undefined cover
undefined cover
Série 1. Les mécanismes du traumatisme Episode 3. les bugs de la mémoire dans le traumatisme de l'inceste cover
Série 1. Les mécanismes du traumatisme Episode 3. les bugs de la mémoire dans le traumatisme de l'inceste cover
Traumatisme et Renaissance

Série 1. Les mécanismes du traumatisme Episode 3. les bugs de la mémoire dans le traumatisme de l'inceste

Série 1. Les mécanismes du traumatisme Episode 3. les bugs de la mémoire dans le traumatisme de l'inceste

17min |02/07/2024
Play
undefined cover
undefined cover
Série 1. Les mécanismes du traumatisme Episode 3. les bugs de la mémoire dans le traumatisme de l'inceste cover
Série 1. Les mécanismes du traumatisme Episode 3. les bugs de la mémoire dans le traumatisme de l'inceste cover
Traumatisme et Renaissance

Série 1. Les mécanismes du traumatisme Episode 3. les bugs de la mémoire dans le traumatisme de l'inceste

Série 1. Les mécanismes du traumatisme Episode 3. les bugs de la mémoire dans le traumatisme de l'inceste

17min |02/07/2024
Play

Description

Dans le 1er épisode sur les mécanismes du traumatisme, j’ai abordé la réalité physiologique du traumatisme. Le 2ème épisode complète le premier, en abordant ce qui se passe au niveau neuronal et biologique. Dans le 3ème épisode, nous abordons les bugs de la mémoire dans le traumatisme.

 

Bienvenue dans le troisième épisode : Les bugs de la mémoire dans le traumatisme de l'inceste. Troisième épisode de la série sur les mécanismes du traumatisme du Podcast Traumatisme & renaissance, l’inceste, par Hélène Dujardin


Dans ce 3ème épisode, vous comprendrez :

  • comment et quelle façon s'enregistre un souvenir "normal" et un souvenir traumatique

  • les conséquences que cela a pour la victime en termes de mémorisation et de création d'une mémoire traumatique

  • vous saurez à quoi correspondent les flash backs, les reminiscences et les reviviscences.


Bonne écoute à vous, et n'hésitez pas à vous abonner pour ne manque aucun futur épisode et à mettre un 5 étoiles sur Apple Podcast, Spotify ou Deezer si cela vous a plu. Merci à vous!


Références :

