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Une autre idée du zoo

Omar, un sculpteur au grand coeur

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21min |25/11/2022
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Omar, un sculpteur au grand coeur

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21min |25/11/2022
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Description

Omar Sekou est sculpteur au musée de Niamey, la capitale du Niger. Chaque été, il se rend au Bioparc pour réaliser devant les visiteurs des sculptures monumentales dans des troncs de séquoia. Rencontre avec cet homme au grand coeur !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Ma vie à Niamey, c'est la vie d'un sculpteur, où comme je disais, le Bioparc a apporté beaucoup de choses, beaucoup d'amis. Quand tu le miroirs, il m'appelle "Zoo Doué" ou bien "Doué-la-Fontaine".

  • Speaker #1

    Une autre idée du zoo, le podcast du Bioparc de Doué-la-Fontaine. Chaque été, Omar vient à Doué-la-Fontaine pour réaliser devant les visiteurs des sculptures monumentales dans des troncs de séquoias. Il initie aussi les plus jeunes à la sculpture lors d'ateliers. Alors Omar, est-ce que tu peux nous expliquer ce que tu es en train de faire ?

  • Speaker #0

    Là, je suis en train de terminer un lion, un gros lion en taille réelle. C'est dans un bois de séquoia, un gros tronc de séquoia. Donc c'est un lion que j'avais commencé et laissé là il y a 3 ans. Je l'avais commencé au mois d'août 2019. Entre temps, ce n'était pas fini, je suis rentré chez moi au Niger. Et je n'ai pas eu l'occasion encore de venir compte tenu de la Covid, parce que la Covid est passée par là.

  • Speaker #1

    Et oui, donc pendant deux ans, tu n'as pas pu revenir nous voir.

  • Speaker #0

    Oui, pendant deux ans, je n'ai pas pu revenir voir nos amis ici, qui nous ont beaucoup manqué. Et là, cette année, c'est avec une grande joie que je suis revenu. Et là, je termine mon cher lion, qui est un peu têtu quand même.

  • Speaker #1

    Il était un petit peu gros ton lion au départ, c'est ça ? Tu l'as un petit peu aminci ?

  • Speaker #0

    Ouais, il était un petit peu gros. Donc là, je lui fais une petite chirurgie esthétique. Je taille avec mon erminette. L'erminette, c'est... A partir de la lampe de ressort des camions qu'on récupère dans les garages, on les amène sur le forgeron et on les transforme comme ça. Et en Afrique, c'est l'outil de base pour les sculpteurs.

  • Speaker #1

    Tu peux nous dire combien de temps tu as mis à peu près ? J'imagine que tu ne comptes pas tes heures, mais combien ça fait en temps pour faire une sculpture pareille ?

  • Speaker #0

    Et on dit quand on aime, on ne compte pas les jours, ni les heures, ni les minutes. Donc ça fait quelques semaines quand même. Mais moi, je ne compte pas. C'est surtout le plaisir que je prends sur ce que je fais qui me... qui me... que je compte, quoi. Qui me touche, qui me fait du bien. Voilà. je voyage dans mes sculptures, donc je compte pas ces plaisirs là. Ca me permet de garder une liberté intérieure et de voir les choses sous un autre angle. Voilà au Bioparc là ça fait presque 20 ans, presque 20 ans que je viens au Bioparc. Le Bioparc fait partie de ma vie maintenant. Et au Niger, à Niamey, beaucoup d'amis m'appellent quand ils me voient ils ont un surnom "Zoo doué" ils me disent, ou bien "Doué-la-Fontaine". Ils disent Zoo doué ou bien Doué-la-Fontaine, en tout cas. Il y a un de deux que la personne va m'appeler avec. Et voilà.

  • Speaker #1

    Oui, parce que quand tu as commencé il y a 20 ans à venir ici, ça s'appelait encore le Zoo de Doué, ce n'était pas encore le Bioparc.

  • Speaker #0

    Ce n'était pas encore le Bioparc. Du coup, ils disent Zoo Doué ou bien ils disent Doué-la-Fontaine. Oui, oui. Dès qu'ils me voient, "Doué-la-Fontaine !".

  • Speaker #1

    Tu pourrais nous raconter comment ça a commencé l'histoire avec le Zoo de Doué à l'époque ?

  • Speaker #0

    Un soir, j'étais chez moi je regardais la télévision avec frères et sœurs, parents, tout le monde. Je vois, il me semble que c'était en 2001-2002, quelque chose comme ça, je vois un blanc assis au milieu des Africains pendant comment dirais-je, le magazine sportif. Donc c'est en fin de journal. Je vois un blanc assis au milieu des Africains, des villageois, pendant un match de football. Il y avait une coupe, je dis "mais qu'est-ce qu'il cherche lui" ? Là, là, ça m'a étonné, je dis ce blanc-là, mais quand même il est courageux. Être au milieu de tous ces gens-là. Le lendemain, j'étais dans mon atelier au musée. Je vois le monsieur arriver directement. Il s'arrête devant l'atelier. Je regarde, je dis "mais s'il vous plaît monsieur, hier je vous ai vu à la télé. Pendant le magazine sportif, il y avait un tournoi qui était organisé. La finale, il y avait une coupe girafe et puis encore vous, vous étiez assis. Il y avait des gens assis autour de toi, vous regardiez le match". "Ah, oui, c'est moi, oui, oui, oui, oui !" Et on a commencé à discuter comme ça et c'est parti. "Ah, vous savez, je peux faire venir des sculpteurs chez moi, ils vont faire de la sculpture". On a commencé à parler comme ça et on a sympathisé, c'est vraiment... Drôle de rencontre, une belle histoire. Et on peut dire qu'il y avait des connexions qui se sont passées avant. Parce que le soir, moi, je regarde la télé, je vois ce monsieur-là, je le remarque bien, le lendemain matin, j'étais dans mon atelier avec des amis, on voit le monsieur arriver. Ah, c'est... il y a quelque chose quand même.

  • Speaker #1

    Et c'était qui ?

  • Speaker #0

    C'était Monsieur le Président-Directeur Général, comme on l'appelle maintenant, partout, partout, et même ailleurs. Ça, c'est très important, et même ailleurs. Voilà pourquoi cette rencontre. Donc, c'était Pierre. C'était Pierre. Et depuis, cette image m'est restée, comment dirais-je, dans la tête. Ça ne peut pas sortir parce qu'il y a quelque chose qui est parti de là.

  • Speaker #1

    Toujours, on parle au mar. C'était en 2004 au Niger. Pierre Guay, le directeur du bioparc, assistait à une coupe de football amateur organisée pour soutenir l'association de sauvegarde des girafes du Niger.

  • Speaker #0

    Et donc du coup on avait discuté et voilà comment le projet s'est mis en place. Et nous voilà ici en 2005 avec Dello. Le matin, il vient, il dit "bonjour, bonjour Omar, tu es là, Dello, tu es là". Et ce qui nous a beaucoup touché encore, Pierre nous fait visiter le zoo. Ça, peut-être que lui l'a oublié, mais nous, elle ne l'a pas oublié. Il nous a guidé, il nous a dit ce soir, il y aura l'inauguration des rhinos. Ça, ça nous a marqué beaucoup. Parce que chez nous... Un directeur, il ne va pas faire ça. Oui. Un directeur, c'est le grand, grand, grand, grand. Mais nous, ça nous a marqué, ça nous a touchs. On a dit, c'est sûr qu'il y a de belles choses à faire ici. Et voilà.

  • Speaker #1

    Et donc, ça fait bientôt 20 ans que ça dure.

  • Speaker #0

    Ça fait bientôt 20 ans que ça dure. Et que du plaisir.

  • Speaker #1

    C'est ça que ça t'a apporté ? Ça t'a apporté du plaisir et...

  • Speaker #0

    Du plaisir, ça m'a apporté, comment dirais-je... Du plaisir. Je me suis beaucoup perfectionné dans mon travail. Et sur tous les plans, quoi. Sur la vie, sur pas mal de trucs. Parce qu'on rencontre des gens ici, on discute avec ces gens, on apprend le monde, on apprend sur les autres et on apprend sur soi-même. Sur soi-même. Il y a des choses, tu dis, "ah oui, ici c'est comme ça". Ah, chez nous, ce n'est pas comme ça. Tu arrives là-bas, tu expliques, les gens se mettent autour de toi, vous discutez, ah oui, là-bas. La première année, quand je suis retourné, il y a tout l'atelier qui était venu autour de moi. Il faut que tu racontes. Et on le raconte, on le raconte. Et les gens sont contents. C'est comme ça, oui. Comment tu vas travailler ? Ah oui, le bois, le gros.

  • Speaker #1

    C'est une sorte de messager entre le Niger et la France finalement, puisque tu racontes ici ce que tu vis là-bas et là-bas tu leur racontes ce que tu vis ici.

  • Speaker #0

    Oui, en quelque sorte, en tout cas, on essaie de partager avec les gens. Voilà. Et on apprend de belles choses.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu peux nous parler un peu de ta vie à Niamey, au Niger ? Parce qu'on ne la connaît pas bien, cette vie qui est différente de la nôtre.

