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Vie de château

Jérémie Villet - Photographe animalier invité en résidence au château de Versailles

Jérémie Villet - Photographe animalier invité en résidence au château de Versailles

30min |25/06/2022
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Jérémie Villet - Photographe animalier invité en résidence au château de Versailles

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30min |25/06/2022
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Description

Versailles sauvage – Le regard de Jérémie Villet
Et si l’on redécouvrait Versailles à travers le regard d’un animal ? Le Château de Versailles a invité Jérémie Villet, photographe animalier récompensé par National Geographic, à poser son objectif sur la faune discrète qui peuple ses jardins, ses sous-bois et ses étendues. Connu pour ses images minimalistes d’animaux dans la neige, Jérémie quitte ici les paysages blancs pour explorer un univers inattendu : celui, riche et fragile, d’un patrimoine vivant en plein cœur de l’un des monuments les plus visités au monde.

Dans ce podcast, il raconte son expérience d’un mois passé à Versailles, seul ou presque, à l’aube et au crépuscule, à l’affût, en silence, au rythme du vent, de la lumière et des pas feutrés des renards. Il partage ses rencontres, ses émotions, ses hésitations aussi. Observer sans déranger, montrer sans trahir, révéler sans figer : telle est sa démarche. Entre les bosquets sculptés par l’homme et les hautes herbes que fréquentent les chevreuils, les oiseaux et les insectes, il tisse un lien sensible entre nature et culture.

« Ici, les statues ne bougent pas… mais les animaux, eux, vivent, élèvent leurs petits, cherchent leur nourriture. Ce sont les véritables habitants de Versailles », explique-t-il. Loin des clichés habituels, il nous invite à regarder autrement : une hirondelle qui survole la Chapelle royale, une sterne qui plonge dans le Grand Canal, un renard qui se fige dans la nuit devant une sculpture. Le château devient alors un décor vivant, un refuge inattendu pour une biodiversité qu’on oublie souvent de regarder.

Jérémie Villet nous parle aussi de patience, de solitude, de lumière, de poésie. Il se glisse dans les lieux comme un hôte discret, dort dehors, attend parfois des heures pour une seule image. Mais chaque apparition animale est un émerveillement. Le résultat est un travail photographique d’une rare sensibilité, qui capte l’éphémère dans un décor éternel.

Ce projet est aussi une façon de sensibiliser le public à la richesse écologique du Domaine de Versailles. Derrière les allées symétriques et les fontaines sculptées, c’est tout un monde animal qui existe, souvent invisible aux visiteurs mais bien présent : oiseaux nicheurs, mammifères nocturnes, insectes pollinisateurs, et même des espèces rares.


