis les moustiques. Une douce musique pose le décor. Celle d'un pianiste qui joue dans le salon et qui chante avec passion. Moment hors du temps. Ses spectateurs esquissent un sourire, lui font un signe de gratitude. comme si on était tous de bons amis, réunis dans la pièce principale d'une maison de famille. La star de l'espace est sans hésitation l'ascenseur. D'origine bien sûr, mais rénové et fonctionnel, un objet d'art au bois précieux. Le mobilier et la décoration sont choisis avec soin, sans anachronisme, sans fausse note. On retrouve le damier du Raffel Snompen, comme un élément familier. Pour les plus curieux, un historien propose des tours de la propriété pour en saisir toutes les subtilités. Vous pouvez aussi apprendre l'art de travailler les feuilles de lotus ou à composer un cocktail aux saveurs locales, citronnelle, citron kéfir, gingembre. En regagnant ma chambre, je découvre une coupe de fruits avec des longans, de la même famille que les litchis et les rambutans. Un fruit cultivé au nord du pays, article commun des marchés cambodgiens. Une petite note me vante ses atouts. Il réduirait la pression sanguine et améliorerait la qualité du sommeil. Mais surtout, posée sur mon lit, je retrouve ma merveilleuse fable du soir, décrivant cette fois les temples d'Ankor comme une mise en bouche de ce qui m'attend le lendemain. Mais avant cela, je ferme les yeux et me laisse gagner par le sommeil. Les jours suivants, impatiente, je me lance dans l'exploration des temples. Mon chauffeur de tuktuk m'emmène chaque matin à la découverte de nouveaux sites. Nous roulons à travers les petites routes poussiéreuses, au milieu des paysages verdoyants, et je me laisse guider par son sourire amical. Il connaît la région comme sa poche, me conduisant aux endroits les plus calmes, loin de la foule. Nous visitons Encorvat, Bayonne, Taplum et bien d'autres temples, chacun avec sa propre histoire, ses pierres sculptées et les racines entrelacées. Les visites sont intenses, mais si riches en histoire et en esthétique. La visite du temple de Taproam, célèbre pour ses scènes dans Tomb Raider, me transporte dans un autre temps. En me frayant un chemin entre les racines massives des arbres qui semblent avaler les pierres du temple, je me sens comme une véritable exploratrice. Les murs recouverts de lichens et de mousse sont envahis par des racines noueuses, offrant un spectacle sédissant où la nature et l'architecture se mêlent dans une harmonie presque irréelle. Le silence qui règne, seulement perturbé par le souffle du vent et le chant lointain des oiseaux, ajoute à l'atmosphère mystique du lieu. Chaque détail raconte une histoire oubliée, et je m'imprègne de cette sensation d'aventure et de découverte comme si je m'apprêtais à percer les secrets cachés de ces pierres anciennes. C'est un voyage dans le temps, où le passé, magnifiquement conservé, se dévoile sous mes yeux. Derrière cette beauté brute, une unité internationale impressionnante se déploie. 17 pays collaborent activement à la restauration et à la préservation du patrimoine. Ce projet vaste et complexe démontre l'engagement collectif pour conserver ces trésors culturels pour les générations futures. Ce travail commun entre nations est palpable sur les lieux. Chaque pierre restaurée, chaque racine dégagée, témoignent de cette solidarité mondiale qui œuvre à redonner vie à ce patrimoine exceptionnel. Et nous ne sommes pas les seuls à apprécier ce spectacle. Poules, chiens et même cochons sauvages cohabitent ici avec les hommes et les singes. Les chiens errants sont interdits, officiellement, mais réussissent toujours à se frayer un chemin pour accéder au temple. Après tout, en quoi nous appartiennent-ils plus qu'à eux ? Ils semblent comme attirés par la sensation de protection et la bonne énergie qui se dégage des lieux. On pourrait croire que ce sont uniquement des lieux touristiques, mais en réalité, les Cambodgiens disposent d'un accès libre et en profitent régulièrement. C'est sans surprise que j'y croise une famille qui pique-nique ou un couple d'adolescents dont le comportement pousse à croire que c'est leur premier rendez-vous. Ce qui m'a frappée ici, c'est que les touristes s'intéressent plus à l'histoire qu'aux réseaux sociaux. Il est pour moi l'un des seuls endroits où je me suis sentie comme une véritable exploratrice, loin des destinations trop médiatisées. Et ça fait du bien. Un matin, je fais la rencontre de deux jeunes Belges qui sont en stage et voyagent elles aussi au nord du pays. Et leur compagnie est rafraîchissante. Nous discutons des temples, des différences culturelles et de nos impressions respectives sur Simrip. Nous échangeons des conseils et elles me parlent de leurs propres explorations. La simplicité et la sympathie de notre rencontre me rappellent que même loin de chez soi, on trouve toujours un lien humain dans ces moments de partage. Le retour à l'hôtel chaque soir est un contraste saisissant, avec l'effervescence des temples. Dès que je franchis les portes du Raffles, l'atmosphère change. L'architecture coloniale avec ses arcades et ses jardins ombragés offre un havre de paix bien loin de la chaleur suffocante de dehors. Mais je ne ressens pas une coupure totale, grâce aux statues et aux fresques jumelles de celles des temples. Un lieu doit épouser son décor. Et honnêtement, j'en veux beaucoup aux hôtels qui n'ont pas cette sensibilité. Tout commence par là. Je plonge dans l'immense piscine. Elle est enclavée entre les bâtiments comme un véritable oasis caché du regard des passants. Son bassin, long et majestueux, semble presque se fondre dans l'architecture elle-même, comme une extension naturelle de ce lieu. L'eau d'une clarté parfaite me permet de me délasser après des journées découvertes. En plongeant, je sens instantanément la fraîcheur m'envahir, effaçant la fatigue et le poids de l'air humide. Tout semble pensé pour offrir un contraste parfait avec la chaleur et l'effervescence du monde extérieur. Les jardins verdoyants qui entourent la piscine, les arcades qui l'abordent et l'ombre bienfaisante des palmiers créent une atmosphère sereine et tranquille. C'est dans ce cadre que je termine mes journées, bercées par la fraîcheur et la beauté du Raffles, un lieu où chaque détail semble avoir été conçu pour apaiser le corps et l'esprit. Si vous êtes resté jusque là, c'est que vous aimez les récits d'aventure. Et moi aussi. N'hésitez pas à raconter votre plus beau voyage en commentaire. Et puis surtout, tenez-vous prêt pour la partie 2 qui se déroule au Vietnam. A très bientôt, votre hôte Julie. Merci d'avoir passé ce petit moment avec moi. Et surtout, rappelez-vous, la vie est ce que vous en faites. Alors faites-en une expérience 5 étoiles. A la semaine prochaine, même heure, même endroit, dans The Palace Mindset. Sous

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Je vous emmène avec moi à la découverte du Cambodge, de Phnom Penh à Siem Reap, à travers des lieux où l’histoire affleure à chaque coin de rue.


Aux Raffles — ces hôtels mythiques figés dans le temps — j’ai dormi là où diplomates, artistes et écrivains ont laissé leur trace. Mais ce sont les visages, les sons et les petites histoires du quotidien qui ont donné toute une âme à ce voyage.


Entre art, histoire et émotions, je vous raconte un Cambodge intime, pour vous donner des envies de départ, ou simplement laisser voguer votre imaginaire.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

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  • Speaker #0

    Bienvenue dans le podcast qui pousse les portes des grands hôtels pour réinventer votre quotidien. Palace Mindset, bonjour, comment puis-je vous aider ? Ça y est, j'ai réalisé un projet qui me tenait à cœur depuis des années, visiter le Cambodge. J'étais déjà allée en Asie une fois, à Bali. Ce qui m'avait plu, à part le climat et les paysages, c'était l'atmosphère singulière. Un mélange d'ultra-bienveillance de la part des habitants et de l'histoire spirituelle des dieux. Je m'attendais à retrouver cette ambiance au Cambodge et je n'ai pas été déçue. Allez, je vous embarque avec moi. Bienvenue dans ce nouveau format, carnet de voyage. La plupart du temps, je cherche à découvrir des destinations peu médiatisées. Peut-être à cause ou grâce à mon travail, je fuis le tourisme de masse. J'apprécie les visites où je peux me faire un avis par moi-même, sans être bombardée de vidéos sur Insta. Ça faisait plusieurs mois que cette région d'Asie du Sud-Est me faisait de l'œil. J'ai donc planifié un périple entre Cambodge et Vietnam. Je vous invite à vous abonner et à suivre le compte Insta à The Palace Mindset. pour ne pas rater la seconde partie du voyage. Nous voilà donc partis pour l'Asie. De Lausanne à Paris, 3h30 de train. Puis de Paris à Shanghai, 11h. Une escale de 4h et finalement un vol de 6h pour atteindre Phnom Penh, la capitale. Soit plus d'une journée de déplacement où on arrive crevé et en pleine nuit. Mais alors qu'on est dans la voiture pour rejoindre l'hôtel, l'excitation prend le dessus. Plongée dans un décor inédit, je ne dis plus un mot pour m'adonner à l'étude des rues de la ville. L'air chaud des vitres baissées me berce pendant que j'observe avec enthousiasme les locaux sur leur scooter qui, eux, sont bien réveillés. Et qui sourient. Beaucoup. Je comprends alors que ce pays vit aussi la nuit. Il y a une odeur d'essence environnante, accentuée par la température étouffante. En bruit de fond, j'entends des brides de musique cambodgienne émanant des foyers. Ici, quelques immeubles, pas de commerce moderne. On est en immersion dans l'Asie originale. Pas celle des gratte-ciels de Singapour. Une énergie grouille. celle du renouvellement. On sent que la ville est en plein développement. Il y a une odeur de fruits exotiques, gorgées de soleil qui s'échappent des vendeurs à la sauvette qui parcourent les avenues à vélo. L'écriture sur les affiches et les pancartes rappelle l'Inde. C'est l'alphabet Khmer. J'apprendrai par la suite l'importance des relations culturelles et religieuses entre l'Inde et le Cambodge. Au bout d'une dizaine de minutes, le décor évolue. Le bruit s'estompe et les rues s'élargissent. Les bâtiments plus anciens prennent de la hauteur. Les ambassades apparaissent l'une après l'autre et sur certaines façades, on peut lire « Bibliothèque » ou « Poste » , c'est le quartier français. En 1863, une convention franco-kmer établit un protectorat de l'Empire français sur le territoire. qui craint l'attaque de ses deux voisins, la Thaïlande et le Vietnam. Aujourd'hui encore, de magnifiques bâtiments coloniaux s'élèvent en témoins historiques. Je regarde avec de grands yeux et sous les lumières nocturnes ces constructions hautes