  • Speaker #0

    Ma vie à Niamey, c'est la vie d'un sculpteur. Comme je disais, le zoo, le Bioparc a apporté beaucoup de choses. Moi, autrefois, je travaillais le bois de brousse. Le bois qui vient de la brousse. Quand l'histoire a commencé avec le Bioparc, avec Pierre, on discutait, on discutait. Il disait, "Omar, vous savez, vous pouvez travailler d'autres bois aussi". Je fais travailler le nîme, le caïsédra, c'est des arbres de culture. Donc du coup, j'ai commencé à rentrer dans la ville de Niamey. Souvent le matin, je me réveille tôt pour aller regarder dans le quartier où il y a des arbres, comment dirais-je, de culture qui sont secs, qui sont tombés. Donc je discute avec les propriétaires et on tombe sur un prix. J'achète, je cherche, comment dirais-je... Le pousse-pousse c'est une sorte de charrette. Donc du coup, il y a des spécialistes pour ça, je leur donne un peu de sous. Donc ils m'amènent le bois au musée. Au début, les gens ne me croyaient pas. Ils disaient, bon, ce genre de bois, nous on ne le travaille pas. Ah, toi tu veux le travailler ? Oui, oui, vous allez voir. Et dedans, on commence à faire de belles choses, de belles choses, de belles choses. Les gens ont vu que, ah oui, ce bois peut être mieux, même plus que ce qu'on travaille. Et donc aujourd'hui, les gens travaillent sur ce genre de bois-là. Ils ne travaillent plus le bois qui vient de la brousse, mais que du bois de culture. Et donc du coup, la vie, c'est... Plusieurs matinées, c'est comme ça. Aller chercher du bois, tu trouves du bois, tu cherches les gens de pousse-pousse, ils t'amènent le bois au musée, et tu coupes le bois, je prends l'herminette. Il y a les amis, je commence à discuter souvent, il y a deux trois amis qui viennent s'asseoir, on discute, je taille mon bois, on discute, je taille le bois, on prend du thé, on discute, jusqu'à midi souvent. Après j'arrête pour aller manger et je reviens, je continue. Souvent c'est des sculptures qui peuvent faire deux trois jours, souvent c'est des sculptures que je termine sur place, le même jour je veux dire. Mais moi, pratiquement tous les matinées, je discute d'abord avec mon papa, parce que c'est lui qui m'a initié à la sculpture. Donc du coup, beaucoup de matinées, on discute avec lui, on cause, on échange et après je viens au musée.

  • Speaker #1

    Omar est sculpteur au musée de Niamey, la capitale du Niger. Autrefois, les touristes fréquentaient le musée et achetaient ses créations. Mais depuis plusieurs années, le terrorisme a rendu la région inaccessible aux voyageurs.

  • Speaker #0

    Oui, je travaille au musée de Niamey. Le musée de Niamey a été créé en 1958. Donc, dedans, ils ont pensé à intégrer l'artisanat. Donc, quand vous venez au musée, c'est comme si vous voyiez le Niger en miniature. Donc, il y a la partie musée et la partie artisanale pour montrer les savoir-faire du Niger. Donc, du coup, dedans, il y avait une coopérative qui a été créée. Il y a de cela très longtemps. Et donc, du coup, nous... Dans cette coopérative, c'est les touristes vraiment qui achètent beaucoup. C'est comme ça. Mais depuis quelques années, ce n'est plus ça. Les problèmes des terroristes qu'on a chez nous et vous voyez maintenant depuis plus de 12 ans la bande de sahélo-saharienne, surtout la partie désertique, rencontre un sérieux problème avec ces djihadistes là qui terrorisent tout le monde. Donc du coup, qui terrorisent jusqu'à, comment dirais-je, à côté de Niamey. C'était en 2010, ils ont même pénétré dans la ville de Niamey pour enlever des gens. Donc du coup, à partir de cette date-là, le tourisme a pris vraiment un sérieux coup à Niamey. Donc il n'y a plus de touristes. Et même les coopérants autrefois qui étaient nos meilleurs clients, il y a beaucoup de coopérants qui sont rentrés. Donc pour vendre nos produits au musée, aux touristes, à un bon prix, c'est très difficile. Donc du coup, nous on a eu la chance, on travaille avec le Bioparc. Donc le Bioparc nous lance des commandes qu'on exécute depuis quelques années. Donc cela fait qu'on arrive à tenir debout et à regarder devant nous. Donc le Bioparc est une sorte de lumière pour nous pendant cette période-là, sinon autrement ça ne sera pas facile. Mais aussi... Je peux dire, Pierre, il n'y a pas qu'au Bioparc qu'il nous charge des opportunités, même ailleurs, parce que c'est pour cela que je dis, monsieur le président directeur général, partout, partout et même ailleurs. Donc, même ailleurs, il nous a trouvé des endroits pour installer des sculpteurs. Donc, ça fait depuis quelques années, j'ai des collègues que j'ai formé qui vont à la République tchèque pour faire de la sculpture aussi. C'est une aubaine pour nous. Parce que sans ça, avec ce problème-là, ça sera difficile. Avec ce terrorisme-là, ça sera très dur pour s'en sortir.

  • Speaker #1

    Toi, Omar, au Niger, on sait que c'est le pays des girafes pour nous. Nos visiteurs, ils connaissent le Niger par le biais des girafes. Est-ce que tu peux nous raconter un peu comment ça se passe pour les girafes avec le Bioparc ? Ça a changé quelque chose pour la vie des villageois et des girafes ?

  • Speaker #0

    Moi, je peux vous dire que si aujourd'hui il y a des girafes au Niger, au Niger, on est fier pour dire qu'on a des girafes. Je peux dire que vraiment, c'est grâce à l'apport du Bioparc, l'apport du... de Pierre parce que je disais et il a porté cette lumière là il a apporté le le coeur qu'il faut à l'association donc il a apporté ce qui manquait et autrefois au niger le genre la girafe n'est Les gens ne... je ne peux pas dire... ce n'était pas grand chose quoi. Et avec l'association, avec l'appui du Bioparc, les actions que le zoo mène là-bas, les micro-crédits, la construction des puits maraîchers, donc... Les girafes qui sont dénombrées, parce que c'est grâce aux os que les girafes sont dénombrées maintenant chaque année. Moi, je me rappelle la première fois quand JP était au Niger, c'était un gars qui travaillait pour le parc, pour le Bioparc au Niger, pour pouvoir vraiment identifier les nombres de girafes, compter chaque année, être sûr des nombres. Donc du coup... je dirais que si aujourd'hui on a 800 et quelques girafes c'est vraiment grâce à la philosophie du Bioparc, à la philosophie, la façon de voir les choses des pierres parce que la girafe est devenu une réalité au Niger depuis un certain temps. Aujourd'hui même le sac du riz produit au Niger à l'emblème comme la girafe. Et sur le 20h, le plateau du 20h du Télésahel, Télésahel c'est la télévision nationale nigérienne, donc sur le plateau du 20h, vous avez l'emblème de la girafe. Et j'entends des phrases que je n'entendais pas il y a quelques années, au moment où je commençais. Les gens disent, ah oui, nous on a les derniers troupeaux de girafe d'Afrique de l'Ouest. Je l'entends dans pas mal de bouches. Donc c'est devenu une réalité et c'est vraiment le fruit de la collaboration entre cette association nigérienne et le parc, le Bioparc.

  • Speaker #1

    En 2001, le Bioparc a commencé à aider l'ASGN pour la sauvegarde des 49 dernières girafes d'Afrique de l'Ouest restantes. Grâce à 20 années d'efforts aux côtés de l'ASGN, des autorités et des villageois, les girafes sont aujourd'hui plus de 800 à vivre en liberté sur le plateau de Kouré. Donc, je voulais conclure en disant que le bioparc, c'était une grande famille. On en parlait déjà plusieurs fois. Et bon, Omar, c'est vraiment... Un de nos frères, il fait partie de la famille du Bioparc.

  • Speaker #0

    Ça me touche beaucoup. Ça me touche ce mot-là. Faire partir de la famille. Voilà. C'est pour dire qu'on est des humains. Voilà. Il n'y a pas de couleur, il n'y a pas de... On est des humains, voilà.

  • Speaker #1

    L'important, c'est de partager.

  • Speaker #0

    L'important, c'est de partager, oui.

  • Speaker #1

    Merci Omar.

  • Speaker #0

    Je vous en prie. C'est à moi de vous remercier de passer ces moments agréables avec vous et de raconter un peu de mon histoire.

  • Speaker #1

    C'est important pour que le monde l'entende parce que t'es pas là assez longtemps pour pouvoir en parler avec tous nos visiteurs. Donc le fait de pouvoir le partager avec d'autres personnes, j'espère qu'ils ressentiront ce que ça nous fait de te voir chaque année.

  • Speaker #0

    D'accord, merci.

  • Speaker #1

    Voilà, c'est la fin de cet épisode. Merci de l'avoir écouté jusqu'au bout. Abonnez-vous s'il vous a plu et pour en savoir plus sur le Bioparc, rendez-vous sur www.bioparc-zoo.fr !

