Description
Le témoignage de Julia Riou, dont le tempérament aventurier l'a amené à beaucoup voyager, et à tenter sa chance dans le secteur de l'énergie.
Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
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Le témoignage de Julia Riou, dont le tempérament aventurier l'a amené à beaucoup voyager, et à tenter sa chance dans le secteur de l'énergie.
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Transcription
Bonjour et bienvenue dans le deuxième épisode de Trajectoire. Avant d'écouter Julia Rillou pour parler de sa carrière dans l'industrie, j'accueille notre sponsor Depardieu Broca Maffei. Je suis avec Johanna Gumpelson, avocate spécialisée en restructuration et associée au sein du cabinet Depardieu pour évoquer la parité dans ce secteur. Bonjour Johanna.
Bonjour Daphné.
Quel chiffre illustre le mieux, à ton avis, la faible présence des femmes dans l'industrie ?
Dans l'industrie en France, les femmes représentent à peu près 28,5% des effectifs et 15% des comités de direction. Non seulement les femmes sont sous-représentées, mais les chiffres évoluent lentement. S'agissant en particulier des entreprises du FBS 120, si le nombre de femmes dans les comités de direction a doublé en 5 ans, les femmes n'occupent que 17% des postes opérationnels. En 2024, et c'était seulement 13% en 2019.
Mais comment expliquer cette disparité ?
Probablement par un ensemble de facteurs à chaque étape du projet professionnel des femmes. Au niveau des études, d'abord avec un frein exprimé, non exprimé vis-à-vis des études d'ingénieurs. Au niveau des entreprises elles-mêmes. avec un manque d'incitation ou en tout cas sur la période charnière pour les femmes qui est entre 30 et 45 ans, quand elles ont des enfants en bas âge, et probablement un frein au niveau des femmes elles-mêmes avec ce qu'on appelle communément le plafond de verre.
Bonjour et bienvenue à l'écoute de Trajectoire. Dans chaque épisode, le club HEC We & Men donne la parole à une femme reconnue dans son secteur d'activité et décidée à faire bouger les lignes. Trajectoire, c'est 20 minutes pour découvrir un rôle modèle et ça commence tout de suite. Avec Julia Rioux, ambassadrice HEC We & Men que je vous fais découvrir aujourd'hui. Julia Rioux est directrice stratégie et développement marketing chez Rubis Énergie, un groupe distributeur de gaz liquéfié et de carburant pour les stations-service, pour le secteur marin ou l'aviation, et également fournisseur de bitume. Ce groupe est actif dans plus de 40 pays, notamment en Europe, en Afrique et dans les Caraïbes. Julia incarne un leadership à la fois stratégique, multiculturel et profondément humain. Et pourtant, rien ne prédestinait Julia à ce poste. Petite, elle rêvait d'être archéologue ou chasseuse de trésors sous-marins. Un goût de l'aventure qu'on retrouve dans ses chouettes carrières. Départ seule à 21 ans au Canada, puis en Australie. Une vie professionnelle marquée par des expériences terrain, notamment au Kenya où elle pilote le développement de nouvelles offres dans les stations-service. Au fil des années, Julia a su conjuguer ambition, résilience et institution pour s'imposer dans le secteur exigeant. et encore largement masculin de l'énergie. Portée par la conviction que même les industries les plus traditionnelles, comme celles des hydrocarbures, peuvent être des terrains d'innovation, Julia s'emploie à faire bouger les lignes sans rien renier de la complexité du terrain. Je suis Daphné Segretin, directrice des contenus HEC Éditions, et je suis ravie d'accueillir Julia Rioux, ambassadrice WMM. Bonjour Julia !
Bonjour Daphné !
Merci d'être avec nous aujourd'hui. Alors, je l'ai dit... En intro petite, tu voulais être archéologue ou chasseuse de trésors sous-marins. Aujourd'hui, tu pilotes la stratégie marketing d'un groupe énergétique, Rubia Energy, présent sur trois continents. Qu'est-ce qui relie ces deux mondes ? Est-ce qu'il y a un certain goût de l'exploration ?
Absolument. Je pense le goût de l'exploration définitivement, les voyages aussi, explorer, découvrir le monde. Et puis, pour l'archéologie, chasseuse de... Trésor sous-marin, c'est la fascination de me dire je peux revivre le passé grâce à la science et à mon imagination. Je peux me balader dans le passé en me promenant sur un lieu.
Donc il y a un genre de voyage dans le temps et de voyage entre les continents sur Terre en même temps. Tu es partie à 21 ans au Canada puis tu as vécu en Australie longtemps. Et au Kenya, qu'est-ce qui t'a poussée à quitter la France aussitôt ? Tu avais une envie de liberté ?
Oui, de liberté et d'aventure. Le Canada et l'Australie depuis toujours étaient des pays sur ma bucket list où je voulais absolument aller. Et j'ai saisi les opportunités, donc là, grâce à mes études, j'ai pu aller d'abord au Canada, puis en Australie. Et finalement, l'Australie, je devais y rester six mois, je suis restée sept ans. Donc je dirais saisir les opportunités et l'envie de découvrir le monde.
Tu es allée en Australie, à Melbourne, je crois, pour un stage en fin de master. Et finalement, tu es restée, on t'a proposé un poste et tu as évolué comme ça pendant cinq ans là-bas ?
C'est ça, j'ai fini mon master en échange à Melbourne. Puis, j'ai trouvé mon stage de fin d'études à la BNP en Asset Management. Et j'ai eu la chance de pouvoir rester cinq ans. L'équipe était super, ça m'a fait découvrir la culture australienne qui est très agréable à vivre. Melbourne est une très belle ville, très agréable à vivre aussi. Et voilà, ces sept ans passent aussi vite que six mois.
Et puis, tu es rentrée comme tout le monde ou comme beaucoup de personnes un peu avant le Covid.
Je suis rentrée en plein Covid et j'ai eu la chance de m'échapper de l'Australie, si je peux dire comme ça, quelques jours avant qu'ils ne ferment les frontières, puisqu'ils ont fermé les frontières pendant, je crois, deux, trois ans après, pendant le Covid. Ça a été très long pour eux.
Oui,
deux, trois ans après le Covid. Tu occupes aujourd'hui un poste global chez Rubis Énergie dans un groupe décentralisé où tu dois à la fois impulser une vision stratégique et respecter les dynamiques locales. Est-ce que tu peux nous donner un exemple concret de ce que ça veut dire dans ton quotidien ?
Tout à fait. La décentralisation chez nous est très importante, ça fait partie de notre ADN. C'est aussi ce qui attire nos alent et qui fait que le groupe va si bien. Un de mes projets en ce moment, c'est de partager les connaissances, partager les bonnes idées. partager les projets. Donc, on se rend compte qu'une filiale avance très bien, génère des projets localement, bien sûr, s'adapte au terrain. Et une autre filiale, dans un autre pays ou sur un autre continent, peut s'approcher de la même idée ou vouloir développer quelque chose de similaire. Et donc, ce qui manque, en fait, c'est cet échange. Et donc, mon idée, c'est de créer des communautés métiers qui permettent, par thématique ou par métier, d'échanger, de partager les bonnes pratiques. de s'inspirer en fonction des projets qui ont déjà été réalisés et de voir ce qui peut être adapté localement.
Est-ce que tu peux nous donner un exemple concret de ce que ça veut dire dans le quotidien, justement, qu'on se rende compte ?
C'est faire la part des choses entre l'impulsion du siège, la direction stratégique du siège, là où on veut aller, les thématiques que l'on souhaite soutenir dans les années qui viennent et comprendre la réalité terrain. Concrètement, je pense que ce qui aide, c'est d'être très au fait de ce qui se passe dans les filiales. pour ne pas prendre des décisions déconnectées de la réalité, ce qui peut aussi frustrer les équipes et qui est contre-productif.
Tu as un exemple en tête, peut-être quelque chose dans les Caraïbes ?
Alors dans les Caraïbes, par exemple la distribution de lubrifiants, il y a différents marchés, je ne vais peut-être pas rentrer dans les détails, mais il y a différents marchés en fonction de si c'est un client commercial ou si ce sont des clients comme vous et moi avec une voiture. Et ce qui fonctionne bien par exemple au Kenya comme façon de vendre, comme... comme impulsion et stratégie de l'équipe commerciale, ne va pas forcément bien fonctionner dans les Caraïbes parce qu'ils ont un target market qui est différent et on va plutôt avoir des clients commerciaux comme par exemple des power gen, donc des sociétés électriques locales qui ont besoin d'un produit différent. Et c'est ça qui va faire la majorité des ventes de notre filiale. Donc c'est comprendre les spécificités locales pour ne pas appliquer ou ne pas obliger Merci. les filiales à aller sur une route qui en fait ne leur convient pas.
Parfois, est-ce qu'il faut savoir faire le grand écart entre la vision du siège et la réalité terrain ?
Je ne dirais pas grand écart puisque maintenant, vu que ça a toujours été l'ADN du groupe, il y a une grande conscience de cela. Alors je dirais peut-être qu'il est difficile, ce qui peut être un petit peu plus délicat à appliquer, ce sont toutes les règles CSRD, RSE qui sont apparues ces dernières années, ou surtout étant un groupe français. côté à la Bourse de Paris et donc sous règles françaises et européennes, il y a des directives forcément à appliquer. C'est comme un nouveau système de comptabilité finalement. Il faut vivre avec. Il y a donc des choses à appliquer. Cependant, la réalité locale fait que certaines règles ou certains reportings ou certaines informations ne font aucun sens ou sont difficiles à obtenir ou tout simplement ne font pas de sens par rapport à la réalité locale, par exemple à Madagascar. versus ce qui peut être dans un pays développé comme la Suisse.
On va aborder un autre chapitre, on va parler de passion, de sens et de leadership. Ce qui t'anime aussi, si on a bien compris, c'est le lien humain, les talents, l'innovation dans un secteur qu'on n'associe pas spontanément à la modernité. Comment est-ce que tu fais pour insuffler cet esprit ?
Alors encore une fois, je pense grâce aussi à mon expérience opérationnelle au Kenya, avec un scope en Afrique de l'Est. Donc bien connaître... Les dynamiques, les produits, les attentes des clients permettent de se rendre compte qu'il y a un besoin de modernité qui n'est pas forcément la première chose à laquelle on pense lorsqu'on dit « je travaille dans une entreprise qui markete des produits pétroliers » . Il y a un grand besoin de modernité puisque derrière ça... Nous sommes derrière le développement d'un pays. L'énergie est au centre de tout, finalement, qu'elle soit carbonée, moins carbonée ou verte. C'est au centre de tout pour le développement d'un pays. Et donc, les innovations, on le voit au niveau de quel type de produit, quelle technologie on peut utiliser. Et puis, il y a aussi la thématique de la digitalisation qui est de plus en plus importante. Les clients veulent interagir avec nous de façon digitale, rapidement. Et donc, c'est prendre en compte tout ça. voir ce qui peut être développé, intégré, même au niveau de l'intelligence artificielle pour mieux répondre à la demande de nos clients. Donc, c'est être à l'affût des dernières technologies, échanger énormément et vraiment une connaissance très fine du terrain qui permet de ne pas faire fausse route.