Dans ce podcast, partez à la rencontre de cette faune précieuse à travers les mots d’un photographe passionné.
Découvrez ses images sur le site https://youtu.be/ZOLkxJwVBis https://www.chateauversailles.fr/actualites/vie-domaine/les-animaux-versailles-jeremie-villet#le-projet
Et laissez-vous guider dans un Versailles secret, poétique, et profondément vivant.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    ça y est aujourd'hui on est le 1er juin j'ai fini le mois versailles matin c'est la plus belle matinée hier je suis tard rentrer tard de la fu avec avec christophe et sylvain qui on a filmé les renards et des chevreuils ainsi que Quand le château de Versailles m'a invité, m'a proposé à venir faire des photos ici des animaux, tout de suite ça m'a plu parce que déjà j'habite pas loin et surtout je pense que c'est une occasion privilégiée de photographier la nature qui vit près de chez nous et de la montrer, mais avec le bonheur ici d'avoir un cadre très particulier et encore plus esthétique qui est Versailles, ses jardins et le château. Pour un photographe, c'est un challenge parce que c'est un endroit tellement beau qu'il a été photographié par des millions de gens. C'est un peu un challenge d'essayer de le voir autrement. Mais là, ce qui me sauve, c'est de pouvoir avoir tout le temps, le matin, le soir, pour voir des animaux qui vivent. Très vite, j'ai essayé de... de faire un peu abstraction de cet endroit que je trouve sublime. Au début, je me suis dit qu'il fallait que je me concentre pour essayer de trouver les animaux et tout. Et puis en fait, très vite, j'ai eu envie de montrer les liens qu'il y a graphiques entre ces œuvres d'art, qui sont le château, les jardins, les sculptures, et cette espèce de dialogue permanent entre la nature et la culture, qui est Versailles, une espèce de collaboration avec la nature. Alors je m'appelle Jérémy Villette, je suis photographe animalier, j'ai 30 ans depuis quelques jours et je suis né pas très loin d'ici, dans les Yvelines, je suis né à... une ferme, enfin j'ai grandi dans une ferme au milieu des champs. Les plus proches voisins étaient à 4 km. Mes parents sont agriculteurs et c'est là que j'ai découvert la nature et de fil en aiguille j'ai eu envie de la photographier puis je suis devenu photographe animalier et particulièrement dans la neige. D'habitude, en tout cas, j'essaie de photographier des animaux dans la neige. Alors moi je pense que je peux dire que je suis photographe animalier dans le sens où c'est pas vraiment un métier qui existe. Mais en tout cas un photographe animalier c'est simple, en gros je vais dehors et j'essaie de suivre des animaux, de passer beaucoup de temps à les observer, à essayer juste de les voir. Donc je passe la plupart de mon temps à ne pas faire de photos à peu près. En fait un photographe animalier c'est un photographe qui ne fait presque jamais des photos. Passer son temps dans ses jumelles ou à regarder le sol, le ciel, les arbres. Et parfois quand je croise un animal, j'essaie de faire une photo qui retranscrit un peu toute cette émotion qu'on a en allant dehors. Donc mon métier c'est d'aller quelque part et de me faire tout petit jusqu'à ce qu'il y ait un animal qui passe. Ça sonne bien mais c'est beaucoup de temps à ne pas faire grand chose ou à attendre ou à avoir froid ou à croire que tu ne vas rien voir. Mais c'est génial parce que c'est une bonne excuse pour être bien dehors. Moi, je pense qu'il faut être un peu rêveur pour être photographe parce que la grosse partie du travail, elle n'existe pas. En gros, tu dois espérer voir quelque chose. Tu dois imaginer qu'un animal passe à cet endroit, construire l'image dans ta tête. Les bonnes qualités, souvent, c'est de ne pas être trop organisé, trop préoccupé, ne pas culpabiliser d'être assis à rien faire pendant des semaines. En fait, il faut essayer de sortir un peu du monde. des hommes et d'attendre. Il y a la patience, mais souvent je réponds que c'est plutôt la passion, parce que quand tu espères voir un animal, c'est le meilleur moyen de rester très longtemps. Quand moi je vois un animal au-dessus de la montagne, je l'escale de la montagne, alors que s'il n'y a pas un animal au-dessus, tout de suite je vais être fatigué. Je suis animé par ça. Moi, mon travail de tous les jours, c'est d'essayer de regarder cet émerveillement permanent, et c'est assez facile, parce que dans la nature, on est tous un touriste. Quand j'étais petit, de ma fenêtre, je dormais dans la chambre avec mon frère, on entendait des cerfs qui bramaient. T'imagines un cri rauque qui sort de la forêt la nuit, quand t'es enfant ça fait peur. Et du coup on a eu envie d'aller voir ce que c'était, on est allé à vélo, d'abord mon frère y allait seul, puis il m'a emmené. Et on allait à vélo le matin, on partait très tôt, et nos parents nous laissaient partir, dormir en forêt après même. Avoir tout ça, puis tous mes souvenirs d'enfance c'est des animaux quoi, en bas de chez moi il n'y avait pas un skatepark ou un terrain de basket, il y avait les champs, nos vélos, nos sacs à dos, des jumelles. Et puis quand on retournait à l'école et qu'on racontait ça, les gens ne croyaient pas trop ou nous prenaient un peu pour des fous. Donc on a eu envie de le partager, on commençait à faire des photos à travers les jumelles, à travers le télescope avec un petit appareil. Et puis après, on a eu un appareil photo qu'on nous a offert à Noël, toute notre famille. C'est réuni pour nous offrir un appareil photo que j'ai partagé avec mes deux autres frères. Puis après, on s'est rendu compte qu'on pouvait essayer de transmettre nos émotions. Au début, je disais, regarde, à l'école, quand je montrais ma photo, regarde le cerf, comme ces bois, ils sont impressionnants. Parce que le soir, en revenant, j'avais juste vu ces bois dans les fougères, ça m'avait hanté et tout. Après, je me suis dit, mais non, il suffit d'essayer de faire une photo, on voit juste les bois, entre jours, ça va créer cette émotion-là, plutôt que de diriger le regard sur... à dire, regarde là, dans la photo. notre avantage c'est qu'on regarde tous le monde d'une manière différente La photo nous permet à un moment de mettre les gens un peu dans nos yeux, c'est assez touchant. Très vite j'ai fait des photos dans la neige, j'aimais bien les peintures, les gravures, les hauts crayons, on voit juste l'animal avec le papier blanc, je trouvais que ça retranscrivait bien cette espèce de rêverie quand on aperçoit soit un animal dans le noir la nuit, soit la journée dans un champ immaculé, ou dans la brume d'un étang. La neige recrée ça, elle crée juste cette espèce de... de pureté autour de l'animal. Très tôt, j'ai commencé à faire que des photos dans la neige. Après, j'ai voyagé dans pas mal de pays avec mon van un peu partout en Europe pour essayer de voir différents animaux dans la neige. Pendant les 8 dernières années, j'ai fait que ça, je pars tout l'hiver. J'ai fait un livre qui s'appelle Première neige, et j'expose ces photos un peu partout. Donc au mois de mai, c'est un peu le mois de l'année où il neige un peu nulle part. Donc mai-juin, c'est les mois de l'année où je reviens dans les Yvelines. Et là, c'était l'occasion d'essayer de faire autre chose. J'ai toujours voulu trouver des façons de montrer les animaux qui sont proches de chez nous. Parce que moi, je passe quand même tout le reste de l'année à regarder des animaux dans les champs autour de chez moi, à passer du temps dehors. J'essaie de dormir plein de nuits dehors. Et là, de venir ici à Versailles, de montrer les animaux qui vivent autour du château, dans le parc, c'est tous ces animaux qui vivent dans nos jardins, dans nos forêts, autour de nos villes. Donc je trouvais ça super excitant au niveau de la créativité, de voir comment je pouvais essayer de lier ce qui me fascine comme beauté dans la nature et puis ce que nous, l'homme, on a réussi à faire de très beau aussi, parfois en s'inspirant d'elle ou en la jardinant ou en l'imitant. Et donc là, c'est ce que j'ai fait pendant un mois. Je me suis baladé dans cet espèce d'énorme terrain de jeu. Alors la journée, quand il y a des visiteurs dans le parc et autour du château, puis à d'autres moments où il n'y a plus personne, où je suis tout seul, il y a ce côté un peu jour-nuit, où d'un coup, quand les visiteurs partent, les animaux apparaissent. Donc moi, mon but, c'est d'essayer de trouver tous ces animaux qui sont là et qu'on ne voit pas trop, même la journée. Alors en fait, à Versailles, les animaux ont à peu près la même vie qu'ailleurs, puisqu'ils vivent surtout, les mammifères vivent surtout la nuit. Et aussi parce que c'est des mammifères qui viennent aussi de familles qui sont en dehors du château. Mais pour les oiseaux aussi, c'est juste qu'ils ont l'habitude de voir des gens. Donc les oiseaux, par exemple, il y a des oiseaux qui ont beaucoup moins peur qu'ailleurs, parce que toute la journée, ils voient des gens, donc ça les a habitués aux hommes. Ce matin, je me suis mis au bout de la perspective du Grand Canal, donc tout au fond, collé à la grille. Je suis allé à 4h du matin, j'ai pris mon duvet, deux trépieds, deux télés, mon sac à dos, puis je me suis collé au mur de la grille du fond, face au château, avec la perspective du Grand Canal, il y avait de la brume qui montait. Il y a un brocard qui est passé dans la nuit. Les photos ne sont pas nettes, il n'y a vraiment pas assez de lumière. Ensuite, il est repassé. Je regardais au mauvais endroit. Quand j'ai commencé à le voir, il n'était plus dans l'axe du château. J'étais super dégoûté, mais ça ne se jouait à rien. En gros, ce qui est trop bien dans ce projet, c'est qu'il y a des dizaines et des dizaines de gens qui m'ont aidé. qui m'ont partagé leur expérience, qui m'ont dit que dès qu'ils voyaient un animal quelque part, qui m'ont permis aussi de pouvoir me balader comme je voulais, qui m'ont aidé à pouvoir être un animal, un petit renard de plus, à me balader dans Versailles le soir et le matin. Donc ça c'est chouette aussi, j'ai créé des relations particulières avec des gens qui ont une vie qui est passionnante. et qui sont animés. Ici, les gens ont les yeux qui brillent quand on parle de... Et même, tout à l'heure, je parlais avec deux agents de la surveillance. Ils sont passionnés par les animaux qui vivent dans Versailles. Les animaux, c'est un peu les habitants mystérieux, les fantômes du château. Les gens qui travaillent tous les jours ont ce privilège de les voir comme c'est le même privilège que j'ai eu là. Les jardiniers ont toute l'année le privilège que j'ai là pendant un mois, ou les fontainiers, ou les agents de surveillance. Des gens qui travaillent tard ou tôt autour du château. Quand je cherche les animaux, je me retrouve dans des endroits que je n'ai pas imaginés, dans les jardins, que je trouve très beaux. Le but, c'est d'essayer de montrer ça aussi, mon émotion aussi, à découvrir Versailles. Parce que des moments, j'ai des réflexes de me balader comme si j'étais dans la forêt. Et puis au détour d'un arbre, il y a une perspective incroyable. Et je me dis, c'est trop beau. Ah oui, mais ça a été fait pour ça. Et ça se mélange en fait. Je rebondis tout le temps sur cette situation. Il y a des endroits qui me font penser à ce que je vois dans la forêt sauvage, la profondeur, la grandeur, ou même dans les montagnes, le minimalisme de la nature. En fait, c'est des choses qu'on a recréées en collaboration avec elle dans les jardins. Et puis d'un coup, il y a le château qui apparaît derrière comme une énorme montagne, une falaise avec ses dessins. Ce que je trouve émouvant ici, c'est que les animaux ont une vie un peu humaine. puisqu'ils se baladent sur des chemins et sous des arbres qui ont été taillés et dirigés. Et en même temps, j'y vois le fait que nous, finalement, dans l'art qui est à Versailles, j'y vois tout le temps un rapport à la nature. On est notamment dans les jardins, on est inspirés. Du coup, il y a tout le temps ce dialogue entre l'animal et le social et le culturel. Ces statues magnifiques, cette grotte qui a été recréée, l'eau qui coule partout. Ça correspond à un espèce d'endroit irréel où je regarde ces statues qui... Avec ses chevaux qui bougent, il y a une espèce de mouvement figé. Et d'un coup, il y a un petit oiseau tout léger qui arrive, tout jaune, qui se pose dessus et qui paraît faire que 2 grammes. Donc en photo, au début, ça paraît facile parce que tout est beau, ou du moins tout a été pensé de manière esthétique. Mais en fait, en photo, le but d'une photo, c'est de retranscrire vraiment une émotion. Et à ce moment-là, j'en ai 5 ou 6, donc j'ai tendance à faire 3 ou 4 photos. Il faut faire le chemin inverse. Souvent, dans la neige, j'essaie de trouver une forme dans un paysage immaculé. La neige m'aide, elle me donne une forme de rigueur, comme un travail de commande, où je sais à peu près où aller, parce qu'il n'y a pas beaucoup de choix de forme, ni de premier plan, ni d'arrière-plan. Là, je dois faire un peu l'inverse. Je dois essayer d'isoler une seule chose dans tout ce que je vois, et de m'y concentrer. Par exemple, je vise une statue et un oiseau, j'essaie de trouver le meilleur angle sur cette statue. Ça m'apprend à appréhender la statue pendant longtemps. Tu as l'impression que tout se lie un peu à travers le temps. L'art, en fait, il a cette faculté de relier un peu tout et même de nous relier à la nature, ce qu'on arrive rarement à faire. C'est ce que j'essaye de faire par mon métier, c'est de nous relier à la nature, à tous ces animaux et ces êtres vivants qui sont autour de nous. Versailles recrée un écosystème qui ressemble à un jardin normal ou à la forêt d'à côté, mais avec une diversité encore plus grande, parce qu'on y a rajouté encore plus d'arbres, encore plus d'eau, encore plus de niveaux, encore plus de falaises, en créant ce château qui profite à des oiseaux. C'est un peu comme on y retrouve tous les animaux qu'on voit près de chez nous. Sauf que quand on vient à Versailles, on est tellement impressionné, on est tellement ému par le château et l'histoire que porte Versailles, les hommes qui ont vécu, qu'on imaginait vivre. qu'on ne regarde pas, les hirondelles qui tournent autour de nous, surtout qu'il y a plein de gens qui tournent autour de nous à ce moment-là, et dans cette espèce de mouvement permanent des gens, et du bâtiment qui ne bouge pas, on ne voit pas trop tous ces animaux qui vivent. Et donc là, je suis venu ici aussi pour ça, pour essayer de montrer que là, en France, et n'importe où en France, et même en ville ou dans les jardins, il y a des centaines d'oiseaux différents. Donc il y a une vie incroyable, toute la journée ils chantent pour délimiter leur territoire, nous on croit que c'est juste des petits chants amoureux, mais c'est toute une diplomatie, c'est une espèce de combat permanent de la vie. Parfois quand on s'arrête le soir et qu'on fait moins de bruit, on les écoute et on trouve ça mignon, mais il y a une histoire à part entière, il y a l'histoire de France, mais il y a l'histoire de la nature permanente qu'on veut raconter aussi. Là on est mardi 24, je suis Ausha d'Apollon, qui est vraiment au centre de tout, entre le château et la perspective. Il n'a pas fait très beau, il y a eu des nuages d'ardoises, d'orages, mais là le soleil vient de passer en dessous et c'est incroyable. La lumière, le ciel qui est purifié par la pluie, la lumière est hyper très rasante, pile dans l'axe du Grand Canal, mais vraiment pile. Et là je suis dans la situation de bonheur et de frustration totale d'un photographe qui ne sait pas où est-ce qu'il doit être. Je suis allé shooter tellement tout est beau. Les sternes tournent en permanence. Il y a une grande sterne qui revole dans tous les sens. Au ras du bain d'Apollon qui est en cercle. Elle tourne, elle tourne. C'est complètement frénétique. C'est un ange. Elle plonge d'un coup et je la suis avec mon autofocus. C'est d'une beauté folle. On n'éteint pas l'interrupteur quand les gens partent. Mais vraiment, là, on s'allume. La vie démarre. La lumière et tous les animaux sont partout. Tous les oiseaux se baladent partout. C'est très beau, c'est vraiment très beau. Et je vais vite arrêter de parler parce que j'ai envie de refaire des photos. Ma technique souvent c'est de rester le plus longtemps possible au même endroit pour appréhender l'endroit jusqu'à ce qu'il y ait vraiment une bonne situation. C'est comme ça que d'un coup il y a un oiseau qui passe autour d'une statue, un animal qui traverse une perspective, une nouvelle espèce qu'on n'avait pas imaginée. J'ai resté le soir dans un champ, tous les soirs j'ai vu qu'il y avait un faucon au breu, c'est un super beau faucon qui passe, qui attaque les hirondelles. Après, il y a un hibou moyen-du qui passe dans la plaine. Le soir, la nuit, on entend les chouettes effraies qui portent bien leur nom, parce qu'elles font des cris, qui font peur. En fait, c'est des grandes dames blanches, des oiseaux tout blancs que je n'ai pas photographiées, mais que j'ai... En fait, à rester en dehors longtemps, tous les jours, je découvre des nouveaux trucs. Parfois, je vais... Là, je suis allé, par exemple, la première fois devant le bain d'Apollon. Il y avait à côté de moi un monsieur qui surveillait, très gentil. Il m'a vu toute la journée regarder les statues. Au début, il m'a pris pour un passionné de statues. Je suis devenu passionné de statues à la fin de la journée. Il est venu me voir et m'a dit « Qu'est-ce que vous faites ? Vous êtes super patient. » J'ai dit « Non, moi c'est facile, j'espère voir un animal arriver. » Du coup, j'ai trouvé cette bergeronnette, des ruisseaux qui nichent dans la grotte. Il m'a dit que les autres jours, il essayait de la voir passer, et que ces journées passaient beaucoup plus vite. Le but, là, c'est de montrer un peu tous ces oiseaux et ces mammifères qui vivent ici et qu'on ne voit pas trop. Mais en même temps, ici, ils ont une vie aussi privilégiée. C'est que certains sont... Ici, il n'y a pas de... Ce n'est pas chassé. C'est protégé dans le sens où les animaux ont une vie assez chouette. Dès que les gens sont partis, il y a des oiseaux qui apparaissent de partout. Et puis même la journée, on voit par exemple ces sternes qui se posent sur le char d'Apollon le soir. C'est complètement fou, des sternes pierre-garin. Moi j'en vois juste parfois sur la Loire ou au bord de la mer. Ces oiseaux, c'est des œuvres d'art. C'est une espèce d'ange incroyable avec ses ailes complètement élancées qui planent comme si c'était gratuit. Puis d'un coup, ils ferment leurs ailes et ils plongent comme un harpon. dans l'eau férocement. Et ça, c'est hyper émouvant. Quand tu vois ça, et que derrière, t'as une statue de char d'Apollon, où justement, t'as des chevaux qui courent, t'imagines des chevaux qui courent dans l'eau, des monstres avec des poissons et tout. Et puis t'as cette petite créature qui, elle, appartient aussi à la mythologie. Si tu prends un peu le temps de la regarder, c'est complètement une espèce de déesse, cet oiseau, il faut imaginer, un peu une mouette, mais taillé comme un avion de chasse. qui paraît toute légère, qui est faite juste de plumes et de queues et qui sort des poissons d'un coup, des miroirs. Ça pour le coup, moi ça m'émeut autant que de voir un autre animal à l'autre bout du monde. C'est juste que dans ce cadre-là, on ne se met pas en situation pour regarder ça. En gros, moi l'oiseau qui m'a le... le plus, qui me touche le plus quand je suis arrivé en premier, qui m'a vraiment inspiré en tant que photographe, c'est les hirondelles, pour plusieurs raisons, parce que... Bon, la première raison, c'est qu'il y a beaucoup d'endroits où j'en voyais quand j'étais petit, où j'en photographiais, et il y en a beaucoup moins. Surtout des hirondelles de fenêtres. Avant, il y en avait dans les fermes autour de chez nous, et maintenant, il y en a beaucoup moins. Parce qu'il y a moins d'insectes dans les champs, et parce qu'elles ont aussi moins de bâtiments pour s'installer. Et pour d'autres raisons qu'on ignore, mais surtout la... la chute des insectes et de leur nourriture principale. Et donc ici, par contre, les hirondelles, il y en a vraiment beaucoup. Il y a notamment des hirondelles de fenêtres qui nichent à plein d'endroits et qui profitent du château. Et ça, ça m'a vraiment marqué d'arriver et de voir déjà le son des hirondelles. petit permanent, les hirondelles qui tournent et c'est hyper enivrant parce que t'as le son et t'as le mouvement de tourbillon des hirondelles tu crois qu'elles vont faire le même mouvement mais elles tournent un peu dans tous les sens puis elles sévitent et surtout ces hirondelles elles passent leur temps à slalomer entre les statues elles passent au-dessus de la chapelle qui est complètement redorée donc c'est impressionnant de voir ces oiseaux et puis il y a d'autres moments quand il faisait gris Le ciel était tout blanc, en surexpression, le ciel devint tout blanc. Donc en jouant avec des premiers plans du bâtiment, j'arrive à recréer une photo toute blanche, comme j'arrive à créer dans la neige. Ça d'un coup, c'est trop bien. C'est comme si j'avais un papier à dessin et que je pouvais mettre ce que je voulais dedans. Et donc là, j'ai fait une photo. Il y a des apôtres. Il y a Saint-Marc, qui est un évangéliste. Donc il a une immense papier, parce qu'il a écrit plein de trucs. Et à côté, il y a Saint-Jean, qui a juste un livre, parce qu'il a écrit l'Apocalypse. Et il y a cette tête, en fait, Saint-Jean, c'est une tête d'enfant, il est souvent fait avec une tête d'enfant jeune. À ce moment-là, il y a ces hirondelles qui passent, donc tu as vraiment l'impression de voir un vieux qui raconte un truc à un enfant, et que l'enfant ne l'écoute pas, et regarde les hirondelles voler autour de lui. Et moi, ça me faisait penser à quand j'étais en classe, je regardais tout le temps par la fenêtre les hirondelles qui atterrissaient sous les fenêtres de l'école. Ça m'a vraiment fait penser à moi-même quand j'étais à l'école. et cette photo j'aime bien parce qu'il y a eu un moment où les hirondelles ont vraiment son passé Alors elles ne sont pas exactement devant les statues, c'est un effet téléobjectif, donc j'essaie de trouver des angles très précis. Et du coup, ça me fait vraiment regarder l'architecture avec des angles très fins et très précis. Et d'un coup, il y en avait un peu de tous les côtés. Et ça crée vraiment ce mouvement, on a l'impression qu'elles tournent autour des statues et ça recrée ce que j'ai vu toute la journée puisqu'elles tournaient autour de moi. Puis les hirondelles, il y a d'autres choses, c'est qu'elles ont besoin de boue pour construire leur nid. et elles profitent de toutes ces terrasses. La terre de la cour est de la même couleur que le château, et ça a dû être fait exprès par des gens qui ont construit, par les architectes et tout, donc c'est beau, mais du coup leur nid est de la même couleur aussi, et surtout elles ont besoin de cette terre. Et donc hier, par exemple, j'ai pris de l'eau dans les bassins, et j'ai mis de l'eau au sol, et ça leur a fait une petite mare, et elles sont toutes atterries pour récupérer de la boue, ce qui fait très sec ces mois-ci. J'étais trop content de les aider un petit peu. Ça, c'est super émouvant quand tu participes à leur construction. Et là, pareil, je m'allonge et j'essaie de les photographier quand elles atterrissent. Et d'un coup, quand elles sont posées au sol, elles ont l'air tellement vulnérables. D'ailleurs, elles se battent entre elles. Ces petits anges, d'un coup, posés au sol, ne sont plus que des êtres vivants, un peu comme nous. Elles n'ont plus leur qualité. Elles arrivent juste à... elles doivent prendre de la terre donc elles redeviennent. Puis là on se rend compte que tous les êtres vivants sont comme ça, la nature est brutale aussi, elles se battent pour récupérer le peu de boue qu'elles peuvent trouver. Et on leur prête toujours aux animaux qui sont beaux, qui ont peut-être d'avoir une vie simple et adorable, mais elles ont une vie aussi dure que la nôtre, sinon plus dure. Et au sol elles sont dans la survie. Ça me faisait penser à un poème de Baudelaire qui disait sur l'Albatros, c'est qu'il y a... exilés sur le sol au milieu des huées. Ces ailes de géants l'empêchent de marcher. Les hirondelles, c'est pareil. Quand elles se posent dans la boue, elles ont leurs deux ailes magnifiques qui sont refermées comme deux arcs. Elles essaient de piétiner pour attraper de la boue. Il y a les autres qui se posent à côté et elles se poussent. Ça, c'est des situations qu'on ne voit pas trop, sinon en prenant le temps de s'allonger, de les regarder toute la journée. Là, je les voyais, elles faisaient des splashes dans les bassins pour se mouiller. et après elles allaient chercher de la boue grâce à l'eau qu'elles avaient sur leur corps. touchait le sol et ça faisait de la boue. Du coup ça m'a donné envie de les aider. C'était super joli à photographier. Sylvain Le Jardinier m'a appelé pour me dire qu'ils avaient broyé les grandes pelouses qui sont au fond de la perspective, derrière l'étoile royale. Je me suis mis à l'affût au fond, avec le château derrière, et les renards sont arrivés des deux côtés, et dont deux femelles qui sont allaitantes, elles ont des mamelles, et donc elles ont besoin de manger, particulièrement pour faire du lait. Et donc là, elles chassent avec grâce, au ras de la pelouse, à pas de loup, et quand elles entendent un petit mulot, elles se bloquent, elles s'avancent comme un guépard, et puis elles rebondissent, elles appétissent leur corps comme un ressort qui rebondit après, et elles sautent. Le buceau en premier sur les mulots, c'est un chasseur hyper agile. Les renards passent beaucoup plus de temps dans le château que nous, autour, juste dans les jardins, que les hommes. Et pourtant on ne les voit jamais. Et puis eux, ils connaissent à peu près tous les endroits, et ils arrivent à s'y nourrir, à y vivre, à y habiter. Et c'est ça qui est touchant, c'est de voir tous ces animaux qui ont une vie à peu près beaucoup plus chargée que la nôtre. qui doivent s'occuper de petits, qui doivent se nourrir, qui doivent se cacher. Et nous, on voit ça juste comme un décor, mais en fait, c'est des habitants à plein temps, et même beaucoup plus longtemps que nous, de la vie et de la nature, et ici, du parc et du château. J'aime bien les renards les voir le soir, parce que d'un coup, tu les vois, ils se baladent partout, et j'en ai suivi un. complètement dans le noir et le seul moyen que j'avais de le voir c'était de le mettre devant des statues. Donc je passais moi derrière les ifs le long des charmis et dans le petit parc et puis d'un coup il y a eu un... d'un coup je l'ai vu apparaître devant une statue, ça fait du blanc dans la nuit les statues et d'un coup en avançant il s'est retrouvé dans l'axe de la statue derrière lui. Donc je me suis allongé et lui s'est arrêté et ça l'a surpris aussi de me voir. Donc j'ai une photo, il est assis dans la nuit et t'as le... La statue qui est blanche, qui est la seule chose qu'on voit dans le noir. La statue, c'est un peu ce qui reste des hommes la nuit. C'est des hommes qui ne bougent pas, tout blanc, posés sur des piédestals et qui regardent passer les renards sans rien dire. Et là, il y a le renard qui lui fait une autre statue posée devant. Pendant quelques minutes, il a été d'accord pour faire la statue devant la statue. J'aime bien cette photo parce qu'elle montre bien... qu'après, s'il part à droite ou à gauche, il redisparaît dans la nuit. Et ça parle aussi de ce que font les animaux toute la journée. La nuit, ils nous apparaissent et ils disparaissent. Et en photo, j'aime bien retranscrire ça. Quand on voit cette photo, on se dit « Oh, c'est incroyable, il s'est arrêté là, il a posé devant et tout » . Parce que ça parle justement de l'inverse. Ça parle du fait que c'est des visions qui sont furtives. La photo peut recréer cette sensation-là d'apparition et de disparition grâce au... au premier plan, au vide, au noir autour. Moi, je ressors de ce projet en me disant que j'ai trouvé un moyen de montrer la nature autour de chez nous. mais en profitant d'un cadre incroyable qui est Versailles. À chaque fois que je photographie la nature autour de chez nous, je n'arrive jamais à la photographier aussi belle que l'émotion qu'elle me procure. C'était hyper enthousiasmant d'essayer de construire des images en m'enrichissant des hommes qui sont ici, des hommes qui sont passés ici et qui ont construit des choses sublimes. Mais en tout cas, ce que je garde comme souvenir, c'est ce mélange d'humanité et de vie sauvage.

  • Speaker #1

    ça y est aujourd'hui on est le 1er juin j'ai fini le mois versailles ce matin c'est la plus belle matinée hier et à une rentrée tard de la fu avec avec christophe et sylvain et qui ont affirmé les renards et des chevreuils ensuite je suis rentré me reposer un peu j'ai regardé chocovitch nadal est ce que jusqu'au bout je pense que c'est là qu'ils aient gagné Et puis j'ai dormi trois heures et je me suis réveillé à 4h30. Je me suis glissé dans la fûte qu'on avait laissée la veille au bout sur la grille royale. Et il y avait beaucoup de brume qui montait depuis le grand canal en écharpe. Des grosses colonnes de fumée qui passaient entre les tilleuls. C'était vraiment très beau.

