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E13 – Rue de la Solidarité, un tiers-lieu et des initiatives co-construites avec les habitants pour tisser le lien social cover
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Ville Solidaire, Ville Durable - Le podcast de la Fondation des solidarités urbaines

E13 – Rue de la Solidarité, un tiers-lieu et des initiatives co-construites avec les habitants pour tisser le lien social

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11min |18/11/2024
Play
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11min |18/11/2024
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Description

Pour cet épisode, le journaliste Frédéric Vuillod a tendu son micro à Emmanuel Saunier, directeur de D2L-L’Éternel solidaire. Il nous raconte comment a été menée la recherche-action “Rue de la Solidarité”, du nom de la rue éponyme du 19e arrondissement de Paris où se trouve L’Éternel solidaire, tiers-lieu à l’épicentre du projet.


Soutenu par la Fondation des solidarités urbaines dans le cadre de l’appel à projets thématique “Les espaces communs : espaces et temps partagés”, le projet constitue un pôle d’initiatives co-construites avec les habitants (séniors isolés, personnes en situation de précarité, enfants, familles monoparentales…), mais aussi avec les bailleurs sociaux, les associations et les institutions pour favoriser le lien social à l’échelle d’un quartier. Composteur, poulailler, mobilier urbain, espaces végétalisés, gazette de quartier, services et informations de proximité ont ainsi été pensés par et pour ceux qui vivent là et qui sont les premiers acteurs pour dynamiser la vie locale.



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Frédéric Vuillod

    Le monde associatif expérimente et étudie des solutions au cœur de la ville pour améliorer la vie des habitants. Souvent très riches d'enseignements, ces solutions méritent d'être partagées. Je m'appelle Frédéric Vuillon, je suis journaliste et je pars à leur découverte. Vous écoutez Ville solidaire, ville durable, le podcast de la Fondation des solidarités urbaines, le laboratoire des bailleurs sociaux de la ville de Paris, qui offre ici un espace de partage d'expérience aux projets qu'elle soutient. Aujourd'hui, nous sommes avec Emmanuel Saunier pour parler d'une ambition incroyable, presque démesurée, mais qui fait chaud au cœur et qui s'appelle l'éternelle solidaire. Imaginez un peu, c'est le nom d'un tiers lieu à Paris, dans le quartier d'Anne-Hume-Solidarité, parce qu'il y a une rue de la solidarité à Paris. Nous sommes à deux pas des Buts-Chaumont et c'est là qu'est né un pôle d'initiative co-construite par et pour les habitants. Bonjour Emmanuel Saunier. Bonjour. Vous êtes le directeur... de l'éternel solidaire. Est-ce que vous pouvez nous raconter pourquoi vous avez lancé ce projet Rue de la Solidarité et à quelles problématiques vous souhaitiez répondre ?

  • Emmanuel Saunier

    Historiquement, c'est un lieu que j'ai ouvert en 2017. La petite histoire, c'est un lieu que j'avais depuis quelques temps déjà et que j'ai changé de destination en quelque sorte. En l'ouvrant au public, c'est avec une volonté à la fois de faire participer le public et d'autre part... d'apporter une vraie plus-value. Alors comme il se trouve que je suis un vieux militant de l'économie sociale et solidaire, les lieux qu'on peut installer comme ça, souvent ça ne fonctionne pas. Donc on a commencé à ouvrir déjà un lieu de convivialité, un bar qu'on a ouvert deux soirs par semaine, de même mois en 2018. Et au fur et à mesure, on a construit autour de ça un certain nombre de dynamiques, avec à la fois des composteurs, des composteurs de quartier, avec un poulailler, avec pas mal de trucs qui sont des services locaux, qui donnent du sens. à la vie d'un territoire en tout cas. Et puis on s'est mis en tête d'ouvrir un restaurant. Donc le Covid est arrivé là dessus, à peu près un an de retard sur l'ouverture du lieu et parallèlement on avait répondu à un appel de la Fondation sur justement toutes les questions d'acculturation. à la fois du territoire avec un lieu et du lieu avec un territoire. Donc la recherche d'action se pose dans un cadre où on est à la fois nous en train d'ouvrir le lieu et ça pose effectivement la question de la participation. Donc du coup, ce qui nous a intéressé dans cette étude d'action, ça a été de tester différentes actions, différentes façons de communiquer avec le territoire, de l'écouter. pourquoi pas à terme de mettre en place des projets.

  • Frédéric Vuillod

    Donc vous, ce qui vous intéresse, c'est plutôt des projets pérennes qui sont en proximité des habitants, qui habitent le quartier où le tiers-lieu s'installe.

  • Emmanuel Saunier

    Exactement, avec le recul aujourd'hui... En fait, l'expérience qu'on mène, elle est vraiment sur un micro quartier, un micro territoire. Danube Solidarité, grosso modo, c'est 6 000 logements, 84% de logements sociaux. Ce qui m'intéresse vraiment avec ce type de lieu, c'est de travailler au plus près, sur des petits volumes, des petites échelles, et de pouvoir valoriser le travail qu'on fait en proximité.

  • Frédéric Vuillod

    Alors expliquez-moi comment vous avez travaillé, comment s'est déroulée cette recherche-action et quelles ont été les différentes étapes que vous avez menées sur le terrain ?

  • Emmanuel Saunier

    Donc le parti pris, ça a été quand même... un, de se donner le droit à l'erreur, et d'autre part, de se donner aussi pleine liberté. C'est-à-dire qu'y compris dans ce qui a pu être fait, il y a des choses qui moi, avec lesquelles je n'étais pas forcément très fan, voire très pour, ce qui me permet aussi moi aujourd'hui de venir vers vous avec une autre casquette, qui est la casquette du mec qui est encore sur le terrain, et qui sait, qui voit aujourd'hui quelles sont les retombées du projet. Ça c'est vraiment intéressant. Et puis des outils. qui sont somme toute un petit peu basiques. On a fait des questionnaires de quartier, on a fait des balades exploratoires avec les habitants du quartier sur leur propre territoire. Donc ça, c'est des projets assez intéressants dans la mesure où on accompagne le fait de redécouvrir son territoire.

  • Frédéric Vuillod

    Alors, qu'est-ce qui est redécouvrir ? les habitants dans leur propre quartier ?

  • Emmanuel Saunier

    Eh bien, ils vont redécouvrir déjà une partie du patrimoine, de l'histoire. On est quand même, nous, sur un territoire où on a les buts de Chaumont, qui étaient des carrières, où il y a une grosse mémoire de la commune de Paris, des barricades, il y a aussi toutes les plaques de résistants. Enfin, il y a tout un volet historique qu'on peut redécouvrir. Et puis, il y a aussi des activités. Tiens, il y a une asso qui fait ça, je ne le savais pas. Donc ça, ça permet effectivement de mieux communiquer en interne.

  • Frédéric Vuillod

    Alors, on va y venir à la communication, parce que votre projet, rue de la solidarité. Il combine des actions d'aménagement, il combine des actions de valorisation d'espaces publics, de développement des liens sociaux. Et puis, c'est un tiers-lieu, l'éternel solidaire, qui est devenu un espace d'expression. Est-ce que vous pouvez nous dire comment se passe l'expression dans ce tiers-lieu et autour de ce tiers-lieu ?