et larges, vraiment imposantes. Et parmi ces monuments, une entrée au jardin particulièrement luxuriant attire mon regard. La voiture s'insère doucement. Je n'arrive pas à y croire. C'est notre hôtel. Bienvenue au Raffles Hotel Le Royal. Les Lobby Boys, les garçons à l'entrée, ouvrent la portière, nous souhaitent la bienvenue et nous installent dans une grande pièce à l'entrée. Comment vous dire ? Comme l'impression d'arriver chez des amis de la famille royale. On s'y sent déjà comme à la maison. C'est fou, étant donné la hauteur sous plafond exceptionnelle et les décors absolument dingues qui nous entourent. Les senteurs m'enivrent. Notes de jasmin, vapeur de riz cuit et d'humidité environnante, arôme de lotus. Comme si nos sens n'étaient pas assez stimulés encore, le majordome nous apporte un breuvage de bienvenue à la citronnelle. Et mon goût se met alors au diapason. Mais l'euphorie devra attendre, on va se coucher. Un ray de lumière me caresse la peau, sur mes jambes découvertes de la couette que j'ai repoussée toute la nuit. J'ouvre les yeux, le jour qui traverse les rideaux révèle toutes les couleurs de la pièce. Notre chambre s'appelle l'Enemark parce qu'elle se situe dans le bâtiment historique de 1929, et ici le temps semble s'être arrêté. Lorsque j'arrive dans un hôtel, l'un de mes premiers réflexes est de scruter la papeterie. Sur notre bureau, les documents ont une allure formelle, voire royale. Dorures et encadrés, presque comme des archives. Ça me donne tout de suite l'envie d'écrire. Ce que j'ai pas manqué de faire pour collecter mes impressions spontanées, pour ne rien oublier dans cet épisode. Globalement, la technologie s'estompe dans cet endroit magique, rendant hommage aux objets précieux, témoins des époques qui passent. Les cartes postales proposent des illustrations des élévations de façades du bâtiment. Le téléphone à cadran en bois et en laiton est bien fonctionnel et nous permet même de joindre notre maître d'hôtel. Un mix parfait entre le confort du monde moderne et le charme de l'ancien. Une des stars de l'espace, Avec les plafonds, les parquets et les bois des meubles hérités, c'est la baignoire. Une magnifique baignoire sur pied, qui en a vu passer des icônes. Oui, parce que depuis l'ouverture de l'hôtel, Charlie Chaplin, Charles de Gaulle et Jackie Kennedy sont autant de grands noms qui y ont séjourné. Chacun y laissant son empreinte, à travers un intitulé de suite ou un cocktail phare. L'histoire du Raphaël Zotel le Royal est spectaculaire. Il s'inscrit dans la vision de l'architecte Ernest Hébrard, qui en 1923 décide de révéler toute la splendeur de Phnom Penh à travers un plan d'urbanisme révolutionnaire. Il prévoit un canal, des avenues bordées d'arbres, un marché central et surtout, un hôtel majestueux qui serait le plus haut et le plus grand bâtiment de la ville. Et pour inaugurer cette construction d'une telle splendeur, Sa Majesté le Roi lui-même est présente. Dès les années 30, la réputation du lieu rayonne et attire des célébrités du monde entier, souvent comme escale pour aller visiter les temples d'Ankor plus au nord. En 1975, lorsque le pays connaît des heures terribles, le royal tombe entre les mains de l'armée des Khmer Rouges. Il ferme ses portes. Puis... à la chute du régime, réouvre d'abord pour abriter les aides internationales. À partir des années 90, l'hôtel récupère son nom et sa joie, subit de nombreuses rénovations et voit sa façade repeinte dans le somptueux blanc lotus pour qu'aujourd'hui, vous et moi, puissions y séjourner sur les pas de ces acteurs historiques. Il est temps de sortir et d'aller explorer, déjà guidé par les damiers d'origine qui tracent les longs couloirs. Par les nombreuses ouvertures, je me rends compte que la végétation est reine ici. Un arbre majestueux règne tant mètres dans le jardin, soutenu par des poutres. La piscine traversée par un pont reliant l'ancien et le nouveau bâtiment est bordée de frangipaniers. Leurs branches qui penchent vers l'eau laissent tomber délicatement de jolies fleurs blanches au cœur jaune. J'avoue, je n'ai pas résisté à l'envie d'en glisser une dans les cheveux. L'eau a toute son importance quand on sait qu'à l'époque, les grandes avenues étaient des canaux. La ville est encore aujourd'hui entourée du mythique Mekong et de la rivière Tonle Sap. On s'avance vers le petit déjeuner en terrasse, dont la proposition culinaire est simple, mais composée de bons produits, et l'atmosphère est sereine, le climat est chaud. Une force tranquille s'échappe décidément de cet hôtel et de son vécu. Le service opère comme un lien entre deux cultures qui se rendent hommage, les Khmer et les Français. Le raffole a conservé des influences françaises dans les subtilités, notamment les pâtisseries. Les moments passés ici semblent hors du ton. Lisa, qui nous sert les boissons chaudes, est d'une douceur inégalée à l'image du lieu. Aucun frottement ne peut entraver notre expérience. Nous sommes même bercés par un son d'ambiance au bruit d'oiseaux exotiques. Le voyage initiatique débute dans l'hôtel, qui est finalement un monument comme les autres. Mais j'enfile mes baskets, il est temps d'explorer. Je sors de l'enceinte et me retrouve plongée dans le tumulte des scooters et tuktuk, qui sont le cœur battant des rues. Pour être honnête, marcher n'était peut-être pas la meilleure idée parce que traverser est un défi à chaque fois. Mais l'immersion est totale. Grâce à ce parcours, j'ai le temps d'apprécier d'autres constructions comme la bibliothèque voisine. J'y entre timidement. Ce qui est fou, c'est que malgré son héritage culturel, ses visiteurs sont très jeunes. L'envie d'apprendre se traduit par la concentration des étudiants. L'éducation et l'art semblent prendre leur revanche sur les sombres années guidées par les Khmer Rouges qui combattaient l'intellectualisme. Ambassades, musées nationaux, palaces royaux et colonialistes, si vous appréciez l'architecture, comme moi, c'est un plaisir pour les yeux. En ville, les touristes se font rares au profit de petits vendeurs, d'écoliers, de chauffeurs de tuktuk. La ville grouille. Les étals couvrent les rues et les senteurs qui s'en émanent sont plus ou moins agréables. Oui, parce que parmi les fruits exotiques, il y a aussi du durian. Vous connaissez ce fruit ? Figurez-vous qu'il est interdit de voyager avec et qu'il est même banni de certains espaces publics. On parle d'une odeur de cadavre en décomposition. Mais son goût, si vous avez le courage de goûter, s'apparenterait à de la crème anglaise. Bon, personnellement, je n'ai pas essayé. Au marché, on trouve aussi de la viande accrochée à des piques qui maturent au soleil. Bref, un mélange assez déconcertant pour nous, Européens. Parmi les lieux dédiés à la culture, un passage au musée du génocide s'impose. Une ancienne prison du régime, comme un devoir de mémoire. Le lieu a été conservé en état. L'exposition traite de l'expérience des enfants à cette époque, un moment impactant du voyage. Dans notre escapade du jour, une visite du Palais Royal, aux toits dorés et brillants, en pointe et aux cornes élevées vers le ciel, le Musée National, moins haut, aux couleurs chaudes briques et ocres, est tout aussi majestueux. Il regorge de trésors nationaux, sculptures et statues issues des temples, peintures originales, autant de pièces récupérées des pillages du XXe siècle qui font aujourd'hui la fierté des habitants. On s'arrête dans un café pour le déjeuner, le Eleven One Kitchen, dans le quartier BKK One. C'est comme une oasis de fraîcheur, dans la température pesante, colorée par la verdure des végétaux qui apporte vie et joie au lieu. Une fusion entre cuisine cambodgienne et plat européen, dans une atmosphère décontractée et sous la brise rafraîchissante d'un ventilateur en bois. Retour à l'hôtel. L'heure dorée sonne, le soleil disparaît peu à peu et des nuances rosées envoûtantes recouvrent le ciel du Raffles. Je m'installe au bord de la piscine pour dévorer mon livre dans des conditions idéales. Une autre cliente travaille sa brasse dans le bassin et les voyageurs profitent comme moi du spectacle. Dans le silence, je pense que les mêmes valeurs nous unissent. Une recherche de calme et de sens profond dans ce voyage. Ici, ça parle cambodgien, français ou allemand principalement. De l'autre côté de la rue, un géant s'élève. Hôtel concurrent d'une célèbre marque américaine. On y est allé, on y a dîné. Et l'atmosphère est bien différente. Aussi agréable, mais on n'y va pas pour les mêmes raisons. Il propose une terrasse sur la ville où chanteurs acoustiques et DJ donnent le la à une ambiance festive et bruyante qui nous ramène en 2025. Les cocktails plus pop sont inspirés des mangas japonais. Au Raffles, chaque geste évoque une certaine spiritualité. L'histoire est le fil rouge, ancré dans les décors et les interactions. Le bar en est un pilier. Atmosphère tamisée, recettes inspirantes et représentations d'éléphants en sont les marqueurs. Un jour peut-être, j'irai boire un Singapour Sling à celui de Singapour. Mais aujourd'hui, à Phnom Penh, on m'invite à déguster le Femme Fatale. Drôle de nom. Ce que j'ignore, c'est que je marche sur les pas de l'ancienne première dame des Etats-Unis, Jackie Kennedy. En fait, c'était son rêve de petite fille de visiter le Cambodge, surtout pour les temples d'Angkor. Invité par le prince lui-même malgré les nombreux aléas de son voyage, son séjour est bien resté depuis dans les mémoires. Même le magazine Life a couvert l'événement. Bien sûr, elle a séjourné dans le plus prestigieux hôtel de Phnom Penh, vous l'aurez deviné, le Royal. Et comme Madame n'a jamais caché son goût pour le champagne et les cocktails, on lui aurait confectionné un breuvage signature. Voilà, c'est celui-là que je bois. Le femme fatale. Et j'aime beaucoup, pas seulement le nom. Un peu comme la pyramide olfactive du parfum, ce que je ressens s'opère en trois temps. D'abord, en tête, une certaine gourmandise, subtile, pas comme un cocktail girly cliché, trop sucré. C'est la fraise. Puis, comme des notes de cœur, une vague de chaleur dans ma gorge, des arômes qui ont du corps et qui donnent toute leur puissance à la boisson. Il s'agit du cognac, le côté fatal bien sûr. Et finalement, en fond, une certaine légèreté qui crée l'équilibre et ajoute une touche sophistiquée du vin pétillant. Une recette pourtant simple, mais dont l'équilibre parfait m'épate. Un vrai cocktail de grande dame. Je vous partagerai la recette sur Instagram, n'hésitez pas à aller voir sur le compte The Palace Mindset. Mais c'est au retour en chambre, après une douce soirée au bar à rire dans une atmosphère vibrante de soir d'été, qu'un autre type de magie opère. Quand la quiétude des longs couloirs