Tu t'es longtemps appuyée sur des figures masculines comme mentor. Tu parles d'un moment de dissonance, tu as été entourée de mentors masculins, tu t'es interrogée sur la place des femmes comme repère. Qu'est-ce que cette prise de conscience a déclenché chez toi ?
C'est peut-être pour ça aussi que je suis là aujourd'hui. En fait, j'ai eu la chance, parce que je considère que c'est une chance, d'avoir eu des mentors masculins tout au long de ma carrière. Et je les remercie pour vendement, ils m'ont énormément apporté. Mais c'est vrai qu'à partir du moment où on commence à se questionner et se demander quel genre de personne nous souhaitons être au travail, pour nos collaborateurs, dans le futur, qui souhaitons-nous être, je me rendais compte qu'il y avait beaucoup de qualités qui pourrait être logiquement associés à des qualités masculines que j'admirais. Et je me suis moi-même posé la question, je me suis remise en question en me disant qu'est-ce qui peut être un peu féminin ou est-ce que ça doit être forcément divisé entre le masculin et le féminin ? Qu'est-ce que je recherche ? Et c'est vrai que l'opportunité d'être ambassadrice trajectoire, je trouve que c'est fascinant parce que ça permet de participer à cette conversation. Je me suis dit à un moment, qui suis-je pour participer à Trajectoire HEC ? Mais l'alternative de ne rien faire non plus n'était pas OK avec moi. Et donc, c'est un peu ça qui a démarré ma réflexion en me disant, je souhaiterais voir, j'aurais aimé voir tout au long de ma carrière, des figures, des femmes à des postes de direction qui m'auraient inspirée. J'ai la chance d'être entourée de femmes autour de moi, sous un cercle social qui m'inspire tous les jours. Mais voilà, c'est ça qui m'a manqué. J'aurais aimé être inspirée par des femmes plus souvent dans ma carrière.
Et tu m'emmènes directement dans cette transition sur la place des femmes dans un secteur traditionnellement masculin. Le secteur de l'énergie. Dans ce secteur de l'énergie très masculin, il y a seulement 27,2% de femmes dans les industries électriques et gazières en France. ... Est-ce que tu as ressenti cette sous-représentation au cours de ta carrière ?
Absolument. Alors, il y a plusieurs raisons pour cela, je pense. Parce que j'y réfléchis beaucoup, parce que je cherche en fait comment... Je pense qu'il faut revenir à la source pour pouvoir justement montrer que c'est un secteur tout aussi attirant et où on peut s'épanouir. Et la source, pour moi, c'est lorsque l'on est plus jeune. Et en fait, les personnes que l'on croise, que ce soit sur nos dépôts, dépôts dans les... les équipes qui sont plutôt dans le marketing de produits pétroliers, donc on va dire les stations-service, etc., on a des profils ingénieurs. Traditionnellement, c'est aussi plutôt masculin. Et j'ai envie de dire aussi, nous héritons de l'histoire, puisque ce secteur était traditionnellement masculin. Donc, nos general managers jusqu'ici, nos personnes à la direction qui sont dans le groupe depuis des dizaines d'années, effectivement, ils ont démarré tout jeunes. la vingtaine et ils ont démarré dans ce secteur donc naturellement c'est une progression de carrière naturelle où ils se retrouvent en plus grand nombre dans les postes de direction donc effectivement j'ai remarqué ça bien sûr on encourage l'accès à toutes les opportunités de façon égale et j'avoue que les là où je retrouve le plus de femmes dans les postes de direction c'est en afrique donc en afrique de l'est Voilà, c'est assez rigolo, où nous avons une de nos directrices de filiale au Rwanda, qui est une femme, notre responsable de tous les dépôts de la zone, qui est une femme également.
Des femmes et des Rwandaises ?
Une Rwandaise et une Zambienne, donc très inspirants, des profils très inspirants, qui, pour la directrice de la filiale au Rwanda, ne venaient pas spécifiquement du secteur Olengas. donc encore une fois c'est de se dire Ce n'est pas parce que je n'ai pas fait ingénieur, ce n'est pas parce que je n'ai pas fait que du secteur oil and gas toute ma vie, que je ne peux pas essayer de découvrir cette industrie et découvrir ce secteur.
Qu'est-ce qui doit encore changer dans les mentalités, dans les entreprises, pour que les femmes puissent, comme toi, évoluer pleinement dans des secteurs où elles sont vraiment trop peu visibles encore ?
Alors, je pense que le changement est en cours. Je pense que le changement est en cours.
Et en cours partout, donc ?
Je pense. Alors, ça dépendra toujours, je pense, aussi de l'entreprise, bien sûr, de la culture de l'entreprise et de l'atmosphère dans l'entreprise. De mon côté, j'ai démarré d'abord en finance, donc en asset management, puis dans l'industrie. J'ai toujours eu la chance de tomber dans des entreprises où il y a cette culture d'accès égal. aux opportunités, encourager. En fait, pas de distinction, finalement, entre est-ce que tu es une femme, est-ce que tu es un homme. C'est vraiment les compétences, ce que tu apportes à l'entreprise, comment tu grandis. Et c'est regarder de façon égale. Ce qui doit encore changer, je pense, c'est vraiment, encore une fois, j'en reviens, je pense au niveau de l'éducation quand on est tout jeune. Parce que si je repense à qui j'étais quand j'avais 15, 20 ans, effectivement, je voulais être archéologue, mais après... Une fois que j'ai démarré mes études, j'étais dans mes études de commerce. Je pense qu'inconsciemment, on nous oriente encore vers des métiers encore traditionnellement marketing, communication. Après, il y a ceux qui ont une vocation.
Quand tu dis on vous oriente, c'est parce que tu étais une jeune femme.
Je pense que c'est encore très diffus, mais je l'ai ressenti et je me suis posé cette question-là. Et en fait, j'aurais aimé peut-être avoir plus accès. à des informations dans ces secteurs-là, comprendre un petit peu plus, être plus exposée.
Est-ce que tu penses que ces infos, elles étaient plus données aux garçons de ta promo, par exemple ?
Ou est-ce qu'il y a eu un tropisme particulier par les garçons de ma promo vers des secteurs plus traditionnellement masculins ? Je n'ai pas vraiment la réponse, mais je pense qu'il est important d'en parler plus et d'exposer vastement, en fait, hommes et femmes à... ces différents secteurs traditionnellement de l'industrie parce qu'encore une fois, on peut être tout autant créatif et s'éclater dans ces secteurs que dans un grand groupe traditionnellement dans le luxe où on a plus de femmes. Et vraiment, c'est quelque chose que je suis fière de porter ce message parce que chaque jour est différent. Il y a énormément de choses à faire et les différentes femmes que je rencontre jusqu'ici qui sont dans l'industrie sont passionnées par leur travail. Il n'y a pas qu'une seule voie, celle d'être ingénieur. Il n'y a pas qu'une seule voie, celle d'être dans ce secteur-là depuis toujours.
Aujourd'hui, Julia, en tant qu'ambassadrice WeAndMen, quel message tu voudrais adresser aux jeunes femmes qui hésitent à s'engager dans les secteurs de l'énergie, sachant que la parité est encore loin d'être atteinte ?
De ne pas hésiter, tout simplement. Et je considère que même s'il y a hésitation pour telle et telle raison, c'est vraiment important de se sortir de sa zone de confort. C'est comme ça qu'on grandit. Et en essayant, c'est comme ça qu'on peut découvrir des vocations. Donc c'est vraiment important de se dire, finalement, de ne pas forcément se poser la question en termes de secteur, mais de se dire, qu'est-ce qui me fait vibrer dans un travail ? Où est-ce que je vais avoir de l'impact ? Et aujourd'hui, au sens large, le secteur de l'énergie est en grande transformation. Donc si on veut avoir de l'impact, si on est créatif, si on veut mener à bien des projets et vraiment pouvoir changer les choses, c'est un secteur passionnant.
On va parler équilibre maintenant. Tu as beaucoup voyagé et j'ai l'impression que tu voyages encore pas mal. Tu es passionnée par la plongée sous-marine, la nature, les animaux. Comment est-ce que tu arrives à préserver cette bulle d'équilibre dans un quotidien qui doit être très exigeant ?
J'aime beaucoup prendre des moments pour moi. Donc tout revient encore une fois à apprendre à se connaître et comprendre comment on fonctionne pour justement être à la fois le plus efficace mais aussi avoir des espaces de respiration où justement on peut se recharger. Je me recharge en lisant, en étant seule et aussi en partageant des moments avec les gens que j'aime, bien évidemment. Alors j'adore découvrir les nouveaux restaurants, j'adore partager des moments autour du vin et d'une bonne cuisine. Mais effectivement, c'est avant tout apprendre à se connaître et comprendre lorsque je voyage beaucoup, effectivement. Donc très vite, on peut être embarqué par le rythme et c'est de se dire, OK, je sais qu'après dix jours de déplacement, et des dossiers à finaliser, je vais avoir un moment où ça va coincer, un petit boulot d'étranglement. Donc, soit je pousse à travers et c'est là où on peut être en burn-out. Mais voilà, exactement. Ou alors, prendre une respiration et se dire « Ok, je sais, c'est comme ça que je vais organiser mon mois. » Et vraiment prendre ces respirations. C'est un investissement en soi, en fait.
On parle souvent de quête de sens, notamment maintenant avec les jeunes générations. Pour toi, un travail qui a du sens, c'est quoi ?
Alors pour moi, c'est bien sûr, il y a l'entreprise in fine et son impact dans le monde, bien sûr. Donc ça, c'est important. Pour moi, c'est aussi comment tous les jours, on impacte les gens autour de nous, donc nos collaborateurs. À partir du moment où on a un poste à responsabilité avec une équipe en dessous, c'est comment faire grandir les gens et comment se lever tous les matins, arriver au travail et apporter du positif dans l'environnement. Puisque finalement, on passe tellement de temps au bureau, si on ne peut pas se lever avec une vision de se dire « je vais apporter quelque chose de positif dans l'atmosphère au bureau » , C'est vraiment dommage. On se prive de beaucoup.
Ça, c'est sûr. Qu'est-ce que tu dirais aujourd'hui à un jeune Julien à sa sortie d'HEC ?
Que tu n'imagines pas à quel point d'avoir décidé de faire HEC va être positif pour toi et pour les gens autour de toi, à quel point ça va lui ouvrir l'esprit et lui faire rencontrer des personnes fantastiques. Et vraiment, c'est ça que je n'imaginais pas. Le réseau HEC... rencontrer des personnes et encore une fois, on en revient aux aventures. C'était vraiment passionnant.
Merci beaucoup, Julia Rioux, d'avoir pris le temps de venir au micro du podcast Trajectoire et merci pour ces ondes positives.
Merci beaucoup pour les chants.
