- Speaker #0
Amis, j'ai visité une très belle expo au musée du papier d'Angoulême consacrée à votre travail. J'ai tellement été enchantée par l'univers féerique et poétique que j'ai souhaité bien vous rencontrer, vous inviter dans un monde en joie. Alors dans cette exposition, on est plongé au cœur d'une nature sculptée en papier. On est à mi-chemin entre un cabinet de curiosité et une vieille classe d'école. J'ai trouvé que vraiment la mise en scène était très belle, qu'on était dans un univers très particulier ailleurs, avec des chauves-souris, des sangliers, des oiseaux, des plantes, des loupes, des manuels botaniques, des jumelles, des grenouilles. Il y a aussi de la peinture, il y a aussi une sculpture en papier monumentale. Comme vous êtes sculptrice, directrice artistique, chef décoratrice, réalisatrice de films d'animation. Moi, je voulais savoir comment vous... Vous vous présentez ?
- Speaker #1
Simplement artiste. J'ai plusieurs moyens de créer. Je crée avec du visuel, la peinture, la sculpture. J'aime aussi écrire, beaucoup. Et puis, le cinéma, l'animation, ça a de merveilleux... C'est que ça réunit tout ça. Donc, c'est tout à fait jubilatoire. Mais en fait, c'est le projet qui me... qui me décident à choisir le médium.
- Speaker #0
Et en fonction du projet, vous devenez ou sculptrice ou décoratrice ? Oui,
- Speaker #1
oui, oui. Il y a vraiment des choses où je me dis, mais voilà, ça, il faut le peindre ou ça, il faut le sculpter ou ça, il faut le raconter avec un film. Et voilà, ça correspond à des... Oui, c'est des expressions différentes. C'est vrai que le ressenti qu'on a, on ressent les choses avec tous nos sens. Moi, ça appelle des expressions différentes.
- Speaker #0
En tout cas, l'univers, il est tellement fort et tellement autour de la nature et des animaux. Moi, je me suis demandé quelle enfance vous aviez eue. Si vous viviez, alors maintenant je le sais, mais vous allez le redire, si vous viviez plutôt à la campagne ou dans un milieu urbain. Moi, j'aurais plutôt pensé campagne, mais je ne crois pas, apparemment pas. Quels sont vos premiers souvenirs dans votre enfance qui sont peut-être liés à ce que vous faites aujourd'hui ?
- Speaker #1
C'est une bonne question des souvenirs d'enfance. Je me souviens de ma vocation de peintre. C'est très très clair, j'ai un souvenir. Mais vraiment l'amour de la nature, je crois que c'est quelque chose où je suis née avec, j'ai grandi avec. J'habitais en région parisienne, dans un jardin qui est petit, en Charente. Mais bon, par rapport à la région parisienne, c'était sympa quand même. Et maman adore jardiner, donc elle était toujours dans son jardin. Et ce qu'elle aimait, c'était cultiver des plantes. Et moi, elle avait un jardin de roses qui était extraordinaire. Mais moi, ce que je préférais, c'était les mauvaises herbes. Les mauvaises herbes et les petits animaux, la petite faune, les escargots, les insectes, les petits papillons. Ça, ça m'émerveillait vraiment. Mais je crois que dans cet amour de la nature, en fait, ce n'est pas forcément le questionnement d'avoir été dans la nature pour l'aimer. Je pense que c'est une interrogation un petit peu plus ontologique, c'est-à-dire de se demander. Mais voilà, moi, j'ai un corps et j'ai vraiment un corps précis. Et il y a cette nature, voilà, au-delà de moi, qui est tellement différente de moi. Et ça, ça m'intriguait. J'avais vraiment... Et puis, ben... Maintenant, à l'époque, un peu changé, mais à l'époque où j'ai grandi, il y avait vraiment un mépris de la nature.
- Speaker #0
C'était dans les années 70 ?
- Speaker #1
Oui, moi je suis née dans les années 70. Il y avait un mépris profond pour la nature. Ce n'était pas du tout à la mode. Et même en... ou alors la seule nature qui était un peu célébrée et montrée, c'était la nature lointaine. C'était la nature pour laquelle il fallait prendre l'avion et aller se payer un safari. en Afrique pour voir des lions et des girafes. Ça, c'était intéressant. Mais la petite faune du jardin, en fait, c'était vraiment... Il n'y avait pas grand monde qui s'y intéressait. C'était une toute petite niche.
- Speaker #0
Est-ce que ce n'est pas parce qu'il y avait quelque chose d'évident, en fait, à ce moment-là, et on ne pensait pas encore pollution ?
- Speaker #1
Ça commençait déjà. Je dis ça, mais c'était un peu global. Il y avait aussi le début d'une sensibilité écologique. Et pas mal de choses là-dessus, mais en tout cas, il y avait une sensibilisation à l'écologie, ça ça date des années 70, mais par contre s'intéresser à ce qu'il y a autour de soi, ça non.
- Speaker #0
Pourtant j'ai l'impression que les enfants ils sont très... Ils aiment bien découvrir les petits animaux, la faune, la flore.
- Speaker #1
Oui, je pense que dans l'enfance, il y a tout à fait ce questionnement sur soi-même et les autres et cette curiosité des autres. C'est ça, je crois, qui est le plus... Voilà, en tout cas, peut-être la motivation de ce travail, de cette curiosité.
