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Aminata Doucouré : Surmonter les défis de l'entrepreneuriat féminin

Aminata Doucouré : Surmonter les défis de l'entrepreneuriat féminin

53min |27/07/2025
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Aminata Doucouré : Surmonter les défis de l'entrepreneuriat féminin

53min |27/07/2025
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Description

Cher. e Talker,


As-tu déjà pensé à quitter une carrière stable pour suivre ta passion et créer un impact positif dans la vie des autres ?


Dans cet épisode de weTalk le podcast, Nicole Ewek reçoit Aminata Doucouré, une entrepreneuse inspirante qui partage son parcours atypique et les défis qu'elle a surmontés. D'origine malienne et ivoirienne, Aminata évoque son enfance en France, les luttes liées à son identité et la détermination qui l'a poussée à fonder Musoya, une marque dédiée aux femmes afrodescendantes.


Aminata nous raconte comment elle a transformé ses échecs en opportunités, notamment après un refus de prêt bancaire qui aurait pu la décourager. Elle souligne l'importance de l'authenticité, de la résilience et de la détermination dans son parcours entrepreneurial. Cet épisode de weTalk le podcast est bien plus qu'une simple conversation ; c'est une véritable ode à la force féminine et à l'acceptation de soi.


Au fil de l'épisode, Aminata aborde des sujets sensibles comme le racisme systémique et les défis spécifiques auxquels les femmes noires font face dans le monde des affaires. Elle encourage toutes les auditrices à embrasser leur beauté et leur singularité, et à ne jamais laisser les obstacles entraver leur chemin. Les histoires d'Aminata résonnent profondément et nous rappellent que chaque défi peut être une opportunité déguisée.


En écoutant cet épisode de weTalk le podcast, tu découvriras des conseils pratiques pour naviguer dans le monde de l'entrepreneuriat, tout en cultivant une communauté solidaire. Aminata incarne la force de la détermination et nous montre qu'il est possible de réaliser ses rêves, même face à l'adversité. Ne manque pas cette conversation enrichissante qui te motivera à prendre des initiatives audacieuses et à croire en toi.


Alors, prêt. e à plonger dans l'univers inspirant d'Aminata Doucouré ?


N'hésite pas à te joindre à nous pour une discussion qui promet d'éveiller ta créativité et ta passion. Pour s'abonner, partager, liker, commenter et rejoindre la communauté weTalk sur instagram et Linkedin.




Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et à tous, je suis Nicole Ewek et tu écoutes weTalk, le podcast qui transforme l'échec en réussite. Pourquoi un sujet sur l'échec ? Tout simplement parce que j'ai fait un constat, c'est qu'en France, on n'a pas droit à l'erreur. Et pourtant aux Etats-Unis ou en Angleterre, c'est un concept qui est complètement vulgarisé puisque échouer veut dire qu'on en a osé. Et qu'est-ce qu'il y a de plus beau que d'oser dans la vie ? C'est la raison pour laquelle avec weTalk, je prends un peu les choses à rebours. Je donne la parole à des personnes au parcours atypique et authentique Merci. qui viennent me dire fièrement comment ils ont transformé les erreurs, les épreuves, les échecs de leur vie en opportunités pour réussir. Car qu'est-ce que la réussite ? Si ce n'est le fait de se relever quand on est tombé et de rester en mouvement quoi qu'il arrive. Cet épisode de We Talk est à retrouver sur toutes les plateformes d'écoute de podcast, Deezer, Spotify, Apple, YouTube pour la version vidéo. Et bien sûr, rejoignez-nous sur la communauté weTalk sur Instagram et LinkedIn. Mon invité du jour, c'est une femme, une battante. une entrepreneur courageuse. C'est Aminata Doukouré. Je suis tellement fière de te recevoir sur le plateau de WeTalk. Merci d'avoir accepté mon invitation. Comment vas-tu, Aminata ?

  • Speaker #1

    Merci à toi de me recevoir aujourd'hui, Nicole. Ça me fait très plaisir d'être là. Écoute, ça va, ça va. Ça allait moins il y a quelque temps.

  • Speaker #0

    Maintenant, ça va beaucoup mieux.

  • Speaker #1

    Mais maintenant, ça va beaucoup mieux.

  • Speaker #0

    D'accord. Il y a une petite... On va dire, avant qu'on ne rentre dans le vif du sujet. J'aime présenter mes invités aux auditeurs de WeTalk à travers un conte que j'ai écrit rien que pour eux. Alors, c'est une photo à l'instant T. C'est comme un film où tu es l'héroïne. Ces mots n'engagent que moi, mais on va dire que c'est comme ça que moi je t'ai perçue. Et c'est comme ça que je t'offre, disons, ce beau cadeau.

  • Speaker #1

    Top !

  • Speaker #0

    Est-ce que tu es prête à l'écouter ?

  • Speaker #1

    Je suis prête.

  • Speaker #0

    Il était une fois une femme au cœur immense, une battante au courage inébranlable. Aminata Doukoure est une princesse malienne et ivoirienne et son histoire résonne comme une légende. Née en Côte d'Ivoire, elle porte en elle les racines profondes de sa terre natale. Cependant, à l'âge de 3 ans, elle est arrachée à ce sol chaleureux quand ses parents décident de s'installer en France. Dans ce nouveau monde, la petite Aminata découvre bien vite que la différence peut peser lourd. À l'école, sa peau, ses cheveux, ses traits sont souvent regardés avec méfiance ou incompréhension. Ce monde la pose doucement, mais sûrement à l'âge de 3 ans. à se détourner de ce qui fait d'elle une reine unique. À l'adolescence, le miroir devient son ennemi. Pour s'intégrer, elle lisse, transforme, camoufle. Elle veut ressembler à ses amis, à ces figures de beauté qui peuplent les magazines, ces standards qui, elle le pense, la rendront enfin acceptable. Puis un jour, elle entreprend ce voyage dans son pays d'origine qui va changer le cours de sa vie. Ce séjour réveille en elle un feu qu'elle croyait éteint, car assise au coin du feu, sous le ciel étoilé de la... De sa terre d'enfance, elle écoute sa grand-mère, cette femme sage dont les mots résonnent encore en la femme qu'elle deviendra. Elle lui parle de musouya, cette essence féminine que chaque femme porte en elle. Ce trésor caché que le monde moderne tente parfois de faire taire est la clé de la puissance d'une femme. Sa grand-mère lui montre que cette féminité est sa force et que pour s'accomplir, elle doit la retrouver, la chérir. Aminata, qui est alors la fleur de l'âge, reçoit ces paroles comme un verre d'eau en plein désert. Car... Notre princesse se pose depuis toujours une multitude de questions sur sa place en tant que femme noire africaine au sein de la société française. De retour en France, Aminata sent ce feu grandir en elle. Elle n'est plus la même, ce voyage a bouleversé son âme. Elle décide alors de quitter son emploi sécurisé, de tourner le dos à sa carrière prometteuse dans la finance pour suivre son rêve, créer Moussouya, une marque dédiée aux femmes comme elle. Ces femmes qui pendant trop longtemps ont été invitées à nier leur propre beauté, la terre leur singularité. Moussouya n'est pas seulement une marque de cosmétiques capillaires pour cheveux à faux, c'est un appel à renouer avec soi-même, à embrasser son authenticité. Chaque produit est une promesse de réconciliation. Un hommage à cette féminité ancestrale que tant de femmes ont trop longtemps cherché à masquer. Mais le chemin de l'entrepreneuriat n'est pas un compte de fait sans obstacle. Et comme dans toute belle histoire, un défi inattendu se dresse sur sa route. Le refus d'un prêt bancaire. Un coup dur qui aurait pu abattre n'importe qui. Mais pas Aminata. Elle ressent la douleur de cet échec. Elle vacille, mais elle ne tombe pas. Elle sait que les échecs ne sont pas des fins en soi, mais des marches à gravir. Ses rêves chancellent peut-être, mais ils ne s'éteignent pas. Aujourd'hui, Aminata est là, plus déterminée que jamais. Car dans son cœur brûle toujours ce moussoya, cette force qui fait d'elle une femme unique, puissante et inarrêtable. Elle n'est pas seulement une entrepreneur, c'est une porteuse de lumière, un guide pour toutes ces femmes qui, à leur tour, cherchent leur chemin vers elles-mêmes.

  • Speaker #1

    Wow, tu vas me faire fleurer.

  • Speaker #0

    Je crois qu'il faut que tu prennes les mouchoirs.

  • Speaker #1

    Ouais, c'est fort. C'est très, très fort. Franchement, tout est dit. Tout est dit. Je ne sais même pas quoi dire. Bravo, c'était très touchant. C'était puissant. Merci. C'était moi, en fait. Tu t'as touchée vraiment dans le mille.

  • Speaker #0

    Bravo. Merci. J'aime bien faire cet exercice. J'aime bien fouiller, fouiner et trouver la raison de l'histoire de chacun de mes invités. On va rentrer dans le vif du sujet. Allons-y. Tu as quitté ton emploi stable pour lancer Moussouya, ta marque de produits capillaires pour cheveux afro, pour femmes afro. Et à quel moment tu as su... que ce projet, ce rêve valait la peine de prendre un risque pareil, de quitter la stabilité, une carrière prometteuse. Qu'est-ce que tu as ressenti ? Le cheminement, les questions ? Pour arriver à une telle conclusion que ça valait la peine de tout quitter et de prendre ce risque-là ?

  • Speaker #1

    Je n'avais aucune certitude. Aucune. Je savais juste qu'au bout d'un moment, je ne me sentais pas à ma place. dans la société dans laquelle j'évoluais. Pourtant, tout se passait très bien. Mais il manquait quelque chose. En fait, Moussoya, comme je l'ai dit tout à l'heure, c'est vraiment... Je cherchais à créer plus qu'une marque, vraiment une marque éthique à impact positif avec des codes qui rassemblent les femmes afrodescendantes. Et ça, je... En fait, c'est ça Moussoya. C'est ce que j'ai essayé de créer à travers Moussoya. Et voilà, je ne me suis pas vraiment posée de questions. La société évolue, la société change. Donc je me suis dit, pourquoi pas être une des actrices de ce changement-là si je suis dans cette position, c'est qu'il y en a d'autres femmes qui sont dans cette position. Et ça a été une évidence.

  • Speaker #0

    Donc en fait, l'évidence est venue en cheminant au final. C'est ça. Quelle a été la réaction de ton entourage, de ta famille ?

  • Speaker #1

    Ça, c'est la question à deux millions. Parce qu'en fait, je ne l'aurais pas dit.

  • Speaker #0

    Ah oui, d'accord. Tu as fait des cafetries à ta mère.

  • Speaker #1

    Je l'aurais fait à tous les gros cafetries, à tout le monde. En fait, quand j'ai quitté mon job, je ne l'ai dit à personne. Parce que si je l'avais dit, ma mère en aurait fait une syncope. Donc, nous, on quitte notre terre natale pour venir en France. Et toi, tu quittes ton emploi stable dans la finance pour aller faire coiffeuse ?

  • Speaker #0

    Wow, oui, effectivement.

  • Speaker #1

    Je pense qu'ils n'auraient pas compris. Tu connais nos parents et leur affaire de sécurité. Donc, quelque part, si je ne leur ai pas dit, ce n'était pas spécialement pour leur faire des cachoteries, c'était plutôt pour les préserver. Pour éviter qu'ils se fassent un sang d'encre. Surtout ça, c'était pour les préserver. Et je pense qu'ils n'auraient pas compris. Bien sûr, c'est ce qui fait aussi qu'on est dans des... Moi, je suis issue d'une famille... D'immigrés, bien sûr, où le travail a toujours été un moteur. Donc dire à ces gens-là que je quitte le moteur pour aller dans une pirogue ?

  • Speaker #0

    Alors qu'eux, ils estiment qu'ils ont quitté la pirogue pour te donner la sécurité.

  • Speaker #1

    Exactement. Ce serait très, très mal passé. Et j'ai gardé le secret pendant deux ans. Je ne l'ai pas dit pendant deux ans. Et c'est en fait quand j'ai lancé ma campagne, post-campagne de crowdfunding, qu'ils l'ont appris. En fait, je ne leur ai même pas dit de ma bouche. Ils l'ont appris de but en blanc.

  • Speaker #0

    Mais toi, tu es folle. On ne fait pas ça en Afrique.

  • Speaker #1

    Oui, on ne fait pas ça.

  • Speaker #0

    Ah oui, d'accord. Donc, ils l'ont appris. Et quand ils ont su, qu'est-ce qu'ils se sont dit ?

  • Speaker #1

    En fait, je ne leur ai pas laissé le choix. Ils ont vu que j'étais déjà dedans. Il n'y avait pas de marche arrière possible. Après, ils ont vu que la campagne avait pas mal fonctionné. Ça, ça a été un élément qui les a rassurés. Et en fait, ils voyaient les choses, que les produits existaient, que je faisais des salons, etc. Donc forcément, ça concrétise un petit peu plus la chose. Et puis, on est issu de cultures où l'entrepreneuriat n'est pas valorisé, en fait, quelque part. Nos parents n'ont pas ce mindset. qu'on a appris ici en France. Donc c'est compliqué pour des gens comme ça de se dire « Bon, allez, on lui fait confiance, on va l'aider financièrement. » Non, ça n'existe pas.

  • Speaker #0

    D'accord, ok. Et est-ce qu'ils ont... Aujourd'hui, avec du recul, qu'est-ce qu'ils disent de ton parcours ? Est-ce qu'ils sont fiers de toi ?

  • Speaker #1

    Même s'ils sont fiers, je pense qu'ils ne le diront pas. Parce que je suis issue d'une culture où il y a pas mal de tabous. On ne dit pas je t'aime comme ça. Je pense que ça se voit quand ils me posent des questions. Alors quand ils me voient faire des gros salons comme la NHA ou la Foire de Paris, forcément, ça les impressionne. Mais ils ne mettent pas de mots dessus.

  • Speaker #0

    D'accord. Il y a une autre manière d'exprimer la fierté. D'accord. On a un lien un petit peu. Toi, aujourd'hui, qu'est-ce que tu dis de toi ? Comment tu te présentes, toi, aux auditeurs de WeTalk ?

  • Speaker #1

    Alors moi, je suis une petite nana à l'aise dans ses baskets, qui a juste décidé d'entreprendre pour rendre ses produits accessibles à un maximum de femmes. Oui. Tout simplement.

  • Speaker #0

    D'accord. Et donc, dans ton chemin d'entrepreneuriat, il y a eu le refus de ce prêt bancaire.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Un séisme, j'ai envie de dire. Comment est-ce que tu fais aujourd'hui, Aminata, pour continuer d'y croire et d'avancer alors que tout... tout autour de toi était ébranlé ou il n'y avait que des freins ? Est-ce que tu as fait appel à une expérience antérieure ? Est-ce qu'il y a une voie intérieure qui t'a poussé à avancer même malgré, finalement, ce tremblement de terre, ce séisme pour toi, dans ta vie ?

  • Speaker #1

    Alors, ça a été un vrai tsunami. En fait, j'étais tellement « sûr » de moi. On avait fait un beau chiffre d'affaires à la NHA, à la Foire de Paris, et c'était vraiment la première expérience.

  • Speaker #0

    La NHA en précise ?

  • Speaker #1

    La Natural Hair Academy. C'est un forum ? C'est un salon qui regroupe tous les acteurs de la beauté noire, capillaire, skin care, etc. C'était notre premier salon, nos premiers salons avec la Foire de Paris. Et en fait, j'étais forte, moi, de cette expérience. Je me suis dit, attends, on a fait des chiffres d'affaires de dingue. Le dossier bancaire est prêt, donc c'est la preuve que le marché est prêt, qu'il y a une appétence au niveau du produit, etc. Donc, j'étais très surprise d'avoir ce refus bancaire malgré toutes ces preuves. Oui. Et en fait, ça a été... Et j'ai rédigé le...

  • Speaker #0

    Le fameux post sur LinkedIn.

  • Speaker #1

    Sur LinkedIn, avec toute ma colère et ma frustration, finalement. Et en fait, ça a pris. Parce qu'il y a beaucoup, beaucoup de gens. Tu m'as demandé tout à l'heure, oui, qu'est-ce qui a fait que tu t'es relevée ? En fait, c'est les gens. C'est l'impulsion, la force que m'ont donné ces gens. Les messages sous le post et qui ont continué encore longtemps. les messages de soutien, les messages d'espoir, les messages de la communauté. Il y avait des messages qui étaient un peu plus vindicatifs que d'autres, mais la majorité des messages étaient ultra positifs.

  • Speaker #0

    Justement, en parlant de ces messages un peu vindicatifs, justement, c'était des gens qui ont, dans ton poste, juste pour mettre un petit peu le contexte, tu as parlé des biais racistes que l'on peut rencontrer dans le milieu bancaire et pas que, qui font souvent qu'à cause des origines, On n'obtient pas, on n'a pas accès à tous les droits comme tout le monde. Parce que noir, parce qu'africain, parce que ci, parce que ça. Que réponds-tu à ces gens-là qui ont juste dit, ben non, il n'y a pas de racisme, c'est ton dossier qui était mal ficelé ou ton projet qui n'est pas encore mature pour pouvoir être accompagné par la banque. Que leur dis-tu ? Ceux qui renient complètement ces biais-là.

  • Speaker #1

    De regarder les chiffres, en fait. Tout simplement, il faut savoir que plus de 60% des refus... de prêts bancaires sont les femmes, les personnes issues de minorités et de la diversité. C'est tout. Il faut juste regarder les chiffres. Les chiffres ne mentent pas. Donc, ces gens-là, ce que je leur dirais, deux choses. Déjà, regardez les chiffres et en plus, vous n'êtes pas à notre place. Vous ne pouvez pas comprendre, vous ne pouvez pas savoir. C'est comme les gens... Oui, je suis parastique, j'ai un ami noir, en fait.

  • Speaker #0

    Oui, la super phrase.

  • Speaker #1

    Non, mais en fait, ça ne marche pas comme ça. Je pense que même les gens qui estiment ne pas être racistes font partie d'une sorte de racisme systémique qui fait que finalement, les choses n'évoluent pas. Tu l'as dit tout à l'heure, on n'est pas aux Etats-Unis. Pourquoi aux Etats-Unis, l'échec est considéré comme quelque chose de positif, alors qu'ici, l'échec, tu es au fond du trou ?

  • Speaker #0

    Oui, on te fait comprendre que tu n'es rien.

  • Speaker #1

    Je pense que c'est typiquement français. C'est notre société qui veut ça. Ce n'est pas pour rien que c'est beaucoup plus compliqué d'entreprendre en France que dans d'autres pays. Ce n'est pas pour rien qu'en France, il y a une espèce de clivage et d'hypocrisie. ambiante qui fait que les choses n'avancent pas.

  • Speaker #0

    Et toi, en quoi le racisme, justement, a impacté ta vie ? Est-ce que tu estimes que cet événement-là a eu lieu parce que, finalement, c'était un produit qui s'adressait qu'à des femmes noires, parce que peut-être la porteuse de Progène, même, elle est noire ? Comment est-ce que toi, tu as vécu le racisme ? Est-ce que tu l'as souvent vécu de manière systémique dans ta vie, même en dehors de Moussouya ? Et comment tu, à chaque fois, rebondis face à ça ?

