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Un beau jour

#50 : l’histoire de Florence-Anne Ambroselli, de maman solo de 9 enfants à épouse comblée

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52min |02/02/2025
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Description

« Croire en l’amour, toujours ! » Telle est la devise de Florence-Anne Ambroselli, la pétillante créatrice de l’Atelier de l’Enfant-Jésus. Et pourtant, comment continuer d’y croire, à cet amour, quand on a été tant blessée, précisément en ce domaine ? Florence-Anne en effet a été mariée, mais 9 enfants et 14 ans plus tard, elle a dû se séparer, pour se protéger soi-même et sa nichée encore si jeune. Elle raconte dans ce podcast son chemin de reconstruction et comment elle a pu continuer de croire en l’amour, toujours, grâce à un Amour plus profond, celui du Christ.

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Ce podcast est réalisé par Famille Chrétienne


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Transcription

  • Marie

    Bonjour, je m'appelle Marie et je vous souhaite la bienvenue dans la cinquième saison d'Un beau jour, un podcast de famille chrétienne. Un beau jour, c'est l'histoire d'hommes et de femmes croyants qui menaient une vie tranquille, assez d'avance. Et puis Un beau jour, un événement inattendu et bouleversant a complètement infléchi le cours de leur existence. Il nous raconte comment ils en ont été bousculés, changés, rabotés, transformés dans leur vie et dans leur foi. Je suis sûre que vous serez comme moi édifiés et enrichis par ces récits livrés le cœur et l'âme, grands ouverts. Croire en l'amour, toujours, telle est la devise de Florence Anne Ambroseli, la pétillante créatrice de l'atelier de l'enfant Jésus. Et pourtant, comment continuer d'y croire à cet amour quand on a été tant blessé précisément en ce domaine ? Florence Anne a en effet été mariée, mais neuf enfants et quatorze ans plus tard, elle a dû se séparer pour se protéger soi-même. Et sa niche est encore si jeune. Elle raconte dans ce podcast son chemin de reconstruction. Et comment elle a pu continuer de croire en l'amour toujours, grâce à un amour plus profond, celui du Christ. Bonjour Florence-Anne.

  • Florence-Anne

    Bonjour Marie.

  • Marie

    Alors merci pour votre présence au micro d'un beau jour.

  • Florence-Anne

    Avec joie.

  • Marie

    Alors pour commencer, est-ce que vous pourriez nous présenter l'objet symbolique de votre histoire que vous avez apporté ?

  • Florence-Anne

    Alors j'aurais apporté une petite médaille miraculeuse. Alors bon, au-delà du fait que la Vierge nous demande vraiment de l'apporter... sur nous parce que c'est une médaille de protection. Pour ceux qui ne connaissent pas, c'est la médaille miraculeuse, c'est la chapelle de la médaille miraculeuse à Paris. La Vierge est apparue à Sainte-Catherine-de-Laboré. Et elle a demandé à ce qu'on porte cette médaille, qui serait une médaille qui protège, qui nous portera vers, on espère, vers la sainteté certainement. Et moi, cette médaille miraculeuse, elle a eu une présence dans ma vie par plusieurs fois, et notamment une première fois. Lors d'un accident de voiture, bel accident de voiture que j'ai eu, donc à l'époque c'était en 2004, j'avais quatre jeunes enfants et j'ai fait des tonneaux avec une de mes filles dans la voiture, Rosemey, et lorsque les tonneaux se sont arrêtés, je me suis retrouvée perpendiculaire à la route avec une petite route de campagne en Bretagne, un poids lourd à droite à 50 mètres de moi et à gauche exactement la même voiture que moi. Une caravel verte bouteille. Je n'avais qu'une envie de la piquer limite et de repartir avec. Et en fait, c'est surtout que je me suis retrouvée perpendiculaire à la route avec une icône de la Très Sainte Vierge Marie sur mes genoux et des milliers de médailles miraculeuses autour de moi.

  • Marie

    C'est-à-dire qu'elles n'étaient pas dedans.

  • Florence-Anne

    Et en fait, elles étaient dans la voiture. Je pense que j'avais dû acheter un gros pack de 500 médailles miraculeuses qui ont été bénies et je les avais mis dans la boîte à gants. Et lors de l'accident, ces médailles ont... explosé à tel point que quand les gendarmes sont arrivés et les pompiers, ils n'ont pas compris. Ils ont dit « Mais qui c'est que toutes ces médailles ? » « Mais enfin, c'est délicat ! » Donc, j'étais là, limite, il fallait les ramasser. Enfin bref, cet accident a été un miracle puisque je n'ai rien eu et ma fille n'a rien eu. Et c'est le début d'une longue histoire jusqu'à partir de ce moment-là. Cette voiture n'avait pas été totalement réglée. Nous n'avions pas d'assurance touriste bien qu'on était un petit peu... un peu inconscient, on va dire. Et on avait pris juste une assurance de base. Et donc, du coup, cette voiture, on venait de l'acheter, ça faisait trois mois. On avait emprunté de l'argent à mon frère. Et le père de mes enfants, le soir de l'accident, me dit « Eh bien, il va falloir la rembourser. Il va falloir que tu la rembourses. » Et là, c'est le début d'une première conversion que je me suis posée, la question que je me suis posée. Florence Anne, qu'est-ce que tu sais faire ? Et quel est ton talent ? Et je savais dessiner. Et donc, du coup, je me suis dit, je vais dessiner. J'ai dessiné des petites images. Donc,

  • Marie

    on va revenir sur cette histoire.

  • Florence-Anne

    En tout cas, ce qui est sûr, c'est que la médaille miraculeuse, donc il y a eu ça. Et puis ensuite, une deuxième histoire que je pourrais raconter peut-être un peu plus tard. En tout cas,

  • Marie

    la Vierge Marie était présente. Déjà, et elle a pris encore plus de place ensuite. Voilà,

  • Florence-Anne

    exactement.

  • Marie

    Alors, pour qu'on comprenne bien, pour qu'on remettra peut-être les choses un peu dans leur contexte, dans quel environnement, quelle famille vous avez grandi ?

  • Florence-Anne

    Alors, j'ai eu une enfance très joyeuse, très heureuse, avec beaucoup d'enfants, beaucoup de vie. Vous étiez combien ? Alors moi, je suis l'aînée de 10.

  • Marie

    Ah ouais.

  • Florence-Anne

    Et une famille très artiste, puisque mon arrière-grand-père, Georges Desvalières, artiste peintre, qui a consacré sa peinture à l'art sacré avec Maurice Denis. Et puis mon grand-père, Gérard Ambroseli, artiste peintre, sculpteur, qui a donné vie avec ma grand-mère, une sainte femme, 15 enfants. 31, vous voyez, moi je suis là, et plus d'une centaine de petits-enfants, moi je suis la 31ème. Donc j'ai eu une enfance... très joyeuse, très artiste, très créative, on va dire. Et j'ai des parents exceptionnels avec ce qu'ils sont, très artistes aussi, et qui nous ont donné beaucoup d'amour.

  • Marie

    Une ambiance pleine de vie.

  • Florence-Anne

    Une belle enfance, très belle enfance.

  • Marie

    C'est comment de grandir avec autant de frères et sœurs ?

  • Florence-Anne

    Écoutez, moi, j'étais l'aînée, alors certains diront, quand on est aînée, on s'en prend toujours plein la figure, parce qu'on trace le chemin. Et je pense que mes parents ont On a vu toutes les couleurs avec moi parce que comme je suis très artiste, très créative, donc comme dit maman, j'avais déjà une idée par seconde quand j'étais jeune. Et puis, j'aimais bien me frotter aux adultes. J'aimais bien un peu espiègle, un peu très naïve. Je pense que j'ai très joyeuse aussi. Et du coup, mes parents me confiaient quelques responsabilités d'aînée. Mais j'avais beaucoup de mal à les tenir parce que j'oubliais toujours les chaussures. Et je suis toujours comme ça, je suis très intuitive, j'oublie toujours beaucoup de choses, je suis toujours en retard. Donc mes parents, je pense que j'en ai fait voir de toutes les couleurs. Et après, une adolescente aussi très mouvementée, je me faisais à la fête, je me dansais, je me riais. Mon père était totalement dépassé. Et même si après, dans l'adolescence... Moi, j'ai traversé des choses difficiles. Mes parents m'ont toujours fait confiance. Et ça, c'est une grande...

  • Marie

    Justement, ado comme ça, jeune adulte, c'était quoi vos rêves pour la suite ? Est-ce que vous vouliez reproduire un peu le chien ? Ah ouais.

  • Florence-Anne

    Moi, je voulais une grande famille. Je voulais plein d'enfants et une grande maison. C'était pour moi le modèle idéal. Et je me suis construite comme ça. Avec une envie, je vais vous dire, c'était de... d'avoir des enfants, d'avoir une belle famille, une grande famille, une sainte famille. Beaucoup d'idéaux et beaucoup d'espérance. Mais la vie a fait autrement, on va dire. Et j'ai eu quand même la chance d'avoir une très belle famille. Et j'ai la chance d'avoir une très belle famille.

  • Marie

    Parce que du coup, vous êtes conformément à ces rêves, à cet idéal, à ce bel idéal. Vous êtes mariée jeune,

  • Florence-Anne

    c'est ça ? Mariée jeune, on va dire. 21 ans, 22 ans, enceinte de mon premier enfant Théophane, et on s'est mariés très rapidement. Et ensuite, on a eu de nombreux enfants.

  • Marie

    Oui, c'est ça, vous avez eu, vous aussi, une très grande famille.

  • Florence-Anne

    Neuf.

  • Marie

    Oui, c'est ça, en 13 ans. Oui, j'ai bien calculé. Vous avez aimé devenir mère d'un, deux, trois enfants ?

  • Florence-Anne

    Pourtant, j'ai grandi dans une grande famille avec plein d'enfants, donc on pourrait dire facile. J'ai l'habitude, je me suis occupée de mes frères et sœurs.

  • Marie

    Elle est née de 10 quand même.

  • Florence-Anne

    Oui, ça c'est sûr. Et pourtant, maman a été aidée, on a toujours eu des jeunes filles au père. Mais bon, voilà, j'étais là présente pour mes frères et sœurs, j'espère en tout cas. ils pourront eux-mêmes en témoigner, j'espère. Mais quand vous-même, vous devenez mère, ce n'est pas pareil, c'est vertigineux. Moi, je me suis retrouvée enceinte d'une manière complètement, j'allais dire accidentelle, puisque je n'étais pas mariée et j'étais donc avec le père de mes enfants. Et du coup, je tombe enceinte. Ça a été un choc, un vrai choc. D'accord. Et du coup, on a pris la décision de se marier très vite. Et donc, du coup, tout ça, ça s'est vite enchaîné. Et il a fallu que je me pose la question, mais quelle mère je vais être ? En fait, je me sentais encore tellement jeune. J'avais envie de... Mais j'avais encore toutes mes amies qui sortaient encore beaucoup. J'étais étudiante. J'étais un peu en décalage. Et je me suis dit... J'ai eu une sorte de... Une sorte même d'angoisse. Vraiment, je me souviens très, très bien de me dire, je ne vais pas y arriver. Je ne suis pas prête. Et j'ai fait un rêve incroyable. D'un petit enfant d'à peu près 8-9 mois. Un peu blond. Et j'étais en train de le changer. J'étais enceinte à l'époque. J'étais enceinte de 6 mois. Et cet enfant me dit, maman, ne t'inquiète pas. Dieu s'occupe de tout. Et à partir de là, j'ai fait confiance. Et c'est un peu aussi comme ça que je vis. C'est que j'ai toujours des petits éléments dans ma vie où il y a, vous savez, ce petit coup de stress, ce petit coup de « on ne va pas y arriver » . Moi, c'est mon truc, je ne vais pas y arriver. Et tout d'un coup, je remets ça au bon Dieu. Puis j'ai un petit événement, une rencontre, un sourire, un mot, un message, un petit cadeau de la Providence qui vient me rappeler que Jésus est là. Et qu'il faut que je m'abandonne et que j'avance.

  • Marie

    Parce qu'on n'a pas parlé de la foi que vous avez reçue. Vous avez grandi dans une famille...

  • Florence-Anne

    Très croyante. Mais nos parents, mes parents m'ont transmis leur foi. Alors très fidèle à la messe. On fait la prière encore tous les soirs en famille. Quand on se retrouve tous, même avec tous les petits-enfants. Mes parents ont 31, 30 petits-enfants. Mes grands-parents qui eux-mêmes avaient plein de petits-enfants. C'était vraiment comme boire, manger, penser, respirer. La prière était comme un ancrage familial très, très fort. Donc, c'est un héritage et que j'essaye aussi dans ma propre famille.

  • Marie

    Mais avec votre adolescence tumultueuse,

  • Florence-Anne

    vous n'avez pas... Ah mais nous, on n'avait pas... La question ne se posait même pas. C'est-à-dire que quand on hurlait dans la maison, « La prière ! » Tout le quartier était au courant. C'est comme chez moi, d'ailleurs, pareil. « La prière ! » Toute la ville. Toute la ville de Boulogne savait que les Ambroseli faisaient la prière. Et tout le monde s'arrêtait. On arrête, on pose nos crayons, on arrête de jouer. Et là, on se retrouve en famille, dans un coin prière qui est, nous, chez mes parents, qui prend toute la place dans le salon. J'allais dire toute la place. Enfin, un bel espace dans le salon. On allume une dizaine de bougies, c'est très beau. Et j'ai grandi avec la lecture, le psaume, l'évangile que nous lisions. On chantait beaucoup. Alors après, il a fallu que les parents nous éduquent. Maman, sans exagérer, avec beaucoup d'humour, on était tous à genoux. Et quand on était petits, forcément, c'est dur de tenir des enfants à la prière, qui était longue en plus. Papa, il adorait durer la prière. Maman, elle n'en pouvait plus. Elle chauffait la soupe sur son thermomix. Et on entendait toujours son thermomix en même temps que la prière. Et puis elle était là. Voilà, c'est ça. Parce qu'on couchait les plus petits, il y avait plusieurs repas. Et donc, maman et papa essaient de nous... nous éduquer à la prière, ils nous ont éduqués à la prière en fait. D'accord,

  • Marie

    donc c'était hyper intégré.

  • Florence-Anne

    Hyper intégré, ouais, c'était comme bois en bois, vraiment.

  • Marie

    Et donc c'est déjà grâce à la foi que vous avez pu faire confiance pour construire cette famille, même si vous avez senti le vertige de cette maternité.

  • Florence-Anne

    Exactement, et donc du coup, ce que j'ai reçu de mes parents, c'est cette confiance et cet abandon. de dire qu'en fait, oui, il y a vraiment des difficultés. C'est vrai, j'ai eu des moments difficiles dans l'adolescence avec le père de mes enfants. Et c'est vrai que toujours se remettre.

  • Marie

    Malheureusement, vous avez expérimenté ça dans votre propre couple parallèlement à ces bonheurs que sont les maternités successives. Vous vous êtes rendu compte que le lien avec... Votre mari et celui de votre mari avec vos enfants n'étaient pas... C'est un euphémisme peut-être, je ne sais pas comment on peut dire les choses, ce n'était pas sécure.

  • Florence-Anne

    En fait, je me suis mariée un peu jeune avec le père de mes enfants parce qu'aujourd'hui, j'ai quand même obtenu une reconnaissance en unité. Donc, je parlerai plutôt du père de mes merveilleux enfants. Vous vous êtes mariée trop vite. Vous vous êtes mariée... trop vite, mais surtout, en fait, il y a eu beaucoup d'amour. Et ça, je tiens beaucoup à préciser ça. C'est que peut-être qu'on s'est mariés vite, peut-être qu'effectivement, l'Église a reconnu qu'il y a eu un manque de discernement, qu'il y a eu un manque de maturité, puisque j'étais donc enceinte. Mais il y a eu beaucoup d'amour. J'ai aimé profondément le père de mes enfants et j'ai voulu construire. J'ai voulu construire à la force du poignet, avec mon courage, avec tout ce que j'avais justement reçu de mes parents. C'est on y va, on recommence. Et... Le problème, c'est que j'étais jeune et certainement un manque de maturité et peut-être aussi beaucoup d'orgueil. C'est-à-dire qu'en fait, je n'ai pas osé dire, je n'ai pas osé parler. En fait, dès le départ, il y avait quelque chose qui n'allait pas.

  • Marie

    Vous en êtes rendu compte ?

  • Florence-Anne

    Très vite. Très, très vite. On avait des dysfonctionnements dans notre relation, même avant notre mariage. Et puis ensuite, après, qui se sont accélérés. Et... J'ai eu honte et je n'ai pas voulu en parler. Je me suis dit, mais en fait, ce n'est pas grave, je remets ça à Dieu et je recommence. Et en fait, ce qui est important dans la vie pour pouvoir laisser la place à ce que Dieu vienne convertir, guérir, consoler, c'est reconnaître sa part. Et aujourd'hui, je n'ai pas peur de relire ça avec beaucoup de simplicité. Et ce qui m'a permis de me redresser et de me rétablir, c'est que j'ai accepté, j'ai consenti de relire ma part à moi de responsabilité pour pouvoir me relever et laisser la place au Seigneur de me prendre par la main et de me remettre debout. Et ma part, et je vais le dire avec beaucoup de simplicité, c'est que j'ai eu peur. de dire les choses. J'ai eu peur de faire du mal. J'ai eu peur de parler. Et du coup, en fait, j'ai tout gardé pour moi. Et je me disais, il n'y a que Dieu qui peut comprendre ce que je vis. Et il n'y a que Dieu qui va pouvoir faire quelque chose. Or, en soi, ça pourrait être très beau de dire ça parce que c'est vrai, il n'y a que Dieu qui sauve. Oui, c'est vrai. Mais ce qui est sûr, c'est que Dieu sauve, oui, mais il sauve en passant par les autres. et ça, ça a été vraiment un chemin de conversion pour moi. C'est-à-dire que Dieu sauve en passant par une main tendue, par un sourire, par une rencontre, par un prêtre pour certains, par l'Eucharistie. En fait, c'est Dieu sauve en passant par les autres. Ça, j'en suis... C'est vraiment...

  • Marie

    Comment vous avez compris ça, du coup, de ce que je comprends ? Donc, vous étiez à... très seule, puisque vous gardiez tout pour vous. De l'extérieur, on devait se dire...

  • Florence-Anne

    J'étais confiée avec une de mes très bonnes amies, quelques années de mariage, qui venait passer des vacances et du coup, elle l'a vue. Et une autre de mes... qui voyait qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas. Et elle me disait, tu sais, tu as le droit de dire que ça ne va pas. C'est pas parce que tu vas dire que ça ne va pas que, en fait, tu ne vas plus devenir, entre guillemets, sainte, que ta famille, tu n'es plus une mère parfaite, tu n'es plus une... Et moi, j'ai voulu construire un monde, un monde idéal, en fait. On vivait dans un très beau cadre. On était très... Le père de mes enfants a construit... Ensemble, nous avons construit un très beau cadre d'éducation pour nos enfants. Une très belle ferme avec des animaux, des ânes, des oies, des porcs. Enfin, c'était vraiment... Je faisais l'école à la maison. Il y avait une sorte de petite autarcie qui était... Oui, et en même temps, il y a des familles qui le vivent. Et parce que les familles qui le vivent et qui le vivent bien, qui ont une belle vie structurée, qui ont une belle vie sociale, et qui ont... qui ont des bons accompagnateurs autour d'eux, ça fonctionne. Nous, moi, le problème, c'est que je ne parlais pas, je ne disais pas, je montrais, je voulais montrer que tout allait bien. Je voulais montrer une sorte d'apparence que tout était merveilleux, sauf qu'en fait, dans la réalité, c'est pas vrai, dans l'intimité de ma chambre conjugale, c'est pas vrai, ça n'allait pas. En fait, et c'était faux.

  • Marie

    Comment on peut qualifier ce qui n'allait pas, pour qu'on comprenne ? Parce qu'il y a une différence entre quand ça ne va pas et quand c'est vraiment grave.

  • Florence-Anne

    J'ai accepté des choses pas acceptables. J'ai eu mal, j'ai souffert. J'ai beaucoup d'émotions en disant ça. Parce que j'ai voulu sauver quelque chose que je ne pouvais pas sauver. Et voilà, donc en fait, nous avons traversé dans notre relation des choses qui ne sont pas liées au sacrement du mariage, qui ne sont même pas, j'allais dire, dans une relation normale entre un homme et une femme, on ne doit pas les vivre. On n'a pas le droit de les vivre. Voilà, je n'irai pas plus loin.

  • Marie

    Oui, oui, oui. C'est pour qu'on comprenne. Mais du coup, vous avez quand même pris conscience ? Grâce à une amie ? Grâce à vos réflexions ?

  • Florence-Anne

    Parce qu'en fait, à un moment, ce n'était plus possible. Je voyais bien que j'étais en train de mourir à moi-même. J'allais dire même à ma propre identité. Je ne savais plus qui j'étais. J'étais perdue. Et là, je me suis dit, ça devient dangereux parce que j'avais ma responsabilité de mère. Et je me sentais plus dans... Je me sentais... Même dans ma dignité de femme, j'étais perdue. Et donc, du coup, là, il a fallu que je demande de l'aide. Et c'est à partir de là où, quand j'ai commencé à demander de l'aide, tout a été très vite.

  • Marie

    Vous avez demandé de l'aide à qui ?

  • Florence-Anne

    Alors, j'ai d'abord eu un ami prêtre. Puis ensuite, après, j'ai été accompagnée par une psychologue. Et cette psychologue... à essayer de me permettre d'accepter, de regarder cette réalité, de consentir la réalité que j'étais en train de vivre, qui n'était pas normale. Et à partir de là, ça a été extrêmement douloureux, parce que je niais la réalité et je ne voulais pas pour mes enfants. c'était pas possible c'était pas possible pour moi j'étais en train de devenir zinzin je me dis mais en fait si je vis ça c'est pas normal et elle m'a amenée à transposer ma réalité sur d'autres personnes c'est ce qui m'a permis de sortir un peu de mon marasme et de pouvoir me dire si ton frère ou ta soeur vit la même chose tu dis mais t'es dingue ou pas c'est pas possible tu peux pas accepter ça et donc ça a été un chemin qui a été long enfin long, ça a duré quelques mois et puis j'ai eu un peu de temps Et à un moment donné, il a fallu que je parte avec tous mes enfants sous le bras. Donc, j'ai quitté le foyer conjugal avec la tenue que j'avais sur moi et mes neuf enfants sous le bras. Et mes enfants avaient une tenue et je suis partie chez mes parents qui m'ont accueilli les bras ouverts. Ça a été extrêmement douloureux parce que, si vous voulez, je n'ai pas quitté le père de mes enfants parce que je ne l'aimais plus. Je l'ai quitté parce que notre relation n'était plus possible et qu'on se faisait du mal. Et lui se faisait du mal, moi je me faisais du mal, nous nous faisions du mal et on faisait énormément de mal à nos enfants. Donc c'était plus possible.

  • Marie

    On se doute bien de toute façon quand on part pas comme ça, les choses sont pas... Et si vous aviez pas tout essayé auparavant, ça a dû être...

  • Florence-Anne

    Ça a été un choix qui a été long, enfin long, qui a été dur à prendre. Et pour le père de mes enfants, ça a été extrêmement douloureux pour lui, ça c'est sûr. Et comme pour moi, voilà. Et après, ça a été pour moi un chemin. Ça a été le début d'une construction. En fait, ça a été... J'avais, si vous voulez, une image un peu évangélique, enfin de la Bible. J'avais l'impression d'être Lazare avec des bandeaux et que le Seigneur est venu... Et mon histoire, c'est la résurrection de Lazare. C'est la croix glorieuse. C'est-à-dire, je meurs, je remonte. Et je vis avec cette...

  • Marie

    Mais dans les tout premiers temps, ça a dû être quand même extrêmement douloureux et difficile. En même temps, libérateur, c'est un peu un maelstrom d'émotions, j'imagine.

  • Florence-Anne

    Ça a été extrêmement douloureux. Beaucoup de larmes, de crises, de pleurs, d'angoisse, en fait, de savoir ce que je... En fait, si vous voulez, je me suis retrouvée à terre. Je me suis retrouvée à terre, en croix. J'avais l'impression d'être en croix, à terre. Parce que si vous voulez, quand je me suis engagée en 1998, avec le père, même si j'étais enceinte, ce n'était pas du tout la vision que j'avais de ce que je voulais vivre. Et donc, je mourais à tous mes idéaux, tous mes rêves. Et puis, j'avais l'impression de ne pas avoir su arriver. Je n'étais pas arrivée, en fait. Et donc, j'avais l'impression d'arriver chez mes parents en disant « J'ai tout essayé et je n'y suis pas arrivée. » J'avais honte, en fait. terriblement honte. J'ai essayé de construire et je n'y suis pas arrivée. En fait, c'est là où ça a été vraiment un bouleversement, une transformation. C'est qu'au lieu de dire j'y suis pas arrivée, il a fallu que je me remette sous le regard de Dieu et que je présente ça à Dieu. Et j'ai dit au Seigneur, en fait, je me suis trompée dans la manière dont j'ai abordé les choses et j'ai vécu les choses. C'est-à-dire que... Comment expliquer ça ? C'est-à-dire que je suis arrivée... À terre, à croix. Et là, j'ai dû me lever la tête, ce qui me restait de force psychologique intérieure, de lever la main et de dire au Seigneur, sauve-moi, en fait, viens me sauver. Alors qu'avant, moi, j'ai voulu sauver. Vous voyez ce que je veux dire ? C'est que moi, je voulais sauver mes enfants, le père de mes enfants. Et donc, je me suis cru super, super génial. Voilà, Flo, là, super, mais pas du tout. Je me suis plantée grave.

  • Marie

    Ça devait être grave. Voilà.

  • Florence-Anne

    Donc, pour moi, ça a été... Ça s'est coulé comme un château. Un séisme.

  • Marie

    Oui, un séisme. Oui, en plus, vous vous retrouvez toute seule avec neuf enfants. Ils avaient quel âge en plus ? Ils étaient petits ?

  • Florence-Anne

    Petits, l'aîné avait tout juste 14 ans, Théophan. Et mon dernier, Jean-Baptiste, avait un an. Et mes parents m'ont accueillie dans leur grande générosité chez eux.

  • Marie

    Et votre famille vous a toujours soutenue ?

  • Florence-Anne

    Toujours soutenue, oui. Et puis après, on a connu tous les drames que connaissent les gens divorcés qui se séparent. C'est-à-dire... Cette espèce de déchirement familial, où en fait, c'est terrible parce qu'au début, on dit des choses qu'on ne pense pas, on part de témoignages. Là, la séparation, je pense que c'est vraiment le mal de notre siècle. Le divorce, c'est vraiment une déchirure.

  • Marie

    Mais là,

  • Florence-Anne

    c'était nécessaire. C'était nécessaire, mais c'est vrai qu'après, notre humanité est tellement pauvre et fragile qu'on traverse ça parfois avec... tant de maladresse et tant de choses. Et ce qu'il faut, c'est se reconstruire.

  • Marie

    Comment vous avez fait déjà, ne serait-ce que matériellement, comment vous avez fait pour vous en sortir toute seule avec neuf enfants ?

  • Florence-Anne

    Oui, ça, ça a été... D'abord, mes parents m'ont accueillie. Je n'avais rien. Je n'avais plus rien. Je n'avais pas de carte bleue, pas de chéquier. Je n'avais pas de compte bancaire. Vous savez, j'étais vraiment... C'était vraiment...

  • Marie

    Job et Lazare en même temps.

  • Florence-Anne

    C'était vraiment... Plus rien. Et du coup, en fait, mes parents, pareil, l'une des choses qu'ils m'ont transmise, c'est le sens du travail. Voilà, mes parents ont un grand cœur extrêmement généreux. Je ne peux pas dire que ce soit la grande douceur et la grande compassion. On est là, on me brosse dans le sens du poil, ma chérie. Oh là là, c'était pas du tout. C'était plutôt, allez, Flo, il faut que tu te reprennes. T'es mère de neuf enfants, tu vas y arriver. On va y arriver ensemble. Et il y a eu une espèce d'élan familial très fort, une très belle solidarité familiale. Et ça, c'est la richesse des familles nombreuses. C'est-à-dire que là, tout d'un coup, on ne fait plus qu'un seul corps. Il y en a un qui souffre, tout le corps est malade. Tout le corps souffre, tout le corps... pleure. Et là, toute ma famille a pleuré avec moi. On a pleuré ensemble et ensemble, ils se sont dit, allez hop, on y va, on va se relever. Et donc, ils m'ont pris avec mes neuf enfants. Et là, je me suis mise à chercher du travail et j'ai pu trouver, au bout d'un an, assez rapidement du travail dans le marché de l'art. Et donc, j'ai travaillé dans une étude de commissaire priseur. Et j'ai eu la joie de découvrir le vrai travail. professionnelle, il a fallu que je sois super organisée et voilà, ça a été une expérience incroyable parce que l'atelier de l'enfant Jésus que vous aviez créé après ce fameux accident dont vous nous parliez au départ en fait je ne l'ai pas vraiment créé parce que quand j'ai fait mes premiers dessins comme c'était la seule chose que je savais un peu préférer et que je m'étais posé cette question je sais dessiner ... Je me suis mise à dessiner une première image qui est l'enfant Jésus, roi d'amour, d'après Yvonne Aimée de Malétrois.

