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Série 1 : Les mécanismes du traumatisme.  Episode 2 : La réalité neuro-biologique du traumatisme cover
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Traumatisme et Renaissance

Série 1 : Les mécanismes du traumatisme. Episode 2 : La réalité neuro-biologique du traumatisme

Série 1 : Les mécanismes du traumatisme. Episode 2 : La réalité neuro-biologique du traumatisme

20min |25/06/2024
Play
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20min |25/06/2024
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Description

Dans le 1er épisode sur les mécanismes du traumatisme, j’ai abordé la réalité physiologique du traumatisme. Ce 2ème épisode complète le premier, en abordant ce qui se passe au niveau neuronal et biologique.

  • C’est ici que je vais aborder l’organisation du cerveau (selon Maclean)

  • et le circuit de la peur (Théorie de Joseph ledoux)

  • Nous allons relier ici la réalité physiologique du corps avec l’émotion de la peur.


Personnellement, en découvrant ces notions, j’ai mieux compris, cerné la réalité « viscérale » de la peur, celle qui nous dépasse, nous tétanise, qui est plus forte que nous, qui nous « prend complément » aussi.

 

Bienvenue dans le deuxième épisode : La réalité neuro-biologique du traumatisme : quand le corps disjoncte pour survivre au traumatisme de l’inceste. Deuxième épisode de la série sur les mécanismes du traumatisme du Podcast Traumatisme & renaissance, l’inceste, par Hélène Dujardin

Je vous souhaite une belle écoute


si vous aimez cet épisode, n’hésitez pas à le partager autour de vous et à vous abonner ; et surtout ça serait génial si vous pouvez prendre quelques minutes pour mettre 5 étoiles sur Apple Podcast ou spotify ou une autre application de Podcast, ça va aider énormément ce podcast. Merci à vous. Je vous retrouve mardi prochain pour un nouvel épisode, d’ici là, prenez bien soin de vous !


Références:


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Dans le premier épisode sur les mécanismes du traumatisme, j'ai abordé la réalité physiologique du traumatisme. Le deuxième épisode complète le premier en abordant ce qui se passe au niveau neuronal et biologique. C'est ici que je vais aborder l'organisation du cerveau et le circuit de la peur. Nous allons relier ici la réalité physiologique du corps avec l'émotion de la peur. Personnellement, en découvrant ces notions, j'ai mieux compris cerner la réalité viscérale de la peur, celle qui nous dépasse, nous tétanise, qui est plus forte que nous et qui nous prend complètement aussi. Bienvenue dans le deuxième épisode, la réalité neurobiologique du traumatisme, quand le corps disjoncte pour survivre au traumatisme de l'inceste. Deuxième épisode de la série sur les mécanismes du traumatisme, du podcast Traumatisme et Renaissance, l'inceste, par Hélène Dujardin. Alors pour cerner ce qui se passe quand nous éprouvons de la peur, Commençons par comprendre comment se structure le cerveau. Pour cela, je vais m'appuyer sur la théorie des trois cerveaux de Maclean, théorie que Maclean a développée à la fin des années 1950. Vous avez peut-être déjà entendu parler du cerveau limbique, du cerveau reptilien, du néocortex. Eh bien, voilà, nous y sommes. C'est de cela dont il s'agit. Pour vous en dire un petit peu plus, Maclean invente en quelque sorte un cerveau en trois parties, marquant les différents stades de l'évolution des espèces. Ces cerveaux sont étroitement interconnectés, tout en ayant leur propre intelligence, mémoire, fonctions motrices, etc. Le cerveau le plus primitif, c'est le cerveau reptilien. Celui-ci gère les comportements de survie, les comportements automatiques, vraiment caractéristiques de l'espèce. Les vertébrés primitifs ne possèdent que cette structure. Cette structure contrôle plusieurs fonctions vitales comme la respiration, le rythme cardiaque, la motricité. Puis arrive le cerveau limbique. Celui-ci est responsable du contrôle des émotions et des motivations. On retrouve cette partie du cerveau étroitement liée au système olfactif chez la plupart des mammifères, même les plus primitifs, comme les marsupiaux ou les rongeurs. Enfin, le néocortex. Il est développé essentiellement chez les mammifères les plus évolués, comme les carnivores, les ongulés, les primates. Le cortex a dû se plisser pour augmenter sa surface. Les replis ainsi formés, qu'on appelle aussi circonvolutions, sont donc des signes d'évolution. Le cortex est le siège de la plupart de nos fonctions mentales, comme le langage par exemple. Grâce à sa partie frontale, il est le cerveau de l'anticipation du choix, face à une stimulation du monde extérieur. Mais alors, que se passe-t-il quand on a peur ? La réponse émotionnelle est contrôlée par le système limbique. Et la structure principale qui est en jeu, c'est l'amidale. L'amidale contrôle l'expression des réponses émotionnelles. Et chose importante, elle est aussi le siège de la mémoire émotionnelle. Je reparlerai de cela dans le troisième épisode. Et ce sera crucial pour comprendre ce qui se passe dans un traumatisme. Alors c'est Joseph Ledoux, chercheur neurobiologiste à l'Université de New York, qui nous a permis de comprendre ce qui se passe. dans le circuit de la peur et dans le rôle de l'amidale. Il a développé justement la théorie du circuit de la peur en 1997. Alors, qu'explique donc cette théorie ? Le chercheur distingue deux voies face à la peur, une voie courte, dite basse, et une voie longue, dite haute, de réaction. Alors, la voie courte qui court-circuit le cortex Siège des fonctions mentales, si vous m'avez bien suivi. Dans cette voie courte, un stimulus sensoriel de perception de danger arrive au thalamus. Le thalamus est la porte d'entrée sensorielle du cerveau et un centre de relais. Cela va directement activer l'amidale qui reconnaît la situation de danger. L'amidale s'allume et va permettre de réagir. Ça, c'est la réponse émotionnelle. Avant même que le danger ne soit perçu par le cortex. Ça, c'est la voix courte, dite basse. La voix longue, haute, réassocie le cortex. Cette voix va permettre une analyse de la situation en traitant les informations sensorielles et en comparant la situation à une banque d'images, de souvenirs. issus de nos expériences affectives d'apprentissage, grâce à l'hippocampe, l'hippocampe qui est cette petite structure cérébrale, siège de la mémoire explicite, partie consciente de la mémoire. Cette voie va permettre d'affiner, de moduler et d'atténuer l'activation de l'amidale et des réponses émotionnelles, ou au contraire de les maintenir si nécessaire. Alors, pour illustrer par un exemple et vous permettre de mieux comprendre, je vais prendre l'exemple que donne Joseph Ledoux lui-même pour appuyer sa théorie. Il s'agit de l'exemple du serpent. Alors, cet exemple me parle tout à fait bien puisque j'ai moi-même récemment croisé en randonnée une vipère. Alors, que se passe-t-il quand un promeneur marche dans la nature et voit ce qu'il croit être un serpent ? La voix courte, dite basse, se met en action. Elle active un sursaut, un recul de frayeur. Nous sommes saisis. La vue de ce que l'on croit être un serpent active notre thalamus, porte d'entrée sensorielle et relaie jusqu'à la midale qui s'active pour produire une réponse émotionnelle. Sursaut, peur. Tout cela est instinctif. Par la voix longue, après un petit temps... L'information arrive au cortex, notamment visuel. Le cortex prend le temps de traiter visuellement l'information et de faire un comparatif avec la banque de données de souvenirs grâce à l'hippocampe. Ai-je déjà croisé un serpent ? Est-ce que ce que je vois est-il réellement un serpent ? Ai-je déjà vu en photo un serpent ? Bref, je compare ce que je connais du serpent pour voir si exactement il s'agit bel et bien, oui ou non, d'un serpent. Alors s'il s'agit bel et bien d'un serpent, le cortex visuel renforce l'action de l'amygdale, maintient les réponses corporelles, et s'il s'agit d'un bâton, l'action de l'amygdale est freinée et les réponses corporelles s'estompent. L'action de l'amidale a un rôle de survie. Il vaut mieux prendre le bâton pour un serpent et agir pour se remettre en sécurité et s'éloigner du danger plutôt que de risquer prendre un serpent pour un bâton. C'est donc la voix basse qui prime lors d'un danger. La réponse émotionnelle va enclencher différentes réactions. Une sécrétion d'adrénaline, de noradrénaline qui permet d'activer la branche du sympathique et de préparer à l'action, libération du cortisol dans un deuxième temps et enfin activation du circuit de la motivation avec la sécrétion de la dopamine. Avec donc une réponse comportementale associée, le combat, la fuite, l'immobilisation, nous avons déjà abordé ces états dans le premier épisode. Le but est de résoudre une situation stressante, voire menaçante, pour un retour à la sécurité et au calme. Ainsi, la mémoire émotionnelle de l'événement est intégrée alors dans l'hippocampe, transformée en mémoire explicite autobiographique et en expérience. Elle peut faire partie des apprentissages. Ça, c'est quand le danger a pu être traité et le retour au calme se faire. Petit aparté, c'est ce que j'ai vécu moi aussi lors de ma rencontre avec la vipère. Un instant saisi, figé par la situation, la surprise, je me suis mobilisé pour discrètement, à pas de velours, fuir la situation et m'en éloigner. Et ainsi vivre un retour au calme. Tout en ayant, je l'avoue, une partie de mon signal d'alarme allumé, puisque je pouvais tout aussi bien faire une autre rencontre hasardeuse par la suite, en poursuivant ma randonnée. Ma mémoire, néanmoins, ma mémoire explicite a enregistré cela. En revanche, si j'avais été mordu par la vipère, il en aurait été tout autre. Alors cette petite histoire, évidemment toute proportion gardée, me permet d'introduire ce qui se passe lors d'un traumatisme. Et évidemment beaucoup plus tragiquement, celui de l'inceste. L'inceste produit une effraction psychique, terrorise, il est inconcevable pour notre psychisme, incompréhensible. Les certitudes de sécurité, de possibilité de lien, d'affection, toutes ces certitudes acquises s'effondrent. Échapper à la situation n'est pas possible. D'autant plus si l'inceste concerne la figure d'attachement, donc les parents, ou si l'inceste a lieu au sein de la maison familiale, perpétrée par un de ses membres, comme un membre de la fratrie. Le sentiment d'impuissance est total. Alors, je vais d'abord vous décrire ce qui se passe à l'intérieur de la personne, et ensuite je vais vous détailler les différentes phases. Alors, à l'intérieur de la personne, lors de l'agression, la voix basse de la personne victime d'inceste est activée. L'amidale est activée. La voix haute s'active ensuite, mais ne peut pas apporter de modulation car le danger est trop grand. La modulation, l'atténuation de l'amidale ne peut pas avoir lieu comme habituellement. Le cortex est donc mis tout simplement hors service. L'accès à l'hippocampe pour comparer la situation avec les souvenirs ne peut pas se faire. Il n'y a pas de sortie ou de maîtrise du danger. La victime est saisie par le danger, obligée de subir ce danger dans un effroi et une grande impuissance. Tout cela dans un état de confusion, puisque l'agression se fait par une personne qui est censée être aimante, apporter du soin, de la sécurité, du lien, etc. Alors, que se passe-t-il exactement ? Quelles sont les différentes phases ? Dans une première phase, dans un premier temps, L'amidale reste activée, la réponse émotionnelle reste maximale avec une production de cortisol importante, activation du sympathique avec une production d'adrénaline. Le système rentre dans un sur-régime. mais sans action possible. Autrement dit, le système turbine à fond pour pouvoir s'activer, se mobiliser, fuir, sortir de la situation, partir, se défaire de l'agressat, mais cela est impossible. Cela entraîne un état de stress extrême, de survoltage, avec de la tachycardie, des sueurs, des tremblements, sensation de vertige, angoisse plus plus plus. Les taux élevés d'adrénaline et de cortisol deviennent carrément toxiques à ce stade. À ce stade, il y a une possibilité d'infarctus du myocarde, d'atteinte des cellules nerveuses avec risque de mort neuronale, possible atteinte de l'immunité. Ça, c'est une première phase. Alors justement, face à ce risque, le corps rentre dans une deuxième phase, puisqu'il y a un risque vital pour l'organisme. Dans cette deuxième phase, par protection, le circuit disjoncte. Les appareils sont déconnectés, et donc protégés, mais ils arrêtent de fonctionner. Un court circuit. L'amidale s'éteint malgré l'agression qui se poursuit, provoquant différentes conséquences. En fait, avec ce court circuit, l'état de stress s'apaise. L'état de mobilisation n'est plus stimulé. Il n'y a plus de souffrance psychique ni physique grâce aux endorphines qui provoquent une analgésie. Mais cette déconnexion, ce mode de survie pour survivre à l'agression a un coût, plusieurs coûts même. En effet, comme l'amygdale est déconnectée du cortex associatif, le cortex associatif ne va plus recevoir d'informations émotionnelles. Donc les stimulés traumatiques vont continuer d'arriver via le thalamus au cortex sensoriel. Ils vont être traités par le cortex associatif, mais sans connotation émotionnelle, sans souffrance psychologique ni physique. Et c'est ça qui va donner une impression d'étrangeté, d'irréalité, d'être spectateur de ce qui nous arrive. De voir un film, cet état de confusion, de dépersonnalisation, c'est le phénomène de dissociation. En plus, côté mémoire, comme l'amidale est également déconnectée de l'hippocampe, qui ne va plus recevoir le contenu de la mémoire implicite émotionnelle. Normalement, l'hippocampe traduit l'information de la mémoire émotionnelle implicite en mémoire déclarative autobiographique. pour procéder à l'enregistrement de l'expérience. Et donc là, cela ne peut plus se faire. Et c'est là qu'on comprend le principe de l'amnésie traumatique, partielle ou totale. Je reviendrai là-dessus dans mon prochain épisode sur les bugs de la mémoire. Et donc, pour résumer, la déconnexion de l'amidale entraîne à la fois un arrêt du risque vital, oui, une analgésie émotionnelle et physique, au prix donc de symptômes dissociatifs importants et de troubles de la mémoire. Mais il est important de comprendre que ce sont des réactions neurobiologiques, des réactions normales du corps, du cerveau, des mesures de protection ultimes pour nous maintenir en vie. Ce sont des réactions normales face à des agressions, des menaces qui sont anormales. Cela nous a permis de nous préserver. tout en nous dissociant de nous-mêmes de la réalité. Alors, alors que nous arrivons vers la fin de notre épisode, en résumé, nous avons découvert dans ce deuxième épisode différents éléments. Nous avons découvert que le cerveau se découpe, selon Maclean, en trois parties. Le cerveau reptilien primitif, le cerveau limbique, responsable du contrôle des émotions, et le néocortex. Nous avons vu également le circuit de la peur, qui s'organise en une voie basse, rapide, avec l'amidale, et une voie haute, plus lente, associant le cortex. Enfin, nous avons vu que la situation trop grande de danger provoque un court circuit et fait disjoncter les circuits pour nous maintenir en vie, ou plutôt dans un état de survie, un mode de survie, en fait, une dissociation. Voilà, c'est la fin de cet épisode. Si vous avez aimé et apprécié cet épisode, n'hésitez pas à le partager autour de vous. et à vous abonner. Et surtout, ça serait génial si vous pouvez prendre quelques minutes pour mettre un 5 étoiles sur Apple Podcasts ou Spotify ou toute autre application de podcast. Ça va énormément aider ce podcast. Merci à vous. Et je vous retrouve mardi prochain pour un nouvel épisode. D'ici là, prenez bien soin de vous.

Chapters

  • théorie des 3 cerveaux de Maclean

    01:11

  • Circuit de la peur de Joseph Leoux

    04:11

  • Exemple du serpent

    06:59

  • que se passe t il lors de l'inceste?