  • Emmanuel Saunier

    Le vrai sujet, je veux bien répondre sur les outils, etc. Mais ce n'est pas ce qui m'intéresse le plus. Ce qui m'intéresse le plus, c'est ce qui se passe dans l'informel. Et ça passe par de l'accueil inconditionnel. C'est la base. L'accueil inconditionnel, n'importe qui, n'importe comment, n'importe quand. Enfin, à part... On est bien d'accord qu'on ne parle pas de la violence, c'est autre sujet. Mais l'accueil inconditionnel, le côté famille. C'est-à-dire qu'on est vraiment sur un territoire. Donc on est vraiment là tous les jours. Moi, je suis là tous les jours depuis 15 ans quasiment. Et du coup, on va aussi écouter ce qui va se faire. On va aussi comprendre. Moi, je peux, de façon très informelle, accompagner des gars qui vont avoir besoin de faire leur papier. d'auto-entrepreneurs, etc. Donc tout ça, c'est de l'informel, et c'est, à mon sens, le plus important. Après, dans le formel, on a mis en place une gazette. La gazette étant, du coup, composée principalement par les habitants. Du coup, je fais aussi de la médiation numérique sur place. Et du coup, avec plutôt des seniors qui viennent à la médiation numérique pour apprendre à se servir d'un ordinateur, etc. Ou d'un smartphone. On arrive maintenant à construire cette gazette, depuis maintenant deux ans, qui s'appelle la Gazette de l'État et de la Législation Solidaire. C'est à la fois des infos locales, à la fois des infos sur nos structures aussi, sur ce qu'on peut faire, mais aussi sur ce que font les partenaires, mais aussi sur ce que... Des citoyens ont envie de manifester. En termes d'outils, en tout cas, ça c'est un super outil. On parlait de ça, mais on a aussi mis en place une boîte à livres. Il faut quand même l'entretenir, même si les gens mettent des bouquins, les ramènent, etc. Les animations autour de la boîte à livres, c'est un sujet. On a aussi un composteur, donc on a fait des animations autour du composteur avec des mômes. Et puis on a travaillé aussi, ça c'était vachement bien, sur des signalétiques ludiques autour des lieux type école. Donc avec une marrelle, avec des trucs aussi qui permettaient de faire ralentir les trottinettes sur les trottoirs. Attention, on récolte. Pareil, on a fait la même chose avec des jardinières en bois, en palette, qu'on construit nous, qu'on a construit avec des habitants. Et il se trouve que ces jardinières, en fait, celles-là, elles ne sont pas remplies de canettes parce qu'on s'en occupe régulièrement.

  • Frédéric Vuillod

    Alors ce qui est intéressant dans les différentes actions dont vous parlez, qu'elles soient culturelles, que ce soit la boîte à livres, la gazette, que ce soit le compost, que ce soit les jardinières. Tout repose sur l'implication des habitants. Comment est-ce que vous avez fait pour favoriser leur mobilisation ?

  • Emmanuel Saunier

    Il y a pas mal de trucs, notamment Robin Girard qui travaillait avec nous sur ce projet-là avait mis en place un truc qui était des carnets de croquis. Ça c'était assez super. Dans le cadre de marches exploratoires, on donnait aux habitants des carnets de croquis, ce qui pouvait leur permettre sur un mur donné ou sur un plan d'espace donné de pouvoir amener eux la façon dont ils pourraient voir à la fois la décoration ou l'aménagement du lieu. Donc ça, c'était un point vachement intéressant. Et puis, par ailleurs, la mobilisation, on a pu aussi la faire parce qu'on ouvrait le resto, parce qu'on ouvrait sur le territoire. Et du coup, on était déjà dans une démarche de confiance.

  • Frédéric Vuillod

    Qu'est-ce que vous gardez en mémoire de cette phase d'expérimentation et de recherche-action ? Est-ce qu'il y a des photos, des petits bouts de paroles qui vous reviennent à l'esprit ?

  • Emmanuel Saunier

    Oui, il y a plein de trucs en fait. J'ai pris des petits bouts de verbatim qui sont dans le rapport et il y en a deux, trois qui me plaisaient bien. Alors on ne va pas les faire tous. Mais celui-là était bien. C'est une dame qui disait c'est vrai que les jeunes ne respectent pas toujours. Ils se servent des jardinières comme poubelle. Mais il ne faut pas laisser l'ivra. Ils sont assez respectueux s'ils voient que c'est quelqu'un du quartier qui a fait ça. C'est ce genre de choses qui me...

  • Frédéric Vuillod

    Oui, ça dit beaucoup de choses.

  • Emmanuel Saunier

    Qui dit beaucoup de choses. Par exemple, on a fait un des trucs sur le permis de digitaliser aussi. Je vis au fond d'une impasse dans laquelle il y a toujours eu des jeunes qui traînent dans des voitures. garés dans l'impasse. Il y avait pas mal de deals, on a posé des énormes pots de fleurs pour repousser les voitures, on a réussi. Ils ne peuvent plus s'installer dans l'impasse, évidemment c'est plus joli, et pour cela je crois beaucoup au permis de digitaliser. En fait, on a pas mal de sujets comme ça, et il y en a plein.

  • Frédéric Vuillod

    Alors vous parliez tout à l'heure de réplicabilité. Si vous rencontrez d'autres acteurs qui vous disent, votre projet, l'éternel solidaire, il est génial, je veux faire le même dans mon quartier. Quel conseil vous leur donneriez ?

  • Emmanuel Saunier

    C'est une bonne question. Le premier vrai conseil, quoi qu'il arrive, c'est d'avoir ses locaux pour une durée un peu pérenne. Sinon, ce n'est même pas la peine, c'est très compliqué. Par ailleurs, nous, on fait beaucoup d'insertions par activité économique. Donc, que ce soit le restaurant, c'est en insertion par activité économique, mais on a aussi au sein de l'État et de Solidaires un chantier d'insertion BTP. Et c'est vrai qu'en fait, nous, on a tout construit en interne, à peu de choses près. C'est-à-dire que même la cuisine de restaurant, on la construit. les différents équipements, etc. Donc le fait d'être plutôt libre, d'avoir plutôt les moyens de produire soi-même, c'est un plus. Le truc c'est s'installer sur un territoire, ça veut dire vivre avec le territoire, vivre avec ses besoins, répondre à ses besoins. Et on est dans cette dynamique d'échange entre, grosso modo, les besoins de la structure, les besoins du territoire. Et effectivement pour se lancer dans des projets comme ça, je pense qu'il faut être capable aussi d'avoir cette vision du travail. C'est-à-dire que moi je suis un vrai restaurateur, je suis un vrai entrepreneur du bâtiment. Je suis aussi un vrai travailleur social dans l'accompagnement des salariés. Et c'est le tout qui va permettre que les gens en face puissent aussi comprendre ce que vous venez de faire là.

  • Frédéric Vuillod

    Et ce projet aujourd'hui, comment vous le voyez évoluer à l'avenir ?

  • Emmanuel Saunier

    C'est la question du moment en fait, puisque bon, il ne vous a pas échappé qu'on est dans une conjoncture politique un peu complexe. Du coup là, nous on travaille sur le fait de renouveler notre bail, etc. Mais je pense que le développement de ce projet là va passer encore plus par une interaction avec le territoire. Notamment sur toute la question du reconditionnement, du recyclage, tout le côté vert un petit peu qui est important.

  • Frédéric Vuillod

    Merci beaucoup Emmanuel Lebrun pour ce beau témoignage et puis longue vie évidemment à l'éternel solidaire.

  • Emmanuel Saunier

    Eh bien merci !

