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Trajectoires HEC

#1 TRAJECTOIRES by HEC STORIES - Fanny Louvet de Verchère

#1 TRAJECTOIRES by HEC STORIES - Fanny Louvet de Verchère

26min |02/07/2025
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#1 TRAJECTOIRES by HEC STORIES - Fanny Louvet de Verchère

#1 TRAJECTOIRES by HEC STORIES - Fanny Louvet de Verchère

26min |02/07/2025
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Description

Témoignage de Fanny Louvet de Verchère, jeune femme passionnée par l'IA et la santé, qui évolue dans le secteur très masculin de la tech.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans le premier épisode de Trajectoire. C'est aujourd'hui Fanny Louvet de Verchères qui va partager avec nous son expérience et son parcours dans la tech. Mais avant ça, nous accueillons dans le studio Kévan Dalin. Kévan est directrice du centre d'expertise digitale Connected Tech chez KPMG, un sponsor de ce podcast. Kévan nous expose la situation des femmes dans un secteur encore largement masculin. Bonjour Kévan. Quel chiffre illustre le mieux, à votre avis, la faible présence des femmes dans la tech aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Pour moi, c'est le chiffre 24%. Selon l'INSEE, les femmes représentent 24% des professionnels du numérique en France. Et bien que ce chiffre soit en légère progression par rapport aux années précédentes, il illustre toujours un déséquilibre très marqué.

  • Speaker #0

    Comment s'explique cette disparité ?

  • Speaker #1

    Alors, il y a des raisons multiples qui sont liées entre elles. Mais déjà, on compte trop peu de femmes parmi les ingénieurs. Ce qui fait qu'on a un manque de rôle modèle dans la tech. Cette pénurie de rôle modèle, associée à d'autres facteurs culturels, font que les jeunes femmes sont, dès leur orientation scolaire, un peu moins encouragées à choisir des voies scientifiques.

  • Speaker #0

    Le cabinet de conseil KPMG soutient HEC Waynman depuis plusieurs années. Votre entreprise est donc engagée pour l'égalité hommes-femmes. En interne, est-ce que vous avez mis en place des mesures pour attirer les talents féminins vers des métiers du numérique ?

  • Speaker #2

    Alors oui.

  • Speaker #1

    Il y a trois ans, nous avons lancé l'initiative Women in Connected Tech, justement pour sensibiliser les femmes aux opportunités de carrière et de développement chez KPMG. Chaque année, nous établissons un plan d'action en interne, en valorisant des rôles modèles, en organisant des tables rondes ou en menant des enquêtes auprès des collaborateurs pour identifier les freins et les leviers de la mixité. Cette démarche, elle se veut collaborative et elle intègre donc les femmes et les hommes du cabinet. Nous menons aussi des actions fortes auprès du grand public. Nous avons notamment participé au salon Vivatech en 2024, où j'ai eu la chance de participer à une table ronde. Et nous renouvelons cette initiative cette année. Et enfin, nous avons obtenu le prix Elisabeth Moreno, remis par l'association Femmes du numérique pour notre projet Women in Tech.

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue à l'écoute de Trajectoire. Dans chaque épisode, le club HEC WeAndMen donne la parole à une femme reconnue dans son secteur d'activité et décidée à faire bouger les lignes. Trajectoire, c'est 20 minutes pour découvrir un rôle modèle et ça commence tout de suite. Je suis avec Fanny Louvet de Verchères, l'ambassadrice HEC WeAndMen que je vais vous faire découvrir aujourd'hui. Fanny a un parcours unique à la croisée de la tech et de la santé. Avant même d'être diplômée HEC en 2017, elle se forge une conviction qui ne la quittera pas. L'intelligence artificielle va révolutionner le domaine médical. Une fois diplômée, et peu importe que le monde de la tech soit réputé masculin ou non, Fanny se lance dans la vague de l'IA. Elle le fait d'abord dans la PME française, Monachis Technologies, où elle contribue à la création du premier algorithme pour l'analyse des cancers de l'osophage. Puis, chez le géant américain IBM. Jonglant alors entre Paris et Chicago, elle y encadre le développement d'un algorithme dédié à l'analyse des cancers du foie. Passionnée par les nouvelles technologies, Fanny rejoint ensuite Analyse IA, un leader mondial de l'IA en imagerie thoracique et cérébrale. Elle y dirige toute l'équipe produit et participe au succès de l'entreprise. Fanny a aujourd'hui la responsabilité des divisions produit et marketing chez Intrasens. C'est une entreprise française qui met l'IA à disposition des radiologues pour les aider dans leur suivi oncologique. Fanny est aussi une grande sportive. Elle pratique le kitesurf, le ski, la pnée, la natation, la course à pied et j'en passe. Je suis Daphné Segretin, directrice des contenus HEC Éditions et je suis ravie d'accueillir Fanny Louvet de Verchères, ambassadrice HEC Waynemen. Bonsoir Fanny.

  • Speaker #2

    Bonsoir Daphné.

  • Speaker #0

    Fanny, je le disais, on est ravie de te recevoir dans Trajectoire, le podcast HEC Waynemen. Quand on voit ton parcours, on dirait que tu as toujours voulu travailler dans la tech, c'est vrai ça ?

  • Speaker #2

    Absolument pas. Non, non, vraiment la tech pour moi ça a été plutôt un moyen plus aucune fin. Ce qui me tient vraiment à cœur c'est la santé et c'est améliorer l'accès et la qualité des soins au niveau mondial. Quand j'étais plus jeune, j'ai identifié la tech comme un de ces vecteurs et ce qui à mon sens allait le plus révolutionner la santé de demain. Je pense que j'avais eu le nez creux, mais ça aurait pu être autre chose.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce qui te passionne dans ce que tu fais aujourd'hui ?

  • Speaker #2

    Aujourd'hui, ce qui me passionne, c'est que je suis vraiment à la croisée des mondes avec tous les domaines d'intérêt que j'ai, c'est-à-dire la médecine, les sciences dures et le business. Donc j'ai vraiment trouvé un boulot qui me permet d'explorer ces trois domaines. Et ce que j'aime bien dire, c'est que je suis un peu le couteau suisse, donc comme on dit en anglais, Jack of all trades, master of none. Je suis experte en rien, je dois un peu comprendre tout et je dois faire le lien avec des gens super intelligents, bien plus intelligents que moi, experts dans leur domaine. pour justement créer la magie et créer des produits super innovants. Et ça, intellectuellement, je trouve ça magnifique. Et c'est un très bon moyen d'assouvir ma curiosité sans fin. J'ai toujours aimé apprendre tout le temps, tout le temps, tout le temps. Et là, que ce soit dans le business ou dans les domaines médicaux, je suis obligée de me réinventer tout le temps.

  • Speaker #0

    Je comprends. Je lisais une étude dans Welcome to the Jungle qui montrait que les femmes ne représentent que 16% des salariés dans la tech. Tu étais consciente de ça avant de te lancer ? Est-ce que la réputation du monde d'hommes, ça a été un sujet pour toi, un frein ?

  • Speaker #2

    J'étais pas consciente et même aujourd'hui le 16% me fait froid dans le dos. Je pense que j'ai eu la chance de ne pas en être consciente et j'ai eu aussi la chance d'avoir été éduquée sans conscience des différences hommes-femmes. J'ai grandi avec deux frères et avec des parents qui m'ont éduquée absolument pareil. C'est-à-dire que si je pleurais et que je voulais faire comme mes copines en disant que j'étais la petite fille et qu'il fallait me protéger, on m'envoyait dans les lauriers. En disant que ce n'était pas du tout une excuse. Et je pense que ça a forgé quelque chose qui était que j'étais vraiment à équité avec mes frères, avec mes amis qui étaient du coup finalement beaucoup de garçons quand j'étais jeune. Et donc en rentrant dans la tech, je n'étais pas du tout consciente de ça. Je l'ai plutôt été consciente après, quand, comme toute jeune femme dans la tech je pense, on a des expériences pas forcément très agréables de réflexion ou d'impression de... Pas forcément être respectée ou valorisée à la juste valeur. Et ça, encore une fois, j'ai eu la chance d'être très bien entourée. Donc, je pense que je m'en suis très bien sortie. Mais c'est plutôt venu après.

  • Speaker #0

    Il y a une anecdote dont tu te souviens, que tu aurais envie de raconter ?

  • Speaker #2

    Je pense qu'il y en a plusieurs. Il y en a plusieurs à différents domaines. Et encore une fois, je pense qu'on parle d'un monde d'il y a dix ans. Donc, les mentalités ont beaucoup évolué. Mais ce que je veux retenir, c'est surtout le côté positif. C'est-à-dire que, un, ça a énormément changé en dix ans. et de... Je pense que beaucoup de réflexions que j'avais eues à l'époque étaient des blagues sans forcément de méchanceté ou de malhonnêteté des personnes qui les faisaient. Et en fait, c'est beaucoup d'éducation à faire. J'ai eu la chance d'avoir eu un caractère bien trempé et d'avoir été élevée justement en disant les choses et sans s'écraser quand il y avait quelque chose qui ne nous convenait pas. Donc, j'ai assez bien navigué ces choses-là. Quand on relève des réflexions qui ne sont pas OK ou qui nous affectent et qu'on explique, souvent, les gens deviennent nos premiers mentors et nos premiers sponsors. Donc, c'est une bonne façon de naviguer les choses.

  • Speaker #0

    En préparant le podcast, tu parlais de mission de vie. Est-ce que tu as eu une mission de vie, quelque chose qui t'a aidée à être un peu résiliente dans ce monde masculin ?

  • Speaker #2

    Je pense que ma mission de vie n'est absolument pas liée au monde masculin ou féminin. En tout cas, je n'ai jamais fait le lien et je ne pense pas qu'il y en ait. Ma mission de vie, elle est vraiment... d'améliorer la santé de demain et de le faire sans mettre en péril mon perso. C'est-à-dire que j'aimerais être l'exemple, que pour le coup, je n'ai pas eu petite, de femmes qui sont à la fois super ambitieuses, mais qui ont aussi des familles, des passions et qui rayonnent en perso. Et ça, pour moi, c'est super important. C'est-à-dire que je ne considère pas... Je ne considérerais pas comme avoir réussi à ma vie d'être super sucé sous l'an pro, mais d'avoir une vie familiale ou perso catastrophique, ou l'inverse. Et pour moi, la réussite dans la vie, elle est vraiment un équilibre entre ce que j'appelle les différentes boîtes de la vie.

  • Speaker #0

    On va y venir justement sur ce parallèle vie pro, vie perso. Mais avant, on voulait aborder une thématique qui est très importante, et notamment pour HSC WeAndMen, c'est la place des femmes en entreprise. Il y a un point que je trouve particulièrement intéressant dans ton parcours, c'est la diversité des zones géographiques et même des... tailles d'entreprises dans lesquelles tu as évolué ? Je l'ai dit un peu avant, tu as passé plus de trois ans chez IBM, donc entre Paris et Chicago. Est-ce que tu as ressenti des différences sur la place de la femme dans les entreprises entre les Etats-Unis et la France ?

  • Speaker #2

    Je pense que oui. L'Europe est un peu plus conservative et du coup un peu plus en retard parce qu'il y a des héritages culturels plus forts là où les US sont plus progressistes. En Australie, ça se discute. Je ne suis pas encore d'avis clair. En tout cas, entre les US et la France, il y a une différence claire. C'est-à-dire que c'est beaucoup plus accepté et c'est beaucoup plus ok d'être très ambitieux. C'est beaucoup plus ok, par exemple, de ne pas vouloir d'enfant, de vouloir être la PDG et de le dire. En France, on a un côté un petit peu... comment je dirais ?

  • Speaker #0

    Old school.

  • Speaker #2

    Ouais, et puis c'est, on va dire, c'est trop, c'est soit, comment dire, c'est la pète, mais c'est pas une vraie femme, c'est comme un homme. On va avoir beaucoup tendance à mettre des cases. Là où aux Etats-Unis, il y a beaucoup moins de cases, que ce soit dans les genres, l'apparence, les sexes. Et ça, c'est assez cool. parce qu'on se sent quand même vachement plus libre de dire ce qu'on veut et de l'assumer pleinement. Et il y a aussi beaucoup plus de dispositifs qui sont mis en place. Moi, je me rappelle, c'est la première fois aux États-Unis, c'était il y a dix ans que je voyais des salles pour tirer son lait au bureau.

  • Speaker #0

    Effectivement, c'est dingue ça.

  • Speaker #2

    C'était hyper avant-gardiste en fait, parce qu'en France, il n'y en a toujours pas. Je me rappelle très bien d'avoir fait un meeting avec ma boss qui tirait son lait. Et c'était comme ça, parce qu'en fait, on avait 4 heures de board meeting et qu'il fallait le faire. et qu'elle avait quatre enfants à la maison, donc elle avait deux nounous à plein temps. Et en fait, du coup, je trouve ça intéressant, parce qu'aux États-Unis, c'est plutôt identifier ce que tu veux, et après, trouver les moyens de le faire. Donc les aides, en fait. Donc il y a quand même, ils ont beaucoup d'aides. Il y a des nounous, il y a des salaires beaucoup plus hauts, il y a des manières de vivre un peu différentes, mais il y a des nounous, des machins, etc. Ce qui, après, est quelque chose qu'on veut ou qu'on ne veut pas. Enfin, quand on fait des enfants, on veut potentiellement passer du temps avec eux ou pas, c'est des choix personnels. Quel que soit ce que tu veux, c'est OK. Juste, une fois que tu as décidé ce que tu veux, on trouve les moyens de le faire.

  • Speaker #0

    Et ça, ce n'est pas le cas en France, selon toi, aujourd'hui ?

  • Speaker #2

    Je ne dirais pas que ce n'est pas le cas. Parce que je pense qu'il y a énormément de progrès qui ont été faits. Mais je pense que culturellement, les mentalités sont moins prêtes à accepter ça pleinement encore. Ça dépend des entreprises. Et il y a beaucoup de choses qui sont faites pour avancer dans ce sens. Mais on n'est pas encore au même niveau.

  • Speaker #0

    Alors justement, en parlant d'entreprise, tu as travaillé dans des grosses structures, on parlait d'IBM et dans des startups, là aussi, sur la question de la place de la femme. Tu as vu des différences entre ces deux entités ?

  • Speaker #2

    Oui, je pense que... Alors, je ne peux pas avoir une corrélation directe parce que grosso modo, les startups étaient en France et les boîtes un peu plus matures étaient aux Etats-Unis, en Australie. Et en Australie, même si j'ai joint quand c'était une startup, c'est devenu une scale-up très très rapidement. Mais je pense que grosso modo... dans la culture anglo-saxonne, il y a énormément de choses qui sont mises en place pour faciliter pas mal de choses pour les femmes et pour les hommes. Par exemple, en Australie, il y a un congé parental pour le mec qui est pareil que pour la femme. Par exemple, pour moi, c'est essentiel dans les termes d'équité. C'est pas que donner des choses aux femmes, c'est aussi rétablir des responsabilités pour les hommes et faire à ce niveau-là.

  • Speaker #0

    Oui, c'est pas du tout le cas en France, effectivement. C'est pas du tout ça.

  • Speaker #2

    On y arrive. Encore un peu loin.

