Description
Le métier de soigneur animalier fait rêver de nombreuses personnes. Très médiatisé, ressemble-t-il vraiment à ce que l'on imagine ? Alexandre, soigneur au Bioparc et référent de la Volière africaine nous raconte son parcours et comment il a fait de sa passion, son métier.
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Transcription
Je pense que peu importe l'âge que j'aurai, je serai toujours émerveillé de voir un oisillon sortir de l'oeuf. Et je continue de rester persuadé et convaincu de l'intérêt de mon métier pour la conservation des espèces. C'est le plus beau métier du monde.
Une autre idée du zoo, le podcast du Bioparc de Doué-la-Fontaine. Le métier de soigneur animalier fait rêver de nombreuses personnes. Très médiatisé ressemble-t-il vraiment à ce qu'on imagine ? Alexandre, soigneur au Bioparc et référent de la volière africaine, nous raconte son parcours et comment il a fait de sa passion son métier. Salut Alexandre !
Salut Aurélie !
Alors Alexandre, aujourd'hui nous allons discuter du métier de soigneur animalier, une profession qui suscite beaucoup d'intérêt. Donc toi-même Alexandre, tu es soigneur animalier au Bioparc, est-ce que tu peux nous expliquer ton parcours ?
Alors j'ai un parcours un petit peu différent des soigneurs animaliers plus classiques, du moins pour ma génération. La plupart des soigneurs animaliers aujourd'hui, de ces dix dernières années, ce qui correspond plus ou moins à l'ouverture des écoles de soigneurs, ont fait des formations spécifiques pour faire ce métier-là. Il y a quand même un niveau de connaissance à acquérir assez particulier, et puis c'est encore une fois un métier très spécifique. Donc je n'ai pas eu ce parcours tout bien tracé avec des petites écoles de soigneurs, etc. Ça comporte des avantages et des inconvénients, mais j'ai eu une scolarité assez déplorable, il faut être honnête. Malheureusement, je n'ai pas pu m'orienter vers un parcours classique, donc j'ai fait un bac professionnel de vente, par exemple, ce qui n'a absolument aucun rapport. J'ai fait une première année de BTS qui ne m'a pas du tout convaincu. C'était dans le secteur animalier pourtant, mais j'étais en alternance, j'ai travaillé dans l'animalerie. J'ai toujours su que je voulais travailler dans le secteur animalier, il n'y a pas eu de doute à ce niveau-là. Mais évidemment, les parcs zoologiques m'ont toujours attiré. Et donc après cette année de BTS, infructueuse, je me suis orienté, j'ai vraiment essayé de pousser vers les parcs zoologiques. J'ai fait quand même un diplôme universitaire d'éthologie animale. Ça n'avait pas forcément de lien direct avec le métier de soigneur, mais ça avait pour objectif pour moi de me conforter dans l'idée que je pouvais avoir quelque chose de différent le jour où j'entrerais en parc zoologique et avoir une approche un petit peu différente du secteur animalier. Et j'ai commencé à travailler en parc, dans un tout petit parc zoologique à côté de Poitiers, qui m'a donné ma chance dès le départ. J'ai eu de la chance, puis j'aime à croire aussi que j'ai bien travaillé. J'y suis resté pendant presque trois ans, pour ensuite atterrir au Bioparc.
Qu'est-ce qui t'a emmené au Bioparc ? Pourquoi as-tu voulu venir travailler au Bioparc ?
Le Bioparc a toujours fait partie des parcs zoologiques que j'avais dans l'œil. Je pense que dans une carrière, ça fait partie de ces endroits où on a envie d'y passer, pour tout un tas de raisons différentes. Je me souviens que pour mon embauche en particulier, j'avais vu passer des photos de la construction de la volière africaine à l'époque sur Facebook. Et c'était dans une phase effectivement où je réfléchissais déjà à l'idée de partir du parc dans lequel je travaillais. J'ai vu ces photos, j'ai vu le projet qu'il y avait derrière, j'ai imaginé le projet. Ça m'a complètement emballé et à l'époque, il n'y avait pas forcément d'ouverture de poste spécifique pour cette nouvelle installation. Et en fait, je me suis dit... Qu'est-ce que je risque finalement ? J'ai postulé en candidat libre et j'ai été pris. Donc c'était assez extraordinaire. Et le Bioparc était très inspirant et c'est vraiment l'idée de ce projet en particulier qui était très nouveau et qui était assez novateur sur plein de sujets différents, qui m'a vraiment poussé à concrétiser un petit peu ce rêve et cet objectif.
Alors parce que du coup, ce qui t'a intéressé c'était la volière africaine dans laquelle on se trouve aujourd'hui, parce que tu as un intérêt tout particulier pour les oiseaux.
J'ai un intérêt pour les oiseaux. Alors les oiseaux et moi, c'est une histoire qui est assez ancien mine de rien, j'ai toujours été passionné par les animaux aussi loin que je m'en souvienne, même tout petit enfant, alors évidemment c'est mes parents qui me l'ont raconté. Mais les oiseaux c'est quelque chose qui est venu quand j'avais une petite dizaine d'années, il faut savoir qu'avant c'était les reptiles qui m'obsédaient complètement. Je me suis entre guillemets tourné vers les oiseaux lorsque mon père a repris l'ancienne maison familiale dans laquelle il y avait une vieille volière qui tombait en ruine. Il a fait la bêtise entre guillemets de se dire "tiens non mais on va y mettre des oiseaux tu verras ce sera sympa". Grave erreur, puisqu'au fur et à mesure du temps, on s'est retrouvé avec plus de 200 m² de volières dans le jardin. Donc les oiseaux, ça a été le début d'une passion. Les oiseaux ont quelque chose de très inspirant. Ils sont d'une diversité qui est exceptionnelle dans le secteur animalier, dans tout le monde animalier, tous les comportements sont vraiment différents les uns des autres. Et évidemment, ils ont cette capacité de voler pour la plupart, ce qui est quand même tout à fait exceptionnel et qui porte beaucoup au rêve et qui amène à beaucoup de choses. Et donc voilà, j'ai commencé à élever des oiseaux chez moi. Au départ, effectivement, des oiseaux assez simples d'entretien. J'ai commencé par des oiseaux assez classiques, des perruches, des faisans, etc. Et au fur et à mesure du temps, je me suis spécialisé et j'ai réussi à élever, et en plus de ça, avec cette tête, et j'en suis très heureux, des espèces qui sont plus complexes, plus compliquées et pour certaines menacées, voire même entrer dans des programmes de conservation en captivité. J'ai eu et j'ai cette chance-là encore aujourd'hui. Et toute cette suite d'élevage d'oiseaux m'a vraiment spécialisé dans cette voie. Et aujourd'hui, les oiseaux sont ma plus grande passion et mon plus grand bonheur au quotidien.
Et ça colle, que tu fais à titre personnel, ça colle vraiment bien avec ce que tu peux faire au Bioparc en quotidien ?
Alors, il faut être un petit peu fou. Il faut s'imaginer que je passe mes journées à m'occuper d'oiseaux, et quand je rentre chez moi, je m'occupe d'oiseaux également. Donc, j'ai une double vie, mais qui est finalement assez similaire. Alors évidemment les contraintes sont différentes, le cadre est différent et les objectifs le sont aussi pour certains. Mais oui effectivement il y a un énorme lien et je suis très heureux d'avoir cette chance de pouvoir travailler avec quelque chose qui me passionne et qui me motivait déjà quand j'avais à peine une dizaine d'années tout à fait hors travail.
Comme quoi il ne faut jamais lâcher, quand on a un rêve il ne faut jamais lâcher. Est-ce que tu peux nous raconter en quoi consiste ton quotidien ici de soigneur au Bioparc, alors spécifiquement pour la volière africaine du coup ?
Alors spécifiquement pour la volière africaine, il faut savoir que notre secteur à nous est divisé en deux parties entre guillemets. Donc on a effectivement ce côté oiseau qui englobe également d'autres enclos puisqu'on a celui du Cratère avec les otocyons, les suricates, les porcs-épics. On a également les oryctéropes, les calaos. Donc on a toute cette partie-là qui finalement est relativement proche, les enclos sont proches les uns des autres donc il y a une facilité d'entretien. Et on a la deuxième partie du secteur de l'autre côté du parc avec les ours à lunettes, les markhors, les tortues des Seychelles qui sont des animaux radicalement différents. Alors il y a une diversité qui est très intéressante sur ce secteur, puisqu'effectivement on n'est pas non plus totalement centré sur les oiseaux. Et donc mon quotidien, de manière assez générale, le matin, va être de partir, évidemment d'arriver sur le parc vers 8h, de commencer tout de suite par la préparation de la ration. Il faut savoir que les fruits et légumes sont beaucoup plus intéressants sur le plan nutritif lorsqu'ils sont coupés immédiatement et distribués immédiatement.
Quand ils sont frais et coupés.
On a la préparation des rations le matin quand on arrive. On essaie de le faire le plus rapidement possible, évidemment, puisque l'obsession du matin, ça va être de contrôler les animaux. C'est-à-dire essayer de s'assurer que tous les animaux du secteur sont en bonne santé, que la nuit s'est bien passée, qu'on n'a pas de problème particulier. Et donc, après la préparation de mes rations, je vais partir sur mes enclos et sur mes secteurs. Donc... Le travail du matin, globalement, c'est un travail qui englobe énormément de choses puisqu'on va partir sur beaucoup de nettoyage, beaucoup d'observations sur les individus. Évidemment, c'est parfois compliqué de contrôler tout le monde. Les porcs-épics, par exemple, sur le secteur, sont des animaux qui sont parfois un petit peu difficiles à saisir visuellement. Donc, avec les habitudes, leurs habitudes, et puis effectivement, avec le temps qu'on y passe, on finit par comprendre à quelle heure, quels sont leurs horaires, quelles sont leurs petites habitudes. Donc, on arrive à les croiser. Et puis ensuite, quand vous arrivez dans une volière qui fait 2000m², forcément... Il y a quand même une petite notion de challenge quand vous avez un tisserin de 20 grammes à contrôler au milieu de 140 individus, je vous avoue que c'est un peu compliqué.
De toute façon, c'est impossible. Ici, je vois des tisserins, ils se ressemblent tous.
Ça nécessite du temps. On a effectivement cette phase d'observation qui est très importante. On a évidemment le nourrissage. Alors, il peut être plus ou moins complexe en fonction des enclos. Si on prend les oryctéropes par exemple, l'oryctérope en captivité chez nous est nourri avec un aliment unique. Il va être complété par des insectes, mais il est nourri avec un aliment unique qui s'appelle le "termant". -Et en revanche, pour les oiseaux...- Voilà, c'est cette fameuse bougie. On fait une pâte à crêpes avec, qui doit être très lisse, sans grumeaux, etc. Alors, il faut bien la faire, mais globalement, la nourriture est facile à amener. Et pour les oiseaux, on va avoir plus d'une quinzaine de mélanges différents avec des apports en fruits, en légumes, etc. Donc les préparations des rations sont assez différentes.
Et des insectes aussi.
Et des insectes bien évidemment, surtout en ce moment puisqu'on est encore en période de reproduction. Donc là pour donner un ordre d'idée, juste en volière africaine, je suis à plus de 2,5 kg d'insectes par jour. Vivants ? Vivants bien sûr, ce qui nécessite quand même une certaine production derrière. Le matin va vraiment être consacré à cette phase d'observation qui est très importante. On s'assure que tout le monde va bien. On essaie de faire tout le tour du secteur et ensuite, en fonction de l'heure à laquelle on finit, on va pouvoir prendre un petit peu d'avance pour le lendemain. Donc, préparer les caisses de fruits et légumes pour le lendemain matin, histoire qu'on ait juste à les découper. On va également avoir l'après-midi de nettoyage, on peut avoir des bricolages, etc. Donc, le matin, c'est un petit peu la phase la plus importante de la journée quand même, puisqu'on a vraiment ce besoin de contrôler tous les animaux.
Et l'après-midi, tu n'es plus…
Alors, l'après-midi est quand même assez différente en fonction des secteurs. Il dépend en fait de la charge de travail et notamment de nettoyage qu'on peut avoir sur un secteur. Nous, ici en volière africaine, on a possibilité de faire la plupart des nettoyages, alors ce n'est pas toujours le cas, le matin. On va pouvoir avoir cette chance, du moins cette chance, parce qu'on se la donne aussi, mais de pouvoir apporter l'après-midi d'autres choses que des entretiens classiques. On va avoir la chance de bricoler, on va avoir la chance de potentiellement pouvoir reprendre du temps pour l'observation. Donc l'après-midi, entre guillemets, en fonction des jours de la semaine, va être libre sur certains choix qu'on va pouvoir faire. On a quand même néanmoins, au cours de la semaine, des nettoyages spécifiques. Par exemple, deux fois par semaine, le jeudi et le dimanche, on va avoir un gros nettoyage au niveau des tortues des Seychelles, donc avec le jet d'eau, etc. On a quand même des obligations, on se force à en avoir entre guillemets, pour garder un certain rythme et avoir un contrôle sur le nettoyage et l'entretien de nos espaces. Mais on va avoir quand même la possibilité sur le secteur, en plus de ces nettoyages réguliers, d'avoir une forme de liberté qui nous permet d'avoir plein de choses à faire.
Et alors, comment ça se passe ? Tu travailles tous les jours de la semaine, toute l'année, le week-end ?
Alors, le sonneur animalier n'a pas vraiment d'horaire, enfin d'horaire si, mais de jours précis de travail dans la semaine. Chez nous les jours fériés, les week-ends, ça n'existe pas vraiment. C'est un petit peu complexe. J'ai en général beaucoup de jours de repos qui sont dans la semaine, puisque je fais environ deux week-ends par mois. Je peux travailler tous les jours fériés, à Noël, au jour de l'an. Il n'y a pas vraiment de règles. Les animaux nécessitent des soins 365 jours par an, 24 heures sur 24 ou presque. Il faut être assez flexible à ce niveau-là.
Est-ce que c'est un métier assez physique ou pas ?
C'est un métier qui est physique. Évidemment, en fonction des espèces, il peut y avoir des différences. Forcément, sur un entretien où je m'occupe de tisserins, très clairement, je n'ai pas grand-chose à porter de très lourd dans l'immédiat. En revanche, on prend de l'autre côté avec des animaux comme les herbivores, par exemple, qui demandent du fourrage qui peut être assez lourd. Les rhinocéros, par exemple, les herbi sont un très bon exemple. Ce sont des animaux qui nécessitent une condition physique très particulière. Il y a quand même une grosse disparité d'entretien entre les animaux, notamment sur le plan physique. Mais néanmoins, on peut quand même globalement dire que c'est un métier qui est physique puisqu'on est quand même en extérieur toute l'année, qu'il gèle, qu'il vende, qu'il pleuve, qu'il fasse 40 degrés à l'ombre. Et dans tous les cas, on marche beaucoup. C'est rigolo parce que j'ai installé une application hier qui me dit quel nombre de pas je fais par jour.
Entre 15 et 16 kilomètres par jour.
J'étais extrêmement fier de voir que je faisais effectivement une quinzaine de kilomètres par jour. Donc voilà, il y a une condition physique à avoir pour ce métier. Et voilà, il faut quand même être prêt à se dire que on porte des charges, on cavale un petit peu partout. Je pense que je monte les escaliers de la volière africaine à peu près 65 fois dans la journée. J'ai des cuisses en béton, c'est extraordinaire. Donc voilà, ça nécessite une condition particulière.
Est-ce que c'est le métier que tu imaginais, le métier de soigneur quand tu en rêvait quand tu étais plus jeune ?
J'ai toujours eu une grosse forme de réalisme vis-à-vis de l'entretien des animaux et de tous les métiers animaliers de manière générale. J'ai commencé à élever des oiseaux très jeunes. Je sais ce que c'est de se lever le matin très tôt pour aller nourrir tout le monde. Je sais ce que c'est de nettoyer, d'avoir les mains dans la merde, pour ne pas avoir peur de le dire. Je sais également ce qu'implique le fait de travailler avec des vivants. Tout n'est pas toujours drôle, tout n'est pas toujours rose d'ailleurs, on peut avoir des pertes, on peut avoir des animaux malades, on a quand même des contraintes avec le vivant qui sont assez particulières. Malheureusement tout le monde ne serait pas capable d'exercer ce type de métier, puisque même ne serait-ce que psychologiquement il faut être capable de supporter certaines choses. Donc je n'ai eu aucune surprise entre guillemets quand j'ai commencé à travailler en farce sur ce métier de manière générale.
Alexandre travaille au cœur de la volière africaine, un espace minéral de 2000 m², où évoluent une quinzaine d'espèces d'oiseaux de petite taille. Intarissables sur chacune d'entre elles, il partage ses connaissances avec les visiteurs comme il va le faire avec nous.
On est sur une grosse phase d'activité en volière africaine, on est le matin. La plupart des animaux, toutes espèces confondues, sont surtout actives le matin et en fin de journée. Ils vont éviter les activités durant les grosses périodes de chaleur, c'est-à-dire en début d'après-midi. Là par exemple, ce qu'on entend, je pense que le plus derrière nous, ça reste quand même les tisserins. On est en pleine période de reproduction, c'est-à-dire on est vraiment en plein boom. Il y a des nuits absolument partout, évidemment surtout autour du bassin, puisque c'est une zone de lait qui est privilégiée par les mâles dominants. Les tisserins sont très actifs, d'autant plus que je leur ai mis des matériaux ce matin pour construire leur nid. Ils vont tisser uniquement avec de l'herbe verte. Je leur en ai mis une grosse quantité ce matin, donc les mâles se sont immédiatement empressés d'aller tisser des nids. Je vois qu'il y en a un, par exemple, le nid est très vert, ils sont reconnaissables. Les nids qui sont très neufs ont encore cette couleur verte. L'herbe, en séchant, va se rétracter, ce qui va permettre aux nids de se solidifier et avoir une structure qui tienne dans le temps. Donc voilà, on a tous les tinserins qui sont très brillants autour de nous, d'autant plus qu'on a eu les premières naissances il y a une quinzaine de jours environ maintenant. Toutes les femelles étant cyclées plus ou moins en même temps, on a eu entre 30 et 40 jeunes tinserins qui sont sortis la même semaine, une bonne trentaine de nids différents. Donc voilà, les tinserins sont très brillants. Je pense qu'on peut aussi entendre les inséparables en arrière-plan qui sont aussi en train de chercher des matériaux.
C'est ça, avec le bec rouge.
C'est ça, alors l'inséparable à l'oeil noir, c'est un oiseau qui ressemble... Un inséparable un petit peu classique, mais qui a cette particularité d'avoir un statut de menace assez élevé. Malheureusement, c'est un oiseau qui est vulnérable à l'état sauvage, enfin du moins qui est assez vulnérable par les UCN, en cause notamment de par sa plus petite aire de répartition, une espèce qui vit sur une zone qui est à peine plus grande qu'un département français. Donc forcément, quand un oiseau, ou de manière générale un animal, a une aire de répartition extrêmement restreinte, il est beaucoup plus enclin à souffrir. d'un éventuel changement. Donc là, séparable à l'eau noire, c'est un oiseau qui se plaît énormément ici au Bioparc pour différentes raisons, notamment parce que tout le milieu rocheux de la volière africaine leur correspond très bien. Ils vont nicher à l'intérieur de la roche. Alors évidemment, ils ont également des nids à disposition, mais on se rend compte assez facilement qu'ils ont quand même une très grosse préférence pour les rochers. Et on a aujourd'hui... Sur la volière africaine, on doit avoir une colonie qui dépasse les 140 individus actuellement.