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Omar Sekou est sculpteur au musée de Niamey, la capitale du Niger. Chaque été, il se rend au Bioparc pour réaliser devant les visiteurs des sculptures monumentales dans des troncs de séquoia. Rencontre avec cet homme au grand coeur !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Ma vie à Niamey, c'est la vie d'un sculpteur, où comme je disais, le Bioparc a apporté beaucoup de choses, beaucoup d'amis. Quand tu le miroirs, il m'appelle "Zoo Doué" ou bien "Doué-la-Fontaine".

  • Speaker #1

    Une autre idée du zoo, le podcast du Bioparc de Doué-la-Fontaine. Chaque été, Omar vient à Doué-la-Fontaine pour réaliser devant les visiteurs des sculptures monumentales dans des troncs de séquoias. Il initie aussi les plus jeunes à la sculpture lors d'ateliers. Alors Omar, est-ce que tu peux nous expliquer ce que tu es en train de faire ?

  • Speaker #0

    Là, je suis en train de terminer un lion, un gros lion en taille réelle. C'est dans un bois de séquoia, un gros tronc de séquoia. Donc c'est un lion que j'avais commencé et laissé là il y a 3 ans. Je l'avais commencé au mois d'août 2019. Entre temps, ce n'était pas fini, je suis rentré chez moi au Niger. Et je n'ai pas eu l'occasion encore de venir compte tenu de la Covid, parce que la Covid est passée par là.

  • Speaker #1

    Et oui, donc pendant deux ans, tu n'as pas pu revenir nous voir.

  • Speaker #0

    Oui, pendant deux ans, je n'ai pas pu revenir voir nos amis ici, qui nous ont beaucoup manqué. Et là, cette année, c'est avec une grande joie que je suis revenu. Et là, je termine mon cher lion, qui est un peu têtu quand même.

  • Speaker #1

    Il était un petit peu gros ton lion au départ, c'est ça ? Tu l'as un petit peu aminci ?

  • Speaker #0

    Ouais, il était un petit peu gros. Donc là, je lui fais une petite chirurgie esthétique. Je taille avec mon erminette. L'erminette, c'est... A partir de la lampe de ressort des camions qu'on récupère dans les garages, on les amène sur le forgeron et on les transforme comme ça. Et en Afrique, c'est l'outil de base pour les sculpteurs.

  • Speaker #1

    Tu peux nous dire combien de temps tu as mis à peu près ? J'imagine que tu ne comptes pas tes heures, mais combien ça fait en temps pour faire une sculpture pareille ?

  • Speaker #0

    Et on dit quand on aime, on ne compte pas les jours, ni les heures, ni les minutes. Donc ça fait quelques semaines quand même. Mais moi, je ne compte pas. C'est surtout le plaisir que je prends sur ce que je fais qui me... qui me... que je compte, quoi. Qui me touche, qui me fait du bien. Voilà. je voyage dans mes sculptures, donc je compte pas ces plaisirs là. Ca me permet de garder une liberté intérieure et de voir les choses sous un autre angle. Voilà au Bioparc là ça fait presque 20 ans, presque 20 ans que je viens au Bioparc. Le Bioparc fait partie de ma vie maintenant. Et au Niger, à Niamey, beaucoup d'amis m'appellent quand ils me voient ils ont un surnom "Zoo doué" ils me disent, ou bien "Doué-la-Fontaine". Ils disent Zoo doué ou bien Doué-la-Fontaine, en tout cas. Il y a un de deux que la personne va m'appeler avec. Et voilà.

  • Speaker #1

    Oui, parce que quand tu as commencé il y a 20 ans à venir ici, ça s'appelait encore le Zoo de Doué, ce n'était pas encore le Bioparc.

  • Speaker #0

    Ce n'était pas encore le Bioparc. Du coup, ils disent Zoo Doué ou bien ils disent Doué-la-Fontaine. Oui, oui. Dès qu'ils me voient, "Doué-la-Fontaine !".

  • Speaker #1

    Tu pourrais nous raconter comment ça a commencé l'histoire avec le Zoo de Doué à l'époque ?

  • Speaker #0

    Un soir, j'étais chez moi je regardais la télévision avec frères et sœurs, parents, tout le monde. Je vois, il me semble que c'était en 2001-2002, quelque chose comme ça, je vois un blanc assis au milieu des Africains pendant comment dirais-je, le magazine sportif. Donc c'est en fin de journal. Je vois un blanc assis au milieu des Africains, des villageois, pendant un match de football. Il y avait une coupe, je dis "mais qu'est-ce qu'il cherche lui" ? Là, là, ça m'a étonné, je dis ce blanc-là, mais quand même il est courageux. Être au milieu de tous ces gens-là. Le lendemain, j'étais dans mon atelier au musée. Je vois le monsieur arriver directement. Il s'arrête devant l'atelier. Je regarde, je dis "mais s'il vous plaît monsieur, hier je vous ai vu à la télé. Pendant le magazine sportif, il y avait un tournoi qui était organisé. La finale, il y avait une coupe girafe et puis encore vous, vous étiez assis. Il y avait des gens assis autour de toi, vous regardiez le match". "Ah, oui, c'est moi, oui, oui, oui, oui !" Et on a commencé à discuter comme ça et c'est parti. "Ah, vous savez, je peux faire venir des sculpteurs chez moi, ils vont faire de la sculpture". On a commencé à parler comme ça et on a sympathisé, c'est vraiment... Drôle de rencontre, une belle histoire. Et on peut dire qu'il y avait des connexions qui se sont passées avant. Parce que le soir, moi, je regarde la télé, je vois ce monsieur-là, je le remarque bien, le lendemain matin, j'étais dans mon atelier avec des amis, on voit le monsieur arriver. Ah, c'est... il y a quelque chose quand même.

  • Speaker #1

    Et c'était qui ?

  • Speaker #0

    C'était Monsieur le Président-Directeur Général, comme on l'appelle maintenant, partout, partout, et même ailleurs. Ça, c'est très important, et même ailleurs. Voilà pourquoi cette rencontre. Donc, c'était Pierre. C'était Pierre. Et depuis, cette image m'est restée, comment dirais-je, dans la tête. Ça ne peut pas sortir parce qu'il y a quelque chose qui est parti de là.

  • Speaker #1

    Toujours, on parle au mar. C'était en 2004 au Niger. Pierre Guay, le directeur du bioparc, assistait à une coupe de football amateur organisée pour soutenir l'association de sauvegarde des girafes du Niger.

  • Speaker #0

    Et donc du coup on avait discuté et voilà comment le projet s'est mis en place. Et nous voilà ici en 2005 avec Dello. Le matin, il vient, il dit "bonjour, bonjour Omar, tu es là, Dello, tu es là". Et ce qui nous a beaucoup touché encore, Pierre nous fait visiter le zoo. Ça, peut-être que lui l'a oublié, mais nous, elle ne l'a pas oublié. Il nous a guidé, il nous a dit ce soir, il y aura l'inauguration des rhinos. Ça, ça nous a marqué beaucoup. Parce que chez nous... Un directeur, il ne va pas faire ça. Oui. Un directeur, c'est le grand, grand, grand, grand. Mais nous, ça nous a marqué, ça nous a touchs. On a dit, c'est sûr qu'il y a de belles choses à faire ici. Et voilà.

  • Speaker #1

    Et donc, ça fait bientôt 20 ans que ça dure.

  • Speaker #0

    Ça fait bientôt 20 ans que ça dure. Et que du plaisir.

  • Speaker #1

    C'est ça que ça t'a apporté ? Ça t'a apporté du plaisir et...

  • Speaker #0

    Du plaisir, ça m'a apporté, comment dirais-je... Du plaisir. Je me suis beaucoup perfectionné dans mon travail. Et sur tous les plans, quoi. Sur la vie, sur pas mal de trucs. Parce qu'on rencontre des gens ici, on discute avec ces gens, on apprend le monde, on apprend sur les autres et on apprend sur soi-même. Sur soi-même. Il y a des choses, tu dis, "ah oui, ici c'est comme ça". Ah, chez nous, ce n'est pas comme ça. Tu arrives là-bas, tu expliques, les gens se mettent autour de toi, vous discutez, ah oui, là-bas. La première année, quand je suis retourné, il y a tout l'atelier qui était venu autour de moi. Il faut que tu racontes. Et on le raconte, on le raconte. Et les gens sont contents. C'est comme ça, oui. Comment tu vas travailler ? Ah oui, le bois, le gros.

  • Speaker #1

    C'est une sorte de messager entre le Niger et la France finalement, puisque tu racontes ici ce que tu vis là-bas et là-bas tu leur racontes ce que tu vis ici.

  • Speaker #0

    Oui, en quelque sorte, en tout cas, on essaie de partager avec les gens. Voilà. Et on apprend de belles choses.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu peux nous parler un peu de ta vie à Niamey, au Niger ? Parce qu'on ne la connaît pas bien, cette vie qui est différente de la nôtre.