  • Speaker #0

    On va aborder maintenant justement ce parallèle entre la vie pro et la vie perso. On parle de plus en plus d'un équilibre entre les deux, et a fortiori pour les femmes, une pression vraiment particulière en la matière. Comment est-ce que toi, t'arrives à conjuguer ta carrière exceptionnelle avec ta vie perso ? T'es jeune, je sais pas si tu veux nous dévoiler ton âge, mais je peux te dire que t'as peut-être pas encore d'enfant. Mais même, c'est vrai que la vie perso est importante. Elle fait une partie de ce qu'on est aujourd'hui et conjuguée à la vie pro. C'est important. Comment tu fais l'équilibre entre les deux ?

  • Speaker #2

    Absolument. Je dirais même que la vie perso est probablement plus importante que la vie pro à mon sens. Je pense qu'il y a très peu de gens qui, sur leur lit de mort, se disent « j'aurais aimé travailler plus » . Donc, pour moi, la priorité est très claire. Je n'ai pas d'enfant. Et pour moi, le perso, il ne faut pas le réduire aux enfants non plus. C'est aussi un gros biais qu'on a en tant que femme et qu'en tant qu'homme, quand on parle des femmes, on peut très bien avoir 50 ans, pas d'enfants et avoir une vie perso super riche. Et on peut très bien ne pas avoir eu d'enfants. Il y a beaucoup de moyens de s'accomplir. Et pour moi, le perso est super important. Il regroupe le couple éventuellement, les enfants éventuellement, les amis, la famille autre que couple ou enfant, les hobbies, mais également tout ce qui est temps de développement personnel. sport, temps de self-care, donc c'est vraiment tout un tout. Pour moi, on ne peut pas être performant dans le pro si on n'est pas bien dans le perso, et je pense que c'est encore plus vrai pour moi. J'ai eu une expérience qui m'a permis de faire le point assez rapidement sur tout ça, qui aujourd'hui est je pense un de mes plus gros échecs, entre guillemets, quand je pense à mon passé et qui a finalement été ma plus grosse force, c'est quand j'ai fait un gros burn-out en prépa, parce que pour la première fois, J'avais des gens super forts et en fait, ils sont super forts, mais on ne le sait pas jusqu'au concours. Donc pendant toute l'année, on ne sait pas qu'ils sont super forts et qu'il va y avoir 20% à Polytechnique. Et donc pour la première fois, je me suis retrouvée en échec scolaire, entre guillemets, là où moi, j'avais jamais eu de difficultés, etc. J'ai fait exactement l'inverse de ce que j'avais à faire, c'est-à-dire j'ai essayé de carburer, carburer, carburer, de travailler encore plus, d'arrêter le sport et de bosser 14 heures par jour comme tout le monde, comme il fallait faire en prépa. Ça n'a pas loupé, j'ai explosé en vol. Et en fait, cette expérience m'a permis de légitimer qui je suis et mes besoins. C'est-à-dire qu'à ce moment-là, j'ai eu des gens qui passaient de me pousser et me dire que ce n'était pas assez à des gens qui me disaient « Non, mais en fait, c'est que maman, OK, c'est un système, mais toi, écoute-toi d'abord » . Et en fait, je me suis rendu compte qu'en partant en vacances, en séchant les cours où je ne voulais pas aller, etc., j'ai remonté mon niveau. Et au concours, j'ai surperformé et j'ai eu des écoles parmi les meilleures. Et ça, ça a été vraiment un apprentissage hyper important de dire, ne mets jamais ton perso au détriment de ton pro, entre guillemets, c'est des études à l'époque. Et là où je pensais que mon besoin de sport, d'avoir des amis, d'avoir un équilibre psychique et physique était un luxe. et que, manque de bol, moi j'avais besoin de faire du sport tous les jours, et manque de bol, j'avais besoin de m'amuser, de rigoler tous les jours, et manque de bol, j'avais besoin d'aller voir mes amis, parce que ça me donnait énormément d'énergie. Je suis passée d'une considération de luxe à, non, non, en fait, c'est essentiel.

  • Speaker #0

    C'est primaire.

  • Speaker #2

    Et sans ça, je ne suis pas performante au boulot. Et plus tard, j'ai repris ces éléments, en comprenant de ces éléments ce qui était à inclure dans mon boulot lui-même. Parce qu'en fait, dans ces éléments qu'on dit gêne, il y a des traits qui sont vraiment nos moteurs de personnalité et nos moteurs humains. Et si on ne met pas ses traits dans un boulot pro, c'est qu'on n'est pas à notre place. Il y a beaucoup de parallèles à faire aussi sur les besoins persos et comment les mettre dans les besoins pros.

  • Speaker #0

    Et tu arrives à le faire aujourd'hui ?

  • Speaker #2

    Oui, je croise les doigts. C'est un bel exercice d'équilibriste. Parfois, je me brûle un peu les ailes, mais pour l'instant, j'y arrive. Je pense aussi que la vie est faite de sprint. Donc, il ne faut pas forcément être attachée tout le temps à avoir un peu Le même équilibre partout. Un équilibre, par définition, ça bouge. Donc c'est OK d'avoir des périodes de la vie où le pro prend 99% de la place et d'autres moments de la vie où le perso va être prépondérant. Ça, c'est super important, je pense. D'ailleurs, j'ai un très bel exemple, c'est qu'après 10 ans de job passionnant et super engageant, mais on ne va pas se mentir, un petit peu presque citron, là, j'ai pris un an d'année sabbatique entre analyse AI et intrasens, et ça a été absolument... C'est incroyable pour moi de nourrir mon âme et de reprendre ma créativité. Et je vois vraiment ça comme une alternance entre le pro et le perso. Et je pense que même pendant cette année sabbatique, je me suis nourrie en pro aussi. Ça m'a donné des nouvelles perspectives aussi.

  • Speaker #0

    J'imagine, Fanny, j'en parlais en intro, que tu as pris du temps pour toi et du temps pour faire ce qui te plaisait, ce qui te nourrissait. Je suppose que tu as fait pas mal de kitesurf. Est-ce que ça t'a permis aussi un peu de regarder dans le rétro ? Et de dire, bah ouais, ces dix dernières années, j'ai quand même fait ça et ça. Est-ce que tu peux nous donner un peu les points forts, les key achievements de ce que tu as fait ces dix années passées déjà ?

  • Speaker #2

    Vraiment, avec plaisir. D'ailleurs, c'est un point important. Je pense qu'on ne se pose pas assez dans la vie de tous les jours pour regarder dans le rétroviseur. Et naturellement, on a tendance à retenir soit les points durs, soit les challenges. Et rarement, ce qui s'est super bien passé, les super gros achievements. Et je pense encore plus quand on est en France. Et je pense encore plus quand on est une femme. Donc, c'est super important de se poser. Et ça a été un des gros bénéfices collatéral, parce que je n'y avais pas du tout pensé, mais collatéral de réfléchir aussi à tout ça. Et je pense qu'avec le recul, il y a deux choses dont je me suis vraiment rendue compte. La première, c'est justement que je suis super fière d'avoir maintenu cet équilibre jusqu'à maintenant. Honnêtement, ce n'est pas évident, notamment, on parle beaucoup des périodes d'après, quand on a des enfants, etc. Mais en fait, au début de la vie, quand la carrière se fait, Souvent, on n'a pas forcément la légitimité de dire non, de faire des choix un peu forts. Donc, c'est, je pense, aussi très dur au début de prendre beaucoup de temps pour faire ses passions, son sport, etc. et conjuguer les deux en étant ambitieux. Et de faire comprendre au management et à une entreprise que ce n'est pas parce qu'on reste pas jusqu'à 21h qu'on n'est pas efficace. Ce qui est aussi un peu français.

  • Speaker #0

    C'est vrai.

  • Speaker #2

    Aux Etats-Unis, si on part après 17h, c'est qu'on ne sait pas s'organiser.

  • Speaker #0

    Et dans les pays nordiques également.

  • Speaker #2

    Exactement. Mais donc, pour revenir là-dessus... Donc... Un, très fière d'avoir maintenu cet équilibre vie pro et vie perso et d'avoir vu que j'ai vraiment avancé sur les deux fronts de manière quasiment égale, j'ai envie de dire. Et ça, c'est vraiment un truc dont je suis fière. Et si on prend plus le pro à proprement parler, chez Monakia, j'ai finalement créé un projet from scratch. Vraiment, j'ai été embauchée. Le but, c'était de dire, on sait que l'intelligence artificielle arrive, on ne sait pas comment. On ne veut pas être le Kodak de l'imagerie médicale. Donc en gros... go and figure it out, quoi. Enfin, vraiment, débrouille-toi pour savoir ce qu'il faut faire, quand, comment, etc. Sachant qu'on parle de ça il y a dix ans, donc l'intelligence artificielle, il y a dix ans, il fallait expliquer ce que c'était. Il faut remettre les choses en perspective, mais voilà. Et du coup, à l'époque, je suis partie aux États-Unis pendant trois mois avec les commerciaux en étant... Une petite nana jeune et je suis revenue avec un cahier des charges, une description de produit. On m'a donné une équipe, un budget et j'ai créé le produit jusqu'au début des études cliniques. Donc ça, c'était vraiment un gros achievement. Je suis très fière. C'était vraiment cool. C'est vraiment cool. Parce qu'à la base, j'étais vraiment loin d'être experte dans le domaine. Donc c'était vraiment apprendre en faisant et être entourée de super belles personnes. On ne fait rien tout seul. Et ensuite, j'ai continué ce parcours chez IDM WSM. Là, c'était très différent. j'avais un petit peu en management fonctionnel, pas de RH, mais j'avais 25 personnes. J'avais les designers, les qualités, les ingénieurs. J'avais vraiment une usine de gens très seniors. Et donc là, j'étais le chef d'orchestre du projet. Donc là, je pense que ma fierté, ça a été déjà de leader toutes ces personnes en étant jeune, en étant une femme. Et puis de faire tout ça dans un environnement qui n'est pas ma culture, pas mal en native. Donc j'ai toujours eu la chance d'être entourée de gens qui m'ont toujours beaucoup poussé dans ma carrière et dans mon perso. Donc j'avais déjà habité aux Etats-Unis, etc. Et c'est d'ailleurs pour ça que j'avais été prise pour le job. Parce que j'avais une compréhension culturelle qui était assez poussée. En plus de mon expertise en AI, bien sûr. Mais ça rajoute quand même pas mal de barrières. De faire tous les rendez-vous leadership et de se battre, entre guillemets, pour ses idées dans une langue qui n'est pas la langue maternelle, avec une culture qui n'est pas la langue maternelle. donc parfois j'en jouais Quand il fallait être très direct et très négatif, je disais que j'étais française. Et ça excusait tout ! Mais il faut aussi jouer avec la culture locale et avec les contraintes locales. Donc ça, c'était vraiment très chouette. Ensuite, chez Analyse AI, il y avait les mêmes choses culturelles, dans une culture hyper différente encore. On pense que l'Australie, c'est anglo-saxon, etc. C'est hyper différent des États-Unis, c'est hyper différent de la France. C'est plus proche de l'Angleterre, un peu. Et donc là, alors déjà, j'ai commencé avec 12 heures de décalage horaire en manageant 12 personnes en France, aux Etats-Unis, en Inde et en Australie. Donc déjà, faire du ping-pong de décalage horaire. J'ai recruté cette équipe, donc aussi en étant à distance au début, puis là-bas. Donc ça, c'était pas évident. Et c'était mon premier poste de management. Donc c'est la première fois qu'on me donnait les clés de l'équipe, qu'on me faisait confiance. Et ça, j'en suis très reconnaissante, que j'ai beaucoup appris aussi sur le côté humain. Et après, en termes de pure expertise métier, c'était super intéressant parce que je suis vraiment arrivée dans une petite startup qui a triplé et qui est devenue un leader mondial en deux ans et demi. Donc là aussi, j'ai eu une décroûte. Je fais beaucoup de décisions à l'instant et grosso modo, ça marche. Et là, il y avait vraiment un enjeu de transformation de culture, de passer d'une petite boîte tech qui va faire des produits, qui va délivrer et qui va répondre, être très réactive sur des bugs, sur des demandes individuelles, à faire une transition vers une boîte orientée sales. orientés, on génère du revenu, les demandes elles viennent du marché, ça doit être forcément lié à du revenue generation. Et du coup, il y a eu toute la plomberie à faire là-dedans et la transition culturelle pour passer d'une startup à une scale-up et d'une boîte dev-led à une boîte product-led et business-led. Et ça, c'était super intéressant d'orchestrer tout ça. Et j'ai la même chose à faire chez Notre Ascent.

  • Speaker #0

    T'as vraiment une sacrée expérience alors que je le rappelle, ou plutôt je le dévoile, tu n'as que 32 ans. Tout ça m'amène à ma prochaine question. Est-ce que tu as eu des rôles modèles ou des mentors dans ton parcours ?

  • Speaker #2

    Je n'ai jamais eu de personnes un peu d'idole où je voulais ressembler, etc. Je n'ai jamais eu de poster dans ma chambre petite. C'est vrai ? Non, jamais. J'ai jamais idolatré quelqu'un, etc. Par contre, le rôle des mentors et des rôles modèles est hyper important. Mais ce que j'aime faire, c'est plutôt prendre des parties que j'aime dans toutes les personnes qui m'entourent. Donc je vais avoir des rôles modèles parce qu'il y a un trait de caractère que j'adore ou parce qu'il y a une compétence que j'adore, parce qu'il y a un mindset que j'adore. Et naturellement, du coup, je m'entoure de ces personnes qui sont en général au début des mentors et qui sont rapidement devenues des amies qui ont 20 ou 30 ans de plus que moi, mais qui m'accompagnent depuis pas mal d'années.

  • Speaker #0

    Tu es ambassadrice de HEC We & Men aujourd'hui, en faisant partie effectivement des lauréates ou des nominés de ce prix Trajectoire. Et tu inspires à ton tour les nouvelles générations. est-ce que c'est important pour toi de donner en retour ?

  • Speaker #2

    Oui, carrément. Je pense que j'ai vraiment eu la chance de recevoir énormément depuis que je suis petite. Et je suis pas là par hasard, je suis là parce que j'ai rencontré, j'ai fait des rencontres magnifiques. Enfin, je pense que vraiment le catalyseur de toutes les vies, c'est les rencontres. En tout cas, le catalyseur de ma vie, c'est les rencontres. Et que ce soit dans le perso, dans le pro, dans l'inspiration, c'est globalement, quasiment toujours des personnes dont je me nourris. Ne serait-ce que pour avoir une idée, que pour me montrer que c'est possible, que pour me montrer qu'un autre chemin est différent. Et ça, ça a toujours été lié à des rencontres, à des gens que j'ai appelés qui ont pris du temps avec moi pour m'ouvrir des portes ou me donner des conseils ou juste m'écouter et me donner un feedback. Du coup, j'ai vraiment une envie et je pense que c'est hyper important de give back et de donner et à mon tour d'inspirer autant que je peux inspirer. sachant que pour moi c'est un fil qui continue dans la vie c'est à dire que moi il y a encore des gens, mes mentors à qui je demande de l'aide et qui m'inspire et moi mon rôle est de donner c'est un fil d'énergie continue un fil d'Ariane entre générations et entre personnes.

  • Speaker #0

    Et alors justement qu'est-ce que tu transmettrais ou qu'est-ce que tu voudrais dire aujourd'hui à la jeune Fanny à sa sortie d'HEC ?

  • Speaker #2

    Je lui dirais de foncer, qu'elle est vraiment sur la bonne voie et de continuer à faire confiance à ses tripes je pense que c'est vraiment le plus gros atout de sentir son instinct et de prendre des décisions à l'instinct. Ça m'a toujours beaucoup réussi et c'est ce que je conseillerais à tout le monde.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Fanny Louvet de Verchères d'avoir accepté de nous rejoindre dans ce podcast Trajectoire, le premier épisode un des dix épisodes que nous enregistrerons avec HEC WeAndMen. Merci Fanny.