A bientôt. Merci d'avoir été avec nous. Retrouvez tous les épisodes de Trajectoire sur Spotify et sur le site hcstories.fr.
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Le témoignage de Julia Riou, dont le tempérament aventurier l'a amené à beaucoup voyager, et à tenter sa chance dans le secteur de l'énergie.
Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Transcription
Bonjour et bienvenue dans le deuxième épisode de Trajectoire. Avant d'écouter Julia Rillou pour parler de sa carrière dans l'industrie, j'accueille notre sponsor Depardieu Broca Maffei. Je suis avec Johanna Gumpelson, avocate spécialisée en restructuration et associée au sein du cabinet Depardieu pour évoquer la parité dans ce secteur. Bonjour Johanna.
Bonjour Daphné.
Quel chiffre illustre le mieux, à ton avis, la faible présence des femmes dans l'industrie ?
Dans l'industrie en France, les femmes représentent à peu près 28,5% des effectifs et 15% des comités de direction. Non seulement les femmes sont sous-représentées, mais les chiffres évoluent lentement. S'agissant en particulier des entreprises du FBS 120, si le nombre de femmes dans les comités de direction a doublé en 5 ans, les femmes n'occupent que 17% des postes opérationnels. En 2024, et c'était seulement 13% en 2019.
Mais comment expliquer cette disparité ?
Probablement par un ensemble de facteurs à chaque étape du projet professionnel des femmes. Au niveau des études, d'abord avec un frein exprimé, non exprimé vis-à-vis des études d'ingénieurs. Au niveau des entreprises elles-mêmes. avec un manque d'incitation ou en tout cas sur la période charnière pour les femmes qui est entre 30 et 45 ans, quand elles ont des enfants en bas âge, et probablement un frein au niveau des femmes elles-mêmes avec ce qu'on appelle communément le plafond de verre.
Bonjour et bienvenue à l'écoute de Trajectoire. Dans chaque épisode, le club HEC We & Men donne la parole à une femme reconnue dans son secteur d'activité et décidée à faire bouger les lignes. Trajectoire, c'est 20 minutes pour découvrir un rôle modèle et ça commence tout de suite. Avec Julia Rioux, ambassadrice HEC We & Men que je vous fais découvrir aujourd'hui. Julia Rioux est directrice stratégie et développement marketing chez Rubis Énergie, un groupe distributeur de gaz liquéfié et de carburant pour les stations-service, pour le secteur marin ou l'aviation, et également fournisseur de bitume. Ce groupe est actif dans plus de 40 pays, notamment en Europe, en Afrique et dans les Caraïbes. Julia incarne un leadership à la fois stratégique, multiculturel et profondément humain. Et pourtant, rien ne prédestinait Julia à ce poste. Petite, elle rêvait d'être archéologue ou chasseuse de trésors sous-marins. Un goût de l'aventure qu'on retrouve dans ses chouettes carrières. Départ seule à 21 ans au Canada, puis en Australie. Une vie professionnelle marquée par des expériences terrain, notamment au Kenya où elle pilote le développement de nouvelles offres dans les stations-service. Au fil des années, Julia a su conjuguer ambition, résilience et institution pour s'imposer dans le secteur exigeant. et encore largement masculin de l'énergie. Portée par la conviction que même les industries les plus traditionnelles, comme celles des hydrocarbures, peuvent être des terrains d'innovation, Julia s'emploie à faire bouger les lignes sans rien renier de la complexité du terrain. Je suis Daphné Segretin, directrice des contenus HEC Éditions, et je suis ravie d'accueillir Julia Rioux, ambassadrice WMM. Bonjour Julia !
Bonjour Daphné !
Merci d'être avec nous aujourd'hui. Alors, je l'ai dit... En intro petite, tu voulais être archéologue ou chasseuse de trésors sous-marins. Aujourd'hui, tu pilotes la stratégie marketing d'un groupe énergétique, Rubia Energy, présent sur trois continents. Qu'est-ce qui relie ces deux mondes ? Est-ce qu'il y a un certain goût de l'exploration ?
Absolument. Je pense le goût de l'exploration définitivement, les voyages aussi, explorer, découvrir le monde. Et puis, pour l'archéologie, chasseuse de... Trésor sous-marin, c'est la fascination de me dire je peux revivre le passé grâce à la science et à mon imagination. Je peux me balader dans le passé en me promenant sur un lieu.
Donc il y a un genre de voyage dans le temps et de voyage entre les continents sur Terre en même temps. Tu es partie à 21 ans au Canada puis tu as vécu en Australie longtemps. Et au Kenya, qu'est-ce qui t'a poussée à quitter la France aussitôt ? Tu avais une envie de liberté ?
Oui, de liberté et d'aventure. Le Canada et l'Australie depuis toujours étaient des pays sur ma bucket list où je voulais absolument aller. Et j'ai saisi les opportunités, donc là, grâce à mes études, j'ai pu aller d'abord au Canada, puis en Australie. Et finalement, l'Australie, je devais y rester six mois, je suis restée sept ans. Donc je dirais saisir les opportunités et l'envie de découvrir le monde.
Tu es allée en Australie, à Melbourne, je crois, pour un stage en fin de master. Et finalement, tu es restée, on t'a proposé un poste et tu as évolué comme ça pendant cinq ans là-bas ?
C'est ça, j'ai fini mon master en échange à Melbourne. Puis, j'ai trouvé mon stage de fin d'études à la BNP en Asset Management. Et j'ai eu la chance de pouvoir rester cinq ans. L'équipe était super, ça m'a fait découvrir la culture australienne qui est très agréable à vivre. Melbourne est une très belle ville, très agréable à vivre aussi. Et voilà, ces sept ans passent aussi vite que six mois.
Et puis, tu es rentrée comme tout le monde ou comme beaucoup de personnes un peu avant le Covid.
Je suis rentrée en plein Covid et j'ai eu la chance de m'échapper de l'Australie, si je peux dire comme ça, quelques jours avant qu'ils ne ferment les frontières, puisqu'ils ont fermé les frontières pendant, je crois, deux, trois ans après, pendant le Covid. Ça a été très long pour eux.
Oui,
deux, trois ans après le Covid. Tu occupes aujourd'hui un poste global chez Rubis Énergie dans un groupe décentralisé où tu dois à la fois impulser une vision stratégique et respecter les dynamiques locales. Est-ce que tu peux nous donner un exemple concret de ce que ça veut dire dans ton quotidien ?
Tout à fait. La décentralisation chez nous est très importante, ça fait partie de notre ADN. C'est aussi ce qui attire nos alent et qui fait que le groupe va si bien. Un de mes projets en ce moment, c'est de partager les connaissances, partager les bonnes idées. partager les projets. Donc, on se rend compte qu'une filiale avance très bien, génère des projets localement, bien sûr, s'adapte au terrain. Et une autre filiale, dans un autre pays ou sur un autre continent, peut s'approcher de la même idée ou vouloir développer quelque chose de similaire. Et donc, ce qui manque, en fait, c'est cet échange. Et donc, mon idée, c'est de créer des communautés métiers qui permettent, par thématique ou par métier, d'échanger, de partager les bonnes pratiques. de s'inspirer en fonction des projets qui ont déjà été réalisés et de voir ce qui peut être adapté localement.
Est-ce que tu peux nous donner un exemple concret de ce que ça veut dire dans le quotidien, justement, qu'on se rende compte ?
C'est faire la part des choses entre l'impulsion du siège, la direction stratégique du siège, là où on veut aller, les thématiques que l'on souhaite soutenir dans les années qui viennent et comprendre la réalité terrain. Concrètement, je pense que ce qui aide, c'est d'être très au fait de ce qui se passe dans les filiales. pour ne pas prendre des décisions déconnectées de la réalité, ce qui peut aussi frustrer les équipes et qui est contre-productif.
Tu as un exemple en tête, peut-être quelque chose dans les Caraïbes ?
Alors dans les Caraïbes, par exemple la distribution de lubrifiants, il y a différents marchés, je ne vais peut-être pas rentrer dans les détails, mais il y a différents marchés en fonction de si c'est un client commercial ou si ce sont des clients comme vous et moi avec une voiture. Et ce qui fonctionne bien par exemple au Kenya comme façon de vendre, comme... comme impulsion et stratégie de l'équipe commerciale, ne va pas forcément bien fonctionner dans les Caraïbes parce qu'ils ont un target market qui est différent et on va plutôt avoir des clients commerciaux comme par exemple des power gen, donc des sociétés électriques locales qui ont besoin d'un produit différent. Et c'est ça qui va faire la majorité des ventes de notre filiale. Donc c'est comprendre les spécificités locales pour ne pas appliquer ou ne pas obliger Merci. les filiales à aller sur une route qui en fait ne leur convient pas.
Parfois, est-ce qu'il faut savoir faire le grand écart entre la vision du siège et la réalité terrain ?
Je ne dirais pas grand écart puisque maintenant, vu que ça a toujours été l'ADN du groupe, il y a une grande conscience de cela. Alors je dirais peut-être qu'il est difficile, ce qui peut être un petit peu plus délicat à appliquer, ce sont toutes les règles CSRD, RSE qui sont apparues ces dernières années, ou surtout étant un groupe français. côté à la Bourse de Paris et donc sous règles françaises et européennes, il y a des directives forcément à appliquer. C'est comme un nouveau système de comptabilité finalement. Il faut vivre avec. Il y a donc des choses à appliquer. Cependant, la réalité locale fait que certaines règles ou certains reportings ou certaines informations ne font aucun sens ou sont difficiles à obtenir ou tout simplement ne font pas de sens par rapport à la réalité locale, par exemple à Madagascar. versus ce qui peut être dans un pays développé comme la Suisse.
On va aborder un autre chapitre, on va parler de passion, de sens et de leadership. Ce qui t'anime aussi, si on a bien compris, c'est le lien humain, les talents, l'innovation dans un secteur qu'on n'associe pas spontanément à la modernité. Comment est-ce que tu fais pour insuffler cet esprit ?
Alors encore une fois, je pense grâce aussi à mon expérience opérationnelle au Kenya, avec un scope en Afrique de l'Est. Donc bien connaître... Les dynamiques, les produits, les attentes des clients permettent de se rendre compte qu'il y a un besoin de modernité qui n'est pas forcément la première chose à laquelle on pense lorsqu'on dit « je travaille dans une entreprise qui markete des produits pétroliers » . Il y a un grand besoin de modernité puisque derrière ça... Nous sommes derrière le développement d'un pays. L'énergie est au centre de tout, finalement, qu'elle soit carbonée, moins carbonée ou verte. C'est au centre de tout pour le développement d'un pays. Et donc, les innovations, on le voit au niveau de quel type de produit, quelle technologie on peut utiliser. Et puis, il y a aussi la thématique de la digitalisation qui est de plus en plus importante. Les clients veulent interagir avec nous de façon digitale, rapidement. Et donc, c'est prendre en compte tout ça. voir ce qui peut être développé, intégré, même au niveau de l'intelligence artificielle pour mieux répondre à la demande de nos clients. Donc, c'est être à l'affût des dernières technologies, échanger énormément et vraiment une connaissance très fine du terrain qui permet de ne pas faire fausse route.
