Andalousie : un voyage entre mer et montagne cover
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Parlez-moi d’ailleurs

Andalousie : un voyage entre mer et montagne

Andalousie : un voyage entre mer et montagne

25min |20/01/2025
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Parlez-moi d’ailleurs

Andalousie : un voyage entre mer et montagne

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25min |20/01/2025
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Description

La mer, la montagne, les villages blancs, son histoire, ses tapas, et bien sûr, sa charcuterie et son huile d’olive : il faut en aligner, des termes, pour définir l’immensité des possibles offerts par l’Andalousie !


La deuxième plus grande région d’Espagne couvre entièrement le sud du pays. Et c’est Rozenn Leroux, installée à Málaga, autrice du guide Coups de cœur Andalousie aux Éditions Voyages Gallimard, qui nous emmène à travers les différentes provinces de la région.

En deuxième partie, Luis Marquinez Garcia et Mara de Miguel, tous deux membres de l’académie andalouse de gastronomie, nous ferons saliver avec leurs suggestions de dégustation et la découverte de nouveaux cépages car en termes de vins, l’Andalousie s’est bien éloignée des éternels vins taniques qui la symbolisaient !


Enfin, la dernière partie de ce podcast nous plongera dans les années 30 sur ces mêmes terres andalouses, avec la lecture d’un extrait du livre audio Le cœur cousu, signé Carole Martinez, paru dans la collection Écoutez Lire aux Éditions Gallimard.


Parlez-moi d’ailleurs est bien plus qu’un podcast de voyage. C’est une invitation à rêver, à explorer et à rencontrer le monde grâce à ceux qui l’habitent. Alors, laissez-vous transporter, écoutez, et préparez-vous à goûter l’ailleurs, de chez vous ou en chemin.


Réalisation et interviews Marjolaine Koch. Habillage sonore Hélène Bizieau.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Marjolaine

    Parlez-moi d'ailleurs, un podcast Voyages Gallimard. Bienvenue. Laissez-vous raconter l'Andalousie par celles et ceux qui la vivent au quotidien. La mer, la montagne, les villages blancs, son histoire et son architecture moresque, ses tapas, ses ragouts et bien sûr, sa charcuterie et son huile d'olive, il faut en aligner des termes pour définir l'immensité des possibles offerts par l'Andalousie. La deuxième plus grande région d'Espagne couvre entièrement le sud du pays. Et en première partie de ce podcast, c'est Rosane Leroux, autrice du guide Coup de cœur Andalousie aux éditions Voyages Gallimard, qui nous embarque à travers les différentes provinces de la région. En deuxième partie, Luis Marquinez Garcia et Maradé Miguel, tous deux membres de l'Académie Andalouse de Gastronomie, nous feront saliver avec leurs suggestions de dégustation et la découverte de nouveaux cépages car en termes de vin, l'Andalousie s'est bien éloignée des éternels vins tanniques qu'il a symbolisés. Enfin, la dernière partie de ce podcast nous plongera dans les années 30 sur ces mêmes terres andalouses avec la lecture d'un extrait du roman Le cœur cousu. signée Carole Martinez. Elle vit depuis 10 ans tout au sud de l'Espagne, à Malaga, et son métier consiste à écrire des guides de voyage en Afrique, en Amérique du Sud et bien sûr en Andalousie. Rosane Leroux est autrice pour Voyage Gallimard. C'est elle qui a mis à jour la dernière édition du guide de la collection Coup de cœur. Et on s'est appelé pour qu'elle nous raconte son Andalousie. Bonjour Rozenn.

  • Rozenn Leroux

    Bonjour Marjolaine.

  • Marjolaine

    Tu es installée à Malaga. Qu'est-ce qui t'a poussée à choisir l'Andalousie ?

  • Rozenn Leroux

    L'Andalousie, c'était toujours une région qui m'avait attirée pour le soleil, le côté méditerranéen aussi. Et sur un coup de tête, je me suis dit, il faut que j'aille voir. Et j'ai posé mes valises par hasard à Malaga. C'est une ville qui m'a tout de suite plu.

  • Marjolaine

    Et qu'est-ce qui te plaît particulièrement en Andalousie ?

  • Rozenn Leroux

    J'aime beaucoup l'ambiance chaleureuse qui règne dans les rues andalouses. On va souvent avec mes amis manger des tapas, des espétos, des sardinases, des brochettes de sardines. Et on va aussi beaucoup randonner dans les alentours. Donc c'est vrai que... C'est une très bonne qualité de vie.

  • Marjolaine

    Alors il y a une tradition qui fait un peu et même beaucoup l'identité de l'Andalousie, ce sont les ferias. Peux-tu nous expliquer d'où vient cette tradition ?

  • Rozenn Leroux

    L'Andalousie a été longtemps occupée par les Romains. Et à l'époque, les Romains avaient des cérémonies agraires qui s'appelaient feriae et qui étaient pour rendre hommage aux divinités de la fertilité et de l'abondance. Et au fil des siècles, avec l'arrivée des musulmans, Les férias ont évolué en intégrant certains éléments de la culture musulmane, mais aussi l'influence gitane qui a apporté sa touche rythmée avec le flamenco, dont la musique et la danse sont des incontournables des férias andalouses.

  • Marjolaine

    Est-ce qu'il y a des férias que tu nous recommandes plus particulièrement ?

  • Rozenn Leroux

    Déjà, les férias se déroulent d'avril à octobre, donc il y a beaucoup de villes, de villages qui ont leurs propres férias. La première férias qui commence la saison, c'est la férias des Séville. qui est la plus populaire, mais qui reste très fermée avec les casse-tasses privées. Donc moi, je conseillerais plutôt celle de Malaga, en plein mois d'août, qui s'étale sur plus d'une semaine, et donc on peut profiter de la fériade de jour, de la fériade de nuit, et s'amuser dans une ambiance chaleureuse. Nada, del inicio de la feria de Malaga 2024, que comienza este 16 de agosto, con el espectáculo de drones y fuegos artificiales. La ciudad se alista para una semana cargada de actividades, música y folclore para todo tipo de público.

  • Marjolaine

    Et qu'est-ce qui se passe pendant ces journées ? De nuit, de jour, je crois qu'il y a des ambiances différentes.

  • Rozenn Leroux

    Alors premièrement, vous avez la feria de jour qui se déroule dans le centre-ville. Donc là, il y a des concerts, des spectacles de flamenco. Il y a beaucoup de monde dans les rues, tout le monde se rassemble. Et puis après, il y a aussi la feria de nuit, qui est un peu à l'écart du centre-ville, au parc des expositions, où là, vous avez une fête foraine avec la grande route, des manèges, et aussi des cassettes, ce sont des petites maisonnettes colorées où chacune a son ambiance. Donc, on s'y retrouve entre amis, entre collègues, pour aller partager des plats traditionnels, pour aller chanter, pour aller danser jusqu'au bout de la nuit.

  • Marjolaine

    Rozenn, tu nous proposes aussi un itinéraire pour découvrir tous les aspects de l'Andalousie. Alors, en voiture ou en train, c'est possible pour une partie de cet itinéraire. Par quoi nous conseilles-tu de commencer ?

  • Rozenn Leroux

    Bien sûr, je dirais les incontournables de la destination, comme Séville, la capitale andalouse. Il faut bien évidemment ne pas manquer sa cathédrale gothique, qui est l'une des plus grandes au monde et qui abrite le tombeau de Christophe Colomb. Et monter à Sagiralda qui déploie une vue splendide sur la ville. Après on peut aussi aller se balader dans les jardins du Réal à Casar, le palais royal, avant de longer le fleuve Guadalquivir et de partir découvrir le quartier authentique de Triana qui est considéré comme le berceau du flamenco.

  • Marjolaine

    Alors si c'est le berceau du flamenco, ça veut dire qu'il y a beaucoup de spectacles, beaucoup de concerts ?

  • Rozenn Leroux

    Oui, après, c'est généralement improvisé. Il faut pousser un peu la porte des barres et palper un peu l'ambiance qu'il peut y avoir. C'est généralement improvisé.

  • Marjolaine

    Alors, une fois qu'on quitte Séville, où nous emmènes-tu ?

  • Rozenn Leroux

    Après, je vous emmènerai à Cordoue, qui est classée au patrimoine mondial de l'UNESCO, pour sa vieille ville, avec sa mesquita, la mosquée cathédrale. qui est une visite incontournable de la ville. Au départ, c'était une mosquée qui a été construite sur les restes d'une église chrétienne au 8e siècle. Au moment de la prise de la ville par les chrétiens en 1236, cette mosquée a été convertie en église chrétienne. Mais les chrétiens, devant tant de splendeur, ont décidé de préserver cette mosquée et de rajouter des extensions tout autour. Je conseille la visite plutôt la nuit puisqu'il y a des arcades et les arcades sont illuminés avec des projecteurs et ça crée des jeux de lumière assez impressionnants.

  • Marjolaine

    Donc quand on part à Cordoue, on part à l'est de Séville et donc on commence un circuit qui nous emmène sur d'autres destinations, peut-être un petit peu moins connues cette fois-ci ?

  • Rozenn Leroux

    Oui, bien sûr. Vous avez par exemple Montoro qui est situé à une quarantaine de kilomètres à l'est de Cordoue. C'est un petit bourg qui est perché sur une colline escarpée qui surplombe le fleuve Guadalquivir et qui offre des panoramas splendides. Ce sont des petites ruelles pentues bordées de maisons blanches. On peut aussi aller voir la plaza de España qui est entourée de bâtiments et de monuments qui sont construits à partir d'une pierre rouge locale typique. C'est vraiment une très jolie place.

  • Marjolaine

    Alors au départ, tu nous as parlé de ton attrait pour les randonnées. Et Montoro, c'est l'un de tes endroits préférés, je crois. Oui,

  • Rozenn Leroux

    oui, dans toute l'Andalousie, il y a de très jolies randonnées. Montoro, effectivement, on peut aller dans les alentours, au niveau des montagnes. Les paysages, ils sont de toute beauté, passant des forêts de chênes, aux montagnes plantées d'oliviers et d'arbousiers.

  • Marjolaine

    Bon, et après s'être dégourdi les jambes, on repart sur une destination beaucoup plus connue, Grenade.

  • Speaker #2

    La Lambra est beaucoup de choses en même temps. C'est fondamentalement une fortesse, un chateau, avec 2 km de murailles, 32 torres, 4 portes, 10 hectares et un palais au centre.

  • Rozenn Leroux

    Évidemment, on ne peut pas manquer Grenade et sa fameuse Alhambra, cet ensemble majestueux de palais, de forteresses qui ont été érigés entre le XIIIe et le XVe siècle. Alors là, il faut prendre au moins... Une demi-matinée pour aller déambuler dans les splendides jardins de la Lambra aux fontaines relaxantes et pousser la porte de ces fastueux palais pour se laisser étourdir par tant de beauté.

  • Marjolaine

    Alors la Lambra, c'est le grand classique de Grenade, mais je crois que tu as envie de nous faire replonger dans la nature parce que décidément, l'Andalousie, c'est la région où on peut mêler les grands panoramas et le patrimoine.

  • Rozenn Leroux

    Oui, je vous emmène dans les montagnes à l'entour à une heure de Grenade. Aux Alporaras, il y a une région qui est située sur les flancs sud de la Sierra Nevada, où on trouve différents villages pittoresques qui sont accrochés à ces flancs, comme Capilera, Trevelles, Boubion ou encore Pampanera. Alors ce sont des destinations qui sont appréciées au printemps, comme en automne pour les randonnées, mais notamment en hiver pour aller skier sur la Sierra Nevada, d'où l'on voit la Méditerranée. qui se déploie tout en se client. C'est superbe.

  • Marjolaine

    Est-ce qu'il est possible de skier le matin et d'aller plonger dans la mer l'après-midi en hiver ? Ou bien est-ce que l'eau est trop froide quand même ?

  • Rozenn Leroux

    Bon, ça dépend. Les courageux pourront aller se baigner, les bretons pourront y aller. Mais elle reste quand même assez froide l'hiver. Mais ça peut se correspondre peut-être au mois de mars, parce qu'il reste encore de la neige au niveau de la Sierra Nevada. Et au mois de mars, les températures commencent à être bonnes pour aller se baigner.

  • Marjolaine

    Alors du coup, on va terminer par la mer. Où est-ce qu'il faut aller pour se baigner et trouver des belles plages ?