sereins vous raccompagne, que la fraîcheur de la pièce vous accueille, alors que vous vous préparez à aller dormir, en vous déchaussant assis sur le fauteuil, en débriefant de cette belle journée de découverte, vous trouvez, sur l'oreiller, une surprise. Un petit feuillet. Je lis Fables of the Exotic East from the Raffles. Ici, pas de chocolat sur le lit au service du soir. En fait, à chaque fin de journée, est déposée une histoire rendant hommage à la région ou aux mémoires d'explorateurs d'Indochine, à un article de journal ou bien un extrait de roman. Un rituel fort qui me guide vers le sommeil grâce à une joyeuse dose d'onirisme. Le jour se lève et il est temps de partir, à contre-cœur de quitter cet endroit précieux. Mais surtout, impatient d'attaquer la partie tant attendue du voyage, le trésor du Cambodge, les temples d'Ankor. Vous voyez dans Lara Croft les édifices sauvages en pleine jungle dont les lianes se mélangent aux pierres taillées. Alors nous voilà partis en voiture pour remonter l'artère principale du pays avec pour destination Simrip. À mesure que nous quittons la ville, les maisons grandissent. Derrière les commerces et les habitations qui bordent cette voie, d'immenses espaces vierges. Les constructions sont rassemblées autour de ces axes, mais l'horizon me laisse entrevoir les pâturages plutôt secs, à perte de vue. La perspective est étonnante, surtout pour une résidente suisse, aucune montagne n'est visible. Nous sommes partis aux alentours de 15h30 et voyons donc défiler sous nos yeux le coucher du soleil. C'est beau, car les paysages évoluent, devenant de plus en plus sauvages et aérés, adoptant une couleur orangée. Les quartiers sont tout à coup plus agricoles, les poules et les buffles se baladent librement de part et d'autre de la route. Tiens, un groupe d'enfants vêtus du même uniforme partent à l'unition de l'école, enfourchant leur vélo. Plus loin, d'autres écoliers, qui avaient pris de l'avance, roulent paisiblement en discutant et en riant. Deux garagistes boivent le café. C'est comme une vie de village qui se déroule sur une voie unique. Ici, les habitations sont un peu plus reculées, profitant d'une entrée et d'escalier. C'est bien différent du chœur de Phnom Penh. Les voitures remplacent les tuktuk, l'ambiance est calme. Puis, la nuit tombe doucement. Les décors s'effacent peu à peu tandis qu'apparaissent des points lumineux. Les lumières de nombreux restaurants et leurs terrasses ou des décorations pour réveiller la végétation. Un rond-point, puis une ville se dessine. Un canal recouvert de lampions, un parc, comme l'impression de changer tout à coup de culture. Une famille joue au badminton, sur une grande place, d'autres s'entraînent dans une salle de sport à ciel ouvert, un couple s'embrasse sur un banc. Et au milieu de ce tableau, notre nouvelle résidence apparaît, le Raffles Grand Hôtel d'Ancor. On nous accueille avec des crâmes, les écharpes locales. Ma première soirée, seule sur la terrasse du restaurant, est un moment de calme absolu après une journée bien remplie. L'air frais du soir me caresse le visage, contrastant agréablement avec la chaleur qui m'a enveloppée toute la journée. Autour de moi, les lanternes diffusent une lumière douce, et la vue sur les jardins bien entretenue me donne l'impression d'être à l'écart du monde. C'est comme si le temps ralentissait ici. Je savoure chaque bouchée, appréciant le mélange subtil des saveurs cambodgiennes de mes nouilles au bœuf, tout en laissant mon esprit vagabonder entre le souvenir de Phnom Penh et le confort de cette nouvelle partie du voyage. Parfois, sorti de mes pensées grâce au cri d'un gecko. Puis, je rejoins le bar pour ne pas finir grignoté par nos amis les moustiques. Une douce musique pose le décor. Celle d'un pianiste qui joue dans le salon et qui chante avec passion. Moment hors du temps. Ses spectateurs esquissent un sourire, lui font un signe de gratitude. comme si on était tous de bons amis, réunis dans la pièce principale d'une maison de famille. La star de l'espace est sans hésitation l'ascenseur. D'origine bien sûr, mais rénové et fonctionnel, un objet d'art au bois précieux. Le mobilier et la décoration sont choisis avec soin, sans anachronisme, sans fausse note. On retrouve le damier du Raffel Snompen, comme un élément familier. Pour les plus curieux, un historien propose des tours de la propriété pour en saisir toutes les subtilités. Vous pouvez aussi apprendre l'art de travailler les feuilles de lotus ou à composer un cocktail aux saveurs locales, citronnelle, citron kéfir, gingembre. En regagnant ma chambre, je découvre une coupe de fruits avec des longans, de la même famille que les litchis et les rambutans. Un fruit cultivé au nord du pays, article commun des marchés cambodgiens. Une petite note me vante ses atouts. Il réduirait la pression sanguine et améliorerait la qualité du sommeil. Mais surtout, posée sur mon lit, je retrouve ma merveilleuse fable du soir, décrivant cette fois les temples d'Ankor comme une mise en bouche de ce qui m'attend le lendemain. Mais avant cela, je ferme les yeux et me laisse gagner par le sommeil. Les jours suivants, impatiente, je me lance dans l'exploration des temples. Mon chauffeur de tuktuk m'emmène chaque matin à la découverte de nouveaux sites. Nous roulons à travers les petites routes poussiéreuses, au milieu des paysages verdoyants, et je me laisse guider par son sourire amical. Il connaît la région comme sa poche, me conduisant aux endroits les plus calmes, loin de la foule. Nous visitons Encorvat, Bayonne, Taplum et bien d'autres temples, chacun avec sa propre histoire, ses pierres sculptées et les racines entrelacées. Les visites sont intenses, mais si riches en histoire et en esthétique. La visite du temple de Taproam, célèbre pour ses scènes dans Tomb Raider, me transporte dans un autre temps. En me frayant un chemin entre les racines massives des arbres qui semblent avaler les pierres du temple, je me sens comme une véritable exploratrice. Les murs recouverts de lichens et de mousse sont envahis par des racines noueuses, offrant un spectacle sédissant où la nature et l'architecture se mêlent dans une harmonie presque irréelle. Le silence qui règne, seulement perturbé par le souffle du vent et le chant lointain des oiseaux, ajoute à l'atmosphère mystique du lieu. Chaque détail raconte une histoire oubliée, et je m'imprègne de cette sensation d'aventure et de découverte comme si je m'apprêtais à percer les secrets cachés de ces pierres anciennes. C'est un voyage dans le temps, où le passé, magnifiquement conservé, se dévoile sous mes yeux. Derrière cette beauté brute, une unité internationale impressionnante se déploie. 17 pays collaborent activement à la restauration et à la préservation du patrimoine. Ce projet vaste et complexe démontre l'engagement collectif pour conserver ces trésors culturels pour les générations futures. Ce travail commun entre nations est palpable sur les lieux. Chaque pierre restaurée, chaque racine dégagée, témoignent de cette solidarité mondiale qui œuvre à redonner vie à ce patrimoine exceptionnel. Et nous ne sommes pas les seuls à apprécier ce spectacle. Poules, chiens et même cochons sauvages cohabitent ici avec les hommes et les singes. Les chiens errants sont interdits, officiellement, mais réussissent toujours à se frayer un chemin pour accéder au temple. Après tout, en quoi nous appartiennent-ils plus qu'à eux ? Ils semblent comme attirés par la sensation de protection et la bonne énergie qui se dégage des lieux. On pourrait croire que ce sont uniquement des lieux touristiques, mais en réalité, les Cambodgiens disposent d'un accès libre et en profitent régulièrement. C'est sans surprise que j'y croise une famille qui pique-nique ou un couple d'adolescents dont le comportement pousse à croire que c'est leur premier rendez-vous. Ce qui m'a frappée ici, c'est que les touristes s'intéressent plus à l'histoire qu'aux réseaux sociaux. Il est pour moi l'un des seuls endroits où je me suis sentie comme une véritable exploratrice, loin des destinations trop médiatisées. Et ça fait du bien. Un matin, je fais la rencontre de deux jeunes Belges qui sont en stage et voyagent elles aussi au nord du pays. Et leur compagnie est rafraîchissante. Nous discutons des temples, des différences culturelles et de nos impressions respectives sur Simrip. Nous échangeons des conseils et elles me parlent de leurs propres explorations. La simplicité et la sympathie de notre rencontre me rappellent que même loin de chez soi, on trouve toujours un lien humain dans ces moments de partage. Le retour à l'hôtel chaque soir est un contraste saisissant, avec l'effervescence des temples. Dès que je franchis les portes du Raffles, l'atmosphère change. L'architecture coloniale avec ses arcades et ses jardins ombragés offre un havre de paix bien loin de la chaleur suffocante de dehors. Mais je ne ressens pas une coupure totale, grâce aux statues et aux fresques jumelles de celles des temples. Un lieu doit épouser son décor. Et honnêtement, j'en veux beaucoup aux hôtels qui n'ont pas cette sensibilité. Tout commence par là. Je plonge dans l'immense piscine. Elle est enclavée entre les bâtiments comme un véritable oasis caché du regard des passants. Son bassin, long et majestueux, semble presque se fondre dans l'architecture elle-même, comme une extension naturelle de ce lieu. L'eau d'une clarté parfaite me permet de me délasser après des journées découvertes. En plongeant, je sens instantanément la fraîcheur m'envahir, effaçant la fatigue et le poids de l'air humide. Tout semble pensé pour offrir un contraste parfait avec la chaleur et l'effervescence du monde extérieur. Les jardins verdoyants qui entourent la piscine, les arcades qui l'abordent et l'ombre bienfaisante des palmiers créent une atmosphère sereine et tranquille. C'est dans ce cadre que je termine mes journées, bercées par la fraîcheur et la beauté du Raffles, un lieu où chaque détail semble avoir été conçu pour apaiser le corps et l'esprit. Si vous êtes resté jusque là, c'est que vous aimez les récits d'aventure. Et moi aussi. N'hésitez pas à raconter votre plus beau voyage en commentaire. Et puis surtout, tenez-vous prêt pour la partie 2 qui se déroule au Vietnam. A très bientôt, votre hôte Julie. Merci d'avoir passé ce petit moment avec moi. Et surtout, rappelez-vous, la vie est ce que vous en faites. Alors faites-en une expérience 5 étoiles. A la semaine prochaine, même heure, même endroit, dans The Palace Mindset. Sous

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Description

Je vous emmène avec moi à la découverte du Cambodge, de Phnom Penh à Siem Reap, à travers des lieux où l’histoire affleure à chaque coin de rue.