    11:39

  • que vit la personne intérieurement lors de l'inceste?

    12:29

  • Quelles sont les différentes phases?

    13:44

  • Des mesures normales face à un danger sans solution

    18:00

  • Résumé et conclusion de l'épisode

    18:44

Description

Dans le 1er épisode sur les mécanismes du traumatisme, j’ai abordé la réalité physiologique du traumatisme. Ce 2ème épisode complète le premier, en abordant ce qui se passe au niveau neuronal et biologique.

  • C’est ici que je vais aborder l’organisation du cerveau (selon Maclean)

  • et le circuit de la peur (Théorie de Joseph ledoux)

  • Nous allons relier ici la réalité physiologique du corps avec l’émotion de la peur.


Personnellement, en découvrant ces notions, j’ai mieux compris, cerné la réalité « viscérale » de la peur, celle qui nous dépasse, nous tétanise, qui est plus forte que nous, qui nous « prend complément » aussi.

 

Bienvenue dans le deuxième épisode : La réalité neuro-biologique du traumatisme : quand le corps disjoncte pour survivre au traumatisme de l’inceste. Deuxième épisode de la série sur les mécanismes du traumatisme du Podcast Traumatisme & renaissance, l’inceste, par Hélène Dujardin

Je vous souhaite une belle écoute


si vous aimez cet épisode, n’hésitez pas à le partager autour de vous et à vous abonner ; et surtout ça serait génial si vous pouvez prendre quelques minutes pour mettre 5 étoiles sur Apple Podcast ou spotify ou une autre application de Podcast, ça va aider énormément ce podcast. Merci à vous. Je vous retrouve mardi prochain pour un nouvel épisode, d’ici là, prenez bien soin de vous !


Références:


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Transcription

  • Speaker #0

    Dans le premier épisode sur les mécanismes du traumatisme, j'ai abordé la réalité physiologique du traumatisme. Le deuxième épisode complète le premier en abordant ce qui se passe au niveau neuronal et biologique. C'est ici que je vais aborder l'organisation du cerveau et le circuit de la peur. Nous allons relier ici la réalité physiologique du corps avec l'émotion de la peur. Personnellement, en découvrant ces notions, j'ai mieux compris cerner la réalité viscérale de la peur, celle qui nous dépasse, nous tétanise, qui est plus forte que nous et qui nous prend complètement aussi. Bienvenue dans le deuxième épisode, la réalité neurobiologique du traumatisme, quand le corps disjoncte pour survivre au traumatisme de l'inceste. Deuxième épisode de la série sur les mécanismes du traumatisme, du podcast Traumatisme et Renaissance, l'inceste, par Hélène Dujardin. Alors pour cerner ce qui se passe quand nous éprouvons de la peur, Commençons par comprendre comment se structure le cerveau. Pour cela, je vais m'appuyer sur la théorie des trois cerveaux de Maclean, théorie que Maclean a développée à la fin des années 1950. Vous avez peut-être déjà entendu parler du cerveau limbique, du cerveau reptilien, du néocortex. Eh bien, voilà, nous y sommes. C'est de cela dont il s'agit. Pour vous en dire un petit peu plus, Maclean invente en quelque sorte un cerveau en trois parties, marquant les différents stades de l'évolution des espèces. Ces cerveaux sont étroitement interconnectés, tout en ayant leur propre intelligence, mémoire, fonctions motrices, etc. Le cerveau le plus primitif, c'est le cerveau reptilien. Celui-ci gère les comportements de survie, les comportements automatiques, vraiment caractéristiques de l'espèce. Les vertébrés primitifs ne possèdent que cette structure. Cette structure contrôle plusieurs fonctions vitales comme la respiration, le rythme cardiaque, la motricité. Puis arrive le cerveau limbique. Celui-ci est responsable du contrôle des émotions et des motivations. On retrouve cette partie du cerveau étroitement liée au système olfactif chez la plupart des mammifères, même les plus primitifs, comme les marsupiaux ou les rongeurs. Enfin, le néocortex. Il est développé essentiellement chez les mammifères les plus évolués, comme les carnivores, les ongulés, les primates. Le cortex a dû se plisser pour augmenter sa surface. Les replis ainsi formés, qu'on appelle aussi circonvolutions, sont donc des signes d'évolution. Le cortex est le siège de la plupart de nos fonctions mentales, comme le langage par exemple. Grâce à sa partie frontale, il est le cerveau de l'anticipation du choix, face à une stimulation du monde extérieur. Mais alors, que se passe-t-il quand on a peur ? La réponse émotionnelle est contrôlée par le système limbique. Et la structure principale qui est en jeu, c'est l'amidale. L'amidale contrôle l'expression des réponses émotionnelles. Et chose importante, elle est aussi le siège de la mémoire émotionnelle. Je reparlerai de cela dans le troisième épisode. Et ce sera crucial pour comprendre ce qui se passe dans un traumatisme. Alors c'est Joseph Ledoux, chercheur neurobiologiste à l'Université de New York, qui nous a permis de comprendre ce qui se passe. dans le circuit de la peur et dans le rôle de l'amidale. Il a développé justement la théorie du circuit de la peur en 1997. Alors, qu'explique donc cette théorie ? Le chercheur distingue deux voies face à la peur, une voie courte, dite basse, et une voie longue, dite haute, de réaction. Alors, la voie courte qui court-circuit le cortex Siège des fonctions mentales, si vous m'avez bien suivi. Dans cette voie courte, un stimulus sensoriel de perception de danger arrive au thalamus. Le thalamus est la porte d'entrée sensorielle du cerveau et un centre de relais. Cela va directement activer l'amidale qui reconnaît la situation de danger. L'amidale s'allume et va permettre de réagir. Ça, c'est la réponse émotionnelle. Avant même que le danger ne soit perçu par le cortex. Ça, c'est la voix courte, dite basse. La voix longue, haute, réassocie le cortex. Cette voix va permettre une analyse de la situation en traitant les informations sensorielles et en comparant la situation à une banque d'images, de souvenirs. issus de nos expériences affectives d'apprentissage, grâce à l'hippocampe, l'hippocampe qui est cette petite structure cérébrale, siège de la mémoire explicite, partie consciente de la mémoire. Cette voie va permettre d'affiner, de moduler et d'atténuer l'activation de l'amidale et des réponses émotionnelles, ou au contraire de les maintenir si nécessaire. Alors, pour illustrer par un exemple et vous permettre de mieux comprendre, je vais prendre l'exemple que donne Joseph Ledoux lui-même pour appuyer sa théorie. Il s'agit de l'exemple du serpent. Alors, cet exemple me parle tout à fait bien puisque j'ai moi-même récemment croisé en randonnée une vipère. Alors, que se passe-t-il quand un promeneur marche dans la nature et voit ce qu'il croit être un serpent ? La voix courte, dite basse, se met en action. Elle active un sursaut, un recul de frayeur. Nous sommes saisis. La vue de ce que l'on croit être un serpent active notre thalamus, porte d'entrée sensorielle et relaie jusqu'à la midale qui s'active pour produire une réponse émotionnelle. Sursaut, peur. Tout cela est instinctif. Par la voix longue, après un petit temps... L'information arrive au cortex, notamment visuel. Le cortex prend le temps de traiter visuellement l'information et de faire un comparatif avec la banque de données de souvenirs grâce à l'hippocampe. Ai-je déjà croisé un serpent ? Est-ce que ce que je vois est-il réellement un serpent ? Ai-je déjà vu en photo un serpent ? Bref, je compare ce que je connais du serpent pour voir si exactement il s'agit bel et bien, oui ou non, d'un serpent. Alors s'il s'agit bel et bien d'un serpent, le cortex visuel renforce l'action de l'amygdale, maintient les réponses corporelles, et s'il s'agit d'un bâton, l'action de l'amygdale est freinée et les réponses corporelles s'estompent. L'action de l'amidale a un rôle de survie. Il vaut mieux prendre le bâton pour un serpent et agir pour se remettre en sécurité et s'éloigner du danger plutôt que de risquer prendre un serpent pour un bâton. C'est donc la voix basse qui prime lors d'un danger. La réponse émotionnelle va enclencher différentes réactions. Une sécrétion d'adrénaline, de noradrénaline qui permet d'activer la branche du sympathique et de préparer à l'action, libération du cortisol dans un deuxième temps et enfin activation du circuit de la motivation avec la sécrétion de la dopamine. Avec donc une réponse comportementale associée, le combat, la fuite, l'immobilisation, nous avons déjà abordé ces états dans le premier épisode. Le but est de résoudre une situation stressante, voire menaçante, pour un retour à la sécurité et au calme. Ainsi, la mémoire émotionnelle de l'événement est intégrée alors dans l'hippocampe, transformée en mémoire explicite autobiographique et en expérience. Elle peut faire partie des apprentissages. Ça, c'est quand le danger a pu être traité et le retour au calme se faire. Petit aparté, c'est ce que j'ai vécu moi aussi lors de ma rencontre avec la vipère. Un instant saisi, figé par la situation, la surprise, je me suis mobilisé pour discrètement, à pas de velours, fuir la situation et m'en éloigner. Et ainsi vivre un retour au calme. Tout en ayant, je l'avoue, une partie de mon signal d'alarme allumé, puisque je pouvais tout aussi bien faire une autre rencontre hasardeuse par la suite, en poursuivant ma randonnée. Ma mémoire, néanmoins, ma mémoire explicite a enregistré cela. En revanche, si j'avais été mordu par la vipère, il en aurait été tout autre. Alors cette petite histoire, évidemment toute proportion gardée, me permet d'introduire ce qui se passe lors d'un traumatisme. Et évidemment beaucoup plus tragiquement, celui de l'inceste. L'inceste produit une effraction psychique, terrorise, il est inconcevable pour notre psychisme, incompréhensible. Les certitudes de sécurité, de possibilité de lien, d'affection, toutes ces certitudes acquises s'effondrent. Échapper à la situation n'est pas possible. D'autant plus si l'inceste concerne la figure d'attachement, donc les parents, ou si l'inceste a lieu au sein de la maison familiale, perpétrée par un de ses membres, comme un membre de la fratrie. Le sentiment d'impuissance est total. Alors, je vais d'abord vous décrire ce qui se passe à l'intérieur de la personne, et ensuite je vais vous détailler les différentes phases. Alors, à l'intérieur de la personne, lors de l'agression, la voix basse de la personne victime d'inceste est activée. L'amidale est activée. La voix haute s'active ensuite, mais ne peut pas apporter de modulation car le danger est trop grand. La modulation, l'atténuation de l'amidale ne peut pas avoir lieu comme habituellement. Le cortex est donc mis tout simplement hors service. L'accès à l'hippocampe pour comparer la situation avec les souvenirs ne peut pas se faire. Il n'y a pas de sortie ou de maîtrise du danger. La victime est saisie par le danger, obligée de subir ce danger dans un effroi et une grande impuissance. Tout cela dans un état de confusion, puisque l'agression se fait par une personne qui est censée être aimante, apporter du soin, de la sécurité, du lien, etc. Alors, que se passe-t-il exactement ? Quelles sont les différentes phases ? Dans une première phase, dans un premier temps, L'amidale reste activée, la réponse émotionnelle reste maximale avec une production de cortisol importante, activation du sympathique avec une production d'adrénaline. Le système rentre dans un sur-régime. mais sans action possible. Autrement dit, le système turbine à fond pour pouvoir s'activer, se mobiliser, fuir, sortir de la situation, partir, se défaire de l'agressat, mais cela est impossible. Cela entraîne un état de stress extrême, de survoltage, avec de la tachycardie, des sueurs, des tremblements, sensation de vertige, angoisse plus plus plus. Les taux élevés d'adrénaline et de cortisol deviennent carrément toxiques à ce stade. À ce stade, il y a une possibilité d'infarctus du myocarde, d'atteinte des cellules nerveuses avec risque de mort neuronale, possible atteinte de l'immunité. Ça, c'est une première phase. Alors justement, face à ce risque, le corps rentre dans une deuxième phase, puisqu'il y a un risque vital pour l'organisme. Dans cette deuxième phase, par protection, le circuit disjoncte. Les appareils sont déconnectés, et donc protégés, mais ils arrêtent de fonctionner. Un court circuit. L'amidale s'éteint malgré l'agression qui se poursuit, provoquant différentes conséquences. En fait, avec ce court circuit, l'état de stress s'apaise. L'état de mobilisation n'est plus stimulé. Il n'y a plus de souffrance psychique ni physique grâce aux endorphines qui provoquent une analgésie. Mais cette déconnexion, ce mode de survie pour survivre à l'agression a un coût, plusieurs coûts même. En effet, comme l'amygdale est déconnectée du cortex associatif, le cortex associatif ne va plus recevoir d'informations émotionnelles. Donc les stimulés traumatiques vont continuer d'arriver via le thalamus au cortex sensoriel. Ils vont être traités par le cortex associatif, mais sans connotation émotionnelle, sans souffrance psychologique ni physique. Et c'est ça qui va donner une impression d'étrangeté, d'irréalité, d'être spectateur de ce qui nous arrive. De voir un film, cet état de confusion, de dépersonnalisation, c'est le phénomène de dissociation. En plus, côté mémoire, comme l'amidale est également déconnectée de l'hippocampe, qui ne va plus recevoir le contenu de la mémoire implicite émotionnelle. Normalement, l'hippocampe traduit l'information de la mémoire émotionnelle implicite en mémoire déclarative autobiographique. pour procéder à l'enregistrement de l'expérience. Et donc là, cela ne peut plus se faire. Et c'est là qu'on comprend le principe de l'amnésie traumatique, partielle ou totale. Je reviendrai là-dessus dans mon prochain épisode sur les bugs de la mémoire. Et donc, pour résumer, la déconnexion de l'amidale entraîne à la fois un arrêt du risque vital, oui, une analgésie émotionnelle et physique, au prix donc de symptômes dissociatifs importants et de troubles de la mémoire. Mais il est important de comprendre que ce sont des réactions neurobiologiques, des réactions normales du corps, du cerveau, des mesures de protection ultimes pour nous maintenir en vie. Ce sont des réactions normales face à des agressions, des menaces qui sont anormales. Cela nous a permis de nous préserver. tout en nous dissociant de nous-mêmes de la réalité. Alors, alors que nous arrivons vers la fin de notre épisode, en résumé, nous avons découvert dans ce deuxième épisode différents éléments. Nous avons découvert que le cerveau se découpe, selon Maclean, en trois parties. Le cerveau reptilien primitif, le cerveau limbique, responsable du contrôle des émotions, et le néocortex. Nous avons vu également le circuit de la peur, qui s'organise en une voie basse, rapide, avec l'amidale, et une voie haute, plus lente, associant le cortex. Enfin, nous avons vu que la situation trop grande de danger provoque un court circuit et fait disjoncter les circuits pour nous maintenir en vie, ou plutôt dans un état de survie, un mode de survie, en fait, une dissociation. Voilà, c'est la fin de cet épisode. Si vous avez aimé et apprécié cet épisode, n'hésitez pas à le partager autour de vous. et à vous abonner. Et surtout, ça serait génial si vous pouvez prendre quelques minutes pour mettre un 5 étoiles sur Apple Podcasts ou Spotify ou toute autre application de podcast. Ça va énormément aider ce podcast. Merci à vous. Et je vous retrouve mardi prochain pour un nouvel épisode. D'ici là, prenez bien soin de vous.

Chapters

  • théorie des 3 cerveaux de Maclean

    01:11

  • Circuit de la peur de Joseph Leoux

    04:11

  • Exemple du serpent

    06:59

  • que se passe t il lors de l'inceste?

