La Crète : entre Méditerranée et montagnes sacrées cover
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Parlez-moi d’ailleurs

La Crète : entre Méditerranée et montagnes sacrées

La Crète : entre Méditerranée et montagnes sacrées

29min |06/05/2025
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Parlez-moi d’ailleurs

La Crète : entre Méditerranée et montagnes sacrées

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29min |06/05/2025
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Description

On dit que c’est l’île natale de Zeus. La Crète est surtout un carrefour de cultures, où les Grecs, les Romains, les Byzantins, les Vénitiens, et les Turcs ont laissé une empreinte. Cette île tout en longueur, 257 km exactement, est aussi traversée par une chaîne de montagnes dont le point culminant atteint 2 456 m d’altitude. La mer, la montagne, et entre les deux, des grottes, des canyons. Bienvenue au paradis des plongeurs et des randonneurs.

 

En première partie, c’est une enfant du pays qui nous fait découvrir les trésors de la Crète : Marie Geredakis, autrice pour les guides Coups de cœur aux Éditions Voyages Gallimard. Musique crétoise, danse, fêtes, musées incontournables, hébergements chez l’habitant, monastères, sentiers de randonnées… elle partage tous ses coups de cœur.

 

Côté gastronomie, on a confié à Dina Nikolaou, la cheffe du restaurant parisien Evi Evane, le soin de nous raconter ses petits plaisirs crétois : herbes aromatiques, huile d’olive, légumes et fruits mûris au soleil, fromage, miel…

 

Enfin, comme à son habitude ce podcast s’achèvera sur une lecture dans les contreforts grecs. Vous découvrirez un extrait du roman Trouver refuge signé Christophe One-dit-Biot paru dans la collection Écoutez Lire aux Éditions Gallimard.


Réalisation et interviews Marjolaine Koch. Habillage sonore Hélène Bizieau.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Parlez-moi d'ailleurs, un podcast Voyage Galima. Bienvenue ! Aujourd'hui, laissez-vous raconter la Crète par celles et ceux qui la vivent au quotidien. On dit que c'est l'île natale de Zeus. La Crète est surtout un carrefour des cultures où les Grecs, les Romains, les Byzantins, les Vénitiens et les Turcs ont laissé une empreinte. Cette île tout en longueur, 257 km exactement, est aussi traversée par une chaîne de montagnes dont le point culminant, le mont Psiloritis, atteint 2456 m d'altitude. La mer, la montagne et entre les deux, des grottes et des canyons. Bienvenue au paradis des plongeurs et des randonneurs. En première partie, c'est une enfant du pays qui nous fait découvrir les trésors de la Crète, Marie Guéredakis, autrice pour les guides coup de cœur aux éditions Voyages Gallimard. Ensuite, côté gastronomie, on a confié à Dina Nicolaou, la chef du restaurant parisien Evie et Van, le soin de nous raconter ses petits plaisirs crétois, une île qu'elle a parcourue en long et en large pour l'émission culinaire qu'elle a longtemps animée pour la télé grecque. Enfin, cet épisode se terminera sur une lecture dans les contreforts grecs vous découvrirez un extrait du roman Trouver refuge, signé Christophe Onodipio. La civilisation crétoise aurait été fondée par le roi Minos, fils de Zeus, et d'une princesse phénicienne prénommée Europe. Je vous parle d'une histoire qui se déroule il y a 4700 ans et qui signerait l'apparition de la civilisation minoenne. En parcourant l'île durant votre séjour, vous trouverez de nombreuses références à cette époque et à cette histoire, mais aussi aux nombreuses occupations successives. Le rattachement à la Grèce est relativement récent. Mais je laisse la spécialiste de ces questions, Marie Gerédakis, autrice d'ouvrages sur la mythologie grecque et sur la crête, prendre la suite du récit. Quel lien les Crétois entretiennent-ils avec la Grèce ?

  • Marie Geredakis

    Alors il faut savoir que la Grèce a gagné son indépendance en 1830 et la Crète a été indépendante beaucoup plus tard, donc en 1913. Ce qui fait qu'il y a eu quand même une très grande période historique où elle n'était pas rattachée à la Grèce, où il y avait de nombreuses puissances qui se sont succédées sur l'île pour finalement, après une révolution qu'ont menée les Crétois, accordé enfin l'autonomie à la Crète. Ce qui veut dire que ça a été un processus qui s'est fait dans la durée, qui a été assez douloureux, et qui explique qu'il y a un fort sentiment de fierté en Crète d'être grec, avec même le sentiment d'être peut-être plus grec que les autres grecs. Et en parallèle, une très grande fierté par rapport aux coutumes et puis à la tradition crétoise.

  • Speaker #0

    Tu parles de cette fierté, elle se traduit comment concrètement ?

  • Marie Geredakis

    Comment elle se traduit ? Peut-être l'affichage de certains éléments de la culture crétoise. La musique est un élément qui est très important. Et encore aujourd'hui, les jeunes jouent de la musique et apprennent à jouer de la musique crétoise. Ça fait partie de la vie quotidienne, il y a beaucoup de fêtes. Et puis après, ça se retrouve dans les échanges qu'on peut avoir avec les gens sur place. On sent que quand ils parlent de leur île, ils se sont très attachés. Et pour eux, c'est le plus bel endroit du monde.

  • Speaker #0

    Et ces fêtes, est-ce qu'il y en a beaucoup ? On peut y assister facilement ?

  • Marie Geredakis

    En fait, en Crète, comme en Grèce d'ailleurs, les fêtes patronales des saints religieux sont presque... plus importantes que les anniversaires. Donc chaque village va avoir un saint patron et donc une fête qui est associée à ce saint où tout le village va se retrouver donc d'abord en allant à l'église en général et puis après souvent il y a une fête qui est organisée avec de la musique encore une fois, de la danse, de la nourriture, tout le monde se rassemble. Et donc ces fêtes-là, elles sont très nombreuses pendant toute l'année en fait. C'est vraiment un endroit où je conseille d'aller parce qu'on est au plus près de la culture crétoise, je trouve. Il ne faut pas hésiter parce qu'on peut avoir peur peut-être de ne pas connaître les pas, mais il y a certaines danses qui sont très simples. Et je trouve que c'est une expérience très forte du coup de vivre ce moment-là.

  • Speaker #0

    Alors ça, c'est un premier point d'entrée pour appréhender la culture crétoise. Et est-ce qu'il y en a d'autres que tu conseillerais ?

  • Marie Geredakis

    Alors, souvent, dans les guides, on déconseille de passer par Héraclion, qui est la grosse ville, le point d'entrée avec l'aéroport. Mais je trouve qu'il y a deux musées qui s'y trouvent, qui sont vraiment incontournables et qui sont magnifiques. C'est d'abord le musée archéologique, qui permet d'approcher toute la culture minoenne, qui est d'une richesse incroyable. La majorité des fouilles se trouvent au musée des Réacliants. On peut observer par exemple les abeilles de Malia. C'était un pendentif qui a été retrouvé en or, où il y a deux abeilles qui butinent une goutte de miel. C'est magnifique. C'est un très grand musée, donc soit il faut le faire en plusieurs fois, ou alors il faut sélectionner un petit peu les salles, mais je trouve que c'est important de le voir. Je conseillerais aussi un autre musée, Il est... dans la même ville, donc c'est le musée historique de Crète, qui lui présente vraiment un aperçu de l'histoire tumultueuse de la Crète avec toutes les invasions qu'il y a pu avoir. Et ça permet aussi de comprendre la culture crétoise puisqu'il y a tout un volet un peu ethnographique, sociologique avec des outils traditionnels, avec l'artisanat, par exemple, les broderies, le tissage. Et puis, il y a une salle qui est dédiée au grand écrivain crétois, qui est Nikos Kazantzakis, qui permet d'appréhender son œuvre, et qui est connue aussi à l'étranger, pour Zorba le Grec, par exemple.

  • Speaker #0

    Alors maintenant qu'on a mieux cerné la culture crétoise, quel type de logement conseilles-tu pour un séjour ?

  • Marie Geredakis

    En Crète, il y a les chambres. Ce ne sont pas vraiment les chambres chez l'habitant, mais souvent ce sont des personnes qui ont une petite pension, disons, avec plusieurs chambres. Donc moi, je recommanderais plutôt ça, ou des petits hôtels, mais plutôt dans les villages, parce que ça permet d'être plus proche du rythme des crétois, d'être plus dans la nature, et de s'éloigner un petit peu des zones où il y a trop de monde.

  • Speaker #0

    Et pour se déplacer, j'imagine que la voiture reste incontournable.

  • Marie Geredakis

    Oui, parce que la crête est quand même une grande île, puis montagneuse, avec des grosses distances, souvent entre les points à parcourir. Il y a un réseau de bus, mais il va vraiment limiter les options que le voyageur va avoir. Donc la voiture est un bon moyen d'être libre et de se perdre aussi. Parce que c'est ce qui fait le charme de la crête, je trouve. Ce n'est pas d'aller d'un point A à un point B, c'est de se dire, bon, allez, on va prendre cette route. Et puis, on va voir si on ne trouve pas quelque chose sur la route. Et en général, on trouve toujours quelque chose. Donc un village, un site, une église, un monastère. La voiture offre cette liberté-là.

  • Speaker #0

    Et alors, est-ce qu'on voit des cyclotouristes en Crète ?

  • Marie Geredakis

    Oui, de plus en plus. Au début, tout le monde disait que c'était des fous. Parce que c'est vrai que les Crétois ne sont pas très sportifs. Et en plus, étant donné les dénivelés et la chaleur, ce n'est pas du tout quelque chose d'habituel. mais ça se développe. Il y a un marché à côté de mon village, et plusieurs fois, on a vu des couples qui étaient en vélo, qui faisaient des étapes pour s'acheter des fruits et légumes au marché. C'était des choses qu'on ne voyait pas trop avant ça. Je dirais plutôt, si on a envie de faire ça, de privilégier les demi-saisons, le printemps ou l'automne, parce qu'en été, il fait vraiment très chaud.

  • Speaker #0

    Elle peut monter jusqu'à combien, la température, en été ?

  • Marie Geredakis

    De plus en plus, ça monte à plus de 40 degrés, avec des périodes de canicule qui s'étendent sur plusieurs jours. Donc là, c'est compliqué. Et puis, un ravitaillement en eau qui peut être difficile aussi sur certaines portions de l'île. En fait, il y a trois saisons, disons, en Crète. Un printemps, mais qui est très doux, qui commence dès le mois de mars, qui se réduit d'ailleurs jusqu'au mois de mai. Et puis après, à partir de fin mai, début juin, c'est vraiment l'été qui commence. jusqu'au mois de novembre, avec un pic de chaleur en juillet et août. Et de plus en plus, la saison des pluies, qui allait de novembre à mars, se réduit. Par exemple, l'année dernière, à Noël, il faisait presque 25 degrés, et il y avait peu de pluie, ce qui est un véritable problème pour les gens sur place, qui sont souvent agriculteurs. C'est compliqué parce qu'il y a de moins en moins d'eau aussi disponible sur l'île pour irriguer toutes les cultures.

  • Speaker #0

    Bon, donc, message reçu. Quand on est en Crète, on prend garde à sa consommation d'eau. Et maintenant, si tu devais partager un endroit qui serait ton coup de cœur, ce serait lequel ?

  • Marie Geredakis

    Bon, s'il faut en choisir un, je crois que je choisirais un monastère. Donc, c'est le monastère d'Odigitria qui se trouve dans le sud d'Héracléon et qui est perdu dans la montagne. J'aime beaucoup y aller le soir, l'été, en fin de journée, pour écouter la liturgie à l'extérieur du monastère. En fait, il y a des bancs. Et puis, il y a une vue sur la montagne. Et on devine un peu la mer qui commence derrière la colline. C'est un lieu de paix, je trouve, qui est vraiment très beau.

  • Speaker #0

    Oui, parce qu'en Crète, il n'y a pas que la mer, en réalité.

  • Marie Geredakis

    En fait, ce qui frappe, je trouve, quand on est en Crète, c'est la prédominance de la montagne. Et donc moi je conseillerais aussi de ne pas vouloir faire que des plages, mais de s'aventurer sur les contreforts montagneux, parce que c'est ce qui fait aussi vraiment l'identité de ce lieu.

  • Speaker #0

    Et j'imagine qu'il y a des chemins de randonnée ?

  • Marie Geredakis

    Bien sûr, il y a plein de gorges, de magnifiques gorges à parcourir, souvent très impressionnantes avec des parois rocheuses qui peuvent être très resserrées et qui débouchent sur la mer et sur des plages magnifiques. Et ensuite, il y a un sentier de randonnée. C'est le sentier européen E4 qui traverse toute l'île. C'est un sentier qui passe à la fois par des chemins côtiers, mais qui va aussi monter au Psiloritis, qui est la chaîne montagneuse la plus haute de Crète, qui va passer dans plein de paysages différents. Christophe Auroz,

  • Speaker #0

    c'est hyper impressionnant. Elles sont à quelle hauteur les falaises autour de nous ? Elle faut environ 700 mètres de haut. Non mais c'est quand même dingue cet endroit, en gré que la terre s'est ouverte ! C'est fou ! C'est effectivement ce qui s'est passé, cette gorge est le résultat de la collision entre deux plaques tectoniques. La plaque africaine est venue heurter la plaque eurasienne. Et regarde, on arrive à la carte postale typique de la région. C'est la partie la plus étroite des corps. Les crétois l'appellent la porte de fer.

  • Marie Geredakis

    Voilà, en se renseignant un peu à l'avance, il y a des tronçons qui sont magnifiques, qu'on peut emprunter. Puis après, ne pas hésiter aussi à demander aux habitants s'il n'y a pas des chemins à emprunter là où on est. C'est ce qui fait le charme de la crête aussi, tout n'est pas balisé. Il y a toujours à découvrir autour de là où on se trouve.

