- Antoine Lacouturière
Bonjour, soyez les bienvenus sur Toucher du doigt la santé, le podcast autour des soins, du bien-être et de la santé. Je m'appelle Antoine Lacouturière, ancien sportif de haut niveau, j'exerce l'ostéopathie et la sophrologie depuis 10 ans maintenant, et je suis très heureux de vous retrouver pour cette troisième saison du podcast. Que se passe-t-il dans le quotidien des soignants. Dans leur tête ? Dans leurs mains ? La santé ? Ça veut dire quoi ? Être en santé ? Avoir la santé ? Comment être un bon soignant ? Voici quelques questions fil rouge du podcast qui continueront de nous animer pour cette nouvelle saison qui comprend déjà de nouveaux formats. Avant de découvrir notre invité du jour et cet épisode particulièrement riche, J'aimerais partager ici des bonnes nouvelles. Toucher du doigt la santé, ce n'est pas simplement un podcast. C'est aussi une association qui œuvre bénévolement pour informer, sensibiliser, faire pratiquer des exercices adaptés à différents publics, pour favoriser le bien-être et la santé, auprès des enfants particulièrement. Enfin, c'est également une formation. La seconde édition Sauf Rostéo aura lieu au printemps. Pour les personnes intéressées, je vous invite à consulter mon site internet ou à me contacter directement. Tout de suite, l'épisode du jour avec un invité au parcours singulier. J'ai la joie de vous présenter Patrick Jouault, médecin aux multiples compétences devenu ostéopathe. Auteur de plusieurs livres, formateur, il se définit comme un cherchant. Avant de vous partager nos échanges colorés d'émotions, j'aimerais ici le remercier chaleureusement pour la sensibilité et la précision ostéopathique qu'il m'a permis de toucher du doigt lorsque j'étais étudiant, il y a 12 ans déjà. Soyez prêtes, soyez prêts à découvrir une vision différente du soin, à bousculer nos idées, parfois nos croyances, grâce au parcours inspirant de Patrick Jouot, notre invité du jour. Pour celles et ceux qui le souhaitent, je vous donne rendez-vous sur les réseaux et vous remercie pour les petits coups de pouce à travers vos messages, notes et commentaires. Belle écoute ! Bonjour Patrick.
- Dr Patrick Jouhaud
Bonjour Antoine.
- Antoine Lacouturière
Merci d'avoir accepté mon invitation aujourd'hui. C'est la première fois qu'on enregistre dans Métanoïa, un centre de soins pluridisciplinaires, et on est à Limoges. Ce que je te propose de faire pour commencer l'épisode, et pour celles et ceux qui ne te connaissent pas encore, c'est de te présenter, si tu veux bien.
- Dr Patrick Jouhaud
Oui, mais avant tout merci, merci de l'invitation, merci de me recevoir dans ce centre Métanoïa que je viens de visiter, que je trouve beau, harmonieux, esthétique, avec de belles couleurs et une chaleur d'accueil et de prise en charge exceptionnelle. Donc merci pour ce matin. Je suis Patrick, Patrick Jouot. Je suis médecin de formation, j'ai fait mes études de médecine à Limoges et à la fin de mes études de médecine, j'ai pu travailler dans le service de réanimation médicale au CHU de Limoges et ensuite de faire de l'urgence, de la médecine d'urgence pendant un an. C'est une école, une école particulière, une école qui permet de prendre en compte la maladie, les traumatismes, quels qu'ils soient, les blessures, de faire des diagnostics rapides, de prendre des décisions immédiates, parce que souvent nous sommes dans l'interface entre la vie et la mort, la personne est parfois en danger. lorsqu'il s'agit de réanimation. Il s'agit aussi d'accompagner des personnes qui sont dans des situations cliniques un peu compliquées. Et dans cette période de travail en réanimation, j'ai vécu une expérience extraordinaire avec une patiente dont je me suis occupé pendant trois mois. Cette dame était hospitalisée pour une hyperthyroïdie grave. avec coma, et il a fallu l'accompagner, la prendre en charge, la gérer, sur toutes les constantes biologiques, elle était sous ventilateur, bien sûr, et tous les matins, quand j'arrivais dans le service, je vérifiais toutes les constantes, Je regardais tous les appareils et surtout, je m'assoyais à côté d'elle. Je lui disais bonjour, bonjour madame, comment allez-vous ? Je lui parlais de la vie à l'extérieur. Et le commun a duré longtemps. Et puis, un jour avec le chef de service, On a lu une publication qui permettait, avec une perfusion du sang en circulation extra-corporelle, de faire ce qu'on appelle une hémoperfusion sur charbon activé. C'était une méthode qui permettait de nettoyer le sang de toxines en le faisant passer, circuler sur du charbon activé. cette technique a parfaitement fonctionné sur cette dame. Et au bout de 24 heures d'hémo-perfusion, elle s'est réveillée. Elle est sortie de son coma. Et elle m'a accueilli avec un grand sourire. Elle ne pouvait pas parler, elle était sous respirateur encore. Et ensuite, son accueil a été extrêmement chaleureux, avec ses yeux, avec ses mains. J'ai senti cette reconnaissance et j'ai senti ce jour-là que la communication avec nos patients, bien sûr elle se passe en conversation, elle se passe dans une phase ou dans une vibration de conscience, de compréhension, d'entente, mais il y a toute une dimension. qui correspond à une forme d'empathie, et au-delà de l'empathie, ce que l'on appelle la sollicitude, il y a une connexion avec nos patients au-delà, bien au-delà de ce que l'on peut imaginer. Et cette expérience est restée engrammée dans mon cœur, dans mon corps, et je pense qu'elle m'a apporté dans ma carrière de médecin. J'ai travaillé ensuite quelques années dans le secteur de médecine rurale, en tant que médecin généraliste, où j'ai pu vivre des expériences incroyables, avec la prise en charge de patients et de patientes au quotidien, avec la prise en charge de traumatismes sous toutes leurs formes. Avec beaucoup de gestes que l'on ne fait plus aujourd'hui dans les cabinets de médecine générale, y compris des accouchements à domicile, parce qu'il n'y avait pas moyen de faire autrement. Un jour, pendant cette période d'activité, alors que je pratiquais un sport qui est de l'aïkido, je me suis blessé sur un genou. Et dans mon diagnostic médical, j'avais un genou blessé avec une rupture de quelque chose, d'un menisque ou d'un ligament. Et j'envisageais des éléments décisionnels, radiologiques et chirurgicaux, lorsqu'un de mes partenaires de Tatami, qui avait commencé des études d'ostéo, m'a proposé de regarder mon genou. J'ai accepté. Et là, je n'ai pas compris. Parce qu'il a posé ses mains sur mon genou, sur mes genoux, sur mes jambes, sur mon bassin, sous ma tête. Et pendant une demi-heure, il a travaillé sur mon corps avec des gestes extrêmement doux, extrêmement légers, sans mobilisation énorme. Et lorsque je me suis relevé, les premiers instants, je ne sentais pas grand-chose. Par contre, lorsque je suis rentré à la maison... En descendant de voiture, j'ai posé mon pied par terre et en translatant le poids de mon corps sur ce pied, j'ai senti un grand « clouac » dans mon genou. Quelque chose s'était rétabli et je n'ai plus rien senti dans mon genou. Et ce même genou a arrêté de gonfler. Ce traitement m'a beaucoup interpellé, questionné. Comme je suis très cartésien et que je veux comprendre et savoir, j'ai quand même fait une... radio avec visualisation méniscale et tout était correct et dans l'ordre à l'intérieur du genou. Voilà comment j'ai été capté, si je peux dire. happé par l'ostéopathie parce que ça a enclenché mon inscription dans un cursus d'études de l'ostéo dans une école qui s'appelait à l'époque la maison de la thérapie manuelle avec un enseignant qui était Bob Benichoux et puis parmi ses enseignants une personne extraordinaire qui reste encore aujourd'hui un de mes repères, Nyssa Edserguef qui qui a toujours une pédagogie basée sur l'anatomie et la physiologie de l'anatomie, toutes les fonctions du corps. Un enseignement très concret et de nombreuses publications qui vont aussi dans cette forme d'enseignement.
- Antoine Lacouturière
Merci Patrick pour cette présentation très complète, très riche, avec une forme de partage et de témoignage de cette émotion qu'on a pu vivre avec toi. Dans le témoignage de cette patiente que tu as pu accompagner en tant que médecin, dans l'histoire de cette expérience douloureuse d'un genou qui t'a amené peut-être à voir autrement. Et puis, on peut saluer Nicette qui exerce encore, qui vit encore quelques fois en France, que j'ai eu la chance d'aller rencontrer, visiter, avec tes enseignements et les points communs. La transition est intéressante. après cette... Cette introduction à une partie de ta vie, parce que je crois que peut-être ce qu'on peut dire, c'est qu'il y a un complément aujourd'hui. Est-ce que tu peux nous parler, après cette odyssée, un petit peu cette histoire, de aujourd'hui tu continues et je crois que tu es à la fois enseignant, chercheur, cherchant auteur. C'est bien ça ? Tu continues ces activités-là ?