- Speaker #0
Alors justement, dans l'exposition, j'avais pris des photos. d'ailleurs tellement c'était joli il y a des vitrines et dans ces vitrines il y a plein de petits animaux ça c'est des animaux que vous avez fait il y avait un objectif précis est-ce que ça a été dans des films d'animation ou est-ce que c'est des expositions ou est-ce que parfois il y en a aussi que vous avez fait comme ça pour le plaisir alors
- Speaker #1
dans l'exposition on a des sculptures, des marionnettes et des peintures il y a dans ces vitrines là donc justement elles sont présentées les marionnettes de stop motion... de mon film Bonjour le Monde que j'ai co-réalisé avec Eric Serre. Ce sont des marionnettes de stop-motion.
- Speaker #0
Stop-motion,
- Speaker #1
c'est l'animation image par image. Ce sont des marionnettes pour les animer. On va les bouger à la main. Ce n'est pas du tout automatisé. Pour faire par exemple un oiseau qui tourne la tête, on va le faire bouger un petit peu la tête. On va prendre la photo. On retourne à la sculpture, on lui refait bouger un petit peu la tête. On reprend la photo, on retourne, on fait bouger un petit peu la tête. Et comme ça, on fait ça douze fois pour faire une seconde de film.
- Speaker #0
C'est un travail incroyable.
- Speaker #1
Oui, c'est un travail très particulier, assez fascinant. J'ai découvert ça en faisant mes études, parce que l'animation, c'est extraordinaire. parce qu'on travaille sur des intervalles de temps qui sont minuscules, qui n'existent pas dans notre vie de tous les jours. Donc on va aller dans cette finesse d'analyse et cette finesse d'expression. Et il y a quelque chose de délicieux là-dedans, dans le fait de faire un mouvement et de sentir l'émotion du mouvement, mais dans son infinitésimalité.
- Speaker #0
C'est ça qui fait qu'on a la patience ? Oui. Parce qu'il faut avoir une patience de...
- Speaker #1
Oui, c'est très éprouvant, c'est fatigant. C'est parce qu'on est debout toute la journée quand on anime. Et puis, la caméra, elle filme. Généralement, elle est placée devant le sujet. Donc, nous, on anime et on doit s'écarter. Donc, on est très contraints.
- Speaker #0
C'est physique ?
- Speaker #1
C'est très physique, oui. Oui, c'est très physique. Et les animateurs, donc, ils passent toute la journée dans le noir, puisque les plateaux d'animation sont noirs. Donc, on ne voit pas la lumière, on ne voit pas le temps passer. On est vraiment dans sa espèce de loge, comme ça. Voilà, c'est un métier très, très, très, très fatigant. Il faut vraiment être passionné. Mais il y a cette magie qui est incroyable. Ça, c'est...
- Speaker #0
Et je pense que l'exposition, ça permet vraiment... Parce qu'en plus, il y a un petit film aussi où on vous voit travailler. Donc là, on a vraiment accès à la magie. Et en même temps, ça n'enlève pas la magie. Oui, parfait. On a accès aux coulisses et ça... Ça peut enlever de la magie.
- Speaker #1
Oui, il ne faut pas voir ce qu'il y a dans les cuisines des fois.
- Speaker #0
C'était ça.
- Speaker #1
Non, non, là, c'est vraiment, ce serait un spectacle en soi. Voir les animateurs travailler, les marionnettistes fabriquer les marionnettes. C'est vraiment, c'est un spectacle en soi. Oui,
- Speaker #0
c'est fascinant. Et là, c'est ça, c'est comme si on rentrait un petit peu dans le décor. Et vous parliez de vos études. Vous avez commencé par quoi ? Alors déjà, quand vous étiez enfant, est-ce que vous dessiniez ?
- Speaker #1
Je dessinais, oui, je dessinais un peu comme ça. Et puis un jour, ma grand-mère, elle allait à un cours de peinture toutes les semaines. Et un jour, elle m'a dit, est-ce que tu veux venir avec moi faire de la peinture ? Donc j'avais huit ans, j'y suis allée. Alors ça m'avait moyennement plu, mais en même temps, j'ai eu un énorme choc. Parce que dans cet atelier de peinture, ils étaient en train de fabriquer un décor de théâtre, de peindre un décor de théâtre, et c'était la grotte d'Aladin et les 40 voleurs. Et donc, il y avait vraiment un grand panneau avec des crafts, et on pouvait peindre dessus, et il fallait donc dessiner cette caverne au trésor. Et là, moi je me suis arrêtée devant ça en me disant, mais... Moi qui adore lire les contes et qui ai beaucoup d'imagination, enfin voilà, j'avais vraiment beaucoup d'imagination et d'ambition dans mon imagination.
- Speaker #0
Et d'envie peut-être de créer ?
- Speaker #1
Oui, d'envie de créer, mais d'envie tout court, d'envie d'avoir la grotte d'Alana, envie d'avoir tout quoi, tout ce qu'il y a dans les livres, vivre tout ce qu'on peut vivre dans les livres. Toutes les expériences extraordinaires qu'on peut vivre dans une vie.
- Speaker #0
Vous imaginez être Aladin aussi ? Ah oui,
- Speaker #1
oui. Moi, j'avais envie d'être Aladin et de trouver la caverne au trésor. Et quand j'ai vu ça, je me suis dit, mais voilà, en fait, pour avoir la grotte d'Aladin et avoir tout ce que je veux dans ma vie, il faut que je devienne artiste. Parce que j'aurai la grotte d'Aladin si je la peins.