  • Speaker #0

    On a tous entendu parler du régime crétois. La cuisine de l'île est réputée simple, mais parfumée et savoureuse. Nous en avons discuté avec Dina Nikolaou, qui vit une partie de l'année en Grèce, et l'autre à Paris, où elle a ouvert plusieurs restaurants et traiteurs. Dina Nikolaou, est-ce que vous pouvez déjà me raconter votre lien avec la Crète ?

  • Dina Nikolaou

    Alors, je suis grecque, je ne suis pas crétoise, mais avec la Crète, j'ai des liaisons gastronomiques. qui me tiennent au cœur. Ça fait vingt ans que j'étais là-bas, en Crète, pour faire des émissions sur les produits et des producteurs en Crète. Bonsoir à tous. Bienvenue de nouveau. Nous sommes encore ici, prêts. Ecoutez ce qui se passe. Ecoutez le poivre. Je suis vraiment amoureuse. Il a des produits extraordinaires. Il a une cuisine simple, mais tellement... En qualité de produits, avec une philosophie de bien manger, de bien être, que j'ai adoré.

  • Speaker #0

    Alors pour commencer, est-ce que le rythme des repas est différent de celui qu'on connaît en France ?

  • Dina Nikolaou

    Le matin, c'est le petit déjeuner, ça peut être un petit tiropita ou des feuilletés avec le fromage. Ou le hortopita, c'est les feuilletés avec les herbes sauvages. Et un héléniko, un café grec, bien évidemment, qu'on adore. ou un yaourt grec avec du miel de thon qui est en Crète. C'est sa meilleure version, selon moi. Après, pour le midi, on mange un peu tard. En Grèce, en général, et en Crète aussi. Ce n'est pas à midi qu'on mange, c'est plutôt à 14h. Et après, le soir aussi, on mange tard. Et entre-temps... On peut avoir le petit maizé avec une cicoudia et bien évidemment les produits saisonniers. On aime bien les produits de saison.

  • Speaker #0

    Et pour vous, quels sont les plats classiques à tester ?

  • Dina Nikolaou

    Bien évidemment, il faut tester à des cristaux. C'est l'agneau cuit lentement à la perfection. La méthode de cuisson de l'agneau est un cercle de fils de fer à plusieurs niveaux. autour d'un feu où les morceaux d'agneau sont drapés et cuits lentement. Sinon, les escargots. Je ne sais pas si les Français aiment les escargots. En Crète, ils adorent ça. Ils les font à la poêle avec du sel, avec des herbes aromatiques. À côté, bien évidemment, d'acos. D'acos, c'est la biscotte d'or avec les tomates rouges mûries dans le soleil crétois. avec le midi-thra ou avec un autre fromage crétois, baigner à l'huile d'olive, l'origan, le thon. En Crète, on aime beaucoup les légumes, les fruits, les légumes secs. Ils adorent une sorte de salade qu'on appelle ospriada ou palicaria, qui est un mélange avec plusieurs légumes secs, avec des herbes sauvages arrosées avec l'huile d'olive. Goûtez ça sur place. Ça sort de la cuisine traditionnelle crétoise.

  • Speaker #0

    Nous utilisons essentiellement les produits de notre terre pour la préparation du régime crétois. Des aliments naturels, sans ajout d'éléments chimiques complémentaires. C'est surtout cela le secret de notre régime en Crète. Nos anciens se sont toujours nourris de cette manière. C'est pourquoi notre population âgée se porte aussi bien. Ils mangent surtout des fruits et des légumes venant de leur potager. Et surtout, ils consomment beaucoup moins de viande. C'est essentiel. C'est vrai que nos anciens affichent une bonne santé. On a beaucoup de centenaires chez nous. Alors, vous venez d'évoquer les plats salés. Maintenant, du côté du sucré, pour vous, quels sont les incontournables ?

  • Dina Nikolaou

    Les desserts les plus connus en Crète, on peut dire que c'est les kaltzounes. Les kalchounias ce sont des petites tartes de crêpes avec une pâte fine et croustillante, avec une garniture moelleuse, avec un fromage doux crétois, ça peut être une zithra ou un thotiro, et bien évidemment avec la cannelle. Et baklava aussi. Chronia polla, mais le plus beau baklava. Parce que chaque région en Grèce, il y a sa façon de préparer le baklava. qui se tiennent de l'Antiquité grecque. On faisait notre baklava à l'Antiquité qu'on appelait à l'époque rastrine. C'était des feuilles de patafilo, bien évidemment, qui s'étaient faites à la main, avec les noix et des amandes et arrosées juste au miel à la fin. Mais chaque région, par rapport aux produits qu'il avait, s'il y avait, par exemple, plus de noix, c'était plutôt un baklava avec des noix. Et s'il faisait un miel... Au flair, c'était arrosé avec du miel de flair, mais en crête, c'était avec du miel au thon. Vous voyez, ce sont des produits qui régnent et donnent la spécialité.

  • Speaker #0

    Et alors justement, quels sont les types de cultures que l'on va croiser en découvrant la crête ?

  • Dina Nikolaou

    C'est un petit mélange, c'est ça qu'on adore en crête. Si on reste dans la culture de la gastronomie, il faut vraiment voir la culture d'huile d'olive. On a des oliviers qui sont vraiment de l'Antiquité et ça c'est quelque chose d'extraordinaire. Sur la qualité, les olives sont très bien placées.

  • Speaker #0

    Avec cet appareil on tape les olives, elles tombent ensuite par terre sur les filets que l'on a mis autour des arbres. Et puis il y a mon beau frère, Akis, qui ramasse les olives ensuite derrière. Alors Akis vient et la magie s'est élevée. Donc on les ramasse à la main avec un seau. Une fois qu'on les a mises dans le seau, on les emmène sur un tamis. Notre tamis qui va retenir les feuilles. Donc voilà, on enlève les feuilles qui ne vont pas aller à l'usine. Et les élives, par contre, elles sont tombées dans le sac.

  • Dina Nikolaou

    Le fromage, pas mal de fromage qu'on ne trouve qu'en Crète, à la base du lait de chèvre. Quand on va en Crète, il vaut mieux suivre les petits lieux artisanaux pour voir comment ils font le fromage, comment ils font les charcuteries, pour voir qu'est-ce qu'on peut faire avec les herbes aromatiques, qu'est-ce qu'on peut faire avec l'huile d'olive, parce que c'est bien pour la nourriture, mais on fait une sorte de cosmétique aussi, des savons, des crèmes, des choses qui font des biens pour la peau.

  • Speaker #0

    Alors justement, est-ce qu'on peut visiter ou alors même participer à des ateliers qui sont en lien avec la gastronomie crétoise ?

  • Dina Nikolaou

    Bien évidemment, bien évidemment. Je reste à Peschesi, une ferme qui se retrouve à Heraklio. C'est une ferme extraordinaire. Et là, ils font des cours de cuisine dans une ferme. On va aller chercher les produits, les légumes. On va faire le fromage nous-mêmes. Et après, on fait la cuisine, bien évidemment, à l'extérieur, comme on faisait à l'époque à l'avant. Tous ensemble, une journée entière. Et après, on mange, on danse. Vraiment, c'est une journée tellement réplique qu'on n'oublie jamais.

  • Speaker #0

    Pour terminer, vous conseillez de rapporter quoi dans la valise ? On commence évidemment par l'huile d'olive, j'imagine.

  • Dina Nikolaou

    Ah, l'huile d'olive, bien évidemment. Dictamos, ça fait partie des herbes sauvages et aromatiques de Crète. Ça fait du bien quand on a l'impression qu'on est fatigué, quand on veut l'énergie. On fait une infusion. avec des dictamons, tout ira mieux. Et du miel du thon, c'est extraordinaire. Si on peut amener le fromage, il faut amener la gravière à Crétois ou Mitzithra. C'est un fromage qui soit mou comme une crème ou un peu plus mûr. Ça sera un petit maizé pour notre apéritif. En tout cas, on amène des crêtes pour notre espoir de bien vivre. Parce que c'est ça la crête. Quand on parle de crête, on est heureux. Alors ça pour moi, ça compte beaucoup mieux que n'importe quel produit.

  • Speaker #0

    Pour cette troisième et dernière partie, nous allons quitter la Crète et nous envoler vers le Mont Athos. C'est ici que se déroule l'intrigue de l'extrait que vous allez entendre, le roman « Trouver refuge » de Christophe One-dit-Biot. L'histoire se déroule dans un futur proche. Sacha, Mina et leur enfant décident de s'arracher à la France, livrée au nationalisme et à l'intolérance par le nouveau président élu. En fait, ils fuient des hommes lancés à leur trousse, en quête d'un secret dont ils seraient détenteurs. Sacha et Mina ont décidé de rejoindre le mont Athos, ce sanctuaire érigé de monastères fortifiés qui a toujours protégé ceux qui y cherchaient refuge. Voici un extrait du livre audio lu par Laurent Stoker de la Comédie française, paru dans la collection Écoutez lire.

  • Christophe One-dit-Biot

    Il ferma la porte et regagna la plage avec la bouteille d'eau. Sa femme ôta le bouchon à étrier et fit boire leur petite fille avant de boire à son tour. Il suivit des yeux la ligne que dessinaient son front et son nez, sa bouche, son menton et son cou. Un paysage qu'il ne s'était jamais lassé d'embrasser. Elle essuya ensuite ses lèvres avec son index. Elle faisait cela. C'était son geste. Il l'aimait. Il but lui aussi et posa la bouteille, vide, sur le sable, pensant à la chanson de Police « Message in a Bottle » que fredonnait son père quand lui n'était qu'un enfant. Il ne savait pas alors qu'il penserait à cette chanson, aujourd'hui même, et qu'il la fredonnerait, lancinant peut-être, mais lui rappelant, comme à tant d'autres avant lui, qu'il n'était pas le seul à se sentir seul. Peut-être proposerait-il à sa fille d'écrire un message à glisser dans la bouteille, un SOS, mais à envoyer à qui ? Il ne voulait pas être trouvé. Il ne fallait pas être trouvé. Ils étaient seuls, mais seuls à trois, donc pas seuls. Il s'allongea près de sa femme, son bassin contre le sien, caressa sa peau brune et déjà chaude de soleil. Il ferma les yeux. « Papa, regarde, je fais le flamant rose ! » Il les rouvrit aussitôt. La petite, pieds nus dans le sable mouillé, Se dresser en équilibre à la lisière de l'eau sur une seule jambe, l'autre repliée. Avec ses mains, elle m'y met un long bec qui claque. « Bravo, Irène ! » dit-il. « Non, pas Irène, je suis un flamand ! » « Bravo, flamand Irène ! » Le soleil caressait la plage et les épidermes. Et il valait mieux que le soleil caresse un peu ce matin. Qu'il y ait un peu de lumière, un peu de beau et d'espoir, un peu de bleu et d'or, dans cet endroit du monde qui devait être à la hauteur de son nom, Ouranopolis, la ville du ciel. La porte d'entrée vers la Sainte-Montagne, territoire interdit aux femmes et aux femelles, précisait les textes, depuis presque mille ans. L'homme y était venu trente ans auparavant, cherchant alors un éblouissement, un signe, quelque chose qu'il n'avait pas en magasin et qui réchaufferait son cœur froid. Il y a trente ans, il avait vingt ans. Il ignorait alors qu'il reviendrait au même endroit, mais avec sous ses doigts l'arrondi de l'épaule d'une femme qu'il aimait, et sous ses yeux le corps gracieux d'un enfant, le leur. Il les avait mis en danger. Il ne se le pardonnait pas. En arrivant en voiture au petit matin quelques jours auparavant, la silhouette du bateau à quai l'avait catapulté dans le passé, parce qu'il avait vu, peint sur sa proue, les deux mots « action estine » . Les premiers mots d'un hymne byzantin à la Vierge, « Il est digne de te célébrer » , qui baptisait le bateau ainsi qu'une précieuse icône gardée entre les vieilles pierres d'une église millénaire, là-bas, dans cette sainte montagne, qu'on atteignait que par la mer et que par ce bateau. Ce n'était pas une île pourtant. Mais l'accès terrestre à ce territoire sacré était barré par une épaisse forêt depuis des temps immémoriaux, disait-on, comme s'il y avait des époques inaccessibles à la mémoire. À l'époque, le bateau s'appelait déjà Action Estine. Était-ce le même qui, grâce au pouvoir divin de l'endroit, avait accédé à une forme d'éternité, où tous les bateaux en partance pour la sainte montagne se transmettaient-ils ce nom, le vieux laissant sa place aux jeunes, afin que la continuité soit assurée comme dans ces anciennes familles où l'aîné porte le prénom du père ? Il regarda sa fille et l'azur de ses yeux tirant sur le gris acier qui brillait dans le soleil. Puis sa femme, si brune par contraste. Mina. Elle se redressa et s'assit un instant à la manière d'une danseuse qui s'échauffe. Elle l'avait été, jeune, écartant les cuisses, genoux pliés ouverts vers l'extérieur, les plantes de pied l'une contre l'autre, ses mains en serrant ses chevilles. Il resta allongé sur le côté tandis que Mina marchait en direction de l'enfant qui, tout à son imitation du flamant rose, contemplait les vagues en s'efforçant de ne pas tomber. La mère lui donna un baiser et l'échassier redevint petite fille. Elle la prit dans ses bras et plongea son visage dans ses cheveux. « Du blé fraîchement coupé, pensa-t-il. Un parfum jaune, si différent de celui de sa mère. Un parfum de soleil. »

  • Speaker #0

    Ces images de bonheur reviendraient-elles ? Il se jura que oui. et d'une vidéo du producteur de l'huile d'olive terre de crête Arnaud Gillet installé à Héraclion. Parlez-moi d'ailleurs, un podcast créé sur une idée originale des éditions Voyage Gallimard. Si vous avez aimé ce contenu, n'hésitez pas à nous laisser un commentaire sur les plateformes et bien sûr à le partager autour de vous. A bientôt et bon voyage !