Description

Versailles sauvage – Le regard de Jérémie Villet
Et si l’on redécouvrait Versailles à travers le regard d’un animal ? Le Château de Versailles a invité Jérémie Villet, photographe animalier récompensé par National Geographic, à poser son objectif sur la faune discrète qui peuple ses jardins, ses sous-bois et ses étendues. Connu pour ses images minimalistes d’animaux dans la neige, Jérémie quitte ici les paysages blancs pour explorer un univers inattendu : celui, riche et fragile, d’un patrimoine vivant en plein cœur de l’un des monuments les plus visités au monde.

Dans ce podcast, il raconte son expérience d’un mois passé à Versailles, seul ou presque, à l’aube et au crépuscule, à l’affût, en silence, au rythme du vent, de la lumière et des pas feutrés des renards. Il partage ses rencontres, ses émotions, ses hésitations aussi. Observer sans déranger, montrer sans trahir, révéler sans figer : telle est sa démarche. Entre les bosquets sculptés par l’homme et les hautes herbes que fréquentent les chevreuils, les oiseaux et les insectes, il tisse un lien sensible entre nature et culture.

« Ici, les statues ne bougent pas… mais les animaux, eux, vivent, élèvent leurs petits, cherchent leur nourriture. Ce sont les véritables habitants de Versailles », explique-t-il. Loin des clichés habituels, il nous invite à regarder autrement : une hirondelle qui survole la Chapelle royale, une sterne qui plonge dans le Grand Canal, un renard qui se fige dans la nuit devant une sculpture. Le château devient alors un décor vivant, un refuge inattendu pour une biodiversité qu’on oublie souvent de regarder.

Jérémie Villet nous parle aussi de patience, de solitude, de lumière, de poésie. Il se glisse dans les lieux comme un hôte discret, dort dehors, attend parfois des heures pour une seule image. Mais chaque apparition animale est un émerveillement. Le résultat est un travail photographique d’une rare sensibilité, qui capte l’éphémère dans un décor éternel.

Ce projet est aussi une façon de sensibiliser le public à la richesse écologique du Domaine de Versailles. Derrière les allées symétriques et les fontaines sculptées, c’est tout un monde animal qui existe, souvent invisible aux visiteurs mais bien présent : oiseaux nicheurs, mammifères nocturnes, insectes pollinisateurs, et même des espèces rares.