- Speaker #0
Et donc après, la peinture, vous avez continué ou vous avez arrêté ?
- Speaker #1
Oui, oui, j'ai repris. Bon, là, j'avais 8 ans, j'étais enfant. Mais j'ai repris très sérieusement à 12 ans. Là, je me suis mise à aller à ce cours de peinture, donc à Fresnes, au Conservatoire d'art plastique de Fresnes, où j'allais trois demi-journées par semaine, donc pendant mes études.
- Speaker #0
Et là, qu'est-ce que vous avez trouvé dans la peinture ?
- Speaker #1
Alors là, en fait, j'avais des professeurs qui étaient des très bons peintres, qui s'appelaient Jean-Marie et Thora Creusot. dans cet atelier. Alors, ils étaient charentais. Donc, oui.
- Speaker #0
Déjà un signe.
- Speaker #1
Ils venaient de Jarnac. Aujourd'hui,
- Speaker #0
vous êtes installée en Charente.
- Speaker #1
Oui, moi, j'habite Charnier. Oui. Ils étaient charentais et donc, ils diffusaient des diapositives de paysages de Charente. Et on pouvait peindre les paysages de Charente. Et alors, moi, j'en ai peint un peu, mais je n'aimais pas trop peindre les paysages. Ça m'énervait un peu parce que j'avais l'impression de... peindre sans comprendre. Un paysage, pour moi, c'est quelque chose de très complexe. Il y a les arbres, il y a la nature. Et je n'arrivais pas bien à comprendre. Donc, ce que j'aimais, c'était peindre des natures mortes. Ils composaient des natures mortes. Et vraiment, ils composaient des natures mortes magnifiques. Donc, toutes les semaines, il y avait trois natures mortes proposées, trois ou quatre natures mortes composées à peindre, au choix. Et c'était... C'était magnifique, donc c'était un plaisir de peindre.
- Speaker #0
Vous avez des souvenirs, par exemple, de nature morte, d'une composition ?
- Speaker #1
Oui, oui, oui. Alors j'ai un souvenir d'un, justement, une nature morte, qui était un peu inspirée, voilà, dans leur composition, il s'était un peu inspiré d'un tableau de Matisse, donc il y avait beaucoup de couleurs, il y avait un bocal de poissons rouges, et il y avait des grenades. Et ça m'avait beaucoup plu.
- Speaker #0
C'est marrant parce que je n'aurais pas imaginé ça en fait. Je n'aurais pas imaginé que vous préfériez les natures mortes.
- Speaker #1
En fait, ce que j'aurais préféré, ça aurait été peindre des animaux. Ça, ça m'aurait beaucoup plus plu. Mais à défaut, c'était les natures mortes, les objets. Je trouvais ça très intéressant et c'était proposé de façon très intéressante. Il y avait vraiment à chaque fois, dans ces natures mortes, il y avait vraiment un goût pour les matières, pour les couleurs, les lumières, les éclairages. C'était extrêmement bien composé, donc c'était vraiment une leçon d'art.
- Speaker #0
Il pouvait servir aussi en dehors de la peinture, le mélange des matières, des textures.
- Speaker #1
Oui, oui, c'était vraiment une éducation artistique.
- Speaker #0
Et alors, en grandissant encore, vous vous êtes dit quoi ? Que vous alliez être peintre ? Vous aviez aussi un métier raisonnable en vue, comme certains disent ?
- Speaker #1
Pas du tout de raisonnable chez moi. J'ai tout de suite voulu être artiste. au départ. Donc je me suis inscrite au Beaux-Arts, à l'école des Beaux-Arts de Paris.
- Speaker #0
Donc c'est une chance aussi, ça veut dire soutenue par la famille ?
- Speaker #1
Très gentiment par mes parents, oui.
- Speaker #0
C'est une chance parce que c'est pas toujours le cas.
- Speaker #1
Oui, ils ont tout de suite compris. Voilà, pourtant, ils n'étaient pas artistes eux-mêmes. C'était des gens cultivés avec une très belle... Voilà, un très bon niveau culturel, mais... Mais bon, je pense que ça les inquiétait un peu. Mais ils n'ont rien dit, ils ont aidé.
- Speaker #0
Donc l'école des Beaux-Arts à Paris ?
- Speaker #1
Oui, l'école des Beaux-Arts à Paris. Voilà, j'y suis allée. Et alors, j'ai peint. Et puis, il s'est passé différentes choses. Il y a un cours extraordinaire que j'ai suivi. C'était le cours d'anatomie, le cours de morphologie. par Jean-François Debord et Philippe Comart, François Fontaine, au Beaux-Arts de Paris. Alors ça aussi, c'était un choc, un choc artistique vraiment très fort.
- Speaker #0
C'était quoi ce choc ?
- Speaker #1
C'était exactement comme ça, que ça touchait exactement ma fibre artistique. C'est-à-dire que moi, quand je peins, Quand je suis arrivée au Beaux-Arts, c'était la mode de l'abstrait. Il ne fallait pas faire de la peinture figurative, sinon on était une pauvre ringarde. Et donc moi, je suis arrivée à l'école et j'ai commencé à faire des natures mortes. Et alors tout le monde me regardait un peu comme une pauvre fille. Et j'ai un professeur qui m'a dit, vous devriez quand même essayer de faire de l'abstrait. Et je me suis dit, mais c'est vrai, il faut quand même que j'essaye. Donc pendant trois mois, j'ai essayé de faire de l'abstrait. Et vraiment, j'ai presque déprimé parce que j'avais vraiment l'impression de faire n'importe quoi.