  • Muriel Salmona est une référence sur le sujet

  • Le site de l'Association Mémoire traumatique portée par Muriel Salmona


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Dans les deux premiers épisodes de notre série sur les mécanismes du traumatisme, j'ai abordé la réalité physiologique du traumatisme ainsi que la réalité neurobiologique du traumatisme. Lors d'un traumatisme, le cerveau ne peut pas correctement enregistrer un souvenir dans notre mémoire autobiographique. Alors, comment se crée ce bug ? Quel impact cela a-t-il par la suite ? Dans ce troisième épisode, je vais aborder les conséquences de la mémoire traumatique. Vous en saurez plus sur le pourquoi de l'amnésie traumatique, reviviscence, flashback, etc. Bienvenue dans le troisième épisode, les bugs de mémoire dans le traumatisme de l'inceste. Troisième épisode de la série sur les mécanismes du traumatisme du podcast Traumatisme et Renaissance, l'inceste par Hélène Dujardin. L'enregistrement d'une expérience et donc la mémoire est un phénomène complexe. Pour le résumer, nous pouvons dire que nous avons une mémoire émotionnelle, en lien avec l'amidale et l'hippocampe, et une mémoire autobiographique, plus rationnelle. Alors quand l'expérience est correctement enregistrée par le cerveau et ne constitue pas un traumatisme, voici ce qui se passe. Quand nous construisons un souvenir dans notre cerveau, un point de jonction se forme entre les neurones, ce sont les synapses. Un souvenir s'associe les modalités sensorielles, ce que nous voyons, ce que nous sentons, ce que nous entendons. Nous enregistrons l'événement à travers nos sens et nos émotions. C'est la fameuse madeleine de Proust, une odeur rappelant le souvenir avec un lien émotionnel. Et nous pouvons raconter cela de manière autobiographique. Ainsi, et c'est ce qui va différencier le souvenir normal du souvenir traumatique, le souvenir normal a les caractéristiques suivantes. L'expérience suit une chronologie, elle a un début, une fin, une forme de cohérence, elle peut être synthétisée en une ou deux phrases. Le souvenir évolue dans le temps, il est frais au départ, gardé en mémoire. Et ensuite, selon son importance, il peut s'estomper. Le cerveau opère ainsi une sélection naturelle dans ce que nous vivons. Ce souvenir peut également être partagé sans honte. On peut se rappeler du souvenir de façon adaptée et modulée en fonction des circonstances. Ça, ce sont les caractéristiques d'un souvenir dit normal. Dans notre exemple de la Madeleine de Proust, le rappel d'un simple souvenir passe par l'hippocampe, centre de la mémoire, puis l'amidale, cerveau primitif qui gère les émotions et en particulier la peur, puis par le thalamus, centre de relais et d'intégration des sensations et des capacités motrices. Ça c'est le circuit normal. Pour une expérience traumatisante, l'enregistrement et le rappel d'un souvenir sont tout autres. Alors comme nous l'avons vu dans l'épisode précédent, mais en rappel pour ceux qui ne l'ont pas écouté pour le moment, quand nous sommes confrontés à un danger, l'amidale s'active. Mais si le danger est trop grand, pour éviter un état de surchauffe de notre système qui est dangereux pour notre vie, le système disjoncte. Alors voici ce qui se passe en termes d'enregistrement quand le système disjoncte. Concrètement, l'amidale est déconnectée de l'hippocampe, qui ne va plus recevoir d'informations de la mémoire implicite émotionnelle. Et donc l'hippocampe qui habituellement traduit l'information de la mémoire implicite émotionnelle vers la mémoire autobiographique rationnelle, cette dernière ne pourra pas faire ce processus. Et donc le souvenir ne pourra pas être transformé en mémoire déclarative autobiographique. Cela va entraîner des troubles de la mémoire pouvant aller jusqu'à l'amnésie. totale ou partielle. L'ensemble de l'expérience, par les sens à l'extérieur, par le corps à l'intérieur de nous-mêmes, va alors être enregistré de façon fragmentée, isolée dans la mémoire émotionnelle. Cet enregistrement émotionnel est déconnecté de l'expérience autobiographique. C'est un aspect de la mémoire traumatique dont je vais parler juste après. Pour le moment, je reste sur l'explication de l'enregistrement en tant que tel. Alors, concrètement, par rapport à un souvenir dit normal, non traumatique, le souvenir traumatique va avoir les caractéristiques suivantes. Le souvenir traumatique n'a pas de temps. Il n'a pas de début, il n'a pas de fin, il n'y a pas de chronologie en fait. Ensuite, il n'évolue pas dans le temps. Il ne s'estompe pas comme un souvenir ordinaire pourrait le faire. Il reste figé dans le passé, comme si vous viviez l'expérience d'hier aujourd'hui. C'est tout aussi vif. Alors, le professeur Desmonnet, neurologue et directeur du centre Lennart de la mémoire du CHUV, a travaillé il y a quelques années sur une étude pour identifier les zones du cerveau qui participent à l'enregistrement et au rappel du souvenir. Il explique que pour ces souvenirs, l'effacement n'a pas lieu. Au contraire, le souvenir se consolide. Et il précise que le passage par le thalamus semble être la clé. de ce qu'il appelle ce phénomène d'enquistage. Alors pour continuer sur les caractéristiques du souvenir traumatique, le souvenir traumatique existe par traces, par fragments, versus une forme de continuité. Le souvenir traumatique n'est pas modulaire. Une fois le souvenir ravivé, tous les autres éléments du souvenir se déclenchent. Voilà, ce sont les caractéristiques du souvenir traumatique. Physiologiquement, plus l'adrénaline est produite dans l'expérience du traumatisme, plus le souvenir est précis dans le détail. Ça c'est une forme d'hypermnésie, jusqu'au point où c'est trop fort. Et là, se déclenche l'amnésie totale ou partielle. Alors dans le traumatisme de l'inceste, la question de l'amnésie est importante. Voyons ce que disent les chiffres. Selon les chiffres de l'enquête Impact des violences de l'enfance à l'âge adulte, réalisé en 2015 par l'association française Mémoire traumatique et victimologie, 46% des victimes mineures ont présenté une période d'amnésie traumatique lorsque les violences subies ont été commises par un membre de la famille. Des années, voire des dizaines d'années peuvent s'écouler avant que les souvenirs traumatiques ne refassent surface. Selon cette enquête, entre 6 et 20 ans, dans 29% des cas, entre 21 et 40 ans, dans 11% des cas, et jusqu'à 40 ans, voire plus, dans 1% des cas. Plus l'enfant est jeune, au moment des faits, plus le risque d'amnésie est grand, allant parfois jusqu'à une absence totale de souvenirs pour une période de vie donnée. Et donc le risque d'amnésie est d'autant plus grand que les abus ont lieu dans la sphère familiale, et que le lien de confiance entre la victime et l'agresseur est étroit. Les souvenirs, le souvenir peut avoir été effacé quand bien même la victime en a parlé à d'autres au moment du drame. C'est ce qu'a montré la psychologue américaine Linda Mayer-Williams dans une étude sur les souvenirs des violences sexuelles subies durant l'enfance. En effet, 38% des femmes interrogées ne se souvenaient pas des abus qu'elles avaient pourtant rapportés 17 ans plus tôt. D'où les demandes d'évolution et d'allongement du délai de prescription en matière législative. Le délai de prescription est le délai au-delà duquel la victime ne peut plus porter l'affaire en justice. Revenons à présent à la mémoire traumatique. Finalement, c'est étroitement lié à l'enregistrement du souvenir. Puisqu'il n'y a pas d'encodage et de stockage de la mémoire sensorielle et émotionnelle, la mémoire reste piégée dans l'amidale sans être traitée ni transformée. Elle va rester en quelque sorte hors temps, non consciente, à l'identique. D'une part, l'amidale n'a pas reçu l'information que le danger est écarté. Ainsi, l'amidale va continuer d'envoyer en toile de fond des signaux de danger permanents. C'est ça qui fait un état d'anxiété permanent, un état d'insécurité latent en toile de fond. D'autre part, cette mémoire traumatique est là comme une bombe à retardement, toute prête à être réactivée par des déclencheurs. Les déclencheurs rappellent l'expérience initiale et produisent le même état et même vécu de danger, comme une machine à remonter le temps, avec les mêmes sensations, les mêmes douleurs, les mêmes sentiments de détresse, de terreur. Vous comprenez ici qu'il s'agit des états de panique, des cauchemars, flashbacks, réminiscences. Ce qui me permet d'introduire la notion d'état de stress post-traumatique. autrement appelé syndrome de stress post-traumatique, PTSD. L'événement a disparu, mais le corps et le cerveau ne l'ont pas intégré. C'est exactement le principe de l'activation de la mémoire traumatique que je viens d'expliquer. Un déclencheur, visage, lieu, objet, bruit, odeur, tout ce qui rappelle de près ou de loin l'événement traumatique, la ravive en déclenchant les mêmes émotions, sensations. En plus des souvenirs répétitifs et envahissants, la personne peut être dans un état d'hypervigilance, irritabilité, trouble du sommeil, avec des réactions excessives ou de colère. La personne vit donc dans un état de menace omniprésente et avec laquelle elle doit composer alors que le danger est passé. C'est juste que son système nerveux ne le sait pas, ne l'a pas intégré. Concrètement, l'événement peut rejaillir de différentes façons. D'abord sous forme de flashback. La personne ayant vécu un traumatisme revit alors l'événement traumatique qu'elle a vécu précédemment. Cela peut prendre des formes d'images mentales associées à des émotions fortes. C'est la même chose qu'une revivissance. La réminiscence, elle, est différente. C'est une forme de retour à la conscience des souvenirs non accompagnée de complètes reconnaissances. Il s'agit alors de souvenirs vagues et incomplets, difficiles à localiser. Donc, la personne traumatisée par l'inceste vit à la fois au niveau de la mémoire un bug d'enregistrement du souvenir pouvant aller jusqu'à l'amnésie totale ou partielle et également la création d'une mémoire traumatique en lien avec ce bug d'enregistrement, mémoire qui agit comme une bombe à retardement si les déclencheurs sont activés. En plus, comme le système a disjoncté, il n'y a pas de perception de danger et de réflexe de défense et de protection. Pour prendre une image, lorsqu'on pose sa main anesthésiée sur une plaque électrique, ce n'est pas parce qu'on ne ressent pas la douleur qu'on ne va pas être gravement brûlé et qu'il y a un danger. Alors c'est très difficile de calmer une mémoire traumatique, en particulier quand il y a une amnésie et donc que le vécu douloureux ne peut pas être identifié et relié au traumatisme. Les sensations en sont tout simplement d'autant plus déstabilisantes. Cela donne une impression de danger, de mort imminente, l'impression aussi de devenir fou, l'incompréhension de ce que l'on vit est totale. Une forme de pilotage à l'aveugle, d'un danger permanent dont on ne connaît l'existence. Et donc la personne qui vit cela vit dans un état de hyper-vigilance et peut mettre en place des stratégies d'évitement, de contrôle qui sont juste épuisants. Mais alors, peut-on retrouver sa sécurité, dépasser un traumatisme en ayant une amnésie totale ou partielle ? Ça, c'est une très bonne question. Bonne question, merci d'avoir posé. Alors, à la fois, je n'ai pas de vérité théorique à transmettre sur ce point. Néanmoins, je m'appuie sur les apports de Peter Levine. avec lesquelles, grâce auxquelles j'ai pu me faire ma perception, mon point de vue. Pour moi, c'est l'inscription corporelle du vécu qui a besoin d'être soignée en relation avec un autre être humain. C'est ce qui va permettre de débloquer les inscriptions corporelles. et de vivre ces inscriptions corporelles bloquées, ces moments d'insécurité dans la sécurité du lien en thérapie. Je reviendrai un peu plus tard dans d'autres séries, d'autres épisodes sur les voies pour s'en sortir, et donc les formes de thérapie qui proposent ce cheminement. En cela, oui, nous ne sommes pas condamnés si nous n'avons pas accès à ces souvenirs. Voilà, c'est la fin de cet épisode. Si vous avez aimé et apprécié cet épisode, n'hésitez pas à le partager autour de vous et à vous abonner. Et surtout, ça serait génial si vous pouviez prendre quelques minutes pour mettre un 5 étoiles sur Apple Podcast, sur Spotify ou sur toute autre application de podcast. Cela va énormément aider ce podcast. Et je vous retrouve mardi prochain pour un nouvel épisode. D'ici là, prenez bien soin de vous.