    11:39

  • que vit la personne intérieurement lors de l'inceste?

    12:29

  • Quelles sont les différentes phases?

    13:44

  • Des mesures normales face à un danger sans solution

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  • Résumé et conclusion de l'épisode

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Description

Dans le 1er épisode sur les mécanismes du traumatisme, j’ai abordé la réalité physiologique du traumatisme. Ce 2ème épisode complète le premier, en abordant ce qui se passe au niveau neuronal et biologique.

  • C’est ici que je vais aborder l’organisation du cerveau (selon Maclean)

  • et le circuit de la peur (Théorie de Joseph ledoux)

  • Nous allons relier ici la réalité physiologique du corps avec l’émotion de la peur.


Personnellement, en découvrant ces notions, j’ai mieux compris, cerné la réalité « viscérale » de la peur, celle qui nous dépasse, nous tétanise, qui est plus forte que nous, qui nous « prend complément » aussi.

 

Bienvenue dans le deuxième épisode : La réalité neuro-biologique du traumatisme : quand le corps disjoncte pour survivre au traumatisme de l’inceste. Deuxième épisode de la série sur les mécanismes du traumatisme du Podcast Traumatisme & renaissance, l’inceste, par Hélène Dujardin

Je vous souhaite une belle écoute


si vous aimez cet épisode, n’hésitez pas à le partager autour de vous et à vous abonner ; et surtout ça serait génial si vous pouvez prendre quelques minutes pour mettre 5 étoiles sur Apple Podcast ou spotify ou une autre application de Podcast, ça va aider énormément ce podcast. Merci à vous. Je vous retrouve mardi prochain pour un nouvel épisode, d’ici là, prenez bien soin de vous !


Références:


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Dans le premier épisode sur les mécanismes du traumatisme, j'ai abordé la réalité physiologique du traumatisme. Le deuxième épisode complète le premier en abordant ce qui se passe au niveau neuronal et biologique. C'est ici que je vais aborder l'organisation du cerveau et le circuit de la peur. Nous allons relier ici la réalité physiologique du corps avec l'émotion de la peur. Personnellement, en découvrant ces notions, j'ai mieux compris cerner la réalité viscérale de la peur, celle qui nous dépasse, nous tétanise, qui est plus forte que nous et qui nous prend complètement aussi. Bienvenue dans le deuxième épisode, la réalité neurobiologique du traumatisme, quand le corps disjoncte pour survivre au traumatisme de l'inceste. Deuxième épisode de la série sur les mécanismes du traumatisme, du podcast Traumatisme et Renaissance, l'inceste, par Hélène Dujardin. Alors pour cerner ce qui se passe quand nous éprouvons de la peur, Commençons par comprendre comment se structure le cerveau. Pour cela, je vais m'appuyer sur la théorie des trois cerveaux de Maclean, théorie que Maclean a développée à la fin des années 1950. Vous avez peut-être déjà entendu parler du cerveau limbique, du cerveau reptilien, du néocortex. Eh bien, voilà, nous y sommes. C'est de cela dont il s'agit. Pour vous en dire un petit peu plus, Maclean invente en quelque sorte un cerveau en trois parties, marquant les différents stades de l'évolution des espèces. Ces cerveaux sont étroitement interconnectés, tout en ayant leur propre intelligence, mémoire, fonctions motrices, etc. Le cerveau le plus primitif, c'est le cerveau reptilien. Celui-ci gère les comportements de survie, les comportements automatiques, vraiment caractéristiques de l'espèce. Les vertébrés primitifs ne possèdent que cette structure. Cette structure contrôle plusieurs fonctions vitales comme la respiration, le rythme cardiaque, la motricité. Puis arrive le cerveau limbique. Celui-ci est responsable du contrôle des émotions et des motivations. On retrouve cette partie du cerveau étroitement liée au système olfactif chez la plupart des mammifères, même les plus primitifs, comme les marsupiaux ou les rongeurs. Enfin, le néocortex. Il est développé essentiellement chez les mammifères les plus évolués, comme les carnivores, les ongulés, les primates. Le cortex a dû se plisser pour augmenter sa surface. Les replis ainsi formés, qu'on appelle aussi circonvolutions, sont donc des signes d'évolution. Le cortex est le siège de la plupart de nos fonctions mentales, comme le langage par exemple. Grâce à sa partie frontale, il est le cerveau de l'anticipation du choix, face à une stimulation du monde extérieur. Mais alors, que se passe-t-il quand on a peur ? La réponse émotionnelle est contrôlée par le système limbique. Et la structure principale qui est en jeu, c'est l'amidale. L'amidale contrôle l'expression des réponses émotionnelles. Et chose importante, elle est aussi le siège de la mémoire émotionnelle. Je reparlerai de cela dans le troisième épisode. Et ce sera crucial pour comprendre ce qui se passe dans un traumatisme. Alors c'est Joseph Ledoux, chercheur neurobiologiste à l'Université de New York, qui nous a permis de comprendre ce qui se passe. dans le circuit de la peur et dans le rôle de l'amidale. Il a développé justement la théorie du circuit de la peur en 1997. Alors, qu'explique donc cette théorie ? Le chercheur distingue deux voies face à la peur, une voie courte, dite basse, et une voie longue, dite haute, de réaction. Alors, la voie courte qui court-circuit le cortex Siège des fonctions mentales, si vous m'avez bien suivi. Dans cette voie courte, un stimulus sensoriel de perception de danger arrive au thalamus. Le thalamus est la porte d'entrée sensorielle du cerveau et un centre de relais. Cela va directement activer l'amidale qui reconnaît la situation de danger. L'amidale s'allume et va permettre de réagir. Ça, c'est la réponse émotionnelle. Avant même que le danger ne soit perçu par le cortex. Ça, c'est la voix courte, dite basse. La voix longue, haute, réassocie le cortex. Cette voix va permettre une analyse de la situation en traitant les informations sensorielles et en comparant la situation à une banque d'images, de souvenirs. issus de nos expériences affectives d'apprentissage, grâce à l'hippocampe, l'hippocampe qui est cette petite structure cérébrale, siège de la mémoire explicite, partie consciente de la mémoire. Cette voie va permettre d'affiner, de moduler et d'atténuer l'activation de l'amidale et des réponses émotionnelles, ou au contraire de les maintenir si nécessaire. Alors, pour illustrer par un exemple et vous permettre de mieux comprendre, je vais prendre l'exemple que donne Joseph Ledoux lui-même pour appuyer sa théorie. Il s'agit de l'exemple du serpent. Alors, cet exemple me parle tout à fait bien puisque j'ai moi-même récemment croisé en randonnée une vipère. Alors, que se passe-t-il quand un promeneur marche dans la nature et voit ce qu'il croit être un serpent ? La voix courte, dite basse, se met en action. Elle active un sursaut, un recul de frayeur. Nous sommes saisis. La vue de ce que l'on croit être un serpent active notre thalamus, porte d'entrée sensorielle et relaie jusqu'à la midale qui s'active pour produire une réponse émotionnelle. Sursaut, peur. Tout cela est instinctif. Par la voix longue, après un petit temps... L'information arrive au cortex, notamment visuel. Le cortex prend le temps de traiter visuellement l'information et de faire un comparatif avec la banque de données de souvenirs grâce à l'hippocampe. Ai-je déjà croisé un serpent ? Est-ce que ce que je vois est-il réellement un serpent ? Ai-je déjà vu en photo un serpent ? Bref, je compare ce que je connais du serpent pour voir si exactement il s'agit bel et bien, oui ou non, d'un serpent. Alors s'il s'agit bel et bien d'un serpent, le cortex visuel renforce l'action de l'amygdale, maintient les réponses corporelles, et s'il s'agit d'un bâton, l'action de l'amygdale est freinée et les réponses corporelles s'estompent. L'action de l'amidale a un rôle de survie. Il vaut mieux prendre le bâton pour un serpent et agir pour se remettre en sécurité et s'éloigner du danger plutôt que de risquer prendre un serpent pour un bâton. C'est donc la voix basse qui prime lors d'un danger. La réponse émotionnelle va enclencher différentes réactions. Une sécrétion d'adrénaline, de noradrénaline qui permet d'activer la branche du sympathique et de préparer à l'action, libération du cortisol dans un deuxième temps et enfin activation du circuit de la motivation avec la sécrétion de la dopamine. Avec donc une réponse comportementale associée, le combat, la fuite, l'immobilisation, nous avons déjà abordé ces états dans le premier épisode. Le but est de résoudre une situation stressante, voire menaçante, pour un retour à la sécurité et au calme. Ainsi, la mémoire émotionnelle de l'événement est intégrée alors dans l'hippocampe, transformée en mémoire explicite autobiographique et en expérience. Elle peut faire partie des apprentissages. Ça, c'est quand le danger a pu être traité et le retour au calme se faire. Petit aparté, c'est ce que j'ai vécu moi aussi lors de ma rencontre avec la vipère. Un instant saisi, figé par la situation, la surprise, je me suis mobilisé pour discrètement, à pas de velours, fuir la situation et m'en éloigner. Et ainsi vivre un retour au calme. Tout en ayant, je l'avoue, une partie de mon signal d'alarme allumé, puisque je pouvais tout aussi bien faire une autre rencontre hasardeuse par la suite, en poursuivant ma randonnée. Ma mémoire, néanmoins, ma mémoire explicite a enregistré cela. En revanche, si j'avais été mordu par la vipère, il en aurait été tout autre. Alors cette petite histoire, évidemment toute proportion gardée, me permet d'introduire ce qui se passe lors d'un traumatisme. Et évidemment beaucoup plus tragiquement, celui de l'inceste. L'inceste produit une effraction psychique, terrorise, il est inconcevable pour notre psychisme, incompréhensible. Les certitudes de sécurité, de possibilité de lien, d'affection, toutes ces certitudes acquises s'effondrent. Échapper à la situation n'est pas possible. D'autant plus si l'inceste concerne la figure d'attachement, donc les parents, ou si l'inceste a lieu au sein de la maison familiale, perpétrée par un de ses membres, comme un membre de la fratrie. Le sentiment d'impuissance est total. Alors, je vais d'abord vous décrire ce qui se passe à l'intérieur de la personne, et ensuite je vais vous détailler les différentes phases. Alors, à l'intérieur de la personne, lors de l'agression, la voix basse de la personne victime d'inceste est activée. L'amidale est activée. La voix haute s'active ensuite, mais ne peut pas apporter de modulation car le danger est trop grand. La modulation, l'atténuation de l'amidale ne peut pas avoir lieu comme habituellement. Le cortex est donc mis tout simplement hors service. L'accès à l'hippocampe pour comparer la situation avec les souvenirs ne peut pas se faire. Il n'y a pas de sortie ou de maîtrise du danger. La victime est saisie par le danger, obligée de subir ce danger dans un effroi et une grande impuissance. Tout cela dans un état de confusion, puisque l'agression se fait par une personne qui est censée être aimante, apporter du soin, de la sécurité, du lien, etc. Alors, que se passe-t-il exactement ? Quelles sont les différentes phases ? Dans une première phase, dans un premier temps, L'amidale reste activée, la réponse émotionnelle reste maximale avec une production de cortisol importante, activation du sympathique avec une production d'adrénaline. Le système rentre dans un sur-régime. mais sans action possible. Autrement dit, le système turbine à fond pour pouvoir s'activer, se mobiliser, fuir, sortir de la situation, partir, se défaire de l'agressat, mais cela est impossible. Cela entraîne un état de stress extrême, de survoltage, avec de la tachycardie, des sueurs, des tremblements, sensation de vertige, angoisse plus plus plus. Les taux élevés d'adrénaline et de cortisol deviennent carrément toxiques à ce stade. À ce stade, il y a une possibilité d'infarctus du myocarde, d'atteinte des cellules nerveuses avec risque de mort neuronale, possible atteinte de l'immunité. Ça, c'est une première phase. Alors justement, face à ce risque, le corps rentre dans une deuxième phase, puisqu'il y a un risque vital pour l'organisme. Dans cette deuxième phase, par protection, le circuit disjoncte. Les appareils sont déconnectés, et donc protégés, mais ils arrêtent de fonctionner. Un court circuit. L'amidale s'éteint malgré l'agression qui se poursuit, provoquant différentes conséquences. En fait, avec ce court circuit, l'état de stress s'apaise. L'état de mobilisation n'est plus stimulé. Il n'y a plus de souffrance psychique ni physique grâce aux endorphines qui provoquent une analgésie. Mais cette déconnexion, ce mode de survie pour survivre à l'agression a un coût, plusieurs coûts même. En effet, comme l'amygdale est déconnectée du cortex associatif, le cortex associatif ne va plus recevoir d'informations émotionnelles. Donc les stimulés traumatiques vont continuer d'arriver via le thalamus au cortex sensoriel. Ils vont être traités par le cortex associatif, mais sans connotation émotionnelle, sans souffrance psychologique ni physique. Et c'est ça qui va donner une impression d'étrangeté, d'irréalité, d'être spectateur de ce qui nous arrive. De voir un film, cet état de confusion, de dépersonnalisation, c'est le phénomène de dissociation. En plus, côté mémoire, comme l'amidale est également déconnectée de l'hippocampe, qui ne va plus recevoir le contenu de la mémoire implicite émotionnelle. Normalement, l'hippocampe traduit l'information de la mémoire émotionnelle implicite en mémoire déclarative autobiographique. pour procéder à l'enregistrement de l'expérience. Et donc là, cela ne peut plus se faire. Et c'est là qu'on comprend le principe de l'amnésie traumatique, partielle ou totale. Je reviendrai là-dessus dans mon prochain épisode sur les bugs de la mémoire. Et donc, pour résumer, la déconnexion de l'amidale entraîne à la fois un arrêt du risque vital, oui, une analgésie émotionnelle et physique, au prix donc de symptômes dissociatifs importants et de troubles de la mémoire. Mais il est important de comprendre que ce sont des réactions neurobiologiques, des réactions normales du corps, du cerveau, des mesures de protection ultimes pour nous maintenir en vie. Ce sont des réactions normales face à des agressions, des menaces qui sont anormales. Cela nous a permis de nous préserver. tout en nous dissociant de nous-mêmes de la réalité. Alors, alors que nous arrivons vers la fin de notre épisode, en résumé, nous avons découvert dans ce deuxième épisode différents éléments. Nous avons découvert que le cerveau se découpe, selon Maclean, en trois parties. Le cerveau reptilien primitif, le cerveau limbique, responsable du contrôle des émotions, et le néocortex. Nous avons vu également le circuit de la peur, qui s'organise en une voie basse, rapide, avec l'amidale, et une voie haute, plus lente, associant le cortex. Enfin, nous avons vu que la situation trop grande de danger provoque un court circuit et fait disjoncter les circuits pour nous maintenir en vie, ou plutôt dans un état de survie, un mode de survie, en fait, une dissociation. Voilà, c'est la fin de cet épisode. Si vous avez aimé et apprécié cet épisode, n'hésitez pas à le partager autour de vous. et à vous abonner. Et surtout, ça serait génial si vous pouvez prendre quelques minutes pour mettre un 5 étoiles sur Apple Podcasts ou Spotify ou toute autre application de podcast. Ça va énormément aider ce podcast. Merci à vous. Et je vous retrouve mardi prochain pour un nouvel épisode. D'ici là, prenez bien soin de vous.

Chapters

  • théorie des 3 cerveaux de Maclean

    01:11

  • Circuit de la peur de Joseph Leoux

    04:11

  • Exemple du serpent

    06:59

  • que se passe t il lors de l'inceste?

    11:39

  • que vit la personne intérieurement lors de l'inceste?

    12:29

  • Quelles sont les différentes phases?