  • Frédéric Vuillod

    C'était Ville solidaire, Ville durable. Vous pouvez retrouver cet épisode et tous les autres sur toutes les grandes plateformes de podcast, sur le média de l'économie sociale et solidaire Mediatico.fr et sur le site internet de la Fondation des solidarités urbaines fondée par les bailleurs sociaux Paris Habitat. la RIVP et Logisiemp, Aximo, l'Habitation confortable et l'Habitat social français. A bientôt !

Description

Pour cet épisode, le journaliste Frédéric Vuillod a tendu son micro à Emmanuel Saunier, directeur de D2L-L’Éternel solidaire. Il nous raconte comment a été menée la recherche-action “Rue de la Solidarité”, du nom de la rue éponyme du 19e arrondissement de Paris où se trouve L’Éternel solidaire, tiers-lieu à l’épicentre du projet.


Soutenu par la Fondation des solidarités urbaines dans le cadre de l’appel à projets thématique “Les espaces communs : espaces et temps partagés”, le projet constitue un pôle d’initiatives co-construites avec les habitants (séniors isolés, personnes en situation de précarité, enfants, familles monoparentales…), mais aussi avec les bailleurs sociaux, les associations et les institutions pour favoriser le lien social à l’échelle d’un quartier. Composteur, poulailler, mobilier urbain, espaces végétalisés, gazette de quartier, services et informations de proximité ont ainsi été pensés par et pour ceux qui vivent là et qui sont les premiers acteurs pour dynamiser la vie locale.



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Frédéric Vuillod

    Le monde associatif expérimente et étudie des solutions au cœur de la ville pour améliorer la vie des habitants. Souvent très riches d'enseignements, ces solutions méritent d'être partagées. Je m'appelle Frédéric Vuillon, je suis journaliste et je pars à leur découverte. Vous écoutez Ville solidaire, ville durable, le podcast de la Fondation des solidarités urbaines, le laboratoire des bailleurs sociaux de la ville de Paris, qui offre ici un espace de partage d'expérience aux projets qu'elle soutient. Aujourd'hui, nous sommes avec Emmanuel Saunier pour parler d'une ambition incroyable, presque démesurée, mais qui fait chaud au cœur et qui s'appelle l'éternelle solidaire. Imaginez un peu, c'est le nom d'un tiers lieu à Paris, dans le quartier d'Anne-Hume-Solidarité, parce qu'il y a une rue de la solidarité à Paris. Nous sommes à deux pas des Buts-Chaumont et c'est là qu'est né un pôle d'initiative co-construite par et pour les habitants. Bonjour Emmanuel Saunier. Bonjour. Vous êtes le directeur... de l'éternel solidaire. Est-ce que vous pouvez nous raconter pourquoi vous avez lancé ce projet Rue de la Solidarité et à quelles problématiques vous souhaitiez répondre ?

  • Emmanuel Saunier

    Historiquement, c'est un lieu que j'ai ouvert en 2017. La petite histoire, c'est un lieu que j'avais depuis quelques temps déjà et que j'ai changé de destination en quelque sorte. En l'ouvrant au public, c'est avec une volonté à la fois de faire participer le public et d'autre part... d'apporter une vraie plus-value. Alors comme il se trouve que je suis un vieux militant de l'économie sociale et solidaire, les lieux qu'on peut installer comme ça, souvent ça ne fonctionne pas. Donc on a commencé à ouvrir déjà un lieu de convivialité, un bar qu'on a ouvert deux soirs par semaine, de même mois en 2018. Et au fur et à mesure, on a construit autour de ça un certain nombre de dynamiques, avec à la fois des composteurs, des composteurs de quartier, avec un poulailler, avec pas mal de trucs qui sont des services locaux, qui donnent du sens. à la vie d'un territoire en tout cas. Et puis on s'est mis en tête d'ouvrir un restaurant. Donc le Covid est arrivé là dessus, à peu près un an de retard sur l'ouverture du lieu et parallèlement on avait répondu à un appel de la Fondation sur justement toutes les questions d'acculturation. à la fois du territoire avec un lieu et du lieu avec un territoire. Donc la recherche d'action se pose dans un cadre où on est à la fois nous en train d'ouvrir le lieu et ça pose effectivement la question de la participation. Donc du coup, ce qui nous a intéressé dans cette étude d'action, ça a été de tester différentes actions, différentes façons de communiquer avec le territoire, de l'écouter. pourquoi pas à terme de mettre en place des projets.

  • Frédéric Vuillod

    Donc vous, ce qui vous intéresse, c'est plutôt des projets pérennes qui sont en proximité des habitants, qui habitent le quartier où le tiers-lieu s'installe.

  • Emmanuel Saunier

    Exactement, avec le recul aujourd'hui... En fait, l'expérience qu'on mène, elle est vraiment sur un micro quartier, un micro territoire. Danube Solidarité, grosso modo, c'est 6 000 logements, 84% de logements sociaux. Ce qui m'intéresse vraiment avec ce type de lieu, c'est de travailler au plus près, sur des petits volumes, des petites échelles, et de pouvoir valoriser le travail qu'on fait en proximité.

  • Frédéric Vuillod

    Alors expliquez-moi comment vous avez travaillé, comment s'est déroulée cette recherche-action et quelles ont été les différentes étapes que vous avez menées sur le terrain ?

  • Emmanuel Saunier

    Donc le parti pris, ça a été quand même... un, de se donner le droit à l'erreur, et d'autre part, de se donner aussi pleine liberté. C'est-à-dire qu'y compris dans ce qui a pu être fait, il y a des choses qui moi, avec lesquelles je n'étais pas forcément très fan, voire très pour, ce qui me permet aussi moi aujourd'hui de venir vers vous avec une autre casquette, qui est la casquette du mec qui est encore sur le terrain, et qui sait, qui voit aujourd'hui quelles sont les retombées du projet. Ça c'est vraiment intéressant. Et puis des outils. qui sont somme toute un petit peu basiques. On a fait des questionnaires de quartier, on a fait des balades exploratoires avec les habitants du quartier sur leur propre territoire. Donc ça, c'est des projets assez intéressants dans la mesure où on accompagne le fait de redécouvrir son territoire.

  • Frédéric Vuillod

    Alors, qu'est-ce qui est redécouvrir ? les habitants dans leur propre quartier ?

  • Emmanuel Saunier

    Eh bien, ils vont redécouvrir déjà une partie du patrimoine, de l'histoire. On est quand même, nous, sur un territoire où on a les buts de Chaumont, qui étaient des carrières, où il y a une grosse mémoire de la commune de Paris, des barricades, il y a aussi toutes les plaques de résistants. Enfin, il y a tout un volet historique qu'on peut redécouvrir. Et puis, il y a aussi des activités. Tiens, il y a une asso qui fait ça, je ne le savais pas. Donc ça, ça permet effectivement de mieux communiquer en interne.

  • Frédéric Vuillod

    Alors, on va y venir à la communication, parce que votre projet, rue de la solidarité. Il combine des actions d'aménagement, il combine des actions de valorisation d'espaces publics, de développement des liens sociaux. Et puis, c'est un tiers-lieu, l'éternel solidaire, qui est devenu un espace d'expression. Est-ce que vous pouvez nous dire comment se passe l'expression dans ce tiers-lieu et autour de ce tiers-lieu ?