Tu t'es longtemps appuyée sur des figures masculines comme mentor. Tu parles d'un moment de dissonance, tu as été entourée de mentors masculins, tu t'es interrogée sur la place des femmes comme repère. Qu'est-ce que cette prise de conscience a déclenché chez toi ?
C'est peut-être pour ça aussi que je suis là aujourd'hui. En fait, j'ai eu la chance, parce que je considère que c'est une chance, d'avoir eu des mentors masculins tout au long de ma carrière. Et je les remercie pour vendement, ils m'ont énormément apporté. Mais c'est vrai qu'à partir du moment où on commence à se questionner et se demander quel genre de personne nous souhaitons être au travail, pour nos collaborateurs, dans le futur, qui souhaitons-nous être, je me rendais compte qu'il y avait beaucoup de qualités qui pourrait être logiquement associés à des qualités masculines que j'admirais. Et je me suis moi-même posé la question, je me suis remise en question en me disant qu'est-ce qui peut être un peu féminin ou est-ce que ça doit être forcément divisé entre le masculin et le féminin ? Qu'est-ce que je recherche ? Et c'est vrai que l'opportunité d'être ambassadrice trajectoire, je trouve que c'est fascinant parce que ça permet de participer à cette conversation. Je me suis dit à un moment, qui suis-je pour participer à Trajectoire HEC ? Mais l'alternative de ne rien faire non plus n'était pas OK avec moi. Et donc, c'est un peu ça qui a démarré ma réflexion en me disant, je souhaiterais voir, j'aurais aimé voir tout au long de ma carrière, des figures, des femmes à des postes de direction qui m'auraient inspirée. J'ai la chance d'être entourée de femmes autour de moi, sous un cercle social qui m'inspire tous les jours. Mais voilà, c'est ça qui m'a manqué. J'aurais aimé être inspirée par des femmes plus souvent dans ma carrière.
Et tu m'emmènes directement dans cette transition sur la place des femmes dans un secteur traditionnellement masculin. Le secteur de l'énergie. Dans ce secteur de l'énergie très masculin, il y a seulement 27,2% de femmes dans les industries électriques et gazières en France. ... Est-ce que tu as ressenti cette sous-représentation au cours de ta carrière ?
Absolument. Alors, il y a plusieurs raisons pour cela, je pense. Parce que j'y réfléchis beaucoup, parce que je cherche en fait comment... Je pense qu'il faut revenir à la source pour pouvoir justement montrer que c'est un secteur tout aussi attirant et où on peut s'épanouir. Et la source, pour moi, c'est lorsque l'on est plus jeune. Et en fait, les personnes que l'on croise, que ce soit sur nos dépôts, dépôts dans les... les équipes qui sont plutôt dans le marketing de produits pétroliers, donc on va dire les stations-service, etc., on a des profils ingénieurs. Traditionnellement, c'est aussi plutôt masculin. Et j'ai envie de dire aussi, nous héritons de l'histoire, puisque ce secteur était traditionnellement masculin. Donc, nos general managers jusqu'ici, nos personnes à la direction qui sont dans le groupe depuis des dizaines d'années, effectivement, ils ont démarré tout jeunes. la vingtaine et ils ont démarré dans ce secteur donc naturellement c'est une progression de carrière naturelle où ils se retrouvent en plus grand nombre dans les postes de direction donc effectivement j'ai remarqué ça bien sûr on encourage l'accès à toutes les opportunités de façon égale et j'avoue que les là où je retrouve le plus de femmes dans les postes de direction c'est en afrique donc en afrique de l'est Voilà, c'est assez rigolo, où nous avons une de nos directrices de filiale au Rwanda, qui est une femme, notre responsable de tous les dépôts de la zone, qui est une femme également.
Des femmes et des Rwandaises ?
Une Rwandaise et une Zambienne, donc très inspirants, des profils très inspirants, qui, pour la directrice de la filiale au Rwanda, ne venaient pas spécifiquement du secteur Olengas. donc encore une fois c'est de se dire Ce n'est pas parce que je n'ai pas fait ingénieur, ce n'est pas parce que je n'ai pas fait que du secteur oil and gas toute ma vie, que je ne peux pas essayer de découvrir cette industrie et découvrir ce secteur.
Qu'est-ce qui doit encore changer dans les mentalités, dans les entreprises, pour que les femmes puissent, comme toi, évoluer pleinement dans des secteurs où elles sont vraiment trop peu visibles encore ?
Alors, je pense que le changement est en cours. Je pense que le changement est en cours.
Et en cours partout, donc ?
Je pense. Alors, ça dépendra toujours, je pense, aussi de l'entreprise, bien sûr, de la culture de l'entreprise et de l'atmosphère dans l'entreprise. De mon côté, j'ai démarré d'abord en finance, donc en asset management, puis dans l'industrie. J'ai toujours eu la chance de tomber dans des entreprises où il y a cette culture d'accès égal. aux opportunités, encourager. En fait, pas de distinction, finalement, entre est-ce que tu es une femme, est-ce que tu es un homme. C'est vraiment les compétences, ce que tu apportes à l'entreprise, comment tu grandis. Et c'est regarder de façon égale. Ce qui doit encore changer, je pense, c'est vraiment, encore une fois, j'en reviens, je pense au niveau de l'éducation quand on est tout jeune. Parce que si je repense à qui j'étais quand j'avais 15, 20 ans, effectivement, je voulais être archéologue, mais après... Une fois que j'ai démarré mes études, j'étais dans mes études de commerce. Je pense qu'inconsciemment, on nous oriente encore vers des métiers encore traditionnellement marketing, communication. Après, il y a ceux qui ont une vocation.
Quand tu dis on vous oriente, c'est parce que tu étais une jeune femme.
Je pense que c'est encore très diffus, mais je l'ai ressenti et je me suis posé cette question-là. Et en fait, j'aurais aimé peut-être avoir plus accès. à des informations dans ces secteurs-là, comprendre un petit peu plus, être plus exposée.
Est-ce que tu penses que ces infos, elles étaient plus données aux garçons de ta promo, par exemple ?
Ou est-ce qu'il y a eu un tropisme particulier par les garçons de ma promo vers des secteurs plus traditionnellement masculins ? Je n'ai pas vraiment la réponse, mais je pense qu'il est important d'en parler plus et d'exposer vastement, en fait, hommes et femmes à... ces différents secteurs traditionnellement de l'industrie parce qu'encore une fois, on peut être tout autant créatif et s'éclater dans ces secteurs que dans un grand groupe traditionnellement dans le luxe où on a plus de femmes. Et vraiment, c'est quelque chose que je suis fière de porter ce message parce que chaque jour est différent. Il y a énormément de choses à faire et les différentes femmes que je rencontre jusqu'ici qui sont dans l'industrie sont passionnées par leur travail. Il n'y a pas qu'une seule voie, celle d'être ingénieur. Il n'y a pas qu'une seule voie, celle d'être dans ce secteur-là depuis toujours.
Aujourd'hui, Julia, en tant qu'ambassadrice WeAndMen, quel message tu voudrais adresser aux jeunes femmes qui hésitent à s'engager dans les secteurs de l'énergie, sachant que la parité est encore loin d'être atteinte ?
De ne pas hésiter, tout simplement. Et je considère que même s'il y a hésitation pour telle et telle raison, c'est vraiment important de se sortir de sa zone de confort. C'est comme ça qu'on grandit. Et en essayant, c'est comme ça qu'on peut découvrir des vocations. Donc c'est vraiment important de se dire, finalement, de ne pas forcément se poser la question en termes de secteur, mais de se dire, qu'est-ce qui me fait vibrer dans un travail ? Où est-ce que je vais avoir de l'impact ? Et aujourd'hui, au sens large, le secteur de l'énergie est en grande transformation. Donc si on veut avoir de l'impact, si on est créatif, si on veut mener à bien des projets et vraiment pouvoir changer les choses, c'est un secteur passionnant.
On va parler équilibre maintenant. Tu as beaucoup voyagé et j'ai l'impression que tu voyages encore pas mal. Tu es passionnée par la plongée sous-marine, la nature, les animaux. Comment est-ce que tu arrives à préserver cette bulle d'équilibre dans un quotidien qui doit être très exigeant ?
J'aime beaucoup prendre des moments pour moi. Donc tout revient encore une fois à apprendre à se connaître et comprendre comment on fonctionne pour justement être à la fois le plus efficace mais aussi avoir des espaces de respiration où justement on peut se recharger. Je me recharge en lisant, en étant seule et aussi en partageant des moments avec les gens que j'aime, bien évidemment. Alors j'adore découvrir les nouveaux restaurants, j'adore partager des moments autour du vin et d'une bonne cuisine. Mais effectivement, c'est avant tout apprendre à se connaître et comprendre lorsque je voyage beaucoup, effectivement. Donc très vite, on peut être embarqué par le rythme et c'est de se dire, OK, je sais qu'après dix jours de déplacement, et des dossiers à finaliser, je vais avoir un moment où ça va coincer, un petit boulot d'étranglement. Donc, soit je pousse à travers et c'est là où on peut être en burn-out. Mais voilà, exactement. Ou alors, prendre une respiration et se dire « Ok, je sais, c'est comme ça que je vais organiser mon mois. » Et vraiment prendre ces respirations. C'est un investissement en soi, en fait.
On parle souvent de quête de sens, notamment maintenant avec les jeunes générations. Pour toi, un travail qui a du sens, c'est quoi ?
Alors pour moi, c'est bien sûr, il y a l'entreprise in fine et son impact dans le monde, bien sûr. Donc ça, c'est important. Pour moi, c'est aussi comment tous les jours, on impacte les gens autour de nous, donc nos collaborateurs. À partir du moment où on a un poste à responsabilité avec une équipe en dessous, c'est comment faire grandir les gens et comment se lever tous les matins, arriver au travail et apporter du positif dans l'environnement. Puisque finalement, on passe tellement de temps au bureau, si on ne peut pas se lever avec une vision de se dire « je vais apporter quelque chose de positif dans l'atmosphère au bureau » , C'est vraiment dommage. On se prive de beaucoup.
Ça, c'est sûr. Qu'est-ce que tu dirais aujourd'hui à un jeune Julien à sa sortie d'HEC ?
Que tu n'imagines pas à quel point d'avoir décidé de faire HEC va être positif pour toi et pour les gens autour de toi, à quel point ça va lui ouvrir l'esprit et lui faire rencontrer des personnes fantastiques. Et vraiment, c'est ça que je n'imaginais pas. Le réseau HEC... rencontrer des personnes et encore une fois, on en revient aux aventures. C'était vraiment passionnant.
Merci beaucoup, Julia Rioux, d'avoir pris le temps de venir au micro du podcast Trajectoire et merci pour ces ondes positives.
Merci beaucoup pour les chants.