Et donc au départ, ils étaient combien quand ils sont arrivés ?
Alors la toute première année, je me rappelle très bien, on a 81 individus précisément qui sont arrivés en volière africaine. Et les phases de reproduction se sont très vite enchaînées. On les a arrêtés en reproduction pendant l'hiver, puisque ça ne sert pas grand chose de les inciter à nicher toute l'année. Il vaut mieux effectivement leur laisser une phase de repos, c'est important, il ne faut pas épuiser l'organisme. parce que si on les laissait faire, ils pourraient nicher quasiment tout le nez, même en plein hiver avec le gel, etc. Donc voilà, on les a un petit peu freinés en période hivernale, mais pour mieux reprendre ensuite au printemps et en été. Et c'est une très bonne nouvelle, encore une fois, pour que l'espèce menacée d'avoir des cas de reproduction qui sont aussi élevés.
Je vois un petit oiseau rayé avec une jolie huppe sur la tête.
Ah, ces oiseaux-là, oui. Alors là, en plus, c'est assez extraordinaire. Les coupes de hulpes faciées, on parle de la hulpe faciée, bien sûr, ce sont des oiseaux qui sont très territoriaux. On n'a toujours que deux individus sur un seul espace. que ce soit à l'état sauvage ou en captivité, les couples vont défendre farouchement leur territoire. Et là, si on regarde bien en volière africaine, on a plus de deux individus, c'est normal, puisque nous avons une naissance. On a trois jeunes hucs qui sont sortis du nid il y a quelques jours à peine. Elles sont déjà très difficiles à différencier par rapport à un adulte, puisque finalement, elles sortent quasiment de la même taille qu'un individu adulte. La seule petite différence qu'on pourrait leur accorder, ce sont les... les légères boursouflures entre guillemets sur les abords du bec qui trahissent encore il y a encore peut-être ces petites choses qui font qu'on arrive à trahir qui trahissent leur stade du vénile mais ne serait-ce qu'en termes de taille en termes de comportement de recherche alimentaire c'est déjà impressionnant, là on voit très bien sur les rochers en face de nous, il y a le mâle qui est à droite donc le mâle adulte avec le jeune qui est juste derrière, qui le suit, qui est en train d'observer puisque le mâle est en train de piocher le sol pour trouver des insectes et on voit très bien que le jeune a accorde de l'importance à ce comportement puisqu'il est juste derrière, il ne bouge pas, il observe. C'est un type de comportement qu'il commence déjà à reproduire au bout de quelques jours à l'extérieur du nu.
C'est super de voir qu'ils ont un comportement aussi spontané comme ça.
Chez les oiseaux, chez les juvéniles, il y a vraiment une phase d'observation qui est très importante. Dans n'importe quel comportement, on peut considérer qu'il y a à la fois de l'inné et de l'acquis. C'est compliqué de déterminer qu'il y ait des comportements uniquement innés ou acquis. On a toujours un écart. un petit peu des deux, et typiquement sur ce type de recherche alimentaire, très parlant. On sait que les jeunes ont déjà ce réflexe de piocher dans le sol, et c'est quelque chose qu'ils vont perfectionner en observant les adultes. Et alors quelque chose qui est intéressant sur les Tifrins par exemple, Même chose, les jeunes sont sortis très récemment du nid. Et j'ai vu, pas plus tard qu'hier, un jeune qui avait vraiment trois jours de sortie du nid, donc qui est tout gris, qui a vraiment une tête de bébé, et qui commençait déjà à essayer de se saisir de brin d'herbe. Pour essayer de faire son nid ? Pour essayer de tisser. Alors la phase d'apprentissage est quand même plus longue chez les tisserins, puisqu'il leur faut quand même au moins une ou deux années avant de réussir à faire un nid complet d'une solidité suffisante pour permettre de nicher à l'intérieur. Mais c'est extraordinaire de voir un oisillon comme ça qui démarre... déjà une construction de nid ou du moins qui s'intéresse à ne serait-ce qu'à un brin d'herbe de cette façon-là.
Et d'ailleurs chez les tisserins, c'est que les mâles qui font les nids ?
Alors chez les tisserins, ce sont que les mâles qui construisent du moins la poupe, le nid dans son ensemble et la femelle va aménager l'intérieur notamment avec des plumes, de la mousse, etc. puisque c'est la poche qui va accueillir les oeufs et les oisillons ensuite donc il faut que ce soit confortable. Donc la femelle va vraiment se charger de l'aménagement intérieur tandis que le mâle va construire l'édifice extérieur. Après, en ce qui concerne l'élevage des jeunes, va être surtout assuré par la femelle, mais on va également pouvoir observer certains mâles qui vont participer à l'élevage, donc ils vont venir nourrir des jeunes.
On peut voir dans la volière des barbicans, des pintades, des guépiers, des touracos. Comment se passe la cohabitation ?
Aujourd'hui, on a une très belle diversité d'espèces qui commencent à se mettre en place en volière africaine. On a un peu plus d'une quinzaine d'espèces d'oiseaux qui cohabitent les unes avec les autres. La cohabitation se passe bien. Alors évidemment, lorsqu'on fait ce qu'on appelle un plan de collection, ce n'est pas un terme péjoratif, c'est le terme approprié pour parler justement de la constitution d'un espace communautaire comme celui-ci. Évidemment, il y a tout un cahier des charges à respecter puisqu'il faut s'assurer que toutes les espèces qui vont être mises en cohabitation ne risquent pas d'avoir de comportements agressifs entre elles, de porter préjudice à la reproduction des unes et des autres. Donc toutes les espèces sont étudiées à la loupe pour s'assurer que ça se passe bien. Évidemment, un aspect tout bête également auquel il faut penser, c'est qu'il ne faut pas que les rations alimentaires des uns et des autres soient mauvaises si une autre espèce touche à la ration d'un autre. Évidemment, dans une volière communautaire comme celle-ci, on n'a pas un contrôle aussi carré qu'on pourrait avoir dans une volière de 15 m² sur l'alimentation. donc forcément je peux avoir des tisserins qui vont venir visiter joyeusement la gamelle des irisors, la gamelle des cocifs, etc. Donc il faut s'assurer que sur le plan alimentaire il n'y ait pas de soucis également, et aujourd'hui la cohabitation en volière africaine se passe suffisamment bien pour avoir des cas de reproduction de plus en plus fréquents, et sur des espèces qui ont des besoins pourtant très spécifiques. Là j'aborde ce point parce que ça a quand même été une nouvelle assez extraordinaire qu'on a eu il y a quelques jours. On a observé un comportement différent chez les guépiers. Alors évidemment depuis plusieurs semaines, les oiseaux avaient changé de comportement. Ils se sont complètement attardés sur la construction de leur nuit. Il faut savoir que le guépier est un oiseau qui creuse. Alors en général sur les bords de rivages, dans les vieilles sablières, les anciennes carrières, etc. Évidemment, la volière africaine pour eux a été une grande découverte puisque nous avons le phalin. et ce sédiment marin si particulier qui leur permet de creuser, puisqu'effectivement il est friable. Et donc les guépiers ont commencé à creuser dans le phalin de manière très assidue, et il y a quelques jours on a observé un comportement particulier, on a vu qu'une des femelles avait un comportement de reproduction très frénétique, elle a complètement arrêté de s'alimenter par elle-même, le mâle uniquement la nourrissait, donc elle se contentait d'attendre sur un perchoir que le mâle vienne lui récupérer des insectes à lui apport. Ensuite, effectivement, un comportement de reproduction frénétique, puisque environ toutes les 15 minutes, il y avait un accouplement qui était observé, et elle faisait énormément d'aller-retour au nid, jusqu'à finalement ne plus le couper, puisqu'aujourd'hui, nous avons la très grande joie d'avoir des œufs à l'intérieur d'un des nids de guépiers.
Donc c'est la première fois qu'on a...
C'est la première fois. On a des œufs pour les guépiers. Voilà, c'est la deuxième saison que ces oiseaux passent en volière. Ce sont des animaux qui ont des besoins très spécifiques, qui sont très honnêtement fragiles et délicats. Ils ne supportent pas l'humidité, ils ont quand même besoin d'une température assez élevée. et donc leur entretien dans une volière de taille plus modeste n'est pas forcément aisé à l'origine et aujourd'hui se dire que nous avons un premier cas de reproduction dans une volière de 2000 m² en cohabitation avec autant d'espèces c'est exceptionnel et c'est vraiment valorisant en tant que soigneur puisqu'on a vraiment l'impression d'avoir enfin trouvé un équilibre, ne serait-ce que pour cette espèce-là et qu'elle se sent suffisamment bien aujourd'hui avec nous pour se permettre de reproduire.
C'était un de tes plus grands challenges, les guépiers ?
Ça fait partie des plus grands challenges. Alors bien sûr, ce n'est pas parce qu'il y a ponte qu'il y a forcément réussite derrière. Il y a évidemment un nombre de paramètres très conséquents qu'on ne peut pas contrôler pour être potentiellement dur à s'y trouver. Mais ne serait-ce que d'avoir un oiseau qui est en condition physique nécessaire pour se permettre de reproduire, qu'il y a évidemment une confiance également dans son environnement pour choisir un site de nullification, c'est une première réussite. Ça peut prendre des années avant que les oiseaux comprennent. comment se reproduire. Évidemment, c'est un apprentissage. Il faut savoir publier, il faut savoir élever ses jeunes. Mais ne serait-ce qu'aujourd'hui, d'avoir juste cette ponte, c'est brillant. Pour nous, c'est vraiment extraordinaire.
Est-ce que ce genre de réussite ou de superbes nouvelles, c'est quelque chose qui fait que tu apprécies ton travail ?
Ça fait partie, évidemment, de ce qui fait que tous les matins quand je me lève, je suis heureux d'aller travailler. Évidemment, le métier de soigneur a des... à des grosses difficultés, on a parfois des mauvaises nouvelles qui nous plombent un petit peu et c'est justement ce genre de bonnes nouvelles qui font qu'on est extrêmement heureux de travailler avec du vivant et c'est ce qui nous rapproche justement de la nature, de ce qui nous entoure. On a eu hier et aventure à 24 heures d'écart des naissances de Marcord par exemple.
Des jumeaux d'ailleurs !
On a eu effectivement d'un coup des jumeaux et ensuite un jeune tout seul. et donc les femelles ils aiment être cyclées au même moment donc on y bat à une période très rapprochée et c'est d'autant plus extraordinaire à cette période là puisque évidemment les naissances s'enchaînent on est en plein dans la période de reproduction donc ce sont toutes ces bonnes nouvelles qui compensent les potentiels mauvais qu'on a pu avoir au cours de l'année ou au quotidien et je pense que peu importe l'âge que j'aurai, je serais toujours émerveillé de voir un oeil de lion sortir de l'eau c'est quelque chose qui ne quittera jamais
et justement toute cette passion est-ce que tu la partages avec le public ?
en fait j'ai toujours eu En fait, le côté passion, je n'ai jamais vu le côté passion comme quelque chose qui doit se garder. Une passion est faite pour être partagée, je pense qu'elle n'a très peu d'intérêt si elle est uniquement intime. Aujourd'hui, on a des gens qui viennent visiter le bioparc, de plus en plus nombreux, c'est d'ailleurs extraordinaire pour ça, et qui s'intéressent de manière précise à ce qui les entoure. Ce que j'adore, c'est avoir des visiteurs qui prennent le temps, qui s'attardent, qui ne se contentent pas uniquement de passer devant un enclos, hop, j'ai vu l'animal, je m'en vais. et qui boucle la visite en 30 minutes. L'objectif aujourd'hui, et ce qui me conforte encore plus dans mon métier, c'est d'avoir des échanges avec eux, c'est de les voir s'attarder, chercher des espèces, s'intéresser à des comportements qu'ils peuvent observer, puisque c'est ce qui fait la richesse du Geopark aujourd'hui, c'est d'avoir ces interactions entre les espèces dans des espaces qui sont... absolument démentiel, et d'avoir ces visiteurs qui s'intéressent justement à cette vision de l'animal en captivité qui est un peu différente, et ensuite pouvoir échanger avec eux. Alors on a des visiteurs qui nous posent des questions extrêmement pertinentes parfois, et avec lesquelles on a des discussions qui peuvent durer très longtemps. Ça m'est déjà arrivé de rester plus de 45 minutes avec quelqu'un à discuter parfois d'un sujet qui paraît anodin mais qui est pourtant passionnant. Et l'échange aujourd'hui est vraiment valorisant. C'est enrichissant. Il y a quelques jours, comme très souvent, on a une école qui est passée dans les allées du parc. J'avais tous les enfants qui étaient en train de s'émerveiller autour des mangoustes. Alors les mangoustes ne sont pas partie des animaux de mon secteur. Ils étaient en train de s'émerveiller dessus et évidemment, on a des bioparcs qui m'ont altagué. Ils ont commencé à me poser des questions. Et c'était extraordinaire de voir à quel point les enfants pouvaient avoir des questions qui étaient aussi pertinentes sur ce type d'animaux-là. On parle de la génération future. Les enfants aujourd'hui, leur éducation doit se faire maintenant, pour la préservation de l'espèce, la compréhension du comportement des animaux et de manière générale du monde qui les entoure. Et je trouvais ça extraordinaire de voir que des enfants qui devaient avoir à peine une dizaine d'années s'intéressaient à ce type de choses-là. Alors c'était avec plaisir, j'ai répondu à des questions pendant très longtemps et c'était très drôle au passage.
Et puis aussi, le fait d'avoir des questions, ça prouve l'intérêt des personnes qui viennent nous voir et ça permet d'expliquer le rôle des parcs biologiques puisqu'on a beaucoup de critiques.
en tant que soigneur vous y faites face ça vous touche personnellement parfois quand il y a des critiques sur les parcs zoologiques ça t'arrive j'imagine d'avoir des des points de vue tous les métiers aujourd'hui qui touchent à l'animal et qui touchent de manière plus générale à la captivité sont sujets à controverse et à débat on a une montée de l'animalisme avec ses défauts et ses qualités depuis quelques années on a des visiteurs par exemple qui sont fondamentalement anti-captivité, anti-zoo qui pourtant viennent au bioparc Alors effectivement c'est lié à à cette ligne de conduite que le bioparc essaie de s'accorder depuis des années aujourd'hui sur la conservation des espèces et sur la présentation de ces animaux là et aujourd'hui ils viennent au bioparc, ils se questionnent et on arrive à avoir des échanges avec eux qui sont de plus en plus constructifs même si évidemment avec certaines personnes il n'y aura pas de débat c'est triste il n'y a pas de débat et au contraire je trouve qu'il y a pourtant beaucoup à apporter en ayant des échanges riches et sans avoir pour autant les mêmes idées à l'origine et en fait ce que j'aime beaucoup c'est effectivement d'avoir des gens qui ont des avis extrêmement contraires aux miens qui peuvent m'apporter quelque chose puisque parfois effectivement leurs avis sont intéressants et qui à l'inverse se laissent entre guillemets avoir par ce que je peux dire qui se laissent entendre qui effectivement prennent une réflexion derrière Le métier de soigneur animalier, personnellement pour moi, a un intérêt qui est énorme. même de manière générale, tous les métiers qui sont liés au secteur zoologique, que ce soit les vétérinaires, les entretiens, ne serait-ce que des espaces verts, que de l'entretien du parc de manière générale. Et aujourd'hui, j'ai déjà souffert par le passé, effectivement, dans le précédent parc dans lequel j'ai travaillé, d'un certain nombre de critiques vis-à-vis de mon métier et de ce que je faisais. Et je continue de rester persuadé et convaincu de l'intérêt de mon métier pour la conservation des effets. Et c'est avec grand plaisir que je partage et que j'échange autour de ça aujourd'hui.
Et je crois qu'une rencontre avec Pierre Guay aussi t'a beaucoup marqué. Tu le revois régulièrement, mais je pense que ça a été aussi assez déterminant dans ton...
Pierre, c'est... Alors bon, Pierre, c'est... Ça reste quand même un homme qui est assez extraordinaire. Il faut savoir que Pierre, par exemple, peut passer à n'importe quel moment en volière africaine, m'appeler, et puis on va discuter oiseau pendant 30 minutes. Évidemment, c'est extrêmement valorisant de voir que pendant des années, j'ai suivi effectivement le parcours de la famille Guay de manière générale, d'ailleurs. en termes de conservation et ne serait-ce que pour l'agrandissement du parc qui aujourd'hui devient de plus en plus riche chaque année avoir eu l'occasion un jour de le croiser pour la première fois, d'avoir eu l'occasion d'échanger avec lui et de comprendre des motivations qui sont finalement assez exceptionnelles on parle d'une famille qui a quand même ouvert un parc zoologique alors qu'elle n'aimait pas les eaux il y a quand même une confrontation intérieure un peu particulière et effectivement la première rencontre avec Pierre a été un... restera gravé je pense très longtemps et nos échanges aujourd'hui enrichissent énormément mon quotidien puisque j'ai la chance d'avoir comme tous les gens qui travaillent ici l'occasion de discuter avec quelqu'un qui a vraiment agi durant toute sa vie pour la conservation des espèces et finalement peu de gens peuvent se targuer d'avoir eu un parcours comme le sien
Pour conclure, Alexandre, qu'est-ce que tu conseillerais à une personne qui voudrait devenir soigneur animalier ?
Déjà, j'aimerais lui dire que cette personne a un grain, très clairement. Il faut être honnêtement un petit peu fou pour commencer ce type de métier. Il faut comprendre qu'il y a quand même beaucoup de contraintes à faire ce travail. Il faut comprendre que malheureusement, la vie de famille est parfois confinée, ne serait-ce que d'avoir une vie à l'extérieur du parc. Je pense que pour faire correctement ce travail, il faut être capable de... Voilà, de passer à côté d'un certain nombre de choses, il faut être capable de mettre beaucoup de choses de sa vie en parenthèse, entre parenthèses, et il faut avoir une implication très particulière. Je pense qu'il faut, avant d'essayer de vraiment entamer des démarches pour y travailler, essayer de comprendre ce que c'est à l'origine, de ne pas hésiter à faire des stages, de ne pas hésiter à voir directement sur le terrain quels sont... toutes ces choses qui font le métier de soigneur animalier. Et si cette personne est suffisamment folle après plusieurs semaines de stage, si elle est assez folle pour avoir encore envie de faire ce métier-là, il ne faut penser à jamais s'arrêter. C'est le plus beau métier du monde. Je ne sais pas, j'aimerais pouvoir continuer dans le milieu zoologie toute ma vie et je ne regretterai jamais mes années de soigneur animalier, même étant plus jeune, car elles ont été difficiles. C'est vraiment un métier extraordinaire.
Merci Alexandre.
De rien.