  • Emmanuel Saunier

    Le vrai sujet, je veux bien répondre sur les outils, etc. Mais ce n'est pas ce qui m'intéresse le plus. Ce qui m'intéresse le plus, c'est ce qui se passe dans l'informel. Et ça passe par de l'accueil inconditionnel. C'est la base. L'accueil inconditionnel, n'importe qui, n'importe comment, n'importe quand. Enfin, à part... On est bien d'accord qu'on ne parle pas de la violence, c'est autre sujet. Mais l'accueil inconditionnel, le côté famille. C'est-à-dire qu'on est vraiment sur un territoire. Donc on est vraiment là tous les jours. Moi, je suis là tous les jours depuis 15 ans quasiment. Et du coup, on va aussi écouter ce qui va se faire. On va aussi comprendre. Moi, je peux, de façon très informelle, accompagner des gars qui vont avoir besoin de faire leur papier. d'auto-entrepreneurs, etc. Donc tout ça, c'est de l'informel, et c'est, à mon sens, le plus important. Après, dans le formel, on a mis en place une gazette. La gazette étant, du coup, composée principalement par les habitants. Du coup, je fais aussi de la médiation numérique sur place. Et du coup, avec plutôt des seniors qui viennent à la médiation numérique pour apprendre à se servir d'un ordinateur, etc. Ou d'un smartphone. On arrive maintenant à construire cette gazette, depuis maintenant deux ans, qui s'appelle la Gazette de l'État et de la Législation Solidaire. C'est à la fois des infos locales, à la fois des infos sur nos structures aussi, sur ce qu'on peut faire, mais aussi sur ce que font les partenaires, mais aussi sur ce que... Des citoyens ont envie de manifester. En termes d'outils, en tout cas, ça c'est un super outil. On parlait de ça, mais on a aussi mis en place une boîte à livres. Il faut quand même l'entretenir, même si les gens mettent des bouquins, les ramènent, etc. Les animations autour de la boîte à livres, c'est un sujet. On a aussi un composteur, donc on a fait des animations autour du composteur avec des mômes. Et puis on a travaillé aussi, ça c'était vachement bien, sur des signalétiques ludiques autour des lieux type école. Donc avec une marrelle, avec des trucs aussi qui permettaient de faire ralentir les trottinettes sur les trottoirs. Attention, on récolte. Pareil, on a fait la même chose avec des jardinières en bois, en palette, qu'on construit nous, qu'on a construit avec des habitants. Et il se trouve que ces jardinières, en fait, celles-là, elles ne sont pas remplies de canettes parce qu'on s'en occupe régulièrement.

  • Frédéric Vuillod

    Alors ce qui est intéressant dans les différentes actions dont vous parlez, qu'elles soient culturelles, que ce soit la boîte à livres, la gazette, que ce soit le compost, que ce soit les jardinières. Tout repose sur l'implication des habitants. Comment est-ce que vous avez fait pour favoriser leur mobilisation ?

  • Emmanuel Saunier

    Il y a pas mal de trucs, notamment Robin Girard qui travaillait avec nous sur ce projet-là avait mis en place un truc qui était des carnets de croquis. Ça c'était assez super. Dans le cadre de marches exploratoires, on donnait aux habitants des carnets de croquis, ce qui pouvait leur permettre sur un mur donné ou sur un plan d'espace donné de pouvoir amener eux la façon dont ils pourraient voir à la fois la décoration ou l'aménagement du lieu. Donc ça, c'était un point vachement intéressant. Et puis, par ailleurs, la mobilisation, on a pu aussi la faire parce qu'on ouvrait le resto, parce qu'on ouvrait sur le territoire. Et du coup, on était déjà dans une démarche de confiance.

  • Frédéric Vuillod

    Qu'est-ce que vous gardez en mémoire de cette phase d'expérimentation et de recherche-action ? Est-ce qu'il y a des photos, des petits bouts de paroles qui vous reviennent à l'esprit ?

  • Emmanuel Saunier

    Oui, il y a plein de trucs en fait. J'ai pris des petits bouts de verbatim qui sont dans le rapport et il y en a deux, trois qui me plaisaient bien. Alors on ne va pas les faire tous. Mais celui-là était bien. C'est une dame qui disait c'est vrai que les jeunes ne respectent pas toujours. Ils se servent des jardinières comme poubelle. Mais il ne faut pas laisser l'ivra. Ils sont assez respectueux s'ils voient que c'est quelqu'un du quartier qui a fait ça. C'est ce genre de choses qui me...

  • Frédéric Vuillod

    Oui, ça dit beaucoup de choses.

  • Emmanuel Saunier

    Qui dit beaucoup de choses. Par exemple, on a fait un des trucs sur le permis de digitaliser aussi. Je vis au fond d'une impasse dans laquelle il y a toujours eu des jeunes qui traînent dans des voitures. garés dans l'impasse. Il y avait pas mal de deals, on a posé des énormes pots de fleurs pour repousser les voitures, on a réussi. Ils ne peuvent plus s'installer dans l'impasse, évidemment c'est plus joli, et pour cela je crois beaucoup au permis de digitaliser. En fait, on a pas mal de sujets comme ça, et il y en a plein.

  • Frédéric Vuillod

    Alors vous parliez tout à l'heure de réplicabilité. Si vous rencontrez d'autres acteurs qui vous disent, votre projet, l'éternel solidaire, il est génial, je veux faire le même dans mon quartier. Quel conseil vous leur donneriez ?

  • Emmanuel Saunier

    C'est une bonne question. Le premier vrai conseil, quoi qu'il arrive, c'est d'avoir ses locaux pour une durée un peu pérenne. Sinon, ce n'est même pas la peine, c'est très compliqué. Par ailleurs, nous, on fait beaucoup d'insertions par activité économique. Donc, que ce soit le restaurant, c'est en insertion par activité économique, mais on a aussi au sein de l'État et de Solidaires un chantier d'insertion BTP. Et c'est vrai qu'en fait, nous, on a tout construit en interne, à peu de choses près. C'est-à-dire que même la cuisine de restaurant, on la construit. les différents équipements, etc. Donc le fait d'être plutôt libre, d'avoir plutôt les moyens de produire soi-même, c'est un plus. Le truc c'est s'installer sur un territoire, ça veut dire vivre avec le territoire, vivre avec ses besoins, répondre à ses besoins. Et on est dans cette dynamique d'échange entre, grosso modo, les besoins de la structure, les besoins du territoire. Et effectivement pour se lancer dans des projets comme ça, je pense qu'il faut être capable aussi d'avoir cette vision du travail. C'est-à-dire que moi je suis un vrai restaurateur, je suis un vrai entrepreneur du bâtiment. Je suis aussi un vrai travailleur social dans l'accompagnement des salariés. Et c'est le tout qui va permettre que les gens en face puissent aussi comprendre ce que vous venez de faire là.

  • Frédéric Vuillod

    Et ce projet aujourd'hui, comment vous le voyez évoluer à l'avenir ?

  • Emmanuel Saunier

    C'est la question du moment en fait, puisque bon, il ne vous a pas échappé qu'on est dans une conjoncture politique un peu complexe. Du coup là, nous on travaille sur le fait de renouveler notre bail, etc. Mais je pense que le développement de ce projet là va passer encore plus par une interaction avec le territoire. Notamment sur toute la question du reconditionnement, du recyclage, tout le côté vert un petit peu qui est important.

  • Frédéric Vuillod

    Merci beaucoup Emmanuel Lebrun pour ce beau témoignage et puis longue vie évidemment à l'éternel solidaire.

  • Emmanuel Saunier

    Eh bien merci !

  • Frédéric Vuillod

    C'était Ville solidaire, Ville durable. Vous pouvez retrouver cet épisode et tous les autres sur toutes les grandes plateformes de podcast, sur le média de l'économie sociale et solidaire Mediatico.fr et sur le site internet de la Fondation des solidarités urbaines fondée par les bailleurs sociaux Paris Habitat. la RIVP et Logisiemp, Aximo, l'Habitation confortable et l'Habitat social français. A bientôt !