A bientôt. Merci d'avoir été avec nous. Retrouvez tous les épisodes de Trajectoire sur Spotify et sur le site hcstories.fr.
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Description
Le témoignage de Julia Riou, dont le tempérament aventurier l'a amené à beaucoup voyager, et à tenter sa chance dans le secteur de l'énergie.
Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Transcription
Bonjour et bienvenue dans le deuxième épisode de Trajectoire. Avant d'écouter Julia Rillou pour parler de sa carrière dans l'industrie, j'accueille notre sponsor Depardieu Broca Maffei. Je suis avec Johanna Gumpelson, avocate spécialisée en restructuration et associée au sein du cabinet Depardieu pour évoquer la parité dans ce secteur. Bonjour Johanna.
Bonjour Daphné.
Quel chiffre illustre le mieux, à ton avis, la faible présence des femmes dans l'industrie ?
Dans l'industrie en France, les femmes représentent à peu près 28,5% des effectifs et 15% des comités de direction. Non seulement les femmes sont sous-représentées, mais les chiffres évoluent lentement. S'agissant en particulier des entreprises du FBS 120, si le nombre de femmes dans les comités de direction a doublé en 5 ans, les femmes n'occupent que 17% des postes opérationnels. En 2024, et c'était seulement 13% en 2019.
Mais comment expliquer cette disparité ?
Probablement par un ensemble de facteurs à chaque étape du projet professionnel des femmes. Au niveau des études, d'abord avec un frein exprimé, non exprimé vis-à-vis des études d'ingénieurs. Au niveau des entreprises elles-mêmes. avec un manque d'incitation ou en tout cas sur la période charnière pour les femmes qui est entre 30 et 45 ans, quand elles ont des enfants en bas âge, et probablement un frein au niveau des femmes elles-mêmes avec ce qu'on appelle communément le plafond de verre.
Bonjour et bienvenue à l'écoute de Trajectoire. Dans chaque épisode, le club HEC We & Men donne la parole à une femme reconnue dans son secteur d'activité et décidée à faire bouger les lignes. Trajectoire, c'est 20 minutes pour découvrir un rôle modèle et ça commence tout de suite. Avec Julia Rioux, ambassadrice HEC We & Men que je vous fais découvrir aujourd'hui. Julia Rioux est directrice stratégie et développement marketing chez Rubis Énergie, un groupe distributeur de gaz liquéfié et de carburant pour les stations-service, pour le secteur marin ou l'aviation, et également fournisseur de bitume. Ce groupe est actif dans plus de 40 pays, notamment en Europe, en Afrique et dans les Caraïbes. Julia incarne un leadership à la fois stratégique, multiculturel et profondément humain. Et pourtant, rien ne prédestinait Julia à ce poste. Petite, elle rêvait d'être archéologue ou chasseuse de trésors sous-marins. Un goût de l'aventure qu'on retrouve dans ses chouettes carrières. Départ seule à 21 ans au Canada, puis en Australie. Une vie professionnelle marquée par des expériences terrain, notamment au Kenya où elle pilote le développement de nouvelles offres dans les stations-service. Au fil des années, Julia a su conjuguer ambition, résilience et institution pour s'imposer dans le secteur exigeant. et encore largement masculin de l'énergie. Portée par la conviction que même les industries les plus traditionnelles, comme celles des hydrocarbures, peuvent être des terrains d'innovation, Julia s'emploie à faire bouger les lignes sans rien renier de la complexité du terrain. Je suis Daphné Segretin, directrice des contenus HEC Éditions, et je suis ravie d'accueillir Julia Rioux, ambassadrice WMM. Bonjour Julia !
Bonjour Daphné !
Merci d'être avec nous aujourd'hui. Alors, je l'ai dit... En intro petite, tu voulais être archéologue ou chasseuse de trésors sous-marins. Aujourd'hui, tu pilotes la stratégie marketing d'un groupe énergétique, Rubia Energy, présent sur trois continents. Qu'est-ce qui relie ces deux mondes ? Est-ce qu'il y a un certain goût de l'exploration ?
Absolument. Je pense le goût de l'exploration définitivement, les voyages aussi, explorer, découvrir le monde. Et puis, pour l'archéologie, chasseuse de... Trésor sous-marin, c'est la fascination de me dire je peux revivre le passé grâce à la science et à mon imagination. Je peux me balader dans le passé en me promenant sur un lieu.
Donc il y a un genre de voyage dans le temps et de voyage entre les continents sur Terre en même temps. Tu es partie à 21 ans au Canada puis tu as vécu en Australie longtemps. Et au Kenya, qu'est-ce qui t'a poussée à quitter la France aussitôt ? Tu avais une envie de liberté ?
Oui, de liberté et d'aventure. Le Canada et l'Australie depuis toujours étaient des pays sur ma bucket list où je voulais absolument aller. Et j'ai saisi les opportunités, donc là, grâce à mes études, j'ai pu aller d'abord au Canada, puis en Australie. Et finalement, l'Australie, je devais y rester six mois, je suis restée sept ans. Donc je dirais saisir les opportunités et l'envie de découvrir le monde.
Tu es allée en Australie, à Melbourne, je crois, pour un stage en fin de master. Et finalement, tu es restée, on t'a proposé un poste et tu as évolué comme ça pendant cinq ans là-bas ?
C'est ça, j'ai fini mon master en échange à Melbourne. Puis, j'ai trouvé mon stage de fin d'études à la BNP en Asset Management. Et j'ai eu la chance de pouvoir rester cinq ans. L'équipe était super, ça m'a fait découvrir la culture australienne qui est très agréable à vivre. Melbourne est une très belle ville, très agréable à vivre aussi. Et voilà, ces sept ans passent aussi vite que six mois.
Et puis, tu es rentrée comme tout le monde ou comme beaucoup de personnes un peu avant le Covid.
Je suis rentrée en plein Covid et j'ai eu la chance de m'échapper de l'Australie, si je peux dire comme ça, quelques jours avant qu'ils ne ferment les frontières, puisqu'ils ont fermé les frontières pendant, je crois, deux, trois ans après, pendant le Covid. Ça a été très long pour eux.
Oui,
deux, trois ans après le Covid. Tu occupes aujourd'hui un poste global chez Rubis Énergie dans un groupe décentralisé où tu dois à la fois impulser une vision stratégique et respecter les dynamiques locales. Est-ce que tu peux nous donner un exemple concret de ce que ça veut dire dans ton quotidien ?
Tout à fait. La décentralisation chez nous est très importante, ça fait partie de notre ADN. C'est aussi ce qui attire nos alent et qui fait que le groupe va si bien. Un de mes projets en ce moment, c'est de partager les connaissances, partager les bonnes idées. partager les projets. Donc, on se rend compte qu'une filiale avance très bien, génère des projets localement, bien sûr, s'adapte au terrain. Et une autre filiale, dans un autre pays ou sur un autre continent, peut s'approcher de la même idée ou vouloir développer quelque chose de similaire. Et donc, ce qui manque, en fait, c'est cet échange. Et donc, mon idée, c'est de créer des communautés métiers qui permettent, par thématique ou par métier, d'échanger, de partager les bonnes pratiques. de s'inspirer en fonction des projets qui ont déjà été réalisés et de voir ce qui peut être adapté localement.
Est-ce que tu peux nous donner un exemple concret de ce que ça veut dire dans le quotidien, justement, qu'on se rende compte ?
C'est faire la part des choses entre l'impulsion du siège, la direction stratégique du siège, là où on veut aller, les thématiques que l'on souhaite soutenir dans les années qui viennent et comprendre la réalité terrain. Concrètement, je pense que ce qui aide, c'est d'être très au fait de ce qui se passe dans les filiales. pour ne pas prendre des décisions déconnectées de la réalité, ce qui peut aussi frustrer les équipes et qui est contre-productif.
Tu as un exemple en tête, peut-être quelque chose dans les Caraïbes ?
Alors dans les Caraïbes, par exemple la distribution de lubrifiants, il y a différents marchés, je ne vais peut-être pas rentrer dans les détails, mais il y a différents marchés en fonction de si c'est un client commercial ou si ce sont des clients comme vous et moi avec une voiture. Et ce qui fonctionne bien par exemple au Kenya comme façon de vendre, comme... comme impulsion et stratégie de l'équipe commerciale, ne va pas forcément bien fonctionner dans les Caraïbes parce qu'ils ont un target market qui est différent et on va plutôt avoir des clients commerciaux comme par exemple des power gen, donc des sociétés électriques locales qui ont besoin d'un produit différent. Et c'est ça qui va faire la majorité des ventes de notre filiale. Donc c'est comprendre les spécificités locales pour ne pas appliquer ou ne pas obliger Merci. les filiales à aller sur une route qui en fait ne leur convient pas.
Parfois, est-ce qu'il faut savoir faire le grand écart entre la vision du siège et la réalité terrain ?
Je ne dirais pas grand écart puisque maintenant, vu que ça a toujours été l'ADN du groupe, il y a une grande conscience de cela. Alors je dirais peut-être qu'il est difficile, ce qui peut être un petit peu plus délicat à appliquer, ce sont toutes les règles CSRD, RSE qui sont apparues ces dernières années, ou surtout étant un groupe français. côté à la Bourse de Paris et donc sous règles françaises et européennes, il y a des directives forcément à appliquer. C'est comme un nouveau système de comptabilité finalement. Il faut vivre avec. Il y a donc des choses à appliquer. Cependant, la réalité locale fait que certaines règles ou certains reportings ou certaines informations ne font aucun sens ou sont difficiles à obtenir ou tout simplement ne font pas de sens par rapport à la réalité locale, par exemple à Madagascar. versus ce qui peut être dans un pays développé comme la Suisse.
On va aborder un autre chapitre, on va parler de passion, de sens et de leadership. Ce qui t'anime aussi, si on a bien compris, c'est le lien humain, les talents, l'innovation dans un secteur qu'on n'associe pas spontanément à la modernité. Comment est-ce que tu fais pour insuffler cet esprit ?
Alors encore une fois, je pense grâce aussi à mon expérience opérationnelle au Kenya, avec un scope en Afrique de l'Est. Donc bien connaître... Les dynamiques, les produits, les attentes des clients permettent de se rendre compte qu'il y a un besoin de modernité qui n'est pas forcément la première chose à laquelle on pense lorsqu'on dit « je travaille dans une entreprise qui markete des produits pétroliers » . Il y a un grand besoin de modernité puisque derrière ça... Nous sommes derrière le développement d'un pays. L'énergie est au centre de tout, finalement, qu'elle soit carbonée, moins carbonée ou verte. C'est au centre de tout pour le développement d'un pays. Et donc, les innovations, on le voit au niveau de quel type de produit, quelle technologie on peut utiliser. Et puis, il y a aussi la thématique de la digitalisation qui est de plus en plus importante. Les clients veulent interagir avec nous de façon digitale, rapidement. Et donc, c'est prendre en compte tout ça. voir ce qui peut être développé, intégré, même au niveau de l'intelligence artificielle pour mieux répondre à la demande de nos clients. Donc, c'est être à l'affût des dernières technologies, échanger énormément et vraiment une connaissance très fine du terrain qui permet de ne pas faire fausse route.