  • Speaker #1

    Alors, pour la petite anecdote, moi, je me suis rendue compte que j'étais différente. En fait, c'est les gens qui m'ont fait comprendre que j'étais différente. Ça arrivait un jour, on était en famille, je devais avoir peut-être 7-8 ans. Je vais demander un truc à la voisine. qui était blanche et qui dit, son conjoint qui était au fond, qui dit « Ah, c'est qui ? Ah, c'est la petite noire au fond du couloir, qui habite au fond du couloir. » Et en fait, là, je suis restée finie. La petite quoi ? En plus, elle l'a mal dit, elle est la petite noire. Et en fait, c'est là que ça a fait tilt. En fait, on me qualifie, voilà comment je suis perçue par rapport... Aux yeux des gens, en fait. Donc, ça a été ma première expérience face au racisme. En fait, ce n'était même pas du racisme, parce que la nana nous aimait bien, c'était du bon voisinage. Mais voilà, c'est ce racisme systémique, tu vois, tu ne peux pas...

  • Speaker #0

    Qui te renvoie...

  • Speaker #1

    À ta couleur de peau. Même si c'est vrai, je suis noire, oui. Mais en fait, quand tu dis ça à un enfant qui a grandi dans les années 90, où ce n'était pas la mode d'être noire, il faut se le dire. Ouais, ça fait quelque chose. Franchement, ça fait quelque chose. Donc, j'ai grandi quelque part. Je pense qu'à partir de ce moment-là, j'ai voulu me fondre dans la masse.

  • Speaker #0

    D'accord. Et donc, après, tu...

  • Speaker #1

    C'est ça, j'ai voulu évoluer en étant une femme noire, mais une femme noire, tu vois...

  • Speaker #0

    Qui est acceptée. par les conventions de la société française.

  • Speaker #1

    L'issue du rapport.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Je me suis jetée dans les études. J'ai fait ci, j'ai fait ça. Voilà, il fallait que je sois comme tout le monde.

  • Speaker #0

    D'accord. Et ça veut dire quoi, être comme tout le monde ?

  • Speaker #1

    Faire partie de la norme, que ce soit au niveau social. Donc voilà, j'ai fait des études. Je ne voulais pas être... La black, comme ils disent eux-mêmes, de base, issue de l'immigration, qui se retrouve avec tous les stéréotypes qu'on connaît. Ouais, je voulais être quelqu'un de respectable, qui a fait des bonnes études, qui est indépendante, qui suit les dictats de beauté occidentaux. C'est ce qui a fait qu'à un moment, je me suis perdue. Ouais, je me lissais les cheveux. Ouais, je voulais être... tout le contraire de ce que je suis aujourd'hui. Et pourtant, moi je suis arrivée en France à l'âge de 3 ans, parce que je suis née en Côte d'Ivoire, et je suis tombée amoureuse de cette culture, finalement française, qui m'a donné les armes et la possibilité de faire des choses que je n'aurais peut-être pas pu faire dans mon pays d'origine. J'ai un papa qui est soninqué, j'aurais pu être mariée à 16 ans. Je suis issue d'une famille polygame où l'avenir d'une fille, c'est se restreindre, être mariée, faire des enfants. Et en fait, je voulais sortir de ça très, très, très vite. Donc, ça m'a poussée à me dépasser finalement, à faire des études, avoir une carrière dans la finance et me fondre dans la masse.

  • Speaker #0

    Te fondre dans la masse. D'accord. Et qu'est-ce qui fait qu'à un moment, on se dit... On essaie de se fondre, mais on n'y arrive quand même pas. On essaie de lisser, mais visiblement, on est trop différent et on nous voit quand même tel que l'on est.

  • Speaker #1

    Moi, je me considère un peu comme ayant, excuse-moi du terme, le cul entre deux chaises.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Très fière de mes origines africaines. Mais aussi, je suis très fière de mon côté français, tu vois. J'aime le bon vin, j'aime le fromage. Voilà, j'ai appris à vivre avec ça. Mais c'est vrai que ce n'est pas toujours évident, parce que tu as un côté schizophrénie culturelle. Tu dis, mais ouais, je parle Bambara, ma langue maternelle. Il faut que mon fils parle aussi cette langue. Mais il faut qu'il soit bon en français. Tu vois, en fait, tu essaies de choper un peu ce qui t'arrange dans les deux cultures. Et ce n'est pas évident. Ce n'est pas évident tous les jours.

  • Speaker #0

    Et donc, tu dirais que tu es dans une forme de schizophrénie parfois identitaire ?

  • Speaker #1

    Culturelle. C'est de la schizophrénie culturelle. Et je pense que je ne dois pas être la seule dans ce... C'est mon psy qui m'a sorti ça.

  • Speaker #0

    D'ailleurs, qu'est-ce qu'il dirait ton psy si on lui posait la question aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Oh, il dirait que je fais mon chemin, que je viens d'un milieu qui n'est pas facile. Forcément, toi, à l'école, on te dit que c'est un papa et une maman. Et à la maison, tu vois que c'est deux mamans et un papa.

  • Speaker #0

    Et d'ailleurs, comment on vit ça, la polygamie ? Là, tu vois, je suis un total... Je vois, tu m'as donné des pistes, des choses. Et la polygamie, justement, comment la vie se construit en tant que femme ? Moi,

  • Speaker #1

    j'ai subi la polygamie de mes parents. Je ne comprenais pas. Parce que, comme je t'ai dit, à un moment, j'ai voulu rentrer dans la masse. Donc, quand tu rentres dans la masse à 7-8 ans, et qu'on t'apprend à l'école qu'il y a certains codes, mais à la maison, il y en a d'autres, forcément, cette schizophrénie, elle est encore plus exacerbée. Donc, ça a été un long chemin. compliqué. Ma famille n'a pas compris. Ouais, t'es différente. Non, je ne suis pas différente. J'ai juste envie de sortir de ma condition. Je n'ai pas envie d'être finalement relayée à mon rôle de femme. Tout simplement. Je pense que je vaux mieux que ça. On vaut tous mieux que ça. Donc, le seul moyen de m'en sortir, c'est de m'en donner un moyen.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce qui te met sur cette piste ? Est-ce qu'il y a un élément déclencheur pour que tu te... Tu regardes ce qui se passe à la maison, tu regardes ce qui se passe à l'extérieur et tu arrives à faire ce choix de te dire je veux sortir de ça. Est-ce que tu n'as pas eu peur à un moment de te dire mais je renie qui je suis, je renie mes origines, j'ai honte de ma culture ?

  • Speaker #1

    Forcément, la question s'est posée à un moment ou à un autre. Est-ce que je me perds dans les méandres de ma schizophrénie ? Mais en fait, tu sais, tu chasses le naturel et il revient toujours au galop. Je suis habillée à l'européenne aujourd'hui, mais j'ai toujours des petits détails qui font que je n'oublie pas d'où je viens. En fait, il y a un proverbe que tout le monde connaît qui dit, de toute façon, si tu sais d'où tu viens, tu sauras où tu vas.

  • Speaker #0

    Exact.

  • Speaker #1

    Et c'est ce que j'ai essayé de garder en tête tout au long de mon parcours.

  • Speaker #0

    Justement, parlant de parcours, à We Talk, on parle d'échecs. Quelle est ta définition de l'échec, avec tout ce que tu as vécu et où tu en es aujourd'hui, Aminata ?

  • Speaker #1

    Moi, l'échec, à la base, c'est un truc qui me fait peur.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    J'ai une peur bleue de l'échec, et même encore aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Parce que, comme je t'ai dit, je suis ici d'une famille où, finalement, il fallait travailler. L'échec, on n'avait pas droit à l'erreur. Et en fait, j'ai ce besoin de reconnaissance. par rapport à mes parents, par rapport à mon vécu, qui fait que je ne me donne pas droit à l'erreur. Ce qui est finalement totalement biaisé, c'est que finalement, c'est l'échec qui fait avancer. Et demain, en éduquant mon fils, je me dis, si tu te plantes, ce n'est pas grave. Ce que j'aurais aimé qu'on me dise, si tu te plantes, ce n'est pas grave, tu vas te relever. Et je pense que c'est ce qui m'a fait aussi avancer, ce qui me rend déterminée, c'est que pour moi, l'échec, ça ne devrait même pas arriver.

  • Speaker #0

    Alors, ça ne devrait pas arriver ou c'est plutôt nécessaire pour y arriver ?

  • Speaker #1

    Alors maintenant, je me dis que c'est un travail. Tu sais, je pense qu'on ne finit jamais vraiment de travailler sur soi, etc. J'ai encore une peur bleue de l'échec. Mais je me dis, si tu ne passes pas par la porte, c'est pas grave, tu vas passer par la fenêtre. Un truc tout bête. Au début de mon parcours professionnel, je voulais... À la base, je suis une fan de jeux vidéo. Donc, je voulais travailler pour un éditeur de jeux vidéo. Donc, j'ai passé un entretien. Finalement, ce n'est pas passé. Mais j'ai réussi à travailler pour la boîte de com qui s'occupait de cette boîte, de cet éditeur de jeux vidéo. Donc, quelque part, j'ai réussi à travailler pour lui indirectement. En fait, toute ma vie, même si ça ne passait pas, j'essayais de contourner pour que ça passe autrement. Je pense que c'est ce qui m'a aidée à avancer, à affronter certains échecs.

  • Speaker #0

    Donc au final... même si tu ne t'en es pas rendu compte, mine de rien, un refus pour toi est une bonne occasion de pouvoir trouver le chemin détourné pour y arriver quand même. Final, c'est ce que tu me dis et c'est puissant, c'est fort quand même comme clé que tu peux donner. C'est-à-dire qu'on peut te dire aujourd'hui non, tu peux même tomber mais il y a un autre chemin, une autre voie, une autre issue que tu peux emprunter pour pouvoir atteindre ton objectif. tout simplement. Et dans cette continuité d'échecs, quel est le pire échec que tu as vécu ? Est-ce que c'est cette histoire de prêt bancaire ou est-ce qu'il y a quelque chose d'encore plus grand aujourd'hui et dont tu n'oses peut-être pas parler ? Comme on a WeTalk et que tout ce qui se dit à WeTalk reste sur WeTalk, est-ce que tu veux le partager ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est vrai qu'aujourd'hui, le plus gros échec, de toute façon, en tant qu'entrepreneur, tout le monde sait que l'argent, c'est l'air de la guerre. C'est vrai que jusqu'à présent, je travaillais en fonds propres.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Donc, j'étais arrivée à un point où si je n'avais pas une aide financière pour me développer encore plus, ça aurait été compliqué d'avancer, de développer Moussoya. Et en fait, quand c'est arrivé, je me suis dit mais ce n'est pas possible. Je n'ai pouvoir rien faire. Ils ne me laissent pas l'opportunité de montrer ce que je suis capable de faire. Donc, en fait, c'est terminé. Et donc, j'ai rédigé ce post. J'ai eu pas mal de messages derrière, de DM.

  • Speaker #0

    Je vous en ai vu le lire en plus. Oui,

  • Speaker #1

    enfin, oui.

  • Speaker #0

    Sur LinkedIn.

  • Speaker #1

    Il faut savoir que j'ai vraiment écrit ce truc avec toute ma colère et ma frustration.

  • Speaker #0

    C'est là où il y a les vérités qui sortent.

  • Speaker #1

    Voilà. Et en fait, la vague de soutien que j'ai reçue derrière, elle a été telle que je me suis dit, mais en fait, tu peux juste pas lâcher. Il y a même eu des ventes suite à ça. Ouais, il y a des gens qui m'ont dit, c'est quoi votre site ? Je vais aller acheter vos produits.

  • Speaker #0

    Tu m'annonces là, en fait, qu'à cause de ce refus, malgré ce refus même, grâce à ce refus et grâce à ton poste, Tu as eu quand même des ventes derrière.

  • Speaker #1

    Oui, il y a eu des ventes derrière et même encore, je ne sais même pas si ça a un rapport, mais peut-être l'univers, je pense que ça marche aussi par rapport au fait que tes actions ont des conséquences. Et en fait, il n'y a même pas deux semaines, le week-end, il y a deux semaines, Moussoya a été sacré meilleure innovation, catégorie shampoing. au MCB, au Mondial de la Coiffure et de la Beauté.

  • Speaker #0

    Wow !

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Je suis impressionnée, j'ai envie de t'applaudir, j'ai envie de dire bravo, c'est incroyable. Est-ce que tu dirais, parce que j'ai pour habitude de dire, parce que sur cette partie-là, j'appelle ça le true talk, on parle le vrai et je dis qu'on ne se fait pas tout seul, justement. Il y a des détracteurs, ceux qui te poussent dans des retranchements et qui te permettent de te challenger sur ton propre rêve. Il y a les rencontres fortuites, je t'expliquerai. Et puis il y a la personne de Providence, je t'expliquerai. principal détract, celui qui t'a poussé dans toutes tes limites, c'était finalement ce refus bancaire ?

  • Speaker #1

    Ouais, en fait, ça a démilité les choses. En fait, finalement, peut-être que ce non, c'est un mal pour un bien.

  • Speaker #0

    C'était le meilleur oui ?

  • Speaker #1

    C'était le meilleur oui de ta vie ? Finalement, ça m'a poussée à me dépasser. Oui. Ouais, ça m'a... Ça m'a poussée à me dépasser. Et finalement, je fais tout ce que je fais d'habitude, à savoir, on ne me fait pas passer par la grande porte, mais du coup, je suis passée par la fenêtre. Parce que le fait d'avoir ce Grand Prix de l'innovation, Innovation 2024 au Mondial de la beauté, ça va m'ouvrir d'autres portes.

  • Speaker #0

    Incroyable. Une visibilité,

  • Speaker #1

    peut-être aussi un prêt bancaire qui sert.

  • Speaker #0

    C'est possible.

  • Speaker #1

    Ça peut passer. Donc, plein d'autres choses que je n'aurais... Même pas imaginé. Wow.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu ne penses pas, Aminata, que parfois, juste, les grands noms de nos vies sont les meilleurs, on va dire, ce sont les grands moments de victoire, finalement. C'est un peu le trampoline de nos plus belles victoires.

  • Speaker #1

    Je pense qu'on n'a rien sans échec.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    On n'a rien sans échec. L'échec est un élément. pas perturbateur, mais galvanisateur.

  • Speaker #0

    Ah, waouh ! C'est puissant, ça. C'est puissant. Il faut qu'on se le dise. Et justement, dans ce parcours, j'ai parlé de rencontre fortuite. Pour moi, la rencontre fortuite, c'est quelqu'un, une personne qui ne va peut-être pas forcément faire partie de ta vie. Et vous avez eu un échange, un échange, un bâton rompu, j'en sais rien, moi, j'ai dit un truc comme ça. Et elle dit quelque chose, ça ne rend même pas compte. Mais pour toi, c'est comme le verre d'eau dans le désert. Cette personne te dit ce truc. Et tu te dis, punaise, et ça change radicalement le cours de ta vie. Est-ce que tu as comme ça en souvenir une personne ou une situation qui fait qu'aujourd'hui tu te dis, mais c'est entre autres grâce à ça que je suis là et même la personne ou la situation ne se rend même pas compte, on ne le sait pas.

  • Speaker #1

    Je pense que la personne le sait parce que je lui ai dit un jour, en fait c'est un de mes anciens patrons, Eric Bataille, je travaillais pour lui, j'étais alternante pour lui à l'époque, pour une de ses boîtes. Et je travaillais au marketing à l'époque. Et il me regarde un jour et il me dit « Mais Aminata, je veux juste que tu saches un truc, t'es une communicante, t'es pas une technicienne. » Et en fait, ce mot « communicante » , à l'époque, j'étais pas vraiment dans la com, mais j'ai creusé, j'ai cherché, et finalement, il avait raison. Parce que finalement, la communication, les médias, c'est là où je me suis épanouie le plus. Et c'est ce qui fait ma force aujourd'hui. Effectivement, je ne suis pas une technicienne. Demande-moi mes chiffres. Ça va être autre chose. Mais j'ai l'art de la parole, j'ai l'art de la communication. Je maîtrise les médias. Et je pense que c'est ce qui a fait que je m'en sors aujourd'hui, tout simplement. Et ça, c'est un truc qui m'a un peu suivie. C'est une phrase qui m'a suivie un peu tout au long de mon parcours professionnel. Et je remercie. Eric, finalement, de m'avoir...

  • Speaker #0

    Eric Bataille, si vous nous écoutez, nous vous disons merci.

  • Speaker #1

    Qui, finalement, il m'a ouvert les yeux sur ce que j'étais vraiment. Et après, ça a été fluide. Parce que j'ai été attachée de presse. J'ai été... Finalement, j'ai évolué dans tous les métiers de la com. Et c'est ce qui m'a finalement aidée et donné l'opportunité de créer Moussoya aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Tu as été attachée presse. Tu as fait quoi d'autre ?

  • Speaker #1

    Alors, j'étais attachée de presse, en fait. J'ai bossé pour une agence de communication financière. Donc, je faisais de l'achat d'espaces publicitaires sur des supports financiers comme les échos, investir, etc. Je faisais aussi attachée de presse. Donc, j'accompagnais les dirigeants dans leur training presse et toute leur comfi, en fait. On faisait de la rédaction de communiqués de presse, etc. Donc, J'ai baigné dans la finance, mais dans le monde de la communication financière, donc j'étais toujours dans la com.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Et c'est quelque chose qui m'a suivie et finalement qui m'a aidée et donné les armes pour créer Moussaia aujourd'hui.

  • Speaker #0

    D'accord. Et aujourd'hui, quelle est la personne Providence ? La personne Providence pour moi, c'est quelqu'un qui voit le grain de folie que tu as et qui t'ouvre la porte là-haut. personne d'autre ne l'aurait fait. Qui t'a donné ta chance ?

  • Speaker #1

    Je dirais peut-être les personnes Providence. Je pense que c'est les gens qui sont autour de toi. Autour de moi en l'occurrence. Il n'y en a pas beaucoup, il y en a peut-être 4 ou 5. Pas plus.

  • Speaker #0

    On les compte sur les doigts d'une main.

  • Speaker #1

    Et c'est des gens finalement qui croient plus en moi que moi-même. Et ces gens-là, c'est eux ma providence.

  • Speaker #0

    On va leur dire merci.

  • Speaker #1

    Ouais, c'est important. C'est important d'être, on disait tout à l'heure, d'être entourée de personnes qui croient plus en toi-même que toi-même.

  • Speaker #0

    Oui, exactement.

  • Speaker #1

    Et ouais, heureusement, il y en a.

  • Speaker #0

    Ah bah écoute, on leur dit merci. Et d'ailleurs, effectivement, en tant que femme noire, entrepreneur, quels sont les défis ? que tu, aujourd'hui, tu as encore, devant lesquelles tu es obligée de batailler ? Et quel est le conseil que tu donnes à toutes celles qui suivent ton chemin ?

  • Speaker #1

    Des défis, il y en a, il y en aura encore. Je pense que jusqu'à la fin, il y aura toujours des défis. Un des défis, par exemple, que j'essaie de relever en ce moment, justement, c'est par rapport au refus bancaire. On a souvent... On a tendance à dire que les 4 millions de personnes noires en France, c'est un secteur de niche. On n'est plus dans un secteur de niche, en fait.

  • Speaker #0

    4 millions, ce n'est plus une niche.

  • Speaker #1

    4 millions, ce n'est plus une niche. Tu sais, on ne peut même pas évaluer notre marché parce que les statistiques ethniques sont interdites en France.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait.

  • Speaker #1

    Donc, moi, je ne peux même pas aller voir une banque et dire, voilà, aujourd'hui, ma population, c'est ça. Parce que de toute façon, les chiffres n'existent pas. Donc voilà l'une des choses contre lesquelles je me bats encore au quotidien. On considère que mon produit est communautaire, etc. Enfin, aux États-Unis, ce n'est pas ce qui se passe.