- Dr Patrick Jouhaud
Oui, plus que chercheur, je dirais cherchant, parce que rien n'est jamais acquis ni posé définitivement. Et je crois beaucoup en la valeur du doute qui fait qu'on ne se pose jamais et que tout peut être remis en question. En ce sens-là, l'enseignement que je propose, en fait, j'ai commencé à enseigner très très tôt. Cette fibre pédagogique fait partie de mon cœur et de mon corps, parce que la période où j'étais jeune médecin... J'avais déjà une période d'enseignement de l'anatomie et de l'hygiène à l'école, dans l'Institut Régional de Formation d'Éducateurs Spécialisés à Limoges. Et j'ai travaillé en tant qu'enseignant dans cet institut pendant quelques années. Cette fibre ne m'a jamais quitté, et lorsque j'ai eu un petit peu d'expérience en ostéopathie entre mon cabinet, où j'exerçais l'ostéopathie à temps plein, après avoir quitté le cabinet de médecine générale. Entre donc ce cabinet et puis les expériences que j'ai vécues, je dirais à travers le monde, en visitant les ostéopathes et les médecins qui me parlaient, qui parlaient à mon cœur et que j'avais envie de connaître et de rencontrer. je suis devenu enseignant En l'an 2000, très exactement, parce que le professeur Benoît Lavignol, qui dirigeait le laboratoire d'anatomie du CHU de Bordeaux et de la faculté de médecine à Bordeaux, m'a proposé d'intégrer un pool d'enseignants dans le cadre d'un diplôme interuniversitaire de médecine ostéopathique qu'il voulait créer Ausha Bordeaux. Merci. Donc à partir de cette date-là, j'ai commencé à enseigner et j'ai eu l'occasion d'enseigner dans d'autres endroits, différents endroits, différents instituts en France et notamment au collège d'ostéopathie du Pays Basque. où nous nous sommes rencontrés, Antoine et moi, pendant quelques années. J'ai aussi, et j'enseigne encore d'ailleurs dans le cadre du GETM, qui est un groupe d'études et de recherche en ostéopathie et en médecine ostéopathique. Et puis, depuis une dizaine d'années, j'enseigne aussi dans mon propre institut, après avoir cherché justement, exploré les différentes formes de toucher le corps, les différents. grande forme d'explorer le corps et de comprendre son fonctionnement avec les mains. J'ai découvert, j'ai compris que le corps est essentiellement fait d'eau, EAU, avec un poids hydrique de 70% pour un adulte, mais de 90-95% pour un bébé, mais également avec une quantité de molécules énorme, puisque on sait par des publications, notamment, je voudrais le citer et le remercier, le professeur Marc Henry. On sait que 99% des molécules d'un corps vivant sont des molécules d'eau. La différence avec l'eau courante du robinet ou l'eau des rivières et des ruisseaux, c'est que ces molécules d'eau s'agencent de façon différente et la formule chimique se modifie quelque peu. En fait, elles se regroupent en forme de clusters et lorsqu'elles sont regroupées ensemble, elles forment un système qui est un système qui capte. des informations qui les emmagasinent et qui les restituent. Et on sait aujourd'hui que toute structure à l'intérieur d'un corps vivant, y compris l'ADN tout simplement, ne peut fonctionner que si ces structures sont associées avec ces clusters H2O. Donc ces lectures, cette découverte m'ont amené à modifier moi-même mon toucher du corps et puis à... proposer cet enseignement qui est basé sur l'idée que lorsque l'on pose ses mains sur un corps vivant, et quand je dis corps vivant j'entends autant l'espèce humaine que toutes les autres espèces animales, lorsque l'on pose ses mains sur un corps vivant, l'idée est d'avoir simplement la conscience qu'on pose ses mains sur. un niveau, un volume qui est avant tout hydrique. Bien sûr, il est de matière, mais l'eau c'est une matière, bien sûr il y a des protéines, et c'est l'eau qui permet cet agencement des protéines, qui permet de créer la fibre, physiologie du corps, de créer toutes les fonctions du corps, et cette physiologie s'agence dans le corps en même temps que les formes et les volumes. Donc la matière du corps et sa physiologie s'agence en même temps, de concert si je puis dire. Cette réflexion m'a amené à m'intéresser au tout début. Au tout début de l'existence, au tout début de la vie, au tout début de notre vie, au moment où pendant ces quelques heures ou ces quelques semaines de fabrication d'un corps, toutes les fonctions se mettent en place et donc toutes les formes et les structures aussi se mettent en place. Cette période, c'est la période d'embryon, la période de vie de l'embryon qui commence au moment... ou juste avant la fécondation, et qui va avoir une durée de huit semaines avant de passer ensuite à une période d'adaptation, d'expérience et de croissance du corps, qui est la période de la vie fétale jusqu'à la naissance. Ce qui se passe dans la vie embryonnaire est absolument extraordinaire, et aujourd'hui, grâce à des procédés d'exploration, d'investigation, associés à des colorations possibles ? associé à des interprétations d'images d'ordinateurs, les travaux des embryologistes à l'international, mais beaucoup d'embryologistes en France, et je voudrais en citer deux, Alain Chédotal et Jean-Léon Maître. ont permis d'observer les embryons et le développement de l'embryon pendant les deux premières semaines de la vie. C'est éthiquement possible et légalement possible de parler le monde pendant ces deux premières semaines. Après, je pense que c'est un petit peu compliqué, d'abord sur le plan éthique, et puis aussi sur un plan physiologique, puisque très certainement le développement d'un embryon n'est pas le même en milieu externe qu'en milieu utérin, en milieu naturel. en tout cas En tout cas, ce que l'on sait aujourd'hui et ce que l'on voit automatiquement, c'est que la fécondation d'abord n'est pas telle qu'elle est décrite ou elle a été décrite pendant des années. Elle n'est pas cette course de folie de millions de spermatozoïdes. qui se dirigent vers un ovule avec un vainqueur et un seul qui pénètre, qu'il soit le plus grand, le plus beau, le plus fort, ou qu'il soit choisi par l'ovule. On sait aujourd'hui que ce n'est pas du tout comme ça que ça fonctionne. On sait que pour que l'ovule puisse être fonctionnel, puisse être fécondé, ce sont des millions de spermatozoïdes qui se placent autour de l'ovule. et que lorsque ces millions de spermatozoïdes sont placés autour d'un ovule, l'activité de leur flagelle commence à faire tourner l'ovule sur lui-même, un peu comme une planète qui tourne sur elle-même. Et c'est cette rotation qui est le premier mouvement de la vie, c'est cette rotation qui permet à un certain moment la pénétration de matériel chromosomique. à l'intérieur de l'ovule et qui va créer le premier organisme de la vie. Donc vous voyez, il n'y a pas de compétition, il n'y a juste qu'un partenariat entre une cellule féminine et plusieurs cellules masculines. Et un partenariat entre un matériel génétique féminin et un matériel génétique masculin.
- Antoine Lacouturière
Ensuite, cette première cellule va se multiplier, constituer un corps particulier qu'on appelle morula, parce que ça ressemble à une petite mure. Et cette morula va migrer progressivement de l'endroit où la fécondation a eu lieu vers l'intérieur de l'utérus. Et à l'intérieur de l'utérus se produit un événement incroyable qui est au moment de l'implantation, qu'on appelle nidation, se produit un événement incroyable qui s'appelle la gastrulation. Et cet événement incroyable est un événement au moins aussi explosif que celui de la fécondation qui a eu lieu une semaine avant. Cette gastrulation est un début de croissance et de démultiplication cellulaire. Tous les systèmes se mettent en place pendant les deux semaines qui vont suivre. Tous les systèmes, qu'ils soient neurologiques, de... facia, qu'ils soient viscéraux, qu'ils soient vasculaires, qu'ils soient endothéliaux, tous les systèmes dermiques, épidermiques, muqueux, se mettent en place à ce moment-là, y compris les systèmes osseux. Ensuite, ce n'est que de la croissance. Bref, où je veux en venir, c'est que... Cette période est une période référente au niveau de la physiologie et pour faire un pont avec la notion de toucher dont je parlais précédemment, lorsqu'on met ses mains sur un corps vivant, avec cette conscience qu'il est essentiellement hydrique, les mains apprennent à comprendre et à capter des informations qui sont là depuis le début de la vie. Et entendons-nous bien, quand je parle d'information, ce sont des informations liées à la physiologie du corps, à son fonctionnement. Donc l'enseignement que je propose est un enseignement qui apprend à devenir simplement conscient. Je pose mes mains sur eux. une personne vivante, un animal vivant. Et je sais qu'il est essentiellement fait d'eau, et cela modifie la façon dont mes mains perçoivent la vie à l'intérieur de cette personne.
- Dr Patrick Jouhaud
Simplement. Merci beaucoup Patrick. Alors, il y a plusieurs choses sur lesquelles j'ai envie de revenir. Je propose un tout petit sous-chapitrage pour les... Pour les auditeurs et les auditrices qui sont, on va dire, moins habitués à cet univers que tu nous partages avec un certain art de raconter de l'histoire, de la fécondation, je viens de la vivre autrement. Et pourtant, ça fait déjà presque 15 ans que je suis une partie de tes enseignements. Tu évoquais les premières rencontres et les formations. Je te propose, donc on va revenir sur... Cette conscience, un pont avec la sophrologie. On va revenir sur la manière dont les mains approchent un corps vivant. Et puis c'est l'occasion quand même d'un lien direct avec le podcast « Toucher du doigt la santé » . Là pour le coup, le nom va nous aider. Est-ce que tu veux bien nous partager ta vision aujourd'hui ? La santé pour toi, Patrick Jouot, aujourd'hui, qu'est-ce que c'est ?
