- Anne-Françoise
Bonjour, je m'appelle Anne-Françoise et vous écoutez Un beau jour, un podcast qui donne la parole à des croyants dont la vie et la foi ont été bouleversés à jamais par un événement imprévu. Aujourd'hui, je rencontre avec vous Rebecca Ayoko, première femme noire africaine à avoir été mannequin dans la haute couture française, et égérie d'Yves Saint-Laurent dans les années 80. Elle raconte son histoire comme un miracle, que rien dans son enfance brisée au Ghana n'aurait pu laisser imaginer, et par laquelle elle redit que pour Dieu, rien n'est impossible. Bonjour Rebecca.
- Rebecca Ayoko
Bonjour, bonjour Anne.
- Anne-Françoise
Merci pour votre présence au micro d'un beau jour. Pour commencer, pouvez-vous nous présenter l'objet symbolique que vous avez apporté ?
- Rebecca Ayoko
D'abord, merci de m'avoir invitée.
- Anne-Françoise
Avec plaisir.
- Rebecca Ayoko
Je rends grâce. Alors, c'est l'évangile selon saint Jean. Et c'est parmi les quatre évangélistes, mon préféré, mon petit chouchou, c'est Saint Jean.
- Anne-Françoise
Est-ce que c'est un objet qui est symbolique pour vous en lien avec votre histoire
- Rebecca Ayoko
Ah, ça ne m'inquiète jamais, c'est tout le temps dans mon sac. Dans le transport, parfois je le lis. C'est important pour moi, je n'arrive pas à m'en séparer. J'ai besoin de ça sur moi, dans mon sac, quand je change de sac. je le sors, je le mets dans le nouveau sac, je circule avec, j'en m'accompagne.
- Anne-Françoise
Alors on va revenir peut-être sur un peu les étapes de votre parcours. D'abord, vous avez eu une enfance particulièrement difficile.
- Rebecca Ayoko
Oui.
- Anne-Françoise
Qu'est-ce que vous pouvez nous en dire aujourd'hui Qu'est-ce que vous gardez de ce passé douloureux
- Rebecca Ayoko
Elle est toujours là. Elle est apaisée, mais on a une mémoire. Donc je ne peux pas oublier. C'est-à-dire que je vais dire par là qu'un enfant qui n'a pas eu d'amour, cet enfant-là, j'ai eu une enfance brisée. Je n'ai pas joué, je n'ai pas joué, je ne savais pas ce que c'est jouer. Un enfant a besoin de la douceur, a besoin d'être aimé, et d'être bon si l'enfant exagère un peu, de le gronder, mais pas le battre comme si on... tapait sur un adulte. Moi, j'ai été battu comme si la personne avait un adulte. Cette dame, Ayoko, elle s'appelait en plus Ayoko comme moi. J'étais attaché pour dormir, pour ne pas faire. Parce qu'entre-temps, j'avais fait une fugue. Ils m'ont rattrapé, ils m'ont ramené direct. Et après, elle m'a attaché pour dormir. Et par la suite, il y a eu du viol. Ça, c'est après. Donc vous voyez, j'ai subi dans mon enfance plusieurs étapes de violence. Dans mon enfance au Ghana, j'avais à l'âge de deux ans et demi par là, quand mes parents, parce que ma mère faisait du commerce et mon père travaillait, et donc on me confiait l'oncle, qui on appelle ça l'oncle Machelong, il n'est pas de la même famille mais... En Afrique, on s'appelle tous tata, tanti, oncle et tout ça. Quand on est dans la même cour, en Afrique, on ne vit pas seul. C'est toute une famille qui cohabite ensemble, vous voyez. Donc ce monsieur qui me gardait, qui est mon parent, me confiait. Et il me prenait sur ses genoux. Alors je vous laisse deviner le reste. Je ne vais pas rentrer là-dedans parce que c'est trop douloureux pour moi. Et voilà.