  • Speaker #0

    Mais communautaire, et pourtant, ça s'adresse juste à une catégorie de personnes qui ont un certain type de... Je veux dire, tout le monde ne consomme pas du caviar, tout le monde ne consomme pas de la viande, tout le monde... Ça s'adresse juste à une cible, une cible bien précise. Puis même, ça veut dire quoi communautaire, selon toi ?

  • Speaker #1

    En fait, ça veut tout et rien dire, la communauté. Je ne sais pas, on peut être une communauté de femmes entrepreneuses, on peut être une communauté de femmes noires. En fait, le mot communauté, pour moi, ça ne veut rien dire. C'est juste une safe place, la communauté où tu te sens bien. et dans laquelle tu as envie d'évoluer, tout simplement.

  • Speaker #0

    Tout à fait.

  • Speaker #1

    Mais le problème, c'est qu'aujourd'hui, le mot communauté, c'est devenu un mot péjoratif.

  • Speaker #0

    En France ?

  • Speaker #1

    Oui, en France.

  • Speaker #0

    Et justement, pour rebondir là-dessus, tu as créé Moussouya. Moussouya, l'idée, c'était de, entre autres, de réconcilier finalement un petit peu. C'est une promesse pour moi, quand je vois un peu le storytelling de Moussouya. C'est une promesse pour toutes les femmes qui... me ressemblent de se réconcilier avec leur moi authentique. Quel est le message que tu leur donnes à toutes ces femmes, justement, ces jeunes filles, surtout, qui doutent de leur valeur ?

  • Speaker #1

    Le chemin est long. Très long. Mais au final, c'est gratifiant. C'est satisfaisant, c'est gratifiant. C'est difficile. Mais en fait, il faut persévérer, il faut rester naturel, tel que vous êtes.

  • Speaker #0

    Comment toi, tu as transformé l'essai ?

  • Speaker #1

    En restant moi-même, tout simplement. C'est comme quand j'ai écrit ce fameux post sur LinkedIn, je l'ai écrit en étant moi-même, tout simplement. Je pense que ça paraît bateau quand on dit ça, mais en fait, c'est vrai. Il faut juste rester soi-même. à partir du moment où t'es toi-même et que t'es à l'aise dans tes baskets ?

  • Speaker #0

    Est-ce que c'est ce que tu dirais à la petite Moussouya ? La petite Moussouya, la petite Damienette, c'est bizarre. Qui, justement, à l'époque, essayait de se conformer aux normes. Quel est le conseil que tu lui donnerais aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Patience. La patience est mère de vertu.

  • Speaker #0

    Et qu'elle est patiente quoi ? Elle est patiente pour avoir quoi exactement ?

  • Speaker #1

    Patiente. pour arriver. Tu arriveras quoi qu'il arrive à tes objectifs. Tu sais, moi, je me suis toujours, en fait, je visualise. Je voulais quitter ma famille, entre guillemets, avoir mon propre appartement, mon indépendance. Je l'ai eu. Ça a mis du temps, mais j'ai eu mon petit appart tout seul à Paris, avec mon job. Et la preuve en est, c'est que je ne pouvais même pas avoir de garance, que je gagnais plus que mes deux parents réunis. Donc, je n'avais même pas de garance. Donc, je suis tombée heureusement sur une nana qui a été sympa et qui m'a dit, bon, on va faire autrement. Mais j'ai eu cette indépendance que je voulais depuis longtemps. Et un des conseils que je peux donner à ces nanas... au nana en général, c'est de visualiser. Visualiser où vous voulez aller. Et encore une fois, vous ne passerez peut-être pas par la grande porte, par des chemins de traverse, mais visualiser. La visualisation, c'est hyper important. Parce que finalement, c'est l'objectif que vous allez vous fixer.

  • Speaker #0

    Aminata, tu es maman. On en a parlé un petit peu en off. Et je me suis dit, il faut quand même qu'on en parle. Comment tu fais pour jongler ? C'est peut-être une question bateau. Parce qu'on ne pose jamais cette question aux hommes. C'est bizarre. Mais comment tu fais pour jongler ta vie de femme entrepreneur, de maman ? C'est quoi trouver... être bien accompagnée ?

  • Speaker #1

    Je me demande encore comment je fais. Mais je pense que l'un des moteurs, c'est que j'ai un bon mari. J'ai un mari qui est incroyable.

  • Speaker #0

    Merci, monsieur le mari.

  • Speaker #1

    J'ai un mari qui est incroyable, qui fait partie. On parlait tout à l'heure de Jean, d'Ecosse. Voilà,

  • Speaker #0

    exactement.

  • Speaker #1

    Il en fait partie parce qu'il croit en moi, il croit en mon projet. C'est même lui, des fois, qui me pousse. Allez, vas-y, fais-ci, fais ça. Et ouais, je pense que c'est en partie grâce à lui, si je suis encore là. Et on gère tous les deux, le petit, on organise notre temps. Lui, il travaille le matin, donc c'est moi qui gère le matin. Il ne travaille pas l'après-midi, donc il reprend le relais l'après-midi avec le petit. Sinon, je ne serais pas devant toi.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu penses que pour une femme entrepreneur, c'est plus simple d'être en couple avec une personne également qui est entrepreneur ?

  • Speaker #1

    C'est plus simple. Parce que la personne comprend mieux les enjeux, peut-être les absences. Parce que c'est vrai qu'avec Moussoya, je suis clairement imbuvable. Il y a des jours où, surtout quand tu as beaucoup de stress, parce que nous, les femmes, on a la charge mentale familiale. Tu penses à ce que ton gosse va bouffer le lendemain, à prendre soin de ton foyer, à ton ménage, machin. Et moi, j'ai Moussoya aussi à côté. Donc, il faut que je cherche de l'argent, il faut que je prépare les dossiers dessus. C'est beaucoup psychologiquement pour une personne. Et des fois, ton cerveau, il sature. Et en fait, c'est important d'être avec quelqu'un qui va comprendre que tu passes par des moments de up et de down. Et le fait qu'il soit entrepreneur, forcément, ça facilite les choses.

  • Speaker #0

    En off, on a parlé du conjoint, du compagnon, de la personne qui t'accompagne, qui est responsable ou qui prend vraiment ses responsabilités. J'ai envie quand même qu'on partage ce petit moment d'aparté là, parce que j'ai trouvé ça extrêmement intéressant. Et je pense que pour des femmes entrepreneurs, ou même des femmes, pour moi, entreprendre, ce n'est pas forcément avoir un cirette, mais c'est toutes des personnes qui sont responsables de leur vie et qui visualisent des choses pour elles et qui font tout pour les avoir. C'est quoi la différence ? Est-ce que tu veux bien partager ça avec les auditeurs de We Talk ?

  • Speaker #1

    Oui, d'ailleurs, celle qui m'a dit ça, c'est Marine. Je suis sublime. On était au téléphone un jour, parce qu'on fait partie d'un collectif qui s'appelle les 6 tapreneurs. Et je lui racontais mes déboires et je lui disais que j'étais débordée et que c'était génial parce que mon mec faisait ci, ça, ça. Elle me dit oui, il fait, mais en fait, il prend ses responsabilités. Il ne t'aide pas. On pense qu'il y a deux types d'hommes. T'as le mec qui prend ses responsabilités et t'as celui qui t'aide vraiment. Celui qui... Prendre ses responsabilités va faire le job. Il va faire le job sans essayer d'aller plus loin. OK, il va garder l'enfant, mais par contre, il faut que la bouffe de l'enfant soit prête. Il ne faut pas qu'il ait à faire sa bouffe. Un mec qui t'aide vraiment, tu pars, tu laisses ton enfant, qu'il n'ait pas mangé ou quoi que ce soit. Tu sais que ton esprit va être tranquille, parce que le mec va tout faire de A à Z.

  • Speaker #0

    Et il recherche des hommes qui aident vraiment. en veut les hommes qui aident vraiment.

  • Speaker #1

    De toute façon, la société a changé. Aujourd'hui, je pense que nous qui sommes les mères d'aujourd'hui, on va élever les hommes de demain. Moi, c'est ce que je dis pour mon fils. Je dis, il est hors de question que j'élève mon fils pour que sa future femme m'en veuille. Parce que si demain, j'élève un homme qui ne fait pas à bouper, qui ne range pas son espace vital ou ne prend pas ses responsabilités plus, plus,

  • Speaker #0

    plus,

  • Speaker #1

    c'est à moi qu'elle va en vouloir. Elle va dire donc, tu n'as pas élevé ton fils, ton fils t'en a fait un pacha. Et le but, c'est d'élever mon fils pour que... il soit le compagnon d'une femme. Pas qu'une femme soit son esclave.

  • Speaker #0

    Wow, tu m'as donné des frissons. Tu élèves l'homme parfait, l'homme idéal en tout cas. L'homme idéal que beaucoup de femmes rêvent d'avoir. Est-ce que, quelle est l'actualité de Moussaouia aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Alors, le MCB.

  • Speaker #0

    Franchement, bravo. J'ai envie de... J'applaudis, on n'entend pas, mais j'applaudis.

  • Speaker #1

    Donc forcément, on va surfer sur la vague et prendre le positif. Je t'avoue clairement, je ne sais pas ce que ça vaut, cette distinction. Mais j'ose espérer que ça nous ouvrira certaines portes. En tout cas, j'y travaille. Et cette distinction, finalement, m'a donné l'opportunité de continuer à croire en mon rêve. Je pense que c'est une chance et c'est un encouragement. C'est une manière de dire, OK, ton produit existe, il est là, il est top. On t'encourage à continuer, on t'encourage à développer. Ça ne veut pas dire que ce sera facile, mais en tout cas, ça me donne de l'espoir. Et ça, c'est important parce que sans espoir, on n'avance pas.

  • Speaker #0

    C'est bien dit. En fait, au final, dans un projet, de ce que moi je retiens, c'est... il y a des ups, il y a des downs, parfois dans les downs plus profonds, pour te permettre de continuer, d'avancer, d'y croire. Il va aussi y avoir des événements très positifs, comme le prix que tu as reçu, et qui te font comprendre que tu es sur le bon chemin et que la petite secousse qu'il y a eu là, c'est juste une parenthèse pour pouvoir donner du relief à ton histoire, à ton storytelling. Et demain, tu vas pouvoir encourager d'autres femmes, d'autres hommes aussi. toutes les personnes qui se sentent concernées par ce chemin de vie-là. Quelle est ta définition de la réussite, du coup, avec ce recul, avec tout ça ?

  • Speaker #1

    C'est large comme question. Ce n'est pas facile. Parce qu'en fait, moi, j'ai réussi à changer ma vie. Clairement, je suis issue d'un milieu qui ne m'aurait jamais prédestinée à être là où je suis. Normalement, à l'heure où je te parle, je devrais peut-être être la co-épouse de quelqu'un. J'aurais déjà 4-5 enfants. Voilà la vie à laquelle on me prédestinait à la base. Mais j'ai réussi à changer la donne. Donc quelqu'un qui a réussi à changer sa vie, pour moi, ma vie en elle-même, c'est une réussite. Wow ! Parce que je ne serais pas là. Si je n'avais pas décidé de me dépasser, si je n'avais pas décidé d'aller... à l'encontre de ce que je suis, même à l'encontre de ma propre famille. Voilà, je ne serai pas là aujourd'hui. Je n'estime pas avoir réussi, parce que le mot réussite, en fait, c'est propre à chacun. Mais je reviens de loin.

  • Speaker #0

    Et on peut déjà dire que c'est une belle réussite.

  • Speaker #1

    C'est une belle avancée.

  • Speaker #0

    Quel est ton plus grand rêve, Aminata ?

  • Speaker #1

    Waouh ! J'en ai tellement, j'en ai tellement. Élever mon fils dans un monde où il ne connaîtra pas la faim, où il ne connaîtra pas les difficultés, que j'ai pu moi connaître, parce que ce n'est pas évident. Quand tu pars de chez toi à 18 ans, sans bagage ni quoi que ce soit, c'est compliqué, j'aurais pu tourner mal. Mais heureusement, j'ai rencontré des gens sur mon chemin. qui ont été bienveillants. Donc peut-être que mon plus grand rêve aujourd'hui, ce serait de donner les chances à mon fils que je n'ai pas eues. Un de mes plus grands rêves aussi sera un monde où la femme noire serait reconsidérée comme une beauté à part entière, comme à l'époque de l'Antiquité, où ça l'était. Parce qu'à cette époque, les femmes noires étaient des modèles de beauté et j'ai envie qu'aujourd'hui, on y revienne. C'est important. pour nous redonner confiance. Voilà, je pense que...

  • Speaker #0

    C'est un très très beau rêve.

  • Speaker #1

    Un rêve où on serait...

  • Speaker #0

    Voilà, on n'est pas des Miss France, mais... Ok, écoute, moi je suis complètement, je partage ton rêve pour toutes les femmes, femmes noires, petites filles, qu'elles s'aiment et qu'elles s'acceptent telles ou telles. Et un monde où ma nièce ne viendra pas me dire j'ai envie d'avoir des cheveux lisses, où elle se dit juste mais je suis belle. Et l'autre aussi est belle avec sa différence. En fait, on est toutes belles et beaux dans ce que l'on est. Ce n'est pas un vœu pieux, on n'est pas dans un monde de bisounours et en tout cas c'est un vœu qui est sincère. Aminata, on arrive à la fin de We Talk, de cet épisode. Déjà, on a tellement bien parlé, tu t'es tellement transportée. Ça veut dire que tu t'es sentie très bien. Comment tu t'es sentie d'ailleurs ?

  • Speaker #1

    Ici, on est dans une safe place, tout simplement. Tu sais, je ne parle pas de moi. Il y a beaucoup de choses qui vont surprendre les gens dans ce que j'ai dit. Je ne parle pas souvent de mon passif. J'en parle très, très peu. C'est l'une des premières fois, voire la première fois que j'en parle.

  • Speaker #0

    J'en suis honorée.

  • Speaker #1

    Et ouais, c'est important. Je pense que c'est important que les gens me connaissent un petit peu plus. Et je voulais aussi parler d'un sujet qui n'a rien à voir, mais je pense que c'est important. Il y a quelques années, j'ai fait un don d'ovocytes. En fait, j'ai donné mes ovules pour permettre aux femmes noires qui n'avaient pas la possibilité d'avoir des enfants de réaliser leurs rêves. Et je voudrais juste lancer un appel à toutes mes sœurs, à toutes les femmes noires qui se sentent concernées, qui ont envie de faire un geste pour aider d'autres sœurs tout simplement qui sont dans cette situation. Vous pouvez changer la donne à votre niveau. N'hésitez pas à vous renseigner sur le don de vos sites. Vous pourrez changer certaines vies.

  • Speaker #0

    Wow, là tu viens de me... déjà je reçois un truc en plein cœur comme ça, wow ! C'est beau, c'est moi qui vais pleurer à la fin. Ah mais c'est tellement beau, c'est d'une grande générosité. On n'en parle pas assez, on n'en parle pas du tout même. On oublie que beaucoup de femmes noires souffrent souvent d'endométriose. D'ailleurs, je ne sais pas pourquoi, de fibromes, encore plus que d'autres. Et que c'est une source d'infertilité profonde. Et voilà,

  • Speaker #1

    il faut donner. Ce n'est pas un geste comme le don de spermatozoïdes, qui est un geste finalement un peu mécanique. C'est un peu plus compliqué, parce qu'il va falloir être sous hormones, etc. Se faire ponctionner, ça nécessite une préparation physique et psychologique qui n'est pas évidente, mais ça peut littéralement changer la vie de certaines personnes. Moi, je sais ce que c'est, parce que je suis issue d'une culture où... Quand une femme n'a pas d'enfant, elle n'est pas considérée comme une femme.

  • Speaker #0

    Tout à fait.

  • Speaker #1

    Et ça, c'est dégueulasse. Donc, faire ce geste, ça a été juste une évidence. Ça a été pour moi un moyen d'aider mes sœurs et de dire non, vous n'êtes pas seules. Si je peux aider à mon échelle, je le fais.

  • Speaker #0

    Donc,

  • Speaker #1

    les filles, faites-le. Renseignez-vous, faites-le.

  • Speaker #0

    Wow. Écoute, je n'aurais pas pu dire mieux. Avec ça, c'est le mot de la générosité de la fin. Pour quelles raisons regarderais cet épisode, ton épisode de weTalk avec, enfin cet épisode de weTalk avec toi, Minata Doukouré ?

  • Speaker #1

    Pourquoi les gens devraient regarder ?

  • Speaker #0

    Cet épisode, oui.

  • Speaker #1

    Waouh, pour plein de raisons. Pouvoir se dépasser. Je pense que c'est important pour accomplir, quand on a une vision, pour concrétiser cette vision, c'est important de se dépasser et... Je le répète encore, moi, je n'étais pas du tout prédestinée à faire carrière dans la finance et à monter ma boîte aujourd'hui, vu d'où je viens. Donc, si je vais réussir à changer ma vie et en tout cas, si des gens veulent changer leur vie ou en tout cas en avoir les prémices, je vous invite à écouter.

  • Speaker #0

    Et c'est le mot de la fin. Merci beaucoup d'avoir écouté cet épisode de We Talk. Il a retrouvé sur toutes les plateformes d'écoute de podcast. Spotify, j'en perds mes mots, Deezer, Apple Podcasts, YouTube pour la version filmée. Et bien sûr, rejoignez la communauté WeTalk sur les réseaux sociaux LinkedIn, TikTok et Instagram. Très, très belle journée ou soirée. En tout cas, portez-vous bien et à bientôt. Bye bye.

Chapters

  • Introduction au thème de l'échec et de la réussite

    00:07

  • Présentation de l'invitée : Aminata Doukouré

    01:01

  • Le parcours d'Aminata : enfance et identité

    01:54

  • Création de Moussouya : un rêve devenu réalité

    03:44

  • Les défis de l'entrepreneuriat et le refus de prêt bancaire

    04:18

  • L'importance de la résilience et du soutien communautaire

    04:43

  • Réactions de l'entourage et perception de l'échec

    05:50

  • Définition de l'échec et de la réussite pour Aminata

    07:30

  • Les rêves et aspirations d'Aminata pour l'avenir

    09:00

  • Conclusion et message aux auditeurs

    10:40

Description

Cher. e Talker,


As-tu déjà pensé à quitter une carrière stable pour suivre ta passion et créer un impact positif dans la vie des autres ?


Dans cet épisode de weTalk le podcast, Nicole Ewek reçoit Aminata Doucouré, une entrepreneuse inspirante qui partage son parcours atypique et les défis qu'elle a surmontés. D'origine malienne et ivoirienne, Aminata évoque son enfance en France, les luttes liées à son identité et la détermination qui l'a poussée à fonder Musoya, une marque dédiée aux femmes afrodescendantes.


Aminata nous raconte comment elle a transformé ses échecs en opportunités, notamment après un refus de prêt bancaire qui aurait pu la décourager. Elle souligne l'importance de l'authenticité, de la résilience et de la détermination dans son parcours entrepreneurial. Cet épisode de weTalk le podcast est bien plus qu'une simple conversation ; c'est une véritable ode à la force féminine et à l'acceptation de soi.


Au fil de l'épisode, Aminata aborde des sujets sensibles comme le racisme systémique et les défis spécifiques auxquels les femmes noires font face dans le monde des affaires. Elle encourage toutes les auditrices à embrasser leur beauté et leur singularité, et à ne jamais laisser les obstacles entraver leur chemin. Les histoires d'Aminata résonnent profondément et nous rappellent que chaque défi peut être une opportunité déguisée.


En écoutant cet épisode de weTalk le podcast, tu découvriras des conseils pratiques pour naviguer dans le monde de l'entrepreneuriat, tout en cultivant une communauté solidaire. Aminata incarne la force de la détermination et nous montre qu'il est possible de réaliser ses rêves, même face à l'adversité. Ne manque pas cette conversation enrichissante qui te motivera à prendre des initiatives audacieuses et à croire en toi.