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Description
Le métier de soigneur animalier fait rêver de nombreuses personnes. Très médiatisé, ressemble-t-il vraiment à ce que l'on imagine ? Alexandre, soigneur au Bioparc et référent de la Volière africaine nous raconte son parcours et comment il a fait de sa passion, son métier.
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Transcription
Je pense que peu importe l'âge que j'aurai, je serai toujours émerveillé de voir un oisillon sortir de l'oeuf. Et je continue de rester persuadé et convaincu de l'intérêt de mon métier pour la conservation des espèces. C'est le plus beau métier du monde.
Une autre idée du zoo, le podcast du Bioparc de Doué-la-Fontaine. Le métier de soigneur animalier fait rêver de nombreuses personnes. Très médiatisé ressemble-t-il vraiment à ce qu'on imagine ? Alexandre, soigneur au Bioparc et référent de la volière africaine, nous raconte son parcours et comment il a fait de sa passion son métier. Salut Alexandre !
Salut Aurélie !
Alors Alexandre, aujourd'hui nous allons discuter du métier de soigneur animalier, une profession qui suscite beaucoup d'intérêt. Donc toi-même Alexandre, tu es soigneur animalier au Bioparc, est-ce que tu peux nous expliquer ton parcours ?
Alors j'ai un parcours un petit peu différent des soigneurs animaliers plus classiques, du moins pour ma génération. La plupart des soigneurs animaliers aujourd'hui, de ces dix dernières années, ce qui correspond plus ou moins à l'ouverture des écoles de soigneurs, ont fait des formations spécifiques pour faire ce métier-là. Il y a quand même un niveau de connaissance à acquérir assez particulier, et puis c'est encore une fois un métier très spécifique. Donc je n'ai pas eu ce parcours tout bien tracé avec des petites écoles de soigneurs, etc. Ça comporte des avantages et des inconvénients, mais j'ai eu une scolarité assez déplorable, il faut être honnête. Malheureusement, je n'ai pas pu m'orienter vers un parcours classique, donc j'ai fait un bac professionnel de vente, par exemple, ce qui n'a absolument aucun rapport. J'ai fait une première année de BTS qui ne m'a pas du tout convaincu. C'était dans le secteur animalier pourtant, mais j'étais en alternance, j'ai travaillé dans l'animalerie. J'ai toujours su que je voulais travailler dans le secteur animalier, il n'y a pas eu de doute à ce niveau-là. Mais évidemment, les parcs zoologiques m'ont toujours attiré. Et donc après cette année de BTS, infructueuse, je me suis orienté, j'ai vraiment essayé de pousser vers les parcs zoologiques. J'ai fait quand même un diplôme universitaire d'éthologie animale. Ça n'avait pas forcément de lien direct avec le métier de soigneur, mais ça avait pour objectif pour moi de me conforter dans l'idée que je pouvais avoir quelque chose de différent le jour où j'entrerais en parc zoologique et avoir une approche un petit peu différente du secteur animalier. Et j'ai commencé à travailler en parc, dans un tout petit parc zoologique à côté de Poitiers, qui m'a donné ma chance dès le départ. J'ai eu de la chance, puis j'aime à croire aussi que j'ai bien travaillé. J'y suis resté pendant presque trois ans, pour ensuite atterrir au Bioparc.
Qu'est-ce qui t'a emmené au Bioparc ? Pourquoi as-tu voulu venir travailler au Bioparc ?
Le Bioparc a toujours fait partie des parcs zoologiques que j'avais dans l'œil. Je pense que dans une carrière, ça fait partie de ces endroits où on a envie d'y passer, pour tout un tas de raisons différentes. Je me souviens que pour mon embauche en particulier, j'avais vu passer des photos de la construction de la volière africaine à l'époque sur Facebook. Et c'était dans une phase effectivement où je réfléchissais déjà à l'idée de partir du parc dans lequel je travaillais. J'ai vu ces photos, j'ai vu le projet qu'il y avait derrière, j'ai imaginé le projet. Ça m'a complètement emballé et à l'époque, il n'y avait pas forcément d'ouverture de poste spécifique pour cette nouvelle installation. Et en fait, je me suis dit... Qu'est-ce que je risque finalement ? J'ai postulé en candidat libre et j'ai été pris. Donc c'était assez extraordinaire. Et le Bioparc était très inspirant et c'est vraiment l'idée de ce projet en particulier qui était très nouveau et qui était assez novateur sur plein de sujets différents, qui m'a vraiment poussé à concrétiser un petit peu ce rêve et cet objectif.
Alors parce que du coup, ce qui t'a intéressé c'était la volière africaine dans laquelle on se trouve aujourd'hui, parce que tu as un intérêt tout particulier pour les oiseaux.
J'ai un intérêt pour les oiseaux. Alors les oiseaux et moi, c'est une histoire qui est assez ancien mine de rien, j'ai toujours été passionné par les animaux aussi loin que je m'en souvienne, même tout petit enfant, alors évidemment c'est mes parents qui me l'ont raconté. Mais les oiseaux c'est quelque chose qui est venu quand j'avais une petite dizaine d'années, il faut savoir qu'avant c'était les reptiles qui m'obsédaient complètement. Je me suis entre guillemets tourné vers les oiseaux lorsque mon père a repris l'ancienne maison familiale dans laquelle il y avait une vieille volière qui tombait en ruine. Il a fait la bêtise entre guillemets de se dire "tiens non mais on va y mettre des oiseaux tu verras ce sera sympa". Grave erreur, puisqu'au fur et à mesure du temps, on s'est retrouvé avec plus de 200 m² de volières dans le jardin. Donc les oiseaux, ça a été le début d'une passion. Les oiseaux ont quelque chose de très inspirant. Ils sont d'une diversité qui est exceptionnelle dans le secteur animalier, dans tout le monde animalier, tous les comportements sont vraiment différents les uns des autres. Et évidemment, ils ont cette capacité de voler pour la plupart, ce qui est quand même tout à fait exceptionnel et qui porte beaucoup au rêve et qui amène à beaucoup de choses. Et donc voilà, j'ai commencé à élever des oiseaux chez moi. Au départ, effectivement, des oiseaux assez simples d'entretien. J'ai commencé par des oiseaux assez classiques, des perruches, des faisans, etc. Et au fur et à mesure du temps, je me suis spécialisé et j'ai réussi à élever, et en plus de ça, avec cette tête, et j'en suis très heureux, des espèces qui sont plus complexes, plus compliquées et pour certaines menacées, voire même entrer dans des programmes de conservation en captivité. J'ai eu et j'ai cette chance-là encore aujourd'hui. Et toute cette suite d'élevage d'oiseaux m'a vraiment spécialisé dans cette voie. Et aujourd'hui, les oiseaux sont ma plus grande passion et mon plus grand bonheur au quotidien.
Et ça colle, que tu fais à titre personnel, ça colle vraiment bien avec ce que tu peux faire au Bioparc en quotidien ?
Alors, il faut être un petit peu fou. Il faut s'imaginer que je passe mes journées à m'occuper d'oiseaux, et quand je rentre chez moi, je m'occupe d'oiseaux également. Donc, j'ai une double vie, mais qui est finalement assez similaire. Alors évidemment les contraintes sont différentes, le cadre est différent et les objectifs le sont aussi pour certains. Mais oui effectivement il y a un énorme lien et je suis très heureux d'avoir cette chance de pouvoir travailler avec quelque chose qui me passionne et qui me motivait déjà quand j'avais à peine une dizaine d'années tout à fait hors travail.
Comme quoi il ne faut jamais lâcher, quand on a un rêve il ne faut jamais lâcher. Est-ce que tu peux nous raconter en quoi consiste ton quotidien ici de soigneur au Bioparc, alors spécifiquement pour la volière africaine du coup ?
Alors spécifiquement pour la volière africaine, il faut savoir que notre secteur à nous est divisé en deux parties entre guillemets. Donc on a effectivement ce côté oiseau qui englobe également d'autres enclos puisqu'on a celui du Cratère avec les otocyons, les suricates, les porcs-épics. On a également les oryctéropes, les calaos. Donc on a toute cette partie-là qui finalement est relativement proche, les enclos sont proches les uns des autres donc il y a une facilité d'entretien. Et on a la deuxième partie du secteur de l'autre côté du parc avec les ours à lunettes, les markhors, les tortues des Seychelles qui sont des animaux radicalement différents. Alors il y a une diversité qui est très intéressante sur ce secteur, puisqu'effectivement on n'est pas non plus totalement centré sur les oiseaux. Et donc mon quotidien, de manière assez générale, le matin, va être de partir, évidemment d'arriver sur le parc vers 8h, de commencer tout de suite par la préparation de la ration. Il faut savoir que les fruits et légumes sont beaucoup plus intéressants sur le plan nutritif lorsqu'ils sont coupés immédiatement et distribués immédiatement.
Quand ils sont frais et coupés.
On a la préparation des rations le matin quand on arrive. On essaie de le faire le plus rapidement possible, évidemment, puisque l'obsession du matin, ça va être de contrôler les animaux. C'est-à-dire essayer de s'assurer que tous les animaux du secteur sont en bonne santé, que la nuit s'est bien passée, qu'on n'a pas de problème particulier. Et donc, après la préparation de mes rations, je vais partir sur mes enclos et sur mes secteurs. Donc... Le travail du matin, globalement, c'est un travail qui englobe énormément de choses puisqu'on va partir sur beaucoup de nettoyage, beaucoup d'observations sur les individus. Évidemment, c'est parfois compliqué de contrôler tout le monde. Les porcs-épics, par exemple, sur le secteur, sont des animaux qui sont parfois un petit peu difficiles à saisir visuellement. Donc, avec les habitudes, leurs habitudes, et puis effectivement, avec le temps qu'on y passe, on finit par comprendre à quelle heure, quels sont leurs horaires, quelles sont leurs petites habitudes. Donc, on arrive à les croiser. Et puis ensuite, quand vous arrivez dans une volière qui fait 2000m², forcément... Il y a quand même une petite notion de challenge quand vous avez un tisserin de 20 grammes à contrôler au milieu de 140 individus, je vous avoue que c'est un peu compliqué.
De toute façon, c'est impossible. Ici, je vois des tisserins, ils se ressemblent tous.
Ça nécessite du temps. On a effectivement cette phase d'observation qui est très importante. On a évidemment le nourrissage. Alors, il peut être plus ou moins complexe en fonction des enclos. Si on prend les oryctéropes par exemple, l'oryctérope en captivité chez nous est nourri avec un aliment unique. Il va être complété par des insectes, mais il est nourri avec un aliment unique qui s'appelle le "termant". -Et en revanche, pour les oiseaux...- Voilà, c'est cette fameuse bougie. On fait une pâte à crêpes avec, qui doit être très lisse, sans grumeaux, etc. Alors, il faut bien la faire, mais globalement, la nourriture est facile à amener. Et pour les oiseaux, on va avoir plus d'une quinzaine de mélanges différents avec des apports en fruits, en légumes, etc. Donc les préparations des rations sont assez différentes.
Et des insectes aussi.
Et des insectes bien évidemment, surtout en ce moment puisqu'on est encore en période de reproduction. Donc là pour donner un ordre d'idée, juste en volière africaine, je suis à plus de 2,5 kg d'insectes par jour. Vivants ? Vivants bien sûr, ce qui nécessite quand même une certaine production derrière. Le matin va vraiment être consacré à cette phase d'observation qui est très importante. On s'assure que tout le monde va bien. On essaie de faire tout le tour du secteur et ensuite, en fonction de l'heure à laquelle on finit, on va pouvoir prendre un petit peu d'avance pour le lendemain. Donc, préparer les caisses de fruits et légumes pour le lendemain matin, histoire qu'on ait juste à les découper. On va également avoir l'après-midi de nettoyage, on peut avoir des bricolages, etc. Donc, le matin, c'est un petit peu la phase la plus importante de la journée quand même, puisqu'on a vraiment ce besoin de contrôler tous les animaux.
Et l'après-midi, tu n'es plus…
Alors, l'après-midi est quand même assez différente en fonction des secteurs. Il dépend en fait de la charge de travail et notamment de nettoyage qu'on peut avoir sur un secteur. Nous, ici en volière africaine, on a possibilité de faire la plupart des nettoyages, alors ce n'est pas toujours le cas, le matin. On va pouvoir avoir cette chance, du moins cette chance, parce qu'on se la donne aussi, mais de pouvoir apporter l'après-midi d'autres choses que des entretiens classiques. On va avoir la chance de bricoler, on va avoir la chance de potentiellement pouvoir reprendre du temps pour l'observation. Donc l'après-midi, entre guillemets, en fonction des jours de la semaine, va être libre sur certains choix qu'on va pouvoir faire. On a quand même néanmoins, au cours de la semaine, des nettoyages spécifiques. Par exemple, deux fois par semaine, le jeudi et le dimanche, on va avoir un gros nettoyage au niveau des tortues des Seychelles, donc avec le jet d'eau, etc. On a quand même des obligations, on se force à en avoir entre guillemets, pour garder un certain rythme et avoir un contrôle sur le nettoyage et l'entretien de nos espaces. Mais on va avoir quand même la possibilité sur le secteur, en plus de ces nettoyages réguliers, d'avoir une forme de liberté qui nous permet d'avoir plein de choses à faire.
Et alors, comment ça se passe ? Tu travailles tous les jours de la semaine, toute l'année, le week-end ?
Alors, le sonneur animalier n'a pas vraiment d'horaire, enfin d'horaire si, mais de jours précis de travail dans la semaine. Chez nous les jours fériés, les week-ends, ça n'existe pas vraiment. C'est un petit peu complexe. J'ai en général beaucoup de jours de repos qui sont dans la semaine, puisque je fais environ deux week-ends par mois. Je peux travailler tous les jours fériés, à Noël, au jour de l'an. Il n'y a pas vraiment de règles. Les animaux nécessitent des soins 365 jours par an, 24 heures sur 24 ou presque. Il faut être assez flexible à ce niveau-là.
Est-ce que c'est un métier assez physique ou pas ?
C'est un métier qui est physique. Évidemment, en fonction des espèces, il peut y avoir des différences. Forcément, sur un entretien où je m'occupe de tisserins, très clairement, je n'ai pas grand-chose à porter de très lourd dans l'immédiat. En revanche, on prend de l'autre côté avec des animaux comme les herbivores, par exemple, qui demandent du fourrage qui peut être assez lourd. Les rhinocéros, par exemple, les herbi sont un très bon exemple. Ce sont des animaux qui nécessitent une condition physique très particulière. Il y a quand même une grosse disparité d'entretien entre les animaux, notamment sur le plan physique. Mais néanmoins, on peut quand même globalement dire que c'est un métier qui est physique puisqu'on est quand même en extérieur toute l'année, qu'il gèle, qu'il vende, qu'il pleuve, qu'il fasse 40 degrés à l'ombre. Et dans tous les cas, on marche beaucoup. C'est rigolo parce que j'ai installé une application hier qui me dit quel nombre de pas je fais par jour.
Entre 15 et 16 kilomètres par jour.
J'étais extrêmement fier de voir que je faisais effectivement une quinzaine de kilomètres par jour. Donc voilà, il y a une condition physique à avoir pour ce métier. Et voilà, il faut quand même être prêt à se dire que on porte des charges, on cavale un petit peu partout. Je pense que je monte les escaliers de la volière africaine à peu près 65 fois dans la journée. J'ai des cuisses en béton, c'est extraordinaire. Donc voilà, ça nécessite une condition particulière.
Est-ce que c'est le métier que tu imaginais, le métier de soigneur quand tu en rêvait quand tu étais plus jeune ?
J'ai toujours eu une grosse forme de réalisme vis-à-vis de l'entretien des animaux et de tous les métiers animaliers de manière générale. J'ai commencé à élever des oiseaux très jeunes. Je sais ce que c'est de se lever le matin très tôt pour aller nourrir tout le monde. Je sais ce que c'est de nettoyer, d'avoir les mains dans la merde, pour ne pas avoir peur de le dire. Je sais également ce qu'implique le fait de travailler avec des vivants. Tout n'est pas toujours drôle, tout n'est pas toujours rose d'ailleurs, on peut avoir des pertes, on peut avoir des animaux malades, on a quand même des contraintes avec le vivant qui sont assez particulières. Malheureusement tout le monde ne serait pas capable d'exercer ce type de métier, puisque même ne serait-ce que psychologiquement il faut être capable de supporter certaines choses. Donc je n'ai eu aucune surprise entre guillemets quand j'ai commencé à travailler en farce sur ce métier de manière générale.
Alexandre travaille au cœur de la volière africaine, un espace minéral de 2000 m², où évoluent une quinzaine d'espèces d'oiseaux de petite taille. Intarissables sur chacune d'entre elles, il partage ses connaissances avec les visiteurs comme il va le faire avec nous.
On est sur une grosse phase d'activité en volière africaine, on est le matin. La plupart des animaux, toutes espèces confondues, sont surtout actives le matin et en fin de journée. Ils vont éviter les activités durant les grosses périodes de chaleur, c'est-à-dire en début d'après-midi. Là par exemple, ce qu'on entend, je pense que le plus derrière nous, ça reste quand même les tisserins. On est en pleine période de reproduction, c'est-à-dire on est vraiment en plein boom. Il y a des nuits absolument partout, évidemment surtout autour du bassin, puisque c'est une zone de lait qui est privilégiée par les mâles dominants. Les tisserins sont très actifs, d'autant plus que je leur ai mis des matériaux ce matin pour construire leur nid. Ils vont tisser uniquement avec de l'herbe verte. Je leur en ai mis une grosse quantité ce matin, donc les mâles se sont immédiatement empressés d'aller tisser des nids. Je vois qu'il y en a un, par exemple, le nid est très vert, ils sont reconnaissables. Les nids qui sont très neufs ont encore cette couleur verte. L'herbe, en séchant, va se rétracter, ce qui va permettre aux nids de se solidifier et avoir une structure qui tienne dans le temps. Donc voilà, on a tous les tinserins qui sont très brillants autour de nous, d'autant plus qu'on a eu les premières naissances il y a une quinzaine de jours environ maintenant. Toutes les femelles étant cyclées plus ou moins en même temps, on a eu entre 30 et 40 jeunes tinserins qui sont sortis la même semaine, une bonne trentaine de nids différents. Donc voilà, les tinserins sont très brillants. Je pense qu'on peut aussi entendre les inséparables en arrière-plan qui sont aussi en train de chercher des matériaux.
C'est ça, avec le bec rouge.
C'est ça, alors l'inséparable à l'oeil noir, c'est un oiseau qui ressemble... Un inséparable un petit peu classique, mais qui a cette particularité d'avoir un statut de menace assez élevé. Malheureusement, c'est un oiseau qui est vulnérable à l'état sauvage, enfin du moins qui est assez vulnérable par les UCN, en cause notamment de par sa plus petite aire de répartition, une espèce qui vit sur une zone qui est à peine plus grande qu'un département français. Donc forcément, quand un oiseau, ou de manière générale un animal, a une aire de répartition extrêmement restreinte, il est beaucoup plus enclin à souffrir. d'un éventuel changement. Donc là, séparable à l'eau noire, c'est un oiseau qui se plaît énormément ici au Bioparc pour différentes raisons, notamment parce que tout le milieu rocheux de la volière africaine leur correspond très bien. Ils vont nicher à l'intérieur de la roche. Alors évidemment, ils ont également des nids à disposition, mais on se rend compte assez facilement qu'ils ont quand même une très grosse préférence pour les rochers. Et on a aujourd'hui... Sur la volière africaine, on doit avoir une colonie qui dépasse les 140 individus actuellement.