- Anne-Françoise
Vous racontez cette histoire dans votre livre. Oui. Vous abordez aussi de nombreux thèmes. D'abord celui de la mode, qui occupe aussi une grande place. Après cette enfance, comment est-ce que vous êtes devenu mannequin Et en quoi cet univers a-t-il été salvateur pour vous Je me considère comme quand j'ai vu le film Les Misérables,
- Rebecca Ayoko
Cosette Misérable. C'est-à-dire l'enfance dans la misère, un peu comme en Inde, quand je vois les enfants sur les vies d'ordures en train de ramasser. Moi j'ai vécu cette vie-là, j'ai vécu cette vie-là et je peux dire que c'est la grâce que Dieu m'a donnée que je suis devenu mannequin. Ça a été une grâce reçue de Dieu, une revanche peut-être, mais je ne pense pas à une revanche. C'est la douceur du Seigneur qui m'a amené à devenir mannequin. Et là, à partir de là, j'ai commencé un petit peu, pas un petit peu, même beaucoup à m'aimer. À m'aimer parce que j'étais rentré chez Yves Saint Laurent. Il y a une chose que je tiens absolument à vous dire. Je suis la première Africaine d'être rentrée dans une maison de la haute couture française et avoir signé contrat. Je ne dis pas que je suis la première Black, non. Quand je suis arrivé, il y avait une antillaise, il y avait un black américain, mais il n'y avait pas d'africaine. Je suis la première africaine qui est rentrée dans une maison de la haute culture française, dont j'ai ouvert les portes pour les autres qui sont arrivés après. Donc ça c'est beau, j'étais contente, je dis Ah Seigneur, ce jour-là, quand je suis sorti, j'ai embrassé le ciel. Je sentais qu'il était là et au-dessus de moi, qu'il me regardait avec un sourire, le Seigneur.
- Anne-Françoise
Dieu, quelle place il a joué dans votre vie Vous avez toujours eu conscience de sa présence À quel moment est-ce que vous l'avez rencontré
- Rebecca Ayoko
Dieu a toujours été dans ma vie. Dans mon enfance déjà, je viens d'une famille catholique. Et donc, tous les dimanches, on allait à la messe. On ne déjeunait pas, on allait d'abord à la messe et ensuite après la messe, c'est là qu'on déjeunait, c'est là qu'on prenait notre petit déjeuner. Et quand mon père et ma mère se sont séparés, ma mère a continué sur cette lancée. Ma mère était très croyante, mais elle a été influencée par ma grand-mère, la maman de mon papa, qui faisait les deux. C'est-à-dire, elle allait à la messe de temps en temps. Et puis, elle consultait aussi les sorciers, des trucs comme ça, des vaudeaux, des choses comme ça. Donc, elle attirait ma mère vers ça. Mais ma mère n'a jamais aimé ça, vraiment. Et c'est ma mère qui me parlait de Dieu, qui me parlait tout le temps. Elle nous parlait de Dieu, le bienfait de Dieu. Et un jour... Je vais vous raconter une chose que je n'ai jamais dit, ce que ma mère un jour, elle a dit, que entre la différence entre le mal et Dieu, ce que Dieu a ses dix doigts, que Dieu est complet, que le mal n'a pas les dix doigts, mais dans la langage africaine, ça m'est resté. Elle voulait dire par là que tout ce que tu vas faire, il faut savoir que Dieu est... plus complet et que la cérémonie de vaudou et tout ça, Dieu a ses dix doigts.
- Anne-Françoise
Comment vous avez distingué Dieu dans le sens Jésus, de la foi catholique et ses religions ancestrales ?
