- Speaker #0
On a un problème aujourd'hui avec l'extrême droite, ils ne savent pas s'ils doivent sortir leurs enfants dans la rue ou pas. Il y en a qui vont privilégier plus la punchline, rire pour faire rire. On est volontairement induits en erreur. Alors, on va couper, on va couper.
- Speaker #1
Bonjour, je suis Alexis Iméros et vous écoutez Un Café au Comptoir.
- Speaker #0
Un Café au Comptoir. Un Café au Comptoir.
- Speaker #1
Sur le remarquable site... internet qu'il a programmé avec des notions de HTML de 1997, mon invité du jour se décrit comme le recordman actuel de la tentative de plus longue pause dans le passage d'un permis de conduire. La description ironique qu'il donne de lui-même nous renseigne sur son caractère éminemment sarcastique. Né en 1977, cet homme aux multiples talents, comédien, écrivain, photographe, réalisateur, est un de nos rares contemporains dont la plus folle des créations est devenue une antonomase. Est-ce une maladie ? À quoi fais-je allusion ? Patience, vous allez le découvrir. Originaire de la région bordelaise, il rêvait d'être producteur cinématographique, mais par peur de devoir regarder l'intégrale des films de Claude Lelouch, il a fait l'impasse sur l'école de cinéma. Ce sera plutôt art du spectacle, option restauration. C'est ainsi que pour postuler dans une célèbre chaîne de fast-food, on raconte qu'il s'est affublé du costume de Gros Quick, pour faire bonne impression. Ni spécialiste du chocolat, ni expert en hamburgers, Il se révèle être en revanche bien plus doué pour la répartie cinglante. Et son sens de l'à-propos brille dans les forums de l'Internet des années 2000, c'est-à-dire avant Twitter, avant X. À une époque où le troll n'était encore qu'un lutin de la mythologie nordique, mon invité excellait déjà dans la diffusion de messages à haut potentiel polémique. Mais loin de la médiocrité haineuse des commentateurs des années 2020, lui se lance dans la critique aiguë et impertinente d'une chaîne de télé nouvellement créée sur la TNT. Direct 8. Il entrole tellement bien les forums qu'il réussit l'exploit de se faire remarquer et embaucher par la chaîne de Vincent Bolloré. Là-bas, afin de cacher ses amitiés socialistes, il refuse de tutoyer le milliardaire pour lequel il reconnaît cependant éprouver une certaine admiration. Seul photographe en CDI à la télévision française, il reste 8 ans chez Direct 8, persuadé qu'il aurait eu affaire 9 ans chez W9 ou 12 ans sur NRJ12. Mais il s'y ennuie ferme et jaloux de Lise Rucha, Miss Aquitaine 2006, devenue quatrième dauphine de Miss France 2007, et native comme lui de Villeneuve d'Ornon, tout est vrai, il décide à son tour de se lancer dans un projet d'envergure nationale. Autre déclic, en 2012, quand il entend Sarkozy dire son casse-toi pauvre con il décide de s'enrichir, et lance un compte Twitter, initialement intitulé Le démon anagramme du journal Le Monde, avant d'y renoncer suite à la requête du curé de son ancien patron, Vincent Bolloré. C'est ainsi que, fasciné par la Corée du Sud, il nomme son projet Gorafi, persuadé qu'il s'agit d'une variante d'une taekwondo. Et c'est un succès. Art martial de fausses citations du canard enchaîné déclenchant de vrais débats. Les articles du Gorafi sont parfois vus comme de vraies sources par ceux qui ne font pas la différence entre réalité délirante et délire sur la réalité. Courtisé par la télé, c'est pourtant... ailleurs qu'il s'éclate quand il ne retravaille pas son site internet. La voile, paraît-il, à moins qu'il ne nous mène en bateau, tout est possible. Un peu comme quand il écrit, sous le pseudo de Silbourné Grandio, la série Michael Nolan, un vrai faux roman de gare traitant du secret de la porte de l'Atlantide. Ok, si vous avez du mal à démêler le vrai du faux dans toutes les affirmations de ce portrait, c'est parce que mon invité est un personnage hors normes. Mais restez avec nous. Nous sommes au Bistrot du Croissant, rue Montmartre, à Paris, à l'endroit même où Jaurès a été assassiné le 31 juillet 1914 par quelqu'un qui ne supportait pas qu'une station de métro porte son nom. Et je vais prendre un café au comptoir avec le patron du site d'information parodique, le Gorafi. Bonjour Sébastien Liébus.
- Speaker #0
Bonjour.
- Speaker #1
Le Gorafi, site parodique ou site satirique ?
- Speaker #0
Moi je dirais satirique, parce que là j'ai toujours vu la satire comme le... miroir de la société, un miroir déformant et qui va vraiment jouer en fait sur l'ironie. En fait la satire a ce super pouvoir de pouvoir jouer sur plusieurs niveaux de comédie ou de comique qui va d'un humour à la fois peut-être très sérieux, parfois de verser dans la parodie pure et dure et parfois de rester voilà de faire de l'ironie, d'inverser des situations donc ça permet une pléthore d'effets comiques Et je trouve que satire, c'est un terme en plus... La satire, c'est un truc très français. C'est très ancien. Rabelais faisait de la satire. Voltaire faisait de la satire. Tandis que parodique, on a l'impression à l'oreille que ça sent plus léger. C'est moins profond. J'ai beaucoup de respect pour la parodie. Et je pense qu'on peut dire que le Gorafi est un site... parodique et satirique. Mais j'aime bien le côté satire. Il y a un côté, je ne dirais pas un peu noble dans le truc, mais à l'oreille, genre serious business presque.
- Speaker #1
C'est un peu pour montrer qu'il y a une vraie différence, qu'il y a un vrai travail. C'est quelque chose sur lequel vous insistez beaucoup. Il y a énormément de travail sur tous les titres, tous les articles du Gorafi, sur tout ce que vous faites.