Tu t'es longtemps appuyée sur des figures masculines comme mentor. Tu parles d'un moment de dissonance, tu as été entourée de mentors masculins, tu t'es interrogée sur la place des femmes comme repère. Qu'est-ce que cette prise de conscience a déclenché chez toi ?
C'est peut-être pour ça aussi que je suis là aujourd'hui. En fait, j'ai eu la chance, parce que je considère que c'est une chance, d'avoir eu des mentors masculins tout au long de ma carrière. Et je les remercie pour vendement, ils m'ont énormément apporté. Mais c'est vrai qu'à partir du moment où on commence à se questionner et se demander quel genre de personne nous souhaitons être au travail, pour nos collaborateurs, dans le futur, qui souhaitons-nous être, je me rendais compte qu'il y avait beaucoup de qualités qui pourrait être logiquement associés à des qualités masculines que j'admirais. Et je me suis moi-même posé la question, je me suis remise en question en me disant qu'est-ce qui peut être un peu féminin ou est-ce que ça doit être forcément divisé entre le masculin et le féminin ? Qu'est-ce que je recherche ? Et c'est vrai que l'opportunité d'être ambassadrice trajectoire, je trouve que c'est fascinant parce que ça permet de participer à cette conversation. Je me suis dit à un moment, qui suis-je pour participer à Trajectoire HEC ? Mais l'alternative de ne rien faire non plus n'était pas OK avec moi. Et donc, c'est un peu ça qui a démarré ma réflexion en me disant, je souhaiterais voir, j'aurais aimé voir tout au long de ma carrière, des figures, des femmes à des postes de direction qui m'auraient inspirée. J'ai la chance d'être entourée de femmes autour de moi, sous un cercle social qui m'inspire tous les jours. Mais voilà, c'est ça qui m'a manqué. J'aurais aimé être inspirée par des femmes plus souvent dans ma carrière.
Et tu m'emmènes directement dans cette transition sur la place des femmes dans un secteur traditionnellement masculin. Le secteur de l'énergie. Dans ce secteur de l'énergie très masculin, il y a seulement 27,2% de femmes dans les industries électriques et gazières en France. ... Est-ce que tu as ressenti cette sous-représentation au cours de ta carrière ?
Absolument. Alors, il y a plusieurs raisons pour cela, je pense. Parce que j'y réfléchis beaucoup, parce que je cherche en fait comment... Je pense qu'il faut revenir à la source pour pouvoir justement montrer que c'est un secteur tout aussi attirant et où on peut s'épanouir. Et la source, pour moi, c'est lorsque l'on est plus jeune. Et en fait, les personnes que l'on croise, que ce soit sur nos dépôts, dépôts dans les... les équipes qui sont plutôt dans le marketing de produits pétroliers, donc on va dire les stations-service, etc., on a des profils ingénieurs. Traditionnellement, c'est aussi plutôt masculin. Et j'ai envie de dire aussi, nous héritons de l'histoire, puisque ce secteur était traditionnellement masculin. Donc, nos general managers jusqu'ici, nos personnes à la direction qui sont dans le groupe depuis des dizaines d'années, effectivement, ils ont démarré tout jeunes. la vingtaine et ils ont démarré dans ce secteur donc naturellement c'est une progression de carrière naturelle où ils se retrouvent en plus grand nombre dans les postes de direction donc effectivement j'ai remarqué ça bien sûr on encourage l'accès à toutes les opportunités de façon égale et j'avoue que les là où je retrouve le plus de femmes dans les postes de direction c'est en afrique donc en afrique de l'est Voilà, c'est assez rigolo, où nous avons une de nos directrices de filiale au Rwanda, qui est une femme, notre responsable de tous les dépôts de la zone, qui est une femme également.
Des femmes et des Rwandaises ?
Une Rwandaise et une Zambienne, donc très inspirants, des profils très inspirants, qui, pour la directrice de la filiale au Rwanda, ne venaient pas spécifiquement du secteur Olengas. donc encore une fois c'est de se dire Ce n'est pas parce que je n'ai pas fait ingénieur, ce n'est pas parce que je n'ai pas fait que du secteur oil and gas toute ma vie, que je ne peux pas essayer de découvrir cette industrie et découvrir ce secteur.
Qu'est-ce qui doit encore changer dans les mentalités, dans les entreprises, pour que les femmes puissent, comme toi, évoluer pleinement dans des secteurs où elles sont vraiment trop peu visibles encore ?
Alors, je pense que le changement est en cours. Je pense que le changement est en cours.
Et en cours partout, donc ?
Je pense. Alors, ça dépendra toujours, je pense, aussi de l'entreprise, bien sûr, de la culture de l'entreprise et de l'atmosphère dans l'entreprise. De mon côté, j'ai démarré d'abord en finance, donc en asset management, puis dans l'industrie. J'ai toujours eu la chance de tomber dans des entreprises où il y a cette culture d'accès égal. aux opportunités, encourager. En fait, pas de distinction, finalement, entre est-ce que tu es une femme, est-ce que tu es un homme. C'est vraiment les compétences, ce que tu apportes à l'entreprise, comment tu grandis. Et c'est regarder de façon égale. Ce qui doit encore changer, je pense, c'est vraiment, encore une fois, j'en reviens, je pense au niveau de l'éducation quand on est tout jeune. Parce que si je repense à qui j'étais quand j'avais 15, 20 ans, effectivement, je voulais être archéologue, mais après... Une fois que j'ai démarré mes études, j'étais dans mes études de commerce. Je pense qu'inconsciemment, on nous oriente encore vers des métiers encore traditionnellement marketing, communication. Après, il y a ceux qui ont une vocation.
Quand tu dis on vous oriente, c'est parce que tu étais une jeune femme.
Je pense que c'est encore très diffus, mais je l'ai ressenti et je me suis posé cette question-là. Et en fait, j'aurais aimé peut-être avoir plus accès. à des informations dans ces secteurs-là, comprendre un petit peu plus, être plus exposée.
Est-ce que tu penses que ces infos, elles étaient plus données aux garçons de ta promo, par exemple ?
Ou est-ce qu'il y a eu un tropisme particulier par les garçons de ma promo vers des secteurs plus traditionnellement masculins ? Je n'ai pas vraiment la réponse, mais je pense qu'il est important d'en parler plus et d'exposer vastement, en fait, hommes et femmes à... ces différents secteurs traditionnellement de l'industrie parce qu'encore une fois, on peut être tout autant créatif et s'éclater dans ces secteurs que dans un grand groupe traditionnellement dans le luxe où on a plus de femmes. Et vraiment, c'est quelque chose que je suis fière de porter ce message parce que chaque jour est différent. Il y a énormément de choses à faire et les différentes femmes que je rencontre jusqu'ici qui sont dans l'industrie sont passionnées par leur travail. Il n'y a pas qu'une seule voie, celle d'être ingénieur. Il n'y a pas qu'une seule voie, celle d'être dans ce secteur-là depuis toujours.
Aujourd'hui, Julia, en tant qu'ambassadrice WeAndMen, quel message tu voudrais adresser aux jeunes femmes qui hésitent à s'engager dans les secteurs de l'énergie, sachant que la parité est encore loin d'être atteinte ?
De ne pas hésiter, tout simplement. Et je considère que même s'il y a hésitation pour telle et telle raison, c'est vraiment important de se sortir de sa zone de confort. C'est comme ça qu'on grandit. Et en essayant, c'est comme ça qu'on peut découvrir des vocations. Donc c'est vraiment important de se dire, finalement, de ne pas forcément se poser la question en termes de secteur, mais de se dire, qu'est-ce qui me fait vibrer dans un travail ? Où est-ce que je vais avoir de l'impact ? Et aujourd'hui, au sens large, le secteur de l'énergie est en grande transformation. Donc si on veut avoir de l'impact, si on est créatif, si on veut mener à bien des projets et vraiment pouvoir changer les choses, c'est un secteur passionnant.
On va parler équilibre maintenant. Tu as beaucoup voyagé et j'ai l'impression que tu voyages encore pas mal. Tu es passionnée par la plongée sous-marine, la nature, les animaux. Comment est-ce que tu arrives à préserver cette bulle d'équilibre dans un quotidien qui doit être très exigeant ?
J'aime beaucoup prendre des moments pour moi. Donc tout revient encore une fois à apprendre à se connaître et comprendre comment on fonctionne pour justement être à la fois le plus efficace mais aussi avoir des espaces de respiration où justement on peut se recharger. Je me recharge en lisant, en étant seule et aussi en partageant des moments avec les gens que j'aime, bien évidemment. Alors j'adore découvrir les nouveaux restaurants, j'adore partager des moments autour du vin et d'une bonne cuisine. Mais effectivement, c'est avant tout apprendre à se connaître et comprendre lorsque je voyage beaucoup, effectivement. Donc très vite, on peut être embarqué par le rythme et c'est de se dire, OK, je sais qu'après dix jours de déplacement, et des dossiers à finaliser, je vais avoir un moment où ça va coincer, un petit boulot d'étranglement. Donc, soit je pousse à travers et c'est là où on peut être en burn-out. Mais voilà, exactement. Ou alors, prendre une respiration et se dire « Ok, je sais, c'est comme ça que je vais organiser mon mois. » Et vraiment prendre ces respirations. C'est un investissement en soi, en fait.
On parle souvent de quête de sens, notamment maintenant avec les jeunes générations. Pour toi, un travail qui a du sens, c'est quoi ?
Alors pour moi, c'est bien sûr, il y a l'entreprise in fine et son impact dans le monde, bien sûr. Donc ça, c'est important. Pour moi, c'est aussi comment tous les jours, on impacte les gens autour de nous, donc nos collaborateurs. À partir du moment où on a un poste à responsabilité avec une équipe en dessous, c'est comment faire grandir les gens et comment se lever tous les matins, arriver au travail et apporter du positif dans l'environnement. Puisque finalement, on passe tellement de temps au bureau, si on ne peut pas se lever avec une vision de se dire « je vais apporter quelque chose de positif dans l'atmosphère au bureau » , C'est vraiment dommage. On se prive de beaucoup.
Ça, c'est sûr. Qu'est-ce que tu dirais aujourd'hui à un jeune Julien à sa sortie d'HEC ?
Que tu n'imagines pas à quel point d'avoir décidé de faire HEC va être positif pour toi et pour les gens autour de toi, à quel point ça va lui ouvrir l'esprit et lui faire rencontrer des personnes fantastiques. Et vraiment, c'est ça que je n'imaginais pas. Le réseau HEC... rencontrer des personnes et encore une fois, on en revient aux aventures. C'était vraiment passionnant.
Merci beaucoup, Julia Rioux, d'avoir pris le temps de venir au micro du podcast Trajectoire et merci pour ces ondes positives.
Merci beaucoup pour les chants.
A bientôt. Merci d'avoir été avec nous. Retrouvez tous les épisodes de Trajectoire sur Spotify et sur le site hcstories.fr.
