- Speaker #0
Bienvenue dans Trajectoire. J'ai toujours aimé raconter des histoires, parce qu'une histoire c'est une trajectoire. Un fil qu'on déroule avec ses lignes brisées, ses virages, ses élans, ses silences. Il y a des débuts qu'on n'a pas choisis, des accidents, des échecs, des moments de lumière qu'on voudrait revivre, et des choix qu'on regrette ou qu'on porte fièrement. Trajectoire, c'est un podcast qui donne la parole à ceux qu'on admire, qu'on suit, qu'on croit connaître, mais dont on ne connaît souvent qu'une facette. Je les invite à revenir sur ce qui les a construits. à dire ce qu'ils ne disent pas toujours. L'enfance, les manques, les rencontres, les renoncements, les renaissances. Ici, c'est un espace intime, une voix, un récit, en somme, une trajectoire. Pour ce nouvel épisode, je pars à la rencontre de Fred Biro, le créateur de Cut by Fred. Fred, c'est une sincérité qui marque. Il a commencé par coiffer les autres, et puis un jour, il a compris qu'il avait aussi quelque chose à dire. Avec sa marque Cut by Fred, on peut dire qu'il a carrément lancé un mouvement. Et puis ce qui rend sa trajectoire unique, c'est qu'aujourd'hui Fred, il est ailleurs. Il vit à Belle-Île, loin des projecteurs. Et c'est là-bas qu'il continue d'inventer sa vie.
- Speaker #1
Oh putain, ça commence direct. On y est. J'ai grandi dans un petit village à côté de Chalons-sur-Saône qui s'appelle La Charmée. Mes parents avaient... Je parle direct de mes parents, ils ne m'ont posé aucune question. On est en psychanalyse. Mes parents avaient un business d'hôtel-restaurant à Chalons-sur-Saône. Et donc, quand je te dis que mon enfance a commencé à la campagne, ce n'est pas vrai parce qu'elle a commencé dans cet hôtel-restaurant. Pour routiers, on vivait dans l'hôtel, en fait. À l'étage, ils avaient regroupé deux, trois chambres pour en faire un appartement. Donc, mon père, lui, gérait l'hôtel-restaurant avec les routiers, le parking, les camions et tout ça. et je jouais sur un parking avec des camions. C'est quand même... Mais bon, ma mère, elle était secrétaire de mon père, en fait. C'est comme ça qu'ils se sont rencontrés, je crois. D'ailleurs, je sais même pas trop comment ils se sont rencontrés. Il y a une espèce de flou là-dessus. Parce que mon père a eu un premier mariage avec deux enfants. Et j'ai l'impression que ma mère est arrivée là-dedans. Je ne sais pas, je ne sais pas sa secrétaire. C'est un truc un peu classique. C'est pour ça qu'il y a une espèce de tabou. Mais moi, je ne me pose jamais de questions sur mes parents ou sur mon enfance. Donc là, tu me mets dedans. Et aujourd'hui, du haut de mes 43 ans, je me dis, il y a un petit problème quand même. Et c'est vrai que ce serait intéressant de savoir comment ils se sont rencontrés. Mon père était assez absent. Il n'était pas trop là. Il travaillait beaucoup. C'était un vieux papa, entre guillemets, par rapport à mes copains de l'école. Ils avaient 24 ans de différence avec ma m��re. Et ma mère, elle gérait comme elle pouvait. ses deux enfants et mon frère. C'était déjà un peu différent quand j'étais petit, c'était déjà un peu... Enfin voilà quoi, je voulais faire de la danse, je voulais jouer à la dînette et tout ça, et lui, il avait ses camions et ses trucs, donc déjà on ne se comprenait pas trop à l'époque, donc j'étais assez seul en fait dans cette famille. C'est le sentiment que j'ai, j'ai toujours été un petit peu seul dans cette famille. Aujourd'hui ça s'est arrangé avec mon frère et on s'entend hyper bien. Mais ça prend des années. Je pense qu'il me regardait comme un extraterrestre un peu efféminé. Lui, c'était un petit garçon. Moi, j'étais un petit blondinet. On disait que je ressemblais à une fille. On me disait toujours que j'étais un garçon ou une fille. Les autres enfants, à l'école, quand on allait au centre aéré ou des endroits comme ça où je ne connaissais pas forcément les enfants, pas comme des enfants de l'école, dès que j'avais des contacts avec d'autres enfants, c'était un garçon ou une fille. C'était déjà un sujet très petit, physiquement. Et je pense dans mon attitude hyper calme, hyper la tête dans les nuages à cuisiner des fleurs. Une espèce de petit garçon toujours dans les jupes de sa mère.
- Speaker #0
Tu étais très proche de ta mère du coup ?
- Speaker #1
Non, je n'étais pas proche, mais je la surveillais. J'étais là. C'est comme si j'étais... Il fallait que je checke si elle allait bien. J'en sais rien. Elle a toujours été très effacée, assez négative en général, assez triste. Et c'est comme si j'étais né pour... pas pour la sauver, mais il y avait ce truc de... faut que je m'en occupe, quoi. Faut que je vérifie qu'elle aille bien. C'est marrant parce qu'elle a toujours voulu une fille. Donc il y a aussi ce truc où je pense que j'étais pour elle, quelque part, une petite fille. Enfin, tout se mélangeait dans sa tête. Après, elle ne l'a pas formulé. Donc elle m'élevait un peu comme ça, comme une petite fille, alors que j'étais un garçon. Elle me traitait différemment de mon frère, mais parce qu'on avait des personnalités différentes. Lui, c'était un vrai... Il jouait à bagarre, à tout ça. Et puis moi, elle me protégeait. Elle me gardait dans cette espèce de mood hyper doux. Elle jouait à la poupée, tout ça. Elle aimait bien entretenir ce truc-là, je pense. Inconsciemment. J'ai du mal à entendre des rires quand je pense à mon enfance. C'est plus... On se parle un peu en criant, toi. Ma mère, elle crie beaucoup. Mon père, il a une grosse voix. Il crie beaucoup. Aujourd'hui, je supporte pas le bruit, je supporte pas les cris, je supporte pas... Je pense que c'est ça, j'en ai trop entendu. Sans être violent, je pense que c'est des gens qui savent pas se dire je t'aime, donc ça s'exprime de cette manière, qui est nulle. C'est une génération qui est un peu fucked up aussi. Ils ont eu des parents pareils qui n'ont jamais dit je t'aime, donc ils savent pas faire, donc voilà, moi je suis là-dedans. C'est compliqué. Les problèmes ont commencé, je... Enfin, les problèmes assez classiques de bisuitage d'ado au collège, quoi. En arrivant en sixième, où là, la sexualité, tu vois, commence à pointer le bout de son nez, je trouve. Il y a quand même cette espèce de tension sexuelle lointaine de « il va falloir sortir avec une fille » , et tout. Ça commençait à ce moment-là. Donc là je commençais à me dire qu'il y avait un petit souci quand même dans ma manière de regarder les filles. Moi je les voyais comme mes copines, j'avais pas de copains mecs. Et en même temps les mecs ils me regardaient parce que j'étais le garçon qui était copain avec des filles. Donc ils étaient pas trop méchants avec moi parce que c'est moi qui étais le lien entre les filles et les garçons. Mais ça a commencé à être un peu dur quand même. Je pense que j'ai eu cette gêne, je me dis je regarde... Pas les filles comme les autres garçons. Les mecs, c'est assez basique. Ils sont excités. Moi, je ne les regardais pas comme ça. Je les regardais vraiment comme des sœurs, comme des copines. Par contre, les mecs me faisaient un peu plus d'effet, mais sans me dire que c'était sexuel. J'étais troublé. Il y avait une gêne dans les vestiaires. Il y avait un truc qui me faisait vibrer. Dès la sixième, je disais, enfin autour de moi, mais après très vite j'ai arrêté de le dire, je disais que je voulais être coiffeur. C'est tôt en fait pour savoir ce qu'on veut faire dans la vie et moi c'était une évidence. Alors que je n'ai pas une mère féminine plus que ça, j'ai des souvenirs où elle m'emmène chez le coiffeur et j'ai des souvenirs où elle arrivait avec des permanentes parce qu'à l'époque c'était les années 80 et cheveux brûlés à permanente. Avec une frange explosée à la lac, à la Lnet, vraiment les coupes des années 80, vraiment dans toute sa splendeur. Et elle sortait de chez le coiffeur comme ça et ça me fascinait à chaque fois. Je me disais elle est belle, je me disais elle est coiffée, j'adorais quand elle se préparait. C'était pas quelque chose qu'elle faisait souvent, de se mettre en avant, tout ça était très effacé vraiment. Je pense qu'elle voulait vraiment disparaître quoi, dans la vie elle s'autorisait pas du tout à exister. Donc quand elle le faisait... Ça me fascinait, cette espèce de féminité, de se maquiller, de se coiffer, tout ça. Et puis c'est là où je me disais, il y a de la beauté chez cette femme, il n'y a pas juste une espèce de fond triste. Donc très vite, j'ai vu que la beauté pouvait t'embellir tout simplement une histoire pas facile, pouvait t'embellir la vie, pouvait te faire pétiller, te faire vibrer quelque chose de différent. Donc c'est là où j'ai senti les premiers trucs de transformer une femme, la préparer. Ça va avec jouer avec la poupée, enfin jouer avec les poupées et tout ça. Juste cette matière de cheveux que je voyais se transformer quand elle sortait de