- Speaker #0
Parlez-moi d'ailleurs, un podcast Voyages Gallimard. Bienvenue. Aujourd'hui, laissez-vous raconter les Pouilles et la Basilicate par celles et ceux qui les vivent au quotidien. A elles seules, ces deux régions du talon de la botte italienne cumulent 800 km de côte et sont cernées par trois mers. Des plages turquoises surplombées d'immenses falaises par endroits. Les oliviers centenaires et l'un des emblèmes du territoire, les trullis, ces petites maisons rondes au toit conique, typique de la région des Pouilles. Lucie Tournebize est autrice pour les guides coup de cœur aux éditions Voyages Gallimard. Et en première partie, elle partage avec nous les siens de coup de cœur et ses conseils pour profiter du séjour. En deuxième partie, ce sont deux frères qui nous guident dans le versant gastronomique de ce voyage. Giovanni et Francesco Semeraro vivent à Montreuil, en région parisienne, où ils tiennent le restaurant. La Folia, spécialisé dans la cuisine des pouilles. Restés fidèles à leur région d'origine, ils ont importé leur cuisine, mais aussi leur musique, que vous entendrez en ouverture de la première partie. Enfin, comme à son habitude, ce podcast s'achèvera sur la lecture d'un extrait de roman qui se situe en Italie. Aujourd'hui, une enquête signée Erri de Luca et son roman intitulé Impossible. Installez-vous devant la fenêtre et laissez défiler sous vos yeux le paysage des oliviers à n'en pas douter. Il y en a 50 millions dans la région qui produisent 40% de l'huile d'olive italienne. Mais les paysages ne sont pas pour autant monotones. Et c'est ce qui a notamment séduit Lucie Tournebize qui nous guide dans cette découverte des pouilles et de sa région voisine, la Basilicaté. Lucie, bonjour.
- Lucie Tournebize
Bonjour, bonjour et merci de m'inviter.
- Speaker #0
Est-ce que tu peux déjà nous raconter comment tu as découvert les pouilles ?
- Lucie Tournebize
Oui bien sûr, mon premier voyage c'était quand à l'époque j'habitais à Rome où je travaillais comme assistante de langue et on avait décidé de profiter des petites vacances de Pâques pour aller découvrir les pouilles. Donc on avait pris la voiture d'un des collègues assistants et on était partis à 5 tasser dans sa Fiat Panda où ça devait être en modèle de ce type. et on avait vadrouillé entre le nord des Pouilles, le Gargano, et jusque dans le Salento. Je m'étais retrouvée en plein dans l'ambiance jeune et étudiante de ces villes, comme Bari, comme Lecce, donc j'avais trouvé que c'était un voyage assez authentique, avec en plus l'atmosphère de Pâques, qui est une fête vraiment importante pour les Italiens, et il y avait cette effervescence. que j'avais trouvé assez chouette. Le menu de Pâtes, aujourd'hui, c'est d'abord une belle pâte grande, puis les oreillettes avec les brinjoles, puis je fais l'agneau au rostre, puis des fruits de mer, puis il y a tout, les mandorles, tout ça. Un bel déjeuner, une belle pizza de ricotta et la colombe.
- Speaker #0
Et alors, qu'est-ce qui fait les marqueurs de cette région ? Quand on arrive dans les Pouilles, est-ce qu'il y a des paysages, des architectures spécifiques à cette région ?
- Lucie Tournebize
Oui, alors il faut savoir déjà que c'est une des régions les plus grandes et les plus étendues d'Italie. Donc quand on passe du nord des Pouilles au sud, on a déjà des différences. Notamment, une chose qui m'avait frappée quand on entre dans le Salento, la terre, elle change de couleur. On a souvent des terres rouges et ocres dans le Salento. qu'on ne trouve pas dans le nord de la Pouille. Et évidemment, un arbre qui symbolise vraiment cette région, c'est l'olivier. On en voit partout. Il y a des oliviers centenaires, des oliviers géants, qui font aussi la réputation de cette région. Donc ça, c'est pour les paysages. Et puis, au niveau des architectures, il y a deux aspects qui sont vraiment forts et marquants dans cette région. C'est d'un côté l'architecture monumentale, qui est l'architecture baroque, notamment à Lecce et qu'on surnomme parfois la Florence du Sud parce qu'il y a ce côté grandiose de l'architecture religieuse, qui dans ce cas est baroque. Et puis il y a une architecture plus modeste des campagnes, avec les fameuses maisons qu'on appelle les Trulli, qui sont des maisons paysannes, qui sont en fait bâties en pierre sèche blanchie à la chaux et qui ont une forme ronde et de forme pointue. Les premières maisons Trouli ont été construites au XVIe siècle, lorsqu'un seigneur local força les agriculteurs à s'installer ici pour y travailler la terre. Les paysans ont construit leur maison avec les pierres qu'ils trouvaient. Il reste aujourd'hui environ 1600 Trouli.