Et donc au départ, ils étaient combien quand ils sont arrivés ?
Alors la toute première année, je me rappelle très bien, on a 81 individus précisément qui sont arrivés en volière africaine. Et les phases de reproduction se sont très vite enchaînées. On les a arrêtés en reproduction pendant l'hiver, puisque ça ne sert pas grand chose de les inciter à nicher toute l'année. Il vaut mieux effectivement leur laisser une phase de repos, c'est important, il ne faut pas épuiser l'organisme. parce que si on les laissait faire, ils pourraient nicher quasiment tout le nez, même en plein hiver avec le gel, etc. Donc voilà, on les a un petit peu freinés en période hivernale, mais pour mieux reprendre ensuite au printemps et en été. Et c'est une très bonne nouvelle, encore une fois, pour que l'espèce menacée d'avoir des cas de reproduction qui sont aussi élevés.
Je vois un petit oiseau rayé avec une jolie huppe sur la tête.
Ah, ces oiseaux-là, oui. Alors là, en plus, c'est assez extraordinaire. Les coupes de hulpes faciées, on parle de la hulpe faciée, bien sûr, ce sont des oiseaux qui sont très territoriaux. On n'a toujours que deux individus sur un seul espace. que ce soit à l'état sauvage ou en captivité, les couples vont défendre farouchement leur territoire. Et là, si on regarde bien en volière africaine, on a plus de deux individus, c'est normal, puisque nous avons une naissance. On a trois jeunes hucs qui sont sortis du nid il y a quelques jours à peine. Elles sont déjà très difficiles à différencier par rapport à un adulte, puisque finalement, elles sortent quasiment de la même taille qu'un individu adulte. La seule petite différence qu'on pourrait leur accorder, ce sont les... les légères boursouflures entre guillemets sur les abords du bec qui trahissent encore il y a encore peut-être ces petites choses qui font qu'on arrive à trahir qui trahissent leur stade du vénile mais ne serait-ce qu'en termes de taille en termes de comportement de recherche alimentaire c'est déjà impressionnant, là on voit très bien sur les rochers en face de nous, il y a le mâle qui est à droite donc le mâle adulte avec le jeune qui est juste derrière, qui le suit, qui est en train d'observer puisque le mâle est en train de piocher le sol pour trouver des insectes et on voit très bien que le jeune a accorde de l'importance à ce comportement puisqu'il est juste derrière, il ne bouge pas, il observe. C'est un type de comportement qu'il commence déjà à reproduire au bout de quelques jours à l'extérieur du nu.
C'est super de voir qu'ils ont un comportement aussi spontané comme ça.
Chez les oiseaux, chez les juvéniles, il y a vraiment une phase d'observation qui est très importante. Dans n'importe quel comportement, on peut considérer qu'il y a à la fois de l'inné et de l'acquis. C'est compliqué de déterminer qu'il y ait des comportements uniquement innés ou acquis. On a toujours un écart. un petit peu des deux, et typiquement sur ce type de recherche alimentaire, très parlant. On sait que les jeunes ont déjà ce réflexe de piocher dans le sol, et c'est quelque chose qu'ils vont perfectionner en observant les adultes. Et alors quelque chose qui est intéressant sur les Tifrins par exemple, Même chose, les jeunes sont sortis très récemment du nid. Et j'ai vu, pas plus tard qu'hier, un jeune qui avait vraiment trois jours de sortie du nid, donc qui est tout gris, qui a vraiment une tête de bébé, et qui commençait déjà à essayer de se saisir de brin d'herbe. Pour essayer de faire son nid ? Pour essayer de tisser. Alors la phase d'apprentissage est quand même plus longue chez les tisserins, puisqu'il leur faut quand même au moins une ou deux années avant de réussir à faire un nid complet d'une solidité suffisante pour permettre de nicher à l'intérieur. Mais c'est extraordinaire de voir un oisillon comme ça qui démarre... déjà une construction de nid ou du moins qui s'intéresse à ne serait-ce qu'à un brin d'herbe de cette façon-là.
Et d'ailleurs chez les tisserins, c'est que les mâles qui font les nids ?
Alors chez les tisserins, ce sont que les mâles qui construisent du moins la poupe, le nid dans son ensemble et la femelle va aménager l'intérieur notamment avec des plumes, de la mousse, etc. puisque c'est la poche qui va accueillir les oeufs et les oisillons ensuite donc il faut que ce soit confortable. Donc la femelle va vraiment se charger de l'aménagement intérieur tandis que le mâle va construire l'édifice extérieur. Après, en ce qui concerne l'élevage des jeunes, va être surtout assuré par la femelle, mais on va également pouvoir observer certains mâles qui vont participer à l'élevage, donc ils vont venir nourrir des jeunes.
On peut voir dans la volière des barbicans, des pintades, des guépiers, des touracos. Comment se passe la cohabitation ?
Aujourd'hui, on a une très belle diversité d'espèces qui commencent à se mettre en place en volière africaine. On a un peu plus d'une quinzaine d'espèces d'oiseaux qui cohabitent les unes avec les autres. La cohabitation se passe bien. Alors évidemment, lorsqu'on fait ce qu'on appelle un plan de collection, ce n'est pas un terme péjoratif, c'est le terme approprié pour parler justement de la constitution d'un espace communautaire comme celui-ci. Évidemment, il y a tout un cahier des charges à respecter puisqu'il faut s'assurer que toutes les espèces qui vont être mises en cohabitation ne risquent pas d'avoir de comportements agressifs entre elles, de porter préjudice à la reproduction des unes et des autres. Donc toutes les espèces sont étudiées à la loupe pour s'assurer que ça se passe bien. Évidemment, un aspect tout bête également auquel il faut penser, c'est qu'il ne faut pas que les rations alimentaires des uns et des autres soient mauvaises si une autre espèce touche à la ration d'un autre. Évidemment, dans une volière communautaire comme celle-ci, on n'a pas un contrôle aussi carré qu'on pourrait avoir dans une volière de 15 m² sur l'alimentation. donc forcément je peux avoir des tisserins qui vont venir visiter joyeusement la gamelle des irisors, la gamelle des cocifs, etc. Donc il faut s'assurer que sur le plan alimentaire il n'y ait pas de soucis également, et aujourd'hui la cohabitation en volière africaine se passe suffisamment bien pour avoir des cas de reproduction de plus en plus fréquents, et sur des espèces qui ont des besoins pourtant très spécifiques. Là j'aborde ce point parce que ça a quand même été une nouvelle assez extraordinaire qu'on a eu il y a quelques jours. On a observé un comportement différent chez les guépiers. Alors évidemment depuis plusieurs semaines, les oiseaux avaient changé de comportement. Ils se sont complètement attardés sur la construction de leur nuit. Il faut savoir que le guépier est un oiseau qui creuse. Alors en général sur les bords de rivages, dans les vieilles sablières, les anciennes carrières, etc. Évidemment, la volière africaine pour eux a été une grande découverte puisque nous avons le phalin. et ce sédiment marin si particulier qui leur permet de creuser, puisqu'effectivement il est friable. Et donc les guépiers ont commencé à creuser dans le phalin de manière très assidue, et il y a quelques jours on a observé un comportement particulier, on a vu qu'une des femelles avait un comportement de reproduction très frénétique, elle a complètement arrêté de s'alimenter par elle-même, le mâle uniquement la nourrissait, donc elle se contentait d'attendre sur un perchoir que le mâle vienne lui récupérer des insectes à lui apport. Ensuite, effectivement, un comportement de reproduction frénétique, puisque environ toutes les 15 minutes, il y avait un accouplement qui était observé, et elle faisait énormément d'aller-retour au nid, jusqu'à finalement ne plus le couper, puisqu'aujourd'hui, nous avons la très grande joie d'avoir des œufs à l'intérieur d'un des nids de guépiers.
Donc c'est la première fois qu'on a...
C'est la première fois. On a des œufs pour les guépiers. Voilà, c'est la deuxième saison que ces oiseaux passent en volière. Ce sont des animaux qui ont des besoins très spécifiques, qui sont très honnêtement fragiles et délicats. Ils ne supportent pas l'humidité, ils ont quand même besoin d'une température assez élevée. et donc leur entretien dans une volière de taille plus modeste n'est pas forcément aisé à l'origine et aujourd'hui se dire que nous avons un premier cas de reproduction dans une volière de 2000 m² en cohabitation avec autant d'espèces c'est exceptionnel et c'est vraiment valorisant en tant que soigneur puisqu'on a vraiment l'impression d'avoir enfin trouvé un équilibre, ne serait-ce que pour cette espèce-là et qu'elle se sent suffisamment bien aujourd'hui avec nous pour se permettre de reproduire.
C'était un de tes plus grands challenges, les guépiers ?
Ça fait partie des plus grands challenges. Alors bien sûr, ce n'est pas parce qu'il y a ponte qu'il y a forcément réussite derrière. Il y a évidemment un nombre de paramètres très conséquents qu'on ne peut pas contrôler pour être potentiellement dur à s'y trouver. Mais ne serait-ce que d'avoir un oiseau qui est en condition physique nécessaire pour se permettre de reproduire, qu'il y a évidemment une confiance également dans son environnement pour choisir un site de nullification, c'est une première réussite. Ça peut prendre des années avant que les oiseaux comprennent. comment se reproduire. Évidemment, c'est un apprentissage. Il faut savoir publier, il faut savoir élever ses jeunes. Mais ne serait-ce qu'aujourd'hui, d'avoir juste cette ponte, c'est brillant. Pour nous, c'est vraiment extraordinaire.
Est-ce que ce genre de réussite ou de superbes nouvelles, c'est quelque chose qui fait que tu apprécies ton travail ?
Ça fait partie, évidemment, de ce qui fait que tous les matins quand je me lève, je suis heureux d'aller travailler. Évidemment, le métier de soigneur a des... à des grosses difficultés, on a parfois des mauvaises nouvelles qui nous plombent un petit peu et c'est justement ce genre de bonnes nouvelles qui font qu'on est extrêmement heureux de travailler avec du vivant et c'est ce qui nous rapproche justement de la nature, de ce qui nous entoure. On a eu hier et aventure à 24 heures d'écart des naissances de Marcord par exemple.
Des jumeaux d'ailleurs !
On a eu effectivement d'un coup des jumeaux et ensuite un jeune tout seul. et donc les femelles ils aiment être cyclées au même moment donc on y bat à une période très rapprochée et c'est d'autant plus extraordinaire à cette période là puisque évidemment les naissances s'enchaînent on est en plein dans la période de reproduction donc ce sont toutes ces bonnes nouvelles qui compensent les potentiels mauvais qu'on a pu avoir au cours de l'année ou au quotidien et je pense que peu importe l'âge que j'aurai, je serais toujours émerveillé de voir un oeil de lion sortir de l'eau c'est quelque chose qui ne quittera jamais
et justement toute cette passion est-ce que tu la partages avec le public ?
en fait j'ai toujours eu En fait, le côté passion, je n'ai jamais vu le côté passion comme quelque chose qui doit se garder. Une passion est faite pour être partagée, je pense qu'elle n'a très peu d'intérêt si elle est uniquement intime. Aujourd'hui, on a des gens qui viennent visiter le bioparc, de plus en plus nombreux, c'est d'ailleurs extraordinaire pour ça, et qui s'intéressent de manière précise à ce qui les entoure. Ce que j'adore, c'est avoir des visiteurs qui prennent le temps, qui s'attardent, qui ne se contentent pas uniquement de passer devant un enclos, hop, j'ai vu l'animal, je m'en vais. et qui boucle la visite en 30 minutes. L'objectif aujourd'hui, et ce qui me conforte encore plus dans mon métier, c'est d'avoir des échanges avec eux, c'est de les voir s'attarder, chercher des espèces, s'intéresser à des comportements qu'ils peuvent observer, puisque c'est ce qui fait la richesse du Geopark aujourd'hui, c'est d'avoir ces interactions entre les espèces dans des espaces qui sont... absolument démentiel, et d'avoir ces visiteurs qui s'intéressent justement à cette vision de l'animal en captivité qui est un peu différente, et ensuite pouvoir échanger avec eux. Alors on a des visiteurs qui nous posent des questions extrêmement pertinentes parfois, et avec lesquelles on a des discussions qui peuvent durer très longtemps. Ça m'est déjà arrivé de rester plus de 45 minutes avec quelqu'un à discuter parfois d'un sujet qui paraît anodin mais qui est pourtant passionnant. Et l'échange aujourd'hui est vraiment valorisant. C'est enrichissant. Il y a quelques jours, comme très souvent, on a une école qui est passée dans les allées du parc. J'avais tous les enfants qui étaient en train de s'émerveiller autour des mangoustes. Alors les mangoustes ne sont pas partie des animaux de mon secteur. Ils étaient en train de s'émerveiller dessus et évidemment, on a des bioparcs qui m'ont altagué. Ils ont commencé à me poser des questions. Et c'était extraordinaire de voir à quel point les enfants pouvaient avoir des questions qui étaient aussi pertinentes sur ce type d'animaux-là. On parle de la génération future. Les enfants aujourd'hui, leur éducation doit se faire maintenant, pour la préservation de l'espèce, la compréhension du comportement des animaux et de manière générale du monde qui les entoure. Et je trouvais ça extraordinaire de voir que des enfants qui devaient avoir à peine une dizaine d'années s'intéressaient à ce type de choses-là. Alors c'était avec plaisir, j'ai répondu à des questions pendant très longtemps et c'était très drôle au passage.
Et puis aussi, le fait d'avoir des questions, ça prouve l'intérêt des personnes qui viennent nous voir et ça permet d'expliquer le rôle des parcs biologiques puisqu'on a beaucoup de critiques.
en tant que soigneur vous y faites face ça vous touche personnellement parfois quand il y a des critiques sur les parcs zoologiques ça t'arrive j'imagine d'avoir des des points de vue tous les métiers aujourd'hui qui touchent à l'animal et qui touchent de manière plus générale à la captivité sont sujets à controverse et à débat on a une montée de l'animalisme avec ses défauts et ses qualités depuis quelques années on a des visiteurs par exemple qui sont fondamentalement anti-captivité, anti-zoo qui pourtant viennent au bioparc Alors effectivement c'est lié à à cette ligne de conduite que le bioparc essaie de s'accorder depuis des années aujourd'hui sur la conservation des espèces et sur la présentation de ces animaux là et aujourd'hui ils viennent au bioparc, ils se questionnent et on arrive à avoir des échanges avec eux qui sont de plus en plus constructifs même si évidemment avec certaines personnes il n'y aura pas de débat c'est triste il n'y a pas de débat et au contraire je trouve qu'il y a pourtant beaucoup à apporter en ayant des échanges riches et sans avoir pour autant les mêmes idées à l'origine et en fait ce que j'aime beaucoup c'est effectivement d'avoir des gens qui ont des avis extrêmement contraires aux miens qui peuvent m'apporter quelque chose puisque parfois effectivement leurs avis sont intéressants et qui à l'inverse se laissent entre guillemets avoir par ce que je peux dire qui se laissent entendre qui effectivement prennent une réflexion derrière Le métier de soigneur animalier, personnellement pour moi, a un intérêt qui est énorme. même de manière générale, tous les métiers qui sont liés au secteur zoologique, que ce soit les vétérinaires, les entretiens, ne serait-ce que des espaces verts, que de l'entretien du parc de manière générale. Et aujourd'hui, j'ai déjà souffert par le passé, effectivement, dans le précédent parc dans lequel j'ai travaillé, d'un certain nombre de critiques vis-à-vis de mon métier et de ce que je faisais. Et je continue de rester persuadé et convaincu de l'intérêt de mon métier pour la conservation des effets. Et c'est avec grand plaisir que je partage et que j'échange autour de ça aujourd'hui.
Et je crois qu'une rencontre avec Pierre Guay aussi t'a beaucoup marqué. Tu le revois régulièrement, mais je pense que ça a été aussi assez déterminant dans ton...
Pierre, c'est... Alors bon, Pierre, c'est... Ça reste quand même un homme qui est assez extraordinaire. Il faut savoir que Pierre, par exemple, peut passer à n'importe quel moment en volière africaine, m'appeler, et puis on va discuter oiseau pendant 30 minutes. Évidemment, c'est extrêmement valorisant de voir que pendant des années, j'ai suivi effectivement le parcours de la famille Guay de manière générale, d'ailleurs. en termes de conservation et ne serait-ce que pour l'agrandissement du parc qui aujourd'hui devient de plus en plus riche chaque année avoir eu l'occasion un jour de le croiser pour la première fois, d'avoir eu l'occasion d'échanger avec lui et de comprendre des motivations qui sont finalement assez exceptionnelles on parle d'une famille qui a quand même ouvert un parc zoologique alors qu'elle n'aimait pas les eaux il y a quand même une confrontation intérieure un peu particulière et effectivement la première rencontre avec Pierre a été un... restera gravé je pense très longtemps et nos échanges aujourd'hui enrichissent énormément mon quotidien puisque j'ai la chance d'avoir comme tous les gens qui travaillent ici l'occasion de discuter avec quelqu'un qui a vraiment agi durant toute sa vie pour la conservation des espèces et finalement peu de gens peuvent se targuer d'avoir eu un parcours comme le sien
Pour conclure, Alexandre, qu'est-ce que tu conseillerais à une personne qui voudrait devenir soigneur animalier ?
Déjà, j'aimerais lui dire que cette personne a un grain, très clairement. Il faut être honnêtement un petit peu fou pour commencer ce type de métier. Il faut comprendre qu'il y a quand même beaucoup de contraintes à faire ce travail. Il faut comprendre que malheureusement, la vie de famille est parfois confinée, ne serait-ce que d'avoir une vie à l'extérieur du parc. Je pense que pour faire correctement ce travail, il faut être capable de... Voilà, de passer à côté d'un certain nombre de choses, il faut être capable de mettre beaucoup de choses de sa vie en parenthèse, entre parenthèses, et il faut avoir une implication très particulière. Je pense qu'il faut, avant d'essayer de vraiment entamer des démarches pour y travailler, essayer de comprendre ce que c'est à l'origine, de ne pas hésiter à faire des stages, de ne pas hésiter à voir directement sur le terrain quels sont... toutes ces choses qui font le métier de soigneur animalier. Et si cette personne est suffisamment folle après plusieurs semaines de stage, si elle est assez folle pour avoir encore envie de faire ce métier-là, il ne faut penser à jamais s'arrêter. C'est le plus beau métier du monde. Je ne sais pas, j'aimerais pouvoir continuer dans le milieu zoologie toute ma vie et je ne regretterai jamais mes années de soigneur animalier, même étant plus jeune, car elles ont été difficiles. C'est vraiment un métier extraordinaire.
Merci Alexandre.
De rien.
Voilà, c'est la fin de cet épisode. Merci de l'avoir écouté jusqu'au bout. Abonnez-vous s'il vous a plu et pour en savoir plus sur le bioparc,
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Le métier de soigneur animalier fait rêver de nombreuses personnes. Très médiatisé, ressemble-t-il vraiment à ce que l'on imagine ? Alexandre, soigneur au Bioparc et référent de la Volière africaine nous raconte son parcours et comment il a fait de sa passion, son métier.