Chapters

  • Rencontre avec Marie Geredakis

    01:32

  • Gastronomie de la Crète avec Dina Nikolaou

    13:10

  • Trouver refuge, Christophe One-dit-Biot, extrait

    22:20

Description

On dit que c’est l’île natale de Zeus. La Crète est surtout un carrefour de cultures, où les Grecs, les Romains, les Byzantins, les Vénitiens, et les Turcs ont laissé une empreinte. Cette île tout en longueur, 257 km exactement, est aussi traversée par une chaîne de montagnes dont le point culminant atteint 2 456 m d’altitude. La mer, la montagne, et entre les deux, des grottes, des canyons. Bienvenue au paradis des plongeurs et des randonneurs.

 

En première partie, c’est une enfant du pays qui nous fait découvrir les trésors de la Crète : Marie Geredakis, autrice pour les guides Coups de cœur aux Éditions Voyages Gallimard. Musique crétoise, danse, fêtes, musées incontournables, hébergements chez l’habitant, monastères, sentiers de randonnées… elle partage tous ses coups de cœur.

 

Côté gastronomie, on a confié à Dina Nikolaou, la cheffe du restaurant parisien Evi Evane, le soin de nous raconter ses petits plaisirs crétois : herbes aromatiques, huile d’olive, légumes et fruits mûris au soleil, fromage, miel…

 

Enfin, comme à son habitude ce podcast s’achèvera sur une lecture dans les contreforts grecs. Vous découvrirez un extrait du roman Trouver refuge signé Christophe One-dit-Biot paru dans la collection Écoutez Lire aux Éditions Gallimard.


Réalisation et interviews Marjolaine Koch. Habillage sonore Hélène Bizieau.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Parlez-moi d'ailleurs, un podcast Voyage Galima. Bienvenue ! Aujourd'hui, laissez-vous raconter la Crète par celles et ceux qui la vivent au quotidien. On dit que c'est l'île natale de Zeus. La Crète est surtout un carrefour des cultures où les Grecs, les Romains, les Byzantins, les Vénitiens et les Turcs ont laissé une empreinte. Cette île tout en longueur, 257 km exactement, est aussi traversée par une chaîne de montagnes dont le point culminant, le mont Psiloritis, atteint 2456 m d'altitude. La mer, la montagne et entre les deux, des grottes et des canyons. Bienvenue au paradis des plongeurs et des randonneurs. En première partie, c'est une enfant du pays qui nous fait découvrir les trésors de la Crète, Marie Guéredakis, autrice pour les guides coup de cœur aux éditions Voyages Gallimard. Ensuite, côté gastronomie, on a confié à Dina Nicolaou, la chef du restaurant parisien Evie et Van, le soin de nous raconter ses petits plaisirs crétois, une île qu'elle a parcourue en long et en large pour l'émission culinaire qu'elle a longtemps animée pour la télé grecque. Enfin, cet épisode se terminera sur une lecture dans les contreforts grecs vous découvrirez un extrait du roman Trouver refuge, signé Christophe Onodipio. La civilisation crétoise aurait été fondée par le roi Minos, fils de Zeus, et d'une princesse phénicienne prénommée Europe. Je vous parle d'une histoire qui se déroule il y a 4700 ans et qui signerait l'apparition de la civilisation minoenne. En parcourant l'île durant votre séjour, vous trouverez de nombreuses références à cette époque et à cette histoire, mais aussi aux nombreuses occupations successives. Le rattachement à la Grèce est relativement récent. Mais je laisse la spécialiste de ces questions, Marie Gerédakis, autrice d'ouvrages sur la mythologie grecque et sur la crête, prendre la suite du récit. Quel lien les Crétois entretiennent-ils avec la Grèce ?

  • Marie Geredakis

    Alors il faut savoir que la Grèce a gagné son indépendance en 1830 et la Crète a été indépendante beaucoup plus tard, donc en 1913. Ce qui fait qu'il y a eu quand même une très grande période historique où elle n'était pas rattachée à la Grèce, où il y avait de nombreuses puissances qui se sont succédées sur l'île pour finalement, après une révolution qu'ont menée les Crétois, accordé enfin l'autonomie à la Crète. Ce qui veut dire que ça a été un processus qui s'est fait dans la durée, qui a été assez douloureux, et qui explique qu'il y a un fort sentiment de fierté en Crète d'être grec, avec même le sentiment d'être peut-être plus grec que les autres grecs. Et en parallèle, une très grande fierté par rapport aux coutumes et puis à la tradition crétoise.

  • Speaker #0

    Tu parles de cette fierté, elle se traduit comment concrètement ?

  • Marie Geredakis

    Comment elle se traduit ? Peut-être l'affichage de certains éléments de la culture crétoise. La musique est un élément qui est très important. Et encore aujourd'hui, les jeunes jouent de la musique et apprennent à jouer de la musique crétoise. Ça fait partie de la vie quotidienne, il y a beaucoup de fêtes. Et puis après, ça se retrouve dans les échanges qu'on peut avoir avec les gens sur place. On sent que quand ils parlent de leur île, ils se sont très attachés. Et pour eux, c'est le plus bel endroit du monde.

  • Speaker #0

    Et ces fêtes, est-ce qu'il y en a beaucoup ? On peut y assister facilement ?

  • Marie Geredakis

    En fait, en Crète, comme en Grèce d'ailleurs, les fêtes patronales des saints religieux sont presque... plus importantes que les anniversaires. Donc chaque village va avoir un saint patron et donc une fête qui est associée à ce saint où tout le village va se retrouver donc d'abord en allant à l'église en général et puis après souvent il y a une fête qui est organisée avec de la musique encore une fois, de la danse, de la nourriture, tout le monde se rassemble. Et donc ces fêtes-là, elles sont très nombreuses pendant toute l'année en fait. C'est vraiment un endroit où je conseille d'aller parce qu'on est au plus près de la culture crétoise, je trouve. Il ne faut pas hésiter parce qu'on peut avoir peur peut-être de ne pas connaître les pas, mais il y a certaines danses qui sont très simples. Et je trouve que c'est une expérience très forte du coup de vivre ce moment-là.

  • Speaker #0

    Alors ça, c'est un premier point d'entrée pour appréhender la culture crétoise. Et est-ce qu'il y en a d'autres que tu conseillerais ?

  • Marie Geredakis

    Alors, souvent, dans les guides, on déconseille de passer par Héraclion, qui est la grosse ville, le point d'entrée avec l'aéroport. Mais je trouve qu'il y a deux musées qui s'y trouvent, qui sont vraiment incontournables et qui sont magnifiques. C'est d'abord le musée archéologique, qui permet d'approcher toute la culture minoenne, qui est d'une richesse incroyable. La majorité des fouilles se trouvent au musée des Réacliants. On peut observer par exemple les abeilles de Malia. C'était un pendentif qui a été retrouvé en or, où il y a deux abeilles qui butinent une goutte de miel. C'est magnifique. C'est un très grand musée, donc soit il faut le faire en plusieurs fois, ou alors il faut sélectionner un petit peu les salles, mais je trouve que c'est important de le voir. Je conseillerais aussi un autre musée, Il est... dans la même ville, donc c'est le musée historique de Crète, qui lui présente vraiment un aperçu de l'histoire tumultueuse de la Crète avec toutes les invasions qu'il y a pu avoir. Et ça permet aussi de comprendre la culture crétoise puisqu'il y a tout un volet un peu ethnographique, sociologique avec des outils traditionnels, avec l'artisanat, par exemple, les broderies, le tissage. Et puis, il y a une salle qui est dédiée au grand écrivain crétois, qui est Nikos Kazantzakis, qui permet d'appréhender son œuvre, et qui est connue aussi à l'étranger, pour Zorba le Grec, par exemple.

  • Speaker #0

    Alors maintenant qu'on a mieux cerné la culture crétoise, quel type de logement conseilles-tu pour un séjour ?

  • Marie Geredakis

    En Crète, il y a les chambres. Ce ne sont pas vraiment les chambres chez l'habitant, mais souvent ce sont des personnes qui ont une petite pension, disons, avec plusieurs chambres. Donc moi, je recommanderais plutôt ça, ou des petits hôtels, mais plutôt dans les villages, parce que ça permet d'être plus proche du rythme des crétois, d'être plus dans la nature, et de s'éloigner un petit peu des zones où il y a trop de monde.

  • Speaker #0

    Et pour se déplacer, j'imagine que la voiture reste incontournable.

  • Marie Geredakis

    Oui, parce que la crête est quand même une grande île, puis montagneuse, avec des grosses distances, souvent entre les points à parcourir. Il y a un réseau de bus, mais il va vraiment limiter les options que le voyageur va avoir. Donc la voiture est un bon moyen d'être libre et de se perdre aussi. Parce que c'est ce qui fait le charme de la crête, je trouve. Ce n'est pas d'aller d'un point A à un point B, c'est de se dire, bon, allez, on va prendre cette route. Et puis, on va voir si on ne trouve pas quelque chose sur la route. Et en général, on trouve toujours quelque chose. Donc un village, un site, une église, un monastère. La voiture offre cette liberté-là.

  • Speaker #0

    Et alors, est-ce qu'on voit des cyclotouristes en Crète ?

  • Marie Geredakis

    Oui, de plus en plus. Au début, tout le monde disait que c'était des fous. Parce que c'est vrai que les Crétois ne sont pas très sportifs. Et en plus, étant donné les dénivelés et la chaleur, ce n'est pas du tout quelque chose d'habituel. mais ça se développe. Il y a un marché à côté de mon village, et plusieurs fois, on a vu des couples qui étaient en vélo, qui faisaient des étapes pour s'acheter des fruits et légumes au marché. C'était des choses qu'on ne voyait pas trop avant ça. Je dirais plutôt, si on a envie de faire ça, de privilégier les demi-saisons, le printemps ou l'automne, parce qu'en été, il fait vraiment très chaud.

  • Speaker #0

    Elle peut monter jusqu'à combien, la température, en été ?

  • Marie Geredakis

    De plus en plus, ça monte à plus de 40 degrés, avec des périodes de canicule qui s'étendent sur plusieurs jours. Donc là, c'est compliqué. Et puis, un ravitaillement en eau qui peut être difficile aussi sur certaines portions de l'île. En fait, il y a trois saisons, disons, en Crète. Un printemps, mais qui est très doux, qui commence dès le mois de mars, qui se réduit d'ailleurs jusqu'au mois de mai. Et puis après, à partir de fin mai, début juin, c'est vraiment l'été qui commence. jusqu'au mois de novembre, avec un pic de chaleur en juillet et août. Et de plus en plus, la saison des pluies, qui allait de novembre à mars, se réduit. Par exemple, l'année dernière, à Noël, il faisait presque 25 degrés, et il y avait peu de pluie, ce qui est un véritable problème pour les gens sur place, qui sont souvent agriculteurs. C'est compliqué parce qu'il y a de moins en moins d'eau aussi disponible sur l'île pour irriguer toutes les cultures.

  • Speaker #0

    Bon, donc, message reçu. Quand on est en Crète, on prend garde à sa consommation d'eau. Et maintenant, si tu devais partager un endroit qui serait ton coup de cœur, ce serait lequel ?

  • Marie Geredakis

    Bon, s'il faut en choisir un, je crois que je choisirais un monastère. Donc, c'est le monastère d'Odigitria qui se trouve dans le sud d'Héracléon et qui est perdu dans la montagne. J'aime beaucoup y aller le soir, l'été, en fin de journée, pour écouter la liturgie à l'extérieur du monastère. En fait, il y a des bancs. Et puis, il y a une vue sur la montagne. Et on devine un peu la mer qui commence derrière la colline. C'est un lieu de paix, je trouve, qui est vraiment très beau.

  • Speaker #0

    Oui, parce qu'en Crète, il n'y a pas que la mer, en réalité.

  • Marie Geredakis

    En fait, ce qui frappe, je trouve, quand on est en Crète, c'est la prédominance de la montagne. Et donc moi je conseillerais aussi de ne pas vouloir faire que des plages, mais de s'aventurer sur les contreforts montagneux, parce que c'est ce qui fait aussi vraiment l'identité de ce lieu.

  • Speaker #0

    Et j'imagine qu'il y a des chemins de randonnée ?

  • Marie Geredakis

    Bien sûr, il y a plein de gorges, de magnifiques gorges à parcourir, souvent très impressionnantes avec des parois rocheuses qui peuvent être très resserrées et qui débouchent sur la mer et sur des plages magnifiques. Et ensuite, il y a un sentier de randonnée. C'est le sentier européen E4 qui traverse toute l'île. C'est un sentier qui passe à la fois par des chemins côtiers, mais qui va aussi monter au Psiloritis, qui est la chaîne montagneuse la plus haute de Crète, qui va passer dans plein de paysages différents. Christophe Auroz,

  • Speaker #0

    c'est hyper impressionnant. Elles sont à quelle hauteur les falaises autour de nous ? Elle faut environ 700 mètres de haut. Non mais c'est quand même dingue cet endroit, en gré que la terre s'est ouverte ! C'est fou ! C'est effectivement ce qui s'est passé, cette gorge est le résultat de la collision entre deux plaques tectoniques. La plaque africaine est venue heurter la plaque eurasienne. Et regarde, on arrive à la carte postale typique de la région. C'est la partie la plus étroite des corps. Les crétois l'appellent la porte de fer.

  • Marie Geredakis

    Voilà, en se renseignant un peu à l'avance, il y a des tronçons qui sont magnifiques, qu'on peut emprunter. Puis après, ne pas hésiter aussi à demander aux habitants s'il n'y a pas des chemins à emprunter là où on est. C'est ce qui fait le charme de la crête aussi, tout n'est pas balisé. Il y a toujours à découvrir autour de là où on se trouve.