- Antoine Lacouturière
C'est un état d'équilibre du corps qui permet une expression cohérente de l'ensemble de sa physiologie. La santé ne veut pas forcément dire, ou n'est pas forcément équivalente, à ce que l'on appelle le silence des organes. Être en bonne santé, connaître un état de bien-être, c'est être conscient de son corps, être conscient de son fonctionnement, sentir ce qui va ou ce qui ne va pas, et comprendre pourquoi ça peut ne pas aller, et toucher les erreurs, les incohérences qui sont révélées par le corps. la santé Et donc un état qui permet un équilibre physiologique. Et là, en termes de physiologie, bien sûr il y a toute la physiologie périphérique, en ce sens qu'une articulation blessée par une entorse se trouve en restriction de mobilité, donc il va falloir trouver des techniques pour... Redonner de la mobilité à cette articulation et de l'activation en long terme. l'ensemble des muscles qui l'entourent. Donc physiologiquement parlant, il y a des techniques qui permettent de restituer une fonction articulaire. Il y a des façons de faire au niveau de l'ensemble des viscères qui peuvent être sous tension ou sous pression ou sous contrainte pour des raisons post-traumatiques, post-chirurgicales ou pour des raisons de pathologies intercurrentes. Bref, il y a toutes ces raisons que j'appellerais périphériques. Ce n'est pas péjoratif, mais c'est juste parce que je voudrais insister sur ce qui est au centre des préoccupations du corps et au cœur du fonctionnement du corps, c'est son aspect neurologique. toute la neurologie est à l'origine des fonctions du corps et ce système neurologique gère enregistre, analyse et réagit à tout ce qui se passe partout dans le corps. Alors dans le système neurologique, il y a des fonctions qui contrôlent les activités musculaires, articulaires, toutes les activités conscientes. Il y a des organes que l'on connaît qui sont les organes d'essence situés principalement au niveau du visage, plus les mains pour le toucher. Il y a des organes qui captent des informations et qui sont là pour ça. Ces organes captent des informations. Mais on sait aussi que ces organes captent des informations dans des secteurs infra ou ultra, donc dans des secteurs où la captation se fait dans un niveau inconscient. Ces informations sont captées par le cerveau, traitées, stockées et restituées de façon cognitive de manière à obtenir une réponse physiologique. Cette réponse sera une activité motrice ou une activité intrinsèque du corps. Ceci c'est pour le fonctionnement neurologique conscient des organes neurosensoriels. ... On sait aujourd'hui, grâce aux travaux de neurosciences, qu'il existe des captations neurosensorielles autres. Et je voudrais juste parler du système autonome qui se répartit en systèmes sympathiques et parasympathiques. Je ne vais pas rentrer dans les détails parce que cela pourrait nous entrer loin dans la description... d'un système qu'on appelle le système polyvagal. Il y a aussi au niveau sensoriel des captations neurologiques à l'intérieur du corps par rapport à son propre volume, par rapport à sa position dans l'espace, par rapport à la température intérieure et extérieure du corps. Bref, tous ces systèmes neurologiques... aboutissent à des régulations ou à des dérégulations du système. Et lorsque l'on se penche sur l'activité neurologique, on constate que dans le cerveau, il existe beaucoup de centres, beaucoup de localisations qui gèrent les réponses à ces informations. Mais toujours, on revient vers un lieu... particulier, un lieu central à l'intérieur du cerveau, qui est un axe qui se situe derrière les yeux, au milieu du cerveau, qui est l'axe entre l'hypophyse et l'hypothalamus. En quelque sorte, c'est la tour de contrôle du corps. Rien ne se passe dans le corps sans que cette tour de contrôle n'en soit informée. et sans qu'elle intervienne sur tout ce qui va se passer en périphérie. Et cette tour de contrôle étant anatomiquement en position verticale, elle est située dans une structure qu'elle a fabriquée, au fil du temps qui s'appelle le sphénoïde. Cette structure est en lien avec une autre structure connue, célèbre je dirais, qu'on appelle l'épiphyse qui est une petite glande, elle aussi, située plus en arrière dans le crâne, dans le cerveau, qui elle est en position anatomique horizontale. Et ces deux systèmes neurologiques, hypophyse, hypothalamus en avant et épiphyse en arrière, entre parenthèses épiphyse on l'appelle aussi glande pinéale, cette épiphyse et cette hypophyse sont en quelque sorte en cohérence de fonctionnement et ce sont elles qui fabriquent, ou ne fabriquent pas, mais ce sont elles qui fabriquent les hormones qui sont les dénominateurs communs de la santé. La mélatonine, la sérotonine, la dopamine. l'ocytocine et bien d'autres, qui lorsque le corps est inondé par ces hormones, le corps se trouve dans un état de bien-être total. Tout est bien, tout va bien, tout est sous contrôle, tout est sous vigilance. Et lorsque ces hormones sont activées, le corps devient conscient et le corps est capable d'écouter les zones et les organes qui ne vont pas. donc Être en santé, toucher la santé, c'est être à l'écoute de ce fonctionnement, le comprendre, et être en conscience capable d'intervenir là où il faut, au moment où il le faut, de façon à rétablir la cohérence des fonctions physiologiques perturbées.
- Dr Patrick Jouhaud
Bien joué. Bien joué, je trouve ça très fort, pour être un peu hors cadre, podcast, hors sémantique habituel, très fort. Ça me fait penser, tu arrives à revenir à la fin de ton exposé sur ta vision de la santé au côté bien-être, à travers cette vision hormonale et de cet axe que tu viens de nous partager et ça me rappelle la définition de l'OMS que je suis sûr tu connais, cet état de bien-être complet pas seulement dû à l'absence de maladie ou d'infirmité et sur tous les plans psychiques, physiques, émotionnels. alors pour le Pour le sophrologue que je suis, il y a plusieurs notions qui viennent très fort à ma conscience. Donc le premier c'est ce mot-là, tu parles de conscience. Et puis il y a aussi cette notion de schéma corporel. Le premier principe de la sophrologie c'est que le schéma corporel c'est lui qui nous sert à vivre la réalité, c'est-à-dire que c'est à travers notre corps qu'on expérimente ça. J'aimerais explorer avec toi Patrick cette notion de toucher, de main, parce que j'ai le sentiment en t'écoutant que tu as évolué au fur et à mesure de ta carrière, de ton cursus, et sans dénigrer ni l'un ni l'autre, juste évolué avec cette notion de perception du schéma corporel, de proprioception, de ces informations subtiles et qu'aujourd'hui tes mains Ton corps peut agir là-dessus. Ça va parler aux ostéopathes, bien sûr. Est-ce que tu peux nous parler de comment est-ce que tes mains, comment est-ce que ton système corporel, il agit et il aide à favoriser cette fameuse dose d'opamine, ocytocine, sérotonine, endorphine, et les autres qui vont encourager, qui vont... guidés et qui vont accompagner peut-être vers un état de santé quand un patient vient de voir, quand une patiente vient de voir. Est-ce que tu vois ma question ?
- Antoine Lacouturière
Alors, la notion de toucher, c'est un apprentissage progressif. Je me rappelle, mes premiers touchés en tant qu'étudiant en médecine et en tant que jeune médecin étaient des touchés diagnostiques. qu'on appelait des palpations. Et en même temps, j'avais la sensation qu'on pouvait bien sûr palper un organe en allant profondément dans les tissus, que l'on pouvait palper des systèmes osseux avec des repères. Mais comme j'ai été toujours fasciné et passionné par l'étude de l'anatomie, au même titre que la physiologie d'ailleurs, j'avais la sensation que mes mains percevait loin dans le corps, même des choses auxquelles je n'avais pas tactilement accès. Et mon expérience de clinicien m'a montré que, oui, je pouvais faire des diagnostics juste en palpant le corps et en... en me connectant à ce corps, en ayant des repères anatomiques, en ayant des connaissances neurologiques, parce que sur la peau du corps il y a ce qu'on appelle des dermatomes qui permettent d'orienter aussi son palpé. Donc j'ai eu très vite envie d'approfondir cette expérience et se toucher à la fois fin et profond. Ensuite il y a un paramètre. que tout thérapeute connaît et dont tout thérapeute ne peut pas se passer. Et je pense qu'un bon thérapeute doit, avant toute chose, aimer la vie sous toutes ses formes et doit être amoureux de ses patients. Ce vécu du corps du thérapeute est justement quelque chose qui lui procure à lui un plaisir d'exister, un plaisir de faire ce métier et aussi un plaisir de toucher et de sentir ce qui se passe à l'intérieur du corps. Associé aux connaissances anatomiques et physiologiques, c'est un effet extraordinaire parce que très très vite... Le diagnostic arrive très très vite, la sensation est là. Alors au fil du temps, grâce à cette expérience de toucher, grâce à cette façon d'explorer le vivant, d'explorer son fonctionnement, à la fois mécanique, je dirais mécanique visible, mécanique majeure des mouvements que l'on voit, mais en ayant la conscience qu'il y a aussi des mouvements, toute une mécanique du corps que l'on ne voit pas. mais que l'on peut sentir. Chacun sait qu'on peut palper un pouls au niveau radial ou au niveau carotidien, et que cela va nous donner des renseignements sur l'activité cardiaque. On peut palper un thorax, voire même un abdomen, et on sent le mouvement de la ventilation. Donc il y a des activités, il n'y a pas que ces deux-là dont je viens de parler, il y a des activités à l'intérieur du corps qui sont des activités inhérente à la physiologie et progressivement la main s'éduque la main découvre que on sent des choses à la fois en périphérie à la fois en profondeur et lorsque j'ai associé à cette quête de la compréhension du toucher lorsque j'y associer la conscience que l'eau est l'élément largement dominant à l'intérieur du corps, j'ai ajouté à mes mains la composante « Patrick, tu captes un système musculaire, un système osseux très bien, parfait, il y a la peau, il y a tout ça. » Mais en même temps, ta main sent quelque chose qui est de l'eau. Une eau qui a une connotation particulière, qui donne des informations particulières. Et à partir de ce moment-là, Tout simplement, outre les informations initiales, je dirais un peu mécaniques, plutôt mécaniques, sont apparues des informations plus subtiles, des informations qu'il a fallu traduire, qui étaient liées au... au fonctionnement neurologique, que ce soit des situations de perturbations physiologiques ou que ce soit des informations liées à des perturbations émotionnelles. Qu'est-ce qui se passe lorsqu'il y a ces perturbations physiologiques ? ce sont des séquelles de suite traumatique. Cela rentre dans le grand tiroir qu'on appelle aujourd'hui syndrome de stress post-traumatique. Lorsqu'il y a des situations comme ça, la physiologie est perturbée. Physiologie perturbée, c'est-à-dire que quelque chose fonctionne moins bien ou ne fonctionne plus dans le corps. À ce moment-là, le faisceau d'information est rompu. L'organe vibre moins, l'organe respire moins, l'organe bouge moins. Et en même temps, à l'intérieur de cet organe ou de cette zone du corps, l'eau du corps se trouve en quelque sorte figée. comme si c'était glacé. Et cette notion de figement est reprise par tous les psychothérapeutes et les psychiatres qui analysent les syndromes de stress post-traumatique avec des réactions de sidération et de figement. Et bien, avec ce toucher-là, nous avons la possibilité, et j'ai la possibilité, et j'ai la chance de savoir l'enseigner, de repérer ces zones. disons, silencieuse, figée, là où l'information ne passe plus.
- Dr Patrick Jouhaud
Patrick, merci pour cet éclairage sur ce qui se dégage d'un système corporel vivant, sur comment on peut interagir avec lui, sur presque cette finesse, cette subtilité-là. Tu as répondu à une autre question que je voulais te poser, c'est qu'est-ce que c'est un bon soignant, entre guillemets, et tu as donné spontanément ta vision d'un... d'un bon thérapeute, avec cet amour du vivant et cette illustration que tu proposes. Il y a une question qui a été posée dans les heures précédentes sur la notion de la santé pour toi, sur le soin, on vient d'en parler. C'est une question par rapport à la spiritualité. C'était quelle est la place de la spiritualité dans sa pratique ? Peut-être que c'est l'occasion de dire quelques mots là-dessus, si ça te convient.