- Speaker #0
C'est un travail énorme. On est en plus une... Alors les gens... ne savent pas mais on est une très grande équipe, on est environ 450 dans le monde, 52, 452, et il y a un élan, on travaille en fait pour arriver au titre final, c'est à dire que des fois on va arriver sur un titre un peu brut et on va le travailler comme un diamant, jusqu'au moment où on va trouver la très bonne formulation et des fois on peut passer en discussion avec les auteurs une journée entière parce que de prime abord le titre semble pas mal mais il y a un truc à arranger donc voilà on va le travailler ensemble pour arriver au titre final. Et moi, je dis souvent, le graphisme, c'est sur le titre, c'est la qualité du titre, c'est la première chose que le lecteur va repérer, et il faut aussi qu'on sorte du bruit. C'est l'accroche. Il ne faut pas oublier qu'on est noyé dans une masse de réseaux sociaux, donc il faut que votre titre sorte de l'ordinaire, il attire le regard. Donc c'est un travail très pointu, et en même temps, il faut qu'il soit à la fois drôle, percutant, mais il ne faut pas non plus qu'il soit trop drôle, il ne faut pas qu'il soit trop parodique. Il ne faut pas que de suite, le cerveau repère que c'est une blague, que c'est une parodie, parce qu'il va la mettre de côté. Et en même temps, il ne faut pas que le titre soit trop anodin, parce que là, c'est le risque que le cerveau ne remarque pas la blague et il le met aussi de côté en disant bah oui, ça c'est un vrai titre Donc, il faut trouver le juste milieu qui fait que votre cerveau, il va arriver sur le titre et il va le lire une fois, deux fois. Trois fois, il va repérer qu'il y a une dissonance, qu'il y a quelque chose qui sonne faux. Parce qu'en fait, nos titres, c'est les titres de presse. On travaille beaucoup sur la presse. Donc, moi, je dis souvent, on va reprendre la musicalité du titre de presse. Et pourquoi Logographie est devenue aussi populaire ? Pourquoi les titres sont aussi viraux ? Ce n'est pas tant la blague, en fait. Mais c'est cette manière de mettre la blague à l'intérieur du titre, que le titre, dans son côté sérieux, écrase la blague. Ce qui fait que votre cerveau, quand il voit notre titre, il dit, tiens, c'est pas mal, ça me rappelle quelque chose. Et il va lire jusqu'à comprendre où ça coince. Donc, c'est vraiment un travail d'orfèvre de vraiment tailler, recouper, enlever un mot, une phrase trop longue, une formulation. Et moi, je dis souvent, je préférais tellement, par exemple, quand X, mon Twitter, était en 140 caractères, parce que ça nous obligeait à trouver des formulations. concise, précise, à vraiment se concentrer sur l'essentiel. Tandis que maintenant, avec les 240 caractères, 300, voilà. Mais en fait, il n'y a plus cette concision. Et des fois, moi j'en parle souvent avec les auteurs, ils arrivent avec des titres trop longs. Je suis un peu en mode vieux con, en mode c'était mieux avant. Et je suis un très, très grand nostalgique de l'époque des 140 caractères. C'est-à-dire être le plus concis et précis.
- Speaker #1
La force de l'ironie. Aujourd'hui, on a l'impression qu'à chaque fois qu'on fait une... petite blague par écrit, on se croit obligé de devoir mettre un smiley.
- Speaker #0
Non, mais c'est surtout l'humour à la française, ça. Qui est en fait un humour où il faut qu'il y ait une punchline, il faut que ça fasse marrer immédiatement. Tandis que moi, je suis plus dans un humour anglo-saxon qui est fin, qui n'a pas besoin d'être à tout prix en mode Ah, regardez, riez à cet endroit-là Moi, je suis plus de cette école-là, les Monty Python, des trucs comme ça. On peut dire que c'est presque un peu une vieille école. Mais moi, je me souviens quand j'ai découvert The Onion, qui est l'équivalent du Gorafi aux Etats-Unis, j'ai réalisé que j'écrivais comme The Onion avant de découvrir The Onion. C'est-à-dire que je jouais avec les références, cette finesse, parfois ce petit côté de référencer, recherche, et que la blague, elle n'est pas là, elle ne saute pas aux yeux immédiatement. C'est un jeu avec le lecteur de lui laisser des petites miettes de pain et que c'est à lui de reconstituer. On situait le puzzle. Ça, c'est un truc que j'aime énormément. Je n'aime pas vous mettre toutes les clés immédiatement. Et j'aime bien quand l'humour est un humour un petit peu, on va dire, intérieur, où on rit comme une connivence avec le lecteur. Comme si on était les deux seuls à comprendre la rèfle qu'on a dans ce texte que personne d'autre n'a compris.
- Speaker #1
Il y a de l'humour dans certains titres de presse. Je pense à Libération.
- Speaker #0
Mais ce n'est pas...
- Speaker #1
Ça ne vous fait pas marrer.
- Speaker #0
C'est plus des jeux de mots, en fait. Et puis, c'est leur marque de fabrique. C'est moins mon truc. C'est pas que ça ne me fasse pas marrer, c'est leur marque de fabrique en fait. Donc, on s'attend, comme l'équipe, par exemple, qui fait des jeux de mots aussi. C'est quelque chose auquel on s'attend et tout. Donc, ce n'est pas un souci. Non, après, il y a eu des cas. Moi, j'ai repéré un truc que j'aime bien faire. C'est corriger les titres de presse quand je vois que le titre ne reflète pas.
- Speaker #1
Et ça, vous le racontez en interview.
- Speaker #0
La réalité.
- Speaker #1
Vous allez corriger des titres que vous voyez sur Twitter. Voilà, c'est ça. Réprimander. taper sur le bec du journaliste.
- Speaker #0
Des fois, oui, on se rend compte qu'il y a des raccourcis, il y a une volonté de faire passer un message qui n'est pas... L'exemple que je cite... Il y a à la fois quand les journaux essayent de courir après le Gorafi en faisant des titres à la Gorafi, et parfois il y a les risques de faire un titre complètement mensonger, qui peut être très dangereux derrière. En titre, façon Gorafi, il y a BFM qui un jour... titre, il cambriole un presbytère et tombe sur un ancien judoka.
- Speaker #1
Un judoka, oui.
- Speaker #0
Voilà. Et en fait, dans le cœur de l'article, on voit que le judoka a quand même fini à l'hôpital. Donc, c'est plutôt cambriolage d'un presbytère, un blessé. Le fait que ce soit un ancien judoka, en fait, est accessoire dans l'histoire. Mais le journaliste a revenu.
- Speaker #1
Dans le titre, on pense que le mec a fini.
- Speaker #0
Voilà, il y a un effet comique. Ça, c'est un exemple. Et c'est le moment où, en fait, on a vu que la presse traditionnelle, voyant que nos articles... drôles étaient viraux, ils se sont dit, nous aussi, on va faire de la titraille drôle. Ce n'est pas leur taf.
- Speaker #1
C'est ce que je disais tout à l'heure. Je parlais d'anthonomase dans le portrait, c'est-à-dire le fait de rentrer dans le langage courant. Il nous fait une goraphie. On peut entendre ça dans certaines rédactions. Ah ben non, ça fait trop goraphie.