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Pour cet épisode, le journaliste Frédéric Vuillod a tendu son micro à Emmanuel Saunier, directeur de D2L-L’Éternel solidaire. Il nous raconte comment a été menée la recherche-action “Rue de la Solidarité”, du nom de la rue éponyme du 19e arrondissement de Paris où se trouve L’Éternel solidaire, tiers-lieu à l’épicentre du projet.


Soutenu par la Fondation des solidarités urbaines dans le cadre de l’appel à projets thématique “Les espaces communs : espaces et temps partagés”, le projet constitue un pôle d’initiatives co-construites avec les habitants (séniors isolés, personnes en situation de précarité, enfants, familles monoparentales…), mais aussi avec les bailleurs sociaux, les associations et les institutions pour favoriser le lien social à l’échelle d’un quartier. Composteur, poulailler, mobilier urbain, espaces végétalisés, gazette de quartier, services et informations de proximité ont ainsi été pensés par et pour ceux qui vivent là et qui sont les premiers acteurs pour dynamiser la vie locale.



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Frédéric Vuillod

    Le monde associatif expérimente et étudie des solutions au cœur de la ville pour améliorer la vie des habitants. Souvent très riches d'enseignements, ces solutions méritent d'être partagées. Je m'appelle Frédéric Vuillon, je suis journaliste et je pars à leur découverte. Vous écoutez Ville solidaire, ville durable, le podcast de la Fondation des solidarités urbaines, le laboratoire des bailleurs sociaux de la ville de Paris, qui offre ici un espace de partage d'expérience aux projets qu'elle soutient. Aujourd'hui, nous sommes avec Emmanuel Saunier pour parler d'une ambition incroyable, presque démesurée, mais qui fait chaud au cœur et qui s'appelle l'éternelle solidaire. Imaginez un peu, c'est le nom d'un tiers lieu à Paris, dans le quartier d'Anne-Hume-Solidarité, parce qu'il y a une rue de la solidarité à Paris. Nous sommes à deux pas des Buts-Chaumont et c'est là qu'est né un pôle d'initiative co-construite par et pour les habitants. Bonjour Emmanuel Saunier. Bonjour. Vous êtes le directeur... de l'éternel solidaire. Est-ce que vous pouvez nous raconter pourquoi vous avez lancé ce projet Rue de la Solidarité et à quelles problématiques vous souhaitiez répondre ?

  • Emmanuel Saunier

    Historiquement, c'est un lieu que j'ai ouvert en 2017. La petite histoire, c'est un lieu que j'avais depuis quelques temps déjà et que j'ai changé de destination en quelque sorte. En l'ouvrant au public, c'est avec une volonté à la fois de faire participer le public et d'autre part... d'apporter une vraie plus-value. Alors comme il se trouve que je suis un vieux militant de l'économie sociale et solidaire, les lieux qu'on peut installer comme ça, souvent ça ne fonctionne pas. Donc on a commencé à ouvrir déjà un lieu de convivialité, un bar qu'on a ouvert deux soirs par semaine, de même mois en 2018. Et au fur et à mesure, on a construit autour de ça un certain nombre de dynamiques, avec à la fois des composteurs, des composteurs de quartier, avec un poulailler, avec pas mal de trucs qui sont des services locaux, qui donnent du sens. à la vie d'un territoire en tout cas. Et puis on s'est mis en tête d'ouvrir un restaurant. Donc le Covid est arrivé là dessus, à peu près un an de retard sur l'ouverture du lieu et parallèlement on avait répondu à un appel de la Fondation sur justement toutes les questions d'acculturation. à la fois du territoire avec un lieu et du lieu avec un territoire. Donc la recherche d'action se pose dans un cadre où on est à la fois nous en train d'ouvrir le lieu et ça pose effectivement la question de la participation. Donc du coup, ce qui nous a intéressé dans cette étude d'action, ça a été de tester différentes actions, différentes façons de communiquer avec le territoire, de l'écouter. pourquoi pas à terme de mettre en place des projets.

  • Frédéric Vuillod

    Donc vous, ce qui vous intéresse, c'est plutôt des projets pérennes qui sont en proximité des habitants, qui habitent le quartier où le tiers-lieu s'installe.

  • Emmanuel Saunier

    Exactement, avec le recul aujourd'hui... En fait, l'expérience qu'on mène, elle est vraiment sur un micro quartier, un micro territoire. Danube Solidarité, grosso modo, c'est 6 000 logements, 84% de logements sociaux. Ce qui m'intéresse vraiment avec ce type de lieu, c'est de travailler au plus près, sur des petits volumes, des petites échelles, et de pouvoir valoriser le travail qu'on fait en proximité.

  • Frédéric Vuillod

    Alors expliquez-moi comment vous avez travaillé, comment s'est déroulée cette recherche-action et quelles ont été les différentes étapes que vous avez menées sur le terrain ?

  • Emmanuel Saunier

    Donc le parti pris, ça a été quand même... un, de se donner le droit à l'erreur, et d'autre part, de se donner aussi pleine liberté. C'est-à-dire qu'y compris dans ce qui a pu être fait, il y a des choses qui moi, avec lesquelles je n'étais pas forcément très fan, voire très pour, ce qui me permet aussi moi aujourd'hui de venir vers vous avec une autre casquette, qui est la casquette du mec qui est encore sur le terrain, et qui sait, qui voit aujourd'hui quelles sont les retombées du projet. Ça c'est vraiment intéressant. Et puis des outils. qui sont somme toute un petit peu basiques. On a fait des questionnaires de quartier, on a fait des balades exploratoires avec les habitants du quartier sur leur propre territoire. Donc ça, c'est des projets assez intéressants dans la mesure où on accompagne le fait de redécouvrir son territoire.

  • Frédéric Vuillod

    Alors, qu'est-ce qui est redécouvrir ? les habitants dans leur propre quartier ?

  • Emmanuel Saunier

    Eh bien, ils vont redécouvrir déjà une partie du patrimoine, de l'histoire. On est quand même, nous, sur un territoire où on a les buts de Chaumont, qui étaient des carrières, où il y a une grosse mémoire de la commune de Paris, des barricades, il y a aussi toutes les plaques de résistants. Enfin, il y a tout un volet historique qu'on peut redécouvrir. Et puis, il y a aussi des activités. Tiens, il y a une asso qui fait ça, je ne le savais pas. Donc ça, ça permet effectivement de mieux communiquer en interne.

  • Frédéric Vuillod

    Alors, on va y venir à la communication, parce que votre projet, rue de la solidarité. Il combine des actions d'aménagement, il combine des actions de valorisation d'espaces publics, de développement des liens sociaux. Et puis, c'est un tiers-lieu, l'éternel solidaire, qui est devenu un espace d'expression. Est-ce que vous pouvez nous dire comment se passe l'expression dans ce tiers-lieu et autour de ce tiers-lieu ?