  • Marie

    Marie-Yvonne de Malétrois, pour ceux qui ne savent pas, c'est une religieuse du XXe siècle. Une femme qui a eu un grand rayonnement.

  • Florence-Anne

    Tout à fait. Et moi, je ne la connaissais pas. Moi, j'ai dessiné l'enfant Jésus, roi d'amour parce que c'était une petite image que j'avais chez moi, que j'aimais beaucoup. Et cette petite image était plutôt couleur sépia. Et je me suis dit, tiens, je le trouve trop joli, je vais m'en inspirer. Et je vais faire... un premier dessin. Et donc, du coup, je me suis mise à dessiner ça. Et Yvonne Aimée de Malétrois est devenue la marraine de mon atelier. Mais voilà, je vais peut-être passer l'histoire de toute cette belle histoire de la naissance de l'atelier. Donc, j'ai dessiné ces premières images parce que j'ai une amie après qui me dit « Tu sais, j'ai une amie qui fait sa première... Ma fille fait sa première communion. Est-ce que tu peux faire une première image ? » Donc, j'ai fait une première image. Puis un jour, j'ai dessiné un premier Saint-Patron, ce que je voyais un de mes fils qui était au bord de la piscine, que je trouvais absolument adorable. Et donc, du coup, je me dis, tiens, lui, il ferait bien un petit Saint-Louis. Je le voyais en petit guerrier, adorable. Et puis, progressivement, je me suis mise à dessiner. Mais vraiment, ce n'était pas du tout dans un sens de business ou de monter une entreprise, pas du tout. J'ai créé un petit réseau autour. Les gens ont pris, donc de bouche à oreille. On commençait à me commander des petites images. Mais lorsque je dessinais, je trouvais beaucoup de consolation. Et j'aimais dessiner parce que c'était un moment où je me retrouvais en cœur à cœur avec mon Dieu. Ça, c'était... Ça m'a beaucoup portée et ça m'a apporté beaucoup de douceur, de... C'était comme un peu ma boule, mon espace à moi, avec mes enfants qui arrivaient un par un, et puis avec un environnement, voilà, l'environnement que j'avais. C'était un peu mon espace de paix à moi. Donc voilà, ça c'est... Et puis en fait, avec la séparation, quand je suis arrivée à Paris et qu'il a fallu que je... je trouve un travail. Là, c'était trop. J'étais vraiment dans un état d'épuisement général. Et je ne me voyais pas dessiner, travailler. Ce n'était pas possible. Et donc, du coup, je me dis j'arrête tout. De toute façon, j'étais paumée. J'étais vraiment paumée. Et si vous voulez, ma foi, ce n'est pas du tout retrouvée ébranlée. Mais par contre, j'étais vide. C'était très ténébreux. C'était très sombre. Je tenais avec cette vertu de la prière que mes parents nous avaient enseignée. Donc j'allais à la messe le dimanche parce que j'étais mère de famille et que je voulais accompagner mes enfants à la messe. Je priais tous les soirs avec mes enfants parce que j'avais reçu ça de mes parents et qu'il me semblait que c'était important de parler, de transmettre. Donc j'ai eu la grâce, on va dire, parce que pour moi c'est vraiment de l'ordre de la grâce, d'être fidèle à cette petite prière du quotidien. Et pour revenir sur le dessin, c'est pour ça que c'est important. C'est que j'ai un ami prêtre qui m'a dit, Florence Anne, tu peux te remettre au travail. Et tu peux te mettre au travail, c'est important, tu dois nourrir ta famille. Mais n'oublie pas, si tu veux te trouver toi, la guérison viendra. Il faut que tu dessines.

  • Marie

    Toutes les semaines. Il faut que tu t'engages à te dessiner toutes les semaines. Et là, du coup, je me suis engagée comme un peu pareil, un peu femme de devoir, de vertu. Je me suis dit, allez, vas-y, j'y vais. Je vais dessiner une fois par semaine. Donc, la semaine, je bossais comme une dingue pour les études de commissaire-priseur. Et je faisais mes ventes aux enchères, etc. Et le week-end, je dessinais pendant le samedi après-midi que mes derniers faisaient encore leur sieste. et que mes parents étaient là et je vivais chez mes parents, donc je savais que mes enfants étaient gardés. Donc je m'enfermais dans un espace et je dessinais un sein, une petite image, une petite commande que j'avais par bouche à oreille. Et puis progressivement, j'ai continué comme ça. Et puis à un moment donné, on me dit, mais tu sais, parce que je voyais bien que je ne pouvais plus trop dessiner le samedi, je commençais à avoir pas mal de commandes et j'avais mal aux yeux parce que du coup, je voulais commencer à dessiner le soir, mais je ne comprenais pas comment on dessinait le soir. Parce que moi, si vous voulez, je n'ai pas fait d'école de dessin. Je n'ai pas fait une école d'art. J'ai tout découvert un peu d'une manière complètement...

  • Florence-Anne

    Il y a une manière de dessiner le soir qui est particulière ?

  • Marie

    En fait, je vais vous dire tout simplement, moi, la lumière normale, en fait, elle change les couleurs. Donc, le matin, je me réveillais avec des pattes que je voulais. Et un jour, on me dit, mais tu sais, tu as des lumières de jour. Mais le truc a changé ma vie. Et là, je me suis mis à dessiner une lampe de jour. Et là, je me suis mis à dessiner la nuit, la nuit, la nuit, la nuit. Et du coup, cet équilibre n'était plus possible. Et il a fallu, à un moment donné, que je fasse un choix. Et donc, du coup, j'ai arrêté, mais vraiment aussi un peu à contre-cœur, parce que j'aimais beaucoup mon livre, finalement. Et j'ai monté l'atelier de l'enfant Jésus officiellement. Et là, c'est une très belle aventure, parce que, je vais vous dire, en dessinant, ça a été aussi mon... Je me suis évangélisée moi-même en dessinant. Le Seigneur venait me parler, venait me guérir, me consoler. Cet espace de temps, quand je dessine, mais encore aujourd'hui, c'est un espace... où le Seigneur vient convertir mon cœur, vient guérir mon cœur et vient me relever, me redresser.

  • Florence-Anne

    Et vous ne lui en avez jamais voulu au Seigneur parce qu'il s'est engagé avec vous, avec votre couple, le jour de votre mariage. Et là, que ce soit fini, est-ce que vous vous êtes sentie abandonnée, même trahie par le Seigneur quelque part ?

  • Marie

    Alors, je ne me suis pas sentie abandonnée ni trahie. Mais par contre, j'ai eu... je vais vous dire un moment de colère, très précisément lorsque j'ai eu j'ai obtenu ma reconnaissance en nullité étonnamment ça peut être super c'est-à-dire qu'en fait d'abord cette reconnaissance en nullité c'est un travail qui demande beaucoup de courage puisqu'en fait l'église nous demande de relire notre histoire ... et de relire notre enfance, de relire notre adolescence qu'on a transmise. Parce qu'en fait, on relie toute l'histoire jusqu'au jour du sacrement du mariage.

  • Florence-Anne

    Vous l'avez entrepris quand, juste ce travail ?

  • Marie

    Ce travail, je l'ai commencé beaucoup plus tôt avant mon divorce. Parce que pour obtenir l'annualité, il faut un divorce. Et moi, j'avais d'abord commencé par une séparation de corps. Parce que j'avais vraiment ce poids de la culpabilité de la séparation très forte. Et ce n'est pas ce que je voulais. Je n'ai jamais voulu ça, moi. J'ai été quelque part un peu contrainte de partir, de devoir quitter.

  • Florence-Anne

    Comme c'est vous qui êtes partie, vous étiez coupable.

  • Marie

    Voilà, je me sentais très coupable. Et donc du coup, le divorce pour moi a été compliqué à accepter. Donc j'ai commencé par une démarche de séparation de corps. Et je pensais que la séparation de corps suffisait pour faire une demande en reconnaissance d'unité. En fait, ça ne suffit pas. L'Église demande vraiment un divorce. Et donc du coup, j'ai commencé à monter un mémoire. On appelle ça un mémoire où on relie un peu sa vie et on écrit. accompagné d'un avocat ecclésiastique.

  • Florence-Anne

    C'était combien d'années, pardon, après votre séparation ?

  • Marie

    Ça devait être 6-7 ans après. D'accord. Donc j'ai commencé un peu à travailler dessus avec beaucoup de simplicité et j'ai accepté de revoir et de relire ma vie en toute vérité. Ça a été un travail de vérité, profond. Et c'est pour ça que je dis que ça demande du courage parce que de regarder en vérité là où, en fait, l'Église, elle n'est pas là pour accuser. Moi, je n'étais pas là pour accuser qui que ce soit. L'Église nous invite, m'a invitée à regarder ma vie sous le regard de Dieu en vérité. Donc, c'est mon histoire que j'ai mise sur un papier qui faisait plusieurs pages, que ma mère, d'ailleurs, a lue. Et pour mes parents aussi, ça a été une véritable épreuve. Parce que c'est aussi regarder, parce que j'ai reçu, comment moi, je l'ai vécu. Et comment moi, j'ai... J'ai vécu mon enfance, mon adolescence. Comment ce qu'ils m'ont transmis, ce qu'ils m'ont donné, comment j'ai vécu ça avec joie ou aussi avec peine. Et donc, c'est un vrai travail d'humilité, de vérité, de pardon et de miséricorde, vraiment de pardon. Et donc, ça a été... pareil, de voir là où est ma part, où a été ma responsabilité dans cette séparation. Et donc du coup, c'est aussi un travail de libération. Ça, c'est évident. Trail de libération, de guérison, de descendre dans les profondeurs ténébreuses de notre cœur, de mon être, dans mes entrailles. Et il a fallu après que je me relève, que je me redresse. Et donc, le Seigneur nous invite à dire, est-ce que tu veux venir avec moi ?

  • Florence-Anne

    Pourquoi cette colère, du coup, vous disiez ?

  • Marie

    Et du coup, pour revenir sur la nullité, c'est que quand j'ai eu cette reconnaissance en nullité, si vous voulez, je l'attendais, évidemment que je l'attendais. Et donc, du coup, quand l'annonce est arrivée, ça a été une vraie libération sur le champ. Tout de suite, j'ai dit « Waouh ! » Mais oui, c'est ça. C'était évident. En fait, c'était évident que tout ce que j'ai traversé sans la grâce du sacrement, ce n'était pas possible. Donc, voilà.

  • Florence-Anne

    Parce que ça reconnaît...

  • Marie

    Là, on nous dit... L'Église vous dit, en fait... Vous vous êtes engagés, mais le Seigneur a vu, t'es bon, mais le Seigneur ne l'a pas béni.

  • Florence-Anne

    Ah bon ? C'est ça que l'Église dit ? D'accord.

  • Marie

    Donc en fait, finalement, c'est hyper dur. C'est-à-dire qu'en fait, je n'ai pas vu, j'ai fait ça, c'est ma propre volonté. Je ne me suis pas tournée vers Dieu, nous ne nous sommes pas tournées vers Dieu en disant est-ce que c'est ta volonté que nous nous engageons sur cette route du sacrement du mariage ? Et là, l'Église vous dit, mais en fait... Vous vous êtes engagé, vous avez vraiment eu la volonté de construire un mariage, de vous aimer. Sauf que nous, l'Église, en fait, Jésus, il n'a pas béni. Il n'a pas donné la grâce de ce sacrement. Et là, si vous voulez, c'est comme si j'avais tout d'un coup pris conscience. Je me suis dit, mais c'est dégueulasse, en fait. J'étais hyper mal accompagnée. Et tout d'un coup, j'en ai voulu à la terre entière. Je me suis dit, et on va me dire, mais Flo, on t'avait dit, on t'avait dit, on t'avait dit. Mais en fait, je n'ai pas écouté. Donc, il a fallu que moi... Je reconnaisse encore une fois, humblement, que je me mette encore une fois à terre et que je me dise « En fait, je n'ai pas écouté. » Donc j'étais en colère. D'abord, j'ai dit « Mais c'est quand même pas juste, quoi. » Puis après, on m'a redit, on m'a dit « Non, en fait, tout ça, ça a été dans l'espace de quelques heures. C'était la semaine sainte à l'époque. Donc j'ai vraiment vécu la semaine sainte. Et là, le vendredi soir, j'étais à terre dans ma cuisine. Je m'en souviens très, très bien. Et je pleurais toutes les larmes de mon corps. Et je disais, j'avais l'impression d'être comme Saint-Pierre. Et que je disais, Seigneur, ce n'est pas possible, je ne peux pas accepter que tu n'étais pas là quand je me suis engagée. Eh bien, tu veux que je te dise, en fait, je ne peux pas accepter. Limite, je ne voulais plus reconnaître Jésus. Je ne voulais plus me dire, ce n'est pas possible que tu me dises après que tu es venue pour me sauver. Mais c'est trop facile puisque tu n'étais pas là. Et puis ensuite, après, tu viens pour me sauver. Non, attends, j'étais en train de me dire, mais là. Et il a fallu que je retombe encore à genoux et que je dise au Seigneur, un, en pleurant. amèrement sur ma faute, sur mon péché, sur mon manque d'écoute, sur tout mon orgueil, sur toute ma capacité à dire que je vais y arriver toute seule, et bien encore une fois que je fasse tomber les peurs, parce qu'en fait vous savez quand vous dites que vous voulez y arriver toute seule, c'est parce que vous avez peur de vous abandonner. Vous avez peur de faire confiance, vous avez peur de vous remettre à Dieu parce que vous vous dites mais qu'est-ce qui va m'arriver si je m'abandonne à Dieu ? Et bien là encore une fois, il a fallu que je tombe à terre et que je pleure amèrement sur tout ça et que je dise au Seigneur. sauve-moi. Et là, j'ai eu cette petite voix intérieure qui m'a dit est-ce que tu veux venir avec moi ? Est-ce que tu veux mourir avec moi sur la croix et renaître avec moi, ressusciter avec moi et avancer sur venir avec moi pour que je puisse faire toute chose nouvelle dans ta vie ? Et lorsque j'ai dit oui, si vous voulez, j'ai vécu le Tridéum Pascal, une vraie résurrection. Je me suis rétablie, je me suis redressée. Je suis aujourd'hui une mère et une femme épanouies, en plus mariées maintenant. Oui,

  • Florence-Anne

    on va en parler.

  • Marie

    Mais avec cette douleur de l'épreuve. C'est-à-dire, c'est le Seigneur, c'est là où il est passé. Et il a apporté tellement de consolation, de guérison. Il a dilaté mon cœur. Il m'a donné un cœur beaucoup plus compatissant. j'espère beaucoup plus vrais.

  • Florence-Anne

    Effectivement, on a vu un jour sur votre fil Instagram, alors que sur le fil Instagram de l'atelier de l'enfant Jésus, on voyait vos belles réalisations. Puis tout d'un coup, un jour, il y a un post qui est apparu qui disait « Comme certains d'entre vous l'ont déjà constaté au fil de mes publications, voici plusieurs années qu'il n'y a plus d'hommes à mes côtés. Je n'en ai jamais parlé ici pour plein de raisons que je sais que vous respecterez. Mais aujourd'hui, je veux... » témoigner, Dieu nous accompagne sur notre chemin. Quand on est à terre, il vient nous relever, nous restaurer, nous rétablir et ouvrir devant nous la voie qui semblait parfois murée. Les mots sont forts, la voie qui semblait murée, c'est-à-dire que vous ne croyez plus à l'amour, vous disiez que c'était terminé pour vous.

  • Marie

    Alors en fait, je suis une femme d'espérance. Alors je ne dirais pas vraiment ça. Je dirais que je voulais croire que mon Dieu, le Dieu que j'aime, voulait le meilleur pour moi. Je voulais espérer pour mes enfants et pour qu'on puisse trouver un équilibre parce qu'il vait seul des enfants. Alors, je les ai élevées seules, mais avec un entourage très porteur, évidemment. Et ce n'est pas facile. Et on est très seules. Et moi, Guillaume, mon mari, est arrivé d'une façon totalement inattendue. Mais ce que je voulais, c'était rencontrer une personne qui pouvait embrasser toute mon histoire, consentir avec moi à toute mon histoire, mais avec beaucoup de pudeur et beaucoup de respect. Et sans pour autant me poser dix mille questions sur tout ce que j'ai traversé. Et je ne voulais pas rentrer dans un jeu de séduction, de drague, de truc, je ne sais pas quoi. Je ne supportais plus, je ne supportais pas. Et donc, quand j'ai rencontré Guillaume chez des amis, en fait, j'ai rencontré un homme, un homme complètement enraciné. J'ai rencontré un père, parce qu'il est père aussi de trois enfants. Et j'ai vu tout de suite en lui que c'était un homme extraordinaire. Voilà, c'est tout. Après, voilà, ça a été...

  • Florence-Anne

    Il faut quand même l'être un peu. C'est vrai, adopter neuf enfants alors qu'on en a déjà trois ?

  • Marie

    C'est ça. Il a pris... En fait, je vais vous dire, s'il m'accueillait, il était obligé d'accueillir mes neuf enfants. Alors, il était obligé de... Et en plus de ça, j'ai des grands enfants. J'ai mon aîné aujourd'hui qui a 25 ans, mais mon dernier a aujourd'hui 13 ans, 12 ans, pardon. Donc, ils sont encore jeunes, les derniers, donc il y a encore... de l'éducation et il y a surtout beaucoup d'adolescents, donc il faut les aimer, les supporter et c'est là où je le trouve héroïque. Parce que je vais vous dire, aimer des adolescents quand ce sont les siens, c'est déjà un effort. Enfin, je n'allais pas dire que ce n'est pas une saison d'effort, c'est que ça nous demande tellement de créativité pour pouvoir rester toujours dans la joie et la bonne humeur quand on voit les élans de nos enfants adolescents qui ont beaucoup d'imagination dans leurs réponses et dans leur manière de voir la vie. Et bien lui, il en a tout autant et c'est ça qui est incroyable, enfin tout autant de bienveillance et c'est là où moi je le trouve héroïque dans ce petit quotidien que nous vivons avec nos nombreux enfants, d'être toujours à l'écoute, porteur, posé, il est très posé Guillaume, très calme, c'est un ingénieur, donc très cartésien, alors que moi je suis beaucoup plus, tout l'inverse. Et donc, du coup, il apporte beaucoup de paix dans la famille. Et croire, croire. Quand je l'ai rencontré, vous savez, j'avais tous les deux. Là, je parle vraiment, je pense que Guillaume me rejoindrait tout à fait. Tous les deux, notre devise, c'est croire en l'amour toujours.

  • Florence-Anne

    J'allais y venir. Femmeuse devise qu'on voit tant chez l'atelier de l'enfant Jésus.

  • Marie

    On avait en nous cette petite brèche. Vous savez, en fait, quand on a été blessé, quand on a vécu des épreuves très dures, quand on est blessé, tout simplement, parce que je pense qu'on est tous blessés, si je devais dire quelque chose, c'est que vous savez, il est bon de laisser cette blessure un peu ouverte. Parce qu'il y ait la cicatrice, mais qu'elle revienne, qu'elle nous réchauffe un peu, qu'elle nous brûle de temps en temps. Parce qu'en fait, c'est là où Dieu passe. Dieu, il passe là où il y a des brèches, il passe là où il y a une faille, il passe là où il y a eu une entaille. Il ne passe pas du tout dans quelque chose d'imperméable. Et moi, j'ai consenti à me laisser à nu et de me dire, « Ok, j'en ai partout, j'ai déjà l'impression d'avoir des entailles partout, brûlées vives. » Et j'ai dit, « Ok, Seigneur, viens, ça va me faire mal, mais viens, viens, viens guérir, consoler, viens, je suis prête. » Et je suis prête. Et alors, ce qui est merveilleux avec le bon Dieu, c'est qu'il nous laisse du temps et il y va avec un temps incroyable. Parce que même aujourd'hui, au sein de mon propre couple aujourd'hui, parce qu'aujourd'hui, je vis de ce sacrement du mariage, et bien je peux vous dire que même... Aujourd'hui, je vis encore des guérisons, notamment la peur de dire les choses, de parler, de communiquer. Parce que pour moi, Dieu est le plus grand de tous les communicants. Et il y en a un qui ne supporte pas qu'on communique, c'est bien le diable. Il veut qu'on reste dans notre petit truc à nous. Surtout, ne parle pas, raconte pas, ne dis pas. Je ne fais pas de bousculonnes. Surtout, ne fais pas d'histoire. Et dès que j'entends ça, maintenant aujourd'hui, je sais que là, il faut que j'ai quelque chose à dire. Que là, j'y aille et que je n'ai pas peur. Vas-y, Flo, dis les choses calmement, paisiblement. N'aie pas peur d'aller voir, de rencontrer, de créer un lien et de dire là où tu as humain, où tu as envie d'une joie, où un partage.

  • Florence-Anne

    Quel conseil vous donneriez à des proches, à des personnes qui entourent un papa ou une maman solo ?

  • Marie

    Le conseil que je peux donner, c'est surtout n'hésitez pas à les solliciter, à les inviter déjà à recevoir. Vous savez, quand vous vous retrouvez seule, on ne vous invite plus à dîner parce que vous êtes une femme seule. Et souvent, ça peut être soit la table va devenir un chiffre impair. Donc, le placement, c'est un peu compliqué. Ou alors, du coup, on vous sort de la table et on a l'impression d'être une bête de foire. Avec qui on doit raconter comment tu fais, si et ça. Et puis, surtout, quand on a beaucoup d'enfants, combien de machines, combien... C'est vraiment... Donc on ne vous invite plus qu'à des dîners de filles. Par contre, je me suis éclatée. Les filles, elles s'éclatent, elles, parce qu'elles sont ravies de sortir de leur quotidien. Elles ont un mari. Et donc, du coup, c'est une porte ouverte à pouvoir se confier. C'est très beau parce que les femmes, du coup, se confient beaucoup. Il y a cette porte ouverte. Mais moi, je dirais déjà, n'hésitez pas à nous inviter dans vos familles, dans votre vie de couple. Nous, on est là et on ne présente pas forcément un danger. Voilà, on ne va pas venir déstabiliser. On n'est pas tout d'un coup... Donc je dirais ça d'abord. inviter nous à dîner parce que nous on est contents de partager, de voir des couples qui s'aiment pour nous c'est réconfortant et puis pour des parents qui accompagnent et qui se retrouvent donc dans cette épreuve parce que c'est une véritable épreuve pour des parents d'accueillir un enfant parce qu'eux se remettent en cause dans leur éducation qu'est-ce qui a fait que j'ai pas été là, pourquoi j'ai pas vu qu'est-ce que j'aurais pu faire, donc beaucoup de culpabilité chez les parents et je pense que en fait on va arrêter le pourquoi et on va être avec ... Et on va dire maintenant comment ? Comment on va faire ensemble pour que tu puisses vivre ce temps de séparation, de divorce, de procédure, avec beaucoup d'apaisement ?

  • Florence-Anne

    Est-ce qu'il y a un livre qui vous a rejoint dans votre épreuve et que vous voulez recommander ?

  • Marie

    Alors oui, moi c'est le livre de Simone Paco, qui est l'évangélisation des profondeurs. Et justement, c'est rentrer dans cette... Dans cette intériorité profonde de son être profond et de voir là où en fait d'embrasser sa part et de renaître à qui nous sommes vraiment et d'accepter que le Seigneur vienne évangéliser justement ce que nous sommes. Et du coup, c'est très beau parce que dans son livre, elle nous montre qu'en fait, en acceptant et en étant dans cette démarche intérieure de vraiment laisser la place à ce que le Seigneur vienne toucher chaque endroit peu à peu en son temps. Ça a des répercussions directes sur notre quotidien et sur ce qu'on va transmettre à nos enfants, ce qu'on va vivre avec nos enfants. Et du coup, c'est un chemin de pardon avec soi-même et du coup, après, avec son prochain. Et là, en l'occurrence, les premiers proches sont nos propres enfants. Et ensuite, le père de mes enfants. Et ensuite, mes parents, mes frères, mes sœurs et tout. Voilà. C'est un très beau chemin de guérison.

  • Florence-Anne

    Et est-ce que vous avez une prière ? Quelle est votre prière préférée ou celle qui vous a soutenue dans votre épreuve ?

  • Marie

    Moi, j'avais une prière qui m'a soutenue dans toute cette longue période, j'allais dire ce tunnel. Ça a été « revenez à moi de tout votre cœur » . C'est une phrase de l'évangile. C'est une phrase de l'évangile, oui. Et ça, je me la répétais régulièrement, je veux dire tout le temps. Pourquoi ? Parce qu'en fait, comme je peux le dire, j'ai eu la chance de vivre dans une belle famille, j'ai beaucoup reçu. Et donc du coup, la prière, le quotidien, la messe, tout ça. Mais en fait, j'y allais parce qu'il me fallait y aller. Mais je voulais revenir à Dieu dans un vrai cœur à cœur, dans une vraie relation, dans une vraie intimité, dans quelque chose qui fait que je lui parle et qu'il vient toucher, qu'il vient relever, qu'il vient consoler. Et donc du coup, je voulais que ma prière et que ma messe, je voulais le vivre en vérité, pleinement, en lien avec lui. Et cette phrase, pour moi, elle avait une résonance tant dans ma vie spirituelle, mais aussi dans mon quotidien avec tous ceux qui m'entouraient, parce que je sais que Dieu passe par les autres. Et quand j'entends cette phrase « revenez à moi de tout votre cœur » , j'entends mes amis qui me disent « Flo, viens » . Dis-moi, raconte-moi, raconte-moi ce que tu as dans ton cœur. Et donc, en parlant, en racontant, en étant accompagnée avec une psy et en racontant avec mes amis merveilleux que j'ai eus, en me confiant, je suis revenue à Dieu de tout mon cœur, de toute mon âme et de toute ma conscience. Et c'est vraiment par là que je me suis relevée.

  • Florence-Anne

    Ma toute dernière question, c'est si vous aviez le Christ en face de vous à ce moment-là, qu'est-ce que vous lui diriez aujourd'hui vis-à-vis de... ces années d'épreuve ?

  • Marie

    Je lui dirais merci. Merci parce que en fait, tu me rétablis. Tu me rétablis jour après jour. à travers le regard bienveillant de mon mari, le regard bienveillant de mes enfants, de mes parents, de mes frères, mes sœurs. Je lui dirais vraiment merci. Merci pour... Et vous voyez, c'est marrant, parce que tout à l'heure, je marchais et je me disais, mais quelle chance, quelle chance j'ai eue dans ma vie. Quelle joie j'ai eue dans ma vie, finalement. Beaucoup de douleur. Mais j'ai eu tellement de joie et la plus grande joie. Aujourd'hui, ma plus grande joie, c'est que oui, il y a la croix quotidienne de la séparation, du divorce, de tout ce que je n'aurais pas voulu vivre. C'est ma croix, c'est mon épine, c'est ce que je ne souhaite à personne. Mais à côté, la résurrection est une telle joie que je lui dis merci d'être mort pour nous et de nous sauver. Merci. En fait, je voulais lui dire tout simplement merci. Dans ses bras, contre son cœur, et lui dire merci,

  • Florence-Anne

    merci, merci. Et bien, un grand merci, Florence Anne, pour ce très beau témoignage.

  • Marie

    Merci, avec joie.

  • Florence-Anne

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Description

« Croire en l’amour, toujours ! » Telle est la devise de Florence-Anne Ambroselli, la pétillante créatrice de l’Atelier de l’Enfant-Jésus. Et pourtant, comment continuer d’y croire, à cet amour, quand on a été tant blessée, précisément en ce domaine ? Florence-Anne en effet a été mariée, mais 9 enfants et 14 ans plus tard, elle a dû se séparer, pour se protéger soi-même et sa nichée encore si jeune. Elle raconte dans ce podcast son chemin de reconstruction et comment elle a pu continuer de croire en l’amour, toujours, grâce à un Amour plus profond, celui du Christ.