Dans ce podcast, partez à la rencontre de cette faune précieuse à travers les mots d’un photographe passionné.
Découvrez ses images sur le site https://youtu.be/ZOLkxJwVBis https://www.chateauversailles.fr/actualites/vie-domaine/les-animaux-versailles-jeremie-villet#le-projet
Et laissez-vous guider dans un Versailles secret, poétique, et profondément vivant.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    ça y est aujourd'hui on est le 1er juin j'ai fini le mois versailles matin c'est la plus belle matinée hier je suis tard rentrer tard de la fu avec avec christophe et sylvain qui on a filmé les renards et des chevreuils ainsi que Quand le château de Versailles m'a invité, m'a proposé à venir faire des photos ici des animaux, tout de suite ça m'a plu parce que déjà j'habite pas loin et surtout je pense que c'est une occasion privilégiée de photographier la nature qui vit près de chez nous et de la montrer, mais avec le bonheur ici d'avoir un cadre très particulier et encore plus esthétique qui est Versailles, ses jardins et le château. Pour un photographe, c'est un challenge parce que c'est un endroit tellement beau qu'il a été photographié par des millions de gens. C'est un peu un challenge d'essayer de le voir autrement. Mais là, ce qui me sauve, c'est de pouvoir avoir tout le temps, le matin, le soir, pour voir des animaux qui vivent. Très vite, j'ai essayé de... de faire un peu abstraction de cet endroit que je trouve sublime. Au début, je me suis dit qu'il fallait que je me concentre pour essayer de trouver les animaux et tout. Et puis en fait, très vite, j'ai eu envie de montrer les liens qu'il y a graphiques entre ces œuvres d'art, qui sont le château, les jardins, les sculptures, et cette espèce de dialogue permanent entre la nature et la culture, qui est Versailles, une espèce de collaboration avec la nature. Alors je m'appelle Jérémy Villette, je suis photographe animalier, j'ai 30 ans depuis quelques jours et je suis né pas très loin d'ici, dans les Yvelines, je suis né à... une ferme, enfin j'ai grandi dans une ferme au milieu des champs. Les plus proches voisins étaient à 4 km. Mes parents sont agriculteurs et c'est là que j'ai découvert la nature et de fil en aiguille j'ai eu envie de la photographier puis je suis devenu photographe animalier et particulièrement dans la neige. D'habitude, en tout cas, j'essaie de photographier des animaux dans la neige. Alors moi je pense que je peux dire que je suis photographe animalier dans le sens où c'est pas vraiment un métier qui existe. Mais en tout cas un photographe animalier c'est simple, en gros je vais dehors et j'essaie de suivre des animaux, de passer beaucoup de temps à les observer, à essayer juste de les voir. Donc je passe la plupart de mon temps à ne pas faire de photos à peu près. En fait un photographe animalier c'est un photographe qui ne fait presque jamais des photos. Passer son temps dans ses jumelles ou à regarder le sol, le ciel, les arbres. Et parfois quand je croise un animal, j'essaie de faire une photo qui retranscrit un peu toute cette émotion qu'on a en allant dehors. Donc mon métier c'est d'aller quelque part et de me faire tout petit jusqu'à ce qu'il y ait un animal qui passe. Ça sonne bien mais c'est beaucoup de temps à ne pas faire grand chose ou à attendre ou à avoir froid ou à croire que tu ne vas rien voir. Mais c'est génial parce que c'est une bonne excuse pour être bien dehors. Moi, je pense qu'il faut être un peu rêveur pour être photographe parce que la grosse partie du travail, elle n'existe pas. En gros, tu dois espérer voir quelque chose. Tu dois imaginer qu'un animal passe à cet endroit, construire l'image dans ta tête. Les bonnes qualités, souvent, c'est de ne pas être trop organisé, trop préoccupé, ne pas culpabiliser d'être assis à rien faire pendant des semaines. En fait, il faut essayer de sortir un peu du monde. des hommes et d'attendre. Il y a la patience, mais souvent je réponds que c'est plutôt la passion, parce que quand tu espères voir un animal, c'est le meilleur moyen de rester très longtemps. Quand moi je vois un animal au-dessus de la montagne, je l'escale de la montagne, alors que s'il n'y a pas un animal au-dessus, tout de suite je vais être fatigué. Je suis animé par ça. Moi, mon travail de tous les jours, c'est d'essayer de regarder cet émerveillement permanent, et c'est assez facile, parce que dans la nature, on est tous un touriste. Quand j'étais petit, de ma fenêtre, je dormais dans la chambre avec mon frère, on entendait des cerfs qui bramaient. T'imagines un cri rauque qui sort de la forêt la nuit, quand t'es enfant ça fait peur. Et du coup on a eu envie d'aller voir ce que c'était, on est allé à vélo, d'abord mon frère y allait seul, puis il m'a emmené. Et on allait à vélo le matin, on partait très tôt, et nos parents nous laissaient partir, dormir en forêt après même. Avoir tout ça, puis tous mes souvenirs d'enfance c'est des animaux quoi, en bas de chez moi il n'y avait pas un skatepark ou un terrain de basket, il y avait les champs, nos vélos, nos sacs à dos, des jumelles. Et puis quand on retournait à l'école et qu'on racontait ça, les gens ne croyaient pas trop ou nous prenaient un peu pour des fous. Donc on a eu envie de le partager, on commençait à faire des photos à travers les jumelles, à travers le télescope avec un petit appareil. Et puis après, on a eu un appareil photo qu'on nous a offert à Noël, toute notre famille. C'est réuni pour nous offrir un appareil photo que j'ai partagé avec mes deux autres frères. Puis après, on s'est rendu compte qu'on pouvait essayer de transmettre nos émotions. Au début, je disais, regarde, à l'école, quand je montrais ma photo, regarde le cerf, comme ces bois, ils sont impressionnants. Parce que le soir, en revenant, j'avais juste vu ces bois dans les fougères, ça m'avait hanté et tout. Après, je me suis dit, mais non, il suffit d'essayer de faire une photo, on voit juste les bois, entre jours, ça va créer cette émotion-là, plutôt que de diriger le regard sur... à dire, regarde là, dans la photo. notre avantage c'est qu'on regarde tous le monde d'une manière différente La photo nous permet à un moment de mettre les gens un peu dans nos yeux, c'est assez touchant. Très vite j'ai fait des photos dans la neige, j'aimais bien les peintures, les gravures, les hauts crayons, on voit juste l'animal avec le papier blanc, je trouvais que ça retranscrivait bien cette espèce de rêverie quand on aperçoit soit un animal dans le noir la nuit, soit la journée dans un champ immaculé, ou dans la brume d'un étang. La neige recrée ça, elle crée juste cette espèce de... de pureté autour de l'animal. Très tôt, j'ai commencé à faire que des photos dans la neige. Après, j'ai voyagé dans pas mal de pays avec mon van un peu partout en Europe pour essayer de voir différents animaux dans la neige. Pendant les 8 dernières années, j'ai fait que ça, je pars tout l'hiver. J'ai fait un livre qui s'appelle Première neige, et j'expose ces photos un peu partout. Donc au mois de mai, c'est un peu le mois de l'année où il neige un peu nulle part. Donc mai-juin, c'est les mois de l'année où je reviens dans les Yvelines. Et là, c'était l'occasion d'essayer de faire autre chose. J'ai toujours voulu trouver des façons de montrer les animaux qui sont proches de chez nous. Parce que moi, je passe quand même tout le reste de l'année à regarder des animaux dans les champs autour de chez moi, à passer du temps dehors. J'essaie de dormir plein de nuits dehors. Et là, de venir ici à Versailles, de montrer les animaux qui vivent autour du château, dans le parc, c'est tous ces animaux qui vivent dans nos jardins, dans nos forêts, autour de nos villes. Donc je trouvais ça super excitant au niveau de la créativité, de voir comment je pouvais essayer de lier ce qui me fascine comme beauté dans la nature et puis ce que nous, l'homme, on a réussi à faire de très beau aussi, parfois en s'inspirant d'elle ou en la jardinant ou en l'imitant. Et donc là, c'est ce que j'ai fait pendant un mois. Je me suis baladé dans cet espèce d'énorme terrain de jeu. Alors la journée, quand il y a des visiteurs dans le parc et autour du château, puis à d'autres moments où il n'y a plus personne, où je suis tout seul, il y a ce côté un peu jour-nuit, où d'un coup, quand les visiteurs partent, les animaux apparaissent. Donc moi, mon but, c'est d'essayer de trouver tous ces animaux qui sont là et qu'on ne voit pas trop, même la journée. Alors en fait, à Versailles, les animaux ont à peu près la même vie qu'ailleurs, puisqu'ils vivent surtout, les mammifères vivent surtout la nuit. Et aussi parce que c'est des mammifères qui viennent aussi de familles qui sont en dehors du château. Mais pour les oiseaux aussi, c'est juste qu'ils ont l'habitude de voir des gens. Donc les oiseaux, par exemple, il y a des oiseaux qui ont beaucoup moins peur qu'ailleurs, parce que toute la journée, ils voient des gens, donc ça les a habitués aux hommes. Ce matin, je me suis mis au bout de la perspective du Grand Canal, donc tout au fond, collé à la grille. Je suis allé à 4h du matin, j'ai pris mon duvet, deux trépieds, deux télés, mon sac à dos, puis je me suis collé au mur de la grille du fond, face au château, avec la perspective du Grand Canal, il y avait de la brume qui montait. Il y a un brocard qui est passé dans la nuit. Les photos ne sont pas nettes, il n'y a vraiment pas assez de lumière. Ensuite, il est repassé. Je regardais au mauvais endroit. Quand j'ai commencé à le voir, il n'était plus dans l'axe du château. J'étais super dégoûté, mais ça ne se jouait à rien. En gros, ce qui est trop bien dans ce projet, c'est qu'il y a des dizaines et des dizaines de gens qui m'ont aidé. qui m'ont partagé leur expérience, qui m'ont dit que dès qu'ils voyaient un animal quelque part, qui m'ont permis aussi de pouvoir me balader comme je voulais, qui m'ont aidé à pouvoir être un animal, un petit renard de plus, à me balader dans Versailles le soir et le matin. Donc ça c'est chouette aussi, j'ai créé des relations particulières avec des gens qui ont une vie qui est passionnante. et qui sont animés. Ici, les gens ont les yeux qui brillent quand on parle de... Et même, tout à l'heure, je parlais avec deux agents de la surveillance. Ils sont passionnés par les animaux qui vivent dans Versailles. Les animaux, c'est un peu les habitants mystérieux, les fantômes du château. Les gens qui travaillent tous les jours ont ce privilège de les voir comme c'est le même privilège que j'ai eu là. Les jardiniers ont toute l'année le privilège que j'ai là pendant un mois, ou les fontainiers, ou les agents de surveillance. Des gens qui travaillent tard ou tôt autour du château. Quand je cherche les animaux, je me retrouve dans des endroits que je n'ai pas imaginés, dans les jardins, que je trouve très beaux. Le but, c'est d'essayer de montrer ça aussi, mon émotion aussi, à découvrir Versailles. Parce que des moments, j'ai des réflexes de me balader comme si j'étais dans la forêt. Et puis au détour d'un arbre, il y a une perspective incroyable. Et je me dis, c'est trop beau. Ah oui, mais ça a été fait pour ça. Et ça se mélange en fait. Je rebondis tout le temps sur cette situation. Il y a des endroits qui me font penser à ce que je vois dans la forêt sauvage, la profondeur, la grandeur, ou même dans les montagnes, le minimalisme de la nature. En fait, c'est des choses qu'on a recréées en collaboration avec elle dans les jardins. Et puis d'un coup, il y a le château qui apparaît derrière comme une énorme montagne, une falaise avec ses dessins. Ce que je trouve émouvant ici, c'est que les animaux ont une vie un peu humaine. puisqu'ils se baladent sur des chemins et sous des arbres qui ont été taillés et dirigés. Et en même temps, j'y vois le fait que nous, finalement, dans l'art qui est à Versailles, j'y vois tout le temps un rapport à la nature. On est notamment dans les jardins, on est inspirés. Du coup, il y a tout le temps ce dialogue entre l'animal et le social et le culturel. Ces statues magnifiques, cette grotte qui a été recréée, l'eau qui coule partout. Ça correspond à un espèce d'endroit irréel où je regarde ces statues qui... Avec ses chevaux qui bougent, il y a une espèce de mouvement figé. Et d'un coup, il y a un petit oiseau tout léger qui arrive, tout jaune, qui se pose dessus et qui paraît faire que 2 grammes. Donc en photo, au début, ça paraît facile parce que tout est beau, ou du moins tout a été pensé de manière esthétique. Mais en fait, en photo, le but d'une photo, c'est de retranscrire vraiment une émotion. Et à ce moment-là, j'en ai 5 ou 6, donc j'ai tendance à faire 3 ou 4 photos. Il faut faire le chemin inverse. Souvent, dans la neige, j'essaie de trouver une forme dans un paysage immaculé. La neige m'aide, elle me donne une forme de rigueur, comme un travail de commande, où je sais à peu près où aller, parce qu'il n'y a pas beaucoup de choix de forme, ni de premier plan, ni d'arrière-plan. Là, je dois faire un peu l'inverse. Je dois essayer d'isoler une seule chose dans tout ce que je vois, et de m'y concentrer. Par exemple, je vise une statue et un oiseau, j'essaie de trouver le meilleur angle sur cette statue. Ça m'apprend à appréhender la statue pendant longtemps. Tu as l'impression que tout se lie un peu à travers le temps. L'art, en fait, il a cette faculté de relier un peu tout et même de nous relier à la nature, ce qu'on arrive rarement à faire. C'est ce que j'essaye de faire par mon métier, c'est de nous relier à la nature, à tous ces animaux et ces êtres vivants qui sont autour de nous. Versailles recrée un écosystème qui ressemble à un jardin normal ou à la forêt d'à côté, mais avec une diversité encore plus grande, parce qu'on y a rajouté encore plus d'arbres, encore plus d'eau, encore plus de niveaux, encore plus de falaises, en créant ce château qui profite à des oiseaux. C'est un peu comme on y retrouve tous les animaux qu'on voit près de chez nous. Sauf que quand on vient à Versailles, on est tellement impressionné, on est tellement ému par le château et l'histoire que porte Versailles, les hommes qui ont vécu, qu'on imaginait vivre. qu'on ne regarde pas, les hirondelles qui tournent autour de nous, surtout qu'il y a plein de gens qui tournent autour de nous à ce moment-là, et dans cette espèce de mouvement permanent des gens, et du bâtiment qui ne bouge pas, on ne voit pas trop tous ces animaux qui vivent. Et donc là, je suis venu ici aussi pour ça, pour essayer de montrer que là, en France, et n'importe où en France, et même en ville ou dans les jardins, il y a des centaines d'oiseaux différents. Donc il y a une vie incroyable, toute la journée ils chantent pour délimiter leur territoire, nous on croit que c'est juste des petits chants amoureux, mais c'est toute une diplomatie, c'est une espèce de combat permanent de la vie. Parfois quand on s'arrête le soir et qu'on fait moins de bruit, on les écoute et on trouve ça mignon, mais il y a une histoire à part entière, il y a l'histoire de France, mais il y a l'histoire de la nature permanente qu'on veut raconter aussi. Là on est mardi 24, je suis Ausha d'Apollon, qui est vraiment au centre de tout, entre le château et la perspective. Il n'a pas fait très beau, il y a eu des nuages d'ardoises, d'orages, mais là le soleil vient de passer en dessous et c'est incroyable. La lumière, le ciel qui est purifié par la pluie, la lumière est hyper très rasante, pile dans l'axe du Grand Canal, mais vraiment pile. Et là je suis dans la situation de bonheur et de frustration totale d'un photographe qui ne sait pas où est-ce qu'il doit être. Je suis allé shooter tellement tout est beau. Les sternes tournent en permanence. Il y a une grande sterne qui revole dans tous les sens. Au ras du bain d'Apollon qui est en cercle. Elle tourne, elle tourne. C'est complètement frénétique. C'est un ange. Elle plonge d'un coup et je la suis avec mon autofocus. C'est d'une beauté folle. On n'éteint pas l'interrupteur quand les gens partent. Mais vraiment, là, on s'allume. La vie démarre. La lumière et tous les animaux sont partout. Tous les oiseaux se baladent partout. C'est très beau, c'est vraiment très beau. Et je vais vite arrêter de parler parce que j'ai envie de refaire des photos. Ma technique souvent c'est de rester le plus longtemps possible au même endroit pour appréhender l'endroit jusqu'à ce qu'il y ait vraiment une bonne situation. C'est comme ça que d'un coup il y a un oiseau qui passe autour d'une statue, un animal qui traverse une perspective, une nouvelle espèce qu'on n'avait pas imaginée. J'ai resté le soir dans un champ, tous les soirs j'ai vu qu'il y avait un faucon au breu, c'est un super beau faucon qui passe, qui attaque les hirondelles. Après, il y a un hibou moyen-du qui passe dans la plaine. Le soir, la nuit, on entend les chouettes effraies qui portent bien leur nom, parce qu'elles font des cris, qui font peur. En fait, c'est des grandes dames blanches, des oiseaux tout blancs que je n'ai pas photographiées, mais que j'ai... En fait, à rester en dehors longtemps, tous les jours, je découvre des nouveaux trucs. Parfois, je vais... Là, je suis allé, par exemple, la première fois devant le bain d'Apollon. Il y avait à côté de moi un monsieur qui surveillait, très gentil. Il m'a vu toute la journée regarder les statues. Au début, il m'a pris pour un passionné de statues. Je suis devenu passionné de statues à la fin de la journée. Il est venu me voir et m'a dit « Qu'est-ce que vous faites ? Vous êtes super patient. » J'ai dit « Non, moi c'est facile, j'espère voir un animal arriver. » Du coup, j'ai trouvé cette bergeronnette, des ruisseaux qui nichent dans la grotte. Il m'a dit que les autres jours, il essayait de la voir passer, et que ces journées passaient beaucoup plus vite. Le but, là, c'est de montrer un peu tous ces oiseaux et ces mammifères qui vivent ici et qu'on ne voit pas trop. Mais en même temps, ici, ils ont une vie aussi privilégiée. C'est que certains sont... Ici, il n'y a pas de... Ce n'est pas chassé. C'est protégé dans le sens où les animaux ont une vie assez chouette. Dès que les gens sont partis, il y a des oiseaux qui apparaissent de partout. Et puis même la journée, on voit par exemple ces sternes qui se posent sur le char d'Apollon le soir. C'est complètement fou, des sternes pierre-garin. Moi j'en vois juste parfois sur la Loire ou au bord de la mer. Ces oiseaux, c'est des œuvres d'art. C'est une espèce d'ange incroyable avec ses ailes complètement élancées qui planent comme si c'était gratuit. Puis d'un coup, ils ferment leurs ailes et ils plongent comme un harpon. dans l'eau férocement. Et ça, c'est hyper émouvant. Quand tu vois ça, et que derrière, t'as une statue de char d'Apollon, où justement, t'as des chevaux qui courent, t'imagines des chevaux qui courent dans l'eau, des monstres avec des poissons et tout. Et puis t'as cette petite créature qui, elle, appartient aussi à la mythologie. Si tu prends un peu le temps de la regarder, c'est complètement une espèce de déesse, cet oiseau, il faut imaginer, un peu une mouette, mais taillé comme un avion de chasse. qui paraît toute légère, qui est faite juste de plumes et de queues et qui sort des poissons d'un coup, des miroirs. Ça pour le coup, moi ça m'émeut autant que de voir un autre animal à l'autre bout du monde. C'est juste que dans ce cadre-là, on ne se met pas en situation pour regarder ça. En gros, moi l'oiseau qui m'a le... le plus, qui me touche le plus quand je suis arrivé en premier, qui m'a vraiment inspiré en tant que photographe, c'est les hirondelles, pour plusieurs raisons, parce que... Bon, la première raison, c'est qu'il y a beaucoup d'endroits où j'en voyais quand j'étais petit, où j'en photographiais, et il y en a beaucoup moins. Surtout des hirondelles de fenêtres. Avant, il y en avait dans les fermes autour de chez nous, et maintenant, il y en a beaucoup moins. Parce qu'il y a moins d'insectes dans les champs, et parce qu'elles ont aussi moins de bâtiments pour s'installer. Et pour d'autres raisons qu'on ignore, mais surtout la... la chute des insectes et de leur nourriture principale. Et donc ici, par contre, les hirondelles, il y en a vraiment beaucoup. Il y a notamment des hirondelles de fenêtres qui nichent à plein d'endroits et qui profitent du château. Et ça, ça m'a vraiment marqué d'arriver et de voir déjà le son des hirondelles. petit permanent, les hirondelles qui tournent et c'est hyper enivrant parce que t'as le son et t'as le mouvement de tourbillon des hirondelles tu crois qu'elles vont faire le même mouvement mais elles tournent un peu dans tous les sens puis elles sévitent et surtout ces hirondelles elles passent leur temps à slalomer entre les statues elles passent au-dessus de la chapelle qui est complètement redorée donc c'est impressionnant de voir ces oiseaux et puis il y a d'autres moments quand il faisait gris Le ciel était tout blanc, en surexpression, le ciel devint tout blanc. Donc en jouant avec des premiers plans du bâtiment, j'arrive à recréer une photo toute blanche, comme j'arrive à créer dans la neige. Ça d'un coup, c'est trop bien. C'est comme si j'avais un papier à dessin et que je pouvais mettre ce que je voulais dedans. Et donc là, j'ai fait une photo. Il y a des apôtres. Il y a Saint-Marc, qui est un évangéliste. Donc il a une immense papier, parce qu'il a écrit plein de trucs. Et à côté, il y a Saint-Jean, qui a juste un livre, parce qu'il a écrit l'Apocalypse. Et il y a cette tête, en fait, Saint-Jean, c'est une tête d'enfant, il est souvent fait avec une tête d'enfant jeune. À ce moment-là, il y a ces hirondelles qui passent, donc tu as vraiment l'impression de voir un vieux qui raconte un truc à un enfant, et que l'enfant ne l'écoute pas, et regarde les hirondelles voler autour de lui. Et moi, ça me faisait penser à quand j'étais en classe, je regardais tout le temps par la fenêtre les hirondelles qui atterrissaient sous les fenêtres de l'école. Ça m'a vraiment fait penser à moi-même quand j'étais à l'école. et cette photo j'aime bien parce qu'il y a eu un moment où les hirondelles ont vraiment son passé Alors elles ne sont pas exactement devant les statues, c'est un effet téléobjectif, donc j'essaie de trouver des angles très précis. Et du coup, ça me fait vraiment regarder l'architecture avec des angles très fins et très précis. Et d'un coup, il y en avait un peu de tous les côtés. Et ça crée vraiment ce mouvement, on a l'impression qu'elles tournent autour des statues et ça recrée ce que j'ai vu toute la journée puisqu'elles tournaient autour de moi. Puis les hirondelles, il y a d'autres choses, c'est qu'elles ont besoin de boue pour construire leur nid. et elles profitent de toutes ces terrasses. La terre de la cour est de la même couleur que le château, et ça a dû être fait exprès par des gens qui ont construit, par les architectes et tout, donc c'est beau, mais du coup leur nid est de la même couleur aussi, et surtout elles ont besoin de cette terre. Et donc hier, par exemple, j'ai pris de l'eau dans les bassins, et j'ai mis de l'eau au sol, et ça leur a fait une petite mare, et elles sont toutes atterries pour récupérer de la boue, ce qui fait très sec ces mois-ci. J'étais trop content de les aider un petit peu. Ça, c'est super émouvant quand tu participes à leur construction. Et là, pareil, je m'allonge et j'essaie de les photographier quand elles atterrissent. Et d'un coup, quand elles sont posées au sol, elles ont l'air tellement vulnérables. D'ailleurs, elles se battent entre elles. Ces petits anges, d'un coup, posés au sol, ne sont plus que des êtres vivants, un peu comme nous. Elles n'ont plus leur qualité. Elles arrivent juste à... elles doivent prendre de la terre donc elles redeviennent. Puis là on se rend compte que tous les êtres vivants sont comme ça, la nature est brutale aussi, elles se battent pour récupérer le peu de boue qu'elles peuvent trouver. Et on leur prête toujours aux animaux qui sont beaux, qui ont peut-être d'avoir une vie simple et adorable, mais elles ont une vie aussi dure que la nôtre, sinon plus dure. Et au sol elles sont dans la survie. Ça me faisait penser à un poème de Baudelaire qui disait sur l'Albatros, c'est qu'il y a... exilés sur le sol au milieu des huées. Ces ailes de géants l'empêchent de marcher. Les hirondelles, c'est pareil. Quand elles se posent dans la boue, elles ont leurs deux ailes magnifiques qui sont refermées comme deux arcs. Elles essaient de piétiner pour attraper de la boue. Il y a les autres qui se posent à côté et elles se poussent. Ça, c'est des situations qu'on ne voit pas trop, sinon en prenant le temps de s'allonger, de les regarder toute la journée. Là, je les voyais, elles faisaient des splashes dans les bassins pour se mouiller. et après elles allaient chercher de la boue grâce à l'eau qu'elles avaient sur leur corps. touchait le sol et ça faisait de la boue. Du coup ça m'a donné envie de les aider. C'était super joli à photographier. Sylvain Le Jardinier m'a appelé pour me dire qu'ils avaient broyé les grandes pelouses qui sont au fond de la perspective, derrière l'étoile royale. Je me suis mis à l'affût au fond, avec le château derrière, et les renards sont arrivés des deux côtés, et dont deux femelles qui sont allaitantes, elles ont des mamelles, et donc elles ont besoin de manger, particulièrement pour faire du lait. Et donc là, elles chassent avec grâce, au ras de la pelouse, à pas de loup, et quand elles entendent un petit mulot, elles se bloquent, elles s'avancent comme un guépard, et puis elles rebondissent, elles appétissent leur corps comme un ressort qui rebondit après, et elles sautent. Le buceau en premier sur les mulots, c'est un chasseur hyper agile. Les renards passent beaucoup plus de temps dans le château que nous, autour, juste dans les jardins, que les hommes. Et pourtant on ne les voit jamais. Et puis eux, ils connaissent à peu près tous les endroits, et ils arrivent à s'y nourrir, à y vivre, à y habiter. Et c'est ça qui est touchant, c'est de voir tous ces animaux qui ont une vie à peu près beaucoup plus chargée que la nôtre. qui doivent s'occuper de petits, qui doivent se nourrir, qui doivent se cacher. Et nous, on voit ça juste comme un décor, mais en fait, c'est des habitants à plein temps, et même beaucoup plus longtemps que nous, de la vie et de la nature, et ici, du parc et du château. J'aime bien les renards les voir le soir, parce que d'un coup, tu les vois, ils se baladent partout, et j'en ai suivi un. complètement dans le noir et le seul moyen que j'avais de le voir c'était de le mettre devant des statues. Donc je passais moi derrière les ifs le long des charmis et dans le petit parc et puis d'un coup il y a eu un... d'un coup je l'ai vu apparaître devant une statue, ça fait du blanc dans la nuit les statues et d'un coup en avançant il s'est retrouvé dans l'axe de la statue derrière lui. Donc je me suis allongé et lui s'est arrêté et ça l'a surpris aussi de me voir. Donc j'ai une photo, il est assis dans la nuit et t'as le... La statue qui est blanche, qui est la seule chose qu'on voit dans le noir. La statue, c'est un peu ce qui reste des hommes la nuit. C'est des hommes qui ne bougent pas, tout blanc, posés sur des piédestals et qui regardent passer les renards sans rien dire. Et là, il y a le renard qui lui fait une autre statue posée devant. Pendant quelques minutes, il a été d'accord pour faire la statue devant la statue. J'aime bien cette photo parce qu'elle montre bien... qu'après, s'il part à droite ou à gauche, il redisparaît dans la nuit. Et ça parle aussi de ce que font les animaux toute la journée. La nuit, ils nous apparaissent et ils disparaissent. Et en photo, j'aime bien retranscrire ça. Quand on voit cette photo, on se dit « Oh, c'est incroyable, il s'est arrêté là, il a posé devant et tout » . Parce que ça parle justement de l'inverse. Ça parle du fait que c'est des visions qui sont furtives. La photo peut recréer cette sensation-là d'apparition et de disparition grâce au... au premier plan, au vide, au noir autour. Moi, je ressors de ce projet en me disant que j'ai trouvé un moyen de montrer la nature autour de chez nous. mais en profitant d'un cadre incroyable qui est Versailles. À chaque fois que je photographie la nature autour de chez nous, je n'arrive jamais à la photographier aussi belle que l'émotion qu'elle me procure. C'était hyper enthousiasmant d'essayer de construire des images en m'enrichissant des hommes qui sont ici, des hommes qui sont passés ici et qui ont construit des choses sublimes. Mais en tout cas, ce que je garde comme souvenir, c'est ce mélange d'humanité et de vie sauvage.

  • Speaker #1

    ça y est aujourd'hui on est le 1er juin j'ai fini le mois versailles ce matin c'est la plus belle matinée hier et à une rentrée tard de la fu avec avec christophe et sylvain et qui ont affirmé les renards et des chevreuils ensuite je suis rentré me reposer un peu j'ai regardé chocovitch nadal est ce que jusqu'au bout je pense que c'est là qu'ils aient gagné Et puis j'ai dormi trois heures et je me suis réveillé à 4h30. Je me suis glissé dans la fûte qu'on avait laissée la veille au bout sur la grille royale. Et il y avait beaucoup de brume qui montait depuis le grand canal en écharpe. Des grosses colonnes de fumée qui passaient entre les tilleuls. C'était vraiment très beau.