Aux Raffles — ces hôtels mythiques figés dans le temps — j’ai dormi là où diplomates, artistes et écrivains ont laissé leur trace. Mais ce sont les visages, les sons et les petites histoires du quotidien qui ont donné toute une âme à ce voyage.


Entre art, histoire et émotions, je vous raconte un Cambodge intime, pour vous donner des envies de départ, ou simplement laisser voguer votre imaginaire.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans le podcast qui pousse les portes des grands hôtels pour réinventer votre quotidien. Palace Mindset, bonjour, comment puis-je vous aider ? Ça y est, j'ai réalisé un projet qui me tenait à cœur depuis des années, visiter le Cambodge. J'étais déjà allée en Asie une fois, à Bali. Ce qui m'avait plu, à part le climat et les paysages, c'était l'atmosphère singulière. Un mélange d'ultra-bienveillance de la part des habitants et de l'histoire spirituelle des dieux. Je m'attendais à retrouver cette ambiance au Cambodge et je n'ai pas été déçue. Allez, je vous embarque avec moi. Bienvenue dans ce nouveau format, carnet de voyage. La plupart du temps, je cherche à découvrir des destinations peu médiatisées. Peut-être à cause ou grâce à mon travail, je fuis le tourisme de masse. J'apprécie les visites où je peux me faire un avis par moi-même, sans être bombardée de vidéos sur Insta. Ça faisait plusieurs mois que cette région d'Asie du Sud-Est me faisait de l'œil. J'ai donc planifié un périple entre Cambodge et Vietnam. Je vous invite à vous abonner et à suivre le compte Insta à The Palace Mindset. pour ne pas rater la seconde partie du voyage. Nous voilà donc partis pour l'Asie. De Lausanne à Paris, 3h30 de train. Puis de Paris à Shanghai, 11h. Une escale de 4h et finalement un vol de 6h pour atteindre Phnom Penh, la capitale. Soit plus d'une journée de déplacement où on arrive crevé et en pleine nuit. Mais alors qu'on est dans la voiture pour rejoindre l'hôtel, l'excitation prend le dessus. Plongée dans un décor inédit, je ne dis plus un mot pour m'adonner à l'étude des rues de la ville. L'air chaud des vitres baissées me berce pendant que j'observe avec enthousiasme les locaux sur leur scooter qui, eux, sont bien réveillés. Et qui sourient. Beaucoup. Je comprends alors que ce pays vit aussi la nuit. Il y a une odeur d'essence environnante, accentuée par la température étouffante. En bruit de fond, j'entends des brides de musique cambodgienne émanant des foyers. Ici, quelques immeubles, pas de commerce moderne. On est en immersion dans l'Asie originale. Pas celle des gratte-ciels de Singapour. Une énergie grouille. celle du renouvellement. On sent que la ville est en plein développement. Il y a une odeur de fruits exotiques, gorgées de soleil qui s'échappent des vendeurs à la sauvette qui parcourent les avenues à vélo. L'écriture sur les affiches et les pancartes rappelle l'Inde. C'est l'alphabet Khmer. J'apprendrai par la suite l'importance des relations culturelles et religieuses entre l'Inde et le Cambodge. Au bout d'une dizaine de minutes, le décor évolue. Le bruit s'estompe et les rues s'élargissent. Les bâtiments plus anciens prennent de la hauteur. Les ambassades apparaissent l'une après l'autre et sur certaines façades, on peut lire « Bibliothèque » ou « Poste » , c'est le quartier français. En 1863, une convention franco-kmer établit un protectorat de l'Empire français sur le territoire. qui craint l'attaque de ses deux voisins, la Thaïlande et le Vietnam. Aujourd'hui encore, de magnifiques bâtiments coloniaux s'élèvent en témoins historiques. Je regarde avec de grands yeux et sous les lumières nocturnes ces constructions hautes et larges, vraiment imposantes. Et parmi ces monuments, une entrée au jardin particulièrement luxuriant attire mon regard. La voiture s'insère doucement. Je n'arrive pas à y croire. C'est notre hôtel. Bienvenue au Raffles Hotel Le Royal. Les Lobby Boys, les garçons à l'entrée, ouvrent la portière, nous souhaitent la bienvenue et nous installent dans une grande pièce à l'entrée. Comment vous dire ? Comme l'impression d'arriver chez des amis de la famille royale. On s'y sent déjà comme à la maison. C'est fou, étant donné la hauteur sous plafond exceptionnelle et les décors absolument dingues qui nous entourent. Les senteurs m'enivrent. Notes de jasmin, vapeur de riz cuit et d'humidité environnante, arôme de lotus. Comme si nos sens n'étaient pas assez stimulés encore, le majordome nous apporte un breuvage de bienvenue à la citronnelle. Et mon goût se met alors au diapason. Mais l'euphorie devra attendre, on va se coucher. Un ray de lumière me caresse la peau, sur mes jambes découvertes de la couette que j'ai repoussée toute la nuit. J'ouvre les yeux, le jour qui traverse les rideaux révèle toutes les couleurs de la pièce. Notre chambre s'appelle l'Enemark parce qu'elle se situe dans le bâtiment historique de 1929, et ici le temps semble s'être arrêté. Lorsque j'arrive dans un hôtel, l'un de mes premiers réflexes est de scruter la papeterie. Sur notre bureau, les documents ont une allure formelle, voire royale. Dorures et encadrés, presque comme des archives. Ça me donne tout de suite l'envie d'écrire. Ce que j'ai pas manqué de faire pour collecter mes impressions spontanées, pour ne rien oublier dans cet épisode. Globalement, la technologie s'estompe dans cet endroit magique, rendant hommage aux objets précieux, témoins des époques qui passent. Les cartes postales proposent des illustrations des élévations de façades du bâtiment. Le téléphone à cadran en bois et en laiton est bien fonctionnel et nous permet même de joindre notre maître d'hôtel. Un mix parfait entre le confort du monde moderne et le charme de l'ancien. Une des stars de l'espace, Avec les plafonds, les parquets et les bois des meubles hérités, c'est la baignoire. Une magnifique baignoire sur pied, qui en a vu passer des icônes. Oui, parce que depuis l'ouverture de l'hôtel, Charlie Chaplin, Charles de Gaulle et Jackie Kennedy sont autant de grands noms qui y ont séjourné. Chacun y laissant son empreinte, à travers un intitulé de suite ou un cocktail phare. L'histoire du Raphaël Zotel le Royal est spectaculaire. Il s'inscrit dans la vision de l'architecte Ernest Hébrard, qui en 1923 décide de révéler toute la splendeur de Phnom Penh à travers un plan d'urbanisme révolutionnaire. Il prévoit un canal, des avenues bordées d'arbres, un marché central et surtout, un hôtel majestueux qui serait le plus haut et le plus grand bâtiment de la ville. Et pour inaugurer cette construction d'une telle splendeur, Sa Majesté le Roi lui-même est présente. Dès les années 30, la réputation du lieu rayonne et attire des célébrités du monde entier, souvent comme escale pour aller visiter les temples d'Ankor plus au nord. En 1975, lorsque le pays connaît des heures terribles, le royal tombe entre les mains de l'armée des Khmer Rouges. Il ferme ses portes. Puis... à la chute du régime, réouvre d'abord pour abriter les aides internationales. À partir des années 90, l'hôtel récupère son nom et sa joie, subit de nombreuses rénovations et voit sa façade repeinte dans le somptueux blanc lotus pour qu'aujourd'hui, vous et moi, puissions y séjourner sur les pas de ces acteurs historiques. Il est temps de sortir et d'aller explorer, déjà guidé par les damiers d'origine qui tracent les longs couloirs. Par les nombreuses ouvertures, je me rends compte que la végétation est reine ici. Un arbre majestueux règne tant mètres dans le jardin, soutenu par des poutres. La piscine traversée par un pont reliant l'ancien et le nouveau bâtiment est bordée de frangipaniers. Leurs branches qui penchent vers l'eau laissent tomber délicatement de jolies fleurs blanches au cœur jaune. J'avoue, je n'ai pas résisté à l'envie d'en glisser une dans les cheveux. L'eau a toute son importance quand on sait qu'à l'époque, les grandes avenues étaient des canaux. La ville est encore aujourd'hui entourée du mythique Mekong et de la rivière Tonle Sap. On s'avance vers le petit déjeuner en terrasse, dont la proposition culinaire est simple, mais composée de bons produits, et l'atmosphère est sereine, le climat est chaud. Une force tranquille s'échappe décidément de cet hôtel et de son vécu. Le service opère comme un lien entre deux cultures qui se rendent hommage, les Khmer et les Français. Le raffole a conservé des influences françaises dans les subtilités, notamment les pâtisseries. Les moments passés ici semblent hors du ton. Lisa, qui nous sert les boissons chaudes, est d'une douceur inégalée à l'image du lieu. Aucun frottement ne peut entraver notre expérience. Nous sommes même bercés par un son d'ambiance au bruit d'oiseaux exotiques. Le voyage initiatique débute dans l'hôtel, qui est finalement un monument comme les autres. Mais j'enfile mes baskets, il est temps d'explorer. Je sors de l'enceinte et me retrouve plongée dans le tumulte des scooters et tuktuk, qui sont le cœur battant des rues. Pour être honnête, marcher n'était peut-être pas la meilleure idée parce que traverser est un défi à chaque fois. Mais l'immersion est totale. Grâce à ce parcours, j'ai le temps d'apprécier d'autres constructions comme la bibliothèque voisine. J'y entre timidement. Ce qui est fou, c'est que malgré son héritage culturel, ses visiteurs sont très jeunes. L'envie d'apprendre se traduit par la concentration des étudiants. L'éducation et l'art semblent prendre leur revanche sur les sombres années guidées par les Khmer Rouges qui combattaient l'intellectualisme. Ambassades, musées nationaux, palaces royaux et colonialistes, si vous appréciez l'architecture, comme moi, c'est un plaisir pour les yeux. En ville, les touristes se font rares au profit de petits vendeurs, d'écoliers, de chauffeurs de tuktuk. La ville grouille. Les étals couvrent les rues et les senteurs qui s'en émanent sont plus ou moins agréables. Oui, parce que parmi les fruits exotiques, il y a aussi du durian. Vous connaissez ce fruit ? Figurez-vous qu'il est interdit de voyager avec et qu'il est même