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Transcription

  • Marie

    Bonjour, je m'appelle Marie et je vous souhaite la bienvenue dans la cinquième saison d'Un beau jour, un podcast de famille chrétienne. Un beau jour, c'est l'histoire d'hommes et de femmes croyants qui menaient une vie tranquille, assez d'avance. Et puis Un beau jour, un événement inattendu et bouleversant a complètement infléchi le cours de leur existence. Il nous raconte comment ils en ont été bousculés, changés, rabotés, transformés dans leur vie et dans leur foi. Je suis sûre que vous serez comme moi édifiés et enrichis par ces récits livrés le cœur et l'âme, grands ouverts. Croire en l'amour, toujours, telle est la devise de Florence Anne Ambroseli, la pétillante créatrice de l'atelier de l'enfant Jésus. Et pourtant, comment continuer d'y croire à cet amour quand on a été tant blessé précisément en ce domaine ? Florence Anne a en effet été mariée, mais neuf enfants et quatorze ans plus tard, elle a dû se séparer pour se protéger soi-même. Et sa niche est encore si jeune. Elle raconte dans ce podcast son chemin de reconstruction. Et comment elle a pu continuer de croire en l'amour toujours, grâce à un amour plus profond, celui du Christ. Bonjour Florence-Anne.

  • Florence-Anne

    Bonjour Marie.

  • Marie

    Alors merci pour votre présence au micro d'un beau jour.

  • Florence-Anne

    Avec joie.

  • Marie

    Alors pour commencer, est-ce que vous pourriez nous présenter l'objet symbolique de votre histoire que vous avez apporté ?

  • Florence-Anne

    Alors j'aurais apporté une petite médaille miraculeuse. Alors bon, au-delà du fait que la Vierge nous demande vraiment de l'apporter... sur nous parce que c'est une médaille de protection. Pour ceux qui ne connaissent pas, c'est la médaille miraculeuse, c'est la chapelle de la médaille miraculeuse à Paris. La Vierge est apparue à Sainte-Catherine-de-Laboré. Et elle a demandé à ce qu'on porte cette médaille, qui serait une médaille qui protège, qui nous portera vers, on espère, vers la sainteté certainement. Et moi, cette médaille miraculeuse, elle a eu une présence dans ma vie par plusieurs fois, et notamment une première fois. Lors d'un accident de voiture, bel accident de voiture que j'ai eu, donc à l'époque c'était en 2004, j'avais quatre jeunes enfants et j'ai fait des tonneaux avec une de mes filles dans la voiture, Rosemey, et lorsque les tonneaux se sont arrêtés, je me suis retrouvée perpendiculaire à la route avec une petite route de campagne en Bretagne, un poids lourd à droite à 50 mètres de moi et à gauche exactement la même voiture que moi. Une caravel verte bouteille. Je n'avais qu'une envie de la piquer limite et de repartir avec. Et en fait, c'est surtout que je me suis retrouvée perpendiculaire à la route avec une icône de la Très Sainte Vierge Marie sur mes genoux et des milliers de médailles miraculeuses autour de moi.

  • Marie

    C'est-à-dire qu'elles n'étaient pas dedans.

  • Florence-Anne

    Et en fait, elles étaient dans la voiture. Je pense que j'avais dû acheter un gros pack de 500 médailles miraculeuses qui ont été bénies et je les avais mis dans la boîte à gants. Et lors de l'accident, ces médailles ont... explosé à tel point que quand les gendarmes sont arrivés et les pompiers, ils n'ont pas compris. Ils ont dit « Mais qui c'est que toutes ces médailles ? » « Mais enfin, c'est délicat ! » Donc, j'étais là, limite, il fallait les ramasser. Enfin bref, cet accident a été un miracle puisque je n'ai rien eu et ma fille n'a rien eu. Et c'est le début d'une longue histoire jusqu'à partir de ce moment-là. Cette voiture n'avait pas été totalement réglée. Nous n'avions pas d'assurance touriste bien qu'on était un petit peu... un peu inconscient, on va dire. Et on avait pris juste une assurance de base. Et donc, du coup, cette voiture, on venait de l'acheter, ça faisait trois mois. On avait emprunté de l'argent à mon frère. Et le père de mes enfants, le soir de l'accident, me dit « Eh bien, il va falloir la rembourser. Il va falloir que tu la rembourses. » Et là, c'est le début d'une première conversion que je me suis posée, la question que je me suis posée. Florence Anne, qu'est-ce que tu sais faire ? Et quel est ton talent ? Et je savais dessiner. Et donc, du coup, je me suis dit, je vais dessiner. J'ai dessiné des petites images. Donc,

  • Marie

    on va revenir sur cette histoire.

  • Florence-Anne

    En tout cas, ce qui est sûr, c'est que la médaille miraculeuse, donc il y a eu ça. Et puis ensuite, une deuxième histoire que je pourrais raconter peut-être un peu plus tard. En tout cas,

  • Marie

    la Vierge Marie était présente. Déjà, et elle a pris encore plus de place ensuite. Voilà,

  • Florence-Anne

    exactement.

  • Marie

    Alors, pour qu'on comprenne bien, pour qu'on remettra peut-être les choses un peu dans leur contexte, dans quel environnement, quelle famille vous avez grandi ?

  • Florence-Anne

    Alors, j'ai eu une enfance très joyeuse, très heureuse, avec beaucoup d'enfants, beaucoup de vie. Vous étiez combien ? Alors moi, je suis l'aînée de 10.

  • Marie

    Ah ouais.

  • Florence-Anne

    Et une famille très artiste, puisque mon arrière-grand-père, Georges Desvalières, artiste peintre, qui a consacré sa peinture à l'art sacré avec Maurice Denis. Et puis mon grand-père, Gérard Ambroseli, artiste peintre, sculpteur, qui a donné vie avec ma grand-mère, une sainte femme, 15 enfants. 31, vous voyez, moi je suis là, et plus d'une centaine de petits-enfants, moi je suis la 31ème. Donc j'ai eu une enfance... très joyeuse, très artiste, très créative, on va dire. Et j'ai des parents exceptionnels avec ce qu'ils sont, très artistes aussi, et qui nous ont donné beaucoup d'amour.

  • Marie

    Une ambiance pleine de vie.

  • Florence-Anne

    Une belle enfance, très belle enfance.

  • Marie

    C'est comment de grandir avec autant de frères et sœurs ?

  • Florence-Anne

    Écoutez, moi, j'étais l'aînée, alors certains diront, quand on est aînée, on s'en prend toujours plein la figure, parce qu'on trace le chemin. Et je pense que mes parents ont On a vu toutes les couleurs avec moi parce que comme je suis très artiste, très créative, donc comme dit maman, j'avais déjà une idée par seconde quand j'étais jeune. Et puis, j'aimais bien me frotter aux adultes. J'aimais bien un peu espiègle, un peu très naïve. Je pense que j'ai très joyeuse aussi. Et du coup, mes parents me confiaient quelques responsabilités d'aînée. Mais j'avais beaucoup de mal à les tenir parce que j'oubliais toujours les chaussures. Et je suis toujours comme ça, je suis très intuitive, j'oublie toujours beaucoup de choses, je suis toujours en retard. Donc mes parents, je pense que j'en ai fait voir de toutes les couleurs. Et après, une adolescente aussi très mouvementée, je me faisais à la fête, je me dansais, je me riais. Mon père était totalement dépassé. Et même si après, dans l'adolescence... Moi, j'ai traversé des choses difficiles. Mes parents m'ont toujours fait confiance. Et ça, c'est une grande...

  • Marie

    Justement, ado comme ça, jeune adulte, c'était quoi vos rêves pour la suite ? Est-ce que vous vouliez reproduire un peu le chien ? Ah ouais.

  • Florence-Anne

    Moi, je voulais une grande famille. Je voulais plein d'enfants et une grande maison. C'était pour moi le modèle idéal. Et je me suis construite comme ça. Avec une envie, je vais vous dire, c'était de... d'avoir des enfants, d'avoir une belle famille, une grande famille, une sainte famille. Beaucoup d'idéaux et beaucoup d'espérance. Mais la vie a fait autrement, on va dire. Et j'ai eu quand même la chance d'avoir une très belle famille. Et j'ai la chance d'avoir une très belle famille.

  • Marie

    Parce que du coup, vous êtes conformément à ces rêves, à cet idéal, à ce bel idéal. Vous êtes mariée jeune,

  • Florence-Anne

    c'est ça ? Mariée jeune, on va dire. 21 ans, 22 ans, enceinte de mon premier enfant Théophane, et on s'est mariés très rapidement. Et ensuite, on a eu de nombreux enfants.

  • Marie

    Oui, c'est ça, vous avez eu, vous aussi, une très grande famille.

  • Florence-Anne

    Neuf.

  • Marie

    Oui, c'est ça, en 13 ans. Oui, j'ai bien calculé. Vous avez aimé devenir mère d'un, deux, trois enfants ?

  • Florence-Anne

    Pourtant, j'ai grandi dans une grande famille avec plein d'enfants, donc on pourrait dire facile. J'ai l'habitude, je me suis occupée de mes frères et sœurs.

  • Marie

    Elle est née de 10 quand même.

  • Florence-Anne

    Oui, ça c'est sûr. Et pourtant, maman a été aidée, on a toujours eu des jeunes filles au père. Mais bon, voilà, j'étais là présente pour mes frères et sœurs, j'espère en tout cas. ils pourront eux-mêmes en témoigner, j'espère. Mais quand vous-même, vous devenez mère, ce n'est pas pareil, c'est vertigineux. Moi, je me suis retrouvée enceinte d'une manière complètement, j'allais dire accidentelle, puisque je n'étais pas mariée et j'étais donc avec le père de mes enfants. Et du coup, je tombe enceinte. Ça a été un choc, un vrai choc. D'accord. Et du coup, on a pris la décision de se marier très vite. Et donc, du coup, tout ça, ça s'est vite enchaîné. Et il a fallu que je me pose la question, mais quelle mère je vais être ? En fait, je me sentais encore tellement jeune. J'avais envie de... Mais j'avais encore toutes mes amies qui sortaient encore beaucoup. J'étais étudiante. J'étais un peu en décalage. Et je me suis dit... J'ai eu une sorte de... Une sorte même d'angoisse. Vraiment, je me souviens très, très bien de me dire, je ne vais pas y arriver. Je ne suis pas prête. Et j'ai fait un rêve incroyable. D'un petit enfant d'à peu près 8-9 mois. Un peu blond. Et j'étais en train de le changer. J'étais enceinte à l'époque. J'étais enceinte de 6 mois. Et cet enfant me dit, maman, ne t'inquiète pas. Dieu s'occupe de tout. Et à partir de là, j'ai fait confiance. Et c'est un peu aussi comme ça que je vis. C'est que j'ai toujours des petits éléments dans ma vie où il y a, vous savez, ce petit coup de stress, ce petit coup de « on ne va pas y arriver » . Moi, c'est mon truc, je ne vais pas y arriver. Et tout d'un coup, je remets ça au bon Dieu. Puis j'ai un petit événement, une rencontre, un sourire, un mot, un message, un petit cadeau de la Providence qui vient me rappeler que Jésus est là. Et qu'il faut que je m'abandonne et que j'avance.

  • Marie

    Parce qu'on n'a pas parlé de la foi que vous avez reçue. Vous avez grandi dans une famille...

  • Florence-Anne

    Très croyante. Mais nos parents, mes parents m'ont transmis leur foi. Alors très fidèle à la messe. On fait la prière encore tous les soirs en famille. Quand on se retrouve tous, même avec tous les petits-enfants. Mes parents ont 31, 30 petits-enfants. Mes grands-parents qui eux-mêmes avaient plein de petits-enfants. C'était vraiment comme boire, manger, penser, respirer. La prière était comme un ancrage familial très, très fort. Donc, c'est un héritage et que j'essaye aussi dans ma propre famille.

  • Marie

    Mais avec votre adolescence tumultueuse,

  • Florence-Anne

    vous n'avez pas... Ah mais nous, on n'avait pas... La question ne se posait même pas. C'est-à-dire que quand on hurlait dans la maison, « La prière ! » Tout le quartier était au courant. C'est comme chez moi, d'ailleurs, pareil. « La prière ! » Toute la ville. Toute la ville de Boulogne savait que les Ambroseli faisaient la prière. Et tout le monde s'arrêtait. On arrête, on pose nos crayons, on arrête de jouer. Et là, on se retrouve en famille, dans un coin prière qui est, nous, chez mes parents, qui prend toute la place dans le salon. J'allais dire toute la place. Enfin, un bel espace dans le salon. On allume une dizaine de bougies, c'est très beau. Et j'ai grandi avec la lecture, le psaume, l'évangile que nous lisions. On chantait beaucoup. Alors après, il a fallu que les parents nous éduquent. Maman, sans exagérer, avec beaucoup d'humour, on était tous à genoux. Et quand on était petits, forcément, c'est dur de tenir des enfants à la prière, qui était longue en plus. Papa, il adorait durer la prière. Maman, elle n'en pouvait plus. Elle chauffait la soupe sur son thermomix. Et on entendait toujours son thermomix en même temps que la prière. Et puis elle était là. Voilà, c'est ça. Parce qu'on couchait les plus petits, il y avait plusieurs repas. Et donc, maman et papa essaient de nous... nous éduquer à la prière, ils nous ont éduqués à la prière en fait. D'accord,

  • Marie

    donc c'était hyper intégré.

  • Florence-Anne

    Hyper intégré, ouais, c'était comme bois en bois, vraiment.

  • Marie

    Et donc c'est déjà grâce à la foi que vous avez pu faire confiance pour construire cette famille, même si vous avez senti le vertige de cette maternité.

  • Florence-Anne

    Exactement, et donc du coup, ce que j'ai reçu de mes parents, c'est cette confiance et cet abandon. de dire qu'en fait, oui, il y a vraiment des difficultés. C'est vrai, j'ai eu des moments difficiles dans l'adolescence avec le père de mes enfants. Et c'est vrai que toujours se remettre.

  • Marie

    Malheureusement, vous avez expérimenté ça dans votre propre couple parallèlement à ces bonheurs que sont les maternités successives. Vous vous êtes rendu compte que le lien avec... Votre mari et celui de votre mari avec vos enfants n'étaient pas... C'est un euphémisme peut-être, je ne sais pas comment on peut dire les choses, ce n'était pas sécure.

  • Florence-Anne

    En fait, je me suis mariée un peu jeune avec le père de mes enfants parce qu'aujourd'hui, j'ai quand même obtenu une reconnaissance en unité. Donc, je parlerai plutôt du père de mes merveilleux enfants. Vous vous êtes mariée trop vite. Vous vous êtes mariée... trop vite, mais surtout, en fait, il y a eu beaucoup d'amour. Et ça, je tiens beaucoup à préciser ça. C'est que peut-être qu'on s'est mariés vite, peut-être qu'effectivement, l'Église a reconnu qu'il y a eu un manque de discernement, qu'il y a eu un manque de maturité, puisque j'étais donc enceinte. Mais il y a eu beaucoup d'amour. J'ai aimé profondément le père de mes enfants et j'ai voulu construire. J'ai voulu construire à la force du poignet, avec mon courage, avec tout ce que j'avais justement reçu de mes parents. C'est on y va, on recommence. Et... Le problème, c'est que j'étais jeune et certainement un manque de maturité et peut-être aussi beaucoup d'orgueil. C'est-à-dire qu'en fait, je n'ai pas osé dire, je n'ai pas osé parler. En fait, dès le départ, il y avait quelque chose qui n'allait pas.

  • Marie

    Vous en êtes rendu compte ?

  • Florence-Anne

    Très vite. Très, très vite. On avait des dysfonctionnements dans notre relation, même avant notre mariage. Et puis ensuite, après, qui se sont accélérés. Et... J'ai eu honte et je n'ai pas voulu en parler. Je me suis dit, mais en fait, ce n'est pas grave, je remets ça à Dieu et je recommence. Et en fait, ce qui est important dans la vie pour pouvoir laisser la place à ce que Dieu vienne convertir, guérir, consoler, c'est reconnaître sa part. Et aujourd'hui, je n'ai pas peur de relire ça avec beaucoup de simplicité. Et ce qui m'a permis de me redresser et de me rétablir, c'est que j'ai accepté, j'ai consenti de relire ma part à moi de responsabilité pour pouvoir me relever et laisser la place au Seigneur de me prendre par la main et de me remettre debout. Et ma part, et je vais le dire avec beaucoup de simplicité, c'est que j'ai eu peur. de dire les choses. J'ai eu peur de faire du mal. J'ai eu peur de parler. Et du coup, en fait, j'ai tout gardé pour moi. Et je me disais, il n'y a que Dieu qui peut comprendre ce que je vis. Et il n'y a que Dieu qui va pouvoir faire quelque chose. Or, en soi, ça pourrait être très beau de dire ça parce que c'est vrai, il n'y a que Dieu qui sauve. Oui, c'est vrai. Mais ce qui est sûr, c'est que Dieu sauve, oui, mais il sauve en passant par les autres. et ça, ça a été vraiment un chemin de conversion pour moi. C'est-à-dire que Dieu sauve en passant par une main tendue, par un sourire, par une rencontre, par un prêtre pour certains, par l'Eucharistie. En fait, c'est Dieu sauve en passant par les autres. Ça, j'en suis... C'est vraiment...

  • Marie

    Comment vous avez compris ça, du coup, de ce que je comprends ? Donc, vous étiez à... très seule, puisque vous gardiez tout pour vous. De l'extérieur, on devait se dire...

  • Florence-Anne

    J'étais confiée avec une de mes très bonnes amies, quelques années de mariage, qui venait passer des vacances et du coup, elle l'a vue. Et une autre de mes... qui voyait qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas. Et elle me disait, tu sais, tu as le droit de dire que ça ne va pas. C'est pas parce que tu vas dire que ça ne va pas que, en fait, tu ne vas plus devenir, entre guillemets, sainte, que ta famille, tu n'es plus une mère parfaite, tu n'es plus une... Et moi, j'ai voulu construire un monde, un monde idéal, en fait. On vivait dans un très beau cadre. On était très... Le père de mes enfants a construit... Ensemble, nous avons construit un très beau cadre d'éducation pour nos enfants. Une très belle ferme avec des animaux, des ânes, des oies, des porcs. Enfin, c'était vraiment... Je faisais l'école à la maison. Il y avait une sorte de petite autarcie qui était... Oui, et en même temps, il y a des familles qui le vivent. Et parce que les familles qui le vivent et qui le vivent bien, qui ont une belle vie structurée, qui ont une belle vie sociale, et qui ont... qui ont des bons accompagnateurs autour d'eux, ça fonctionne. Nous, moi, le problème, c'est que je ne parlais pas, je ne disais pas, je montrais, je voulais montrer que tout allait bien. Je voulais montrer une sorte d'apparence que tout était merveilleux, sauf qu'en fait, dans la réalité, c'est pas vrai, dans l'intimité de ma chambre conjugale, c'est pas vrai, ça n'allait pas. En fait, et c'était faux.

  • Marie

    Comment on peut qualifier ce qui n'allait pas, pour qu'on comprenne ? Parce qu'il y a une différence entre quand ça ne va pas et quand c'est vraiment grave.

  • Florence-Anne

    J'ai accepté des choses pas acceptables. J'ai eu mal, j'ai souffert. J'ai beaucoup d'émotions en disant ça. Parce que j'ai voulu sauver quelque chose que je ne pouvais pas sauver. Et voilà, donc en fait, nous avons traversé dans notre relation des choses qui ne sont pas liées au sacrement du mariage, qui ne sont même pas, j'allais dire, dans une relation normale entre un homme et une femme, on ne doit pas les vivre. On n'a pas le droit de les vivre. Voilà, je n'irai pas plus loin.

  • Marie

    Oui, oui, oui. C'est pour qu'on comprenne. Mais du coup, vous avez quand même pris conscience ? Grâce à une amie ? Grâce à vos réflexions ?

  • Florence-Anne

    Parce qu'en fait, à un moment, ce n'était plus possible. Je voyais bien que j'étais en train de mourir à moi-même. J'allais dire même à ma propre identité. Je ne savais plus qui j'étais. J'étais perdue. Et là, je me suis dit, ça devient dangereux parce que j'avais ma responsabilité de mère. Et je me sentais plus dans... Je me sentais... Même dans ma dignité de femme, j'étais perdue. Et donc, du coup, là, il a fallu que je demande de l'aide. Et c'est à partir de là où, quand j'ai commencé à demander de l'aide, tout a été très vite.

  • Marie

    Vous avez demandé de l'aide à qui ?

  • Florence-Anne

    Alors, j'ai d'abord eu un ami prêtre. Puis ensuite, après, j'ai été accompagnée par une psychologue. Et cette psychologue... à essayer de me permettre d'accepter, de regarder cette réalité, de consentir la réalité que j'étais en train de vivre, qui n'était pas normale. Et à partir de là, ça a été extrêmement douloureux, parce que je niais la réalité et je ne voulais pas pour mes enfants. c'était pas possible c'était pas possible pour moi j'étais en train de devenir zinzin je me dis mais en fait si je vis ça c'est pas normal et elle m'a amenée à transposer ma réalité sur d'autres personnes c'est ce qui m'a permis de sortir un peu de mon marasme et de pouvoir me dire si ton frère ou ta soeur vit la même chose tu dis mais t'es dingue ou pas c'est pas possible tu peux pas accepter ça et donc ça a été un chemin qui a été long enfin long, ça a duré quelques mois et puis j'ai eu un peu de temps Et à un moment donné, il a fallu que je parte avec tous mes enfants sous le bras. Donc, j'ai quitté le foyer conjugal avec la tenue que j'avais sur moi et mes neuf enfants sous le bras. Et mes enfants avaient une tenue et je suis partie chez mes parents qui m'ont accueilli les bras ouverts. Ça a été extrêmement douloureux parce que, si vous voulez, je n'ai pas quitté le père de mes enfants parce que je ne l'aimais plus. Je l'ai quitté parce que notre relation n'était plus possible et qu'on se faisait du mal. Et lui se faisait du mal, moi je me faisais du mal, nous nous faisions du mal et on faisait énormément de mal à nos enfants. Donc c'était plus possible.

  • Marie

    On se doute bien de toute façon quand on part pas comme ça, les choses sont pas... Et si vous aviez pas tout essayé auparavant, ça a dû être...

  • Florence-Anne

    Ça a été un choix qui a été long, enfin long, qui a été dur à prendre. Et pour le père de mes enfants, ça a été extrêmement douloureux pour lui, ça c'est sûr. Et comme pour moi, voilà. Et après, ça a été pour moi un chemin. Ça a été le début d'une construction. En fait, ça a été... J'avais, si vous voulez, une image un peu évangélique, enfin de la Bible. J'avais l'impression d'être Lazare avec des bandeaux et que le Seigneur est venu... Et mon histoire, c'est la résurrection de Lazare. C'est la croix glorieuse. C'est-à-dire, je meurs, je remonte. Et je vis avec cette...

  • Marie

    Mais dans les tout premiers temps, ça a dû être quand même extrêmement douloureux et difficile. En même temps, libérateur, c'est un peu un maelstrom d'émotions, j'imagine.

  • Florence-Anne

    Ça a été extrêmement douloureux. Beaucoup de larmes, de crises, de pleurs, d'angoisse, en fait, de savoir ce que je... En fait, si vous voulez, je me suis retrouvée à terre. Je me suis retrouvée à terre, en croix. J'avais l'impression d'être en croix, à terre. Parce que si vous voulez, quand je me suis engagée en 1998, avec le père, même si j'étais enceinte, ce n'était pas du tout la vision que j'avais de ce que je voulais vivre. Et donc, je mourais à tous mes idéaux, tous mes rêves. Et puis, j'avais l'impression de ne pas avoir su arriver. Je n'étais pas arrivée, en fait. Et donc, j'avais l'impression d'arriver chez mes parents en disant « J'ai tout essayé et je n'y suis pas arrivée. » J'avais honte, en fait. terriblement honte. J'ai essayé de construire et je n'y suis pas arrivée. En fait, c'est là où ça a été vraiment un bouleversement, une transformation. C'est qu'au lieu de dire j'y suis pas arrivée, il a fallu que je me remette sous le regard de Dieu et que je présente ça à Dieu. Et j'ai dit au Seigneur, en fait, je me suis trompée dans la manière dont j'ai abordé les choses et j'ai vécu les choses. C'est-à-dire que... Comment expliquer ça ? C'est-à-dire que je suis arrivée... À terre, à croix. Et là, j'ai dû me lever la tête, ce qui me restait de force psychologique intérieure, de lever la main et de dire au Seigneur, sauve-moi, en fait, viens me sauver. Alors qu'avant, moi, j'ai voulu sauver. Vous voyez ce que je veux dire ? C'est que moi, je voulais sauver mes enfants, le père de mes enfants. Et donc, je me suis cru super, super génial. Voilà, Flo, là, super, mais pas du tout. Je me suis plantée grave.

  • Marie

    Ça devait être grave. Voilà.

  • Florence-Anne

    Donc, pour moi, ça a été... Ça s'est coulé comme un château. Un séisme.

  • Marie

    Oui, un séisme. Oui, en plus, vous vous retrouvez toute seule avec neuf enfants. Ils avaient quel âge en plus ? Ils étaient petits ?

  • Florence-Anne

    Petits, l'aîné avait tout juste 14 ans, Théophan. Et mon dernier, Jean-Baptiste, avait un an. Et mes parents m'ont accueillie dans leur grande générosité chez eux.

  • Marie

    Et votre famille vous a toujours soutenue ?

  • Florence-Anne

    Toujours soutenue, oui. Et puis après, on a connu tous les drames que connaissent les gens divorcés qui se séparent. C'est-à-dire... Cette espèce de déchirement familial, où en fait, c'est terrible parce qu'au début, on dit des choses qu'on ne pense pas, on part de témoignages. Là, la séparation, je pense que c'est vraiment le mal de notre siècle. Le divorce, c'est vraiment une déchirure.

  • Marie

    Mais là,

  • Florence-Anne

    c'était nécessaire. C'était nécessaire, mais c'est vrai qu'après, notre humanité est tellement pauvre et fragile qu'on traverse ça parfois avec... tant de maladresse et tant de choses. Et ce qu'il faut, c'est se reconstruire.

  • Marie

    Comment vous avez fait déjà, ne serait-ce que matériellement, comment vous avez fait pour vous en sortir toute seule avec neuf enfants ?

  • Florence-Anne

    Oui, ça, ça a été... D'abord, mes parents m'ont accueillie. Je n'avais rien. Je n'avais plus rien. Je n'avais pas de carte bleue, pas de chéquier. Je n'avais pas de compte bancaire. Vous savez, j'étais vraiment... C'était vraiment...

  • Marie

    Job et Lazare en même temps.

  • Florence-Anne

    C'était vraiment... Plus rien. Et du coup, en fait, mes parents, pareil, l'une des choses qu'ils m'ont transmise, c'est le sens du travail. Voilà, mes parents ont un grand cœur extrêmement généreux. Je ne peux pas dire que ce soit la grande douceur et la grande compassion. On est là, on me brosse dans le sens du poil, ma chérie. Oh là là, c'était pas du tout. C'était plutôt, allez, Flo, il faut que tu te reprennes. T'es mère de neuf enfants, tu vas y arriver. On va y arriver ensemble. Et il y a eu une espèce d'élan familial très fort, une très belle solidarité familiale. Et ça, c'est la richesse des familles nombreuses. C'est-à-dire que là, tout d'un coup, on ne fait plus qu'un seul corps. Il y en a un qui souffre, tout le corps est malade. Tout le corps souffre, tout le corps... pleure. Et là, toute ma famille a pleuré avec moi. On a pleuré ensemble et ensemble, ils se sont dit, allez hop, on y va, on va se relever. Et donc, ils m'ont pris avec mes neuf enfants. Et là, je me suis mise à chercher du travail et j'ai pu trouver, au bout d'un an, assez rapidement du travail dans le marché de l'art. Et donc, j'ai travaillé dans une étude de commissaire priseur. Et j'ai eu la joie de découvrir le vrai travail. professionnelle, il a fallu que je sois super organisée et voilà, ça a été une expérience incroyable parce que l'atelier de l'enfant Jésus que vous aviez créé après ce fameux accident dont vous nous parliez au départ en fait je ne l'ai pas vraiment créé parce que quand j'ai fait mes premiers dessins comme c'était la seule chose que je savais un peu préférer et que je m'étais posé cette question je sais dessiner ... Je me suis mise à dessiner une première image qui est l'enfant Jésus, roi d'amour, d'après Yvonne Aimée de Malétrois.