- Speaker #0
Et tu conseilles de découvrir la région avec quel mode de déplacement ? Plutôt le train ou la voiture ?
- Lucie Tournebize
Alors, les premières fois où je suis allée dans les Pouilles, j'avais l'a priori que ce serait difficile de circuler en transport public et on était donc partie en voiture. Et en fait, sur place, on s'était rendu compte qu'il y avait pas mal de lignes de train aussi. Et donc, les voyages suivants que j'ai faits, je les ai principalement faits en train, puisqu'il y a les trains de nuit qui vont dans la région, notamment depuis Milan. Donc, ce qui est bien, c'est qu'avec la réouverture du train entre Paris et Milan, on peut aller dans les Pouilles entièrement en train. en faisant un changement et en prenant un train de nuit on se réveille ou à Bari ou à Lecce qui sont donc les deux grandes villes cette ligne de train qui arrive de Milan elle est complétée par un réseau local et régional qui permet de visiter la plupart des petits villages côtiers ou bien dans les terres mais aussi d'aller jusqu'à Matera qui est donc pas dans les Pouilles mais qui est souvent une destination que l'on visite en même temps que la région des Pouilles puisque c'est la région voisine qui est la Basilicat ... Et depuis Paris, il y a une ligne de train qui va jusqu'à Matera, donc on peut faire beaucoup de choses sans voiture, même si en été, notamment pour l'accès aux plages, la voiture peut être plus pratique. Donc ça dépend un peu du type de vacances qu'on veut faire, mais je dirais que les deux sont complémentaires et offrent pas mal d'options.
- Speaker #0
Et si on veut se mettre au rythme local, qu'est-ce qu'il faut savoir ?
- Lucie Tournebize
Le rythme local, disons que c'est surtout par rapport au reste de l'Italie et par rapport à la France, on vit plus tard, surtout l'été évidemment, surtout quand il fait chaud. Les magasins sont souvent ouverts jusqu'à tard, jusqu'à 20h. On va trouver certains commerces qui sont ouverts, voire plus. On mange tard dans les restaurants et on sort tard aussi. Il y a une vie nocturne en italien où on dit la movide. qui est assez tardive et donc on va trouver les jeunes dans les rues jusqu'à tard le soir. Par exemple, j'ai été surprise quand l'année dernière, avec ma chorale, on est allé chanter un festival qui s'est terminé à minuit et demi. On était 27, on a trouvé une pizzeria ouverte qui nous a fait manger à une heure du matin sans aucun problème, je ne m'y attendais pas, je pensais qu'on allait se faire jeter rien que pour avoir téléphoné aussi tard. En fait, non, ça ne posait de problème à personne. Les horaires sont généralement plus tardifs.
- Speaker #0
Ah oui, bel exemple. Est-ce qu'il y aurait une ville, un site peut-être, ou un musée, ou même un événement qui serait un bon point d'entrée pour appréhender la culture locale ?
- Lucie Tournebize
Très bonne question. En fait, les Pouilles, c'est une région qui a tellement d'identités différentes en fonction d'où on va, que c'est difficile d'identifier un seul point d'entrée. Parce que, par exemple... La première fois que je suis allée à Paris, on m'avait dit non mais c'est pas la peine d'aller à Paris, c'est pas très joli, c'est pas très intéressant. Et on a été surpris parce que c'est une ville qui est très vivante, qui a un très joli centre même s'il est tout petit effectivement, qui a de très belles églises. Et qui en même temps est un point de chute pour beaucoup de gens dans la région, c'est-à-dire que c'est la grande ville du nord de la Pouille. Mais disons que je trouve que ce serait difficile pour une région comme les Pouilles. puits d'identifier un seul lieu. Tant il y a de caractéristiques différentes, par exemple, si on va un tout petit peu plus au sud de Lecce, il y a une sous-région qui s'appelle la Grecia Salentina, donc c'est-à-dire la Grèce du Salento. C'est un endroit où on trouve des villages où on parle un dialecte qui est issu du grec et qui est lié à des très anciennes populations grecques qui ont vécu dans cette région il y a des siècles. Donc là, on va trouver des influences, on va trouver une architecture, on va trouver un dialecte qui sont encore différents alors qu'on a fait un quart d'heure de voiture. C'est vrai que cette région, pour cette raison-là, on peut y faire mille voyages différents et à chaque fois se dire, tiens, ça c'est le lieu symbolique de ce voyage, c'est le lieu symbolique de cette culture.