Chapters

  • Le souvenir normal : enregistrement et caractéristiques

    04:10

  • La question de l'amnésie totale ou partielle

    08:05

  • La mémoire traumatique : qu'est ce que c'est? comment ça marche?

    10:23

  • L'état de stress post-traumatique : qu'est ce que c'est?

    11:44

  • Reminiscences, reviviscence, flashbacks

    12:46

  • Pour la victime d'inceste

    13:22

  • Peut on retrouver sa sécurité même s'il y a amnésie totale ou partielle?

    15:21

  • Conclusion de l'épisode sur l'impact de l'inceste sur la mémoire

    16:38

Description

Dans le 1er épisode sur les mécanismes du traumatisme, j’ai abordé la réalité physiologique du traumatisme. Le 2ème épisode complète le premier, en abordant ce qui se passe au niveau neuronal et biologique. Dans le 3ème épisode, nous abordons les bugs de la mémoire dans le traumatisme.

 

Bienvenue dans le troisième épisode : Les bugs de la mémoire dans le traumatisme de l'inceste. Troisième épisode de la série sur les mécanismes du traumatisme du Podcast Traumatisme & renaissance, l’inceste, par Hélène Dujardin


Dans ce 3ème épisode, vous comprendrez :

  • comment et quelle façon s'enregistre un souvenir "normal" et un souvenir traumatique

  • les conséquences que cela a pour la victime en termes de mémorisation et de création d'une mémoire traumatique

  • vous saurez à quoi correspondent les flash backs, les reminiscences et les reviviscences.


Bonne écoute à vous, et n'hésitez pas à vous abonner pour ne manque aucun futur épisode et à mettre un 5 étoiles sur Apple Podcast, Spotify ou Deezer si cela vous a plu. Merci à vous!


Références :