- Rebecca Ayoko
Dieu m'a toujours suivi, j'ai toujours ressenti sa présence parce que quand on allait dans les cérémonies d'occultes, vaudou, machin, tout ça. Je voyais des gens qui rentraient en transe. Moi, je rigolais, on m'a dit tu te tais, sinon ça va pas être bon pour toi Par contre, quand j'allais à la messe, ça m'amusait plus d'aller à la messe et je ressentais quelque chose qui m'appesait, qui me faisait plus de bien que d'aller dans les cérémonies. Donc Dieu a toujours été là. Et plus tard, j'en ai voulu un moment à Dieu, parce que ma mère, une fois que ma mère est décédée, et bien avant ça, mon père est décédé, ensuite, quelques années après, ma mère. Donc j'en ai voulu au Seigneur, je dis, mais pourquoi il me l'enlève C'est la seule qui me reste, c'est la seule qui nous reste, et pourquoi il nous l'enlève Et je n'ai pas compris. Et donc je m'étais éloigné, à partir de là, je me suis éloigné de l'église. Je l'aimais toujours, j'ai toujours senti sa présence, mais je n'allais plus prier et je ne croyais plus ceux qui prêchaient. Je croyais en lui, qu'il y a une force. Mais il arrivait que juste avant de passer sur le podium, quelques années plus tard, quand je suis devenu mannequin, je me mettais dans un coin pour prier. malgré que je n'allais plus à l'église et que je ne croyais plus du tout à ceux qui prêchent, les prêtres, et tout, toute la clique, je ne croyais plus. Mais je me mettais dans un coin pour prier, vous voyez
- Anne-Françoise
Oui.
- Rebecca Ayoko
Ça a resté
- Anne-Françoise
Oui. Et quand est-ce que vous êtes retourné à l'église
- Rebecca Ayoko
Je suis retourné à l'église, d'abord dans les voyages. Quand on voyageait, par exemple, je suis allé en Turquie où j'ai été élu best model et 15 jours là-bas pour préparer l'organisation. Et donc, on avait des journées libres. Et on avait des chauffeurs qui nous amenaient pour visiter la ville et faire du shopping. On allait dans les sous, on se jetait sur les shopping. Et puis il y a Sophia, il y a une église qui est devenue maintenant... C'est une mosquée
- Anne-Françoise
C'est Sainte-Sophie Oui,
- Rebecca Ayoko
voilà, Sainte-Sophie. Et je suis rentrée là-dedans, là-haut, et tout en haut, ils ont gardé l'image du Christ. J'ai senti son regard pénétrant. C'est là où je suis revenu à l'église. Et après d'autres voyages, dès qu'on avait un moment, on nous donnait une journée, on avait une journée libre. Après avoir fait nos essayages, on pouvait aller se promener. Et quand je voyais une église, je rentrais dedans pour allumer une siège. Je faisais le signe de la croix et je ne me souvenais plus des prières sauf notre Père, un minant.
- Anne-Françoise
Minan qui est votre langue maternelle
- Rebecca Ayoko
Oui, du Togo. Je suis né au Ghanin, grandi en Côte d'Ivoire, mais de nationalité togolaise. Et je me sens dans les trois, je me sens aussi ivoirienne que togolaise, que ghanéenne. Au Ghanin, j'y retourne souvent dans mes rêves d'ailleurs.
- Anne-Françoise
Est-ce qu'on peut revenir sur votre collaboration avec Yves Saint-Laurent Qui a-t-il été pour vous cet homme
- Rebecca Ayoko
Saint-Laurent m'a tout apporté. C'était un grand homme, un grand homme avec une douceur, une douceur incroyable et un génie, un génie de la mode. Il n'y a plus personne comme ça dans la mode, il n'y a plus de grands couturiers comme Yves Saint Laurent. Il est numéro un, il restera le numéro un. Mais bon, je dis ça, mais on ne sait jamais. Il peut y avoir... Quelqu'un, un autre styliste qui va. Il y a beaucoup de stylistes qui montent, qu'on entend parler. Mais Saint-Laurent reste Saint-Laurent. Côté travail, côté fashion, je dors Saint-Laurent, je me réveille Saint-Laurent. Saint-Laurent m'a tout apporté. Il m'a aimé, il a posé son regard sur moi. J'ai senti cet amour dans son regard. Vous savez, le regard, ça parle. Le regard de quelqu'un vous parle. Vous avez le regard gentil et le regard de... Ouh là là, je sens que cette personne ça va pas, pourquoi Mais le regard est très important, il a posé son regard sur moi et j'ai senti cette tendresse, il avait une tendresse malgré ce grand nom et il était très sensible. Quand il arrivait chez lui, il marchait doucement, les deux mains croisées au dos. Et avec son chien qui le suivait, Moudjik, il s'appelait Moudjik. Et puis sa maman était croyante. Sa maman priait. Sa maman était une croyante. Elle portait la croix.