- Speaker #0
Comment on pourrait définir l'abstrait par rapport au figuratif ?
- Speaker #1
Alors, je ne sais pas parce que moi, j'ai beaucoup de respect pour les gens qui font des peintures abstraites. Et moi, les regarder, je n'ai pas du tout de mauvais jugement là-dessus. Mais moi, par rapport à ce que j'ai envie de faire, ce n'est pas du tout...
- Speaker #0
On n'est pas dans la réalité ?
- Speaker #1
Oui, c'est ça. Voilà, c'est une autre façon, je pense, d'appréhender la peinture par la couleur, le geste. Enfin, toute chose qu'on peut faire aussi dans la peinture figurative. Mais moi, j'ai vraiment besoin d'un sujet. Un peintre qui m'émeut énormément, c'est Bram Van Veld. Bram Van Veld, c'est un peintre abstrait. Et ses toiles sont d'une émotion, d'une émotion. qui me touche énormément. Mais pour moi, Bram Van Veldt, c'est vraiment comme peindre l'impossibilité de peindre. Et c'est touchant, je trouve ça très touchant pour ça, et très abouti. C'est vraiment des coups de pinceau sur la toile, mais c'est très beau. Par contre, moi, ce n'est pas du tout ce qui va m'animer. Moi, j'ai vraiment besoin du sujet. C'est le sujet qui me plaît.
- Speaker #0
Alors, quand vous étiez au Beaux-Arts, est-ce que c'était déjà... Les sujets, c'était des humains ? Oui,
- Speaker #1
j'ai très vite commencé à faire des portraits, en fait. Et ça, c'est quelque chose que j'adore faire, la peindre des portraits. C'est quelque chose qui me plaît aussi, mais je trouve que c'est... Voilà.
- Speaker #0
On peut les voir où, ces portraits ?
- Speaker #1
Oh, j'en ai un peu chez moi, mais... Voilà, il faut que j'en refasse, mais... C'est prévu, là je travaille un peu.
- Speaker #0
À quel moment c'est venue la sculpture ? En papier ?
- Speaker #1
Alors la sculpture c'est venu quand j'étais allée faire un chantier bénévole en Camargue avec la Société Nationale de Protection de la Nature pendant que je faisais mes études au Beaux-Arts. Donc je suis allée là-bas en Camargue, le stage devait durer 15 jours. Et bien je suis restée un mois après, je suis restée encore dans la réserve, au milieu de la réserve. Et là aussi c'était extraordinaire. d'être vraiment au milieu de la nature, vraiment dans très peu d'urbanisation pendant un mois. Et donc je dessinais, mais j'avais l'impression que la peinture, ça ne pouvait pas rendre l'émotion que j'avais devant les vols d'oiseaux que je voyais, parce qu'il y manquait la dimension du mouvement. Et voilà, ça c'était quelque chose qui m'avait un peu arrêtée. Et c'est pour ça que quand je suis rentrée à la maison, alors à cette époque en fait, quand j'étais étudiante au Beaux-Arts, je continuais à aller au conservatoire d'art plastique de Fresnes, mais cette fois-ci pour enseigner, j'enseignais à des enfants. Et dans ces cours-là, on faisait des fois du travail, on faisait faire des masques en papier mâché et des objets en papier mâché. Et là, je me suis dit, mais vraiment, ça serait intéressant d'essayer de construire ces vols d'oiseaux en papier mâché. Parce que là, je serais vraiment dans une dimension de mouvement.
- Speaker #0
Puis en plus, ça me fait penser à la grotte d'Aladin. L'impression de vraiment pouvoir vivre, vivre, tourner autour. C'est ça,
- Speaker #1
on peut vraiment se promener dans un vol d'oiseaux. Oui, il y a cette dimension un peu de rêve. Et puis, il y a vraiment dans la sculpture, je trouve, et ça c'est quelque chose qui me paraît très intéressant dans l'époque actuelle, où en fait, on est vraiment de plus en plus sur son écran. Donc, on est un peu environné en grande partie dans son quotidien par des choses qui n'ont plus d'échelle. Bon, bien sûr, chez soi, on a l'échelle des objets qui nous environnent, de son trajet, de son lieu de travail, des autres. Mais on passe quand même une grande partie de sa vie face à un écran, à vivre des expériences artistiques sans échelle. Et la sculpture, c'est très intéressant parce que c'est quelque chose auquel... qui va vraiment... nous donner un rapport d'échelle quand on va la voir dans une exposition, on va tourner autour, donc ça convoque pour des sensations desquelles on est je trouve déconnectés. Et ça c'était très intéressant en faisant cette exposition, de se demander, voilà, comment on fait une exposition aujourd'hui avec cet écran pour que le Bien sûr, le contenu, moi, je sais lequel j'ai envie de donner et les messages que j'ai envie de faire passer, mais que faire vivre une expérience au spectateur.
- Speaker #0
Moi, c'était assez difficile. Justement, on va peut-être parler de... On parle des études et puis on revient sur l'expo aussi. La grande sculpture, c'est un étang, c'est ça ?
- Speaker #1
Une action, oui.
- Speaker #0
Donc moi, j'ai adoré. C'est très beau. Par contre, c'est vrai que j'ai beaucoup de mal avec la réalité augmentée. C'est-à-dire qu'on peut tourner autour de la sculpture avec une tablette. Et donc là, il se passe des choses. Mais moi, justement, ça me sort un peu du rêve et de la féerie.