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Versailles sauvage – Le regard de Jérémie Villet
Et si l’on redécouvrait Versailles à travers le regard d’un animal ? Le Château de Versailles a invité Jérémie Villet, photographe animalier récompensé par National Geographic, à poser son objectif sur la faune discrète qui peuple ses jardins, ses sous-bois et ses étendues. Connu pour ses images minimalistes d’animaux dans la neige, Jérémie quitte ici les paysages blancs pour explorer un univers inattendu : celui, riche et fragile, d’un patrimoine vivant en plein cœur de l’un des monuments les plus visités au monde.

Dans ce podcast, il raconte son expérience d’un mois passé à Versailles, seul ou presque, à l’aube et au crépuscule, à l’affût, en silence, au rythme du vent, de la lumière et des pas feutrés des renards. Il partage ses rencontres, ses émotions, ses hésitations aussi. Observer sans déranger, montrer sans trahir, révéler sans figer : telle est sa démarche. Entre les bosquets sculptés par l’homme et les hautes herbes que fréquentent les chevreuils, les oiseaux et les insectes, il tisse un lien sensible entre nature et culture.

« Ici, les statues ne bougent pas… mais les animaux, eux, vivent, élèvent leurs petits, cherchent leur nourriture. Ce sont les véritables habitants de Versailles », explique-t-il. Loin des clichés habituels, il nous invite à regarder autrement : une hirondelle qui survole la Chapelle royale, une sterne qui plonge dans le Grand Canal, un renard qui se fige dans la nuit devant une sculpture. Le château devient alors un décor vivant, un refuge inattendu pour une biodiversité qu’on oublie souvent de regarder.

Jérémie Villet nous parle aussi de patience, de solitude, de lumière, de poésie. Il se glisse dans les lieux comme un hôte discret, dort dehors, attend parfois des heures pour une seule image. Mais chaque apparition animale est un émerveillement. Le résultat est un travail photographique d’une rare sensibilité, qui capte l’éphémère dans un décor éternel.

Ce projet est aussi une façon de sensibiliser le public à la richesse écologique du Domaine de Versailles. Derrière les allées symétriques et les fontaines sculptées, c’est tout un monde animal qui existe, souvent invisible aux visiteurs mais bien présent : oiseaux nicheurs, mammifères nocturnes, insectes pollinisateurs, et même des espèces rares.