- Antoine Lacouturière
Absolument, c'est un élément important de la santé. J'ai beaucoup parlé de la santé mécanique, de la santé physiologique, des constantes du corps. J'ai évoqué rapidement la santé et l'équilibre émotionnel. Et il y a une composante dans la santé que l'on ne peut pas négliger, que l'on ne peut pas occulter, c'est la santé spirituelle. Alors, pour être très clair, cela n'a rien à voir avec la notion de religion et la notion de croyance. La santé spirituelle, la spiritualité, c'est un état intérieur qui permet à l'être de se repérer dans sa vie. Pourquoi je suis là ? Pourquoi je suis né ? Qu'est-ce que je fais là ? Qu'est-ce que j'ai à faire ? Qu'est-ce que j'ai envie de faire ? Qu'est-ce que c'est que la vie ? Qu'est-ce que c'est que la mort ? Y a-t-il quelque chose avant la vie ? Y a-t-il quelque chose après la mort ? Ce sont des questions, elles sont totalement ouvertes et chaque personne est totalement libre d'y répondre en fonction de sa culture, en fonction de ses propres croyances, et je dirais en fonction, d'un mot moderne aujourd'hui, en fonction de ses biais cognitifs. en fait lorsque une personne Lorsqu'un être vivant est en perte de santé, et notamment en suite post-traumatique, il y a dans les états de sidération et de figement dont je parlais tout à l'heure, un état de dissociation. C'est-à-dire qu'on devient incapable de répondre aux questions que je viens de poser. On ne sait plus qui on est, on ne sait plus là où on est, on ne sait plus où l'on va. On manifeste une espèce d'indifférence à la vie, s'ensuit des états... mélancolique, dépressif, et on a toujours l'impression que le corps est là et la tête est ailleurs. C'est comme si le temps de la vie continue sur son plan linéaire, mais en même temps on traîne quelque chose derrière avec une plaie béante, et quelque part il y a une part de nous-mêmes, je dirais comme un soin profond, qui reste coincée dans un événement. qui s'est produit un jour dans notre vie. Alors cet événement, il peut se produire dans la période nourrissante, comme il peut se produire souvent dans l'enfance. On sait tous que nous avons dans notre passé, nous-mêmes, notre propre enfant blessé. Bref, cet état de dissociation. Et le mot est aussi un mot défini en psychiatrie, cet état de dissociation est un état d'absence de santé spirituelle. Voilà où je situe la composante spirituelle de la santé. Alors, j'y accorde de l'importance, j'y ai toujours accordé de l'importance. depuis le début. Et j'ai toujours accordé l'importance à ce genre de questionnement, même quand j'étais jeune et quand j'ai commencé à poser et à me poser des questions sur la vie et la mort. Cette composante, elle est importante parce qu'elle fait partie du vivant. Elle fait partie de l'acceptation de l'incertitude de la vie. Parce qu'on sait qu'à tout moment, tout peut s'arrêter. Et on sait aussi qu'à tout moment, tout peut recommencer.
- Dr Patrick Jouhaud
Merci pour ça. Je laisse des points de suspension. Parfois dans le podcast, je fais ça quand j'ai besoin d'un temps d'intégration, de maturation, avant de reformuler. Et puis c'est sage. Quelque part, ça invite à une forme d'introspection, ce que tu viens de nous partager là.
- Antoine Lacouturière
Si je peux ajouter, en tant que thérapeute, et Et... C'est le côté passionnant, intéressant, curieux, même étonnant parfois dans les résultats. Les thérapeutes qui utilisent le toucher, qui utilisent la main pour rétablir la santé, perçoivent dans leurs mains ces états de dissociation. Et comme ils ont la conscience de ce qu'est un corps, comme on peut avoir la conscience de son histoire depuis sa fécondation, quelque part on a des clés. Pas forcément pour régler le problème de façon magique et soi-même, tout seul, comme un grand, non pas du tout, mais on a des clés pour aider la personne et on a des clés pour travailler en coopération avec d'autres professionnels, qui eux-mêmes, professionnels de santé, qui eux-mêmes ont cette conscience-là. Parce que lorsqu'il y a des dissociations importantes, il vaut mieux être plusieurs pour aider nos patients et nos patientes.
- Dr Patrick Jouhaud
Bien sûr, et puis ça fait écho avec une des intentionnalités du podcast de mettre en avant la pluridisciplinarité, être conscient de ses compétences et être conscient de ses limites et des compétences des autres, donc important de le préciser. Dans les questions que j'ai envie de te poser aussi, Patrick, aujourd'hui, comment est-ce que tu soignes ? Avec quoi est-ce que tu soignes ?
- Antoine Lacouturière
Je crois que j'utilise tout un bagage d'expérience, d'expérience clinique de toutes les consultations que j'ai eues, de tous les patientes et les patients que j'ai eus, que ce soit en milieu hospitalier, que ce soit dans mon cabinet de médecine générale, que ce soit dans mon cabinet d'ostéopathie, toute l'expérience que... que j'ai eu des soins et que j'ai encore, grâce à une aventure vécue au Cambodge, dans une action de soins particulière dont on pourra parler ultérieurement, auprès des enfants de la misère, des enfants abandonnés, des enfants délaissés. et des enfants maltraités. Donc toute cette expérience-là s'est associée à la connaissance. Je le disais tout à l'heure, je suis passionné d'exploration anatomique, je suis passionné de la physiologie du corps et de l'ensemble des fonctionnements du corps, comme un mécanicien garagiste peut l'être, d'une voiture. et pourra faire un diagnostic de la voiture rien qu'en écoutant tourner son moteur, moi c'est pareil, c'est la même chose, je travaille comme ça, je reçois une personne qui demande de l'aide, je suis avec un enfant au Cambodge, je le regarde, je l'écoute. L'enfant, je le regarde jouer, je le regarde marcher. Bien sûr, au Cambodge, je ne peux pas l'écouter parler parce que je ne vais pas comprendre, mais la façon dont on parle est importante. Et puis ensuite, mes mains arrivent, je pose mes mains sur les épaules, derrière la tête, je fais mes tests diagnostiques au niveau des jambes, au niveau du bassin, etc. Et lorsque les informations sont captées par les mains, lorsqu'elles sont en phase d'analyse avec les informations entendues, lorsque la conversation est possible, avec les yeux, etc. Quelque part, c'est une espèce d'automatisme qui se met en place dans le cerveau. L'analyse est là. la sensation est là, le diagnostic est là et le diagnostic il est très clair pour moi il doit être à la fois médical parce qu'on sait très bien que devant des douleurs ou des symptômes il y a des drapeaux rouges et c'est toute la notion de pluridisciplinarité dont tu parlais tout à l'heure À savoir qu'il faut savoir référer, que ce soit vers un médecin, vers un spécialiste, vers des examens biologiques, radiologiques, etc. Et il faut aussi savoir se faire aider d'autres partenaires de santé. Et lorsque, je dirais, le drapeau vert est là, en termes de soins manuels avec le toucher, oui, il faut enclencher une façon de faire. alors ma façon de faire C'est comme tout le monde, toute personne qui est cherchant, elle évolue. D'abord elle évolue avec, ce n'est pas la même, c'est jamais la même chose d'une personne à une autre, mais elle a beaucoup évolué avec le temps et aujourd'hui avec une conscience de tout ce que je viens de citer, et avec cette conscience de se toucher l'équidien, j'attends. En fait, il y a une phrase que je dis, mais peut-être inconsciemment, depuis des années, je crois, depuis le début que j'enseigne avec mes étudiants. J'ai toujours prononcé cette phrase, ne faites rien. Alors, sur un plan péjoratif, ça peut être mal compris. Mais en fait, ne rien faire, c'est juste... Optimiser la captation des mains, du toucher, et optimiser les décisions thérapeutiques. Le geste du thérapeute, mon geste, il va être à deux facettes. Il y a un geste qui impulse une pression, une mobilité, qui vient faire bouger des structures. Donc on peut aller loin à l'intérieur d'un tissu, on peut avoir un toucher profond, un toucher actif, ça c'est une chose. Mais en même temps, il faut avoir la conscience que... Lorsque l'on touche une personne, cette personne aussi nous touche. Et cette personne, elle a une conscience de son corps, elle a une activité à l'intérieur de son corps. Et la perception tactile du thérapeute devient extrêmement subtile à ce moment-là, parce que, c'est pour ça que je dis ne faites rien, il y a une rencontre entre la main du thérapeute et l'intérieur du corps de la personne. Il y a une interface qui se crée. Elle est particulière. Je pense que tous les thérapeutes de la main, qui utilisent la main, ont eu ou ont ou vont avoir un jour cette sensation. Il y a un moment où quelque chose s'arrête. Il y a comme une espèce de silence, comme si... La personne soignante et la personne soignée se rencontrent, se disent bonjour, se disent ok, je suis d'accord, on y va, et quelque chose se passe, un mouvement s'enclenche. Ce mouvement peut venir du thérapeute, et allez, on y va, on suit ce qui se passe, on accompagne les tissus, ou on les fait bouger dans telle ou telle direction. C'est l'apprentissage des différentes façons de faire, mais on peut aussi, parfois, souvent, très souvent, je dirais, même maintenant dans ma pratique, on se laisse guider par les tissus de la personne, par les informations qui viennent de l'eau, et en étant guidé comme dans un... une promenade, c'est un peu poétique, mais c'est une réalité aussi, on découvre l'intérieur du corps, l'intérieur des tissus, on découvre comment ça fonctionne. Et c'est pour ça que je l'enseigne aussi, et je le dis de façon très objective, dans toute ma subjectivité, on peut mettre les mains sur une personne et avoir des perceptions très à distance. J'ai beaucoup parlé d'une neurologie, de la neurologie qui fait fonctionner le corps et donc du cerveau. Ben oui, je le dis, je l'affirme par expérience, qu'on peut mettre les mains sur la tête, bien sûr, on sent la peau... on sent les cheveux, on sent le crâne, on sent l'os, blablabla. Mais si on attend et si on laisse venir des informations, à l'intérieur, il y a un organe qui a une activité électrique incroyable, qui est émetteur d'informations. fantastiques, je suis désolé, il n'y a pas que les électrodes d'un électroencéphalographe qui sont capables de les capter. Les mains le sentent, les mains l'entendent. Et si on connaît cette physiologie, et si on connaît la neuroanatomie, on est dirigé par le corps de la personne vers la zone à traiter. Au même titre que au niveau viscéral, au niveau du thorax, au niveau de l'abdomen, au même titre que de n'importe quel muscle ou os ou articulation du corps, c'est toujours la même chose. Un, je dirais, on touche. Deux, on voit, on attend, on respecte cette interface de contact entre soignants et soignées. Et lorsque cette interface est là, il y a comme une espèce d'arrêt et puis après, le traitement commence.
- Dr Patrick Jouhaud
Hyper chouette.