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Transcription
Je pense que peu importe l'âge que j'aurai, je serai toujours émerveillé de voir un oisillon sortir de l'oeuf. Et je continue de rester persuadé et convaincu de l'intérêt de mon métier pour la conservation des espèces. C'est le plus beau métier du monde.
Une autre idée du zoo, le podcast du Bioparc de Doué-la-Fontaine. Le métier de soigneur animalier fait rêver de nombreuses personnes. Très médiatisé ressemble-t-il vraiment à ce qu'on imagine ? Alexandre, soigneur au Bioparc et référent de la volière africaine, nous raconte son parcours et comment il a fait de sa passion son métier. Salut Alexandre !
Salut Aurélie !
Alors Alexandre, aujourd'hui nous allons discuter du métier de soigneur animalier, une profession qui suscite beaucoup d'intérêt. Donc toi-même Alexandre, tu es soigneur animalier au Bioparc, est-ce que tu peux nous expliquer ton parcours ?
Alors j'ai un parcours un petit peu différent des soigneurs animaliers plus classiques, du moins pour ma génération. La plupart des soigneurs animaliers aujourd'hui, de ces dix dernières années, ce qui correspond plus ou moins à l'ouverture des écoles de soigneurs, ont fait des formations spécifiques pour faire ce métier-là. Il y a quand même un niveau de connaissance à acquérir assez particulier, et puis c'est encore une fois un métier très spécifique. Donc je n'ai pas eu ce parcours tout bien tracé avec des petites écoles de soigneurs, etc. Ça comporte des avantages et des inconvénients, mais j'ai eu une scolarité assez déplorable, il faut être honnête. Malheureusement, je n'ai pas pu m'orienter vers un parcours classique, donc j'ai fait un bac professionnel de vente, par exemple, ce qui n'a absolument aucun rapport. J'ai fait une première année de BTS qui ne m'a pas du tout convaincu. C'était dans le secteur animalier pourtant, mais j'étais en alternance, j'ai travaillé dans l'animalerie. J'ai toujours su que je voulais travailler dans le secteur animalier, il n'y a pas eu de doute à ce niveau-là. Mais évidemment, les parcs zoologiques m'ont toujours attiré. Et donc après cette année de BTS, infructueuse, je me suis orienté, j'ai vraiment essayé de pousser vers les parcs zoologiques. J'ai fait quand même un diplôme universitaire d'éthologie animale. Ça n'avait pas forcément de lien direct avec le métier de soigneur, mais ça avait pour objectif pour moi de me conforter dans l'idée que je pouvais avoir quelque chose de différent le jour où j'entrerais en parc zoologique et avoir une approche un petit peu différente du secteur animalier. Et j'ai commencé à travailler en parc, dans un tout petit parc zoologique à côté de Poitiers, qui m'a donné ma chance dès le départ. J'ai eu de la chance, puis j'aime à croire aussi que j'ai bien travaillé. J'y suis resté pendant presque trois ans, pour ensuite atterrir au Bioparc.
Qu'est-ce qui t'a emmené au Bioparc ? Pourquoi as-tu voulu venir travailler au Bioparc ?
Le Bioparc a toujours fait partie des parcs zoologiques que j'avais dans l'œil. Je pense que dans une carrière, ça fait partie de ces endroits où on a envie d'y passer, pour tout un tas de raisons différentes. Je me souviens que pour mon embauche en particulier, j'avais vu passer des photos de la construction de la volière africaine à l'époque sur Facebook. Et c'était dans une phase effectivement où je réfléchissais déjà à l'idée de partir du parc dans lequel je travaillais. J'ai vu ces photos, j'ai vu le projet qu'il y avait derrière, j'ai imaginé le projet. Ça m'a complètement emballé et à l'époque, il n'y avait pas forcément d'ouverture de poste spécifique pour cette nouvelle installation. Et en fait, je me suis dit... Qu'est-ce que je risque finalement ? J'ai postulé en candidat libre et j'ai été pris. Donc c'était assez extraordinaire. Et le Bioparc était très inspirant et c'est vraiment l'idée de ce projet en particulier qui était très nouveau et qui était assez novateur sur plein de sujets différents, qui m'a vraiment poussé à concrétiser un petit peu ce rêve et cet objectif.
Alors parce que du coup, ce qui t'a intéressé c'était la volière africaine dans laquelle on se trouve aujourd'hui, parce que tu as un intérêt tout particulier pour les oiseaux.
J'ai un intérêt pour les oiseaux. Alors les oiseaux et moi, c'est une histoire qui est assez ancien mine de rien, j'ai toujours été passionné par les animaux aussi loin que je m'en souvienne, même tout petit enfant, alors évidemment c'est mes parents qui me l'ont raconté. Mais les oiseaux c'est quelque chose qui est venu quand j'avais une petite dizaine d'années, il faut savoir qu'avant c'était les reptiles qui m'obsédaient complètement. Je me suis entre guillemets tourné vers les oiseaux lorsque mon père a repris l'ancienne maison familiale dans laquelle il y avait une vieille volière qui tombait en ruine. Il a fait la bêtise entre guillemets de se dire "tiens non mais on va y mettre des oiseaux tu verras ce sera sympa". Grave erreur, puisqu'au fur et à mesure du temps, on s'est retrouvé avec plus de 200 m² de volières dans le jardin. Donc les oiseaux, ça a été le début d'une passion. Les oiseaux ont quelque chose de très inspirant. Ils sont d'une diversité qui est exceptionnelle dans le secteur animalier, dans tout le monde animalier, tous les comportements sont vraiment différents les uns des autres. Et évidemment, ils ont cette capacité de voler pour la plupart, ce qui est quand même tout à fait exceptionnel et qui porte beaucoup au rêve et qui amène à beaucoup de choses. Et donc voilà, j'ai commencé à élever des oiseaux chez moi. Au départ, effectivement, des oiseaux assez simples d'entretien. J'ai commencé par des oiseaux assez classiques, des perruches, des faisans, etc. Et au fur et à mesure du temps, je me suis spécialisé et j'ai réussi à élever, et en plus de ça, avec cette tête, et j'en suis très heureux, des espèces qui sont plus complexes, plus compliquées et pour certaines menacées, voire même entrer dans des programmes de conservation en captivité. J'ai eu et j'ai cette chance-là encore aujourd'hui. Et toute cette suite d'élevage d'oiseaux m'a vraiment spécialisé dans cette voie. Et aujourd'hui, les oiseaux sont ma plus grande passion et mon plus grand bonheur au quotidien.
Et ça colle, que tu fais à titre personnel, ça colle vraiment bien avec ce que tu peux faire au Bioparc en quotidien ?
Alors, il faut être un petit peu fou. Il faut s'imaginer que je passe mes journées à m'occuper d'oiseaux, et quand je rentre chez moi, je m'occupe d'oiseaux également. Donc, j'ai une double vie, mais qui est finalement assez similaire. Alors évidemment les contraintes sont différentes, le cadre est différent et les objectifs le sont aussi pour certains. Mais oui effectivement il y a un énorme lien et je suis très heureux d'avoir cette chance de pouvoir travailler avec quelque chose qui me passionne et qui me motivait déjà quand j'avais à peine une dizaine d'années tout à fait hors travail.
Comme quoi il ne faut jamais lâcher, quand on a un rêve il ne faut jamais lâcher. Est-ce que tu peux nous raconter en quoi consiste ton quotidien ici de soigneur au Bioparc, alors spécifiquement pour la volière africaine du coup ?
Alors spécifiquement pour la volière africaine, il faut savoir que notre secteur à nous est divisé en deux parties entre guillemets. Donc on a effectivement ce côté oiseau qui englobe également d'autres enclos puisqu'on a celui du Cratère avec les otocyons, les suricates, les porcs-épics. On a également les oryctéropes, les calaos. Donc on a toute cette partie-là qui finalement est relativement proche, les enclos sont proches les uns des autres donc il y a une facilité d'entretien. Et on a la deuxième partie du secteur de l'autre côté du parc avec les ours à lunettes, les markhors, les tortues des Seychelles qui sont des animaux radicalement différents. Alors il y a une diversité qui est très intéressante sur ce secteur, puisqu'effectivement on n'est pas non plus totalement centré sur les oiseaux. Et donc mon quotidien, de manière assez générale, le matin, va être de partir, évidemment d'arriver sur le parc vers 8h, de commencer tout de suite par la préparation de la ration. Il faut savoir que les fruits et légumes sont beaucoup plus intéressants sur le plan nutritif lorsqu'ils sont coupés immédiatement et distribués immédiatement.
Quand ils sont frais et coupés.
On a la préparation des rations le matin quand on arrive. On essaie de le faire le plus rapidement possible, évidemment, puisque l'obsession du matin, ça va être de contrôler les animaux. C'est-à-dire essayer de s'assurer que tous les animaux du secteur sont en bonne santé, que la nuit s'est bien passée, qu'on n'a pas de problème particulier. Et donc, après la préparation de mes rations, je vais partir sur mes enclos et sur mes secteurs. Donc... Le travail du matin, globalement, c'est un travail qui englobe énormément de choses puisqu'on va partir sur beaucoup de nettoyage, beaucoup d'observations sur les individus. Évidemment, c'est parfois compliqué de contrôler tout le monde. Les porcs-épics, par exemple, sur le secteur, sont des animaux qui sont parfois un petit peu difficiles à saisir visuellement. Donc, avec les habitudes, leurs habitudes, et puis effectivement, avec le temps qu'on y passe, on finit par comprendre à quelle heure, quels sont leurs horaires, quelles sont leurs petites habitudes. Donc, on arrive à les croiser. Et puis ensuite, quand vous arrivez dans une volière qui fait 2000m², forcément... Il y a quand même une petite notion de challenge quand vous avez un tisserin de 20 grammes à contrôler au milieu de 140 individus, je vous avoue que c'est un peu compliqué.
De toute façon, c'est impossible. Ici, je vois des tisserins, ils se ressemblent tous.
Ça nécessite du temps. On a effectivement cette phase d'observation qui est très importante. On a évidemment le nourrissage. Alors, il peut être plus ou moins complexe en fonction des enclos. Si on prend les oryctéropes par exemple, l'oryctérope en captivité chez nous est nourri avec un aliment unique. Il va être complété par des insectes, mais il est nourri avec un aliment unique qui s'appelle le "termant". -Et en revanche, pour les oiseaux...- Voilà, c'est cette fameuse bougie. On fait une pâte à crêpes avec, qui doit être très lisse, sans grumeaux, etc. Alors, il faut bien la faire, mais globalement, la nourriture est facile à amener. Et pour les oiseaux, on va avoir plus d'une quinzaine de mélanges différents avec des apports en fruits, en légumes, etc. Donc les préparations des rations sont assez différentes.
Et des insectes aussi.
Et des insectes bien évidemment, surtout en ce moment puisqu'on est encore en période de reproduction. Donc là pour donner un ordre d'idée, juste en volière africaine, je suis à plus de 2,5 kg d'insectes par jour. Vivants ? Vivants bien sûr, ce qui nécessite quand même une certaine production derrière. Le matin va vraiment être consacré à cette phase d'observation qui est très importante. On s'assure que tout le monde va bien. On essaie de faire tout le tour du secteur et ensuite, en fonction de l'heure à laquelle on finit, on va pouvoir prendre un petit peu d'avance pour le lendemain. Donc, préparer les caisses de fruits et légumes pour le lendemain matin, histoire qu'on ait juste à les découper. On va également avoir l'après-midi de nettoyage, on peut avoir des bricolages, etc. Donc, le matin, c'est un petit peu la phase la plus importante de la journée quand même, puisqu'on a vraiment ce besoin de contrôler tous les animaux.
Et l'après-midi, tu n'es plus…
Alors, l'après-midi est quand même assez différente en fonction des secteurs. Il dépend en fait de la charge de travail et notamment de nettoyage qu'on peut avoir sur un secteur. Nous, ici en volière africaine, on a possibilité de faire la plupart des nettoyages, alors ce n'est pas toujours le cas, le matin. On va pouvoir avoir cette chance, du moins cette chance, parce qu'on se la donne aussi, mais de pouvoir apporter l'après-midi d'autres choses que des entretiens classiques. On va avoir la chance de bricoler, on va avoir la chance de potentiellement pouvoir reprendre du temps pour l'observation. Donc l'après-midi, entre guillemets, en fonction des jours de la semaine, va être libre sur certains choix qu'on va pouvoir faire. On a quand même néanmoins, au cours de la semaine, des nettoyages spécifiques. Par exemple, deux fois par semaine, le jeudi et le dimanche, on va avoir un gros nettoyage au niveau des tortues des Seychelles, donc avec le jet d'eau, etc. On a quand même des obligations, on se force à en avoir entre guillemets, pour garder un certain rythme et avoir un contrôle sur le nettoyage et l'entretien de nos espaces. Mais on va avoir quand même la possibilité sur le secteur, en plus de ces nettoyages réguliers, d'avoir une forme de liberté qui nous permet d'avoir plein de choses à faire.
Et alors, comment ça se passe ? Tu travailles tous les jours de la semaine, toute l'année, le week-end ?
Alors, le sonneur animalier n'a pas vraiment d'horaire, enfin d'horaire si, mais de jours précis de travail dans la semaine. Chez nous les jours fériés, les week-ends, ça n'existe pas vraiment. C'est un petit peu complexe. J'ai en général beaucoup de jours de repos qui sont dans la semaine, puisque je fais environ deux week-ends par mois. Je peux travailler tous les jours fériés, à Noël, au jour de l'an. Il n'y a pas vraiment de règles. Les animaux nécessitent des soins 365 jours par an, 24 heures sur 24 ou presque. Il faut être assez flexible à ce niveau-là.
Est-ce que c'est un métier assez physique ou pas ?
C'est un métier qui est physique. Évidemment, en fonction des espèces, il peut y avoir des différences. Forcément, sur un entretien où je m'occupe de tisserins, très clairement, je n'ai pas grand-chose à porter de très lourd dans l'immédiat. En revanche, on prend de l'autre côté avec des animaux comme les herbivores, par exemple, qui demandent du fourrage qui peut être assez lourd. Les rhinocéros, par exemple, les herbi sont un très bon exemple. Ce sont des animaux qui nécessitent une condition physique très particulière. Il y a quand même une grosse disparité d'entretien entre les animaux, notamment sur le plan physique. Mais néanmoins, on peut quand même globalement dire que c'est un métier qui est physique puisqu'on est quand même en extérieur toute l'année, qu'il gèle, qu'il vende, qu'il pleuve, qu'il fasse 40 degrés à l'ombre. Et dans tous les cas, on marche beaucoup. C'est rigolo parce que j'ai installé une application hier qui me dit quel nombre de pas je fais par jour.
Entre 15 et 16 kilomètres par jour.
J'étais extrêmement fier de voir que je faisais effectivement une quinzaine de kilomètres par jour. Donc voilà, il y a une condition physique à avoir pour ce métier. Et voilà, il faut quand même être prêt à se dire que on porte des charges, on cavale un petit peu partout. Je pense que je monte les escaliers de la volière africaine à peu près 65 fois dans la journée. J'ai des cuisses en béton, c'est extraordinaire. Donc voilà, ça nécessite une condition particulière.
Est-ce que c'est le métier que tu imaginais, le métier de soigneur quand tu en rêvait quand tu étais plus jeune ?
J'ai toujours eu une grosse forme de réalisme vis-à-vis de l'entretien des animaux et de tous les métiers animaliers de manière générale. J'ai commencé à élever des oiseaux très jeunes. Je sais ce que c'est de se lever le matin très tôt pour aller nourrir tout le monde. Je sais ce que c'est de nettoyer, d'avoir les mains dans la merde, pour ne pas avoir peur de le dire. Je sais également ce qu'implique le fait de travailler avec des vivants. Tout n'est pas toujours drôle, tout n'est pas toujours rose d'ailleurs, on peut avoir des pertes, on peut avoir des animaux malades, on a quand même des contraintes avec le vivant qui sont assez particulières. Malheureusement tout le monde ne serait pas capable d'exercer ce type de métier, puisque même ne serait-ce que psychologiquement il faut être capable de supporter certaines choses. Donc je n'ai eu aucune surprise entre guillemets quand j'ai commencé à travailler en farce sur ce métier de manière générale.
Alexandre travaille au cœur de la volière africaine, un espace minéral de 2000 m², où évoluent une quinzaine d'espèces d'oiseaux de petite taille. Intarissables sur chacune d'entre elles, il partage ses connaissances avec les visiteurs comme il va le faire avec nous.
On est sur une grosse phase d'activité en volière africaine, on est le matin. La plupart des animaux, toutes espèces confondues, sont surtout actives le matin et en fin de journée. Ils vont éviter les activités durant les grosses périodes de chaleur, c'est-à-dire en début d'après-midi. Là par exemple, ce qu'on entend, je pense que le plus derrière nous, ça reste quand même les tisserins. On est en pleine période de reproduction, c'est-à-dire on est vraiment en plein boom. Il y a des nuits absolument partout, évidemment surtout autour du bassin, puisque c'est une zone de lait qui est privilégiée par les mâles dominants. Les tisserins sont très actifs, d'autant plus que je leur ai mis des matériaux ce matin pour construire leur nid. Ils vont tisser uniquement avec de l'herbe verte. Je leur en ai mis une grosse quantité ce matin, donc les mâles se sont immédiatement empressés d'aller tisser des nids. Je vois qu'il y en a un, par exemple, le nid est très vert, ils sont reconnaissables. Les nids qui sont très neufs ont encore cette couleur verte. L'herbe, en séchant, va se rétracter, ce qui va permettre aux nids de se solidifier et avoir une structure qui tienne dans le temps. Donc voilà, on a tous les tinserins qui sont très brillants autour de nous, d'autant plus qu'on a eu les premières naissances il y a une quinzaine de jours environ maintenant. Toutes les femelles étant cyclées plus ou moins en même temps, on a eu entre 30 et 40 jeunes tinserins qui sont sortis la même semaine, une bonne trentaine de nids différents. Donc voilà, les tinserins sont très brillants. Je pense qu'on peut aussi entendre les inséparables en arrière-plan qui sont aussi en train de chercher des matériaux.
C'est ça, avec le bec rouge.
C'est ça, alors l'inséparable à l'oeil noir, c'est un oiseau qui ressemble... Un inséparable un petit peu classique, mais qui a cette particularité d'avoir un statut de menace assez élevé. Malheureusement, c'est un oiseau qui est vulnérable à l'état sauvage, enfin du moins qui est assez vulnérable par les UCN, en cause notamment de par sa plus petite aire de répartition, une espèce qui vit sur une zone qui est à peine plus grande qu'un département français. Donc forcément, quand un oiseau, ou de manière générale un animal, a une aire de répartition extrêmement restreinte, il est beaucoup plus enclin à souffrir. d'un éventuel changement. Donc là, séparable à l'eau noire, c'est un oiseau qui se plaît énormément ici au Bioparc pour différentes raisons, notamment parce que tout le milieu rocheux de la volière africaine leur correspond très bien. Ils vont nicher à l'intérieur de la roche. Alors évidemment, ils ont également des nids à disposition, mais on se rend compte assez facilement qu'ils ont quand même une très grosse préférence pour les rochers. Et on a aujourd'hui... Sur la volière africaine, on doit avoir une colonie qui dépasse les 140 individus actuellement.