  • Emmanuel Saunier

    Le vrai sujet, je veux bien répondre sur les outils, etc. Mais ce n'est pas ce qui m'intéresse le plus. Ce qui m'intéresse le plus, c'est ce qui se passe dans l'informel. Et ça passe par de l'accueil inconditionnel. C'est la base. L'accueil inconditionnel, n'importe qui, n'importe comment, n'importe quand. Enfin, à part... On est bien d'accord qu'on ne parle pas de la violence, c'est autre sujet. Mais l'accueil inconditionnel, le côté famille. C'est-à-dire qu'on est vraiment sur un territoire. Donc on est vraiment là tous les jours. Moi, je suis là tous les jours depuis 15 ans quasiment. Et du coup, on va aussi écouter ce qui va se faire. On va aussi comprendre. Moi, je peux, de façon très informelle, accompagner des gars qui vont avoir besoin de faire leur papier. d'auto-entrepreneurs, etc. Donc tout ça, c'est de l'informel, et c'est, à mon sens, le plus important. Après, dans le formel, on a mis en place une gazette. La gazette étant, du coup, composée principalement par les habitants. Du coup, je fais aussi de la médiation numérique sur place. Et du coup, avec plutôt des seniors qui viennent à la médiation numérique pour apprendre à se servir d'un ordinateur, etc. Ou d'un smartphone. On arrive maintenant à construire cette gazette, depuis maintenant deux ans, qui s'appelle la Gazette de l'État et de la Législation Solidaire. C'est à la fois des infos locales, à la fois des infos sur nos structures aussi, sur ce qu'on peut faire, mais aussi sur ce que font les partenaires, mais aussi sur ce que... Des citoyens ont envie de manifester. En termes d'outils, en tout cas, ça c'est un super outil. On parlait de ça, mais on a aussi mis en place une boîte à livres. Il faut quand même l'entretenir, même si les gens mettent des bouquins, les ramènent, etc. Les animations autour de la boîte à livres, c'est un sujet. On a aussi un composteur, donc on a fait des animations autour du composteur avec des mômes. Et puis on a travaillé aussi, ça c'était vachement bien, sur des signalétiques ludiques autour des lieux type école. Donc avec une marrelle, avec des trucs aussi qui permettaient de faire ralentir les trottinettes sur les trottoirs. Attention, on récolte. Pareil, on a fait la même chose avec des jardinières en bois, en palette, qu'on construit nous, qu'on a construit avec des habitants. Et il se trouve que ces jardinières, en fait, celles-là, elles ne sont pas remplies de canettes parce qu'on s'en occupe régulièrement.

  • Frédéric Vuillod

    Alors ce qui est intéressant dans les différentes actions dont vous parlez, qu'elles soient culturelles, que ce soit la boîte à livres, la gazette, que ce soit le compost, que ce soit les jardinières. Tout repose sur l'implication des habitants. Comment est-ce que vous avez fait pour favoriser leur mobilisation ?

  • Emmanuel Saunier

    Il y a pas mal de trucs, notamment Robin Girard qui travaillait avec nous sur ce projet-là avait mis en place un truc qui était des carnets de croquis. Ça c'était assez super. Dans le cadre de marches exploratoires, on donnait aux habitants des carnets de croquis, ce qui pouvait leur permettre sur un mur donné ou sur un plan d'espace donné de pouvoir amener eux la façon dont ils pourraient voir à la fois la décoration ou l'aménagement du lieu. Donc ça, c'était un point vachement intéressant. Et puis, par ailleurs, la mobilisation, on a pu aussi la faire parce qu'on ouvrait le resto, parce qu'on ouvrait sur le territoire. Et du coup, on était déjà dans une démarche de confiance.

  • Frédéric Vuillod

    Qu'est-ce que vous gardez en mémoire de cette phase d'expérimentation et de recherche-action ? Est-ce qu'il y a des photos, des petits bouts de paroles qui vous reviennent à l'esprit ?

  • Emmanuel Saunier

    Oui, il y a plein de trucs en fait. J'ai pris des petits bouts de verbatim qui sont dans le rapport et il y en a deux, trois qui me plaisaient bien. Alors on ne va pas les faire tous. Mais celui-là était bien. C'est une dame qui disait c'est vrai que les jeunes ne respectent pas toujours. Ils se servent des jardinières comme poubelle. Mais il ne faut pas laisser l'ivra. Ils sont assez respectueux s'ils voient que c'est quelqu'un du quartier qui a fait ça. C'est ce genre de choses qui me...

  • Frédéric Vuillod

    Oui, ça dit beaucoup de choses.

  • Emmanuel Saunier

    Qui dit beaucoup de choses. Par exemple, on a fait un des trucs sur le permis de digitaliser aussi. Je vis au fond d'une impasse dans laquelle il y a toujours eu des jeunes qui traînent dans des voitures. garés dans l'impasse. Il y avait pas mal de deals, on a posé des énormes pots de fleurs pour repousser les voitures, on a réussi. Ils ne peuvent plus s'installer dans l'impasse, évidemment c'est plus joli, et pour cela je crois beaucoup au permis de digitaliser. En fait, on a pas mal de sujets comme ça, et il y en a plein.

  • Frédéric Vuillod

    Alors vous parliez tout à l'heure de réplicabilité. Si vous rencontrez d'autres acteurs qui vous disent, votre projet, l'éternel solidaire, il est génial, je veux faire le même dans mon quartier. Quel conseil vous leur donneriez ?

  • Emmanuel Saunier

    C'est une bonne question. Le premier vrai conseil, quoi qu'il arrive, c'est d'avoir ses locaux pour une durée un peu pérenne. Sinon, ce n'est même pas la peine, c'est très compliqué. Par ailleurs, nous, on fait beaucoup d'insertions par activité économique. Donc, que ce soit le restaurant, c'est en insertion par activité économique, mais on a aussi au sein de l'État et de Solidaires un chantier d'insertion BTP. Et c'est vrai qu'en fait, nous, on a tout construit en interne, à peu de choses près. C'est-à-dire que même la cuisine de restaurant, on la construit. les différents équipements, etc. Donc le fait d'être plutôt libre, d'avoir plutôt les moyens de produire soi-même, c'est un plus. Le truc c'est s'installer sur un territoire, ça veut dire vivre avec le territoire, vivre avec ses besoins, répondre à ses besoins. Et on est dans cette dynamique d'échange entre, grosso modo, les besoins de la structure, les besoins du territoire. Et effectivement pour se lancer dans des projets comme ça, je pense qu'il faut être capable aussi d'avoir cette vision du travail. C'est-à-dire que moi je suis un vrai restaurateur, je suis un vrai entrepreneur du bâtiment. Je suis aussi un vrai travailleur social dans l'accompagnement des salariés. Et c'est le tout qui va permettre que les gens en face puissent aussi comprendre ce que vous venez de faire là.

  • Frédéric Vuillod

    Et ce projet aujourd'hui, comment vous le voyez évoluer à l'avenir ?

  • Emmanuel Saunier

    C'est la question du moment en fait, puisque bon, il ne vous a pas échappé qu'on est dans une conjoncture politique un peu complexe. Du coup là, nous on travaille sur le fait de renouveler notre bail, etc. Mais je pense que le développement de ce projet là va passer encore plus par une interaction avec le territoire. Notamment sur toute la question du reconditionnement, du recyclage, tout le côté vert un petit peu qui est important.

  • Frédéric Vuillod

    Merci beaucoup Emmanuel Lebrun pour ce beau témoignage et puis longue vie évidemment à l'éternel solidaire.

  • Emmanuel Saunier

    Eh bien merci !

  • Frédéric Vuillod

    C'était Ville solidaire, Ville durable. Vous pouvez retrouver cet épisode et tous les autres sur toutes les grandes plateformes de podcast, sur le média de l'économie sociale et solidaire Mediatico.fr et sur le site internet de la Fondation des solidarités urbaines fondée par les bailleurs sociaux Paris Habitat. la RIVP et Logisiemp, Aximo, l'Habitation confortable et l'Habitat social français. A bientôt !