  • Muriel Salmona est une référence sur le sujet

  • Le site de l'Association Mémoire traumatique portée par Muriel Salmona


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Dans les deux premiers épisodes de notre série sur les mécanismes du traumatisme, j'ai abordé la réalité physiologique du traumatisme ainsi que la réalité neurobiologique du traumatisme. Lors d'un traumatisme, le cerveau ne peut pas correctement enregistrer un souvenir dans notre mémoire autobiographique. Alors, comment se crée ce bug ? Quel impact cela a-t-il par la suite ? Dans ce troisième épisode, je vais aborder les conséquences de la mémoire traumatique. Vous en saurez plus sur le pourquoi de l'amnésie traumatique, reviviscence, flashback, etc. Bienvenue dans le troisième épisode, les bugs de mémoire dans le traumatisme de l'inceste. Troisième épisode de la série sur les mécanismes du traumatisme du podcast Traumatisme et Renaissance, l'inceste par Hélène Dujardin. L'enregistrement d'une expérience et donc la mémoire est un phénomène complexe. Pour le résumer, nous pouvons dire que nous avons une mémoire émotionnelle, en lien avec l'amidale et l'hippocampe, et une mémoire autobiographique, plus rationnelle. Alors quand l'expérience est correctement enregistrée par le cerveau et ne constitue pas un traumatisme, voici ce qui se passe. Quand nous construisons un souvenir dans notre cerveau, un point de jonction se forme entre les neurones, ce sont les synapses. Un souvenir s'associe les modalités sensorielles, ce que nous voyons, ce que nous sentons, ce que nous entendons. Nous enregistrons l'événement à travers nos sens et nos émotions. C'est la fameuse madeleine de Proust, une odeur rappelant le souvenir avec un lien émotionnel. Et nous pouvons raconter cela de manière autobiographique. Ainsi, et c'est ce qui va différencier le souvenir normal du souvenir traumatique, le souvenir normal a les caractéristiques suivantes. L'expérience suit une chronologie, elle a un début, une fin, une forme de cohérence, elle peut être synthétisée en une ou deux phrases. Le souvenir évolue dans le temps, il est frais au départ, gardé en mémoire. Et ensuite, selon son importance, il peut s'estomper. Le cerveau opère ainsi une sélection naturelle dans ce que nous vivons. Ce souvenir peut également être partagé sans honte. On peut se rappeler du souvenir de façon adaptée et modulée en fonction des circonstances. Ça, ce sont les caractéristiques d'un souvenir dit normal. Dans notre exemple de la Madeleine de Proust, le rappel d'un simple souvenir passe par l'hippocampe, centre de la mémoire, puis l'amidale, cerveau primitif qui gère les émotions et en particulier la peur, puis par le thalamus, centre de relais et d'intégration des sensations et des capacités motrices. Ça c'est le circuit normal. Pour une expérience traumatisante, l'enregistrement et le rappel d'un souvenir sont tout autres. Alors comme nous l'avons vu dans l'épisode précédent, mais en rappel pour ceux qui ne l'ont pas écouté pour le moment, quand nous sommes confrontés à un danger, l'amidale s'active. Mais si le danger est trop grand, pour éviter un état de surchauffe de notre système qui est dangereux pour notre vie, le système disjoncte. Alors voici ce qui se passe en termes d'enregistrement quand le système disjoncte. Concrètement, l'amidale est déconnectée de l'hippocampe, qui ne va plus recevoir d'informations de la mémoire implicite émotionnelle. Et donc l'hippocampe qui habituellement traduit l'information de la mémoire implicite émotionnelle vers la mémoire autobiographique rationnelle, cette dernière ne pourra pas faire ce processus. Et donc le souvenir ne pourra pas être transformé en mémoire déclarative autobiographique. Cela va entraîner des troubles de la mémoire pouvant aller jusqu'à l'amnésie. totale ou partielle. L'ensemble de l'expérience, par les sens à l'extérieur, par le corps à l'intérieur de nous-mêmes, va alors être enregistré de façon fragmentée, isolée dans la mémoire émotionnelle. Cet enregistrement émotionnel est déconnecté de l'expérience autobiographique. C'est un aspect de la mémoire traumatique dont je vais parler juste après. Pour le moment, je reste sur l'explication de l'enregistrement en tant que tel. Alors, concrètement, par rapport à un souvenir dit normal, non traumatique, le souvenir traumatique va avoir les caractéristiques suivantes. Le souvenir traumatique n'a pas de temps. Il n'a pas de début, il n'a pas de fin, il n'y a pas de chronologie en fait. Ensuite, il n'évolue pas dans le temps. Il ne s'estompe pas comme un souvenir ordinaire pourrait le faire. Il reste figé dans le passé, comme si vous viviez l'expérience d'hier aujourd'hui. C'est tout aussi vif. Alors, le professeur Desmonnet, neurologue et directeur du centre Lennart de la mémoire du CHUV, a travaillé il y a quelques années sur une étude pour identifier les zones du cerveau qui participent à l'enregistrement et au rappel du souvenir. Il explique que pour ces souvenirs, l'effacement n'a pas lieu. Au contraire, le souvenir se consolide. Et il précise que le passage par le thalamus semble être la clé. de ce qu'il appelle ce phénomène d'enquistage. Alors pour continuer sur les caractéristiques du souvenir traumatique, le souvenir traumatique existe par traces, par fragments, versus une forme de continuité. Le souvenir traumatique n'est pas modulaire. Une fois le souvenir ravivé, tous les autres éléments du souvenir se déclenchent. Voilà, ce sont les caractéristiques du souvenir traumatique. Physiologiquement, plus l'adrénaline est produite dans l'expérience du traumatisme, plus le souvenir est précis dans le détail. Ça c'est une forme d'hypermnésie, jusqu'au point où c'est trop fort. Et là, se déclenche l'amnésie totale ou partielle. Alors dans le traumatisme de l'inceste, la question de l'amnésie est importante. Voyons ce que disent les chiffres. Selon les chiffres de l'enquête Impact des violences de l'enfance à l'âge adulte, réalisé en 2015 par l'association française Mémoire traumatique et victimologie, 46% des victimes mineures ont présenté une période d'amnésie traumatique lorsque les violences subies ont été commises par un membre de la famille. Des années, voire des dizaines d'années peuvent s'écouler avant que les souvenirs traumatiques ne refassent surface. Selon cette enquête, entre 6 et 20 ans, dans 29% des cas, entre 21 et 40 ans, dans 11% des cas, et jusqu'à 40 ans, voire plus, dans 1% des cas. Plus l'enfant est jeune, au moment des faits, plus le risque d'amnésie est grand, allant parfois jusqu'à une absence totale de souvenirs pour une période de vie donnée. Et donc le risque d'amnésie est d'autant plus grand que les abus ont lieu dans la sphère familiale, et que le lien de confiance entre la victime et l'agresseur est étroit. Les souvenirs, le souvenir peut avoir été effacé quand bien même la victime en a parlé à d'autres au moment du drame. C'est ce qu'a montré la psychologue américaine Linda Mayer-Williams dans une étude sur les souvenirs des violences sexuelles subies durant l'enfance. En effet, 38% des femmes interrogées ne se souvenaient pas des abus qu'elles avaient pourtant rapportés 17 ans plus tôt. D'où les demandes d'évolution et d'allongement du délai de prescription en matière législative. Le délai de prescription est le délai au-delà duquel la victime ne peut plus porter l'affaire en justice. Revenons à présent à la mémoire traumatique. Finalement, c'est étroitement lié à l'enregistrement du souvenir. Puisqu'il n'y a pas d'encodage et de stockage de la mémoire sensorielle et émotionnelle, la mémoire reste piégée dans l'amidale sans être traitée ni transformée. Elle va rester en quelque sorte hors temps, non consciente, à l'identique. D'une part, l'amidale n'a pas reçu l'information que le danger est écarté. Ainsi, l'amidale va continuer d'envoyer en toile de fond des signaux de danger permanents. C'est ça qui fait un état d'anxiété permanent, un état d'insécurité latent en toile de fond. D'autre part, cette mémoire traumatique est là comme une bombe à retardement, toute prête à être réactivée par des déclencheurs. Les déclencheurs rappellent l'expérience initiale et produisent le même état et même vécu de danger, comme une machine à remonter le temps, avec les mêmes sensations, les mêmes douleurs, les mêmes sentiments de détresse, de terreur. Vous comprenez ici qu'il s'agit des états de panique, des cauchemars, flashbacks, réminiscences. Ce qui me permet d'introduire la notion d'état de stress post-traumatique. autrement appelé syndrome de stress post-traumatique, PTSD. L'événement a disparu, mais le corps et le cerveau ne l'ont pas intégré. C'est exactement le principe de l'activation de la mémoire traumatique que je viens d'expliquer. Un déclencheur, visage, lieu, objet, bruit, odeur, tout ce qui rappelle de près ou de loin l'événement traumatique, la ravive en déclenchant les mêmes émotions, sensations. En plus des souvenirs répétitifs et envahissants, la personne peut être dans un état d'hypervigilance, irritabilité, trouble du sommeil, avec des réactions excessives ou de colère. La personne vit donc dans un état de menace omniprésente et avec laquelle elle doit composer alors que le danger est passé. C'est juste que son système nerveux ne le sait pas, ne l'a pas intégré. Concrètement, l'événement peut rejaillir de différentes façons. D'abord sous forme de flashback. La personne ayant vécu un traumatisme revit alors l'événement traumatique qu'elle a vécu précédemment. Cela peut prendre des formes d'images mentales associées à des émotions fortes. C'est la même chose qu'une revivissance. La réminiscence, elle, est différente. C'est une forme de retour à la conscience des souvenirs non accompagnée de complètes reconnaissances. Il s'agit alors de souvenirs vagues et incomplets, difficiles à localiser. Donc, la personne traumatisée par l'inceste vit à la fois au niveau de la mémoire un bug d'enregistrement du souvenir pouvant aller jusqu'à l'amnésie totale ou partielle et également la création d'une mémoire traumatique en lien avec ce bug d'enregistrement, mémoire qui agit comme une bombe à retardement si les déclencheurs sont activés. En plus, comme le système a disjoncté, il n'y a pas de perception de danger et de réflexe de défense et de protection. Pour prendre une image, lorsqu'on pose sa main anesthésiée sur une plaque électrique, ce n'est pas parce qu'on ne ressent pas la douleur qu'on ne va pas être gravement brûlé et qu'il y a un danger. Alors c'est très difficile de calmer une mémoire traumatique, en particulier quand il y a une amnésie et donc que le vécu douloureux ne peut pas être identifié et relié au traumatisme. Les sensations en sont tout simplement d'autant plus déstabilisantes. Cela donne une impression de danger, de mort imminente, l'impression aussi de devenir fou, l'incompréhension de ce que l'on vit est totale. Une forme de pilotage à l'aveugle, d'un danger permanent dont on ne connaît l'existence. Et donc la personne qui vit cela vit dans un état de hyper-vigilance et peut mettre en place des stratégies d'évitement, de contrôle qui sont juste épuisants. Mais alors, peut-on retrouver sa sécurité, dépasser un traumatisme en ayant une amnésie totale ou partielle ? Ça, c'est une très bonne question. Bonne question, merci d'avoir posé. Alors, à la fois, je n'ai pas de vérité théorique à transmettre sur ce point. Néanmoins, je m'appuie sur les apports de Peter Levine. avec lesquelles, grâce auxquelles j'ai pu me faire ma perception, mon point de vue. Pour moi, c'est l'inscription corporelle du vécu qui a besoin d'être soignée en relation avec un autre être humain. C'est ce qui va permettre de débloquer les inscriptions corporelles. et de vivre ces inscriptions corporelles bloquées, ces moments d'insécurité dans la sécurité du lien en thérapie. Je reviendrai un peu plus tard dans d'autres séries, d'autres épisodes sur les voies pour s'en sortir, et donc les formes de thérapie qui proposent ce cheminement. En cela, oui, nous ne sommes pas condamnés si nous n'avons pas accès à ces souvenirs. Voilà, c'est la fin de cet épisode. Si vous avez aimé et apprécié cet épisode, n'hésitez pas à le partager autour de vous et à vous abonner. Et surtout, ça serait génial si vous pouviez prendre quelques minutes pour mettre un 5 étoiles sur Apple Podcast, sur Spotify ou sur toute autre application de podcast. Cela va énormément aider ce podcast. Et je vous retrouve mardi prochain pour un nouvel épisode. D'ici là, prenez bien soin de vous.