- Speaker #0
Mais après, ils se disent, il faut que ça soit virail, il faut que nos articles soient partagés sur les réseaux. Je comprends, mais attention à ne pas dire... C'est une pente glissante. Un autre exemple, c'est quand tu as eu l'incendie de Loubrizol à... à Rouen, et 20 minutes, a fait un article qui reproduisait le verbatim maladroit du préfet, et c'était selon le préfet, la fumée de l'incendie est toxique, mais pas trop Et en fait, les propos du préfet lui disaient qu'il ne savait pas encore le niveau de toxicité de la fumée. On est le soir même de l'incendie, donc il y a des gens qui sont exposés encore à ça. Ils ne savent pas s'ils doivent sortir leurs enfants dans la rue ou pas. Et il y a ce titre qui sort et qui est d'une maladresse totale qui prend l'événement comme une blague. Et derrière, Valéry Nutt a dû faire machine arrière pour s'excuser. En fait, il se dit, c'est vrai que la petite raille était malade.
- Speaker #1
C'est marrant parce que ça vous marque. Ça vous marque parce que j'ai déjà entendu vous citer cette anecdote dans une autre interview. Et ça vous marque, c'est un peu comme si vous aviez une si haute opinion du journalisme qu'il ne faut absolument pas qu'ils aillent sur le terrain où vous vous excellez.
- Speaker #0
Mais en fait, un autre exemple aussi que j'aime inciter, c'est toujours 20 minutes, qui titre un acteur de la Casa de Papel jugé au tribunal de Caen. Quand vous lisez le titre, vous avez l'impression qu'il y a un acteur de la Casa de Papel qui a dû se faire arrêter.
- Speaker #1
C'était une reconstitution, c'était un faux tribunal.
- Speaker #0
Un concours d'éloquence. Et il jugeait un personnage de la Casa de Papel. Là, on a un titre complètement mensonger. Et le problème de la presse, c'est que on est censé faire confiance à la presse. C'est-à-dire qu'on se dit, on lit un titre, on lui fait confiance. Tandis que là, on est volontairement induit en erreur. Ouais, il faut bien qu'ils vendent du clic, c'est normal. Mais il y a un moment où, en fait, tu ne peux plus faire confiance à la vraie presse. Et moi, je dis souvent, restez dans votre domaine. Parce que nous, on ne va pas non plus s'amuser à faire des vrais titres. Donc, c'est une des problématiques de la titraille aujourd'hui, des complexes auxquels nous, on est confrontés, avec une certaine presse qui essaye de marcher sur nos plates-bandes, de grappiller du clic à tout prix.
- Speaker #1
On reviendra après sur l'humour français, sur les médias qui traitent de l'humour, mais avant on va faire un vrai ou faux.
- Speaker #0
Un café ou faute.
- Speaker #1
Vrai ou faux, vous n'avez pas de community manager pour le Gorafi, et vous avez du mal à lâcher.
- Speaker #0
Alors, ce n'est pas que j'ai du mal à lâcher, j'adorerais le lâcher, c'est que dans les médias, je n'ai pas le choix. Donc, si j'avais un community manager, je pense que j'aurais lâché il y a un moment, mais j'adorerais le lâcher à quelques lestes et pouvoir me concentrer. uniquement par exemple sur l'écriture.
- Speaker #1
Parce que là, on a fait une petite pause le temps du jingle pour que vous puissiez envoyer votre info du jour.
- Speaker #0
Exactement. Non, mais pour l'instant, c'est encore très centralisé. J'aimerais bien...
- Speaker #1
Peut-être que vous aimez ce côté artisanal.
- Speaker #0
Oui et non. Après, c'est un certain type de fonctionnement. Je ne rentrerai pas dans les détails, mais dans les médias, on est obligé de fonctionner comme ça.
- Speaker #1
Votre livre, Le plein emploi, devait être préfacé par Bruno Le Maire et Marilène Schiappa, mais vous avez eu peur du tour érotique de leur écriture à demain.
- Speaker #0
Oui, sans doute. Mais d'ailleurs... ce qui est marrant c'est que tu cites celui-là et tu as cité tout à l'heure le Michael Nolan parce que ça se prononce Nolan ah ouais Nolan pardon comme volant mais Nolan j'en ai vendu 200 mine de rien pour un délire écrit l'été dernier plein d'emplois j'en ai vendu un un ?
- Speaker #1
mais non c'est génial si j'en ai vendu un je précise que pour trouver ces livres voilà les livres de Sébastien et Sébastien Lim sont téléchargeables sur Amazon, c'est une auto-édition.
- Speaker #0
C'est un délire,
- Speaker #1
comment ça ne l'est pas ?
- Speaker #0
Non, mais j'ai découvert l'auto-édition l'été dernier, en fait, parce que j'aime écrire, et que surtout j'envoyais des manuscrits aux éditeurs qui, à chaque fois, me disaient Non, ce n'est pas ouf, beaucoup trop de fautes de participes passées. Donc, je me suis dit Pourquoi j'écris ? J'écris pour moi ou j'écris pour un mec dans un bureau qui va me dire oui ou non ? dans six mois, en fait. J'ai dit non, j'écris pour moi, j'écris pour être lu avant tout. Donc, je me suis dit tiens, et je me suis renseigné sur l'auto-édition sur Amazon. Alors oui, c'est mal, c'est pas bien, c'est Amazon. Et ça fait du tort aux libraires.
- Speaker #1
C'était pas sur ce côté-là. Non,
- Speaker #0
mais je sais, parce que c'est aussi une problématique à part entière. Mais voilà, moi, j'aime écrire pour être lu. Et je ne vais pas attendre dans mon coin, en fait, que... tel truc, attendre une validation pendant des mois et tout. Et voilà, je l'ai mis en ligne. J'en ai lu quelques pages.
- Speaker #1
Je ne l'ai pas lu en entier.
- Speaker #0
J'en ai lu quelques pages. Parce qu'en fait, j'en ai vendu un. Et tu sais, il y a l'abonnement Kindle KDP qui dit que tu peux être rémunéré aussi à la page. J'en ai lu quelques pages. Ça m'a aimé penser. Donc c'est toi. C'est amusant parce que j'ai écrit les deux quasiment de front. En parallèle, je veux dire. Et donc du coup voilà. Mais oui, le plein d'emplois, il n'y a pas beaucoup d'humour, c'est très sérieux et c'est vraiment un regard très froid sur l'avenir qu'on nous réserve. Si demain on vient de me dire, non, en fait, écrire, ça ne sert à rien. Maintenant, vous avez l'IA générative, trouvez un autre travail, va sur les chantiers parce que là au moins, tu seras utile. Donc, ça pose une vraie question. Et on a aussi aujourd'hui des gens dans certains corps de musique qui sont menacés par l'IA. les doubleurs, les illustrateurs, les auteurs. L'IA générative, moi je dis souvent, l'IA générative apporte plus de problèmes qu'elle n'en résout. Elle n'apporte rien, elle ne change rien, elle complique tout. L'IA générative c'est dramatique en fait. C'est une catastrophe et citez-moi un seul truc que l'IA générative a fait bénéfique en fait. Depuis deux ans, depuis trois ans qu'elle existe, rien. Rien du tout. Voilà, c'est juste là.