- Antoine Lacouturière
Dans une de mes publications, j'ai parlé d'état contemplatif. C'est vrai qu'à ce niveau-là, je dirais qu'un thérapeute doit aussi être méditant. C'est une gymnastique du quotidien et ça doit faire partie de notre métier. J'ai toujours dit qu'on ne peut pas être thérapeute sans être thérappé. Et au-delà de ça, toute la vie, un thérapeute a besoin d'être aidé par un autre thérapeute. Mais en même temps, le premier thérapeute de soi, avec soi, c'est soi-même. Et l'activité sportive est une chose importante, mais l'activité de méditation, savoir s'arrêter, se poser. Juste écouter sa respiration, écouter ses pensées et laisser faire, c'est un super apprentissage de ce que peut donner la vie comme cadeau. Et puis pour un thérapeute, c'est un outil merveilleux.
- Dr Patrick Jouhaud
Je te rejoins sur plein de plans différents, ça fait écho à plusieurs sagesses de par le monde, cette forme de contemplation, cette forme de méditation, d'introspection. Si on prend des casquettes, une branche de la sophrologie est vraiment inspirée par un courant qu'on appelle la phénoménologie, et j'ai l'impression que ça résonne un petit peu... Ça fait écho avec ce que tu viens de dire sur ces centaines d'informations, de milliers de millions d'informations chaque seconde dans le corps qui vont, qui viennent, cette instantanéité et cet art dans l'apprentissage de l'observation de ce qui se passe à l'intérieur de soi et à l'extérieur. dans l'intérieur d'autres systèmes. C'est un mot que tu connais peut-être, que tu fais noménologie, c'est un mot qui te parle, c'est quelque chose de... comment tu perçois ça ?
- Antoine Lacouturière
C'est un mot que je comprends, mais qui n'est pas très concret pour moi, parce que je ne l'ai pas exploré. Après, que je sois devenu méditant régulier... fait partie de ce système. Les expériences récentes que j'ai vécues au Cambodge, qui est un pays empreinte de spiritualité bouddhiste Theravada, font qu'effectivement, obligatoirement, je m'imprègne de cette spiritualité, elle infuse. Mais ce n'est pas un hasard non plus, parce que... J'ai aussi une recherche, une petite formation de type chamanique, qui est une autre forme de spiritualité. J'ai depuis longtemps une quête spirituelle et mon éducation première s'est faite avec le christianisme, avec les évangiles et avec des personnes, des prêtres notamment, qui m'ont guidé, qui m'ont aidé à méditer. dans des églises, ça s'appelle prier, mais c'est la même chose, à écouter, à écouter certaines musiques, à regarder certaines images. Et notamment, je me rappelle d'une période où j'étais encore étudiant en médecine et où un de mes amis, Bernard Dulier, Obla de Marie m'a mené à Obazine, participer à des cérémonies catholiques de rite orthodoxe et où j'ai découvert une spiritualité symbolique profonde. Bref, ces choses-là font partie inhérente de ma vie et c'est comme ça que je les connais.
- Dr Patrick Jouhaud
Merci beaucoup Patrick de nous livrer, de nous délivrer ce message peut-être de... Oui, de partager cette intimité, cette intériorité-là, c'est précieux, vraiment, j'apprécie ces moments d'échange podcastique, et je te remercie du fond du cœur, parce que je ressens dans l'interview et au-delà, cette complémentarité que tu peux avoir entre un esprit cartésien, rationnel, scientifique, qui est... qui est curieux, qui est motivé, qui est intéressé par les connaissances pragmatiques, par la matière, par le mot, par l'évidence base, par le côté preuve. Et cet autre côté, tu as utilisé le mot poésie, je dis oui, il y a vraiment quelque chose de poétique. Plusieurs poètes, pour moi, participent à la santé, d'une certaine manière avec l'art des mots et avec ce toucher verbal. C'est une première page de gratitude et de reconnaissance pour ça. Ça me permet de faire une transition directe avec les réseaux sociaux qui sont bien loin de l'humanité, de la spiritualité dont on vient de faire part, mais c'est l'occasion. Dans les questions posées, il y a Sylvia du Luxembourg qui nous a écrit ce matin. pour nous partager un témoignage. Est-ce que tu vois de quoi il s'agit ? On le partage avec les auditeurs, ça te convient ?
- Antoine Lacouturière
Oui, complètement. Il est question, quand on parle de ce toucher, de ce toucher l'équidien et de la composante, de toutes les composantes que l'on vient d'évoquer, que l'on met dans ce toucher et dans la façon... d'analyser les informations et de les traiter avec des gestes thérapeutiques. Il y a un côté un peu mystérieux ou magique qui peut apparaître parce que cela paraît difficilement compréhensible avec les moyens utilisés aujourd'hui. Aujourd'hui, on parle d'évidence-bée de médecine qui est destinée à explorer les médicaments que l'on prescrit. telle quantité pour telle maladie ou tel type de personne, etc. On parle d'évidence based practice parce qu'on veut absolument prouver que tel geste va avoir tel effet et telle conséquence sur le corps. Et donc on veut progressivement normaliser la pratique. Le risque d'aller à fond dans ce monde-là, je pense à l'évidence best practice qui est en train d'envahir le monde de la santé manuelle. C'est que l'on réduit le corps vivant à un système musculo-squelettique et on réduit sa mécanique à des mouvements majeurs, des mouvements que l'on voit, parce que les autres on ne peut pas les mesurer. Ensuite, on nous dit qu'avec un geste comme ça, on a un effet placebo. Ok, très bien. Moi j'aime autant avoir un effet placebo qu'un effet nocebo. dans le serment que j'ai prononcé un jour. jour d'hypocrate, une phrase importante c'est « primum non nocere » . Donc je fais un geste qui n'est pas nuisible. Donc déjà c'est bien. Après réfléchissons un petit peu à ce qu'est un placebo. Pendant ma vie de médecin généraliste, j'ai écrit des ordonnances, j'ai prescrit des médicaments, et tout médecin qui peut m'écouter en ce moment ne peut qu'être d'accord avec moi. La façon dont on écoute notre patient, la façon dont on présente le médicament qu'on veut lui prescrire, la façon dont on l'écrit, et la façon... dont on le persuade que c'est bien pour lui. Et j'ajoute que derrière, il y a aussi l'intervention du pharmacien, qui lui aussi va participer à cette manière de faire passer le médicament. Si cette manière de faire est empathique, Donc ajoute un effet placebo, d'une part le patient adhère au traitement, il va le prendre, et d'autre part son effet thérapeutique est décuplé. Et là je le dis en conscience et à l'aise parce qu'il y a... Des publications en quantité qui démontrent que l'on peut soulager des douleurs en faisant des études en double aveugle même et en prescrivant du sérum physiologique à des personnes qui se trouvent soulagées dans l'embaggo ou de maux de tête. alors que l'autre population qui prend des antalgiques a à peu près le même résultat. Donc oui, l'effet placebo est important. Et nous, en thérapie manuelle, on utilise nos mains. J'expliquais tout à l'heure cet instant d'écoute et de contact particulier entre le soignant et la personne soignée, la personne soignante et la personne soignée. Cette interface, c'est là où tout se joue, ou bien on en a conscience, ou bien on n'en a pas conscience. Une phrase que j'ai prononcée il y a quelques minutes. C'est ma devise, aimer la vie sous toutes ses formes. Si on aime la vie sous toutes ses formes, on induit cet effet placebo. Ça n'est pas mesurable, je suis désolé. Ça n'est pas comptable, je n'y peux rien. Par contre, tu as parlé de poésie tout à l'heure, moi j'ai fait allusion à des couleurs, je pensais aux icônes de la religion orthodoxe qui font passer des vibrations et des symboles de couleurs extraordinaires. Bref. Lorsqu'on est dans cette situation de communication particulière avec nos patients, il y a quelque chose qu'on peut appeler l'évidence based humanis qui se met en place. Point de suspension. Après cette poésie, ces deux derniers mots forts... En parlant de mots, justement, ça fait écho à ce que tu viens de dire, ton titre de docteur en médecine, le serment d'Hippocrate, la poésie, la puissance de ce que les mains et de ce que la présence peuvent amener, à une autre notion qu'un invité précédent a partagé avec nous, le docteur Luc Audouin, que je salue au passage. qui parle de cette notion de toucher verbal. Et j'aimerais rajouter, si je peux me permettre, dans cet échange, dans cet entretien avec toi, tu parles souvent dans ton enseignement de la forme des gestes et aussi des mots. tu as été le premier à me proposer une sensibilisation sur les mots barbelés en consultation, cette notion de mots barbelés. Et ça m'a donné envie d'aller creuser plus loin, d'aller chercher ailleurs, pas au même endroit que toi, mais d'aller chercher autour. Sur une étude qui est sortie il y a quelques années d'un groupe de chercheurs à Aix-Marseille qui s'est interrogé sur la puissance des mots. Et comment est-ce qu'on peut mesurer ça ? Je ne parle pas forcément ici du côté, je vais dire, vibratoire et subtil énergétique. Je parle vraiment physiologiquement. Quand le mot soleil est prononcé ou lu, quand le mot nuit est prononcé ou lu, deux groupes avec un protocole de recherche, conditions de lumière similaires, et la taille des pupilles va varier. Miosis, midriase. Et ça, c'est quelque chose qui est intéressant pour moi de déposer ici, parce qu'en plus, en complément de ce que tu viens de dire, une toute petite contribution, c'est ce côté de... Les mots qui vont être dits dans la consultation, qui ne sont pas encore complètement mesurables, quoique, ils vont faire réagir ce qu'on pourrait appeler le système nerveux autonome de nos patients, la taille des pupilles. Qu'est-ce que tu penses de ça, de cette expérience, de cette notion de toucher verbal, de ces mots barbelés, de cette ambiance-là qui colore aussi, je crois, une partie de tes actions ?