Chapters

  • Le souvenir normal : enregistrement et caractéristiques

    04:10

  • La question de l'amnésie totale ou partielle

    08:05

  • La mémoire traumatique : qu'est ce que c'est? comment ça marche?

    10:23

  • L'état de stress post-traumatique : qu'est ce que c'est?

    11:44

  • Reminiscences, reviviscence, flashbacks

    12:46

  • Pour la victime d'inceste

    13:22

  • Peut on retrouver sa sécurité même s'il y a amnésie totale ou partielle?

    15:21

  • Conclusion de l'épisode sur l'impact de l'inceste sur la mémoire

    16:38

Share

Embed

You may also like

Description

Dans le 1er épisode sur les mécanismes du traumatisme, j’ai abordé la réalité physiologique du traumatisme. Le 2ème épisode complète le premier, en abordant ce qui se passe au niveau neuronal et biologique. Dans le 3ème épisode, nous abordons les bugs de la mémoire dans le traumatisme.

 

Bienvenue dans le troisième épisode : Les bugs de la mémoire dans le traumatisme de l'inceste. Troisième épisode de la série sur les mécanismes du traumatisme du Podcast Traumatisme & renaissance, l’inceste, par Hélène Dujardin


Dans ce 3ème épisode, vous comprendrez :

  • comment et quelle façon s'enregistre un souvenir "normal" et un souvenir traumatique

  • les conséquences que cela a pour la victime en termes de mémorisation et de création d'une mémoire traumatique

  • vous saurez à quoi correspondent les flash backs, les reminiscences et les reviviscences.


Bonne écoute à vous, et n'hésitez pas à vous abonner pour ne manque aucun futur épisode et à mettre un 5 étoiles sur Apple Podcast, Spotify ou Deezer si cela vous a plu. Merci à vous!


Références :