- Speaker #1
Elle n'est pas capable de faire un titre pour Logographie ?
- Speaker #0
Ou alors, moi, j'ai testé le chat GPT et les titres que j'ai reçus me faisaient penser aux titres que je reçois par mail. C'est-à-dire des gens qui lisent Logographie, qui disent Ah, j'adore Logographie, je vais faire des titres comme eux. J'aime beaucoup ces gens-là. Et des fois, bon, on a des titres... Moi, je dis ça, mais on a engagé quelqu'un qui nous avait envoyé des titres par mail. Donc, ça ne veut rien dire. Mais des fois, on a des titres qui sont genre... Voilà, qui ne sont pas du tout dans la construction qu'on cherche, avec des jeux de mots. Des titres en deux parties, très longs, enfin voilà, c'est des trucs. Et Chachipiti fait que des titres comme ça, en fait. C'est exactement tous les titres, on dirait le B.A.B. des titres que je refuse. Donc, non, pour l'instant, et quand j'entends Musk qui dit que bientôt, Grok, l'IA Generati de Twitter, ou de X, fera des titres comme The Onion, c'est parce qu'il déteste The Onion. Évidemment, parce que Onion, c'est cette satire que lui va dire biaisée, mais c'est la satire politique qui va lui renvoyer son reflet, et ça, le mot biaisé revient énormément dans la bouche. de l'extrême droite, et même sur nos commentaires qu'on a, nous, sur notre site, on nous accuse parfois d'être politiques. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, le mot politique est devenu une insulte. C'est-à-dire que si vous voulez disqualifier quelqu'un dans une discussion, dans un échange argumentaire, vous avez juste besoin d'abattre la carte politique. Vous êtes politique. Alex, attention, tu es sur une tournure politique. Tu deviens politique. Et en fait, politique devient un synonyme de biaisé, partisan, sectaire. Voilà, et des fois... Aujourd'hui,
- Speaker #1
il y a un humour politique. J'entends par là. Il y a des humoristes qui, alors, disent qu'ils ne le sont pas, mais on sait pertinemment... de par les personnes qui les produisent, de par les personnes qui possèdent les chaînes de télé sur lesquelles ils performent, qu'ils sont dans le jeu politique.
- Speaker #0
Mais nous, on fait de la satire, comme je disais tout à l'heure, on fait de la satire politique. Le Gorafi, il est politique depuis 2012. Donc, quand on fait, et les critiques dont je te parlais, on les a reçues quand on a fait des blagues, des articles sur Zemmour, mais sur Mélenchon, sur tout le monde, ou même sur Macron. Et généralement... les partisans les plus extrêmes de ces gens-là vont commenter, nous attendre, en disant Ah ouais, ça y est, le Gorafi devient politique. Ah, le Gorafi, je préférais quand vous ne preniez pas parti. Ah, ça a changé le Gorafi, vous devenez partisan. Enfin, voilà. On voit, et on fait les mêmes blagues qu'il y a dix ans, mais on voit à quel point le monde du discours politique, déjà, c'est énormément, on appelle ça concentré, c'est radicalisé. J'essayais de... de trouver un autre mot, mais là, ça ne me vient pas en tête. Mais on voit à quel point, aujourd'hui, les réseaux sont tendus et qu'on va faire une blague sur Zemmour et de suite, c'est comme par hasard, Zemmour, le Gorafi, vous devenez politique. S'attaquer à Zemmour, c'est politique. Vous voyez à quel point il y a eu un travestissement du mot politique. Et moi, j'ai souvent, mais le Gorafi, il fait de la satire politique depuis 12 ans, les mecs. La satire, c'est un miroir qu'on tend. un miroir de la réalité et des fois ce reflet il n'est pas très beau à voir et aujourd'hui on a ce côté aussi il y a ce discours de neutralité, on nous dit soyez neutre, vous n'êtes plus neutre on n'a jamais été neutre, on a toujours été dans cette tendance progressiste même si certains tenants macronistes ont vidé du sens le mot progressiste mais on est dans le sens de l'histoire on ne va pas faire brutalement un article pour interdire à des gens d'obtenir des droits. On va faire un article pour dire, il faut enlever le... Par exemple, il faut revenir sur le mariage homosexuel, il faut revenir sur le droit civique aux Etats-Unis. Ça n'a aucun sens, en fait. Donc, nous, on fait cette satire qui va, en quelque sorte, dans le sens naturel de l'histoire. Et on a un problème aujourd'hui avec l'extrême droite qui, aux Etats-Unis, vous avez un site satirique qui s'appelle Babylon Bee, qui à l'époque était un site religieux qui a été racheté et qui est devenu un site de satire politique d'extrême droite. qui est géré par un mec qui est opposé à toute forme d'avortement et qui est prêt à payer pour interdire l'avortement, même en cas de viol. Et les articles de Babylon Bee sont retweetés par Trump et par Musk, non pas parce qu'ils ont été piégés, non, parce que ça épouse complètement leur ligne directrice. Et du coup, ils vont taper sur les démocrates, sur les minorités, sur les LGBT. Et là, Musk va dire, regardez, voilà le vrai principe de neutralité. Mais pourquoi taper sur des minorités ? La satire, c'est une arme politique de défense qui part de bas en haut. C'est pour s'attaquer aux puissants. On ne va pas s'attaquer à des gens qui ne peuvent pas se défendre. Ça n'a pas de sens. C'est juste du bullying. C'est juste du harcèlement basique, classique. Et ça n'apporte rien, en fait. C'est ridicule, c'est grossier, c'est grotesque, c'est méchant. Mais voilà, l'extrême droite, aujourd'hui, est en train de prendre la satire à bras-le-corps de Hédan. pervertir complètement les instruments et après de dire c'est le graphique qui est biaisé. Le mouvement arrive en France parce que vous avez plusieurs comptes X parodiques, satiriques qui sont ultra violents. Il y en a qui s'attaquent à des élus comme Sandrine Rousseau. Vous avez d'autres qui vont parodier des sites comme Médias Avenir, mais qui sont vraiment ultra racistes, xénophobes et tout. Et comme il n'y a aucune modération sur X, ces gens-là font ce qu'ils veulent. C'est le free speech. de masques. Mais ça va plus loin parce que derrière,
- Speaker #1
c'est aussi... Si on les empêche de s'exprimer, ils vont crier la censure.