Description
Le témoignage de Julia Riou, dont le tempérament aventurier l'a amené à beaucoup voyager, et à tenter sa chance dans le secteur de l'énergie.
Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Transcription
Bonjour et bienvenue dans le deuxième épisode de Trajectoire. Avant d'écouter Julia Rillou pour parler de sa carrière dans l'industrie, j'accueille notre sponsor Depardieu Broca Maffei. Je suis avec Johanna Gumpelson, avocate spécialisée en restructuration et associée au sein du cabinet Depardieu pour évoquer la parité dans ce secteur. Bonjour Johanna.
Bonjour Daphné.
Quel chiffre illustre le mieux, à ton avis, la faible présence des femmes dans l'industrie ?
Dans l'industrie en France, les femmes représentent à peu près 28,5% des effectifs et 15% des comités de direction. Non seulement les femmes sont sous-représentées, mais les chiffres évoluent lentement. S'agissant en particulier des entreprises du FBS 120, si le nombre de femmes dans les comités de direction a doublé en 5 ans, les femmes n'occupent que 17% des postes opérationnels. En 2024, et c'était seulement 13% en 2019.
Mais comment expliquer cette disparité ?
Probablement par un ensemble de facteurs à chaque étape du projet professionnel des femmes. Au niveau des études, d'abord avec un frein exprimé, non exprimé vis-à-vis des études d'ingénieurs. Au niveau des entreprises elles-mêmes. avec un manque d'incitation ou en tout cas sur la période charnière pour les femmes qui est entre 30 et 45 ans, quand elles ont des enfants en bas âge, et probablement un frein au niveau des femmes elles-mêmes avec ce qu'on appelle communément le plafond de verre.
Bonjour et bienvenue à l'écoute de Trajectoire. Dans chaque épisode, le club HEC We & Men donne la parole à une femme reconnue dans son secteur d'activité et décidée à faire bouger les lignes. Trajectoire, c'est 20 minutes pour découvrir un rôle modèle et ça commence tout de suite. Avec Julia Rioux, ambassadrice HEC We & Men que je vous fais découvrir aujourd'hui. Julia Rioux est directrice stratégie et développement marketing chez Rubis Énergie, un groupe distributeur de gaz liquéfié et de carburant pour les stations-service, pour le secteur marin ou l'aviation, et également fournisseur de bitume. Ce groupe est actif dans plus de 40 pays, notamment en Europe, en Afrique et dans les Caraïbes. Julia incarne un leadership à la fois stratégique, multiculturel et profondément humain. Et pourtant, rien ne prédestinait Julia à ce poste. Petite, elle rêvait d'être archéologue ou chasseuse de trésors sous-marins. Un goût de l'aventure qu'on retrouve dans ses chouettes carrières. Départ seule à 21 ans au Canada, puis en Australie. Une vie professionnelle marquée par des expériences terrain, notamment au Kenya où elle pilote le développement de nouvelles offres dans les stations-service. Au fil des années, Julia a su conjuguer ambition, résilience et institution pour s'imposer dans le secteur exigeant. et encore largement masculin de l'énergie. Portée par la conviction que même les industries les plus traditionnelles, comme celles des hydrocarbures, peuvent être des terrains d'innovation, Julia s'emploie à faire bouger les lignes sans rien renier de la complexité du terrain. Je suis Daphné Segretin, directrice des contenus HEC Éditions, et je suis ravie d'accueillir Julia Rioux, ambassadrice WMM. Bonjour Julia !
Bonjour Daphné !
Merci d'être avec nous aujourd'hui. Alors, je l'ai dit... En intro petite, tu voulais être archéologue ou chasseuse de trésors sous-marins. Aujourd'hui, tu pilotes la stratégie marketing d'un groupe énergétique, Rubia Energy, présent sur trois continents. Qu'est-ce qui relie ces deux mondes ? Est-ce qu'il y a un certain goût de l'exploration ?
Absolument. Je pense le goût de l'exploration définitivement, les voyages aussi, explorer, découvrir le monde. Et puis, pour l'archéologie, chasseuse de... Trésor sous-marin, c'est la fascination de me dire je peux revivre le passé grâce à la science et à mon imagination. Je peux me balader dans le passé en me promenant sur un lieu.
Donc il y a un genre de voyage dans le temps et de voyage entre les continents sur Terre en même temps. Tu es partie à 21 ans au Canada puis tu as vécu en Australie longtemps. Et au Kenya, qu'est-ce qui t'a poussée à quitter la France aussitôt ? Tu avais une envie de liberté ?
Oui, de liberté et d'aventure. Le Canada et l'Australie depuis toujours étaient des pays sur ma bucket list où je voulais absolument aller. Et j'ai saisi les opportunités, donc là, grâce à mes études, j'ai pu aller d'abord au Canada, puis en Australie. Et finalement, l'Australie, je devais y rester six mois, je suis restée sept ans. Donc je dirais saisir les opportunités et l'envie de découvrir le monde.
Tu es allée en Australie, à Melbourne, je crois, pour un stage en fin de master. Et finalement, tu es restée, on t'a proposé un poste et tu as évolué comme ça pendant cinq ans là-bas ?
C'est ça, j'ai fini mon master en échange à Melbourne. Puis, j'ai trouvé mon stage de fin d'études à la BNP en Asset Management. Et j'ai eu la chance de pouvoir rester cinq ans. L'équipe était super, ça m'a fait découvrir la culture australienne qui est très agréable à vivre. Melbourne est une très belle ville, très agréable à vivre aussi. Et voilà, ces sept ans passent aussi vite que six mois.
Et puis, tu es rentrée comme tout le monde ou comme beaucoup de personnes un peu avant le Covid.
Je suis rentrée en plein Covid et j'ai eu la chance de m'échapper de l'Australie, si je peux dire comme ça, quelques jours avant qu'ils ne ferment les frontières, puisqu'ils ont fermé les frontières pendant, je crois, deux, trois ans après, pendant le Covid. Ça a été très long pour eux.
Oui,
deux, trois ans après le Covid. Tu occupes aujourd'hui un poste global chez Rubis Énergie dans un groupe décentralisé où tu dois à la fois impulser une vision stratégique et respecter les dynamiques locales. Est-ce que tu peux nous donner un exemple concret de ce que ça veut dire dans ton quotidien ?
Tout à fait. La décentralisation chez nous est très importante, ça fait partie de notre ADN. C'est aussi ce qui attire nos alent et qui fait que le groupe va si bien. Un de mes projets en ce moment, c'est de partager les connaissances, partager les bonnes idées. partager les projets. Donc, on se rend compte qu'une filiale avance très bien, génère des projets localement, bien sûr, s'adapte au terrain. Et une autre filiale, dans un autre pays ou sur un autre continent, peut s'approcher de la même idée ou vouloir développer quelque chose de similaire. Et donc, ce qui manque, en fait, c'est cet échange. Et donc, mon idée, c'est de créer des communautés métiers qui permettent, par thématique ou par métier, d'échanger, de partager les bonnes pratiques. de s'inspirer en fonction des projets qui ont déjà été réalisés et de voir ce qui peut être adapté localement.
Est-ce que tu peux nous donner un exemple concret de ce que ça veut dire dans le quotidien, justement, qu'on se rende compte ?
C'est faire la part des choses entre l'impulsion du siège, la direction stratégique du siège, là où on veut aller, les thématiques que l'on souhaite soutenir dans les années qui viennent et comprendre la réalité terrain. Concrètement, je pense que ce qui aide, c'est d'être très au fait de ce qui se passe dans les filiales. pour ne pas prendre des décisions déconnectées de la réalité, ce qui peut aussi frustrer les équipes et qui est contre-productif.
Tu as un exemple en tête, peut-être quelque chose dans les Caraïbes ?
Alors dans les Caraïbes, par exemple la distribution de lubrifiants, il y a différents marchés, je ne vais peut-être pas rentrer dans les détails, mais il y a différents marchés en fonction de si c'est un client commercial ou si ce sont des clients comme vous et moi avec une voiture. Et ce qui fonctionne bien par exemple au Kenya comme façon de vendre, comme... comme impulsion et stratégie de l'équipe commerciale, ne va pas forcément bien fonctionner dans les Caraïbes parce qu'ils ont un target market qui est différent et on va plutôt avoir des clients commerciaux comme par exemple des power gen, donc des sociétés électriques locales qui ont besoin d'un produit différent. Et c'est ça qui va faire la majorité des ventes de notre filiale. Donc c'est comprendre les spécificités locales pour ne pas appliquer ou ne pas obliger Merci. les filiales à aller sur une route qui en fait ne leur convient pas.
Parfois, est-ce qu'il faut savoir faire le grand écart entre la vision du siège et la réalité terrain ?
Je ne dirais pas grand écart puisque maintenant, vu que ça a toujours été l'ADN du groupe, il y a une grande conscience de cela. Alors je dirais peut-être qu'il est difficile, ce qui peut être un petit peu plus délicat à appliquer, ce sont toutes les règles CSRD, RSE qui sont apparues ces dernières années, ou surtout étant un groupe français. côté à la Bourse de Paris et donc sous règles françaises et européennes, il y a des directives forcément à appliquer. C'est comme un nouveau système de comptabilité finalement. Il faut vivre avec. Il y a donc des choses à appliquer. Cependant, la réalité locale fait que certaines règles ou certains reportings ou certaines informations ne font aucun sens ou sont difficiles à obtenir ou tout simplement ne font pas de sens par rapport à la réalité locale, par exemple à Madagascar. versus ce qui peut être dans un pays développé comme la Suisse.
On va aborder un autre chapitre, on va parler de passion, de sens et de leadership. Ce qui t'anime aussi, si on a bien compris, c'est le lien humain, les talents, l'innovation dans un secteur qu'on n'associe pas spontanément à la modernité. Comment est-ce que tu fais pour insuffler cet esprit ?
Alors encore une fois, je pense grâce aussi à mon expérience opérationnelle au Kenya, avec un scope en Afrique de l'Est. Donc bien connaître... Les dynamiques, les produits, les attentes des clients permettent de se rendre compte qu'il y a un besoin de modernité qui n'est pas forcément la première chose à laquelle on pense lorsqu'on dit « je travaille dans une entreprise qui markete des produits pétroliers » . Il y a un grand besoin de modernité puisque derrière ça... Nous sommes derrière le développement d'un pays. L'énergie est au centre de tout, finalement, qu'elle soit carbonée, moins carbonée ou verte. C'est au centre de tout pour le développement d'un pays. Et donc, les innovations, on le voit au niveau de quel type de produit, quelle technologie on peut utiliser. Et puis, il y a aussi la thématique de la digitalisation qui est de plus en plus importante. Les clients veulent interagir avec nous de façon digitale, rapidement. Et donc, c'est prendre en compte tout ça. voir ce qui peut être développé, intégré, même au niveau de l'intelligence artificielle pour mieux répondre à la demande de nos clients. Donc, c'est être à l'affût des dernières technologies, échanger énormément et vraiment une connaissance très fine du terrain qui permet de ne pas faire fausse route.