Dans ce podcast, partez à la rencontre de cette faune précieuse à travers les mots d’un photographe passionné.
Découvrez ses images sur le site https://youtu.be/ZOLkxJwVBis https://www.chateauversailles.fr/actualites/vie-domaine/les-animaux-versailles-jeremie-villet#le-projet
Et laissez-vous guider dans un Versailles secret, poétique, et profondément vivant.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    ça y est aujourd'hui on est le 1er juin j'ai fini le mois versailles matin c'est la plus belle matinée hier je suis tard rentrer tard de la fu avec avec christophe et sylvain qui on a filmé les renards et des chevreuils ainsi que Quand le château de Versailles m'a invité, m'a proposé à venir faire des photos ici des animaux, tout de suite ça m'a plu parce que déjà j'habite pas loin et surtout je pense que c'est une occasion privilégiée de photographier la nature qui vit près de chez nous et de la montrer, mais avec le bonheur ici d'avoir un cadre très particulier et encore plus esthétique qui est Versailles, ses jardins et le château. Pour un photographe, c'est un challenge parce que c'est un endroit tellement beau qu'il a été photographié par des millions de gens. C'est un peu un challenge d'essayer de le voir autrement. Mais là, ce qui me sauve, c'est de pouvoir avoir tout le temps, le matin, le soir, pour voir des animaux qui vivent. Très vite, j'ai essayé de... de faire un peu abstraction de cet endroit que je trouve sublime. Au début, je me suis dit qu'il fallait que je me concentre pour essayer de trouver les animaux et tout. Et puis en fait, très vite, j'ai eu envie de montrer les liens qu'il y a graphiques entre ces œuvres d'art, qui sont le château, les jardins, les sculptures, et cette espèce de dialogue permanent entre la nature et la culture, qui est Versailles, une espèce de collaboration avec la nature. Alors je m'appelle Jérémy Villette, je suis photographe animalier, j'ai 30 ans depuis quelques jours et je suis né pas très loin d'ici, dans les Yvelines, je suis né à... une ferme, enfin j'ai grandi dans une ferme au milieu des champs. Les plus proches voisins étaient à 4 km. Mes parents sont agriculteurs et c'est là que j'ai découvert la nature et de fil en aiguille j'ai eu envie de la photographier puis je suis devenu photographe animalier et particulièrement dans la neige. D'habitude, en tout cas, j'essaie de photographier des animaux dans la neige. Alors moi je pense que je peux dire que je suis photographe animalier dans le sens où c'est pas vraiment un métier qui existe. Mais en tout cas un photographe animalier c'est simple, en gros je vais dehors et j'essaie de suivre des animaux, de passer beaucoup de temps à les observer, à essayer juste de les voir. Donc je passe la plupart de mon temps à ne pas faire de photos à peu près. En fait un photographe animalier c'est un photographe qui ne fait presque jamais des photos. Passer son temps dans ses jumelles ou à regarder le sol, le ciel, les arbres. Et parfois quand je croise un animal, j'essaie de faire une photo qui retranscrit un peu toute cette émotion qu'on a en allant dehors. Donc mon métier c'est d'aller quelque part et de me faire tout petit jusqu'à ce qu'il y ait un animal qui passe. Ça sonne bien mais c'est beaucoup de temps à ne pas faire grand chose ou à attendre ou à avoir froid ou à croire que tu ne vas rien voir. Mais c'est génial parce que c'est une bonne excuse pour être bien dehors. Moi, je pense qu'il faut être un peu rêveur pour être photographe parce que la grosse partie du travail, elle n'existe pas. En gros, tu dois espérer voir quelque chose. Tu dois imaginer qu'un animal passe à cet endroit, construire l'image dans ta tête. Les bonnes qualités, souvent, c'est de ne pas être trop organisé, trop préoccupé, ne pas culpabiliser d'être assis à rien faire pendant des semaines. En fait, il faut essayer de sortir un peu du monde. des hommes et d'attendre. Il y a la patience, mais souvent je réponds que c'est plutôt la passion, parce que quand tu espères voir un animal, c'est le meilleur moyen de rester très longtemps. Quand moi je vois un animal au-dessus de la montagne, je l'escale de la montagne, alors que s'il n'y a pas un animal au-dessus, tout de suite je vais être fatigué. Je suis animé par ça. Moi, mon travail de tous les jours, c'est d'essayer de regarder cet émerveillement permanent, et c'est assez facile, parce que dans la nature, on est tous un touriste. Quand j'étais petit, de ma fenêtre, je dormais dans la chambre avec mon frère, on entendait des cerfs qui bramaient. T'imagines un cri rauque qui sort de la forêt la nuit, quand t'es enfant ça fait peur. Et du coup on a eu envie d'aller voir ce que c'était, on est allé à vélo, d'abord mon frère y allait seul, puis il m'a emmené. Et on allait à vélo le matin, on partait très tôt, et nos parents nous laissaient partir, dormir en forêt après même. Avoir tout ça, puis tous mes souvenirs d'enfance c'est des animaux quoi, en bas de chez moi il n'y avait pas un skatepark ou un terrain de basket, il y avait les champs, nos vélos, nos sacs à dos, des jumelles. Et puis quand on retournait à l'école et qu'on racontait ça, les gens ne croyaient pas trop ou nous prenaient un peu pour des fous. Donc on a eu envie de le partager, on commençait à faire des photos à travers les jumelles, à travers le télescope avec un petit appareil. Et puis après, on a eu un appareil photo qu'on nous a offert à Noël, toute notre famille. C'est réuni pour nous offrir un appareil photo que j'ai partagé avec mes deux autres frères. Puis après, on s'est rendu compte qu'on pouvait essayer de transmettre nos émotions. Au début, je disais, regarde, à l'école, quand je montrais ma photo, regarde le cerf, comme ces bois, ils sont impressionnants. Parce que le soir, en revenant, j'avais juste vu ces bois dans les fougères, ça m'avait hanté et tout. Après, je me suis dit, mais non, il suffit d'essayer de faire une photo, on voit juste les bois, entre jours, ça va créer cette émotion-là, plutôt que de diriger le regard sur... à dire, regarde là, dans la photo. notre avantage c'est qu'on regarde tous le monde d'une manière différente La photo nous permet à un moment de mettre les gens un peu dans nos yeux, c'est assez touchant. Très vite j'ai fait des photos dans la neige, j'aimais bien les peintures, les gravures, les hauts crayons, on voit juste l'animal avec le papier blanc, je trouvais que ça retranscrivait bien cette espèce de rêverie quand on aperçoit soit un animal dans le noir la nuit, soit la journée dans un champ immaculé, ou dans la brume d'un étang. La neige recrée ça, elle crée juste cette espèce de... de pureté autour de l'animal. Très tôt, j'ai commencé à faire que des photos dans la neige. Après, j'ai voyagé dans pas mal de pays avec mon van un peu partout en Europe pour essayer de voir différents animaux dans la neige. Pendant les 8 dernières années, j'ai fait que ça, je pars tout l'hiver. J'ai fait un livre qui s'appelle Première neige, et j'expose ces photos un peu partout. Donc au mois de mai, c'est un peu le mois de l'année où il neige un peu nulle part. Donc mai-juin, c'est les mois de l'année où je reviens dans les Yvelines. Et là, c'était l'occasion d'essayer de faire autre chose. J'ai toujours voulu trouver des façons de montrer les animaux qui sont proches de chez nous. Parce que moi, je passe quand même tout le reste de l'année à regarder des animaux dans les champs autour de chez moi, à passer du temps dehors. J'essaie de dormir plein de nuits dehors. Et là, de venir ici à Versailles, de montrer les animaux qui vivent autour du château, dans le parc, c'est tous ces animaux qui vivent dans nos jardins, dans nos forêts, autour de nos villes. Donc je trouvais ça super excitant au niveau de la créativité, de voir comment je pouvais essayer de lier ce qui me fascine comme beauté dans la nature et puis ce que nous, l'homme, on a réussi à faire de très beau aussi, parfois en s'inspirant d'elle ou en la jardinant ou en l'imitant. Et donc là, c'est ce que j'ai fait pendant un mois. Je me suis baladé dans cet espèce d'énorme terrain de jeu. Alors la journée, quand il y a des visiteurs dans le parc et autour du château, puis à d'autres moments où il n'y a plus personne, où je suis tout seul, il y a ce côté un peu jour-nuit, où d'un coup, quand les visiteurs partent, les animaux apparaissent. Donc moi, mon but, c'est d'essayer de trouver tous ces animaux qui sont là et qu'on ne voit pas trop, même la journée. Alors en fait, à Versailles, les animaux ont à peu près la même vie qu'ailleurs, puisqu'ils vivent surtout, les mammifères vivent surtout la nuit. Et aussi parce que c'est des mammifères qui viennent aussi de familles qui sont en dehors du château. Mais pour les oiseaux aussi, c'est juste qu'ils ont l'habitude de voir des gens. Donc les oiseaux, par exemple, il y a des oiseaux qui ont beaucoup moins peur qu'ailleurs, parce que toute la journée, ils voient des gens, donc ça les a habitués aux hommes. Ce matin, je me suis mis au bout de la perspective du Grand Canal, donc tout au fond, collé à la grille. Je suis allé à 4h du matin, j'ai pris mon duvet, deux trépieds, deux télés, mon sac à dos, puis je me suis collé au mur de la grille du fond, face au château, avec la perspective du Grand Canal, il y avait de la brume qui montait. Il y a un brocard qui est passé dans la nuit. Les photos ne sont pas nettes, il n'y a vraiment pas assez de lumière. Ensuite, il est repassé. Je regardais au mauvais endroit. Quand j'ai commencé à le voir, il n'était plus dans l'axe du château. J'étais super dégoûté, mais ça ne se jouait à rien. En gros, ce qui est trop bien dans ce projet, c'est qu'il y a des dizaines et des dizaines de gens qui m'ont aidé. qui m'ont partagé leur expérience, qui m'ont dit que dès qu'ils voyaient un animal quelque part, qui m'ont permis aussi de pouvoir me balader comme je voulais, qui m'ont aidé à pouvoir être un animal, un petit renard de plus, à me balader dans Versailles le soir et le matin. Donc ça c'est chouette aussi, j'ai créé des relations particulières avec des gens qui ont une vie qui est passionnante. et qui sont animés. Ici, les gens ont les yeux qui brillent quand on parle de... Et même, tout à l'heure, je parlais avec deux agents de la surveillance. Ils sont passionnés par les animaux qui vivent dans Versailles. Les animaux, c'est un peu les habitants mystérieux, les fantômes du château. Les gens qui travaillent tous les jours ont ce privilège de les voir comme c'est le même privilège que j'ai eu là. Les jardiniers ont toute l'année le privilège que j'ai là pendant un mois, ou les fontainiers, ou les agents de surveillance. Des gens qui travaillent tard ou tôt autour du château. Quand je cherche les animaux, je me retrouve dans des endroits que je n'ai pas imaginés, dans les jardins, que je trouve très beaux. Le but, c'est d'essayer de montrer ça aussi, mon émotion aussi, à découvrir Versailles. Parce que des moments, j'ai des réflexes de me balader comme si j'étais dans la forêt. Et puis au détour d'un arbre, il y a une perspective incroyable. Et je me dis, c'est trop beau. Ah oui, mais ça a été fait pour ça. Et ça se mélange en fait. Je rebondis tout le temps sur cette situation. Il y a des endroits qui me font penser à ce que je vois dans la forêt sauvage, la profondeur, la grandeur, ou même dans les montagnes, le minimalisme de la nature. En fait, c'est des choses qu'on a recréées en collaboration avec elle dans les jardins. Et puis d'un coup, il y a le château qui apparaît derrière comme une énorme montagne, une falaise avec ses dessins. Ce que je trouve émouvant ici, c'est que les animaux ont une vie un peu humaine. puisqu'ils se baladent sur des chemins et sous des arbres qui ont été taillés et dirigés. Et en même temps, j'y vois le fait que nous, finalement, dans l'art qui est à Versailles, j'y vois tout le temps un rapport à la nature. On est notamment dans les jardins, on est inspirés. Du coup, il y a tout le temps ce dialogue entre l'animal et le social et le culturel. Ces statues magnifiques, cette grotte qui a été recréée, l'eau qui coule partout. Ça correspond à un espèce d'endroit irréel où je regarde ces statues qui... Avec ses chevaux qui bougent, il y a une espèce de mouvement figé. Et d'un coup, il y a un petit oiseau tout léger qui arrive, tout jaune, qui se pose dessus et qui paraît faire que 2 grammes. Donc en photo, au début, ça paraît facile parce que tout est beau, ou du moins tout a été pensé de manière esthétique. Mais en fait, en photo, le but d'une photo, c'est de retranscrire vraiment une émotion. Et à ce moment-là, j'en ai 5 ou 6, donc j'ai tendance à faire 3 ou 4 photos. Il faut faire le chemin inverse. Souvent, dans la neige, j'essaie de trouver une forme dans un paysage immaculé. La neige m'aide, elle me donne une forme de rigueur, comme un travail de commande, où je sais à peu près où aller, parce qu'il n'y a pas beaucoup de choix de forme, ni de premier plan, ni d'arrière-plan. Là, je dois faire un peu l'inverse. Je dois essayer d'isoler une seule chose dans tout ce que je vois, et de m'y concentrer. Par exemple, je vise une statue et un oiseau, j'essaie de trouver le meilleur angle sur cette statue. Ça m'apprend à appréhender la statue pendant longtemps. Tu as l'impression que tout se lie un peu à travers le temps. L'art, en fait, il a cette faculté de relier un peu tout et même de nous relier à la nature, ce qu'on arrive rarement à faire. C'est ce que j'essaye de faire par mon métier, c'est de nous relier à la nature, à tous ces animaux et ces êtres vivants qui sont autour de nous. Versailles recrée un écosystème qui ressemble à un jardin normal ou à la forêt d'à côté, mais avec une diversité encore plus grande, parce qu'on y a rajouté encore plus d'arbres, encore plus d'eau, encore plus de niveaux, encore plus de falaises, en créant ce château qui profite à des oiseaux. C'est un peu comme on y retrouve tous les animaux qu'on voit près de chez nous. Sauf que quand on vient à Versailles, on est tellement impressionné, on est tellement ému par le château et l'histoire que porte Versailles, les hommes qui ont vécu, qu'on imaginait vivre. qu'on ne regarde pas, les hirondelles qui tournent autour de nous, surtout qu'il y a plein de gens qui tournent autour de nous à ce moment-là, et dans cette espèce de mouvement permanent des gens, et du bâtiment qui ne bouge pas, on ne voit pas trop tous ces animaux qui vivent. Et donc là, je suis venu ici aussi pour ça, pour essayer de montrer que là, en France, et n'importe où en France, et même en ville ou dans les jardins, il y a des centaines d'oiseaux différents. Donc il y a une vie incroyable, toute la journée ils chantent pour délimiter leur territoire, nous on croit que c'est juste des petits chants amoureux, mais c'est toute une diplomatie, c'est une espèce de combat permanent de la vie. Parfois quand on s'arrête le soir et qu'on fait moins de bruit, on les écoute et on trouve ça mignon, mais il y a une histoire à part entière, il y a l'histoire de France, mais il y a l'histoire de la nature permanente qu'on veut raconter aussi. Là on est mardi 24, je suis Ausha d'Apollon, qui est vraiment au centre de tout, entre le château et la perspective. Il n'a pas fait très beau, il y a eu des nuages d'ardoises, d'orages, mais là le soleil vient de passer en dessous et c'est incroyable. La lumière, le ciel qui est purifié par la pluie, la lumière est hyper très rasante, pile dans l'axe du Grand Canal, mais vraiment pile. Et là je suis dans la situation de bonheur et de frustration totale d'un photographe qui ne sait pas où est-ce qu'il doit être. Je suis allé shooter tellement tout est beau. Les sternes tournent en permanence. Il y a une grande sterne qui revole dans tous les sens. Au ras du bain d'Apollon qui est en cercle. Elle tourne, elle tourne. C'est complètement frénétique. C'est un ange. Elle plonge d'un coup et je la suis avec mon autofocus. C'est d'une beauté folle. On n'éteint pas l'interrupteur quand les gens partent. Mais vraiment, là, on s'allume. La vie démarre. La lumière et tous les animaux sont partout. Tous les oiseaux se baladent partout. C'est très beau, c'est vraiment très beau. Et je vais vite arrêter de parler parce que j'ai envie de refaire des photos. Ma technique souvent c'est de rester le plus longtemps possible au même endroit pour appréhender l'endroit jusqu'à ce qu'il y ait vraiment une bonne situation. C'est comme ça que d'un coup il y a un oiseau qui passe autour d'une statue, un animal qui traverse une perspective, une nouvelle espèce qu'on n'avait pas imaginée. J'ai resté le soir dans un champ, tous les soirs j'ai vu qu'il y avait un faucon au breu, c'est un super beau faucon qui passe, qui attaque les hirondelles. Après, il y a un hibou moyen-du qui passe dans la plaine. Le soir, la nuit, on entend les chouettes effraies qui portent bien leur nom, parce qu'elles font des cris, qui font peur. En fait, c'est des grandes dames blanches, des oiseaux tout blancs que je n'ai pas photographiées, mais que j'ai... En fait, à rester en dehors longtemps, tous les jours, je découvre des nouveaux trucs. Parfois, je vais... Là, je suis allé, par exemple, la première fois devant le bain d'Apollon. Il y avait à côté de moi un monsieur qui surveillait, très gentil. Il m'a vu toute la journée regarder les statues. Au début, il m'a pris pour un passionné de statues. Je suis devenu passionné de statues à la fin de la journée. Il est venu me voir et m'a dit « Qu'est-ce que vous faites ? Vous êtes super patient. » J'ai dit « Non, moi c'est facile, j'espère voir un animal arriver. » Du coup, j'ai trouvé cette bergeronnette, des ruisseaux qui nichent dans la grotte. Il m'a dit que les autres jours, il essayait de la voir passer, et que ces journées passaient beaucoup plus vite. Le but, là, c'est de montrer un peu tous ces oiseaux et ces mammifères qui vivent ici et qu'on ne voit pas trop. Mais en même temps, ici, ils ont une vie aussi privilégiée. C'est que certains sont... Ici, il n'y a pas de... Ce n'est pas chassé. C'est protégé dans le sens où les animaux ont une vie assez chouette. Dès que les gens sont partis, il y a des oiseaux qui apparaissent de partout. Et puis même la journée, on voit par exemple ces sternes qui se posent sur le char d'Apollon le soir. C'est complètement fou, des sternes pierre-garin. Moi j'en vois juste parfois sur la Loire ou au bord de la mer. Ces oiseaux, c'est des œuvres d'art. C'est une espèce d'ange incroyable avec ses ailes complètement élancées qui planent comme si c'était gratuit. Puis d'un coup, ils ferment leurs ailes et ils plongent comme un harpon. dans l'eau férocement. Et ça, c'est hyper émouvant. Quand tu vois ça, et que derrière, t'as une statue de char d'Apollon, où justement, t'as des chevaux qui courent, t'imagines des chevaux qui courent dans l'eau, des monstres avec des poissons et tout. Et puis t'as cette petite créature qui, elle, appartient aussi à la mythologie. Si tu prends un peu le temps de la regarder, c'est complètement une espèce de déesse, cet oiseau, il faut imaginer, un peu une mouette, mais taillé comme un avion de chasse. qui paraît toute légère, qui est faite juste de plumes et de queues et qui sort des poissons d'un coup, des miroirs. Ça pour le coup, moi ça m'émeut autant que de voir un autre animal à l'autre bout du monde. C'est juste que dans ce cadre-là, on ne se met pas en situation pour regarder ça. En gros, moi l'oiseau qui m'a le... le plus, qui me touche le plus quand je suis arrivé en premier, qui m'a vraiment inspiré en tant que photographe, c'est les hirondelles, pour plusieurs raisons, parce que... Bon, la première raison, c'est qu'il y a beaucoup d'endroits où j'en voyais quand j'étais petit, où j'en photographiais, et il y en a beaucoup moins. Surtout des hirondelles de fenêtres. Avant, il y en avait dans les fermes autour de chez nous, et maintenant, il y en a beaucoup moins. Parce qu'il y a moins d'insectes dans les champs, et parce qu'elles ont aussi moins de bâtiments pour s'installer. Et pour d'autres raisons qu'on ignore, mais surtout la... la chute des insectes et de leur nourriture principale. Et donc ici, par contre, les hirondelles, il y en a vraiment beaucoup. Il y a notamment des hirondelles de fenêtres qui nichent à plein d'endroits et qui profitent du château. Et ça, ça m'a vraiment marqué d'arriver et de voir déjà le son des hirondelles. petit permanent, les hirondelles qui tournent et c'est hyper enivrant parce que t'as le son et t'as le mouvement de tourbillon des hirondelles tu crois qu'elles vont faire le même mouvement mais elles tournent un peu dans tous les sens puis elles sévitent et surtout ces hirondelles elles passent leur temps à slalomer entre les statues elles passent au-dessus de la chapelle qui est complètement redorée donc c'est impressionnant de voir ces oiseaux et puis il y a d'autres moments quand il faisait gris Le ciel était tout blanc, en surexpression, le ciel devint tout blanc. Donc en jouant avec des premiers plans du bâtiment, j'arrive à recréer une photo toute blanche, comme j'arrive à créer dans la neige. Ça d'un coup, c'est trop bien. C'est comme si j'avais un papier à dessin et que je pouvais mettre ce que je voulais dedans. Et donc là, j'ai fait une photo. Il y a des apôtres. Il y a Saint-Marc, qui est un évangéliste. Donc il a une immense papier, parce qu'il a écrit plein de trucs. Et à côté, il y a Saint-Jean, qui a juste un livre, parce qu'il a écrit l'Apocalypse. Et il y a cette tête, en fait, Saint-Jean, c'est une tête d'enfant, il est souvent fait avec une tête d'enfant jeune. À ce moment-là, il y a ces hirondelles qui passent, donc tu as vraiment l'impression de voir un vieux qui raconte un truc à un enfant, et que l'enfant ne l'écoute pas, et regarde les hirondelles voler autour de lui. Et moi, ça me faisait penser à quand j'étais en classe, je regardais tout le temps par la fenêtre les hirondelles qui atterrissaient sous les fenêtres de l'école. Ça m'a vraiment fait penser à moi-même quand j'étais à l'école. et cette photo j'aime bien parce qu'il y a eu un moment où les hirondelles ont vraiment son passé Alors elles ne sont pas exactement devant les statues, c'est un effet téléobjectif, donc j'essaie de trouver des angles très précis. Et du coup, ça me fait vraiment regarder l'architecture avec des angles très fins et très précis. Et d'un coup, il y en avait un peu de tous les côtés. Et ça crée vraiment ce mouvement, on a l'impression qu'elles tournent autour des statues et ça recrée ce que j'ai vu toute la journée puisqu'elles tournaient autour de moi. Puis les hirondelles, il y a d'autres choses, c'est qu'elles ont besoin de boue pour construire leur nid. et elles profitent de toutes ces terrasses. La terre de la cour est de la même couleur que le château, et ça a dû être fait exprès par des gens qui ont construit, par les architectes et tout, donc c'est beau, mais du coup leur nid est de la même couleur aussi, et surtout elles ont besoin de cette terre. Et donc hier, par exemple, j'ai pris de l'eau dans les bassins, et j'ai mis de l'eau au sol, et ça leur a fait une petite mare, et elles sont toutes atterries pour récupérer de la boue, ce qui fait très sec ces mois-ci. J'étais trop content de les aider un petit peu. Ça, c'est super émouvant quand tu participes à leur construction. Et là, pareil, je m'allonge et j'essaie de les photographier quand elles atterrissent. Et d'un coup, quand elles sont posées au sol, elles ont l'air tellement vulnérables. D'ailleurs, elles se battent entre elles. Ces petits anges, d'un coup, posés au sol, ne sont plus que des êtres vivants, un peu comme nous. Elles n'ont plus leur qualité. Elles arrivent juste à... elles doivent prendre de la terre donc elles redeviennent. Puis là on se rend compte que tous les êtres vivants sont comme ça, la nature est brutale aussi, elles se battent pour récupérer le peu de boue qu'elles peuvent trouver. Et on leur prête toujours aux animaux qui sont beaux, qui ont peut-être d'avoir une vie simple et adorable, mais elles ont une vie aussi dure que la nôtre, sinon plus dure. Et au sol elles sont dans la survie. Ça me faisait penser à un poème de Baudelaire qui disait sur l'Albatros, c'est qu'il y a... exilés sur le sol au milieu des huées. Ces ailes de géants l'empêchent de marcher. Les hirondelles, c'est pareil. Quand elles se posent dans la boue, elles ont leurs deux ailes magnifiques qui sont refermées comme deux arcs. Elles essaient de piétiner pour attraper de la boue. Il y a les autres qui se posent à côté et elles se poussent. Ça, c'est des situations qu'on ne voit pas trop, sinon en prenant le temps de s'allonger, de les regarder toute la journée. Là, je les voyais, elles faisaient des splashes dans les bassins pour se mouiller. et après elles allaient chercher de la boue grâce à l'eau qu'elles avaient sur leur corps. touchait le sol et ça faisait de la boue. Du coup ça m'a donné envie de les aider. C'était super joli à photographier. Sylvain Le Jardinier m'a appelé pour me dire qu'ils avaient broyé les grandes pelouses qui sont au fond de la perspective, derrière l'étoile royale. Je me suis mis à l'affût au fond, avec le château derrière, et les renards sont arrivés des deux côtés, et dont deux femelles qui sont allaitantes, elles ont des mamelles, et donc elles ont besoin de manger, particulièrement pour faire du lait. Et donc là, elles chassent avec grâce, au ras de la pelouse, à pas de loup, et quand elles entendent un petit mulot, elles se bloquent, elles s'avancent comme un guépard, et puis elles rebondissent, elles appétissent leur corps comme un ressort qui rebondit après, et elles sautent. Le buceau en premier sur les mulots, c'est un chasseur hyper agile. Les renards passent beaucoup plus de temps dans le château que nous, autour, juste dans les jardins, que les hommes. Et pourtant on ne les voit jamais. Et puis eux, ils connaissent à peu près tous les endroits, et ils arrivent à s'y nourrir, à y vivre, à y habiter. Et c'est ça qui est touchant, c'est de voir tous ces animaux qui ont une vie à peu près beaucoup plus chargée que la nôtre. qui doivent s'occuper de petits, qui doivent se nourrir, qui doivent se cacher. Et nous, on voit ça juste comme un décor, mais en fait, c'est des habitants à plein temps, et même beaucoup plus longtemps que nous, de la vie et de la nature, et ici, du parc et du château. J'aime bien les renards les voir le soir, parce que d'un coup, tu les vois, ils se baladent partout, et j'en ai suivi un. complètement dans le noir et le seul moyen que j'avais de le voir c'était de le mettre devant des statues. Donc je passais moi derrière les ifs le long des charmis et dans le petit parc et puis d'un coup il y a eu un... d'un coup je l'ai vu apparaître devant une statue, ça fait du blanc dans la nuit les statues et d'un coup en avançant il s'est retrouvé dans l'axe de la statue derrière lui. Donc je me suis allongé et lui s'est arrêté et ça l'a surpris aussi de me voir. Donc j'ai une photo, il est assis dans la nuit et t'as le... La statue qui est blanche, qui est la seule chose qu'on voit dans le noir. La statue, c'est un peu ce qui reste des hommes la nuit. C'est des hommes qui ne bougent pas, tout blanc, posés sur des piédestals et qui regardent passer les renards sans rien dire. Et là, il y a le renard qui lui fait une autre statue posée devant. Pendant quelques minutes, il a été d'accord pour faire la statue devant la statue. J'aime bien cette photo parce qu'elle montre bien... qu'après, s'il part à droite ou à gauche, il redisparaît dans la nuit. Et ça parle aussi de ce que font les animaux toute la journée. La nuit, ils nous apparaissent et ils disparaissent. Et en photo, j'aime bien retranscrire ça. Quand on voit cette photo, on se dit « Oh, c'est incroyable, il s'est arrêté là, il a posé devant et tout » . Parce que ça parle justement de l'inverse. Ça parle du fait que c'est des visions qui sont furtives. La photo peut recréer cette sensation-là d'apparition et de disparition grâce au... au premier plan, au vide, au noir autour. Moi, je ressors de ce projet en me disant que j'ai trouvé un moyen de montrer la nature autour de chez nous. mais en profitant d'un cadre incroyable qui est Versailles. À chaque fois que je photographie la nature autour de chez nous, je n'arrive jamais à la photographier aussi belle que l'émotion qu'elle me procure. C'était hyper enthousiasmant d'essayer de construire des images en m'enrichissant des hommes qui sont ici, des hommes qui sont passés ici et qui ont construit des choses sublimes. Mais en tout cas, ce que je garde comme souvenir, c'est ce mélange d'humanité et de vie sauvage.

  • Speaker #1

    ça y est aujourd'hui on est le 1er juin j'ai fini le mois versailles ce matin c'est la plus belle matinée hier et à une rentrée tard de la fu avec avec christophe et sylvain et qui ont affirmé les renards et des chevreuils ensuite je suis rentré me reposer un peu j'ai regardé chocovitch nadal est ce que jusqu'au bout je pense que c'est là qu'ils aient gagné Et puis j'ai dormi trois heures et je me suis réveillé à 4h30. Je me suis glissé dans la fûte qu'on avait laissée la veille au bout sur la grille royale. Et il y avait beaucoup de brume qui montait depuis le grand canal en écharpe. Des grosses colonnes de fumée qui passaient entre les tilleuls. C'était vraiment très beau.