banni de certains espaces publics. On parle d'une odeur de cadavre en décomposition. Mais son goût, si vous avez le courage de goûter, s'apparenterait à de la crème anglaise. Bon, personnellement, je n'ai pas essayé. Au marché, on trouve aussi de la viande accrochée à des piques qui maturent au soleil. Bref, un mélange assez déconcertant pour nous, Européens. Parmi les lieux dédiés à la culture, un passage au musée du génocide s'impose. Une ancienne prison du régime, comme un devoir de mémoire. Le lieu a été conservé en état. L'exposition traite de l'expérience des enfants à cette époque, un moment impactant du voyage. Dans notre escapade du jour, une visite du Palais Royal, aux toits dorés et brillants, en pointe et aux cornes élevées vers le ciel, le Musée National, moins haut, aux couleurs chaudes briques et ocres, est tout aussi majestueux. Il regorge de trésors nationaux, sculptures et statues issues des temples, peintures originales, autant de pièces récupérées des pillages du XXe siècle qui font aujourd'hui la fierté des habitants. On s'arrête dans un café pour le déjeuner, le Eleven One Kitchen, dans le quartier BKK One. C'est comme une oasis de fraîcheur, dans la température pesante, colorée par la verdure des végétaux qui apporte vie et joie au lieu. Une fusion entre cuisine cambodgienne et plat européen, dans une atmosphère décontractée et sous la brise rafraîchissante d'un ventilateur en bois. Retour à l'hôtel. L'heure dorée sonne, le soleil disparaît peu à peu et des nuances rosées envoûtantes recouvrent le ciel du Raffles. Je m'installe au bord de la piscine pour dévorer mon livre dans des conditions idéales. Une autre cliente travaille sa brasse dans le bassin et les voyageurs profitent comme moi du spectacle. Dans le silence, je pense que les mêmes valeurs nous unissent. Une recherche de calme et de sens profond dans ce voyage. Ici, ça parle cambodgien, français ou allemand principalement. De l'autre côté de la rue, un géant s'élève. Hôtel concurrent d'une célèbre marque américaine. On y est allé, on y a dîné. Et l'atmosphère est bien différente. Aussi agréable, mais on n'y va pas pour les mêmes raisons. Il propose une terrasse sur la ville où chanteurs acoustiques et DJ donnent le la à une ambiance festive et bruyante qui nous ramène en 2025. Les cocktails plus pop sont inspirés des mangas japonais. Au Raffles, chaque geste évoque une certaine spiritualité. L'histoire est le fil rouge, ancré dans les décors et les interactions. Le bar en est un pilier. Atmosphère tamisée, recettes inspirantes et représentations d'éléphants en sont les marqueurs. Un jour peut-être, j'irai boire un Singapour Sling à celui de Singapour. Mais aujourd'hui, à Phnom Penh, on m'invite à déguster le Femme Fatale. Drôle de nom. Ce que j'ignore, c'est que je marche sur les pas de l'ancienne première dame des Etats-Unis, Jackie Kennedy. En fait, c'était son rêve de petite fille de visiter le Cambodge, surtout pour les temples d'Angkor. Invité par le prince lui-même malgré les nombreux aléas de son voyage, son séjour est bien resté depuis dans les mémoires. Même le magazine Life a couvert l'événement. Bien sûr, elle a séjourné dans le plus prestigieux hôtel de Phnom Penh, vous l'aurez deviné, le Royal. Et comme Madame n'a jamais caché son goût pour le champagne et les cocktails, on lui aurait confectionné un breuvage signature. Voilà, c'est celui-là que je bois. Le femme fatale. Et j'aime beaucoup, pas seulement le nom. Un peu comme la pyramide olfactive du parfum, ce que je ressens s'opère en trois temps. D'abord, en tête, une certaine gourmandise, subtile, pas comme un cocktail girly cliché, trop sucré. C'est la fraise. Puis, comme des notes de cœur, une vague de chaleur dans ma gorge, des arômes qui ont du corps et qui donnent toute leur puissance à la boisson. Il s'agit du cognac, le côté fatal bien sûr. Et finalement, en fond, une certaine légèreté qui crée l'équilibre et ajoute une touche sophistiquée du vin pétillant. Une recette pourtant simple, mais dont l'équilibre parfait m'épate. Un vrai cocktail de grande dame. Je vous partagerai la recette sur Instagram, n'hésitez pas à aller voir sur le compte The Palace Mindset. Mais c'est au retour en chambre, après une douce soirée au bar à rire dans une atmosphère vibrante de soir d'été, qu'un autre type de magie opère. Quand la quiétude des longs couloirs sereins vous raccompagne, que la fraîcheur de la pièce vous accueille, alors que vous vous préparez à aller dormir, en vous déchaussant assis sur le fauteuil, en débriefant de cette belle journée de découverte, vous trouvez, sur l'oreiller, une surprise. Un petit feuillet. Je lis Fables of the Exotic East from the Raffles. Ici, pas de chocolat sur le lit au service du soir. En fait, à chaque fin de journée, est déposée une histoire rendant hommage à la région ou aux mémoires d'explorateurs d'Indochine, à un article de journal ou bien un extrait de roman. Un rituel fort qui me guide vers le sommeil grâce à une joyeuse dose d'onirisme. Le jour se lève et il est temps de partir, à contre-cœur de quitter cet endroit précieux. Mais surtout, impatient d'attaquer la partie tant attendue du voyage, le trésor du Cambodge, les temples d'Ankor. Vous voyez dans Lara Croft les édifices sauvages en pleine jungle dont les lianes se mélangent aux pierres taillées. Alors nous voilà partis en voiture pour remonter l'artère principale du pays avec pour destination Simrip. À mesure que nous quittons la ville, les maisons grandissent. Derrière les commerces et les habitations qui bordent cette voie, d'immenses espaces vierges. Les constructions sont rassemblées autour de ces axes, mais l'horizon me laisse entrevoir les pâturages plutôt secs, à perte de vue. La perspective est étonnante, surtout pour une résidente suisse, aucune montagne n'est visible. Nous sommes partis aux alentours de 15h30 et voyons donc défiler sous nos yeux le coucher du soleil. C'est beau, car les paysages évoluent, devenant de plus en plus sauvages et aérés, adoptant une couleur orangée. Les quartiers sont tout à coup plus agricoles, les poules et les buffles se baladent librement de part et d'autre de la route. Tiens, un groupe d'enfants vêtus du même uniforme partent à l'unition de l'école, enfourchant leur vélo. Plus loin, d'autres écoliers, qui avaient pris de l'avance, roulent paisiblement en discutant et en riant. Deux garagistes boivent le café. C'est comme une vie de village qui se déroule sur une voie unique. Ici, les habitations sont un peu plus reculées, profitant d'une entrée et d'escalier. C'est bien différent du chœur de Phnom Penh. Les voitures remplacent les tuktuk, l'ambiance est calme. Puis, la nuit tombe doucement. Les décors s'effacent peu à peu tandis qu'apparaissent des points lumineux. Les lumières de nombreux restaurants et leurs terrasses ou des décorations pour réveiller la végétation. Un rond-point, puis une ville se dessine. Un canal recouvert de lampions, un parc, comme l'impression de changer tout à coup de culture. Une famille joue au badminton, sur une grande place, d'autres s'entraînent dans une salle de sport à ciel ouvert, un couple s'embrasse sur un banc. Et au milieu de ce tableau, notre nouvelle résidence apparaît, le Raffles Grand Hôtel d'Ancor. On nous accueille avec des crâmes, les écharpes locales. Ma première soirée, seule sur la terrasse du restaurant, est un moment de calme absolu après une journée bien remplie. L'air frais du soir me caresse le visage, contrastant agréablement avec la chaleur qui m'a enveloppée toute la journée. Autour de moi, les lanternes diffusent une lumière douce, et la vue sur les jardins bien entretenue me donne l'impression d'être à l'écart du monde. C'est comme si le temps ralentissait ici. Je savoure chaque bouchée, appréciant le mélange subtil des saveurs cambodgiennes de mes nouilles au bœuf, tout en laissant mon esprit vagabonder entre le souvenir de Phnom Penh et le confort de cette nouvelle partie du voyage. Parfois, sorti de mes pensées grâce au cri d'un gecko. Puis, je rejoins le bar pour ne pas finir grignoté par nos amis les moustiques. Une douce musique pose le décor. Celle d'un pianiste qui joue dans le salon et qui chante avec passion. Moment hors du temps. Ses spectateurs esquissent un sourire, lui font un signe de gratitude. comme si on était tous de bons amis, réunis dans la pièce principale d'une maison de famille. La star de l'espace est sans hésitation l'ascenseur. D'origine bien sûr, mais rénové et fonctionnel, un objet d'art au bois précieux. Le mobilier et la décoration sont choisis avec soin, sans anachronisme, sans fausse note. On retrouve le damier du Raffel Snompen, comme un élément familier. Pour les plus curieux, un historien propose des tours de la propriété pour en saisir toutes les subtilités. Vous pouvez aussi apprendre l'art de travailler les feuilles de lotus ou à composer un cocktail aux saveurs locales, citronnelle, citron kéfir, gingembre. En regagnant ma chambre, je découvre une coupe de fruits avec des longans, de la même famille que les litchis et les rambutans. Un fruit cultivé au nord du pays, article commun des marchés cambodgiens. Une petite note me vante ses atouts. Il réduirait la pression sanguine et améliorerait la qualité du sommeil. Mais surtout, posée sur mon lit, je retrouve ma merveilleuse fable du soir, décrivant cette fois les temples d'Ankor comme une mise en bouche de ce qui m'attend le lendemain. Mais avant cela, je ferme les yeux et me laisse gagner par le sommeil. Les jours suivants, impatiente, je me lance dans l'exploration des temples. Mon chauffeur de tuktuk m'emmène chaque matin à la découverte de nouveaux sites. Nous roulons à travers les petites routes poussiéreuses, au milieu des paysages verdoyants, et je me laisse guider par son sourire amical. Il connaît la région comme sa poche, me conduisant aux endroits les plus calmes, loin de la foule. Nous visitons Encorvat, Bayonne, Taplum et bien d'autres temples, chacun avec sa propre histoire, ses pierres sculptées et les racines entrelacées. Les visites sont intenses, mais si riches en histoire et en esthétique. La visite du temple de Taproam, célèbre pour ses scènes dans Tomb Raider, me transporte dans un autre temps. En me frayant un chemin entre les racines massives des arbres qui semblent avaler les pierres du temple, je me sens comme une véritable exploratrice. Les murs recouverts de lichens et de mousse sont envahis par des racines noueuses, offrant un spectacle sédissant où la nature et l'architecture se mêlent dans une harmonie presque irréelle. Le silence qui règne, seulement perturbé par le souffle du vent et le chant lointain des oiseaux, ajoute à l'atmosphère mystique du lieu. Chaque détail raconte une histoire oubliée, et je m'imprègne de cette sensation d'aventure et de découverte comme si je m'apprêtais à percer les secrets cachés de ces pierres anciennes. C'est un voyage dans le temps, où le passé, magnifiquement conservé, se dévoile sous mes yeux. Derrière cette beauté brute, une unité internationale impressionnante se déploie. 