Alors, prêt. e à plonger dans l'univers inspirant d'Aminata Doucouré ?


N'hésite pas à te joindre à nous pour une discussion qui promet d'éveiller ta créativité et ta passion. Pour s'abonner, partager, liker, commenter et rejoindre la communauté weTalk sur instagram et Linkedin.




Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et à tous, je suis Nicole Ewek et tu écoutes weTalk, le podcast qui transforme l'échec en réussite. Pourquoi un sujet sur l'échec ? Tout simplement parce que j'ai fait un constat, c'est qu'en France, on n'a pas droit à l'erreur. Et pourtant aux Etats-Unis ou en Angleterre, c'est un concept qui est complètement vulgarisé puisque échouer veut dire qu'on en a osé. Et qu'est-ce qu'il y a de plus beau que d'oser dans la vie ? C'est la raison pour laquelle avec weTalk, je prends un peu les choses à rebours. Je donne la parole à des personnes au parcours atypique et authentique Merci. qui viennent me dire fièrement comment ils ont transformé les erreurs, les épreuves, les échecs de leur vie en opportunités pour réussir. Car qu'est-ce que la réussite ? Si ce n'est le fait de se relever quand on est tombé et de rester en mouvement quoi qu'il arrive. Cet épisode de We Talk est à retrouver sur toutes les plateformes d'écoute de podcast, Deezer, Spotify, Apple, YouTube pour la version vidéo. Et bien sûr, rejoignez-nous sur la communauté weTalk sur Instagram et LinkedIn. Mon invité du jour, c'est une femme, une battante. une entrepreneur courageuse. C'est Aminata Doukouré. Je suis tellement fière de te recevoir sur le plateau de WeTalk. Merci d'avoir accepté mon invitation. Comment vas-tu, Aminata ?

  • Speaker #1

    Merci à toi de me recevoir aujourd'hui, Nicole. Ça me fait très plaisir d'être là. Écoute, ça va, ça va. Ça allait moins il y a quelque temps.

  • Speaker #0

    Maintenant, ça va beaucoup mieux.

  • Speaker #1

    Mais maintenant, ça va beaucoup mieux.

  • Speaker #0

    D'accord. Il y a une petite... On va dire, avant qu'on ne rentre dans le vif du sujet. J'aime présenter mes invités aux auditeurs de WeTalk à travers un conte que j'ai écrit rien que pour eux. Alors, c'est une photo à l'instant T. C'est comme un film où tu es l'héroïne. Ces mots n'engagent que moi, mais on va dire que c'est comme ça que moi je t'ai perçue. Et c'est comme ça que je t'offre, disons, ce beau cadeau.

  • Speaker #1

    Top !

  • Speaker #0

    Est-ce que tu es prête à l'écouter ?

  • Speaker #1

    Je suis prête.

  • Speaker #0

    Il était une fois une femme au cœur immense, une battante au courage inébranlable. Aminata Doukoure est une princesse malienne et ivoirienne et son histoire résonne comme une légende. Née en Côte d'Ivoire, elle porte en elle les racines profondes de sa terre natale. Cependant, à l'âge de 3 ans, elle est arrachée à ce sol chaleureux quand ses parents décident de s'installer en France. Dans ce nouveau monde, la petite Aminata découvre bien vite que la différence peut peser lourd. À l'école, sa peau, ses cheveux, ses traits sont souvent regardés avec méfiance ou incompréhension. Ce monde la pose doucement, mais sûrement à l'âge de 3 ans. à se détourner de ce qui fait d'elle une reine unique. À l'adolescence, le miroir devient son ennemi. Pour s'intégrer, elle lisse, transforme, camoufle. Elle veut ressembler à ses amis, à ces figures de beauté qui peuplent les magazines, ces standards qui, elle le pense, la rendront enfin acceptable. Puis un jour, elle entreprend ce voyage dans son pays d'origine qui va changer le cours de sa vie. Ce séjour réveille en elle un feu qu'elle croyait éteint, car assise au coin du feu, sous le ciel étoilé de la... De sa terre d'enfance, elle écoute sa grand-mère, cette femme sage dont les mots résonnent encore en la femme qu'elle deviendra. Elle lui parle de musouya, cette essence féminine que chaque femme porte en elle. Ce trésor caché que le monde moderne tente parfois de faire taire est la clé de la puissance d'une femme. Sa grand-mère lui montre que cette féminité est sa force et que pour s'accomplir, elle doit la retrouver, la chérir. Aminata, qui est alors la fleur de l'âge, reçoit ces paroles comme un verre d'eau en plein désert. Car... Notre princesse se pose depuis toujours une multitude de questions sur sa place en tant que femme noire africaine au sein de la société française. De retour en France, Aminata sent ce feu grandir en elle. Elle n'est plus la même, ce voyage a bouleversé son âme. Elle décide alors de quitter son emploi sécurisé, de tourner le dos à sa carrière prometteuse dans la finance pour suivre son rêve, créer Moussouya, une marque dédiée aux femmes comme elle. Ces femmes qui pendant trop longtemps ont été invitées à nier leur propre beauté, la terre leur singularité. Moussouya n'est pas seulement une marque de cosmétiques capillaires pour cheveux à faux, c'est un appel à renouer avec soi-même, à embrasser son authenticité. Chaque produit est une promesse de réconciliation. Un hommage à cette féminité ancestrale que tant de femmes ont trop longtemps cherché à masquer. Mais le chemin de l'entrepreneuriat n'est pas un compte de fait sans obstacle. Et comme dans toute belle histoire, un défi inattendu se dresse sur sa route. Le refus d'un prêt bancaire. Un coup dur qui aurait pu abattre n'importe qui. Mais pas Aminata. Elle ressent la douleur de cet échec. Elle vacille, mais elle ne tombe pas. Elle sait que les échecs ne sont pas des fins en soi, mais des marches à gravir. Ses rêves chancellent peut-être, mais ils ne s'éteignent pas. Aujourd'hui, Aminata est là, plus déterminée que jamais. Car dans son cœur brûle toujours ce moussoya, cette force qui fait d'elle une femme unique, puissante et inarrêtable. Elle n'est pas seulement une entrepreneur, c'est une porteuse de lumière, un guide pour toutes ces femmes qui, à leur tour, cherchent leur chemin vers elles-mêmes.

  • Speaker #1

    Wow, tu vas me faire fleurer.

  • Speaker #0

    Je crois qu'il faut que tu prennes les mouchoirs.

  • Speaker #1

    Ouais, c'est fort. C'est très, très fort. Franchement, tout est dit. Tout est dit. Je ne sais même pas quoi dire. Bravo, c'était très touchant. C'était puissant. Merci. C'était moi, en fait. Tu t'as touchée vraiment dans le mille.

  • Speaker #0

    Bravo. Merci. J'aime bien faire cet exercice. J'aime bien fouiller, fouiner et trouver la raison de l'histoire de chacun de mes invités. On va rentrer dans le vif du sujet. Allons-y. Tu as quitté ton emploi stable pour lancer Moussouya, ta marque de produits capillaires pour cheveux afro, pour femmes afro. Et à quel moment tu as su... que ce projet, ce rêve valait la peine de prendre un risque pareil, de quitter la stabilité, une carrière prometteuse. Qu'est-ce que tu as ressenti ? Le cheminement, les questions ? Pour arriver à une telle conclusion que ça valait la peine de tout quitter et de prendre ce risque-là ?

  • Speaker #1

    Je n'avais aucune certitude. Aucune. Je savais juste qu'au bout d'un moment, je ne me sentais pas à ma place. dans la société dans laquelle j'évoluais. Pourtant, tout se passait très bien. Mais il manquait quelque chose. En fait, Moussoya, comme je l'ai dit tout à l'heure, c'est vraiment... Je cherchais à créer plus qu'une marque, vraiment une marque éthique à impact positif avec des codes qui rassemblent les femmes afrodescendantes. Et ça, je... En fait, c'est ça Moussoya. C'est ce que j'ai essayé de créer à travers Moussoya. Et voilà, je ne me suis pas vraiment posée de questions. La société évolue, la société change. Donc je me suis dit, pourquoi pas être une des actrices de ce changement-là si je suis dans cette position, c'est qu'il y en a d'autres femmes qui sont dans cette position. Et ça a été une évidence.

  • Speaker #0

    Donc en fait, l'évidence est venue en cheminant au final. C'est ça. Quelle a été la réaction de ton entourage, de ta famille ?

  • Speaker #1

    Ça, c'est la question à deux millions. Parce qu'en fait, je ne l'aurais pas dit.

  • Speaker #0

    Ah oui, d'accord. Tu as fait des cafetries à ta mère.

  • Speaker #1

    Je l'aurais fait à tous les gros cafetries, à tout le monde. En fait, quand j'ai quitté mon job, je ne l'ai dit à personne. Parce que si je l'avais dit, ma mère en aurait fait une syncope. Donc, nous, on quitte notre terre natale pour venir en France. Et toi, tu quittes ton emploi stable dans la finance pour aller faire coiffeuse ?

  • Speaker #0

    Wow, oui, effectivement.

  • Speaker #1

    Je pense qu'ils n'auraient pas compris. Tu connais nos parents et leur affaire de sécurité. Donc, quelque part, si je ne leur ai pas dit, ce n'était pas spécialement pour leur faire des cachoteries, c'était plutôt pour les préserver. Pour éviter qu'ils se fassent un sang d'encre. Surtout ça, c'était pour les préserver. Et je pense qu'ils n'auraient pas compris. Bien sûr, c'est ce qui fait aussi qu'on est dans des... Moi, je suis issue d'une famille... D'immigrés, bien sûr, où le travail a toujours été un moteur. Donc dire à ces gens-là que je quitte le moteur pour aller dans une pirogue ?

  • Speaker #0

    Alors qu'eux, ils estiment qu'ils ont quitté la pirogue pour te donner la sécurité.

  • Speaker #1

    Exactement. Ce serait très, très mal passé. Et j'ai gardé le secret pendant deux ans. Je ne l'ai pas dit pendant deux ans. Et c'est en fait quand j'ai lancé ma campagne, post-campagne de crowdfunding, qu'ils l'ont appris. En fait, je ne leur ai même pas dit de ma bouche. Ils l'ont appris de but en blanc.

  • Speaker #0

    Mais toi, tu es folle. On ne fait pas ça en Afrique.

  • Speaker #1

    Oui, on ne fait pas ça.

  • Speaker #0

    Ah oui, d'accord. Donc, ils l'ont appris. Et quand ils ont su, qu'est-ce qu'ils se sont dit ?

  • Speaker #1

    En fait, je ne leur ai pas laissé le choix. Ils ont vu que j'étais déjà dedans. Il n'y avait pas de marche arrière possible. Après, ils ont vu que la campagne avait pas mal fonctionné. Ça, ça a été un élément qui les a rassurés. Et en fait, ils voyaient les choses, que les produits existaient, que je faisais des salons, etc. Donc forcément, ça concrétise un petit peu plus la chose. Et puis, on est issu de cultures où l'entrepreneuriat n'est pas valorisé, en fait, quelque part. Nos parents n'ont pas ce mindset. qu'on a appris ici en France. Donc c'est compliqué pour des gens comme ça de se dire « Bon, allez, on lui fait confiance, on va l'aider financièrement. » Non, ça n'existe pas.

  • Speaker #0

    D'accord, ok. Et est-ce qu'ils ont... Aujourd'hui, avec du recul, qu'est-ce qu'ils disent de ton parcours ? Est-ce qu'ils sont fiers de toi ?

  • Speaker #1

    Même s'ils sont fiers, je pense qu'ils ne le diront pas. Parce que je suis issue d'une culture où il y a pas mal de tabous. On ne dit pas je t'aime comme ça. Je pense que ça se voit quand ils me posent des questions. Alors quand ils me voient faire des gros salons comme la NHA ou la Foire de Paris, forcément, ça les impressionne. Mais ils ne mettent pas de mots dessus.

  • Speaker #0

    D'accord. Il y a une autre manière d'exprimer la fierté. D'accord. On a un lien un petit peu. Toi, aujourd'hui, qu'est-ce que tu dis de toi ? Comment tu te présentes, toi, aux auditeurs de WeTalk ?

  • Speaker #1

    Alors moi, je suis une petite nana à l'aise dans ses baskets, qui a juste décidé d'entreprendre pour rendre ses produits accessibles à un maximum de femmes. Oui. Tout simplement.

  • Speaker #0

    D'accord. Et donc, dans ton chemin d'entrepreneuriat, il y a eu le refus de ce prêt bancaire.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Un séisme, j'ai envie de dire. Comment est-ce que tu fais aujourd'hui, Aminata, pour continuer d'y croire et d'avancer alors que tout... tout autour de toi était ébranlé ou il n'y avait que des freins ? Est-ce que tu as fait appel à une expérience antérieure ? Est-ce qu'il y a une voie intérieure qui t'a poussé à avancer même malgré, finalement, ce tremblement de terre, ce séisme pour toi, dans ta vie ?

  • Speaker #1

    Alors, ça a été un vrai tsunami. En fait, j'étais tellement « sûr » de moi. On avait fait un beau chiffre d'affaires à la NHA, à la Foire de Paris, et c'était vraiment la première expérience.

  • Speaker #0

    La NHA en précise ?

  • Speaker #1

    La Natural Hair Academy. C'est un forum ? C'est un salon qui regroupe tous les acteurs de la beauté noire, capillaire, skin care, etc. C'était notre premier salon, nos premiers salons avec la Foire de Paris. Et en fait, j'étais forte, moi, de cette expérience. Je me suis dit, attends, on a fait des chiffres d'affaires de dingue. Le dossier bancaire est prêt, donc c'est la preuve que le marché est prêt, qu'il y a une appétence au niveau du produit, etc. Donc, j'étais très surprise d'avoir ce refus bancaire malgré toutes ces preuves. Oui. Et en fait, ça a été... Et j'ai rédigé le...

  • Speaker #0

    Le fameux post sur LinkedIn.

  • Speaker #1

    Sur LinkedIn, avec toute ma colère et ma frustration, finalement. Et en fait, ça a pris. Parce qu'il y a beaucoup, beaucoup de gens. Tu m'as demandé tout à l'heure, oui, qu'est-ce qui a fait que tu t'es relevée ? En fait, c'est les gens. C'est l'impulsion, la force que m'ont donné ces gens. Les messages sous le post et qui ont continué encore longtemps. les messages de soutien, les messages d'espoir, les messages de la communauté. Il y avait des messages qui étaient un peu plus vindicatifs que d'autres, mais la majorité des messages étaient ultra positifs.

  • Speaker #0

    Justement, en parlant de ces messages un peu vindicatifs, justement, c'était des gens qui ont, dans ton poste, juste pour mettre un petit peu le contexte, tu as parlé des biais racistes que l'on peut rencontrer dans le milieu bancaire et pas que, qui font souvent qu'à cause des origines, On n'obtient pas, on n'a pas accès à tous les droits comme tout le monde. Parce que noir, parce qu'africain, parce que ci, parce que ça. Que réponds-tu à ces gens-là qui ont juste dit, ben non, il n'y a pas de racisme, c'est ton dossier qui était mal ficelé ou ton projet qui n'est pas encore mature pour pouvoir être accompagné par la banque. Que leur dis-tu ? Ceux qui renient complètement ces biais-là.

  • Speaker #1

    De regarder les chiffres, en fait. Tout simplement, il faut savoir que plus de 60% des refus... de prêts bancaires sont les femmes, les personnes issues de minorités et de la diversité. C'est tout. Il faut juste regarder les chiffres. Les chiffres ne mentent pas. Donc, ces gens-là, ce que je leur dirais, deux choses. Déjà, regardez les chiffres et en plus, vous n'êtes pas à notre place. Vous ne pouvez pas comprendre, vous ne pouvez pas savoir. C'est comme les gens... Oui, je suis parastique, j'ai un ami noir, en fait.

  • Speaker #0

    Oui, la super phrase.

  • Speaker #1

    Non, mais en fait, ça ne marche pas comme ça. Je pense que même les gens qui estiment ne pas être racistes font partie d'une sorte de racisme systémique qui fait que finalement, les choses n'évoluent pas. Tu l'as dit tout à l'heure, on n'est pas aux Etats-Unis. Pourquoi aux Etats-Unis, l'échec est considéré comme quelque chose de positif, alors qu'ici, l'échec, tu es au fond du trou ?

  • Speaker #0

    Oui, on te fait comprendre que tu n'es rien.

  • Speaker #1

    Je pense que c'est typiquement français. C'est notre société qui veut ça. Ce n'est pas pour rien que c'est beaucoup plus compliqué d'entreprendre en France que dans d'autres pays. Ce n'est pas pour rien qu'en France, il y a une espèce de clivage et d'hypocrisie. ambiante qui fait que les choses n'avancent pas.

  • Speaker #0

    Et toi, en quoi le racisme, justement, a impacté ta vie ? Est-ce que tu estimes que cet événement-là a eu lieu parce que, finalement, c'était un produit qui s'adressait qu'à des femmes noires, parce que peut-être la porteuse de Progène, même, elle est noire ? Comment est-ce que toi, tu as vécu le racisme ? Est-ce que tu l'as souvent vécu de manière systémique dans ta vie, même en dehors de Moussouya ? Et comment tu, à chaque fois, rebondis face à ça ?

  • Speaker #1

    Alors, pour la petite anecdote, moi, je me suis rendue compte que j'étais différente. En fait, c'est les gens qui m'ont fait comprendre que j'étais différente. Ça arrivait un jour, on était en famille, je devais avoir peut-être 7-8 ans. Je vais demander un truc à la voisine. qui était blanche et qui dit, son conjoint qui était au fond, qui dit « Ah, c'est qui ? Ah, c'est la petite noire au fond du couloir, qui habite au fond du couloir. » Et en fait, là, je suis restée finie. La petite quoi ? En plus, elle l'a mal dit, elle est la petite noire. Et en fait, c'est là que ça a fait tilt. En fait, on me qualifie, voilà comment je suis perçue par rapport... Aux yeux des gens, en fait. Donc, ça a été ma première expérience face au racisme. En fait, ce n'était même pas du racisme, parce que la nana nous aimait bien, c'était du bon voisinage. Mais voilà, c'est ce racisme systémique, tu vois, tu ne peux pas...

  • Speaker #0

    Qui te renvoie...

  • Speaker #1

    À ta couleur de peau. Même si c'est vrai, je suis noire, oui. Mais en fait, quand tu dis ça à un enfant qui a grandi dans les années 90, où ce n'était pas la mode d'être noire, il faut se le dire. Ouais, ça fait quelque chose. Franchement, ça fait quelque chose. Donc, j'ai grandi quelque part. Je pense qu'à partir de ce moment-là, j'ai voulu me fondre dans la masse.

  • Speaker #0

    D'accord. Et donc, après, tu...

  • Speaker #1

    C'est ça, j'ai voulu évoluer en étant une femme noire, mais une femme noire, tu vois...

  • Speaker #0

    Qui est acceptée. par les conventions de la société française.

  • Speaker #1

    L'issue du rapport.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Je me suis jetée dans les études. J'ai fait ci, j'ai fait ça. Voilà, il fallait que je sois comme tout le monde.

  • Speaker #0

    D'accord. Et ça veut dire quoi, être comme tout le monde ?