  • Speaker #2

    Merci pour l'invitation, à bientôt.

  • Speaker #0

    Merci d'avoir été avec nous.

Description

Témoignage de Fanny Louvet de Verchère, jeune femme passionnée par l'IA et la santé, qui évolue dans le secteur très masculin de la tech.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans le premier épisode de Trajectoire. C'est aujourd'hui Fanny Louvet de Verchères qui va partager avec nous son expérience et son parcours dans la tech. Mais avant ça, nous accueillons dans le studio Kévan Dalin. Kévan est directrice du centre d'expertise digitale Connected Tech chez KPMG, un sponsor de ce podcast. Kévan nous expose la situation des femmes dans un secteur encore largement masculin. Bonjour Kévan. Quel chiffre illustre le mieux, à votre avis, la faible présence des femmes dans la tech aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Pour moi, c'est le chiffre 24%. Selon l'INSEE, les femmes représentent 24% des professionnels du numérique en France. Et bien que ce chiffre soit en légère progression par rapport aux années précédentes, il illustre toujours un déséquilibre très marqué.

  • Speaker #0

    Comment s'explique cette disparité ?

  • Speaker #1

    Alors, il y a des raisons multiples qui sont liées entre elles. Mais déjà, on compte trop peu de femmes parmi les ingénieurs. Ce qui fait qu'on a un manque de rôle modèle dans la tech. Cette pénurie de rôle modèle, associée à d'autres facteurs culturels, font que les jeunes femmes sont, dès leur orientation scolaire, un peu moins encouragées à choisir des voies scientifiques.

  • Speaker #0

    Le cabinet de conseil KPMG soutient HEC Waynman depuis plusieurs années. Votre entreprise est donc engagée pour l'égalité hommes-femmes. En interne, est-ce que vous avez mis en place des mesures pour attirer les talents féminins vers des métiers du numérique ?

  • Speaker #2

    Alors oui.

  • Speaker #1

    Il y a trois ans, nous avons lancé l'initiative Women in Connected Tech, justement pour sensibiliser les femmes aux opportunités de carrière et de développement chez KPMG. Chaque année, nous établissons un plan d'action en interne, en valorisant des rôles modèles, en organisant des tables rondes ou en menant des enquêtes auprès des collaborateurs pour identifier les freins et les leviers de la mixité. Cette démarche, elle se veut collaborative et elle intègre donc les femmes et les hommes du cabinet. Nous menons aussi des actions fortes auprès du grand public. Nous avons notamment participé au salon Vivatech en 2024, où j'ai eu la chance de participer à une table ronde. Et nous renouvelons cette initiative cette année. Et enfin, nous avons obtenu le prix Elisabeth Moreno, remis par l'association Femmes du numérique pour notre projet Women in Tech.

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue à l'écoute de Trajectoire. Dans chaque épisode, le club HEC WeAndMen donne la parole à une femme reconnue dans son secteur d'activité et décidée à faire bouger les lignes. Trajectoire, c'est 20 minutes pour découvrir un rôle modèle et ça commence tout de suite. Je suis avec Fanny Louvet de Verchères, l'ambassadrice HEC WeAndMen que je vais vous faire découvrir aujourd'hui. Fanny a un parcours unique à la croisée de la tech et de la santé. Avant même d'être diplômée HEC en 2017, elle se forge une conviction qui ne la quittera pas. L'intelligence artificielle va révolutionner le domaine médical. Une fois diplômée, et peu importe que le monde de la tech soit réputé masculin ou non, Fanny se lance dans la vague de l'IA. Elle le fait d'abord dans la PME française, Monachis Technologies, où elle contribue à la création du premier algorithme pour l'analyse des cancers de l'osophage. Puis, chez le géant américain IBM. Jonglant alors entre Paris et Chicago, elle y encadre le développement d'un algorithme dédié à l'analyse des cancers du foie. Passionnée par les nouvelles technologies, Fanny rejoint ensuite Analyse IA, un leader mondial de l'IA en imagerie thoracique et cérébrale. Elle y dirige toute l'équipe produit et participe au succès de l'entreprise. Fanny a aujourd'hui la responsabilité des divisions produit et marketing chez Intrasens. C'est une entreprise française qui met l'IA à disposition des radiologues pour les aider dans leur suivi oncologique. Fanny est aussi une grande sportive. Elle pratique le kitesurf, le ski, la pnée, la natation, la course à pied et j'en passe. Je suis Daphné Segretin, directrice des contenus HEC Éditions et je suis ravie d'accueillir Fanny Louvet de Verchères, ambassadrice HEC Waynemen. Bonsoir Fanny.

  • Speaker #2

    Bonsoir Daphné.

  • Speaker #0

    Fanny, je le disais, on est ravie de te recevoir dans Trajectoire, le podcast HEC Waynemen. Quand on voit ton parcours, on dirait que tu as toujours voulu travailler dans la tech, c'est vrai ça ?

  • Speaker #2

    Absolument pas. Non, non, vraiment la tech pour moi ça a été plutôt un moyen plus aucune fin. Ce qui me tient vraiment à cœur c'est la santé et c'est améliorer l'accès et la qualité des soins au niveau mondial. Quand j'étais plus jeune, j'ai identifié la tech comme un de ces vecteurs et ce qui à mon sens allait le plus révolutionner la santé de demain. Je pense que j'avais eu le nez creux, mais ça aurait pu être autre chose.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce qui te passionne dans ce que tu fais aujourd'hui ?

  • Speaker #2

    Aujourd'hui, ce qui me passionne, c'est que je suis vraiment à la croisée des mondes avec tous les domaines d'intérêt que j'ai, c'est-à-dire la médecine, les sciences dures et le business. Donc j'ai vraiment trouvé un boulot qui me permet d'explorer ces trois domaines. Et ce que j'aime bien dire, c'est que je suis un peu le couteau suisse, donc comme on dit en anglais, Jack of all trades, master of none. Je suis experte en rien, je dois un peu comprendre tout et je dois faire le lien avec des gens super intelligents, bien plus intelligents que moi, experts dans leur domaine. pour justement créer la magie et créer des produits super innovants. Et ça, intellectuellement, je trouve ça magnifique. Et c'est un très bon moyen d'assouvir ma curiosité sans fin. J'ai toujours aimé apprendre tout le temps, tout le temps, tout le temps. Et là, que ce soit dans le business ou dans les domaines médicaux, je suis obligée de me réinventer tout le temps.

  • Speaker #0

    Je comprends. Je lisais une étude dans Welcome to the Jungle qui montrait que les femmes ne représentent que 16% des salariés dans la tech. Tu étais consciente de ça avant de te lancer ? Est-ce que la réputation du monde d'hommes, ça a été un sujet pour toi, un frein ?

  • Speaker #2

    J'étais pas consciente et même aujourd'hui le 16% me fait froid dans le dos. Je pense que j'ai eu la chance de ne pas en être consciente et j'ai eu aussi la chance d'avoir été éduquée sans conscience des différences hommes-femmes. J'ai grandi avec deux frères et avec des parents qui m'ont éduquée absolument pareil. C'est-à-dire que si je pleurais et que je voulais faire comme mes copines en disant que j'étais la petite fille et qu'il fallait me protéger, on m'envoyait dans les lauriers. En disant que ce n'était pas du tout une excuse. Et je pense que ça a forgé quelque chose qui était que j'étais vraiment à équité avec mes frères, avec mes amis qui étaient du coup finalement beaucoup de garçons quand j'étais jeune. Et donc en rentrant dans la tech, je n'étais pas du tout consciente de ça. Je l'ai plutôt été consciente après, quand, comme toute jeune femme dans la tech je pense, on a des expériences pas forcément très agréables de réflexion ou d'impression de... Pas forcément être respectée ou valorisée à la juste valeur. Et ça, encore une fois, j'ai eu la chance d'être très bien entourée. Donc, je pense que je m'en suis très bien sortie. Mais c'est plutôt venu après.

  • Speaker #0

    Il y a une anecdote dont tu te souviens, que tu aurais envie de raconter ?

  • Speaker #2

    Je pense qu'il y en a plusieurs. Il y en a plusieurs à différents domaines. Et encore une fois, je pense qu'on parle d'un monde d'il y a dix ans. Donc, les mentalités ont beaucoup évolué. Mais ce que je veux retenir, c'est surtout le côté positif. C'est-à-dire que, un, ça a énormément changé en dix ans. et de... Je pense que beaucoup de réflexions que j'avais eues à l'époque étaient des blagues sans forcément de méchanceté ou de malhonnêteté des personnes qui les faisaient. Et en fait, c'est beaucoup d'éducation à faire. J'ai eu la chance d'avoir eu un caractère bien trempé et d'avoir été élevée justement en disant les choses et sans s'écraser quand il y avait quelque chose qui ne nous convenait pas. Donc, j'ai assez bien navigué ces choses-là. Quand on relève des réflexions qui ne sont pas OK ou qui nous affectent et qu'on explique, souvent, les gens deviennent nos premiers mentors et nos premiers sponsors. Donc, c'est une bonne façon de naviguer les choses.

  • Speaker #0

    En préparant le podcast, tu parlais de mission de vie. Est-ce que tu as eu une mission de vie, quelque chose qui t'a aidée à être un peu résiliente dans ce monde masculin ?

  • Speaker #2

    Je pense que ma mission de vie n'est absolument pas liée au monde masculin ou féminin. En tout cas, je n'ai jamais fait le lien et je ne pense pas qu'il y en ait. Ma mission de vie, elle est vraiment... d'améliorer la santé de demain et de le faire sans mettre en péril mon perso. C'est-à-dire que j'aimerais être l'exemple, que pour le coup, je n'ai pas eu petite, de femmes qui sont à la fois super ambitieuses, mais qui ont aussi des familles, des passions et qui rayonnent en perso. Et ça, pour moi, c'est super important. C'est-à-dire que je ne considère pas... Je ne considérerais pas comme avoir réussi à ma vie d'être super sucé sous l'an pro, mais d'avoir une vie familiale ou perso catastrophique, ou l'inverse. Et pour moi, la réussite dans la vie, elle est vraiment un équilibre entre ce que j'appelle les différentes boîtes de la vie.

  • Speaker #0

    On va y venir justement sur ce parallèle vie pro, vie perso. Mais avant, on voulait aborder une thématique qui est très importante, et notamment pour HSC WeAndMen, c'est la place des femmes en entreprise. Il y a un point que je trouve particulièrement intéressant dans ton parcours, c'est la diversité des zones géographiques et même des... tailles d'entreprises dans lesquelles tu as évolué ? Je l'ai dit un peu avant, tu as passé plus de trois ans chez IBM, donc entre Paris et Chicago. Est-ce que tu as ressenti des différences sur la place de la femme dans les entreprises entre les Etats-Unis et la France ?

  • Speaker #2

    Je pense que oui. L'Europe est un peu plus conservative et du coup un peu plus en retard parce qu'il y a des héritages culturels plus forts là où les US sont plus progressistes. En Australie, ça se discute. Je ne suis pas encore d'avis clair. En tout cas, entre les US et la France, il y a une différence claire. C'est-à-dire que c'est beaucoup plus accepté et c'est beaucoup plus ok d'être très ambitieux. C'est beaucoup plus ok, par exemple, de ne pas vouloir d'enfant, de vouloir être la PDG et de le dire. En France, on a un côté un petit peu... comment je dirais ?

  • Speaker #0

    Old school.

  • Speaker #2

    Ouais, et puis c'est, on va dire, c'est trop, c'est soit, comment dire, c'est la pète, mais c'est pas une vraie femme, c'est comme un homme. On va avoir beaucoup tendance à mettre des cases. Là où aux Etats-Unis, il y a beaucoup moins de cases, que ce soit dans les genres, l'apparence, les sexes. Et ça, c'est assez cool. parce qu'on se sent quand même vachement plus libre de dire ce qu'on veut et de l'assumer pleinement. Et il y a aussi beaucoup plus de dispositifs qui sont mis en place. Moi, je me rappelle, c'est la première fois aux États-Unis, c'était il y a dix ans que je voyais des salles pour tirer son lait au bureau.

  • Speaker #0

    Effectivement, c'est dingue ça.

  • Speaker #2

    C'était hyper avant-gardiste en fait, parce qu'en France, il n'y en a toujours pas. Je me rappelle très bien d'avoir fait un meeting avec ma boss qui tirait son lait. Et c'était comme ça, parce qu'en fait, on avait 4 heures de board meeting et qu'il fallait le faire. et qu'elle avait quatre enfants à la maison, donc elle avait deux nounous à plein temps. Et en fait, du coup, je trouve ça intéressant, parce qu'aux États-Unis, c'est plutôt identifier ce que tu veux, et après, trouver les moyens de le faire. Donc les aides, en fait. Donc il y a quand même, ils ont beaucoup d'aides. Il y a des nounous, il y a des salaires beaucoup plus hauts, il y a des manières de vivre un peu différentes, mais il y a des nounous, des machins, etc. Ce qui, après, est quelque chose qu'on veut ou qu'on ne veut pas. Enfin, quand on fait des enfants, on veut potentiellement passer du temps avec eux ou pas, c'est des choix personnels. Quel que soit ce que tu veux, c'est OK. Juste, une fois que tu as décidé ce que tu veux, on trouve les moyens de le faire.

  • Speaker #0

    Et ça, ce n'est pas le cas en France, selon toi, aujourd'hui ?

  • Speaker #2

    Je ne dirais pas que ce n'est pas le cas. Parce que je pense qu'il y a énormément de progrès qui ont été faits. Mais je pense que culturellement, les mentalités sont moins prêtes à accepter ça pleinement encore. Ça dépend des entreprises. Et il y a beaucoup de choses qui sont faites pour avancer dans ce sens. Mais on n'est pas encore au même niveau.

  • Speaker #0

    Alors justement, en parlant d'entreprise, tu as travaillé dans des grosses structures, on parlait d'IBM et dans des startups, là aussi, sur la question de la place de la femme. Tu as vu des différences entre ces deux entités ?

  • Speaker #2

    Oui, je pense que... Alors, je ne peux pas avoir une corrélation directe parce que grosso modo, les startups étaient en France et les boîtes un peu plus matures étaient aux Etats-Unis, en Australie. Et en Australie, même si j'ai joint quand c'était une startup, c'est devenu une scale-up très très rapidement. Mais je pense que grosso modo... dans la culture anglo-saxonne, il y a énormément de choses qui sont mises en place pour faciliter pas mal de choses pour les femmes et pour les hommes. Par exemple, en Australie, il y a un congé parental pour le mec qui est pareil que pour la femme. Par exemple, pour moi, c'est essentiel dans les termes d'équité. C'est pas que donner des choses aux femmes, c'est aussi rétablir des responsabilités pour les hommes et faire à ce niveau-là.

  • Speaker #0

    Oui, c'est pas du tout le cas en France, effectivement. C'est pas du tout ça.

  • Speaker #2

    On y arrive. Encore un peu loin.

  • Speaker #0

    On va aborder maintenant justement ce parallèle entre la vie pro et la vie perso. On parle de plus en plus d'un équilibre entre les deux, et a fortiori pour les femmes, une pression vraiment particulière en la matière. Comment est-ce que toi, t'arrives à conjuguer ta carrière exceptionnelle avec ta vie perso ? T'es jeune, je sais pas si tu veux nous dévoiler ton âge, mais je peux te dire que t'as peut-être pas encore d'enfant. Mais même, c'est vrai que la vie perso est importante. Elle fait une partie de ce qu'on est aujourd'hui et conjuguée à la vie pro. C'est important. Comment tu fais l'équilibre entre les deux ?