17 pays collaborent activement à la restauration et à la préservation du patrimoine. Ce projet vaste et complexe démontre l'engagement collectif pour conserver ces trésors culturels pour les générations futures. Ce travail commun entre nations est palpable sur les lieux. Chaque pierre restaurée, chaque racine dégagée, témoignent de cette solidarité mondiale qui œuvre à redonner vie à ce patrimoine exceptionnel. Et nous ne sommes pas les seuls à apprécier ce spectacle. Poules, chiens et même cochons sauvages cohabitent ici avec les hommes et les singes. Les chiens errants sont interdits, officiellement, mais réussissent toujours à se frayer un chemin pour accéder au temple. Après tout, en quoi nous appartiennent-ils plus qu'à eux ? Ils semblent comme attirés par la sensation de protection et la bonne énergie qui se dégage des lieux. On pourrait croire que ce sont uniquement des lieux touristiques, mais en réalité, les Cambodgiens disposent d'un accès libre et en profitent régulièrement. C'est sans surprise que j'y croise une famille qui pique-nique ou un couple d'adolescents dont le comportement pousse à croire que c'est leur premier rendez-vous. Ce qui m'a frappée ici, c'est que les touristes s'intéressent plus à l'histoire qu'aux réseaux sociaux. Il est pour moi l'un des seuls endroits où je me suis sentie comme une véritable exploratrice, loin des destinations trop médiatisées. Et ça fait du bien. Un matin, je fais la rencontre de deux jeunes Belges qui sont en stage et voyagent elles aussi au nord du pays. Et leur compagnie est rafraîchissante. Nous discutons des temples, des différences culturelles et de nos impressions respectives sur Simrip. Nous échangeons des conseils et elles me parlent de leurs propres explorations. La simplicité et la sympathie de notre rencontre me rappellent que même loin de chez soi, on trouve toujours un lien humain dans ces moments de partage. Le retour à l'hôtel chaque soir est un contraste saisissant, avec l'effervescence des temples. Dès que je franchis les portes du Raffles, l'atmosphère change. L'architecture coloniale avec ses arcades et ses jardins ombragés offre un havre de paix bien loin de la chaleur suffocante de dehors. Mais je ne ressens pas une coupure totale, grâce aux statues et aux fresques jumelles de celles des temples. Un lieu doit épouser son décor. Et honnêtement, j'en veux beaucoup aux hôtels qui n'ont pas cette sensibilité. Tout commence par là. Je plonge dans l'immense piscine. Elle est enclavée entre les bâtiments comme un véritable oasis caché du regard des passants. Son bassin, long et majestueux, semble presque se fondre dans l'architecture elle-même, comme une extension naturelle de ce lieu. L'eau d'une clarté parfaite me permet de me délasser après des journées découvertes. En plongeant, je sens instantanément la fraîcheur m'envahir, effaçant la fatigue et le poids de l'air humide. Tout semble pensé pour offrir un contraste parfait avec la chaleur et l'effervescence du monde extérieur. Les jardins verdoyants qui entourent la piscine, les arcades qui l'abordent et l'ombre bienfaisante des palmiers créent une atmosphère sereine et tranquille. C'est dans ce cadre que je termine mes journées, bercées par la fraîcheur et la beauté du Raffles, un lieu où chaque détail semble avoir été conçu pour apaiser le corps et l'esprit. Si vous êtes resté jusque là, c'est que vous aimez les récits d'aventure. Et moi aussi. N'hésitez pas à raconter votre plus beau voyage en commentaire. Et puis surtout, tenez-vous prêt pour la partie 2 qui se déroule au Vietnam. A très bientôt, votre hôte Julie. Merci d'avoir passé ce petit moment avec moi. Et surtout, rappelez-vous, la vie est ce que vous en faites. Alors faites-en une expérience 5 étoiles. A la semaine prochaine, même heure, même endroit, dans The Palace Mindset. Sous

Description

Je vous emmène avec moi à la découverte du Cambodge, de Phnom Penh à Siem Reap, à travers des lieux où l’histoire affleure à chaque coin de rue.


Aux Raffles — ces hôtels mythiques figés dans le temps — j’ai dormi là où diplomates, artistes et écrivains ont laissé leur trace. Mais ce sont les visages, les sons et les petites histoires du quotidien qui ont donné toute une âme à ce voyage.


Entre art, histoire et émotions, je vous raconte un Cambodge intime, pour vous donner des envies de départ, ou simplement laisser voguer votre imaginaire.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans le podcast qui pousse les portes des grands hôtels pour réinventer votre quotidien. Palace Mindset, bonjour, comment puis-je vous aider ? Ça y est, j'ai réalisé un projet qui me tenait à cœur depuis des années, visiter le Cambodge. J'étais déjà allée en Asie une fois, à Bali. Ce qui m'avait plu, à part le climat et les paysages, c'était l'atmosphère singulière. Un mélange d'ultra-bienveillance de la part des habitants et de l'histoire spirituelle des dieux. Je m'attendais à retrouver cette ambiance au Cambodge et je n'ai pas été déçue. Allez, je vous embarque avec moi. Bienvenue dans ce nouveau format, carnet de voyage. La plupart du temps, je cherche à découvrir des destinations peu médiatisées. Peut-être à cause ou grâce à mon travail, je fuis le tourisme de masse. J'apprécie les visites où je peux me faire un avis par moi-même, sans être bombardée de vidéos sur Insta. Ça faisait plusieurs mois que cette région d'Asie du Sud-Est me faisait de l'œil. J'ai donc planifié un périple entre Cambodge et Vietnam. Je vous invite à vous abonner et à suivre le compte Insta à The Palace Mindset. pour ne pas rater la seconde partie du voyage. Nous voilà donc partis pour l'Asie. De Lausanne à Paris, 3h30 de train. Puis de Paris à Shanghai, 11h. Une escale de 4h et finalement un vol de 6h pour atteindre Phnom Penh, la capitale. Soit plus d'une journée de déplacement où on arrive crevé et en pleine nuit. Mais alors qu'on est dans la voiture pour rejoindre l'hôtel, l'excitation prend le dessus. Plongée dans un décor inédit, je ne dis plus un mot pour m'adonner à l'étude des rues de la ville. L'air chaud des vitres baissées me berce pendant que j'observe avec enthousiasme les locaux sur leur scooter qui, eux, sont bien réveillés. Et qui sourient. Beaucoup. Je comprends alors que ce pays vit aussi la nuit. Il y a une odeur d'essence environnante, accentuée par la température étouffante. En bruit de fond, j'entends des brides de musique cambodgienne émanant des foyers. Ici, quelques immeubles, pas de commerce moderne. On est en immersion dans l'Asie originale. Pas celle des gratte-ciels de Singapour. Une énergie grouille. celle du renouvellement. On sent que la ville est en plein développement. Il y a une odeur de fruits exotiques, gorgées de soleil qui s'échappent des vendeurs à la sauvette qui parcourent les avenues à vélo. L'écriture sur les affiches et les pancartes rappelle l'Inde. C'est l'alphabet Khmer. J'apprendrai par la suite l'importance des relations culturelles et religieuses entre l'Inde et le Cambodge. Au bout d'une dizaine de minutes, le décor évolue. Le bruit s'estompe et les rues s'élargissent. Les bâtiments plus anciens prennent de la hauteur. Les ambassades apparaissent l'une après l'autre et sur certaines façades, on peut lire « Bibliothèque » ou « Poste » , c'est le quartier français. En 1863, une convention franco-kmer établit un protectorat de l'Empire français sur le territoire. qui craint l'attaque de ses deux voisins, la Thaïlande et le Vietnam. Aujourd'hui encore, de magnifiques bâtiments coloniaux s'élèvent en témoins historiques. Je regarde avec de grands yeux et sous les lumières nocturnes ces constructions hautes et larges, vraiment imposantes. Et parmi ces monuments, une entrée au jardin particulièrement luxuriant attire mon regard. La voiture s'insère doucement. Je n'arrive pas à y croire. C'est notre hôtel. Bienvenue au Raffles Hotel Le Royal. Les Lobby Boys, les garçons à l'entrée, ouvrent la portière, nous souhaitent la bienvenue et nous installent dans une grande pièce à l'entrée. Comment vous dire ? Comme l'impression d'arriver chez des amis de la famille royale. On s'y sent déjà comme à la maison. C'est fou, étant donné la hauteur sous plafond exceptionnelle et les décors absolument dingues qui nous entourent. Les senteurs m'enivrent. Notes de jasmin, vapeur de riz cuit et d'humidité environnante, arôme de lotus. Comme si nos sens n'étaient pas assez stimulés encore, le majordome nous apporte un breuvage de bienvenue à la citronnelle. Et mon goût se met alors au diapason. Mais l'euphorie devra attendre, on va se coucher. Un ray de lumière me caresse la peau, sur mes jambes découvertes de la couette que j'ai repoussée toute la nuit. J'ouvre les yeux, le jour qui traverse les rideaux révèle toutes les couleurs de la pièce. Notre chambre s'appelle l'Enemark parce qu'elle se situe dans le bâtiment historique de 1929, et ici le temps semble s'être arrêté. Lorsque j'arrive dans un hôtel, l'un de