- Speaker #1
Ça, je pense que c'est selon les spectateurs. Il y a vraiment les deux expériences. Il y a ceux, effectivement, pour qui la sculpture suffirait. suffiraient presque. Et puis il y en a d'autres pour lesquels l'écran justement aide à s'intéresser à la sculpture.
- Speaker #0
C'est pour ça que vous l'avez fait ?
- Speaker #1
Alors c'est fait avec Eric Serres, mon camarade avec lequel j'ai rencontré à l'école des Gobelins après les Beaux-Arts. À l'époque où j'ai étudié c'était une des seules écoles de cinéma d'animation en France, à Paris. Et donc après l'école des Beaux-Arts, alors moi j'ai adoré l'école des Beaux-Arts. pour les cours d'anatomie. Mais c'est un peu la seule chose que j'ai vraiment appréciée dans ces études au Beaux-Arts, à part quelques professeurs très sympathiques que j'ai rencontrés. Mais quand j'en suis sortie, je trouvais qu'il me manquait quelque chose dans ma formation. Je ne me sentais pas au bout de ma formation. Il faut dire que je suis entrée très tôt à l'école des Beaux-Arts. Je suis entrée à 17 ans. Donc à 22 ans, j'avais l'impression que je n'avais pas encore fini. Je ne me sentais pas...
- Speaker #0
Vous ne saviez pas par où aller, vous étiez jeune encore.
- Speaker #1
Oui, je me suis... Et... Par hasard, j'ai rencontré quelqu'un qui avait fait l'école des Gobelins en photo et qui m'a parlé de cette école. Et puis tout d'un coup, je me suis dit, mais cinéma d'animation, c'est très intéressant parce que justement, pour le cinéma d'animation, c'est du cinéma. On doit écrire, inventer des dialogues. On pense aux mouvements et on pense aussi à la perspective, à la profondeur dans l'image. plein de choses, mais c'est extrêmement complet comme geste, comme aventure artistique. Il faut absolument que j'aille voir ce que c'est. Et donc, j'y suis allée et c'était extraordinaire.
- Speaker #0
Oui, encore une fois, c'était une façon de faire s'animer la grotte d'Aladin. J'ai toujours cette image, en fait, elle va rester, je pense, pendant un moment.
- Speaker #1
Oui, après, bon, voilà, maintenant, je n'ai plus 8 ans, alors c'est plus tout à fait...... Les mêmes choses. Ah bah oui,
- Speaker #0
vous avez évolué. Avec votre évolution, je l'imagine, bouger.
- Speaker #1
J'ai un peu réalisé quand je travaillais sur les décors d'Azur et Asmar.
- Speaker #0
Je ne sais pas en parler. On ne parle plus de la grotte de la Dain. Mais c'est allé jusque-là.
- Speaker #1
Ah oui, oui, oui. Là, c'était vraiment une façon de... Il y a des fils comme ça. Oui, tout à fait. De faire ces décors, d'aller jusqu'au bout du merveilleux. De mon envie de merveilleux.
- Speaker #0
Donc là, on a dit les Gobelins, donc le cinéma d'animation. C'est là que vous allez rencontrer
- Speaker #1
Éric Serre.
- Speaker #0
Et donc vous allez travailler avec lui.
- Speaker #1
Alors déjà sur Kirikou, en fait Éric, on s'est rencontrés au Gobelin et pendant nos études au Gobelin, on a fait un travail scolaire dans l'école, dans le cadre de l'école, mais qui était complètement fou. qui était encadré par un intervenant qui était lui-même complètement fou. Et génial à la fois, génial. Il faisait des dessins d'animation, c'était extraordinaire, c'était magnifique. Et donc, ça nous a embarqué dans des... Il fallait faire pour France 2 des petits films d'animation contre le sida et pour la protection. On était vraiment dans les années sida. Et donc, il y avait des dessinateurs, des grands dessinateurs comme Charb, comme Wolinsky et plein de dessinateurs comme ça qui avaient proposé des petits sketchs en dessin. Et nous, on les animait en dessin animé. Et c'était complètement fou. On s'est mis à travailler, mais comme des dingues, avec ce réalisateur qui était dingue et qui travaillait jour et nuit jusqu'à ce qu'il... tombe, vraiment c'était n'importe quoi mais comme on était jeunes et un peu foufous, ça nous a beaucoup amusé et donc on a vu que même quand on était très fatigué avec Eric on travaillait bien ensemble et on avait l'esprit d'aventure comme ça et donc c'est chouette de trouver son binôme oui oui oui c'est super parce qu'on a vraiment des qualités et certaines différentes et complémentaires et puis je crois qu'il y a vraiment beaucoup de respect et d'admiration mutuelle
- Speaker #0
Et voilà, moi à chaque fois que je travaille avec Eric, je suis très heureuse.
- Speaker #1
Je ne savais pas que c'était avec lui, parce que j'allais vous demander comment vous aviez rencontré Michel Oslo, le papa de Kirikou. Kirikou est l'essentiel, je pense que quasiment tout le monde le connaît. Donc ça, ça s'est passé comment ? À quel moment de votre vie ?