Description

Versailles sauvage – Le regard de Jérémie Villet
Et si l’on redécouvrait Versailles à travers le regard d’un animal ? Le Château de Versailles a invité Jérémie Villet, photographe animalier récompensé par National Geographic, à poser son objectif sur la faune discrète qui peuple ses jardins, ses sous-bois et ses étendues. Connu pour ses images minimalistes d’animaux dans la neige, Jérémie quitte ici les paysages blancs pour explorer un univers inattendu : celui, riche et fragile, d’un patrimoine vivant en plein cœur de l’un des monuments les plus visités au monde.

Dans ce podcast, il raconte son expérience d’un mois passé à Versailles, seul ou presque, à l’aube et au crépuscule, à l’affût, en silence, au rythme du vent, de la lumière et des pas feutrés des renards. Il partage ses rencontres, ses émotions, ses hésitations aussi. Observer sans déranger, montrer sans trahir, révéler sans figer : telle est sa démarche. Entre les bosquets sculptés par l’homme et les hautes herbes que fréquentent les chevreuils, les oiseaux et les insectes, il tisse un lien sensible entre nature et culture.

« Ici, les statues ne bougent pas… mais les animaux, eux, vivent, élèvent leurs petits, cherchent leur nourriture. Ce sont les véritables habitants de Versailles », explique-t-il. Loin des clichés habituels, il nous invite à regarder autrement : une hirondelle qui survole la Chapelle royale, une sterne qui plonge dans le Grand Canal, un renard qui se fige dans la nuit devant une sculpture. Le château devient alors un décor vivant, un refuge inattendu pour une biodiversité qu’on oublie souvent de regarder.

Jérémie Villet nous parle aussi de patience, de solitude, de lumière, de poésie. Il se glisse dans les lieux comme un hôte discret, dort dehors, attend parfois des heures pour une seule image. Mais chaque apparition animale est un émerveillement. Le résultat est un travail photographique d’une rare sensibilité, qui capte l’éphémère dans un décor éternel.

Ce projet est aussi une façon de sensibiliser le public à la richesse écologique du Domaine de Versailles. Derrière les allées symétriques et les fontaines sculptées, c’est tout un monde animal qui existe, souvent invisible aux visiteurs mais bien présent : oiseaux nicheurs, mammifères nocturnes, insectes pollinisateurs, et même des espèces rares.