chez le coiffeur, ça me fascinait. Je me souviens de ce trouble de regarder l'image des femmes qui changent comme ça chez le coiffeur, comment c'était beau quoi. Et les odeurs aussi. du salon de coiffure où elle m'emmenait, où ça sentait des odeurs de lac, de produits, de tout ça. J'adorais. Donc c'est une vocation, c'est ça. Tu ne sais pas d'où ça vient. Et puis après, peu importe d'où ça vient. En tout cas, c'est comme ça. Il y avait vraiment cette conviction. très tôt que je voulais être coiffeur. Vraiment l'espèce de caricature, vraiment le petit le petit pédé de province qui voulait faire de la danse, de la coiffure, enfin vraiment la totale. Je voulais être coiffeur, mais on me regardait comme si je disais que je voulais être une femme. Donc j'ai très vite vu qu'il ne fallait pas que je le dise aussi. Je disais que je voulais être vétérinaire très vite. Et puis la danse, on oublie. Et puis voilà, on fait avec cette extrême sensibilité. J'ai survécu, ce n'était pas horrible. Juste, je ne pouvais pas être qui je suis. Jamais. Donc il faut toujours faire semblant. C'est vraiment chiant cette période quand même, c'est vraiment une période de merde. Et en même temps t'apprends, tu vois, c'est parce que t'en as chié que tu peux t'exprimer après librement. Mais qu'est-ce que c'est dur et long, oh là là, de ne pas être soi, c'est vraiment un enfer. faire. Jusqu'à la fin de la troisième, moi, à la fin de la troisième, j'ai... Bah, d'un coup, j'ai voulu plus de vétérinaire, j'ai voulu être coiffeur. Je pouvais le dire, c'était la fin, c'était le dernier jour, il fallait choisir. Donc, moi, j'ai tout de suite travaillé. Ma mère, elle a dû dire « Oui, bah, c'est ça que tu veux faire. » Voilà, sans plus d'engouement. Et mon père, il a rien dit non plus. Donc, voilà, on est vraiment sur un dialogue riche. Vraiment, on a envie que son enfant s'épanouisse. Et en même temps, c'était génial de quitter le collège et tout ça, et de rentrer dans mon milieu de travail, parce que là, j'étais livré à moi-même. J'étais avec des bonnes coiffeuses. Il y en avait 15, elles avaient 20, 30 ans. Coiffeuses de province, vraiment, dans toute leur splendeur, avec des couleurs, en veux-tu, voilà, vraiment, des mèches rouges, noires, enfin, la totale. Et c'était drôle, en fait. Et là, encore une fois, j'étais avec des femmes... Toutes différentes, avec des personnalités qui changeaient de cheveux toutes les semaines. Toutes les semaines, elles avaient une coiffure différente, une couleur différente. Et moi, ça me fascinait. Ça me fascinait. Et toute la journée, je voyais des femmes arriver avec une allure pas dingue. Et elles ressortaient avec une démarche différente. Elles se kiffaient devant la glace et tout ça. Donc, toutes ces émotions, toutes ces personnalités se transformaient juste avec des cheveux. Je trouvais ça fou. Je fais ce premier stage avec ces 15 nanas dans ce centre coiffure. Je suis timide, je suis tout ce que tu veux, mais pourtant je me sens à ma place. Il n'y avait plus ces jeunes garçons qui me faisaient chier, c'était que des nanas. Donc moi je me sens en sécurité avec les femmes. Et puis je faisais des shampoings, je les mettais bien. C'était pas non plus très compliqué pour moi à ce moment-là. J'étais un peu la bonniche du salon, quand t'es dans un apprentissage. A l'époque, on n'apprenait rien. Apprentissage, ils ne savaient pas ce que ça voulait dire. C'était main d'œuf pas cher, surtout. Mais bon, en tout cas, j'ai vu, j'ai appris en regardant. Donc déjà, j'avais un goût un peu affirmé de ce que j'aimais, quoi. Un peu naturel, tout ça. Donc je passe ce CAP quand même en trois ans, que je rate d'ailleurs à la fin. Comme quoi, on peut vraiment... Enfin, les examens, ce n'est pas ça qui fait ta réussite après. Mais j'ai quand même trois ans d'expérience dans ce salon. Et donc, à 18 ans, je rate mon CAP et je décide de venir à Paris. Je décide de venir à Paris parce que, à 18 ans, je rencontre ma première copine. Enfin, la seule, d'ailleurs. Et c'était une fille qui m'a sauté dessus dans le village où j'habitais. Enfin, voilà, un week-end, elle m'a sauté dessus. Je me suis un peu laissé faire. C'était la première fois que j'embrassais quelqu'un. à 18 ans. Donc déjà, quand même, c'est un peu tard. Et très vite, ça a duré, je pense, trois semaines, un mois, et elle nous présente son ami. Elle disait, je vais vous présenter Ludo, il est bisexuel. Et c'était la première fois que j'entendais ce terme. Et là, je sens que ça vibre dans mon corps, il y a un truc qui est qui est chelou. Et il arrive. Et il est sublime, dans mes souvenirs en tout cas. Vraiment un... Brun, il avait 27 ans. Je sais pas, il y a un truc, il a les yeux bleus et tout. Et vraiment, je sens que je suis une flaque, quoi. Vraiment, je me liquéfie. Et je sens qu'à ce moment-là, il se passe un truc dans mon corps qui est assez... qui est marquant, quoi. Qui va me changer. Qui va me changer la vie. Et très vite, je viens proche de ce mec-là qui me tourne autour et qui m'embrasse un jour. Et là... c'était pas pareil que quand j'embrassais la fille donc ce moment il est marquant parce que c'est là que je sais que je suis homo vraiment une évidence folle et que je peux mettre les mots et tout ça Donc très vite, je l'ai dit à cet entourage. Donc voilà, on était ensemble avec ce mec. Ça n'a pas duré longtemps non plus, quelques mois. Et il adorait Paris. Et au bout de deux, trois mois où on n'était plus ensemble, il m'a quitté. Le CAP, je l'avais raté. Lui, il m'avait quitté. Et il y avait cette espèce de truc où il me parlait de Paris tout le temps. Moi, j'avais tout raté. Je me suis dit, bon, je vais me barrer à Paris. Comme ça, peut-être qu'il me suivra. Enfin, tu vois, un truc comme ça. Je décide de partir à Paris en espérant qu'ils me suivent parce que je n'avais rien d'autre dans la vie à ce moment-là. Et j'ai mon permis, genre, je ne sais pas, trois semaines avant, je venais d'avoir mon permis. Donc, je prends ma première bagnole. Et je vais à Paris, comme ça, en bagnole. Et c'est là que tu vois que quand l'univers a décidé qu'un truc devait se passer, c'est quand même très, très fluide, la vie. Parce que j'arrive à Paris, je me gare sur les Champs-Élysées et je rentre chez Jacques de Sange. avenue Franklin Roosevelt qui est un énorme salon, j'ai jamais vu un truc pareil 300 mètres carrés 200 coiffeurs vraiment et je rentre dans ce truc et je dis est-ce que vous cherchez des assistants ? Et là, Nana me fait, ah oui, oui, complètement, justement, on cherche. Je vais dans mon bureau et elle m'emmène dans un bureau. Et elle ne me met pas dans ce salon-là, mais dans un autre. Parce que c'est un gros groupe, donc il n'y a plus un salon. Et elle me met fou dans un salon de sang. le jour même, j'avais un travail. Après, c'était de la main d'œuf pas chère, je pense que c'était OK. Mais c'était facile. Et ce jour-là, deux heures après d'être arrivé à Paris, j'ai un travail. Et je me dis, il faut que je trouve un logement. Comment je me loge à Paris ? Donc j'achète un journal particulier à particulier, parce qu'à l'époque, il n'y avait pas Internet quand même. Et j'ouvre le journal, et je regarde les annonces, et je vois « Chambre de Bonne à Loué » dans le 12ème. Et j'appelle. Ah bah oui ! il m'a allé visiter dans une heure et donc j'y vais. Je suis le premier à visiter, ce qui n'arrive jamais quand tu visites une chambre de bonne et à l'époque, il y avait 2 km de queue. Et j'ai cette chambre de bonne sans dossier, sans rien. Je dis, ah ben, je viens d'avoir un travail, tout ça, je vais gagner de temps c'était en franc quand même et j'ai cette chambre de bonne et donc je rentre chez moi le soir avec ma même voiture j'ai fait vraiment l'aller-retour dans la journée et j'avais un travail et un appartement donc quand l'univers veut que tu passes un truc dans ta vie et que tu dois être à un endroit c'est quand même un truc qui s'aligne parce que moi franchement je me serais pas engagé moi je trouve qu'une trajectoire dans la vie elle est pas liée que à son enfance il y a quand même une espèce de destinée je trouve, moi je sens une espèce de force euh Au-delà de ma vie, je sens vraiment des trucs, des fois des portes qui s'ouvrent, des trucs où je me dis « putain, la vie, elle est vraiment avec moi » ou au contraire, elle n'est pas avec moi en ce moment et ce n'est pas grave. Il y a plein de choses qui régissent la vie, autre que tes choix et ton éducation. Moi, je le sens vraiment comme une force qui me pousse parce que je me suis retrouvé à Paris et vraiment, ça m'a traversé. C'est pas une décision mûrie ou quoi que ce soit, c'est vraiment du jour au lendemain, je suis parti sans me dire et je rentre, voilà, et ça se fait, tu vois. C'est vraiment un truc qui me traverse. J'aime bien ces moments de vie d'ailleurs, où c'est fluide et où tu passes à autre chose, quoi.