  • Rozenn Leroux

    Il y a un lieu que j'apprécie vraiment, qui est peut-être mon endroit préféré en Andalousie, c'est le parc naturel de Cabo de Gata. On est dans un paysage désertique, où se trouve sur la côte de multiples calanques, avec une eau d'une transparence remarquable. On peut aller se baigner, mais aussi faire du snorkeling, pour aller voir des poissons de toutes les couleurs. On peut, durant l'été, profiter d'un petit camping près de... la station balnéaire de Sainte-Rosée, puis aller poser sa serviette sur l'une de ces grilles comme la Playa de Montsoul ou la Cala de San Pedro. Et même pour les plus sportifs, partir en randonnée le monde des sentiers volcaniques de la route.

  • Marjolaine

    Quand on voyage, la découverte passe par les cinq sens. Et dans ces moments-là, s'il y en a un que l'on aime particulièrement explorer, c'est celui du goût. La région andalouse s'étale sur tout le sud depuis la frontière portugaise jusqu'à la côte est et de ce fait, l'exploration gustative aura plusieurs facettes sur ce territoire. Alors pour les explorer, j'ai rencontré Maradé Miguel qui est oenologue, vous l'entendrez plus tard, et Luis Marquinez Garcia. Lui, il est architecte mais surtout grand amateur de cuisine et tous les deux sont membres de l'Académie andalouse de gastronomie. J'ai d'abord demandé à Luis quel plat lui semble incontournable.

  • Luis Marquinez Garcia

    En Andalousie, il existe deux types de repas vraiment connus, les fruits de mer et la chacina, qui est un saucisson de porc ibérique. La majeure partie du jambon mondial est produite à Huelva, en Andalousie. A l'évocation de l'Espagne, tout le monde pense au jambon, qui est le produit le plus représentatif du pays. Il est andalou, mais il y a aussi les fruits de mer. Comme l'Andalousie a beaucoup de littoral, les visiteurs viennent beaucoup pour les plages, puis découvrent les fruits de mer et le poisson, des plats très traditionnels ici. Et puis l'Andalousie a une zone intérieure, à Cordou, à Jaen, Grenade aussi un peu, même si Grenade a une zone côtière. où il y a une gastronomie d'éther avec des ragouts plus traditionnels. À Cordoue, c'est la queue de taureau qui est célèbre et le salmorejo qui ressemble à une espèce de soupe de tomates froides. Ensuite, à partir d'ici, il y a beaucoup de ragouts d'influence arabe. L'Andalousie a été la dernière partie de l'Espagne et d'Europe à rester entre les mains des musulmans. Donc on y retrouve une culture faite de plats d'origine arabe, notamment du côté des pâtisseries. Beaucoup de gâteaux sont devenus célèbres comme l'Alfajor, les Sablé, les Pestignos et le Pionono. Ces gâteaux d'origine arabe continuent d'être très présents aujourd'hui dans la gastronomie andalouse.

  • Marjolaine

    Et alors quel type de restaurant doit-on tester lors d'une visite en Andalousie ?

  • Luis Marquinez Garcia

    Je crois qu'il y a deux types de restaurants. En Andalousie, la tradition veut que l'on mange dans un chiringuito quand on va à la plage. Ce sont des restaurants collés les uns aux autres, en bordure de plage, où on mange principalement des fruits de mer et des poissons. Ensuite, il y a les restaurants traditionnels dans les capitales des provinces intérieures, où il y a une cuisine plus traditionnelle, plus de ragout, plus à base de viande de porc ibérique, qu'il est important de tester aussi.

  • Marjolaine

    Habituellement, quand on se rend dans un autre pays, on va voir aussi les épiceries, les supermarchés, pour voir ce que mangent les habitants. Que peut-on rapporter à la maison ?

  • Luis Marquinez Garcia

    Je recommande deux produits essentiels qu'il faut toujours apporter parce qu'ils nous rendront plus heureux. Les charcuteries sont incontournables, le jambon, la longe de porc, le saucisson, le porc ibérique. Ce sont les joyaux les plus importants d'Espagne, avec un autre joyau spécifiquement en Andalousie, l'huile d'olive. Les deux zones les plus importantes de production d'huile d'olive du monde sont Jaén et Cordoue. En fait, ces territoires détiennent les olives les plus primées de l'histoire. Voilà pourquoi il faut repartir avec une bonne huile d'olive et un bon saucisson de jambon ibérique dans ses valises, en guise de souvenir. Je crois que ce sont des valeurs sûres. des amour-sauce, du jamon ibérique, de la canne de l'ombre, du salchichon, je crois que c'est un accueil sûr.

  • Marjolaine

    Et pour déguster ses produits, Mara de Miguel ajoute un conseil supplémentaire, se tourner vers les marchés. Sortez vos stylos.

  • Mara de Miguel

    Les marchés traditionnels sont à la mode maintenant. Et en plus, ils se sont convertis en marchés gastronomiques. Le soir, tu peux aller acheter, boire ou manger sur place. À Cordoue, par exemple, au marché Victoria, Tu peux t'acheter un plat de jambon, mais tu peux aussi le rapporter à la maison. À Séville, il faut visiter le marché de Triana. C'est hallucinant de voir la richesse culturelle gastronomique à des prix très corrects, parce que c'est un vrai marché, un endroit fréquenté par les habitants. Ça fait la différence. Ou encore le marché del Carmen, à Hueva, où tu peux voir toutes les sortes de poissons et tu peux en acheter à partir de 100 grammes pour le cuisiner ou pour qu'on te le cuisine sur place. Tu payes seulement le prix du poisson et 1 ou 2 euros ou des plus pour la cuisson. C'est hallucinant.

  • Marjolaine

    Mara dé Miguel est oenologue, elle a décroché des prix dans celui de meilleure sommelière de sa région. Elle suit les évolutions locales avec passion et elle constate une véritable évolution des méthodes des vignerons locaux qui font émerger de nouveaux vins plutôt inattendus pour une région si chaude.

  • Mara de Miguel

    Heureusement, il y a un changement de tendance où ces vins de Rioja, très lourds, dans le style des Bordeaux, existent, sceptent toujours. Mais les palais des consommateurs ont évolué. Ce qui a provoqué l'apparition de vins plus légers, plus faciles, pour prendre un verre. Les oenologues dans les chais jouent sur l'anticipation des vendanges pour cela. Et en effet, cette année, en Andalousie, on trouve autour de 15-20 pétillants. C'est hallucinant. C'est une autre grande révolution. Et comment on arrive à cela ? en avançant les vendanges. À Cordoue, cette année, par exemple, elles ont commencé le 15 juillet. Imagine, très très tôt. Nous vivons un moment important pour l'Andalousie, car les cépages locaux sont enfin à la mode. Pour te faire une idée, par exemple, à Portdou, l'appellation contrôlée Montilla Moriles, notre raisin star, c'est le Pedro Jiménez. Jusqu'à présent, ce raisin se buvait en vin doux, mais maintenant, il est vieilli à la manière du Bourgogne, dans un style plus versatile, plus léger. À Huelva aussi, il y a des vins et nous avons cet autre cépage local, la Salema. Ils font des vins merveilleux, des vins blancs, faciles à boire, avec beaucoup de salinité, avec une plus faible teneur en alcool. Ou encore, par exemple, à Malaga, avec le Musca, ils n'en font pas un vin doux, mais un vin blanc à 12 degrés, très dynamique. 12%, ce sont des vins très dynamiques.

  • Marjolaine

    Pour compléter cette évasion, ce podcast se termine par la lecture d'un extrait de roman. L'intrigue se déroule en Andalousie, c'est l'histoire de Flasquita Carrasco, une femme qui, dans les années 30, dans son village, a la réputation d'être une magicienne ou une sorcière. Ses dons se transmettent au vêtement qu'elle coûte. Mais la vie de Frasquita bascule lorsque son mari la joue et la perd dans un combat de coq. La voilà répudiée, condamnée à errer à travers l'Andalousie avec ses enfants. Ce roman, c'est celui de Carole Martinez, Le Coeur cousu, paru chez Gallimard en 2007 et récompensé de 9 prix. Vous écoutez un extrait du livre audio Le Coeur cousu, lu par Suliane Brahim de la Comédie française, paru dans la collection Écoutez lire. Oumou,

  • Speaker #6

    Oumou, Oumou Prologue. Mon nom est Soledad, je suis née dans ce pays où les corps sèchent, avec des bras morts, incapables d'enlacer et de grandes mains inutiles. Ma mère a avalé tant de sable avant de trouver un mur derrière lequel accoucher, qu'il m'est passé dans le sang. Ma peau masque un long sablier impuissant à se tarir. Nus sous le soleil, peut-être verrait-on par transparence l'écoulement sableux qui me traverse, la traversée. Il faudra bien que tout ce sable retourne un jour au désert. À ma naissance, ma mère allume à solitude à venir. Ni donner, ni recevoir, je ne saurais pas, jamais. C'était inscrit dans la paume de mes mains, dans mon refus obstiné de respirer, de m'ouvrir à l'air vicié du dehors, dans cette volonté de résister au monde qui cherchait à s'engouffrer par tous mes trous, furetant autour de moi comme un jeune chien. L'air est entré malgré moi et j'ai hurlé. Jusque-là... Rien n'était parvenu à ralentir la marche de ma mère. Rien n'était venu à bout de son entêtement de femme jouée. Jouée et perdue. Rien. Ni la fatigue, ni la mer, ni les sables. Personne ne nous dira jamais combien de temps aura duré notre traversée, combien de nuits ces enfants qui suivaient leur mère ont dû dormir en marchant. J'ai poussé sans qu'elle y prit garde. accrochée à ses entrailles pour ne pas partir avec toute cette eau qu'elle perdait sur les chemins. J'ai lutté pour être du voyage et ne pas l'interrompre. La vieille mauresque qui a arrêté ma mère en lui touchant le ventre, celle qui a murmuré harapsi comme on élève un mur, et qui, armée d'une main et d'une parole, s'est dressée seule face à la volonté furieuse de cette femme, grosse d'une enfant arrivée à terme depuis longtemps déjà, et qui voulait poursuivre sa route, et qui voulait marcher encore, bien qu'elle eût déjà marché plus qu'il n'était possible et qu'elle se sentit incapable de marcher davantage. La vieille arabe, aux mains rousses de hainé, plus forte que le désert, celle qui est devenue pour nous Le bout du monde, la fin du voyage, l'abri. Cette femme a lu, elle aussi, ma solitude dans mes paumes. Elle qui ne savait pas lire. Son regard est entré d'un coup dans les viscères de ma mère et ses mains sont venues m'y chercher. Elle m'a cueillie au fond de la chair où j'étais terrée, au fond de cette chair qui m'avait oubliée pour continuer de marcher. Et après m'en avoir libérée, Elle a senti que mes mains ne me serviraient de rien, que j'y avais comme renoncé en naissant. Sans se comprendre, elles m'ont donné, chacune dans sa langue, le même prénom. Soledad a dit ma mère sans même me regarder. Et la vieille en écho lui a répondu Wahida Et aucune de ces deux femmes ne savait lire. Ma sœur aînée, Anita, s'est longtemps refusée à l'évidence inscrite dans mes mains, inscrite dans mon nom. Et elle a attendu. Elle a attendu qu'un homme me débaptise et que mes doigts s'attendrissent. Je me souviens d'un temps où les jeunes gens du quartier Marabout traînaient autour de chez nous dans l'espoir de me voir passer. Nonchalamment adossés aux maisons, seuls ou parfois en groupe, ils me guettaient dans les ruelles et se taisaient à mon approche. Je n'étais pas vraiment belle, du moins pas comme ma sœur Clara l'était, mais j'avais, paraît-il, une grâce singulière qui les clouait au mur. Mes sœurs me répétaient en riant les confidences des jeunes gens qui les suppliaient de plaider leur cause, ce qu'elles faisaient avec un brin de dérision, me décrivant les ridicules symptômes de leur amour, leur bégaiement, leur regard mou et nos rions. Mais moi... Je songeais à leurs membres dressés, soudain à l'étroit dans leurs culottes, et j'oscillais entre rire et dégoût. J'avais le choix, je n'avais pas de père pour m'imposer un mariage, seule Anita, l'aînée, aurait pu exercer son autorité sur moi. Elle ne l'a jamais fait, elle attendait, différent sans cesse sa propre nuit de noces. Liées par une promesse qui éloignait depuis quinze ans son mari de sa couche, nous les marierons d'abord. Tout est bien. Carole Martinez, Le cœur cousu.

  • Marjolaine

    Votre voyage en Andalousie s'achève ici. Merci de l'avoir écouté. La billège sonore est signée Hélène Biziot. La réalisation et les interviews Marjolaine Corr. Les traductions ont été assurées par Yves Deloison et Rebecca Denante. Un podcast créé sur une idée originale des éditions Voyage Gallimard. Retrouvez-nous sur toutes les plateformes et n'hésitez pas à nous laisser des étoiles si ce contenu vous a plu. A bientôt et bon voyage !