Description

Pour cet épisode, le journaliste Frédéric Vuillod a tendu son micro à Emmanuel Saunier, directeur de D2L-L’Éternel solidaire. Il nous raconte comment a été menée la recherche-action “Rue de la Solidarité”, du nom de la rue éponyme du 19e arrondissement de Paris où se trouve L’Éternel solidaire, tiers-lieu à l’épicentre du projet.


Soutenu par la Fondation des solidarités urbaines dans le cadre de l’appel à projets thématique “Les espaces communs : espaces et temps partagés”, le projet constitue un pôle d’initiatives co-construites avec les habitants (séniors isolés, personnes en situation de précarité, enfants, familles monoparentales…), mais aussi avec les bailleurs sociaux, les associations et les institutions pour favoriser le lien social à l’échelle d’un quartier. Composteur, poulailler, mobilier urbain, espaces végétalisés, gazette de quartier, services et informations de proximité ont ainsi été pensés par et pour ceux qui vivent là et qui sont les premiers acteurs pour dynamiser la vie locale.



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Frédéric Vuillod

    Le monde associatif expérimente et étudie des solutions au cœur de la ville pour améliorer la vie des habitants. Souvent très riches d'enseignements, ces solutions méritent d'être partagées. Je m'appelle Frédéric Vuillon, je suis journaliste et je pars à leur découverte. Vous écoutez Ville solidaire, ville durable, le podcast de la Fondation des solidarités urbaines, le laboratoire des bailleurs sociaux de la ville de Paris, qui offre ici un espace de partage d'expérience aux projets qu'elle soutient. Aujourd'hui, nous sommes avec Emmanuel Saunier pour parler d'une ambition incroyable, presque démesurée, mais qui fait chaud au cœur et qui s'appelle l'éternelle solidaire. Imaginez un peu, c'est le nom d'un tiers lieu à Paris, dans le quartier d'Anne-Hume-Solidarité, parce qu'il y a une rue de la solidarité à Paris. Nous sommes à deux pas des Buts-Chaumont et c'est là qu'est né un pôle d'initiative co-construite par et pour les habitants. Bonjour Emmanuel Saunier. Bonjour. Vous êtes le directeur... de l'éternel solidaire. Est-ce que vous pouvez nous raconter pourquoi vous avez lancé ce projet Rue de la Solidarité et à quelles problématiques vous souhaitiez répondre ?

  • Emmanuel Saunier

    Historiquement, c'est un lieu que j'ai ouvert en 2017. La petite histoire, c'est un lieu que j'avais depuis quelques temps déjà et que j'ai changé de destination en quelque sorte. En l'ouvrant au public, c'est avec une volonté à la fois de faire participer le public et d'autre part... d'apporter une vraie plus-value. Alors comme il se trouve que je suis un vieux militant de l'économie sociale et solidaire, les lieux qu'on peut installer comme ça, souvent ça ne fonctionne pas. Donc on a commencé à ouvrir déjà un lieu de convivialité, un bar qu'on a ouvert deux soirs par semaine, de même mois en 2018. Et au fur et à mesure, on a construit autour de ça un certain nombre de dynamiques, avec à la fois des composteurs, des composteurs de quartier, avec un poulailler, avec pas mal de trucs qui sont des services locaux, qui donnent du sens. à la vie d'un territoire en tout cas. Et puis on s'est mis en tête d'ouvrir un restaurant. Donc le Covid est arrivé là dessus, à peu près un an de retard sur l'ouverture du lieu et parallèlement on avait répondu à un appel de la Fondation sur justement toutes les questions d'acculturation. à la fois du territoire avec un lieu et du lieu avec un territoire. Donc la recherche d'action se pose dans un cadre où on est à la fois nous en train d'ouvrir le lieu et ça pose effectivement la question de la participation. Donc du coup, ce qui nous a intéressé dans cette étude d'action, ça a été de tester différentes actions, différentes façons de communiquer avec le territoire, de l'écouter. pourquoi pas à terme de mettre en place des projets.

  • Frédéric Vuillod

    Donc vous, ce qui vous intéresse, c'est plutôt des projets pérennes qui sont en proximité des habitants, qui habitent le quartier où le tiers-lieu s'installe.

  • Emmanuel Saunier

    Exactement, avec le recul aujourd'hui... En fait, l'expérience qu'on mène, elle est vraiment sur un micro quartier, un micro territoire. Danube Solidarité, grosso modo, c'est 6 000 logements, 84% de logements sociaux. Ce qui m'intéresse vraiment avec ce type de lieu, c'est de travailler au plus près, sur des petits volumes, des petites échelles, et de pouvoir valoriser le travail qu'on fait en proximité.

  • Frédéric Vuillod

    Alors expliquez-moi comment vous avez travaillé, comment s'est déroulée cette recherche-action et quelles ont été les différentes étapes que vous avez menées sur le terrain ?

  • Emmanuel Saunier

    Donc le parti pris, ça a été quand même... un, de se donner le droit à l'erreur, et d'autre part, de se donner aussi pleine liberté. C'est-à-dire qu'y compris dans ce qui a pu être fait, il y a des choses qui moi, avec lesquelles je n'étais pas forcément très fan, voire très pour, ce qui me permet aussi moi aujourd'hui de venir vers vous avec une autre casquette, qui est la casquette du mec qui est encore sur le terrain, et qui sait, qui voit aujourd'hui quelles sont les retombées du projet. Ça c'est vraiment intéressant. Et puis des outils. qui sont somme toute un petit peu basiques. On a fait des questionnaires de quartier, on a fait des balades exploratoires avec les habitants du quartier sur leur propre territoire. Donc ça, c'est des projets assez intéressants dans la mesure où on accompagne le fait de redécouvrir son territoire.

  • Frédéric Vuillod

    Alors, qu'est-ce qui est redécouvrir ? les habitants dans leur propre quartier ?

  • Emmanuel Saunier

    Eh bien, ils vont redécouvrir déjà une partie du patrimoine, de l'histoire. On est quand même, nous, sur un territoire où on a les buts de Chaumont, qui étaient des carrières, où il y a une grosse mémoire de la commune de Paris, des barricades, il y a aussi toutes les plaques de résistants. Enfin, il y a tout un volet historique qu'on peut redécouvrir. Et puis, il y a aussi des activités. Tiens, il y a une asso qui fait ça, je ne le savais pas. Donc ça, ça permet effectivement de mieux communiquer en interne.

  • Frédéric Vuillod

    Alors, on va y venir à la communication, parce que votre projet, rue de la solidarité. Il combine des actions d'aménagement, il combine des actions de valorisation d'espaces publics, de développement des liens sociaux. Et puis, c'est un tiers-lieu, l'éternel solidaire, qui est devenu un espace d'expression. Est-ce que vous pouvez nous dire comment se passe l'expression dans ce tiers-lieu et autour de ce tiers-lieu ?