- Speaker #0
T'attends à tes parents que tu vas partir à Paris.
- Speaker #1
Voilà.
- Speaker #0
Et que t'as ton appart et ton job. La réaction de tes parents ?
- Speaker #1
Bah je vivais chez eux, donc oui, je prends mon premier appartement, quoi. Je leur dis, bon, encore une fois, on n'a pas une grande discussion. C'est fou d'ailleurs. Moi, je verrais mon fils partir. Je poserais quand même deux, trois questions quand même. Non, genre, ah bon, t'es sûr ? Ben oui, je suis sûr, j'ai un travail. Ah bon, d'accord. Vraiment, c'est fait, ça a duré quatre secondes. C'est fou quand on n'a rien à se dire. C'est affligeant. J'ai vraiment une impression de... Ah bon, vraiment, ça les a dépassés, quoi. Bon. Paris-Vivre à Paris, bon bah fais attention quoi. Et j'arrive dans une ville où l'homosexualité n'est vraiment pas un problème. Je sens que ça va être différent et que vraiment ma vie va commencer. J'arrive dans cet appartement que j'avais trouvé un mois avant. J'avais cette voiture, je me gare en bas, et j'arrive dans cette chambre de bonne de 9 mètres carrés. Et je l'aménage, je me fais mon premier repas. Je me rends compte à ce moment-là que ma mère m'a toujours fait à manger. matin midi et soir jamais dit des merdes toi jamais y avait toujours un truc de près j'étais hyper couvé en fait donc j'apprends à me débrouiller et voilà et je vais au travail quoi et j'apprends et donc là c'est rebelote avec des nanas dans un salon et voilà et j'apprends et j'apprends j'apprends je regarde et je fais mon expérience comme ça mais je tourne assez vite en rond dans ce salon parisien j'ai vraiment J'avais vraiment envie de coiffer, j'en ai marre de faire des shampoings et d'assister. Et donc je changeais de salon, je démissionnais et je changeais de salon. Comme ça, à chaque fois, il y avait une coiffeuse ou un coiffeur. Déjà, il y avait des mecs dans les salons de coiffure où j'allais, ce qui me changeait un peu. Et à chaque fois, il y avait un mec ou une nana qui avait un truc en particulier, qui avait beaucoup voyagé, qui était parti vivre à New York ou je ne sais pas où, et qui coiffait différemment. Et donc j'allais choper son truc. et j'allais choper le truc de l'autre et après je mélangeais tout ça Enfin, dans ma tête, j'ai mélangé tout ça et j'avais qu'une hâte, c'est de pouvoir le faire, tu vois, avec mes mains. Jusqu'au jour où je pousse la porte d'un salon de coiffure un peu différent des autres. Un salon de coiffure tenu par un coiffeur qui faisait du cinéma et qui coiffait des stars. Il y avait des articles de presse sur ce coiffeur. C'est la première fois que je voyais des articles de presse dans les salons de coiffure où je travaillais, où il y avait machin, fait du cinéma, ouvre un salon et je disais « Ah ! » On peut faire du cinéma en tant que coiffeur, je ne savais pas. Ça m'a parlé aussi encore une fois à ce moment-là, dans mon corps, j'ai senti un truc vibrer. Peut-être que c'est là en fait, un truc que tu dois suivre, parce que ce n'est pas en changeant de scénario de coiffure tous les ans que ça te rend heureux apparemment. Et ça passe encore par cette vibration qui me traverse de « c'est ça, donc j'y vais comme ça » . Et je pousse la porte de ce salon qui ne ressemblait pas du tout à un salon. C'était une espèce de spa gigantesque, sublime, en béton. Le bac à shampoing était allongé sur un lit, sous un arbre. Tu n'as jamais vu ça. Donc vraiment, le mec, il inventait un truc. Et moi, j'avais 19 ans à ce moment-là. Et j'étais vraiment une espèce de chose aujourd'hui quand je vois les photos. Putain, mais quel temps perdu. Parce que j'étais vraiment d'une grande beauté. Et je me trouvais immonde. ou en tout cas pas désirables, ou je ne comprenais pas comment on regarde, vraiment. Mais quand je vois les photos, je me dis, mais mon Dieu, si j'avais eu confiance en moi, j'aurais été une pute, parce que vraiment, j'étais magnifique. Tout le monde. Non, mais tout le monde est comme ça. Oui, tout le monde regrette, tout le monde se truque. Non, mais là, vraiment un petit ange, quoi. Vraiment un petit minois, blond. Vraiment, j'étais Tadzio dans Mare à Venise, quoi. complètement, pas du tout exagéré. Non mais c'est vrai, c'était ce truc-là, c'était ce truc d'apparition. Et je ne comprenais pas pourquoi les gens me regardaient à l'époque. Donc il me voit, ce mec, ce grand coiffeur de star, et au bout de cinq minutes, il m'a fait « Ok, c'est bon, de toute façon, je vous engage, vous êtes trop beau, vous allez trop bien dans le décor. Vous allez bien dans le décor. » Moi, il n'avait rien à foutre de ce que je faisais, il s'en fout, je vais bien dans le décor. Bon. C'est comme les cheveux, c'est quand même plus facile dans la vie quand tu as un joli petit minois et que tu as des cheveux. On ne te fait pas trop chier sur tes capacités. Donc moi, je suis trop content. Je quitte ce centre coiffure un peu classique et je bosse pour lui. Et là, ça commence direct. Il m'emmène sur des tournages, sur des plateaux, sur des pubs. Il coiffait pour des pubs l'Oréal à l'époque. Il coiffait des actrices. Donc il y a des stars. de son âge, un peu plus de 35 ans. Je vois Luc Abelucci arriver, Monica de 35 ans, tu vois. Vraiment d'une beauté. Voilà, donc c'était elle et puis c'était sa meilleure copine. Donc, il la coiffait donc elle venait tout le temps et donc j'étais « Waouh, c'est fou cet endroit quand même. » Et il m'emmenait, on partait toujours, on était toujours en taxi G7, on allait d'un plateau à un autre et tout ça. Donc là, j'apprenais un autre métier qui était de coiffé pour faire des photos par exemple, donc coiffé pour des photographes. Donc là il y avait des images qui sortaient avec la coiffure que tu venais de faire et donc c'était comment tu racontais une histoire, comment tu transformais le modèle ou l'actrice pour se coller à l'histoire que le photographe avait envie de raconter. Et donc là je retrouve cette sensation de quand j'étais petit quoi, de ces femmes qui arrivaient et qui s'aimaient pas trop et comment les cheveux pouvaient les transformer pour raconter notre histoire, une autre partie d'elles. Et donc là je ressens ce truc là à nouveau de, ah oui mais avec les cheveux on peut transformer, on peut révéler, on peut raconter notre partie de soi. Et donc là je sens aussi que c'est ça que je veux faire, c'est vraiment raconter des histoires avec les cheveux. Vraiment en une semaine, la vision que j'ai de ce métier change complètement. Le salon n'existe plus. Et c'était ce truc là qui me manquait en fait. C'est pas juste couper des cheveux, c'est pas juste faire des couleurs. c'est raconter des histoires. Très vite, il a plein de trucs à faire à droite à gauche. Vraiment le coiffeur le plus demandé de Paris. Vraiment, tous les jours, il bosse et tout ça. Donc très vite, il ne peut plus s'occuper de ses clientes du salon ou il a besoin d'assistants sur les tournages parce que des fois, il est sur deux tournages en même temps. Donc il va en coiffer une, il me laisse sur le tournage, il va en faire un autre, tout ça. Donc très vite, il me lance dans le truc de... Faut que je fasse comme lui, donc il m'apprend, enfin il m'apprend, non il m'apprend pas d'ailleurs. Je sais en le regardant, encore une fois, que j'apprends, et après, comme j'apprenais très vite, et que je m'entraînais sur une tête mêléeable chez moi, sur une poupée, je refaisais les gestes, et j'arrivais à me caler sur lui. En gros, ça ressemblait à ce qu'il faisait. Pas pour tout, mais en tout cas sur certains trucs. Donc il aimait bien, parce que c'était toujours lui qui signait le travail. d'un film ou d'une pub, mais en fait, ce n'est pas lui qui était sur le tournage. Lui, ça lui permettait d'être partout. Moi, ça me permettait d'apprendre, d'être au contact de photographes, de réalisateurs, d'actrices. Donc finalement, tout le monde était content. Mais je me suis vraiment appliqué pendant cinq ans, où je l'ai assisté, à me caler sur lui. Donc encore une fois, je me suis un peu effacé pour ressembler à ce qu'il voulait que je sois. Il m'a modelé. comme un mini-lui, vraiment, on me faisait sentir que j'étais vraiment l'assistant du maître. Et donc, il y a ce truc, voilà, de ce vouvoiement qui était obligatoire, où je vous voyais et vous voyais, un peu à l'ancienne, quoi, de vraiment, comme les peintres avec leur petite bonniche qui allait nettoyer les pinceaux. Vraiment, c'était ce truc-là. Aujourd'hui, moi, je parlerais à un assistant comme moi, il me parlait, je serais au point d'homme. C'est pas la période la plus simple et la plus heureuse, mais j'apprends tellement que je suis prêt à... Enfin, tu vois, c'est pas grave. Puis comme j'étais habitué à ce truc-là, bon, ça m'a pas gêné plus que ça. Aujourd'hui, avec le recul, je me rends compte que c'était pas hyper sain. Chacun sa manière d'enseigner. Un jour, il y a Vanessa Paradis qui rentre dans le salon, c'était une cliente à lui avec qui il travaillait depuis longtemps. Elle me choisit entre guillemets pour son film parce que lui ne pouvait pas le faire. Elle me dit je veux bien que ce soit Fred qui fasse mon film. Donc je pars faire mon premier film à 19-20 ans. Et donc je deviens chef coiffeur d'un film avec Vanessa Paradis. Je ne savais même pas ce que je foutais là franchement. Je ne savais pas, il ne m'avait pas expliqué. Et j'apprends vite encore une fois et le maquilleur m'a expliqué. Et puis voilà je me suis démerdé. Je n'étais pas content puisque ça je faisais ce qu'on me demandait de faire. Mais bon voilà, c'est mon premier film avec elle, je suis content, je rentre, il me met toujours sur deux trois projets. Il est quand même assez confiant parce qu'il me met quand même sur toutes les actrices dont il s'occupe, donc il voit bien que ça marche.