  • Speaker #2

    Absolument. Je dirais même que la vie perso est probablement plus importante que la vie pro à mon sens. Je pense qu'il y a très peu de gens qui, sur leur lit de mort, se disent « j'aurais aimé travailler plus » . Donc, pour moi, la priorité est très claire. Je n'ai pas d'enfant. Et pour moi, le perso, il ne faut pas le réduire aux enfants non plus. C'est aussi un gros biais qu'on a en tant que femme et qu'en tant qu'homme, quand on parle des femmes, on peut très bien avoir 50 ans, pas d'enfants et avoir une vie perso super riche. Et on peut très bien ne pas avoir eu d'enfants. Il y a beaucoup de moyens de s'accomplir. Et pour moi, le perso est super important. Il regroupe le couple éventuellement, les enfants éventuellement, les amis, la famille autre que couple ou enfant, les hobbies, mais également tout ce qui est temps de développement personnel. sport, temps de self-care, donc c'est vraiment tout un tout. Pour moi, on ne peut pas être performant dans le pro si on n'est pas bien dans le perso, et je pense que c'est encore plus vrai pour moi. J'ai eu une expérience qui m'a permis de faire le point assez rapidement sur tout ça, qui aujourd'hui est je pense un de mes plus gros échecs, entre guillemets, quand je pense à mon passé et qui a finalement été ma plus grosse force, c'est quand j'ai fait un gros burn-out en prépa, parce que pour la première fois, J'avais des gens super forts et en fait, ils sont super forts, mais on ne le sait pas jusqu'au concours. Donc pendant toute l'année, on ne sait pas qu'ils sont super forts et qu'il va y avoir 20% à Polytechnique. Et donc pour la première fois, je me suis retrouvée en échec scolaire, entre guillemets, là où moi, j'avais jamais eu de difficultés, etc. J'ai fait exactement l'inverse de ce que j'avais à faire, c'est-à-dire j'ai essayé de carburer, carburer, carburer, de travailler encore plus, d'arrêter le sport et de bosser 14 heures par jour comme tout le monde, comme il fallait faire en prépa. Ça n'a pas loupé, j'ai explosé en vol. Et en fait, cette expérience m'a permis de légitimer qui je suis et mes besoins. C'est-à-dire qu'à ce moment-là, j'ai eu des gens qui passaient de me pousser et me dire que ce n'était pas assez à des gens qui me disaient « Non, mais en fait, c'est que maman, OK, c'est un système, mais toi, écoute-toi d'abord » . Et en fait, je me suis rendu compte qu'en partant en vacances, en séchant les cours où je ne voulais pas aller, etc., j'ai remonté mon niveau. Et au concours, j'ai surperformé et j'ai eu des écoles parmi les meilleures. Et ça, ça a été vraiment un apprentissage hyper important de dire, ne mets jamais ton perso au détriment de ton pro, entre guillemets, c'est des études à l'époque. Et là où je pensais que mon besoin de sport, d'avoir des amis, d'avoir un équilibre psychique et physique était un luxe. et que, manque de bol, moi j'avais besoin de faire du sport tous les jours, et manque de bol, j'avais besoin de m'amuser, de rigoler tous les jours, et manque de bol, j'avais besoin d'aller voir mes amis, parce que ça me donnait énormément d'énergie. Je suis passée d'une considération de luxe à, non, non, en fait, c'est essentiel.

  • Speaker #0

    C'est primaire.

  • Speaker #2

    Et sans ça, je ne suis pas performante au boulot. Et plus tard, j'ai repris ces éléments, en comprenant de ces éléments ce qui était à inclure dans mon boulot lui-même. Parce qu'en fait, dans ces éléments qu'on dit gêne, il y a des traits qui sont vraiment nos moteurs de personnalité et nos moteurs humains. Et si on ne met pas ses traits dans un boulot pro, c'est qu'on n'est pas à notre place. Il y a beaucoup de parallèles à faire aussi sur les besoins persos et comment les mettre dans les besoins pros.

  • Speaker #0

    Et tu arrives à le faire aujourd'hui ?

  • Speaker #2

    Oui, je croise les doigts. C'est un bel exercice d'équilibriste. Parfois, je me brûle un peu les ailes, mais pour l'instant, j'y arrive. Je pense aussi que la vie est faite de sprint. Donc, il ne faut pas forcément être attachée tout le temps à avoir un peu Le même équilibre partout. Un équilibre, par définition, ça bouge. Donc c'est OK d'avoir des périodes de la vie où le pro prend 99% de la place et d'autres moments de la vie où le perso va être prépondérant. Ça, c'est super important, je pense. D'ailleurs, j'ai un très bel exemple, c'est qu'après 10 ans de job passionnant et super engageant, mais on ne va pas se mentir, un petit peu presque citron, là, j'ai pris un an d'année sabbatique entre analyse AI et intrasens, et ça a été absolument... C'est incroyable pour moi de nourrir mon âme et de reprendre ma créativité. Et je vois vraiment ça comme une alternance entre le pro et le perso. Et je pense que même pendant cette année sabbatique, je me suis nourrie en pro aussi. Ça m'a donné des nouvelles perspectives aussi.

  • Speaker #0

    J'imagine, Fanny, j'en parlais en intro, que tu as pris du temps pour toi et du temps pour faire ce qui te plaisait, ce qui te nourrissait. Je suppose que tu as fait pas mal de kitesurf. Est-ce que ça t'a permis aussi un peu de regarder dans le rétro ? Et de dire, bah ouais, ces dix dernières années, j'ai quand même fait ça et ça. Est-ce que tu peux nous donner un peu les points forts, les key achievements de ce que tu as fait ces dix années passées déjà ?

  • Speaker #2

    Vraiment, avec plaisir. D'ailleurs, c'est un point important. Je pense qu'on ne se pose pas assez dans la vie de tous les jours pour regarder dans le rétroviseur. Et naturellement, on a tendance à retenir soit les points durs, soit les challenges. Et rarement, ce qui s'est super bien passé, les super gros achievements. Et je pense encore plus quand on est en France. Et je pense encore plus quand on est une femme. Donc, c'est super important de se poser. Et ça a été un des gros bénéfices collatéral, parce que je n'y avais pas du tout pensé, mais collatéral de réfléchir aussi à tout ça. Et je pense qu'avec le recul, il y a deux choses dont je me suis vraiment rendue compte. La première, c'est justement que je suis super fière d'avoir maintenu cet équilibre jusqu'à maintenant. Honnêtement, ce n'est pas évident, notamment, on parle beaucoup des périodes d'après, quand on a des enfants, etc. Mais en fait, au début de la vie, quand la carrière se fait, Souvent, on n'a pas forcément la légitimité de dire non, de faire des choix un peu forts. Donc, c'est, je pense, aussi très dur au début de prendre beaucoup de temps pour faire ses passions, son sport, etc. et conjuguer les deux en étant ambitieux. Et de faire comprendre au management et à une entreprise que ce n'est pas parce qu'on reste pas jusqu'à 21h qu'on n'est pas efficace. Ce qui est aussi un peu français.

  • Speaker #0

    C'est vrai.

  • Speaker #2

    Aux Etats-Unis, si on part après 17h, c'est qu'on ne sait pas s'organiser.

  • Speaker #0

    Et dans les pays nordiques également.

  • Speaker #2

    Exactement. Mais donc, pour revenir là-dessus... Donc... Un, très fière d'avoir maintenu cet équilibre vie pro et vie perso et d'avoir vu que j'ai vraiment avancé sur les deux fronts de manière quasiment égale, j'ai envie de dire. Et ça, c'est vraiment un truc dont je suis fière. Et si on prend plus le pro à proprement parler, chez Monakia, j'ai finalement créé un projet from scratch. Vraiment, j'ai été embauchée. Le but, c'était de dire, on sait que l'intelligence artificielle arrive, on ne sait pas comment. On ne veut pas être le Kodak de l'imagerie médicale. Donc en gros... go and figure it out, quoi. Enfin, vraiment, débrouille-toi pour savoir ce qu'il faut faire, quand, comment, etc. Sachant qu'on parle de ça il y a dix ans, donc l'intelligence artificielle, il y a dix ans, il fallait expliquer ce que c'était. Il faut remettre les choses en perspective, mais voilà. Et du coup, à l'époque, je suis partie aux États-Unis pendant trois mois avec les commerciaux en étant... Une petite nana jeune et je suis revenue avec un cahier des charges, une description de produit. On m'a donné une équipe, un budget et j'ai créé le produit jusqu'au début des études cliniques. Donc ça, c'était vraiment un gros achievement. Je suis très fière. C'était vraiment cool. C'est vraiment cool. Parce qu'à la base, j'étais vraiment loin d'être experte dans le domaine. Donc c'était vraiment apprendre en faisant et être entourée de super belles personnes. On ne fait rien tout seul. Et ensuite, j'ai continué ce parcours chez IDM WSM. Là, c'était très différent. j'avais un petit peu en management fonctionnel, pas de RH, mais j'avais 25 personnes. J'avais les designers, les qualités, les ingénieurs. J'avais vraiment une usine de gens très seniors. Et donc là, j'étais le chef d'orchestre du projet. Donc là, je pense que ma fierté, ça a été déjà de leader toutes ces personnes en étant jeune, en étant une femme. Et puis de faire tout ça dans un environnement qui n'est pas ma culture, pas mal en native. Donc j'ai toujours eu la chance d'être entourée de gens qui m'ont toujours beaucoup poussé dans ma carrière et dans mon perso. Donc j'avais déjà habité aux Etats-Unis, etc. Et c'est d'ailleurs pour ça que j'avais été prise pour le job. Parce que j'avais une compréhension culturelle qui était assez poussée. En plus de mon expertise en AI, bien sûr. Mais ça rajoute quand même pas mal de barrières. De faire tous les rendez-vous leadership et de se battre, entre guillemets, pour ses idées dans une langue qui n'est pas la langue maternelle, avec une culture qui n'est pas la langue maternelle. donc parfois j'en jouais Quand il fallait être très direct et très négatif, je disais que j'étais française. Et ça excusait tout ! Mais il faut aussi jouer avec la culture locale et avec les contraintes locales. Donc ça, c'était vraiment très chouette. Ensuite, chez Analyse AI, il y avait les mêmes choses culturelles, dans une culture hyper différente encore. On pense que l'Australie, c'est anglo-saxon, etc. C'est hyper différent des États-Unis, c'est hyper différent de la France. C'est plus proche de l'Angleterre, un peu. Et donc là, alors déjà, j'ai commencé avec 12 heures de décalage horaire en manageant 12 personnes en France, aux Etats-Unis, en Inde et en Australie. Donc déjà, faire du ping-pong de décalage horaire. J'ai recruté cette équipe, donc aussi en étant à distance au début, puis là-bas. Donc ça, c'était pas évident. Et c'était mon premier poste de management. Donc c'est la première fois qu'on me donnait les clés de l'équipe, qu'on me faisait confiance. Et ça, j'en suis très reconnaissante, que j'ai beaucoup appris aussi sur le côté humain. Et après, en termes de pure expertise métier, c'était super intéressant parce que je suis vraiment arrivée dans une petite startup qui a triplé et qui est devenue un leader mondial en deux ans et demi. Donc là aussi, j'ai eu une décroûte. Je fais beaucoup de décisions à l'instant et grosso modo, ça marche. Et là, il y avait vraiment un enjeu de transformation de culture, de passer d'une petite boîte tech qui va faire des produits, qui va délivrer et qui va répondre, être très réactive sur des bugs, sur des demandes individuelles, à faire une transition vers une boîte orientée sales. orientés, on génère du revenu, les demandes elles viennent du marché, ça doit être forcément lié à du revenue generation. Et du coup, il y a eu toute la plomberie à faire là-dedans et la transition culturelle pour passer d'une startup à une scale-up et d'une boîte dev-led à une boîte product-led et business-led. Et ça, c'était super intéressant d'orchestrer tout ça. Et j'ai la même chose à faire chez Notre Ascent.

  • Speaker #0

    T'as vraiment une sacrée expérience alors que je le rappelle, ou plutôt je le dévoile, tu n'as que 32 ans. Tout ça m'amène à ma prochaine question. Est-ce que tu as eu des rôles modèles ou des mentors dans ton parcours ?

  • Speaker #2

    Je n'ai jamais eu de personnes un peu d'idole où je voulais ressembler, etc. Je n'ai jamais eu de poster dans ma chambre petite. C'est vrai ? Non, jamais. J'ai jamais idolatré quelqu'un, etc. Par contre, le rôle des mentors et des rôles modèles est hyper important. Mais ce que j'aime faire, c'est plutôt prendre des parties que j'aime dans toutes les personnes qui m'entourent. Donc je vais avoir des rôles modèles parce qu'il y a un trait de caractère que j'adore ou parce qu'il y a une compétence que j'adore, parce qu'il y a un mindset que j'adore. Et naturellement, du coup, je m'entoure de ces personnes qui sont en général au début des mentors et qui sont rapidement devenues des amies qui ont 20 ou 30 ans de plus que moi, mais qui m'accompagnent depuis pas mal d'années.

  • Speaker #0

    Tu es ambassadrice de HEC We & Men aujourd'hui, en faisant partie effectivement des lauréates ou des nominés de ce prix Trajectoire. Et tu inspires à ton tour les nouvelles générations. est-ce que c'est important pour toi de donner en retour ?

  • Speaker #2

    Oui, carrément. Je pense que j'ai vraiment eu la chance de recevoir énormément depuis que je suis petite. Et je suis pas là par hasard, je suis là parce que j'ai rencontré, j'ai fait des rencontres magnifiques. Enfin, je pense que vraiment le catalyseur de toutes les vies, c'est les rencontres. En tout cas, le catalyseur de ma vie, c'est les rencontres. Et que ce soit dans le perso, dans le pro, dans l'inspiration, c'est globalement, quasiment toujours des personnes dont je me nourris. Ne serait-ce que pour avoir une idée, que pour me montrer que c'est possible, que pour me montrer qu'un autre chemin est différent. Et ça, ça a toujours été lié à des rencontres, à des gens que j'ai appelés qui ont pris du temps avec moi pour m'ouvrir des portes ou me donner des conseils ou juste m'écouter et me donner un feedback. Du coup, j'ai vraiment une envie et je pense que c'est hyper important de give back et de donner et à mon tour d'inspirer autant que je peux inspirer. sachant que pour moi c'est un fil qui continue dans la vie c'est à dire que moi il y a encore des gens, mes mentors à qui je demande de l'aide et qui m'inspire et moi mon rôle est de donner c'est un fil d'énergie continue un fil d'Ariane entre générations et entre personnes.

  • Speaker #0

    Et alors justement qu'est-ce que tu transmettrais ou qu'est-ce que tu voudrais dire aujourd'hui à la jeune Fanny à sa sortie d'HEC ?

  • Speaker #2

    Je lui dirais de foncer, qu'elle est vraiment sur la bonne voie et de continuer à faire confiance à ses tripes je pense que c'est vraiment le plus gros atout de sentir son instinct et de prendre des décisions à l'instinct. Ça m'a toujours beaucoup réussi et c'est ce que je conseillerais à tout le monde.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Fanny Louvet de Verchères d'avoir accepté de nous rejoindre dans ce podcast Trajectoire, le premier épisode un des dix épisodes que nous enregistrerons avec HEC WeAndMen. Merci Fanny.