  • Emmanuel Saunier

    Le vrai sujet, je veux bien répondre sur les outils, etc. Mais ce n'est pas ce qui m'intéresse le plus. Ce qui m'intéresse le plus, c'est ce qui se passe dans l'informel. Et ça passe par de l'accueil inconditionnel. C'est la base. L'accueil inconditionnel, n'importe qui, n'importe comment, n'importe quand. Enfin, à part... On est bien d'accord qu'on ne parle pas de la violence, c'est autre sujet. Mais l'accueil inconditionnel, le côté famille. C'est-à-dire qu'on est vraiment sur un territoire. Donc on est vraiment là tous les jours. Moi, je suis là tous les jours depuis 15 ans quasiment. Et du coup, on va aussi écouter ce qui va se faire. On va aussi comprendre. Moi, je peux, de façon très informelle, accompagner des gars qui vont avoir besoin de faire leur papier. d'auto-entrepreneurs, etc. Donc tout ça, c'est de l'informel, et c'est, à mon sens, le plus important. Après, dans le formel, on a mis en place une gazette. La gazette étant, du coup, composée principalement par les habitants. Du coup, je fais aussi de la médiation numérique sur place. Et du coup, avec plutôt des seniors qui viennent à la médiation numérique pour apprendre à se servir d'un ordinateur, etc. Ou d'un smartphone. On arrive maintenant à construire cette gazette, depuis maintenant deux ans, qui s'appelle la Gazette de l'État et de la Législation Solidaire. C'est à la fois des infos locales, à la fois des infos sur nos structures aussi, sur ce qu'on peut faire, mais aussi sur ce que font les partenaires, mais aussi sur ce que... Des citoyens ont envie de manifester. En termes d'outils, en tout cas, ça c'est un super outil. On parlait de ça, mais on a aussi mis en place une boîte à livres. Il faut quand même l'entretenir, même si les gens mettent des bouquins, les ramènent, etc. Les animations autour de la boîte à livres, c'est un sujet. On a aussi un composteur, donc on a fait des animations autour du composteur avec des mômes. Et puis on a travaillé aussi, ça c'était vachement bien, sur des signalétiques ludiques autour des lieux type école. Donc avec une marrelle, avec des trucs aussi qui permettaient de faire ralentir les trottinettes sur les trottoirs. Attention, on récolte. Pareil, on a fait la même chose avec des jardinières en bois, en palette, qu'on construit nous, qu'on a construit avec des habitants. Et il se trouve que ces jardinières, en fait, celles-là, elles ne sont pas remplies de canettes parce qu'on s'en occupe régulièrement.

  • Frédéric Vuillod

    Alors ce qui est intéressant dans les différentes actions dont vous parlez, qu'elles soient culturelles, que ce soit la boîte à livres, la gazette, que ce soit le compost, que ce soit les jardinières. Tout repose sur l'implication des habitants. Comment est-ce que vous avez fait pour favoriser leur mobilisation ?

  • Emmanuel Saunier

    Il y a pas mal de trucs, notamment Robin Girard qui travaillait avec nous sur ce projet-là avait mis en place un truc qui était des carnets de croquis. Ça c'était assez super. Dans le cadre de marches exploratoires, on donnait aux habitants des carnets de croquis, ce qui pouvait leur permettre sur un mur donné ou sur un plan d'espace donné de pouvoir amener eux la façon dont ils pourraient voir à la fois la décoration ou l'aménagement du lieu. Donc ça, c'était un point vachement intéressant. Et puis, par ailleurs, la mobilisation, on a pu aussi la faire parce qu'on ouvrait le resto, parce qu'on ouvrait sur le territoire. Et du coup, on était déjà dans une démarche de confiance.

  • Frédéric Vuillod

    Qu'est-ce que vous gardez en mémoire de cette phase d'expérimentation et de recherche-action ? Est-ce qu'il y a des photos, des petits bouts de paroles qui vous reviennent à l'esprit ?

  • Emmanuel Saunier

    Oui, il y a plein de trucs en fait. J'ai pris des petits bouts de verbatim qui sont dans le rapport et il y en a deux, trois qui me plaisaient bien. Alors on ne va pas les faire tous. Mais celui-là était bien. C'est une dame qui disait c'est vrai que les jeunes ne respectent pas toujours. Ils se servent des jardinières comme poubelle. Mais il ne faut pas laisser l'ivra. Ils sont assez respectueux s'ils voient que c'est quelqu'un du quartier qui a fait ça. C'est ce genre de choses qui me...

  • Frédéric Vuillod

    Oui, ça dit beaucoup de choses.

  • Emmanuel Saunier

    Qui dit beaucoup de choses. Par exemple, on a fait un des trucs sur le permis de digitaliser aussi. Je vis au fond d'une impasse dans laquelle il y a toujours eu des jeunes qui traînent dans des voitures. garés dans l'impasse. Il y avait pas mal de deals, on a posé des énormes pots de fleurs pour repousser les voitures, on a réussi. Ils ne peuvent plus s'installer dans l'impasse, évidemment c'est plus joli, et pour cela je crois beaucoup au permis de digitaliser. En fait, on a pas mal de sujets comme ça, et il y en a plein.

  • Frédéric Vuillod

    Alors vous parliez tout à l'heure de réplicabilité. Si vous rencontrez d'autres acteurs qui vous disent, votre projet, l'éternel solidaire, il est génial, je veux faire le même dans mon quartier. Quel conseil vous leur donneriez ?

  • Emmanuel Saunier

    C'est une bonne question. Le premier vrai conseil, quoi qu'il arrive, c'est d'avoir ses locaux pour une durée un peu pérenne. Sinon, ce n'est même pas la peine, c'est très compliqué. Par ailleurs, nous, on fait beaucoup d'insertions par activité économique. Donc, que ce soit le restaurant, c'est en insertion par activité économique, mais on a aussi au sein de l'État et de Solidaires un chantier d'insertion BTP. Et c'est vrai qu'en fait, nous, on a tout construit en interne, à peu de choses près. C'est-à-dire que même la cuisine de restaurant, on la construit. les différents équipements, etc. Donc le fait d'être plutôt libre, d'avoir plutôt les moyens de produire soi-même, c'est un plus. Le truc c'est s'installer sur un territoire, ça veut dire vivre avec le territoire, vivre avec ses besoins, répondre à ses besoins. Et on est dans cette dynamique d'échange entre, grosso modo, les besoins de la structure, les besoins du territoire. Et effectivement pour se lancer dans des projets comme ça, je pense qu'il faut être capable aussi d'avoir cette vision du travail. C'est-à-dire que moi je suis un vrai restaurateur, je suis un vrai entrepreneur du bâtiment. Je suis aussi un vrai travailleur social dans l'accompagnement des salariés. Et c'est le tout qui va permettre que les gens en face puissent aussi comprendre ce que vous venez de faire là.

  • Frédéric Vuillod

    Et ce projet aujourd'hui, comment vous le voyez évoluer à l'avenir ?

  • Emmanuel Saunier

    C'est la question du moment en fait, puisque bon, il ne vous a pas échappé qu'on est dans une conjoncture politique un peu complexe. Du coup là, nous on travaille sur le fait de renouveler notre bail, etc. Mais je pense que le développement de ce projet là va passer encore plus par une interaction avec le territoire. Notamment sur toute la question du reconditionnement, du recyclage, tout le côté vert un petit peu qui est important.

  • Frédéric Vuillod

    Merci beaucoup Emmanuel Lebrun pour ce beau témoignage et puis longue vie évidemment à l'éternel solidaire.

  • Emmanuel Saunier

    Eh bien merci !

  • Frédéric Vuillod

    C'était Ville solidaire, Ville durable. Vous pouvez retrouver cet épisode et tous les autres sur toutes les grandes plateformes de podcast, sur le média de l'économie sociale et solidaire Mediatico.fr et sur le site internet de la Fondation des solidarités urbaines fondée par les bailleurs sociaux Paris Habitat. la RIVP et Logisiemp, Aximo, l'Habitation confortable et l'Habitat social français. A bientôt !

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