- Speaker #0
Il n'a pas tant d'ego que ça finalement.
- Speaker #1
Ça l'arrange bien quand même, il y avait vraiment ce truc de... C'était toujours, je vous mets mon assistant sur le film, je vous mets mon assistant sur le film. Dès que je prenais trop d'ampleur, il m'écrasait d'une manière ou d'une autre. Il m'écrasait par une réflexion, il m'écrasait par... Une petite humiliation, il y avait quelque chose, je suis le maître, et ça, ça reviendra toujours pendant 5 ans. Il me révèle, je m'apprends, il est content, il est quand même fier, mais pas trop quand même. Donc très vite, je décide de... enfin très vite, au bout de 5 ans, j'en peux plus, j'étouffe, j'ai fait le tour, et je lui dis qu'il faut que je parte. Enfin, je lui dis que je vais partir. Et ma seule manière de m'échapper, c'est de lui dire que je vais aller vivre à New York. Pourquoi ? parce que je n'étais jamais allé à New York de ma vie encore une fois je fantasmais New York les films, les séries et je ne pouvais pas être coiffeur à Paris avec lui autour je ne savais pas qui j'étais je ne savais pas comment je coiffais je ne faisais que du lui donc pour moi c'était un instinct de survie à ce moment là comme quand je suis parti à Paris pour me sauver là où j'étais là c'était encore une fois la même chose c'était Vraiment, ça m'a traversé de par loin. J'ai quitté mon appartement, j'ai pris mon billet d'avion et je suis parti vivre à New York à 24 ans, sans parler anglais.
- Speaker #0
Comment t'expliques les élans que t'as, où tu te poses aucune question et où tu fais ?
- Speaker #1
C'est de la survie, je crois. Vraiment, c'est de la survie. C'est des moments où tu ne peux pas faire autrement. Et je pense que tout le monde a cet instinct de survie, mais tout le monde ne l'écoute pas forcément. J'ai encore parlé de ma mère, la pauvre.
- Speaker #0
Elle a jamais... Elle a toujours pris les jobs qu'on lui donnait, mais elle a jamais exprimé quoi que ce soit. Enfin, si, elle voulait s'occuper... Elle voulait être dans la petite enfance, elle voulait s'occuper de bébé. Elle a jamais fait les études pour et tout ça. Mais... Ça a toujours été le regret de sa vie. Et en même temps, elle n'a rien fait pour s'y mettre. Et du coup, elle se mettait dans des jobs qu'on lui donnait. Mais voilà, c'était des jobs de secrétaire qu'elle n'aimait pas. Mais qu'elle faisait à chaque fois pendant dix ans. Donc vraiment, jusqu'à la fin, c'est je vais faire un job de merde jusqu'au bout. Et voilà, donc je toujours trouvais ça hyper triste. Je me disais, pourquoi tu ne pars pas ? Pourquoi tu ne fais pas une formation ? Pourquoi tu ne fais pas ton truc ? Ah, mais je suis trop vieille, avec 40 ans. Je suis trop vieille. Je lui dis, mais il n'y a pas d'âge. Vas-y, fais une formation, fais ce que tu as envie de faire. Elle n'a jamais fait ce qu'elle a eu envie de faire. Donc moi, il y a ce truc de quand même, je ne veux pas lui ressembler. Je ne veux pas leur vie. Non. Donc à chaque fois, ça me pousse quand même à me dépasser parce que moi, ils n'ont jamais compris ce que je foutais à Paris, ce que je faisais, ils n'ont jamais été fiers. J'avais dit en tout cas. Vraiment, c'était toujours, mais qu'est-ce que tu fais ? Ah bon, d'accord. Vraiment, pas vraiment beaucoup d'intérêt à ce que je fais. Il trouvait ça bizarre. C'est comme je t'aime, t'as envie de l'entendre quand même une fois. T'entends quand même. Genre, je suis fier de toi, t'as envie de l'entendre. J'avais beaucoup fait les plus grosses tarts du monde. On me disait rien, c'est quand même frustrant. je disais ben enfin Je n'avais pas réussi à ce moment-là. Je débutais, mais justement, quand tu as 20 ans, tu fais des films, tu fais des trucs. Je me suis pas mal démerdé, mine de rien, dans mon parcours. Je trouve qu'il y a quand même 2-3 mots à dire. J'arrive à New York. Je dis au chauffeur de taxi dans quelle destination je vais. J'allais à Brooklyn. Je lui dis en anglais. Et il me dit... I don't speak German. C'est-à-dire que je lui parle en anglais et il pense que je lui parle en allemand. Pour te dire à quel point je suis mal barré dans ma vie. Je viens d'arriver à New York. Je viens de me foutre dans un taxi jaune et le mec ne me capte pas. Alors je lui dis juste que je vais à Brooklyn. Bref, ça commence déjà un peu... Je dirais qu'il y a un petit problème de langue quand même là. Et donc j'arrive à New York dans un appartement que j'avais trouvé d'une copine, d'une copine, d'un copain, d'un machin. Enfin voilà, on me file une chambre au dernier étage d'un brownstone à Brooklyn. Et voilà, je découvre New York quoi. Donc je travaille pas. Je me dis on verra bien. Enfin je sais pas où je vais, je sais pas ce que je fais. Mais en tout cas j'y suis quoi. Donc déjà je suis à New York. Il y a quand même un truc, il y a quand même quelques semaines où je me dis putain je suis à New York, je suis à New York. Il y a quand même ce truc que cette ville te fait. où tu as l'impression d'être filmé en permanence, d'être dans Sex and the City. T'as l'impression que t'as une caméra qui te suit tellement chaque coin de rue tu les connais ou t'as déjà vu. Donc déjà j'ai kiffé un peu ce truc-là. Puis j'ai déjà 24 ans, donc moins jeune, moins peur quand même. Et puis là, je me laisse aller hors rencontre, beaucoup de Français à New York, donc je mise tout là-dessus parce que mon anglais est pourri. Et donc je rencontre des Français qui me présentent des photographes, qui me présentent des machins comme ça dans des Starbucks. La première meuf, c'était dans un Starbucks, qui me dit, ah mais tiens, j'ai une soirée ce soir, viens, on présente sa tante qui est styliste. Enfin, ça arrive comme ça, en fait. Si tu t'ouvres un petit peu aux rencontres, et moi, pour le coup, à ce moment-là, j'étais vraiment ouvert aux rencontres, parce que j'avais pas le choix, j'étais vraiment, là, il fallait que ça vienne des autres. Moi, je connaissais personne, il fallait tout recommencer à zéro, je parlais pas la langue, je suis dans une ville énorme, ça va très vite. Ça se fait comme ça, et je fais des trucs un peu pourris, tu vois, mais je fais mes premières photos très vite, au bout de trois semaines, pas payé. Je coiffe des mannequins, avec des photographes, je me trouve dans des studios new-yorkais avec des photographes, mais avec la French Connection quoi. En disant trois mots d'anglais et je prends des cours d'anglais en même temps. Et puis je coiffais un peu la voisine pour gagner 50 balles. Et c'est comme ça quoi, 50 balles plus 50 balles ça m'arrêtait de payer mon loyer à 500 dollars. Et j'avançais comme ça au jour le jour. sans savoir où j'allais. Je n'ai pas duré très longtemps à New York parce que j'ai duré un an et demi. Là où à Paris, on m'appelait très naturellement, là-bas, non. Pour eux, il faut tout recommencer. Ça ne veut rien dire que tu es coiffé, imagine, ils ne connaissent pas. Ça a été très rapide. Parce que je n'en pouvais plus aux Américains. Les Américaines, je n'en pouvais plus. Cette voix nasillarde, ça parlait fort. Moi, je parle doucement, j'ai une voix posée. Mais ils ne m'entendaient pas. Vraiment, je parlais comme ça et les gens disaient « Ouais, mais parle plus fort ! » C'est le pays de l'expression. de soi, vocal, scénique, faisant des tonnes, sinon on ne te regarde pas. Et ça n'a pas marché pour moi aux Etats-Unis pour ça. On me disait que je n'étais pas assez requin, que je ne parlais pas assez fort, que je ne prenais pas assez de place. Donc ça ne me correspondait pas, mais je l'avais fait, j'avais réalisé un fantasme. Et pendant ce laps de temps, j'ai réussi à me trouver, à m'exprimer, à faire des trucs tout seul. Et lui n'était plus dans les parages, ce maître qui me disait que... sans lui, j'étais rien et qu'il m'avait tout appris. Et donc, je suis rentré à Paris avec cet aura du mec qui rentre de New York. Et à cette époque-là, ça faisait encore son petit effet New York. Aujourd'hui, plus trop. Non, vraiment, à l'époque, c'était fort. Et donc là, toutes les actrices se sont affolées. Toutes celles que j'avais déjà coiffées. Un frère dit rentrer de New York. Un frère dit rentrer de New York. Et donc, j'ai tout de suite rebossé dans le milieu. beaucoup, et c'est là où j'ai commencé à gagner de l'argent, c'est en rentrant à New York. Parce qu'à New York, je n'en avais pas gagné. Avant, avec ce