  • Marie

    Marie-Yvonne de Malétrois, pour ceux qui ne savent pas, c'est une religieuse du XXe siècle. Une femme qui a eu un grand rayonnement.

  • Florence-Anne

    Tout à fait. Et moi, je ne la connaissais pas. Moi, j'ai dessiné l'enfant Jésus, roi d'amour parce que c'était une petite image que j'avais chez moi, que j'aimais beaucoup. Et cette petite image était plutôt couleur sépia. Et je me suis dit, tiens, je le trouve trop joli, je vais m'en inspirer. Et je vais faire... un premier dessin. Et donc, du coup, je me suis mise à dessiner ça. Et Yvonne Aimée de Malétrois est devenue la marraine de mon atelier. Mais voilà, je vais peut-être passer l'histoire de toute cette belle histoire de la naissance de l'atelier. Donc, j'ai dessiné ces premières images parce que j'ai une amie après qui me dit « Tu sais, j'ai une amie qui fait sa première... Ma fille fait sa première communion. Est-ce que tu peux faire une première image ? » Donc, j'ai fait une première image. Puis un jour, j'ai dessiné un premier Saint-Patron, ce que je voyais un de mes fils qui était au bord de la piscine, que je trouvais absolument adorable. Et donc, du coup, je me dis, tiens, lui, il ferait bien un petit Saint-Louis. Je le voyais en petit guerrier, adorable. Et puis, progressivement, je me suis mise à dessiner. Mais vraiment, ce n'était pas du tout dans un sens de business ou de monter une entreprise, pas du tout. J'ai créé un petit réseau autour. Les gens ont pris, donc de bouche à oreille. On commençait à me commander des petites images. Mais lorsque je dessinais, je trouvais beaucoup de consolation. Et j'aimais dessiner parce que c'était un moment où je me retrouvais en cœur à cœur avec mon Dieu. Ça, c'était... Ça m'a beaucoup portée et ça m'a apporté beaucoup de douceur, de... C'était comme un peu ma boule, mon espace à moi, avec mes enfants qui arrivaient un par un, et puis avec un environnement, voilà, l'environnement que j'avais. C'était un peu mon espace de paix à moi. Donc voilà, ça c'est... Et puis en fait, avec la séparation, quand je suis arrivée à Paris et qu'il a fallu que je... je trouve un travail. Là, c'était trop. J'étais vraiment dans un état d'épuisement général. Et je ne me voyais pas dessiner, travailler. Ce n'était pas possible. Et donc, du coup, je me dis j'arrête tout. De toute façon, j'étais paumée. J'étais vraiment paumée. Et si vous voulez, ma foi, ce n'est pas du tout retrouvée ébranlée. Mais par contre, j'étais vide. C'était très ténébreux. C'était très sombre. Je tenais avec cette vertu de la prière que mes parents nous avaient enseignée. Donc j'allais à la messe le dimanche parce que j'étais mère de famille et que je voulais accompagner mes enfants à la messe. Je priais tous les soirs avec mes enfants parce que j'avais reçu ça de mes parents et qu'il me semblait que c'était important de parler, de transmettre. Donc j'ai eu la grâce, on va dire, parce que pour moi c'est vraiment de l'ordre de la grâce, d'être fidèle à cette petite prière du quotidien. Et pour revenir sur le dessin, c'est pour ça que c'est important. C'est que j'ai un ami prêtre qui m'a dit, Florence Anne, tu peux te remettre au travail. Et tu peux te mettre au travail, c'est important, tu dois nourrir ta famille. Mais n'oublie pas, si tu veux te trouver toi, la guérison viendra. Il faut que tu dessines.

  • Marie

    Toutes les semaines. Il faut que tu t'engages à te dessiner toutes les semaines. Et là, du coup, je me suis engagée comme un peu pareil, un peu femme de devoir, de vertu. Je me suis dit, allez, vas-y, j'y vais. Je vais dessiner une fois par semaine. Donc, la semaine, je bossais comme une dingue pour les études de commissaire-priseur. Et je faisais mes ventes aux enchères, etc. Et le week-end, je dessinais pendant le samedi après-midi que mes derniers faisaient encore leur sieste. et que mes parents étaient là et je vivais chez mes parents, donc je savais que mes enfants étaient gardés. Donc je m'enfermais dans un espace et je dessinais un sein, une petite image, une petite commande que j'avais par bouche à oreille. Et puis progressivement, j'ai continué comme ça. Et puis à un moment donné, on me dit, mais tu sais, parce que je voyais bien que je ne pouvais plus trop dessiner le samedi, je commençais à avoir pas mal de commandes et j'avais mal aux yeux parce que du coup, je voulais commencer à dessiner le soir, mais je ne comprenais pas comment on dessinait le soir. Parce que moi, si vous voulez, je n'ai pas fait d'école de dessin. Je n'ai pas fait une école d'art. J'ai tout découvert un peu d'une manière complètement...

  • Florence-Anne

    Il y a une manière de dessiner le soir qui est particulière ?

  • Marie

    En fait, je vais vous dire tout simplement, moi, la lumière normale, en fait, elle change les couleurs. Donc, le matin, je me réveillais avec des pattes que je voulais. Et un jour, on me dit, mais tu sais, tu as des lumières de jour. Mais le truc a changé ma vie. Et là, je me suis mis à dessiner une lampe de jour. Et là, je me suis mis à dessiner la nuit, la nuit, la nuit, la nuit. Et du coup, cet équilibre n'était plus possible. Et il a fallu, à un moment donné, que je fasse un choix. Et donc, du coup, j'ai arrêté, mais vraiment aussi un peu à contre-cœur, parce que j'aimais beaucoup mon livre, finalement. Et j'ai monté l'atelier de l'enfant Jésus officiellement. Et là, c'est une très belle aventure, parce que, je vais vous dire, en dessinant, ça a été aussi mon... Je me suis évangélisée moi-même en dessinant. Le Seigneur venait me parler, venait me guérir, me consoler. Cet espace de temps, quand je dessine, mais encore aujourd'hui, c'est un espace... où le Seigneur vient convertir mon cœur, vient guérir mon cœur et vient me relever, me redresser.

  • Florence-Anne

    Et vous ne lui en avez jamais voulu au Seigneur parce qu'il s'est engagé avec vous, avec votre couple, le jour de votre mariage. Et là, que ce soit fini, est-ce que vous vous êtes sentie abandonnée, même trahie par le Seigneur quelque part ?

  • Marie

    Alors, je ne me suis pas sentie abandonnée ni trahie. Mais par contre, j'ai eu... je vais vous dire un moment de colère, très précisément lorsque j'ai eu j'ai obtenu ma reconnaissance en nullité étonnamment ça peut être super c'est-à-dire qu'en fait d'abord cette reconnaissance en nullité c'est un travail qui demande beaucoup de courage puisqu'en fait l'église nous demande de relire notre histoire ... et de relire notre enfance, de relire notre adolescence qu'on a transmise. Parce qu'en fait, on relie toute l'histoire jusqu'au jour du sacrement du mariage.

  • Florence-Anne

    Vous l'avez entrepris quand, juste ce travail ?

  • Marie

    Ce travail, je l'ai commencé beaucoup plus tôt avant mon divorce. Parce que pour obtenir l'annualité, il faut un divorce. Et moi, j'avais d'abord commencé par une séparation de corps. Parce que j'avais vraiment ce poids de la culpabilité de la séparation très forte. Et ce n'est pas ce que je voulais. Je n'ai jamais voulu ça, moi. J'ai été quelque part un peu contrainte de partir, de devoir quitter.

  • Florence-Anne

    Comme c'est vous qui êtes partie, vous étiez coupable.

  • Marie

    Voilà, je me sentais très coupable. Et donc du coup, le divorce pour moi a été compliqué à accepter. Donc j'ai commencé par une démarche de séparation de corps. Et je pensais que la séparation de corps suffisait pour faire une demande en reconnaissance d'unité. En fait, ça ne suffit pas. L'Église demande vraiment un divorce. Et donc du coup, j'ai commencé à monter un mémoire. On appelle ça un mémoire où on relie un peu sa vie et on écrit. accompagné d'un avocat ecclésiastique.

  • Florence-Anne

    C'était combien d'années, pardon, après votre séparation ?

  • Marie

    Ça devait être 6-7 ans après. D'accord. Donc j'ai commencé un peu à travailler dessus avec beaucoup de simplicité et j'ai accepté de revoir et de relire ma vie en toute vérité. Ça a été un travail de vérité, profond. Et c'est pour ça que je dis que ça demande du courage parce que de regarder en vérité là où, en fait, l'Église, elle n'est pas là pour accuser. Moi, je n'étais pas là pour accuser qui que ce soit. L'Église nous invite, m'a invitée à regarder ma vie sous le regard de Dieu en vérité. Donc, c'est mon histoire que j'ai mise sur un papier qui faisait plusieurs pages, que ma mère, d'ailleurs, a lue. Et pour mes parents aussi, ça a été une véritable épreuve. Parce que c'est aussi regarder, parce que j'ai reçu, comment moi, je l'ai vécu. Et comment moi, j'ai... J'ai vécu mon enfance, mon adolescence. Comment ce qu'ils m'ont transmis, ce qu'ils m'ont donné, comment j'ai vécu ça avec joie ou aussi avec peine. Et donc, c'est un vrai travail d'humilité, de vérité, de pardon et de miséricorde, vraiment de pardon. Et donc, ça a été... pareil, de voir là où est ma part, où a été ma responsabilité dans cette séparation. Et donc du coup, c'est aussi un travail de libération. Ça, c'est évident. Trail de libération, de guérison, de descendre dans les profondeurs ténébreuses de notre cœur, de mon être, dans mes entrailles. Et il a fallu après que je me relève, que je me redresse. Et donc, le Seigneur nous invite à dire, est-ce que tu veux venir avec moi ?

  • Florence-Anne

    Pourquoi cette colère, du coup, vous disiez ?

  • Marie

    Et du coup, pour revenir sur la nullité, c'est que quand j'ai eu cette reconnaissance en nullité, si vous voulez, je l'attendais, évidemment que je l'attendais. Et donc, du coup, quand l'annonce est arrivée, ça a été une vraie libération sur le champ. Tout de suite, j'ai dit « Waouh ! » Mais oui, c'est ça. C'était évident. En fait, c'était évident que tout ce que j'ai traversé sans la grâce du sacrement, ce n'était pas possible. Donc, voilà.

  • Florence-Anne

    Parce que ça reconnaît...

  • Marie

    Là, on nous dit... L'Église vous dit, en fait... Vous vous êtes engagés, mais le Seigneur a vu, t'es bon, mais le Seigneur ne l'a pas béni.

  • Florence-Anne

    Ah bon ? C'est ça que l'Église dit ? D'accord.

  • Marie

    Donc en fait, finalement, c'est hyper dur. C'est-à-dire qu'en fait, je n'ai pas vu, j'ai fait ça, c'est ma propre volonté. Je ne me suis pas tournée vers Dieu, nous ne nous sommes pas tournées vers Dieu en disant est-ce que c'est ta volonté que nous nous engageons sur cette route du sacrement du mariage ? Et là, l'Église vous dit, mais en fait... Vous vous êtes engagé, vous avez vraiment eu la volonté de construire un mariage, de vous aimer. Sauf que nous, l'Église, en fait, Jésus, il n'a pas béni. Il n'a pas donné la grâce de ce sacrement. Et là, si vous voulez, c'est comme si j'avais tout d'un coup pris conscience. Je me suis dit, mais c'est dégueulasse, en fait. J'étais hyper mal accompagnée. Et tout d'un coup, j'en ai voulu à la terre entière. Je me suis dit, et on va me dire, mais Flo, on t'avait dit, on t'avait dit, on t'avait dit. Mais en fait, je n'ai pas écouté. Donc, il a fallu que moi... Je reconnaisse encore une fois, humblement, que je me mette encore une fois à terre et que je me dise « En fait, je n'ai pas écouté. » Donc j'étais en colère. D'abord, j'ai dit « Mais c'est quand même pas juste, quoi. » Puis après, on m'a redit, on m'a dit « Non, en fait, tout ça, ça a été dans l'espace de quelques heures. C'était la semaine sainte à l'époque. Donc j'ai vraiment vécu la semaine sainte. Et là, le vendredi soir, j'étais à terre dans ma cuisine. Je m'en souviens très, très bien. Et je pleurais toutes les larmes de mon corps. Et je disais, j'avais l'impression d'être comme Saint-Pierre. Et que je disais, Seigneur, ce n'est pas possible, je ne peux pas accepter que tu n'étais pas là quand je me suis engagée. Eh bien, tu veux que je te dise, en fait, je ne peux pas accepter. Limite, je ne voulais plus reconnaître Jésus. Je ne voulais plus me dire, ce n'est pas possible que tu me dises après que tu es venue pour me sauver. Mais c'est trop facile puisque tu n'étais pas là. Et puis ensuite, après, tu viens pour me sauver. Non, attends, j'étais en train de me dire, mais là. Et il a fallu que je retombe encore à genoux et que je dise au Seigneur, un, en pleurant. amèrement sur ma faute, sur mon péché, sur mon manque d'écoute, sur tout mon orgueil, sur toute ma capacité à dire que je vais y arriver toute seule, et bien encore une fois que je fasse tomber les peurs, parce qu'en fait vous savez quand vous dites que vous voulez y arriver toute seule, c'est parce que vous avez peur de vous abandonner. Vous avez peur de faire confiance, vous avez peur de vous remettre à Dieu parce que vous vous dites mais qu'est-ce qui va m'arriver si je m'abandonne à Dieu ? Et bien là encore une fois, il a fallu que je tombe à terre et que je pleure amèrement sur tout ça et que je dise au Seigneur. sauve-moi. Et là, j'ai eu cette petite voix intérieure qui m'a dit est-ce que tu veux venir avec moi ? Est-ce que tu veux mourir avec moi sur la croix et renaître avec moi, ressusciter avec moi et avancer sur venir avec moi pour que je puisse faire toute chose nouvelle dans ta vie ? Et lorsque j'ai dit oui, si vous voulez, j'ai vécu le Tridéum Pascal, une vraie résurrection. Je me suis rétablie, je me suis redressée. Je suis aujourd'hui une mère et une femme épanouies, en plus mariées maintenant. Oui,

  • Florence-Anne

    on va en parler.

  • Marie

    Mais avec cette douleur de l'épreuve. C'est-à-dire, c'est le Seigneur, c'est là où il est passé. Et il a apporté tellement de consolation, de guérison. Il a dilaté mon cœur. Il m'a donné un cœur beaucoup plus compatissant. j'espère beaucoup plus vrais.

  • Florence-Anne

    Effectivement, on a vu un jour sur votre fil Instagram, alors que sur le fil Instagram de l'atelier de l'enfant Jésus, on voyait vos belles réalisations. Puis tout d'un coup, un jour, il y a un post qui est apparu qui disait « Comme certains d'entre vous l'ont déjà constaté au fil de mes publications, voici plusieurs années qu'il n'y a plus d'hommes à mes côtés. Je n'en ai jamais parlé ici pour plein de raisons que je sais que vous respecterez. Mais aujourd'hui, je veux... » témoigner, Dieu nous accompagne sur notre chemin. Quand on est à terre, il vient nous relever, nous restaurer, nous rétablir et ouvrir devant nous la voie qui semblait parfois murée. Les mots sont forts, la voie qui semblait murée, c'est-à-dire que vous ne croyez plus à l'amour, vous disiez que c'était terminé pour vous.

  • Marie

    Alors en fait, je suis une femme d'espérance. Alors je ne dirais pas vraiment ça. Je dirais que je voulais croire que mon Dieu, le Dieu que j'aime, voulait le meilleur pour moi. Je voulais espérer pour mes enfants et pour qu'on puisse trouver un équilibre parce qu'il vait seul des enfants. Alors, je les ai élevées seules, mais avec un entourage très porteur, évidemment. Et ce n'est pas facile. Et on est très seules. Et moi, Guillaume, mon mari, est arrivé d'une façon totalement inattendue. Mais ce que je voulais, c'était rencontrer une personne qui pouvait embrasser toute mon histoire, consentir avec moi à toute mon histoire, mais avec beaucoup de pudeur et beaucoup de respect. Et sans pour autant me poser dix mille questions sur tout ce que j'ai traversé. Et je ne voulais pas rentrer dans un jeu de séduction, de drague, de truc, je ne sais pas quoi. Je ne supportais plus, je ne supportais pas. Et donc, quand j'ai rencontré Guillaume chez des amis, en fait, j'ai rencontré un homme, un homme complètement enraciné. J'ai rencontré un père, parce qu'il est père aussi de trois enfants. Et j'ai vu tout de suite en lui que c'était un homme extraordinaire. Voilà, c'est tout. Après, voilà, ça a été...

  • Florence-Anne

    Il faut quand même l'être un peu. C'est vrai, adopter neuf enfants alors qu'on en a déjà trois ?

  • Marie

    C'est ça. Il a pris... En fait, je vais vous dire, s'il m'accueillait, il était obligé d'accueillir mes neuf enfants. Alors, il était obligé de... Et en plus de ça, j'ai des grands enfants. J'ai mon aîné aujourd'hui qui a 25 ans, mais mon dernier a aujourd'hui 13 ans, 12 ans, pardon. Donc, ils sont encore jeunes, les derniers, donc il y a encore... de l'éducation et il y a surtout beaucoup d'adolescents, donc il faut les aimer, les supporter et c'est là où je le trouve héroïque. Parce que je vais vous dire, aimer des adolescents quand ce sont les siens, c'est déjà un effort. Enfin, je n'allais pas dire que ce n'est pas une saison d'effort, c'est que ça nous demande tellement de créativité pour pouvoir rester toujours dans la joie et la bonne humeur quand on voit les élans de nos enfants adolescents qui ont beaucoup d'imagination dans leurs réponses et dans leur manière de voir la vie. Et bien lui, il en a tout autant et c'est ça qui est incroyable, enfin tout autant de bienveillance et c'est là où moi je le trouve héroïque dans ce petit quotidien que nous vivons avec nos nombreux enfants, d'être toujours à l'écoute, porteur, posé, il est très posé Guillaume, très calme, c'est un ingénieur, donc très cartésien, alors que moi je suis beaucoup plus, tout l'inverse. Et donc, du coup, il apporte beaucoup de paix dans la famille. Et croire, croire. Quand je l'ai rencontré, vous savez, j'avais tous les deux. Là, je parle vraiment, je pense que Guillaume me rejoindrait tout à fait. Tous les deux, notre devise, c'est croire en l'amour toujours.

  • Florence-Anne

    J'allais y venir. Femmeuse devise qu'on voit tant chez l'atelier de l'enfant Jésus.

  • Marie

    On avait en nous cette petite brèche. Vous savez, en fait, quand on a été blessé, quand on a vécu des épreuves très dures, quand on est blessé, tout simplement, parce que je pense qu'on est tous blessés, si je devais dire quelque chose, c'est que vous savez, il est bon de laisser cette blessure un peu ouverte. Parce qu'il y ait la cicatrice, mais qu'elle revienne, qu'elle nous réchauffe un peu, qu'elle nous brûle de temps en temps. Parce qu'en fait, c'est là où Dieu passe. Dieu, il passe là où il y a des brèches, il passe là où il y a une faille, il passe là où il y a eu une entaille. Il ne passe pas du tout dans quelque chose d'imperméable. Et moi, j'ai consenti à me laisser à nu et de me dire, « Ok, j'en ai partout, j'ai déjà l'impression d'avoir des entailles partout, brûlées vives. » Et j'ai dit, « Ok, Seigneur, viens, ça va me faire mal, mais viens, viens, viens guérir, consoler, viens, je suis prête. » Et je suis prête. Et alors, ce qui est merveilleux avec le bon Dieu, c'est qu'il nous laisse du temps et il y va avec un temps incroyable. Parce que même aujourd'hui, au sein de mon propre couple aujourd'hui, parce qu'aujourd'hui, je vis de ce sacrement du mariage, et bien je peux vous dire que même... Aujourd'hui, je vis encore des guérisons, notamment la peur de dire les choses, de parler, de communiquer. Parce que pour moi, Dieu est le plus grand de tous les communicants. Et il y en a un qui ne supporte pas qu'on communique, c'est bien le diable. Il veut qu'on reste dans notre petit truc à nous. Surtout, ne parle pas, raconte pas, ne dis pas. Je ne fais pas de bousculonnes. Surtout, ne fais pas d'histoire. Et dès que j'entends ça, maintenant aujourd'hui, je sais que là, il faut que j'ai quelque chose à dire. Que là, j'y aille et que je n'ai pas peur. Vas-y, Flo, dis les choses calmement, paisiblement. N'aie pas peur d'aller voir, de rencontrer, de créer un lien et de dire là où tu as humain, où tu as envie d'une joie, où un partage.

  • Florence-Anne

    Quel conseil vous donneriez à des proches, à des personnes qui entourent un papa ou une maman solo ?

  • Marie

    Le conseil que je peux donner, c'est surtout n'hésitez pas à les solliciter, à les inviter déjà à recevoir. Vous savez, quand vous vous retrouvez seule, on ne vous invite plus à dîner parce que vous êtes une femme seule. Et souvent, ça peut être soit la table va devenir un chiffre impair. Donc, le placement, c'est un peu compliqué. Ou alors, du coup, on vous sort de la table et on a l'impression d'être une bête de foire. Avec qui on doit raconter comment tu fais, si et ça. Et puis, surtout, quand on a beaucoup d'enfants, combien de machines, combien... C'est vraiment... Donc on ne vous invite plus qu'à des dîners de filles. Par contre, je me suis éclatée. Les filles, elles s'éclatent, elles, parce qu'elles sont ravies de sortir de leur quotidien. Elles ont un mari. Et donc, du coup, c'est une porte ouverte à pouvoir se confier. C'est très beau parce que les femmes, du coup, se confient beaucoup. Il y a cette porte ouverte. Mais moi, je dirais déjà, n'hésitez pas à nous inviter dans vos familles, dans votre vie de couple. Nous, on est là et on ne présente pas forcément un danger. Voilà, on ne va pas venir déstabiliser. On n'est pas tout d'un coup... Donc je dirais ça d'abord. inviter nous à dîner parce que nous on est contents de partager, de voir des couples qui s'aiment pour nous c'est réconfortant et puis pour des parents qui accompagnent et qui se retrouvent donc dans cette épreuve parce que c'est une véritable épreuve pour des parents d'accueillir un enfant parce qu'eux se remettent en cause dans leur éducation qu'est-ce qui a fait que j'ai pas été là, pourquoi j'ai pas vu qu'est-ce que j'aurais pu faire, donc beaucoup de culpabilité chez les parents et je pense que en fait on va arrêter le pourquoi et on va être avec ... Et on va dire maintenant comment ? Comment on va faire ensemble pour que tu puisses vivre ce temps de séparation, de divorce, de procédure, avec beaucoup d'apaisement ?

  • Florence-Anne

    Est-ce qu'il y a un livre qui vous a rejoint dans votre épreuve et que vous voulez recommander ?

  • Marie

    Alors oui, moi c'est le livre de Simone Paco, qui est l'évangélisation des profondeurs. Et justement, c'est rentrer dans cette... Dans cette intériorité profonde de son être profond et de voir là où en fait d'embrasser sa part et de renaître à qui nous sommes vraiment et d'accepter que le Seigneur vienne évangéliser justement ce que nous sommes. Et du coup, c'est très beau parce que dans son livre, elle nous montre qu'en fait, en acceptant et en étant dans cette démarche intérieure de vraiment laisser la place à ce que le Seigneur vienne toucher chaque endroit peu à peu en son temps. Ça a des répercussions directes sur notre quotidien et sur ce qu'on va transmettre à nos enfants, ce qu'on va vivre avec nos enfants. Et du coup, c'est un chemin de pardon avec soi-même et du coup, après, avec son prochain. Et là, en l'occurrence, les premiers proches sont nos propres enfants. Et ensuite, le père de mes enfants. Et ensuite, mes parents, mes frères, mes sœurs et tout. Voilà. C'est un très beau chemin de guérison.

  • Florence-Anne

    Et est-ce que vous avez une prière ? Quelle est votre prière préférée ou celle qui vous a soutenue dans votre épreuve ?

  • Marie

    Moi, j'avais une prière qui m'a soutenue dans toute cette longue période, j'allais dire ce tunnel. Ça a été « revenez à moi de tout votre cœur » . C'est une phrase de l'évangile. C'est une phrase de l'évangile, oui. Et ça, je me la répétais régulièrement, je veux dire tout le temps. Pourquoi ? Parce qu'en fait, comme je peux le dire, j'ai eu la chance de vivre dans une belle famille, j'ai beaucoup reçu. Et donc du coup, la prière, le quotidien, la messe, tout ça. Mais en fait, j'y allais parce qu'il me fallait y aller. Mais je voulais revenir à Dieu dans un vrai cœur à cœur, dans une vraie relation, dans une vraie intimité, dans quelque chose qui fait que je lui parle et qu'il vient toucher, qu'il vient relever, qu'il vient consoler. Et donc du coup, je voulais que ma prière et que ma messe, je voulais le vivre en vérité, pleinement, en lien avec lui. Et cette phrase, pour moi, elle avait une résonance tant dans ma vie spirituelle, mais aussi dans mon quotidien avec tous ceux qui m'entouraient, parce que je sais que Dieu passe par les autres. Et quand j'entends cette phrase « revenez à moi de tout votre cœur » , j'entends mes amis qui me disent « Flo, viens » . Dis-moi, raconte-moi, raconte-moi ce que tu as dans ton cœur. Et donc, en parlant, en racontant, en étant accompagnée avec une psy et en racontant avec mes amis merveilleux que j'ai eus, en me confiant, je suis revenue à Dieu de tout mon cœur, de toute mon âme et de toute ma conscience. Et c'est vraiment par là que je me suis relevée.

  • Florence-Anne

    Ma toute dernière question, c'est si vous aviez le Christ en face de vous à ce moment-là, qu'est-ce que vous lui diriez aujourd'hui vis-à-vis de... ces années d'épreuve ?

  • Marie

    Je lui dirais merci. Merci parce que en fait, tu me rétablis. Tu me rétablis jour après jour. à travers le regard bienveillant de mon mari, le regard bienveillant de mes enfants, de mes parents, de mes frères, mes sœurs. Je lui dirais vraiment merci. Merci pour... Et vous voyez, c'est marrant, parce que tout à l'heure, je marchais et je me disais, mais quelle chance, quelle chance j'ai eue dans ma vie. Quelle joie j'ai eue dans ma vie, finalement. Beaucoup de douleur. Mais j'ai eu tellement de joie et la plus grande joie. Aujourd'hui, ma plus grande joie, c'est que oui, il y a la croix quotidienne de la séparation, du divorce, de tout ce que je n'aurais pas voulu vivre. C'est ma croix, c'est mon épine, c'est ce que je ne souhaite à personne. Mais à côté, la résurrection est une telle joie que je lui dis merci d'être mort pour nous et de nous sauver. Merci. En fait, je voulais lui dire tout simplement merci. Dans ses bras, contre son cœur, et lui dire merci,

  • Florence-Anne

    merci, merci. Et bien, un grand merci, Florence Anne, pour ce très beau témoignage.

  • Marie

    Merci, avec joie.

  • Florence-Anne

    Merci de nous avoir écoutés. Si ce podcast vous a plu, n'hésitez pas à le partager autour de vous, à laisser un commentaire et une note de 5 étoiles sur les plateformes d'écoute et les réseaux sociaux, les podcasts de FC, pour faire bénéficier de ce podcast un maximum de personnes. Pour découvrir d'autres témoignages de feu, vous pouvez bien sûr écouter les autres épisodes du podcast, mais aussi lire chaque semaine la rencontre avec un témoin touché par la grâce dans le magazine Famille Chrétienne. Et enfin, n'hésitez pas à découvrir les autres podcasts de Famille Chrétienne. Toussaint, ces témoins de la foi racontés par Bénédicte de Lelys, Maman Prie, Sexo, Sacrée Histoire et d'autres encore. Un grand merci et au prochain premier lundi du mois. pour un nouvel épisode.

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« Croire en l’amour, toujours ! » Telle est la devise de Florence-Anne Ambroselli, la pétillante créatrice de l’Atelier de l’Enfant-Jésus. Et pourtant, comment continuer d’y croire, à cet amour, quand on a été tant blessée, précisément en ce domaine ? Florence-Anne en effet a été mariée, mais 9 enfants et 14 ans plus tard, elle a dû se séparer, pour se protéger soi-même et sa nichée encore si jeune. Elle raconte dans ce podcast son chemin de reconstruction et comment elle a pu continuer de croire en l’amour, toujours, grâce à un Amour plus profond, celui du Christ.