- Speaker #0
Et sur place, quel type de logement tu recommandes pour un séjour ?
- Lucie Tournebize
Alors, il y a énormément de... possibilités puisque c'est une région où il y a un tourisme qui s'est beaucoup développé ces dernières années. Moi je trouve que la meilleure option c'est de loger en bed and breakfast. Déjà parce que souvent ce sont des petites structures, de privilégier des bed and breakfast avec un accueil qui se fasse pas par une boîte à clés ou quelque chose de personnalisé, c'est-à-dire où on va être accueilli par la personne qui généralement, justement comme ce sont des petites structures. peuvent faire un accueil qui est personnalisé. C'est un premier contact avec les gens sur place, une première introduction à la ville. Et puis, je trouve que les pâtisseries qui sont souvent proposées au petit déjeuner dans les Bed & Breakfast, qui sont des pâtisseries locales, méritent le détour.
- Speaker #0
Alors, ce que tu appelles Bed & Breakfast, est-ce que c'est les agritourismes ou c'est autre chose ?
- Lucie Tournebize
Non, les agritourismes, c'est un autre type de structure. Pour être agritourisme, il faut être un lieu de production, c'est-à-dire c'est une ferme en général, qui doit avoir sa propre production de produits. Tout ce qui est vendu n'est pas de production locale forcément, mais pour être classé agritourisme, il faut avoir cette étiquette-là. Effectivement, si on ne loge pas en ville, mais à la campagne, la deuxième option, la meilleure, c'est l'agritourisme, parce que généralement, c'est des endroits qui sont très beaux, très calmes. Avec une piscine, c'est le top pour des vacances, pour se poser. Si on n'est pas urbain, l'agritourisme, je confirme.
- Speaker #0
Et pour finir, toi, quel est ton site coup de cœur ?
- Lucie Tournebize
Pour moi, le coup de cœur dans cette région, l'endroit que je préfère, c'est vraiment le promontoire du Gargano. Donc, ça correspond au premier voyage que j'ai fait, qui est vraiment un endroit magnifique. Certes, un peu trop fréquenté l'été, je conseille d'y aller plutôt hors saison. Mais il y a des plages et des paysages qui sont vraiment à couper le souffle et beaucoup de randonnées qu'on peut faire. de petits villages le long de la côte. Et puis, il y a une particularité qui est assez jolie à voir, c'est les cabanes des pêcheurs. En fait, pour pouvoir pêcher sur le littoral, là où il est trop accidenté pour sortir en bateau, il y a ces cabanes en bois qui sont accrochées à la rive et qui permettent de jeter les filets par un système de poulies et de fil assez compliqué. Et il y en a certains qui sont transformés en bars ou en restaurants. Par exemple, ... Il y en a un qui s'appelle Trabucco da Mimì, où on peut aller manger et boire un verre. Et c'est face au soleil couchant, donc c'est un endroit qui est vraiment magique. Il marque un voyage. Donc voilà, ça, ce serait un coup de cœur que je conseillerais, c'est d'inclure le Gargano dans un itinéraire de voyage dans les couilles.
- Speaker #0
S'il est une région accueillante pour les végétariens, c'est bien les pouilles. Sa tradition de repas paysans, aussi appelée la cuisine pauvre, est principalement constituée de légumes et de pâtes, et donc pauvre en viande. Giovanni et Francesco Semeraro sont jumeaux, ils ont importé ces recettes dans leur restaurant de Montreuil, et même s'ils sont arrivés en France il y a une vingtaine d'années, ils ont conservé un attachement très fort à leur région natale, et aussi leur accent. J'ai commencé par leur demander si le rythme d'une journée dans la région des Pouilles est différent de notre rythme en France.