  • Speaker #2

    Merci pour l'invitation, à bientôt.

  • Speaker #0

    Merci d'avoir été avec nous.

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Description

Témoignage de Fanny Louvet de Verchère, jeune femme passionnée par l'IA et la santé, qui évolue dans le secteur très masculin de la tech.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans le premier épisode de Trajectoire. C'est aujourd'hui Fanny Louvet de Verchères qui va partager avec nous son expérience et son parcours dans la tech. Mais avant ça, nous accueillons dans le studio Kévan Dalin. Kévan est directrice du centre d'expertise digitale Connected Tech chez KPMG, un sponsor de ce podcast. Kévan nous expose la situation des femmes dans un secteur encore largement masculin. Bonjour Kévan. Quel chiffre illustre le mieux, à votre avis, la faible présence des femmes dans la tech aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Pour moi, c'est le chiffre 24%. Selon l'INSEE, les femmes représentent 24% des professionnels du numérique en France. Et bien que ce chiffre soit en légère progression par rapport aux années précédentes, il illustre toujours un déséquilibre très marqué.

  • Speaker #0

    Comment s'explique cette disparité ?

  • Speaker #1

    Alors, il y a des raisons multiples qui sont liées entre elles. Mais déjà, on compte trop peu de femmes parmi les ingénieurs. Ce qui fait qu'on a un manque de rôle modèle dans la tech. Cette pénurie de rôle modèle, associée à d'autres facteurs culturels, font que les jeunes femmes sont, dès leur orientation scolaire, un peu moins encouragées à choisir des voies scientifiques.

  • Speaker #0

    Le cabinet de conseil KPMG soutient HEC Waynman depuis plusieurs années. Votre entreprise est donc engagée pour l'égalité hommes-femmes. En interne, est-ce que vous avez mis en place des mesures pour attirer les talents féminins vers des métiers du numérique ?

  • Speaker #2

    Alors oui.

  • Speaker #1

    Il y a trois ans, nous avons lancé l'initiative Women in Connected Tech, justement pour sensibiliser les femmes aux opportunités de carrière et de développement chez KPMG. Chaque année, nous établissons un plan d'action en interne, en valorisant des rôles modèles, en organisant des tables rondes ou en menant des enquêtes auprès des collaborateurs pour identifier les freins et les leviers de la mixité. Cette démarche, elle se veut collaborative et elle intègre donc les femmes et les hommes du cabinet. Nous menons aussi des actions fortes auprès du grand public. Nous avons notamment participé au salon Vivatech en 2024, où j'ai eu la chance de participer à une table ronde. Et nous renouvelons cette initiative cette année. Et enfin, nous avons obtenu le prix Elisabeth Moreno, remis par l'association Femmes du numérique pour notre projet Women in Tech.

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue à l'écoute de Trajectoire. Dans chaque épisode, le club HEC WeAndMen donne la parole à une femme reconnue dans son secteur d'activité et décidée à faire bouger les lignes. Trajectoire, c'est 20 minutes pour découvrir un rôle modèle et ça commence tout de suite. Je suis avec Fanny Louvet de Verchères, l'ambassadrice HEC WeAndMen que je vais vous faire découvrir aujourd'hui. Fanny a un parcours unique à la croisée de la tech et de la santé. Avant même d'être diplômée HEC en 2017, elle se forge une conviction qui ne la quittera pas. L'intelligence artificielle va révolutionner le domaine médical. Une fois diplômée, et peu importe que le monde de la tech soit réputé masculin ou non, Fanny se lance dans la vague de l'IA. Elle le fait d'abord dans la PME française, Monachis Technologies, où elle contribue à la création du premier algorithme pour l'analyse des cancers de l'osophage. Puis, chez le géant américain IBM. Jonglant alors entre Paris et Chicago, elle y encadre le développement d'un algorithme dédié à l'analyse des cancers du foie. Passionnée par les nouvelles technologies, Fanny rejoint ensuite Analyse IA, un leader mondial de l'IA en imagerie thoracique et cérébrale. Elle y dirige toute l'équipe produit et participe au succès de l'entreprise. Fanny a aujourd'hui la responsabilité des divisions produit et marketing chez Intrasens. C'est une entreprise française qui met l'IA à disposition des radiologues pour les aider dans leur suivi oncologique. Fanny est aussi une grande sportive. Elle pratique le kitesurf, le ski, la pnée, la natation, la course à pied et j'en passe. Je suis Daphné Segretin, directrice des contenus HEC Éditions et je suis ravie d'accueillir Fanny Louvet de Verchères, ambassadrice HEC Waynemen. Bonsoir Fanny.

  • Speaker #2

    Bonsoir Daphné.

  • Speaker #0

    Fanny, je le disais, on est ravie de te recevoir dans Trajectoire, le podcast HEC Waynemen. Quand on voit ton parcours, on dirait que tu as toujours voulu travailler dans la tech, c'est vrai ça ?

  • Speaker #2

    Absolument pas. Non, non, vraiment la tech pour moi ça a été plutôt un moyen plus aucune fin. Ce qui me tient vraiment à cœur c'est la santé et c'est améliorer l'accès et la qualité des soins au niveau mondial. Quand j'étais plus jeune, j'ai identifié la tech comme un de ces vecteurs et ce qui à mon sens allait le plus révolutionner la santé de demain. Je pense que j'avais eu le nez creux, mais ça aurait pu être autre chose.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce qui te passionne dans ce que tu fais aujourd'hui ?

  • Speaker #2

    Aujourd'hui, ce qui me passionne, c'est que je suis vraiment à la croisée des mondes avec tous les domaines d'intérêt que j'ai, c'est-à-dire la médecine, les sciences dures et le business. Donc j'ai vraiment trouvé un boulot qui me permet d'explorer ces trois domaines. Et ce que j'aime bien dire, c'est que je suis un peu le couteau suisse, donc comme on dit en anglais, Jack of all trades, master of none. Je suis experte en rien, je dois un peu comprendre tout et je dois faire le lien avec des gens super intelligents, bien plus intelligents que moi, experts dans leur domaine. pour justement créer la magie et créer des produits super innovants. Et ça, intellectuellement, je trouve ça magnifique. Et c'est un très bon moyen d'assouvir ma curiosité sans fin. J'ai toujours aimé apprendre tout le temps, tout le temps, tout le temps. Et là, que ce soit dans le business ou dans les domaines médicaux, je suis obligée de me réinventer tout le temps.

  • Speaker #0

    Je comprends. Je lisais une étude dans Welcome to the Jungle qui montrait que les femmes ne représentent que 16% des salariés dans la tech. Tu étais consciente de ça avant de te lancer ? Est-ce que la réputation du monde d'hommes, ça a été un sujet pour toi, un frein ?

  • Speaker #2

    J'étais pas consciente et même aujourd'hui le 16% me fait froid dans le dos. Je pense que j'ai eu la chance de ne pas en être consciente et j'ai eu aussi la chance d'avoir été éduquée sans conscience des différences hommes-femmes. J'ai grandi avec deux frères et avec des parents qui m'ont éduquée absolument pareil. C'est-à-dire que si je pleurais et que je voulais faire comme mes copines en disant que j'étais la petite fille et qu'il fallait me protéger, on m'envoyait dans les lauriers. En disant que ce n'était pas du tout une excuse. Et je pense que ça a forgé quelque chose qui était que j'étais vraiment à équité avec mes frères, avec mes amis qui étaient du coup finalement beaucoup de garçons quand j'étais jeune. Et donc en rentrant dans la tech, je n'étais pas du tout consciente de ça. Je l'ai plutôt été consciente après, quand, comme toute jeune femme dans la tech je pense, on a des expériences pas forcément très agréables de réflexion ou d'impression de... Pas forcément être respectée ou valorisée à la juste valeur. Et ça, encore une fois, j'ai eu la chance d'être très bien entourée. Donc, je pense que je m'en suis très bien sortie. Mais c'est plutôt venu après.

  • Speaker #0

    Il y a une anecdote dont tu te souviens, que tu aurais envie de raconter ?

  • Speaker #2

    Je pense qu'il y en a plusieurs. Il y en a plusieurs à différents domaines. Et encore une fois, je pense qu'on parle d'un monde d'il y a dix ans. Donc, les mentalités ont beaucoup évolué. Mais ce que je veux retenir, c'est surtout le côté positif. C'est-à-dire que, un, ça a énormément changé en dix ans. et de... Je pense que beaucoup de réflexions que j'avais eues à l'époque étaient des blagues sans forcément de méchanceté ou de malhonnêteté des personnes qui les faisaient. Et en fait, c'est beaucoup d'éducation à faire. J'ai eu la chance d'avoir eu un caractère bien trempé et d'avoir été élevée justement en disant les choses et sans s'écraser quand il y avait quelque chose qui ne nous convenait pas. Donc, j'ai assez bien navigué ces choses-là. Quand on relève des réflexions qui ne sont pas OK ou qui nous affectent et qu'on explique, souvent, les gens deviennent nos premiers mentors et nos premiers sponsors. Donc, c'est une bonne façon de naviguer les choses.

  • Speaker #0

    En préparant le podcast, tu parlais de mission de vie. Est-ce que tu as eu une mission de vie, quelque chose qui t'a aidée à être un peu résiliente dans ce monde masculin ?

  • Speaker #2

    Je pense que ma mission de vie n'est absolument pas liée au monde masculin ou féminin. En tout cas, je n'ai jamais fait le lien et je ne pense pas qu'il y en ait. Ma mission de vie, elle est vraiment... d'améliorer la santé de demain et de le faire sans mettre en péril mon perso. C'est-à-dire que j'aimerais être l'exemple, que pour le coup, je n'ai pas eu petite, de femmes qui sont à la fois super ambitieuses, mais qui ont aussi des familles, des passions et qui rayonnent en perso. Et ça, pour moi, c'est super important. C'est-à-dire que je ne considère pas... Je ne considérerais pas comme avoir réussi à ma vie d'être super sucé sous l'an pro, mais d'avoir une vie familiale ou perso catastrophique, ou l'inverse. Et pour moi, la réussite dans la vie, elle est vraiment un équilibre entre ce que j'appelle les différentes boîtes de la vie.

  • Speaker #0

    On va y venir justement sur ce parallèle vie pro, vie perso. Mais avant, on voulait aborder une thématique qui est très importante, et notamment pour HSC WeAndMen, c'est la place des femmes en entreprise. Il y a un point que je trouve particulièrement intéressant dans ton parcours, c'est la diversité des zones géographiques et même des... tailles d'entreprises dans lesquelles tu as évolué ? Je l'ai dit un peu avant, tu as passé plus de trois ans chez IBM, donc entre Paris et Chicago. Est-ce que tu as ressenti des différences sur la place de la femme dans les entreprises entre les Etats-Unis et la France ?

  • Speaker #2

    Je pense que oui. L'Europe est un peu plus conservative et du coup un peu plus en retard parce qu'il y a des héritages culturels plus forts là où les US sont plus progressistes. En Australie, ça se discute. Je ne suis pas encore d'avis clair. En tout cas, entre les US et la France, il y a une différence claire. C'est-à-dire que c'est beaucoup plus accepté et c'est beaucoup plus ok d'être très ambitieux. C'est beaucoup plus ok, par exemple, de ne pas vouloir d'enfant, de vouloir être la PDG et de le dire. En France, on a un côté un petit peu... comment je dirais ?

  • Speaker #0

    Old school.

  • Speaker #2

    Ouais, et puis c'est, on va dire, c'est trop, c'est soit, comment dire, c'est la pète, mais c'est pas une vraie femme, c'est comme un homme. On va avoir beaucoup tendance à mettre des cases. Là où aux Etats-Unis, il y a beaucoup moins de cases, que ce soit dans les genres, l'apparence, les sexes. Et ça, c'est assez cool. parce qu'on se sent quand même vachement plus libre de dire ce qu'on veut et de l'assumer pleinement. Et il y a aussi beaucoup plus de dispositifs qui sont mis en place. Moi, je me rappelle, c'est la première fois aux États-Unis, c'était il y a dix ans que je voyais des salles pour tirer son lait au bureau.

  • Speaker #0

    Effectivement, c'est dingue ça.

  • Speaker #2

    C'était hyper avant-gardiste en fait, parce qu'en France, il n'y en a toujours pas. Je me rappelle très bien d'avoir fait un meeting avec ma boss qui tirait son lait. Et c'était comme ça, parce qu'en fait, on avait 4 heures de board meeting et qu'il fallait le faire. et qu'elle avait quatre enfants à la maison, donc elle avait deux nounous à plein temps. Et en fait, du coup, je trouve ça intéressant, parce qu'aux États-Unis, c'est plutôt identifier ce que tu veux, et après, trouver les moyens de le faire. Donc les aides, en fait. Donc il y a quand même, ils ont beaucoup d'aides. Il y a des nounous, il y a des salaires beaucoup plus hauts, il y a des manières de vivre un peu différentes, mais il y a des nounous, des machins, etc. Ce qui, après, est quelque chose qu'on veut ou qu'on ne veut pas. Enfin, quand on fait des enfants, on veut potentiellement passer du temps avec eux ou pas, c'est des choix personnels. Quel que soit ce que tu veux, c'est OK. Juste, une fois que tu as décidé ce que tu veux, on trouve les moyens de le faire.

  • Speaker #0

    Et ça, ce n'est pas le cas en France, selon toi, aujourd'hui ?

  • Speaker #2

    Je ne dirais pas que ce n'est pas le cas. Parce que je pense qu'il y a énormément de progrès qui ont été faits. Mais je pense que culturellement, les mentalités sont moins prêtes à accepter ça pleinement encore. Ça dépend des entreprises. Et il y a beaucoup de choses qui sont faites pour avancer dans ce sens. Mais on n'est pas encore au même niveau.

  • Speaker #0

    Alors justement, en parlant d'entreprise, tu as travaillé dans des grosses structures, on parlait d'IBM et dans des startups, là aussi, sur la question de la place de la femme. Tu as vu des différences entre ces deux entités ?

  • Speaker #2

    Oui, je pense que... Alors, je ne peux pas avoir une corrélation directe parce que grosso modo, les startups étaient en France et les boîtes un peu plus matures étaient aux Etats-Unis, en Australie. Et en Australie, même si j'ai joint quand c'était une startup, c'est devenu une scale-up très très rapidement. Mais je pense que grosso modo... dans la culture anglo-saxonne, il y a énormément de choses qui sont mises en place pour faciliter pas mal de choses pour les femmes et pour les hommes. Par exemple, en Australie, il y a un congé parental pour le mec qui est pareil que pour la femme. Par exemple, pour moi, c'est essentiel dans les termes d'équité. C'est pas que donner des choses aux femmes, c'est aussi rétablir des responsabilités pour les hommes et faire à ce niveau-là.

  • Speaker #0

    Oui, c'est pas du tout le cas en France, effectivement. C'est pas du tout ça.

  • Speaker #2

    On y arrive. Encore un peu loin.

  • Speaker #0

    On va aborder maintenant justement ce parallèle entre la vie pro et la vie perso. On parle de plus en plus d'un équilibre entre les deux, et a fortiori pour les femmes, une pression vraiment particulière en la matière. Comment est-ce que toi, t'arrives à conjuguer ta carrière exceptionnelle avec ta vie perso ? T'es jeune, je sais pas si tu veux nous dévoiler ton âge, mais je peux te dire que t'as peut-être pas encore d'enfant. Mais même, c'est vrai que la vie perso est importante. Elle fait une partie de ce qu'on est aujourd'hui et conjuguée à la vie pro. C'est important. Comment tu fais l'équilibre entre les deux ?