- Speaker #0
Et derrière, en fait, ce qui est visé, et surtout en France, c'est l'abrogation des lois Guesso. Les lois Guesso, c'est les lois qui ont mis en tant que crime l'allégationnisme et l'antisémitisme. Et il y a certains tenants... des médias français que je ne citerai pas, qui affirment que ces lois jouent l'effet inverse et augmentent la haine contre ceux qui veulent dire qu'ils sont antisémitistes et racistes. Vous voyez l'inversion complète de point de vue, de regard, en disant que désormais, on ne peut plus dire qu'on est antisémite et raciste sans se faire harceler. C'est très violent, alors que s'il n'y avait pas ces lois, on pourrait s'exprimer, on n'aurait pas ce problème-là. C'est un renversement complet de valeur. C'est fou. Et je vous jure, j'ai vu passer un article du JDD, trop tard, je l'ai cité, d'une journaliste très connue qui officie sur cette chaîne, qui appelait à la bregation. des lois Guesso qui disaient que le problème de la parole, pourquoi il y a une parole raciste en France, c'est à cause des lois Guesso. C'est fou quand même d'en arriver à ce genre de propos. Et c'est pas du Gorafi, j'ai envie de dire.
- Speaker #1
Et ça ne vous fait plus rire du tout ?
- Speaker #0
Moi, ça ne me fait pas rire du tout. Parce que vous avez ça, mais vous avez aussi les attaques contre la liberté d'informer, le droit à l'information. La législature, la dernière législature a passé énormément de lois, soi-disant pour gérer les fake news, tout ça. par rapport à ce qui s'était passé durant l'élection d'Emmanuel Macron avec l'affaire Fillon, par exemple. Fillon prétendait que c'était des fake news sur son affaire de costume qui lui avait fait perdre l'élection. Et qu'ils ont fait passer des lois qui permettent à un juge de suspendre désormais un titre ou la publication d'un article si, et c'est au seul regard du juge, si ce titre peut induire en erreur les électeurs. On peut même créer un... de gêner la bonne tenue de l'élection. C'est le seul juge qui va décider ou pas si cet article peut poser problème. Et avec cette loi, l'article du canard enchaînant peut être suspendu. Sauf qu'en fait, et nous, on a été invités à l'Assemblée nationale. On leur a clairement dit qu'il n'y a pas eu d'influence. On l'a vu aussi à l'élection américaine. Il n'y a pas eu vraiment d'influence des fake news dans l'élection américaine. Ça a plus polarisé les voteurs, les votants, les voteurs. Excusez-moi. On va couper, on va couper. Les votes de chaque camp sur ces positions, plutôt que des switch d'un camp à l'autre. C'est-à-dire que les gens qui hésitaient un peu à voter Clinton, ça les a renforcés dans leur vote. Les gens qui hésitaient à voter Trump, ça les a remboursés. Il n'y a pas eu de switch d'un camp, d'un mec démocrate qui dit tiens, je vais voter Trump en fait Mais elles ont existé, c'est fait que nous, on a été inondés pendant des mois et tout ça. Donc, c'est un vrai problème. Mais moi, le souci que je pointe, c'est que le gouvernement a mis au point des outils qui, une fois qu'il sera entre les mains de quelqu'un de très mal intentionné, peut s'amuser à suspendre tel type de presse qui va juger. contraire ou qui ne va pas aimer.
- Speaker #1
On est dans un glissement.
- Speaker #0
On est dans un glissement. Demain, si on a fait des articles parfois très corrosifs durant la campagne, qu'est-ce qui empêchera ce gouvernement de dire, ah mais non, c'est la tridigraphie, non, non, suspendez-le. Moi, j'ai le souvenir d'avoir reçu un mail pendant la présidentielle, je crois que c'était 2017 ou 2022, de quelqu'un qui nous demandait d'arrêter de faire des articles politiques pendant la durée de l'élection présidentielle, estimant que la France était déjà... suffisamment divisés comme ça, il ne fallait pas un rage de feu.
- Speaker #1
Est-ce que vous avez des menaces, des pressions politiques ?
- Speaker #0
Non, on a cette chance de vivre dans un État de droit, donc on risque relativement rien. Moi, je vois la situation de sites satiriques au Moyen-Orient, au Maghreb, où certains ont même dû s'arrêter pour éviter que leur famille soit emprisonnée. Pour citer par exemple Elman Char, qui est un site satirique en Algérie, où la rédaction a dû se dissoudre pour éviter... des problèmes avec leur famille. Il y a un autre site qui s'appelle Alderwood, en langue arabe, qui opère un peu en Syrie et au Proche-Orient. Et une des rédactrices de ce site satirique, lors d'une soirée à Beyrouth, elle me racontait qu'elle avait discuté avec un gars qui s'est présenté directement à elle comme un agent libanais des services secrets, et qui lui expliquait Mais on sait qui écrit pour vous, vous êtes surveillé. Mais vous êtes marrant, donc on ne vous fait rien. Donc,
- Speaker #1
voilà.
- Speaker #0
Quand quelqu'un vous dit ça, moi, je sais que nous, on est relativement tranquille en France. On peut publier ce qu'on veut sur Emmanuel Macron, sur Michel Barnier et tout. Je ne vais pas avoir un courrier demain, ou quelqu'un qui va me dire, il y a eu une plainte contre vous pour diffusion de fausses informations et tout ça. Donc, on est relativement bien lotis et on devrait se féliciter. Mais, avec les lois qui ont été passées, Moi, dans un ou deux ans, un rassemblement national au pouvoir peut très bien prendre telle ou telle loi disant non, cet article est trop moqueur et peut provoquer un problème sur les élections locales. Et encore, moi, je trouve que d'un point de vue, nous, on opère à l'échelle nationale. On est relativement, on n'a jamais eu de problème. Mais je discute beaucoup avec les sites satiriques locaux. donc en Mayenne et tout ça. Je salue par exemple Ouest-Franc, qui opère en Mayenne. Eux, ils ont beaucoup plus de difficultés parce qu'en fait...
- Speaker #1
Ils sont identifiés directement.
- Speaker #0
Au-delà de ça, il y a énormément d'enjeux au niveau local, c'est-à-dire que des députés, des maires, il y a beaucoup d'argent. Il y a des collectivités locales, il y a des contrats, tout ça. Donc, c'est très compliqué pour eux. Et on a eu des cas de sites satiriques condamnés pour diffamation. Et j'avais discuté avec un... un auteur de site satirique, qui était cité au tribunal, non pas pour le motif qu'il avait fait un article qui était problématique, pour tel ou tel truc, mais parce qu'il jugeait que son site était trop bien fait. C'est-à-dire que la mise en page était trop belle, donc ça pouvait induire en erreur. Et moi, je lui ai dit, écoute, si vraiment tu es cité au tribunal avec ça, tu m'appelles, moi je viendrai témoigner en disant, pourquoi on fait un site avec une mise en page agréable à lire, où il n'y a pas, c'est pas des couleurs flashées partout.