  • Speaker #0

    On a tous entendu parler du régime crétois. La cuisine de l'île est réputée simple, mais parfumée et savoureuse. Nous en avons discuté avec Dina Nikolaou, qui vit une partie de l'année en Grèce, et l'autre à Paris, où elle a ouvert plusieurs restaurants et traiteurs. Dina Nikolaou, est-ce que vous pouvez déjà me raconter votre lien avec la Crète ?

  • Dina Nikolaou

    Alors, je suis grecque, je ne suis pas crétoise, mais avec la Crète, j'ai des liaisons gastronomiques. qui me tiennent au cœur. Ça fait vingt ans que j'étais là-bas, en Crète, pour faire des émissions sur les produits et des producteurs en Crète. Bonsoir à tous. Bienvenue de nouveau. Nous sommes encore ici, prêts. Ecoutez ce qui se passe. Ecoutez le poivre. Je suis vraiment amoureuse. Il a des produits extraordinaires. Il a une cuisine simple, mais tellement... En qualité de produits, avec une philosophie de bien manger, de bien être, que j'ai adoré.

  • Speaker #0

    Alors pour commencer, est-ce que le rythme des repas est différent de celui qu'on connaît en France ?

  • Dina Nikolaou

    Le matin, c'est le petit déjeuner, ça peut être un petit tiropita ou des feuilletés avec le fromage. Ou le hortopita, c'est les feuilletés avec les herbes sauvages. Et un héléniko, un café grec, bien évidemment, qu'on adore. ou un yaourt grec avec du miel de thon qui est en Crète. C'est sa meilleure version, selon moi. Après, pour le midi, on mange un peu tard. En Grèce, en général, et en Crète aussi. Ce n'est pas à midi qu'on mange, c'est plutôt à 14h. Et après, le soir aussi, on mange tard. Et entre-temps... On peut avoir le petit maizé avec une cicoudia et bien évidemment les produits saisonniers. On aime bien les produits de saison.

  • Speaker #0

    Et pour vous, quels sont les plats classiques à tester ?

  • Dina Nikolaou

    Bien évidemment, il faut tester à des cristaux. C'est l'agneau cuit lentement à la perfection. La méthode de cuisson de l'agneau est un cercle de fils de fer à plusieurs niveaux. autour d'un feu où les morceaux d'agneau sont drapés et cuits lentement. Sinon, les escargots. Je ne sais pas si les Français aiment les escargots. En Crète, ils adorent ça. Ils les font à la poêle avec du sel, avec des herbes aromatiques. À côté, bien évidemment, d'acos. D'acos, c'est la biscotte d'or avec les tomates rouges mûries dans le soleil crétois. avec le midi-thra ou avec un autre fromage crétois, baigner à l'huile d'olive, l'origan, le thon. En Crète, on aime beaucoup les légumes, les fruits, les légumes secs. Ils adorent une sorte de salade qu'on appelle ospriada ou palicaria, qui est un mélange avec plusieurs légumes secs, avec des herbes sauvages arrosées avec l'huile d'olive. Goûtez ça sur place. Ça sort de la cuisine traditionnelle crétoise.

  • Speaker #0

    Nous utilisons essentiellement les produits de notre terre pour la préparation du régime crétois. Des aliments naturels, sans ajout d'éléments chimiques complémentaires. C'est surtout cela le secret de notre régime en Crète. Nos anciens se sont toujours nourris de cette manière. C'est pourquoi notre population âgée se porte aussi bien. Ils mangent surtout des fruits et des légumes venant de leur potager. Et surtout, ils consomment beaucoup moins de viande. C'est essentiel. C'est vrai que nos anciens affichent une bonne santé. On a beaucoup de centenaires chez nous. Alors, vous venez d'évoquer les plats salés. Maintenant, du côté du sucré, pour vous, quels sont les incontournables ?

  • Dina Nikolaou

    Les desserts les plus connus en Crète, on peut dire que c'est les kaltzounes. Les kalchounias ce sont des petites tartes de crêpes avec une pâte fine et croustillante, avec une garniture moelleuse, avec un fromage doux crétois, ça peut être une zithra ou un thotiro, et bien évidemment avec la cannelle. Et baklava aussi. Chronia polla, mais le plus beau baklava. Parce que chaque région en Grèce, il y a sa façon de préparer le baklava. qui se tiennent de l'Antiquité grecque. On faisait notre baklava à l'Antiquité qu'on appelait à l'époque rastrine. C'était des feuilles de patafilo, bien évidemment, qui s'étaient faites à la main, avec les noix et des amandes et arrosées juste au miel à la fin. Mais chaque région, par rapport aux produits qu'il avait, s'il y avait, par exemple, plus de noix, c'était plutôt un baklava avec des noix. Et s'il faisait un miel... Au flair, c'était arrosé avec du miel de flair, mais en crête, c'était avec du miel au thon. Vous voyez, ce sont des produits qui régnent et donnent la spécialité.

  • Speaker #0

    Et alors justement, quels sont les types de cultures que l'on va croiser en découvrant la crête ?

  • Dina Nikolaou

    C'est un petit mélange, c'est ça qu'on adore en crête. Si on reste dans la culture de la gastronomie, il faut vraiment voir la culture d'huile d'olive. On a des oliviers qui sont vraiment de l'Antiquité et ça c'est quelque chose d'extraordinaire. Sur la qualité, les olives sont très bien placées.

  • Speaker #0

    Avec cet appareil on tape les olives, elles tombent ensuite par terre sur les filets que l'on a mis autour des arbres. Et puis il y a mon beau frère, Akis, qui ramasse les olives ensuite derrière. Alors Akis vient et la magie s'est élevée. Donc on les ramasse à la main avec un seau. Une fois qu'on les a mises dans le seau, on les emmène sur un tamis. Notre tamis qui va retenir les feuilles. Donc voilà, on enlève les feuilles qui ne vont pas aller à l'usine. Et les élives, par contre, elles sont tombées dans le sac.

  • Dina Nikolaou

    Le fromage, pas mal de fromage qu'on ne trouve qu'en Crète, à la base du lait de chèvre. Quand on va en Crète, il vaut mieux suivre les petits lieux artisanaux pour voir comment ils font le fromage, comment ils font les charcuteries, pour voir qu'est-ce qu'on peut faire avec les herbes aromatiques, qu'est-ce qu'on peut faire avec l'huile d'olive, parce que c'est bien pour la nourriture, mais on fait une sorte de cosmétique aussi, des savons, des crèmes, des choses qui font des biens pour la peau.

  • Speaker #0

    Alors justement, est-ce qu'on peut visiter ou alors même participer à des ateliers qui sont en lien avec la gastronomie crétoise ?

  • Dina Nikolaou

    Bien évidemment, bien évidemment. Je reste à Peschesi, une ferme qui se retrouve à Heraklio. C'est une ferme extraordinaire. Et là, ils font des cours de cuisine dans une ferme. On va aller chercher les produits, les légumes. On va faire le fromage nous-mêmes. Et après, on fait la cuisine, bien évidemment, à l'extérieur, comme on faisait à l'époque à l'avant. Tous ensemble, une journée entière. Et après, on mange, on danse. Vraiment, c'est une journée tellement réplique qu'on n'oublie jamais.

  • Speaker #0

    Pour terminer, vous conseillez de rapporter quoi dans la valise ? On commence évidemment par l'huile d'olive, j'imagine.

  • Dina Nikolaou

    Ah, l'huile d'olive, bien évidemment. Dictamos, ça fait partie des herbes sauvages et aromatiques de Crète. Ça fait du bien quand on a l'impression qu'on est fatigué, quand on veut l'énergie. On fait une infusion. avec des dictamons, tout ira mieux. Et du miel du thon, c'est extraordinaire. Si on peut amener le fromage, il faut amener la gravière à Crétois ou Mitzithra. C'est un fromage qui soit mou comme une crème ou un peu plus mûr. Ça sera un petit maizé pour notre apéritif. En tout cas, on amène des crêtes pour notre espoir de bien vivre. Parce que c'est ça la crête. Quand on parle de crête, on est heureux. Alors ça pour moi, ça compte beaucoup mieux que n'importe quel produit.

  • Speaker #0

    Pour cette troisième et dernière partie, nous allons quitter la Crète et nous envoler vers le Mont Athos. C'est ici que se déroule l'intrigue de l'extrait que vous allez entendre, le roman « Trouver refuge » de Christophe One-dit-Biot. L'histoire se déroule dans un futur proche. Sacha, Mina et leur enfant décident de s'arracher à la France, livrée au nationalisme et à l'intolérance par le nouveau président élu. En fait, ils fuient des hommes lancés à leur trousse, en quête d'un secret dont ils seraient détenteurs. Sacha et Mina ont décidé de rejoindre le mont Athos, ce sanctuaire érigé de monastères fortifiés qui a toujours protégé ceux qui y cherchaient refuge. Voici un extrait du livre audio lu par Laurent Stoker de la Comédie française, paru dans la collection Écoutez lire.

  • Christophe One-dit-Biot

    Il ferma la porte et regagna la plage avec la bouteille d'eau. Sa femme ôta le bouchon à étrier et fit boire leur petite fille avant de boire à son tour. Il suivit des yeux la ligne que dessinaient son front et son nez, sa bouche, son menton et son cou. Un paysage qu'il ne s'était jamais lassé d'embrasser. Elle essuya ensuite ses lèvres avec son index. Elle faisait cela. C'était son geste. Il l'aimait. Il but lui aussi et posa la bouteille, vide, sur le sable, pensant à la chanson de Police « Message in a Bottle » que fredonnait son père quand lui n'était qu'un enfant. Il ne savait pas alors qu'il penserait à cette chanson, aujourd'hui même, et qu'il la fredonnerait, lancinant peut-être, mais lui rappelant, comme à tant d'autres avant lui, qu'il n'était pas le seul à se sentir seul. Peut-être proposerait-il à sa fille d'écrire un message à glisser dans la bouteille, un SOS, mais à envoyer à qui ? Il ne voulait pas être trouvé. Il ne fallait pas être trouvé. Ils étaient seuls, mais seuls à trois, donc pas seuls. Il s'allongea près de sa femme, son bassin contre le sien, caressa sa peau brune et déjà chaude de soleil. Il ferma les yeux. « Papa, regarde, je fais le flamant rose ! » Il les rouvrit aussitôt. La petite, pieds nus dans le sable mouillé, Se dresser en équilibre à la lisière de l'eau sur une seule jambe, l'autre repliée. Avec ses mains, elle m'y met un long bec qui claque. « Bravo, Irène ! » dit-il. « Non, pas Irène, je suis un flamand ! » « Bravo, flamand Irène ! » Le soleil caressait la plage et les épidermes. Et il valait mieux que le soleil caresse un peu ce matin. Qu'il y ait un peu de lumière, un peu de beau et d'espoir, un peu de bleu et d'or, dans cet endroit du monde qui devait être à la hauteur de son nom, Ouranopolis, la ville du ciel. La porte d'entrée vers la Sainte-Montagne, territoire interdit aux femmes et aux femelles, précisait les textes, depuis presque mille ans. L'homme y était venu trente ans auparavant, cherchant alors un éblouissement, un signe, quelque chose qu'il n'avait pas en magasin et qui réchaufferait son cœur froid. Il y a trente ans, il avait vingt ans. Il ignorait alors qu'il reviendrait au même endroit, mais avec sous ses doigts l'arrondi de l'épaule d'une femme qu'il aimait, et sous ses yeux le corps gracieux d'un enfant, le leur. Il les avait mis en danger. Il ne se le pardonnait pas. En arrivant en voiture au petit matin quelques jours auparavant, la silhouette du bateau à quai l'avait catapulté dans le passé, parce qu'il avait vu, peint sur sa proue, les deux mots « action estine » . Les premiers mots d'un hymne byzantin à la Vierge, « Il est digne de te célébrer » , qui baptisait le bateau ainsi qu'une précieuse icône gardée entre les vieilles pierres d'une église millénaire, là-bas, dans cette sainte montagne, qu'on atteignait que par la mer et que par ce bateau. Ce n'était pas une île pourtant. Mais l'accès terrestre à ce territoire sacré était barré par une épaisse forêt depuis des temps immémoriaux, disait-on, comme s'il y avait des époques inaccessibles à la mémoire. À l'époque, le bateau s'appelait déjà Action Estine. Était-ce le même qui, grâce au pouvoir divin de l'endroit, avait accédé à une forme d'éternité, où tous les bateaux en partance pour la sainte montagne se transmettaient-ils ce nom, le vieux laissant sa place aux jeunes, afin que la continuité soit assurée comme dans ces anciennes familles où l'aîné porte le prénom du père ? Il regarda sa fille et l'azur de ses yeux tirant sur le gris acier qui brillait dans le soleil. Puis sa femme, si brune par contraste. Mina. Elle se redressa et s'assit un instant à la manière d'une danseuse qui s'échauffe. Elle l'avait été, jeune, écartant les cuisses, genoux pliés ouverts vers l'extérieur, les plantes de pied l'une contre l'autre, ses mains en serrant ses chevilles. Il resta allongé sur le côté tandis que Mina marchait en direction de l'enfant qui, tout à son imitation du flamant rose, contemplait les vagues en s'efforçant de ne pas tomber. La mère lui donna un baiser et l'échassier redevint petite fille. Elle la prit dans ses bras et plongea son visage dans ses cheveux. « Du blé fraîchement coupé, pensa-t-il. Un parfum jaune, si différent de celui de sa mère. Un parfum de soleil. »

  • Speaker #0

    Ces images de bonheur reviendraient-elles ? Il se jura que oui. et d'une vidéo du producteur de l'huile d'olive terre de crête Arnaud Gillet installé à Héraclion. Parlez-moi d'ailleurs, un podcast créé sur une idée originale des éditions Voyage Gallimard. Si vous avez aimé ce contenu, n'hésitez pas à nous laisser un commentaire sur les plateformes et bien sûr à le partager autour de vous. A bientôt et bon voyage !