  • Muriel Salmona est une référence sur le sujet

  • Le site de l'Association Mémoire traumatique portée par Muriel Salmona


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Dans les deux premiers épisodes de notre série sur les mécanismes du traumatisme, j'ai abordé la réalité physiologique du traumatisme ainsi que la réalité neurobiologique du traumatisme. Lors d'un traumatisme, le cerveau ne peut pas correctement enregistrer un souvenir dans notre mémoire autobiographique. Alors, comment se crée ce bug ? Quel impact cela a-t-il par la suite ? Dans ce troisième épisode, je vais aborder les conséquences de la mémoire traumatique. Vous en saurez plus sur le pourquoi de l'amnésie traumatique, reviviscence, flashback, etc. Bienvenue dans le troisième épisode, les bugs de mémoire dans le traumatisme de l'inceste. Troisième épisode de la série sur les mécanismes du traumatisme du podcast Traumatisme et Renaissance, l'inceste par Hélène Dujardin. L'enregistrement d'une expérience et donc la mémoire est un phénomène complexe. Pour le résumer, nous pouvons dire que nous avons une mémoire émotionnelle, en lien avec l'amidale et l'hippocampe, et une mémoire autobiographique, plus rationnelle. Alors quand l'expérience est correctement enregistrée par le cerveau et ne constitue pas un traumatisme, voici ce qui se passe. Quand nous construisons un souvenir dans notre cerveau, un point de jonction se forme entre les neurones, ce sont les synapses. Un souvenir s'associe les modalités sensorielles, ce que nous voyons, ce que nous sentons, ce que nous entendons. Nous enregistrons l'événement à travers nos sens et nos émotions. C'est la fameuse madeleine de Proust, une odeur rappelant le souvenir avec un lien émotionnel. Et nous pouvons raconter cela de manière autobiographique. Ainsi, et c'est ce qui va différencier le souvenir normal du souvenir traumatique, le souvenir normal a les caractéristiques suivantes. L'expérience suit une chronologie, elle a un début, une fin, une forme de cohérence, elle peut être synthétisée en une ou deux phrases. Le souvenir évolue dans le temps, il est frais au départ, gardé en mémoire. Et ensuite, selon son importance, il peut s'estomper. Le cerveau opère ainsi une sélection naturelle dans ce que nous vivons. Ce souvenir peut également être partagé sans honte. On peut se rappeler du souvenir de façon adaptée et modulée en fonction des circonstances. Ça, ce sont les caractéristiques d'un souvenir dit normal. Dans notre exemple de la Madeleine de Proust, le rappel d'un simple souvenir passe par l'hippocampe, centre de la mémoire, puis l'amidale, cerveau primitif qui gère les émotions et en particulier la peur, puis par le thalamus, centre de relais et d'intégration des sensations et des capacités motrices. Ça c'est le circuit normal. Pour une expérience traumatisante, l'enregistrement et le rappel d'un souvenir sont tout autres. Alors comme nous l'avons vu dans l'épisode précédent, mais en rappel pour ceux qui ne l'ont pas écouté pour le moment, quand nous sommes confrontés à un danger, l'amidale s'active. Mais si le danger est trop grand, pour éviter un état de surchauffe de notre système qui est dangereux pour notre vie, le système disjoncte. Alors voici ce qui se passe en termes d'enregistrement quand le système disjoncte. Concrètement, l'amidale est déconnectée de l'hippocampe, qui ne va plus recevoir d'informations de la mémoire implicite émotionnelle. Et donc l'hippocampe qui habituellement traduit l'information de la mémoire implicite émotionnelle vers la mémoire autobiographique rationnelle, cette dernière ne pourra pas faire ce processus. Et donc le souvenir ne pourra pas être transformé en mémoire déclarative autobiographique. Cela va entraîner des troubles de la mémoire pouvant aller jusqu'à l'amnésie. totale ou partielle. L'ensemble de l'expérience, par les sens à l'extérieur, par le corps à l'intérieur de nous-mêmes, va alors être enregistré de façon fragmentée, isolée dans la mémoire émotionnelle. Cet enregistrement émotionnel est déconnecté de l'expérience autobiographique. C'est un aspect de la mémoire traumatique dont je vais parler juste après. Pour le moment, je reste sur l'explication de l'enregistrement en tant que tel. Alors, concrètement, par rapport à un souvenir dit normal, non traumatique, le souvenir traumatique va avoir les caractéristiques suivantes. Le souvenir traumatique n'a pas de temps. Il n'a pas de début, il n'a pas de fin, il n'y a pas de chronologie en fait. Ensuite, il n'évolue pas dans le temps. Il ne s'estompe pas comme un souvenir ordinaire pourrait le faire. Il reste figé dans le passé, comme si vous viviez l'expérience d'hier aujourd'hui. C'est tout aussi vif. Alors, le professeur Desmonnet, neurologue et directeur du centre Lennart de la mémoire du CHUV, a travaillé il y a quelques années sur une étude pour identifier les zones du cerveau qui participent à l'enregistrement et au rappel du souvenir. Il explique que pour ces souvenirs, l'effacement n'a pas lieu. Au contraire, le souvenir se consolide. Et il précise que le passage par le thalamus semble être la clé. de ce qu'il appelle ce phénomène d'enquistage. Alors pour continuer sur les caractéristiques du souvenir traumatique, le souvenir traumatique existe par traces, par fragments, versus une forme de continuité. Le souvenir traumatique n'est pas modulaire. Une fois le souvenir ravivé, tous les autres éléments du souvenir se déclenchent. Voilà, ce sont les caractéristiques du souvenir traumatique. Physiologiquement, plus l'adrénaline est produite dans l'expérience du traumatisme, plus le souvenir est précis dans le détail. Ça c'est une forme d'hypermnésie, jusqu'au point où c'est trop fort. Et là, se déclenche l'amnésie totale ou partielle. Alors dans le traumatisme de l'inceste, la question de l'amnésie est importante. Voyons ce que disent les chiffres. Selon les chiffres de l'enquête Impact des violences de l'enfance à l'âge adulte, réalisé en 2015 par l'association française Mémoire traumatique et victimologie, 46% des victimes mineures ont présenté une période d'amnésie traumatique lorsque les violences subies ont été commises par un membre de la famille. Des années, voire des dizaines d'années peuvent s'écouler avant que les souvenirs traumatiques ne refassent surface. Selon cette enquête, entre 6 et 20 ans, dans 29% des cas, entre 21 et 40 ans, dans 11% des cas, et jusqu'à 40 ans, voire plus, dans 1% des cas. Plus l'enfant est jeune, au moment des faits, plus le risque d'amnésie est grand, allant parfois jusqu'à une absence totale de souvenirs pour une période de vie donnée. Et donc le risque d'amnésie est d'autant plus grand que les abus ont lieu dans la sphère familiale, et que le lien de confiance entre la victime et l'agresseur est étroit. Les souvenirs, le souvenir peut avoir été effacé quand bien même la victime en a parlé à d'autres au moment du drame. C'est ce qu'a montré la psychologue américaine Linda Mayer-Williams dans une étude sur les souvenirs des violences sexuelles subies durant l'enfance. En effet, 38% des femmes interrogées ne se souvenaient pas des abus qu'elles avaient pourtant rapportés 17 ans plus tôt. D'où les demandes d'évolution et d'allongement du délai de prescription en matière législative. Le délai de prescription est le délai au-delà duquel la victime ne peut plus porter l'affaire en justice. Revenons à présent à la mémoire traumatique. Finalement, c'est étroitement lié à l'enregistrement du souvenir. Puisqu'il n'y a pas d'encodage et de stockage de la mémoire sensorielle et émotionnelle, la mémoire reste piégée dans l'amidale sans être traitée ni transformée. Elle va rester en quelque sorte hors temps, non consciente, à l'identique. D'une part, l'amidale n'a pas reçu l'information que le danger est écarté. Ainsi, l'amidale va continuer d'envoyer en toile de fond des signaux de danger permanents. C'est ça qui fait un état d'anxiété permanent, un état d'insécurité latent en toile de fond. D'autre part, cette mémoire traumatique est là comme une bombe à retardement, toute prête à être réactivée par des déclencheurs. Les déclencheurs rappellent l'expérience initiale et produisent le même état et même vécu de danger, comme une machine à remonter le temps, avec les mêmes sensations, les mêmes douleurs, les mêmes sentiments de détresse, de terreur. Vous comprenez ici qu'il s'agit des états de panique, des cauchemars, flashbacks, réminiscences. Ce qui me permet d'introduire la notion d'état de stress post-traumatique. autrement appelé syndrome de stress post-traumatique, PTSD. L'événement a disparu, mais le corps et le cerveau ne l'ont pas intégré. C'est exactement le principe de l'activation de la mémoire traumatique que je viens d'expliquer. Un déclencheur, visage, lieu, objet, bruit, odeur, tout ce qui rappelle de près ou de loin l'événement traumatique, la ravive en déclenchant les mêmes émotions, sensations. En plus des souvenirs répétitifs et envahissants, la personne peut être dans un état d'hypervigilance, irritabilité, trouble du sommeil, avec des réactions excessives ou de colère. La personne vit donc dans un état de menace omniprésente et avec laquelle elle doit composer alors que le danger est passé. C'est juste que son système nerveux ne le sait pas, ne l'a pas intégré. Concrètement, l'événement peut rejaillir de différentes façons. D'abord sous forme de flashback. La personne ayant vécu un traumatisme revit alors l'événement traumatique qu'elle a vécu précédemment. Cela peut prendre des formes d'images mentales associées à des émotions fortes. C'est la même chose qu'une revivissance. La réminiscence, elle, est différente. C'est une forme de retour à la conscience des souvenirs non accompagnée de complètes reconnaissances. Il s'agit alors de souvenirs vagues et incomplets, difficiles à localiser. Donc, la personne traumatisée par l'inceste vit à la fois au niveau de la mémoire un bug d'enregistrement du souvenir pouvant aller jusqu'à l'amnésie totale ou partielle et également la création d'une mémoire traumatique en lien avec ce bug d'enregistrement, mémoire qui agit comme une bombe à retardement si les déclencheurs sont activés. En plus, comme le système a disjoncté, il n'y a pas de perception de danger et de réflexe de défense et de protection. Pour prendre une image, lorsqu'on pose sa main anesthésiée sur une plaque électrique, ce n'est pas parce qu'on ne ressent pas la douleur qu'on ne va pas être gravement brûlé et qu'il y a un danger. Alors c'est très difficile de calmer une mémoire traumatique, en particulier quand il y a une amnésie et donc que le vécu douloureux ne peut pas être identifié et relié au traumatisme. Les sensations en sont tout simplement d'autant plus déstabilisantes. Cela donne une impression de danger, de mort imminente, l'impression aussi de devenir fou, l'incompréhension de ce que l'on vit est totale. Une forme de pilotage à l'aveugle, d'un danger permanent dont on ne connaît l'existence. Et donc la personne qui vit cela vit dans un état de hyper-vigilance et peut mettre en place des stratégies d'évitement, de contrôle qui sont juste épuisants. Mais alors, peut-on retrouver sa sécurité, dépasser un traumatisme en ayant une amnésie totale ou partielle ? Ça, c'est une très bonne question. Bonne question, merci d'avoir posé. Alors, à la fois, je n'ai pas de vérité théorique à transmettre sur ce point. Néanmoins, je m'appuie sur les apports de Peter Levine. avec lesquelles, grâce auxquelles j'ai pu me faire ma perception, mon point de vue. Pour moi, c'est l'inscription corporelle du vécu qui a besoin d'être soignée en relation avec un autre être humain. C'est ce qui va permettre de débloquer les inscriptions corporelles. et de vivre ces inscriptions corporelles bloquées, ces moments d'insécurité dans la sécurité du lien en thérapie. Je reviendrai un peu plus tard dans d'autres séries, d'autres épisodes sur les voies pour s'en sortir, et donc les formes de thérapie qui proposent ce cheminement. En cela, oui, nous ne sommes pas condamnés si nous n'avons pas accès à ces souvenirs. Voilà, c'est la fin de cet épisode. Si vous avez aimé et apprécié cet épisode, n'hésitez pas à le partager autour de vous et à vous abonner. Et surtout, ça serait génial si vous pouviez prendre quelques minutes pour mettre un 5 étoiles sur Apple Podcast, sur Spotify ou sur toute autre application de podcast. Cela va énormément aider ce podcast. Et je vous retrouve mardi prochain pour un nouvel épisode. D'ici là, prenez bien soin de vous.

Chapters

  • Le souvenir normal : enregistrement et caractéristiques

    04:10

  • La question de l'amnésie totale ou partielle

    08:05

  • La mémoire traumatique : qu'est ce que c'est? comment ça marche?

    10:23

  • L'état de stress post-traumatique : qu'est ce que c'est?