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Ce podcast est réalisé par Famille Chrétienne


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Transcription

  • Marie

    Bonjour, je m'appelle Marie et je vous souhaite la bienvenue dans la cinquième saison d'Un beau jour, un podcast de famille chrétienne. Un beau jour, c'est l'histoire d'hommes et de femmes croyants qui menaient une vie tranquille, assez d'avance. Et puis Un beau jour, un événement inattendu et bouleversant a complètement infléchi le cours de leur existence. Il nous raconte comment ils en ont été bousculés, changés, rabotés, transformés dans leur vie et dans leur foi. Je suis sûre que vous serez comme moi édifiés et enrichis par ces récits livrés le cœur et l'âme, grands ouverts. Croire en l'amour, toujours, telle est la devise de Florence Anne Ambroseli, la pétillante créatrice de l'atelier de l'enfant Jésus. Et pourtant, comment continuer d'y croire à cet amour quand on a été tant blessé précisément en ce domaine ? Florence Anne a en effet été mariée, mais neuf enfants et quatorze ans plus tard, elle a dû se séparer pour se protéger soi-même. Et sa niche est encore si jeune. Elle raconte dans ce podcast son chemin de reconstruction. Et comment elle a pu continuer de croire en l'amour toujours, grâce à un amour plus profond, celui du Christ. Bonjour Florence-Anne.

  • Florence-Anne

    Bonjour Marie.

  • Marie

    Alors merci pour votre présence au micro d'un beau jour.

  • Florence-Anne

    Avec joie.

  • Marie

    Alors pour commencer, est-ce que vous pourriez nous présenter l'objet symbolique de votre histoire que vous avez apporté ?

  • Florence-Anne

    Alors j'aurais apporté une petite médaille miraculeuse. Alors bon, au-delà du fait que la Vierge nous demande vraiment de l'apporter... sur nous parce que c'est une médaille de protection. Pour ceux qui ne connaissent pas, c'est la médaille miraculeuse, c'est la chapelle de la médaille miraculeuse à Paris. La Vierge est apparue à Sainte-Catherine-de-Laboré. Et elle a demandé à ce qu'on porte cette médaille, qui serait une médaille qui protège, qui nous portera vers, on espère, vers la sainteté certainement. Et moi, cette médaille miraculeuse, elle a eu une présence dans ma vie par plusieurs fois, et notamment une première fois. Lors d'un accident de voiture, bel accident de voiture que j'ai eu, donc à l'époque c'était en 2004, j'avais quatre jeunes enfants et j'ai fait des tonneaux avec une de mes filles dans la voiture, Rosemey, et lorsque les tonneaux se sont arrêtés, je me suis retrouvée perpendiculaire à la route avec une petite route de campagne en Bretagne, un poids lourd à droite à 50 mètres de moi et à gauche exactement la même voiture que moi. Une caravel verte bouteille. Je n'avais qu'une envie de la piquer limite et de repartir avec. Et en fait, c'est surtout que je me suis retrouvée perpendiculaire à la route avec une icône de la Très Sainte Vierge Marie sur mes genoux et des milliers de médailles miraculeuses autour de moi.

  • Marie

    C'est-à-dire qu'elles n'étaient pas dedans.

  • Florence-Anne

    Et en fait, elles étaient dans la voiture. Je pense que j'avais dû acheter un gros pack de 500 médailles miraculeuses qui ont été bénies et je les avais mis dans la boîte à gants. Et lors de l'accident, ces médailles ont... explosé à tel point que quand les gendarmes sont arrivés et les pompiers, ils n'ont pas compris. Ils ont dit « Mais qui c'est que toutes ces médailles ? » « Mais enfin, c'est délicat ! » Donc, j'étais là, limite, il fallait les ramasser. Enfin bref, cet accident a été un miracle puisque je n'ai rien eu et ma fille n'a rien eu. Et c'est le début d'une longue histoire jusqu'à partir de ce moment-là. Cette voiture n'avait pas été totalement réglée. Nous n'avions pas d'assurance touriste bien qu'on était un petit peu... un peu inconscient, on va dire. Et on avait pris juste une assurance de base. Et donc, du coup, cette voiture, on venait de l'acheter, ça faisait trois mois. On avait emprunté de l'argent à mon frère. Et le père de mes enfants, le soir de l'accident, me dit « Eh bien, il va falloir la rembourser. Il va falloir que tu la rembourses. » Et là, c'est le début d'une première conversion que je me suis posée, la question que je me suis posée. Florence Anne, qu'est-ce que tu sais faire ? Et quel est ton talent ? Et je savais dessiner. Et donc, du coup, je me suis dit, je vais dessiner. J'ai dessiné des petites images. Donc,

  • Marie

    on va revenir sur cette histoire.

  • Florence-Anne

    En tout cas, ce qui est sûr, c'est que la médaille miraculeuse, donc il y a eu ça. Et puis ensuite, une deuxième histoire que je pourrais raconter peut-être un peu plus tard. En tout cas,

  • Marie

    la Vierge Marie était présente. Déjà, et elle a pris encore plus de place ensuite. Voilà,

  • Florence-Anne

    exactement.

  • Marie

    Alors, pour qu'on comprenne bien, pour qu'on remettra peut-être les choses un peu dans leur contexte, dans quel environnement, quelle famille vous avez grandi ?

  • Florence-Anne

    Alors, j'ai eu une enfance très joyeuse, très heureuse, avec beaucoup d'enfants, beaucoup de vie. Vous étiez combien ? Alors moi, je suis l'aînée de 10.

  • Marie

    Ah ouais.

  • Florence-Anne

    Et une famille très artiste, puisque mon arrière-grand-père, Georges Desvalières, artiste peintre, qui a consacré sa peinture à l'art sacré avec Maurice Denis. Et puis mon grand-père, Gérard Ambroseli, artiste peintre, sculpteur, qui a donné vie avec ma grand-mère, une sainte femme, 15 enfants. 31, vous voyez, moi je suis là, et plus d'une centaine de petits-enfants, moi je suis la 31ème. Donc j'ai eu une enfance... très joyeuse, très artiste, très créative, on va dire. Et j'ai des parents exceptionnels avec ce qu'ils sont, très artistes aussi, et qui nous ont donné beaucoup d'amour.

  • Marie

    Une ambiance pleine de vie.

  • Florence-Anne

    Une belle enfance, très belle enfance.

  • Marie

    C'est comment de grandir avec autant de frères et sœurs ?

  • Florence-Anne

    Écoutez, moi, j'étais l'aînée, alors certains diront, quand on est aînée, on s'en prend toujours plein la figure, parce qu'on trace le chemin. Et je pense que mes parents ont On a vu toutes les couleurs avec moi parce que comme je suis très artiste, très créative, donc comme dit maman, j'avais déjà une idée par seconde quand j'étais jeune. Et puis, j'aimais bien me frotter aux adultes. J'aimais bien un peu espiègle, un peu très naïve. Je pense que j'ai très joyeuse aussi. Et du coup, mes parents me confiaient quelques responsabilités d'aînée. Mais j'avais beaucoup de mal à les tenir parce que j'oubliais toujours les chaussures. Et je suis toujours comme ça, je suis très intuitive, j'oublie toujours beaucoup de choses, je suis toujours en retard. Donc mes parents, je pense que j'en ai fait voir de toutes les couleurs. Et après, une adolescente aussi très mouvementée, je me faisais à la fête, je me dansais, je me riais. Mon père était totalement dépassé. Et même si après, dans l'adolescence... Moi, j'ai traversé des choses difficiles. Mes parents m'ont toujours fait confiance. Et ça, c'est une grande...

  • Marie

    Justement, ado comme ça, jeune adulte, c'était quoi vos rêves pour la suite ? Est-ce que vous vouliez reproduire un peu le chien ? Ah ouais.

  • Florence-Anne

    Moi, je voulais une grande famille. Je voulais plein d'enfants et une grande maison. C'était pour moi le modèle idéal. Et je me suis construite comme ça. Avec une envie, je vais vous dire, c'était de... d'avoir des enfants, d'avoir une belle famille, une grande famille, une sainte famille. Beaucoup d'idéaux et beaucoup d'espérance. Mais la vie a fait autrement, on va dire. Et j'ai eu quand même la chance d'avoir une très belle famille. Et j'ai la chance d'avoir une très belle famille.

  • Marie

    Parce que du coup, vous êtes conformément à ces rêves, à cet idéal, à ce bel idéal. Vous êtes mariée jeune,

  • Florence-Anne

    c'est ça ? Mariée jeune, on va dire. 21 ans, 22 ans, enceinte de mon premier enfant Théophane, et on s'est mariés très rapidement. Et ensuite, on a eu de nombreux enfants.

  • Marie

    Oui, c'est ça, vous avez eu, vous aussi, une très grande famille.

  • Florence-Anne

    Neuf.

  • Marie

    Oui, c'est ça, en 13 ans. Oui, j'ai bien calculé. Vous avez aimé devenir mère d'un, deux, trois enfants ?

  • Florence-Anne

    Pourtant, j'ai grandi dans une grande famille avec plein d'enfants, donc on pourrait dire facile. J'ai l'habitude, je me suis occupée de mes frères et sœurs.

  • Marie

    Elle est née de 10 quand même.

  • Florence-Anne

    Oui, ça c'est sûr. Et pourtant, maman a été aidée, on a toujours eu des jeunes filles au père. Mais bon, voilà, j'étais là présente pour mes frères et sœurs, j'espère en tout cas. ils pourront eux-mêmes en témoigner, j'espère. Mais quand vous-même, vous devenez mère, ce n'est pas pareil, c'est vertigineux. Moi, je me suis retrouvée enceinte d'une manière complètement, j'allais dire accidentelle, puisque je n'étais pas mariée et j'étais donc avec le père de mes enfants. Et du coup, je tombe enceinte. Ça a été un choc, un vrai choc. D'accord. Et du coup, on a pris la décision de se marier très vite. Et donc, du coup, tout ça, ça s'est vite enchaîné. Et il a fallu que je me pose la question, mais quelle mère je vais être ? En fait, je me sentais encore tellement jeune. J'avais envie de... Mais j'avais encore toutes mes amies qui sortaient encore beaucoup. J'étais étudiante. J'étais un peu en décalage. Et je me suis dit... J'ai eu une sorte de... Une sorte même d'angoisse. Vraiment, je me souviens très, très bien de me dire, je ne vais pas y arriver. Je ne suis pas prête. Et j'ai fait un rêve incroyable. D'un petit enfant d'à peu près 8-9 mois. Un peu blond. Et j'étais en train de le changer. J'étais enceinte à l'époque. J'étais enceinte de 6 mois. Et cet enfant me dit, maman, ne t'inquiète pas. Dieu s'occupe de tout. Et à partir de là, j'ai fait confiance. Et c'est un peu aussi comme ça que je vis. C'est que j'ai toujours des petits éléments dans ma vie où il y a, vous savez, ce petit coup de stress, ce petit coup de « on ne va pas y arriver » . Moi, c'est mon truc, je ne vais pas y arriver. Et tout d'un coup, je remets ça au bon Dieu. Puis j'ai un petit événement, une rencontre, un sourire, un mot, un message, un petit cadeau de la Providence qui vient me rappeler que Jésus est là. Et qu'il faut que je m'abandonne et que j'avance.

  • Marie

    Parce qu'on n'a pas parlé de la foi que vous avez reçue. Vous avez grandi dans une famille...

  • Florence-Anne

    Très croyante. Mais nos parents, mes parents m'ont transmis leur foi. Alors très fidèle à la messe. On fait la prière encore tous les soirs en famille. Quand on se retrouve tous, même avec tous les petits-enfants. Mes parents ont 31, 30 petits-enfants. Mes grands-parents qui eux-mêmes avaient plein de petits-enfants. C'était vraiment comme boire, manger, penser, respirer. La prière était comme un ancrage familial très, très fort. Donc, c'est un héritage et que j'essaye aussi dans ma propre famille.

  • Marie

    Mais avec votre adolescence tumultueuse,

  • Florence-Anne

    vous n'avez pas... Ah mais nous, on n'avait pas... La question ne se posait même pas. C'est-à-dire que quand on hurlait dans la maison, « La prière ! » Tout le quartier était au courant. C'est comme chez moi, d'ailleurs, pareil. « La prière ! » Toute la ville. Toute la ville de Boulogne savait que les Ambroseli faisaient la prière. Et tout le monde s'arrêtait. On arrête, on pose nos crayons, on arrête de jouer. Et là, on se retrouve en famille, dans un coin prière qui est, nous, chez mes parents, qui prend toute la place dans le salon. J'allais dire toute la place. Enfin, un bel espace dans le salon. On allume une dizaine de bougies, c'est très beau. Et j'ai grandi avec la lecture, le psaume, l'évangile que nous lisions. On chantait beaucoup. Alors après, il a fallu que les parents nous éduquent. Maman, sans exagérer, avec beaucoup d'humour, on était tous à genoux. Et quand on était petits, forcément, c'est dur de tenir des enfants à la prière, qui était longue en plus. Papa, il adorait durer la prière. Maman, elle n'en pouvait plus. Elle chauffait la soupe sur son thermomix. Et on entendait toujours son thermomix en même temps que la prière. Et puis elle était là. Voilà, c'est ça. Parce qu'on couchait les plus petits, il y avait plusieurs repas. Et donc, maman et papa essaient de nous... nous éduquer à la prière, ils nous ont éduqués à la prière en fait. D'accord,

  • Marie

    donc c'était hyper intégré.

  • Florence-Anne

    Hyper intégré, ouais, c'était comme bois en bois, vraiment.

  • Marie

    Et donc c'est déjà grâce à la foi que vous avez pu faire confiance pour construire cette famille, même si vous avez senti le vertige de cette maternité.

  • Florence-Anne

    Exactement, et donc du coup, ce que j'ai reçu de mes parents, c'est cette confiance et cet abandon. de dire qu'en fait, oui, il y a vraiment des difficultés. C'est vrai, j'ai eu des moments difficiles dans l'adolescence avec le père de mes enfants. Et c'est vrai que toujours se remettre.

  • Marie

    Malheureusement, vous avez expérimenté ça dans votre propre couple parallèlement à ces bonheurs que sont les maternités successives. Vous vous êtes rendu compte que le lien avec... Votre mari et celui de votre mari avec vos enfants n'étaient pas... C'est un euphémisme peut-être, je ne sais pas comment on peut dire les choses, ce n'était pas sécure.

  • Florence-Anne

    En fait, je me suis mariée un peu jeune avec le père de mes enfants parce qu'aujourd'hui, j'ai quand même obtenu une reconnaissance en unité. Donc, je parlerai plutôt du père de mes merveilleux enfants. Vous vous êtes mariée trop vite. Vous vous êtes mariée... trop vite, mais surtout, en fait, il y a eu beaucoup d'amour. Et ça, je tiens beaucoup à préciser ça. C'est que peut-être qu'on s'est mariés vite, peut-être qu'effectivement, l'Église a reconnu qu'il y a eu un manque de discernement, qu'il y a eu un manque de maturité, puisque j'étais donc enceinte. Mais il y a eu beaucoup d'amour. J'ai aimé profondément le père de mes enfants et j'ai voulu construire. J'ai voulu construire à la force du poignet, avec mon courage, avec tout ce que j'avais justement reçu de mes parents. C'est on y va, on recommence. Et... Le problème, c'est que j'étais jeune et certainement un manque de maturité et peut-être aussi beaucoup d'orgueil. C'est-à-dire qu'en fait, je n'ai pas osé dire, je n'ai pas osé parler. En fait, dès le départ, il y avait quelque chose qui n'allait pas.

  • Marie

    Vous en êtes rendu compte ?

  • Florence-Anne

    Très vite. Très, très vite. On avait des dysfonctionnements dans notre relation, même avant notre mariage. Et puis ensuite, après, qui se sont accélérés. Et... J'ai eu honte et je n'ai pas voulu en parler. Je me suis dit, mais en fait, ce n'est pas grave, je remets ça à Dieu et je recommence. Et en fait, ce qui est important dans la vie pour pouvoir laisser la place à ce que Dieu vienne convertir, guérir, consoler, c'est reconnaître sa part. Et aujourd'hui, je n'ai pas peur de relire ça avec beaucoup de simplicité. Et ce qui m'a permis de me redresser et de me rétablir, c'est que j'ai accepté, j'ai consenti de relire ma part à moi de responsabilité pour pouvoir me relever et laisser la place au Seigneur de me prendre par la main et de me remettre debout. Et ma part, et je vais le dire avec beaucoup de simplicité, c'est que j'ai eu peur. de dire les choses. J'ai eu peur de faire du mal. J'ai eu peur de parler. Et du coup, en fait, j'ai tout gardé pour moi. Et je me disais, il n'y a que Dieu qui peut comprendre ce que je vis. Et il n'y a que Dieu qui va pouvoir faire quelque chose. Or, en soi, ça pourrait être très beau de dire ça parce que c'est vrai, il n'y a que Dieu qui sauve. Oui, c'est vrai. Mais ce qui est sûr, c'est que Dieu sauve, oui, mais il sauve en passant par les autres. et ça, ça a été vraiment un chemin de conversion pour moi. C'est-à-dire que Dieu sauve en passant par une main tendue, par un sourire, par une rencontre, par un prêtre pour certains, par l'Eucharistie. En fait, c'est Dieu sauve en passant par les autres. Ça, j'en suis... C'est vraiment...

  • Marie

    Comment vous avez compris ça, du coup, de ce que je comprends ? Donc, vous étiez à... très seule, puisque vous gardiez tout pour vous. De l'extérieur, on devait se dire...

  • Florence-Anne

    J'étais confiée avec une de mes très bonnes amies, quelques années de mariage, qui venait passer des vacances et du coup, elle l'a vue. Et une autre de mes... qui voyait qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas. Et elle me disait, tu sais, tu as le droit de dire que ça ne va pas. C'est pas parce que tu vas dire que ça ne va pas que, en fait, tu ne vas plus devenir, entre guillemets, sainte, que ta famille, tu n'es plus une mère parfaite, tu n'es plus une... Et moi, j'ai voulu construire un monde, un monde idéal, en fait. On vivait dans un très beau cadre. On était très... Le père de mes enfants a construit... Ensemble, nous avons construit un très beau cadre d'éducation pour nos enfants. Une très belle ferme avec des animaux, des ânes, des oies, des porcs. Enfin, c'était vraiment... Je faisais l'école à la maison. Il y avait une sorte de petite autarcie qui était... Oui, et en même temps, il y a des familles qui le vivent. Et parce que les familles qui le vivent et qui le vivent bien, qui ont une belle vie structurée, qui ont une belle vie sociale, et qui ont... qui ont des bons accompagnateurs autour d'eux, ça fonctionne. Nous, moi, le problème, c'est que je ne parlais pas, je ne disais pas, je montrais, je voulais montrer que tout allait bien. Je voulais montrer une sorte d'apparence que tout était merveilleux, sauf qu'en fait, dans la réalité, c'est pas vrai, dans l'intimité de ma chambre conjugale, c'est pas vrai, ça n'allait pas. En fait, et c'était faux.

  • Marie

    Comment on peut qualifier ce qui n'allait pas, pour qu'on comprenne ? Parce qu'il y a une différence entre quand ça ne va pas et quand c'est vraiment grave.

  • Florence-Anne

    J'ai accepté des choses pas acceptables. J'ai eu mal, j'ai souffert. J'ai beaucoup d'émotions en disant ça. Parce que j'ai voulu sauver quelque chose que je ne pouvais pas sauver. Et voilà, donc en fait, nous avons traversé dans notre relation des choses qui ne sont pas liées au sacrement du mariage, qui ne sont même pas, j'allais dire, dans une relation normale entre un homme et une femme, on ne doit pas les vivre. On n'a pas le droit de les vivre. Voilà, je n'irai pas plus loin.

  • Marie

    Oui, oui, oui. C'est pour qu'on comprenne. Mais du coup, vous avez quand même pris conscience ? Grâce à une amie ? Grâce à vos réflexions ?

  • Florence-Anne

    Parce qu'en fait, à un moment, ce n'était plus possible. Je voyais bien que j'étais en train de mourir à moi-même. J'allais dire même à ma propre identité. Je ne savais plus qui j'étais. J'étais perdue. Et là, je me suis dit, ça devient dangereux parce que j'avais ma responsabilité de mère. Et je me sentais plus dans... Je me sentais... Même dans ma dignité de femme, j'étais perdue. Et donc, du coup, là, il a fallu que je demande de l'aide. Et c'est à partir de là où, quand j'ai commencé à demander de l'aide, tout a été très vite.

  • Marie

    Vous avez demandé de l'aide à qui ?

  • Florence-Anne

    Alors, j'ai d'abord eu un ami prêtre. Puis ensuite, après, j'ai été accompagnée par une psychologue. Et cette psychologue... à essayer de me permettre d'accepter, de regarder cette réalité, de consentir la réalité que j'étais en train de vivre, qui n'était pas normale. Et à partir de là, ça a été extrêmement douloureux, parce que je niais la réalité et je ne voulais pas pour mes enfants. c'était pas possible c'était pas possible pour moi j'étais en train de devenir zinzin je me dis mais en fait si je vis ça c'est pas normal et elle m'a amenée à transposer ma réalité sur d'autres personnes c'est ce qui m'a permis de sortir un peu de mon marasme et de pouvoir me dire si ton frère ou ta soeur vit la même chose tu dis mais t'es dingue ou pas c'est pas possible tu peux pas accepter ça et donc ça a été un chemin qui a été long enfin long, ça a duré quelques mois et puis j'ai eu un peu de temps Et à un moment donné, il a fallu que je parte avec tous mes enfants sous le bras. Donc, j'ai quitté le foyer conjugal avec la tenue que j'avais sur moi et mes neuf enfants sous le bras. Et mes enfants avaient une tenue et je suis partie chez mes parents qui m'ont accueilli les bras ouverts. Ça a été extrêmement douloureux parce que, si vous voulez, je n'ai pas quitté le père de mes enfants parce que je ne l'aimais plus. Je l'ai quitté parce que notre relation n'était plus possible et qu'on se faisait du mal. Et lui se faisait du mal, moi je me faisais du mal, nous nous faisions du mal et on faisait énormément de mal à nos enfants. Donc c'était plus possible.

  • Marie

    On se doute bien de toute façon quand on part pas comme ça, les choses sont pas... Et si vous aviez pas tout essayé auparavant, ça a dû être...

  • Florence-Anne

    Ça a été un choix qui a été long, enfin long, qui a été dur à prendre. Et pour le père de mes enfants, ça a été extrêmement douloureux pour lui, ça c'est sûr. Et comme pour moi, voilà. Et après, ça a été pour moi un chemin. Ça a été le début d'une construction. En fait, ça a été... J'avais, si vous voulez, une image un peu évangélique, enfin de la Bible. J'avais l'impression d'être Lazare avec des bandeaux et que le Seigneur est venu... Et mon histoire, c'est la résurrection de Lazare. C'est la croix glorieuse. C'est-à-dire, je meurs, je remonte. Et je vis avec cette...

  • Marie

    Mais dans les tout premiers temps, ça a dû être quand même extrêmement douloureux et difficile. En même temps, libérateur, c'est un peu un maelstrom d'émotions, j'imagine.

  • Florence-Anne

    Ça a été extrêmement douloureux. Beaucoup de larmes, de crises, de pleurs, d'angoisse, en fait, de savoir ce que je... En fait, si vous voulez, je me suis retrouvée à terre. Je me suis retrouvée à terre, en croix. J'avais l'impression d'être en croix, à terre. Parce que si vous voulez, quand je me suis engagée en 1998, avec le père, même si j'étais enceinte, ce n'était pas du tout la vision que j'avais de ce que je voulais vivre. Et donc, je mourais à tous mes idéaux, tous mes rêves. Et puis, j'avais l'impression de ne pas avoir su arriver. Je n'étais pas arrivée, en fait. Et donc, j'avais l'impression d'arriver chez mes parents en disant « J'ai tout essayé et je n'y suis pas arrivée. » J'avais honte, en fait. terriblement honte. J'ai essayé de construire et je n'y suis pas arrivée. En fait, c'est là où ça a été vraiment un bouleversement, une transformation. C'est qu'au lieu de dire j'y suis pas arrivée, il a fallu que je me remette sous le regard de Dieu et que je présente ça à Dieu. Et j'ai dit au Seigneur, en fait, je me suis trompée dans la manière dont j'ai abordé les choses et j'ai vécu les choses. C'est-à-dire que... Comment expliquer ça ? C'est-à-dire que je suis arrivée... À terre, à croix. Et là, j'ai dû me lever la tête, ce qui me restait de force psychologique intérieure, de lever la main et de dire au Seigneur, sauve-moi, en fait, viens me sauver. Alors qu'avant, moi, j'ai voulu sauver. Vous voyez ce que je veux dire ? C'est que moi, je voulais sauver mes enfants, le père de mes enfants. Et donc, je me suis cru super, super génial. Voilà, Flo, là, super, mais pas du tout. Je me suis plantée grave.

  • Marie

    Ça devait être grave. Voilà.

  • Florence-Anne

    Donc, pour moi, ça a été... Ça s'est coulé comme un château. Un séisme.

  • Marie

    Oui, un séisme. Oui, en plus, vous vous retrouvez toute seule avec neuf enfants. Ils avaient quel âge en plus ? Ils étaient petits ?

  • Florence-Anne

    Petits, l'aîné avait tout juste 14 ans, Théophan. Et mon dernier, Jean-Baptiste, avait un an. Et mes parents m'ont accueillie dans leur grande générosité chez eux.

  • Marie

    Et votre famille vous a toujours soutenue ?

  • Florence-Anne

    Toujours soutenue, oui. Et puis après, on a connu tous les drames que connaissent les gens divorcés qui se séparent. C'est-à-dire... Cette espèce de déchirement familial, où en fait, c'est terrible parce qu'au début, on dit des choses qu'on ne pense pas, on part de témoignages. Là, la séparation, je pense que c'est vraiment le mal de notre siècle. Le divorce, c'est vraiment une déchirure.

  • Marie

    Mais là,

  • Florence-Anne

    c'était nécessaire. C'était nécessaire, mais c'est vrai qu'après, notre humanité est tellement pauvre et fragile qu'on traverse ça parfois avec... tant de maladresse et tant de choses. Et ce qu'il faut, c'est se reconstruire.

  • Marie

    Comment vous avez fait déjà, ne serait-ce que matériellement, comment vous avez fait pour vous en sortir toute seule avec neuf enfants ?

  • Florence-Anne

    Oui, ça, ça a été... D'abord, mes parents m'ont accueillie. Je n'avais rien. Je n'avais plus rien. Je n'avais pas de carte bleue, pas de chéquier. Je n'avais pas de compte bancaire. Vous savez, j'étais vraiment... C'était vraiment...

  • Marie

    Job et Lazare en même temps.

  • Florence-Anne

    C'était vraiment... Plus rien. Et du coup, en fait, mes parents, pareil, l'une des choses qu'ils m'ont transmise, c'est le sens du travail. Voilà, mes parents ont un grand cœur extrêmement généreux. Je ne peux pas dire que ce soit la grande douceur et la grande compassion. On est là, on me brosse dans le sens du poil, ma chérie. Oh là là, c'était pas du tout. C'était plutôt, allez, Flo, il faut que tu te reprennes. T'es mère de neuf enfants, tu vas y arriver. On va y arriver ensemble. Et il y a eu une espèce d'élan familial très fort, une très belle solidarité familiale. Et ça, c'est la richesse des familles nombreuses. C'est-à-dire que là, tout d'un coup, on ne fait plus qu'un seul corps. Il y en a un qui souffre, tout le corps est malade. Tout le corps souffre, tout le corps... pleure. Et là, toute ma famille a pleuré avec moi. On a pleuré ensemble et ensemble, ils se sont dit, allez hop, on y va, on va se relever. Et donc, ils m'ont pris avec mes neuf enfants. Et là, je me suis mise à chercher du travail et j'ai pu trouver, au bout d'un an, assez rapidement du travail dans le marché de l'art. Et donc, j'ai travaillé dans une étude de commissaire priseur. Et j'ai eu la joie de découvrir le vrai travail. professionnelle, il a fallu que je sois super organisée et voilà, ça a été une expérience incroyable parce que l'atelier de l'enfant Jésus que vous aviez créé après ce fameux accident dont vous nous parliez au départ en fait je ne l'ai pas vraiment créé parce que quand j'ai fait mes premiers dessins comme c'était la seule chose que je savais un peu préférer et que je m'étais posé cette question je sais dessiner ... Je me suis mise à dessiner une première image qui est l'enfant Jésus, roi d'amour, d'après Yvonne Aimée de Malétrois.