  • Speaker #1

    Faire partie de la norme, que ce soit au niveau social. Donc voilà, j'ai fait des études. Je ne voulais pas être... La black, comme ils disent eux-mêmes, de base, issue de l'immigration, qui se retrouve avec tous les stéréotypes qu'on connaît. Ouais, je voulais être quelqu'un de respectable, qui a fait des bonnes études, qui est indépendante, qui suit les dictats de beauté occidentaux. C'est ce qui a fait qu'à un moment, je me suis perdue. Ouais, je me lissais les cheveux. Ouais, je voulais être... tout le contraire de ce que je suis aujourd'hui. Et pourtant, moi je suis arrivée en France à l'âge de 3 ans, parce que je suis née en Côte d'Ivoire, et je suis tombée amoureuse de cette culture, finalement française, qui m'a donné les armes et la possibilité de faire des choses que je n'aurais peut-être pas pu faire dans mon pays d'origine. J'ai un papa qui est soninqué, j'aurais pu être mariée à 16 ans. Je suis issue d'une famille polygame où l'avenir d'une fille, c'est se restreindre, être mariée, faire des enfants. Et en fait, je voulais sortir de ça très, très, très vite. Donc, ça m'a poussée à me dépasser finalement, à faire des études, avoir une carrière dans la finance et me fondre dans la masse.

  • Speaker #0

    Te fondre dans la masse. D'accord. Et qu'est-ce qui fait qu'à un moment, on se dit... On essaie de se fondre, mais on n'y arrive quand même pas. On essaie de lisser, mais visiblement, on est trop différent et on nous voit quand même tel que l'on est.

  • Speaker #1

    Moi, je me considère un peu comme ayant, excuse-moi du terme, le cul entre deux chaises.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Très fière de mes origines africaines. Mais aussi, je suis très fière de mon côté français, tu vois. J'aime le bon vin, j'aime le fromage. Voilà, j'ai appris à vivre avec ça. Mais c'est vrai que ce n'est pas toujours évident, parce que tu as un côté schizophrénie culturelle. Tu dis, mais ouais, je parle Bambara, ma langue maternelle. Il faut que mon fils parle aussi cette langue. Mais il faut qu'il soit bon en français. Tu vois, en fait, tu essaies de choper un peu ce qui t'arrange dans les deux cultures. Et ce n'est pas évident. Ce n'est pas évident tous les jours.

  • Speaker #0

    Et donc, tu dirais que tu es dans une forme de schizophrénie parfois identitaire ?

  • Speaker #1

    Culturelle. C'est de la schizophrénie culturelle. Et je pense que je ne dois pas être la seule dans ce... C'est mon psy qui m'a sorti ça.

  • Speaker #0

    D'ailleurs, qu'est-ce qu'il dirait ton psy si on lui posait la question aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Oh, il dirait que je fais mon chemin, que je viens d'un milieu qui n'est pas facile. Forcément, toi, à l'école, on te dit que c'est un papa et une maman. Et à la maison, tu vois que c'est deux mamans et un papa.

  • Speaker #0

    Et d'ailleurs, comment on vit ça, la polygamie ? Là, tu vois, je suis un total... Je vois, tu m'as donné des pistes, des choses. Et la polygamie, justement, comment la vie se construit en tant que femme ? Moi,

  • Speaker #1

    j'ai subi la polygamie de mes parents. Je ne comprenais pas. Parce que, comme je t'ai dit, à un moment, j'ai voulu rentrer dans la masse. Donc, quand tu rentres dans la masse à 7-8 ans, et qu'on t'apprend à l'école qu'il y a certains codes, mais à la maison, il y en a d'autres, forcément, cette schizophrénie, elle est encore plus exacerbée. Donc, ça a été un long chemin. compliqué. Ma famille n'a pas compris. Ouais, t'es différente. Non, je ne suis pas différente. J'ai juste envie de sortir de ma condition. Je n'ai pas envie d'être finalement relayée à mon rôle de femme. Tout simplement. Je pense que je vaux mieux que ça. On vaut tous mieux que ça. Donc, le seul moyen de m'en sortir, c'est de m'en donner un moyen.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce qui te met sur cette piste ? Est-ce qu'il y a un élément déclencheur pour que tu te... Tu regardes ce qui se passe à la maison, tu regardes ce qui se passe à l'extérieur et tu arrives à faire ce choix de te dire je veux sortir de ça. Est-ce que tu n'as pas eu peur à un moment de te dire mais je renie qui je suis, je renie mes origines, j'ai honte de ma culture ?

  • Speaker #1

    Forcément, la question s'est posée à un moment ou à un autre. Est-ce que je me perds dans les méandres de ma schizophrénie ? Mais en fait, tu sais, tu chasses le naturel et il revient toujours au galop. Je suis habillée à l'européenne aujourd'hui, mais j'ai toujours des petits détails qui font que je n'oublie pas d'où je viens. En fait, il y a un proverbe que tout le monde connaît qui dit, de toute façon, si tu sais d'où tu viens, tu sauras où tu vas.

  • Speaker #0

    Exact.

  • Speaker #1

    Et c'est ce que j'ai essayé de garder en tête tout au long de mon parcours.

  • Speaker #0

    Justement, parlant de parcours, à We Talk, on parle d'échecs. Quelle est ta définition de l'échec, avec tout ce que tu as vécu et où tu en es aujourd'hui, Aminata ?

  • Speaker #1

    Moi, l'échec, à la base, c'est un truc qui me fait peur.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    J'ai une peur bleue de l'échec, et même encore aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Parce que, comme je t'ai dit, je suis ici d'une famille où, finalement, il fallait travailler. L'échec, on n'avait pas droit à l'erreur. Et en fait, j'ai ce besoin de reconnaissance. par rapport à mes parents, par rapport à mon vécu, qui fait que je ne me donne pas droit à l'erreur. Ce qui est finalement totalement biaisé, c'est que finalement, c'est l'échec qui fait avancer. Et demain, en éduquant mon fils, je me dis, si tu te plantes, ce n'est pas grave. Ce que j'aurais aimé qu'on me dise, si tu te plantes, ce n'est pas grave, tu vas te relever. Et je pense que c'est ce qui m'a fait aussi avancer, ce qui me rend déterminée, c'est que pour moi, l'échec, ça ne devrait même pas arriver.

  • Speaker #0

    Alors, ça ne devrait pas arriver ou c'est plutôt nécessaire pour y arriver ?

  • Speaker #1

    Alors maintenant, je me dis que c'est un travail. Tu sais, je pense qu'on ne finit jamais vraiment de travailler sur soi, etc. J'ai encore une peur bleue de l'échec. Mais je me dis, si tu ne passes pas par la porte, c'est pas grave, tu vas passer par la fenêtre. Un truc tout bête. Au début de mon parcours professionnel, je voulais... À la base, je suis une fan de jeux vidéo. Donc, je voulais travailler pour un éditeur de jeux vidéo. Donc, j'ai passé un entretien. Finalement, ce n'est pas passé. Mais j'ai réussi à travailler pour la boîte de com qui s'occupait de cette boîte, de cet éditeur de jeux vidéo. Donc, quelque part, j'ai réussi à travailler pour lui indirectement. En fait, toute ma vie, même si ça ne passait pas, j'essayais de contourner pour que ça passe autrement. Je pense que c'est ce qui m'a aidée à avancer, à affronter certains échecs.

  • Speaker #0

    Donc au final... même si tu ne t'en es pas rendu compte, mine de rien, un refus pour toi est une bonne occasion de pouvoir trouver le chemin détourné pour y arriver quand même. Final, c'est ce que tu me dis et c'est puissant, c'est fort quand même comme clé que tu peux donner. C'est-à-dire qu'on peut te dire aujourd'hui non, tu peux même tomber mais il y a un autre chemin, une autre voie, une autre issue que tu peux emprunter pour pouvoir atteindre ton objectif. tout simplement. Et dans cette continuité d'échecs, quel est le pire échec que tu as vécu ? Est-ce que c'est cette histoire de prêt bancaire ou est-ce qu'il y a quelque chose d'encore plus grand aujourd'hui et dont tu n'oses peut-être pas parler ? Comme on a WeTalk et que tout ce qui se dit à WeTalk reste sur WeTalk, est-ce que tu veux le partager ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est vrai qu'aujourd'hui, le plus gros échec, de toute façon, en tant qu'entrepreneur, tout le monde sait que l'argent, c'est l'air de la guerre. C'est vrai que jusqu'à présent, je travaillais en fonds propres.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Donc, j'étais arrivée à un point où si je n'avais pas une aide financière pour me développer encore plus, ça aurait été compliqué d'avancer, de développer Moussoya. Et en fait, quand c'est arrivé, je me suis dit mais ce n'est pas possible. Je n'ai pouvoir rien faire. Ils ne me laissent pas l'opportunité de montrer ce que je suis capable de faire. Donc, en fait, c'est terminé. Et donc, j'ai rédigé ce post. J'ai eu pas mal de messages derrière, de DM.

  • Speaker #0

    Je vous en ai vu le lire en plus. Oui,

  • Speaker #1

    enfin, oui.

  • Speaker #0

    Sur LinkedIn.

  • Speaker #1

    Il faut savoir que j'ai vraiment écrit ce truc avec toute ma colère et ma frustration.

  • Speaker #0

    C'est là où il y a les vérités qui sortent.

  • Speaker #1

    Voilà. Et en fait, la vague de soutien que j'ai reçue derrière, elle a été telle que je me suis dit, mais en fait, tu peux juste pas lâcher. Il y a même eu des ventes suite à ça. Ouais, il y a des gens qui m'ont dit, c'est quoi votre site ? Je vais aller acheter vos produits.

  • Speaker #0

    Tu m'annonces là, en fait, qu'à cause de ce refus, malgré ce refus même, grâce à ce refus et grâce à ton poste, Tu as eu quand même des ventes derrière.

  • Speaker #1

    Oui, il y a eu des ventes derrière et même encore, je ne sais même pas si ça a un rapport, mais peut-être l'univers, je pense que ça marche aussi par rapport au fait que tes actions ont des conséquences. Et en fait, il n'y a même pas deux semaines, le week-end, il y a deux semaines, Moussoya a été sacré meilleure innovation, catégorie shampoing. au MCB, au Mondial de la Coiffure et de la Beauté.

  • Speaker #0

    Wow !

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Je suis impressionnée, j'ai envie de t'applaudir, j'ai envie de dire bravo, c'est incroyable. Est-ce que tu dirais, parce que j'ai pour habitude de dire, parce que sur cette partie-là, j'appelle ça le true talk, on parle le vrai et je dis qu'on ne se fait pas tout seul, justement. Il y a des détracteurs, ceux qui te poussent dans des retranchements et qui te permettent de te challenger sur ton propre rêve. Il y a les rencontres fortuites, je t'expliquerai. Et puis il y a la personne de Providence, je t'expliquerai. principal détract, celui qui t'a poussé dans toutes tes limites, c'était finalement ce refus bancaire ?

  • Speaker #1

    Ouais, en fait, ça a démilité les choses. En fait, finalement, peut-être que ce non, c'est un mal pour un bien.

  • Speaker #0

    C'était le meilleur oui ?

  • Speaker #1

    C'était le meilleur oui de ta vie ? Finalement, ça m'a poussée à me dépasser. Oui. Ouais, ça m'a... Ça m'a poussée à me dépasser. Et finalement, je fais tout ce que je fais d'habitude, à savoir, on ne me fait pas passer par la grande porte, mais du coup, je suis passée par la fenêtre. Parce que le fait d'avoir ce Grand Prix de l'innovation, Innovation 2024 au Mondial de la beauté, ça va m'ouvrir d'autres portes.

  • Speaker #0

    Incroyable. Une visibilité,

  • Speaker #1

    peut-être aussi un prêt bancaire qui sert.

  • Speaker #0

    C'est possible.

  • Speaker #1

    Ça peut passer. Donc, plein d'autres choses que je n'aurais... Même pas imaginé. Wow.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu ne penses pas, Aminata, que parfois, juste, les grands noms de nos vies sont les meilleurs, on va dire, ce sont les grands moments de victoire, finalement. C'est un peu le trampoline de nos plus belles victoires.

  • Speaker #1

    Je pense qu'on n'a rien sans échec.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    On n'a rien sans échec. L'échec est un élément. pas perturbateur, mais galvanisateur.

  • Speaker #0

    Ah, waouh ! C'est puissant, ça. C'est puissant. Il faut qu'on se le dise. Et justement, dans ce parcours, j'ai parlé de rencontre fortuite. Pour moi, la rencontre fortuite, c'est quelqu'un, une personne qui ne va peut-être pas forcément faire partie de ta vie. Et vous avez eu un échange, un échange, un bâton rompu, j'en sais rien, moi, j'ai dit un truc comme ça. Et elle dit quelque chose, ça ne rend même pas compte. Mais pour toi, c'est comme le verre d'eau dans le désert. Cette personne te dit ce truc. Et tu te dis, punaise, et ça change radicalement le cours de ta vie. Est-ce que tu as comme ça en souvenir une personne ou une situation qui fait qu'aujourd'hui tu te dis, mais c'est entre autres grâce à ça que je suis là et même la personne ou la situation ne se rend même pas compte, on ne le sait pas.

  • Speaker #1

    Je pense que la personne le sait parce que je lui ai dit un jour, en fait c'est un de mes anciens patrons, Eric Bataille, je travaillais pour lui, j'étais alternante pour lui à l'époque, pour une de ses boîtes. Et je travaillais au marketing à l'époque. Et il me regarde un jour et il me dit « Mais Aminata, je veux juste que tu saches un truc, t'es une communicante, t'es pas une technicienne. » Et en fait, ce mot « communicante » , à l'époque, j'étais pas vraiment dans la com, mais j'ai creusé, j'ai cherché, et finalement, il avait raison. Parce que finalement, la communication, les médias, c'est là où je me suis épanouie le plus. Et c'est ce qui fait ma force aujourd'hui. Effectivement, je ne suis pas une technicienne. Demande-moi mes chiffres. Ça va être autre chose. Mais j'ai l'art de la parole, j'ai l'art de la communication. Je maîtrise les médias. Et je pense que c'est ce qui a fait que je m'en sors aujourd'hui, tout simplement. Et ça, c'est un truc qui m'a un peu suivie. C'est une phrase qui m'a suivie un peu tout au long de mon parcours professionnel. Et je remercie. Eric, finalement, de m'avoir...

  • Speaker #0

    Eric Bataille, si vous nous écoutez, nous vous disons merci.

  • Speaker #1

    Qui, finalement, il m'a ouvert les yeux sur ce que j'étais vraiment. Et après, ça a été fluide. Parce que j'ai été attachée de presse. J'ai été... Finalement, j'ai évolué dans tous les métiers de la com. Et c'est ce qui m'a finalement aidée et donné l'opportunité de créer Moussoya aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Tu as été attachée presse. Tu as fait quoi d'autre ?

  • Speaker #1

    Alors, j'étais attachée de presse, en fait. J'ai bossé pour une agence de communication financière. Donc, je faisais de l'achat d'espaces publicitaires sur des supports financiers comme les échos, investir, etc. Je faisais aussi attachée de presse. Donc, j'accompagnais les dirigeants dans leur training presse et toute leur comfi, en fait. On faisait de la rédaction de communiqués de presse, etc. Donc, J'ai baigné dans la finance, mais dans le monde de la communication financière, donc j'étais toujours dans la com.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Et c'est quelque chose qui m'a suivie et finalement qui m'a aidée et donné les armes pour créer Moussaia aujourd'hui.

  • Speaker #0

    D'accord. Et aujourd'hui, quelle est la personne Providence ? La personne Providence pour moi, c'est quelqu'un qui voit le grain de folie que tu as et qui t'ouvre la porte là-haut. personne d'autre ne l'aurait fait. Qui t'a donné ta chance ?

  • Speaker #1

    Je dirais peut-être les personnes Providence. Je pense que c'est les gens qui sont autour de toi. Autour de moi en l'occurrence. Il n'y en a pas beaucoup, il y en a peut-être 4 ou 5. Pas plus.

  • Speaker #0

    On les compte sur les doigts d'une main.

  • Speaker #1

    Et c'est des gens finalement qui croient plus en moi que moi-même. Et ces gens-là, c'est eux ma providence.

  • Speaker #0

    On va leur dire merci.

  • Speaker #1

    Ouais, c'est important. C'est important d'être, on disait tout à l'heure, d'être entourée de personnes qui croient plus en toi-même que toi-même.

  • Speaker #0

    Oui, exactement.

  • Speaker #1

    Et ouais, heureusement, il y en a.

  • Speaker #0

    Ah bah écoute, on leur dit merci. Et d'ailleurs, effectivement, en tant que femme noire, entrepreneur, quels sont les défis ? que tu, aujourd'hui, tu as encore, devant lesquelles tu es obligée de batailler ? Et quel est le conseil que tu donnes à toutes celles qui suivent ton chemin ?

  • Speaker #1

    Des défis, il y en a, il y en aura encore. Je pense que jusqu'à la fin, il y aura toujours des défis. Un des défis, par exemple, que j'essaie de relever en ce moment, justement, c'est par rapport au refus bancaire. On a souvent... On a tendance à dire que les 4 millions de personnes noires en France, c'est un secteur de niche. On n'est plus dans un secteur de niche, en fait.

  • Speaker #0

    4 millions, ce n'est plus une niche.

  • Speaker #1

    4 millions, ce n'est plus une niche. Tu sais, on ne peut même pas évaluer notre marché parce que les statistiques ethniques sont interdites en France.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait.

  • Speaker #1

    Donc, moi, je ne peux même pas aller voir une banque et dire, voilà, aujourd'hui, ma population, c'est ça. Parce que de toute façon, les chiffres n'existent pas. Donc voilà l'une des choses contre lesquelles je me bats encore au quotidien. On considère que mon produit est communautaire, etc. Enfin, aux États-Unis, ce n'est pas ce qui se passe.

  • Speaker #0

    Mais communautaire, et pourtant, ça s'adresse juste à une catégorie de personnes qui ont un certain type de... Je veux dire, tout le monde ne consomme pas du caviar, tout le monde ne consomme pas de la viande, tout le monde... Ça s'adresse juste à une cible, une cible bien précise. Puis même, ça veut dire quoi communautaire, selon toi ?

  • Speaker #1

    En fait, ça veut tout et rien dire, la communauté. Je ne sais pas, on peut être une communauté de femmes entrepreneuses, on peut être une communauté de femmes noires. En fait, le mot communauté, pour moi, ça ne veut rien dire. C'est juste une safe place, la communauté où tu te sens bien. et dans laquelle tu as envie d'évoluer, tout simplement.

  • Speaker #0

    Tout à fait.

  • Speaker #1

    Mais le problème, c'est qu'aujourd'hui, le mot communauté, c'est devenu un mot péjoratif.

  • Speaker #0

    En France ?

  • Speaker #1

    Oui, en France.

  • Speaker #0

    Et justement, pour rebondir là-dessus, tu as créé Moussouya. Moussouya, l'idée, c'était de, entre autres, de réconcilier finalement un petit peu. C'est une promesse pour moi, quand je vois un peu le storytelling de Moussouya. C'est une promesse pour toutes les femmes qui... me ressemblent de se réconcilier avec leur moi authentique. Quel est le message que tu leur donnes à toutes ces femmes, justement, ces jeunes filles, surtout, qui doutent de leur valeur ?

  • Speaker #1

    Le chemin est long. Très long. Mais au final, c'est gratifiant. C'est satisfaisant, c'est gratifiant. C'est difficile. Mais en fait, il faut persévérer, il faut rester naturel, tel que vous êtes.

  • Speaker #0

    Comment toi, tu as transformé l'essai ?

