- Speaker #0
Donc Élise, on vient d'enregistrer ensemble un épisode dans lequel on a parlé de ta vie, du parcours de ta sœur Louise qui a été emportée par un cancer des ovaires. La prévention est super importante en ce moment, c'est le mois qui aide à la prévention contre les cancers gynécologiques. Donc c'est un peu votre rappel si vous écoutez l'épisode. Et on a parlé bien sûr de ton livre magnifique La vie en turquoise, un livre écrit à quatre mains avec ta sœur. dans lequel tu retraces son combat, son combat en tant que malade et toi, ton combat d'aidante. Est-ce que tu penses que c'est un livre qui devrait être entre les mains de toutes et tous les aidants pour les aider justement ?
- Speaker #1
Après du coup c'est mon livre donc évidemment je vais répondre oui. Mais effectivement ce serait pour moi une sorte d'honneur de pouvoir... Dire que ce livre donne les clés aux aidants. Après, je sais que chaque aidant est différent, chaque aidant a besoin de choses différentes. Donc s'ils peuvent se sentir représentés dans le roman, c'est vraiment super. Après, il ne faut pas oublier que pour aider un aidant, il vaut mieux lui demander ce dont il a besoin. Et je pense que c'est lui qui a toutes les clés pour pouvoir répondre à cette question.
- Speaker #0
Surtout que tu as dit quelque chose de très juste. dans notre échange, tu as dit que souvent, on a tendance à donner aux autres ce qu'on aimerait qu'on nous donne et qu'il vaut mieux poser la question pour savoir ce que la personne a envie de recevoir. Est-ce que toi, c'est quelque chose que tu as eu la chance d'avoir dans ton entourage quand tu as traversé la maladie et la mort de ta sœur ?
- Speaker #1
Oui, tout à fait. J'ai eu beaucoup de chance par rapport à ça. Avec ma maman, on a la même chose. Donc sur ça, on s'est tout de suite comprises. Par contre, avec mon conjoint, c'est vrai que lui, il a plus tendance à avoir besoin d'une solution quand il a un souci. Alors que moi, quand je vais le voir pour lui parler de mes soucis, j'ai besoin d'une écoute, je n'ai pas besoin de solution. Donc ça, ça a été un travail qu'on a pu faire ensemble. Mais je sais que ce n'est pas le cas de tout le monde, de tous les couples, de toutes les familles, de tous les amis. Donc c'est vrai que c'est vraiment important de pouvoir poser ces mots-là pour réceptionner l'aide dont on a vraiment besoin.
- Speaker #0
Et est-ce que ta manière d'accompagner les personnes qui vivent un drame a changé depuis que tu as vécu toi-même ce drame ?
- Speaker #1
J'essaie d'être en fait surtout attentive à comment je me comporte, mais surtout à ce que je dis. Parce que moi par exemple, c'est vrai que les phrases toutes faites, les « ça va aller » ou les « bon courage » ou juste « courage machin » , tout ça c'était des trucs qui ne m'aidaient absolument pas, ça me sortait par les yeux, ou « ça va » . non ça va pas donc aujourd'hui j'essaie vraiment d'être plus attentive à ça et de dire par exemple comment ça va aujourd'hui ou comment ça va là à l'instant T ou juste de ne pas dire en fait comment ça va directement dire je pense à toi ou envoyer un emoji ou pas dire aussi j'espère que ça va aller parce que évidemment tout le monde espère que ça va aller donc c'est vraiment ces phrases qu'on a un peu en automatisme que j'essaie vraiment de plus utiliser et de poser en fait des questions concrètes ou juste même de poser la question, est-ce que tu peux qu'on en parle ? Est-ce que là, c'est le moment pour toi d'en parler, etc. ? Enfin, essayer d'être un peu plus attentive et vraiment de faire attention aux mots choisis parce qu'on n'a pas l'impression, mais ça peut vraiment rajouter un point en plus dans la journée d'une personne qui est aidante ou même une personne malade. Donc vraiment essayer de faire attention à ça.
- Speaker #0
Je te remercie beaucoup.
- Speaker #1
Merci. À bientôt.