- Anne-Françoise
Il était croyant, lui
- Rebecca Ayoko
Saint Laurent, oui, j'ai appris qu'au chevet de son lit, il y avait la Vierge. Il y avait Marie. Mais on sentait que... qu'il avait la lumière en lui. C'est pas cette lumière qui l'éclairait. Pour un artiste, d'avoir de la création, c'est un don. Tout est don, mais la création, c'est votre cerveau, c'est l'esprit saint. C'est là où l'esprit travaille. Il vous éclaire sur quelque chose. Il vous guide, donc vous inspirez. Il va vous faire... Vous criez ce qu'ont créé des choses, des tableaux, des architectes. Et Saint Laurent, dans la mode, il s'est déventé le futur. Jusqu'à présent, tout ce qu'il a fait est indémodable. Donc Saint Laurent, oui, je crois que, sans le dire, il était croyant. Il n'a jamais dit, bon, c'est sa vie privée. C'était sa vie privée. Vous voyez, parfois, je parle de lui dans le présent.
- Anne-Françoise
Vous écrivez que le vêtement est un signe de la grâce de Dieu et un instrument de sa paix.
- Rebecca Ayoko
Le tissu, c'est quelque chose qui est vivant. Mon préféré, c'est la mousseline. Quand vous portez une robe de mousseline, c'est comme un papillon. Il suffit d'un petit vent, ça vole toute seule sur vous. Imaginez l'image d'une robe en mousseline avec des franges. Ça vole comme un papillon, comme ça. Et puis j'aime beaucoup le velours aussi. Enfin, j'aime toutes les matières, mais particulièrement la mousseline. Et Saint-Laurent aimait beaucoup travailler la mousseline, parce que la mousseline, c'est beau, mais ce n'est pas facile à travailler. Vous savez, ça vous glisse entre les doigts. Il faut vraiment, pour le couper, il faut le piquer pour ne pas qu'il s'enfuit partout avant de le couper. Et il aimait beaucoup ça.
- Anne-Françoise
Comment est-ce que vous choisissez vos vêtements aujourd'hui
- Rebecca Ayoko
J'ai un côté un peu déformation professionnelle. Je choisis mes vêtements. Comme j'ai fait de la haute couture, la haute couture c'est le luxe. J'ai pas fait que Saint-Laurent, vous savez. J'ai travaillé pour eux tous, Dior, Givenchy, Ongaro, Chanel. Je les ai tous faits. J'ai travaillé pour eux tous, jusqu'aux Etats-Unis, les plus grands, Calvin Klein et Oscar de la Rente. Anyway, j'ai travaillé pour eux tous et pareil pour l'Italie. Je sais ce que c'est l'élégance. Après avoir vécu, nagé dans ce milieu de luxe, le luxe française et mondial, donc quand je choisis, j'ai toujours ce regard que tout doit être impeccable. Oui, je choisis tout le temps mes vêtements en pensant à ce que j'ai vécu chez Saint-Laurent. Comment il m'habillait, donc quand je choisis, je me dis, ah si c'était Saint-Laurent, il allait m'aimer. Il va mélanger comme si, il va mélanger telle couleur avec ça. Il fait comme si, il faisait comme ça. Pour moi, les plus beaux vêtements, il faut aussi que ça soit à l'intérieur de la personne. Si la personne a la lumière, tout ce qu'il a, ce qu'il mentionne, lui, brille.
- Anne-Françoise
À quel moment est-ce que vous avez pris conscience aussi de la cruauté de ce monde de la mode ? Comment est-ce qu'a eu lieu la désillusion ?
- Rebecca Ayoko
La cruauté de ce monde de la mode, je ne m'y attendais pas, parce que j'avais vécu moi-même dans mon enfance déjà, la méchanceté de l'être humain qui peut faire beaucoup de mal. Et dans ce milieu de la mode, parce que c'est un milieu de compétition, c'est un milieu de compétition, donc un milieu où il n'y a pas de travail. pour tout le monde et c'est en même temps quand vous devenez mannequin quand vous travaillez beaucoup et que vous vous montez surtout pour être au top niveau vous allez sur le parcours vous allez rencontrer des moments très difficiles et des rencontres de la jalousie, beaucoup beaucoup des jalousies dedans parce que tout le monde Tout le monde devait être la plus belle, le plus beau. Dans la cabine de Saint-Laurent, à l'époque, pour embêter mes collègues, mes copines, je chantais C'est moi qui serai la plus belle puis Saint-Laurent, et s'embêter les autres. J'étais très vilaine.