mes premiers réflexes est de scruter la papeterie. Sur notre bureau, les documents ont une allure formelle, voire royale. Dorures et encadrés, presque comme des archives. Ça me donne tout de suite l'envie d'écrire. Ce que j'ai pas manqué de faire pour collecter mes impressions spontanées, pour ne rien oublier dans cet épisode. Globalement, la technologie s'estompe dans cet endroit magique, rendant hommage aux objets précieux, témoins des époques qui passent. Les cartes postales proposent des illustrations des élévations de façades du bâtiment. Le téléphone à cadran en bois et en laiton est bien fonctionnel et nous permet même de joindre notre maître d'hôtel. Un mix parfait entre le confort du monde moderne et le charme de l'ancien. Une des stars de l'espace, Avec les plafonds, les parquets et les bois des meubles hérités, c'est la baignoire. Une magnifique baignoire sur pied, qui en a vu passer des icônes. Oui, parce que depuis l'ouverture de l'hôtel, Charlie Chaplin, Charles de Gaulle et Jackie Kennedy sont autant de grands noms qui y ont séjourné. Chacun y laissant son empreinte, à travers un intitulé de suite ou un cocktail phare. L'histoire du Raphaël Zotel le Royal est spectaculaire. Il s'inscrit dans la vision de l'architecte Ernest Hébrard, qui en 1923 décide de révéler toute la splendeur de Phnom Penh à travers un plan d'urbanisme révolutionnaire. Il prévoit un canal, des avenues bordées d'arbres, un marché central et surtout, un hôtel majestueux qui serait le plus haut et le plus grand bâtiment de la ville. Et pour inaugurer cette construction d'une telle splendeur, Sa Majesté le Roi lui-même est présente. Dès les années 30, la réputation du lieu rayonne et attire des célébrités du monde entier, souvent comme escale pour aller visiter les temples d'Ankor plus au nord. En 1975, lorsque le pays connaît des heures terribles, le royal tombe entre les mains de l'armée des Khmer Rouges. Il ferme ses portes. Puis... à la chute du régime, réouvre d'abord pour abriter les aides internationales. À partir des années 90, l'hôtel récupère son nom et sa joie, subit de nombreuses rénovations et voit sa façade repeinte dans le somptueux blanc lotus pour qu'aujourd'hui, vous et moi, puissions y séjourner sur les pas de ces acteurs historiques. Il est temps de sortir et d'aller explorer, déjà guidé par les damiers d'origine qui tracent les longs couloirs. Par les nombreuses ouvertures, je me rends compte que la végétation est reine ici. Un arbre majestueux règne tant mètres dans le jardin, soutenu par des poutres. La piscine traversée par un pont reliant l'ancien et le nouveau bâtiment est bordée de frangipaniers. Leurs branches qui penchent vers l'eau laissent tomber délicatement de jolies fleurs blanches au cœur jaune. J'avoue, je n'ai pas résisté à l'envie d'en glisser une dans les cheveux. L'eau a toute son importance quand on sait qu'à l'époque, les grandes avenues étaient des canaux. La ville est encore aujourd'hui entourée du mythique Mekong et de la rivière Tonle Sap. On s'avance vers le petit déjeuner en terrasse, dont la proposition culinaire est simple, mais composée de bons produits, et l'atmosphère est sereine, le climat est chaud. Une force tranquille s'échappe décidément de cet hôtel et de son vécu. Le service opère comme un lien entre deux cultures qui se rendent hommage, les Khmer et les Français. Le raffole a conservé des influences françaises dans les subtilités, notamment les pâtisseries. Les moments passés ici semblent hors du ton. Lisa, qui nous sert les boissons chaudes, est d'une douceur inégalée à l'image du lieu. Aucun frottement ne peut entraver notre expérience. Nous sommes même bercés par un son d'ambiance au bruit d'oiseaux exotiques. Le voyage initiatique débute dans l'hôtel, qui est finalement un monument comme les autres. Mais j'enfile mes baskets, il est temps d'explorer. Je sors de l'enceinte et me retrouve plongée dans le tumulte des scooters et tuktuk, qui sont le cœur battant des rues. Pour être honnête, marcher n'était peut-être pas la meilleure idée parce que traverser est un défi à chaque fois. Mais l'immersion est totale. Grâce à ce parcours, j'ai le temps d'apprécier d'autres constructions comme la bibliothèque voisine. J'y entre timidement. Ce qui est fou, c'est que malgré son héritage culturel, ses visiteurs sont très jeunes. L'envie d'apprendre se traduit par la concentration des étudiants. L'éducation et l'art semblent prendre leur revanche sur les sombres années guidées par les Khmer Rouges qui combattaient l'intellectualisme. Ambassades, musées nationaux, palaces royaux et colonialistes, si vous appréciez l'architecture, comme moi, c'est un plaisir pour les yeux. En ville, les touristes se font rares au profit de petits vendeurs, d'écoliers, de chauffeurs de tuktuk. La ville grouille. Les étals couvrent les rues et les senteurs qui s'en émanent sont plus ou moins agréables. Oui, parce que parmi les fruits exotiques, il y a aussi du durian. Vous connaissez ce fruit ? Figurez-vous qu'il est interdit de voyager avec et qu'il est même banni de certains espaces publics. On parle d'une odeur de cadavre en décomposition. Mais son goût, si vous avez le courage de goûter, s'apparenterait à de la crème anglaise. Bon, personnellement, je n'ai pas essayé. Au marché, on trouve aussi de la viande accrochée à des piques qui maturent au soleil. Bref, un mélange assez déconcertant pour nous, Européens. Parmi les lieux dédiés à la culture, un passage au musée du génocide s'impose. Une ancienne prison du régime, comme un devoir de mémoire. Le lieu a été conservé en état. L'exposition traite de l'expérience des enfants à cette époque, un moment impactant du voyage. Dans notre escapade du jour, une visite du Palais Royal, aux toits dorés et brillants, en pointe et aux cornes élevées vers le ciel, le Musée National, moins haut, aux couleurs chaudes briques et ocres, est tout aussi majestueux. Il regorge de trésors nationaux, sculptures et statues issues des temples, peintures originales, autant de pièces récupérées des pillages du XXe siècle qui font aujourd'hui la fierté des habitants. On s'arrête dans un café pour le déjeuner, le Eleven One Kitchen, dans le quartier BKK One. C'est comme une oasis de fraîcheur, dans la température pesante, colorée par la verdure des végétaux qui apporte vie et joie au lieu. Une fusion entre cuisine cambodgienne et plat européen, dans une atmosphère décontractée et sous la brise rafraîchissante d'un ventilateur en bois. Retour à l'hôtel. L'heure dorée sonne, le soleil disparaît peu à peu et des nuances rosées envoûtantes recouvrent le ciel du Raffles. Je m'installe au bord de la piscine pour dévorer mon livre dans des conditions idéales. Une autre cliente travaille sa brasse dans le bassin et les voyageurs profitent comme moi du spectacle. Dans le silence, je pense que les mêmes valeurs nous unissent. Une recherche de calme et de sens profond dans ce voyage. Ici, ça parle cambodgien, français ou allemand principalement. De l'autre côté de la rue, un géant s'élève. Hôtel concurrent d'une célèbre marque américaine. On y est allé, on y a dîné. Et l'atmosphère est bien différente. Aussi agréable, mais on n'y va pas pour les mêmes raisons. Il propose une terrasse sur la ville où chanteurs acoustiques et DJ donnent le la à une ambiance festive et bruyante qui nous ramène en 2025. Les cocktails plus pop sont inspirés des mangas japonais. Au Raffles, chaque geste évoque une certaine spiritualité. L'histoire est le fil rouge, ancré dans les décors et les interactions. Le bar en est un pilier. Atmosphère tamisée, recettes inspirantes et représentations d'éléphants en sont les marqueurs. Un jour peut-être, j'irai boire un Singapour Sling à celui de Singapour. Mais aujourd'hui, à Phnom Penh, on m'invite à déguster le Femme Fatale. Drôle de nom. Ce que j'ignore, c'est que je marche sur les pas de l'ancienne première dame des Etats-Unis, Jackie Kennedy. En fait, c'était son rêve de petite fille de visiter le Cambodge, surtout pour les temples d'Angkor. Invité par le prince lui-même malgré les nombreux aléas de son voyage, son séjour est bien resté depuis dans les mémoires. Même le magazine Life a couvert l'événement. Bien sûr, elle a séjourné dans le plus prestigieux hôtel de Phnom Penh, vous l'aurez deviné, le Royal. Et comme Madame n'a jamais caché son goût pour le champagne et les cocktails, on lui aurait confectionné un breuvage signature. Voilà, c'est celui-là que je bois. Le femme fatale. Et j'aime beaucoup, pas seulement le nom. Un peu comme la pyramide olfactive du parfum, ce que je ressens s'opère en trois temps. D'abord, en tête, une certaine gourmandise, subtile, pas comme un cocktail girly cliché, trop sucré. C'est la fraise. Puis, comme des notes de cœur, une vague de chaleur dans ma gorge, des arômes qui ont du corps et qui donnent toute leur puissance à la boisson. Il s'agit du cognac, le côté fatal bien sûr. Et finalement, en fond, une certaine légèreté qui crée l'équilibre et ajoute une touche sophistiquée du vin pétillant. Une recette pourtant simple, mais dont l'équilibre parfait m'épate. Un vrai cocktail de grande dame. Je vous partagerai la recette sur Instagram, n'hésitez pas à aller voir sur le compte The Palace Mindset. Mais c'est au retour en chambre, après une douce soirée au bar à rire dans une atmosphère vibrante de soir d'été, qu'un autre type de magie opère. Quand la quiétude des longs couloirs sereins vous raccompagne, que la fraîcheur de la pièce vous accueille, alors que vous vous préparez à aller dormir, en vous déchaussant assis sur le fauteuil, en débriefant de cette belle journée de découverte, vous trouvez, sur l'oreiller, une surprise. Un petit feuillet. Je lis Fables of the Exotic East from the Raffles. Ici, pas de chocolat sur le lit au service du soir. En fait, à chaque fin de journée, est déposée une histoire rendant hommage à la région ou aux mémoires d'explorateurs d'Indochine, à un article de journal ou bien un extrait de roman. Un rituel fort qui