  • Speaker #1

    En restant moi-même, tout simplement. C'est comme quand j'ai écrit ce fameux post sur LinkedIn, je l'ai écrit en étant moi-même, tout simplement. Je pense que ça paraît bateau quand on dit ça, mais en fait, c'est vrai. Il faut juste rester soi-même. à partir du moment où t'es toi-même et que t'es à l'aise dans tes baskets ?

  • Speaker #0

    Est-ce que c'est ce que tu dirais à la petite Moussouya ? La petite Moussouya, la petite Damienette, c'est bizarre. Qui, justement, à l'époque, essayait de se conformer aux normes. Quel est le conseil que tu lui donnerais aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Patience. La patience est mère de vertu.

  • Speaker #0

    Et qu'elle est patiente quoi ? Elle est patiente pour avoir quoi exactement ?

  • Speaker #1

    Patiente. pour arriver. Tu arriveras quoi qu'il arrive à tes objectifs. Tu sais, moi, je me suis toujours, en fait, je visualise. Je voulais quitter ma famille, entre guillemets, avoir mon propre appartement, mon indépendance. Je l'ai eu. Ça a mis du temps, mais j'ai eu mon petit appart tout seul à Paris, avec mon job. Et la preuve en est, c'est que je ne pouvais même pas avoir de garance, que je gagnais plus que mes deux parents réunis. Donc, je n'avais même pas de garance. Donc, je suis tombée heureusement sur une nana qui a été sympa et qui m'a dit, bon, on va faire autrement. Mais j'ai eu cette indépendance que je voulais depuis longtemps. Et un des conseils que je peux donner à ces nanas... au nana en général, c'est de visualiser. Visualiser où vous voulez aller. Et encore une fois, vous ne passerez peut-être pas par la grande porte, par des chemins de traverse, mais visualiser. La visualisation, c'est hyper important. Parce que finalement, c'est l'objectif que vous allez vous fixer.

  • Speaker #0

    Aminata, tu es maman. On en a parlé un petit peu en off. Et je me suis dit, il faut quand même qu'on en parle. Comment tu fais pour jongler ? C'est peut-être une question bateau. Parce qu'on ne pose jamais cette question aux hommes. C'est bizarre. Mais comment tu fais pour jongler ta vie de femme entrepreneur, de maman ? C'est quoi trouver... être bien accompagnée ?

  • Speaker #1

    Je me demande encore comment je fais. Mais je pense que l'un des moteurs, c'est que j'ai un bon mari. J'ai un mari qui est incroyable.

  • Speaker #0

    Merci, monsieur le mari.

  • Speaker #1

    J'ai un mari qui est incroyable, qui fait partie. On parlait tout à l'heure de Jean, d'Ecosse. Voilà,

  • Speaker #0

    exactement.

  • Speaker #1

    Il en fait partie parce qu'il croit en moi, il croit en mon projet. C'est même lui, des fois, qui me pousse. Allez, vas-y, fais-ci, fais ça. Et ouais, je pense que c'est en partie grâce à lui, si je suis encore là. Et on gère tous les deux, le petit, on organise notre temps. Lui, il travaille le matin, donc c'est moi qui gère le matin. Il ne travaille pas l'après-midi, donc il reprend le relais l'après-midi avec le petit. Sinon, je ne serais pas devant toi.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu penses que pour une femme entrepreneur, c'est plus simple d'être en couple avec une personne également qui est entrepreneur ?

  • Speaker #1

    C'est plus simple. Parce que la personne comprend mieux les enjeux, peut-être les absences. Parce que c'est vrai qu'avec Moussoya, je suis clairement imbuvable. Il y a des jours où, surtout quand tu as beaucoup de stress, parce que nous, les femmes, on a la charge mentale familiale. Tu penses à ce que ton gosse va bouffer le lendemain, à prendre soin de ton foyer, à ton ménage, machin. Et moi, j'ai Moussoya aussi à côté. Donc, il faut que je cherche de l'argent, il faut que je prépare les dossiers dessus. C'est beaucoup psychologiquement pour une personne. Et des fois, ton cerveau, il sature. Et en fait, c'est important d'être avec quelqu'un qui va comprendre que tu passes par des moments de up et de down. Et le fait qu'il soit entrepreneur, forcément, ça facilite les choses.

  • Speaker #0

    En off, on a parlé du conjoint, du compagnon, de la personne qui t'accompagne, qui est responsable ou qui prend vraiment ses responsabilités. J'ai envie quand même qu'on partage ce petit moment d'aparté là, parce que j'ai trouvé ça extrêmement intéressant. Et je pense que pour des femmes entrepreneurs, ou même des femmes, pour moi, entreprendre, ce n'est pas forcément avoir un cirette, mais c'est toutes des personnes qui sont responsables de leur vie et qui visualisent des choses pour elles et qui font tout pour les avoir. C'est quoi la différence ? Est-ce que tu veux bien partager ça avec les auditeurs de We Talk ?

  • Speaker #1

    Oui, d'ailleurs, celle qui m'a dit ça, c'est Marine. Je suis sublime. On était au téléphone un jour, parce qu'on fait partie d'un collectif qui s'appelle les 6 tapreneurs. Et je lui racontais mes déboires et je lui disais que j'étais débordée et que c'était génial parce que mon mec faisait ci, ça, ça. Elle me dit oui, il fait, mais en fait, il prend ses responsabilités. Il ne t'aide pas. On pense qu'il y a deux types d'hommes. T'as le mec qui prend ses responsabilités et t'as celui qui t'aide vraiment. Celui qui... Prendre ses responsabilités va faire le job. Il va faire le job sans essayer d'aller plus loin. OK, il va garder l'enfant, mais par contre, il faut que la bouffe de l'enfant soit prête. Il ne faut pas qu'il ait à faire sa bouffe. Un mec qui t'aide vraiment, tu pars, tu laisses ton enfant, qu'il n'ait pas mangé ou quoi que ce soit. Tu sais que ton esprit va être tranquille, parce que le mec va tout faire de A à Z.

  • Speaker #0

    Et il recherche des hommes qui aident vraiment. en veut les hommes qui aident vraiment.

  • Speaker #1

    De toute façon, la société a changé. Aujourd'hui, je pense que nous qui sommes les mères d'aujourd'hui, on va élever les hommes de demain. Moi, c'est ce que je dis pour mon fils. Je dis, il est hors de question que j'élève mon fils pour que sa future femme m'en veuille. Parce que si demain, j'élève un homme qui ne fait pas à bouper, qui ne range pas son espace vital ou ne prend pas ses responsabilités plus, plus,

  • Speaker #0

    plus,

  • Speaker #1

    c'est à moi qu'elle va en vouloir. Elle va dire donc, tu n'as pas élevé ton fils, ton fils t'en a fait un pacha. Et le but, c'est d'élever mon fils pour que... il soit le compagnon d'une femme. Pas qu'une femme soit son esclave.

  • Speaker #0

    Wow, tu m'as donné des frissons. Tu élèves l'homme parfait, l'homme idéal en tout cas. L'homme idéal que beaucoup de femmes rêvent d'avoir. Est-ce que, quelle est l'actualité de Moussaouia aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Alors, le MCB.

  • Speaker #0

    Franchement, bravo. J'ai envie de... J'applaudis, on n'entend pas, mais j'applaudis.

  • Speaker #1

    Donc forcément, on va surfer sur la vague et prendre le positif. Je t'avoue clairement, je ne sais pas ce que ça vaut, cette distinction. Mais j'ose espérer que ça nous ouvrira certaines portes. En tout cas, j'y travaille. Et cette distinction, finalement, m'a donné l'opportunité de continuer à croire en mon rêve. Je pense que c'est une chance et c'est un encouragement. C'est une manière de dire, OK, ton produit existe, il est là, il est top. On t'encourage à continuer, on t'encourage à développer. Ça ne veut pas dire que ce sera facile, mais en tout cas, ça me donne de l'espoir. Et ça, c'est important parce que sans espoir, on n'avance pas.

  • Speaker #0

    C'est bien dit. En fait, au final, dans un projet, de ce que moi je retiens, c'est... il y a des ups, il y a des downs, parfois dans les downs plus profonds, pour te permettre de continuer, d'avancer, d'y croire. Il va aussi y avoir des événements très positifs, comme le prix que tu as reçu, et qui te font comprendre que tu es sur le bon chemin et que la petite secousse qu'il y a eu là, c'est juste une parenthèse pour pouvoir donner du relief à ton histoire, à ton storytelling. Et demain, tu vas pouvoir encourager d'autres femmes, d'autres hommes aussi. toutes les personnes qui se sentent concernées par ce chemin de vie-là. Quelle est ta définition de la réussite, du coup, avec ce recul, avec tout ça ?

  • Speaker #1

    C'est large comme question. Ce n'est pas facile. Parce qu'en fait, moi, j'ai réussi à changer ma vie. Clairement, je suis issue d'un milieu qui ne m'aurait jamais prédestinée à être là où je suis. Normalement, à l'heure où je te parle, je devrais peut-être être la co-épouse de quelqu'un. J'aurais déjà 4-5 enfants. Voilà la vie à laquelle on me prédestinait à la base. Mais j'ai réussi à changer la donne. Donc quelqu'un qui a réussi à changer sa vie, pour moi, ma vie en elle-même, c'est une réussite. Wow ! Parce que je ne serais pas là. Si je n'avais pas décidé de me dépasser, si je n'avais pas décidé d'aller... à l'encontre de ce que je suis, même à l'encontre de ma propre famille. Voilà, je ne serai pas là aujourd'hui. Je n'estime pas avoir réussi, parce que le mot réussite, en fait, c'est propre à chacun. Mais je reviens de loin.

  • Speaker #0

    Et on peut déjà dire que c'est une belle réussite.

  • Speaker #1

    C'est une belle avancée.

  • Speaker #0

    Quel est ton plus grand rêve, Aminata ?

  • Speaker #1

    Waouh ! J'en ai tellement, j'en ai tellement. Élever mon fils dans un monde où il ne connaîtra pas la faim, où il ne connaîtra pas les difficultés, que j'ai pu moi connaître, parce que ce n'est pas évident. Quand tu pars de chez toi à 18 ans, sans bagage ni quoi que ce soit, c'est compliqué, j'aurais pu tourner mal. Mais heureusement, j'ai rencontré des gens sur mon chemin. qui ont été bienveillants. Donc peut-être que mon plus grand rêve aujourd'hui, ce serait de donner les chances à mon fils que je n'ai pas eues. Un de mes plus grands rêves aussi sera un monde où la femme noire serait reconsidérée comme une beauté à part entière, comme à l'époque de l'Antiquité, où ça l'était. Parce qu'à cette époque, les femmes noires étaient des modèles de beauté et j'ai envie qu'aujourd'hui, on y revienne. C'est important. pour nous redonner confiance. Voilà, je pense que...

  • Speaker #0

    C'est un très très beau rêve.

  • Speaker #1

    Un rêve où on serait...

  • Speaker #0

    Voilà, on n'est pas des Miss France, mais... Ok, écoute, moi je suis complètement, je partage ton rêve pour toutes les femmes, femmes noires, petites filles, qu'elles s'aiment et qu'elles s'acceptent telles ou telles. Et un monde où ma nièce ne viendra pas me dire j'ai envie d'avoir des cheveux lisses, où elle se dit juste mais je suis belle. Et l'autre aussi est belle avec sa différence. En fait, on est toutes belles et beaux dans ce que l'on est. Ce n'est pas un vœu pieux, on n'est pas dans un monde de bisounours et en tout cas c'est un vœu qui est sincère. Aminata, on arrive à la fin de We Talk, de cet épisode. Déjà, on a tellement bien parlé, tu t'es tellement transportée. Ça veut dire que tu t'es sentie très bien. Comment tu t'es sentie d'ailleurs ?

  • Speaker #1

    Ici, on est dans une safe place, tout simplement. Tu sais, je ne parle pas de moi. Il y a beaucoup de choses qui vont surprendre les gens dans ce que j'ai dit. Je ne parle pas souvent de mon passif. J'en parle très, très peu. C'est l'une des premières fois, voire la première fois que j'en parle.

  • Speaker #0

    J'en suis honorée.

  • Speaker #1

    Et ouais, c'est important. Je pense que c'est important que les gens me connaissent un petit peu plus. Et je voulais aussi parler d'un sujet qui n'a rien à voir, mais je pense que c'est important. Il y a quelques années, j'ai fait un don d'ovocytes. En fait, j'ai donné mes ovules pour permettre aux femmes noires qui n'avaient pas la possibilité d'avoir des enfants de réaliser leurs rêves. Et je voudrais juste lancer un appel à toutes mes sœurs, à toutes les femmes noires qui se sentent concernées, qui ont envie de faire un geste pour aider d'autres sœurs tout simplement qui sont dans cette situation. Vous pouvez changer la donne à votre niveau. N'hésitez pas à vous renseigner sur le don de vos sites. Vous pourrez changer certaines vies.

  • Speaker #0

    Wow, là tu viens de me... déjà je reçois un truc en plein cœur comme ça, wow ! C'est beau, c'est moi qui vais pleurer à la fin. Ah mais c'est tellement beau, c'est d'une grande générosité. On n'en parle pas assez, on n'en parle pas du tout même. On oublie que beaucoup de femmes noires souffrent souvent d'endométriose. D'ailleurs, je ne sais pas pourquoi, de fibromes, encore plus que d'autres. Et que c'est une source d'infertilité profonde. Et voilà,

  • Speaker #1

    il faut donner. Ce n'est pas un geste comme le don de spermatozoïdes, qui est un geste finalement un peu mécanique. C'est un peu plus compliqué, parce qu'il va falloir être sous hormones, etc. Se faire ponctionner, ça nécessite une préparation physique et psychologique qui n'est pas évidente, mais ça peut littéralement changer la vie de certaines personnes. Moi, je sais ce que c'est, parce que je suis issue d'une culture où... Quand une femme n'a pas d'enfant, elle n'est pas considérée comme une femme.

  • Speaker #0

    Tout à fait.

  • Speaker #1

    Et ça, c'est dégueulasse. Donc, faire ce geste, ça a été juste une évidence. Ça a été pour moi un moyen d'aider mes sœurs et de dire non, vous n'êtes pas seules. Si je peux aider à mon échelle, je le fais.

  • Speaker #0

    Donc,

  • Speaker #1

    les filles, faites-le. Renseignez-vous, faites-le.

  • Speaker #0

    Wow. Écoute, je n'aurais pas pu dire mieux. Avec ça, c'est le mot de la générosité de la fin. Pour quelles raisons regarderais cet épisode, ton épisode de weTalk avec, enfin cet épisode de weTalk avec toi, Minata Doukouré ?

  • Speaker #1

    Pourquoi les gens devraient regarder ?

  • Speaker #0

    Cet épisode, oui.

  • Speaker #1

    Waouh, pour plein de raisons. Pouvoir se dépasser. Je pense que c'est important pour accomplir, quand on a une vision, pour concrétiser cette vision, c'est important de se dépasser et... Je le répète encore, moi, je n'étais pas du tout prédestinée à faire carrière dans la finance et à monter ma boîte aujourd'hui, vu d'où je viens. Donc, si je vais réussir à changer ma vie et en tout cas, si des gens veulent changer leur vie ou en tout cas en avoir les prémices, je vous invite à écouter.

  • Speaker #0

    Et c'est le mot de la fin. Merci beaucoup d'avoir écouté cet épisode de We Talk. Il a retrouvé sur toutes les plateformes d'écoute de podcast. Spotify, j'en perds mes mots, Deezer, Apple Podcasts, YouTube pour la version filmée. Et bien sûr, rejoignez la communauté WeTalk sur les réseaux sociaux LinkedIn, TikTok et Instagram. Très, très belle journée ou soirée. En tout cas, portez-vous bien et à bientôt. Bye bye.

Chapters

  • Introduction au thème de l'échec et de la réussite

    00:07

  • Présentation de l'invitée : Aminata Doukouré

    01:01

  • Le parcours d'Aminata : enfance et identité

    01:54

  • Création de Moussouya : un rêve devenu réalité

    03:44

  • Les défis de l'entrepreneuriat et le refus de prêt bancaire

    04:18

  • L'importance de la résilience et du soutien communautaire

    04:43

  • Réactions de l'entourage et perception de l'échec

    05:50

  • Définition de l'échec et de la réussite pour Aminata

    07:30

  • Les rêves et aspirations d'Aminata pour l'avenir

    09:00

  • Conclusion et message aux auditeurs

    10:40

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Description

Cher. e Talker,


As-tu déjà pensé à quitter une carrière stable pour suivre ta passion et créer un impact positif dans la vie des autres ?


Dans cet épisode de weTalk le podcast, Nicole Ewek reçoit Aminata Doucouré, une entrepreneuse inspirante qui partage son parcours atypique et les défis qu'elle a surmontés. D'origine malienne et ivoirienne, Aminata évoque son enfance en France, les luttes liées à son identité et la détermination qui l'a poussée à fonder Musoya, une marque dédiée aux femmes afrodescendantes.


Aminata nous raconte comment elle a transformé ses échecs en opportunités, notamment après un refus de prêt bancaire qui aurait pu la décourager. Elle souligne l'importance de l'authenticité, de la résilience et de la détermination dans son parcours entrepreneurial. Cet épisode de weTalk le podcast est bien plus qu'une simple conversation ; c'est une véritable ode à la force féminine et à l'acceptation de soi.


Au fil de l'épisode, Aminata aborde des sujets sensibles comme le racisme systémique et les défis spécifiques auxquels les femmes noires font face dans le monde des affaires. Elle encourage toutes les auditrices à embrasser leur beauté et leur singularité, et à ne jamais laisser les obstacles entraver leur chemin. Les histoires d'Aminata résonnent profondément et nous rappellent que chaque défi peut être une opportunité déguisée.


En écoutant cet épisode de weTalk le podcast, tu découvriras des conseils pratiques pour naviguer dans le monde de l'entrepreneuriat, tout en cultivant une communauté solidaire. Aminata incarne la force de la détermination et nous montre qu'il est possible de réaliser ses rêves, même face à l'adversité. Ne manque pas cette conversation enrichissante qui te motivera à prendre des initiatives audacieuses et à croire en toi.


Alors, prêt. e à plonger dans l'univers inspirant d'Aminata Doucouré ?


N'hésite pas à te joindre à nous pour une discussion qui promet d'éveiller ta créativité et ta passion. Pour s'abonner, partager, liker, commenter et rejoindre la communauté weTalk sur instagram et Linkedin.




Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et à tous, je suis Nicole Ewek et tu écoutes weTalk, le podcast qui transforme l'échec en réussite. Pourquoi un sujet sur l'échec ? Tout simplement parce que j'ai fait un constat, c'est qu'en France, on n'a pas droit à l'erreur. Et pourtant aux Etats-Unis ou en Angleterre, c'est un concept qui est complètement vulgarisé puisque échouer veut dire qu'on en a osé. Et qu'est-ce qu'il y a de plus beau que d'oser dans la vie ? C'est la raison pour laquelle avec weTalk, je prends un peu les choses à rebours. Je donne la parole à des personnes au parcours atypique et authentique Merci. qui viennent me dire fièrement comment ils ont transformé les erreurs, les épreuves, les échecs de leur vie en opportunités pour réussir. Car qu'est-ce que la réussite ? Si ce n'est le fait de se relever quand on est tombé et de rester en mouvement quoi qu'il arrive. Cet épisode de We Talk est à retrouver sur toutes les plateformes d'écoute de podcast, Deezer, Spotify, Apple, YouTube pour la version vidéo. Et bien sûr, rejoignez-nous sur la communauté weTalk sur Instagram et LinkedIn. Mon invité du jour, c'est une femme, une battante. une entrepreneur courageuse. C'est Aminata Doukouré. Je suis tellement fière de te recevoir sur le plateau de WeTalk. Merci d'avoir accepté mon invitation. Comment vas-tu, Aminata ?