- Giovanni Semeraro
Chez nous, c'est resté un peu, on va dire, un rythme traditionnel. J'oserais dire paysan. Encore aujourd'hui, des pauses, par exemple, dans le travail, de 13h jusqu'à 17h l'après-midi, parce que les gens sont encore aujourd'hui habitués de rentrer chez eux pour manger. Ça se fait très rarement que les gens restent dehors pour manger à midi. Aujourd'hui, ça change un peu justement avec les nouveaux rythmes. Il y a de plus en plus de gens qui restent et qui commencent à manger dehors chez nous. Mais jusqu'à il y a quelques années, vraiment, c'était sacré le fait de retourner à la maison pour déjeuner, par exemple.
- Speaker #0
Et ça veut dire que les horaires des boutiques aussi peuvent être collés sur ce rythme que vous me dites ?
- Giovanni Semeraro
Mais surtout les boutiques. Mais ça, aujourd'hui encore, c'est catégorique. Vous ne trouverez rien d'ouvert de 14h à 17h dans la plupart des villes. Après, si vous allez à Bari, c'est vraiment la ville un peu plus grande, vous avez la chance de trouver ouvert un temps continu du matin au soir. Mais dans la plupart des petites villes et des villages, de 14h à 17h, tout est fermé.
- Speaker #0
Qu'est-ce qui caractérise la cuisine des Pouilles par rapport au reste de l'Italie ?
- Francesco Semeraro
Alors sûrement l'utilisation de beaucoup de légumes, c'est une raison vraiment à vocation agricole. Et après, évidemment sur les côtes, les Pouilles c'est presque une île, donc il y a 750 kilomètres de côtes. Sur les côtes, on mange beaucoup de poissons et de plats à base de poissons. Donc le poisson cru, c'est une des spécialités d'une certaine ville comme Paris.
- Speaker #0
Et comment il est préparé ce poisson cru ?
- Francesco Semeraro
Alors vraiment avec rien. On peut le manger directement chez les pêcheurs, sur le fort, par exemple à Paris, dans un lieu qui s'appelle Nderralalanz. Maintenant c'est très touristique, mais à l'époque c'était vraiment le marché des pêcheurs qui vendaient leurs poissons sur le port. Maintenant, on peut faire l'apéritif traditionnel avec du poisson cru et une bière perroni sur le pont de Barre.
- Giovanni Semeraro
Moi, je rajouterais aussi quelque chose qui est très caractéristique de toute la région, c'est le fromage frais, type mozzarella et burrata. La plupart des Français voient la burrata comme un fromage italien. Alors, je serais dire qu'il n'est même pas des pouilles, il est originaire d'une ville. des pouilles, d'ailleurs à côté de la ville où nous avons grandi, c'est Andrea qui a donné vie à cette sorte de fromage rempli de stracciatella, de fromage frais. Et voilà, sur les tables des Apuléens, il manque rarement de fromage frais comme mozzarella, burrata, stracciatella, de la scamorza. Ça accompagne vraiment tous les repas presque, juste pour apéro ou sinon comme Un repas léger du soir par exemple, à la place de préparer, on met sur la table un peu de focaccia, des mozzarella, des burrata et on peut facilement dîner comme ça si on veut rester léger.
- Francesco Semeraro
Et on rajoute qu'on l'achète un jour et on ne la met pas au frigo.
- Speaker #0
Et on ne rajoute pas d'huile d'olive, vous êtes d'accord ?
- Francesco Semeraro
Oui, on peut la rajouter. Moi je le fais et je l'habille. C'est terrible. De la bonne huile d'olive, oui.
- Giovanni Semeraro
Ce qu'on ne rajoute pas, au moins chez nous, c'est le pesto de basilic. Ça, c'est impossible de rajouter parce que c'est tellement délicat le goût de ce fromage-là que c'est vrai que ça couvrirait un peu le goût du fromage.
- Speaker #0
Est-ce qu'on peut visiter une fabrique de mozzarella dans les parages ?
- Francesco Semeraro
Nous ici à La Folia on utilise une marque spécifique, c'est Simone.
- Giovanni Semeraro
C'est très artisanal.
- Francesco Semeraro
C'est une entreprise très artisanale qui fait des produits vraiment de très haute qualité. Pas que les bourrates, mais aussi les ricottes, les mozzarelles, les scamorces, voilà tout.
- Giovanni Semeraro
C'est une des rares qui utilise du lait cru, ce qui fait une date de prévention très courte, mais qui donne un surplus de goût fraîcheur. Après, il y a plusieurs centres de production. Justement, Andria, c'est un des centres les plus importants de production de latticini, comme on appelle chez nous. Latticini, c'est toute la famille des fromages à pâte filée. Donc, c'est la mozzarella, la scamorza, la burrata, le cachocaval. Mais sinon, un peu dans toutes les villes, il y a des petits centres de production et il y en a beaucoup encore aujourd'hui.