Dans ce podcast, partez à la rencontre de cette faune précieuse à travers les mots d’un photographe passionné.
Découvrez ses images sur le site https://youtu.be/ZOLkxJwVBis https://www.chateauversailles.fr/actualites/vie-domaine/les-animaux-versailles-jeremie-villet#le-projet
Et laissez-vous guider dans un Versailles secret, poétique, et profondément vivant.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    ça y est aujourd'hui on est le 1er juin j'ai fini le mois versailles matin c'est la plus belle matinée hier je suis tard rentrer tard de la fu avec avec christophe et sylvain qui on a filmé les renards et des chevreuils ainsi que Quand le château de Versailles m'a invité, m'a proposé à venir faire des photos ici des animaux, tout de suite ça m'a plu parce que déjà j'habite pas loin et surtout je pense que c'est une occasion privilégiée de photographier la nature qui vit près de chez nous et de la montrer, mais avec le bonheur ici d'avoir un cadre très particulier et encore plus esthétique qui est Versailles, ses jardins et le château. Pour un photographe, c'est un challenge parce que c'est un endroit tellement beau qu'il a été photographié par des millions de gens. C'est un peu un challenge d'essayer de le voir autrement. Mais là, ce qui me sauve, c'est de pouvoir avoir tout le temps, le matin, le soir, pour voir des animaux qui vivent. Très vite, j'ai essayé de... de faire un peu abstraction de cet endroit que je trouve sublime. Au début, je me suis dit qu'il fallait que je me concentre pour essayer de trouver les animaux et tout. Et puis en fait, très vite, j'ai eu envie de montrer les liens qu'il y a graphiques entre ces œuvres d'art, qui sont le château, les jardins, les sculptures, et cette espèce de dialogue permanent entre la nature et la culture, qui est Versailles, une espèce de collaboration avec la nature. Alors je m'appelle Jérémy Villette, je suis photographe animalier, j'ai 30 ans depuis quelques jours et je suis né pas très loin d'ici, dans les Yvelines, je suis né à... une ferme, enfin j'ai grandi dans une ferme au milieu des champs. Les plus proches voisins étaient à 4 km. Mes parents sont agriculteurs et c'est là que j'ai découvert la nature et de fil en aiguille j'ai eu envie de la photographier puis je suis devenu photographe animalier et particulièrement dans la neige. D'habitude, en tout cas, j'essaie de photographier des animaux dans la neige. Alors moi je pense que je peux dire que je suis photographe animalier dans le sens où c'est pas vraiment un métier qui existe. Mais en tout cas un photographe animalier c'est simple, en gros je vais dehors et j'essaie de suivre des animaux, de passer beaucoup de temps à les observer, à essayer juste de les voir. Donc je passe la plupart de mon temps à ne pas faire de photos à peu près. En fait un photographe animalier c'est un photographe qui ne fait presque jamais des photos. Passer son temps dans ses jumelles ou à regarder le sol, le ciel, les arbres. Et parfois quand je croise un animal, j'essaie de faire une photo qui retranscrit un peu toute cette émotion qu'on a en allant dehors. Donc mon métier c'est d'aller quelque part et de me faire tout petit jusqu'à ce qu'il y ait un animal qui passe. Ça sonne bien mais c'est beaucoup de temps à ne pas faire grand chose ou à attendre ou à avoir froid ou à croire que tu ne vas rien voir. Mais c'est génial parce que c'est une bonne excuse pour être bien dehors. Moi, je pense qu'il faut être un peu rêveur pour être photographe parce que la grosse partie du travail, elle n'existe pas. En gros, tu dois espérer voir quelque chose. Tu dois imaginer qu'un animal passe à cet endroit, construire l'image dans ta tête. Les bonnes qualités, souvent, c'est de ne pas être trop organisé, trop préoccupé, ne pas culpabiliser d'être assis à rien faire pendant des semaines. En fait, il faut essayer de sortir un peu du monde. des hommes et d'attendre. Il y a la patience, mais souvent je réponds que c'est plutôt la passion, parce que quand tu espères voir un animal, c'est le meilleur moyen de rester très longtemps. Quand moi je vois un animal au-dessus de la montagne, je l'escale de la montagne, alors que s'il n'y a pas un animal au-dessus, tout de suite je vais être fatigué. Je suis animé par ça. Moi, mon travail de tous les jours, c'est d'essayer de regarder cet émerveillement permanent, et c'est assez facile, parce que dans la nature, on est tous un touriste. Quand j'étais petit, de ma fenêtre, je dormais dans la chambre avec mon frère, on entendait des cerfs qui bramaient. T'imagines un cri rauque qui sort de la forêt la nuit, quand t'es enfant ça fait peur. Et du coup on a eu envie d'aller voir ce que c'était, on est allé à vélo, d'abord mon frère y allait seul, puis il m'a emmené. Et on allait à vélo le matin, on partait très tôt, et nos parents nous laissaient partir, dormir en forêt après même. Avoir tout ça, puis tous mes souvenirs d'enfance c'est des animaux quoi, en bas de chez moi il n'y avait pas un skatepark ou un terrain de basket, il y avait les champs, nos vélos, nos sacs à dos, des jumelles. Et puis quand on retournait à l'école et qu'on racontait ça, les gens ne croyaient pas trop ou nous prenaient un peu pour des fous. Donc on a eu envie de le partager, on commençait à faire des photos à travers les jumelles, à travers le télescope avec un petit appareil. Et puis après, on a eu un appareil photo qu'on nous a offert à Noël, toute notre famille. C'est réuni pour nous offrir un appareil photo que j'ai partagé avec mes deux autres frères. Puis après, on s'est rendu compte qu'on pouvait essayer de transmettre nos émotions. Au début, je disais, regarde, à l'école, quand je montrais ma photo, regarde le cerf, comme ces bois, ils sont impressionnants. Parce que le soir, en revenant, j'avais juste vu ces bois dans les fougères, ça m'avait hanté et tout. Après, je me suis dit, mais non, il suffit d'essayer de faire une photo, on voit juste les bois, entre jours, ça va créer cette émotion-là, plutôt que de diriger le regard sur... à dire, regarde là, dans la photo. notre avantage c'est qu'on regarde tous le monde d'une manière différente La photo nous permet à un moment de mettre les gens un peu dans nos yeux, c'est assez touchant. Très vite j'ai fait des photos dans la neige, j'aimais bien les peintures, les gravures, les hauts crayons, on voit juste l'animal avec le papier blanc, je trouvais que ça retranscrivait bien cette espèce de rêverie quand on aperçoit soit un animal dans le noir la nuit, soit la journée dans un champ immaculé, ou dans la brume d'un étang. La neige recrée ça, elle crée juste cette espèce de... de pureté autour de l'animal. Très tôt, j'ai commencé à faire que des photos dans la neige. Après, j'ai voyagé dans pas mal de pays avec mon van un peu partout en Europe pour essayer de voir différents animaux dans la neige. Pendant les 8 dernières années, j'ai fait que ça, je pars tout l'hiver. J'ai fait un livre qui s'appelle Première neige, et j'expose ces photos un peu partout. Donc au mois de mai, c'est un peu le mois de l'année où il neige un peu nulle part. Donc mai-juin, c'est les mois de l'année où je reviens dans les Yvelines. Et là, c'était l'occasion d'essayer de faire autre chose. J'ai toujours voulu trouver des façons de montrer les animaux qui sont proches de chez nous. Parce que moi, je passe quand même tout le reste de l'année à regarder des animaux dans les champs autour de chez moi, à passer du temps dehors. J'essaie de dormir plein de nuits dehors. Et là, de venir ici à Versailles, de montrer les animaux qui vivent autour du château, dans le parc, c'est tous ces animaux qui vivent dans nos jardins, dans nos forêts, autour de nos villes. Donc je trouvais ça super excitant au niveau de la créativité, de voir comment je pouvais essayer de lier ce qui me fascine comme beauté dans la nature et puis ce que nous, l'homme, on a réussi à faire de très beau aussi, parfois en s'inspirant d'elle ou en la jardinant ou en l'imitant. Et donc là, c'est ce que j'ai fait pendant un mois. Je me suis baladé dans cet espèce d'énorme terrain de jeu. Alors la journée, quand il y a des visiteurs dans le parc et autour du château, puis à d'autres moments où il n'y a plus personne, où je suis tout seul, il y a ce côté un peu jour-nuit, où d'un coup, quand les visiteurs partent, les animaux apparaissent. Donc moi, mon but, c'est d'essayer de trouver tous ces animaux qui sont là et qu'on ne voit pas trop, même la journée. Alors en fait, à Versailles, les animaux ont à peu près la même vie qu'ailleurs, puisqu'ils vivent surtout, les mammifères vivent surtout la nuit. Et aussi parce que c'est des mammifères qui viennent aussi de familles qui sont en dehors du château. Mais pour les oiseaux aussi, c'est juste qu'ils ont l'habitude de voir des gens. Donc les oiseaux, par exemple, il y a des oiseaux qui ont beaucoup moins peur qu'ailleurs, parce que toute la journée, ils voient des gens, donc ça les a habitués aux hommes. Ce matin, je me suis mis au bout de la perspective du Grand Canal, donc tout au fond, collé à la grille. Je suis allé à 4h du matin, j'ai pris mon duvet, deux trépieds, deux télés, mon sac à dos, puis je me suis collé au mur de la grille du fond, face au château, avec la perspective du Grand Canal, il y avait de la brume qui montait. Il y a un brocard qui est passé dans la nuit. Les photos ne sont pas nettes, il n'y a vraiment pas assez de lumière. Ensuite, il est repassé. Je regardais au mauvais endroit. Quand j'ai commencé à le voir, il n'était plus dans l'axe du château. J'étais super dégoûté, mais ça ne se jouait à rien. En gros, ce qui est trop bien dans ce projet, c'est qu'il y a des dizaines et des dizaines de gens qui m'ont aidé. qui m'ont partagé leur expérience, qui m'ont dit que dès qu'ils voyaient un animal quelque part, qui m'ont permis aussi de pouvoir me balader comme je voulais, qui m'ont aidé à pouvoir être un animal, un petit renard de plus, à me balader dans Versailles le soir et le matin. Donc ça c'est chouette aussi, j'ai créé des relations particulières avec des gens qui ont une vie qui est passionnante. et qui sont animés. Ici, les gens ont les yeux qui brillent quand on parle de... Et même, tout à l'heure, je parlais avec deux agents de la surveillance. Ils sont passionnés par les animaux qui vivent dans Versailles. Les animaux, c'est un peu les habitants mystérieux, les fantômes du château. Les gens qui travaillent tous les jours ont ce privilège de les voir comme c'est le même privilège que j'ai eu là. Les jardiniers ont toute l'année le privilège que j'ai là pendant un mois, ou les fontainiers, ou les agents de surveillance. Des gens qui travaillent tard ou tôt autour du château. Quand je cherche les animaux, je me retrouve dans des endroits que je n'ai pas imaginés, dans les jardins, que je trouve très beaux. Le but, c'est d'essayer de montrer ça aussi, mon émotion aussi, à découvrir Versailles. Parce que des moments, j'ai des réflexes de me balader comme si j'étais dans la forêt. Et puis au détour d'un arbre, il y a une perspective incroyable. Et je me dis, c'est trop beau. Ah oui, mais ça a été fait pour ça. Et ça se mélange en fait. Je rebondis tout le temps sur cette situation. Il y a des endroits qui me font penser à ce que je vois dans la forêt sauvage, la profondeur, la grandeur, ou même dans les montagnes, le minimalisme de la nature. En fait, c'est des choses qu'on a recréées en collaboration avec elle dans les jardins. Et puis d'un coup, il y a le château qui apparaît derrière comme une énorme montagne, une falaise avec ses dessins. Ce que je trouve émouvant ici, c'est que les animaux ont une vie un peu humaine. puisqu'ils se baladent sur des chemins et sous des arbres qui ont été taillés et dirigés. Et en même temps, j'y vois le fait que nous, finalement, dans l'art qui est à Versailles, j'y vois tout le temps un rapport à la nature. On est notamment dans les jardins, on est inspirés. Du coup, il y a tout le temps ce dialogue entre l'animal et le social et le culturel. Ces statues magnifiques, cette grotte qui a été recréée, l'eau qui coule partout. Ça correspond à un espèce d'endroit irréel où je regarde ces statues qui... Avec ses chevaux qui bougent, il y a une espèce de mouvement figé. Et d'un coup, il y a un petit oiseau tout léger qui arrive, tout jaune, qui se pose dessus et qui paraît faire que 2 grammes. Donc en photo, au début, ça paraît facile parce que tout est beau, ou du moins tout a été pensé de manière esthétique. Mais en fait, en photo, le but d'une photo, c'est de retranscrire vraiment une émotion. Et à ce moment-là, j'en ai 5 ou 6, donc j'ai tendance à faire 3 ou 4 photos. Il faut faire le chemin inverse. Souvent, dans la neige, j'essaie de trouver une forme dans un paysage immaculé. La neige m'aide, elle me donne une forme de rigueur, comme un travail de commande, où je sais à peu près où aller, parce qu'il n'y a pas beaucoup de choix de forme, ni de premier plan, ni d'arrière-plan. Là, je dois faire un peu l'inverse. Je dois essayer d'isoler une seule chose dans tout ce que je vois, et de m'y concentrer. Par exemple, je vise une statue et un oiseau, j'essaie de trouver le meilleur angle sur cette statue. Ça m'apprend à appréhender la statue pendant longtemps. Tu as l'impression que tout se lie un peu à travers le temps. L'art, en fait, il a cette faculté de relier un peu tout et même de nous relier à la nature, ce qu'on arrive rarement à faire. C'est ce que j'essaye de faire par mon métier, c'est de nous relier à la nature, à tous ces animaux et ces êtres vivants qui sont autour de nous. Versailles recrée un écosystème qui ressemble à un jardin normal ou à la forêt d'à côté, mais avec une diversité encore plus grande, parce qu'on y a rajouté encore plus d'arbres, encore plus d'eau, encore plus de niveaux, encore plus de falaises, en créant ce château qui profite à des oiseaux. C'est un peu comme on y retrouve tous les animaux qu'on voit près de chez nous. Sauf que quand on vient à Versailles, on est tellement impressionné, on est tellement ému par le château et l'histoire que porte Versailles, les hommes qui ont vécu, qu'on imaginait vivre. qu'on ne regarde pas, les hirondelles qui tournent autour de nous, surtout qu'il y a plein de gens qui tournent autour de nous à ce moment-là, et dans cette espèce de mouvement permanent des gens, et du bâtiment qui ne bouge pas, on ne voit pas trop tous ces animaux qui vivent. Et donc là, je suis venu ici aussi pour ça, pour essayer de montrer que là, en France, et n'importe où en France, et même en ville ou dans les jardins, il y a des centaines d'oiseaux différents. Donc il y a une vie incroyable, toute la journée ils chantent pour délimiter leur territoire, nous on croit que c'est juste des petits chants amoureux, mais c'est toute une diplomatie, c'est une espèce de combat permanent de la vie. Parfois quand on s'arrête le soir et qu'on fait moins de bruit, on les écoute et on trouve ça mignon, mais il y a une histoire à part entière, il y a l'histoire de France, mais il y a l'histoire de la nature permanente qu'on veut raconter aussi. Là on est mardi 24, je suis Ausha d'Apollon, qui est vraiment au centre de tout, entre le château et la perspective. Il n'a pas fait très beau, il y a eu des nuages d'ardoises, d'orages, mais là le soleil vient de passer en dessous et c'est incroyable. La lumière, le ciel qui est purifié par la pluie, la lumière est hyper très rasante, pile dans l'axe du Grand Canal, mais vraiment pile. Et là je suis dans la situation de bonheur et de frustration totale d'un photographe qui ne sait pas où est-ce qu'il doit être. Je suis allé shooter tellement tout est beau. Les sternes tournent en permanence. Il y a une grande sterne qui revole dans tous les sens. Au ras du bain d'Apollon qui est en cercle. Elle tourne, elle tourne. C'est complètement frénétique. C'est un ange. Elle plonge d'un coup et je la suis avec mon autofocus. C'est d'une beauté folle. On n'éteint pas l'interrupteur quand les gens partent. Mais vraiment, là, on s'allume. La vie démarre. La lumière et tous les animaux sont partout. Tous les oiseaux se baladent partout. C'est très beau, c'est vraiment très beau. Et je vais vite arrêter de parler parce que j'ai envie de refaire des photos. Ma technique souvent c'est de rester le plus longtemps possible au même endroit pour appréhender l'endroit jusqu'à ce qu'il y ait vraiment une bonne situation. C'est comme ça que d'un coup il y a un oiseau qui passe autour d'une statue, un animal qui traverse une perspective, une nouvelle espèce qu'on n'avait pas imaginée. J'ai resté le soir dans un champ, tous les soirs j'ai vu qu'il y avait un faucon au breu, c'est un super beau faucon qui passe, qui attaque les hirondelles. Après, il y a un hibou moyen-du qui passe dans la plaine. Le soir, la nuit, on entend les chouettes effraies qui portent bien leur nom, parce qu'elles font des cris, qui font peur. En fait, c'est des grandes dames blanches, des oiseaux tout blancs que je n'ai pas photographiées, mais que j'ai... En fait, à rester en dehors longtemps, tous les jours, je découvre des nouveaux trucs. Parfois, je vais... Là, je suis allé, par exemple, la première fois devant le bain d'Apollon. Il y avait à côté de moi un monsieur qui surveillait, très gentil. Il m'a vu toute la journée regarder les statues. Au début, il m'a pris pour un passionné de statues. Je suis devenu passionné de statues à la fin de la journée. Il est venu me voir et m'a dit « Qu'est-ce que vous faites ? Vous êtes super patient. » J'ai dit « Non, moi c'est facile, j'espère voir un animal arriver. » Du coup, j'ai trouvé cette bergeronnette, des ruisseaux qui nichent dans la grotte. Il m'a dit que les autres jours, il essayait de la voir passer, et que ces journées passaient beaucoup plus vite. Le but, là, c'est de montrer un peu tous ces oiseaux et ces mammifères qui vivent ici et qu'on ne voit pas trop. Mais en même temps, ici, ils ont une vie aussi privilégiée. C'est que certains sont... Ici, il n'y a pas de... Ce n'est pas chassé. C'est protégé dans le sens où les animaux ont une vie assez chouette. Dès que les gens sont partis, il y a des oiseaux qui apparaissent de partout. Et puis même la journée, on voit par exemple ces sternes qui se posent sur le char d'Apollon le soir. C'est complètement fou, des sternes pierre-garin. Moi j'en vois juste parfois sur la Loire ou au bord de la mer. Ces oiseaux, c'est des œuvres d'art. C'est une espèce d'ange incroyable avec ses ailes complètement élancées qui planent comme si c'était gratuit. Puis d'un coup, ils ferment leurs ailes et ils plongent comme un harpon. dans l'eau férocement. Et ça, c'est hyper émouvant. Quand tu vois ça, et que derrière, t'as une statue de char d'Apollon, où justement, t'as des chevaux qui courent, t'imagines des chevaux qui courent dans l'eau, des monstres avec des poissons et tout. Et puis t'as cette petite créature qui, elle, appartient aussi à la mythologie. Si tu prends un peu le temps de la regarder, c'est complètement une espèce de déesse, cet oiseau, il faut imaginer, un peu une mouette, mais taillé comme un avion de chasse. qui paraît toute légère, qui est faite juste de plumes et de queues et qui sort des poissons d'un coup, des miroirs. Ça pour le coup, moi ça m'émeut autant que de voir un autre animal à l'autre bout du monde. C'est juste que dans ce cadre-là, on ne se met pas en situation pour regarder ça. En gros, moi l'oiseau qui m'a le... le plus, qui me touche le plus quand je suis arrivé en premier, qui m'a vraiment inspiré en tant que photographe, c'est les hirondelles, pour plusieurs raisons, parce que... Bon, la première raison, c'est qu'il y a beaucoup d'endroits où j'en voyais quand j'étais petit, où j'en photographiais, et il y en a beaucoup moins. Surtout des hirondelles de fenêtres. Avant, il y en avait dans les fermes autour de chez nous, et maintenant, il y en a beaucoup moins. Parce qu'il y a moins d'insectes dans les champs, et parce qu'elles ont aussi moins de bâtiments pour s'installer. Et pour d'autres raisons qu'on ignore, mais surtout la... la chute des insectes et de leur nourriture principale. Et donc ici, par contre, les hirondelles, il y en a vraiment beaucoup. Il y a notamment des hirondelles de fenêtres qui nichent à plein d'endroits et qui profitent du château. Et ça, ça m'a vraiment marqué d'arriver et de voir déjà le son des hirondelles. petit permanent, les hirondelles qui tournent et c'est hyper enivrant parce que t'as le son et t'as le mouvement de tourbillon des hirondelles tu crois qu'elles vont faire le même mouvement mais elles tournent un peu dans tous les sens puis elles sévitent et surtout ces hirondelles elles passent leur temps à slalomer entre les statues elles passent au-dessus de la chapelle qui est complètement redorée donc c'est impressionnant de voir ces oiseaux et puis il y a d'autres moments quand il faisait gris Le ciel était tout blanc, en surexpression, le ciel devint tout blanc. Donc en jouant avec des premiers plans du bâtiment, j'arrive à recréer une photo toute blanche, comme j'arrive à créer dans la neige. Ça d'un coup, c'est trop bien. C'est comme si j'avais un papier à dessin et que je pouvais mettre ce que je voulais dedans. Et donc là, j'ai fait une photo. Il y a des apôtres. Il y a Saint-Marc, qui est un évangéliste. Donc il a une immense papier, parce qu'il a écrit plein de trucs. Et à côté, il y a Saint-Jean, qui a juste un livre, parce qu'il a écrit l'Apocalypse. Et il y a cette tête, en fait, Saint-Jean, c'est une tête d'enfant, il est souvent fait avec une tête d'enfant jeune. À ce moment-là, il y a ces hirondelles qui passent, donc tu as vraiment l'impression de voir un vieux qui raconte un truc à un enfant, et que l'enfant ne l'écoute pas, et regarde les hirondelles voler autour de lui. Et moi, ça me faisait penser à quand j'étais en classe, je regardais tout le temps par la fenêtre les hirondelles qui atterrissaient sous les fenêtres de l'école. Ça m'a vraiment fait penser à moi-même quand j'étais à l'école. et cette photo j'aime bien parce qu'il y a eu un moment où les hirondelles ont vraiment son passé Alors elles ne sont pas exactement devant les statues, c'est un effet téléobjectif, donc j'essaie de trouver des angles très précis. Et du coup, ça me fait vraiment regarder l'architecture avec des angles très fins et très précis. Et d'un coup, il y en avait un peu de tous les côtés. Et ça crée vraiment ce mouvement, on a l'impression qu'elles tournent autour des statues et ça recrée ce que j'ai vu toute la journée puisqu'elles tournaient autour de moi. Puis les hirondelles, il y a d'autres choses, c'est qu'elles ont besoin de boue pour construire leur nid. et elles profitent de toutes ces terrasses. La terre de la cour est de la même couleur que le château, et ça a dû être fait exprès par des gens qui ont construit, par les architectes et tout, donc c'est beau, mais du coup leur nid est de la même couleur aussi, et surtout elles ont besoin de cette terre. Et donc hier, par exemple, j'ai pris de l'eau dans les bassins, et j'ai mis de l'eau au sol, et ça leur a fait une petite mare, et elles sont toutes atterries pour récupérer de la boue, ce qui fait très sec ces mois-ci. J'étais trop content de les aider un petit peu. Ça, c'est super émouvant quand tu participes à leur construction. Et là, pareil, je m'allonge et j'essaie de les photographier quand elles atterrissent. Et d'un coup, quand elles sont posées au sol, elles ont l'air tellement vulnérables. D'ailleurs, elles se battent entre elles. Ces petits anges, d'un coup, posés au sol, ne sont plus que des êtres vivants, un peu comme nous. Elles n'ont plus leur qualité. Elles arrivent juste à... elles doivent prendre de la terre donc elles redeviennent. Puis là on se rend compte que tous les êtres vivants sont comme ça, la nature est brutale aussi, elles se battent pour récupérer le peu de boue qu'elles peuvent trouver. Et on leur prête toujours aux animaux qui sont beaux, qui ont peut-être d'avoir une vie simple et adorable, mais elles ont une vie aussi dure que la nôtre, sinon plus dure. Et au sol elles sont dans la survie. Ça me faisait penser à un poème de Baudelaire qui disait sur l'Albatros, c'est qu'il y a... exilés sur le sol au milieu des huées. Ces ailes de géants l'empêchent de marcher. Les hirondelles, c'est pareil. Quand elles se posent dans la boue, elles ont leurs deux ailes magnifiques qui sont refermées comme deux arcs. Elles essaient de piétiner pour attraper de la boue. Il y a les autres qui se posent à côté et elles se poussent. Ça, c'est des situations qu'on ne voit pas trop, sinon en prenant le temps de s'allonger, de les regarder toute la journée. Là, je les voyais, elles faisaient des splashes dans les bassins pour se mouiller. et après elles allaient chercher de la boue grâce à l'eau qu'elles avaient sur leur corps. touchait le sol et ça faisait de la boue. Du coup ça m'a donné envie de les aider. C'était super joli à photographier. Sylvain Le Jardinier m'a appelé pour me dire qu'ils avaient broyé les grandes pelouses qui sont au fond de la perspective, derrière l'étoile royale. Je me suis mis à l'affût au fond, avec le château derrière, et les renards sont arrivés des deux côtés, et dont deux femelles qui sont allaitantes, elles ont des mamelles, et donc elles ont besoin de manger, particulièrement pour faire du lait. Et donc là, elles chassent avec grâce, au ras de la pelouse, à pas de loup, et quand elles entendent un petit mulot, elles se bloquent, elles s'avancent comme un guépard, et puis elles rebondissent, elles appétissent leur corps comme un ressort qui rebondit après, et elles sautent. Le buceau en premier sur les mulots, c'est un chasseur hyper agile. Les renards passent beaucoup plus de temps dans le château que nous, autour, juste dans les jardins, que les hommes. Et pourtant on ne les voit jamais. Et puis eux, ils connaissent à peu près tous les endroits, et ils arrivent à s'y nourrir, à y vivre, à y habiter. Et c'est ça qui est touchant, c'est de voir tous ces animaux qui ont une vie à peu près beaucoup plus chargée que la nôtre. qui doivent s'occuper de petits, qui doivent se nourrir, qui doivent se cacher. Et nous, on voit ça juste comme un décor, mais en fait, c'est des habitants à plein temps, et même beaucoup plus longtemps que nous, de la vie et de la nature, et ici, du parc et du château. J'aime bien les renards les voir le soir, parce que d'un coup, tu les vois, ils se baladent partout, et j'en ai suivi un. complètement dans le noir et le seul moyen que j'avais de le voir c'était de le mettre devant des statues. Donc je passais moi derrière les ifs le long des charmis et dans le petit parc et puis d'un coup il y a eu un... d'un coup je l'ai vu apparaître devant une statue, ça fait du blanc dans la nuit les statues et d'un coup en avançant il s'est retrouvé dans l'axe de la statue derrière lui. Donc je me suis allongé et lui s'est arrêté et ça l'a surpris aussi de me voir. Donc j'ai une photo, il est assis dans la nuit et t'as le... La statue qui est blanche, qui est la seule chose qu'on voit dans le noir. La statue, c'est un peu ce qui reste des hommes la nuit. C'est des hommes qui ne bougent pas, tout blanc, posés sur des piédestals et qui regardent passer les renards sans rien dire. Et là, il y a le renard qui lui fait une autre statue posée devant. Pendant quelques minutes, il a été d'accord pour faire la statue devant la statue. J'aime bien cette photo parce qu'elle montre bien... qu'après, s'il part à droite ou à gauche, il redisparaît dans la nuit. Et ça parle aussi de ce que font les animaux toute la journée. La nuit, ils nous apparaissent et ils disparaissent. Et en photo, j'aime bien retranscrire ça. Quand on voit cette photo, on se dit « Oh, c'est incroyable, il s'est arrêté là, il a posé devant et tout » . Parce que ça parle justement de l'inverse. Ça parle du fait que c'est des visions qui sont furtives. La photo peut recréer cette sensation-là d'apparition et de disparition grâce au... au premier plan, au vide, au noir autour. Moi, je ressors de ce projet en me disant que j'ai trouvé un moyen de montrer la nature autour de chez nous. mais en profitant d'un cadre incroyable qui est Versailles. À chaque fois que je photographie la nature autour de chez nous, je n'arrive jamais à la photographier aussi belle que l'émotion qu'elle me procure. C'était hyper enthousiasmant d'essayer de construire des images en m'enrichissant des hommes qui sont ici, des hommes qui sont passés ici et qui ont construit des choses sublimes. Mais en tout cas, ce que je garde comme souvenir, c'est ce mélange d'humanité et de vie sauvage.

  • Speaker #1

    ça y est aujourd'hui on est le 1er juin j'ai fini le mois versailles ce matin c'est la plus belle matinée hier et à une rentrée tard de la fu avec avec christophe et sylvain et qui ont affirmé les renards et des chevreuils ensuite je suis rentré me reposer un peu j'ai regardé chocovitch nadal est ce que jusqu'au bout je pense que c'est là qu'ils aient gagné Et puis j'ai dormi trois heures et je me suis réveillé à 4h30. Je me suis glissé dans la fûte qu'on avait laissée la veille au bout sur la grille royale. Et il y avait beaucoup de brume qui montait depuis le grand canal en écharpe. Des grosses colonnes de fumée qui passaient entre les tilleuls. C'était vraiment très beau.

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