  • Marie

    Marie-Yvonne de Malétrois, pour ceux qui ne savent pas, c'est une religieuse du XXe siècle. Une femme qui a eu un grand rayonnement.

  • Florence-Anne

    Tout à fait. Et moi, je ne la connaissais pas. Moi, j'ai dessiné l'enfant Jésus, roi d'amour parce que c'était une petite image que j'avais chez moi, que j'aimais beaucoup. Et cette petite image était plutôt couleur sépia. Et je me suis dit, tiens, je le trouve trop joli, je vais m'en inspirer. Et je vais faire... un premier dessin. Et donc, du coup, je me suis mise à dessiner ça. Et Yvonne Aimée de Malétrois est devenue la marraine de mon atelier. Mais voilà, je vais peut-être passer l'histoire de toute cette belle histoire de la naissance de l'atelier. Donc, j'ai dessiné ces premières images parce que j'ai une amie après qui me dit « Tu sais, j'ai une amie qui fait sa première... Ma fille fait sa première communion. Est-ce que tu peux faire une première image ? » Donc, j'ai fait une première image. Puis un jour, j'ai dessiné un premier Saint-Patron, ce que je voyais un de mes fils qui était au bord de la piscine, que je trouvais absolument adorable. Et donc, du coup, je me dis, tiens, lui, il ferait bien un petit Saint-Louis. Je le voyais en petit guerrier, adorable. Et puis, progressivement, je me suis mise à dessiner. Mais vraiment, ce n'était pas du tout dans un sens de business ou de monter une entreprise, pas du tout. J'ai créé un petit réseau autour. Les gens ont pris, donc de bouche à oreille. On commençait à me commander des petites images. Mais lorsque je dessinais, je trouvais beaucoup de consolation. Et j'aimais dessiner parce que c'était un moment où je me retrouvais en cœur à cœur avec mon Dieu. Ça, c'était... Ça m'a beaucoup portée et ça m'a apporté beaucoup de douceur, de... C'était comme un peu ma boule, mon espace à moi, avec mes enfants qui arrivaient un par un, et puis avec un environnement, voilà, l'environnement que j'avais. C'était un peu mon espace de paix à moi. Donc voilà, ça c'est... Et puis en fait, avec la séparation, quand je suis arrivée à Paris et qu'il a fallu que je... je trouve un travail. Là, c'était trop. J'étais vraiment dans un état d'épuisement général. Et je ne me voyais pas dessiner, travailler. Ce n'était pas possible. Et donc, du coup, je me dis j'arrête tout. De toute façon, j'étais paumée. J'étais vraiment paumée. Et si vous voulez, ma foi, ce n'est pas du tout retrouvée ébranlée. Mais par contre, j'étais vide. C'était très ténébreux. C'était très sombre. Je tenais avec cette vertu de la prière que mes parents nous avaient enseignée. Donc j'allais à la messe le dimanche parce que j'étais mère de famille et que je voulais accompagner mes enfants à la messe. Je priais tous les soirs avec mes enfants parce que j'avais reçu ça de mes parents et qu'il me semblait que c'était important de parler, de transmettre. Donc j'ai eu la grâce, on va dire, parce que pour moi c'est vraiment de l'ordre de la grâce, d'être fidèle à cette petite prière du quotidien. Et pour revenir sur le dessin, c'est pour ça que c'est important. C'est que j'ai un ami prêtre qui m'a dit, Florence Anne, tu peux te remettre au travail. Et tu peux te mettre au travail, c'est important, tu dois nourrir ta famille. Mais n'oublie pas, si tu veux te trouver toi, la guérison viendra. Il faut que tu dessines.

  • Marie

    Toutes les semaines. Il faut que tu t'engages à te dessiner toutes les semaines. Et là, du coup, je me suis engagée comme un peu pareil, un peu femme de devoir, de vertu. Je me suis dit, allez, vas-y, j'y vais. Je vais dessiner une fois par semaine. Donc, la semaine, je bossais comme une dingue pour les études de commissaire-priseur. Et je faisais mes ventes aux enchères, etc. Et le week-end, je dessinais pendant le samedi après-midi que mes derniers faisaient encore leur sieste. et que mes parents étaient là et je vivais chez mes parents, donc je savais que mes enfants étaient gardés. Donc je m'enfermais dans un espace et je dessinais un sein, une petite image, une petite commande que j'avais par bouche à oreille. Et puis progressivement, j'ai continué comme ça. Et puis à un moment donné, on me dit, mais tu sais, parce que je voyais bien que je ne pouvais plus trop dessiner le samedi, je commençais à avoir pas mal de commandes et j'avais mal aux yeux parce que du coup, je voulais commencer à dessiner le soir, mais je ne comprenais pas comment on dessinait le soir. Parce que moi, si vous voulez, je n'ai pas fait d'école de dessin. Je n'ai pas fait une école d'art. J'ai tout découvert un peu d'une manière complètement...

  • Florence-Anne

    Il y a une manière de dessiner le soir qui est particulière ?

  • Marie

    En fait, je vais vous dire tout simplement, moi, la lumière normale, en fait, elle change les couleurs. Donc, le matin, je me réveillais avec des pattes que je voulais. Et un jour, on me dit, mais tu sais, tu as des lumières de jour. Mais le truc a changé ma vie. Et là, je me suis mis à dessiner une lampe de jour. Et là, je me suis mis à dessiner la nuit, la nuit, la nuit, la nuit. Et du coup, cet équilibre n'était plus possible. Et il a fallu, à un moment donné, que je fasse un choix. Et donc, du coup, j'ai arrêté, mais vraiment aussi un peu à contre-cœur, parce que j'aimais beaucoup mon livre, finalement. Et j'ai monté l'atelier de l'enfant Jésus officiellement. Et là, c'est une très belle aventure, parce que, je vais vous dire, en dessinant, ça a été aussi mon... Je me suis évangélisée moi-même en dessinant. Le Seigneur venait me parler, venait me guérir, me consoler. Cet espace de temps, quand je dessine, mais encore aujourd'hui, c'est un espace... où le Seigneur vient convertir mon cœur, vient guérir mon cœur et vient me relever, me redresser.

  • Florence-Anne

    Et vous ne lui en avez jamais voulu au Seigneur parce qu'il s'est engagé avec vous, avec votre couple, le jour de votre mariage. Et là, que ce soit fini, est-ce que vous vous êtes sentie abandonnée, même trahie par le Seigneur quelque part ?

  • Marie

    Alors, je ne me suis pas sentie abandonnée ni trahie. Mais par contre, j'ai eu... je vais vous dire un moment de colère, très précisément lorsque j'ai eu j'ai obtenu ma reconnaissance en nullité étonnamment ça peut être super c'est-à-dire qu'en fait d'abord cette reconnaissance en nullité c'est un travail qui demande beaucoup de courage puisqu'en fait l'église nous demande de relire notre histoire ... et de relire notre enfance, de relire notre adolescence qu'on a transmise. Parce qu'en fait, on relie toute l'histoire jusqu'au jour du sacrement du mariage.

  • Florence-Anne

    Vous l'avez entrepris quand, juste ce travail ?

  • Marie

    Ce travail, je l'ai commencé beaucoup plus tôt avant mon divorce. Parce que pour obtenir l'annualité, il faut un divorce. Et moi, j'avais d'abord commencé par une séparation de corps. Parce que j'avais vraiment ce poids de la culpabilité de la séparation très forte. Et ce n'est pas ce que je voulais. Je n'ai jamais voulu ça, moi. J'ai été quelque part un peu contrainte de partir, de devoir quitter.

  • Florence-Anne

    Comme c'est vous qui êtes partie, vous étiez coupable.

  • Marie

    Voilà, je me sentais très coupable. Et donc du coup, le divorce pour moi a été compliqué à accepter. Donc j'ai commencé par une démarche de séparation de corps. Et je pensais que la séparation de corps suffisait pour faire une demande en reconnaissance d'unité. En fait, ça ne suffit pas. L'Église demande vraiment un divorce. Et donc du coup, j'ai commencé à monter un mémoire. On appelle ça un mémoire où on relie un peu sa vie et on écrit. accompagné d'un avocat ecclésiastique.

  • Florence-Anne

    C'était combien d'années, pardon, après votre séparation ?

  • Marie

    Ça devait être 6-7 ans après. D'accord. Donc j'ai commencé un peu à travailler dessus avec beaucoup de simplicité et j'ai accepté de revoir et de relire ma vie en toute vérité. Ça a été un travail de vérité, profond. Et c'est pour ça que je dis que ça demande du courage parce que de regarder en vérité là où, en fait, l'Église, elle n'est pas là pour accuser. Moi, je n'étais pas là pour accuser qui que ce soit. L'Église nous invite, m'a invitée à regarder ma vie sous le regard de Dieu en vérité. Donc, c'est mon histoire que j'ai mise sur un papier qui faisait plusieurs pages, que ma mère, d'ailleurs, a lue. Et pour mes parents aussi, ça a été une véritable épreuve. Parce que c'est aussi regarder, parce que j'ai reçu, comment moi, je l'ai vécu. Et comment moi, j'ai... J'ai vécu mon enfance, mon adolescence. Comment ce qu'ils m'ont transmis, ce qu'ils m'ont donné, comment j'ai vécu ça avec joie ou aussi avec peine. Et donc, c'est un vrai travail d'humilité, de vérité, de pardon et de miséricorde, vraiment de pardon. Et donc, ça a été... pareil, de voir là où est ma part, où a été ma responsabilité dans cette séparation. Et donc du coup, c'est aussi un travail de libération. Ça, c'est évident. Trail de libération, de guérison, de descendre dans les profondeurs ténébreuses de notre cœur, de mon être, dans mes entrailles. Et il a fallu après que je me relève, que je me redresse. Et donc, le Seigneur nous invite à dire, est-ce que tu veux venir avec moi ?

  • Florence-Anne

    Pourquoi cette colère, du coup, vous disiez ?

  • Marie

    Et du coup, pour revenir sur la nullité, c'est que quand j'ai eu cette reconnaissance en nullité, si vous voulez, je l'attendais, évidemment que je l'attendais. Et donc, du coup, quand l'annonce est arrivée, ça a été une vraie libération sur le champ. Tout de suite, j'ai dit « Waouh ! » Mais oui, c'est ça. C'était évident. En fait, c'était évident que tout ce que j'ai traversé sans la grâce du sacrement, ce n'était pas possible. Donc, voilà.

  • Florence-Anne

    Parce que ça reconnaît...

  • Marie

    Là, on nous dit... L'Église vous dit, en fait... Vous vous êtes engagés, mais le Seigneur a vu, t'es bon, mais le Seigneur ne l'a pas béni.

  • Florence-Anne

    Ah bon ? C'est ça que l'Église dit ? D'accord.

  • Marie

    Donc en fait, finalement, c'est hyper dur. C'est-à-dire qu'en fait, je n'ai pas vu, j'ai fait ça, c'est ma propre volonté. Je ne me suis pas tournée vers Dieu, nous ne nous sommes pas tournées vers Dieu en disant est-ce que c'est ta volonté que nous nous engageons sur cette route du sacrement du mariage ? Et là, l'Église vous dit, mais en fait... Vous vous êtes engagé, vous avez vraiment eu la volonté de construire un mariage, de vous aimer. Sauf que nous, l'Église, en fait, Jésus, il n'a pas béni. Il n'a pas donné la grâce de ce sacrement. Et là, si vous voulez, c'est comme si j'avais tout d'un coup pris conscience. Je me suis dit, mais c'est dégueulasse, en fait. J'étais hyper mal accompagnée. Et tout d'un coup, j'en ai voulu à la terre entière. Je me suis dit, et on va me dire, mais Flo, on t'avait dit, on t'avait dit, on t'avait dit. Mais en fait, je n'ai pas écouté. Donc, il a fallu que moi... Je reconnaisse encore une fois, humblement, que je me mette encore une fois à terre et que je me dise « En fait, je n'ai pas écouté. » Donc j'étais en colère. D'abord, j'ai dit « Mais c'est quand même pas juste, quoi. » Puis après, on m'a redit, on m'a dit « Non, en fait, tout ça, ça a été dans l'espace de quelques heures. C'était la semaine sainte à l'époque. Donc j'ai vraiment vécu la semaine sainte. Et là, le vendredi soir, j'étais à terre dans ma cuisine. Je m'en souviens très, très bien. Et je pleurais toutes les larmes de mon corps. Et je disais, j'avais l'impression d'être comme Saint-Pierre. Et que je disais, Seigneur, ce n'est pas possible, je ne peux pas accepter que tu n'étais pas là quand je me suis engagée. Eh bien, tu veux que je te dise, en fait, je ne peux pas accepter. Limite, je ne voulais plus reconnaître Jésus. Je ne voulais plus me dire, ce n'est pas possible que tu me dises après que tu es venue pour me sauver. Mais c'est trop facile puisque tu n'étais pas là. Et puis ensuite, après, tu viens pour me sauver. Non, attends, j'étais en train de me dire, mais là. Et il a fallu que je retombe encore à genoux et que je dise au Seigneur, un, en pleurant. amèrement sur ma faute, sur mon péché, sur mon manque d'écoute, sur tout mon orgueil, sur toute ma capacité à dire que je vais y arriver toute seule, et bien encore une fois que je fasse tomber les peurs, parce qu'en fait vous savez quand vous dites que vous voulez y arriver toute seule, c'est parce que vous avez peur de vous abandonner. Vous avez peur de faire confiance, vous avez peur de vous remettre à Dieu parce que vous vous dites mais qu'est-ce qui va m'arriver si je m'abandonne à Dieu ? Et bien là encore une fois, il a fallu que je tombe à terre et que je pleure amèrement sur tout ça et que je dise au Seigneur. sauve-moi. Et là, j'ai eu cette petite voix intérieure qui m'a dit est-ce que tu veux venir avec moi ? Est-ce que tu veux mourir avec moi sur la croix et renaître avec moi, ressusciter avec moi et avancer sur venir avec moi pour que je puisse faire toute chose nouvelle dans ta vie ? Et lorsque j'ai dit oui, si vous voulez, j'ai vécu le Tridéum Pascal, une vraie résurrection. Je me suis rétablie, je me suis redressée. Je suis aujourd'hui une mère et une femme épanouies, en plus mariées maintenant. Oui,

  • Florence-Anne

    on va en parler.

  • Marie

    Mais avec cette douleur de l'épreuve. C'est-à-dire, c'est le Seigneur, c'est là où il est passé. Et il a apporté tellement de consolation, de guérison. Il a dilaté mon cœur. Il m'a donné un cœur beaucoup plus compatissant. j'espère beaucoup plus vrais.

  • Florence-Anne

    Effectivement, on a vu un jour sur votre fil Instagram, alors que sur le fil Instagram de l'atelier de l'enfant Jésus, on voyait vos belles réalisations. Puis tout d'un coup, un jour, il y a un post qui est apparu qui disait « Comme certains d'entre vous l'ont déjà constaté au fil de mes publications, voici plusieurs années qu'il n'y a plus d'hommes à mes côtés. Je n'en ai jamais parlé ici pour plein de raisons que je sais que vous respecterez. Mais aujourd'hui, je veux... » témoigner, Dieu nous accompagne sur notre chemin. Quand on est à terre, il vient nous relever, nous restaurer, nous rétablir et ouvrir devant nous la voie qui semblait parfois murée. Les mots sont forts, la voie qui semblait murée, c'est-à-dire que vous ne croyez plus à l'amour, vous disiez que c'était terminé pour vous.

  • Marie

    Alors en fait, je suis une femme d'espérance. Alors je ne dirais pas vraiment ça. Je dirais que je voulais croire que mon Dieu, le Dieu que j'aime, voulait le meilleur pour moi. Je voulais espérer pour mes enfants et pour qu'on puisse trouver un équilibre parce qu'il vait seul des enfants. Alors, je les ai élevées seules, mais avec un entourage très porteur, évidemment. Et ce n'est pas facile. Et on est très seules. Et moi, Guillaume, mon mari, est arrivé d'une façon totalement inattendue. Mais ce que je voulais, c'était rencontrer une personne qui pouvait embrasser toute mon histoire, consentir avec moi à toute mon histoire, mais avec beaucoup de pudeur et beaucoup de respect. Et sans pour autant me poser dix mille questions sur tout ce que j'ai traversé. Et je ne voulais pas rentrer dans un jeu de séduction, de drague, de truc, je ne sais pas quoi. Je ne supportais plus, je ne supportais pas. Et donc, quand j'ai rencontré Guillaume chez des amis, en fait, j'ai rencontré un homme, un homme complètement enraciné. J'ai rencontré un père, parce qu'il est père aussi de trois enfants. Et j'ai vu tout de suite en lui que c'était un homme extraordinaire. Voilà, c'est tout. Après, voilà, ça a été...

  • Florence-Anne

    Il faut quand même l'être un peu. C'est vrai, adopter neuf enfants alors qu'on en a déjà trois ?

  • Marie

    C'est ça. Il a pris... En fait, je vais vous dire, s'il m'accueillait, il était obligé d'accueillir mes neuf enfants. Alors, il était obligé de... Et en plus de ça, j'ai des grands enfants. J'ai mon aîné aujourd'hui qui a 25 ans, mais mon dernier a aujourd'hui 13 ans, 12 ans, pardon. Donc, ils sont encore jeunes, les derniers, donc il y a encore... de l'éducation et il y a surtout beaucoup d'adolescents, donc il faut les aimer, les supporter et c'est là où je le trouve héroïque. Parce que je vais vous dire, aimer des adolescents quand ce sont les siens, c'est déjà un effort. Enfin, je n'allais pas dire que ce n'est pas une saison d'effort, c'est que ça nous demande tellement de créativité pour pouvoir rester toujours dans la joie et la bonne humeur quand on voit les élans de nos enfants adolescents qui ont beaucoup d'imagination dans leurs réponses et dans leur manière de voir la vie. Et bien lui, il en a tout autant et c'est ça qui est incroyable, enfin tout autant de bienveillance et c'est là où moi je le trouve héroïque dans ce petit quotidien que nous vivons avec nos nombreux enfants, d'être toujours à l'écoute, porteur, posé, il est très posé Guillaume, très calme, c'est un ingénieur, donc très cartésien, alors que moi je suis beaucoup plus, tout l'inverse. Et donc, du coup, il apporte beaucoup de paix dans la famille. Et croire, croire. Quand je l'ai rencontré, vous savez, j'avais tous les deux. Là, je parle vraiment, je pense que Guillaume me rejoindrait tout à fait. Tous les deux, notre devise, c'est croire en l'amour toujours.

  • Florence-Anne

    J'allais y venir. Femmeuse devise qu'on voit tant chez l'atelier de l'enfant Jésus.

  • Marie

    On avait en nous cette petite brèche. Vous savez, en fait, quand on a été blessé, quand on a vécu des épreuves très dures, quand on est blessé, tout simplement, parce que je pense qu'on est tous blessés, si je devais dire quelque chose, c'est que vous savez, il est bon de laisser cette blessure un peu ouverte. Parce qu'il y ait la cicatrice, mais qu'elle revienne, qu'elle nous réchauffe un peu, qu'elle nous brûle de temps en temps. Parce qu'en fait, c'est là où Dieu passe. Dieu, il passe là où il y a des brèches, il passe là où il y a une faille, il passe là où il y a eu une entaille. Il ne passe pas du tout dans quelque chose d'imperméable. Et moi, j'ai consenti à me laisser à nu et de me dire, « Ok, j'en ai partout, j'ai déjà l'impression d'avoir des entailles partout, brûlées vives. » Et j'ai dit, « Ok, Seigneur, viens, ça va me faire mal, mais viens, viens, viens guérir, consoler, viens, je suis prête. » Et je suis prête. Et alors, ce qui est merveilleux avec le bon Dieu, c'est qu'il nous laisse du temps et il y va avec un temps incroyable. Parce que même aujourd'hui, au sein de mon propre couple aujourd'hui, parce qu'aujourd'hui, je vis de ce sacrement du mariage, et bien je peux vous dire que même... Aujourd'hui, je vis encore des guérisons, notamment la peur de dire les choses, de parler, de communiquer. Parce que pour moi, Dieu est le plus grand de tous les communicants. Et il y en a un qui ne supporte pas qu'on communique, c'est bien le diable. Il veut qu'on reste dans notre petit truc à nous. Surtout, ne parle pas, raconte pas, ne dis pas. Je ne fais pas de bousculonnes. Surtout, ne fais pas d'histoire. Et dès que j'entends ça, maintenant aujourd'hui, je sais que là, il faut que j'ai quelque chose à dire. Que là, j'y aille et que je n'ai pas peur. Vas-y, Flo, dis les choses calmement, paisiblement. N'aie pas peur d'aller voir, de rencontrer, de créer un lien et de dire là où tu as humain, où tu as envie d'une joie, où un partage.

  • Florence-Anne

    Quel conseil vous donneriez à des proches, à des personnes qui entourent un papa ou une maman solo ?

  • Marie

    Le conseil que je peux donner, c'est surtout n'hésitez pas à les solliciter, à les inviter déjà à recevoir. Vous savez, quand vous vous retrouvez seule, on ne vous invite plus à dîner parce que vous êtes une femme seule. Et souvent, ça peut être soit la table va devenir un chiffre impair. Donc, le placement, c'est un peu compliqué. Ou alors, du coup, on vous sort de la table et on a l'impression d'être une bête de foire. Avec qui on doit raconter comment tu fais, si et ça. Et puis, surtout, quand on a beaucoup d'enfants, combien de machines, combien... C'est vraiment... Donc on ne vous invite plus qu'à des dîners de filles. Par contre, je me suis éclatée. Les filles, elles s'éclatent, elles, parce qu'elles sont ravies de sortir de leur quotidien. Elles ont un mari. Et donc, du coup, c'est une porte ouverte à pouvoir se confier. C'est très beau parce que les femmes, du coup, se confient beaucoup. Il y a cette porte ouverte. Mais moi, je dirais déjà, n'hésitez pas à nous inviter dans vos familles, dans votre vie de couple. Nous, on est là et on ne présente pas forcément un danger. Voilà, on ne va pas venir déstabiliser. On n'est pas tout d'un coup... Donc je dirais ça d'abord. inviter nous à dîner parce que nous on est contents de partager, de voir des couples qui s'aiment pour nous c'est réconfortant et puis pour des parents qui accompagnent et qui se retrouvent donc dans cette épreuve parce que c'est une véritable épreuve pour des parents d'accueillir un enfant parce qu'eux se remettent en cause dans leur éducation qu'est-ce qui a fait que j'ai pas été là, pourquoi j'ai pas vu qu'est-ce que j'aurais pu faire, donc beaucoup de culpabilité chez les parents et je pense que en fait on va arrêter le pourquoi et on va être avec ... Et on va dire maintenant comment ? Comment on va faire ensemble pour que tu puisses vivre ce temps de séparation, de divorce, de procédure, avec beaucoup d'apaisement ?

  • Florence-Anne

    Est-ce qu'il y a un livre qui vous a rejoint dans votre épreuve et que vous voulez recommander ?

  • Marie

    Alors oui, moi c'est le livre de Simone Paco, qui est l'évangélisation des profondeurs. Et justement, c'est rentrer dans cette... Dans cette intériorité profonde de son être profond et de voir là où en fait d'embrasser sa part et de renaître à qui nous sommes vraiment et d'accepter que le Seigneur vienne évangéliser justement ce que nous sommes. Et du coup, c'est très beau parce que dans son livre, elle nous montre qu'en fait, en acceptant et en étant dans cette démarche intérieure de vraiment laisser la place à ce que le Seigneur vienne toucher chaque endroit peu à peu en son temps. Ça a des répercussions directes sur notre quotidien et sur ce qu'on va transmettre à nos enfants, ce qu'on va vivre avec nos enfants. Et du coup, c'est un chemin de pardon avec soi-même et du coup, après, avec son prochain. Et là, en l'occurrence, les premiers proches sont nos propres enfants. Et ensuite, le père de mes enfants. Et ensuite, mes parents, mes frères, mes sœurs et tout. Voilà. C'est un très beau chemin de guérison.

  • Florence-Anne

    Et est-ce que vous avez une prière ? Quelle est votre prière préférée ou celle qui vous a soutenue dans votre épreuve ?

  • Marie

    Moi, j'avais une prière qui m'a soutenue dans toute cette longue période, j'allais dire ce tunnel. Ça a été « revenez à moi de tout votre cœur » . C'est une phrase de l'évangile. C'est une phrase de l'évangile, oui. Et ça, je me la répétais régulièrement, je veux dire tout le temps. Pourquoi ? Parce qu'en fait, comme je peux le dire, j'ai eu la chance de vivre dans une belle famille, j'ai beaucoup reçu. Et donc du coup, la prière, le quotidien, la messe, tout ça. Mais en fait, j'y allais parce qu'il me fallait y aller. Mais je voulais revenir à Dieu dans un vrai cœur à cœur, dans une vraie relation, dans une vraie intimité, dans quelque chose qui fait que je lui parle et qu'il vient toucher, qu'il vient relever, qu'il vient consoler. Et donc du coup, je voulais que ma prière et que ma messe, je voulais le vivre en vérité, pleinement, en lien avec lui. Et cette phrase, pour moi, elle avait une résonance tant dans ma vie spirituelle, mais aussi dans mon quotidien avec tous ceux qui m'entouraient, parce que je sais que Dieu passe par les autres. Et quand j'entends cette phrase « revenez à moi de tout votre cœur » , j'entends mes amis qui me disent « Flo, viens » . Dis-moi, raconte-moi, raconte-moi ce que tu as dans ton cœur. Et donc, en parlant, en racontant, en étant accompagnée avec une psy et en racontant avec mes amis merveilleux que j'ai eus, en me confiant, je suis revenue à Dieu de tout mon cœur, de toute mon âme et de toute ma conscience. Et c'est vraiment par là que je me suis relevée.

  • Florence-Anne

    Ma toute dernière question, c'est si vous aviez le Christ en face de vous à ce moment-là, qu'est-ce que vous lui diriez aujourd'hui vis-à-vis de... ces années d'épreuve ?

  • Marie

    Je lui dirais merci. Merci parce que en fait, tu me rétablis. Tu me rétablis jour après jour. à travers le regard bienveillant de mon mari, le regard bienveillant de mes enfants, de mes parents, de mes frères, mes sœurs. Je lui dirais vraiment merci. Merci pour... Et vous voyez, c'est marrant, parce que tout à l'heure, je marchais et je me disais, mais quelle chance, quelle chance j'ai eue dans ma vie. Quelle joie j'ai eue dans ma vie, finalement. Beaucoup de douleur. Mais j'ai eu tellement de joie et la plus grande joie. Aujourd'hui, ma plus grande joie, c'est que oui, il y a la croix quotidienne de la séparation, du divorce, de tout ce que je n'aurais pas voulu vivre. C'est ma croix, c'est mon épine, c'est ce que je ne souhaite à personne. Mais à côté, la résurrection est une telle joie que je lui dis merci d'être mort pour nous et de nous sauver. Merci. En fait, je voulais lui dire tout simplement merci. Dans ses bras, contre son cœur, et lui dire merci,

  • Florence-Anne

    merci, merci. Et bien, un grand merci, Florence Anne, pour ce très beau témoignage.

  • Marie

    Merci, avec joie.

  • Florence-Anne

    Merci de nous avoir écoutés. Si ce podcast vous a plu, n'hésitez pas à le partager autour de vous, à laisser un commentaire et une note de 5 étoiles sur les plateformes d'écoute et les réseaux sociaux, les podcasts de FC, pour faire bénéficier de ce podcast un maximum de personnes. Pour découvrir d'autres témoignages de feu, vous pouvez bien sûr écouter les autres épisodes du podcast, mais aussi lire chaque semaine la rencontre avec un témoin touché par la grâce dans le magazine Famille Chrétienne. Et enfin, n'hésitez pas à découvrir les autres podcasts de Famille Chrétienne. Toussaint, ces témoins de la foi racontés par Bénédicte de Lelys, Maman Prie, Sexo, Sacrée Histoire et d'autres encore. Un grand merci et au prochain premier lundi du mois. pour un nouvel épisode.