  • Speaker #1

    Merci à toi de me recevoir aujourd'hui, Nicole. Ça me fait très plaisir d'être là. Écoute, ça va, ça va. Ça allait moins il y a quelque temps.

  • Speaker #0

    Maintenant, ça va beaucoup mieux.

  • Speaker #1

    Mais maintenant, ça va beaucoup mieux.

  • Speaker #0

    D'accord. Il y a une petite... On va dire, avant qu'on ne rentre dans le vif du sujet. J'aime présenter mes invités aux auditeurs de WeTalk à travers un conte que j'ai écrit rien que pour eux. Alors, c'est une photo à l'instant T. C'est comme un film où tu es l'héroïne. Ces mots n'engagent que moi, mais on va dire que c'est comme ça que moi je t'ai perçue. Et c'est comme ça que je t'offre, disons, ce beau cadeau.

  • Speaker #1

    Top !

  • Speaker #0

    Est-ce que tu es prête à l'écouter ?

  • Speaker #1

    Je suis prête.

  • Speaker #0

    Il était une fois une femme au cœur immense, une battante au courage inébranlable. Aminata Doukoure est une princesse malienne et ivoirienne et son histoire résonne comme une légende. Née en Côte d'Ivoire, elle porte en elle les racines profondes de sa terre natale. Cependant, à l'âge de 3 ans, elle est arrachée à ce sol chaleureux quand ses parents décident de s'installer en France. Dans ce nouveau monde, la petite Aminata découvre bien vite que la différence peut peser lourd. À l'école, sa peau, ses cheveux, ses traits sont souvent regardés avec méfiance ou incompréhension. Ce monde la pose doucement, mais sûrement à l'âge de 3 ans. à se détourner de ce qui fait d'elle une reine unique. À l'adolescence, le miroir devient son ennemi. Pour s'intégrer, elle lisse, transforme, camoufle. Elle veut ressembler à ses amis, à ces figures de beauté qui peuplent les magazines, ces standards qui, elle le pense, la rendront enfin acceptable. Puis un jour, elle entreprend ce voyage dans son pays d'origine qui va changer le cours de sa vie. Ce séjour réveille en elle un feu qu'elle croyait éteint, car assise au coin du feu, sous le ciel étoilé de la... De sa terre d'enfance, elle écoute sa grand-mère, cette femme sage dont les mots résonnent encore en la femme qu'elle deviendra. Elle lui parle de musouya, cette essence féminine que chaque femme porte en elle. Ce trésor caché que le monde moderne tente parfois de faire taire est la clé de la puissance d'une femme. Sa grand-mère lui montre que cette féminité est sa force et que pour s'accomplir, elle doit la retrouver, la chérir. Aminata, qui est alors la fleur de l'âge, reçoit ces paroles comme un verre d'eau en plein désert. Car... Notre princesse se pose depuis toujours une multitude de questions sur sa place en tant que femme noire africaine au sein de la société française. De retour en France, Aminata sent ce feu grandir en elle. Elle n'est plus la même, ce voyage a bouleversé son âme. Elle décide alors de quitter son emploi sécurisé, de tourner le dos à sa carrière prometteuse dans la finance pour suivre son rêve, créer Moussouya, une marque dédiée aux femmes comme elle. Ces femmes qui pendant trop longtemps ont été invitées à nier leur propre beauté, la terre leur singularité. Moussouya n'est pas seulement une marque de cosmétiques capillaires pour cheveux à faux, c'est un appel à renouer avec soi-même, à embrasser son authenticité. Chaque produit est une promesse de réconciliation. Un hommage à cette féminité ancestrale que tant de femmes ont trop longtemps cherché à masquer. Mais le chemin de l'entrepreneuriat n'est pas un compte de fait sans obstacle. Et comme dans toute belle histoire, un défi inattendu se dresse sur sa route. Le refus d'un prêt bancaire. Un coup dur qui aurait pu abattre n'importe qui. Mais pas Aminata. Elle ressent la douleur de cet échec. Elle vacille, mais elle ne tombe pas. Elle sait que les échecs ne sont pas des fins en soi, mais des marches à gravir. Ses rêves chancellent peut-être, mais ils ne s'éteignent pas. Aujourd'hui, Aminata est là, plus déterminée que jamais. Car dans son cœur brûle toujours ce moussoya, cette force qui fait d'elle une femme unique, puissante et inarrêtable. Elle n'est pas seulement une entrepreneur, c'est une porteuse de lumière, un guide pour toutes ces femmes qui, à leur tour, cherchent leur chemin vers elles-mêmes.

  • Speaker #1

    Wow, tu vas me faire fleurer.

  • Speaker #0

    Je crois qu'il faut que tu prennes les mouchoirs.

  • Speaker #1

    Ouais, c'est fort. C'est très, très fort. Franchement, tout est dit. Tout est dit. Je ne sais même pas quoi dire. Bravo, c'était très touchant. C'était puissant. Merci. C'était moi, en fait. Tu t'as touchée vraiment dans le mille.

  • Speaker #0

    Bravo. Merci. J'aime bien faire cet exercice. J'aime bien fouiller, fouiner et trouver la raison de l'histoire de chacun de mes invités. On va rentrer dans le vif du sujet. Allons-y. Tu as quitté ton emploi stable pour lancer Moussouya, ta marque de produits capillaires pour cheveux afro, pour femmes afro. Et à quel moment tu as su... que ce projet, ce rêve valait la peine de prendre un risque pareil, de quitter la stabilité, une carrière prometteuse. Qu'est-ce que tu as ressenti ? Le cheminement, les questions ? Pour arriver à une telle conclusion que ça valait la peine de tout quitter et de prendre ce risque-là ?

  • Speaker #1

    Je n'avais aucune certitude. Aucune. Je savais juste qu'au bout d'un moment, je ne me sentais pas à ma place. dans la société dans laquelle j'évoluais. Pourtant, tout se passait très bien. Mais il manquait quelque chose. En fait, Moussoya, comme je l'ai dit tout à l'heure, c'est vraiment... Je cherchais à créer plus qu'une marque, vraiment une marque éthique à impact positif avec des codes qui rassemblent les femmes afrodescendantes. Et ça, je... En fait, c'est ça Moussoya. C'est ce que j'ai essayé de créer à travers Moussoya. Et voilà, je ne me suis pas vraiment posée de questions. La société évolue, la société change. Donc je me suis dit, pourquoi pas être une des actrices de ce changement-là si je suis dans cette position, c'est qu'il y en a d'autres femmes qui sont dans cette position. Et ça a été une évidence.

  • Speaker #0

    Donc en fait, l'évidence est venue en cheminant au final. C'est ça. Quelle a été la réaction de ton entourage, de ta famille ?

  • Speaker #1

    Ça, c'est la question à deux millions. Parce qu'en fait, je ne l'aurais pas dit.

  • Speaker #0

    Ah oui, d'accord. Tu as fait des cafetries à ta mère.

  • Speaker #1

    Je l'aurais fait à tous les gros cafetries, à tout le monde. En fait, quand j'ai quitté mon job, je ne l'ai dit à personne. Parce que si je l'avais dit, ma mère en aurait fait une syncope. Donc, nous, on quitte notre terre natale pour venir en France. Et toi, tu quittes ton emploi stable dans la finance pour aller faire coiffeuse ?

  • Speaker #0

    Wow, oui, effectivement.

  • Speaker #1

    Je pense qu'ils n'auraient pas compris. Tu connais nos parents et leur affaire de sécurité. Donc, quelque part, si je ne leur ai pas dit, ce n'était pas spécialement pour leur faire des cachoteries, c'était plutôt pour les préserver. Pour éviter qu'ils se fassent un sang d'encre. Surtout ça, c'était pour les préserver. Et je pense qu'ils n'auraient pas compris. Bien sûr, c'est ce qui fait aussi qu'on est dans des... Moi, je suis issue d'une famille... D'immigrés, bien sûr, où le travail a toujours été un moteur. Donc dire à ces gens-là que je quitte le moteur pour aller dans une pirogue ?

  • Speaker #0

    Alors qu'eux, ils estiment qu'ils ont quitté la pirogue pour te donner la sécurité.

  • Speaker #1

    Exactement. Ce serait très, très mal passé. Et j'ai gardé le secret pendant deux ans. Je ne l'ai pas dit pendant deux ans. Et c'est en fait quand j'ai lancé ma campagne, post-campagne de crowdfunding, qu'ils l'ont appris. En fait, je ne leur ai même pas dit de ma bouche. Ils l'ont appris de but en blanc.

  • Speaker #0

    Mais toi, tu es folle. On ne fait pas ça en Afrique.

  • Speaker #1

    Oui, on ne fait pas ça.

  • Speaker #0

    Ah oui, d'accord. Donc, ils l'ont appris. Et quand ils ont su, qu'est-ce qu'ils se sont dit ?

  • Speaker #1

    En fait, je ne leur ai pas laissé le choix. Ils ont vu que j'étais déjà dedans. Il n'y avait pas de marche arrière possible. Après, ils ont vu que la campagne avait pas mal fonctionné. Ça, ça a été un élément qui les a rassurés. Et en fait, ils voyaient les choses, que les produits existaient, que je faisais des salons, etc. Donc forcément, ça concrétise un petit peu plus la chose. Et puis, on est issu de cultures où l'entrepreneuriat n'est pas valorisé, en fait, quelque part. Nos parents n'ont pas ce mindset. qu'on a appris ici en France. Donc c'est compliqué pour des gens comme ça de se dire « Bon, allez, on lui fait confiance, on va l'aider financièrement. » Non, ça n'existe pas.

  • Speaker #0

    D'accord, ok. Et est-ce qu'ils ont... Aujourd'hui, avec du recul, qu'est-ce qu'ils disent de ton parcours ? Est-ce qu'ils sont fiers de toi ?

  • Speaker #1

    Même s'ils sont fiers, je pense qu'ils ne le diront pas. Parce que je suis issue d'une culture où il y a pas mal de tabous. On ne dit pas je t'aime comme ça. Je pense que ça se voit quand ils me posent des questions. Alors quand ils me voient faire des gros salons comme la NHA ou la Foire de Paris, forcément, ça les impressionne. Mais ils ne mettent pas de mots dessus.

  • Speaker #0

    D'accord. Il y a une autre manière d'exprimer la fierté. D'accord. On a un lien un petit peu. Toi, aujourd'hui, qu'est-ce que tu dis de toi ? Comment tu te présentes, toi, aux auditeurs de WeTalk ?

  • Speaker #1

    Alors moi, je suis une petite nana à l'aise dans ses baskets, qui a juste décidé d'entreprendre pour rendre ses produits accessibles à un maximum de femmes. Oui. Tout simplement.

  • Speaker #0

    D'accord. Et donc, dans ton chemin d'entrepreneuriat, il y a eu le refus de ce prêt bancaire.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Un séisme, j'ai envie de dire. Comment est-ce que tu fais aujourd'hui, Aminata, pour continuer d'y croire et d'avancer alors que tout... tout autour de toi était ébranlé ou il n'y avait que des freins ? Est-ce que tu as fait appel à une expérience antérieure ? Est-ce qu'il y a une voie intérieure qui t'a poussé à avancer même malgré, finalement, ce tremblement de terre, ce séisme pour toi, dans ta vie ?

  • Speaker #1

    Alors, ça a été un vrai tsunami. En fait, j'étais tellement « sûr » de moi. On avait fait un beau chiffre d'affaires à la NHA, à la Foire de Paris, et c'était vraiment la première expérience.

  • Speaker #0

    La NHA en précise ?

  • Speaker #1

    La Natural Hair Academy. C'est un forum ? C'est un salon qui regroupe tous les acteurs de la beauté noire, capillaire, skin care, etc. C'était notre premier salon, nos premiers salons avec la Foire de Paris. Et en fait, j'étais forte, moi, de cette expérience. Je me suis dit, attends, on a fait des chiffres d'affaires de dingue. Le dossier bancaire est prêt, donc c'est la preuve que le marché est prêt, qu'il y a une appétence au niveau du produit, etc. Donc, j'étais très surprise d'avoir ce refus bancaire malgré toutes ces preuves. Oui. Et en fait, ça a été... Et j'ai rédigé le...

  • Speaker #0

    Le fameux post sur LinkedIn.

  • Speaker #1

    Sur LinkedIn, avec toute ma colère et ma frustration, finalement. Et en fait, ça a pris. Parce qu'il y a beaucoup, beaucoup de gens. Tu m'as demandé tout à l'heure, oui, qu'est-ce qui a fait que tu t'es relevée ? En fait, c'est les gens. C'est l'impulsion, la force que m'ont donné ces gens. Les messages sous le post et qui ont continué encore longtemps. les messages de soutien, les messages d'espoir, les messages de la communauté. Il y avait des messages qui étaient un peu plus vindicatifs que d'autres, mais la majorité des messages étaient ultra positifs.

  • Speaker #0

    Justement, en parlant de ces messages un peu vindicatifs, justement, c'était des gens qui ont, dans ton poste, juste pour mettre un petit peu le contexte, tu as parlé des biais racistes que l'on peut rencontrer dans le milieu bancaire et pas que, qui font souvent qu'à cause des origines, On n'obtient pas, on n'a pas accès à tous les droits comme tout le monde. Parce que noir, parce qu'africain, parce que ci, parce que ça. Que réponds-tu à ces gens-là qui ont juste dit, ben non, il n'y a pas de racisme, c'est ton dossier qui était mal ficelé ou ton projet qui n'est pas encore mature pour pouvoir être accompagné par la banque. Que leur dis-tu ? Ceux qui renient complètement ces biais-là.

  • Speaker #1

    De regarder les chiffres, en fait. Tout simplement, il faut savoir que plus de 60% des refus... de prêts bancaires sont les femmes, les personnes issues de minorités et de la diversité. C'est tout. Il faut juste regarder les chiffres. Les chiffres ne mentent pas. Donc, ces gens-là, ce que je leur dirais, deux choses. Déjà, regardez les chiffres et en plus, vous n'êtes pas à notre place. Vous ne pouvez pas comprendre, vous ne pouvez pas savoir. C'est comme les gens... Oui, je suis parastique, j'ai un ami noir, en fait.

  • Speaker #0

    Oui, la super phrase.

  • Speaker #1

    Non, mais en fait, ça ne marche pas comme ça. Je pense que même les gens qui estiment ne pas être racistes font partie d'une sorte de racisme systémique qui fait que finalement, les choses n'évoluent pas. Tu l'as dit tout à l'heure, on n'est pas aux Etats-Unis. Pourquoi aux Etats-Unis, l'échec est considéré comme quelque chose de positif, alors qu'ici, l'échec, tu es au fond du trou ?

  • Speaker #0

    Oui, on te fait comprendre que tu n'es rien.

  • Speaker #1

    Je pense que c'est typiquement français. C'est notre société qui veut ça. Ce n'est pas pour rien que c'est beaucoup plus compliqué d'entreprendre en France que dans d'autres pays. Ce n'est pas pour rien qu'en France, il y a une espèce de clivage et d'hypocrisie. ambiante qui fait que les choses n'avancent pas.

  • Speaker #0

    Et toi, en quoi le racisme, justement, a impacté ta vie ? Est-ce que tu estimes que cet événement-là a eu lieu parce que, finalement, c'était un produit qui s'adressait qu'à des femmes noires, parce que peut-être la porteuse de Progène, même, elle est noire ? Comment est-ce que toi, tu as vécu le racisme ? Est-ce que tu l'as souvent vécu de manière systémique dans ta vie, même en dehors de Moussouya ? Et comment tu, à chaque fois, rebondis face à ça ?

  • Speaker #1

    Alors, pour la petite anecdote, moi, je me suis rendue compte que j'étais différente. En fait, c'est les gens qui m'ont fait comprendre que j'étais différente. Ça arrivait un jour, on était en famille, je devais avoir peut-être 7-8 ans. Je vais demander un truc à la voisine. qui était blanche et qui dit, son conjoint qui était au fond, qui dit « Ah, c'est qui ? Ah, c'est la petite noire au fond du couloir, qui habite au fond du couloir. » Et en fait, là, je suis restée finie. La petite quoi ? En plus, elle l'a mal dit, elle est la petite noire. Et en fait, c'est là que ça a fait tilt. En fait, on me qualifie, voilà comment je suis perçue par rapport... Aux yeux des gens, en fait. Donc, ça a été ma première expérience face au racisme. En fait, ce n'était même pas du racisme, parce que la nana nous aimait bien, c'était du bon voisinage. Mais voilà, c'est ce racisme systémique, tu vois, tu ne peux pas...

  • Speaker #0

    Qui te renvoie...

  • Speaker #1

    À ta couleur de peau. Même si c'est vrai, je suis noire, oui. Mais en fait, quand tu dis ça à un enfant qui a grandi dans les années 90, où ce n'était pas la mode d'être noire, il faut se le dire. Ouais, ça fait quelque chose. Franchement, ça fait quelque chose. Donc, j'ai grandi quelque part. Je pense qu'à partir de ce moment-là, j'ai voulu me fondre dans la masse.

  • Speaker #0

    D'accord. Et donc, après, tu...

  • Speaker #1

    C'est ça, j'ai voulu évoluer en étant une femme noire, mais une femme noire, tu vois...

  • Speaker #0

    Qui est acceptée. par les conventions de la société française.

  • Speaker #1

    L'issue du rapport.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Je me suis jetée dans les études. J'ai fait ci, j'ai fait ça. Voilà, il fallait que je sois comme tout le monde.

  • Speaker #0

    D'accord. Et ça veut dire quoi, être comme tout le monde ?

  • Speaker #1

    Faire partie de la norme, que ce soit au niveau social. Donc voilà, j'ai fait des études. Je ne voulais pas être... La black, comme ils disent eux-mêmes, de base, issue de l'immigration, qui se retrouve avec tous les stéréotypes qu'on connaît. Ouais, je voulais être quelqu'un de respectable, qui a fait des bonnes études, qui est indépendante, qui suit les dictats de beauté occidentaux. C'est ce qui a fait qu'à un moment, je me suis perdue. Ouais, je me lissais les cheveux. Ouais, je voulais être... tout le contraire de ce que je suis aujourd'hui. Et pourtant, moi je suis arrivée en France à l'âge de 3 ans, parce que je suis née en Côte d'Ivoire, et je suis tombée amoureuse de cette culture, finalement française, qui m'a donné les armes et la possibilité de faire des choses que je n'aurais peut-être pas pu faire dans mon pays d'origine. J'ai un papa qui est soninqué, j'aurais pu être mariée à 16 ans. Je suis issue d'une famille polygame où l'avenir d'une fille, c'est se restreindre, être mariée, faire des enfants. Et en fait, je voulais sortir de ça très, très, très vite. Donc, ça m'a poussée à me dépasser finalement, à faire des études, avoir une carrière dans la finance et me fondre dans la masse.

  • Speaker #0

    Te fondre dans la masse. D'accord. Et qu'est-ce qui fait qu'à un moment, on se dit... On essaie de se fondre, mais on n'y arrive quand même pas. On essaie de lisser, mais visiblement, on est trop différent et on nous voit quand même tel que l'on est.

  • Speaker #1

    Moi, je me considère un peu comme ayant, excuse-moi du terme, le cul entre deux chaises.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Très fière de mes origines africaines. Mais aussi, je suis très fière de mon côté français, tu vois. J'aime le bon vin, j'aime le fromage. Voilà, j'ai appris à vivre avec ça. Mais c'est vrai que ce n'est pas toujours évident, parce que tu as un côté schizophrénie culturelle. Tu dis, mais ouais, je parle Bambara, ma langue maternelle. Il faut que mon fils parle aussi cette langue. Mais il faut qu'il soit bon en français. Tu vois, en fait, tu essaies de choper un peu ce qui t'arrange dans les deux cultures. Et ce n'est pas évident. Ce n'est pas évident tous les jours.