- Dr Patrick Jouhaud
J'en pense que je suis hyper convaincu que dans la notion verbale, on peut caresser comme on peut tuer. Les mots utilisés, d'abord ils ont une signification, une définition dans le vocabulaire, mais ils ont aussi une signification symbolique, émotionnelle, pour la personne qui est en face de nous. Ce que j'utilise, ou ce que je recommande aussi dans mes enseignements, c'est d'avoir des mots ouverts, des phrases ouvertes, et un discours qui oriente d'abord vers ce qui va bien, de façon à comprendre ce qui ne va pas bien, et je dirais pour une analyse physiologique, plutôt que de considérer ce qui ne va pas. Où est-ce que vous avez mal ? Qu'est-ce qui ne va pas aujourd'hui ? Ce genre de questions qui orientent automatiquement vers un stress, c'est ouvrir la conversation en disant comment allez-vous ? Qu'est-ce que je peux faire pour vous aujourd'hui ? Et avoir la conscience dans les mains comment fonctionne le corps plutôt que où est le problème, où est la lésion, où est le blocage ? C'est comment il fonctionne. Donc on est tout de suite globalisant. Oui, le verbe, la parole, elle touche, mais les yeux aussi. Avec les yeux, on peut voir le corps, on peut le voir fonctionner, mais on peut aussi avoir des yeux agressifs, comme on peut avoir un regard qui se ferme, comme on peut avoir un regard qui fuit. Donc là, les organes d'essence sont extrêmement actifs dans la notion de toucher. Ils participent aux mains. De toute façon, c'est physiologique ça aussi, c'est pas une invention qui tombe comme ça. C'est lorsqu'on regarde, lorsqu'on étudie, lorsqu'on regarde un bébé se développer. croître après sa naissance. Il a une activité du visage importante, ses yeux, sa bouche, son nez, les bébés ont un odorat incroyable, les oreilles, et qu'est-ce qui fait que le bébé va grandir, va s'asseoir, va ramper, va marcher à quatre pattes et va se lever ? C'est qu'à un moment, il va rajouter ses mains. Il approche ses mains de sa bouche, il approche ses mains de son nez, de ses yeux, de ses oreilles, il touche son visage. Et c'est cette concordance de développement qui se fait dans cette période de la vie, pendant la première année de la vie, que l'association du toucher avec les autres organes d'essence font que tous les organes d'essence peuvent devenir aussi des toucheurs.
- Antoine Lacouturière
Génial. J'ai envie, Patrick, de te poser une question avec ce que tu viens de dire. Dans le début de mon apprentissage en ostéopathie, j'ai eu la chance, l'opportunité, le privilège quelque part aussi d'avoir vraiment plusieurs profs différents, puis après d'être parti en formation post-grad pour aller chercher différents apprentissages. Et il y a une notion qui est intervenue à un moment qui me questionne encore aujourd'hui, c'est la puissance thérapeutique. Le sentiment que ça me donne, vu d'aujourd'hui, c'est proportionnellement à cette évolution dans ta carrière. J'imagine que le neurosensoriel en première année de médecine, quand tu es étudiant, ce n'est pas flagrant. L'embryologie de Bleich-Schmidt non plus. Et cette subtilité-là, elle apparaît avec tout ce travail intérieur de contemplation, de méditation, de connaissance de soi finalement. « Puissance thérapeutique » , c'est un mot qui m'intrigue un petit peu, et en t'écoutant, j'ai le sentiment qu'il y a quelque chose à aller creuser sur le côté efficacité ou sur le côté, comment dire, pas dans le sens de vouloir comparer à d'autres, mais plutôt dans le sens de vouloir creuser un peu plus loin, ça. Est-ce que tu peux nous partager ta vision de ça ?
- Dr Patrick Jouhaud
Alors, je vais être très très simple. dans tout Tout ce que j'ai partagé jusqu'à présent, tous les mots que j'ai prononcés, posent une personne soignante au milieu de son corps et dans un état de paix intérieur, et en même temps posent cette personne dans une quête permanente. En ce sens que, bien sûr, il y a des certitudes, il faut savoir s'appuyer sur des bases, mais il faut aussi être vigilant, attentif à tout questionnement qui peut se présenter et à tout changement qui peut apparaître. Rien n'est figé, rien n'est bloqué, toute connaissance ne peut qu'évoluer. Et d'ailleurs, de toute façon, depuis que j'ai fait mes études de médecine jusqu'à aujourd'hui, beaucoup, beaucoup de choses ont fondamentalement bougé. Et par expérience aussi, je fais des cours depuis plusieurs années, il y a des cours qui ont le même titre, par contre le contenant a considérablement évolué et les choses changent. La vie c'est ça, la vie c'est un mouvement permanent. Alors pour revenir à la question puissance thérapeutique... Être au milieu de soi, en paix, et dans l'acceptation de ce mouvement permanent, donc d'être le cherchant que je suis, c'était le tout début de notre conversation, crée cette puissance thérapeutique. C'est un calme intérieur qui crée une certitude intérieure. Elle n'est pas éternelle, elle est dans l'instant du soin, dans l'instant de la conversation, dans l'instant de l'enseignement. Et bien il y a cette puissance qui se met en place. Le corps est là, le corps est présent, l'esprit est là, la pensée est cohérente. C'est un état qui vient du cœur. Point.
- Antoine Lacouturière
Merci pour la réponse et pour le point. Avant de faire une autre forme d'interview avec des questions réponses peut-être plus courtes sur plein de petites choses que je me suis noté en préparant l'interview, qui à mon avis seront précieuses pour les auditrices et les auditeurs qui nous écoutent, j'ai envie d'aborder avec toi un morceau de vie, un morceau de... De l'espace terrestre aussi, puisqu'une partie de ta vie, tu la partages avec ce pays, le Cambodge. Tu nous en parlais tout à l'heure. Donc, pour introduire cette partie-là, je sais que tu es fondateur et président d'une ONG, que tu t'es beaucoup investi sur ces dernières années, même on peut parler de dizaines d'années. Et puis, tu nous en as parlé un petit peu. par rapport à ces petits bouts de chou, à ces enfants qui ont à la fois vécu des choses terribles et extras dans le sens hors de l'ordinaire, et que tu vas soigner, que vous allez soigner avec une équipe d'ostéopathes, de médecins, de personnes qui partent là-bas. Est-ce que tu peux nous parler de cette expérience pour toi, Docosteocam ?
- Dr Patrick Jouhaud
Alors ça va être difficile de faire court, mais je vais quand même essayer parce que l'aventure a commencé il y a 20 ans. J'ai eu l'occasion de porter de l'aide en tant que médecin avec une petite équipe de collègues de la région de Limoges. dans un hôpital d'une province du Cambodge, d'une ville qui s'appelle Prévingue, c'est à l'est de la capitale, à l'est de Plain-de-Payne. Et j'ai pu aider, j'ai pu participer à l'aide dans cet hôpital qui était démuni. abandonné si je peux dire, et dans une période de post-guerre du Cambodge, de misère totale et d'abandon, j'ai pu aider pendant trois ans cet hôpital avec mes collègues. Étant médecin et étant aussi ostéopathe, ce n'est pas dans cet hôpital que j'ai pu proposer mes soins d'ostéo, mes soins manuels, mais dans un orphelinat qui n'était pas très loin de l'hôpital de cette ville de Prévingue. Il y avait 80 pensionnaires et nous étions deux, deux collègues, et pendant une semaine nous avons soigné ces enfants. et Nos soins ostéopathiques ont permis à ces enfants de... de sentir des choses dans leur corps qu'ils avaient oublié. Ils dormaient mieux, ils étaient moins agressifs, ils étaient plus attentifs à l'école, ils se blessaient moins en faisant du sport. Voilà à peu près tous les retours que nous avons eus de ces soins. Ce qui fait qu'on nous a proposé de revenir régulièrement soigner les enfants de cette orphelinat. L'année suivante, j'ai eu l'occasion d'y rencontrer une collègue, un médecin, un peu comme un médecin de PMI en France, Dr. Sine Sotikoun. Par curiosité, elle m'a demandé ce que j'étais en train de faire, je lui ai expliqué ce que c'était que l'ostéopathie, ce qu'on faisait chez les enfants. Et elle m'a dit, écoute, j'ai mal au dos tout le temps, est-ce que tu peux me soigner ? Ce qui a été chose faite avant mon départ, mon retour vers la France. Et l'année suivante, lorsque j'ai proposé de revenir, venir avec mon collègue Bruno Roudel de Clermont-Ferrand et d'autres collègues aussi elle m'a tout de suite répondu que oui bien sûr je pouvais venir mais que comme depuis que je l'avais soigné elle n'avait plus jamais eu mal au dos d'une part elle voulait venir travailler avec nous et que quand on venait elle était prête à poser des congés et à prendre avec nous l'ostéopathie et puis en plus elle m'a bien signifié que l'orphelinat après Vingues c'est bien mais que c'est pas suffisant et puis la liste sans fin d'orphelinat est apparue et donc là c'est à ce moment là que la création d'une association française dévolue à ses missions et t'as paru une essai. donc c'est la création de Docosteocam, et cette association a travaillé... et travaille encore, enfin a travaillé au Cambodge pendant plusieurs années avec l'obtention en 2016 d'un statut d'ONG international ce qui nous a permis de travailler avec beaucoup plus de centres d'accueil d'enfants ce qui nous a permis de nous adapter à une modification sociale dans ce pays puisque il y avait moins d'orphelins il y a eu progressivement disparition d'orphelinat mais en même temps création de de centres d'accueil d'enfants à la journée, que ce soit pour les nourrir, que ce soit pour les écouter, que ce soit pour les soigner, que ce soit pour leur donner de l'éducation. Création de centres d'accueil ou d'écoles d'enfants à neuroatypiques, ou d'enfants à pathologies lourdes, je pense particulièrement à un internat. Nous intervenons régulièrement, où il y a 150 pensionnaires et seulement une quinzaine qui sont scolarisables, et les autres sont en quelque sorte dans un miroir, bref. Nous sommes intervenus à ce titre-là dans de nombreux établissements et à chaque fois avec des satisfactions, des éléments de reconnaissance et des éléments d'objectifs, de réaction des enfants à nos soins. S'ajoutent à cela des soins que nous avons portés au personnel d'encadrement de tous les centres. et qui nous ont amené progressivement leur famille tout entière, ce qui a multiplié le nombre de consultations. Bref, petit à petit, on est arrivé, avec Docoseocam au NG International au Cambodge, à avoir d'abord en France un listing d'une cinquantaine de bénévoles, et puis à animer là-bas deux missions de soins par an, et à faire à peu près 3 000-3 500 traitements par année. En