Description

« Croire en l’amour, toujours ! » Telle est la devise de Florence-Anne Ambroselli, la pétillante créatrice de l’Atelier de l’Enfant-Jésus. Et pourtant, comment continuer d’y croire, à cet amour, quand on a été tant blessée, précisément en ce domaine ? Florence-Anne en effet a été mariée, mais 9 enfants et 14 ans plus tard, elle a dû se séparer, pour se protéger soi-même et sa nichée encore si jeune. Elle raconte dans ce podcast son chemin de reconstruction et comment elle a pu continuer de croire en l’amour, toujours, grâce à un Amour plus profond, celui du Christ.

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Ce podcast est réalisé par Famille Chrétienne


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Transcription

  • Marie

    Bonjour, je m'appelle Marie et je vous souhaite la bienvenue dans la cinquième saison d'Un beau jour, un podcast de famille chrétienne. Un beau jour, c'est l'histoire d'hommes et de femmes croyants qui menaient une vie tranquille, assez d'avance. Et puis Un beau jour, un événement inattendu et bouleversant a complètement infléchi le cours de leur existence. Il nous raconte comment ils en ont été bousculés, changés, rabotés, transformés dans leur vie et dans leur foi. Je suis sûre que vous serez comme moi édifiés et enrichis par ces récits livrés le cœur et l'âme, grands ouverts. Croire en l'amour, toujours, telle est la devise de Florence Anne Ambroseli, la pétillante créatrice de l'atelier de l'enfant Jésus. Et pourtant, comment continuer d'y croire à cet amour quand on a été tant blessé précisément en ce domaine ? Florence Anne a en effet été mariée, mais neuf enfants et quatorze ans plus tard, elle a dû se séparer pour se protéger soi-même. Et sa niche est encore si jeune. Elle raconte dans ce podcast son chemin de reconstruction. Et comment elle a pu continuer de croire en l'amour toujours, grâce à un amour plus profond, celui du Christ. Bonjour Florence-Anne.

  • Florence-Anne

    Bonjour Marie.

  • Marie

    Alors merci pour votre présence au micro d'un beau jour.

  • Florence-Anne

    Avec joie.

  • Marie

    Alors pour commencer, est-ce que vous pourriez nous présenter l'objet symbolique de votre histoire que vous avez apporté ?

  • Florence-Anne

    Alors j'aurais apporté une petite médaille miraculeuse. Alors bon, au-delà du fait que la Vierge nous demande vraiment de l'apporter... sur nous parce que c'est une médaille de protection. Pour ceux qui ne connaissent pas, c'est la médaille miraculeuse, c'est la chapelle de la médaille miraculeuse à Paris. La Vierge est apparue à Sainte-Catherine-de-Laboré. Et elle a demandé à ce qu'on porte cette médaille, qui serait une médaille qui protège, qui nous portera vers, on espère, vers la sainteté certainement. Et moi, cette médaille miraculeuse, elle a eu une présence dans ma vie par plusieurs fois, et notamment une première fois. Lors d'un accident de voiture, bel accident de voiture que j'ai eu, donc à l'époque c'était en 2004, j'avais quatre jeunes enfants et j'ai fait des tonneaux avec une de mes filles dans la voiture, Rosemey, et lorsque les tonneaux se sont arrêtés, je me suis retrouvée perpendiculaire à la route avec une petite route de campagne en Bretagne, un poids lourd à droite à 50 mètres de moi et à gauche exactement la même voiture que moi. Une caravel verte bouteille. Je n'avais qu'une envie de la piquer limite et de repartir avec. Et en fait, c'est surtout que je me suis retrouvée perpendiculaire à la route avec une icône de la Très Sainte Vierge Marie sur mes genoux et des milliers de médailles miraculeuses autour de moi.

  • Marie

    C'est-à-dire qu'elles n'étaient pas dedans.

  • Florence-Anne

    Et en fait, elles étaient dans la voiture. Je pense que j'avais dû acheter un gros pack de 500 médailles miraculeuses qui ont été bénies et je les avais mis dans la boîte à gants. Et lors de l'accident, ces médailles ont... explosé à tel point que quand les gendarmes sont arrivés et les pompiers, ils n'ont pas compris. Ils ont dit « Mais qui c'est que toutes ces médailles ? » « Mais enfin, c'est délicat ! » Donc, j'étais là, limite, il fallait les ramasser. Enfin bref, cet accident a été un miracle puisque je n'ai rien eu et ma fille n'a rien eu. Et c'est le début d'une longue histoire jusqu'à partir de ce moment-là. Cette voiture n'avait pas été totalement réglée. Nous n'avions pas d'assurance touriste bien qu'on était un petit peu... un peu inconscient, on va dire. Et on avait pris juste une assurance de base. Et donc, du coup, cette voiture, on venait de l'acheter, ça faisait trois mois. On avait emprunté de l'argent à mon frère. Et le père de mes enfants, le soir de l'accident, me dit « Eh bien, il va falloir la rembourser. Il va falloir que tu la rembourses. » Et là, c'est le début d'une première conversion que je me suis posée, la question que je me suis posée. Florence Anne, qu'est-ce que tu sais faire ? Et quel est ton talent ? Et je savais dessiner. Et donc, du coup, je me suis dit, je vais dessiner. J'ai dessiné des petites images. Donc,

  • Marie

    on va revenir sur cette histoire.

  • Florence-Anne

    En tout cas, ce qui est sûr, c'est que la médaille miraculeuse, donc il y a eu ça. Et puis ensuite, une deuxième histoire que je pourrais raconter peut-être un peu plus tard. En tout cas,

  • Marie

    la Vierge Marie était présente. Déjà, et elle a pris encore plus de place ensuite. Voilà,

  • Florence-Anne

    exactement.

  • Marie

    Alors, pour qu'on comprenne bien, pour qu'on remettra peut-être les choses un peu dans leur contexte, dans quel environnement, quelle famille vous avez grandi ?

  • Florence-Anne

    Alors, j'ai eu une enfance très joyeuse, très heureuse, avec beaucoup d'enfants, beaucoup de vie. Vous étiez combien ? Alors moi, je suis l'aînée de 10.

  • Marie

    Ah ouais.

  • Florence-Anne

    Et une famille très artiste, puisque mon arrière-grand-père, Georges Desvalières, artiste peintre, qui a consacré sa peinture à l'art sacré avec Maurice Denis. Et puis mon grand-père, Gérard Ambroseli, artiste peintre, sculpteur, qui a donné vie avec ma grand-mère, une sainte femme, 15 enfants. 31, vous voyez, moi je suis là, et plus d'une centaine de petits-enfants, moi je suis la 31ème. Donc j'ai eu une enfance... très joyeuse, très artiste, très créative, on va dire. Et j'ai des parents exceptionnels avec ce qu'ils sont, très artistes aussi, et qui nous ont donné beaucoup d'amour.

  • Marie

    Une ambiance pleine de vie.

  • Florence-Anne

    Une belle enfance, très belle enfance.

  • Marie

    C'est comment de grandir avec autant de frères et sœurs ?

  • Florence-Anne

    Écoutez, moi, j'étais l'aînée, alors certains diront, quand on est aînée, on s'en prend toujours plein la figure, parce qu'on trace le chemin. Et je pense que mes parents ont On a vu toutes les couleurs avec moi parce que comme je suis très artiste, très créative, donc comme dit maman, j'avais déjà une idée par seconde quand j'étais jeune. Et puis, j'aimais bien me frotter aux adultes. J'aimais bien un peu espiègle, un peu très naïve. Je pense que j'ai très joyeuse aussi. Et du coup, mes parents me confiaient quelques responsabilités d'aînée. Mais j'avais beaucoup de mal à les tenir parce que j'oubliais toujours les chaussures. Et je suis toujours comme ça, je suis très intuitive, j'oublie toujours beaucoup de choses, je suis toujours en retard. Donc mes parents, je pense que j'en ai fait voir de toutes les couleurs. Et après, une adolescente aussi très mouvementée, je me faisais à la fête, je me dansais, je me riais. Mon père était totalement dépassé. Et même si après, dans l'adolescence... Moi, j'ai traversé des choses difficiles. Mes parents m'ont toujours fait confiance. Et ça, c'est une grande...

  • Marie

    Justement, ado comme ça, jeune adulte, c'était quoi vos rêves pour la suite ? Est-ce que vous vouliez reproduire un peu le chien ? Ah ouais.

  • Florence-Anne

    Moi, je voulais une grande famille. Je voulais plein d'enfants et une grande maison. C'était pour moi le modèle idéal. Et je me suis construite comme ça. Avec une envie, je vais vous dire, c'était de... d'avoir des enfants, d'avoir une belle famille, une grande famille, une sainte famille. Beaucoup d'idéaux et beaucoup d'espérance. Mais la vie a fait autrement, on va dire. Et j'ai eu quand même la chance d'avoir une très belle famille. Et j'ai la chance d'avoir une très belle famille.

  • Marie

    Parce que du coup, vous êtes conformément à ces rêves, à cet idéal, à ce bel idéal. Vous êtes mariée jeune,

  • Florence-Anne

    c'est ça ? Mariée jeune, on va dire. 21 ans, 22 ans, enceinte de mon premier enfant Théophane, et on s'est mariés très rapidement. Et ensuite, on a eu de nombreux enfants.

  • Marie

    Oui, c'est ça, vous avez eu, vous aussi, une très grande famille.

  • Florence-Anne

    Neuf.

  • Marie

    Oui, c'est ça, en 13 ans. Oui, j'ai bien calculé. Vous avez aimé devenir mère d'un, deux, trois enfants ?

  • Florence-Anne

    Pourtant, j'ai grandi dans une grande famille avec plein d'enfants, donc on pourrait dire facile. J'ai l'habitude, je me suis occupée de mes frères et sœurs.

  • Marie

    Elle est née de 10 quand même.

  • Florence-Anne

    Oui, ça c'est sûr. Et pourtant, maman a été aidée, on a toujours eu des jeunes filles au père. Mais bon, voilà, j'étais là présente pour mes frères et sœurs, j'espère en tout cas. ils pourront eux-mêmes en témoigner, j'espère. Mais quand vous-même, vous devenez mère, ce n'est pas pareil, c'est vertigineux. Moi, je me suis retrouvée enceinte d'une manière complètement, j'allais dire accidentelle, puisque je n'étais pas mariée et j'étais donc avec le père de mes enfants. Et du coup, je tombe enceinte. Ça a été un choc, un vrai choc. D'accord. Et du coup, on a pris la décision de se marier très vite. Et donc, du coup, tout ça, ça s'est vite enchaîné. Et il a fallu que je me pose la question, mais quelle mère je vais être ? En fait, je me sentais encore tellement jeune. J'avais envie de... Mais j'avais encore toutes mes amies qui sortaient encore beaucoup. J'étais étudiante. J'étais un peu en décalage. Et je me suis dit... J'ai eu une sorte de... Une sorte même d'angoisse. Vraiment, je me souviens très, très bien de me dire, je ne vais pas y arriver. Je ne suis pas prête. Et j'ai fait un rêve incroyable. D'un petit enfant d'à peu près 8-9 mois. Un peu blond. Et j'étais en train de le changer. J'étais enceinte à l'époque. J'étais enceinte de 6 mois. Et cet enfant me dit, maman, ne t'inquiète pas. Dieu s'occupe de tout. Et à partir de là, j'ai fait confiance. Et c'est un peu aussi comme ça que je vis. C'est que j'ai toujours des petits éléments dans ma vie où il y a, vous savez, ce petit coup de stress, ce petit coup de « on ne va pas y arriver » . Moi, c'est mon truc, je ne vais pas y arriver. Et tout d'un coup, je remets ça au bon Dieu. Puis j'ai un petit événement, une rencontre, un sourire, un mot, un message, un petit cadeau de la Providence qui vient me rappeler que Jésus est là. Et qu'il faut que je m'abandonne et que j'avance.

  • Marie

    Parce qu'on n'a pas parlé de la foi que vous avez reçue. Vous avez grandi dans une famille...

  • Florence-Anne

    Très croyante. Mais nos parents, mes parents m'ont transmis leur foi. Alors très fidèle à la messe. On fait la prière encore tous les soirs en famille. Quand on se retrouve tous, même avec tous les petits-enfants. Mes parents ont 31, 30 petits-enfants. Mes grands-parents qui eux-mêmes avaient plein de petits-enfants. C'était vraiment comme boire, manger, penser, respirer. La prière était comme un ancrage familial très, très fort. Donc, c'est un héritage et que j'essaye aussi dans ma propre famille.

  • Marie

    Mais avec votre adolescence tumultueuse,

  • Florence-Anne

    vous n'avez pas... Ah mais nous, on n'avait pas... La question ne se posait même pas. C'est-à-dire que quand on hurlait dans la maison, « La prière ! » Tout le quartier était au courant. C'est comme chez moi, d'ailleurs, pareil. « La prière ! » Toute la ville. Toute la ville de Boulogne savait que les Ambroseli faisaient la prière. Et tout le monde s'arrêtait. On arrête, on pose nos crayons, on arrête de jouer. Et là, on se retrouve en famille, dans un coin prière qui est, nous, chez mes parents, qui prend toute la place dans le salon. J'allais dire toute la place. Enfin, un bel espace dans le salon. On allume une dizaine de bougies, c'est très beau. Et j'ai grandi avec la lecture, le psaume, l'évangile que nous lisions. On chantait beaucoup. Alors après, il a fallu que les parents nous éduquent. Maman, sans exagérer, avec beaucoup d'humour, on était tous à genoux. Et quand on était petits, forcément, c'est dur de tenir des enfants à la prière, qui était longue en plus. Papa, il adorait durer la prière. Maman, elle n'en pouvait plus. Elle chauffait la soupe sur son thermomix. Et on entendait toujours son thermomix en même temps que la prière. Et puis elle était là. Voilà, c'est ça. Parce qu'on couchait les plus petits, il y avait plusieurs repas. Et donc, maman et papa essaient de nous... nous éduquer à la prière, ils nous ont éduqués à la prière en fait. D'accord,

  • Marie

    donc c'était hyper intégré.

  • Florence-Anne

    Hyper intégré, ouais, c'était comme bois en bois, vraiment.

  • Marie

    Et donc c'est déjà grâce à la foi que vous avez pu faire confiance pour construire cette famille, même si vous avez senti le vertige de cette maternité.

  • Florence-Anne

    Exactement, et donc du coup, ce que j'ai reçu de mes parents, c'est cette confiance et cet abandon. de dire qu'en fait, oui, il y a vraiment des difficultés. C'est vrai, j'ai eu des moments difficiles dans l'adolescence avec le père de mes enfants. Et c'est vrai que toujours se remettre.

  • Marie

    Malheureusement, vous avez expérimenté ça dans votre propre couple parallèlement à ces bonheurs que sont les maternités successives. Vous vous êtes rendu compte que le lien avec... Votre mari et celui de votre mari avec vos enfants n'étaient pas... C'est un euphémisme peut-être, je ne sais pas comment on peut dire les choses, ce n'était pas sécure.

  • Florence-Anne

    En fait, je me suis mariée un peu jeune avec le père de mes enfants parce qu'aujourd'hui, j'ai quand même obtenu une reconnaissance en unité. Donc, je parlerai plutôt du père de mes merveilleux enfants. Vous vous êtes mariée trop vite. Vous vous êtes mariée... trop vite, mais surtout, en fait, il y a eu beaucoup d'amour. Et ça, je tiens beaucoup à préciser ça. C'est que peut-être qu'on s'est mariés vite, peut-être qu'effectivement, l'Église a reconnu qu'il y a eu un manque de discernement, qu'il y a eu un manque de maturité, puisque j'étais donc enceinte. Mais il y a eu beaucoup d'amour. J'ai aimé profondément le père de mes enfants et j'ai voulu construire. J'ai voulu construire à la force du poignet, avec mon courage, avec tout ce que j'avais justement reçu de mes parents. C'est on y va, on recommence. Et... Le problème, c'est que j'étais jeune et certainement un manque de maturité et peut-être aussi beaucoup d'orgueil. C'est-à-dire qu'en fait, je n'ai pas osé dire, je n'ai pas osé parler. En fait, dès le départ, il y avait quelque chose qui n'allait pas.

  • Marie

    Vous en êtes rendu compte ?

  • Florence-Anne

    Très vite. Très, très vite. On avait des dysfonctionnements dans notre relation, même avant notre mariage. Et puis ensuite, après, qui se sont accélérés. Et... J'ai eu honte et je n'ai pas voulu en parler. Je me suis dit, mais en fait, ce n'est pas grave, je remets ça à Dieu et je recommence. Et en fait, ce qui est important dans la vie pour pouvoir laisser la place à ce que Dieu vienne convertir, guérir, consoler, c'est reconnaître sa part. Et aujourd'hui, je n'ai pas peur de relire ça avec beaucoup de simplicité. Et ce qui m'a permis de me redresser et de me rétablir, c'est que j'ai accepté, j'ai consenti de relire ma part à moi de responsabilité pour pouvoir me relever et laisser la place au Seigneur de me prendre par la main et de me remettre debout. Et ma part, et je vais le dire avec beaucoup de simplicité, c'est que j'ai eu peur. de dire les choses. J'ai eu peur de faire du mal. J'ai eu peur de parler. Et du coup, en fait, j'ai tout gardé pour moi. Et je me disais, il n'y a que Dieu qui peut comprendre ce que je vis. Et il n'y a que Dieu qui va pouvoir faire quelque chose. Or, en soi, ça pourrait être très beau de dire ça parce que c'est vrai, il n'y a que Dieu qui sauve. Oui, c'est vrai. Mais ce qui est sûr, c'est que Dieu sauve, oui, mais il sauve en passant par les autres. et ça, ça a été vraiment un chemin de conversion pour moi. C'est-à-dire que Dieu sauve en passant par une main tendue, par un sourire, par une rencontre, par un prêtre pour certains, par l'Eucharistie. En fait, c'est Dieu sauve en passant par les autres. Ça, j'en suis... C'est vraiment...

  • Marie

    Comment vous avez compris ça, du coup, de ce que je comprends ? Donc, vous étiez à... très seule, puisque vous gardiez tout pour vous. De l'extérieur, on devait se dire...

  • Florence-Anne

    J'étais confiée avec une de mes très bonnes amies, quelques années de mariage, qui venait passer des vacances et du coup, elle l'a vue. Et une autre de mes... qui voyait qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas. Et elle me disait, tu sais, tu as le droit de dire que ça ne va pas. C'est pas parce que tu vas dire que ça ne va pas que, en fait, tu ne vas plus devenir, entre guillemets, sainte, que ta famille, tu n'es plus une mère parfaite, tu n'es plus une... Et moi, j'ai voulu construire un monde, un monde idéal, en fait. On vivait dans un très beau cadre. On était très... Le père de mes enfants a construit... Ensemble, nous avons construit un très beau cadre d'éducation pour nos enfants. Une très belle ferme avec des animaux, des ânes, des oies, des porcs. Enfin, c'était vraiment... Je faisais l'école à la maison. Il y avait une sorte de petite autarcie qui était... Oui, et en même temps, il y a des familles qui le vivent. Et parce que les familles qui le vivent et qui le vivent bien, qui ont une belle vie structurée, qui ont une belle vie sociale, et qui ont... qui ont des bons accompagnateurs autour d'eux, ça fonctionne. Nous, moi, le problème, c'est que je ne parlais pas, je ne disais pas, je montrais, je voulais montrer que tout allait bien. Je voulais montrer une sorte d'apparence que tout était merveilleux, sauf qu'en fait, dans la réalité, c'est pas vrai, dans l'intimité de ma chambre conjugale, c'est pas vrai, ça n'allait pas. En fait, et c'était faux.

  • Marie

    Comment on peut qualifier ce qui n'allait pas, pour qu'on comprenne ? Parce qu'il y a une différence entre quand ça ne va pas et quand c'est vraiment grave.

  • Florence-Anne

    J'ai accepté des choses pas acceptables. J'ai eu mal, j'ai souffert. J'ai beaucoup d'émotions en disant ça. Parce que j'ai voulu sauver quelque chose que je ne pouvais pas sauver. Et voilà, donc en fait, nous avons traversé dans notre relation des choses qui ne sont pas liées au sacrement du mariage, qui ne sont même pas, j'allais dire, dans une relation normale entre un homme et une femme, on ne doit pas les vivre. On n'a pas le droit de les vivre. Voilà, je n'irai pas plus loin.

  • Marie

    Oui, oui, oui. C'est pour qu'on comprenne. Mais du coup, vous avez quand même pris conscience ? Grâce à une amie ? Grâce à vos réflexions ?

  • Florence-Anne

    Parce qu'en fait, à un moment, ce n'était plus possible. Je voyais bien que j'étais en train de mourir à moi-même. J'allais dire même à ma propre identité. Je ne savais plus qui j'étais. J'étais perdue. Et là, je me suis dit, ça devient dangereux parce que j'avais ma responsabilité de mère. Et je me sentais plus dans... Je me sentais... Même dans ma dignité de femme, j'étais perdue. Et donc, du coup, là, il a fallu que je demande de l'aide. Et c'est à partir de là où, quand j'ai commencé à demander de l'aide, tout a été très vite.

  • Marie

    Vous avez demandé de l'aide à qui ?

  • Florence-Anne

    Alors, j'ai d'abord eu un ami prêtre. Puis ensuite, après, j'ai été accompagnée par une psychologue. Et cette psychologue... à essayer de me permettre d'accepter, de regarder cette réalité, de consentir la réalité que j'étais en train de vivre, qui n'était pas normale. Et à partir de là, ça a été extrêmement douloureux, parce que je niais la réalité et je ne voulais pas pour mes enfants. c'était pas possible c'était pas possible pour moi j'étais en train de devenir zinzin je me dis mais en fait si je vis ça c'est pas normal et elle m'a amenée à transposer ma réalité sur d'autres personnes c'est ce qui m'a permis de sortir un peu de mon marasme et de pouvoir me dire si ton frère ou ta soeur vit la même chose tu dis mais t'es dingue ou pas c'est pas possible tu peux pas accepter ça et donc ça a été un chemin qui a été long enfin long, ça a duré quelques mois et puis j'ai eu un peu de temps Et à un moment donné, il a fallu que je parte avec tous mes enfants sous le bras. Donc, j'ai quitté le foyer conjugal avec la tenue que j'avais sur moi et mes neuf enfants sous le bras. Et mes enfants avaient une tenue et je suis partie chez mes parents qui m'ont accueilli les bras ouverts. Ça a été extrêmement douloureux parce que, si vous voulez, je n'ai pas quitté le père de mes enfants parce que je ne l'aimais plus. Je l'ai quitté parce que notre relation n'était plus possible et qu'on se faisait du mal. Et lui se faisait du mal, moi je me faisais du mal, nous nous faisions du mal et on faisait énormément de mal à nos enfants. Donc c'était plus possible.

  • Marie

    On se doute bien de toute façon quand on part pas comme ça, les choses sont pas... Et si vous aviez pas tout essayé auparavant, ça a dû être...

  • Florence-Anne

    Ça a été un choix qui a été long, enfin long, qui a été dur à prendre. Et pour le père de mes enfants, ça a été extrêmement douloureux pour lui, ça c'est sûr. Et comme pour moi, voilà. Et après, ça a été pour moi un chemin. Ça a été le début d'une construction. En fait, ça a été... J'avais, si vous voulez, une image un peu évangélique, enfin de la Bible. J'avais l'impression d'être Lazare avec des bandeaux et que le Seigneur est venu... Et mon histoire, c'est la résurrection de Lazare. C'est la croix glorieuse. C'est-à-dire, je meurs, je remonte. Et je vis avec cette...

  • Marie

    Mais dans les tout premiers temps, ça a dû être quand même extrêmement douloureux et difficile. En même temps, libérateur, c'est un peu un maelstrom d'émotions, j'imagine.

  • Florence-Anne

    Ça a été extrêmement douloureux. Beaucoup de larmes, de crises, de pleurs, d'angoisse, en fait, de savoir ce que je... En fait, si vous voulez, je me suis retrouvée à terre. Je me suis retrouvée à terre, en croix. J'avais l'impression d'être en croix, à terre. Parce que si vous voulez, quand je me suis engagée en 1998, avec le père, même si j'étais enceinte, ce n'était pas du tout la vision que j'avais de ce que je voulais vivre. Et donc, je mourais à tous mes idéaux, tous mes rêves. Et puis, j'avais l'impression de ne pas avoir su arriver. Je n'étais pas arrivée, en fait. Et donc, j'avais l'impression d'arriver chez mes parents en disant « J'ai tout essayé et je n'y suis pas arrivée. » J'avais honte, en fait. terriblement honte. J'ai essayé de construire et je n'y suis pas arrivée. En fait, c'est là où ça a été vraiment un bouleversement, une transformation. C'est qu'au lieu de dire j'y suis pas arrivée, il a fallu que je me remette sous le regard de Dieu et que je présente ça à Dieu. Et j'ai dit au Seigneur, en fait, je me suis trompée dans la manière dont j'ai abordé les choses et j'ai vécu les choses. C'est-à-dire que... Comment expliquer ça ? C'est-à-dire que je suis arrivée... À terre, à croix. Et là, j'ai dû me lever la tête, ce qui me restait de force psychologique intérieure, de lever la main et de dire au Seigneur, sauve-moi, en fait, viens me sauver. Alors qu'avant, moi, j'ai voulu sauver. Vous voyez ce que je veux dire ? C'est que moi, je voulais sauver mes enfants, le père de mes enfants. Et donc, je me suis cru super, super génial. Voilà, Flo, là, super, mais pas du tout. Je me suis plantée grave.

  • Marie

    Ça devait être grave. Voilà.

  • Florence-Anne

    Donc, pour moi, ça a été... Ça s'est coulé comme un château. Un séisme.

  • Marie

    Oui, un séisme. Oui, en plus, vous vous retrouvez toute seule avec neuf enfants. Ils avaient quel âge en plus ? Ils étaient petits ?

  • Florence-Anne

    Petits, l'aîné avait tout juste 14 ans, Théophan. Et mon dernier, Jean-Baptiste, avait un an. Et mes parents m'ont accueillie dans leur grande générosité chez eux.

  • Marie

    Et votre famille vous a toujours soutenue ?

  • Florence-Anne

    Toujours soutenue, oui. Et puis après, on a connu tous les drames que connaissent les gens divorcés qui se séparent. C'est-à-dire... Cette espèce de déchirement familial, où en fait, c'est terrible parce qu'au début, on dit des choses qu'on ne pense pas, on part de témoignages. Là, la séparation, je pense que c'est vraiment le mal de notre siècle. Le divorce, c'est vraiment une déchirure.

  • Marie

    Mais là,

  • Florence-Anne

    c'était nécessaire. C'était nécessaire, mais c'est vrai qu'après, notre humanité est tellement pauvre et fragile qu'on traverse ça parfois avec... tant de maladresse et tant de choses. Et ce qu'il faut, c'est se reconstruire.

  • Marie

    Comment vous avez fait déjà, ne serait-ce que matériellement, comment vous avez fait pour vous en sortir toute seule avec neuf enfants ?

  • Florence-Anne

    Oui, ça, ça a été... D'abord, mes parents m'ont accueillie. Je n'avais rien. Je n'avais plus rien. Je n'avais pas de carte bleue, pas de chéquier. Je n'avais pas de compte bancaire. Vous savez, j'étais vraiment... C'était vraiment...

  • Marie

    Job et Lazare en même temps.

  • Florence-Anne

    C'était vraiment... Plus rien. Et du coup, en fait, mes parents, pareil, l'une des choses qu'ils m'ont transmise, c'est le sens du travail. Voilà, mes parents ont un grand cœur extrêmement généreux. Je ne peux pas dire que ce soit la grande douceur et la grande compassion. On est là, on me brosse dans le sens du poil, ma chérie. Oh là là, c'était pas du tout. C'était plutôt, allez, Flo, il faut que tu te reprennes. T'es mère de neuf enfants, tu vas y arriver. On va y arriver ensemble. Et il y a eu une espèce d'élan familial très fort, une très belle solidarité familiale. Et ça, c'est la richesse des familles nombreuses. C'est-à-dire que là, tout d'un coup, on ne fait plus qu'un seul corps. Il y en a un qui souffre, tout le corps est malade. Tout le corps souffre, tout le corps... pleure. Et là, toute ma famille a pleuré avec moi. On a pleuré ensemble et ensemble, ils se sont dit, allez hop, on y va, on va se relever. Et donc, ils m'ont pris avec mes neuf enfants. Et là, je me suis mise à chercher du travail et j'ai pu trouver, au bout d'un an, assez rapidement du travail dans le marché de l'art. Et donc, j'ai travaillé dans une étude de commissaire priseur. Et j'ai eu la joie de découvrir le vrai travail. professionnelle, il a fallu que je sois super organisée et voilà, ça a été une expérience incroyable parce que l'atelier de l'enfant Jésus que vous aviez créé après ce fameux accident dont vous nous parliez au départ en fait je ne l'ai pas vraiment créé parce que quand j'ai fait mes premiers dessins comme c'était la seule chose que je savais un peu préférer et que je m'étais posé cette question je sais dessiner ... Je me suis mise à dessiner une première image qui est l'enfant Jésus, roi d'amour, d'après Yvonne Aimée de Malétrois.