- Anne-Françoise
Vous avez vécu aussi, vous, des choses très difficiles, des trahisons, des ruptures, des personnes aussi qui... Des rencontres aussi qui vous ont sauvé, à l'inverse Comment est-ce que vous diriez qu'il faut choisir ses amis
- Rebecca Ayoko
Moi, je n'ai pas vraiment choisi. Je suis quelqu'un, j'aime bien l'être humain. J'aime bien l'être humain, d'abord. Peut-être que ça vient de mon enfance, l'enfant battu. Quelqu'un me sourit, ça y est, c'est bon, c'est mon ami. Mais on choisit, mais on ne peut pas choisir le caractère de la personne. Donc on découvre la personne au fur et à mesure. Oui, j'ai été trahi par ma meilleure amie qui fait des choses affreuses. Mais plus tard, je l'ai pardonné. Ça, c'est quand j'ai eu la lumière de Dieu et que ma foi... Parce que la foi, c'est quelque chose comme une flamme qui commence doucement. C'est ce que moi, j'ai ressenti. Dans mon témoignage. Et au fur et à mesure, cette flamme a grandi. Donc, plus elle a grandi, plus vous devenez sensible et vous comprenez des choses. Vous comprenez l'être humain, les caractères. Dieu vous ouvre les yeux. Il y a une personne qui a dit une fois, je trouve que c'est juste, que quand on va vers Dieu, il vous met des loupes. C'est pas des lunettes, c'est des loupes. Et vous voyez tout ce qui se passe et il vous montre les choses. Oui, ma meilleure amie m'a trahi. Ma meilleure amie m'a trahi parce qu'elle était mal dans sa peau. Je dis ça dans mon pardon pour elle. Parce qu'une fois qu'elle m'a remplacé... chez Saint-Laurent et non seulement quand elle rentrait et qu'on était toujours ensemble et que j'allais chez elle quand elle rentrait du boulot que moi j'étais plus là elle me dit ouais Saint-Laurent c'est moi qui l'aime maintenant il ne veut voir que moi ça fait très mal mais bon ainsi va les choses.
- Anne-Françoise
Vous êtes aussi maman de deux enfants qui sont des adultes. Qu'est-ce que ça signifie pour vous la maternité ?
- Rebecca Ayoko
La plus belle chose, c'est la naissance de mon fils. Mais avant mon fils, j'ai eu ma fille aînée du viol qui s'est déroulé à l'OME. Elle est née avec la tête du violeur, ce qui fait que c'était impossible que je lui donne de l'amour. Je ne l'ai jamais pris dans mes bras, ne l'ai serré, ne lui fait des bisous. A chaque fois qu'elle s'accrochait à moi, j'avais tous les souvenirs de ce moment du viol qui me revenait. Parce que le violeur n'a pas été puni. Quand je dis puni, c'est que reconnu. Quand j'en ai parlé, on m'a dit écoute, bon c'est rien, tu n'as pas... à t'en faire, faut le garder, faut le garder pour soi. C'est pas bon que pour la famille, ça peut salir le nom de la famille. Donc, à l'intérieur de moi, je ne pouvais pas, il n'y avait pas de place pour l'amour, pour donner à cet enfant qui n'a pas demandé d'être là. Malheureusement, ça s'est passé comme ça, je ne pouvais pas lui donner de l'amour. Mais aujourd'hui ça va, parce qu'on s'entend bien. Grâce à la foi. D'abord, pardonner le violeur, j'ai pardonné, mais j'ai une mémoire. C'est pareil que pour ma meilleure amie. Je l'ai pardonné, je veux qu'elle rentre dans la lumière, là où elle est, que Dieu reçoit son esprit.
- Anne-Françoise
Comment est-ce que vous pardonnez ?