Et donc au départ, ils étaient combien quand ils sont arrivés ?
Alors la toute première année, je me rappelle très bien, on a 81 individus précisément qui sont arrivés en volière africaine. Et les phases de reproduction se sont très vite enchaînées. On les a arrêtés en reproduction pendant l'hiver, puisque ça ne sert pas grand chose de les inciter à nicher toute l'année. Il vaut mieux effectivement leur laisser une phase de repos, c'est important, il ne faut pas épuiser l'organisme. parce que si on les laissait faire, ils pourraient nicher quasiment tout le nez, même en plein hiver avec le gel, etc. Donc voilà, on les a un petit peu freinés en période hivernale, mais pour mieux reprendre ensuite au printemps et en été. Et c'est une très bonne nouvelle, encore une fois, pour que l'espèce menacée d'avoir des cas de reproduction qui sont aussi élevés.
Je vois un petit oiseau rayé avec une jolie huppe sur la tête.
Ah, ces oiseaux-là, oui. Alors là, en plus, c'est assez extraordinaire. Les coupes de hulpes faciées, on parle de la hulpe faciée, bien sûr, ce sont des oiseaux qui sont très territoriaux. On n'a toujours que deux individus sur un seul espace. que ce soit à l'état sauvage ou en captivité, les couples vont défendre farouchement leur territoire. Et là, si on regarde bien en volière africaine, on a plus de deux individus, c'est normal, puisque nous avons une naissance. On a trois jeunes hucs qui sont sortis du nid il y a quelques jours à peine. Elles sont déjà très difficiles à différencier par rapport à un adulte, puisque finalement, elles sortent quasiment de la même taille qu'un individu adulte. La seule petite différence qu'on pourrait leur accorder, ce sont les... les légères boursouflures entre guillemets sur les abords du bec qui trahissent encore il y a encore peut-être ces petites choses qui font qu'on arrive à trahir qui trahissent leur stade du vénile mais ne serait-ce qu'en termes de taille en termes de comportement de recherche alimentaire c'est déjà impressionnant, là on voit très bien sur les rochers en face de nous, il y a le mâle qui est à droite donc le mâle adulte avec le jeune qui est juste derrière, qui le suit, qui est en train d'observer puisque le mâle est en train de piocher le sol pour trouver des insectes et on voit très bien que le jeune a accorde de l'importance à ce comportement puisqu'il est juste derrière, il ne bouge pas, il observe. C'est un type de comportement qu'il commence déjà à reproduire au bout de quelques jours à l'extérieur du nu.
C'est super de voir qu'ils ont un comportement aussi spontané comme ça.
Chez les oiseaux, chez les juvéniles, il y a vraiment une phase d'observation qui est très importante. Dans n'importe quel comportement, on peut considérer qu'il y a à la fois de l'inné et de l'acquis. C'est compliqué de déterminer qu'il y ait des comportements uniquement innés ou acquis. On a toujours un écart. un petit peu des deux, et typiquement sur ce type de recherche alimentaire, très parlant. On sait que les jeunes ont déjà ce réflexe de piocher dans le sol, et c'est quelque chose qu'ils vont perfectionner en observant les adultes. Et alors quelque chose qui est intéressant sur les Tifrins par exemple, Même chose, les jeunes sont sortis très récemment du nid. Et j'ai vu, pas plus tard qu'hier, un jeune qui avait vraiment trois jours de sortie du nid, donc qui est tout gris, qui a vraiment une tête de bébé, et qui commençait déjà à essayer de se saisir de brin d'herbe. Pour essayer de faire son nid ? Pour essayer de tisser. Alors la phase d'apprentissage est quand même plus longue chez les tisserins, puisqu'il leur faut quand même au moins une ou deux années avant de réussir à faire un nid complet d'une solidité suffisante pour permettre de nicher à l'intérieur. Mais c'est extraordinaire de voir un oisillon comme ça qui démarre... déjà une construction de nid ou du moins qui s'intéresse à ne serait-ce qu'à un brin d'herbe de cette façon-là.
Et d'ailleurs chez les tisserins, c'est que les mâles qui font les nids ?
Alors chez les tisserins, ce sont que les mâles qui construisent du moins la poupe, le nid dans son ensemble et la femelle va aménager l'intérieur notamment avec des plumes, de la mousse, etc. puisque c'est la poche qui va accueillir les oeufs et les oisillons ensuite donc il faut que ce soit confortable. Donc la femelle va vraiment se charger de l'aménagement intérieur tandis que le mâle va construire l'édifice extérieur. Après, en ce qui concerne l'élevage des jeunes, va être surtout assuré par la femelle, mais on va également pouvoir observer certains mâles qui vont participer à l'élevage, donc ils vont venir nourrir des jeunes.
On peut voir dans la volière des barbicans, des pintades, des guépiers, des touracos. Comment se passe la cohabitation ?
Aujourd'hui, on a une très belle diversité d'espèces qui commencent à se mettre en place en volière africaine. On a un peu plus d'une quinzaine d'espèces d'oiseaux qui cohabitent les unes avec les autres. La cohabitation se passe bien. Alors évidemment, lorsqu'on fait ce qu'on appelle un plan de collection, ce n'est pas un terme péjoratif, c'est le terme approprié pour parler justement de la constitution d'un espace communautaire comme celui-ci. Évidemment, il y a tout un cahier des charges à respecter puisqu'il faut s'assurer que toutes les espèces qui vont être mises en cohabitation ne risquent pas d'avoir de comportements agressifs entre elles, de porter préjudice à la reproduction des unes et des autres. Donc toutes les espèces sont étudiées à la loupe pour s'assurer que ça se passe bien. Évidemment, un aspect tout bête également auquel il faut penser, c'est qu'il ne faut pas que les rations alimentaires des uns et des autres soient mauvaises si une autre espèce touche à la ration d'un autre. Évidemment, dans une volière communautaire comme celle-ci, on n'a pas un contrôle aussi carré qu'on pourrait avoir dans une volière de 15 m² sur l'alimentation. donc forcément je peux avoir des tisserins qui vont venir visiter joyeusement la gamelle des irisors, la gamelle des cocifs, etc. Donc il faut s'assurer que sur le plan alimentaire il n'y ait pas de soucis également, et aujourd'hui la cohabitation en volière africaine se passe suffisamment bien pour avoir des cas de reproduction de plus en plus fréquents, et sur des espèces qui ont des besoins pourtant très spécifiques. Là j'aborde ce point parce que ça a quand même été une nouvelle assez extraordinaire qu'on a eu il y a quelques jours. On a observé un comportement différent chez les guépiers. Alors évidemment depuis plusieurs semaines, les oiseaux avaient changé de comportement. Ils se sont complètement attardés sur la construction de leur nuit. Il faut savoir que le guépier est un oiseau qui creuse. Alors en général sur les bords de rivages, dans les vieilles sablières, les anciennes carrières, etc. Évidemment, la volière africaine pour eux a été une grande découverte puisque nous avons le phalin. et ce sédiment marin si particulier qui leur permet de creuser, puisqu'effectivement il est friable. Et donc les guépiers ont commencé à creuser dans le phalin de manière très assidue, et il y a quelques jours on a observé un comportement particulier, on a vu qu'une des femelles avait un comportement de reproduction très frénétique, elle a complètement arrêté de s'alimenter par elle-même, le mâle uniquement la nourrissait, donc elle se contentait d'attendre sur un perchoir que le mâle vienne lui récupérer des insectes à lui apport. Ensuite, effectivement, un comportement de reproduction frénétique, puisque environ toutes les 15 minutes, il y avait un accouplement qui était observé, et elle faisait énormément d'aller-retour au nid, jusqu'à finalement ne plus le couper, puisqu'aujourd'hui, nous avons la très grande joie d'avoir des œufs à l'intérieur d'un des nids de guépiers.
Donc c'est la première fois qu'on a...
C'est la première fois. On a des œufs pour les guépiers. Voilà, c'est la deuxième saison que ces oiseaux passent en volière. Ce sont des animaux qui ont des besoins très spécifiques, qui sont très honnêtement fragiles et délicats. Ils ne supportent pas l'humidité, ils ont quand même besoin d'une température assez élevée. et donc leur entretien dans une volière de taille plus modeste n'est pas forcément aisé à l'origine et aujourd'hui se dire que nous avons un premier cas de reproduction dans une volière de 2000 m² en cohabitation avec autant d'espèces c'est exceptionnel et c'est vraiment valorisant en tant que soigneur puisqu'on a vraiment l'impression d'avoir enfin trouvé un équilibre, ne serait-ce que pour cette espèce-là et qu'elle se sent suffisamment bien aujourd'hui avec nous pour se permettre de reproduire.
C'était un de tes plus grands challenges, les guépiers ?
Ça fait partie des plus grands challenges. Alors bien sûr, ce n'est pas parce qu'il y a ponte qu'il y a forcément réussite derrière. Il y a évidemment un nombre de paramètres très conséquents qu'on ne peut pas contrôler pour être potentiellement dur à s'y trouver. Mais ne serait-ce que d'avoir un oiseau qui est en condition physique nécessaire pour se permettre de reproduire, qu'il y a évidemment une confiance également dans son environnement pour choisir un site de nullification, c'est une première réussite. Ça peut prendre des années avant que les oiseaux comprennent. comment se reproduire. Évidemment, c'est un apprentissage. Il faut savoir publier, il faut savoir élever ses jeunes. Mais ne serait-ce qu'aujourd'hui, d'avoir juste cette ponte, c'est brillant. Pour nous, c'est vraiment extraordinaire.
Est-ce que ce genre de réussite ou de superbes nouvelles, c'est quelque chose qui fait que tu apprécies ton travail ?
Ça fait partie, évidemment, de ce qui fait que tous les matins quand je me lève, je suis heureux d'aller travailler. Évidemment, le métier de soigneur a des... à des grosses difficultés, on a parfois des mauvaises nouvelles qui nous plombent un petit peu et c'est justement ce genre de bonnes nouvelles qui font qu'on est extrêmement heureux de travailler avec du vivant et c'est ce qui nous rapproche justement de la nature, de ce qui nous entoure. On a eu hier et aventure à 24 heures d'écart des naissances de Marcord par exemple.
Des jumeaux d'ailleurs !
On a eu effectivement d'un coup des jumeaux et ensuite un jeune tout seul. et donc les femelles ils aiment être cyclées au même moment donc on y bat à une période très rapprochée et c'est d'autant plus extraordinaire à cette période là puisque évidemment les naissances s'enchaînent on est en plein dans la période de reproduction donc ce sont toutes ces bonnes nouvelles qui compensent les potentiels mauvais qu'on a pu avoir au cours de l'année ou au quotidien et je pense que peu importe l'âge que j'aurai, je serais toujours émerveillé de voir un oeil de lion sortir de l'eau c'est quelque chose qui ne quittera jamais
et justement toute cette passion est-ce que tu la partages avec le public ?
en fait j'ai toujours eu En fait, le côté passion, je n'ai jamais vu le côté passion comme quelque chose qui doit se garder. Une passion est faite pour être partagée, je pense qu'elle n'a très peu d'intérêt si elle est uniquement intime. Aujourd'hui, on a des gens qui viennent visiter le bioparc, de plus en plus nombreux, c'est d'ailleurs extraordinaire pour ça, et qui s'intéressent de manière précise à ce qui les entoure. Ce que j'adore, c'est avoir des visiteurs qui prennent le temps, qui s'attardent, qui ne se contentent pas uniquement de passer devant un enclos, hop, j'ai vu l'animal, je m'en vais. et qui boucle la visite en 30 minutes. L'objectif aujourd'hui, et ce qui me conforte encore plus dans mon métier, c'est d'avoir des échanges avec eux, c'est de les voir s'attarder, chercher des espèces, s'intéresser à des comportements qu'ils peuvent observer, puisque c'est ce qui fait la richesse du Geopark aujourd'hui, c'est d'avoir ces interactions entre les espèces dans des espaces qui sont... absolument démentiel, et d'avoir ces visiteurs qui s'intéressent justement à cette vision de l'animal en captivité qui est un peu différente, et ensuite pouvoir échanger avec eux. Alors on a des visiteurs qui nous posent des questions extrêmement pertinentes parfois, et avec lesquelles on a des discussions qui peuvent durer très longtemps. Ça m'est déjà arrivé de rester plus de 45 minutes avec quelqu'un à discuter parfois d'un sujet qui paraît anodin mais qui est pourtant passionnant. Et l'échange aujourd'hui est vraiment valorisant. C'est enrichissant. Il y a quelques jours, comme très souvent, on a une école qui est passée dans les allées du parc. J'avais tous les enfants qui étaient en train de s'émerveiller autour des mangoustes. Alors les mangoustes ne sont pas partie des animaux de mon secteur. Ils étaient en train de s'émerveiller dessus et évidemment, on a des bioparcs qui m'ont altagué. Ils ont commencé à me poser des questions. Et c'était extraordinaire de voir à quel point les enfants pouvaient avoir des questions qui étaient aussi pertinentes sur ce type d'animaux-là. On parle de la génération future. Les enfants aujourd'hui, leur éducation doit se faire maintenant, pour la préservation de l'espèce, la compréhension du comportement des animaux et de manière générale du monde qui les entoure. Et je trouvais ça extraordinaire de voir que des enfants qui devaient avoir à peine une dizaine d'années s'intéressaient à ce type de choses-là. Alors c'était avec plaisir, j'ai répondu à des questions pendant très longtemps et c'était très drôle au passage.
Et puis aussi, le fait d'avoir des questions, ça prouve l'intérêt des personnes qui viennent nous voir et ça permet d'expliquer le rôle des parcs biologiques puisqu'on a beaucoup de critiques.
en tant que soigneur vous y faites face ça vous touche personnellement parfois quand il y a des critiques sur les parcs zoologiques ça t'arrive j'imagine d'avoir des des points de vue tous les métiers aujourd'hui qui touchent à l'animal et qui touchent de manière plus générale à la captivité sont sujets à controverse et à débat on a une montée de l'animalisme avec ses défauts et ses qualités depuis quelques années on a des visiteurs par exemple qui sont fondamentalement anti-captivité, anti-zoo qui pourtant viennent au bioparc Alors effectivement c'est lié à à cette ligne de conduite que le bioparc essaie de s'accorder depuis des années aujourd'hui sur la conservation des espèces et sur la présentation de ces animaux là et aujourd'hui ils viennent au bioparc, ils se questionnent et on arrive à avoir des échanges avec eux qui sont de plus en plus constructifs même si évidemment avec certaines personnes il n'y aura pas de débat c'est triste il n'y a pas de débat et au contraire je trouve qu'il y a pourtant beaucoup à apporter en ayant des échanges riches et sans avoir pour autant les mêmes idées à l'origine et en fait ce que j'aime beaucoup c'est effectivement d'avoir des gens qui ont des avis extrêmement contraires aux miens qui peuvent m'apporter quelque chose puisque parfois effectivement leurs avis sont intéressants et qui à l'inverse se laissent entre guillemets avoir par ce que je peux dire qui se laissent entendre qui effectivement prennent une réflexion derrière Le métier de soigneur animalier, personnellement pour moi, a un intérêt qui est énorme. même de manière générale, tous les métiers qui sont liés au secteur zoologique, que ce soit les vétérinaires, les entretiens, ne serait-ce que des espaces verts, que de l'entretien du parc de manière générale. Et aujourd'hui, j'ai déjà souffert par le passé, effectivement, dans le précédent parc dans lequel j'ai travaillé, d'un certain nombre de critiques vis-à-vis de mon métier et de ce que je faisais. Et je continue de rester persuadé et convaincu de l'intérêt de mon métier pour la conservation des effets. Et c'est avec grand plaisir que je partage et que j'échange autour de ça aujourd'hui.
Et je crois qu'une rencontre avec Pierre Guay aussi t'a beaucoup marqué. Tu le revois régulièrement, mais je pense que ça a été aussi assez déterminant dans ton...
Pierre, c'est... Alors bon, Pierre, c'est... Ça reste quand même un homme qui est assez extraordinaire. Il faut savoir que Pierre, par exemple, peut passer à n'importe quel moment en volière africaine, m'appeler, et puis on va discuter oiseau pendant 30 minutes. Évidemment, c'est extrêmement valorisant de voir que pendant des années, j'ai suivi effectivement le parcours de la famille Guay de manière générale, d'ailleurs. en termes de conservation et ne serait-ce que pour l'agrandissement du parc qui aujourd'hui devient de plus en plus riche chaque année avoir eu l'occasion un jour de le croiser pour la première fois, d'avoir eu l'occasion d'échanger avec lui et de comprendre des motivations qui sont finalement assez exceptionnelles on parle d'une famille qui a quand même ouvert un parc zoologique alors qu'elle n'aimait pas les eaux il y a quand même une confrontation intérieure un peu particulière et effectivement la première rencontre avec Pierre a été un... restera gravé je pense très longtemps et nos échanges aujourd'hui enrichissent énormément mon quotidien puisque j'ai la chance d'avoir comme tous les gens qui travaillent ici l'occasion de discuter avec quelqu'un qui a vraiment agi durant toute sa vie pour la conservation des espèces et finalement peu de gens peuvent se targuer d'avoir eu un parcours comme le sien
Pour conclure, Alexandre, qu'est-ce que tu conseillerais à une personne qui voudrait devenir soigneur animalier ?
Déjà, j'aimerais lui dire que cette personne a un grain, très clairement. Il faut être honnêtement un petit peu fou pour commencer ce type de métier. Il faut comprendre qu'il y a quand même beaucoup de contraintes à faire ce travail. Il faut comprendre que malheureusement, la vie de famille est parfois confinée, ne serait-ce que d'avoir une vie à l'extérieur du parc. Je pense que pour faire correctement ce travail, il faut être capable de... Voilà, de passer à côté d'un certain nombre de choses, il faut être capable de mettre beaucoup de choses de sa vie en parenthèse, entre parenthèses, et il faut avoir une implication très particulière. Je pense qu'il faut, avant d'essayer de vraiment entamer des démarches pour y travailler, essayer de comprendre ce que c'est à l'origine, de ne pas hésiter à faire des stages, de ne pas hésiter à voir directement sur le terrain quels sont... toutes ces choses qui font le métier de soigneur animalier. Et si cette personne est suffisamment folle après plusieurs semaines de stage, si elle est assez folle pour avoir encore envie de faire ce métier-là, il ne faut penser à jamais s'arrêter. C'est le plus beau métier du monde. Je ne sais pas, j'aimerais pouvoir continuer dans le milieu zoologie toute ma vie et je ne regretterai jamais mes années de soigneur animalier, même étant plus jeune, car elles ont été difficiles. C'est vraiment un métier extraordinaire.
Merci Alexandre.
De rien.