Chapters

  • Rencontre avec Marie Geredakis

    01:32

  • Gastronomie de la Crète avec Dina Nikolaou

    13:10

  • Trouver refuge, Christophe One-dit-Biot, extrait

    22:20

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Description

On dit que c’est l’île natale de Zeus. La Crète est surtout un carrefour de cultures, où les Grecs, les Romains, les Byzantins, les Vénitiens, et les Turcs ont laissé une empreinte. Cette île tout en longueur, 257 km exactement, est aussi traversée par une chaîne de montagnes dont le point culminant atteint 2 456 m d’altitude. La mer, la montagne, et entre les deux, des grottes, des canyons. Bienvenue au paradis des plongeurs et des randonneurs.

 

En première partie, c’est une enfant du pays qui nous fait découvrir les trésors de la Crète : Marie Geredakis, autrice pour les guides Coups de cœur aux Éditions Voyages Gallimard. Musique crétoise, danse, fêtes, musées incontournables, hébergements chez l’habitant, monastères, sentiers de randonnées… elle partage tous ses coups de cœur.

 

Côté gastronomie, on a confié à Dina Nikolaou, la cheffe du restaurant parisien Evi Evane, le soin de nous raconter ses petits plaisirs crétois : herbes aromatiques, huile d’olive, légumes et fruits mûris au soleil, fromage, miel…

 

Enfin, comme à son habitude ce podcast s’achèvera sur une lecture dans les contreforts grecs. Vous découvrirez un extrait du roman Trouver refuge signé Christophe One-dit-Biot paru dans la collection Écoutez Lire aux Éditions Gallimard.


Réalisation et interviews Marjolaine Koch. Habillage sonore Hélène Bizieau.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Parlez-moi d'ailleurs, un podcast Voyage Galima. Bienvenue ! Aujourd'hui, laissez-vous raconter la Crète par celles et ceux qui la vivent au quotidien. On dit que c'est l'île natale de Zeus. La Crète est surtout un carrefour des cultures où les Grecs, les Romains, les Byzantins, les Vénitiens et les Turcs ont laissé une empreinte. Cette île tout en longueur, 257 km exactement, est aussi traversée par une chaîne de montagnes dont le point culminant, le mont Psiloritis, atteint 2456 m d'altitude. La mer, la montagne et entre les deux, des grottes et des canyons. Bienvenue au paradis des plongeurs et des randonneurs. En première partie, c'est une enfant du pays qui nous fait découvrir les trésors de la Crète, Marie Guéredakis, autrice pour les guides coup de cœur aux éditions Voyages Gallimard. Ensuite, côté gastronomie, on a confié à Dina Nicolaou, la chef du restaurant parisien Evie et Van, le soin de nous raconter ses petits plaisirs crétois, une île qu'elle a parcourue en long et en large pour l'émission culinaire qu'elle a longtemps animée pour la télé grecque. Enfin, cet épisode se terminera sur une lecture dans les contreforts grecs vous découvrirez un extrait du roman Trouver refuge, signé Christophe Onodipio. La civilisation crétoise aurait été fondée par le roi Minos, fils de Zeus, et d'une princesse phénicienne prénommée Europe. Je vous parle d'une histoire qui se déroule il y a 4700 ans et qui signerait l'apparition de la civilisation minoenne. En parcourant l'île durant votre séjour, vous trouverez de nombreuses références à cette époque et à cette histoire, mais aussi aux nombreuses occupations successives. Le rattachement à la Grèce est relativement récent. Mais je laisse la spécialiste de ces questions, Marie Gerédakis, autrice d'ouvrages sur la mythologie grecque et sur la crête, prendre la suite du récit. Quel lien les Crétois entretiennent-ils avec la Grèce ?

  • Marie Geredakis

    Alors il faut savoir que la Grèce a gagné son indépendance en 1830 et la Crète a été indépendante beaucoup plus tard, donc en 1913. Ce qui fait qu'il y a eu quand même une très grande période historique où elle n'était pas rattachée à la Grèce, où il y avait de nombreuses puissances qui se sont succédées sur l'île pour finalement, après une révolution qu'ont menée les Crétois, accordé enfin l'autonomie à la Crète. Ce qui veut dire que ça a été un processus qui s'est fait dans la durée, qui a été assez douloureux, et qui explique qu'il y a un fort sentiment de fierté en Crète d'être grec, avec même le sentiment d'être peut-être plus grec que les autres grecs. Et en parallèle, une très grande fierté par rapport aux coutumes et puis à la tradition crétoise.

  • Speaker #0

    Tu parles de cette fierté, elle se traduit comment concrètement ?

  • Marie Geredakis

    Comment elle se traduit ? Peut-être l'affichage de certains éléments de la culture crétoise. La musique est un élément qui est très important. Et encore aujourd'hui, les jeunes jouent de la musique et apprennent à jouer de la musique crétoise. Ça fait partie de la vie quotidienne, il y a beaucoup de fêtes. Et puis après, ça se retrouve dans les échanges qu'on peut avoir avec les gens sur place. On sent que quand ils parlent de leur île, ils se sont très attachés. Et pour eux, c'est le plus bel endroit du monde.

  • Speaker #0

    Et ces fêtes, est-ce qu'il y en a beaucoup ? On peut y assister facilement ?

  • Marie Geredakis

    En fait, en Crète, comme en Grèce d'ailleurs, les fêtes patronales des saints religieux sont presque... plus importantes que les anniversaires. Donc chaque village va avoir un saint patron et donc une fête qui est associée à ce saint où tout le village va se retrouver donc d'abord en allant à l'église en général et puis après souvent il y a une fête qui est organisée avec de la musique encore une fois, de la danse, de la nourriture, tout le monde se rassemble. Et donc ces fêtes-là, elles sont très nombreuses pendant toute l'année en fait. C'est vraiment un endroit où je conseille d'aller parce qu'on est au plus près de la culture crétoise, je trouve. Il ne faut pas hésiter parce qu'on peut avoir peur peut-être de ne pas connaître les pas, mais il y a certaines danses qui sont très simples. Et je trouve que c'est une expérience très forte du coup de vivre ce moment-là.

  • Speaker #0

    Alors ça, c'est un premier point d'entrée pour appréhender la culture crétoise. Et est-ce qu'il y en a d'autres que tu conseillerais ?

  • Marie Geredakis

    Alors, souvent, dans les guides, on déconseille de passer par Héraclion, qui est la grosse ville, le point d'entrée avec l'aéroport. Mais je trouve qu'il y a deux musées qui s'y trouvent, qui sont vraiment incontournables et qui sont magnifiques. C'est d'abord le musée archéologique, qui permet d'approcher toute la culture minoenne, qui est d'une richesse incroyable. La majorité des fouilles se trouvent au musée des Réacliants. On peut observer par exemple les abeilles de Malia. C'était un pendentif qui a été retrouvé en or, où il y a deux abeilles qui butinent une goutte de miel. C'est magnifique. C'est un très grand musée, donc soit il faut le faire en plusieurs fois, ou alors il faut sélectionner un petit peu les salles, mais je trouve que c'est important de le voir. Je conseillerais aussi un autre musée, Il est... dans la même ville, donc c'est le musée historique de Crète, qui lui présente vraiment un aperçu de l'histoire tumultueuse de la Crète avec toutes les invasions qu'il y a pu avoir. Et ça permet aussi de comprendre la culture crétoise puisqu'il y a tout un volet un peu ethnographique, sociologique avec des outils traditionnels, avec l'artisanat, par exemple, les broderies, le tissage. Et puis, il y a une salle qui est dédiée au grand écrivain crétois, qui est Nikos Kazantzakis, qui permet d'appréhender son œuvre, et qui est connue aussi à l'étranger, pour Zorba le Grec, par exemple.

  • Speaker #0

    Alors maintenant qu'on a mieux cerné la culture crétoise, quel type de logement conseilles-tu pour un séjour ?

  • Marie Geredakis

    En Crète, il y a les chambres. Ce ne sont pas vraiment les chambres chez l'habitant, mais souvent ce sont des personnes qui ont une petite pension, disons, avec plusieurs chambres. Donc moi, je recommanderais plutôt ça, ou des petits hôtels, mais plutôt dans les villages, parce que ça permet d'être plus proche du rythme des crétois, d'être plus dans la nature, et de s'éloigner un petit peu des zones où il y a trop de monde.

  • Speaker #0

    Et pour se déplacer, j'imagine que la voiture reste incontournable.

  • Marie Geredakis

    Oui, parce que la crête est quand même une grande île, puis montagneuse, avec des grosses distances, souvent entre les points à parcourir. Il y a un réseau de bus, mais il va vraiment limiter les options que le voyageur va avoir. Donc la voiture est un bon moyen d'être libre et de se perdre aussi. Parce que c'est ce qui fait le charme de la crête, je trouve. Ce n'est pas d'aller d'un point A à un point B, c'est de se dire, bon, allez, on va prendre cette route. Et puis, on va voir si on ne trouve pas quelque chose sur la route. Et en général, on trouve toujours quelque chose. Donc un village, un site, une église, un monastère. La voiture offre cette liberté-là.

  • Speaker #0

    Et alors, est-ce qu'on voit des cyclotouristes en Crète ?

  • Marie Geredakis

    Oui, de plus en plus. Au début, tout le monde disait que c'était des fous. Parce que c'est vrai que les Crétois ne sont pas très sportifs. Et en plus, étant donné les dénivelés et la chaleur, ce n'est pas du tout quelque chose d'habituel. mais ça se développe. Il y a un marché à côté de mon village, et plusieurs fois, on a vu des couples qui étaient en vélo, qui faisaient des étapes pour s'acheter des fruits et légumes au marché. C'était des choses qu'on ne voyait pas trop avant ça. Je dirais plutôt, si on a envie de faire ça, de privilégier les demi-saisons, le printemps ou l'automne, parce qu'en été, il fait vraiment très chaud.

  • Speaker #0

    Elle peut monter jusqu'à combien, la température, en été ?

  • Marie Geredakis

    De plus en plus, ça monte à plus de 40 degrés, avec des périodes de canicule qui s'étendent sur plusieurs jours. Donc là, c'est compliqué. Et puis, un ravitaillement en eau qui peut être difficile aussi sur certaines portions de l'île. En fait, il y a trois saisons, disons, en Crète. Un printemps, mais qui est très doux, qui commence dès le mois de mars, qui se réduit d'ailleurs jusqu'au mois de mai. Et puis après, à partir de fin mai, début juin, c'est vraiment l'été qui commence. jusqu'au mois de novembre, avec un pic de chaleur en juillet et août. Et de plus en plus, la saison des pluies, qui allait de novembre à mars, se réduit. Par exemple, l'année dernière, à Noël, il faisait presque 25 degrés, et il y avait peu de pluie, ce qui est un véritable problème pour les gens sur place, qui sont souvent agriculteurs. C'est compliqué parce qu'il y a de moins en moins d'eau aussi disponible sur l'île pour irriguer toutes les cultures.

  • Speaker #0

    Bon, donc, message reçu. Quand on est en Crète, on prend garde à sa consommation d'eau. Et maintenant, si tu devais partager un endroit qui serait ton coup de cœur, ce serait lequel ?

  • Marie Geredakis

    Bon, s'il faut en choisir un, je crois que je choisirais un monastère. Donc, c'est le monastère d'Odigitria qui se trouve dans le sud d'Héracléon et qui est perdu dans la montagne. J'aime beaucoup y aller le soir, l'été, en fin de journée, pour écouter la liturgie à l'extérieur du monastère. En fait, il y a des bancs. Et puis, il y a une vue sur la montagne. Et on devine un peu la mer qui commence derrière la colline. C'est un lieu de paix, je trouve, qui est vraiment très beau.

  • Speaker #0

    Oui, parce qu'en Crète, il n'y a pas que la mer, en réalité.

  • Marie Geredakis

    En fait, ce qui frappe, je trouve, quand on est en Crète, c'est la prédominance de la montagne. Et donc moi je conseillerais aussi de ne pas vouloir faire que des plages, mais de s'aventurer sur les contreforts montagneux, parce que c'est ce qui fait aussi vraiment l'identité de ce lieu.

  • Speaker #0

    Et j'imagine qu'il y a des chemins de randonnée ?

  • Marie Geredakis

    Bien sûr, il y a plein de gorges, de magnifiques gorges à parcourir, souvent très impressionnantes avec des parois rocheuses qui peuvent être très resserrées et qui débouchent sur la mer et sur des plages magnifiques. Et ensuite, il y a un sentier de randonnée. C'est le sentier européen E4 qui traverse toute l'île. C'est un sentier qui passe à la fois par des chemins côtiers, mais qui va aussi monter au Psiloritis, qui est la chaîne montagneuse la plus haute de Crète, qui va passer dans plein de paysages différents. Christophe Auroz,

  • Speaker #0

    c'est hyper impressionnant. Elles sont à quelle hauteur les falaises autour de nous ? Elle faut environ 700 mètres de haut. Non mais c'est quand même dingue cet endroit, en gré que la terre s'est ouverte ! C'est fou ! C'est effectivement ce qui s'est passé, cette gorge est le résultat de la collision entre deux plaques tectoniques. La plaque africaine est venue heurter la plaque eurasienne. Et regarde, on arrive à la carte postale typique de la région. C'est la partie la plus étroite des corps. Les crétois l'appellent la porte de fer.

  • Marie Geredakis

    Voilà, en se renseignant un peu à l'avance, il y a des tronçons qui sont magnifiques, qu'on peut emprunter. Puis après, ne pas hésiter aussi à demander aux habitants s'il n'y a pas des chemins à emprunter là où on est. C'est ce qui fait le charme de la crête aussi, tout n'est pas balisé. Il y a toujours à découvrir autour de là où on se trouve.