  • Speaker #2

    Absolument. Je dirais même que la vie perso est probablement plus importante que la vie pro à mon sens. Je pense qu'il y a très peu de gens qui, sur leur lit de mort, se disent « j'aurais aimé travailler plus » . Donc, pour moi, la priorité est très claire. Je n'ai pas d'enfant. Et pour moi, le perso, il ne faut pas le réduire aux enfants non plus. C'est aussi un gros biais qu'on a en tant que femme et qu'en tant qu'homme, quand on parle des femmes, on peut très bien avoir 50 ans, pas d'enfants et avoir une vie perso super riche. Et on peut très bien ne pas avoir eu d'enfants. Il y a beaucoup de moyens de s'accomplir. Et pour moi, le perso est super important. Il regroupe le couple éventuellement, les enfants éventuellement, les amis, la famille autre que couple ou enfant, les hobbies, mais également tout ce qui est temps de développement personnel. sport, temps de self-care, donc c'est vraiment tout un tout. Pour moi, on ne peut pas être performant dans le pro si on n'est pas bien dans le perso, et je pense que c'est encore plus vrai pour moi. J'ai eu une expérience qui m'a permis de faire le point assez rapidement sur tout ça, qui aujourd'hui est je pense un de mes plus gros échecs, entre guillemets, quand je pense à mon passé et qui a finalement été ma plus grosse force, c'est quand j'ai fait un gros burn-out en prépa, parce que pour la première fois, J'avais des gens super forts et en fait, ils sont super forts, mais on ne le sait pas jusqu'au concours. Donc pendant toute l'année, on ne sait pas qu'ils sont super forts et qu'il va y avoir 20% à Polytechnique. Et donc pour la première fois, je me suis retrouvée en échec scolaire, entre guillemets, là où moi, j'avais jamais eu de difficultés, etc. J'ai fait exactement l'inverse de ce que j'avais à faire, c'est-à-dire j'ai essayé de carburer, carburer, carburer, de travailler encore plus, d'arrêter le sport et de bosser 14 heures par jour comme tout le monde, comme il fallait faire en prépa. Ça n'a pas loupé, j'ai explosé en vol. Et en fait, cette expérience m'a permis de légitimer qui je suis et mes besoins. C'est-à-dire qu'à ce moment-là, j'ai eu des gens qui passaient de me pousser et me dire que ce n'était pas assez à des gens qui me disaient « Non, mais en fait, c'est que maman, OK, c'est un système, mais toi, écoute-toi d'abord » . Et en fait, je me suis rendu compte qu'en partant en vacances, en séchant les cours où je ne voulais pas aller, etc., j'ai remonté mon niveau. Et au concours, j'ai surperformé et j'ai eu des écoles parmi les meilleures. Et ça, ça a été vraiment un apprentissage hyper important de dire, ne mets jamais ton perso au détriment de ton pro, entre guillemets, c'est des études à l'époque. Et là où je pensais que mon besoin de sport, d'avoir des amis, d'avoir un équilibre psychique et physique était un luxe. et que, manque de bol, moi j'avais besoin de faire du sport tous les jours, et manque de bol, j'avais besoin de m'amuser, de rigoler tous les jours, et manque de bol, j'avais besoin d'aller voir mes amis, parce que ça me donnait énormément d'énergie. Je suis passée d'une considération de luxe à, non, non, en fait, c'est essentiel.

  • Speaker #0

    C'est primaire.

  • Speaker #2

    Et sans ça, je ne suis pas performante au boulot. Et plus tard, j'ai repris ces éléments, en comprenant de ces éléments ce qui était à inclure dans mon boulot lui-même. Parce qu'en fait, dans ces éléments qu'on dit gêne, il y a des traits qui sont vraiment nos moteurs de personnalité et nos moteurs humains. Et si on ne met pas ses traits dans un boulot pro, c'est qu'on n'est pas à notre place. Il y a beaucoup de parallèles à faire aussi sur les besoins persos et comment les mettre dans les besoins pros.

  • Speaker #0

    Et tu arrives à le faire aujourd'hui ?

  • Speaker #2

    Oui, je croise les doigts. C'est un bel exercice d'équilibriste. Parfois, je me brûle un peu les ailes, mais pour l'instant, j'y arrive. Je pense aussi que la vie est faite de sprint. Donc, il ne faut pas forcément être attachée tout le temps à avoir un peu Le même équilibre partout. Un équilibre, par définition, ça bouge. Donc c'est OK d'avoir des périodes de la vie où le pro prend 99% de la place et d'autres moments de la vie où le perso va être prépondérant. Ça, c'est super important, je pense. D'ailleurs, j'ai un très bel exemple, c'est qu'après 10 ans de job passionnant et super engageant, mais on ne va pas se mentir, un petit peu presque citron, là, j'ai pris un an d'année sabbatique entre analyse AI et intrasens, et ça a été absolument... C'est incroyable pour moi de nourrir mon âme et de reprendre ma créativité. Et je vois vraiment ça comme une alternance entre le pro et le perso. Et je pense que même pendant cette année sabbatique, je me suis nourrie en pro aussi. Ça m'a donné des nouvelles perspectives aussi.

  • Speaker #0

    J'imagine, Fanny, j'en parlais en intro, que tu as pris du temps pour toi et du temps pour faire ce qui te plaisait, ce qui te nourrissait. Je suppose que tu as fait pas mal de kitesurf. Est-ce que ça t'a permis aussi un peu de regarder dans le rétro ? Et de dire, bah ouais, ces dix dernières années, j'ai quand même fait ça et ça. Est-ce que tu peux nous donner un peu les points forts, les key achievements de ce que tu as fait ces dix années passées déjà ?

  • Speaker #2

    Vraiment, avec plaisir. D'ailleurs, c'est un point important. Je pense qu'on ne se pose pas assez dans la vie de tous les jours pour regarder dans le rétroviseur. Et naturellement, on a tendance à retenir soit les points durs, soit les challenges. Et rarement, ce qui s'est super bien passé, les super gros achievements. Et je pense encore plus quand on est en France. Et je pense encore plus quand on est une femme. Donc, c'est super important de se poser. Et ça a été un des gros bénéfices collatéral, parce que je n'y avais pas du tout pensé, mais collatéral de réfléchir aussi à tout ça. Et je pense qu'avec le recul, il y a deux choses dont je me suis vraiment rendue compte. La première, c'est justement que je suis super fière d'avoir maintenu cet équilibre jusqu'à maintenant. Honnêtement, ce n'est pas évident, notamment, on parle beaucoup des périodes d'après, quand on a des enfants, etc. Mais en fait, au début de la vie, quand la carrière se fait, Souvent, on n'a pas forcément la légitimité de dire non, de faire des choix un peu forts. Donc, c'est, je pense, aussi très dur au début de prendre beaucoup de temps pour faire ses passions, son sport, etc. et conjuguer les deux en étant ambitieux. Et de faire comprendre au management et à une entreprise que ce n'est pas parce qu'on reste pas jusqu'à 21h qu'on n'est pas efficace. Ce qui est aussi un peu français.

  • Speaker #0

    C'est vrai.

  • Speaker #2

    Aux Etats-Unis, si on part après 17h, c'est qu'on ne sait pas s'organiser.

  • Speaker #0

    Et dans les pays nordiques également.

  • Speaker #2

    Exactement. Mais donc, pour revenir là-dessus... Donc... Un, très fière d'avoir maintenu cet équilibre vie pro et vie perso et d'avoir vu que j'ai vraiment avancé sur les deux fronts de manière quasiment égale, j'ai envie de dire. Et ça, c'est vraiment un truc dont je suis fière. Et si on prend plus le pro à proprement parler, chez Monakia, j'ai finalement créé un projet from scratch. Vraiment, j'ai été embauchée. Le but, c'était de dire, on sait que l'intelligence artificielle arrive, on ne sait pas comment. On ne veut pas être le Kodak de l'imagerie médicale. Donc en gros... go and figure it out, quoi. Enfin, vraiment, débrouille-toi pour savoir ce qu'il faut faire, quand, comment, etc. Sachant qu'on parle de ça il y a dix ans, donc l'intelligence artificielle, il y a dix ans, il fallait expliquer ce que c'était. Il faut remettre les choses en perspective, mais voilà. Et du coup, à l'époque, je suis partie aux États-Unis pendant trois mois avec les commerciaux en étant... Une petite nana jeune et je suis revenue avec un cahier des charges, une description de produit. On m'a donné une équipe, un budget et j'ai créé le produit jusqu'au début des études cliniques. Donc ça, c'était vraiment un gros achievement. Je suis très fière. C'était vraiment cool. C'est vraiment cool. Parce qu'à la base, j'étais vraiment loin d'être experte dans le domaine. Donc c'était vraiment apprendre en faisant et être entourée de super belles personnes. On ne fait rien tout seul. Et ensuite, j'ai continué ce parcours chez IDM WSM. Là, c'était très différent. j'avais un petit peu en management fonctionnel, pas de RH, mais j'avais 25 personnes. J'avais les designers, les qualités, les ingénieurs. J'avais vraiment une usine de gens très seniors. Et donc là, j'étais le chef d'orchestre du projet. Donc là, je pense que ma fierté, ça a été déjà de leader toutes ces personnes en étant jeune, en étant une femme. Et puis de faire tout ça dans un environnement qui n'est pas ma culture, pas mal en native. Donc j'ai toujours eu la chance d'être entourée de gens qui m'ont toujours beaucoup poussé dans ma carrière et dans mon perso. Donc j'avais déjà habité aux Etats-Unis, etc. Et c'est d'ailleurs pour ça que j'avais été prise pour le job. Parce que j'avais une compréhension culturelle qui était assez poussée. En plus de mon expertise en AI, bien sûr. Mais ça rajoute quand même pas mal de barrières. De faire tous les rendez-vous leadership et de se battre, entre guillemets, pour ses idées dans une langue qui n'est pas la langue maternelle, avec une culture qui n'est pas la langue maternelle. donc parfois j'en jouais Quand il fallait être très direct et très négatif, je disais que j'étais française. Et ça excusait tout ! Mais il faut aussi jouer avec la culture locale et avec les contraintes locales. Donc ça, c'était vraiment très chouette. Ensuite, chez Analyse AI, il y avait les mêmes choses culturelles, dans une culture hyper différente encore. On pense que l'Australie, c'est anglo-saxon, etc. C'est hyper différent des États-Unis, c'est hyper différent de la France. C'est plus proche de l'Angleterre, un peu. Et donc là, alors déjà, j'ai commencé avec 12 heures de décalage horaire en manageant 12 personnes en France, aux Etats-Unis, en Inde et en Australie. Donc déjà, faire du ping-pong de décalage horaire. J'ai recruté cette équipe, donc aussi en étant à distance au début, puis là-bas. Donc ça, c'était pas évident. Et c'était mon premier poste de management. Donc c'est la première fois qu'on me donnait les clés de l'équipe, qu'on me faisait confiance. Et ça, j'en suis très reconnaissante, que j'ai beaucoup appris aussi sur le côté humain. Et après, en termes de pure expertise métier, c'était super intéressant parce que je suis vraiment arrivée dans une petite startup qui a triplé et qui est devenue un leader mondial en deux ans et demi. Donc là aussi, j'ai eu une décroûte. Je fais beaucoup de décisions à l'instant et grosso modo, ça marche. Et là, il y avait vraiment un enjeu de transformation de culture, de passer d'une petite boîte tech qui va faire des produits, qui va délivrer et qui va répondre, être très réactive sur des bugs, sur des demandes individuelles, à faire une transition vers une boîte orientée sales. orientés, on génère du revenu, les demandes elles viennent du marché, ça doit être forcément lié à du revenue generation. Et du coup, il y a eu toute la plomberie à faire là-dedans et la transition culturelle pour passer d'une startup à une scale-up et d'une boîte dev-led à une boîte product-led et business-led. Et ça, c'était super intéressant d'orchestrer tout ça. Et j'ai la même chose à faire chez Notre Ascent.

  • Speaker #0

    T'as vraiment une sacrée expérience alors que je le rappelle, ou plutôt je le dévoile, tu n'as que 32 ans. Tout ça m'amène à ma prochaine question. Est-ce que tu as eu des rôles modèles ou des mentors dans ton parcours ?

  • Speaker #2

    Je n'ai jamais eu de personnes un peu d'idole où je voulais ressembler, etc. Je n'ai jamais eu de poster dans ma chambre petite. C'est vrai ? Non, jamais. J'ai jamais idolatré quelqu'un, etc. Par contre, le rôle des mentors et des rôles modèles est hyper important. Mais ce que j'aime faire, c'est plutôt prendre des parties que j'aime dans toutes les personnes qui m'entourent. Donc je vais avoir des rôles modèles parce qu'il y a un trait de caractère que j'adore ou parce qu'il y a une compétence que j'adore, parce qu'il y a un mindset que j'adore. Et naturellement, du coup, je m'entoure de ces personnes qui sont en général au début des mentors et qui sont rapidement devenues des amies qui ont 20 ou 30 ans de plus que moi, mais qui m'accompagnent depuis pas mal d'années.

  • Speaker #0

    Tu es ambassadrice de HEC We & Men aujourd'hui, en faisant partie effectivement des lauréates ou des nominés de ce prix Trajectoire. Et tu inspires à ton tour les nouvelles générations. est-ce que c'est important pour toi de donner en retour ?

  • Speaker #2

    Oui, carrément. Je pense que j'ai vraiment eu la chance de recevoir énormément depuis que je suis petite. Et je suis pas là par hasard, je suis là parce que j'ai rencontré, j'ai fait des rencontres magnifiques. Enfin, je pense que vraiment le catalyseur de toutes les vies, c'est les rencontres. En tout cas, le catalyseur de ma vie, c'est les rencontres. Et que ce soit dans le perso, dans le pro, dans l'inspiration, c'est globalement, quasiment toujours des personnes dont je me nourris. Ne serait-ce que pour avoir une idée, que pour me montrer que c'est possible, que pour me montrer qu'un autre chemin est différent. Et ça, ça a toujours été lié à des rencontres, à des gens que j'ai appelés qui ont pris du temps avec moi pour m'ouvrir des portes ou me donner des conseils ou juste m'écouter et me donner un feedback. Du coup, j'ai vraiment une envie et je pense que c'est hyper important de give back et de donner et à mon tour d'inspirer autant que je peux inspirer. sachant que pour moi c'est un fil qui continue dans la vie c'est à dire que moi il y a encore des gens, mes mentors à qui je demande de l'aide et qui m'inspire et moi mon rôle est de donner c'est un fil d'énergie continue un fil d'Ariane entre générations et entre personnes.

  • Speaker #0

    Et alors justement qu'est-ce que tu transmettrais ou qu'est-ce que tu voudrais dire aujourd'hui à la jeune Fanny à sa sortie d'HEC ?

  • Speaker #2

    Je lui dirais de foncer, qu'elle est vraiment sur la bonne voie et de continuer à faire confiance à ses tripes je pense que c'est vraiment le plus gros atout de sentir son instinct et de prendre des décisions à l'instinct. Ça m'a toujours beaucoup réussi et c'est ce que je conseillerais à tout le monde.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Fanny Louvet de Verchères d'avoir accepté de nous rejoindre dans ce podcast Trajectoire, le premier épisode un des dix épisodes que nous enregistrerons avec HEC WeAndMen. Merci Fanny.