- Speaker #1
Ici, ce n'est pas vrai.
- Speaker #0
Voilà, il n'y a pas un truc gif, une bannière qui clignote et tout, genre, ah ah, lolol, quoi, non. Et vous regardez The Onion, il y a une mise en page très sobre, très carrée, qui invite le lecteur à se sentir en sécurité. Mais qu'on reproche à un site satirique d'avoir une mise en page trop belle, celle-là, vous ne l'avez jamais faite.
- Speaker #1
J'essaie d'aller au bout de mes questions, vrai ou faux. Vrai ou faux, vous pensiez que The Onion, qui vous a inspiré, était un magazine culinaire ?
- Speaker #0
Euh, faux. Non, non, c'est un site qui existe depuis 30 ans.
- Speaker #1
Vous ne le connaissiez pas à la base ?
- Speaker #0
Alors... J'avais découvert, je pense, si j'avais peut-être lu quelques articles sur Internet, parce que je suis arrivé sur Internet en 2000, 99-2000, donc j'ai dû lire. Parce qu'eux aussi sont arrivés sur Internet très très tôt. Donc j'ai dû voir passer des articles à eux, des captures d'écran, des trucs comme ça. Et je les lisais en fait aussi quand ils sont arrivés sur les réseaux et tout. Et en 2008, ce que je ne savais pas, c'est qu'ils avaient une version papier, en fait. Et en 2008, quand j'arrive, je fais un petit séjour aux États-Unis, à New York, et je tombe sur un journal qu'on pouvait prendre gratos à la volée, un peu comme 20 minutes ou comme ça, qui s'appelle The Onion. Et je commence à le lire et je ne fais pas le lien. Et là, je me dis, c'est vachement bien écrit, c'est très drôle. Et immédiatement, je pense à ce que j'écris depuis quelques temps sur Internet. Et je me dis, j'adore ce genre d'écriture. C'est très fin. cette référence et tout ça. Et je me dis, en fait, j'écrivais ce genre de parodie déjà un petit peu sur les forums, à droite ou à gauche, et là, je me rends compte qu'on peut faire ça en production industrielle. C'est-à-dire qu'on peut faire un journal à part entière avec la page internationale, nationale, fait divers, l'actuelle culture, tout ça, il y a vraiment tout un truc. Et la chose grandit en moi, il me faut trois, quasiment quatre ans. qui ensuite créé le Gorafi et en fait, pourquoi il y a eu un tel laps de temps, c'est qu'en fait, je n'arrivais pas à me mettre d'accord sur un nom. Je cherchais un nom qui soit marquant, drôle, enfin,
- Speaker #1
impactant.
- Speaker #0
Et je l'avais déjà parce qu'en fait, c'était un nom que j'avais en 2003, que j'avais gratté sur une feuille de papier. Et quand je crée le compte Twitter, ce nom revient, je le mets et puis voilà, le truc s'est fait comme ça. Mais... On voit à quel point ça a été un processus assez long.
- Speaker #1
Donc, il avait raconté n'importe quoi. Ce n'était pas le démon, c'était le Gorafi.
- Speaker #0
Non, ce n'était pas le... Oui, en effet.
- Speaker #1
On peut penser à deux choses. La première, c'est... On est dans un quartier, on est venu ici, dans un bar, donc, le Bistrot Le Croissant, où a été assassiné Jaurès, d'ailleurs, à 1,50 m de notre table. Ici, en plus, l'ancien siège de l'humanité était tout proche. L'ancien siège du Figaro n'était pas loin non plus.
- Speaker #0
Vous avez la France qui était juste là. L'Aurore aussi. On est dans le quartier. Vous savez, il y avait François à grande époque, celui de Kessel, qui était au bout de la rue à Éremure. Donc là, on est dans le quartier de la presse.
- Speaker #1
C'est pour cela que j'ai choisi cet endroit. Logographie en papier.
- Speaker #0
Illusion. On sort déjà un livre chaque année.
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #0
Donc, c'est un recueil d'articles publiés, les meilleurs articles. Pas vraiment un almanac, mais c'est plus une compilation. Et d'ailleurs, je suis toujours fasciné par les gens qui se précipitent dessus et qui sont prêts à payer 15 euros, un truc qu'ils ont gratuitement tout au long de l'année. Mais je ne juge pas. On est en 2004, on ne juge pas. Moi, je vois ça un peu comme notre impôt révolutionnaire. Donc, voilà. Mais c'est notre petit rendez-vous annuel et les gens adorent. En fait, on s'est rendu compte que les gens aiment avoir... un petit truc, comment dire, matériel du Gorafi avec eux. Puis c'est le livre qu'ils vont lire quand ils vont aux toilettes, ils vont fûter des trois ou quatre pages, ils vont se marrer, ils offrent ça à Noël, enfin voilà. C'est notre petit rendez-vous annuel. Mais après, en version papier, c'est beaucoup de travail, mine de rien, parce qu'on a le site, en plus, à alimenter. The Onion, là, viennent lancer, de relancer leur édition papier. Ils avaient arrêté en 2015. parce qu'il y a le prix du papier, ils préféraient se concentrer sur la version du web. Et là, ils font une édition mensuelle qui sera en gros une compilation des meilleurs articles en version papier. Alors eux, c'est plus facile parce qu'ils ont vraiment une historique, ils sont nés du papier. Donc les fans de la première heure ont le souvenir de la une de The Union, de la mise en page et tout ça. Donc il y a une petite nostalgie. Et là, ils ont lancé un membership pour 90 euros par an. Tu as droit à 12 exemplaires, un exemplaire par mois, en gros. Donc voilà, j'espère que ça marchera pour eux et tout. C'est un pari.
- Speaker #1
Ça vous arrive d'acheter des journaux en papier ?
- Speaker #0
Ouais, j'aime bien ce contact avec le papier et tout. C'est un truc que j'aime bien.
- Speaker #1
C'est important. Le test, alors vrai ou faux, le test pour travailler au Gorafi, c'est de savoir la différence entre Macroni et Ukroni.
- Speaker #0
Oui, ce n'est pas faux, parce que c'est vrai, mais ça rejoint un petit peu... Le plein emploi, il y a des moments où on ne sait plus trop dans quel univers on est.
- Speaker #1
L'Uchronie, je rappelle, c'est de partir d'un fait réel et puis d'imaginer ce qui aurait pu se passer.