  • Speaker #0

    Ma vie à Niamey, c'est la vie d'un sculpteur. Comme je disais, le zoo, le Bioparc a apporté beaucoup de choses. Moi, autrefois, je travaillais le bois de brousse. Le bois qui vient de la brousse. Quand l'histoire a commencé avec le Bioparc, avec Pierre, on discutait, on discutait. Il disait, "Omar, vous savez, vous pouvez travailler d'autres bois aussi". Je fais travailler le nîme, le caïsédra, c'est des arbres de culture. Donc du coup, j'ai commencé à rentrer dans la ville de Niamey. Souvent le matin, je me réveille tôt pour aller regarder dans le quartier où il y a des arbres, comment dirais-je, de culture qui sont secs, qui sont tombés. Donc je discute avec les propriétaires et on tombe sur un prix. J'achète, je cherche, comment dirais-je... Le pousse-pousse c'est une sorte de charrette. Donc du coup, il y a des spécialistes pour ça, je leur donne un peu de sous. Donc ils m'amènent le bois au musée. Au début, les gens ne me croyaient pas. Ils disaient, bon, ce genre de bois, nous on ne le travaille pas. Ah, toi tu veux le travailler ? Oui, oui, vous allez voir. Et dedans, on commence à faire de belles choses, de belles choses, de belles choses. Les gens ont vu que, ah oui, ce bois peut être mieux, même plus que ce qu'on travaille. Et donc aujourd'hui, les gens travaillent sur ce genre de bois-là. Ils ne travaillent plus le bois qui vient de la brousse, mais que du bois de culture. Et donc du coup, la vie, c'est... Plusieurs matinées, c'est comme ça. Aller chercher du bois, tu trouves du bois, tu cherches les gens de pousse-pousse, ils t'amènent le bois au musée, et tu coupes le bois, je prends l'herminette. Il y a les amis, je commence à discuter souvent, il y a deux trois amis qui viennent s'asseoir, on discute, je taille mon bois, on discute, je taille le bois, on prend du thé, on discute, jusqu'à midi souvent. Après j'arrête pour aller manger et je reviens, je continue. Souvent c'est des sculptures qui peuvent faire deux trois jours, souvent c'est des sculptures que je termine sur place, le même jour je veux dire. Mais moi, pratiquement tous les matinées, je discute d'abord avec mon papa, parce que c'est lui qui m'a initié à la sculpture. Donc du coup, beaucoup de matinées, on discute avec lui, on cause, on échange et après je viens au musée.

  • Speaker #1

    Omar est sculpteur au musée de Niamey, la capitale du Niger. Autrefois, les touristes fréquentaient le musée et achetaient ses créations. Mais depuis plusieurs années, le terrorisme a rendu la région inaccessible aux voyageurs.

  • Speaker #0

    Oui, je travaille au musée de Niamey. Le musée de Niamey a été créé en 1958. Donc, dedans, ils ont pensé à intégrer l'artisanat. Donc, quand vous venez au musée, c'est comme si vous voyiez le Niger en miniature. Donc, il y a la partie musée et la partie artisanale pour montrer les savoir-faire du Niger. Donc, du coup, dedans, il y avait une coopérative qui a été créée. Il y a de cela très longtemps. Et donc, du coup, nous... Dans cette coopérative, c'est les touristes vraiment qui achètent beaucoup. C'est comme ça. Mais depuis quelques années, ce n'est plus ça. Les problèmes des terroristes qu'on a chez nous et vous voyez maintenant depuis plus de 12 ans la bande de sahélo-saharienne, surtout la partie désertique, rencontre un sérieux problème avec ces djihadistes là qui terrorisent tout le monde. Donc du coup, qui terrorisent jusqu'à, comment dirais-je, à côté de Niamey. C'était en 2010, ils ont même pénétré dans la ville de Niamey pour enlever des gens. Donc du coup, à partir de cette date-là, le tourisme a pris vraiment un sérieux coup à Niamey. Donc il n'y a plus de touristes. Et même les coopérants autrefois qui étaient nos meilleurs clients, il y a beaucoup de coopérants qui sont rentrés. Donc pour vendre nos produits au musée, aux touristes, à un bon prix, c'est très difficile. Donc du coup, nous on a eu la chance, on travaille avec le Bioparc. Donc le Bioparc nous lance des commandes qu'on exécute depuis quelques années. Donc cela fait qu'on arrive à tenir debout et à regarder devant nous. Donc le Bioparc est une sorte de lumière pour nous pendant cette période-là, sinon autrement ça ne sera pas facile. Mais aussi... Je peux dire, Pierre, il n'y a pas qu'au Bioparc qu'il nous charge des opportunités, même ailleurs, parce que c'est pour cela que je dis, monsieur le président directeur général, partout, partout et même ailleurs. Donc, même ailleurs, il nous a trouvé des endroits pour installer des sculpteurs. Donc, ça fait depuis quelques années, j'ai des collègues que j'ai formé qui vont à la République tchèque pour faire de la sculpture aussi. C'est une aubaine pour nous. Parce que sans ça, avec ce problème-là, ça sera difficile. Avec ce terrorisme-là, ça sera très dur pour s'en sortir.

  • Speaker #1

    Toi, Omar, au Niger, on sait que c'est le pays des girafes pour nous. Nos visiteurs, ils connaissent le Niger par le biais des girafes. Est-ce que tu peux nous raconter un peu comment ça se passe pour les girafes avec le Bioparc ? Ça a changé quelque chose pour la vie des villageois et des girafes ?

  • Speaker #0

    Moi, je peux vous dire que si aujourd'hui il y a des girafes au Niger, au Niger, on est fier pour dire qu'on a des girafes. Je peux dire que vraiment, c'est grâce à l'apport du Bioparc, l'apport du... de Pierre parce que je disais et il a porté cette lumière là il a apporté le le coeur qu'il faut à l'association donc il a apporté ce qui manquait et autrefois au niger le genre la girafe n'est Les gens ne... je ne peux pas dire... ce n'était pas grand chose quoi. Et avec l'association, avec l'appui du Bioparc, les actions que le zoo mène là-bas, les micro-crédits, la construction des puits maraîchers, donc... Les girafes qui sont dénombrées, parce que c'est grâce aux os que les girafes sont dénombrées maintenant chaque année. Moi, je me rappelle la première fois quand JP était au Niger, c'était un gars qui travaillait pour le parc, pour le Bioparc au Niger, pour pouvoir vraiment identifier les nombres de girafes, compter chaque année, être sûr des nombres. Donc du coup... je dirais que si aujourd'hui on a 800 et quelques girafes c'est vraiment grâce à la philosophie du Bioparc, à la philosophie, la façon de voir les choses des pierres parce que la girafe est devenu une réalité au Niger depuis un certain temps. Aujourd'hui même le sac du riz produit au Niger à l'emblème comme la girafe. Et sur le 20h, le plateau du 20h du Télésahel, Télésahel c'est la télévision nationale nigérienne, donc sur le plateau du 20h, vous avez l'emblème de la girafe. Et j'entends des phrases que je n'entendais pas il y a quelques années, au moment où je commençais. Les gens disent, ah oui, nous on a les derniers troupeaux de girafe d'Afrique de l'Ouest. Je l'entends dans pas mal de bouches. Donc c'est devenu une réalité et c'est vraiment le fruit de la collaboration entre cette association nigérienne et le parc, le Bioparc.

  • Speaker #1

    En 2001, le Bioparc a commencé à aider l'ASGN pour la sauvegarde des 49 dernières girafes d'Afrique de l'Ouest restantes. Grâce à 20 années d'efforts aux côtés de l'ASGN, des autorités et des villageois, les girafes sont aujourd'hui plus de 800 à vivre en liberté sur le plateau de Kouré. Donc, je voulais conclure en disant que le bioparc, c'était une grande famille. On en parlait déjà plusieurs fois. Et bon, Omar, c'est vraiment... Un de nos frères, il fait partie de la famille du Bioparc.

  • Speaker #0

    Ça me touche beaucoup. Ça me touche ce mot-là. Faire partir de la famille. Voilà. C'est pour dire qu'on est des humains. Voilà. Il n'y a pas de couleur, il n'y a pas de... On est des humains, voilà.

  • Speaker #1

    L'important, c'est de partager.

  • Speaker #0

    L'important, c'est de partager, oui.

  • Speaker #1

    Merci Omar.

  • Speaker #0

    Je vous en prie. C'est à moi de vous remercier de passer ces moments agréables avec vous et de raconter un peu de mon histoire.

  • Speaker #1

    C'est important pour que le monde l'entende parce que t'es pas là assez longtemps pour pouvoir en parler avec tous nos visiteurs. Donc le fait de pouvoir le partager avec d'autres personnes, j'espère qu'ils ressentiront ce que ça nous fait de te voir chaque année.

  • Speaker #0

    D'accord, merci.

  • Speaker #1

    Voilà, c'est la fin de cet épisode. Merci de l'avoir écouté jusqu'au bout. Abonnez-vous s'il vous a plu et pour en savoir plus sur le Bioparc, rendez-vous sur www.bioparc-zoo.fr !