coiffeur, je n'en avais pas gagné. Mais à ce moment-là, ça a décollé. J'étais beaucoup avec Mélanie Laurent, qui était jeune actrice qui venait d'avoir un César. Et on a grandi ensemble à ce moment-là où elle, elle faisait de la promo pour le film de Tarantino et tout ça. Et donc, elle, elle était excitée de faire de la promo pour Tarantino. Elle disait « Ah, tu viens avec moi ? On va au Japon, on fait un tapis rouge. Ah, tu viens avec moi ? On va à Los Angeles. » Et donc, je les suivis partout pendant un an. On a fait le tour du monde de faire des promos pour ce film-là et d'autres. Et nous, je ne faisais que ça. Et là, je travaillais beaucoup et je gagnais beaucoup d'argent. Et je faisais vraiment à ce moment-là ce que j'avais envie de faire. C'est-à-dire coiffer ces femmes. hyper puissante, hyper forte, qui se montrait, qui se transformait. Elles étaient tout ce que je trouvais sublime chez une femme. Pour moi, la discrétion, ce n'était pas sublime. Pour moi, de s'effacer, ce n'était pas sublime. Moi, je voulais de la démence. Je voulais des femmes démentes. Donc, je l'ai trouvé chez les actrices. Parce que j'aurais voulu que ma mère soit un peu plus démente. Donc, il y avait ce truc-là où... Par la beauté, par le make-up, par les cheveux, par le stylisme. Elles étaient fortes et elles se montraient au monde d'une manière hallucinante. Et tout le monde était à genoux. Ça dure dix ans, je n'arrête pas, je bosse tous les jours. Tous les jours, tous les jours, je bosse. Quand ce n'est pas l'une, c'est l'autre. Et je voyage beaucoup. Et je fais des tournages et des promos. Voilà, c'est ça ma vie. Il n'y a pas un jour où je ne travaille pas. vraiment, et en même temps c'est normal et je commence à avoir un petit renommé je suis de plus en plus à pied je fais de plus en plus de monde je fais qui est une rencontre importante quand même pour moi je fais Mylène Farmer qui me demande de la coiffer pour sa tournée, parce que son coiffeur, c'était ce mec pour qui j'ai bossé, et lui ne pouvait pas faire la tournée, donc elle cherchait quelqu'un, et donc forcément, elle s'est dit, son vieil assistant, il va être super, il rentre de New York, donc forcément il est génial, et c'est comme ça que j'ai fait Mylène, j'ai fait deux, trois tournées avec elle. Et Mylène, c'est un gros tournant pour dépasser mes peurs de coiffer ces femmes. Parce qu'elle, c'est vraiment la plus grande diva, star française quand même, la plus mystérieuse, la plus tout ce que tu veux. Et la plus exigeante dans le travail. Vraiment, elle m'a appris l'exigence. Vraiment, pour moi, les autres actrices, elles se regardaient à peine, elles avaient confiance, elles partaient sur le tapis rouge. La Mylène, c'est le cheveu prêt, vraiment. des salles de 80 000 personnes, elle te voit s'il y a une ampoule pétée à 3 km. Elle sait. Donc ça, ça t'apprend à être carré dans le travail. Elle m'a vraiment appris ce truc à être carré. Le nombre de pinces que je mettais dans les cheveux, il fallait que ce soit le même tous les soirs presque. Vraiment, c'était psychopathe. Et j'adorais, parce qu'elle me challengeait vachement là-dessus. Il fallait que ma table soit rangée, que les pinces soient dans l'ordre comment j'allais les prendre. Je ne faisais pas du tout ça, moi c'était très bordélique. qu'elle m'a appris à... À réfléchir, je me faisais comme les sportifs, je me faisais la coiffure dans ma tête avant de la faire parce qu'elle me donnait 20 minutes. Une coiffure compliquée, avec toute une armature et tout le bordel. Donc il fallait que je sois... Elle ne me donnait pas plus de 20 minutes, c'était chronométré. Et moi, depuis que j'ai coiffé une billette, je n'ai plus peur de rien, je n'ai plus peur de personne. On m'a vraiment appris... Si tu sais faire Mylène et si tu sais faire trois tournées avec elle, franchement, amène-moi Madonna, j'en ai rien à foutre. Tout ça, ça dure dix ans, cette vie géniale quand même de prendre des jets privés pour aller coiffer des actrices partout dans le monde. Au bout d'un an, je m'ennuie. Je retrouve cet état que j'avais dans les salons quand je venais d'arriver à Paris. Je me dis, putain, je me fais chier, elles me font chier. j'en ai marre, ça tourne que autour d'elle et tout. J'écoute énormément, on s'intéresse pas beaucoup à moi, mes désirs, mes envies, ma vie, tout ça, on en a rien à foutre. C'est, voilà, faut que je m'occupe d'elle quoi. Et ça m'a arrangé pendant... longtemps d'être derrière, d'être vraiment dans la garde rapprochée de toutes ces femmes incroyables, mais dix ans après quand même, elles ont commencé vraiment à me faire chier et j'en pouvais plus, ces petites histoires de tapis rouge, ces petits trucs et machin, et ça me paraissait mais futile, vraiment, alors que dix ans auparavant, j'avais l'impression que c'était une opération à cœur ouvert, que c'était vital pour elle, pour moi, pour Canne quoi, si je ne faisais pas bien mon mon travail canaliste. s'écrouler alors que vraiment le monde n'en a rien à foutre voilà donc ça m'a pris 10 ans et j'étais là mais moi en fait qu'est-ce que j'ai envie de raconter moi comment j'ai envie d'exprimer mon métier aujourd'hui au bout de 10 ans et j'ai cette idée de d'ouvrir un blog à l'époque donc c'était les blogs, il n'y avait pas Instagram, il n'y avait rien du tout et il y avait quelques blogs à Paris beaucoup aux Etats-Unis où il y avait des Merci. c'était les premières influenceuses, c'était les blogueuses qu'on appelle, qui racontaient, qui faisaient des tutos, qui faisaient, qui racontaient leur vie, enfin voilà, il y avait des blogs beauté, des blogs mode et tout ça. Et je décide d'ouvrir un blog où je dis que ce sera mon espace personnel en fait. Je continue toujours les actrices, mais j'aurai mon espace à moi. Donc j'apprends le montage comme ça, sur e-movie à l'époque. Et je coiffe une nana et je coupe les cheveux et je fais une espèce d'avant-après qui est une espèce de plan séquence accélérée à l'époque. pas de montage. Et je lance le truc et je trouve le nom comme ça dans la nuit parce qu'à l'époque, je sais pas si tu te souviens, mais on disait beaucoup cut et on le dit encore un peu aujourd'hui. Quand tu racontes une anecdote, tu fais blablabla cut pour dire qu'il y a une ellipse. Bon voilà. donc tout le monde disait Cut et donc moi j'ai utilisé ça, Cut by Fred parce que Cut ça veut dire aussi couper les cheveux donc c'est sorti comme ça en pleine nuit ce nom et j'ai fait ok mon blog s'appelle Cut by Fred et ça a pris tout de suite vraiment en 15 jours j'étais le blog beauté qu'il fallait suivre j'étais le Elle en parlait, le Gradia tout le monde en parlait et on me reconnaissait par le blog et pas du tout par toutes les actrices que j'avais fait tout ce que j'avais fait dans ma vie, c'était vraiment non, c'est toi Fred ce que tu dis, comment tu nous montres, comment tu nous transmets les choses c'est ça qu'on veut, c'est ça qui fait que t'es connu, aujourd'hui c'est pour ça et en fait il a fallu tout ça, tu vois, il faut se nourrir de plein de choses pour arriver jusque là, et en fait tout t'a servi finalement, j'ai adoré j'ai adoré parce que c'était moi là, vraiment je jouais pas Et je transmettais des trucs simples, rapides, en deux minutes, avec un ton rigolo, machin. Je ne me prenais pas pour un autre. Vraiment, ça me ressemblait. Et du coup, j'étais fier de ça et qu'on me regarde et que ça marche pour ça. Il y a quand même un petit... Il y a quand même de l'ego, quand même, de... Moi aussi, j'ai envie d'être connu. En fait, il n'y a pas que elle, quoi. Moi aussi, j'ai envie d'être le coiffeur star. Quand même. Je ne sais pas, moi j'adorais qu'on me reconnaisse, j'adorais être le coiffeur à la mode, j'adorais être... j'adorais ça. Très vite, j'ai, oui, au bout de peut-être 3-4 ans, un truc comme ça, je commençais à lancer la marque. L'idée, c'était, à l'époque, il n'y avait que des produits naturels moches, Naturalia. Il n'y avait pas le côté... non mais je ne suis pas en train de dénoncer Naturalia, pardon, mais il n'y avait pas de beauté écolo beau. Est-ce qu'on peut faire un truc qui soit bio, vegan, qu'on n'est pas obligé de faire les tests sur les animaux, qu'on n'est pas obligé de mettre des produits animaux dedans non plus, et qui soit efficace ? Dans ma tête, ça s'est fait tout de suite. Je me suis dit, mais il n'y a pas. C'est