même temps que ce statut d'ONG international, il y a eu une ouverture d'une part sur un hôpital important à Phnom Penh qui s'appelle l'hôpital Calmet, l'équivalent d'un gros CHU, où le hasard et la chance des rencontres m'ont donné l'opportunité d'organiser et de créer un enseignement pour des professionnels de santé, qui est un enseignement d'acquisition des bases en ostéopathie. C'est sous forme de sessions de deux jours sur plusieurs années pour apprendre les bases tout simplement de l'ostéopathie. En même temps, j'ai pu faire des cours d'initiation à l'ostéopathie dans le cadre d'un programme international à l'université des sciences de la santé de Phnom Penh. Bref, le... La notion d'ostéopathie, le message ostéopathique et sa philosophie ont commencé à s'implanter progressivement dans ce pays. est arrivé 2020 avec un épisode pandémique qui a arrêté toutes les communications internationales pendant deux ans et très sincèrement j'ai cru que c'était terminé, qu'on n'y reviendrait plus et que tout allait s'arrêter. Bon, il se trouve que nous avions un salarié, un homme incroyable. que nous avons conservé et nous lui avons demandé de garder contact avec les centres d'enfants où nous travaillons, avec nos étudiants, puisque à l'hôpital Calmet il y avait à peu près 25 étudiants. Et lorsque les frontières se sont rouvertes pour éviter toute... tout nouveau contre-temps et puis aussi dans l'idée de la transmission de notre façon de faire. On a fait créer une ONG cambodgienne, une ONG locale et Doc Océocam n'a pas renouvelé son statut d'ONG internationale. Donc depuis 2022, Osteocam est une association française, toujours reconnue œuvre d'intérêt général, donc entre parenthèses, n'hésitez pas à faire des dons, il y a des fiscalisations, et on a besoin de sous, vous allez comprendre. pourquoi dans quelques instants. Donc depuis 2022 au Cambodge nous travaillons sous l'égide de Hatha Wichasa qui est une ONG cambodgienne. Hatha est un mot Khmer qui est en rapport avec une signification noble du mot main et du mot toucher et Wichasa est un mot qui a la signification d'un état de connaissance de la santé Donc on est en plein dans la justesse de notre travail. Bref, depuis 2022, Osteocam finance à 100% les actions à Tawichesa qui ont lieu sur le territoire cambodgien. avec la pérennisation des soins qui étaient donnés précédemment, bien sûr, et aussi avec une multiplication de centres d'enseignement, puisque nous enseignons les bases de l'ostéopathie actuellement dans six établissements. Alors c'est là où ça devient passionnant, c'est qu'il y a une phrase forte que je prononce depuis le début, c'est faire c'est bien, apprendre à faire c'est mieux. Alors nous sommes là-dedans, c'est-à-dire que nous avons déjà un petit groupe. de collègues praticiennes et praticiens ostéopathes qui pratiquent l'ostéopathie et qui nous aident à l'enseigner, donc qui deviennent capables d'être porteurs d'une partie de l'enseignement. Et avec la formation en cours qui va se terminer en fin 2026 et courant 2027, il va y avoir un pool d'ostéopathes praticiens de santé cambodgiens qui vont devenir à leur tour des formateurs. Donc le projet actuel... C'est deux choses. D'abord, rendre autonome Atavichesa au niveau financier, et puis dynamiser ce pool de formateurs qui est déjà présent et en train d'être formé, de façon à pouvoir créer, d'ici trois ans, un enseignement à temps plein, une petite école d'ostéopathie, pour accueillir des étudiants et les former complètement à ce métier. Alors je disais tout à l'heure, oui, là c'est la période où on a besoin d'argent, comme d'habitude. Non pas pour les bénévoles, je dis bien, nous sommes tous des bénévoles et tous les frais de voyage et de logement et de nourriture sur place sont de notre poche. Il s'agit de financer l'activité de Atavichesa, donc de dynamiser l'enseignement de nos collègues cambodgiens et de permettre la création de cette future école.
- Antoine Lacouturière
On mettra les liens dans la description du podcast, c'est aussi un des intérêts, c'est faire partager ces informations-là. Merci pour le partage de ça, Patrick.
- Dr Patrick Jouhaud
Alors, par rapport à cette merveilleuse aventure, j'aimerais évoquer quelques personnages. Et bien sûr, Sinsotikoun, le médecin que j'ai rencontré la première fois où j'y suis allé. J'aimerais aussi remercier et évoquer Danit, Siam Danit, qui est notre manager général. et qui est en quelque sorte mon binaume, mon complice, mon ami, depuis plus de dix ans maintenant. Et puis encore et surtout, le professeur Kru Langsim, que j'ai rencontré en 2016, qui était à l'époque chef de service de maternité à l'hôpital Calmet à Phnom Penh. Et c'est elle qui m'a ouvert l'enseignement dans son service de maternité, avec ses sages-femmes, dans un premier temps. Puis l'année suivante, au sein de l'hôpital Calmet, puisqu'elle m'a présenté au directeur général de cet hôpital, nous avons pu signer une convention établissant la première étape de notre transmission et de notre enseignement au Cambodge. Elle m'a également permis d'enseigner dans le cadre du programme international à l'UHS, à l'Université des sciences et de la santé de Phnom Penh. Et puis encore, elle intervient, elle nous ouvre des portes, puisque depuis que Hatha Wichasa a pris la suite des actions de Docosteokam au Cambodge, elle nous a permis d'obtenir des conventions d'enseignement avec différentes structures de santé et hospitalières, partout dans le Cambodge. Ensuite, et pour terminer, j'aurais un grand merci d'émotion à tous les enfants que l'on soigne. Je pense particulièrement à certains ou certaines d'entre eux qui, à travers leur corps, disent leur malaise, disent leur maltraitance et leur souffrance, et qui nous apprennent, à moi comme à mes amis bénévoles qui viennent travailler là-bas, qui nous apprennent notre façon de toucher, une façon d'écouter le corps différente, subtile. Ce corps qui délivre les informations, grâce auxquelles on peut les aider, quelque part. Ce que je peux dire, pour rebondir à ce que l'on évoquait avant de parler de cette aventure au Cambodge, somme toute importante parce que c'est 20 ans de ma vie et même probablement les 10 années à venir au moins, ce que je peux rajouter c'est la L'expérience apportée au toucher, à mon toucher, comme je le disais tout à l'heure, je suis curieux, je suis cherchant, et dans le développement de cette compréhension du toucher, en soignant ces enfants, j'ai découvert des choses dont je n'avais pas forcément conscience auparavant. Les enfants que l'on soigne sont des enfants de la misère. pour beaucoup. Majorité, ce sont des enfants qui vivent dans la rue, qui sont des enfants de bidonville, avec des situations sociales et familiales extrêmement précaires. Et à travers mon toucher, j'ai découvert que l'on pouvait sentir ces sensations-là. Une pédiatre américaine, dont je recommande la lecture du livre et l'écoute des podcasts, qui s'appelle le docteur Nadine Burke Harris, a travaillé sur ce qu'elle appelle, traduit en français, les expériences d'adversité de l'enfance. C'est une liste d'expériences douloureuses vécues dans l'enfance qui trament la vie et qui, quelque part, je dirais, condamnent. la physiologie du corps à en subir les conséquences un jour, quelque part dans la vie. Et si vous écoutez ou lisez les publications de cette pédiatre, vous comprendrez que c'est vraiment un problème de santé publique. Bref, ces enfants, à travers leur corps, nous disent, dans nos mains, qu'ils ne mangent pas assez, qu'ils sont battus, qu'ils sont maltraités. négligé, violé, agressé. drogués, etc. Et ces informations-là, quand elles arrivent dans les mains, elles sont terribles. Et en même temps, le toucher, il est confronté à des choses extrêmement dures et difficiles. Et oui. C'est une expérience très très forte dans la progression que j'ai pu avoir dans la perception au niveau des mains, dans les informations que l'on peut capter au niveau des mains. Parce que, somme toute, je dirais, les milieux dans lesquels nous intervenons au Cambodge sont des milieux où automatiquement on sait que ces enfants sont négligés et maltraités. Mais on découvre aussi que dans nos sociétés, européenne, eh bien il y a la même chose. On peut trouver ces mêmes informations sur les corps des enfants, sur les corps des adultes. Je parlais tout à l'heure de dissociation, de figement, de sidération. Eh bien toutes ces informations-là sont en rapport avec des négligences, des maltraitances, des agressions sexuelles. Et on sait aujourd'hui que cela existe dans tous ces milieux. On sait que l'inceste existe, que 20% des enfants sont victimes d'insectes. On sait que dans une assemblée, au moins 20% des personnes présentes ont subi des agressions sexuelles. On sait que l'ensemble des notions traumatismes complexes envahissent le corps des êtres vivants. Donc tout ça c'est... il y a beaucoup d'émotions quand je décris ça, mais... C'est quelque chose qui touche, qui touche les mains, qui touche le corps, qui touche l'être entier. Et je ne comprends toujours pas comment l'être humain peut en arriver là.
- Antoine Lacouturière
Moi non plus, nous non plus. Merci de... d'œuvrer à cette... prise de conscience à partager ces informations qui ont été cachées, terrées longtemps, qui ont été mises de côté. Ça me donne envie de transformer ce moment, d'en faire un peu un tremplin, presque une métanoïa, d'avoir cette... Cette possibilité de percevoir et à la fois cette difficulté à ressentir, mais ça me donne envie de revenir sur quelque chose de concret. Aujourd'hui, dans le quotidien du cabinet, malheureusement, je reçois de plus en plus d'enfants, ou au détriment, alors je vais le dire différemment. Je détecte de plus en plus de tensions en lien avec ce qui peut s'apparenter à des adversités de l'enfance qui sont parfois confirmées par les parents, parfois par les accompagnants. Et j'ai aussi l'impression que ces notions de maltraitance physique et verbale avec le harcèlement, elles sont... Elles sont régulières, et ça me donne envie de rebondir là-dessus pour, un, ne pas laisser passer ça sous silence en disant c'est pas grave, et pour deux, dire aussi à tous ces soignants qui nous écoutent, ces parents qui nous écoutent, c'est aussi possible de faire des choses, et j'ai envie de te redonner la parole là-dessus en disant, j'ai le sentiment que quelque part, on va pas tout guérir bien sûr, mais on est acteur de... d'une forme de point d'appui, de fulcrum, de choses qu'on peut apporter ?