- Speaker #0
Ce qui aurait pu se passer. Et l'Uchronie a quand même un style littéraire qui est vieux comme le monde. Parce que je crois que le premier... date de l'époque de la mort de César, avec un auteur romain, je ne sais plus si c'était Cicero, qui avait écrit quelques lignes en imaginant ce qui se serait passé si César avait vécu. Donc ce n'est pas un genre tout nouveau, il a toujours existé, au même titre que la Satie. Mais c'est vrai que des fois on a l'impression d'être un peu dans une uchronie permanente, là on apprend qu'il y a le ministère de l'immigration, on pourrait revenir, est-ce qu'on va avoir droit à un nouveau débat ? L'identité nationale, j'ai tellement hâte.
- Speaker #1
Souvent, il y a des personnes qui trouvent que l'humour est méchant. Est-ce que ce n'est pas une particularité française d'avoir ce côté goguenard pour faire rire ?
- Speaker #0
Je dirais corrosif, mais méchant. Nous, on n'a jamais été méchant, ce n'est pas le but. Moi, j'aime bien rire avec les gens, pas au dépens, comme on dit. Mais non, je ne pense pas qu'il y ait vraiment une spécificité d'humour. méchants, mesquins...
- Speaker #1
L'humour a changé depuis que vous êtes plus petit ?
- Speaker #0
Non, il y a différents styles qui sont toujours là. Chacun est dans son domaine. Nous, on est dans le nôtre. Mais je vois que sur Internet, sur les réseaux, il y en a qui vont privilégier plus la punchline, rire pour faire rire. Moi, ce que j'ai trouvé génial, c'est que nous, quand on s'est créé, au bout de... Je crois que c'était à partir de 2013 ou 2014, on a vu apparaître des... d'autres Gorafi mais qui étaient plus dédiés à des domaines en particulier. Vous avez eu le Gorafi de l'école, qui s'appelait Educactu. Vous avez eu le Gorafi des scouts. Vous avez eu le Gorafi de l'univers aéronautique qui s'appelait Radio Cockpit. Et ce que je trouve génial, c'est que ensuite après vous avez eu des Gorafi, comme je vous le disais, de la presse locale. Vous avez eu la Moniatte, enfin il y avait la Parodie de la Montagne, la Dèche du Midi. Vous avez encore un qui existe aujourd'hui qui s'appelle l'Echo de la Boucle. qui est surtout sur l'actualité de Besançon. Mais je trouve ça génial parce qu'en fait, les gens se sont rendus compte qu'ils pouvaient appliquer la satire à leur univers à eux. C'est-à-dire que nous, on traitait de l'actualité internationale, mais ils se sont rendus compte que, en fait, si par exemple, vous étiez, je ne sais pas, imaginons, toi, demain, tu décides de parodier l'univers des podcasts et de faire un site satirique qui traiterait uniquement des podcasts. Beaucoup de gens avec le bourg-en-vie se sont dit qu'eux aussi, ils pouvaient le faire, ils pouvaient jouer avec le mot, ils pouvaient jouer. avec leur univers. Et j'ai trouvé ça génial que tout d'un coup, il y ait une émergence de plusieurs sites. Et en fait, il n'y avait pas de concurrence. Tout le monde travaillait en parfaite harmonie parce que chacun est dans son univers. Mais tu vois, je te parle au niveau local, mais il y a aussi au niveau international. Nous, on traite avec des sites satiriques en Espagne. Il y a El Mondo Today, tu as Waterford Whisper en Irlande, tu en as en Hollande, en Italie, en Allemagne, Autriche. en Australie, et on va réunir tous ces gens à Paris pour le congrès annuel de la satire. Ah, génial ! Et en fait, c'est quelque chose qu'on fait chaque année. L'an dernier, par exemple, on était à Milan. L'année d'avant, on était à Barcelone. Avant, on a fait Amsterdam et Vienne. Et on se réunit chaque année, tous les sites satiriques un petit peu importants, internationaux. C'est génial, c'est vraiment... Ils avaient du bien de discuter avec quelqu'un qui fait le même travail que toi, qui sait... C'est le mot,
- Speaker #1
du travail, du travail, et encore du travail. Moi, je m'en suis aperçu en préparant votre portrait, parce qu'habituellement, je fais certains automatismes. Mais là, je me suis dit, tiens, comment on ferait un portrait en se mettant dans l'esprit d'Ugographie ? Et c'est là qu'on s'aperçoit que la différence entre la fake news et puis la satire, elle est un film.
- Speaker #0
Il y a une subtile différence qui fait que la fake news, tu te retrouves avec Trump à la Maison Blanche. La satire, tu te retrouves avec Christine Boutin sur... BFM en train de lire un tweet qu'on a fait. Elle est là, en fait, la différence entre la fake news et la science. La fake news, elle est là pour mentir à dessein et en plus, elle a un but. C'est-à-dire qu'elle cherche vraiment à provoquer, agiter la colère, manipuler. La fake news, on va dire, il y a la marionnette et le marionnettiste. Donc, des fois, il faut même s'intéresser à qui est manipulé, qui manipule quoi et pourquoi. Et ça, on l'a vu par exemple pendant la campagne de Trump. Il y avait des réseaux qui étaient inondés de fake news et que ça allait très loin. On a pensé que la Russie finançait des sites de fake news, des faux comptes Facebook, dans le but de vraiment manœuvrer. Donc, il y a une vraie problématique là-dessus. Et vous avez la fake news, mais le Gorafi, nous, on a été victime de ce qui s'appelle le blanchiment de fake news. au sens qu'on a eu un de nos articles qui a été repris pendant la campagne présidentielle de 2016-2017 et qui a été ajouté à une vidéo qui était un montage prétendant qu'Emmanuel Macron ne voulait pas serrer la main des pauvres. Et c'est un article qu'on avait fait en 2016, un an avant, qui a été repris, qui a été diffusé sur les réseaux, sur lesquels on a enlevé toute référence au Gorafi, rajouté à une vidéo qui était un montage et diffusé dans l'entre-deux-tours. Et le truc a, on va dire, cartonné de ouf. Nous, on avait un afflux brutal de visiteurs sur le site, sur cet article-là. Donc nous, on a commencé à se dire, mais d'où ça vient ? Et moi, dans mon entourage, des gens m'ont dit qu'ils avaient vu cet article. publié sur des pages Facebook du Rassemblement national et des pages Facebook de la France insoumise. Donc, il y avait quelqu'un qui était à la manœuvre pour instiller le doute sur Macron, pour dire qu'il ne veut pas se laver les mains quand il a croisé un pauvre. Et il y a eu un article du Monde qui a été très fouillé là-dessus et qui nous a complètement exonés.