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Description

Omar Sekou est sculpteur au musée de Niamey, la capitale du Niger. Chaque été, il se rend au Bioparc pour réaliser devant les visiteurs des sculptures monumentales dans des troncs de séquoia. Rencontre avec cet homme au grand coeur !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Ma vie à Niamey, c'est la vie d'un sculpteur, où comme je disais, le Bioparc a apporté beaucoup de choses, beaucoup d'amis. Quand tu le miroirs, il m'appelle "Zoo Doué" ou bien "Doué-la-Fontaine".

  • Speaker #1

    Une autre idée du zoo, le podcast du Bioparc de Doué-la-Fontaine. Chaque été, Omar vient à Doué-la-Fontaine pour réaliser devant les visiteurs des sculptures monumentales dans des troncs de séquoias. Il initie aussi les plus jeunes à la sculpture lors d'ateliers. Alors Omar, est-ce que tu peux nous expliquer ce que tu es en train de faire ?

  • Speaker #0

    Là, je suis en train de terminer un lion, un gros lion en taille réelle. C'est dans un bois de séquoia, un gros tronc de séquoia. Donc c'est un lion que j'avais commencé et laissé là il y a 3 ans. Je l'avais commencé au mois d'août 2019. Entre temps, ce n'était pas fini, je suis rentré chez moi au Niger. Et je n'ai pas eu l'occasion encore de venir compte tenu de la Covid, parce que la Covid est passée par là.

  • Speaker #1

    Et oui, donc pendant deux ans, tu n'as pas pu revenir nous voir.

  • Speaker #0

    Oui, pendant deux ans, je n'ai pas pu revenir voir nos amis ici, qui nous ont beaucoup manqué. Et là, cette année, c'est avec une grande joie que je suis revenu. Et là, je termine mon cher lion, qui est un peu têtu quand même.

  • Speaker #1

    Il était un petit peu gros ton lion au départ, c'est ça ? Tu l'as un petit peu aminci ?

  • Speaker #0

    Ouais, il était un petit peu gros. Donc là, je lui fais une petite chirurgie esthétique. Je taille avec mon erminette. L'erminette, c'est... A partir de la lampe de ressort des camions qu'on récupère dans les garages, on les amène sur le forgeron et on les transforme comme ça. Et en Afrique, c'est l'outil de base pour les sculpteurs.

  • Speaker #1

    Tu peux nous dire combien de temps tu as mis à peu près ? J'imagine que tu ne comptes pas tes heures, mais combien ça fait en temps pour faire une sculpture pareille ?

  • Speaker #0

    Et on dit quand on aime, on ne compte pas les jours, ni les heures, ni les minutes. Donc ça fait quelques semaines quand même. Mais moi, je ne compte pas. C'est surtout le plaisir que je prends sur ce que je fais qui me... qui me... que je compte, quoi. Qui me touche, qui me fait du bien. Voilà. je voyage dans mes sculptures, donc je compte pas ces plaisirs là. Ca me permet de garder une liberté intérieure et de voir les choses sous un autre angle. Voilà au Bioparc là ça fait presque 20 ans, presque 20 ans que je viens au Bioparc. Le Bioparc fait partie de ma vie maintenant. Et au Niger, à Niamey, beaucoup d'amis m'appellent quand ils me voient ils ont un surnom "Zoo doué" ils me disent, ou bien "Doué-la-Fontaine". Ils disent Zoo doué ou bien Doué-la-Fontaine, en tout cas. Il y a un de deux que la personne va m'appeler avec. Et voilà.

  • Speaker #1

    Oui, parce que quand tu as commencé il y a 20 ans à venir ici, ça s'appelait encore le Zoo de Doué, ce n'était pas encore le Bioparc.

  • Speaker #0

    Ce n'était pas encore le Bioparc. Du coup, ils disent Zoo Doué ou bien ils disent Doué-la-Fontaine. Oui, oui. Dès qu'ils me voient, "Doué-la-Fontaine !".

  • Speaker #1

    Tu pourrais nous raconter comment ça a commencé l'histoire avec le Zoo de Doué à l'époque ?

  • Speaker #0

    Un soir, j'étais chez moi je regardais la télévision avec frères et sœurs, parents, tout le monde. Je vois, il me semble que c'était en 2001-2002, quelque chose comme ça, je vois un blanc assis au milieu des Africains pendant comment dirais-je, le magazine sportif. Donc c'est en fin de journal. Je vois un blanc assis au milieu des Africains, des villageois, pendant un match de football. Il y avait une coupe, je dis "mais qu'est-ce qu'il cherche lui" ? Là, là, ça m'a étonné, je dis ce blanc-là, mais quand même il est courageux. Être au milieu de tous ces gens-là. Le lendemain, j'étais dans mon atelier au musée. Je vois le monsieur arriver directement. Il s'arrête devant l'atelier. Je regarde, je dis "mais s'il vous plaît monsieur, hier je vous ai vu à la télé. Pendant le magazine sportif, il y avait un tournoi qui était organisé. La finale, il y avait une coupe girafe et puis encore vous, vous étiez assis. Il y avait des gens assis autour de toi, vous regardiez le match". "Ah, oui, c'est moi, oui, oui, oui, oui !" Et on a commencé à discuter comme ça et c'est parti. "Ah, vous savez, je peux faire venir des sculpteurs chez moi, ils vont faire de la sculpture". On a commencé à parler comme ça et on a sympathisé, c'est vraiment... Drôle de rencontre, une belle histoire. Et on peut dire qu'il y avait des connexions qui se sont passées avant. Parce que le soir, moi, je regarde la télé, je vois ce monsieur-là, je le remarque bien, le lendemain matin, j'étais dans mon atelier avec des amis, on voit le monsieur arriver. Ah, c'est... il y a quelque chose quand même.

  • Speaker #1

    Et c'était qui ?

  • Speaker #0

    C'était Monsieur le Président-Directeur Général, comme on l'appelle maintenant, partout, partout, et même ailleurs. Ça, c'est très important, et même ailleurs. Voilà pourquoi cette rencontre. Donc, c'était Pierre. C'était Pierre. Et depuis, cette image m'est restée, comment dirais-je, dans la tête. Ça ne peut pas sortir parce qu'il y a quelque chose qui est parti de là.

  • Speaker #1

    Toujours, on parle au mar. C'était en 2004 au Niger. Pierre Guay, le directeur du bioparc, assistait à une coupe de football amateur organisée pour soutenir l'association de sauvegarde des girafes du Niger.

  • Speaker #0

    Et donc du coup on avait discuté et voilà comment le projet s'est mis en place. Et nous voilà ici en 2005 avec Dello. Le matin, il vient, il dit "bonjour, bonjour Omar, tu es là, Dello, tu es là". Et ce qui nous a beaucoup touché encore, Pierre nous fait visiter le zoo. Ça, peut-être que lui l'a oublié, mais nous, elle ne l'a pas oublié. Il nous a guidé, il nous a dit ce soir, il y aura l'inauguration des rhinos. Ça, ça nous a marqué beaucoup. Parce que chez nous... Un directeur, il ne va pas faire ça. Oui. Un directeur, c'est le grand, grand, grand, grand. Mais nous, ça nous a marqué, ça nous a touchs. On a dit, c'est sûr qu'il y a de belles choses à faire ici. Et voilà.

  • Speaker #1

    Et donc, ça fait bientôt 20 ans que ça dure.

  • Speaker #0

    Ça fait bientôt 20 ans que ça dure. Et que du plaisir.

  • Speaker #1

    C'est ça que ça t'a apporté ? Ça t'a apporté du plaisir et...

  • Speaker #0

    Du plaisir, ça m'a apporté, comment dirais-je... Du plaisir. Je me suis beaucoup perfectionné dans mon travail. Et sur tous les plans, quoi. Sur la vie, sur pas mal de trucs. Parce qu'on rencontre des gens ici, on discute avec ces gens, on apprend le monde, on apprend sur les autres et on apprend sur soi-même. Sur soi-même. Il y a des choses, tu dis, "ah oui, ici c'est comme ça". Ah, chez nous, ce n'est pas comme ça. Tu arrives là-bas, tu expliques, les gens se mettent autour de toi, vous discutez, ah oui, là-bas. La première année, quand je suis retourné, il y a tout l'atelier qui était venu autour de moi. Il faut que tu racontes. Et on le raconte, on le raconte. Et les gens sont contents. C'est comme ça, oui. Comment tu vas travailler ? Ah oui, le bois, le gros.

  • Speaker #1

    C'est une sorte de messager entre le Niger et la France finalement, puisque tu racontes ici ce que tu vis là-bas et là-bas tu leur racontes ce que tu vis ici.

  • Speaker #0

    Oui, en quelque sorte, en tout cas, on essaie de partager avec les gens. Voilà. Et on apprend de belles choses.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu peux nous parler un peu de ta vie à Niamey, au Niger ? Parce qu'on ne la connaît pas bien, cette vie qui est différente de la nôtre.