- Dr Patrick Jouhaud
En premier lieu, je veux quand même dire que le corps vivant a une physiologie extraordinaire et qu'il est capable de digérer. et de guérir certains de ces expériences d'adversité. Heureusement, tous les êtres ne sont pas victimes et n'ont pas les conséquences de ces expériences de l'enfance. Ensuite, il y a une phrase piège, c'est de dire « c'est pas grave » . C'est une phrase qui est abstraite. Parce que souvent c'est grave. L'attitude à avoir c'est simplement de dire ok, je sais, j'ai compris. Même si on ne le dit pas à voix haute, mon corps sait, mon corps a compris la souffrance de cette personne, de cet enfant. Parce que c'est les adultes aussi qui viennent à la consultation avec une série de symptômes à répétition et de comportements répétitifs et qui sont toujours significatifs d'un traumatisme complexe, plus ou moins ancien. Bref, dire ok, j'ai vu, je sais, je t'écoute, je t'écoute, je te comprends. Je crois ce que ton corps me dit et je te donne la main. Et quand je dis je te donne la main, c'est la main du toucher que l'on utilise et c'est aussi l'aide que l'on peut apporter. Nous l'avons évoqué tout à l'heure, il faut dans ces situations-là toujours avoir cette notion d'interdisciplinarité. Un thérapeute ne doit pas être seul dans ces situations-là, parce que ce sont des situations complexes. Parce que pour l'aide que l'on peut apporter, il faut avoir plusieurs leviers, plusieurs portes d'entrée. La première étant bien entendu le consentement de la personne. Et lorsque ce consentement est acquis, savoir coopérer avec différents professionnels pour aborder ces séquelles de traumatisme, aborder le traumatisme lui-même et toujours, toujours donner la main.
- Antoine Lacouturière
Merci pour ces mots-là. Toucher du doigt la santé, donner la main, ça fait des images fortes. Ce que je te propose Patrick, j'ai le sentiment que le côté... Alors les questions que j'avais moi, à titre personnel, les questions qui ont été posées sur les réseaux ont été abordées dans le sujet. habituellement dans le podcast je laisse le mot de la fin aux invités avec une forme de micro ouvert pour terminer sur un message sur une envie, sur un partage mais avant de faire ça j'ai envie pour la troisième saison puisqu'on débute la troisième saison du podcast et je suis ravi de le faire avec toi j'ai envie de D'inclure quelques petites propositions sur des questions et des réponses courtes qui peuvent être oui, non, un joker, ce que tu veux. Et un peu à l'esprit américaine, Tim Ferriss fait ça super bien. Je trouve que c'est un grand entrepreneur américain qui, d'une certaine manière, diffuse des messages aussi et met en valeur ce qu'il y a de meilleur chez les gens. Est-ce que c'est ok pour toi de te prêter à cette expérience ?
- Dr Patrick Jouhaud
C'est ok.
- Antoine Lacouturière
Ok, alors un peu rapide comme ça, si tu as quelques instants pour donner des conseils de lecture, sachant que je fais un préambule, je reviens dans le présent avec un peu moins d'émotion, dans le présent. La communauté de toucher du doigt à la santé, elle est assez mixte, c'est-à-dire qu'on a... des pros de la santé, de santé, du bien-être, des soins, donc des touchants, soignants, médicamenteux ou non, des parents, beaucoup, et puis des patients, des gens qui sont simplement curieux. Donc tu peux répondre sans filtre, tu réponds comme tu as envie, avec le vecteur tu veux, je précise. Donc si tu as des conseils de lecture ?
- Dr Patrick Jouhaud
Non. Pas de conseils de lecture ? Certainement pas. chacune et chacun doit être libre de lire ce qui lui plaît, et surtout doit faire confiance à son ressenti. Certaines personnes aiment la poésie, d'autres aiment l'aventure, d'autres aiment le documentaire, d'autres aiment le policier, d'autres aiment le roman d'amour, etc. Non, il y a tellement, tellement, tellement de livres à lire que je me garderais bien de parler de mes propres goûts. Oui, j'ai des références. Oui, je lis, je lis beaucoup. J'adore lire. Pour rien cacher, bien sûr, je lis des bouquins professionnels. En ce moment, je suis beaucoup dans des livres justement en rapport avec cette souffrance psychotraumatique. Mais en même temps, je suis un passionné de romans policiers. Point. Je veux dire, après, j'aime beaucoup la poésie, certains poètes aussi, mais alors, le conseil, c'est faire confiance à ses propres goûts et faire confiance aux livres qui tombent dans la main.
- Antoine Lacouturière
Génial ! J'imaginais absolument pas cette réponse-là et c'est génial ! Est-ce que tu as des films, même philosophie, ou est-ce qu'il y a des films qui viennent comme ça ?
- Dr Patrick Jouhaud
Alors là, je suis un vrai gruyère parce que j'adore aller au cinéma. Je vis un film pleinement. Ça ne m'est jamais arrivé de partir, si peut-être une fois il y a longtemps, bref, peu importe, mais je ne me rappelle plus les titres des films une fois que je suis sorti de la salle. Et ma réponse est la même. On a, chacune et chacun d'entre nous, on a nos goûts, nos envies, nos possibilités, donc la même chose, se faire confiance à soi-même et dire « Ah oui, tiens, là j'ai envie d'aller voir ce film, j'y vais, ok. » Ou ce documentaire, enfin c'est pareil. Ou là, « Bon non, non, non, j'y vais pas, c'est tout. »
- Antoine Lacouturière
Ça marche. J'ai quand même posé la question en étant un peu conscient de ce que tu pouvais répondre à cette fois-ci. Des objets pour être en bonne santé. Question sans transition comme ça. Des objets que tu utilises ou que tu invites à utiliser pour favoriser la santé.
- Dr Patrick Jouhaud
Un grand verre d'eau tous les matins en se levant. Un grand verre d'eau tous les soirs en se couchant.
- Antoine Lacouturière
Simple, efficace. Ok. Une question que j'ai oubliée sur les questions qui ont été posées, c'est le temps de traitement des consultations. Est-ce qu'une bonne consultation, est-ce qu'un bon soin, c'est forcément un soin qui dure longtemps ?
- Dr Patrick Jouhaud
Certainement pas. Le temps qui passe sur l'horloge, ou le temps d'une vie, c'est un temps linéaire. Bien. Par contre, chaque personne, Chaque être vivant, et ça c'est valable autant pour l'espèce humaine que pour les autres espèces, a son propre temps. Alors là aussi, publication pédiatrique, le temps d'un enfant est beaucoup plus long que le temps d'un adulte. Donc pour être très concret, un temps de consultation et de traitement d'un adulte, personnellement je le situerais entre 30 et 45 minutes. Au revoir Dans ma façon de faire, c'est beaucoup. Mais là aussi, chacun doit se respecter. Par contre, lorsque l'on soigne un nourrisson, comme son temps n'est pas le même, par rapport à notre temps réel, ça va beaucoup plus vite. Et très sincèrement, des consultations et de traitements de nourrissons, j'en ai fait beaucoup en un quart d'heure.
- Antoine Lacouturière
C'est intéressant, ça casse les idées reçues, les codes, et on doit garder les patients un certain temps parce qu'ils payent, et que du coup il y a aussi ce rapport à l'argent, l'espace-temps et la transaction financière, alors qu'on est un certain nombre de thérapeutes à se dire mais là c'est terminé et il faut s'arrêter. Donc une invitation à écouter ce...
- Dr Patrick Jouhaud
Oui, la question qu'il faut se poser c'est que... Est-ce que la santé et les traitements que l'on peut prodiguer sont en rapport avec le temps ou avec l'amélioration de la physiologie du corps ?
- Antoine Lacouturière
Bonne question. Ok. Patrick, j'arrive à la fin. J'ai la sensation à l'intérieur de moi d'avoir... Alors, il y aura d'autres questions. J'ai besoin de temps pour maturer tout ce qu'on a dit. Je me sens déjà éveillé de certains nouveaux sujets. Ce que je te propose de faire, c'est donc deux choses. L'habituel du podcast, un moment de gratitude et de remerciement. Et puis, je te laisserai le micro pour la fin du podcast, comme tu as envie de la terminer. Est-ce que ça te va sur le principe ?
- Dr Patrick Jouhaud
Oui.
- Antoine Lacouturière
Alors, c'est mon moment préféré. C'est aussi le moment que je trouve intéressant et délicat. Je te remercie Patrick, je te remercie du fond du cœur, du fond de mon être, pour être l'enseignant que j'ai eu la chance de côtoyer il y a déjà un peu plus de 12 ans maintenant. Je te remercie d'avoir cette cohérence entre l'être et le faire, d'avoir cette cohérence dans ton enseignement. Et c'est quelque chose qui est quand même précieux en tant qu'étudiant. de faire ces liens entre le côté pratique, le côté enseignement et le côté cabinet, d'avoir cette congruence quelque part. Je te remercie aussi de nous proposer une immense humanité avec toute sa palette entre la vulnérabilité, le partage des émotions, le côté érudit. on entend dans tes mots toute cette intelligence de vie, toutes ces recherches que tu as pu faire, toutes ces graines de santé que j'ai l'impression, que j'ai la sensation même, que nous avons semées ensemble pendant cet enregistrement. Merci pour tout cela.
- Dr Patrick Jouhaud
Eh bien, moi aussi. D'abord, merci à toi Antoine, merci pour cet entretien. Merci du retour que tu me fais sur cet entretien et sur le passé que nous avons d'enseignants et d'élèves. Nul doute que l'élève devient maître sans aucun... Les portes sont... la route est ouverte, voilà. Merci aussi à... Merci de m'avoir écouté, à celles et ceux qui ont écouté ce podcast. Merci aussi à toutes les personnes que j'ai soignées. Ce sont elles qui m'ont appris mon métier et qui continuent de me l'apprendre. Une chose importante, je l'ai dit deux fois pendant ce podcast, c'est quelque chose... qui m'anime, qui anime la vie, qui anime ma vie, ma quête, c'est une phrase qui dit « Aimer la vie sous toutes ses formes » . Toutes les formes de la vie, c'est toutes les formes des êtres humains que l'on rencontre, toutes les formes des autres espèces animales, toutes les formes des autres espèces vivantes sur Terre. Aimer la vie, c'est la regarder, la contempler. S'en imprégner. C'est une richesse incroyable qui nourrit chaque jour de la vie et qui fait qu'on revient tout le temps sur cette énergie de gratitude. Parce que, en termes final, en phrases finales, j'exprime toute ma gratitude à toute la vie qu'il y a autour de moi et en moi, à toute la vie que j'ai croisée et que je croise encore et que je croiserai toujours. Merci.
- Antoine Lacouturière
L'épisode touche sa fin avec ces mots. J'espère que vous en retiendrez quelque chose de positif. Une image, une question, une idée, des graines à semer ou de nouvelles perspectives autour des soins, du bien-être et de la santé. Si la démarche vous plaît, je vous invite à prendre quelques instants pour participer. paiera la croissance du podcast. Un partage sur les réseaux sociaux, une note sur les applications Apple Podcast ou Spotify, et aussi la possibilité d'échanger directement si le cœur vous en dit. Cela contribue à l'aventure, alors merci d'avance pour ces quelques instants. Je vous souhaite une très belle fin de journée, soirée, nuit, et je vous dis à bientôt.