Chapters

  • Rencontre avec Rozenn le Roux à la découverte des différentes provinces de la région

    01:31

  • Gastronomie et vins andalous

    11:05

  • Le cœur cousu, Carole Martinez, extrait

    18:45

Description

La mer, la montagne, les villages blancs, son histoire, ses tapas, et bien sûr, sa charcuterie et son huile d’olive : il faut en aligner, des termes, pour définir l’immensité des possibles offerts par l’Andalousie !


La deuxième plus grande région d’Espagne couvre entièrement le sud du pays. Et c’est Rozenn Leroux, installée à Málaga, autrice du guide Coups de cœur Andalousie aux Éditions Voyages Gallimard, qui nous emmène à travers les différentes provinces de la région.

En deuxième partie, Luis Marquinez Garcia et Mara de Miguel, tous deux membres de l’académie andalouse de gastronomie, nous ferons saliver avec leurs suggestions de dégustation et la découverte de nouveaux cépages car en termes de vins, l’Andalousie s’est bien éloignée des éternels vins taniques qui la symbolisaient !


Enfin, la dernière partie de ce podcast nous plongera dans les années 30 sur ces mêmes terres andalouses, avec la lecture d’un extrait du livre audio Le cœur cousu, signé Carole Martinez, paru dans la collection Écoutez Lire aux Éditions Gallimard.


Parlez-moi d’ailleurs est bien plus qu’un podcast de voyage. C’est une invitation à rêver, à explorer et à rencontrer le monde grâce à ceux qui l’habitent. Alors, laissez-vous transporter, écoutez, et préparez-vous à goûter l’ailleurs, de chez vous ou en chemin.


Réalisation et interviews Marjolaine Koch. Habillage sonore Hélène Bizieau.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Marjolaine

    Parlez-moi d'ailleurs, un podcast Voyages Gallimard. Bienvenue. Laissez-vous raconter l'Andalousie par celles et ceux qui la vivent au quotidien. La mer, la montagne, les villages blancs, son histoire et son architecture moresque, ses tapas, ses ragouts et bien sûr, sa charcuterie et son huile d'olive, il faut en aligner des termes pour définir l'immensité des possibles offerts par l'Andalousie. La deuxième plus grande région d'Espagne couvre entièrement le sud du pays. Et en première partie de ce podcast, c'est Rosane Leroux, autrice du guide Coup de cœur Andalousie aux éditions Voyages Gallimard, qui nous embarque à travers les différentes provinces de la région. En deuxième partie, Luis Marquinez Garcia et Maradé Miguel, tous deux membres de l'Académie Andalouse de Gastronomie, nous feront saliver avec leurs suggestions de dégustation et la découverte de nouveaux cépages car en termes de vin, l'Andalousie s'est bien éloignée des éternels vins tanniques qu'il a symbolisés. Enfin, la dernière partie de ce podcast nous plongera dans les années 30 sur ces mêmes terres andalouses avec la lecture d'un extrait du roman Le cœur cousu. signée Carole Martinez. Elle vit depuis 10 ans tout au sud de l'Espagne, à Malaga, et son métier consiste à écrire des guides de voyage en Afrique, en Amérique du Sud et bien sûr en Andalousie. Rosane Leroux est autrice pour Voyage Gallimard. C'est elle qui a mis à jour la dernière édition du guide de la collection Coup de cœur. Et on s'est appelé pour qu'elle nous raconte son Andalousie. Bonjour Rozenn.

  • Rozenn Leroux

    Bonjour Marjolaine.

  • Marjolaine

    Tu es installée à Malaga. Qu'est-ce qui t'a poussée à choisir l'Andalousie ?

  • Rozenn Leroux

    L'Andalousie, c'était toujours une région qui m'avait attirée pour le soleil, le côté méditerranéen aussi. Et sur un coup de tête, je me suis dit, il faut que j'aille voir. Et j'ai posé mes valises par hasard à Malaga. C'est une ville qui m'a tout de suite plu.

  • Marjolaine

    Et qu'est-ce qui te plaît particulièrement en Andalousie ?

  • Rozenn Leroux

    J'aime beaucoup l'ambiance chaleureuse qui règne dans les rues andalouses. On va souvent avec mes amis manger des tapas, des espétos, des sardinases, des brochettes de sardines. Et on va aussi beaucoup randonner dans les alentours. Donc c'est vrai que... C'est une très bonne qualité de vie.

  • Marjolaine

    Alors il y a une tradition qui fait un peu et même beaucoup l'identité de l'Andalousie, ce sont les ferias. Peux-tu nous expliquer d'où vient cette tradition ?

  • Rozenn Leroux

    L'Andalousie a été longtemps occupée par les Romains. Et à l'époque, les Romains avaient des cérémonies agraires qui s'appelaient feriae et qui étaient pour rendre hommage aux divinités de la fertilité et de l'abondance. Et au fil des siècles, avec l'arrivée des musulmans, Les férias ont évolué en intégrant certains éléments de la culture musulmane, mais aussi l'influence gitane qui a apporté sa touche rythmée avec le flamenco, dont la musique et la danse sont des incontournables des férias andalouses.

  • Marjolaine

    Est-ce qu'il y a des férias que tu nous recommandes plus particulièrement ?

  • Rozenn Leroux

    Déjà, les férias se déroulent d'avril à octobre, donc il y a beaucoup de villes, de villages qui ont leurs propres férias. La première férias qui commence la saison, c'est la férias des Séville. qui est la plus populaire, mais qui reste très fermée avec les casse-tasses privées. Donc moi, je conseillerais plutôt celle de Malaga, en plein mois d'août, qui s'étale sur plus d'une semaine, et donc on peut profiter de la fériade de jour, de la fériade de nuit, et s'amuser dans une ambiance chaleureuse. Nada, del inicio de la feria de Malaga 2024, que comienza este 16 de agosto, con el espectáculo de drones y fuegos artificiales. La ciudad se alista para una semana cargada de actividades, música y folclore para todo tipo de público.

  • Marjolaine

    Et qu'est-ce qui se passe pendant ces journées ? De nuit, de jour, je crois qu'il y a des ambiances différentes.

  • Rozenn Leroux

    Alors premièrement, vous avez la feria de jour qui se déroule dans le centre-ville. Donc là, il y a des concerts, des spectacles de flamenco. Il y a beaucoup de monde dans les rues, tout le monde se rassemble. Et puis après, il y a aussi la feria de nuit, qui est un peu à l'écart du centre-ville, au parc des expositions, où là, vous avez une fête foraine avec la grande route, des manèges, et aussi des cassettes, ce sont des petites maisonnettes colorées où chacune a son ambiance. Donc, on s'y retrouve entre amis, entre collègues, pour aller partager des plats traditionnels, pour aller chanter, pour aller danser jusqu'au bout de la nuit.

  • Marjolaine

    Rozenn, tu nous proposes aussi un itinéraire pour découvrir tous les aspects de l'Andalousie. Alors, en voiture ou en train, c'est possible pour une partie de cet itinéraire. Par quoi nous conseilles-tu de commencer ?

  • Rozenn Leroux

    Bien sûr, je dirais les incontournables de la destination, comme Séville, la capitale andalouse. Il faut bien évidemment ne pas manquer sa cathédrale gothique, qui est l'une des plus grandes au monde et qui abrite le tombeau de Christophe Colomb. Et monter à Sagiralda qui déploie une vue splendide sur la ville. Après on peut aussi aller se balader dans les jardins du Réal à Casar, le palais royal, avant de longer le fleuve Guadalquivir et de partir découvrir le quartier authentique de Triana qui est considéré comme le berceau du flamenco.

  • Marjolaine

    Alors si c'est le berceau du flamenco, ça veut dire qu'il y a beaucoup de spectacles, beaucoup de concerts ?

  • Rozenn Leroux

    Oui, après, c'est généralement improvisé. Il faut pousser un peu la porte des barres et palper un peu l'ambiance qu'il peut y avoir. C'est généralement improvisé.

  • Marjolaine

    Alors, une fois qu'on quitte Séville, où nous emmènes-tu ?

  • Rozenn Leroux

    Après, je vous emmènerai à Cordoue, qui est classée au patrimoine mondial de l'UNESCO, pour sa vieille ville, avec sa mesquita, la mosquée cathédrale. qui est une visite incontournable de la ville. Au départ, c'était une mosquée qui a été construite sur les restes d'une église chrétienne au 8e siècle. Au moment de la prise de la ville par les chrétiens en 1236, cette mosquée a été convertie en église chrétienne. Mais les chrétiens, devant tant de splendeur, ont décidé de préserver cette mosquée et de rajouter des extensions tout autour. Je conseille la visite plutôt la nuit puisqu'il y a des arcades et les arcades sont illuminés avec des projecteurs et ça crée des jeux de lumière assez impressionnants.

  • Marjolaine

    Donc quand on part à Cordoue, on part à l'est de Séville et donc on commence un circuit qui nous emmène sur d'autres destinations, peut-être un petit peu moins connues cette fois-ci ?

  • Rozenn Leroux

    Oui, bien sûr. Vous avez par exemple Montoro qui est situé à une quarantaine de kilomètres à l'est de Cordoue. C'est un petit bourg qui est perché sur une colline escarpée qui surplombe le fleuve Guadalquivir et qui offre des panoramas splendides. Ce sont des petites ruelles pentues bordées de maisons blanches. On peut aussi aller voir la plaza de España qui est entourée de bâtiments et de monuments qui sont construits à partir d'une pierre rouge locale typique. C'est vraiment une très jolie place.

  • Marjolaine

    Alors au départ, tu nous as parlé de ton attrait pour les randonnées. Et Montoro, c'est l'un de tes endroits préférés, je crois. Oui,

  • Rozenn Leroux

    oui, dans toute l'Andalousie, il y a de très jolies randonnées. Montoro, effectivement, on peut aller dans les alentours, au niveau des montagnes. Les paysages, ils sont de toute beauté, passant des forêts de chênes, aux montagnes plantées d'oliviers et d'arbousiers.

  • Marjolaine

    Bon, et après s'être dégourdi les jambes, on repart sur une destination beaucoup plus connue, Grenade.

  • Speaker #2

    La Lambra est beaucoup de choses en même temps. C'est fondamentalement une fortesse, un chateau, avec 2 km de murailles, 32 torres, 4 portes, 10 hectares et un palais au centre.

  • Rozenn Leroux

    Évidemment, on ne peut pas manquer Grenade et sa fameuse Alhambra, cet ensemble majestueux de palais, de forteresses qui ont été érigés entre le XIIIe et le XVe siècle. Alors là, il faut prendre au moins... Une demi-matinée pour aller déambuler dans les splendides jardins de la Lambra aux fontaines relaxantes et pousser la porte de ces fastueux palais pour se laisser étourdir par tant de beauté.

  • Marjolaine

    Alors la Lambra, c'est le grand classique de Grenade, mais je crois que tu as envie de nous faire replonger dans la nature parce que décidément, l'Andalousie, c'est la région où on peut mêler les grands panoramas et le patrimoine.

  • Rozenn Leroux

    Oui, je vous emmène dans les montagnes à l'entour à une heure de Grenade. Aux Alporaras, il y a une région qui est située sur les flancs sud de la Sierra Nevada, où on trouve différents villages pittoresques qui sont accrochés à ces flancs, comme Capilera, Trevelles, Boubion ou encore Pampanera. Alors ce sont des destinations qui sont appréciées au printemps, comme en automne pour les randonnées, mais notamment en hiver pour aller skier sur la Sierra Nevada, d'où l'on voit la Méditerranée. qui se déploie tout en se client. C'est superbe.

  • Marjolaine

    Est-ce qu'il est possible de skier le matin et d'aller plonger dans la mer l'après-midi en hiver ? Ou bien est-ce que l'eau est trop froide quand même ?

  • Rozenn Leroux

    Bon, ça dépend. Les courageux pourront aller se baigner, les bretons pourront y aller. Mais elle reste quand même assez froide l'hiver. Mais ça peut se correspondre peut-être au mois de mars, parce qu'il reste encore de la neige au niveau de la Sierra Nevada. Et au mois de mars, les températures commencent à être bonnes pour aller se baigner.

  • Marjolaine

    Alors du coup, on va terminer par la mer. Où est-ce qu'il faut aller pour se baigner et trouver des belles plages ?

  • Rozenn Leroux

    Il y a un lieu que j'apprécie vraiment, qui est peut-être mon endroit préféré en Andalousie, c'est le parc naturel de Cabo de Gata. On est dans un paysage désertique, où se trouve sur la côte de multiples calanques, avec une eau d'une transparence remarquable. On peut aller se baigner, mais aussi faire du snorkeling, pour aller voir des poissons de toutes les couleurs. On peut, durant l'été, profiter d'un petit camping près de... la station balnéaire de Sainte-Rosée, puis aller poser sa serviette sur l'une de ces grilles comme la Playa de Montsoul ou la Cala de San Pedro. Et même pour les plus sportifs, partir en randonnée le monde des sentiers volcaniques de la route.