Voilà, c'est la fin de cet épisode. Merci de l'avoir écouté jusqu'au bout. Abonnez-vous s'il vous a plu et pour en savoir plus sur le bioparc,
Description
Le métier de soigneur animalier fait rêver de nombreuses personnes. Très médiatisé, ressemble-t-il vraiment à ce que l'on imagine ? Alexandre, soigneur au Bioparc et référent de la Volière africaine nous raconte son parcours et comment il a fait de sa passion, son métier.
Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Transcription
Je pense que peu importe l'âge que j'aurai, je serai toujours émerveillé de voir un oisillon sortir de l'oeuf. Et je continue de rester persuadé et convaincu de l'intérêt de mon métier pour la conservation des espèces. C'est le plus beau métier du monde.
Une autre idée du zoo, le podcast du Bioparc de Doué-la-Fontaine. Le métier de soigneur animalier fait rêver de nombreuses personnes. Très médiatisé ressemble-t-il vraiment à ce qu'on imagine ? Alexandre, soigneur au Bioparc et référent de la volière africaine, nous raconte son parcours et comment il a fait de sa passion son métier. Salut Alexandre !
Salut Aurélie !
Alors Alexandre, aujourd'hui nous allons discuter du métier de soigneur animalier, une profession qui suscite beaucoup d'intérêt. Donc toi-même Alexandre, tu es soigneur animalier au Bioparc, est-ce que tu peux nous expliquer ton parcours ?
Alors j'ai un parcours un petit peu différent des soigneurs animaliers plus classiques, du moins pour ma génération. La plupart des soigneurs animaliers aujourd'hui, de ces dix dernières années, ce qui correspond plus ou moins à l'ouverture des écoles de soigneurs, ont fait des formations spécifiques pour faire ce métier-là. Il y a quand même un niveau de connaissance à acquérir assez particulier, et puis c'est encore une fois un métier très spécifique. Donc je n'ai pas eu ce parcours tout bien tracé avec des petites écoles de soigneurs, etc. Ça comporte des avantages et des inconvénients, mais j'ai eu une scolarité assez déplorable, il faut être honnête. Malheureusement, je n'ai pas pu m'orienter vers un parcours classique, donc j'ai fait un bac professionnel de vente, par exemple, ce qui n'a absolument aucun rapport. J'ai fait une première année de BTS qui ne m'a pas du tout convaincu. C'était dans le secteur animalier pourtant, mais j'étais en alternance, j'ai travaillé dans l'animalerie. J'ai toujours su que je voulais travailler dans le secteur animalier, il n'y a pas eu de doute à ce niveau-là. Mais évidemment, les parcs zoologiques m'ont toujours attiré. Et donc après cette année de BTS, infructueuse, je me suis orienté, j'ai vraiment essayé de pousser vers les parcs zoologiques. J'ai fait quand même un diplôme universitaire d'éthologie animale. Ça n'avait pas forcément de lien direct avec le métier de soigneur, mais ça avait pour objectif pour moi de me conforter dans l'idée que je pouvais avoir quelque chose de différent le jour où j'entrerais en parc zoologique et avoir une approche un petit peu différente du secteur animalier. Et j'ai commencé à travailler en parc, dans un tout petit parc zoologique à côté de Poitiers, qui m'a donné ma chance dès le départ. J'ai eu de la chance, puis j'aime à croire aussi que j'ai bien travaillé. J'y suis resté pendant presque trois ans, pour ensuite atterrir au Bioparc.
Qu'est-ce qui t'a emmené au Bioparc ? Pourquoi as-tu voulu venir travailler au Bioparc ?
Le Bioparc a toujours fait partie des parcs zoologiques que j'avais dans l'œil. Je pense que dans une carrière, ça fait partie de ces endroits où on a envie d'y passer, pour tout un tas de raisons différentes. Je me souviens que pour mon embauche en particulier, j'avais vu passer des photos de la construction de la volière africaine à l'époque sur Facebook. Et c'était dans une phase effectivement où je réfléchissais déjà à l'idée de partir du parc dans lequel je travaillais. J'ai vu ces photos, j'ai vu le projet qu'il y avait derrière, j'ai imaginé le projet. Ça m'a complètement emballé et à l'époque, il n'y avait pas forcément d'ouverture de poste spécifique pour cette nouvelle installation. Et en fait, je me suis dit... Qu'est-ce que je risque finalement ? J'ai postulé en candidat libre et j'ai été pris. Donc c'était assez extraordinaire. Et le Bioparc était très inspirant et c'est vraiment l'idée de ce projet en particulier qui était très nouveau et qui était assez novateur sur plein de sujets différents, qui m'a vraiment poussé à concrétiser un petit peu ce rêve et cet objectif.
Alors parce que du coup, ce qui t'a intéressé c'était la volière africaine dans laquelle on se trouve aujourd'hui, parce que tu as un intérêt tout particulier pour les oiseaux.
J'ai un intérêt pour les oiseaux. Alors les oiseaux et moi, c'est une histoire qui est assez ancien mine de rien, j'ai toujours été passionné par les animaux aussi loin que je m'en souvienne, même tout petit enfant, alors évidemment c'est mes parents qui me l'ont raconté. Mais les oiseaux c'est quelque chose qui est venu quand j'avais une petite dizaine d'années, il faut savoir qu'avant c'était les reptiles qui m'obsédaient complètement. Je me suis entre guillemets tourné vers les oiseaux lorsque mon père a repris l'ancienne maison familiale dans laquelle il y avait une vieille volière qui tombait en ruine. Il a fait la bêtise entre guillemets de se dire "tiens non mais on va y mettre des oiseaux tu verras ce sera sympa". Grave erreur, puisqu'au fur et à mesure du temps, on s'est retrouvé avec plus de 200 m² de volières dans le jardin. Donc les oiseaux, ça a été le début d'une passion. Les oiseaux ont quelque chose de très inspirant. Ils sont d'une diversité qui est exceptionnelle dans le secteur animalier, dans tout le monde animalier, tous les comportements sont vraiment différents les uns des autres. Et évidemment, ils ont cette capacité de voler pour la plupart, ce qui est quand même tout à fait exceptionnel et qui porte beaucoup au rêve et qui amène à beaucoup de choses. Et donc voilà, j'ai commencé à élever des oiseaux chez moi. Au départ, effectivement, des oiseaux assez simples d'entretien. J'ai commencé par des oiseaux assez classiques, des perruches, des faisans, etc. Et au fur et à mesure du temps, je me suis spécialisé et j'ai réussi à élever, et en plus de ça, avec cette tête, et j'en suis très heureux, des espèces qui sont plus complexes, plus compliquées et pour certaines menacées, voire même entrer dans des programmes de conservation en captivité. J'ai eu et j'ai cette chance-là encore aujourd'hui. Et toute cette suite d'élevage d'oiseaux m'a vraiment spécialisé dans cette voie. Et aujourd'hui, les oiseaux sont ma plus grande passion et mon plus grand bonheur au quotidien.
Et ça colle, que tu fais à titre personnel, ça colle vraiment bien avec ce que tu peux faire au Bioparc en quotidien ?
Alors, il faut être un petit peu fou. Il faut s'imaginer que je passe mes journées à m'occuper d'oiseaux, et quand je rentre chez moi, je m'occupe d'oiseaux également. Donc, j'ai une double vie, mais qui est finalement assez similaire. Alors évidemment les contraintes sont différentes, le cadre est différent et les objectifs le sont aussi pour certains. Mais oui effectivement il y a un énorme lien et je suis très heureux d'avoir cette chance de pouvoir travailler avec quelque chose qui me passionne et qui me motivait déjà quand j'avais à peine une dizaine d'années tout à fait hors travail.
Comme quoi il ne faut jamais lâcher, quand on a un rêve il ne faut jamais lâcher. Est-ce que tu peux nous raconter en quoi consiste ton quotidien ici de soigneur au Bioparc, alors spécifiquement pour la volière africaine du coup ?
Alors spécifiquement pour la volière africaine, il faut savoir que notre secteur à nous est divisé en deux parties entre guillemets. Donc on a effectivement ce côté oiseau qui englobe également d'autres enclos puisqu'on a celui du Cratère avec les otocyons, les suricates, les porcs-épics. On a également les oryctéropes, les calaos. Donc on a toute cette partie-là qui finalement est relativement proche, les enclos sont proches les uns des autres donc il y a une facilité d'entretien. Et on a la deuxième partie du secteur de l'autre côté du parc avec les ours à lunettes, les markhors, les tortues des Seychelles qui sont des animaux radicalement différents. Alors il y a une diversité qui est très intéressante sur ce secteur, puisqu'effectivement on n'est pas non plus totalement centré sur les oiseaux. Et donc mon quotidien, de manière assez générale, le matin, va être de partir, évidemment d'arriver sur le parc vers 8h, de commencer tout de suite par la préparation de la ration. Il faut savoir que les fruits et légumes sont beaucoup plus intéressants sur le plan nutritif lorsqu'ils sont coupés immédiatement et distribués immédiatement.
Quand ils sont frais et coupés.
On a la préparation des rations le matin quand on arrive. On essaie de le faire le plus rapidement possible, évidemment, puisque l'obsession du matin, ça va être de contrôler les animaux. C'est-à-dire essayer de s'assurer que tous les animaux du secteur sont en bonne santé, que la nuit s'est bien passée, qu'on n'a pas de problème particulier. Et donc, après la préparation de mes rations, je vais partir sur mes enclos et sur mes secteurs. Donc... Le travail du matin, globalement, c'est un travail qui englobe énormément de choses puisqu'on va partir sur beaucoup de nettoyage, beaucoup d'observations sur les individus. Évidemment, c'est parfois compliqué de contrôler tout le monde. Les porcs-épics, par exemple, sur le secteur, sont des animaux qui sont parfois un petit peu difficiles à saisir visuellement. Donc, avec les habitudes, leurs habitudes, et puis effectivement, avec le temps qu'on y passe, on finit par comprendre à quelle heure, quels sont leurs horaires, quelles sont leurs petites habitudes. Donc, on arrive à les croiser. Et puis ensuite, quand vous arrivez dans une volière qui fait 2000m², forcément... Il y a quand même une petite notion de challenge quand vous avez un tisserin de 20 grammes à contrôler au milieu de 140 individus, je vous avoue que c'est un peu compliqué.
De toute façon, c'est impossible. Ici, je vois des tisserins, ils se ressemblent tous.
Ça nécessite du temps. On a effectivement cette phase d'observation qui est très importante. On a évidemment le nourrissage. Alors, il peut être plus ou moins complexe en fonction des enclos. Si on prend les oryctéropes par exemple, l'oryctérope en captivité chez nous est nourri avec un aliment unique. Il va être complété par des insectes, mais il est nourri avec un aliment unique qui s'appelle le "termant". -Et en revanche, pour les oiseaux...- Voilà, c'est cette fameuse bougie. On fait une pâte à crêpes avec, qui doit être très lisse, sans grumeaux, etc. Alors, il faut bien la faire, mais globalement, la nourriture est facile à amener. Et pour les oiseaux, on va avoir plus d'une quinzaine de mélanges différents avec des apports en fruits, en légumes, etc. Donc les préparations des rations sont assez différentes.
Et des insectes aussi.
Et des insectes bien évidemment, surtout en ce moment puisqu'on est encore en période de reproduction. Donc là pour donner un ordre d'idée, juste en volière africaine, je suis à plus de 2,5 kg d'insectes par jour. Vivants ? Vivants bien sûr, ce qui nécessite quand même une certaine production derrière. Le matin va vraiment être consacré à cette phase d'observation qui est très importante. On s'assure que tout le monde va bien. On essaie de faire tout le tour du secteur et ensuite, en fonction de l'heure à laquelle on finit, on va pouvoir prendre un petit peu d'avance pour le lendemain. Donc, préparer les caisses de fruits et légumes pour le lendemain matin, histoire qu'on ait juste à les découper. On va également avoir l'après-midi de nettoyage, on peut avoir des bricolages, etc. Donc, le matin, c'est un petit peu la phase la plus importante de la journée quand même, puisqu'on a vraiment ce besoin de contrôler tous les animaux.
Et l'après-midi, tu n'es plus…
Alors, l'après-midi est quand même assez différente en fonction des secteurs. Il dépend en fait de la charge de travail et notamment de nettoyage qu'on peut avoir sur un secteur. Nous, ici en volière africaine, on a possibilité de faire la plupart des nettoyages, alors ce n'est pas toujours le cas, le matin. On va pouvoir avoir cette chance, du moins cette chance, parce qu'on se la donne aussi, mais de pouvoir apporter l'après-midi d'autres choses que des entretiens classiques. On va avoir la chance de bricoler, on va avoir la chance de potentiellement pouvoir reprendre du temps pour l'observation. Donc l'après-midi, entre guillemets, en fonction des jours de la semaine, va être libre sur certains choix qu'on va pouvoir faire. On a quand même néanmoins, au cours de la semaine, des nettoyages spécifiques. Par exemple, deux fois par semaine, le jeudi et le dimanche, on va avoir un gros nettoyage au niveau des tortues des Seychelles, donc avec le jet d'eau, etc. On a quand même des obligations, on se force à en avoir entre guillemets, pour garder un certain rythme et avoir un contrôle sur le nettoyage et l'entretien de nos espaces. Mais on va avoir quand même la possibilité sur le secteur, en plus de ces nettoyages réguliers, d'avoir une forme de liberté qui nous permet d'avoir plein de choses à faire.
Et alors, comment ça se passe ? Tu travailles tous les jours de la semaine, toute l'année, le week-end ?
Alors, le sonneur animalier n'a pas vraiment d'horaire, enfin d'horaire si, mais de jours précis de travail dans la semaine. Chez nous les jours fériés, les week-ends, ça n'existe pas vraiment. C'est un petit peu complexe. J'ai en général beaucoup de jours de repos qui sont dans la semaine, puisque je fais environ deux week-ends par mois. Je peux travailler tous les jours fériés, à Noël, au jour de l'an. Il n'y a pas vraiment de règles. Les animaux nécessitent des soins 365 jours par an, 24 heures sur 24 ou presque. Il faut être assez flexible à ce niveau-là.
Est-ce que c'est un métier assez physique ou pas ?
C'est un métier qui est physique. Évidemment, en fonction des espèces, il peut y avoir des différences. Forcément, sur un entretien où je m'occupe de tisserins, très clairement, je n'ai pas grand-chose à porter de très lourd dans l'immédiat. En revanche, on prend de l'autre côté avec des animaux comme les herbivores, par exemple, qui demandent du fourrage qui peut être assez lourd. Les rhinocéros, par exemple, les herbi sont un très bon exemple. Ce sont des animaux qui nécessitent une condition physique très particulière. Il y a quand même une grosse disparité d'entretien entre les animaux, notamment sur le plan physique. Mais néanmoins, on peut quand même globalement dire que c'est un métier qui est physique puisqu'on est quand même en extérieur toute l'année, qu'il gèle, qu'il vende, qu'il pleuve, qu'il fasse 40 degrés à l'ombre. Et dans tous les cas, on marche beaucoup. C'est rigolo parce que j'ai installé une application hier qui me dit quel nombre de pas je fais par jour.
Entre 15 et 16 kilomètres par jour.
J'étais extrêmement fier de voir que je faisais effectivement une quinzaine de kilomètres par jour. Donc voilà, il y a une condition physique à avoir pour ce métier. Et voilà, il faut quand même être prêt à se dire que on porte des charges, on cavale un petit peu partout. Je pense que je monte les escaliers de la volière africaine à peu près 65 fois dans la journée. J'ai des cuisses en béton, c'est extraordinaire. Donc voilà, ça nécessite une condition particulière.
Est-ce que c'est le métier que tu imaginais, le métier de soigneur quand tu en rêvait quand tu étais plus jeune ?
J'ai toujours eu une grosse forme de réalisme vis-à-vis de l'entretien des animaux et de tous les métiers animaliers de manière générale. J'ai commencé à élever des oiseaux très jeunes. Je sais ce que c'est de se lever le matin très tôt pour aller nourrir tout le monde. Je sais ce que c'est de nettoyer, d'avoir les mains dans la merde, pour ne pas avoir peur de le dire. Je sais également ce qu'implique le fait de travailler avec des vivants. Tout n'est pas toujours drôle, tout n'est pas toujours rose d'ailleurs, on peut avoir des pertes, on peut avoir des animaux malades, on a quand même des contraintes avec le vivant qui sont assez particulières. Malheureusement tout le monde ne serait pas capable d'exercer ce type de métier, puisque même ne serait-ce que psychologiquement il faut être capable de supporter certaines choses. Donc je n'ai eu aucune surprise entre guillemets quand j'ai commencé à travailler en farce sur ce métier de manière générale.
Alexandre travaille au cœur de la volière africaine, un espace minéral de 2000 m², où évoluent une quinzaine d'espèces d'oiseaux de petite taille. Intarissables sur chacune d'entre elles, il partage ses connaissances avec les visiteurs comme il va le faire avec nous.
On est sur une grosse phase d'activité en volière africaine, on est le matin. La plupart des animaux, toutes espèces confondues, sont surtout actives le matin et en fin de journée. Ils vont éviter les activités durant les grosses périodes de chaleur, c'est-à-dire en début d'après-midi. Là par exemple, ce qu'on entend, je pense que le plus derrière nous, ça reste quand même les tisserins. On est en pleine période de reproduction, c'est-à-dire on est vraiment en plein boom. Il y a des nuits absolument partout, évidemment surtout autour du bassin, puisque c'est une zone de lait qui est privilégiée par les mâles dominants. Les tisserins sont très actifs, d'autant plus que je leur ai mis des matériaux ce matin pour construire leur nid. Ils vont tisser uniquement avec de l'herbe verte. Je leur en ai mis une grosse quantité ce matin, donc les mâles se sont immédiatement empressés d'aller tisser des nids. Je vois qu'il y en a un, par exemple, le nid est très vert, ils sont reconnaissables. Les nids qui sont très neufs ont encore cette couleur verte. L'herbe, en séchant, va se rétracter, ce qui va permettre aux nids de se solidifier et avoir une structure qui tienne dans le temps. Donc voilà, on a tous les tinserins qui sont très brillants autour de nous, d'autant plus qu'on a eu les premières naissances il y a une quinzaine de jours environ maintenant. Toutes les femelles étant cyclées plus ou moins en même temps, on a eu entre 30 et 40 jeunes tinserins qui sont sortis la même semaine, une bonne trentaine de nids différents. Donc voilà, les tinserins sont très brillants. Je pense qu'on peut aussi entendre les inséparables en arrière-plan qui sont aussi en train de chercher des matériaux.
C'est ça, avec le bec rouge.
C'est ça, alors l'inséparable à l'oeil noir, c'est un oiseau qui ressemble... Un inséparable un petit peu classique, mais qui a cette particularité d'avoir un statut de menace assez élevé. Malheureusement, c'est un oiseau qui est vulnérable à l'état sauvage, enfin du moins qui est assez vulnérable par les UCN, en cause notamment de par sa plus petite aire de répartition, une espèce qui vit sur une zone qui est à peine plus grande qu'un département français. Donc forcément, quand un oiseau, ou de manière générale un animal, a une aire de répartition extrêmement restreinte, il est beaucoup plus enclin à souffrir. d'un éventuel changement. Donc là, séparable à l'eau noire, c'est un oiseau qui se plaît énormément ici au Bioparc pour différentes raisons, notamment parce que tout le milieu rocheux de la volière africaine leur correspond très bien. Ils vont nicher à l'intérieur de la roche. Alors évidemment, ils ont également des nids à disposition, mais on se rend compte assez facilement qu'ils ont quand même une très grosse préférence pour les rochers. Et on a aujourd'hui... Sur la volière africaine, on doit avoir une colonie qui dépasse les 140 individus actuellement.