- Rebecca Ayoko
Par la prière, en chuchotant. D'abord, je demande à Dieu pour qu'il me donne la force de pouvoir pardonner, parce que ce n'est pas évident de pardonner. C'est difficile. Mais le pardon, Dieu vous l'accorde tout de suite. Il aime bien qu'on pardonne. Donc, il vous l'accorde tout de suite, la lumière pour pardonner. Et ça s'est passé devant le Saint-Sacrement. Comme quoi qu'il faut croire, Dieu existe vraiment. Je peux vous le dire, j'en témoigne. Dieu est là, il veille, il entend tout, il sait tout.
- Anne-Françoise
Quel conseil est-ce que vous donneriez à quelqu'un qui cherche Dieu dans un monde où tout l'en sépare ?
- Rebecca Ayoko
c'est Dieu qui le cherche en premier. Je dirais à cette personne, mais ça fait longtemps qu'il vous cherche, il est là, il est derrière votre porte, la porte de votre cœur, il frappe. Il suffit que vous ouvrez, parlez-lui, il est là, il attend que vous lui disiez. J'ai envie de vous connaître, des mots simples. Et il vous attend depuis longtemps, c'est lui qui vous attend. Et il espère qu'un jour vous allez lui répondre. Donc n'hésitez pas. Et si vous ne pouvez pas parler comme ça, allez-y dans une église. Allez-y dans une église et chuchotez. Parlez-lui directement, même dans la rue, en marchant vous pouvez lui parler. Dieu est là, il n'attend plus que vous. Il nous aime. Éternel est son amour.
- Anne-Françoise
Est-ce qu'il y a une prière qui vous touche, vous plus particulièrement ?
- Rebecca Ayoko
J'aime bien les psaumes. Et puis j'aime bien les prières de la Vierge Marie. Ma colombe cachée au creux de... Voyez cette prière. J'adore cette prière. Oui, j'aime toutes les prières. Et puis il y a aussi l'Exode, quand ils ont traversé la mer Rouge. Et puis les évangiles. Je n'arrive pas à choisir. Je ne peux pas choisir, tout me parle, je suis comme une éponge. J'absorbe toutes ces prières-là et je les garde à l'intérieur de moi et je médite là-dessus.
- Anne-Françoise
Est-ce qu'il y a un livre que vous avez aimé qui vous a aidé à avancer ?
- Rebecca Ayoko
J'aime bien prendre la Bible et hop,l'ouvrir comme ça. Je l'ai en main, elle est fermée et hop, je l'ouvre comme ça. Et je lis la page sur laquelle je suis tombé.
- Anne-Françoise
Et vous, si vous étiez devant Jésus aujourd'hui Qu'est-ce que vous lui diriez vis-à-vis de votre histoire Mon doux Jésus.
- Rebecca Ayoko
D'abord, Jésus, je l'embrasserais les pieds. Pourquoi les pieds Je veux dire que quand je vois Jésus sur la croix, il y a quelque chose qui traverse mon cœur. C'est ses pieds. Parce que le poids sacrifié comme ça pour nous, le poids de tout son corps sur les pieds, sur ses pieds. Et ça me donne la chair de peau quand je vois ça. Et j'embrasserai ses pieds. Je vais revenir à votre question. Un jour, à Marie, je dis à Marie, j'aurais bien voulu être là quand j'étais petit. Je serais venu vous voir gratuitement. J'aurais fait babysitting pour garder le Christ. Dites-vous bien qu'Elma est aussi. Dans ma paroisse, dans mon monastère, un jour comme ça, on est venu me demander si je veux garder le Saint-Sacrement, mais pas qu'une seule journée. Sur une année, j'ai gardé le Saint-Sacrement. Voilà, j'avais mon jour de ma garde, j'étais devant lui. Et donc, oui, la question, revenons à ma question.
- Anne-Françoise
Sur ce que vous diriez à Jésus sur votre histoire
- Rebecca Ayoko
Je lui dirais en premier, merci. Je lui dirais en premier merci et je lui dirais que je l'aime, que je l'aime et que j'espère qu'il m'aime aussi.
- Anne-Françoise
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