  • Marjolaine

    Quand on voyage, la découverte passe par les cinq sens. Et dans ces moments-là, s'il y en a un que l'on aime particulièrement explorer, c'est celui du goût. La région andalouse s'étale sur tout le sud depuis la frontière portugaise jusqu'à la côte est et de ce fait, l'exploration gustative aura plusieurs facettes sur ce territoire. Alors pour les explorer, j'ai rencontré Maradé Miguel qui est oenologue, vous l'entendrez plus tard, et Luis Marquinez Garcia. Lui, il est architecte mais surtout grand amateur de cuisine et tous les deux sont membres de l'Académie andalouse de gastronomie. J'ai d'abord demandé à Luis quel plat lui semble incontournable.

  • Luis Marquinez Garcia

    En Andalousie, il existe deux types de repas vraiment connus, les fruits de mer et la chacina, qui est un saucisson de porc ibérique. La majeure partie du jambon mondial est produite à Huelva, en Andalousie. A l'évocation de l'Espagne, tout le monde pense au jambon, qui est le produit le plus représentatif du pays. Il est andalou, mais il y a aussi les fruits de mer. Comme l'Andalousie a beaucoup de littoral, les visiteurs viennent beaucoup pour les plages, puis découvrent les fruits de mer et le poisson, des plats très traditionnels ici. Et puis l'Andalousie a une zone intérieure, à Cordou, à Jaen, Grenade aussi un peu, même si Grenade a une zone côtière. où il y a une gastronomie d'éther avec des ragouts plus traditionnels. À Cordoue, c'est la queue de taureau qui est célèbre et le salmorejo qui ressemble à une espèce de soupe de tomates froides. Ensuite, à partir d'ici, il y a beaucoup de ragouts d'influence arabe. L'Andalousie a été la dernière partie de l'Espagne et d'Europe à rester entre les mains des musulmans. Donc on y retrouve une culture faite de plats d'origine arabe, notamment du côté des pâtisseries. Beaucoup de gâteaux sont devenus célèbres comme l'Alfajor, les Sablé, les Pestignos et le Pionono. Ces gâteaux d'origine arabe continuent d'être très présents aujourd'hui dans la gastronomie andalouse.

  • Marjolaine

    Et alors quel type de restaurant doit-on tester lors d'une visite en Andalousie ?

  • Luis Marquinez Garcia

    Je crois qu'il y a deux types de restaurants. En Andalousie, la tradition veut que l'on mange dans un chiringuito quand on va à la plage. Ce sont des restaurants collés les uns aux autres, en bordure de plage, où on mange principalement des fruits de mer et des poissons. Ensuite, il y a les restaurants traditionnels dans les capitales des provinces intérieures, où il y a une cuisine plus traditionnelle, plus de ragout, plus à base de viande de porc ibérique, qu'il est important de tester aussi.

  • Marjolaine

    Habituellement, quand on se rend dans un autre pays, on va voir aussi les épiceries, les supermarchés, pour voir ce que mangent les habitants. Que peut-on rapporter à la maison ?

  • Luis Marquinez Garcia

    Je recommande deux produits essentiels qu'il faut toujours apporter parce qu'ils nous rendront plus heureux. Les charcuteries sont incontournables, le jambon, la longe de porc, le saucisson, le porc ibérique. Ce sont les joyaux les plus importants d'Espagne, avec un autre joyau spécifiquement en Andalousie, l'huile d'olive. Les deux zones les plus importantes de production d'huile d'olive du monde sont Jaén et Cordoue. En fait, ces territoires détiennent les olives les plus primées de l'histoire. Voilà pourquoi il faut repartir avec une bonne huile d'olive et un bon saucisson de jambon ibérique dans ses valises, en guise de souvenir. Je crois que ce sont des valeurs sûres. des amour-sauce, du jamon ibérique, de la canne de l'ombre, du salchichon, je crois que c'est un accueil sûr.

  • Marjolaine

    Et pour déguster ses produits, Mara de Miguel ajoute un conseil supplémentaire, se tourner vers les marchés. Sortez vos stylos.

  • Mara de Miguel

    Les marchés traditionnels sont à la mode maintenant. Et en plus, ils se sont convertis en marchés gastronomiques. Le soir, tu peux aller acheter, boire ou manger sur place. À Cordoue, par exemple, au marché Victoria, Tu peux t'acheter un plat de jambon, mais tu peux aussi le rapporter à la maison. À Séville, il faut visiter le marché de Triana. C'est hallucinant de voir la richesse culturelle gastronomique à des prix très corrects, parce que c'est un vrai marché, un endroit fréquenté par les habitants. Ça fait la différence. Ou encore le marché del Carmen, à Hueva, où tu peux voir toutes les sortes de poissons et tu peux en acheter à partir de 100 grammes pour le cuisiner ou pour qu'on te le cuisine sur place. Tu payes seulement le prix du poisson et 1 ou 2 euros ou des plus pour la cuisson. C'est hallucinant.

  • Marjolaine

    Mara dé Miguel est oenologue, elle a décroché des prix dans celui de meilleure sommelière de sa région. Elle suit les évolutions locales avec passion et elle constate une véritable évolution des méthodes des vignerons locaux qui font émerger de nouveaux vins plutôt inattendus pour une région si chaude.

  • Mara de Miguel

    Heureusement, il y a un changement de tendance où ces vins de Rioja, très lourds, dans le style des Bordeaux, existent, sceptent toujours. Mais les palais des consommateurs ont évolué. Ce qui a provoqué l'apparition de vins plus légers, plus faciles, pour prendre un verre. Les oenologues dans les chais jouent sur l'anticipation des vendanges pour cela. Et en effet, cette année, en Andalousie, on trouve autour de 15-20 pétillants. C'est hallucinant. C'est une autre grande révolution. Et comment on arrive à cela ? en avançant les vendanges. À Cordoue, cette année, par exemple, elles ont commencé le 15 juillet. Imagine, très très tôt. Nous vivons un moment important pour l'Andalousie, car les cépages locaux sont enfin à la mode. Pour te faire une idée, par exemple, à Portdou, l'appellation contrôlée Montilla Moriles, notre raisin star, c'est le Pedro Jiménez. Jusqu'à présent, ce raisin se buvait en vin doux, mais maintenant, il est vieilli à la manière du Bourgogne, dans un style plus versatile, plus léger. À Huelva aussi, il y a des vins et nous avons cet autre cépage local, la Salema. Ils font des vins merveilleux, des vins blancs, faciles à boire, avec beaucoup de salinité, avec une plus faible teneur en alcool. Ou encore, par exemple, à Malaga, avec le Musca, ils n'en font pas un vin doux, mais un vin blanc à 12 degrés, très dynamique. 12%, ce sont des vins très dynamiques.

  • Marjolaine

    Pour compléter cette évasion, ce podcast se termine par la lecture d'un extrait de roman. L'intrigue se déroule en Andalousie, c'est l'histoire de Flasquita Carrasco, une femme qui, dans les années 30, dans son village, a la réputation d'être une magicienne ou une sorcière. Ses dons se transmettent au vêtement qu'elle coûte. Mais la vie de Frasquita bascule lorsque son mari la joue et la perd dans un combat de coq. La voilà répudiée, condamnée à errer à travers l'Andalousie avec ses enfants. Ce roman, c'est celui de Carole Martinez, Le Coeur cousu, paru chez Gallimard en 2007 et récompensé de 9 prix. Vous écoutez un extrait du livre audio Le Coeur cousu, lu par Suliane Brahim de la Comédie française, paru dans la collection Écoutez lire. Oumou,

  • Speaker #6

    Oumou, Oumou Prologue. Mon nom est Soledad, je suis née dans ce pays où les corps sèchent, avec des bras morts, incapables d'enlacer et de grandes mains inutiles. Ma mère a avalé tant de sable avant de trouver un mur derrière lequel accoucher, qu'il m'est passé dans le sang. Ma peau masque un long sablier impuissant à se tarir. Nus sous le soleil, peut-être verrait-on par transparence l'écoulement sableux qui me traverse, la traversée. Il faudra bien que tout ce sable retourne un jour au désert. À ma naissance, ma mère allume à solitude à venir. Ni donner, ni recevoir, je ne saurais pas, jamais. C'était inscrit dans la paume de mes mains, dans mon refus obstiné de respirer, de m'ouvrir à l'air vicié du dehors, dans cette volonté de résister au monde qui cherchait à s'engouffrer par tous mes trous, furetant autour de moi comme un jeune chien. L'air est entré malgré moi et j'ai hurlé. Jusque-là... Rien n'était parvenu à ralentir la marche de ma mère. Rien n'était venu à bout de son entêtement de femme jouée. Jouée et perdue. Rien. Ni la fatigue, ni la mer, ni les sables. Personne ne nous dira jamais combien de temps aura duré notre traversée, combien de nuits ces enfants qui suivaient leur mère ont dû dormir en marchant. J'ai poussé sans qu'elle y prit garde. accrochée à ses entrailles pour ne pas partir avec toute cette eau qu'elle perdait sur les chemins. J'ai lutté pour être du voyage et ne pas l'interrompre. La vieille mauresque qui a arrêté ma mère en lui touchant le ventre, celle qui a murmuré harapsi comme on élève un mur, et qui, armée d'une main et d'une parole, s'est dressée seule face à la volonté furieuse de cette femme, grosse d'une enfant arrivée à terme depuis longtemps déjà, et qui voulait poursuivre sa route, et qui voulait marcher encore, bien qu'elle eût déjà marché plus qu'il n'était possible et qu'elle se sentit incapable de marcher davantage. La vieille arabe, aux mains rousses de hainé, plus forte que le désert, celle qui est devenue pour nous Le bout du monde, la fin du voyage, l'abri. Cette femme a lu, elle aussi, ma solitude dans mes paumes. Elle qui ne savait pas lire. Son regard est entré d'un coup dans les viscères de ma mère et ses mains sont venues m'y chercher. Elle m'a cueillie au fond de la chair où j'étais terrée, au fond de cette chair qui m'avait oubliée pour continuer de marcher. Et après m'en avoir libérée, Elle a senti que mes mains ne me serviraient de rien, que j'y avais comme renoncé en naissant. Sans se comprendre, elles m'ont donné, chacune dans sa langue, le même prénom. Soledad a dit ma mère sans même me regarder. Et la vieille en écho lui a répondu Wahida Et aucune de ces deux femmes ne savait lire. Ma sœur aînée, Anita, s'est longtemps refusée à l'évidence inscrite dans mes mains, inscrite dans mon nom. Et elle a attendu. Elle a attendu qu'un homme me débaptise et que mes doigts s'attendrissent. Je me souviens d'un temps où les jeunes gens du quartier Marabout traînaient autour de chez nous dans l'espoir de me voir passer. Nonchalamment adossés aux maisons, seuls ou parfois en groupe, ils me guettaient dans les ruelles et se taisaient à mon approche. Je n'étais pas vraiment belle, du moins pas comme ma sœur Clara l'était, mais j'avais, paraît-il, une grâce singulière qui les clouait au mur. Mes sœurs me répétaient en riant les confidences des jeunes gens qui les suppliaient de plaider leur cause, ce qu'elles faisaient avec un brin de dérision, me décrivant les ridicules symptômes de leur amour, leur bégaiement, leur regard mou et nos rions. Mais moi... Je songeais à leurs membres dressés, soudain à l'étroit dans leurs culottes, et j'oscillais entre rire et dégoût. J'avais le choix, je n'avais pas de père pour m'imposer un mariage, seule Anita, l'aînée, aurait pu exercer son autorité sur moi. Elle ne l'a jamais fait, elle attendait, différent sans cesse sa propre nuit de noces. Liées par une promesse qui éloignait depuis quinze ans son mari de sa couche, nous les marierons d'abord. Tout est bien. Carole Martinez, Le cœur cousu.

  • Marjolaine

    Votre voyage en Andalousie s'achève ici. Merci de l'avoir écouté. La billège sonore est signée Hélène Biziot. La réalisation et les interviews Marjolaine Corr. Les traductions ont été assurées par Yves Deloison et Rebecca Denante. Un podcast créé sur une idée originale des éditions Voyage Gallimard. Retrouvez-nous sur toutes les plateformes et n'hésitez pas à nous laisser des étoiles si ce contenu vous a plu. A bientôt et bon voyage !