    13:44

  • Des mesures normales face à un danger sans solution

    18:00

  • Résumé et conclusion de l'épisode

    18:44

Description

Dans le 1er épisode sur les mécanismes du traumatisme, j’ai abordé la réalité physiologique du traumatisme. Ce 2ème épisode complète le premier, en abordant ce qui se passe au niveau neuronal et biologique.

  • C’est ici que je vais aborder l’organisation du cerveau (selon Maclean)

  • et le circuit de la peur (Théorie de Joseph ledoux)

  • Nous allons relier ici la réalité physiologique du corps avec l’émotion de la peur.


Personnellement, en découvrant ces notions, j’ai mieux compris, cerné la réalité « viscérale » de la peur, celle qui nous dépasse, nous tétanise, qui est plus forte que nous, qui nous « prend complément » aussi.

 

Bienvenue dans le deuxième épisode : La réalité neuro-biologique du traumatisme : quand le corps disjoncte pour survivre au traumatisme de l’inceste. Deuxième épisode de la série sur les mécanismes du traumatisme du Podcast Traumatisme & renaissance, l’inceste, par Hélène Dujardin

Je vous souhaite une belle écoute


si vous aimez cet épisode, n’hésitez pas à le partager autour de vous et à vous abonner ; et surtout ça serait génial si vous pouvez prendre quelques minutes pour mettre 5 étoiles sur Apple Podcast ou spotify ou une autre application de Podcast, ça va aider énormément ce podcast. Merci à vous. Je vous retrouve mardi prochain pour un nouvel épisode, d’ici là, prenez bien soin de vous !


Références:


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Transcription

  • Speaker #0

    Dans le premier épisode sur les mécanismes du traumatisme, j'ai abordé la réalité physiologique du traumatisme. Le deuxième épisode complète le premier en abordant ce qui se passe au niveau neuronal et biologique. C'est ici que je vais aborder l'organisation du cerveau et le circuit de la peur. Nous allons relier ici la réalité physiologique du corps avec l'émotion de la peur. Personnellement, en découvrant ces notions, j'ai mieux compris cerner la réalité viscérale de la peur, celle qui nous dépasse, nous tétanise, qui est plus forte que nous et qui nous prend complètement aussi. Bienvenue dans le deuxième épisode, la réalité neurobiologique du traumatisme, quand le corps disjoncte pour survivre au traumatisme de l'inceste. Deuxième épisode de la série sur les mécanismes du traumatisme, du podcast Traumatisme et Renaissance, l'inceste, par Hélène Dujardin. Alors pour cerner ce qui se passe quand nous éprouvons de la peur, Commençons par comprendre comment se structure le cerveau. Pour cela, je vais m'appuyer sur la théorie des trois cerveaux de Maclean, théorie que Maclean a développée à la fin des années 1950. Vous avez peut-être déjà entendu parler du cerveau limbique, du cerveau reptilien, du néocortex. Eh bien, voilà, nous y sommes. C'est de cela dont il s'agit. Pour vous en dire un petit peu plus, Maclean invente en quelque sorte un cerveau en trois parties, marquant les différents stades de l'évolution des espèces. Ces cerveaux sont étroitement interconnectés, tout en ayant leur propre intelligence, mémoire, fonctions motrices, etc. Le cerveau le plus primitif, c'est le cerveau reptilien. Celui-ci gère les comportements de survie, les comportements automatiques, vraiment caractéristiques de l'espèce. Les vertébrés primitifs ne possèdent que cette structure. Cette structure contrôle plusieurs fonctions vitales comme la respiration, le rythme cardiaque, la motricité. Puis arrive le cerveau limbique. Celui-ci est responsable du contrôle des émotions et des motivations. On retrouve cette partie du cerveau étroitement liée au système olfactif chez la plupart des mammifères, même les plus primitifs, comme les marsupiaux ou les rongeurs. Enfin, le néocortex. Il est développé essentiellement chez les mammifères les plus évolués, comme les carnivores, les ongulés, les primates. Le cortex a dû se plisser pour augmenter sa surface. Les replis ainsi formés, qu'on appelle aussi circonvolutions, sont donc des signes d'évolution. Le cortex est le siège de la plupart de nos fonctions mentales, comme le langage par exemple. Grâce à sa partie frontale, il est le cerveau de l'anticipation du choix, face à une stimulation du monde extérieur. Mais alors, que se passe-t-il quand on a peur ? La réponse émotionnelle est contrôlée par le système limbique. Et la structure principale qui est en jeu, c'est l'amidale. L'amidale contrôle l'expression des réponses émotionnelles. Et chose importante, elle est aussi le siège de la mémoire émotionnelle. Je reparlerai de cela dans le troisième épisode. Et ce sera crucial pour comprendre ce qui se passe dans un traumatisme. Alors c'est Joseph Ledoux, chercheur neurobiologiste à l'Université de New York, qui nous a permis de comprendre ce qui se passe. dans le circuit de la peur et dans le rôle de l'amidale. Il a développé justement la théorie du circuit de la peur en 1997. Alors, qu'explique donc cette théorie ? Le chercheur distingue deux voies face à la peur, une voie courte, dite basse, et une voie longue, dite haute, de réaction. Alors, la voie courte qui court-circuit le cortex Siège des fonctions mentales, si vous m'avez bien suivi. Dans cette voie courte, un stimulus sensoriel de perception de danger arrive au thalamus. Le thalamus est la porte d'entrée sensorielle du cerveau et un centre de relais. Cela va directement activer l'amidale qui reconnaît la situation de danger. L'amidale s'allume et va permettre de réagir. Ça, c'est la réponse émotionnelle. Avant même que le danger ne soit perçu par le cortex. Ça, c'est la voix courte, dite basse. La voix longue, haute, réassocie le cortex. Cette voix va permettre une analyse de la situation en traitant les informations sensorielles et en comparant la situation à une banque d'images, de souvenirs. issus de nos expériences affectives d'apprentissage, grâce à l'hippocampe, l'hippocampe qui est cette petite structure cérébrale, siège de la mémoire explicite, partie consciente de la mémoire. Cette voie va permettre d'affiner, de moduler et d'atténuer l'activation de l'amidale et des réponses émotionnelles, ou au contraire de les maintenir si nécessaire. Alors, pour illustrer par un exemple et vous permettre de mieux comprendre, je vais prendre l'exemple que donne Joseph Ledoux lui-même pour appuyer sa théorie. Il s'agit de l'exemple du serpent. Alors, cet exemple me parle tout à fait bien puisque j'ai moi-même récemment croisé en randonnée une vipère. Alors, que se passe-t-il quand un promeneur marche dans la nature et voit ce qu'il croit être un serpent ? La voix courte, dite basse, se met en action. Elle active un sursaut, un recul de frayeur. Nous sommes saisis. La vue de ce que l'on croit être un serpent active notre thalamus, porte d'entrée sensorielle et relaie jusqu'à la midale qui s'active pour produire une réponse émotionnelle. Sursaut, peur. Tout cela est instinctif. Par la voix longue, après un petit temps... L'information arrive au cortex, notamment visuel. Le cortex prend le temps de traiter visuellement l'information et de faire un comparatif avec la banque de données de souvenirs grâce à l'hippocampe. Ai-je déjà croisé un serpent ? Est-ce que ce que je vois est-il réellement un serpent ? Ai-je déjà vu en photo un serpent ? Bref, je compare ce que je connais du serpent pour voir si exactement il s'agit bel et bien, oui ou non, d'un serpent. Alors s'il s'agit bel et bien d'un serpent, le cortex visuel renforce l'action de l'amygdale, maintient les réponses corporelles, et s'il s'agit d'un bâton, l'action de l'amygdale est freinée et les réponses corporelles s'estompent. L'action de l'amidale a un rôle de survie. Il vaut mieux prendre le bâton pour un serpent et agir pour se remettre en sécurité et s'éloigner du danger plutôt que de risquer prendre un serpent pour un bâton. C'est donc la voix basse qui prime lors d'un danger. La réponse émotionnelle va enclencher différentes réactions. Une sécrétion d'adrénaline, de noradrénaline qui permet d'activer la branche du sympathique et de préparer à l'action, libération du cortisol dans un deuxième temps et enfin activation du circuit de la motivation avec la sécrétion de la dopamine. Avec donc une réponse comportementale associée, le combat, la fuite, l'immobilisation, nous avons déjà abordé ces états dans le premier épisode. Le but est de résoudre une situation stressante, voire menaçante, pour un retour à la sécurité et au calme. Ainsi, la mémoire émotionnelle de l'événement est intégrée alors dans l'hippocampe, transformée en mémoire explicite autobiographique et en expérience. Elle peut faire partie des apprentissages. Ça, c'est quand le danger a pu être traité et le retour au calme se faire. Petit aparté, c'est ce que j'ai vécu moi aussi lors de ma rencontre avec la vipère. Un instant saisi, figé par la situation, la surprise, je me suis mobilisé pour discrètement, à pas de velours, fuir la situation et m'en éloigner. Et ainsi vivre un retour au calme. Tout en ayant, je l'avoue, une partie de mon signal d'alarme allumé, puisque je pouvais tout aussi bien faire une autre rencontre hasardeuse par la suite, en poursuivant ma randonnée. Ma mémoire, néanmoins, ma mémoire explicite a enregistré cela. En revanche, si j'avais été mordu par la vipère, il en aurait été tout autre. Alors cette petite histoire, évidemment toute proportion gardée, me permet d'introduire ce qui se passe lors d'un traumatisme. Et évidemment beaucoup plus tragiquement, celui de l'inceste. L'inceste produit une effraction psychique, terrorise, il est inconcevable pour notre psychisme, incompréhensible. Les certitudes de sécurité, de possibilité de lien, d'affection, toutes ces certitudes acquises s'effondrent. Échapper à la situation n'est pas possible. D'autant plus si l'inceste concerne la figure d'attachement, donc les parents, ou si l'inceste a lieu au sein de la maison familiale, perpétrée par un de ses membres, comme un membre de la fratrie. Le sentiment d'impuissance est total. Alors, je vais d'abord vous décrire ce qui se passe à l'intérieur de la personne, et ensuite je vais vous détailler les différentes phases. Alors, à l'intérieur de la personne, lors de l'agression, la voix basse de la personne victime d'inceste est activée. L'amidale est activée. La voix haute s'active ensuite, mais ne peut pas apporter de modulation car le danger est trop grand. La modulation, l'atténuation de l'amidale ne peut pas avoir lieu comme habituellement. Le cortex est donc mis tout simplement hors service. L'accès à l'hippocampe pour comparer la situation avec les souvenirs ne peut pas se faire. Il n'y a pas de sortie ou de maîtrise du danger. La victime est saisie par le danger, obligée de subir ce danger dans un effroi et une grande impuissance. Tout cela dans un état de confusion, puisque l'agression se fait par une personne qui est censée être aimante, apporter du soin, de la sécurité, du lien, etc. Alors, que se passe-t-il exactement ? Quelles sont les différentes phases ? Dans une première phase, dans un premier temps, L'amidale reste activée, la réponse émotionnelle reste maximale avec une production de cortisol importante, activation du sympathique avec une production d'adrénaline. Le système rentre dans un sur-régime. mais sans action possible. Autrement dit, le système turbine à fond pour pouvoir s'activer, se mobiliser, fuir, sortir de la situation, partir, se défaire de l'agressat, mais cela est impossible. Cela entraîne un état de stress extrême, de survoltage, avec de la tachycardie, des sueurs, des tremblements, sensation de vertige, angoisse plus plus plus. Les taux élevés d'adrénaline et de cortisol deviennent carrément toxiques à ce stade. À ce stade, il y a une possibilité d'infarctus du myocarde, d'atteinte des cellules nerveuses avec risque de mort neuronale, possible atteinte de l'immunité. Ça, c'est une première phase. Alors justement, face à ce risque, le corps rentre dans une deuxième phase, puisqu'il y a un risque vital pour l'organisme. Dans cette deuxième phase, par protection, le circuit disjoncte. Les appareils sont déconnectés, et donc protégés, mais ils arrêtent de fonctionner. Un court circuit. L'amidale s'éteint malgré l'agression qui se poursuit, provoquant différentes conséquences. En fait, avec ce court circuit, l'état de stress s'apaise. L'état de mobilisation n'est plus stimulé. Il n'y a plus de souffrance psychique ni physique grâce aux endorphines qui provoquent une analgésie. Mais cette déconnexion, ce mode de survie pour survivre à l'agression a un coût, plusieurs coûts même. En effet, comme l'amygdale est déconnectée du cortex associatif, le cortex associatif ne va plus recevoir d'informations émotionnelles. Donc les stimulés traumatiques vont continuer d'arriver via le thalamus au cortex sensoriel. Ils vont être traités par le cortex associatif, mais sans connotation émotionnelle, sans souffrance psychologique ni physique. Et c'est ça qui va donner une impression d'étrangeté, d'irréalité, d'être spectateur de ce qui nous arrive. De voir un film, cet état de confusion, de dépersonnalisation, c'est le phénomène de dissociation. En plus, côté mémoire, comme l'amidale est également déconnectée de l'hippocampe, qui ne va plus recevoir le contenu de la mémoire implicite émotionnelle. Normalement, l'hippocampe traduit l'information de la mémoire émotionnelle implicite en mémoire déclarative autobiographique. pour procéder à l'enregistrement de l'expérience. Et donc là, cela ne peut plus se faire. Et c'est là qu'on comprend le principe de l'amnésie traumatique, partielle ou totale. Je reviendrai là-dessus dans mon prochain épisode sur les bugs de la mémoire. Et donc, pour résumer, la déconnexion de l'amidale entraîne à la fois un arrêt du risque vital, oui, une analgésie émotionnelle et physique, au prix donc de symptômes dissociatifs importants et de troubles de la mémoire. Mais il est important de comprendre que ce sont des réactions neurobiologiques, des réactions normales du corps, du cerveau, des mesures de protection ultimes pour nous maintenir en vie. Ce sont des réactions normales face à des agressions, des menaces qui sont anormales. Cela nous a permis de nous préserver. tout en nous dissociant de nous-mêmes de la réalité. Alors, alors que nous arrivons vers la fin de notre épisode, en résumé, nous avons découvert dans ce deuxième épisode différents éléments. Nous avons découvert que le cerveau se découpe, selon Maclean, en trois parties. Le cerveau reptilien primitif, le cerveau limbique, responsable du contrôle des émotions, et le néocortex. Nous avons vu également le circuit de la peur, qui s'organise en une voie basse, rapide, avec l'amidale, et une voie haute, plus lente, associant le cortex. Enfin, nous avons vu que la situation trop grande de danger provoque un court circuit et fait disjoncter les circuits pour nous maintenir en vie, ou plutôt dans un état de survie, un mode de survie, en fait, une dissociation. Voilà, c'est la fin de cet épisode. Si vous avez aimé et apprécié cet épisode, n'hésitez pas à le partager autour de vous. et à vous abonner. Et surtout, ça serait génial si vous pouvez prendre quelques minutes pour mettre un 5 étoiles sur Apple Podcasts ou Spotify ou toute autre application de podcast. Ça va énormément aider ce podcast. Merci à vous. Et je vous retrouve mardi prochain pour un nouvel épisode. D'ici là, prenez bien soin de vous.

Chapters

  • théorie des 3 cerveaux de Maclean

    01:11

  • Circuit de la peur de Joseph Leoux

    04:11

  • Exemple du serpent

    06:59

  • que se passe t il lors de l'inceste?

    11:39

  • que vit la personne intérieurement lors de l'inceste?

    12:29

  • Quelles sont les différentes phases?

    13:44

  • Des mesures normales face à un danger sans solution

    18:00

  • Résumé et conclusion de l'épisode

    18:44

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