  • Speaker #0

    On a tous entendu parler du régime crétois. La cuisine de l'île est réputée simple, mais parfumée et savoureuse. Nous en avons discuté avec Dina Nikolaou, qui vit une partie de l'année en Grèce, et l'autre à Paris, où elle a ouvert plusieurs restaurants et traiteurs. Dina Nikolaou, est-ce que vous pouvez déjà me raconter votre lien avec la Crète ?

  • Dina Nikolaou

    Alors, je suis grecque, je ne suis pas crétoise, mais avec la Crète, j'ai des liaisons gastronomiques. qui me tiennent au cœur. Ça fait vingt ans que j'étais là-bas, en Crète, pour faire des émissions sur les produits et des producteurs en Crète. Bonsoir à tous. Bienvenue de nouveau. Nous sommes encore ici, prêts. Ecoutez ce qui se passe. Ecoutez le poivre. Je suis vraiment amoureuse. Il a des produits extraordinaires. Il a une cuisine simple, mais tellement... En qualité de produits, avec une philosophie de bien manger, de bien être, que j'ai adoré.

  • Speaker #0

    Alors pour commencer, est-ce que le rythme des repas est différent de celui qu'on connaît en France ?

  • Dina Nikolaou

    Le matin, c'est le petit déjeuner, ça peut être un petit tiropita ou des feuilletés avec le fromage. Ou le hortopita, c'est les feuilletés avec les herbes sauvages. Et un héléniko, un café grec, bien évidemment, qu'on adore. ou un yaourt grec avec du miel de thon qui est en Crète. C'est sa meilleure version, selon moi. Après, pour le midi, on mange un peu tard. En Grèce, en général, et en Crète aussi. Ce n'est pas à midi qu'on mange, c'est plutôt à 14h. Et après, le soir aussi, on mange tard. Et entre-temps... On peut avoir le petit maizé avec une cicoudia et bien évidemment les produits saisonniers. On aime bien les produits de saison.

  • Speaker #0

    Et pour vous, quels sont les plats classiques à tester ?

  • Dina Nikolaou

    Bien évidemment, il faut tester à des cristaux. C'est l'agneau cuit lentement à la perfection. La méthode de cuisson de l'agneau est un cercle de fils de fer à plusieurs niveaux. autour d'un feu où les morceaux d'agneau sont drapés et cuits lentement. Sinon, les escargots. Je ne sais pas si les Français aiment les escargots. En Crète, ils adorent ça. Ils les font à la poêle avec du sel, avec des herbes aromatiques. À côté, bien évidemment, d'acos. D'acos, c'est la biscotte d'or avec les tomates rouges mûries dans le soleil crétois. avec le midi-thra ou avec un autre fromage crétois, baigner à l'huile d'olive, l'origan, le thon. En Crète, on aime beaucoup les légumes, les fruits, les légumes secs. Ils adorent une sorte de salade qu'on appelle ospriada ou palicaria, qui est un mélange avec plusieurs légumes secs, avec des herbes sauvages arrosées avec l'huile d'olive. Goûtez ça sur place. Ça sort de la cuisine traditionnelle crétoise.

  • Speaker #0

    Nous utilisons essentiellement les produits de notre terre pour la préparation du régime crétois. Des aliments naturels, sans ajout d'éléments chimiques complémentaires. C'est surtout cela le secret de notre régime en Crète. Nos anciens se sont toujours nourris de cette manière. C'est pourquoi notre population âgée se porte aussi bien. Ils mangent surtout des fruits et des légumes venant de leur potager. Et surtout, ils consomment beaucoup moins de viande. C'est essentiel. C'est vrai que nos anciens affichent une bonne santé. On a beaucoup de centenaires chez nous. Alors, vous venez d'évoquer les plats salés. Maintenant, du côté du sucré, pour vous, quels sont les incontournables ?

  • Dina Nikolaou

    Les desserts les plus connus en Crète, on peut dire que c'est les kaltzounes. Les kalchounias ce sont des petites tartes de crêpes avec une pâte fine et croustillante, avec une garniture moelleuse, avec un fromage doux crétois, ça peut être une zithra ou un thotiro, et bien évidemment avec la cannelle. Et baklava aussi. Chronia polla, mais le plus beau baklava. Parce que chaque région en Grèce, il y a sa façon de préparer le baklava. qui se tiennent de l'Antiquité grecque. On faisait notre baklava à l'Antiquité qu'on appelait à l'époque rastrine. C'était des feuilles de patafilo, bien évidemment, qui s'étaient faites à la main, avec les noix et des amandes et arrosées juste au miel à la fin. Mais chaque région, par rapport aux produits qu'il avait, s'il y avait, par exemple, plus de noix, c'était plutôt un baklava avec des noix. Et s'il faisait un miel... Au flair, c'était arrosé avec du miel de flair, mais en crête, c'était avec du miel au thon. Vous voyez, ce sont des produits qui régnent et donnent la spécialité.

  • Speaker #0

    Et alors justement, quels sont les types de cultures que l'on va croiser en découvrant la crête ?

  • Dina Nikolaou

    C'est un petit mélange, c'est ça qu'on adore en crête. Si on reste dans la culture de la gastronomie, il faut vraiment voir la culture d'huile d'olive. On a des oliviers qui sont vraiment de l'Antiquité et ça c'est quelque chose d'extraordinaire. Sur la qualité, les olives sont très bien placées.

  • Speaker #0

    Avec cet appareil on tape les olives, elles tombent ensuite par terre sur les filets que l'on a mis autour des arbres. Et puis il y a mon beau frère, Akis, qui ramasse les olives ensuite derrière. Alors Akis vient et la magie s'est élevée. Donc on les ramasse à la main avec un seau. Une fois qu'on les a mises dans le seau, on les emmène sur un tamis. Notre tamis qui va retenir les feuilles. Donc voilà, on enlève les feuilles qui ne vont pas aller à l'usine. Et les élives, par contre, elles sont tombées dans le sac.

  • Dina Nikolaou

    Le fromage, pas mal de fromage qu'on ne trouve qu'en Crète, à la base du lait de chèvre. Quand on va en Crète, il vaut mieux suivre les petits lieux artisanaux pour voir comment ils font le fromage, comment ils font les charcuteries, pour voir qu'est-ce qu'on peut faire avec les herbes aromatiques, qu'est-ce qu'on peut faire avec l'huile d'olive, parce que c'est bien pour la nourriture, mais on fait une sorte de cosmétique aussi, des savons, des crèmes, des choses qui font des biens pour la peau.

  • Speaker #0

    Alors justement, est-ce qu'on peut visiter ou alors même participer à des ateliers qui sont en lien avec la gastronomie crétoise ?

  • Dina Nikolaou

    Bien évidemment, bien évidemment. Je reste à Peschesi, une ferme qui se retrouve à Heraklio. C'est une ferme extraordinaire. Et là, ils font des cours de cuisine dans une ferme. On va aller chercher les produits, les légumes. On va faire le fromage nous-mêmes. Et après, on fait la cuisine, bien évidemment, à l'extérieur, comme on faisait à l'époque à l'avant. Tous ensemble, une journée entière. Et après, on mange, on danse. Vraiment, c'est une journée tellement réplique qu'on n'oublie jamais.

  • Speaker #0

    Pour terminer, vous conseillez de rapporter quoi dans la valise ? On commence évidemment par l'huile d'olive, j'imagine.

  • Dina Nikolaou

    Ah, l'huile d'olive, bien évidemment. Dictamos, ça fait partie des herbes sauvages et aromatiques de Crète. Ça fait du bien quand on a l'impression qu'on est fatigué, quand on veut l'énergie. On fait une infusion. avec des dictamons, tout ira mieux. Et du miel du thon, c'est extraordinaire. Si on peut amener le fromage, il faut amener la gravière à Crétois ou Mitzithra. C'est un fromage qui soit mou comme une crème ou un peu plus mûr. Ça sera un petit maizé pour notre apéritif. En tout cas, on amène des crêtes pour notre espoir de bien vivre. Parce que c'est ça la crête. Quand on parle de crête, on est heureux. Alors ça pour moi, ça compte beaucoup mieux que n'importe quel produit.

  • Speaker #0

    Pour cette troisième et dernière partie, nous allons quitter la Crète et nous envoler vers le Mont Athos. C'est ici que se déroule l'intrigue de l'extrait que vous allez entendre, le roman « Trouver refuge » de Christophe One-dit-Biot. L'histoire se déroule dans un futur proche. Sacha, Mina et leur enfant décident de s'arracher à la France, livrée au nationalisme et à l'intolérance par le nouveau président élu. En fait, ils fuient des hommes lancés à leur trousse, en quête d'un secret dont ils seraient détenteurs. Sacha et Mina ont décidé de rejoindre le mont Athos, ce sanctuaire érigé de monastères fortifiés qui a toujours protégé ceux qui y cherchaient refuge. Voici un extrait du livre audio lu par Laurent Stoker de la Comédie française, paru dans la collection Écoutez lire.

  • Christophe One-dit-Biot

    Il ferma la porte et regagna la plage avec la bouteille d'eau. Sa femme ôta le bouchon à étrier et fit boire leur petite fille avant de boire à son tour. Il suivit des yeux la ligne que dessinaient son front et son nez, sa bouche, son menton et son cou. Un paysage qu'il ne s'était jamais lassé d'embrasser. Elle essuya ensuite ses lèvres avec son index. Elle faisait cela. C'était son geste. Il l'aimait. Il but lui aussi et posa la bouteille, vide, sur le sable, pensant à la chanson de Police « Message in a Bottle » que fredonnait son père quand lui n'était qu'un enfant. Il ne savait pas alors qu'il penserait à cette chanson, aujourd'hui même, et qu'il la fredonnerait, lancinant peut-être, mais lui rappelant, comme à tant d'autres avant lui, qu'il n'était pas le seul à se sentir seul. Peut-être proposerait-il à sa fille d'écrire un message à glisser dans la bouteille, un SOS, mais à envoyer à qui ? Il ne voulait pas être trouvé. Il ne fallait pas être trouvé. Ils étaient seuls, mais seuls à trois, donc pas seuls. Il s'allongea près de sa femme, son bassin contre le sien, caressa sa peau brune et déjà chaude de soleil. Il ferma les yeux. « Papa, regarde, je fais le flamant rose ! » Il les rouvrit aussitôt. La petite, pieds nus dans le sable mouillé, Se dresser en équilibre à la lisière de l'eau sur une seule jambe, l'autre repliée. Avec ses mains, elle m'y met un long bec qui claque. « Bravo, Irène ! » dit-il. « Non, pas Irène, je suis un flamand ! » « Bravo, flamand Irène ! » Le soleil caressait la plage et les épidermes. Et il valait mieux que le soleil caresse un peu ce matin. Qu'il y ait un peu de lumière, un peu de beau et d'espoir, un peu de bleu et d'or, dans cet endroit du monde qui devait être à la hauteur de son nom, Ouranopolis, la ville du ciel. La porte d'entrée vers la Sainte-Montagne, territoire interdit aux femmes et aux femelles, précisait les textes, depuis presque mille ans. L'homme y était venu trente ans auparavant, cherchant alors un éblouissement, un signe, quelque chose qu'il n'avait pas en magasin et qui réchaufferait son cœur froid. Il y a trente ans, il avait vingt ans. Il ignorait alors qu'il reviendrait au même endroit, mais avec sous ses doigts l'arrondi de l'épaule d'une femme qu'il aimait, et sous ses yeux le corps gracieux d'un enfant, le leur. Il les avait mis en danger. Il ne se le pardonnait pas. En arrivant en voiture au petit matin quelques jours auparavant, la silhouette du bateau à quai l'avait catapulté dans le passé, parce qu'il avait vu, peint sur sa proue, les deux mots « action estine » . Les premiers mots d'un hymne byzantin à la Vierge, « Il est digne de te célébrer » , qui baptisait le bateau ainsi qu'une précieuse icône gardée entre les vieilles pierres d'une église millénaire, là-bas, dans cette sainte montagne, qu'on atteignait que par la mer et que par ce bateau. Ce n'était pas une île pourtant. Mais l'accès terrestre à ce territoire sacré était barré par une épaisse forêt depuis des temps immémoriaux, disait-on, comme s'il y avait des époques inaccessibles à la mémoire. À l'époque, le bateau s'appelait déjà Action Estine. Était-ce le même qui, grâce au pouvoir divin de l'endroit, avait accédé à une forme d'éternité, où tous les bateaux en partance pour la sainte montagne se transmettaient-ils ce nom, le vieux laissant sa place aux jeunes, afin que la continuité soit assurée comme dans ces anciennes familles où l'aîné porte le prénom du père ? Il regarda sa fille et l'azur de ses yeux tirant sur le gris acier qui brillait dans le soleil. Puis sa femme, si brune par contraste. Mina. Elle se redressa et s'assit un instant à la manière d'une danseuse qui s'échauffe. Elle l'avait été, jeune, écartant les cuisses, genoux pliés ouverts vers l'extérieur, les plantes de pied l'une contre l'autre, ses mains en serrant ses chevilles. Il resta allongé sur le côté tandis que Mina marchait en direction de l'enfant qui, tout à son imitation du flamant rose, contemplait les vagues en s'efforçant de ne pas tomber. La mère lui donna un baiser et l'échassier redevint petite fille. Elle la prit dans ses bras et plongea son visage dans ses cheveux. « Du blé fraîchement coupé, pensa-t-il. Un parfum jaune, si différent de celui de sa mère. Un parfum de soleil. »

  • Speaker #0

    Ces images de bonheur reviendraient-elles ? Il se jura que oui. et d'une vidéo du producteur de l'huile d'olive terre de crête Arnaud Gillet installé à Héraclion. Parlez-moi d'ailleurs, un podcast créé sur une idée originale des éditions Voyage Gallimard. Si vous avez aimé ce contenu, n'hésitez pas à nous laisser un commentaire sur les plateformes et bien sûr à le partager autour de vous. A bientôt et bon voyage !