Chapters

  • Rencontre avec Rozenn le Roux à la découverte des différentes provinces de la région

    01:31

  • Gastronomie et vins andalous

    11:05

  • Le cœur cousu, Carole Martinez, extrait

    18:45

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Description

La mer, la montagne, les villages blancs, son histoire, ses tapas, et bien sûr, sa charcuterie et son huile d’olive : il faut en aligner, des termes, pour définir l’immensité des possibles offerts par l’Andalousie !


La deuxième plus grande région d’Espagne couvre entièrement le sud du pays. Et c’est Rozenn Leroux, installée à Málaga, autrice du guide Coups de cœur Andalousie aux Éditions Voyages Gallimard, qui nous emmène à travers les différentes provinces de la région.

En deuxième partie, Luis Marquinez Garcia et Mara de Miguel, tous deux membres de l’académie andalouse de gastronomie, nous ferons saliver avec leurs suggestions de dégustation et la découverte de nouveaux cépages car en termes de vins, l’Andalousie s’est bien éloignée des éternels vins taniques qui la symbolisaient !


Enfin, la dernière partie de ce podcast nous plongera dans les années 30 sur ces mêmes terres andalouses, avec la lecture d’un extrait du livre audio Le cœur cousu, signé Carole Martinez, paru dans la collection Écoutez Lire aux Éditions Gallimard.


Parlez-moi d’ailleurs est bien plus qu’un podcast de voyage. C’est une invitation à rêver, à explorer et à rencontrer le monde grâce à ceux qui l’habitent. Alors, laissez-vous transporter, écoutez, et préparez-vous à goûter l’ailleurs, de chez vous ou en chemin.


Réalisation et interviews Marjolaine Koch. Habillage sonore Hélène Bizieau.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Marjolaine

    Parlez-moi d'ailleurs, un podcast Voyages Gallimard. Bienvenue. Laissez-vous raconter l'Andalousie par celles et ceux qui la vivent au quotidien. La mer, la montagne, les villages blancs, son histoire et son architecture moresque, ses tapas, ses ragouts et bien sûr, sa charcuterie et son huile d'olive, il faut en aligner des termes pour définir l'immensité des possibles offerts par l'Andalousie. La deuxième plus grande région d'Espagne couvre entièrement le sud du pays. Et en première partie de ce podcast, c'est Rosane Leroux, autrice du guide Coup de cœur Andalousie aux éditions Voyages Gallimard, qui nous embarque à travers les différentes provinces de la région. En deuxième partie, Luis Marquinez Garcia et Maradé Miguel, tous deux membres de l'Académie Andalouse de Gastronomie, nous feront saliver avec leurs suggestions de dégustation et la découverte de nouveaux cépages car en termes de vin, l'Andalousie s'est bien éloignée des éternels vins tanniques qu'il a symbolisés. Enfin, la dernière partie de ce podcast nous plongera dans les années 30 sur ces mêmes terres andalouses avec la lecture d'un extrait du roman Le cœur cousu. signée Carole Martinez. Elle vit depuis 10 ans tout au sud de l'Espagne, à Malaga, et son métier consiste à écrire des guides de voyage en Afrique, en Amérique du Sud et bien sûr en Andalousie. Rosane Leroux est autrice pour Voyage Gallimard. C'est elle qui a mis à jour la dernière édition du guide de la collection Coup de cœur. Et on s'est appelé pour qu'elle nous raconte son Andalousie. Bonjour Rozenn.

  • Rozenn Leroux

    Bonjour Marjolaine.

  • Marjolaine

    Tu es installée à Malaga. Qu'est-ce qui t'a poussée à choisir l'Andalousie ?

  • Rozenn Leroux

    L'Andalousie, c'était toujours une région qui m'avait attirée pour le soleil, le côté méditerranéen aussi. Et sur un coup de tête, je me suis dit, il faut que j'aille voir. Et j'ai posé mes valises par hasard à Malaga. C'est une ville qui m'a tout de suite plu.

  • Marjolaine

    Et qu'est-ce qui te plaît particulièrement en Andalousie ?

  • Rozenn Leroux

    J'aime beaucoup l'ambiance chaleureuse qui règne dans les rues andalouses. On va souvent avec mes amis manger des tapas, des espétos, des sardinases, des brochettes de sardines. Et on va aussi beaucoup randonner dans les alentours. Donc c'est vrai que... C'est une très bonne qualité de vie.

  • Marjolaine

    Alors il y a une tradition qui fait un peu et même beaucoup l'identité de l'Andalousie, ce sont les ferias. Peux-tu nous expliquer d'où vient cette tradition ?

  • Rozenn Leroux

    L'Andalousie a été longtemps occupée par les Romains. Et à l'époque, les Romains avaient des cérémonies agraires qui s'appelaient feriae et qui étaient pour rendre hommage aux divinités de la fertilité et de l'abondance. Et au fil des siècles, avec l'arrivée des musulmans, Les férias ont évolué en intégrant certains éléments de la culture musulmane, mais aussi l'influence gitane qui a apporté sa touche rythmée avec le flamenco, dont la musique et la danse sont des incontournables des férias andalouses.

  • Marjolaine

    Est-ce qu'il y a des férias que tu nous recommandes plus particulièrement ?

  • Rozenn Leroux

    Déjà, les férias se déroulent d'avril à octobre, donc il y a beaucoup de villes, de villages qui ont leurs propres férias. La première férias qui commence la saison, c'est la férias des Séville. qui est la plus populaire, mais qui reste très fermée avec les casse-tasses privées. Donc moi, je conseillerais plutôt celle de Malaga, en plein mois d'août, qui s'étale sur plus d'une semaine, et donc on peut profiter de la fériade de jour, de la fériade de nuit, et s'amuser dans une ambiance chaleureuse. Nada, del inicio de la feria de Malaga 2024, que comienza este 16 de agosto, con el espectáculo de drones y fuegos artificiales. La ciudad se alista para una semana cargada de actividades, música y folclore para todo tipo de público.

  • Marjolaine

    Et qu'est-ce qui se passe pendant ces journées ? De nuit, de jour, je crois qu'il y a des ambiances différentes.

  • Rozenn Leroux

    Alors premièrement, vous avez la feria de jour qui se déroule dans le centre-ville. Donc là, il y a des concerts, des spectacles de flamenco. Il y a beaucoup de monde dans les rues, tout le monde se rassemble. Et puis après, il y a aussi la feria de nuit, qui est un peu à l'écart du centre-ville, au parc des expositions, où là, vous avez une fête foraine avec la grande route, des manèges, et aussi des cassettes, ce sont des petites maisonnettes colorées où chacune a son ambiance. Donc, on s'y retrouve entre amis, entre collègues, pour aller partager des plats traditionnels, pour aller chanter, pour aller danser jusqu'au bout de la nuit.

  • Marjolaine

    Rozenn, tu nous proposes aussi un itinéraire pour découvrir tous les aspects de l'Andalousie. Alors, en voiture ou en train, c'est possible pour une partie de cet itinéraire. Par quoi nous conseilles-tu de commencer ?

  • Rozenn Leroux

    Bien sûr, je dirais les incontournables de la destination, comme Séville, la capitale andalouse. Il faut bien évidemment ne pas manquer sa cathédrale gothique, qui est l'une des plus grandes au monde et qui abrite le tombeau de Christophe Colomb. Et monter à Sagiralda qui déploie une vue splendide sur la ville. Après on peut aussi aller se balader dans les jardins du Réal à Casar, le palais royal, avant de longer le fleuve Guadalquivir et de partir découvrir le quartier authentique de Triana qui est considéré comme le berceau du flamenco.

  • Marjolaine

    Alors si c'est le berceau du flamenco, ça veut dire qu'il y a beaucoup de spectacles, beaucoup de concerts ?

  • Rozenn Leroux

    Oui, après, c'est généralement improvisé. Il faut pousser un peu la porte des barres et palper un peu l'ambiance qu'il peut y avoir. C'est généralement improvisé.

  • Marjolaine

    Alors, une fois qu'on quitte Séville, où nous emmènes-tu ?

  • Rozenn Leroux

    Après, je vous emmènerai à Cordoue, qui est classée au patrimoine mondial de l'UNESCO, pour sa vieille ville, avec sa mesquita, la mosquée cathédrale. qui est une visite incontournable de la ville. Au départ, c'était une mosquée qui a été construite sur les restes d'une église chrétienne au 8e siècle. Au moment de la prise de la ville par les chrétiens en 1236, cette mosquée a été convertie en église chrétienne. Mais les chrétiens, devant tant de splendeur, ont décidé de préserver cette mosquée et de rajouter des extensions tout autour. Je conseille la visite plutôt la nuit puisqu'il y a des arcades et les arcades sont illuminés avec des projecteurs et ça crée des jeux de lumière assez impressionnants.

  • Marjolaine

    Donc quand on part à Cordoue, on part à l'est de Séville et donc on commence un circuit qui nous emmène sur d'autres destinations, peut-être un petit peu moins connues cette fois-ci ?

  • Rozenn Leroux

    Oui, bien sûr. Vous avez par exemple Montoro qui est situé à une quarantaine de kilomètres à l'est de Cordoue. C'est un petit bourg qui est perché sur une colline escarpée qui surplombe le fleuve Guadalquivir et qui offre des panoramas splendides. Ce sont des petites ruelles pentues bordées de maisons blanches. On peut aussi aller voir la plaza de España qui est entourée de bâtiments et de monuments qui sont construits à partir d'une pierre rouge locale typique. C'est vraiment une très jolie place.

  • Marjolaine

    Alors au départ, tu nous as parlé de ton attrait pour les randonnées. Et Montoro, c'est l'un de tes endroits préférés, je crois. Oui,

  • Rozenn Leroux

    oui, dans toute l'Andalousie, il y a de très jolies randonnées. Montoro, effectivement, on peut aller dans les alentours, au niveau des montagnes. Les paysages, ils sont de toute beauté, passant des forêts de chênes, aux montagnes plantées d'oliviers et d'arbousiers.

  • Marjolaine

    Bon, et après s'être dégourdi les jambes, on repart sur une destination beaucoup plus connue, Grenade.

  • Speaker #2

    La Lambra est beaucoup de choses en même temps. C'est fondamentalement une fortesse, un chateau, avec 2 km de murailles, 32 torres, 4 portes, 10 hectares et un palais au centre.

  • Rozenn Leroux

    Évidemment, on ne peut pas manquer Grenade et sa fameuse Alhambra, cet ensemble majestueux de palais, de forteresses qui ont été érigés entre le XIIIe et le XVe siècle. Alors là, il faut prendre au moins... Une demi-matinée pour aller déambuler dans les splendides jardins de la Lambra aux fontaines relaxantes et pousser la porte de ces fastueux palais pour se laisser étourdir par tant de beauté.

  • Marjolaine

    Alors la Lambra, c'est le grand classique de Grenade, mais je crois que tu as envie de nous faire replonger dans la nature parce que décidément, l'Andalousie, c'est la région où on peut mêler les grands panoramas et le patrimoine.

  • Rozenn Leroux

    Oui, je vous emmène dans les montagnes à l'entour à une heure de Grenade. Aux Alporaras, il y a une région qui est située sur les flancs sud de la Sierra Nevada, où on trouve différents villages pittoresques qui sont accrochés à ces flancs, comme Capilera, Trevelles, Boubion ou encore Pampanera. Alors ce sont des destinations qui sont appréciées au printemps, comme en automne pour les randonnées, mais notamment en hiver pour aller skier sur la Sierra Nevada, d'où l'on voit la Méditerranée. qui se déploie tout en se client. C'est superbe.

  • Marjolaine

    Est-ce qu'il est possible de skier le matin et d'aller plonger dans la mer l'après-midi en hiver ? Ou bien est-ce que l'eau est trop froide quand même ?

  • Rozenn Leroux

    Bon, ça dépend. Les courageux pourront aller se baigner, les bretons pourront y aller. Mais elle reste quand même assez froide l'hiver. Mais ça peut se correspondre peut-être au mois de mars, parce qu'il reste encore de la neige au niveau de la Sierra Nevada. Et au mois de mars, les températures commencent à être bonnes pour aller se baigner.

  • Marjolaine

    Alors du coup, on va terminer par la mer. Où est-ce qu'il faut aller pour se baigner et trouver des belles plages ?

  • Rozenn Leroux

    Il y a un lieu que j'apprécie vraiment, qui est peut-être mon endroit préféré en Andalousie, c'est le parc naturel de Cabo de Gata. On est dans un paysage désertique, où se trouve sur la côte de multiples calanques, avec une eau d'une transparence remarquable. On peut aller se baigner, mais aussi faire du snorkeling, pour aller voir des poissons de toutes les couleurs. On peut, durant l'été, profiter d'un petit camping près de... la station balnéaire de Sainte-Rosée, puis aller poser sa serviette sur l'une de ces grilles comme la Playa de Montsoul ou la Cala de San Pedro. Et même pour les plus sportifs, partir en randonnée le monde des sentiers volcaniques de la route.