Et donc au départ, ils étaient combien quand ils sont arrivés ?
Alors la toute première année, je me rappelle très bien, on a 81 individus précisément qui sont arrivés en volière africaine. Et les phases de reproduction se sont très vite enchaînées. On les a arrêtés en reproduction pendant l'hiver, puisque ça ne sert pas grand chose de les inciter à nicher toute l'année. Il vaut mieux effectivement leur laisser une phase de repos, c'est important, il ne faut pas épuiser l'organisme. parce que si on les laissait faire, ils pourraient nicher quasiment tout le nez, même en plein hiver avec le gel, etc. Donc voilà, on les a un petit peu freinés en période hivernale, mais pour mieux reprendre ensuite au printemps et en été. Et c'est une très bonne nouvelle, encore une fois, pour que l'espèce menacée d'avoir des cas de reproduction qui sont aussi élevés.
Je vois un petit oiseau rayé avec une jolie huppe sur la tête.
Ah, ces oiseaux-là, oui. Alors là, en plus, c'est assez extraordinaire. Les coupes de hulpes faciées, on parle de la hulpe faciée, bien sûr, ce sont des oiseaux qui sont très territoriaux. On n'a toujours que deux individus sur un seul espace. que ce soit à l'état sauvage ou en captivité, les couples vont défendre farouchement leur territoire. Et là, si on regarde bien en volière africaine, on a plus de deux individus, c'est normal, puisque nous avons une naissance. On a trois jeunes hucs qui sont sortis du nid il y a quelques jours à peine. Elles sont déjà très difficiles à différencier par rapport à un adulte, puisque finalement, elles sortent quasiment de la même taille qu'un individu adulte. La seule petite différence qu'on pourrait leur accorder, ce sont les... les légères boursouflures entre guillemets sur les abords du bec qui trahissent encore il y a encore peut-être ces petites choses qui font qu'on arrive à trahir qui trahissent leur stade du vénile mais ne serait-ce qu'en termes de taille en termes de comportement de recherche alimentaire c'est déjà impressionnant, là on voit très bien sur les rochers en face de nous, il y a le mâle qui est à droite donc le mâle adulte avec le jeune qui est juste derrière, qui le suit, qui est en train d'observer puisque le mâle est en train de piocher le sol pour trouver des insectes et on voit très bien que le jeune a accorde de l'importance à ce comportement puisqu'il est juste derrière, il ne bouge pas, il observe. C'est un type de comportement qu'il commence déjà à reproduire au bout de quelques jours à l'extérieur du nu.
C'est super de voir qu'ils ont un comportement aussi spontané comme ça.
Chez les oiseaux, chez les juvéniles, il y a vraiment une phase d'observation qui est très importante. Dans n'importe quel comportement, on peut considérer qu'il y a à la fois de l'inné et de l'acquis. C'est compliqué de déterminer qu'il y ait des comportements uniquement innés ou acquis. On a toujours un écart. un petit peu des deux, et typiquement sur ce type de recherche alimentaire, très parlant. On sait que les jeunes ont déjà ce réflexe de piocher dans le sol, et c'est quelque chose qu'ils vont perfectionner en observant les adultes. Et alors quelque chose qui est intéressant sur les Tifrins par exemple, Même chose, les jeunes sont sortis très récemment du nid. Et j'ai vu, pas plus tard qu'hier, un jeune qui avait vraiment trois jours de sortie du nid, donc qui est tout gris, qui a vraiment une tête de bébé, et qui commençait déjà à essayer de se saisir de brin d'herbe. Pour essayer de faire son nid ? Pour essayer de tisser. Alors la phase d'apprentissage est quand même plus longue chez les tisserins, puisqu'il leur faut quand même au moins une ou deux années avant de réussir à faire un nid complet d'une solidité suffisante pour permettre de nicher à l'intérieur. Mais c'est extraordinaire de voir un oisillon comme ça qui démarre... déjà une construction de nid ou du moins qui s'intéresse à ne serait-ce qu'à un brin d'herbe de cette façon-là.
Et d'ailleurs chez les tisserins, c'est que les mâles qui font les nids ?
Alors chez les tisserins, ce sont que les mâles qui construisent du moins la poupe, le nid dans son ensemble et la femelle va aménager l'intérieur notamment avec des plumes, de la mousse, etc. puisque c'est la poche qui va accueillir les oeufs et les oisillons ensuite donc il faut que ce soit confortable. Donc la femelle va vraiment se charger de l'aménagement intérieur tandis que le mâle va construire l'édifice extérieur. Après, en ce qui concerne l'élevage des jeunes, va être surtout assuré par la femelle, mais on va également pouvoir observer certains mâles qui vont participer à l'élevage, donc ils vont venir nourrir des jeunes.
On peut voir dans la volière des barbicans, des pintades, des guépiers, des touracos. Comment se passe la cohabitation ?
Aujourd'hui, on a une très belle diversité d'espèces qui commencent à se mettre en place en volière africaine. On a un peu plus d'une quinzaine d'espèces d'oiseaux qui cohabitent les unes avec les autres. La cohabitation se passe bien. Alors évidemment, lorsqu'on fait ce qu'on appelle un plan de collection, ce n'est pas un terme péjoratif, c'est le terme approprié pour parler justement de la constitution d'un espace communautaire comme celui-ci. Évidemment, il y a tout un cahier des charges à respecter puisqu'il faut s'assurer que toutes les espèces qui vont être mises en cohabitation ne risquent pas d'avoir de comportements agressifs entre elles, de porter préjudice à la reproduction des unes et des autres. Donc toutes les espèces sont étudiées à la loupe pour s'assurer que ça se passe bien. Évidemment, un aspect tout bête également auquel il faut penser, c'est qu'il ne faut pas que les rations alimentaires des uns et des autres soient mauvaises si une autre espèce touche à la ration d'un autre. Évidemment, dans une volière communautaire comme celle-ci, on n'a pas un contrôle aussi carré qu'on pourrait avoir dans une volière de 15 m² sur l'alimentation. donc forcément je peux avoir des tisserins qui vont venir visiter joyeusement la gamelle des irisors, la gamelle des cocifs, etc. Donc il faut s'assurer que sur le plan alimentaire il n'y ait pas de soucis également, et aujourd'hui la cohabitation en volière africaine se passe suffisamment bien pour avoir des cas de reproduction de plus en plus fréquents, et sur des espèces qui ont des besoins pourtant très spécifiques. Là j'aborde ce point parce que ça a quand même été une nouvelle assez extraordinaire qu'on a eu il y a quelques jours. On a observé un comportement différent chez les guépiers. Alors évidemment depuis plusieurs semaines, les oiseaux avaient changé de comportement. Ils se sont complètement attardés sur la construction de leur nuit. Il faut savoir que le guépier est un oiseau qui creuse. Alors en général sur les bords de rivages, dans les vieilles sablières, les anciennes carrières, etc. Évidemment, la volière africaine pour eux a été une grande découverte puisque nous avons le phalin. et ce sédiment marin si particulier qui leur permet de creuser, puisqu'effectivement il est friable. Et donc les guépiers ont commencé à creuser dans le phalin de manière très assidue, et il y a quelques jours on a observé un comportement particulier, on a vu qu'une des femelles avait un comportement de reproduction très frénétique, elle a complètement arrêté de s'alimenter par elle-même, le mâle uniquement la nourrissait, donc elle se contentait d'attendre sur un perchoir que le mâle vienne lui récupérer des insectes à lui apport. Ensuite, effectivement, un comportement de reproduction frénétique, puisque environ toutes les 15 minutes, il y avait un accouplement qui était observé, et elle faisait énormément d'aller-retour au nid, jusqu'à finalement ne plus le couper, puisqu'aujourd'hui, nous avons la très grande joie d'avoir des œufs à l'intérieur d'un des nids de guépiers.
Donc c'est la première fois qu'on a...
C'est la première fois. On a des œufs pour les guépiers. Voilà, c'est la deuxième saison que ces oiseaux passent en volière. Ce sont des animaux qui ont des besoins très spécifiques, qui sont très honnêtement fragiles et délicats. Ils ne supportent pas l'humidité, ils ont quand même besoin d'une température assez élevée. et donc leur entretien dans une volière de taille plus modeste n'est pas forcément aisé à l'origine et aujourd'hui se dire que nous avons un premier cas de reproduction dans une volière de 2000 m² en cohabitation avec autant d'espèces c'est exceptionnel et c'est vraiment valorisant en tant que soigneur puisqu'on a vraiment l'impression d'avoir enfin trouvé un équilibre, ne serait-ce que pour cette espèce-là et qu'elle se sent suffisamment bien aujourd'hui avec nous pour se permettre de reproduire.
C'était un de tes plus grands challenges, les guépiers ?
Ça fait partie des plus grands challenges. Alors bien sûr, ce n'est pas parce qu'il y a ponte qu'il y a forcément réussite derrière. Il y a évidemment un nombre de paramètres très conséquents qu'on ne peut pas contrôler pour être potentiellement dur à s'y trouver. Mais ne serait-ce que d'avoir un oiseau qui est en condition physique nécessaire pour se permettre de reproduire, qu'il y a évidemment une confiance également dans son environnement pour choisir un site de nullification, c'est une première réussite. Ça peut prendre des années avant que les oiseaux comprennent. comment se reproduire. Évidemment, c'est un apprentissage. Il faut savoir publier, il faut savoir élever ses jeunes. Mais ne serait-ce qu'aujourd'hui, d'avoir juste cette ponte, c'est brillant. Pour nous, c'est vraiment extraordinaire.
Est-ce que ce genre de réussite ou de superbes nouvelles, c'est quelque chose qui fait que tu apprécies ton travail ?
Ça fait partie, évidemment, de ce qui fait que tous les matins quand je me lève, je suis heureux d'aller travailler. Évidemment, le métier de soigneur a des... à des grosses difficultés, on a parfois des mauvaises nouvelles qui nous plombent un petit peu et c'est justement ce genre de bonnes nouvelles qui font qu'on est extrêmement heureux de travailler avec du vivant et c'est ce qui nous rapproche justement de la nature, de ce qui nous entoure. On a eu hier et aventure à 24 heures d'écart des naissances de Marcord par exemple.
Des jumeaux d'ailleurs !
On a eu effectivement d'un coup des jumeaux et ensuite un jeune tout seul. et donc les femelles ils aiment être cyclées au même moment donc on y bat à une période très rapprochée et c'est d'autant plus extraordinaire à cette période là puisque évidemment les naissances s'enchaînent on est en plein dans la période de reproduction donc ce sont toutes ces bonnes nouvelles qui compensent les potentiels mauvais qu'on a pu avoir au cours de l'année ou au quotidien et je pense que peu importe l'âge que j'aurai, je serais toujours émerveillé de voir un oeil de lion sortir de l'eau c'est quelque chose qui ne quittera jamais
et justement toute cette passion est-ce que tu la partages avec le public ?
en fait j'ai toujours eu En fait, le côté passion, je n'ai jamais vu le côté passion comme quelque chose qui doit se garder. Une passion est faite pour être partagée, je pense qu'elle n'a très peu d'intérêt si elle est uniquement intime. Aujourd'hui, on a des gens qui viennent visiter le bioparc, de plus en plus nombreux, c'est d'ailleurs extraordinaire pour ça, et qui s'intéressent de manière précise à ce qui les entoure. Ce que j'adore, c'est avoir des visiteurs qui prennent le temps, qui s'attardent, qui ne se contentent pas uniquement de passer devant un enclos, hop, j'ai vu l'animal, je m'en vais. et qui boucle la visite en 30 minutes. L'objectif aujourd'hui, et ce qui me conforte encore plus dans mon métier, c'est d'avoir des échanges avec eux, c'est de les voir s'attarder, chercher des espèces, s'intéresser à des comportements qu'ils peuvent observer, puisque c'est ce qui fait la richesse du Geopark aujourd'hui, c'est d'avoir ces interactions entre les espèces dans des espaces qui sont... absolument démentiel, et d'avoir ces visiteurs qui s'intéressent justement à cette vision de l'animal en captivité qui est un peu différente, et ensuite pouvoir échanger avec eux. Alors on a des visiteurs qui nous posent des questions extrêmement pertinentes parfois, et avec lesquelles on a des discussions qui peuvent durer très longtemps. Ça m'est déjà arrivé de rester plus de 45 minutes avec quelqu'un à discuter parfois d'un sujet qui paraît anodin mais qui est pourtant passionnant. Et l'échange aujourd'hui est vraiment valorisant. C'est enrichissant. Il y a quelques jours, comme très souvent, on a une école qui est passée dans les allées du parc. J'avais tous les enfants qui étaient en train de s'émerveiller autour des mangoustes. Alors les mangoustes ne sont pas partie des animaux de mon secteur. Ils étaient en train de s'émerveiller dessus et évidemment, on a des bioparcs qui m'ont altagué. Ils ont commencé à me poser des questions. Et c'était extraordinaire de voir à quel point les enfants pouvaient avoir des questions qui étaient aussi pertinentes sur ce type d'animaux-là. On parle de la génération future. Les enfants aujourd'hui, leur éducation doit se faire maintenant, pour la préservation de l'espèce, la compréhension du comportement des animaux et de manière générale du monde qui les entoure. Et je trouvais ça extraordinaire de voir que des enfants qui devaient avoir à peine une dizaine d'années s'intéressaient à ce type de choses-là. Alors c'était avec plaisir, j'ai répondu à des questions pendant très longtemps et c'était très drôle au passage.
Et puis aussi, le fait d'avoir des questions, ça prouve l'intérêt des personnes qui viennent nous voir et ça permet d'expliquer le rôle des parcs biologiques puisqu'on a beaucoup de critiques.
en tant que soigneur vous y faites face ça vous touche personnellement parfois quand il y a des critiques sur les parcs zoologiques ça t'arrive j'imagine d'avoir des des points de vue tous les métiers aujourd'hui qui touchent à l'animal et qui touchent de manière plus générale à la captivité sont sujets à controverse et à débat on a une montée de l'animalisme avec ses défauts et ses qualités depuis quelques années on a des visiteurs par exemple qui sont fondamentalement anti-captivité, anti-zoo qui pourtant viennent au bioparc Alors effectivement c'est lié à à cette ligne de conduite que le bioparc essaie de s'accorder depuis des années aujourd'hui sur la conservation des espèces et sur la présentation de ces animaux là et aujourd'hui ils viennent au bioparc, ils se questionnent et on arrive à avoir des échanges avec eux qui sont de plus en plus constructifs même si évidemment avec certaines personnes il n'y aura pas de débat c'est triste il n'y a pas de débat et au contraire je trouve qu'il y a pourtant beaucoup à apporter en ayant des échanges riches et sans avoir pour autant les mêmes idées à l'origine et en fait ce que j'aime beaucoup c'est effectivement d'avoir des gens qui ont des avis extrêmement contraires aux miens qui peuvent m'apporter quelque chose puisque parfois effectivement leurs avis sont intéressants et qui à l'inverse se laissent entre guillemets avoir par ce que je peux dire qui se laissent entendre qui effectivement prennent une réflexion derrière Le métier de soigneur animalier, personnellement pour moi, a un intérêt qui est énorme. même de manière générale, tous les métiers qui sont liés au secteur zoologique, que ce soit les vétérinaires, les entretiens, ne serait-ce que des espaces verts, que de l'entretien du parc de manière générale. Et aujourd'hui, j'ai déjà souffert par le passé, effectivement, dans le précédent parc dans lequel j'ai travaillé, d'un certain nombre de critiques vis-à-vis de mon métier et de ce que je faisais. Et je continue de rester persuadé et convaincu de l'intérêt de mon métier pour la conservation des effets. Et c'est avec grand plaisir que je partage et que j'échange autour de ça aujourd'hui.
Et je crois qu'une rencontre avec Pierre Guay aussi t'a beaucoup marqué. Tu le revois régulièrement, mais je pense que ça a été aussi assez déterminant dans ton...
Pierre, c'est... Alors bon, Pierre, c'est... Ça reste quand même un homme qui est assez extraordinaire. Il faut savoir que Pierre, par exemple, peut passer à n'importe quel moment en volière africaine, m'appeler, et puis on va discuter oiseau pendant 30 minutes. Évidemment, c'est extrêmement valorisant de voir que pendant des années, j'ai suivi effectivement le parcours de la famille Guay de manière générale, d'ailleurs. en termes de conservation et ne serait-ce que pour l'agrandissement du parc qui aujourd'hui devient de plus en plus riche chaque année avoir eu l'occasion un jour de le croiser pour la première fois, d'avoir eu l'occasion d'échanger avec lui et de comprendre des motivations qui sont finalement assez exceptionnelles on parle d'une famille qui a quand même ouvert un parc zoologique alors qu'elle n'aimait pas les eaux il y a quand même une confrontation intérieure un peu particulière et effectivement la première rencontre avec Pierre a été un... restera gravé je pense très longtemps et nos échanges aujourd'hui enrichissent énormément mon quotidien puisque j'ai la chance d'avoir comme tous les gens qui travaillent ici l'occasion de discuter avec quelqu'un qui a vraiment agi durant toute sa vie pour la conservation des espèces et finalement peu de gens peuvent se targuer d'avoir eu un parcours comme le sien
Pour conclure, Alexandre, qu'est-ce que tu conseillerais à une personne qui voudrait devenir soigneur animalier ?
Déjà, j'aimerais lui dire que cette personne a un grain, très clairement. Il faut être honnêtement un petit peu fou pour commencer ce type de métier. Il faut comprendre qu'il y a quand même beaucoup de contraintes à faire ce travail. Il faut comprendre que malheureusement, la vie de famille est parfois confinée, ne serait-ce que d'avoir une vie à l'extérieur du parc. Je pense que pour faire correctement ce travail, il faut être capable de... Voilà, de passer à côté d'un certain nombre de choses, il faut être capable de mettre beaucoup de choses de sa vie en parenthèse, entre parenthèses, et il faut avoir une implication très particulière. Je pense qu'il faut, avant d'essayer de vraiment entamer des démarches pour y travailler, essayer de comprendre ce que c'est à l'origine, de ne pas hésiter à faire des stages, de ne pas hésiter à voir directement sur le terrain quels sont... toutes ces choses qui font le métier de soigneur animalier. Et si cette personne est suffisamment folle après plusieurs semaines de stage, si elle est assez folle pour avoir encore envie de faire ce métier-là, il ne faut penser à jamais s'arrêter. C'est le plus beau métier du monde. Je ne sais pas, j'aimerais pouvoir continuer dans le milieu zoologie toute ma vie et je ne regretterai jamais mes années de soigneur animalier, même étant plus jeune, car elles ont été difficiles. C'est vraiment un métier extraordinaire.
Merci Alexandre.
De rien.
Voilà, c'est la fin de cet épisode. Merci de l'avoir écouté jusqu'au bout. Abonnez-vous s'il vous a plu et pour en savoir plus sur le bioparc,
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