- Speaker #0
Alors, puisqu'on parle de sites de production, est-ce qu'il y a d'autres lieux de production, d'autres aliments que vous conseillez de découvrir ?
- Francesco Semeraro
Alors oui, en descendant dans les terres de Bari, c'est l'huile d'olive, vraiment la qualité de l'huile d'olive a été incroyable, surtout dans les campagnes de Bitonto, Bitetto, Binetto. Une huile d'olive très fruitée, très parfumée, dense, avec une belle coloration mat, si on peut dire. Et la focaccia barese à Bari.
- Giovanni Semeraro
Il y a aussi le légume emblématique de notre région, c'est le chimédirap. Aucun touriste ne peut se sauver de ce type. C'est vraiment la chose qu'il faut goûter chez nous. C'est un légume très spécifique de notre région, qui pendant longtemps a été consommé que dans notre région, en Italie. En fait, ça fait partie de la famille des brocolis. Je pense qu'en France, le nom c'est brocolirap. Les fleurs sont beaucoup plus... moins dense en fait des brocolis, beaucoup plus petit. Et le goût, il est plus herbacé. En fait, c'est un peu plus sauvage, entre guillemets, on pourrait dire. Et chez nous, vraiment, à commencer d'octobre jusqu'à mars, quand ça finit la production, c'est quelque chose qui est énormément consommé. Soit comme ça, à l'étouffée, simplement, mais on l'utilise énormément pour assaisonner des pâtes, justement des orequettes. Les orequettes, tu me diras, parce que c'est vraiment un des plats les plus consommés. Et c'est des orequettes. avec ces légumes-là, les tumeurs d'Irapa. On fait revenir de l'anchois dans de l'huile d'olive. Et après, il ne faut jamais oublier de l'amide de pain frite aussi, qui rend un peu le croquant dans la bouche quand on mange le fromage de pauvre.
- Speaker #2
L'huile, tant que vous en avez, mettez-la. Mettez-la dans un verre d'huile. Mettez-la dans la bifille. Mettez-la dans la bifille sans la faire brûler. Plain, plein, comme ça. Un morceau d'eau. Une pente, un couvercle, et vous faites bouillir l'eau. C'est un verre, c'est italien. Mais si ce n'est pas écrit, c'est une pataque. Ah,
- Francesco Semeraro
la bombette de cisterne. Je l'ai oublié. Je sais que les touristes vont chercher... directement dans cette ville et c'est des paupiètes capocoles de cette viande de porc farcie avec du fromage à l'intérieur du cachecaval. Anciennement c'était des boucheries qui cuisinaient dans des fours à bois. Cette spécialité aujourd'hui on peut trouver des restaurants voilà qui propose ça dans tout le centre historique de Chisterny.
- Speaker #0
Avant de nous quitter, je vous propose de découvrir un extrait du roman Impossible d'Eri Deluca, l'histoire d'un septuagénaire qui aime randonner loin des foules. Mais ce jour-là, ils sont deux sur ce chemin escarpé du Val Badia. Un éboulement derrière lui emporte l'autre marcheur. Cette scène, le vieil homme la raconte aux enquêteurs, puis au juge d'instruction. C'est la troisième fois qu'il la décrit, et qu'on met en doute sa parole. Cette mort accidentelle serait-elle un meurtre ? Le doute persiste, car dans leur jeunesse, dans les années de plomb italiennes, les deux jeunes hommes alors militants se sont fréquentés. Vous écoutez un extrait du livre audio lu par Laurent Natrella et Denis Podalides de la Comédie française, paru dans la collection Écoutez lire.