  • Marjolaine

    Quand on voyage, la découverte passe par les cinq sens. Et dans ces moments-là, s'il y en a un que l'on aime particulièrement explorer, c'est celui du goût. La région andalouse s'étale sur tout le sud depuis la frontière portugaise jusqu'à la côte est et de ce fait, l'exploration gustative aura plusieurs facettes sur ce territoire. Alors pour les explorer, j'ai rencontré Maradé Miguel qui est oenologue, vous l'entendrez plus tard, et Luis Marquinez Garcia. Lui, il est architecte mais surtout grand amateur de cuisine et tous les deux sont membres de l'Académie andalouse de gastronomie. J'ai d'abord demandé à Luis quel plat lui semble incontournable.

  • Luis Marquinez Garcia

    En Andalousie, il existe deux types de repas vraiment connus, les fruits de mer et la chacina, qui est un saucisson de porc ibérique. La majeure partie du jambon mondial est produite à Huelva, en Andalousie. A l'évocation de l'Espagne, tout le monde pense au jambon, qui est le produit le plus représentatif du pays. Il est andalou, mais il y a aussi les fruits de mer. Comme l'Andalousie a beaucoup de littoral, les visiteurs viennent beaucoup pour les plages, puis découvrent les fruits de mer et le poisson, des plats très traditionnels ici. Et puis l'Andalousie a une zone intérieure, à Cordou, à Jaen, Grenade aussi un peu, même si Grenade a une zone côtière. où il y a une gastronomie d'éther avec des ragouts plus traditionnels. À Cordoue, c'est la queue de taureau qui est célèbre et le salmorejo qui ressemble à une espèce de soupe de tomates froides. Ensuite, à partir d'ici, il y a beaucoup de ragouts d'influence arabe. L'Andalousie a été la dernière partie de l'Espagne et d'Europe à rester entre les mains des musulmans. Donc on y retrouve une culture faite de plats d'origine arabe, notamment du côté des pâtisseries. Beaucoup de gâteaux sont devenus célèbres comme l'Alfajor, les Sablé, les Pestignos et le Pionono. Ces gâteaux d'origine arabe continuent d'être très présents aujourd'hui dans la gastronomie andalouse.

  • Marjolaine

    Et alors quel type de restaurant doit-on tester lors d'une visite en Andalousie ?

  • Luis Marquinez Garcia

    Je crois qu'il y a deux types de restaurants. En Andalousie, la tradition veut que l'on mange dans un chiringuito quand on va à la plage. Ce sont des restaurants collés les uns aux autres, en bordure de plage, où on mange principalement des fruits de mer et des poissons. Ensuite, il y a les restaurants traditionnels dans les capitales des provinces intérieures, où il y a une cuisine plus traditionnelle, plus de ragout, plus à base de viande de porc ibérique, qu'il est important de tester aussi.

  • Marjolaine

    Habituellement, quand on se rend dans un autre pays, on va voir aussi les épiceries, les supermarchés, pour voir ce que mangent les habitants. Que peut-on rapporter à la maison ?

  • Luis Marquinez Garcia

    Je recommande deux produits essentiels qu'il faut toujours apporter parce qu'ils nous rendront plus heureux. Les charcuteries sont incontournables, le jambon, la longe de porc, le saucisson, le porc ibérique. Ce sont les joyaux les plus importants d'Espagne, avec un autre joyau spécifiquement en Andalousie, l'huile d'olive. Les deux zones les plus importantes de production d'huile d'olive du monde sont Jaén et Cordoue. En fait, ces territoires détiennent les olives les plus primées de l'histoire. Voilà pourquoi il faut repartir avec une bonne huile d'olive et un bon saucisson de jambon ibérique dans ses valises, en guise de souvenir. Je crois que ce sont des valeurs sûres. des amour-sauce, du jamon ibérique, de la canne de l'ombre, du salchichon, je crois que c'est un accueil sûr.

  • Marjolaine

    Et pour déguster ses produits, Mara de Miguel ajoute un conseil supplémentaire, se tourner vers les marchés. Sortez vos stylos.

  • Mara de Miguel

    Les marchés traditionnels sont à la mode maintenant. Et en plus, ils se sont convertis en marchés gastronomiques. Le soir, tu peux aller acheter, boire ou manger sur place. À Cordoue, par exemple, au marché Victoria, Tu peux t'acheter un plat de jambon, mais tu peux aussi le rapporter à la maison. À Séville, il faut visiter le marché de Triana. C'est hallucinant de voir la richesse culturelle gastronomique à des prix très corrects, parce que c'est un vrai marché, un endroit fréquenté par les habitants. Ça fait la différence. Ou encore le marché del Carmen, à Hueva, où tu peux voir toutes les sortes de poissons et tu peux en acheter à partir de 100 grammes pour le cuisiner ou pour qu'on te le cuisine sur place. Tu payes seulement le prix du poisson et 1 ou 2 euros ou des plus pour la cuisson. C'est hallucinant.

  • Marjolaine

    Mara dé Miguel est oenologue, elle a décroché des prix dans celui de meilleure sommelière de sa région. Elle suit les évolutions locales avec passion et elle constate une véritable évolution des méthodes des vignerons locaux qui font émerger de nouveaux vins plutôt inattendus pour une région si chaude.

  • Mara de Miguel

    Heureusement, il y a un changement de tendance où ces vins de Rioja, très lourds, dans le style des Bordeaux, existent, sceptent toujours. Mais les palais des consommateurs ont évolué. Ce qui a provoqué l'apparition de vins plus légers, plus faciles, pour prendre un verre. Les oenologues dans les chais jouent sur l'anticipation des vendanges pour cela. Et en effet, cette année, en Andalousie, on trouve autour de 15-20 pétillants. C'est hallucinant. C'est une autre grande révolution. Et comment on arrive à cela ? en avançant les vendanges. À Cordoue, cette année, par exemple, elles ont commencé le 15 juillet. Imagine, très très tôt. Nous vivons un moment important pour l'Andalousie, car les cépages locaux sont enfin à la mode. Pour te faire une idée, par exemple, à Portdou, l'appellation contrôlée Montilla Moriles, notre raisin star, c'est le Pedro Jiménez. Jusqu'à présent, ce raisin se buvait en vin doux, mais maintenant, il est vieilli à la manière du Bourgogne, dans un style plus versatile, plus léger. À Huelva aussi, il y a des vins et nous avons cet autre cépage local, la Salema. Ils font des vins merveilleux, des vins blancs, faciles à boire, avec beaucoup de salinité, avec une plus faible teneur en alcool. Ou encore, par exemple, à Malaga, avec le Musca, ils n'en font pas un vin doux, mais un vin blanc à 12 degrés, très dynamique. 12%, ce sont des vins très dynamiques.

  • Marjolaine

    Pour compléter cette évasion, ce podcast se termine par la lecture d'un extrait de roman. L'intrigue se déroule en Andalousie, c'est l'histoire de Flasquita Carrasco, une femme qui, dans les années 30, dans son village, a la réputation d'être une magicienne ou une sorcière. Ses dons se transmettent au vêtement qu'elle coûte. Mais la vie de Frasquita bascule lorsque son mari la joue et la perd dans un combat de coq. La voilà répudiée, condamnée à errer à travers l'Andalousie avec ses enfants. Ce roman, c'est celui de Carole Martinez, Le Coeur cousu, paru chez Gallimard en 2007 et récompensé de 9 prix. Vous écoutez un extrait du livre audio Le Coeur cousu, lu par Suliane Brahim de la Comédie française, paru dans la collection Écoutez lire. Oumou,

  • Speaker #6

    Oumou, Oumou Prologue. Mon nom est Soledad, je suis née dans ce pays où les corps sèchent, avec des bras morts, incapables d'enlacer et de grandes mains inutiles. Ma mère a avalé tant de sable avant de trouver un mur derrière lequel accoucher, qu'il m'est passé dans le sang. Ma peau masque un long sablier impuissant à se tarir. Nus sous le soleil, peut-être verrait-on par transparence l'écoulement sableux qui me traverse, la traversée. Il faudra bien que tout ce sable retourne un jour au désert. À ma naissance, ma mère allume à solitude à venir. Ni donner, ni recevoir, je ne saurais pas, jamais. C'était inscrit dans la paume de mes mains, dans mon refus obstiné de respirer, de m'ouvrir à l'air vicié du dehors, dans cette volonté de résister au monde qui cherchait à s'engouffrer par tous mes trous, furetant autour de moi comme un jeune chien. L'air est entré malgré moi et j'ai hurlé. Jusque-là... Rien n'était parvenu à ralentir la marche de ma mère. Rien n'était venu à bout de son entêtement de femme jouée. Jouée et perdue. Rien. Ni la fatigue, ni la mer, ni les sables. Personne ne nous dira jamais combien de temps aura duré notre traversée, combien de nuits ces enfants qui suivaient leur mère ont dû dormir en marchant. J'ai poussé sans qu'elle y prit garde. accrochée à ses entrailles pour ne pas partir avec toute cette eau qu'elle perdait sur les chemins. J'ai lutté pour être du voyage et ne pas l'interrompre. La vieille mauresque qui a arrêté ma mère en lui touchant le ventre, celle qui a murmuré harapsi comme on élève un mur, et qui, armée d'une main et d'une parole, s'est dressée seule face à la volonté furieuse de cette femme, grosse d'une enfant arrivée à terme depuis longtemps déjà, et qui voulait poursuivre sa route, et qui voulait marcher encore, bien qu'elle eût déjà marché plus qu'il n'était possible et qu'elle se sentit incapable de marcher davantage. La vieille arabe, aux mains rousses de hainé, plus forte que le désert, celle qui est devenue pour nous Le bout du monde, la fin du voyage, l'abri. Cette femme a lu, elle aussi, ma solitude dans mes paumes. Elle qui ne savait pas lire. Son regard est entré d'un coup dans les viscères de ma mère et ses mains sont venues m'y chercher. Elle m'a cueillie au fond de la chair où j'étais terrée, au fond de cette chair qui m'avait oubliée pour continuer de marcher. Et après m'en avoir libérée, Elle a senti que mes mains ne me serviraient de rien, que j'y avais comme renoncé en naissant. Sans se comprendre, elles m'ont donné, chacune dans sa langue, le même prénom. Soledad a dit ma mère sans même me regarder. Et la vieille en écho lui a répondu Wahida Et aucune de ces deux femmes ne savait lire. Ma sœur aînée, Anita, s'est longtemps refusée à l'évidence inscrite dans mes mains, inscrite dans mon nom. Et elle a attendu. Elle a attendu qu'un homme me débaptise et que mes doigts s'attendrissent. Je me souviens d'un temps où les jeunes gens du quartier Marabout traînaient autour de chez nous dans l'espoir de me voir passer. Nonchalamment adossés aux maisons, seuls ou parfois en groupe, ils me guettaient dans les ruelles et se taisaient à mon approche. Je n'étais pas vraiment belle, du moins pas comme ma sœur Clara l'était, mais j'avais, paraît-il, une grâce singulière qui les clouait au mur. Mes sœurs me répétaient en riant les confidences des jeunes gens qui les suppliaient de plaider leur cause, ce qu'elles faisaient avec un brin de dérision, me décrivant les ridicules symptômes de leur amour, leur bégaiement, leur regard mou et nos rions. Mais moi... Je songeais à leurs membres dressés, soudain à l'étroit dans leurs culottes, et j'oscillais entre rire et dégoût. J'avais le choix, je n'avais pas de père pour m'imposer un mariage, seule Anita, l'aînée, aurait pu exercer son autorité sur moi. Elle ne l'a jamais fait, elle attendait, différent sans cesse sa propre nuit de noces. Liées par une promesse qui éloignait depuis quinze ans son mari de sa couche, nous les marierons d'abord. Tout est bien. Carole Martinez, Le cœur cousu.

  • Marjolaine

    Votre voyage en Andalousie s'achève ici. Merci de l'avoir écouté. La billège sonore est signée Hélène Biziot. La réalisation et les interviews Marjolaine Corr. Les traductions ont été assurées par Yves Deloison et Rebecca Denante. Un podcast créé sur une idée originale des éditions Voyage Gallimard. Retrouvez-nous sur toutes les plateformes et n'hésitez pas à nous laisser des étoiles si ce contenu vous a plu. A bientôt et bon voyage !