  • Speaker #0

    Ma vie à Niamey, c'est la vie d'un sculpteur. Comme je disais, le zoo, le Bioparc a apporté beaucoup de choses. Moi, autrefois, je travaillais le bois de brousse. Le bois qui vient de la brousse. Quand l'histoire a commencé avec le Bioparc, avec Pierre, on discutait, on discutait. Il disait, "Omar, vous savez, vous pouvez travailler d'autres bois aussi". Je fais travailler le nîme, le caïsédra, c'est des arbres de culture. Donc du coup, j'ai commencé à rentrer dans la ville de Niamey. Souvent le matin, je me réveille tôt pour aller regarder dans le quartier où il y a des arbres, comment dirais-je, de culture qui sont secs, qui sont tombés. Donc je discute avec les propriétaires et on tombe sur un prix. J'achète, je cherche, comment dirais-je... Le pousse-pousse c'est une sorte de charrette. Donc du coup, il y a des spécialistes pour ça, je leur donne un peu de sous. Donc ils m'amènent le bois au musée. Au début, les gens ne me croyaient pas. Ils disaient, bon, ce genre de bois, nous on ne le travaille pas. Ah, toi tu veux le travailler ? Oui, oui, vous allez voir. Et dedans, on commence à faire de belles choses, de belles choses, de belles choses. Les gens ont vu que, ah oui, ce bois peut être mieux, même plus que ce qu'on travaille. Et donc aujourd'hui, les gens travaillent sur ce genre de bois-là. Ils ne travaillent plus le bois qui vient de la brousse, mais que du bois de culture. Et donc du coup, la vie, c'est... Plusieurs matinées, c'est comme ça. Aller chercher du bois, tu trouves du bois, tu cherches les gens de pousse-pousse, ils t'amènent le bois au musée, et tu coupes le bois, je prends l'herminette. Il y a les amis, je commence à discuter souvent, il y a deux trois amis qui viennent s'asseoir, on discute, je taille mon bois, on discute, je taille le bois, on prend du thé, on discute, jusqu'à midi souvent. Après j'arrête pour aller manger et je reviens, je continue. Souvent c'est des sculptures qui peuvent faire deux trois jours, souvent c'est des sculptures que je termine sur place, le même jour je veux dire. Mais moi, pratiquement tous les matinées, je discute d'abord avec mon papa, parce que c'est lui qui m'a initié à la sculpture. Donc du coup, beaucoup de matinées, on discute avec lui, on cause, on échange et après je viens au musée.

  • Speaker #1

    Omar est sculpteur au musée de Niamey, la capitale du Niger. Autrefois, les touristes fréquentaient le musée et achetaient ses créations. Mais depuis plusieurs années, le terrorisme a rendu la région inaccessible aux voyageurs.

  • Speaker #0

    Oui, je travaille au musée de Niamey. Le musée de Niamey a été créé en 1958. Donc, dedans, ils ont pensé à intégrer l'artisanat. Donc, quand vous venez au musée, c'est comme si vous voyiez le Niger en miniature. Donc, il y a la partie musée et la partie artisanale pour montrer les savoir-faire du Niger. Donc, du coup, dedans, il y avait une coopérative qui a été créée. Il y a de cela très longtemps. Et donc, du coup, nous... Dans cette coopérative, c'est les touristes vraiment qui achètent beaucoup. C'est comme ça. Mais depuis quelques années, ce n'est plus ça. Les problèmes des terroristes qu'on a chez nous et vous voyez maintenant depuis plus de 12 ans la bande de sahélo-saharienne, surtout la partie désertique, rencontre un sérieux problème avec ces djihadistes là qui terrorisent tout le monde. Donc du coup, qui terrorisent jusqu'à, comment dirais-je, à côté de Niamey. C'était en 2010, ils ont même pénétré dans la ville de Niamey pour enlever des gens. Donc du coup, à partir de cette date-là, le tourisme a pris vraiment un sérieux coup à Niamey. Donc il n'y a plus de touristes. Et même les coopérants autrefois qui étaient nos meilleurs clients, il y a beaucoup de coopérants qui sont rentrés. Donc pour vendre nos produits au musée, aux touristes, à un bon prix, c'est très difficile. Donc du coup, nous on a eu la chance, on travaille avec le Bioparc. Donc le Bioparc nous lance des commandes qu'on exécute depuis quelques années. Donc cela fait qu'on arrive à tenir debout et à regarder devant nous. Donc le Bioparc est une sorte de lumière pour nous pendant cette période-là, sinon autrement ça ne sera pas facile. Mais aussi... Je peux dire, Pierre, il n'y a pas qu'au Bioparc qu'il nous charge des opportunités, même ailleurs, parce que c'est pour cela que je dis, monsieur le président directeur général, partout, partout et même ailleurs. Donc, même ailleurs, il nous a trouvé des endroits pour installer des sculpteurs. Donc, ça fait depuis quelques années, j'ai des collègues que j'ai formé qui vont à la République tchèque pour faire de la sculpture aussi. C'est une aubaine pour nous. Parce que sans ça, avec ce problème-là, ça sera difficile. Avec ce terrorisme-là, ça sera très dur pour s'en sortir.

  • Speaker #1

    Toi, Omar, au Niger, on sait que c'est le pays des girafes pour nous. Nos visiteurs, ils connaissent le Niger par le biais des girafes. Est-ce que tu peux nous raconter un peu comment ça se passe pour les girafes avec le Bioparc ? Ça a changé quelque chose pour la vie des villageois et des girafes ?

  • Speaker #0

    Moi, je peux vous dire que si aujourd'hui il y a des girafes au Niger, au Niger, on est fier pour dire qu'on a des girafes. Je peux dire que vraiment, c'est grâce à l'apport du Bioparc, l'apport du... de Pierre parce que je disais et il a porté cette lumière là il a apporté le le coeur qu'il faut à l'association donc il a apporté ce qui manquait et autrefois au niger le genre la girafe n'est Les gens ne... je ne peux pas dire... ce n'était pas grand chose quoi. Et avec l'association, avec l'appui du Bioparc, les actions que le zoo mène là-bas, les micro-crédits, la construction des puits maraîchers, donc... Les girafes qui sont dénombrées, parce que c'est grâce aux os que les girafes sont dénombrées maintenant chaque année. Moi, je me rappelle la première fois quand JP était au Niger, c'était un gars qui travaillait pour le parc, pour le Bioparc au Niger, pour pouvoir vraiment identifier les nombres de girafes, compter chaque année, être sûr des nombres. Donc du coup... je dirais que si aujourd'hui on a 800 et quelques girafes c'est vraiment grâce à la philosophie du Bioparc, à la philosophie, la façon de voir les choses des pierres parce que la girafe est devenu une réalité au Niger depuis un certain temps. Aujourd'hui même le sac du riz produit au Niger à l'emblème comme la girafe. Et sur le 20h, le plateau du 20h du Télésahel, Télésahel c'est la télévision nationale nigérienne, donc sur le plateau du 20h, vous avez l'emblème de la girafe. Et j'entends des phrases que je n'entendais pas il y a quelques années, au moment où je commençais. Les gens disent, ah oui, nous on a les derniers troupeaux de girafe d'Afrique de l'Ouest. Je l'entends dans pas mal de bouches. Donc c'est devenu une réalité et c'est vraiment le fruit de la collaboration entre cette association nigérienne et le parc, le Bioparc.

  • Speaker #1

    En 2001, le Bioparc a commencé à aider l'ASGN pour la sauvegarde des 49 dernières girafes d'Afrique de l'Ouest restantes. Grâce à 20 années d'efforts aux côtés de l'ASGN, des autorités et des villageois, les girafes sont aujourd'hui plus de 800 à vivre en liberté sur le plateau de Kouré. Donc, je voulais conclure en disant que le bioparc, c'était une grande famille. On en parlait déjà plusieurs fois. Et bon, Omar, c'est vraiment... Un de nos frères, il fait partie de la famille du Bioparc.

  • Speaker #0

    Ça me touche beaucoup. Ça me touche ce mot-là. Faire partir de la famille. Voilà. C'est pour dire qu'on est des humains. Voilà. Il n'y a pas de couleur, il n'y a pas de... On est des humains, voilà.

  • Speaker #1

    L'important, c'est de partager.

  • Speaker #0

    L'important, c'est de partager, oui.

  • Speaker #1

    Merci Omar.

  • Speaker #0

    Je vous en prie. C'est à moi de vous remercier de passer ces moments agréables avec vous et de raconter un peu de mon histoire.

  • Speaker #1

    C'est important pour que le monde l'entende parce que t'es pas là assez longtemps pour pouvoir en parler avec tous nos visiteurs. Donc le fait de pouvoir le partager avec d'autres personnes, j'espère qu'ils ressentiront ce que ça nous fait de te voir chaque année.

  • Speaker #0

    D'accord, merci.

  • Speaker #1

    Voilà, c'est la fin de cet épisode. Merci de l'avoir écouté jusqu'au bout. Abonnez-vous s'il vous a plu et pour en savoir plus sur le Bioparc, rendez-vous sur www.bioparc-zoo.fr !