    11:44

  • Reminiscences, reviviscence, flashbacks

    12:46

  • Pour la victime d'inceste

    13:22

  • Peut on retrouver sa sécurité même s'il y a amnésie totale ou partielle?

    15:21

  • Conclusion de l'épisode sur l'impact de l'inceste sur la mémoire

    16:38

Description

Dans le 1er épisode sur les mécanismes du traumatisme, j’ai abordé la réalité physiologique du traumatisme. Le 2ème épisode complète le premier, en abordant ce qui se passe au niveau neuronal et biologique. Dans le 3ème épisode, nous abordons les bugs de la mémoire dans le traumatisme.

 

Bienvenue dans le troisième épisode : Les bugs de la mémoire dans le traumatisme de l'inceste. Troisième épisode de la série sur les mécanismes du traumatisme du Podcast Traumatisme & renaissance, l’inceste, par Hélène Dujardin


Dans ce 3ème épisode, vous comprendrez :

  • comment et quelle façon s'enregistre un souvenir "normal" et un souvenir traumatique

  • les conséquences que cela a pour la victime en termes de mémorisation et de création d'une mémoire traumatique

  • vous saurez à quoi correspondent les flash backs, les reminiscences et les reviviscences.


Bonne écoute à vous, et n'hésitez pas à vous abonner pour ne manque aucun futur épisode et à mettre un 5 étoiles sur Apple Podcast, Spotify ou Deezer si cela vous a plu. Merci à vous!


Références :