- Speaker #0
Alors ça, c'est tout à fait un hasard. Réserve complète, c'était à la fin de mes deux ans. À ce moment-là, l'école des Gobelins, il faut s'imaginer qu'elle était gratuite et que ça durait deux ans. Voilà, et c'était génial. C'était extraordinaire. Et à la fin de ces études, je discute avec une intervenante comme ça, qui était très sympathique. Et elle me dit, mais qu'est-ce que tu veux faire après les Gobelins ? Et moi, je me disais, parce que quand même, dans les exercices qu'on faisait au Gobelin, c'était vraiment pour faire du dessin animé, entre guillemets, industriel. On dessinait pour devenir... À l'époque, le cinéma, ça se dessinait. Il n'y avait pas encore les ordinateurs tels qu'ils sont maintenant. Et je lui ai répondu, moi, j'aimerais bien faire mes propres films et travailler pour d'autres artistes. Et je lui cite une liste de quelques noms, parmi lesquels Michel Oslo. Et elle me dit Ah, Michel Oslo ! Mais je le connais ! Et en ce moment, il cherche un stagiaire. Donc j'y suis allée, je suis allée voir Michel, et je suis allée chez lui. Et tout de suite, il venait de dessiner Caraba à la sorcière. Donc il m'a fait lire le scénario de Kirikou, que j'ai adoré. Et il m'a dit, est-ce que vous pourriez m'aider, on se voyait au début, est-ce que vous pourriez m'aider à faire un décor à la forêt de Kirikou ? Alors, oui, il me dit, je veux que ce soit un peu comme le douanier Rousseau. Voilà, alors je lui dis, d'accord, mais je lui dis, moi, j'aime bien être, j'aime bien quand même, quand je dessine une plante, que ce ne soit pas n'importe quoi. Donc j'aimerais vraiment que ce soit des vraies espèces d'arbres que je dessine, que ça ne soit pas... Et il m'a dit Ah mais oui, c'est très bien ! Donc tout de suite, en fait, on s'est très bien entendus. Et là, au bout d'une semaine, il m'a dit Anne-Lise, nous allons faire de la bonne besogne ensemble !
- Speaker #1
Mais là, vous étiez toute jeune ?
- Speaker #0
Ah oui, oui, oui. Je sortais de l'école. C'était mon premier travail. Et du coup, sur Kirikou... Mon premier travail, ça a été d'être chef décoratrice sur Kirikou et la sorcière.
- Speaker #1
C'est vous qui vous demandez de travailler sur, au départ, la forêt, vous qui aimez tant la nature.
- Speaker #0
Et moi qui n'osais pas peindre des paysages, parce qu'en fait, moi j'étais partie au Gobelin en me disant je vais apprendre à animer et je vais me spécialiser dans l'animation des animaux et on m'appellera pour que je vienne animer des animaux. Et en fait... pas du tout. On m'a appelée pour faire des décors. Mais voilà. En fait, comme je vous ai dit, moi, c'est le sujet qui m'anime et ce projet de film tout de suite, moi, j'ai adoré. J'ai adoré l'implication de Michel Oslo. Voilà, ses convictions. Et puis ça me touchait beaucoup, ce projet où franchement quand j'étais à l'école des Gobelins j'ai regardé beaucoup de films d'animation et l'image des noirs, des personnes noires dans l'animation c'était toujours le mec sympa avec la casquette de travers et le poste de radio sur l'épaule et je trouvais ça assez pitoyable et là voir ce film voilà c'est vraiment Kirikou, petit garçon normal dans un...
- Speaker #1
Dans un conte, africain.
- Speaker #0
Voilà, normal, mais il n'y avait pas du tout de...
- Speaker #1
D'images rattachées à autre chose.
- Speaker #0
Oui, voilà. Tout d'un coup, c'était... On n'était plus dans quelque chose... La personne noire, c'était une personne normale, c'était plus quelque chose de spécial avec un poste de radio sur l'épaule.
- Speaker #1
Et les décors, ils sont vraiment magnifiques, je pense que c'est ça qui a marqué. Donc ça veut dire que c'est vous qui avez fait tous les décors ?
- Speaker #0
Alors, je n'ai pas fait tous les décors, non. Moi, j'ai travaillé surtout sur les forêts, les forêts, les animaux. Et puis, non, j'ai travaillé surtout... En fait, j'ai... Toute la mise en place des décors, la création globale des décors. Et après, j'ai eu ma fille pendant la production. C'est Thierry Millon qui est un autre décorateur qui a repris et terminé les décors.
- Speaker #1
Quand vous sculptez, vous avez un atelier, parce que vous avez des sculptures en papier très très grandes. Je voulais savoir un petit peu à quoi ça ressemble chez vous.
- Speaker #0
Alors là, j'ai de la chance, j'ai vraiment un très grand lieu pour un très grand atelier. D'ailleurs, du coup, j'ai même deux ateliers, j'ai un petit et un grand atelier.
- Speaker #1
Est-ce que vous avez des endroits préférés ? Est-ce qu'il y a des endroits qui vous servent d'abord à réfléchir et puis après vous mettez la main à la pâte ?
- Speaker #0
Alors là, j'ai plusieurs endroits dans la maison. J'ai mon atelier en bas, mon bureau. Où je peux faire tout ce qui est de taille raisonnable. Là, c'est très joli. J'ai une très jolie vue sur le jardin. Cet automne, j'ai regardé les écureuils qui cachaient les noisettes. C'était magnifique.
- Speaker #1
Vous avez déjà fait des écureuils ou pas ?
- Speaker #0
Oui, j'en avais fait un. Ce n'est pas le sujet le plus intéressant, parce que la queue est bourrifée. En papier mâché, c'est compliqué.