quand même fou. Il n'y avait pas, il y a dix ans, de... Une marque écolo, fun, jolie, qui donne envie et qui soit efficace. Mais c'est long le process de lancer une marque, de trouver des formulateurs, de faire des formules, de se faire arnaquer par 600 personnes avant de se lancer. Je te passe les détails parce qu'on n'en a rien à foutre, normalement c'est trop. Mais moi j'étais sûr de moi, j'étais le coiffeur tendance, j'avais les trucs à dire, j'étais sympa sur mon blog, les gens me connaissaient, j'avais une communauté. Donc moi j'ai lancé la marque, j'avais déjà des magazines qui me connaissaient et tout ça. Donc je lance une marque sur une île à Lacan, c'était l'époque des shampoings solides et donc tout le monde avait des shampoings solides dans sa salle de bain, dégueulasse, qui collaient dans sa baignoire parce que c'était la mode, voilà, zéro déchet, tout ça, tout ça. Et moi je disais, bah c'est super le zéro déchet et le solide parce que voilà, tu mets pas d'eau dans ton produit et tout ça, tu peux le trimballer partout, mais c'est quand même dégueulasse, ça fond, ça se casse en morceaux, tout ça. Et je mets du déodorant dans le miroir le matin et je vois ce shampoing derrière moi et je mets du déo et je vois le shampoing et je mets du déo. et je me dis mais pourquoi on met pas du shampoing dans l'idéo vraiment ça m'a tel eureka de mais vraiment ça me je me dis mais c'est pas con et si on mettait du shampoing dans l'idéo comme ça on peut s'appliquer directement sur le cœur chevelu là où il faut se laver les cheveux tu peux prendre l'avion avec ton stick, c'est nomade c'est fun et je lance la marque avec ce truc là et là j'ai tous les magasins qui me demandent ce pétain de stick j'ai tous les magazines qui font un truc dessus parce que c'est un nouveau geste, parce qu'on n'a jamais vu ça. Sans avoir de stratégie derrière. Je ne me dis pas je vais lancer une marque. Je me dis tiens je vais lancer ce produit là. Et il se trouve qu'après j'ai une autre idée d'un autre produit qui n'existe pas, puis un autre, puis un autre, sans stratégie et juste en écoutant la vibration que j'avais dans mon corps à chaque fois. Si ça sonne juste, je le fais. J'ai quand même du bol. J'ai quand même la vie qui m'offre un peu. Mais après, je fais vraiment tout pour que ça sorte. Et vraiment, je bosse tous les jours. Et ça ne vient pas des autres. Je peux te dire que vraiment, je me suis fait chier. Aujourd'hui, oui, on a 1500 points de vente en France. On commence à distribuer à l'international. Oui, on fait des millions de chiffres d'affaires. C'est une grosse boîte. Il y a 15 personnes qui me bossent pour moi. C'est un gros truc. C'est devenu un gros truc parce que je suis montouré. J'ai pris des gens dont c'était le métier. que j'ai rencontré. Aujourd'hui, je ne coiffe plus parce que j'avais fait le tour. Tu vois, ça faisait 20 ans. 20 ans que je coiffais. Donc, je ne coiffe plus. Je n'ai plus le salon non plus. J'ai arrêté tout ce qui m'encombrait dans la vie petit à petit. Donc, vraiment, j'ai arrêté le salon. J'ai arrêté de coiffer. Je me suis concentré sur les produits parce que ça me permettait d'avoir la liberté de moins travailler et de faire ce que j'aime, c'est-à-dire créer des produits, d'avoir des bonnes idées. Voilà. de communiquer sur la marque, ça prend déjà du temps. Tu n'es que dans l'entrepreneuriat. Oui, je ne suis que là-dedans. Il y a un truc qui est arrivé dans nos vies à tous, c'est quand même le Covid, tu vois, en 2020, donc il y a cinq ans. Et je sors des produits en même temps qu'on est confinés, je sors des trucs que j'avais déjà prévus de lancer depuis longtemps. Donc je me rends compte que je gagne de l'argent avec les produits en étant chez moi en jogging, quand on était tous pendant le Covid. Et ça me donne ce truc, ce déclic de... En fait, je vais peut-être m'écouter, je vais peut-être un peu diminuer la coiffure et arrêter de coiffer un petit peu parce que ça fait longtemps que ça me fait chier en fait, que j'en peux plus, que je suis plus aussi dedans. Et je suis dans une maison de campagne que j'ai à l'époque à côté de Paris, à l'intérieur de Paris et on a du temps devant nous et je découvre la nature. C'est vrai que quand j'étais enfant, je regardais les fleurs, les arbres, les trucs, les ciels. Je me suis coupé de ça pendant des années. Et donc c'est le printemps, je plante des graines, elles poussent. Je trouve ça dingue, tu vois, aujourd'hui. Je trouve ça normal de faire pousser sa bouche, mais à l'époque, je trouvais ça dingue de faire pousser une courgette. Et donc on a le temps, et je vois la vie qui pousse, la vie qui se fait un chemin à travers les graines, la vie qui vit partout dans la nature, dans les arbres, dans tout ça, la vie qui bouge. Quand on a ce temps infini devant nous et qu'on ne sait pas quand est-ce que ça va s'arrêter, vraiment, je prends le temps. de temps de me connecter à tout, quoi. Au vent, à la nature, à l'herbe, aux fleurs et tout ça. Et ça me rend dingue, vraiment, à regarder cette nature qui bouge tout autour de nous. Et je me dis, mais c'est ça la vie, en fait. C'est pas autre chose. Le but de la vie, c'est de regarder la vie, quoi. Point barre. C'est pas gagner de l'argent, c'est pas tout ça. Oui, tout ça te permet d'avoir la liberté de te traverser par la vie. Si t'as pas de problème pour payer ton loyer, d'élever tes gosses, évidemment que c'est plus facile. Mais en tout cas, vraiment, c'est cette espèce de truc de « Ah, j'ai plus envie de chercher autre chose dans la vie, j'ai plus envie de chercher autre chose, j'ai plus d'ambition, je veux juste avoir le temps de regarder la vie me traverser et prendre le temps. » On vient de là, on vient de la nature, on vient pas de la ville. Et je pense que la vie, nos travails, tout ça, nous déconnectent. Aujourd'hui, on a l'impression que la nature est extérieure. T'as les gens de la ville et t'as la nature en dehors. Mais non, la nature, elle est partout et on est la nature. On fait partie de cette espèce de truc qui communique ensemble. Beaucoup de gens ont cette révélation, tu vois, c'est assez basique de quitter... paris pour aller vivre à la campagne. Moi, je fais partie du lot. Je ne peux plus. Je ne peux plus aller dans les ampoutéages. Ce n'est plus possible. Je ne peux plus vivre cet espèce de truc sans nature. Ce n'est plus possible. La campagne, ça ne me suffisait même plus. C'était, ok, on va changer de vie. Et on part en vacances à Abélile avec mon mec. Et on vit une semaine de dingue. On surfe, la nature est folle à Belle-Île. Vraiment, elle nous transcende. Vraiment, c'est beau. C'est vraiment l'endroit le plus beau que j'ai jamais vu de ma vie. Et pourtant, j'ai fait vraiment beaucoup de voyages. C'est vraiment beau, ça. Et pourtant, c'est l'été qui est aujourd'hui pas du tout ma saison préférée là-bas. Mais on s'est dit, mais c'est quoi cet endroit, quoi ? Et moi, les produits, ça a commencé à cartonner. et je pouvais prendre du temps. Et donc là, j'ai dit, en fait, et si on vivait ça ? Et si c'était ça notre vie, de vivre ici ? De vivre à Belle-Île, une semaine sur deux, peut-être, ou une semaine par mois. Mais si c'était ça notre nouvel endroit ? En quatre mois, on a le cadre de déménagement qui part, et je dis, putain, on est à Belle-Île, quoi. Et donc là se met une vie en place, où je suis une semaine là-bas, une semaine à Paris. Et j'ai trouvé mon endroit. Je ne sais pas pourquoi cet endroit, c'est sauvage, c'est dur, l'hiver il n'y a personne, on est 3000 sur cette île, je connais tout le monde, je vois toujours les mêmes gueules, ça peut être dur pour les gens, il y a des tempêtes tous les jours, en décembre, janvier, il y a des tempêtes dans la gueule toute la journée, il pleut, vraiment, il faut aimer les voyages intérieurs, il faut aimer, là pour le coup, les tempêtes, la nature, elle t'explose la gueule. Cet endroit m'a inspiré une toute autre vie et m'a fait prendre conscience que ce que je recherchais, ce n'était pas les bons trucs et que le seul truc qui m'importait, c'était la nature, le bien-être de soi d'abord et ensuite de l'arriver sur les autres. Donc ça se fait petit à petit, mais cet endroit m'inspire ça. Donc je me mets à faire du yoga. à distance ou pas à distance, je fais du yoga kundalini. Le yoga kundalini, c'est faire monter l'énergie