- Impossible, d'Erri De Luca
Reprenons du début de votre journée. Vous ne reconnaissez pas la personne de la photo que je vous ai montrée ? Je ne la reconnais pas. J'oublie les visages. À plus forte raison des années plus tard. Je ne pourrai que répéter ce que j'ai déjà dit. Ce n'est pas sûr. Vous pouvez ajouter quelque chose que vous n'avez pas dit avant ? Peut-être. Mais il ne s'agit pas d'une conversation entre deux voyageurs dans un train. Je suis interrogé par un magistrat. Vous décidez des sujets, mais moi, je décide si j'ai envie de livrer ou non. un souvenir. Je comprends. Je vous demande tout de même de revenir sur votre journée. Je me réveille tôt, vers 5 heures. J'attends 7 heures pour descendre dans la salle à manger et prendre mon petit déjeuner. Je remonte dans ma chambre. Je me lave les dents. Je sors. Je prends ma voiture. Et je me dirige vers la montagne que j'ai décidé d'escalader. Je cherche des endroits difficiles, en dehors des sentiers battus, pour me sentir à l'écart du monde. Ce jour-là, j'ai choisi la vire du Bandiaraq, en Valbadia. C'est un endroit escarpé et dangereux. J'ai laissé ma voiture et j'ai emprunté le sentier obligatoire qui monte de la Capana Alpina au col de Ausha. À 7h30, il n'y a encore personne. J'ai été étonné de voir quelqu'un plus haut qui me précédait. « Un homme ? » « Oui, un homme. On peut avoir un curieux comportement en montagne. Si l'on sent quelqu'un derrière soi qui grimpe plus vite, on accélère pour ne pas se faire dépasser. C'est enfantin, mais fréquent. Il est évident que si l'autre est plus rapide, on sera rattrapé. » Celui qui est devant force le rythme et devra bientôt ralentir ou s'arrêter pour reprendre son souffle. Il y a ceux qui font semblant de lasser leurs chaussures, de regarder le panorama, de prendre une photo. S'il s'agit d'un couple, alors j'entends l'homme qui invite la femme à monter plus vite. Il le dit à haute voix. Il tient à me faire savoir que lui grimperait beaucoup plus rapidement. Quand c'est moi qui tombe sur quelqu'un de plus rapide... Je ralentis et je lui cède le passage. Je n'aime pas avoir quelqu'un dans mon dos. Vous voyez, cette remarque ne figurait pas dans votre précédent compte-rendu. La présence de quelqu'un dans votre dos vous dérange. Vous préférez être derrière, suivre. C'est intéressant. Continuez. Je suis jusqu'au moment où je dois dépasser. Je n'ai pas rattrapé cet homme. Il avait manifestement forcé le pas. « C'est mieux ainsi. » Je préfère éviter. Quand je grimpe à un rythme soutenu, mon corps entre dans une sorte d'état de méditation, pendant que ma tête passe de pensées légères à d'autres plus solennelles, à des images, couplets de chansons, dialogues à distance. C'est un rythme intense et je n'ai pas envie de l'interrompre pour dépasser quelqu'un et saluer. Quand je grimpe, je ne fais pas de pause. S'il faut réduire l'allure, je ralentis, mais je ne m'arrête pas. Toujours est-il que je suis arrivé au bout du sentier au col de Ausha, où commence le haut plateau de Fanes, sans avoir à dépasser qui que ce soit. De là-haut, on s'écarte du chemin de terre battue pour emprunter la vire du bandit Arrak, au pied de la paroi verticale du Piz Conturines. C'était un endroit bien connu des braconniers d'autrefois. Voir cette personne devant moi qui se hâtait dans cette direction m'a agacé. Elle se hâtait ? Du col de Ausha. Il faut d'abord descendre dans une dépression, puis on recommence à monter. Cet homme devant moi courait en descente. J'ai continué dans la même direction à pas plus lent. Si cet homme voulait mettre de la distance entre nous, j'étais d'accord. Je ne l'ai plus vu pendant un moment. Puis je l'ai retrouvé à nouveau au début du passage sur la vire. Il était à quelques centaines de mètres à vol d'oiseau. « Vous l'avez revu combien de temps après ? » Pas plus de deux heures après. Il marchait craintivement. « Craintivement, c'est-à-dire ? » Il s'appuyait à la paroi. Sur ce sol caillouteux, il faut mettre tout le poids du corps sur le pied pour ne pas glisser. Mais en s'appuyant à la paroi, cet homme compromettait son équilibre. C'est ce que fait celui qui ne se sent pas sûr de ses appuis.Je vois.
- Speaker #0
Merci également au groupe Jugband de nous avoir autorisé à diffuser un extrait de leur reprise de la musique « Lavorare con lentezza » . Enfin, vous avez également entendu un extrait du documentaire « Contadini e operai » sur les Pouilles dans les années 60. Parlez-moi d'ailleurs, un podcast créé sur une idée originale des éditions Voyage Gallimard. Retrouvez-nous sur toutes les plateformes et n'hésitez pas à nous laisser des étoiles si ce contenu vous a plu. A bientôt et bon voyage !