  • Marie

    Marie-Yvonne de Malétrois, pour ceux qui ne savent pas, c'est une religieuse du XXe siècle. Une femme qui a eu un grand rayonnement.

  • Florence-Anne

    Tout à fait. Et moi, je ne la connaissais pas. Moi, j'ai dessiné l'enfant Jésus, roi d'amour parce que c'était une petite image que j'avais chez moi, que j'aimais beaucoup. Et cette petite image était plutôt couleur sépia. Et je me suis dit, tiens, je le trouve trop joli, je vais m'en inspirer. Et je vais faire... un premier dessin. Et donc, du coup, je me suis mise à dessiner ça. Et Yvonne Aimée de Malétrois est devenue la marraine de mon atelier. Mais voilà, je vais peut-être passer l'histoire de toute cette belle histoire de la naissance de l'atelier. Donc, j'ai dessiné ces premières images parce que j'ai une amie après qui me dit « Tu sais, j'ai une amie qui fait sa première... Ma fille fait sa première communion. Est-ce que tu peux faire une première image ? » Donc, j'ai fait une première image. Puis un jour, j'ai dessiné un premier Saint-Patron, ce que je voyais un de mes fils qui était au bord de la piscine, que je trouvais absolument adorable. Et donc, du coup, je me dis, tiens, lui, il ferait bien un petit Saint-Louis. Je le voyais en petit guerrier, adorable. Et puis, progressivement, je me suis mise à dessiner. Mais vraiment, ce n'était pas du tout dans un sens de business ou de monter une entreprise, pas du tout. J'ai créé un petit réseau autour. Les gens ont pris, donc de bouche à oreille. On commençait à me commander des petites images. Mais lorsque je dessinais, je trouvais beaucoup de consolation. Et j'aimais dessiner parce que c'était un moment où je me retrouvais en cœur à cœur avec mon Dieu. Ça, c'était... Ça m'a beaucoup portée et ça m'a apporté beaucoup de douceur, de... C'était comme un peu ma boule, mon espace à moi, avec mes enfants qui arrivaient un par un, et puis avec un environnement, voilà, l'environnement que j'avais. C'était un peu mon espace de paix à moi. Donc voilà, ça c'est... Et puis en fait, avec la séparation, quand je suis arrivée à Paris et qu'il a fallu que je... je trouve un travail. Là, c'était trop. J'étais vraiment dans un état d'épuisement général. Et je ne me voyais pas dessiner, travailler. Ce n'était pas possible. Et donc, du coup, je me dis j'arrête tout. De toute façon, j'étais paumée. J'étais vraiment paumée. Et si vous voulez, ma foi, ce n'est pas du tout retrouvée ébranlée. Mais par contre, j'étais vide. C'était très ténébreux. C'était très sombre. Je tenais avec cette vertu de la prière que mes parents nous avaient enseignée. Donc j'allais à la messe le dimanche parce que j'étais mère de famille et que je voulais accompagner mes enfants à la messe. Je priais tous les soirs avec mes enfants parce que j'avais reçu ça de mes parents et qu'il me semblait que c'était important de parler, de transmettre. Donc j'ai eu la grâce, on va dire, parce que pour moi c'est vraiment de l'ordre de la grâce, d'être fidèle à cette petite prière du quotidien. Et pour revenir sur le dessin, c'est pour ça que c'est important. C'est que j'ai un ami prêtre qui m'a dit, Florence Anne, tu peux te remettre au travail. Et tu peux te mettre au travail, c'est important, tu dois nourrir ta famille. Mais n'oublie pas, si tu veux te trouver toi, la guérison viendra. Il faut que tu dessines.

  • Marie

    Toutes les semaines. Il faut que tu t'engages à te dessiner toutes les semaines. Et là, du coup, je me suis engagée comme un peu pareil, un peu femme de devoir, de vertu. Je me suis dit, allez, vas-y, j'y vais. Je vais dessiner une fois par semaine. Donc, la semaine, je bossais comme une dingue pour les études de commissaire-priseur. Et je faisais mes ventes aux enchères, etc. Et le week-end, je dessinais pendant le samedi après-midi que mes derniers faisaient encore leur sieste. et que mes parents étaient là et je vivais chez mes parents, donc je savais que mes enfants étaient gardés. Donc je m'enfermais dans un espace et je dessinais un sein, une petite image, une petite commande que j'avais par bouche à oreille. Et puis progressivement, j'ai continué comme ça. Et puis à un moment donné, on me dit, mais tu sais, parce que je voyais bien que je ne pouvais plus trop dessiner le samedi, je commençais à avoir pas mal de commandes et j'avais mal aux yeux parce que du coup, je voulais commencer à dessiner le soir, mais je ne comprenais pas comment on dessinait le soir. Parce que moi, si vous voulez, je n'ai pas fait d'école de dessin. Je n'ai pas fait une école d'art. J'ai tout découvert un peu d'une manière complètement...

  • Florence-Anne

    Il y a une manière de dessiner le soir qui est particulière ?

  • Marie

    En fait, je vais vous dire tout simplement, moi, la lumière normale, en fait, elle change les couleurs. Donc, le matin, je me réveillais avec des pattes que je voulais. Et un jour, on me dit, mais tu sais, tu as des lumières de jour. Mais le truc a changé ma vie. Et là, je me suis mis à dessiner une lampe de jour. Et là, je me suis mis à dessiner la nuit, la nuit, la nuit, la nuit. Et du coup, cet équilibre n'était plus possible. Et il a fallu, à un moment donné, que je fasse un choix. Et donc, du coup, j'ai arrêté, mais vraiment aussi un peu à contre-cœur, parce que j'aimais beaucoup mon livre, finalement. Et j'ai monté l'atelier de l'enfant Jésus officiellement. Et là, c'est une très belle aventure, parce que, je vais vous dire, en dessinant, ça a été aussi mon... Je me suis évangélisée moi-même en dessinant. Le Seigneur venait me parler, venait me guérir, me consoler. Cet espace de temps, quand je dessine, mais encore aujourd'hui, c'est un espace... où le Seigneur vient convertir mon cœur, vient guérir mon cœur et vient me relever, me redresser.

  • Florence-Anne

    Et vous ne lui en avez jamais voulu au Seigneur parce qu'il s'est engagé avec vous, avec votre couple, le jour de votre mariage. Et là, que ce soit fini, est-ce que vous vous êtes sentie abandonnée, même trahie par le Seigneur quelque part ?

  • Marie

    Alors, je ne me suis pas sentie abandonnée ni trahie. Mais par contre, j'ai eu... je vais vous dire un moment de colère, très précisément lorsque j'ai eu j'ai obtenu ma reconnaissance en nullité étonnamment ça peut être super c'est-à-dire qu'en fait d'abord cette reconnaissance en nullité c'est un travail qui demande beaucoup de courage puisqu'en fait l'église nous demande de relire notre histoire ... et de relire notre enfance, de relire notre adolescence qu'on a transmise. Parce qu'en fait, on relie toute l'histoire jusqu'au jour du sacrement du mariage.

  • Florence-Anne

    Vous l'avez entrepris quand, juste ce travail ?

  • Marie

    Ce travail, je l'ai commencé beaucoup plus tôt avant mon divorce. Parce que pour obtenir l'annualité, il faut un divorce. Et moi, j'avais d'abord commencé par une séparation de corps. Parce que j'avais vraiment ce poids de la culpabilité de la séparation très forte. Et ce n'est pas ce que je voulais. Je n'ai jamais voulu ça, moi. J'ai été quelque part un peu contrainte de partir, de devoir quitter.

  • Florence-Anne

    Comme c'est vous qui êtes partie, vous étiez coupable.

  • Marie

    Voilà, je me sentais très coupable. Et donc du coup, le divorce pour moi a été compliqué à accepter. Donc j'ai commencé par une démarche de séparation de corps. Et je pensais que la séparation de corps suffisait pour faire une demande en reconnaissance d'unité. En fait, ça ne suffit pas. L'Église demande vraiment un divorce. Et donc du coup, j'ai commencé à monter un mémoire. On appelle ça un mémoire où on relie un peu sa vie et on écrit. accompagné d'un avocat ecclésiastique.

  • Florence-Anne

    C'était combien d'années, pardon, après votre séparation ?

  • Marie

    Ça devait être 6-7 ans après. D'accord. Donc j'ai commencé un peu à travailler dessus avec beaucoup de simplicité et j'ai accepté de revoir et de relire ma vie en toute vérité. Ça a été un travail de vérité, profond. Et c'est pour ça que je dis que ça demande du courage parce que de regarder en vérité là où, en fait, l'Église, elle n'est pas là pour accuser. Moi, je n'étais pas là pour accuser qui que ce soit. L'Église nous invite, m'a invitée à regarder ma vie sous le regard de Dieu en vérité. Donc, c'est mon histoire que j'ai mise sur un papier qui faisait plusieurs pages, que ma mère, d'ailleurs, a lue. Et pour mes parents aussi, ça a été une véritable épreuve. Parce que c'est aussi regarder, parce que j'ai reçu, comment moi, je l'ai vécu. Et comment moi, j'ai... J'ai vécu mon enfance, mon adolescence. Comment ce qu'ils m'ont transmis, ce qu'ils m'ont donné, comment j'ai vécu ça avec joie ou aussi avec peine. Et donc, c'est un vrai travail d'humilité, de vérité, de pardon et de miséricorde, vraiment de pardon. Et donc, ça a été... pareil, de voir là où est ma part, où a été ma responsabilité dans cette séparation. Et donc du coup, c'est aussi un travail de libération. Ça, c'est évident. Trail de libération, de guérison, de descendre dans les profondeurs ténébreuses de notre cœur, de mon être, dans mes entrailles. Et il a fallu après que je me relève, que je me redresse. Et donc, le Seigneur nous invite à dire, est-ce que tu veux venir avec moi ?

  • Florence-Anne

    Pourquoi cette colère, du coup, vous disiez ?

  • Marie

    Et du coup, pour revenir sur la nullité, c'est que quand j'ai eu cette reconnaissance en nullité, si vous voulez, je l'attendais, évidemment que je l'attendais. Et donc, du coup, quand l'annonce est arrivée, ça a été une vraie libération sur le champ. Tout de suite, j'ai dit « Waouh ! » Mais oui, c'est ça. C'était évident. En fait, c'était évident que tout ce que j'ai traversé sans la grâce du sacrement, ce n'était pas possible. Donc, voilà.

  • Florence-Anne

    Parce que ça reconnaît...

  • Marie

    Là, on nous dit... L'Église vous dit, en fait... Vous vous êtes engagés, mais le Seigneur a vu, t'es bon, mais le Seigneur ne l'a pas béni.

  • Florence-Anne

    Ah bon ? C'est ça que l'Église dit ? D'accord.

  • Marie

    Donc en fait, finalement, c'est hyper dur. C'est-à-dire qu'en fait, je n'ai pas vu, j'ai fait ça, c'est ma propre volonté. Je ne me suis pas tournée vers Dieu, nous ne nous sommes pas tournées vers Dieu en disant est-ce que c'est ta volonté que nous nous engageons sur cette route du sacrement du mariage ? Et là, l'Église vous dit, mais en fait... Vous vous êtes engagé, vous avez vraiment eu la volonté de construire un mariage, de vous aimer. Sauf que nous, l'Église, en fait, Jésus, il n'a pas béni. Il n'a pas donné la grâce de ce sacrement. Et là, si vous voulez, c'est comme si j'avais tout d'un coup pris conscience. Je me suis dit, mais c'est dégueulasse, en fait. J'étais hyper mal accompagnée. Et tout d'un coup, j'en ai voulu à la terre entière. Je me suis dit, et on va me dire, mais Flo, on t'avait dit, on t'avait dit, on t'avait dit. Mais en fait, je n'ai pas écouté. Donc, il a fallu que moi... Je reconnaisse encore une fois, humblement, que je me mette encore une fois à terre et que je me dise « En fait, je n'ai pas écouté. » Donc j'étais en colère. D'abord, j'ai dit « Mais c'est quand même pas juste, quoi. » Puis après, on m'a redit, on m'a dit « Non, en fait, tout ça, ça a été dans l'espace de quelques heures. C'était la semaine sainte à l'époque. Donc j'ai vraiment vécu la semaine sainte. Et là, le vendredi soir, j'étais à terre dans ma cuisine. Je m'en souviens très, très bien. Et je pleurais toutes les larmes de mon corps. Et je disais, j'avais l'impression d'être comme Saint-Pierre. Et que je disais, Seigneur, ce n'est pas possible, je ne peux pas accepter que tu n'étais pas là quand je me suis engagée. Eh bien, tu veux que je te dise, en fait, je ne peux pas accepter. Limite, je ne voulais plus reconnaître Jésus. Je ne voulais plus me dire, ce n'est pas possible que tu me dises après que tu es venue pour me sauver. Mais c'est trop facile puisque tu n'étais pas là. Et puis ensuite, après, tu viens pour me sauver. Non, attends, j'étais en train de me dire, mais là. Et il a fallu que je retombe encore à genoux et que je dise au Seigneur, un, en pleurant. amèrement sur ma faute, sur mon péché, sur mon manque d'écoute, sur tout mon orgueil, sur toute ma capacité à dire que je vais y arriver toute seule, et bien encore une fois que je fasse tomber les peurs, parce qu'en fait vous savez quand vous dites que vous voulez y arriver toute seule, c'est parce que vous avez peur de vous abandonner. Vous avez peur de faire confiance, vous avez peur de vous remettre à Dieu parce que vous vous dites mais qu'est-ce qui va m'arriver si je m'abandonne à Dieu ? Et bien là encore une fois, il a fallu que je tombe à terre et que je pleure amèrement sur tout ça et que je dise au Seigneur. sauve-moi. Et là, j'ai eu cette petite voix intérieure qui m'a dit est-ce que tu veux venir avec moi ? Est-ce que tu veux mourir avec moi sur la croix et renaître avec moi, ressusciter avec moi et avancer sur venir avec moi pour que je puisse faire toute chose nouvelle dans ta vie ? Et lorsque j'ai dit oui, si vous voulez, j'ai vécu le Tridéum Pascal, une vraie résurrection. Je me suis rétablie, je me suis redressée. Je suis aujourd'hui une mère et une femme épanouies, en plus mariées maintenant. Oui,

  • Florence-Anne

    on va en parler.

  • Marie

    Mais avec cette douleur de l'épreuve. C'est-à-dire, c'est le Seigneur, c'est là où il est passé. Et il a apporté tellement de consolation, de guérison. Il a dilaté mon cœur. Il m'a donné un cœur beaucoup plus compatissant. j'espère beaucoup plus vrais.

  • Florence-Anne

    Effectivement, on a vu un jour sur votre fil Instagram, alors que sur le fil Instagram de l'atelier de l'enfant Jésus, on voyait vos belles réalisations. Puis tout d'un coup, un jour, il y a un post qui est apparu qui disait « Comme certains d'entre vous l'ont déjà constaté au fil de mes publications, voici plusieurs années qu'il n'y a plus d'hommes à mes côtés. Je n'en ai jamais parlé ici pour plein de raisons que je sais que vous respecterez. Mais aujourd'hui, je veux... » témoigner, Dieu nous accompagne sur notre chemin. Quand on est à terre, il vient nous relever, nous restaurer, nous rétablir et ouvrir devant nous la voie qui semblait parfois murée. Les mots sont forts, la voie qui semblait murée, c'est-à-dire que vous ne croyez plus à l'amour, vous disiez que c'était terminé pour vous.

  • Marie

    Alors en fait, je suis une femme d'espérance. Alors je ne dirais pas vraiment ça. Je dirais que je voulais croire que mon Dieu, le Dieu que j'aime, voulait le meilleur pour moi. Je voulais espérer pour mes enfants et pour qu'on puisse trouver un équilibre parce qu'il vait seul des enfants. Alors, je les ai élevées seules, mais avec un entourage très porteur, évidemment. Et ce n'est pas facile. Et on est très seules. Et moi, Guillaume, mon mari, est arrivé d'une façon totalement inattendue. Mais ce que je voulais, c'était rencontrer une personne qui pouvait embrasser toute mon histoire, consentir avec moi à toute mon histoire, mais avec beaucoup de pudeur et beaucoup de respect. Et sans pour autant me poser dix mille questions sur tout ce que j'ai traversé. Et je ne voulais pas rentrer dans un jeu de séduction, de drague, de truc, je ne sais pas quoi. Je ne supportais plus, je ne supportais pas. Et donc, quand j'ai rencontré Guillaume chez des amis, en fait, j'ai rencontré un homme, un homme complètement enraciné. J'ai rencontré un père, parce qu'il est père aussi de trois enfants. Et j'ai vu tout de suite en lui que c'était un homme extraordinaire. Voilà, c'est tout. Après, voilà, ça a été...

  • Florence-Anne

    Il faut quand même l'être un peu. C'est vrai, adopter neuf enfants alors qu'on en a déjà trois ?

  • Marie

    C'est ça. Il a pris... En fait, je vais vous dire, s'il m'accueillait, il était obligé d'accueillir mes neuf enfants. Alors, il était obligé de... Et en plus de ça, j'ai des grands enfants. J'ai mon aîné aujourd'hui qui a 25 ans, mais mon dernier a aujourd'hui 13 ans, 12 ans, pardon. Donc, ils sont encore jeunes, les derniers, donc il y a encore... de l'éducation et il y a surtout beaucoup d'adolescents, donc il faut les aimer, les supporter et c'est là où je le trouve héroïque. Parce que je vais vous dire, aimer des adolescents quand ce sont les siens, c'est déjà un effort. Enfin, je n'allais pas dire que ce n'est pas une saison d'effort, c'est que ça nous demande tellement de créativité pour pouvoir rester toujours dans la joie et la bonne humeur quand on voit les élans de nos enfants adolescents qui ont beaucoup d'imagination dans leurs réponses et dans leur manière de voir la vie. Et bien lui, il en a tout autant et c'est ça qui est incroyable, enfin tout autant de bienveillance et c'est là où moi je le trouve héroïque dans ce petit quotidien que nous vivons avec nos nombreux enfants, d'être toujours à l'écoute, porteur, posé, il est très posé Guillaume, très calme, c'est un ingénieur, donc très cartésien, alors que moi je suis beaucoup plus, tout l'inverse. Et donc, du coup, il apporte beaucoup de paix dans la famille. Et croire, croire. Quand je l'ai rencontré, vous savez, j'avais tous les deux. Là, je parle vraiment, je pense que Guillaume me rejoindrait tout à fait. Tous les deux, notre devise, c'est croire en l'amour toujours.

  • Florence-Anne

    J'allais y venir. Femmeuse devise qu'on voit tant chez l'atelier de l'enfant Jésus.

  • Marie

    On avait en nous cette petite brèche. Vous savez, en fait, quand on a été blessé, quand on a vécu des épreuves très dures, quand on est blessé, tout simplement, parce que je pense qu'on est tous blessés, si je devais dire quelque chose, c'est que vous savez, il est bon de laisser cette blessure un peu ouverte. Parce qu'il y ait la cicatrice, mais qu'elle revienne, qu'elle nous réchauffe un peu, qu'elle nous brûle de temps en temps. Parce qu'en fait, c'est là où Dieu passe. Dieu, il passe là où il y a des brèches, il passe là où il y a une faille, il passe là où il y a eu une entaille. Il ne passe pas du tout dans quelque chose d'imperméable. Et moi, j'ai consenti à me laisser à nu et de me dire, « Ok, j'en ai partout, j'ai déjà l'impression d'avoir des entailles partout, brûlées vives. » Et j'ai dit, « Ok, Seigneur, viens, ça va me faire mal, mais viens, viens, viens guérir, consoler, viens, je suis prête. » Et je suis prête. Et alors, ce qui est merveilleux avec le bon Dieu, c'est qu'il nous laisse du temps et il y va avec un temps incroyable. Parce que même aujourd'hui, au sein de mon propre couple aujourd'hui, parce qu'aujourd'hui, je vis de ce sacrement du mariage, et bien je peux vous dire que même... Aujourd'hui, je vis encore des guérisons, notamment la peur de dire les choses, de parler, de communiquer. Parce que pour moi, Dieu est le plus grand de tous les communicants. Et il y en a un qui ne supporte pas qu'on communique, c'est bien le diable. Il veut qu'on reste dans notre petit truc à nous. Surtout, ne parle pas, raconte pas, ne dis pas. Je ne fais pas de bousculonnes. Surtout, ne fais pas d'histoire. Et dès que j'entends ça, maintenant aujourd'hui, je sais que là, il faut que j'ai quelque chose à dire. Que là, j'y aille et que je n'ai pas peur. Vas-y, Flo, dis les choses calmement, paisiblement. N'aie pas peur d'aller voir, de rencontrer, de créer un lien et de dire là où tu as humain, où tu as envie d'une joie, où un partage.

  • Florence-Anne

    Quel conseil vous donneriez à des proches, à des personnes qui entourent un papa ou une maman solo ?

  • Marie

    Le conseil que je peux donner, c'est surtout n'hésitez pas à les solliciter, à les inviter déjà à recevoir. Vous savez, quand vous vous retrouvez seule, on ne vous invite plus à dîner parce que vous êtes une femme seule. Et souvent, ça peut être soit la table va devenir un chiffre impair. Donc, le placement, c'est un peu compliqué. Ou alors, du coup, on vous sort de la table et on a l'impression d'être une bête de foire. Avec qui on doit raconter comment tu fais, si et ça. Et puis, surtout, quand on a beaucoup d'enfants, combien de machines, combien... C'est vraiment... Donc on ne vous invite plus qu'à des dîners de filles. Par contre, je me suis éclatée. Les filles, elles s'éclatent, elles, parce qu'elles sont ravies de sortir de leur quotidien. Elles ont un mari. Et donc, du coup, c'est une porte ouverte à pouvoir se confier. C'est très beau parce que les femmes, du coup, se confient beaucoup. Il y a cette porte ouverte. Mais moi, je dirais déjà, n'hésitez pas à nous inviter dans vos familles, dans votre vie de couple. Nous, on est là et on ne présente pas forcément un danger. Voilà, on ne va pas venir déstabiliser. On n'est pas tout d'un coup... Donc je dirais ça d'abord. inviter nous à dîner parce que nous on est contents de partager, de voir des couples qui s'aiment pour nous c'est réconfortant et puis pour des parents qui accompagnent et qui se retrouvent donc dans cette épreuve parce que c'est une véritable épreuve pour des parents d'accueillir un enfant parce qu'eux se remettent en cause dans leur éducation qu'est-ce qui a fait que j'ai pas été là, pourquoi j'ai pas vu qu'est-ce que j'aurais pu faire, donc beaucoup de culpabilité chez les parents et je pense que en fait on va arrêter le pourquoi et on va être avec ... Et on va dire maintenant comment ? Comment on va faire ensemble pour que tu puisses vivre ce temps de séparation, de divorce, de procédure, avec beaucoup d'apaisement ?

  • Florence-Anne

    Est-ce qu'il y a un livre qui vous a rejoint dans votre épreuve et que vous voulez recommander ?

  • Marie

    Alors oui, moi c'est le livre de Simone Paco, qui est l'évangélisation des profondeurs. Et justement, c'est rentrer dans cette... Dans cette intériorité profonde de son être profond et de voir là où en fait d'embrasser sa part et de renaître à qui nous sommes vraiment et d'accepter que le Seigneur vienne évangéliser justement ce que nous sommes. Et du coup, c'est très beau parce que dans son livre, elle nous montre qu'en fait, en acceptant et en étant dans cette démarche intérieure de vraiment laisser la place à ce que le Seigneur vienne toucher chaque endroit peu à peu en son temps. Ça a des répercussions directes sur notre quotidien et sur ce qu'on va transmettre à nos enfants, ce qu'on va vivre avec nos enfants. Et du coup, c'est un chemin de pardon avec soi-même et du coup, après, avec son prochain. Et là, en l'occurrence, les premiers proches sont nos propres enfants. Et ensuite, le père de mes enfants. Et ensuite, mes parents, mes frères, mes sœurs et tout. Voilà. C'est un très beau chemin de guérison.

  • Florence-Anne

    Et est-ce que vous avez une prière ? Quelle est votre prière préférée ou celle qui vous a soutenue dans votre épreuve ?

  • Marie

    Moi, j'avais une prière qui m'a soutenue dans toute cette longue période, j'allais dire ce tunnel. Ça a été « revenez à moi de tout votre cœur » . C'est une phrase de l'évangile. C'est une phrase de l'évangile, oui. Et ça, je me la répétais régulièrement, je veux dire tout le temps. Pourquoi ? Parce qu'en fait, comme je peux le dire, j'ai eu la chance de vivre dans une belle famille, j'ai beaucoup reçu. Et donc du coup, la prière, le quotidien, la messe, tout ça. Mais en fait, j'y allais parce qu'il me fallait y aller. Mais je voulais revenir à Dieu dans un vrai cœur à cœur, dans une vraie relation, dans une vraie intimité, dans quelque chose qui fait que je lui parle et qu'il vient toucher, qu'il vient relever, qu'il vient consoler. Et donc du coup, je voulais que ma prière et que ma messe, je voulais le vivre en vérité, pleinement, en lien avec lui. Et cette phrase, pour moi, elle avait une résonance tant dans ma vie spirituelle, mais aussi dans mon quotidien avec tous ceux qui m'entouraient, parce que je sais que Dieu passe par les autres. Et quand j'entends cette phrase « revenez à moi de tout votre cœur » , j'entends mes amis qui me disent « Flo, viens » . Dis-moi, raconte-moi, raconte-moi ce que tu as dans ton cœur. Et donc, en parlant, en racontant, en étant accompagnée avec une psy et en racontant avec mes amis merveilleux que j'ai eus, en me confiant, je suis revenue à Dieu de tout mon cœur, de toute mon âme et de toute ma conscience. Et c'est vraiment par là que je me suis relevée.

  • Florence-Anne

    Ma toute dernière question, c'est si vous aviez le Christ en face de vous à ce moment-là, qu'est-ce que vous lui diriez aujourd'hui vis-à-vis de... ces années d'épreuve ?

  • Marie

    Je lui dirais merci. Merci parce que en fait, tu me rétablis. Tu me rétablis jour après jour. à travers le regard bienveillant de mon mari, le regard bienveillant de mes enfants, de mes parents, de mes frères, mes sœurs. Je lui dirais vraiment merci. Merci pour... Et vous voyez, c'est marrant, parce que tout à l'heure, je marchais et je me disais, mais quelle chance, quelle chance j'ai eue dans ma vie. Quelle joie j'ai eue dans ma vie, finalement. Beaucoup de douleur. Mais j'ai eu tellement de joie et la plus grande joie. Aujourd'hui, ma plus grande joie, c'est que oui, il y a la croix quotidienne de la séparation, du divorce, de tout ce que je n'aurais pas voulu vivre. C'est ma croix, c'est mon épine, c'est ce que je ne souhaite à personne. Mais à côté, la résurrection est une telle joie que je lui dis merci d'être mort pour nous et de nous sauver. Merci. En fait, je voulais lui dire tout simplement merci. Dans ses bras, contre son cœur, et lui dire merci,

  • Florence-Anne

    merci, merci. Et bien, un grand merci, Florence Anne, pour ce très beau témoignage.

  • Marie

    Merci, avec joie.

  • Florence-Anne

    Merci de nous avoir écoutés. Si ce podcast vous a plu, n'hésitez pas à le partager autour de vous, à laisser un commentaire et une note de 5 étoiles sur les plateformes d'écoute et les réseaux sociaux, les podcasts de FC, pour faire bénéficier de ce podcast un maximum de personnes. Pour découvrir d'autres témoignages de feu, vous pouvez bien sûr écouter les autres épisodes du podcast, mais aussi lire chaque semaine la rencontre avec un témoin touché par la grâce dans le magazine Famille Chrétienne. Et enfin, n'hésitez pas à découvrir les autres podcasts de Famille Chrétienne. Toussaint, ces témoins de la foi racontés par Bénédicte de Lelys, Maman Prie, Sexo, Sacrée Histoire et d'autres encore. Un grand merci et au prochain premier lundi du mois. pour un nouvel épisode.

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