Chapters

  • Rencontre avec Rozenn le Roux à la découverte des différentes provinces de la région

    01:31

  • Gastronomie et vins andalous

    11:05

  • Le cœur cousu, Carole Martinez, extrait

    18:45

Description

La mer, la montagne, les villages blancs, son histoire, ses tapas, et bien sûr, sa charcuterie et son huile d’olive : il faut en aligner, des termes, pour définir l’immensité des possibles offerts par l’Andalousie !


La deuxième plus grande région d’Espagne couvre entièrement le sud du pays. Et c’est Rozenn Leroux, installée à Málaga, autrice du guide Coups de cœur Andalousie aux Éditions Voyages Gallimard, qui nous emmène à travers les différentes provinces de la région.

En deuxième partie, Luis Marquinez Garcia et Mara de Miguel, tous deux membres de l’académie andalouse de gastronomie, nous ferons saliver avec leurs suggestions de dégustation et la découverte de nouveaux cépages car en termes de vins, l’Andalousie s’est bien éloignée des éternels vins taniques qui la symbolisaient !


Enfin, la dernière partie de ce podcast nous plongera dans les années 30 sur ces mêmes terres andalouses, avec la lecture d’un extrait du livre audio Le cœur cousu, signé Carole Martinez, paru dans la collection Écoutez Lire aux Éditions Gallimard.


Parlez-moi d’ailleurs est bien plus qu’un podcast de voyage. C’est une invitation à rêver, à explorer et à rencontrer le monde grâce à ceux qui l’habitent. Alors, laissez-vous transporter, écoutez, et préparez-vous à goûter l’ailleurs, de chez vous ou en chemin.


Réalisation et interviews Marjolaine Koch. Habillage sonore Hélène Bizieau.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Marjolaine

    Parlez-moi d'ailleurs, un podcast Voyages Gallimard. Bienvenue. Laissez-vous raconter l'Andalousie par celles et ceux qui la vivent au quotidien. La mer, la montagne, les villages blancs, son histoire et son architecture moresque, ses tapas, ses ragouts et bien sûr, sa charcuterie et son huile d'olive, il faut en aligner des termes pour définir l'immensité des possibles offerts par l'Andalousie. La deuxième plus grande région d'Espagne couvre entièrement le sud du pays. Et en première partie de ce podcast, c'est Rosane Leroux, autrice du guide Coup de cœur Andalousie aux éditions Voyages Gallimard, qui nous embarque à travers les différentes provinces de la région. En deuxième partie, Luis Marquinez Garcia et Maradé Miguel, tous deux membres de l'Académie Andalouse de Gastronomie, nous feront saliver avec leurs suggestions de dégustation et la découverte de nouveaux cépages car en termes de vin, l'Andalousie s'est bien éloignée des éternels vins tanniques qu'il a symbolisés. Enfin, la dernière partie de ce podcast nous plongera dans les années 30 sur ces mêmes terres andalouses avec la lecture d'un extrait du roman Le cœur cousu. signée Carole Martinez. Elle vit depuis 10 ans tout au sud de l'Espagne, à Malaga, et son métier consiste à écrire des guides de voyage en Afrique, en Amérique du Sud et bien sûr en Andalousie. Rosane Leroux est autrice pour Voyage Gallimard. C'est elle qui a mis à jour la dernière édition du guide de la collection Coup de cœur. Et on s'est appelé pour qu'elle nous raconte son Andalousie. Bonjour Rozenn.

  • Rozenn Leroux

    Bonjour Marjolaine.

  • Marjolaine

    Tu es installée à Malaga. Qu'est-ce qui t'a poussée à choisir l'Andalousie ?

  • Rozenn Leroux

    L'Andalousie, c'était toujours une région qui m'avait attirée pour le soleil, le côté méditerranéen aussi. Et sur un coup de tête, je me suis dit, il faut que j'aille voir. Et j'ai posé mes valises par hasard à Malaga. C'est une ville qui m'a tout de suite plu.

  • Marjolaine

    Et qu'est-ce qui te plaît particulièrement en Andalousie ?

  • Rozenn Leroux

    J'aime beaucoup l'ambiance chaleureuse qui règne dans les rues andalouses. On va souvent avec mes amis manger des tapas, des espétos, des sardinases, des brochettes de sardines. Et on va aussi beaucoup randonner dans les alentours. Donc c'est vrai que... C'est une très bonne qualité de vie.

  • Marjolaine

    Alors il y a une tradition qui fait un peu et même beaucoup l'identité de l'Andalousie, ce sont les ferias. Peux-tu nous expliquer d'où vient cette tradition ?

  • Rozenn Leroux

    L'Andalousie a été longtemps occupée par les Romains. Et à l'époque, les Romains avaient des cérémonies agraires qui s'appelaient feriae et qui étaient pour rendre hommage aux divinités de la fertilité et de l'abondance. Et au fil des siècles, avec l'arrivée des musulmans, Les férias ont évolué en intégrant certains éléments de la culture musulmane, mais aussi l'influence gitane qui a apporté sa touche rythmée avec le flamenco, dont la musique et la danse sont des incontournables des férias andalouses.

  • Marjolaine

    Est-ce qu'il y a des férias que tu nous recommandes plus particulièrement ?

  • Rozenn Leroux

    Déjà, les férias se déroulent d'avril à octobre, donc il y a beaucoup de villes, de villages qui ont leurs propres férias. La première férias qui commence la saison, c'est la férias des Séville. qui est la plus populaire, mais qui reste très fermée avec les casse-tasses privées. Donc moi, je conseillerais plutôt celle de Malaga, en plein mois d'août, qui s'étale sur plus d'une semaine, et donc on peut profiter de la fériade de jour, de la fériade de nuit, et s'amuser dans une ambiance chaleureuse. Nada, del inicio de la feria de Malaga 2024, que comienza este 16 de agosto, con el espectáculo de drones y fuegos artificiales. La ciudad se alista para una semana cargada de actividades, música y folclore para todo tipo de público.

  • Marjolaine

    Et qu'est-ce qui se passe pendant ces journées ? De nuit, de jour, je crois qu'il y a des ambiances différentes.

  • Rozenn Leroux

    Alors premièrement, vous avez la feria de jour qui se déroule dans le centre-ville. Donc là, il y a des concerts, des spectacles de flamenco. Il y a beaucoup de monde dans les rues, tout le monde se rassemble. Et puis après, il y a aussi la feria de nuit, qui est un peu à l'écart du centre-ville, au parc des expositions, où là, vous avez une fête foraine avec la grande route, des manèges, et aussi des cassettes, ce sont des petites maisonnettes colorées où chacune a son ambiance. Donc, on s'y retrouve entre amis, entre collègues, pour aller partager des plats traditionnels, pour aller chanter, pour aller danser jusqu'au bout de la nuit.

  • Marjolaine

    Rozenn, tu nous proposes aussi un itinéraire pour découvrir tous les aspects de l'Andalousie. Alors, en voiture ou en train, c'est possible pour une partie de cet itinéraire. Par quoi nous conseilles-tu de commencer ?

  • Rozenn Leroux

    Bien sûr, je dirais les incontournables de la destination, comme Séville, la capitale andalouse. Il faut bien évidemment ne pas manquer sa cathédrale gothique, qui est l'une des plus grandes au monde et qui abrite le tombeau de Christophe Colomb. Et monter à Sagiralda qui déploie une vue splendide sur la ville. Après on peut aussi aller se balader dans les jardins du Réal à Casar, le palais royal, avant de longer le fleuve Guadalquivir et de partir découvrir le quartier authentique de Triana qui est considéré comme le berceau du flamenco.

  • Marjolaine

    Alors si c'est le berceau du flamenco, ça veut dire qu'il y a beaucoup de spectacles, beaucoup de concerts ?

  • Rozenn Leroux

    Oui, après, c'est généralement improvisé. Il faut pousser un peu la porte des barres et palper un peu l'ambiance qu'il peut y avoir. C'est généralement improvisé.

  • Marjolaine

    Alors, une fois qu'on quitte Séville, où nous emmènes-tu ?

  • Rozenn Leroux

    Après, je vous emmènerai à Cordoue, qui est classée au patrimoine mondial de l'UNESCO, pour sa vieille ville, avec sa mesquita, la mosquée cathédrale. qui est une visite incontournable de la ville. Au départ, c'était une mosquée qui a été construite sur les restes d'une église chrétienne au 8e siècle. Au moment de la prise de la ville par les chrétiens en 1236, cette mosquée a été convertie en église chrétienne. Mais les chrétiens, devant tant de splendeur, ont décidé de préserver cette mosquée et de rajouter des extensions tout autour. Je conseille la visite plutôt la nuit puisqu'il y a des arcades et les arcades sont illuminés avec des projecteurs et ça crée des jeux de lumière assez impressionnants.

  • Marjolaine

    Donc quand on part à Cordoue, on part à l'est de Séville et donc on commence un circuit qui nous emmène sur d'autres destinations, peut-être un petit peu moins connues cette fois-ci ?

  • Rozenn Leroux

    Oui, bien sûr. Vous avez par exemple Montoro qui est situé à une quarantaine de kilomètres à l'est de Cordoue. C'est un petit bourg qui est perché sur une colline escarpée qui surplombe le fleuve Guadalquivir et qui offre des panoramas splendides. Ce sont des petites ruelles pentues bordées de maisons blanches. On peut aussi aller voir la plaza de España qui est entourée de bâtiments et de monuments qui sont construits à partir d'une pierre rouge locale typique. C'est vraiment une très jolie place.

  • Marjolaine

    Alors au départ, tu nous as parlé de ton attrait pour les randonnées. Et Montoro, c'est l'un de tes endroits préférés, je crois. Oui,

  • Rozenn Leroux

    oui, dans toute l'Andalousie, il y a de très jolies randonnées. Montoro, effectivement, on peut aller dans les alentours, au niveau des montagnes. Les paysages, ils sont de toute beauté, passant des forêts de chênes, aux montagnes plantées d'oliviers et d'arbousiers.

  • Marjolaine

    Bon, et après s'être dégourdi les jambes, on repart sur une destination beaucoup plus connue, Grenade.

  • Speaker #2

    La Lambra est beaucoup de choses en même temps. C'est fondamentalement une fortesse, un chateau, avec 2 km de murailles, 32 torres, 4 portes, 10 hectares et un palais au centre.

  • Rozenn Leroux

    Évidemment, on ne peut pas manquer Grenade et sa fameuse Alhambra, cet ensemble majestueux de palais, de forteresses qui ont été érigés entre le XIIIe et le XVe siècle. Alors là, il faut prendre au moins... Une demi-matinée pour aller déambuler dans les splendides jardins de la Lambra aux fontaines relaxantes et pousser la porte de ces fastueux palais pour se laisser étourdir par tant de beauté.

  • Marjolaine

    Alors la Lambra, c'est le grand classique de Grenade, mais je crois que tu as envie de nous faire replonger dans la nature parce que décidément, l'Andalousie, c'est la région où on peut mêler les grands panoramas et le patrimoine.

  • Rozenn Leroux

    Oui, je vous emmène dans les montagnes à l'entour à une heure de Grenade. Aux Alporaras, il y a une région qui est située sur les flancs sud de la Sierra Nevada, où on trouve différents villages pittoresques qui sont accrochés à ces flancs, comme Capilera, Trevelles, Boubion ou encore Pampanera. Alors ce sont des destinations qui sont appréciées au printemps, comme en automne pour les randonnées, mais notamment en hiver pour aller skier sur la Sierra Nevada, d'où l'on voit la Méditerranée. qui se déploie tout en se client. C'est superbe.

  • Marjolaine

    Est-ce qu'il est possible de skier le matin et d'aller plonger dans la mer l'après-midi en hiver ? Ou bien est-ce que l'eau est trop froide quand même ?

  • Rozenn Leroux

    Bon, ça dépend. Les courageux pourront aller se baigner, les bretons pourront y aller. Mais elle reste quand même assez froide l'hiver. Mais ça peut se correspondre peut-être au mois de mars, parce qu'il reste encore de la neige au niveau de la Sierra Nevada. Et au mois de mars, les températures commencent à être bonnes pour aller se baigner.

  • Marjolaine

    Alors du coup, on va terminer par la mer. Où est-ce qu'il faut aller pour se baigner et trouver des belles plages ?

  • Rozenn Leroux

    Il y a un lieu que j'apprécie vraiment, qui est peut-être mon endroit préféré en Andalousie, c'est le parc naturel de Cabo de Gata. On est dans un paysage désertique, où se trouve sur la côte de multiples calanques, avec une eau d'une transparence remarquable. On peut aller se baigner, mais aussi faire du snorkeling, pour aller voir des poissons de toutes les couleurs. On peut, durant l'été, profiter d'un petit camping près de... la station balnéaire de Sainte-Rosée, puis aller poser sa serviette sur l'une de ces grilles comme la Playa de Montsoul ou la Cala de San Pedro. Et même pour les plus sportifs, partir en randonnée le monde des sentiers volcaniques de la route.