Description

Omar Sekou est sculpteur au musée de Niamey, la capitale du Niger. Chaque été, il se rend au Bioparc pour réaliser devant les visiteurs des sculptures monumentales dans des troncs de séquoia. Rencontre avec cet homme au grand coeur !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Ma vie à Niamey, c'est la vie d'un sculpteur, où comme je disais, le Bioparc a apporté beaucoup de choses, beaucoup d'amis. Quand tu le miroirs, il m'appelle "Zoo Doué" ou bien "Doué-la-Fontaine".

  • Speaker #1

    Une autre idée du zoo, le podcast du Bioparc de Doué-la-Fontaine. Chaque été, Omar vient à Doué-la-Fontaine pour réaliser devant les visiteurs des sculptures monumentales dans des troncs de séquoias. Il initie aussi les plus jeunes à la sculpture lors d'ateliers. Alors Omar, est-ce que tu peux nous expliquer ce que tu es en train de faire ?

  • Speaker #0

    Là, je suis en train de terminer un lion, un gros lion en taille réelle. C'est dans un bois de séquoia, un gros tronc de séquoia. Donc c'est un lion que j'avais commencé et laissé là il y a 3 ans. Je l'avais commencé au mois d'août 2019. Entre temps, ce n'était pas fini, je suis rentré chez moi au Niger. Et je n'ai pas eu l'occasion encore de venir compte tenu de la Covid, parce que la Covid est passée par là.

  • Speaker #1

    Et oui, donc pendant deux ans, tu n'as pas pu revenir nous voir.

  • Speaker #0

    Oui, pendant deux ans, je n'ai pas pu revenir voir nos amis ici, qui nous ont beaucoup manqué. Et là, cette année, c'est avec une grande joie que je suis revenu. Et là, je termine mon cher lion, qui est un peu têtu quand même.

  • Speaker #1

    Il était un petit peu gros ton lion au départ, c'est ça ? Tu l'as un petit peu aminci ?

  • Speaker #0

    Ouais, il était un petit peu gros. Donc là, je lui fais une petite chirurgie esthétique. Je taille avec mon erminette. L'erminette, c'est... A partir de la lampe de ressort des camions qu'on récupère dans les garages, on les amène sur le forgeron et on les transforme comme ça. Et en Afrique, c'est l'outil de base pour les sculpteurs.

  • Speaker #1

    Tu peux nous dire combien de temps tu as mis à peu près ? J'imagine que tu ne comptes pas tes heures, mais combien ça fait en temps pour faire une sculpture pareille ?

  • Speaker #0

    Et on dit quand on aime, on ne compte pas les jours, ni les heures, ni les minutes. Donc ça fait quelques semaines quand même. Mais moi, je ne compte pas. C'est surtout le plaisir que je prends sur ce que je fais qui me... qui me... que je compte, quoi. Qui me touche, qui me fait du bien. Voilà. je voyage dans mes sculptures, donc je compte pas ces plaisirs là. Ca me permet de garder une liberté intérieure et de voir les choses sous un autre angle. Voilà au Bioparc là ça fait presque 20 ans, presque 20 ans que je viens au Bioparc. Le Bioparc fait partie de ma vie maintenant. Et au Niger, à Niamey, beaucoup d'amis m'appellent quand ils me voient ils ont un surnom "Zoo doué" ils me disent, ou bien "Doué-la-Fontaine". Ils disent Zoo doué ou bien Doué-la-Fontaine, en tout cas. Il y a un de deux que la personne va m'appeler avec. Et voilà.

  • Speaker #1

    Oui, parce que quand tu as commencé il y a 20 ans à venir ici, ça s'appelait encore le Zoo de Doué, ce n'était pas encore le Bioparc.

  • Speaker #0

    Ce n'était pas encore le Bioparc. Du coup, ils disent Zoo Doué ou bien ils disent Doué-la-Fontaine. Oui, oui. Dès qu'ils me voient, "Doué-la-Fontaine !".

  • Speaker #1

    Tu pourrais nous raconter comment ça a commencé l'histoire avec le Zoo de Doué à l'époque ?

  • Speaker #0

    Un soir, j'étais chez moi je regardais la télévision avec frères et sœurs, parents, tout le monde. Je vois, il me semble que c'était en 2001-2002, quelque chose comme ça, je vois un blanc assis au milieu des Africains pendant comment dirais-je, le magazine sportif. Donc c'est en fin de journal. Je vois un blanc assis au milieu des Africains, des villageois, pendant un match de football. Il y avait une coupe, je dis "mais qu'est-ce qu'il cherche lui" ? Là, là, ça m'a étonné, je dis ce blanc-là, mais quand même il est courageux. Être au milieu de tous ces gens-là. Le lendemain, j'étais dans mon atelier au musée. Je vois le monsieur arriver directement. Il s'arrête devant l'atelier. Je regarde, je dis "mais s'il vous plaît monsieur, hier je vous ai vu à la télé. Pendant le magazine sportif, il y avait un tournoi qui était organisé. La finale, il y avait une coupe girafe et puis encore vous, vous étiez assis. Il y avait des gens assis autour de toi, vous regardiez le match". "Ah, oui, c'est moi, oui, oui, oui, oui !" Et on a commencé à discuter comme ça et c'est parti. "Ah, vous savez, je peux faire venir des sculpteurs chez moi, ils vont faire de la sculpture". On a commencé à parler comme ça et on a sympathisé, c'est vraiment... Drôle de rencontre, une belle histoire. Et on peut dire qu'il y avait des connexions qui se sont passées avant. Parce que le soir, moi, je regarde la télé, je vois ce monsieur-là, je le remarque bien, le lendemain matin, j'étais dans mon atelier avec des amis, on voit le monsieur arriver. Ah, c'est... il y a quelque chose quand même.

  • Speaker #1

    Et c'était qui ?

  • Speaker #0

    C'était Monsieur le Président-Directeur Général, comme on l'appelle maintenant, partout, partout, et même ailleurs. Ça, c'est très important, et même ailleurs. Voilà pourquoi cette rencontre. Donc, c'était Pierre. C'était Pierre. Et depuis, cette image m'est restée, comment dirais-je, dans la tête. Ça ne peut pas sortir parce qu'il y a quelque chose qui est parti de là.

  • Speaker #1

    Toujours, on parle au mar. C'était en 2004 au Niger. Pierre Guay, le directeur du bioparc, assistait à une coupe de football amateur organisée pour soutenir l'association de sauvegarde des girafes du Niger.

  • Speaker #0

    Et donc du coup on avait discuté et voilà comment le projet s'est mis en place. Et nous voilà ici en 2005 avec Dello. Le matin, il vient, il dit "bonjour, bonjour Omar, tu es là, Dello, tu es là". Et ce qui nous a beaucoup touché encore, Pierre nous fait visiter le zoo. Ça, peut-être que lui l'a oublié, mais nous, elle ne l'a pas oublié. Il nous a guidé, il nous a dit ce soir, il y aura l'inauguration des rhinos. Ça, ça nous a marqué beaucoup. Parce que chez nous... Un directeur, il ne va pas faire ça. Oui. Un directeur, c'est le grand, grand, grand, grand. Mais nous, ça nous a marqué, ça nous a touchs. On a dit, c'est sûr qu'il y a de belles choses à faire ici. Et voilà.

  • Speaker #1

    Et donc, ça fait bientôt 20 ans que ça dure.

  • Speaker #0

    Ça fait bientôt 20 ans que ça dure. Et que du plaisir.

  • Speaker #1

    C'est ça que ça t'a apporté ? Ça t'a apporté du plaisir et...

  • Speaker #0

    Du plaisir, ça m'a apporté, comment dirais-je... Du plaisir. Je me suis beaucoup perfectionné dans mon travail. Et sur tous les plans, quoi. Sur la vie, sur pas mal de trucs. Parce qu'on rencontre des gens ici, on discute avec ces gens, on apprend le monde, on apprend sur les autres et on apprend sur soi-même. Sur soi-même. Il y a des choses, tu dis, "ah oui, ici c'est comme ça". Ah, chez nous, ce n'est pas comme ça. Tu arrives là-bas, tu expliques, les gens se mettent autour de toi, vous discutez, ah oui, là-bas. La première année, quand je suis retourné, il y a tout l'atelier qui était venu autour de moi. Il faut que tu racontes. Et on le raconte, on le raconte. Et les gens sont contents. C'est comme ça, oui. Comment tu vas travailler ? Ah oui, le bois, le gros.

  • Speaker #1

    C'est une sorte de messager entre le Niger et la France finalement, puisque tu racontes ici ce que tu vis là-bas et là-bas tu leur racontes ce que tu vis ici.

  • Speaker #0

    Oui, en quelque sorte, en tout cas, on essaie de partager avec les gens. Voilà. Et on apprend de belles choses.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu peux nous parler un peu de ta vie à Niamey, au Niger ? Parce qu'on ne la connaît pas bien, cette vie qui est différente de la nôtre.