  • Speaker #2

    Merci pour l'invitation, à bientôt.

  • Speaker #0

    Merci d'avoir été avec nous.

Description

Témoignage de Fanny Louvet de Verchère, jeune femme passionnée par l'IA et la santé, qui évolue dans le secteur très masculin de la tech.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans le premier épisode de Trajectoire. C'est aujourd'hui Fanny Louvet de Verchères qui va partager avec nous son expérience et son parcours dans la tech. Mais avant ça, nous accueillons dans le studio Kévan Dalin. Kévan est directrice du centre d'expertise digitale Connected Tech chez KPMG, un sponsor de ce podcast. Kévan nous expose la situation des femmes dans un secteur encore largement masculin. Bonjour Kévan. Quel chiffre illustre le mieux, à votre avis, la faible présence des femmes dans la tech aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Pour moi, c'est le chiffre 24%. Selon l'INSEE, les femmes représentent 24% des professionnels du numérique en France. Et bien que ce chiffre soit en légère progression par rapport aux années précédentes, il illustre toujours un déséquilibre très marqué.

  • Speaker #0

    Comment s'explique cette disparité ?

  • Speaker #1

    Alors, il y a des raisons multiples qui sont liées entre elles. Mais déjà, on compte trop peu de femmes parmi les ingénieurs. Ce qui fait qu'on a un manque de rôle modèle dans la tech. Cette pénurie de rôle modèle, associée à d'autres facteurs culturels, font que les jeunes femmes sont, dès leur orientation scolaire, un peu moins encouragées à choisir des voies scientifiques.

  • Speaker #0

    Le cabinet de conseil KPMG soutient HEC Waynman depuis plusieurs années. Votre entreprise est donc engagée pour l'égalité hommes-femmes. En interne, est-ce que vous avez mis en place des mesures pour attirer les talents féminins vers des métiers du numérique ?

  • Speaker #2

    Alors oui.

  • Speaker #1

    Il y a trois ans, nous avons lancé l'initiative Women in Connected Tech, justement pour sensibiliser les femmes aux opportunités de carrière et de développement chez KPMG. Chaque année, nous établissons un plan d'action en interne, en valorisant des rôles modèles, en organisant des tables rondes ou en menant des enquêtes auprès des collaborateurs pour identifier les freins et les leviers de la mixité. Cette démarche, elle se veut collaborative et elle intègre donc les femmes et les hommes du cabinet. Nous menons aussi des actions fortes auprès du grand public. Nous avons notamment participé au salon Vivatech en 2024, où j'ai eu la chance de participer à une table ronde. Et nous renouvelons cette initiative cette année. Et enfin, nous avons obtenu le prix Elisabeth Moreno, remis par l'association Femmes du numérique pour notre projet Women in Tech.

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue à l'écoute de Trajectoire. Dans chaque épisode, le club HEC WeAndMen donne la parole à une femme reconnue dans son secteur d'activité et décidée à faire bouger les lignes. Trajectoire, c'est 20 minutes pour découvrir un rôle modèle et ça commence tout de suite. Je suis avec Fanny Louvet de Verchères, l'ambassadrice HEC WeAndMen que je vais vous faire découvrir aujourd'hui. Fanny a un parcours unique à la croisée de la tech et de la santé. Avant même d'être diplômée HEC en 2017, elle se forge une conviction qui ne la quittera pas. L'intelligence artificielle va révolutionner le domaine médical. Une fois diplômée, et peu importe que le monde de la tech soit réputé masculin ou non, Fanny se lance dans la vague de l'IA. Elle le fait d'abord dans la PME française, Monachis Technologies, où elle contribue à la création du premier algorithme pour l'analyse des cancers de l'osophage. Puis, chez le géant américain IBM. Jonglant alors entre Paris et Chicago, elle y encadre le développement d'un algorithme dédié à l'analyse des cancers du foie. Passionnée par les nouvelles technologies, Fanny rejoint ensuite Analyse IA, un leader mondial de l'IA en imagerie thoracique et cérébrale. Elle y dirige toute l'équipe produit et participe au succès de l'entreprise. Fanny a aujourd'hui la responsabilité des divisions produit et marketing chez Intrasens. C'est une entreprise française qui met l'IA à disposition des radiologues pour les aider dans leur suivi oncologique. Fanny est aussi une grande sportive. Elle pratique le kitesurf, le ski, la pnée, la natation, la course à pied et j'en passe. Je suis Daphné Segretin, directrice des contenus HEC Éditions et je suis ravie d'accueillir Fanny Louvet de Verchères, ambassadrice HEC Waynemen. Bonsoir Fanny.

  • Speaker #2

    Bonsoir Daphné.

  • Speaker #0

    Fanny, je le disais, on est ravie de te recevoir dans Trajectoire, le podcast HEC Waynemen. Quand on voit ton parcours, on dirait que tu as toujours voulu travailler dans la tech, c'est vrai ça ?

  • Speaker #2

    Absolument pas. Non, non, vraiment la tech pour moi ça a été plutôt un moyen plus aucune fin. Ce qui me tient vraiment à cœur c'est la santé et c'est améliorer l'accès et la qualité des soins au niveau mondial. Quand j'étais plus jeune, j'ai identifié la tech comme un de ces vecteurs et ce qui à mon sens allait le plus révolutionner la santé de demain. Je pense que j'avais eu le nez creux, mais ça aurait pu être autre chose.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce qui te passionne dans ce que tu fais aujourd'hui ?

  • Speaker #2

    Aujourd'hui, ce qui me passionne, c'est que je suis vraiment à la croisée des mondes avec tous les domaines d'intérêt que j'ai, c'est-à-dire la médecine, les sciences dures et le business. Donc j'ai vraiment trouvé un boulot qui me permet d'explorer ces trois domaines. Et ce que j'aime bien dire, c'est que je suis un peu le couteau suisse, donc comme on dit en anglais, Jack of all trades, master of none. Je suis experte en rien, je dois un peu comprendre tout et je dois faire le lien avec des gens super intelligents, bien plus intelligents que moi, experts dans leur domaine. pour justement créer la magie et créer des produits super innovants. Et ça, intellectuellement, je trouve ça magnifique. Et c'est un très bon moyen d'assouvir ma curiosité sans fin. J'ai toujours aimé apprendre tout le temps, tout le temps, tout le temps. Et là, que ce soit dans le business ou dans les domaines médicaux, je suis obligée de me réinventer tout le temps.

  • Speaker #0

    Je comprends. Je lisais une étude dans Welcome to the Jungle qui montrait que les femmes ne représentent que 16% des salariés dans la tech. Tu étais consciente de ça avant de te lancer ? Est-ce que la réputation du monde d'hommes, ça a été un sujet pour toi, un frein ?

  • Speaker #2

    J'étais pas consciente et même aujourd'hui le 16% me fait froid dans le dos. Je pense que j'ai eu la chance de ne pas en être consciente et j'ai eu aussi la chance d'avoir été éduquée sans conscience des différences hommes-femmes. J'ai grandi avec deux frères et avec des parents qui m'ont éduquée absolument pareil. C'est-à-dire que si je pleurais et que je voulais faire comme mes copines en disant que j'étais la petite fille et qu'il fallait me protéger, on m'envoyait dans les lauriers. En disant que ce n'était pas du tout une excuse. Et je pense que ça a forgé quelque chose qui était que j'étais vraiment à équité avec mes frères, avec mes amis qui étaient du coup finalement beaucoup de garçons quand j'étais jeune. Et donc en rentrant dans la tech, je n'étais pas du tout consciente de ça. Je l'ai plutôt été consciente après, quand, comme toute jeune femme dans la tech je pense, on a des expériences pas forcément très agréables de réflexion ou d'impression de... Pas forcément être respectée ou valorisée à la juste valeur. Et ça, encore une fois, j'ai eu la chance d'être très bien entourée. Donc, je pense que je m'en suis très bien sortie. Mais c'est plutôt venu après.

  • Speaker #0

    Il y a une anecdote dont tu te souviens, que tu aurais envie de raconter ?

  • Speaker #2

    Je pense qu'il y en a plusieurs. Il y en a plusieurs à différents domaines. Et encore une fois, je pense qu'on parle d'un monde d'il y a dix ans. Donc, les mentalités ont beaucoup évolué. Mais ce que je veux retenir, c'est surtout le côté positif. C'est-à-dire que, un, ça a énormément changé en dix ans. et de... Je pense que beaucoup de réflexions que j'avais eues à l'époque étaient des blagues sans forcément de méchanceté ou de malhonnêteté des personnes qui les faisaient. Et en fait, c'est beaucoup d'éducation à faire. J'ai eu la chance d'avoir eu un caractère bien trempé et d'avoir été élevée justement en disant les choses et sans s'écraser quand il y avait quelque chose qui ne nous convenait pas. Donc, j'ai assez bien navigué ces choses-là. Quand on relève des réflexions qui ne sont pas OK ou qui nous affectent et qu'on explique, souvent, les gens deviennent nos premiers mentors et nos premiers sponsors. Donc, c'est une bonne façon de naviguer les choses.

  • Speaker #0

    En préparant le podcast, tu parlais de mission de vie. Est-ce que tu as eu une mission de vie, quelque chose qui t'a aidée à être un peu résiliente dans ce monde masculin ?

  • Speaker #2

    Je pense que ma mission de vie n'est absolument pas liée au monde masculin ou féminin. En tout cas, je n'ai jamais fait le lien et je ne pense pas qu'il y en ait. Ma mission de vie, elle est vraiment... d'améliorer la santé de demain et de le faire sans mettre en péril mon perso. C'est-à-dire que j'aimerais être l'exemple, que pour le coup, je n'ai pas eu petite, de femmes qui sont à la fois super ambitieuses, mais qui ont aussi des familles, des passions et qui rayonnent en perso. Et ça, pour moi, c'est super important. C'est-à-dire que je ne considère pas... Je ne considérerais pas comme avoir réussi à ma vie d'être super sucé sous l'an pro, mais d'avoir une vie familiale ou perso catastrophique, ou l'inverse. Et pour moi, la réussite dans la vie, elle est vraiment un équilibre entre ce que j'appelle les différentes boîtes de la vie.

  • Speaker #0

    On va y venir justement sur ce parallèle vie pro, vie perso. Mais avant, on voulait aborder une thématique qui est très importante, et notamment pour HSC WeAndMen, c'est la place des femmes en entreprise. Il y a un point que je trouve particulièrement intéressant dans ton parcours, c'est la diversité des zones géographiques et même des... tailles d'entreprises dans lesquelles tu as évolué ? Je l'ai dit un peu avant, tu as passé plus de trois ans chez IBM, donc entre Paris et Chicago. Est-ce que tu as ressenti des différences sur la place de la femme dans les entreprises entre les Etats-Unis et la France ?

  • Speaker #2

    Je pense que oui. L'Europe est un peu plus conservative et du coup un peu plus en retard parce qu'il y a des héritages culturels plus forts là où les US sont plus progressistes. En Australie, ça se discute. Je ne suis pas encore d'avis clair. En tout cas, entre les US et la France, il y a une différence claire. C'est-à-dire que c'est beaucoup plus accepté et c'est beaucoup plus ok d'être très ambitieux. C'est beaucoup plus ok, par exemple, de ne pas vouloir d'enfant, de vouloir être la PDG et de le dire. En France, on a un côté un petit peu... comment je dirais ?

  • Speaker #0

    Old school.

  • Speaker #2

    Ouais, et puis c'est, on va dire, c'est trop, c'est soit, comment dire, c'est la pète, mais c'est pas une vraie femme, c'est comme un homme. On va avoir beaucoup tendance à mettre des cases. Là où aux Etats-Unis, il y a beaucoup moins de cases, que ce soit dans les genres, l'apparence, les sexes. Et ça, c'est assez cool. parce qu'on se sent quand même vachement plus libre de dire ce qu'on veut et de l'assumer pleinement. Et il y a aussi beaucoup plus de dispositifs qui sont mis en place. Moi, je me rappelle, c'est la première fois aux États-Unis, c'était il y a dix ans que je voyais des salles pour tirer son lait au bureau.

  • Speaker #0

    Effectivement, c'est dingue ça.

  • Speaker #2

    C'était hyper avant-gardiste en fait, parce qu'en France, il n'y en a toujours pas. Je me rappelle très bien d'avoir fait un meeting avec ma boss qui tirait son lait. Et c'était comme ça, parce qu'en fait, on avait 4 heures de board meeting et qu'il fallait le faire. et qu'elle avait quatre enfants à la maison, donc elle avait deux nounous à plein temps. Et en fait, du coup, je trouve ça intéressant, parce qu'aux États-Unis, c'est plutôt identifier ce que tu veux, et après, trouver les moyens de le faire. Donc les aides, en fait. Donc il y a quand même, ils ont beaucoup d'aides. Il y a des nounous, il y a des salaires beaucoup plus hauts, il y a des manières de vivre un peu différentes, mais il y a des nounous, des machins, etc. Ce qui, après, est quelque chose qu'on veut ou qu'on ne veut pas. Enfin, quand on fait des enfants, on veut potentiellement passer du temps avec eux ou pas, c'est des choix personnels. Quel que soit ce que tu veux, c'est OK. Juste, une fois que tu as décidé ce que tu veux, on trouve les moyens de le faire.

  • Speaker #0

    Et ça, ce n'est pas le cas en France, selon toi, aujourd'hui ?

  • Speaker #2

    Je ne dirais pas que ce n'est pas le cas. Parce que je pense qu'il y a énormément de progrès qui ont été faits. Mais je pense que culturellement, les mentalités sont moins prêtes à accepter ça pleinement encore. Ça dépend des entreprises. Et il y a beaucoup de choses qui sont faites pour avancer dans ce sens. Mais on n'est pas encore au même niveau.

  • Speaker #0

    Alors justement, en parlant d'entreprise, tu as travaillé dans des grosses structures, on parlait d'IBM et dans des startups, là aussi, sur la question de la place de la femme. Tu as vu des différences entre ces deux entités ?

  • Speaker #2

    Oui, je pense que... Alors, je ne peux pas avoir une corrélation directe parce que grosso modo, les startups étaient en France et les boîtes un peu plus matures étaient aux Etats-Unis, en Australie. Et en Australie, même si j'ai joint quand c'était une startup, c'est devenu une scale-up très très rapidement. Mais je pense que grosso modo... dans la culture anglo-saxonne, il y a énormément de choses qui sont mises en place pour faciliter pas mal de choses pour les femmes et pour les hommes. Par exemple, en Australie, il y a un congé parental pour le mec qui est pareil que pour la femme. Par exemple, pour moi, c'est essentiel dans les termes d'équité. C'est pas que donner des choses aux femmes, c'est aussi rétablir des responsabilités pour les hommes et faire à ce niveau-là.

  • Speaker #0

    Oui, c'est pas du tout le cas en France, effectivement. C'est pas du tout ça.

  • Speaker #2

    On y arrive. Encore un peu loin.

  • Speaker #0

    On va aborder maintenant justement ce parallèle entre la vie pro et la vie perso. On parle de plus en plus d'un équilibre entre les deux, et a fortiori pour les femmes, une pression vraiment particulière en la matière. Comment est-ce que toi, t'arrives à conjuguer ta carrière exceptionnelle avec ta vie perso ? T'es jeune, je sais pas si tu veux nous dévoiler ton âge, mais je peux te dire que t'as peut-être pas encore d'enfant. Mais même, c'est vrai que la vie perso est importante. Elle fait une partie de ce qu'on est aujourd'hui et conjuguée à la vie pro. C'est important. Comment tu fais l'équilibre entre les deux ?