  • Marjolaine

    Quand on voyage, la découverte passe par les cinq sens. Et dans ces moments-là, s'il y en a un que l'on aime particulièrement explorer, c'est celui du goût. La région andalouse s'étale sur tout le sud depuis la frontière portugaise jusqu'à la côte est et de ce fait, l'exploration gustative aura plusieurs facettes sur ce territoire. Alors pour les explorer, j'ai rencontré Maradé Miguel qui est oenologue, vous l'entendrez plus tard, et Luis Marquinez Garcia. Lui, il est architecte mais surtout grand amateur de cuisine et tous les deux sont membres de l'Académie andalouse de gastronomie. J'ai d'abord demandé à Luis quel plat lui semble incontournable.

  • Luis Marquinez Garcia

    En Andalousie, il existe deux types de repas vraiment connus, les fruits de mer et la chacina, qui est un saucisson de porc ibérique. La majeure partie du jambon mondial est produite à Huelva, en Andalousie. A l'évocation de l'Espagne, tout le monde pense au jambon, qui est le produit le plus représentatif du pays. Il est andalou, mais il y a aussi les fruits de mer. Comme l'Andalousie a beaucoup de littoral, les visiteurs viennent beaucoup pour les plages, puis découvrent les fruits de mer et le poisson, des plats très traditionnels ici. Et puis l'Andalousie a une zone intérieure, à Cordou, à Jaen, Grenade aussi un peu, même si Grenade a une zone côtière. où il y a une gastronomie d'éther avec des ragouts plus traditionnels. À Cordoue, c'est la queue de taureau qui est célèbre et le salmorejo qui ressemble à une espèce de soupe de tomates froides. Ensuite, à partir d'ici, il y a beaucoup de ragouts d'influence arabe. L'Andalousie a été la dernière partie de l'Espagne et d'Europe à rester entre les mains des musulmans. Donc on y retrouve une culture faite de plats d'origine arabe, notamment du côté des pâtisseries. Beaucoup de gâteaux sont devenus célèbres comme l'Alfajor, les Sablé, les Pestignos et le Pionono. Ces gâteaux d'origine arabe continuent d'être très présents aujourd'hui dans la gastronomie andalouse.

  • Marjolaine

    Et alors quel type de restaurant doit-on tester lors d'une visite en Andalousie ?

  • Luis Marquinez Garcia

    Je crois qu'il y a deux types de restaurants. En Andalousie, la tradition veut que l'on mange dans un chiringuito quand on va à la plage. Ce sont des restaurants collés les uns aux autres, en bordure de plage, où on mange principalement des fruits de mer et des poissons. Ensuite, il y a les restaurants traditionnels dans les capitales des provinces intérieures, où il y a une cuisine plus traditionnelle, plus de ragout, plus à base de viande de porc ibérique, qu'il est important de tester aussi.

  • Marjolaine

    Habituellement, quand on se rend dans un autre pays, on va voir aussi les épiceries, les supermarchés, pour voir ce que mangent les habitants. Que peut-on rapporter à la maison ?

  • Luis Marquinez Garcia

    Je recommande deux produits essentiels qu'il faut toujours apporter parce qu'ils nous rendront plus heureux. Les charcuteries sont incontournables, le jambon, la longe de porc, le saucisson, le porc ibérique. Ce sont les joyaux les plus importants d'Espagne, avec un autre joyau spécifiquement en Andalousie, l'huile d'olive. Les deux zones les plus importantes de production d'huile d'olive du monde sont Jaén et Cordoue. En fait, ces territoires détiennent les olives les plus primées de l'histoire. Voilà pourquoi il faut repartir avec une bonne huile d'olive et un bon saucisson de jambon ibérique dans ses valises, en guise de souvenir. Je crois que ce sont des valeurs sûres. des amour-sauce, du jamon ibérique, de la canne de l'ombre, du salchichon, je crois que c'est un accueil sûr.

  • Marjolaine

    Et pour déguster ses produits, Mara de Miguel ajoute un conseil supplémentaire, se tourner vers les marchés. Sortez vos stylos.

  • Mara de Miguel

    Les marchés traditionnels sont à la mode maintenant. Et en plus, ils se sont convertis en marchés gastronomiques. Le soir, tu peux aller acheter, boire ou manger sur place. À Cordoue, par exemple, au marché Victoria, Tu peux t'acheter un plat de jambon, mais tu peux aussi le rapporter à la maison. À Séville, il faut visiter le marché de Triana. C'est hallucinant de voir la richesse culturelle gastronomique à des prix très corrects, parce que c'est un vrai marché, un endroit fréquenté par les habitants. Ça fait la différence. Ou encore le marché del Carmen, à Hueva, où tu peux voir toutes les sortes de poissons et tu peux en acheter à partir de 100 grammes pour le cuisiner ou pour qu'on te le cuisine sur place. Tu payes seulement le prix du poisson et 1 ou 2 euros ou des plus pour la cuisson. C'est hallucinant.

  • Marjolaine

    Mara dé Miguel est oenologue, elle a décroché des prix dans celui de meilleure sommelière de sa région. Elle suit les évolutions locales avec passion et elle constate une véritable évolution des méthodes des vignerons locaux qui font émerger de nouveaux vins plutôt inattendus pour une région si chaude.

  • Mara de Miguel

    Heureusement, il y a un changement de tendance où ces vins de Rioja, très lourds, dans le style des Bordeaux, existent, sceptent toujours. Mais les palais des consommateurs ont évolué. Ce qui a provoqué l'apparition de vins plus légers, plus faciles, pour prendre un verre. Les oenologues dans les chais jouent sur l'anticipation des vendanges pour cela. Et en effet, cette année, en Andalousie, on trouve autour de 15-20 pétillants. C'est hallucinant. C'est une autre grande révolution. Et comment on arrive à cela ? en avançant les vendanges. À Cordoue, cette année, par exemple, elles ont commencé le 15 juillet. Imagine, très très tôt. Nous vivons un moment important pour l'Andalousie, car les cépages locaux sont enfin à la mode. Pour te faire une idée, par exemple, à Portdou, l'appellation contrôlée Montilla Moriles, notre raisin star, c'est le Pedro Jiménez. Jusqu'à présent, ce raisin se buvait en vin doux, mais maintenant, il est vieilli à la manière du Bourgogne, dans un style plus versatile, plus léger. À Huelva aussi, il y a des vins et nous avons cet autre cépage local, la Salema. Ils font des vins merveilleux, des vins blancs, faciles à boire, avec beaucoup de salinité, avec une plus faible teneur en alcool. Ou encore, par exemple, à Malaga, avec le Musca, ils n'en font pas un vin doux, mais un vin blanc à 12 degrés, très dynamique. 12%, ce sont des vins très dynamiques.

  • Marjolaine

    Pour compléter cette évasion, ce podcast se termine par la lecture d'un extrait de roman. L'intrigue se déroule en Andalousie, c'est l'histoire de Flasquita Carrasco, une femme qui, dans les années 30, dans son village, a la réputation d'être une magicienne ou une sorcière. Ses dons se transmettent au vêtement qu'elle coûte. Mais la vie de Frasquita bascule lorsque son mari la joue et la perd dans un combat de coq. La voilà répudiée, condamnée à errer à travers l'Andalousie avec ses enfants. Ce roman, c'est celui de Carole Martinez, Le Coeur cousu, paru chez Gallimard en 2007 et récompensé de 9 prix. Vous écoutez un extrait du livre audio Le Coeur cousu, lu par Suliane Brahim de la Comédie française, paru dans la collection Écoutez lire. Oumou,

  • Speaker #6

    Oumou, Oumou Prologue. Mon nom est Soledad, je suis née dans ce pays où les corps sèchent, avec des bras morts, incapables d'enlacer et de grandes mains inutiles. Ma mère a avalé tant de sable avant de trouver un mur derrière lequel accoucher, qu'il m'est passé dans le sang. Ma peau masque un long sablier impuissant à se tarir. Nus sous le soleil, peut-être verrait-on par transparence l'écoulement sableux qui me traverse, la traversée. Il faudra bien que tout ce sable retourne un jour au désert. À ma naissance, ma mère allume à solitude à venir. Ni donner, ni recevoir, je ne saurais pas, jamais. C'était inscrit dans la paume de mes mains, dans mon refus obstiné de respirer, de m'ouvrir à l'air vicié du dehors, dans cette volonté de résister au monde qui cherchait à s'engouffrer par tous mes trous, furetant autour de moi comme un jeune chien. L'air est entré malgré moi et j'ai hurlé. Jusque-là... Rien n'était parvenu à ralentir la marche de ma mère. Rien n'était venu à bout de son entêtement de femme jouée. Jouée et perdue. Rien. Ni la fatigue, ni la mer, ni les sables. Personne ne nous dira jamais combien de temps aura duré notre traversée, combien de nuits ces enfants qui suivaient leur mère ont dû dormir en marchant. J'ai poussé sans qu'elle y prit garde. accrochée à ses entrailles pour ne pas partir avec toute cette eau qu'elle perdait sur les chemins. J'ai lutté pour être du voyage et ne pas l'interrompre. La vieille mauresque qui a arrêté ma mère en lui touchant le ventre, celle qui a murmuré harapsi comme on élève un mur, et qui, armée d'une main et d'une parole, s'est dressée seule face à la volonté furieuse de cette femme, grosse d'une enfant arrivée à terme depuis longtemps déjà, et qui voulait poursuivre sa route, et qui voulait marcher encore, bien qu'elle eût déjà marché plus qu'il n'était possible et qu'elle se sentit incapable de marcher davantage. La vieille arabe, aux mains rousses de hainé, plus forte que le désert, celle qui est devenue pour nous Le bout du monde, la fin du voyage, l'abri. Cette femme a lu, elle aussi, ma solitude dans mes paumes. Elle qui ne savait pas lire. Son regard est entré d'un coup dans les viscères de ma mère et ses mains sont venues m'y chercher. Elle m'a cueillie au fond de la chair où j'étais terrée, au fond de cette chair qui m'avait oubliée pour continuer de marcher. Et après m'en avoir libérée, Elle a senti que mes mains ne me serviraient de rien, que j'y avais comme renoncé en naissant. Sans se comprendre, elles m'ont donné, chacune dans sa langue, le même prénom. Soledad a dit ma mère sans même me regarder. Et la vieille en écho lui a répondu Wahida Et aucune de ces deux femmes ne savait lire. Ma sœur aînée, Anita, s'est longtemps refusée à l'évidence inscrite dans mes mains, inscrite dans mon nom. Et elle a attendu. Elle a attendu qu'un homme me débaptise et que mes doigts s'attendrissent. Je me souviens d'un temps où les jeunes gens du quartier Marabout traînaient autour de chez nous dans l'espoir de me voir passer. Nonchalamment adossés aux maisons, seuls ou parfois en groupe, ils me guettaient dans les ruelles et se taisaient à mon approche. Je n'étais pas vraiment belle, du moins pas comme ma sœur Clara l'était, mais j'avais, paraît-il, une grâce singulière qui les clouait au mur. Mes sœurs me répétaient en riant les confidences des jeunes gens qui les suppliaient de plaider leur cause, ce qu'elles faisaient avec un brin de dérision, me décrivant les ridicules symptômes de leur amour, leur bégaiement, leur regard mou et nos rions. Mais moi... Je songeais à leurs membres dressés, soudain à l'étroit dans leurs culottes, et j'oscillais entre rire et dégoût. J'avais le choix, je n'avais pas de père pour m'imposer un mariage, seule Anita, l'aînée, aurait pu exercer son autorité sur moi. Elle ne l'a jamais fait, elle attendait, différent sans cesse sa propre nuit de noces. Liées par une promesse qui éloignait depuis quinze ans son mari de sa couche, nous les marierons d'abord. Tout est bien. Carole Martinez, Le cœur cousu.

  • Marjolaine

    Votre voyage en Andalousie s'achève ici. Merci de l'avoir écouté. La billège sonore est signée Hélène Biziot. La réalisation et les interviews Marjolaine Corr. Les traductions ont été assurées par Yves Deloison et Rebecca Denante. Un podcast créé sur une idée originale des éditions Voyage Gallimard. Retrouvez-nous sur toutes les plateformes et n'hésitez pas à nous laisser des étoiles si ce contenu vous a plu. A bientôt et bon voyage !

Chapters

  • Rencontre avec Rozenn le Roux à la découverte des différentes provinces de la région

    01:31

  • Gastronomie et vins andalous

    11:05

  • Le cœur cousu, Carole Martinez, extrait

    18:45

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