  • Muriel Salmona est une référence sur le sujet

  • Le site de l'Association Mémoire traumatique portée par Muriel Salmona


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Dans les deux premiers épisodes de notre série sur les mécanismes du traumatisme, j'ai abordé la réalité physiologique du traumatisme ainsi que la réalité neurobiologique du traumatisme. Lors d'un traumatisme, le cerveau ne peut pas correctement enregistrer un souvenir dans notre mémoire autobiographique. Alors, comment se crée ce bug ? Quel impact cela a-t-il par la suite ? Dans ce troisième épisode, je vais aborder les conséquences de la mémoire traumatique. Vous en saurez plus sur le pourquoi de l'amnésie traumatique, reviviscence, flashback, etc. Bienvenue dans le troisième épisode, les bugs de mémoire dans le traumatisme de l'inceste. Troisième épisode de la série sur les mécanismes du traumatisme du podcast Traumatisme et Renaissance, l'inceste par Hélène Dujardin. L'enregistrement d'une expérience et donc la mémoire est un phénomène complexe. Pour le résumer, nous pouvons dire que nous avons une mémoire émotionnelle, en lien avec l'amidale et l'hippocampe, et une mémoire autobiographique, plus rationnelle. Alors quand l'expérience est correctement enregistrée par le cerveau et ne constitue pas un traumatisme, voici ce qui se passe. Quand nous construisons un souvenir dans notre cerveau, un point de jonction se forme entre les neurones, ce sont les synapses. Un souvenir s'associe les modalités sensorielles, ce que nous voyons, ce que nous sentons, ce que nous entendons. Nous enregistrons l'événement à travers nos sens et nos émotions. C'est la fameuse madeleine de Proust, une odeur rappelant le souvenir avec un lien émotionnel. Et nous pouvons raconter cela de manière autobiographique. Ainsi, et c'est ce qui va différencier le souvenir normal du souvenir traumatique, le souvenir normal a les caractéristiques suivantes. L'expérience suit une chronologie, elle a un début, une fin, une forme de cohérence, elle peut être synthétisée en une ou deux phrases. Le souvenir évolue dans le temps, il est frais au départ, gardé en mémoire. Et ensuite, selon son importance, il peut s'estomper. Le cerveau opère ainsi une sélection naturelle dans ce que nous vivons. Ce souvenir peut également être partagé sans honte. On peut se rappeler du souvenir de façon adaptée et modulée en fonction des circonstances. Ça, ce sont les caractéristiques d'un souvenir dit normal. Dans notre exemple de la Madeleine de Proust, le rappel d'un simple souvenir passe par l'hippocampe, centre de la mémoire, puis l'amidale, cerveau primitif qui gère les émotions et en particulier la peur, puis par le thalamus, centre de relais et d'intégration des sensations et des capacités motrices. Ça c'est le circuit normal. Pour une expérience traumatisante, l'enregistrement et le rappel d'un souvenir sont tout autres. Alors comme nous l'avons vu dans l'épisode précédent, mais en rappel pour ceux qui ne l'ont pas écouté pour le moment, quand nous sommes confrontés à un danger, l'amidale s'active. Mais si le danger est trop grand, pour éviter un état de surchauffe de notre système qui est dangereux pour notre vie, le système disjoncte. Alors voici ce qui se passe en termes d'enregistrement quand le système disjoncte. Concrètement, l'amidale est déconnectée de l'hippocampe, qui ne va plus recevoir d'informations de la mémoire implicite émotionnelle. Et donc l'hippocampe qui habituellement traduit l'information de la mémoire implicite émotionnelle vers la mémoire autobiographique rationnelle, cette dernière ne pourra pas faire ce processus. Et donc le souvenir ne pourra pas être transformé en mémoire déclarative autobiographique. Cela va entraîner des troubles de la mémoire pouvant aller jusqu'à l'amnésie. totale ou partielle. L'ensemble de l'expérience, par les sens à l'extérieur, par le corps à l'intérieur de nous-mêmes, va alors être enregistré de façon fragmentée, isolée dans la mémoire émotionnelle. Cet enregistrement émotionnel est déconnecté de l'expérience autobiographique. C'est un aspect de la mémoire traumatique dont je vais parler juste après. Pour le moment, je reste sur l'explication de l'enregistrement en tant que tel. Alors, concrètement, par rapport à un souvenir dit normal, non traumatique, le souvenir traumatique va avoir les caractéristiques suivantes. Le souvenir traumatique n'a pas de temps. Il n'a pas de début, il n'a pas de fin, il n'y a pas de chronologie en fait. Ensuite, il n'évolue pas dans le temps. Il ne s'estompe pas comme un souvenir ordinaire pourrait le faire. Il reste figé dans le passé, comme si vous viviez l'expérience d'hier aujourd'hui. C'est tout aussi vif. Alors, le professeur Desmonnet, neurologue et directeur du centre Lennart de la mémoire du CHUV, a travaillé il y a quelques années sur une étude pour identifier les zones du cerveau qui participent à l'enregistrement et au rappel du souvenir. Il explique que pour ces souvenirs, l'effacement n'a pas lieu. Au contraire, le souvenir se consolide. Et il précise que le passage par le thalamus semble être la clé. de ce qu'il appelle ce phénomène d'enquistage. Alors pour continuer sur les caractéristiques du souvenir traumatique, le souvenir traumatique existe par traces, par fragments, versus une forme de continuité. Le souvenir traumatique n'est pas modulaire. Une fois le souvenir ravivé, tous les autres éléments du souvenir se déclenchent. Voilà, ce sont les caractéristiques du souvenir traumatique. Physiologiquement, plus l'adrénaline est produite dans l'expérience du traumatisme, plus le souvenir est précis dans le détail. Ça c'est une forme d'hypermnésie, jusqu'au point où c'est trop fort. Et là, se déclenche l'amnésie totale ou partielle. Alors dans le traumatisme de l'inceste, la question de l'amnésie est importante. Voyons ce que disent les chiffres. Selon les chiffres de l'enquête Impact des violences de l'enfance à l'âge adulte, réalisé en 2015 par l'association française Mémoire traumatique et victimologie, 46% des victimes mineures ont présenté une période d'amnésie traumatique lorsque les violences subies ont été commises par un membre de la famille. Des années, voire des dizaines d'années peuvent s'écouler avant que les souvenirs traumatiques ne refassent surface. Selon cette enquête, entre 6 et 20 ans, dans 29% des cas, entre 21 et 40 ans, dans 11% des cas, et jusqu'à 40 ans, voire plus, dans 1% des cas. Plus l'enfant est jeune, au moment des faits, plus le risque d'amnésie est grand, allant parfois jusqu'à une absence totale de souvenirs pour une période de vie donnée. Et donc le risque d'amnésie est d'autant plus grand que les abus ont lieu dans la sphère familiale, et que le lien de confiance entre la victime et l'agresseur est étroit. Les souvenirs, le souvenir peut avoir été effacé quand bien même la victime en a parlé à d'autres au moment du drame. C'est ce qu'a montré la psychologue américaine Linda Mayer-Williams dans une étude sur les souvenirs des violences sexuelles subies durant l'enfance. En effet, 38% des femmes interrogées ne se souvenaient pas des abus qu'elles avaient pourtant rapportés 17 ans plus tôt. D'où les demandes d'évolution et d'allongement du délai de prescription en matière législative. Le délai de prescription est le délai au-delà duquel la victime ne peut plus porter l'affaire en justice. Revenons à présent à la mémoire traumatique. Finalement, c'est étroitement lié à l'enregistrement du souvenir. Puisqu'il n'y a pas d'encodage et de stockage de la mémoire sensorielle et émotionnelle, la mémoire reste piégée dans l'amidale sans être traitée ni transformée. Elle va rester en quelque sorte hors temps, non consciente, à l'identique. D'une part, l'amidale n'a pas reçu l'information que le danger est écarté. Ainsi, l'amidale va continuer d'envoyer en toile de fond des signaux de danger permanents. C'est ça qui fait un état d'anxiété permanent, un état d'insécurité latent en toile de fond. D'autre part, cette mémoire traumatique est là comme une bombe à retardement, toute prête à être réactivée par des déclencheurs. Les déclencheurs rappellent l'expérience initiale et produisent le même état et même vécu de danger, comme une machine à remonter le temps, avec les mêmes sensations, les mêmes douleurs, les mêmes sentiments de détresse, de terreur. Vous comprenez ici qu'il s'agit des états de panique, des cauchemars, flashbacks, réminiscences. Ce qui me permet d'introduire la notion d'état de stress post-traumatique. autrement appelé syndrome de stress post-traumatique, PTSD. L'événement a disparu, mais le corps et le cerveau ne l'ont pas intégré. C'est exactement le principe de l'activation de la mémoire traumatique que je viens d'expliquer. Un déclencheur, visage, lieu, objet, bruit, odeur, tout ce qui rappelle de près ou de loin l'événement traumatique, la ravive en déclenchant les mêmes émotions, sensations. En plus des souvenirs répétitifs et envahissants, la personne peut être dans un état d'hypervigilance, irritabilité, trouble du sommeil, avec des réactions excessives ou de colère. La personne vit donc dans un état de menace omniprésente et avec laquelle elle doit composer alors que le danger est passé. C'est juste que son système nerveux ne le sait pas, ne l'a pas intégré. Concrètement, l'événement peut rejaillir de différentes façons. D'abord sous forme de flashback. La personne ayant vécu un traumatisme revit alors l'événement traumatique qu'elle a vécu précédemment. Cela peut prendre des formes d'images mentales associées à des émotions fortes. C'est la même chose qu'une revivissance. La réminiscence, elle, est différente. C'est une forme de retour à la conscience des souvenirs non accompagnée de complètes reconnaissances. Il s'agit alors de souvenirs vagues et incomplets, difficiles à localiser. Donc, la personne traumatisée par l'inceste vit à la fois au niveau de la mémoire un bug d'enregistrement du souvenir pouvant aller jusqu'à l'amnésie totale ou partielle et également la création d'une mémoire traumatique en lien avec ce bug d'enregistrement, mémoire qui agit comme une bombe à retardement si les déclencheurs sont activés. En plus, comme le système a disjoncté, il n'y a pas de perception de danger et de réflexe de défense et de protection. Pour prendre une image, lorsqu'on pose sa main anesthésiée sur une plaque électrique, ce n'est pas parce qu'on ne ressent pas la douleur qu'on ne va pas être gravement brûlé et qu'il y a un danger. Alors c'est très difficile de calmer une mémoire traumatique, en particulier quand il y a une amnésie et donc que le vécu douloureux ne peut pas être identifié et relié au traumatisme. Les sensations en sont tout simplement d'autant plus déstabilisantes. Cela donne une impression de danger, de mort imminente, l'impression aussi de devenir fou, l'incompréhension de ce que l'on vit est totale. Une forme de pilotage à l'aveugle, d'un danger permanent dont on ne connaît l'existence. Et donc la personne qui vit cela vit dans un état de hyper-vigilance et peut mettre en place des stratégies d'évitement, de contrôle qui sont juste épuisants. Mais alors, peut-on retrouver sa sécurité, dépasser un traumatisme en ayant une amnésie totale ou partielle ? Ça, c'est une très bonne question. Bonne question, merci d'avoir posé. Alors, à la fois, je n'ai pas de vérité théorique à transmettre sur ce point. Néanmoins, je m'appuie sur les apports de Peter Levine. avec lesquelles, grâce auxquelles j'ai pu me faire ma perception, mon point de vue. Pour moi, c'est l'inscription corporelle du vécu qui a besoin d'être soignée en relation avec un autre être humain. C'est ce qui va permettre de débloquer les inscriptions corporelles. et de vivre ces inscriptions corporelles bloquées, ces moments d'insécurité dans la sécurité du lien en thérapie. Je reviendrai un peu plus tard dans d'autres séries, d'autres épisodes sur les voies pour s'en sortir, et donc les formes de thérapie qui proposent ce cheminement. En cela, oui, nous ne sommes pas condamnés si nous n'avons pas accès à ces souvenirs. Voilà, c'est la fin de cet épisode. Si vous avez aimé et apprécié cet épisode, n'hésitez pas à le partager autour de vous et à vous abonner. Et surtout, ça serait génial si vous pouviez prendre quelques minutes pour mettre un 5 étoiles sur Apple Podcast, sur Spotify ou sur toute autre application de podcast. Cela va énormément aider ce podcast. Et je vous retrouve mardi prochain pour un nouvel épisode. D'ici là, prenez bien soin de vous.

Chapters

  • Le souvenir normal : enregistrement et caractéristiques

    04:10

  • La question de l'amnésie totale ou partielle

    08:05

  • La mémoire traumatique : qu'est ce que c'est? comment ça marche?

    10:23

  • L'état de stress post-traumatique : qu'est ce que c'est?

    11:44

  • Reminiscences, reviviscence, flashbacks

    12:46

  • Pour la victime d'inceste

    13:22

  • Peut on retrouver sa sécurité même s'il y a amnésie totale ou partielle?

    15:21

  • Conclusion de l'épisode sur l'impact de l'inceste sur la mémoire

    16:38

Share

Embed

You may also like