kundalini qui est en bas de la colonne et tu la fais monter. Et moi, je le mélange avec du breastwork parce que c'est une autre pratique que j'adore qui est une respiration très intense. Enfin, plein de respirations, il y a plein de breastworks différents. Mais c'est un truc plus à l'américaine où tu respires hyper fort avec un coach qui te gueule dessus, avec un micro pour te faire rentrer en trance. C'est plus la recherche de la trance. Alors que le kundalini... C'est un éveil de la conscience, de ton énergie vitale qui monte comme ça et qui t'éveille. Cette transe, c'était vraiment des états que je recherchais, des états de conscience modifiés. Dans toutes les thérapies que j'ai faites toute ma vie pour m'aider à être moi, à être dans mon corps, il y a eu beaucoup de choses qui passaient par le corps. Je ne pourrais même pas dire les noms des thérapies tellement il y en a eu et tellement elles sont cheloues. Mais ça passait par le corps à chaque fois, je me rendais compte que ça passait par le corps. En tout cas, les thérapies que j'avais choisies. C'est comme un oignon que t'épluches. Toutes ces thérapies, elles ont enlevé des couches. Et des couches, et des couches, et des couches. Et en fait, il en reste toujours à enlever. Ça ne s'arrête jamais. Des couches de masques, des trucs de c'est pas moi, des trucs de pas moi. Les gens ne se rendaient pas forcément compte. Mais moi, ça m'épuisait d'être hystéro pour ne pas qu'on voit que je suis mal. Et donc, t'enlèves des couches, t'enlèves des couches, t'enlèves des couches. Il reste du mal-être. Et après, tu enlèves encore des couches et puis une fois que tu as compris que ton histoire c'est toi, peu importe qu'elle soit bien ou pas bien, tu te récupères complètement, tu te récupères toute ta vie, toute ta force. Et donc moi ça passe par le corps, c'est en vibrant, en faisant ces trucs-là par le corps hyper fort de conscience modifiée, de trance, que j'ai accès à mon âme. Et donc aujourd'hui les gens y viennent, je fais des petites retraites, quand je le sens, quand j'ai envie, quand j'ai la... quand j'ai de l'énergie, quand j'ai personne chez moi. Et je poste un petit truc sur Instagram, je dis qui est-ce qui va venir faire une échappée belle, j'appelle ça, de retraite, chez moi, 4 jours. Ça se remplit comme ça en 2 secondes. J'ai des gens en burn-out qui arrivent de Paris et moi je les pose pendant 4 jours. Je les connecte, comme ça, ça sonne un peu gourou d'être sur une espèce d'estrade, d'avoir des gens devant moi et de les faire respirer. Et en même temps, je suis complètement à ma place quand je fais ça. Je ne trouve pas ça bizarre du tout, alors que je leur fais prendre des positions bizarres, ils respirent comme des tarés, ils sont en trance, et moi je trouve ça normal. Toute cette vie pour en arriver là, et ça se trouve, qu'est-ce que ça va être plus tard ? Peut-être que ça me fera chier de recevoir des gens chez moi après. quelques années et que je ferai autre chose, on verra. C'est ça la vie qui se transforme, c'est ça qui est génial, tu vois, ces espèces de cycles qui durent dix ans à chaque fois où tu te réinventes et tu racontes la même, tu fais la même chose sur des supports différents. J'ai révélé des gens pendant des années, à travers leur beauté, à travers... Enfin, vraiment, je révélais, on disait toujours que je révélais et que je transformais pas, je comprenais pas pourquoi on me disait ça, mais c'est vrai que je transformais pas les gens en quelqu'un d'autre, je les révélais avec des petits trucs pour qu'ils soient plus eux-mêmes. Aujourd'hui, je fais la même chose, mais en les faisant respirer, en les faisant bouger et en les connectant à la nature. Et je pense que je suis fort pour ça. Est-ce que tu as des regrets ? Non, je me suis posé la question l'autre jour. Je n'ai pas de regrets. Est-ce qu'aujourd'hui, tu te sens solide dans ce que tu fais ? Oui. Je me sens vraiment solide et ancré, posé et sans rien faire en plus. Je n'ai même pas besoin de te prouver. Qu'est-ce qui, selon toi, te différencie des autres et quelle serait ta valeur ajoutée ? Là, ça ne se voit pas trop parce que je n'ai fait que parler de moi. Mais c'est l'écoute quand même. Je pense que j'ai une très bonne écoute. Et je pense que je sais très vite ce dont les gens sont capables avant eux-mêmes. Et que je sais révéler ça chez les gens. Qu'est-ce qu'on voit de toi et qu'est-ce qu'on ne voit pas ? Il y a toujours... toujours malgré toutes les thérapies, tous les trucs que j'ai pris, et même si je suis très heureux, il y a quand même toujours une mélancolie, une tristesse. Et ça, il faut vraiment vivre avec. Quand tu l'as en fond de toi, finalement, ça ne t'appartient même plus. C'est vraiment un truc que tu es né avec, ça se transmet. Moi, je ne cherche même plus à savoir, en fait. C'est juste au fond et ça ne m'empêche plus de vivre. Ça m'a empêché de vivre pendant longtemps. Parce que, voilà, tu vois, je voulais que ma mère soit heureuse. Donc, du coup, cette tristesse, je l'ai refusée pendant longtemps. Aujourd'hui, je la trouve plutôt douce, cette tristesse. Et elle met dans un état un peu poétique, parfois. Voilà, c'est pas dark. Je la laisse venir, je la regarde, et puis je passe à autre chose, quoi. Est-ce que tu es aligné avec la personne que tu es devenu aujourd'hui ? Oui, je suis vraiment aligné. Dans le corps, dans mes envies, dans l'endroit où je veux vivre, vraiment il y a une espèce de truc qui s'est aligné en peu de temps. Parce que finalement, 5, 6, 10 ans, c'est rien, tu vois. C'est ça, aligner. Il faut vraiment avoir confiance. Là, j'ai vraiment confiance en la vie. Je trouve ça hyper drôle de laisser faire, en fait. De laisser faire, de s'écouter. Vraiment, tu ne sais pas où je vais à chaque fois. Et ça a une utilité au bout d'un moment. Toutes ces mini trajectoires. ça te permet d'aller vers un truc qui est toi à la fin, c'est vraiment génial. La vie et ses expériences, c'est fou quoi. Ouais, tout fait sens, mais c'est long. C'est ça quand tu crois que tu as tout compris à 15-18 ans, mais c'est drôle, tu vois, tu n'as rien compris, tu ne sais rien. Et même aujourd'hui, moi ce que je sais, c'est que je ne sais rien. Parce qu'en fait, tout peut changer du jour au lendemain. Donc je n'affirme rien. En tout cas, j'ai une vraie... J'ai la vraie sensation d'être aligné, oui.
- Speaker #1
Est-ce que l'âge pour toi, c'est quelque chose qui te tiraille dans ta vie ?
- Speaker #0
Ça me tiraille parce que physiquement, c'est compliqué de lâcher la jeunesse et la fierté. fermeté du corps après de lâcher les blocages et et ce qu'on attend de toi et tout ça c'est génial donc c'est vraiment je me balade entre les deux entre quelque chose d'un peu en surface un peu super que ce qu'on peut dire superficielle où j'ai envie que mon visage et ils tiennent un peu droit quoi sans trop tomber et que le corps soit un peu soit un peu joli voilà j'ai pas envie de lâcher ça. et je pense que je suis prêt à vraiment un tout pour pour le tenir le maximum de temps quoi vraiment bas je ferai la chirurgie c'est sûr tu vois je ferai la chirurgie parce que j'ai envie que ça se maintienne ah ouais mais on peut être nature et se faire lifting je vois pas le problème Tu peux être connecté à la nature et c'est pas parce que tu es connecté à la nature que tu dois être dégueulasse, tu vois, ou te laisser... C'est pas se laisser aller, mais en tout cas, moi j'ai vraiment envie que... de faire des choses qui soient ok, d'enlever de la peau qui est en trop, qui tombe un peu à des endroits où c'est vraiment pas beau. Par contre, de laisser des rides, tout ça, j'ai envie de laisser de la vie, j'ai pas envie d'être une espèce de momie. Mais je pense... que j'enlèverai des morceaux de peau qui me dérange à un moment donné pour me maintenir. Et puis j'ai aussi un enfant qui a 4 ans aujourd'hui, qui a un autre projet de vie encore, on en a pas parlé mais bon c'est un enfant de 4 ans que j'ai eu avec mon mec en coparentalité. avec une femme et donc une semaine sur deux on a un gosse qui a 4 ans et j'ai pas envie d'être un vieux papa qui a rien envie de foutre et tout ça j'ai envie d'être le papa qui a envie d'aller surfer avec lui qui a envie de faire des trucs cool et
- Speaker #1
de paraître un peu cool et un peu jeune toi mais est-ce que la parentalité ça a changé quelque chose ?