me guide vers le sommeil grâce à une joyeuse dose d'onirisme. Le jour se lève et il est temps de partir, à contre-cœur de quitter cet endroit précieux. Mais surtout, impatient d'attaquer la partie tant attendue du voyage, le trésor du Cambodge, les temples d'Ankor. Vous voyez dans Lara Croft les édifices sauvages en pleine jungle dont les lianes se mélangent aux pierres taillées. Alors nous voilà partis en voiture pour remonter l'artère principale du pays avec pour destination Simrip. À mesure que nous quittons la ville, les maisons grandissent. Derrière les commerces et les habitations qui bordent cette voie, d'immenses espaces vierges. Les constructions sont rassemblées autour de ces axes, mais l'horizon me laisse entrevoir les pâturages plutôt secs, à perte de vue. La perspective est étonnante, surtout pour une résidente suisse, aucune montagne n'est visible. Nous sommes partis aux alentours de 15h30 et voyons donc défiler sous nos yeux le coucher du soleil. C'est beau, car les paysages évoluent, devenant de plus en plus sauvages et aérés, adoptant une couleur orangée. Les quartiers sont tout à coup plus agricoles, les poules et les buffles se baladent librement de part et d'autre de la route. Tiens, un groupe d'enfants vêtus du même uniforme partent à l'unition de l'école, enfourchant leur vélo. Plus loin, d'autres écoliers, qui avaient pris de l'avance, roulent paisiblement en discutant et en riant. Deux garagistes boivent le café. C'est comme une vie de village qui se déroule sur une voie unique. Ici, les habitations sont un peu plus reculées, profitant d'une entrée et d'escalier. C'est bien différent du chœur de Phnom Penh. Les voitures remplacent les tuktuk, l'ambiance est calme. Puis, la nuit tombe doucement. Les décors s'effacent peu à peu tandis qu'apparaissent des points lumineux. Les lumières de nombreux restaurants et leurs terrasses ou des décorations pour réveiller la végétation. Un rond-point, puis une ville se dessine. Un canal recouvert de lampions, un parc, comme l'impression de changer tout à coup de culture. Une famille joue au badminton, sur une grande place, d'autres s'entraînent dans une salle de sport à ciel ouvert, un couple s'embrasse sur un banc. Et au milieu de ce tableau, notre nouvelle résidence apparaît, le Raffles Grand Hôtel d'Ancor. On nous accueille avec des crâmes, les écharpes locales. Ma première soirée, seule sur la terrasse du restaurant, est un moment de calme absolu après une journée bien remplie. L'air frais du soir me caresse le visage, contrastant agréablement avec la chaleur qui m'a enveloppée toute la journée. Autour de moi, les lanternes diffusent une lumière douce, et la vue sur les jardins bien entretenue me donne l'impression d'être à l'écart du monde. C'est comme si le temps ralentissait ici. Je savoure chaque bouchée, appréciant le mélange subtil des saveurs cambodgiennes de mes nouilles au bœuf, tout en laissant mon esprit vagabonder entre le souvenir de Phnom Penh et le confort de cette nouvelle partie du voyage. Parfois, sorti de mes pensées grâce au cri d'un gecko. Puis, je rejoins le bar pour ne pas finir grignoté par nos amis les moustiques. Une douce musique pose le décor. Celle d'un pianiste qui joue dans le salon et qui chante avec passion. Moment hors du temps. Ses spectateurs esquissent un sourire, lui font un signe de gratitude. comme si on était tous de bons amis, réunis dans la pièce principale d'une maison de famille. La star de l'espace est sans hésitation l'ascenseur. D'origine bien sûr, mais rénové et fonctionnel, un objet d'art au bois précieux. Le mobilier et la décoration sont choisis avec soin, sans anachronisme, sans fausse note. On retrouve le damier du Raffel Snompen, comme un élément familier. Pour les plus curieux, un historien propose des tours de la propriété pour en saisir toutes les subtilités. Vous pouvez aussi apprendre l'art de travailler les feuilles de lotus ou à composer un cocktail aux saveurs locales, citronnelle, citron kéfir, gingembre. En regagnant ma chambre, je découvre une coupe de fruits avec des longans, de la même famille que les litchis et les rambutans. Un fruit cultivé au nord du pays, article commun des marchés cambodgiens. Une petite note me vante ses atouts. Il réduirait la pression sanguine et améliorerait la qualité du sommeil. Mais surtout, posée sur mon lit, je retrouve ma merveilleuse fable du soir, décrivant cette fois les temples d'Ankor comme une mise en bouche de ce qui m'attend le lendemain. Mais avant cela, je ferme les yeux et me laisse gagner par le sommeil. Les jours suivants, impatiente, je me lance dans l'exploration des temples. Mon chauffeur de tuktuk m'emmène chaque matin à la découverte de nouveaux sites. Nous roulons à travers les petites routes poussiéreuses, au milieu des paysages verdoyants, et je me laisse guider par son sourire amical. Il connaît la région comme sa poche, me conduisant aux endroits les plus calmes, loin de la foule. Nous visitons Encorvat, Bayonne, Taplum et bien d'autres temples, chacun avec sa propre histoire, ses pierres sculptées et les racines entrelacées. Les visites sont intenses, mais si riches en histoire et en esthétique. La visite du temple de Taproam, célèbre pour ses scènes dans Tomb Raider, me transporte dans un autre temps. En me frayant un chemin entre les racines massives des arbres qui semblent avaler les pierres du temple, je me sens comme une véritable exploratrice. Les murs recouverts de lichens et de mousse sont envahis par des racines noueuses, offrant un spectacle sédissant où la nature et l'architecture se mêlent dans une harmonie presque irréelle. Le silence qui règne, seulement perturbé par le souffle du vent et le chant lointain des oiseaux, ajoute à l'atmosphère mystique du lieu. Chaque détail raconte une histoire oubliée, et je m'imprègne de cette sensation d'aventure et de découverte comme si je m'apprêtais à percer les secrets cachés de ces pierres anciennes. C'est un voyage dans le temps, où le passé, magnifiquement conservé, se dévoile sous mes yeux. Derrière cette beauté brute, une unité internationale impressionnante se déploie. 17 pays collaborent activement à la restauration et à la préservation du patrimoine. Ce projet vaste et complexe démontre l'engagement collectif pour conserver ces trésors culturels pour les générations futures. Ce travail commun entre nations est palpable sur les lieux. Chaque pierre restaurée, chaque racine dégagée, témoignent de cette solidarité mondiale qui œuvre à redonner vie à ce patrimoine exceptionnel. Et nous ne sommes pas les seuls à apprécier ce spectacle. Poules, chiens et même cochons sauvages cohabitent ici avec les hommes et les singes. Les chiens errants sont interdits, officiellement, mais réussissent toujours à se frayer un chemin pour accéder au temple. Après tout, en quoi nous appartiennent-ils plus qu'à eux ? Ils semblent comme attirés par la sensation de protection et la bonne énergie qui se dégage des lieux. On pourrait croire que ce sont uniquement des lieux touristiques, mais en réalité, les Cambodgiens disposent d'un accès libre et en profitent régulièrement. C'est sans surprise que j'y croise une famille qui pique-nique ou un couple d'adolescents dont le comportement pousse à croire que c'est leur premier rendez-vous. Ce qui m'a frappée ici, c'est que les touristes s'intéressent plus à l'histoire qu'aux réseaux sociaux. Il est pour moi l'un des seuls endroits où je me suis sentie comme une véritable exploratrice, loin des destinations trop médiatisées. Et ça fait du bien. Un matin, je fais la rencontre de deux jeunes Belges qui sont en stage et voyagent elles aussi au nord du pays. Et leur compagnie est rafraîchissante. Nous discutons des temples, des différences culturelles et de nos impressions respectives sur Simrip. Nous échangeons des conseils et elles me parlent de leurs propres explorations. La simplicité et la sympathie de notre rencontre me rappellent que même loin de chez soi, on trouve toujours un lien humain dans ces moments de partage. Le retour à l'hôtel chaque soir est un contraste saisissant, avec l'effervescence des temples. Dès que je franchis les portes du Raffles, l'atmosphère change. L'architecture coloniale avec ses arcades et ses jardins ombragés offre un havre de paix bien loin de la chaleur suffocante de dehors. Mais je ne ressens pas une coupure totale, grâce aux statues et aux fresques jumelles de celles des temples. Un lieu doit épouser son décor. Et honnêtement, j'en veux beaucoup aux hôtels qui n'ont pas cette sensibilité. Tout commence par là. Je plonge dans l'immense piscine. Elle est enclavée entre les bâtiments comme un véritable oasis caché du regard des passants. Son bassin, long et majestueux, semble presque se fondre dans l'architecture elle-même, comme une extension naturelle de ce lieu. L'eau d'une clarté parfaite me permet de me délasser après des journées découvertes. En plongeant, je sens instantanément la fraîcheur m'envahir, effaçant la fatigue et le poids de l'air humide. Tout semble pensé pour offrir un contraste parfait avec la chaleur et l'effervescence du monde extérieur. Les jardins verdoyants qui entourent la piscine, les arcades qui l'abordent et l'ombre bienfaisante des palmiers créent une atmosphère sereine et tranquille. C'est dans ce cadre que je termine mes journées, bercées par la fraîcheur et la beauté du Raffles, un lieu où chaque détail semble avoir été conçu pour apaiser le corps et l'esprit. Si vous êtes resté jusque là, c'est que vous aimez les récits d'aventure. Et moi aussi. N'hésitez pas à raconter votre plus beau voyage en commentaire. Et puis surtout, tenez-vous prêt pour la partie 2 qui se déroule au Vietnam. A très bientôt, votre hôte Julie. Merci d'avoir passé ce petit moment avec moi. Et surtout, rappelez-vous, la vie est ce que vous en faites. Alors faites-en une expérience 5 étoiles. A la semaine prochaine, même heure, même endroit, dans The Palace Mindset. Sous

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