  • Speaker #0

    Ma vie à Niamey, c'est la vie d'un sculpteur. Comme je disais, le zoo, le Bioparc a apporté beaucoup de choses. Moi, autrefois, je travaillais le bois de brousse. Le bois qui vient de la brousse. Quand l'histoire a commencé avec le Bioparc, avec Pierre, on discutait, on discutait. Il disait, "Omar, vous savez, vous pouvez travailler d'autres bois aussi". Je fais travailler le nîme, le caïsédra, c'est des arbres de culture. Donc du coup, j'ai commencé à rentrer dans la ville de Niamey. Souvent le matin, je me réveille tôt pour aller regarder dans le quartier où il y a des arbres, comment dirais-je, de culture qui sont secs, qui sont tombés. Donc je discute avec les propriétaires et on tombe sur un prix. J'achète, je cherche, comment dirais-je... Le pousse-pousse c'est une sorte de charrette. Donc du coup, il y a des spécialistes pour ça, je leur donne un peu de sous. Donc ils m'amènent le bois au musée. Au début, les gens ne me croyaient pas. Ils disaient, bon, ce genre de bois, nous on ne le travaille pas. Ah, toi tu veux le travailler ? Oui, oui, vous allez voir. Et dedans, on commence à faire de belles choses, de belles choses, de belles choses. Les gens ont vu que, ah oui, ce bois peut être mieux, même plus que ce qu'on travaille. Et donc aujourd'hui, les gens travaillent sur ce genre de bois-là. Ils ne travaillent plus le bois qui vient de la brousse, mais que du bois de culture. Et donc du coup, la vie, c'est... Plusieurs matinées, c'est comme ça. Aller chercher du bois, tu trouves du bois, tu cherches les gens de pousse-pousse, ils t'amènent le bois au musée, et tu coupes le bois, je prends l'herminette. Il y a les amis, je commence à discuter souvent, il y a deux trois amis qui viennent s'asseoir, on discute, je taille mon bois, on discute, je taille le bois, on prend du thé, on discute, jusqu'à midi souvent. Après j'arrête pour aller manger et je reviens, je continue. Souvent c'est des sculptures qui peuvent faire deux trois jours, souvent c'est des sculptures que je termine sur place, le même jour je veux dire. Mais moi, pratiquement tous les matinées, je discute d'abord avec mon papa, parce que c'est lui qui m'a initié à la sculpture. Donc du coup, beaucoup de matinées, on discute avec lui, on cause, on échange et après je viens au musée.

  • Speaker #1

    Omar est sculpteur au musée de Niamey, la capitale du Niger. Autrefois, les touristes fréquentaient le musée et achetaient ses créations. Mais depuis plusieurs années, le terrorisme a rendu la région inaccessible aux voyageurs.

  • Speaker #0

    Oui, je travaille au musée de Niamey. Le musée de Niamey a été créé en 1958. Donc, dedans, ils ont pensé à intégrer l'artisanat. Donc, quand vous venez au musée, c'est comme si vous voyiez le Niger en miniature. Donc, il y a la partie musée et la partie artisanale pour montrer les savoir-faire du Niger. Donc, du coup, dedans, il y avait une coopérative qui a été créée. Il y a de cela très longtemps. Et donc, du coup, nous... Dans cette coopérative, c'est les touristes vraiment qui achètent beaucoup. C'est comme ça. Mais depuis quelques années, ce n'est plus ça. Les problèmes des terroristes qu'on a chez nous et vous voyez maintenant depuis plus de 12 ans la bande de sahélo-saharienne, surtout la partie désertique, rencontre un sérieux problème avec ces djihadistes là qui terrorisent tout le monde. Donc du coup, qui terrorisent jusqu'à, comment dirais-je, à côté de Niamey. C'était en 2010, ils ont même pénétré dans la ville de Niamey pour enlever des gens. Donc du coup, à partir de cette date-là, le tourisme a pris vraiment un sérieux coup à Niamey. Donc il n'y a plus de touristes. Et même les coopérants autrefois qui étaient nos meilleurs clients, il y a beaucoup de coopérants qui sont rentrés. Donc pour vendre nos produits au musée, aux touristes, à un bon prix, c'est très difficile. Donc du coup, nous on a eu la chance, on travaille avec le Bioparc. Donc le Bioparc nous lance des commandes qu'on exécute depuis quelques années. Donc cela fait qu'on arrive à tenir debout et à regarder devant nous. Donc le Bioparc est une sorte de lumière pour nous pendant cette période-là, sinon autrement ça ne sera pas facile. Mais aussi... Je peux dire, Pierre, il n'y a pas qu'au Bioparc qu'il nous charge des opportunités, même ailleurs, parce que c'est pour cela que je dis, monsieur le président directeur général, partout, partout et même ailleurs. Donc, même ailleurs, il nous a trouvé des endroits pour installer des sculpteurs. Donc, ça fait depuis quelques années, j'ai des collègues que j'ai formé qui vont à la République tchèque pour faire de la sculpture aussi. C'est une aubaine pour nous. Parce que sans ça, avec ce problème-là, ça sera difficile. Avec ce terrorisme-là, ça sera très dur pour s'en sortir.

  • Speaker #1

    Toi, Omar, au Niger, on sait que c'est le pays des girafes pour nous. Nos visiteurs, ils connaissent le Niger par le biais des girafes. Est-ce que tu peux nous raconter un peu comment ça se passe pour les girafes avec le Bioparc ? Ça a changé quelque chose pour la vie des villageois et des girafes ?

  • Speaker #0

    Moi, je peux vous dire que si aujourd'hui il y a des girafes au Niger, au Niger, on est fier pour dire qu'on a des girafes. Je peux dire que vraiment, c'est grâce à l'apport du Bioparc, l'apport du... de Pierre parce que je disais et il a porté cette lumière là il a apporté le le coeur qu'il faut à l'association donc il a apporté ce qui manquait et autrefois au niger le genre la girafe n'est Les gens ne... je ne peux pas dire... ce n'était pas grand chose quoi. Et avec l'association, avec l'appui du Bioparc, les actions que le zoo mène là-bas, les micro-crédits, la construction des puits maraîchers, donc... Les girafes qui sont dénombrées, parce que c'est grâce aux os que les girafes sont dénombrées maintenant chaque année. Moi, je me rappelle la première fois quand JP était au Niger, c'était un gars qui travaillait pour le parc, pour le Bioparc au Niger, pour pouvoir vraiment identifier les nombres de girafes, compter chaque année, être sûr des nombres. Donc du coup... je dirais que si aujourd'hui on a 800 et quelques girafes c'est vraiment grâce à la philosophie du Bioparc, à la philosophie, la façon de voir les choses des pierres parce que la girafe est devenu une réalité au Niger depuis un certain temps. Aujourd'hui même le sac du riz produit au Niger à l'emblème comme la girafe. Et sur le 20h, le plateau du 20h du Télésahel, Télésahel c'est la télévision nationale nigérienne, donc sur le plateau du 20h, vous avez l'emblème de la girafe. Et j'entends des phrases que je n'entendais pas il y a quelques années, au moment où je commençais. Les gens disent, ah oui, nous on a les derniers troupeaux de girafe d'Afrique de l'Ouest. Je l'entends dans pas mal de bouches. Donc c'est devenu une réalité et c'est vraiment le fruit de la collaboration entre cette association nigérienne et le parc, le Bioparc.

  • Speaker #1

    En 2001, le Bioparc a commencé à aider l'ASGN pour la sauvegarde des 49 dernières girafes d'Afrique de l'Ouest restantes. Grâce à 20 années d'efforts aux côtés de l'ASGN, des autorités et des villageois, les girafes sont aujourd'hui plus de 800 à vivre en liberté sur le plateau de Kouré. Donc, je voulais conclure en disant que le bioparc, c'était une grande famille. On en parlait déjà plusieurs fois. Et bon, Omar, c'est vraiment... Un de nos frères, il fait partie de la famille du Bioparc.

  • Speaker #0

    Ça me touche beaucoup. Ça me touche ce mot-là. Faire partir de la famille. Voilà. C'est pour dire qu'on est des humains. Voilà. Il n'y a pas de couleur, il n'y a pas de... On est des humains, voilà.

  • Speaker #1

    L'important, c'est de partager.

  • Speaker #0

    L'important, c'est de partager, oui.

  • Speaker #1

    Merci Omar.

  • Speaker #0

    Je vous en prie. C'est à moi de vous remercier de passer ces moments agréables avec vous et de raconter un peu de mon histoire.

  • Speaker #1

    C'est important pour que le monde l'entende parce que t'es pas là assez longtemps pour pouvoir en parler avec tous nos visiteurs. Donc le fait de pouvoir le partager avec d'autres personnes, j'espère qu'ils ressentiront ce que ça nous fait de te voir chaque année.

  • Speaker #0

    D'accord, merci.

  • Speaker #1

    Voilà, c'est la fin de cet épisode. Merci de l'avoir écouté jusqu'au bout. Abonnez-vous s'il vous a plu et pour en savoir plus sur le Bioparc, rendez-vous sur www.bioparc-zoo.fr !

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