- Speaker #1
Qu'est-ce que c'est le plus intéressant ? C'est quoi ?
- Speaker #0
Disons que le papier, c'est très bien pour faire les ailes d'oiseaux, les pétales, les fleurs, et puis les sculptures géantes.
- Speaker #1
Est-ce qu'il y a quelque chose que vous, vous préférez faire ? Vous avez un plaisir particulier à vous dire, tiens, tel animal va apparaître, ou telle plante ?
- Speaker #0
Moi, j'aime bien tout. Tout ce qui fait partie de la nature, tout ce qui est à voir, qui est une forme naturelle, c'est-à-dire une personne, un portrait ou des éléments de la nature, alors là, tout me plaît, je n'ai pas tellement de hiérarchie, parce que je trouve à chaque fois, c'est fascinant, c'est merveilleux de s'arrêter à regarder quelque chose et j'en apprends toujours quelque chose, c'est toujours une... une remise en question de quelque chose.
- Speaker #1
Vous faites des recherches aussi ? Vous allez voir dans des livres ?
- Speaker #0
Oui, beaucoup. C'est pour ça que dans cette exposition, elle s'appelle Une nature de papier. Et j'ai vraiment mis en valeur ce rapport au livre et à la transmission. Parce que la nature, elle est magnifique, mais elle est très mystérieuse. Même si on est né dedans et qu'on se... promènent dans les paysages en fait on la connaît pas moi j'ai eu besoin de de beaucoup lire pour maintenant avoir un grand plaisir à peindre des paysages maintenant je me régale à les peindre ces paysages parce que j'ai passé quand même pas mal de temps à essayer de comprendre qu'elles étaient les petites plantes que je croise au bord des chemins et les arbres que je peux voir
- Speaker #1
Alors vous avez participé aussi au film...
- Speaker #0
Azur et Asmar,
- Speaker #1
je ne sais jamais lequel est le premier. Des deux garçons, donc de Michel Oslo aussi. Donc ça c'était beaucoup plus tard par rapport à Kirikou, je crois que c'est 2006 je crois.
- Speaker #0
Oui c'est 2007 je crois la sortie et 98 la sortie de Kirikou. En fait à chaque fois c'est 5 ans de ma vie. Kirikou c'est 5 ans et Azur et Asmar c'est 5 ans aussi de travail. Oui parce que j'étais là dès le début. Avec un long métrage, c'est quand même un travail très long en préparation. Et ça, c'est une chance extraordinaire de pouvoir accompagner très longtemps un projet comme ça, parce qu'on est dans toute la cuisine au début de la recette.
- Speaker #1
Est-ce que les sculptures sont toujours présentes ou vous mettez ça complètement de côté quand vous travaillez sur un film d'animation ou de la déco, de la peinture ?
- Speaker #0
Alors ça n'est jamais éteint complètement, mais c'est vrai que l'animation, ça prend du temps. Sur Kirikou, j'ai continué un petit peu en ralentissant parce qu'on ne peut pas se démultiplier non plus. Moi, j'aime bien être à fond dans ce que je fais.
- Speaker #1
Et alors, vous avez plusieurs enfants ?
- Speaker #0
Oui, j'en ai deux.
- Speaker #1
Alors, est-ce que dans leur chambre, ils ont le droit à plein de sculptures en papier ?
- Speaker #0
Alors, franchement, oui. Alors, en fait, elles ont grandi, on a invité... petit appartement en région parisienne. Et quand j'avais des commandes de sculptures, c'était dans le salon, au milieu du salon. Donc elles ont vraiment grandi au milieu des sculptures. La maison était quand même à moitié un atelier. Donc elles ont grandi dans un atelier.
- Speaker #1
Je voulais vous demander ce que c'était pour vous la joie, qu'est-ce que ça représente ?
- Speaker #0
La joie pour moi, elle est vraiment dans toutes les relations avec ma famille et mes proches. Mais il y a aussi cette dimension de contemplation, d'être habité par la joie du paysage. La joie de ce qu'on regarde, même en faisant un portrait, j'ai toujours envie de me laisser envahir par la personne que je peins. Voilà, ça c'est une joie.
- Speaker #1
Et ça c'est des plaisirs seuls ou pas ? Par exemple, la contemplation, est-ce que c'est seul ou est-ce que ça peut se partager ?
- Speaker #0
Alors c'est seul, c'est seul absolument, mais ça se partage, je trouve, à travers l'art. Moi en tout cas. Je me souviens, adolescente, quand j'ai commencé à lire des poèmes, et là, j'étais vraiment estomaquée de voir que la description des émotions dans les poèmes, elle rejoignait, mais peut-être de façon tellement juste, ce que je ressentais. Et voilà, je pense que c'est...
- Speaker #1
Est-ce qu'il y a une musique qui vous met en joie ?
- Speaker #0
Il y a beaucoup de musiques qui me mettent en joie. Il y a une musique que j'aime beaucoup qui est Music for a while de Henri Purcell. Music for a while ça veut dire, voilà, la musique pour un moment, elle t'emporte et elle t'habite jusqu'à ce que les soucis reviennent.
- Speaker #1
C'est un peu être dans une bulle. dans le moment présent ?
- Speaker #0
Oui, être emportée par la musique, par l'art.
- Speaker #1
Et est-ce qu'il y a une photo qui vous met en joie ?