Chapters

  • Rencontre avec Marie Geredakis

    01:32

  • Gastronomie de la Crète avec Dina Nikolaou

    13:10

  • Trouver refuge, Christophe One-dit-Biot, extrait

    22:20

Description

On dit que c’est l’île natale de Zeus. La Crète est surtout un carrefour de cultures, où les Grecs, les Romains, les Byzantins, les Vénitiens, et les Turcs ont laissé une empreinte. Cette île tout en longueur, 257 km exactement, est aussi traversée par une chaîne de montagnes dont le point culminant atteint 2 456 m d’altitude. La mer, la montagne, et entre les deux, des grottes, des canyons. Bienvenue au paradis des plongeurs et des randonneurs.

 

En première partie, c’est une enfant du pays qui nous fait découvrir les trésors de la Crète : Marie Geredakis, autrice pour les guides Coups de cœur aux Éditions Voyages Gallimard. Musique crétoise, danse, fêtes, musées incontournables, hébergements chez l’habitant, monastères, sentiers de randonnées… elle partage tous ses coups de cœur.

 

Côté gastronomie, on a confié à Dina Nikolaou, la cheffe du restaurant parisien Evi Evane, le soin de nous raconter ses petits plaisirs crétois : herbes aromatiques, huile d’olive, légumes et fruits mûris au soleil, fromage, miel…

 

Enfin, comme à son habitude ce podcast s’achèvera sur une lecture dans les contreforts grecs. Vous découvrirez un extrait du roman Trouver refuge signé Christophe One-dit-Biot paru dans la collection Écoutez Lire aux Éditions Gallimard.


Réalisation et interviews Marjolaine Koch. Habillage sonore Hélène Bizieau.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Parlez-moi d'ailleurs, un podcast Voyage Galima. Bienvenue ! Aujourd'hui, laissez-vous raconter la Crète par celles et ceux qui la vivent au quotidien. On dit que c'est l'île natale de Zeus. La Crète est surtout un carrefour des cultures où les Grecs, les Romains, les Byzantins, les Vénitiens et les Turcs ont laissé une empreinte. Cette île tout en longueur, 257 km exactement, est aussi traversée par une chaîne de montagnes dont le point culminant, le mont Psiloritis, atteint 2456 m d'altitude. La mer, la montagne et entre les deux, des grottes et des canyons. Bienvenue au paradis des plongeurs et des randonneurs. En première partie, c'est une enfant du pays qui nous fait découvrir les trésors de la Crète, Marie Guéredakis, autrice pour les guides coup de cœur aux éditions Voyages Gallimard. Ensuite, côté gastronomie, on a confié à Dina Nicolaou, la chef du restaurant parisien Evie et Van, le soin de nous raconter ses petits plaisirs crétois, une île qu'elle a parcourue en long et en large pour l'émission culinaire qu'elle a longtemps animée pour la télé grecque. Enfin, cet épisode se terminera sur une lecture dans les contreforts grecs vous découvrirez un extrait du roman Trouver refuge, signé Christophe Onodipio. La civilisation crétoise aurait été fondée par le roi Minos, fils de Zeus, et d'une princesse phénicienne prénommée Europe. Je vous parle d'une histoire qui se déroule il y a 4700 ans et qui signerait l'apparition de la civilisation minoenne. En parcourant l'île durant votre séjour, vous trouverez de nombreuses références à cette époque et à cette histoire, mais aussi aux nombreuses occupations successives. Le rattachement à la Grèce est relativement récent. Mais je laisse la spécialiste de ces questions, Marie Gerédakis, autrice d'ouvrages sur la mythologie grecque et sur la crête, prendre la suite du récit. Quel lien les Crétois entretiennent-ils avec la Grèce ?

  • Marie Geredakis

    Alors il faut savoir que la Grèce a gagné son indépendance en 1830 et la Crète a été indépendante beaucoup plus tard, donc en 1913. Ce qui fait qu'il y a eu quand même une très grande période historique où elle n'était pas rattachée à la Grèce, où il y avait de nombreuses puissances qui se sont succédées sur l'île pour finalement, après une révolution qu'ont menée les Crétois, accordé enfin l'autonomie à la Crète. Ce qui veut dire que ça a été un processus qui s'est fait dans la durée, qui a été assez douloureux, et qui explique qu'il y a un fort sentiment de fierté en Crète d'être grec, avec même le sentiment d'être peut-être plus grec que les autres grecs. Et en parallèle, une très grande fierté par rapport aux coutumes et puis à la tradition crétoise.

  • Speaker #0

    Tu parles de cette fierté, elle se traduit comment concrètement ?

  • Marie Geredakis

    Comment elle se traduit ? Peut-être l'affichage de certains éléments de la culture crétoise. La musique est un élément qui est très important. Et encore aujourd'hui, les jeunes jouent de la musique et apprennent à jouer de la musique crétoise. Ça fait partie de la vie quotidienne, il y a beaucoup de fêtes. Et puis après, ça se retrouve dans les échanges qu'on peut avoir avec les gens sur place. On sent que quand ils parlent de leur île, ils se sont très attachés. Et pour eux, c'est le plus bel endroit du monde.

  • Speaker #0

    Et ces fêtes, est-ce qu'il y en a beaucoup ? On peut y assister facilement ?

  • Marie Geredakis

    En fait, en Crète, comme en Grèce d'ailleurs, les fêtes patronales des saints religieux sont presque... plus importantes que les anniversaires. Donc chaque village va avoir un saint patron et donc une fête qui est associée à ce saint où tout le village va se retrouver donc d'abord en allant à l'église en général et puis après souvent il y a une fête qui est organisée avec de la musique encore une fois, de la danse, de la nourriture, tout le monde se rassemble. Et donc ces fêtes-là, elles sont très nombreuses pendant toute l'année en fait. C'est vraiment un endroit où je conseille d'aller parce qu'on est au plus près de la culture crétoise, je trouve. Il ne faut pas hésiter parce qu'on peut avoir peur peut-être de ne pas connaître les pas, mais il y a certaines danses qui sont très simples. Et je trouve que c'est une expérience très forte du coup de vivre ce moment-là.

  • Speaker #0

    Alors ça, c'est un premier point d'entrée pour appréhender la culture crétoise. Et est-ce qu'il y en a d'autres que tu conseillerais ?

  • Marie Geredakis

    Alors, souvent, dans les guides, on déconseille de passer par Héraclion, qui est la grosse ville, le point d'entrée avec l'aéroport. Mais je trouve qu'il y a deux musées qui s'y trouvent, qui sont vraiment incontournables et qui sont magnifiques. C'est d'abord le musée archéologique, qui permet d'approcher toute la culture minoenne, qui est d'une richesse incroyable. La majorité des fouilles se trouvent au musée des Réacliants. On peut observer par exemple les abeilles de Malia. C'était un pendentif qui a été retrouvé en or, où il y a deux abeilles qui butinent une goutte de miel. C'est magnifique. C'est un très grand musée, donc soit il faut le faire en plusieurs fois, ou alors il faut sélectionner un petit peu les salles, mais je trouve que c'est important de le voir. Je conseillerais aussi un autre musée, Il est... dans la même ville, donc c'est le musée historique de Crète, qui lui présente vraiment un aperçu de l'histoire tumultueuse de la Crète avec toutes les invasions qu'il y a pu avoir. Et ça permet aussi de comprendre la culture crétoise puisqu'il y a tout un volet un peu ethnographique, sociologique avec des outils traditionnels, avec l'artisanat, par exemple, les broderies, le tissage. Et puis, il y a une salle qui est dédiée au grand écrivain crétois, qui est Nikos Kazantzakis, qui permet d'appréhender son œuvre, et qui est connue aussi à l'étranger, pour Zorba le Grec, par exemple.

  • Speaker #0

    Alors maintenant qu'on a mieux cerné la culture crétoise, quel type de logement conseilles-tu pour un séjour ?

  • Marie Geredakis

    En Crète, il y a les chambres. Ce ne sont pas vraiment les chambres chez l'habitant, mais souvent ce sont des personnes qui ont une petite pension, disons, avec plusieurs chambres. Donc moi, je recommanderais plutôt ça, ou des petits hôtels, mais plutôt dans les villages, parce que ça permet d'être plus proche du rythme des crétois, d'être plus dans la nature, et de s'éloigner un petit peu des zones où il y a trop de monde.

  • Speaker #0

    Et pour se déplacer, j'imagine que la voiture reste incontournable.

  • Marie Geredakis

    Oui, parce que la crête est quand même une grande île, puis montagneuse, avec des grosses distances, souvent entre les points à parcourir. Il y a un réseau de bus, mais il va vraiment limiter les options que le voyageur va avoir. Donc la voiture est un bon moyen d'être libre et de se perdre aussi. Parce que c'est ce qui fait le charme de la crête, je trouve. Ce n'est pas d'aller d'un point A à un point B, c'est de se dire, bon, allez, on va prendre cette route. Et puis, on va voir si on ne trouve pas quelque chose sur la route. Et en général, on trouve toujours quelque chose. Donc un village, un site, une église, un monastère. La voiture offre cette liberté-là.

  • Speaker #0

    Et alors, est-ce qu'on voit des cyclotouristes en Crète ?

  • Marie Geredakis

    Oui, de plus en plus. Au début, tout le monde disait que c'était des fous. Parce que c'est vrai que les Crétois ne sont pas très sportifs. Et en plus, étant donné les dénivelés et la chaleur, ce n'est pas du tout quelque chose d'habituel. mais ça se développe. Il y a un marché à côté de mon village, et plusieurs fois, on a vu des couples qui étaient en vélo, qui faisaient des étapes pour s'acheter des fruits et légumes au marché. C'était des choses qu'on ne voyait pas trop avant ça. Je dirais plutôt, si on a envie de faire ça, de privilégier les demi-saisons, le printemps ou l'automne, parce qu'en été, il fait vraiment très chaud.

  • Speaker #0

    Elle peut monter jusqu'à combien, la température, en été ?

  • Marie Geredakis

    De plus en plus, ça monte à plus de 40 degrés, avec des périodes de canicule qui s'étendent sur plusieurs jours. Donc là, c'est compliqué. Et puis, un ravitaillement en eau qui peut être difficile aussi sur certaines portions de l'île. En fait, il y a trois saisons, disons, en Crète. Un printemps, mais qui est très doux, qui commence dès le mois de mars, qui se réduit d'ailleurs jusqu'au mois de mai. Et puis après, à partir de fin mai, début juin, c'est vraiment l'été qui commence. jusqu'au mois de novembre, avec un pic de chaleur en juillet et août. Et de plus en plus, la saison des pluies, qui allait de novembre à mars, se réduit. Par exemple, l'année dernière, à Noël, il faisait presque 25 degrés, et il y avait peu de pluie, ce qui est un véritable problème pour les gens sur place, qui sont souvent agriculteurs. C'est compliqué parce qu'il y a de moins en moins d'eau aussi disponible sur l'île pour irriguer toutes les cultures.

  • Speaker #0

    Bon, donc, message reçu. Quand on est en Crète, on prend garde à sa consommation d'eau. Et maintenant, si tu devais partager un endroit qui serait ton coup de cœur, ce serait lequel ?

  • Marie Geredakis

    Bon, s'il faut en choisir un, je crois que je choisirais un monastère. Donc, c'est le monastère d'Odigitria qui se trouve dans le sud d'Héracléon et qui est perdu dans la montagne. J'aime beaucoup y aller le soir, l'été, en fin de journée, pour écouter la liturgie à l'extérieur du monastère. En fait, il y a des bancs. Et puis, il y a une vue sur la montagne. Et on devine un peu la mer qui commence derrière la colline. C'est un lieu de paix, je trouve, qui est vraiment très beau.

  • Speaker #0

    Oui, parce qu'en Crète, il n'y a pas que la mer, en réalité.

  • Marie Geredakis

    En fait, ce qui frappe, je trouve, quand on est en Crète, c'est la prédominance de la montagne. Et donc moi je conseillerais aussi de ne pas vouloir faire que des plages, mais de s'aventurer sur les contreforts montagneux, parce que c'est ce qui fait aussi vraiment l'identité de ce lieu.

  • Speaker #0

    Et j'imagine qu'il y a des chemins de randonnée ?

  • Marie Geredakis

    Bien sûr, il y a plein de gorges, de magnifiques gorges à parcourir, souvent très impressionnantes avec des parois rocheuses qui peuvent être très resserrées et qui débouchent sur la mer et sur des plages magnifiques. Et ensuite, il y a un sentier de randonnée. C'est le sentier européen E4 qui traverse toute l'île. C'est un sentier qui passe à la fois par des chemins côtiers, mais qui va aussi monter au Psiloritis, qui est la chaîne montagneuse la plus haute de Crète, qui va passer dans plein de paysages différents. Christophe Auroz,

  • Speaker #0

    c'est hyper impressionnant. Elles sont à quelle hauteur les falaises autour de nous ? Elle faut environ 700 mètres de haut. Non mais c'est quand même dingue cet endroit, en gré que la terre s'est ouverte ! C'est fou ! C'est effectivement ce qui s'est passé, cette gorge est le résultat de la collision entre deux plaques tectoniques. La plaque africaine est venue heurter la plaque eurasienne. Et regarde, on arrive à la carte postale typique de la région. C'est la partie la plus étroite des corps. Les crétois l'appellent la porte de fer.

  • Marie Geredakis

    Voilà, en se renseignant un peu à l'avance, il y a des tronçons qui sont magnifiques, qu'on peut emprunter. Puis après, ne pas hésiter aussi à demander aux habitants s'il n'y a pas des chemins à emprunter là où on est. C'est ce qui fait le charme de la crête aussi, tout n'est pas balisé. Il y a toujours à découvrir autour de là où on se trouve.

  • Speaker #0

    On a tous entendu parler du régime crétois. La cuisine de l'île est réputée simple, mais parfumée et savoureuse. Nous en avons discuté avec Dina Nikolaou, qui vit une partie de l'année en Grèce, et l'autre à Paris, où elle a ouvert plusieurs restaurants et traiteurs. Dina Nikolaou, est-ce que vous pouvez déjà me raconter votre lien avec la Crète ?