- Speaker #0
Ça, c'est un truc qui me faisait vraiment flipper la parentalité. J'aimais vraiment pas les gosses. Vraiment, j'en ai rien à foutre. Les enfants des autres, c'est pas quelque chose qui me touche plus que ça. Ça me fait peur, les gosses. Les bébés, laisse tomber. Et pourtant, j'ai suivi mon mec dans ce projet, qui, lui, ne pouvait pas vivre sa vie sans enfants. Et aujourd'hui, à 4 ans, ça me bouscule énormément à tous les niveaux. Déjà d'avoir un enfant qui te dit je t'aime et tout ça, je trouve ça complètement dingue. Comment moi je lui montre que je l'aime. C'est pour moi tout le challenge il est là. Je le vois. Il me regarde droit dans les yeux, il me dit je t'aime Dadou. Et moi je bouge pas, je suis figé. J'ai encore ça à lâcher quoi. J'ai encore ce truc, il faut que je le dise. Il faut que je le montre pour pas avoir peur de le dire. Et lui m'apprend ça. Donc aujourd'hui, je lui montre, des petits trucs, mais lui dire, c'est pas facile. Je sais pas, j'ai encore ce truc de on se dit pas je t'aime. Donc vraiment, mon objectif avec lui, c'est de laisser aller l'amour. J'ai vraiment pas de mal à montrer aux gens que je les aime, et vraiment, je ferai tout pour eux. Mais à le dire, je sais pas, je suis pas quelqu'un qui le dit, je suis quelqu'un qui le montre, mais... Merci. Donc lui va apprendre ça parce que cette facilité, cette joie, après elle va se barrer cette joie de vivre, la vie va lui passer dessus, mais là vraiment à 4 ans on est sur une espèce de pureté d'âme. Apparemment il a la vie géniale. Il a deux papas et une maman. Tout le monde est super. Vraiment, il n'a que de l'amour. Il est ultra désiré. Après, moi, je ne l'ai que pour les vacances à Belle-Île. Il est à l'école à Paris. Je l'ai pour les vacances. Mais ça me convient très bien. Toutes les 6-8 semaines, il est à Belle-Île. Une semaine, 15 jours. Je n'ai pas le quotidien. Je n'ai que le fun. Et heureusement, parce que déjà, que le fun sur ça dure. Donc tous les jours, les parents qui ont des enfants, tous les jours. Nous, on l'a une semaine sur deux, quand mon mec l'a une semaine sur deux. Putain, mais déjà, c'est dur. Vraiment, c'est vraiment un métier, quoi. C'est vraiment dur d'élever un enfant. Bah, tu t'oublies, en fait, complètement pour eux. C'est très dur. Oui, bien sûr, mais c'est vrai que moi, c'est quand même tourner autour de moi, ma vie. Je prends le temps d'aller bien, je prends le temps de m'exprimer, je prends le temps de réfléchir, qu'est-ce que j'ai vraiment envie de faire, blablabla. Ah ben, quand t'es pas, t'es dans le tunnel. Donc moi, ça me fait toujours un choc quand il vient. Je me disais, putain, mais j'ai pas eu le temps de penser à moi cette semaine. Ça me fait bizarre. Et en même temps, ça fait du bien de se décentrer un petit peu. Et puis il va me bousculer, tu vois, avec ses petits je t'aime, avec ses petits câlins, avec ses trucs. Je suis là, c'est fou cet amour, en fait, qu'il a au fond de lui. Donc c'est lui qui vient me réparer, quand même, je pense. En plus, il me ressemble alors qu'il ne devrait pas me ressembler, parce que c'est mon mec, le père et sa mère. Les deux sont bruns et lui, il est blond comme moi. Enfin, il a les boucles comme moi. Il ne ressemble pas du tout à ses parents. Il me ressemble. Et donc là, encore une fois, je trouve qu'il y a un petit coup de l'univers qui est de, ah, tu ne voulais pas être père ? Bah, regarde, tu vas être père, mais d'une manière différente, en fait. Ça va venir de ce que tu dois l'expérimenter. Et c'est ce truc-là que je dois expérimenter, c'est d'être père. Alors que je n'en ai pas envie. Non mais lui, c'est le seul qui m'intéresse. Franchement, je le dis honnêtement. Maintenant, j'arrive à être touché par les parents avec leurs gosses. Tout ça, j'arrive quand même à... Avant, il ne fallait pas qu'il y ait un gosse qui fasse le moindre bruit. Sinon, j'étais là, putain, arrêtez, il faut me bruer. Maintenant, je suis quand même plus dans la compréhension. Sauf les gamins hystériques, vraiment, ça me saoule. Ceux qui crient toute la journée, j'ai envie de les buter. Mais lui, vraiment, j'accepte beaucoup de choses. Parce qu'il me touche, ouais.
- Speaker #1
Qu'est-ce que tu aimais qu'on dise de toi avant et qu'est-ce que tu aimerais qu'on dise de toi aujourd'hui ?
- Speaker #0
Que j'étais un ange. Alors, je ne sais pas pourquoi, mais ce truc-là, il revenait très souvent de mes amis, de tous mes mecs, de vraiment ce truc-là. Je pense que c'est la douceur aussi, mes cheveux blonds, bouclés, machin, il y avait une espèce de truc où... Et puis j'ai l'air bien que les gens soient bien. Donc j'aimais bien faire plaisir quoi. J'aimais bien qu'on m'aime bien pour cette douceur. J'aimais bien... Voilà, je trouvais que c'était... Je trouvais ça joli. Et ce que j'aimerais qu'on me dise de moi aujourd'hui ? Ben j'aime bien qu'on me dise, et on le dit souvent, c'est « Ah mais toi, aujourd'hui, t'en as plus rien à foutre. » C'est vraiment satisfaisant quand même de... Alors quelque part, il y a un peu un mauvais côté de... Bon, tu fais vraiment plus d'efforts. Vraiment, les gens qui t'apprennent d'être sympa, t'es pas sympa. Il y a un peu ce truc-là derrière. C'est vrai que j'ai un peu mes têtes quand même. Mais si j'ai envie d'aimer, d'être bien avec les gens, et puis de faire ce que je veux, vraiment dans la vie, vraiment ce que je veux, d'en avoir plus rien à foutre de la carrière. Mon ambition, ça n'existe plus. Mais avant, je voulais être un coiffeur star à New York, quoi. Je voulais tout ça. Aujourd'hui, je me rends compte que ça passe à la vie, et ça me fait marrer. Tant que je ne suis pas un vieux con odieux, pseudo-chaman sur son île, ermite, tu vois, il faut que ça reste bienveillant. Je n'en ai plus rien à foutre, mais bienveillant.
- Speaker #2
Qu'est-ce qui te manque aujourd'hui ?
- Speaker #0
Il me manque ce qu'on a un peu évoqué tout à l'heure, de... De ne pas avoir peur d'aimer, quoi. Et encore ce truc-là. Je brise des trucs petit à petit. Vraiment, j'épluche l'oignon et vraiment, je m'y approche. J'ai envie d'aimer dans la vie. Vraiment, de dire aux gens que je les aime, d'aller prendre dans mes bras, de ne pas avoir peur. J'ai vraiment peur, toujours.
- Speaker #1
J'ai vu, je t'ai ouvert la porte, je t'ai pris dans mes bras, tu m'as dit, ah non, pas de contact.
- Speaker #0
Bon, il fait chaud aussi. Mais c'est vrai que c'est un truc. Je suis pas du tout... Il me faut du temps vraiment. Faut vraiment que je me lance en sécurité avec les gens pour me lâcher physiquement dans les bras de quelqu'un. Mais bon, tu verras quand ma mère me dit bonjour, tu le comprendras très vite. C'est un bloc de pierre, donc j'ai pas eu ça moi. Faut tout réapprendre, tu vois. C'est ça quand même, et c'est pour ça que j'ai pas envie de transmettre ça à Kido. J'ai pas envie du... qui se disent putain l'amour c'est un bloc de pierre j'ai envie qu'ils sentent une espèce de chaleur humaine, alors il l'a avec sa mère, il l'a avec son père donc il sera pas en manque, mais j'ai envie de lâcher ce truc là, ça m'empêche moi c'est ça que je retiens aujourd'hui, mon histoire bon bah j'espère que ce sera du miel dans vos oreilles et que ça va vous inspirer de trois trucs mais je suis aussi fier que cet objet podcast existe Ton podcast. Trajectoire.
- Speaker #1
Merci d'avoir écouté cette trajectoire. Si cet épisode vous a touché, n'hésitez pas à le liker, à le commenter, à le partager autour de vous. C'est grâce à vous que ce podcast peut vivre, grandir et continuer à faire entendre ces voix qu'on connaît, mais qu'on découvre autrement ici.