- Speaker #1
Il a été blanchi.
- Speaker #0
Voilà, c'est un article qu'on avait publié l'année d'avant quand Macron se lance dans la... dans sa campagne, et on fait toute une série d'articles là-dessus, genre, on dit à Amelin, Emmanuel Macron, salut ceux qui sont venus travailler loin de Paris. Vous voyez, cet article faisait partie de cette série. Et le monde a dit, voilà, ça c'est un exemple de blanchiment de fake news. On prend un site satirique, on efface toute référence au site satirique, on fait un petit montage et les gens, ils pensent que c'est un vrai article. Donc, il y a vraiment des gens à la manœuvre derrière, et il y a quelques semaines là, enfin non, quelques semaines, avant-hier. Le FBI a identifié, je crois, 2000 influenceurs aux Etats-Unis qui ont reçu de l'argent de la Russie.
- Speaker #1
Mais non.
- Speaker #0
Si.
- Speaker #1
Et ça, ce n'est pas une fake news.
- Speaker #0
Ça, ce n'est pas une fake news. Et on se dit qu'il y en a 2000 aux Etats-Unis. Combien y en a-t-il en France ? Alors, on a les suspects habituels, mais il y en a peut-être d'autres qu'on ne sait pas.
- Speaker #1
Alors moi, je n'ai pas reçu d'argent du tout.
- Speaker #0
Mais moi, tu vois, je dis souvent l'article quand on dit qu'ils l'ont retrouvé posté sur les sites du RN. Moi, je n'ai toujours pas touché mon chèque, en fait. Donc, voilà. J'aimerais bien quand même...
- Speaker #1
J'ai un message à Cyril Hanouna qui me doit de l'argent, en fait, parce qu'il m'avait demandé d'écrire des saloperies sur vous. Non,
- Speaker #0
mais moi, je veux bien participer au compoulo mondial, mais je veux toucher mon chèque derrière aussi. Il n'y a pas de raison.
- Speaker #1
On arrive bientôt au terme de cette émission et vu que nous sommes dans un café, un bistrot, eh bien, je vous pose trois questions sur l'univers du café et du bistrot. Quelle était la boisson préférée de Jean Jaurès ?
- Speaker #0
Alors, je crois que c'était le mimosa, qui est un mélange de champagne et de jus d'orange. Et il en buvait souvent à la piscine de l'humanité avec ses potes. C'était pour se détendre parce que comme ils avaient passé la journée à travailler sur les conditions de vie des ouvriers, c'était pas facile, donc il fallait se détendre un peu. Donc ils allaient sur le toit terrasse de l'humanité et ils se faisaient un petit mimosa, tranquille, en discutant de la condition humaine, de l'éliminance de la guerre de 14, tout ça. Et voilà. Mais je sens un regard, on va dire, très critique envers Jean. Pas du tout. Et non, écoute-moi, ça place. Franchement.
- Speaker #1
Très bonne réponse.
- Speaker #0
T'es le fer de lance de l'anticapitalisme au quotidien. Et à un moment, il faut que tu te détendes.
- Speaker #1
C'est une bonne réponse. Quelle était la boisson préférée de Jacques Chirac ?
- Speaker #0
Alors, c'était, je crois, la Corona, qui était une bière mexicaine. Et peu de gens le savent, mais en fait, Jacques Chirac avait des parts dans cette usine.
- Speaker #1
Mais non.
- Speaker #0
Mais si. Je crois qu'il possède 38%. Et tout. Donc, non, non. Il s'est fait une fortune là-dessus. C'est comme ça qu'il a acheté le château de Beatty. C'est comme ça.
- Speaker #1
Quel est le rapport avec le coronavirus, d'ailleurs ?
- Speaker #0
À qui tu poses la question ? À moi ? Je ne sais pas. Mais parce que je pense que le truc s'appelait coronavirus et du coup, les gens ont fait le lien coronavirus.
- Speaker #1
Dernière question. Quel alcool Sarkozy avait-il pris pour de l'eau lors d'un dîner officiel ?
- Speaker #0
À mon avis, ça a l'air peut-être de la vodka.
- Speaker #1
Non.
- Speaker #0
Du gin.
- Speaker #1
C'était du gin.
- Speaker #0
Oh, il a été porté du gin.
- Speaker #1
C'est une histoire qu'il raconte lui-même. Il était avec la reine, donc Elisabeth II, et souhaitant se désaltérer, ce président qui ne boit pas d'alcool a confondu un verre de gin avec un verre d'eau.
- Speaker #0
Moi, je suis sobre aujourd'hui depuis quasiment un an et demi. C'est une décision que j'ai prise comme ça. en discutant avec un ami qui lui aussi avait arrêté l'alcool. Et meilleure décision jamais, quoi. Il me dit, c'est rien. Voilà, c'est génial. Et j'encourage tout le monde à soit arrêter de boire, soit moins boire. Mais je vois après au quotidien des gens que je connais et dont j'avais à peu près la même conso, et je me dis, waouh, j'avais un alcool mondain. En vrai, j'étais pas alcoolique. Mais l'alcool mondain, c'est le pire. C'est ce qui vous détruit, en fait. Et je vois à quel point... Ouais, non, je... Je buvais, mine de rien, pas mal. Donc, je suis très content. Mon corps s'emporte.
- Speaker #1
très très bien et je ne regrette pas du tout Faites des meilleurs vannes en buvant moins d'alcool comme Nicolas Sarkozy Exactement,
- Speaker #0
mine de rien et comme disait Hunter Thompson qui disait qu'il n'y a pas besoin de drogue pour aller dans les cieux ou se mettre high comme il disait il disait souvent j'ai atteint parfois des niveaux hyper élevés sans drogue
- Speaker #1
Merci beaucoup Sébastien Nibus Merci à toi de s'être accordé Et alors,
- Speaker #0
j'ai une question, comment on s'arrange pour les 8 cafés ? Parce que, si tu veux... On va prendre un autre café. Non, mais j'ai pas tout bu, si tu veux, on partage. Moi, je veux bien aider ton podcast, mais quand même, là, ça va.
- Speaker #1
C'est parfait. Vous avez écouté un café au comptoir. Petit mot habituel de chaque fin de podcast, allez sur Apple Podcast, mettez 5 étoiles, c'est encore mieux. Et puis surtout, laissez-nous un petit mot pour expliquer comment c'était bien ce podcast, comment vous l'avez aimé. Vous mettez n'importe quel pseudo, on s'en fout. En tout cas, ça nous offre de la visibilité. Allez partager ce podcast avec vos amis, vos collègues, votre famille, ce que vous voulez. En tout cas, merci d'être ici et à très, très, très, très bientôt pour un nouveau Café.