- Speaker #0
Alors oui, il y a des photos qui me mettent en joie. Je vais parler des dessins de Jean Chevalier. Jean Chevalier, c'est un grand artiste animalier qui a aussi participé à mon long-métrage d'animation en faisant les cris d'animaux. Et pour moi, j'ai eu la chance de le rencontrer quand j'étais adolescente. Quand j'étais adolescente, il allait au même conservatoire d'art plastique que moi. Et dès que j'ai vu ses premiers dessins, j'étais éblouie par la beauté de ses dessins.
- Speaker #1
Elle n'en a pas parlé de votre long métrage ?
- Speaker #0
Il est diffusé, il continue à tourner en cinéma, en festival. Il est distribué par Arte Video, donc on peut trouver le DVD très facilement et on peut aussi le louer en VOD. très facilement aussi sur Internet.
- Speaker #1
Il faut dire que l'exposition Angoulême, on peut aussi la voir jusqu'en janvier.
- Speaker #0
Oui, jusqu'au 5 janvier.
- Speaker #1
5 janvier 2025,
- Speaker #0
c'est ça ? Oui.
- Speaker #1
Et vous, qu'est-ce que vous avez comme projet ?
- Speaker #0
Moi, je continue à donner des cours d'anatomie. C'est une chose dont on n'a pas parlé, mais les cours d'anatomie à l'MK. Moi, j'ai adoré mes cours d'anatomie et j'adore transmettre ma passion.
- Speaker #1
C'est vrai qu'Angoulême, c'est devenu un petit peu un pôle important du cinéma d'animation. Et il y a notamment l'EMCA,
- Speaker #0
une école d'animation. Je continue à étudier l'anatomie et c'est quelque chose que j'adore transmettre aux étudiants. Donc il y a toujours ce travail qui me passionne. Et sinon, il y a mon projet, un autre projet de long métrage, Animalier. Mais ça, les projets, on ne peut pas tellement en parler avant qu'ils soient terminés.
- Speaker #1
Mais là, c'est un projet avec des sculptures en papier, des marionnettes.
- Speaker #0
Avec des marionnettes en papier. Avec des marionnettes en papier, oui.
- Speaker #1
Les marionnettes, la petite différence, c'est qu'elles vont être animées. Par exemple, les ailes vont bouger.
- Speaker #0
Oui, c'est ça.
- Speaker #1
Ce qui n'est pas le cas pour certaines sculptures.
- Speaker #0
Non, la sculpture, c'est vraiment figé dans un bon point.
- Speaker #1
Comment ça se fait une sculpture en papier ? Est-ce que peut-être pour terminer, vous choisissez un animal et puis vous nous dites comment on le fait ?
- Speaker #0
Le papier mâché, c'est une technique qui est très agréable parce qu'elle est très accessible. Moi, j'ai commencé à l'utiliser pour travailler avec des enfants, faire faire des sculptures aux enfants. Donc, c'est très facile. Il suffit d'avoir un peu de papier journal, une bassine avec de l'eau et de la colle à papier peint. très basique au départ.
- Speaker #1
Et comment on passe d'une petite chauve-souris à un cerf énorme ?
- Speaker #0
Alors pour les grandes sculptures, ce qui est très bien avec le papier, c'est que si on le travaille avec un peu de technique, on peut faire des formes très légères et donc très grandes. Parce que quand on est léger, on peut toujours faire grand. Ce qui fait que là, on n'a pas de limite en taille. C'est pour ça que j'ai pu faire un stégosaure dans la grandeur nature dans l'exposition. Par contre, il faut l'armaturer. Là, il y a une armature de métal.
- Speaker #1
Et pour la grande sculpture, comment on pourrait la montrer, qu'on comprenne ce que c'est ?
- Speaker #0
Alors, Immersion, c'est une promenade au bord de l'eau, dans la campagne, un charanthez. On peut tourner autour. C'est comme si on avait coupé, découpé un morceau de terre. et qu'on pouvait quitter. On l'emmenait dans la salle du musée et on peut même voir ce qui se passe sous terre.
- Speaker #1
Il y a des fleurs, des terriers, des insectes.
- Speaker #0
Voilà, du coup, ça remonte un peu la terre. On est le nez dans l'herbe, mais on est debout.
- Speaker #1
Et ça, ça vous a pris combien de temps pour le faire ?
- Speaker #0
Alors, sur cette sculpture, il y a plusieurs années de travail parce qu'il y a des... Des sculptures d'animaux et de végétaux que j'ai fait pour l'occasion. Et puis il y a quelques... On a aussi rassemblé sur cette sculpture les végétaux qu'on a créés pour le film Bonjour le Monde.
- Speaker #1
Et pour terminer dans l'exposition, il y a également une très grande peinture où on voit le rempart d'Angoulême. C'est vous qui l'avez faite cette peinture. Et avec un texte. Un petit texte magnifique que vous avez écrit et qui, je trouve, qui parle vraiment très bien, très précisément de la poésie d'Angoulême.
- Speaker #0
Merci.
- Speaker #1
À bientôt, peut-être dans votre atelier. Moi, j'aimerais bien visiter. Vous faites des visites ou pas ?
- Speaker #0
Là, pour l'instant, ce n'est pas très rangé. Et aussi, je n'ai pas énormément de choses à montrer. Je pense que j'aurai peut-être des choses un peu plus tard. Oui, parce que là, je vais travailler aussi sur des nouveaux dinosaures.
- Speaker #1
On se donne rendez-vous peut-être en
- Speaker #0
2025 ? Oui, voilà.
- Speaker #2
Oui, oui,
- Speaker #0
oui.