  • Speaker #2

    Absolument. Je dirais même que la vie perso est probablement plus importante que la vie pro à mon sens. Je pense qu'il y a très peu de gens qui, sur leur lit de mort, se disent « j'aurais aimé travailler plus » . Donc, pour moi, la priorité est très claire. Je n'ai pas d'enfant. Et pour moi, le perso, il ne faut pas le réduire aux enfants non plus. C'est aussi un gros biais qu'on a en tant que femme et qu'en tant qu'homme, quand on parle des femmes, on peut très bien avoir 50 ans, pas d'enfants et avoir une vie perso super riche. Et on peut très bien ne pas avoir eu d'enfants. Il y a beaucoup de moyens de s'accomplir. Et pour moi, le perso est super important. Il regroupe le couple éventuellement, les enfants éventuellement, les amis, la famille autre que couple ou enfant, les hobbies, mais également tout ce qui est temps de développement personnel. sport, temps de self-care, donc c'est vraiment tout un tout. Pour moi, on ne peut pas être performant dans le pro si on n'est pas bien dans le perso, et je pense que c'est encore plus vrai pour moi. J'ai eu une expérience qui m'a permis de faire le point assez rapidement sur tout ça, qui aujourd'hui est je pense un de mes plus gros échecs, entre guillemets, quand je pense à mon passé et qui a finalement été ma plus grosse force, c'est quand j'ai fait un gros burn-out en prépa, parce que pour la première fois, J'avais des gens super forts et en fait, ils sont super forts, mais on ne le sait pas jusqu'au concours. Donc pendant toute l'année, on ne sait pas qu'ils sont super forts et qu'il va y avoir 20% à Polytechnique. Et donc pour la première fois, je me suis retrouvée en échec scolaire, entre guillemets, là où moi, j'avais jamais eu de difficultés, etc. J'ai fait exactement l'inverse de ce que j'avais à faire, c'est-à-dire j'ai essayé de carburer, carburer, carburer, de travailler encore plus, d'arrêter le sport et de bosser 14 heures par jour comme tout le monde, comme il fallait faire en prépa. Ça n'a pas loupé, j'ai explosé en vol. Et en fait, cette expérience m'a permis de légitimer qui je suis et mes besoins. C'est-à-dire qu'à ce moment-là, j'ai eu des gens qui passaient de me pousser et me dire que ce n'était pas assez à des gens qui me disaient « Non, mais en fait, c'est que maman, OK, c'est un système, mais toi, écoute-toi d'abord » . Et en fait, je me suis rendu compte qu'en partant en vacances, en séchant les cours où je ne voulais pas aller, etc., j'ai remonté mon niveau. Et au concours, j'ai surperformé et j'ai eu des écoles parmi les meilleures. Et ça, ça a été vraiment un apprentissage hyper important de dire, ne mets jamais ton perso au détriment de ton pro, entre guillemets, c'est des études à l'époque. Et là où je pensais que mon besoin de sport, d'avoir des amis, d'avoir un équilibre psychique et physique était un luxe. et que, manque de bol, moi j'avais besoin de faire du sport tous les jours, et manque de bol, j'avais besoin de m'amuser, de rigoler tous les jours, et manque de bol, j'avais besoin d'aller voir mes amis, parce que ça me donnait énormément d'énergie. Je suis passée d'une considération de luxe à, non, non, en fait, c'est essentiel.

  • Speaker #0

    C'est primaire.

  • Speaker #2

    Et sans ça, je ne suis pas performante au boulot. Et plus tard, j'ai repris ces éléments, en comprenant de ces éléments ce qui était à inclure dans mon boulot lui-même. Parce qu'en fait, dans ces éléments qu'on dit gêne, il y a des traits qui sont vraiment nos moteurs de personnalité et nos moteurs humains. Et si on ne met pas ses traits dans un boulot pro, c'est qu'on n'est pas à notre place. Il y a beaucoup de parallèles à faire aussi sur les besoins persos et comment les mettre dans les besoins pros.

  • Speaker #0

    Et tu arrives à le faire aujourd'hui ?

  • Speaker #2

    Oui, je croise les doigts. C'est un bel exercice d'équilibriste. Parfois, je me brûle un peu les ailes, mais pour l'instant, j'y arrive. Je pense aussi que la vie est faite de sprint. Donc, il ne faut pas forcément être attachée tout le temps à avoir un peu Le même équilibre partout. Un équilibre, par définition, ça bouge. Donc c'est OK d'avoir des périodes de la vie où le pro prend 99% de la place et d'autres moments de la vie où le perso va être prépondérant. Ça, c'est super important, je pense. D'ailleurs, j'ai un très bel exemple, c'est qu'après 10 ans de job passionnant et super engageant, mais on ne va pas se mentir, un petit peu presque citron, là, j'ai pris un an d'année sabbatique entre analyse AI et intrasens, et ça a été absolument... C'est incroyable pour moi de nourrir mon âme et de reprendre ma créativité. Et je vois vraiment ça comme une alternance entre le pro et le perso. Et je pense que même pendant cette année sabbatique, je me suis nourrie en pro aussi. Ça m'a donné des nouvelles perspectives aussi.

  • Speaker #0

    J'imagine, Fanny, j'en parlais en intro, que tu as pris du temps pour toi et du temps pour faire ce qui te plaisait, ce qui te nourrissait. Je suppose que tu as fait pas mal de kitesurf. Est-ce que ça t'a permis aussi un peu de regarder dans le rétro ? Et de dire, bah ouais, ces dix dernières années, j'ai quand même fait ça et ça. Est-ce que tu peux nous donner un peu les points forts, les key achievements de ce que tu as fait ces dix années passées déjà ?

  • Speaker #2

    Vraiment, avec plaisir. D'ailleurs, c'est un point important. Je pense qu'on ne se pose pas assez dans la vie de tous les jours pour regarder dans le rétroviseur. Et naturellement, on a tendance à retenir soit les points durs, soit les challenges. Et rarement, ce qui s'est super bien passé, les super gros achievements. Et je pense encore plus quand on est en France. Et je pense encore plus quand on est une femme. Donc, c'est super important de se poser. Et ça a été un des gros bénéfices collatéral, parce que je n'y avais pas du tout pensé, mais collatéral de réfléchir aussi à tout ça. Et je pense qu'avec le recul, il y a deux choses dont je me suis vraiment rendue compte. La première, c'est justement que je suis super fière d'avoir maintenu cet équilibre jusqu'à maintenant. Honnêtement, ce n'est pas évident, notamment, on parle beaucoup des périodes d'après, quand on a des enfants, etc. Mais en fait, au début de la vie, quand la carrière se fait, Souvent, on n'a pas forcément la légitimité de dire non, de faire des choix un peu forts. Donc, c'est, je pense, aussi très dur au début de prendre beaucoup de temps pour faire ses passions, son sport, etc. et conjuguer les deux en étant ambitieux. Et de faire comprendre au management et à une entreprise que ce n'est pas parce qu'on reste pas jusqu'à 21h qu'on n'est pas efficace. Ce qui est aussi un peu français.

  • Speaker #0

    C'est vrai.

  • Speaker #2

    Aux Etats-Unis, si on part après 17h, c'est qu'on ne sait pas s'organiser.

  • Speaker #0

    Et dans les pays nordiques également.

  • Speaker #2

    Exactement. Mais donc, pour revenir là-dessus... Donc... Un, très fière d'avoir maintenu cet équilibre vie pro et vie perso et d'avoir vu que j'ai vraiment avancé sur les deux fronts de manière quasiment égale, j'ai envie de dire. Et ça, c'est vraiment un truc dont je suis fière. Et si on prend plus le pro à proprement parler, chez Monakia, j'ai finalement créé un projet from scratch. Vraiment, j'ai été embauchée. Le but, c'était de dire, on sait que l'intelligence artificielle arrive, on ne sait pas comment. On ne veut pas être le Kodak de l'imagerie médicale. Donc en gros... go and figure it out, quoi. Enfin, vraiment, débrouille-toi pour savoir ce qu'il faut faire, quand, comment, etc. Sachant qu'on parle de ça il y a dix ans, donc l'intelligence artificielle, il y a dix ans, il fallait expliquer ce que c'était. Il faut remettre les choses en perspective, mais voilà. Et du coup, à l'époque, je suis partie aux États-Unis pendant trois mois avec les commerciaux en étant... Une petite nana jeune et je suis revenue avec un cahier des charges, une description de produit. On m'a donné une équipe, un budget et j'ai créé le produit jusqu'au début des études cliniques. Donc ça, c'était vraiment un gros achievement. Je suis très fière. C'était vraiment cool. C'est vraiment cool. Parce qu'à la base, j'étais vraiment loin d'être experte dans le domaine. Donc c'était vraiment apprendre en faisant et être entourée de super belles personnes. On ne fait rien tout seul. Et ensuite, j'ai continué ce parcours chez IDM WSM. Là, c'était très différent. j'avais un petit peu en management fonctionnel, pas de RH, mais j'avais 25 personnes. J'avais les designers, les qualités, les ingénieurs. J'avais vraiment une usine de gens très seniors. Et donc là, j'étais le chef d'orchestre du projet. Donc là, je pense que ma fierté, ça a été déjà de leader toutes ces personnes en étant jeune, en étant une femme. Et puis de faire tout ça dans un environnement qui n'est pas ma culture, pas mal en native. Donc j'ai toujours eu la chance d'être entourée de gens qui m'ont toujours beaucoup poussé dans ma carrière et dans mon perso. Donc j'avais déjà habité aux Etats-Unis, etc. Et c'est d'ailleurs pour ça que j'avais été prise pour le job. Parce que j'avais une compréhension culturelle qui était assez poussée. En plus de mon expertise en AI, bien sûr. Mais ça rajoute quand même pas mal de barrières. De faire tous les rendez-vous leadership et de se battre, entre guillemets, pour ses idées dans une langue qui n'est pas la langue maternelle, avec une culture qui n'est pas la langue maternelle. donc parfois j'en jouais Quand il fallait être très direct et très négatif, je disais que j'étais française. Et ça excusait tout ! Mais il faut aussi jouer avec la culture locale et avec les contraintes locales. Donc ça, c'était vraiment très chouette. Ensuite, chez Analyse AI, il y avait les mêmes choses culturelles, dans une culture hyper différente encore. On pense que l'Australie, c'est anglo-saxon, etc. C'est hyper différent des États-Unis, c'est hyper différent de la France. C'est plus proche de l'Angleterre, un peu. Et donc là, alors déjà, j'ai commencé avec 12 heures de décalage horaire en manageant 12 personnes en France, aux Etats-Unis, en Inde et en Australie. Donc déjà, faire du ping-pong de décalage horaire. J'ai recruté cette équipe, donc aussi en étant à distance au début, puis là-bas. Donc ça, c'était pas évident. Et c'était mon premier poste de management. Donc c'est la première fois qu'on me donnait les clés de l'équipe, qu'on me faisait confiance. Et ça, j'en suis très reconnaissante, que j'ai beaucoup appris aussi sur le côté humain. Et après, en termes de pure expertise métier, c'était super intéressant parce que je suis vraiment arrivée dans une petite startup qui a triplé et qui est devenue un leader mondial en deux ans et demi. Donc là aussi, j'ai eu une décroûte. Je fais beaucoup de décisions à l'instant et grosso modo, ça marche. Et là, il y avait vraiment un enjeu de transformation de culture, de passer d'une petite boîte tech qui va faire des produits, qui va délivrer et qui va répondre, être très réactive sur des bugs, sur des demandes individuelles, à faire une transition vers une boîte orientée sales. orientés, on génère du revenu, les demandes elles viennent du marché, ça doit être forcément lié à du revenue generation. Et du coup, il y a eu toute la plomberie à faire là-dedans et la transition culturelle pour passer d'une startup à une scale-up et d'une boîte dev-led à une boîte product-led et business-led. Et ça, c'était super intéressant d'orchestrer tout ça. Et j'ai la même chose à faire chez Notre Ascent.

  • Speaker #0

    T'as vraiment une sacrée expérience alors que je le rappelle, ou plutôt je le dévoile, tu n'as que 32 ans. Tout ça m'amène à ma prochaine question. Est-ce que tu as eu des rôles modèles ou des mentors dans ton parcours ?

  • Speaker #2

    Je n'ai jamais eu de personnes un peu d'idole où je voulais ressembler, etc. Je n'ai jamais eu de poster dans ma chambre petite. C'est vrai ? Non, jamais. J'ai jamais idolatré quelqu'un, etc. Par contre, le rôle des mentors et des rôles modèles est hyper important. Mais ce que j'aime faire, c'est plutôt prendre des parties que j'aime dans toutes les personnes qui m'entourent. Donc je vais avoir des rôles modèles parce qu'il y a un trait de caractère que j'adore ou parce qu'il y a une compétence que j'adore, parce qu'il y a un mindset que j'adore. Et naturellement, du coup, je m'entoure de ces personnes qui sont en général au début des mentors et qui sont rapidement devenues des amies qui ont 20 ou 30 ans de plus que moi, mais qui m'accompagnent depuis pas mal d'années.

  • Speaker #0

    Tu es ambassadrice de HEC We & Men aujourd'hui, en faisant partie effectivement des lauréates ou des nominés de ce prix Trajectoire. Et tu inspires à ton tour les nouvelles générations. est-ce que c'est important pour toi de donner en retour ?

  • Speaker #2

    Oui, carrément. Je pense que j'ai vraiment eu la chance de recevoir énormément depuis que je suis petite. Et je suis pas là par hasard, je suis là parce que j'ai rencontré, j'ai fait des rencontres magnifiques. Enfin, je pense que vraiment le catalyseur de toutes les vies, c'est les rencontres. En tout cas, le catalyseur de ma vie, c'est les rencontres. Et que ce soit dans le perso, dans le pro, dans l'inspiration, c'est globalement, quasiment toujours des personnes dont je me nourris. Ne serait-ce que pour avoir une idée, que pour me montrer que c'est possible, que pour me montrer qu'un autre chemin est différent. Et ça, ça a toujours été lié à des rencontres, à des gens que j'ai appelés qui ont pris du temps avec moi pour m'ouvrir des portes ou me donner des conseils ou juste m'écouter et me donner un feedback. Du coup, j'ai vraiment une envie et je pense que c'est hyper important de give back et de donner et à mon tour d'inspirer autant que je peux inspirer. sachant que pour moi c'est un fil qui continue dans la vie c'est à dire que moi il y a encore des gens, mes mentors à qui je demande de l'aide et qui m'inspire et moi mon rôle est de donner c'est un fil d'énergie continue un fil d'Ariane entre générations et entre personnes.

  • Speaker #0

    Et alors justement qu'est-ce que tu transmettrais ou qu'est-ce que tu voudrais dire aujourd'hui à la jeune Fanny à sa sortie d'HEC ?

  • Speaker #2

    Je lui dirais de foncer, qu'elle est vraiment sur la bonne voie et de continuer à faire confiance à ses tripes je pense que c'est vraiment le plus gros atout de sentir son instinct et de prendre des décisions à l'instinct. Ça m'a toujours beaucoup réussi et c'est ce que je conseillerais à tout le monde.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Fanny Louvet de Verchères d'avoir accepté de nous rejoindre dans ce podcast Trajectoire, le premier épisode un des dix épisodes que nous enregistrerons avec HEC WeAndMen. Merci Fanny.

  • Speaker #2

    Merci pour l'invitation, à bientôt.

  • Speaker #0

    Merci d'avoir été avec nous.

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