Tu t'es longtemps appuyée sur des figures masculines comme mentor. Tu parles d'un moment de dissonance, tu as été entourée de mentors masculins, tu t'es interrogée sur la place des femmes comme repère. Qu'est-ce que cette prise de conscience a déclenché chez toi ?
C'est peut-être pour ça aussi que je suis là aujourd'hui. En fait, j'ai eu la chance, parce que je considère que c'est une chance, d'avoir eu des mentors masculins tout au long de ma carrière. Et je les remercie pour vendement, ils m'ont énormément apporté. Mais c'est vrai qu'à partir du moment où on commence à se questionner et se demander quel genre de personne nous souhaitons être au travail, pour nos collaborateurs, dans le futur, qui souhaitons-nous être, je me rendais compte qu'il y avait beaucoup de qualités qui pourrait être logiquement associés à des qualités masculines que j'admirais. Et je me suis moi-même posé la question, je me suis remise en question en me disant qu'est-ce qui peut être un peu féminin ou est-ce que ça doit être forcément divisé entre le masculin et le féminin ? Qu'est-ce que je recherche ? Et c'est vrai que l'opportunité d'être ambassadrice trajectoire, je trouve que c'est fascinant parce que ça permet de participer à cette conversation. Je me suis dit à un moment, qui suis-je pour participer à Trajectoire HEC ? Mais l'alternative de ne rien faire non plus n'était pas OK avec moi. Et donc, c'est un peu ça qui a démarré ma réflexion en me disant, je souhaiterais voir, j'aurais aimé voir tout au long de ma carrière, des figures, des femmes à des postes de direction qui m'auraient inspirée. J'ai la chance d'être entourée de femmes autour de moi, sous un cercle social qui m'inspire tous les jours. Mais voilà, c'est ça qui m'a manqué. J'aurais aimé être inspirée par des femmes plus souvent dans ma carrière.
Et tu m'emmènes directement dans cette transition sur la place des femmes dans un secteur traditionnellement masculin. Le secteur de l'énergie. Dans ce secteur de l'énergie très masculin, il y a seulement 27,2% de femmes dans les industries électriques et gazières en France. ... Est-ce que tu as ressenti cette sous-représentation au cours de ta carrière ?
Absolument. Alors, il y a plusieurs raisons pour cela, je pense. Parce que j'y réfléchis beaucoup, parce que je cherche en fait comment... Je pense qu'il faut revenir à la source pour pouvoir justement montrer que c'est un secteur tout aussi attirant et où on peut s'épanouir. Et la source, pour moi, c'est lorsque l'on est plus jeune. Et en fait, les personnes que l'on croise, que ce soit sur nos dépôts, dépôts dans les... les équipes qui sont plutôt dans le marketing de produits pétroliers, donc on va dire les stations-service, etc., on a des profils ingénieurs. Traditionnellement, c'est aussi plutôt masculin. Et j'ai envie de dire aussi, nous héritons de l'histoire, puisque ce secteur était traditionnellement masculin. Donc, nos general managers jusqu'ici, nos personnes à la direction qui sont dans le groupe depuis des dizaines d'années, effectivement, ils ont démarré tout jeunes. la vingtaine et ils ont démarré dans ce secteur donc naturellement c'est une progression de carrière naturelle où ils se retrouvent en plus grand nombre dans les postes de direction donc effectivement j'ai remarqué ça bien sûr on encourage l'accès à toutes les opportunités de façon égale et j'avoue que les là où je retrouve le plus de femmes dans les postes de direction c'est en afrique donc en afrique de l'est Voilà, c'est assez rigolo, où nous avons une de nos directrices de filiale au Rwanda, qui est une femme, notre responsable de tous les dépôts de la zone, qui est une femme également.
Des femmes et des Rwandaises ?
Une Rwandaise et une Zambienne, donc très inspirants, des profils très inspirants, qui, pour la directrice de la filiale au Rwanda, ne venaient pas spécifiquement du secteur Olengas. donc encore une fois c'est de se dire Ce n'est pas parce que je n'ai pas fait ingénieur, ce n'est pas parce que je n'ai pas fait que du secteur oil and gas toute ma vie, que je ne peux pas essayer de découvrir cette industrie et découvrir ce secteur.
Qu'est-ce qui doit encore changer dans les mentalités, dans les entreprises, pour que les femmes puissent, comme toi, évoluer pleinement dans des secteurs où elles sont vraiment trop peu visibles encore ?
Alors, je pense que le changement est en cours. Je pense que le changement est en cours.
Et en cours partout, donc ?
Je pense. Alors, ça dépendra toujours, je pense, aussi de l'entreprise, bien sûr, de la culture de l'entreprise et de l'atmosphère dans l'entreprise. De mon côté, j'ai démarré d'abord en finance, donc en asset management, puis dans l'industrie. J'ai toujours eu la chance de tomber dans des entreprises où il y a cette culture d'accès égal. aux opportunités, encourager. En fait, pas de distinction, finalement, entre est-ce que tu es une femme, est-ce que tu es un homme. C'est vraiment les compétences, ce que tu apportes à l'entreprise, comment tu grandis. Et c'est regarder de façon égale. Ce qui doit encore changer, je pense, c'est vraiment, encore une fois, j'en reviens, je pense au niveau de l'éducation quand on est tout jeune. Parce que si je repense à qui j'étais quand j'avais 15, 20 ans, effectivement, je voulais être archéologue, mais après... Une fois que j'ai démarré mes études, j'étais dans mes études de commerce. Je pense qu'inconsciemment, on nous oriente encore vers des métiers encore traditionnellement marketing, communication. Après, il y a ceux qui ont une vocation.
Quand tu dis on vous oriente, c'est parce que tu étais une jeune femme.
Je pense que c'est encore très diffus, mais je l'ai ressenti et je me suis posé cette question-là. Et en fait, j'aurais aimé peut-être avoir plus accès. à des informations dans ces secteurs-là, comprendre un petit peu plus, être plus exposée.
Est-ce que tu penses que ces infos, elles étaient plus données aux garçons de ta promo, par exemple ?
Ou est-ce qu'il y a eu un tropisme particulier par les garçons de ma promo vers des secteurs plus traditionnellement masculins ? Je n'ai pas vraiment la réponse, mais je pense qu'il est important d'en parler plus et d'exposer vastement, en fait, hommes et femmes à... ces différents secteurs traditionnellement de l'industrie parce qu'encore une fois, on peut être tout autant créatif et s'éclater dans ces secteurs que dans un grand groupe traditionnellement dans le luxe où on a plus de femmes. Et vraiment, c'est quelque chose que je suis fière de porter ce message parce que chaque jour est différent. Il y a énormément de choses à faire et les différentes femmes que je rencontre jusqu'ici qui sont dans l'industrie sont passionnées par leur travail. Il n'y a pas qu'une seule voie, celle d'être ingénieur. Il n'y a pas qu'une seule voie, celle d'être dans ce secteur-là depuis toujours.
Aujourd'hui, Julia, en tant qu'ambassadrice WeAndMen, quel message tu voudrais adresser aux jeunes femmes qui hésitent à s'engager dans les secteurs de l'énergie, sachant que la parité est encore loin d'être atteinte ?
De ne pas hésiter, tout simplement. Et je considère que même s'il y a hésitation pour telle et telle raison, c'est vraiment important de se sortir de sa zone de confort. C'est comme ça qu'on grandit. Et en essayant, c'est comme ça qu'on peut découvrir des vocations. Donc c'est vraiment important de se dire, finalement, de ne pas forcément se poser la question en termes de secteur, mais de se dire, qu'est-ce qui me fait vibrer dans un travail ? Où est-ce que je vais avoir de l'impact ? Et aujourd'hui, au sens large, le secteur de l'énergie est en grande transformation. Donc si on veut avoir de l'impact, si on est créatif, si on veut mener à bien des projets et vraiment pouvoir changer les choses, c'est un secteur passionnant.
On va parler équilibre maintenant. Tu as beaucoup voyagé et j'ai l'impression que tu voyages encore pas mal. Tu es passionnée par la plongée sous-marine, la nature, les animaux. Comment est-ce que tu arrives à préserver cette bulle d'équilibre dans un quotidien qui doit être très exigeant ?
J'aime beaucoup prendre des moments pour moi. Donc tout revient encore une fois à apprendre à se connaître et comprendre comment on fonctionne pour justement être à la fois le plus efficace mais aussi avoir des espaces de respiration où justement on peut se recharger. Je me recharge en lisant, en étant seule et aussi en partageant des moments avec les gens que j'aime, bien évidemment. Alors j'adore découvrir les nouveaux restaurants, j'adore partager des moments autour du vin et d'une bonne cuisine. Mais effectivement, c'est avant tout apprendre à se connaître et comprendre lorsque je voyage beaucoup, effectivement. Donc très vite, on peut être embarqué par le rythme et c'est de se dire, OK, je sais qu'après dix jours de déplacement, et des dossiers à finaliser, je vais avoir un moment où ça va coincer, un petit boulot d'étranglement. Donc, soit je pousse à travers et c'est là où on peut être en burn-out. Mais voilà, exactement. Ou alors, prendre une respiration et se dire « Ok, je sais, c'est comme ça que je vais organiser mon mois. » Et vraiment prendre ces respirations. C'est un investissement en soi, en fait.
On parle souvent de quête de sens, notamment maintenant avec les jeunes générations. Pour toi, un travail qui a du sens, c'est quoi ?
Alors pour moi, c'est bien sûr, il y a l'entreprise in fine et son impact dans le monde, bien sûr. Donc ça, c'est important. Pour moi, c'est aussi comment tous les jours, on impacte les gens autour de nous, donc nos collaborateurs. À partir du moment où on a un poste à responsabilité avec une équipe en dessous, c'est comment faire grandir les gens et comment se lever tous les matins, arriver au travail et apporter du positif dans l'environnement. Puisque finalement, on passe tellement de temps au bureau, si on ne peut pas se lever avec une vision de se dire « je vais apporter quelque chose de positif dans l'atmosphère au bureau » , C'est vraiment dommage. On se prive de beaucoup.
Ça, c'est sûr. Qu'est-ce que tu dirais aujourd'hui à un jeune Julien à sa sortie d'HEC ?
Que tu n'imagines pas à quel point d'avoir décidé de faire HEC va être positif pour toi et pour les gens autour de toi, à quel point ça va lui ouvrir l'esprit et lui faire rencontrer des personnes fantastiques. Et vraiment, c'est ça que je n'imaginais pas. Le réseau HEC... rencontrer des personnes et encore une fois, on en revient aux aventures. C'était vraiment passionnant.
Merci beaucoup, Julia Rioux, d'avoir pris le temps de venir au micro du podcast Trajectoire et merci pour ces ondes positives.
Merci beaucoup pour les chants.
A bientôt. Merci d'avoir été avec nous. Retrouvez tous les épisodes de Trajectoire sur Spotify et sur le site hcstories.fr.
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