  • Dina Nikolaou

    Alors, je suis grecque, je ne suis pas crétoise, mais avec la Crète, j'ai des liaisons gastronomiques. qui me tiennent au cœur. Ça fait vingt ans que j'étais là-bas, en Crète, pour faire des émissions sur les produits et des producteurs en Crète. Bonsoir à tous. Bienvenue de nouveau. Nous sommes encore ici, prêts. Ecoutez ce qui se passe. Ecoutez le poivre. Je suis vraiment amoureuse. Il a des produits extraordinaires. Il a une cuisine simple, mais tellement... En qualité de produits, avec une philosophie de bien manger, de bien être, que j'ai adoré.

  • Speaker #0

    Alors pour commencer, est-ce que le rythme des repas est différent de celui qu'on connaît en France ?

  • Dina Nikolaou

    Le matin, c'est le petit déjeuner, ça peut être un petit tiropita ou des feuilletés avec le fromage. Ou le hortopita, c'est les feuilletés avec les herbes sauvages. Et un héléniko, un café grec, bien évidemment, qu'on adore. ou un yaourt grec avec du miel de thon qui est en Crète. C'est sa meilleure version, selon moi. Après, pour le midi, on mange un peu tard. En Grèce, en général, et en Crète aussi. Ce n'est pas à midi qu'on mange, c'est plutôt à 14h. Et après, le soir aussi, on mange tard. Et entre-temps... On peut avoir le petit maizé avec une cicoudia et bien évidemment les produits saisonniers. On aime bien les produits de saison.

  • Speaker #0

    Et pour vous, quels sont les plats classiques à tester ?

  • Dina Nikolaou

    Bien évidemment, il faut tester à des cristaux. C'est l'agneau cuit lentement à la perfection. La méthode de cuisson de l'agneau est un cercle de fils de fer à plusieurs niveaux. autour d'un feu où les morceaux d'agneau sont drapés et cuits lentement. Sinon, les escargots. Je ne sais pas si les Français aiment les escargots. En Crète, ils adorent ça. Ils les font à la poêle avec du sel, avec des herbes aromatiques. À côté, bien évidemment, d'acos. D'acos, c'est la biscotte d'or avec les tomates rouges mûries dans le soleil crétois. avec le midi-thra ou avec un autre fromage crétois, baigner à l'huile d'olive, l'origan, le thon. En Crète, on aime beaucoup les légumes, les fruits, les légumes secs. Ils adorent une sorte de salade qu'on appelle ospriada ou palicaria, qui est un mélange avec plusieurs légumes secs, avec des herbes sauvages arrosées avec l'huile d'olive. Goûtez ça sur place. Ça sort de la cuisine traditionnelle crétoise.

  • Speaker #0

    Nous utilisons essentiellement les produits de notre terre pour la préparation du régime crétois. Des aliments naturels, sans ajout d'éléments chimiques complémentaires. C'est surtout cela le secret de notre régime en Crète. Nos anciens se sont toujours nourris de cette manière. C'est pourquoi notre population âgée se porte aussi bien. Ils mangent surtout des fruits et des légumes venant de leur potager. Et surtout, ils consomment beaucoup moins de viande. C'est essentiel. C'est vrai que nos anciens affichent une bonne santé. On a beaucoup de centenaires chez nous. Alors, vous venez d'évoquer les plats salés. Maintenant, du côté du sucré, pour vous, quels sont les incontournables ?

  • Dina Nikolaou

    Les desserts les plus connus en Crète, on peut dire que c'est les kaltzounes. Les kalchounias ce sont des petites tartes de crêpes avec une pâte fine et croustillante, avec une garniture moelleuse, avec un fromage doux crétois, ça peut être une zithra ou un thotiro, et bien évidemment avec la cannelle. Et baklava aussi. Chronia polla, mais le plus beau baklava. Parce que chaque région en Grèce, il y a sa façon de préparer le baklava. qui se tiennent de l'Antiquité grecque. On faisait notre baklava à l'Antiquité qu'on appelait à l'époque rastrine. C'était des feuilles de patafilo, bien évidemment, qui s'étaient faites à la main, avec les noix et des amandes et arrosées juste au miel à la fin. Mais chaque région, par rapport aux produits qu'il avait, s'il y avait, par exemple, plus de noix, c'était plutôt un baklava avec des noix. Et s'il faisait un miel... Au flair, c'était arrosé avec du miel de flair, mais en crête, c'était avec du miel au thon. Vous voyez, ce sont des produits qui régnent et donnent la spécialité.

  • Speaker #0

    Et alors justement, quels sont les types de cultures que l'on va croiser en découvrant la crête ?

  • Dina Nikolaou

    C'est un petit mélange, c'est ça qu'on adore en crête. Si on reste dans la culture de la gastronomie, il faut vraiment voir la culture d'huile d'olive. On a des oliviers qui sont vraiment de l'Antiquité et ça c'est quelque chose d'extraordinaire. Sur la qualité, les olives sont très bien placées.

  • Speaker #0

    Avec cet appareil on tape les olives, elles tombent ensuite par terre sur les filets que l'on a mis autour des arbres. Et puis il y a mon beau frère, Akis, qui ramasse les olives ensuite derrière. Alors Akis vient et la magie s'est élevée. Donc on les ramasse à la main avec un seau. Une fois qu'on les a mises dans le seau, on les emmène sur un tamis. Notre tamis qui va retenir les feuilles. Donc voilà, on enlève les feuilles qui ne vont pas aller à l'usine. Et les élives, par contre, elles sont tombées dans le sac.

  • Dina Nikolaou

    Le fromage, pas mal de fromage qu'on ne trouve qu'en Crète, à la base du lait de chèvre. Quand on va en Crète, il vaut mieux suivre les petits lieux artisanaux pour voir comment ils font le fromage, comment ils font les charcuteries, pour voir qu'est-ce qu'on peut faire avec les herbes aromatiques, qu'est-ce qu'on peut faire avec l'huile d'olive, parce que c'est bien pour la nourriture, mais on fait une sorte de cosmétique aussi, des savons, des crèmes, des choses qui font des biens pour la peau.

  • Speaker #0

    Alors justement, est-ce qu'on peut visiter ou alors même participer à des ateliers qui sont en lien avec la gastronomie crétoise ?

  • Dina Nikolaou

    Bien évidemment, bien évidemment. Je reste à Peschesi, une ferme qui se retrouve à Heraklio. C'est une ferme extraordinaire. Et là, ils font des cours de cuisine dans une ferme. On va aller chercher les produits, les légumes. On va faire le fromage nous-mêmes. Et après, on fait la cuisine, bien évidemment, à l'extérieur, comme on faisait à l'époque à l'avant. Tous ensemble, une journée entière. Et après, on mange, on danse. Vraiment, c'est une journée tellement réplique qu'on n'oublie jamais.

  • Speaker #0

    Pour terminer, vous conseillez de rapporter quoi dans la valise ? On commence évidemment par l'huile d'olive, j'imagine.

  • Dina Nikolaou

    Ah, l'huile d'olive, bien évidemment. Dictamos, ça fait partie des herbes sauvages et aromatiques de Crète. Ça fait du bien quand on a l'impression qu'on est fatigué, quand on veut l'énergie. On fait une infusion. avec des dictamons, tout ira mieux. Et du miel du thon, c'est extraordinaire. Si on peut amener le fromage, il faut amener la gravière à Crétois ou Mitzithra. C'est un fromage qui soit mou comme une crème ou un peu plus mûr. Ça sera un petit maizé pour notre apéritif. En tout cas, on amène des crêtes pour notre espoir de bien vivre. Parce que c'est ça la crête. Quand on parle de crête, on est heureux. Alors ça pour moi, ça compte beaucoup mieux que n'importe quel produit.

  • Speaker #0

    Pour cette troisième et dernière partie, nous allons quitter la Crète et nous envoler vers le Mont Athos. C'est ici que se déroule l'intrigue de l'extrait que vous allez entendre, le roman « Trouver refuge » de Christophe One-dit-Biot. L'histoire se déroule dans un futur proche. Sacha, Mina et leur enfant décident de s'arracher à la France, livrée au nationalisme et à l'intolérance par le nouveau président élu. En fait, ils fuient des hommes lancés à leur trousse, en quête d'un secret dont ils seraient détenteurs. Sacha et Mina ont décidé de rejoindre le mont Athos, ce sanctuaire érigé de monastères fortifiés qui a toujours protégé ceux qui y cherchaient refuge. Voici un extrait du livre audio lu par Laurent Stoker de la Comédie française, paru dans la collection Écoutez lire.

  • Christophe One-dit-Biot

    Il ferma la porte et regagna la plage avec la bouteille d'eau. Sa femme ôta le bouchon à étrier et fit boire leur petite fille avant de boire à son tour. Il suivit des yeux la ligne que dessinaient son front et son nez, sa bouche, son menton et son cou. Un paysage qu'il ne s'était jamais lassé d'embrasser. Elle essuya ensuite ses lèvres avec son index. Elle faisait cela. C'était son geste. Il l'aimait. Il but lui aussi et posa la bouteille, vide, sur le sable, pensant à la chanson de Police « Message in a Bottle » que fredonnait son père quand lui n'était qu'un enfant. Il ne savait pas alors qu'il penserait à cette chanson, aujourd'hui même, et qu'il la fredonnerait, lancinant peut-être, mais lui rappelant, comme à tant d'autres avant lui, qu'il n'était pas le seul à se sentir seul. Peut-être proposerait-il à sa fille d'écrire un message à glisser dans la bouteille, un SOS, mais à envoyer à qui ? Il ne voulait pas être trouvé. Il ne fallait pas être trouvé. Ils étaient seuls, mais seuls à trois, donc pas seuls. Il s'allongea près de sa femme, son bassin contre le sien, caressa sa peau brune et déjà chaude de soleil. Il ferma les yeux. « Papa, regarde, je fais le flamant rose ! » Il les rouvrit aussitôt. La petite, pieds nus dans le sable mouillé, Se dresser en équilibre à la lisière de l'eau sur une seule jambe, l'autre repliée. Avec ses mains, elle m'y met un long bec qui claque. « Bravo, Irène ! » dit-il. « Non, pas Irène, je suis un flamand ! » « Bravo, flamand Irène ! » Le soleil caressait la plage et les épidermes. Et il valait mieux que le soleil caresse un peu ce matin. Qu'il y ait un peu de lumière, un peu de beau et d'espoir, un peu de bleu et d'or, dans cet endroit du monde qui devait être à la hauteur de son nom, Ouranopolis, la ville du ciel. La porte d'entrée vers la Sainte-Montagne, territoire interdit aux femmes et aux femelles, précisait les textes, depuis presque mille ans. L'homme y était venu trente ans auparavant, cherchant alors un éblouissement, un signe, quelque chose qu'il n'avait pas en magasin et qui réchaufferait son cœur froid. Il y a trente ans, il avait vingt ans. Il ignorait alors qu'il reviendrait au même endroit, mais avec sous ses doigts l'arrondi de l'épaule d'une femme qu'il aimait, et sous ses yeux le corps gracieux d'un enfant, le leur. Il les avait mis en danger. Il ne se le pardonnait pas. En arrivant en voiture au petit matin quelques jours auparavant, la silhouette du bateau à quai l'avait catapulté dans le passé, parce qu'il avait vu, peint sur sa proue, les deux mots « action estine » . Les premiers mots d'un hymne byzantin à la Vierge, « Il est digne de te célébrer » , qui baptisait le bateau ainsi qu'une précieuse icône gardée entre les vieilles pierres d'une église millénaire, là-bas, dans cette sainte montagne, qu'on atteignait que par la mer et que par ce bateau. Ce n'était pas une île pourtant. Mais l'accès terrestre à ce territoire sacré était barré par une épaisse forêt depuis des temps immémoriaux, disait-on, comme s'il y avait des époques inaccessibles à la mémoire. À l'époque, le bateau s'appelait déjà Action Estine. Était-ce le même qui, grâce au pouvoir divin de l'endroit, avait accédé à une forme d'éternité, où tous les bateaux en partance pour la sainte montagne se transmettaient-ils ce nom, le vieux laissant sa place aux jeunes, afin que la continuité soit assurée comme dans ces anciennes familles où l'aîné porte le prénom du père ? Il regarda sa fille et l'azur de ses yeux tirant sur le gris acier qui brillait dans le soleil. Puis sa femme, si brune par contraste. Mina. Elle se redressa et s'assit un instant à la manière d'une danseuse qui s'échauffe. Elle l'avait été, jeune, écartant les cuisses, genoux pliés ouverts vers l'extérieur, les plantes de pied l'une contre l'autre, ses mains en serrant ses chevilles. Il resta allongé sur le côté tandis que Mina marchait en direction de l'enfant qui, tout à son imitation du flamant rose, contemplait les vagues en s'efforçant de ne pas tomber. La mère lui donna un baiser et l'échassier redevint petite fille. Elle la prit dans ses bras et plongea son visage dans ses cheveux. « Du blé fraîchement coupé, pensa-t-il. Un parfum jaune, si différent de celui de sa mère. Un parfum de soleil. »

  • Speaker #0

    Ces images de bonheur reviendraient-elles ? Il se jura que oui. et d'une vidéo du producteur de l'huile d'olive terre de crête Arnaud Gillet installé à Héraclion. Parlez-moi d'ailleurs, un podcast créé sur une idée originale des éditions Voyage Gallimard. Si vous avez aimé ce contenu, n'hésitez pas à nous laisser un commentaire sur les plateformes et bien sûr à le partager autour de vous. A bientôt et bon voyage !

Chapters

  • Rencontre avec Marie Geredakis

    01:32

  • Gastronomie de la Crète avec Dina Nikolaou

    13:10

  • Trouver refuge, Christophe One-dit-Biot, extrait

    22:20

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