  • Speaker #0

    Et donc, tu dirais que tu es dans une forme de schizophrénie parfois identitaire ?

  • Speaker #1

    Culturelle. C'est de la schizophrénie culturelle. Et je pense que je ne dois pas être la seule dans ce... C'est mon psy qui m'a sorti ça.

  • Speaker #0

    D'ailleurs, qu'est-ce qu'il dirait ton psy si on lui posait la question aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Oh, il dirait que je fais mon chemin, que je viens d'un milieu qui n'est pas facile. Forcément, toi, à l'école, on te dit que c'est un papa et une maman. Et à la maison, tu vois que c'est deux mamans et un papa.

  • Speaker #0

    Et d'ailleurs, comment on vit ça, la polygamie ? Là, tu vois, je suis un total... Je vois, tu m'as donné des pistes, des choses. Et la polygamie, justement, comment la vie se construit en tant que femme ? Moi,

  • Speaker #1

    j'ai subi la polygamie de mes parents. Je ne comprenais pas. Parce que, comme je t'ai dit, à un moment, j'ai voulu rentrer dans la masse. Donc, quand tu rentres dans la masse à 7-8 ans, et qu'on t'apprend à l'école qu'il y a certains codes, mais à la maison, il y en a d'autres, forcément, cette schizophrénie, elle est encore plus exacerbée. Donc, ça a été un long chemin. compliqué. Ma famille n'a pas compris. Ouais, t'es différente. Non, je ne suis pas différente. J'ai juste envie de sortir de ma condition. Je n'ai pas envie d'être finalement relayée à mon rôle de femme. Tout simplement. Je pense que je vaux mieux que ça. On vaut tous mieux que ça. Donc, le seul moyen de m'en sortir, c'est de m'en donner un moyen.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce qui te met sur cette piste ? Est-ce qu'il y a un élément déclencheur pour que tu te... Tu regardes ce qui se passe à la maison, tu regardes ce qui se passe à l'extérieur et tu arrives à faire ce choix de te dire je veux sortir de ça. Est-ce que tu n'as pas eu peur à un moment de te dire mais je renie qui je suis, je renie mes origines, j'ai honte de ma culture ?

  • Speaker #1

    Forcément, la question s'est posée à un moment ou à un autre. Est-ce que je me perds dans les méandres de ma schizophrénie ? Mais en fait, tu sais, tu chasses le naturel et il revient toujours au galop. Je suis habillée à l'européenne aujourd'hui, mais j'ai toujours des petits détails qui font que je n'oublie pas d'où je viens. En fait, il y a un proverbe que tout le monde connaît qui dit, de toute façon, si tu sais d'où tu viens, tu sauras où tu vas.

  • Speaker #0

    Exact.

  • Speaker #1

    Et c'est ce que j'ai essayé de garder en tête tout au long de mon parcours.

  • Speaker #0

    Justement, parlant de parcours, à We Talk, on parle d'échecs. Quelle est ta définition de l'échec, avec tout ce que tu as vécu et où tu en es aujourd'hui, Aminata ?

  • Speaker #1

    Moi, l'échec, à la base, c'est un truc qui me fait peur.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    J'ai une peur bleue de l'échec, et même encore aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Parce que, comme je t'ai dit, je suis ici d'une famille où, finalement, il fallait travailler. L'échec, on n'avait pas droit à l'erreur. Et en fait, j'ai ce besoin de reconnaissance. par rapport à mes parents, par rapport à mon vécu, qui fait que je ne me donne pas droit à l'erreur. Ce qui est finalement totalement biaisé, c'est que finalement, c'est l'échec qui fait avancer. Et demain, en éduquant mon fils, je me dis, si tu te plantes, ce n'est pas grave. Ce que j'aurais aimé qu'on me dise, si tu te plantes, ce n'est pas grave, tu vas te relever. Et je pense que c'est ce qui m'a fait aussi avancer, ce qui me rend déterminée, c'est que pour moi, l'échec, ça ne devrait même pas arriver.

  • Speaker #0

    Alors, ça ne devrait pas arriver ou c'est plutôt nécessaire pour y arriver ?

  • Speaker #1

    Alors maintenant, je me dis que c'est un travail. Tu sais, je pense qu'on ne finit jamais vraiment de travailler sur soi, etc. J'ai encore une peur bleue de l'échec. Mais je me dis, si tu ne passes pas par la porte, c'est pas grave, tu vas passer par la fenêtre. Un truc tout bête. Au début de mon parcours professionnel, je voulais... À la base, je suis une fan de jeux vidéo. Donc, je voulais travailler pour un éditeur de jeux vidéo. Donc, j'ai passé un entretien. Finalement, ce n'est pas passé. Mais j'ai réussi à travailler pour la boîte de com qui s'occupait de cette boîte, de cet éditeur de jeux vidéo. Donc, quelque part, j'ai réussi à travailler pour lui indirectement. En fait, toute ma vie, même si ça ne passait pas, j'essayais de contourner pour que ça passe autrement. Je pense que c'est ce qui m'a aidée à avancer, à affronter certains échecs.

  • Speaker #0

    Donc au final... même si tu ne t'en es pas rendu compte, mine de rien, un refus pour toi est une bonne occasion de pouvoir trouver le chemin détourné pour y arriver quand même. Final, c'est ce que tu me dis et c'est puissant, c'est fort quand même comme clé que tu peux donner. C'est-à-dire qu'on peut te dire aujourd'hui non, tu peux même tomber mais il y a un autre chemin, une autre voie, une autre issue que tu peux emprunter pour pouvoir atteindre ton objectif. tout simplement. Et dans cette continuité d'échecs, quel est le pire échec que tu as vécu ? Est-ce que c'est cette histoire de prêt bancaire ou est-ce qu'il y a quelque chose d'encore plus grand aujourd'hui et dont tu n'oses peut-être pas parler ? Comme on a WeTalk et que tout ce qui se dit à WeTalk reste sur WeTalk, est-ce que tu veux le partager ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est vrai qu'aujourd'hui, le plus gros échec, de toute façon, en tant qu'entrepreneur, tout le monde sait que l'argent, c'est l'air de la guerre. C'est vrai que jusqu'à présent, je travaillais en fonds propres.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Donc, j'étais arrivée à un point où si je n'avais pas une aide financière pour me développer encore plus, ça aurait été compliqué d'avancer, de développer Moussoya. Et en fait, quand c'est arrivé, je me suis dit mais ce n'est pas possible. Je n'ai pouvoir rien faire. Ils ne me laissent pas l'opportunité de montrer ce que je suis capable de faire. Donc, en fait, c'est terminé. Et donc, j'ai rédigé ce post. J'ai eu pas mal de messages derrière, de DM.

  • Speaker #0

    Je vous en ai vu le lire en plus. Oui,

  • Speaker #1

    enfin, oui.

  • Speaker #0

    Sur LinkedIn.

  • Speaker #1

    Il faut savoir que j'ai vraiment écrit ce truc avec toute ma colère et ma frustration.

  • Speaker #0

    C'est là où il y a les vérités qui sortent.

  • Speaker #1

    Voilà. Et en fait, la vague de soutien que j'ai reçue derrière, elle a été telle que je me suis dit, mais en fait, tu peux juste pas lâcher. Il y a même eu des ventes suite à ça. Ouais, il y a des gens qui m'ont dit, c'est quoi votre site ? Je vais aller acheter vos produits.

  • Speaker #0

    Tu m'annonces là, en fait, qu'à cause de ce refus, malgré ce refus même, grâce à ce refus et grâce à ton poste, Tu as eu quand même des ventes derrière.

  • Speaker #1

    Oui, il y a eu des ventes derrière et même encore, je ne sais même pas si ça a un rapport, mais peut-être l'univers, je pense que ça marche aussi par rapport au fait que tes actions ont des conséquences. Et en fait, il n'y a même pas deux semaines, le week-end, il y a deux semaines, Moussoya a été sacré meilleure innovation, catégorie shampoing. au MCB, au Mondial de la Coiffure et de la Beauté.

  • Speaker #0

    Wow !

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Je suis impressionnée, j'ai envie de t'applaudir, j'ai envie de dire bravo, c'est incroyable. Est-ce que tu dirais, parce que j'ai pour habitude de dire, parce que sur cette partie-là, j'appelle ça le true talk, on parle le vrai et je dis qu'on ne se fait pas tout seul, justement. Il y a des détracteurs, ceux qui te poussent dans des retranchements et qui te permettent de te challenger sur ton propre rêve. Il y a les rencontres fortuites, je t'expliquerai. Et puis il y a la personne de Providence, je t'expliquerai. principal détract, celui qui t'a poussé dans toutes tes limites, c'était finalement ce refus bancaire ?

  • Speaker #1

    Ouais, en fait, ça a démilité les choses. En fait, finalement, peut-être que ce non, c'est un mal pour un bien.

  • Speaker #0

    C'était le meilleur oui ?

  • Speaker #1

    C'était le meilleur oui de ta vie ? Finalement, ça m'a poussée à me dépasser. Oui. Ouais, ça m'a... Ça m'a poussée à me dépasser. Et finalement, je fais tout ce que je fais d'habitude, à savoir, on ne me fait pas passer par la grande porte, mais du coup, je suis passée par la fenêtre. Parce que le fait d'avoir ce Grand Prix de l'innovation, Innovation 2024 au Mondial de la beauté, ça va m'ouvrir d'autres portes.

  • Speaker #0

    Incroyable. Une visibilité,

  • Speaker #1

    peut-être aussi un prêt bancaire qui sert.

  • Speaker #0

    C'est possible.

  • Speaker #1

    Ça peut passer. Donc, plein d'autres choses que je n'aurais... Même pas imaginé. Wow.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu ne penses pas, Aminata, que parfois, juste, les grands noms de nos vies sont les meilleurs, on va dire, ce sont les grands moments de victoire, finalement. C'est un peu le trampoline de nos plus belles victoires.

  • Speaker #1

    Je pense qu'on n'a rien sans échec.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    On n'a rien sans échec. L'échec est un élément. pas perturbateur, mais galvanisateur.

  • Speaker #0

    Ah, waouh ! C'est puissant, ça. C'est puissant. Il faut qu'on se le dise. Et justement, dans ce parcours, j'ai parlé de rencontre fortuite. Pour moi, la rencontre fortuite, c'est quelqu'un, une personne qui ne va peut-être pas forcément faire partie de ta vie. Et vous avez eu un échange, un échange, un bâton rompu, j'en sais rien, moi, j'ai dit un truc comme ça. Et elle dit quelque chose, ça ne rend même pas compte. Mais pour toi, c'est comme le verre d'eau dans le désert. Cette personne te dit ce truc. Et tu te dis, punaise, et ça change radicalement le cours de ta vie. Est-ce que tu as comme ça en souvenir une personne ou une situation qui fait qu'aujourd'hui tu te dis, mais c'est entre autres grâce à ça que je suis là et même la personne ou la situation ne se rend même pas compte, on ne le sait pas.

  • Speaker #1

    Je pense que la personne le sait parce que je lui ai dit un jour, en fait c'est un de mes anciens patrons, Eric Bataille, je travaillais pour lui, j'étais alternante pour lui à l'époque, pour une de ses boîtes. Et je travaillais au marketing à l'époque. Et il me regarde un jour et il me dit « Mais Aminata, je veux juste que tu saches un truc, t'es une communicante, t'es pas une technicienne. » Et en fait, ce mot « communicante » , à l'époque, j'étais pas vraiment dans la com, mais j'ai creusé, j'ai cherché, et finalement, il avait raison. Parce que finalement, la communication, les médias, c'est là où je me suis épanouie le plus. Et c'est ce qui fait ma force aujourd'hui. Effectivement, je ne suis pas une technicienne. Demande-moi mes chiffres. Ça va être autre chose. Mais j'ai l'art de la parole, j'ai l'art de la communication. Je maîtrise les médias. Et je pense que c'est ce qui a fait que je m'en sors aujourd'hui, tout simplement. Et ça, c'est un truc qui m'a un peu suivie. C'est une phrase qui m'a suivie un peu tout au long de mon parcours professionnel. Et je remercie. Eric, finalement, de m'avoir...

  • Speaker #0

    Eric Bataille, si vous nous écoutez, nous vous disons merci.

  • Speaker #1

    Qui, finalement, il m'a ouvert les yeux sur ce que j'étais vraiment. Et après, ça a été fluide. Parce que j'ai été attachée de presse. J'ai été... Finalement, j'ai évolué dans tous les métiers de la com. Et c'est ce qui m'a finalement aidée et donné l'opportunité de créer Moussoya aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Tu as été attachée presse. Tu as fait quoi d'autre ?

  • Speaker #1

    Alors, j'étais attachée de presse, en fait. J'ai bossé pour une agence de communication financière. Donc, je faisais de l'achat d'espaces publicitaires sur des supports financiers comme les échos, investir, etc. Je faisais aussi attachée de presse. Donc, j'accompagnais les dirigeants dans leur training presse et toute leur comfi, en fait. On faisait de la rédaction de communiqués de presse, etc. Donc, J'ai baigné dans la finance, mais dans le monde de la communication financière, donc j'étais toujours dans la com.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Et c'est quelque chose qui m'a suivie et finalement qui m'a aidée et donné les armes pour créer Moussaia aujourd'hui.

  • Speaker #0

    D'accord. Et aujourd'hui, quelle est la personne Providence ? La personne Providence pour moi, c'est quelqu'un qui voit le grain de folie que tu as et qui t'ouvre la porte là-haut. personne d'autre ne l'aurait fait. Qui t'a donné ta chance ?

  • Speaker #1

    Je dirais peut-être les personnes Providence. Je pense que c'est les gens qui sont autour de toi. Autour de moi en l'occurrence. Il n'y en a pas beaucoup, il y en a peut-être 4 ou 5. Pas plus.

  • Speaker #0

    On les compte sur les doigts d'une main.

  • Speaker #1

    Et c'est des gens finalement qui croient plus en moi que moi-même. Et ces gens-là, c'est eux ma providence.

  • Speaker #0

    On va leur dire merci.

  • Speaker #1

    Ouais, c'est important. C'est important d'être, on disait tout à l'heure, d'être entourée de personnes qui croient plus en toi-même que toi-même.

  • Speaker #0

    Oui, exactement.

  • Speaker #1

    Et ouais, heureusement, il y en a.

  • Speaker #0

    Ah bah écoute, on leur dit merci. Et d'ailleurs, effectivement, en tant que femme noire, entrepreneur, quels sont les défis ? que tu, aujourd'hui, tu as encore, devant lesquelles tu es obligée de batailler ? Et quel est le conseil que tu donnes à toutes celles qui suivent ton chemin ?

  • Speaker #1

    Des défis, il y en a, il y en aura encore. Je pense que jusqu'à la fin, il y aura toujours des défis. Un des défis, par exemple, que j'essaie de relever en ce moment, justement, c'est par rapport au refus bancaire. On a souvent... On a tendance à dire que les 4 millions de personnes noires en France, c'est un secteur de niche. On n'est plus dans un secteur de niche, en fait.

  • Speaker #0

    4 millions, ce n'est plus une niche.

  • Speaker #1

    4 millions, ce n'est plus une niche. Tu sais, on ne peut même pas évaluer notre marché parce que les statistiques ethniques sont interdites en France.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait.

  • Speaker #1

    Donc, moi, je ne peux même pas aller voir une banque et dire, voilà, aujourd'hui, ma population, c'est ça. Parce que de toute façon, les chiffres n'existent pas. Donc voilà l'une des choses contre lesquelles je me bats encore au quotidien. On considère que mon produit est communautaire, etc. Enfin, aux États-Unis, ce n'est pas ce qui se passe.

  • Speaker #0

    Mais communautaire, et pourtant, ça s'adresse juste à une catégorie de personnes qui ont un certain type de... Je veux dire, tout le monde ne consomme pas du caviar, tout le monde ne consomme pas de la viande, tout le monde... Ça s'adresse juste à une cible, une cible bien précise. Puis même, ça veut dire quoi communautaire, selon toi ?

  • Speaker #1

    En fait, ça veut tout et rien dire, la communauté. Je ne sais pas, on peut être une communauté de femmes entrepreneuses, on peut être une communauté de femmes noires. En fait, le mot communauté, pour moi, ça ne veut rien dire. C'est juste une safe place, la communauté où tu te sens bien. et dans laquelle tu as envie d'évoluer, tout simplement.

  • Speaker #0

    Tout à fait.

  • Speaker #1

    Mais le problème, c'est qu'aujourd'hui, le mot communauté, c'est devenu un mot péjoratif.

  • Speaker #0

    En France ?

  • Speaker #1

    Oui, en France.

  • Speaker #0

    Et justement, pour rebondir là-dessus, tu as créé Moussouya. Moussouya, l'idée, c'était de, entre autres, de réconcilier finalement un petit peu. C'est une promesse pour moi, quand je vois un peu le storytelling de Moussouya. C'est une promesse pour toutes les femmes qui... me ressemblent de se réconcilier avec leur moi authentique. Quel est le message que tu leur donnes à toutes ces femmes, justement, ces jeunes filles, surtout, qui doutent de leur valeur ?

  • Speaker #1

    Le chemin est long. Très long. Mais au final, c'est gratifiant. C'est satisfaisant, c'est gratifiant. C'est difficile. Mais en fait, il faut persévérer, il faut rester naturel, tel que vous êtes.

  • Speaker #0

    Comment toi, tu as transformé l'essai ?

  • Speaker #1

    En restant moi-même, tout simplement. C'est comme quand j'ai écrit ce fameux post sur LinkedIn, je l'ai écrit en étant moi-même, tout simplement. Je pense que ça paraît bateau quand on dit ça, mais en fait, c'est vrai. Il faut juste rester soi-même. à partir du moment où t'es toi-même et que t'es à l'aise dans tes baskets ?

  • Speaker #0

    Est-ce que c'est ce que tu dirais à la petite Moussouya ? La petite Moussouya, la petite Damienette, c'est bizarre. Qui, justement, à l'époque, essayait de se conformer aux normes. Quel est le conseil que tu lui donnerais aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Patience. La patience est mère de vertu.

  • Speaker #0

    Et qu'elle est patiente quoi ? Elle est patiente pour avoir quoi exactement ?

  • Speaker #1

    Patiente. pour arriver. Tu arriveras quoi qu'il arrive à tes objectifs. Tu sais, moi, je me suis toujours, en fait, je visualise. Je voulais quitter ma famille, entre guillemets, avoir mon propre appartement, mon indépendance. Je l'ai eu. Ça a mis du temps, mais j'ai eu mon petit appart tout seul à Paris, avec mon job. Et la preuve en est, c'est que je ne pouvais même pas avoir de garance, que je gagnais plus que mes deux parents réunis. Donc, je n'avais même pas de garance. Donc, je suis tombée heureusement sur une nana qui a été sympa et qui m'a dit, bon, on va faire autrement. Mais j'ai eu cette indépendance que je voulais depuis longtemps. Et un des conseils que je peux donner à ces nanas... au nana en général, c'est de visualiser. Visualiser où vous voulez aller. Et encore une fois, vous ne passerez peut-être pas par la grande porte, par des chemins de traverse, mais visualiser. La visualisation, c'est hyper important. Parce que finalement, c'est l'objectif que vous allez vous fixer.

  • Speaker #0

    Aminata, tu es maman. On en a parlé un petit peu en off. Et je me suis dit, il faut quand même qu'on en parle. Comment tu fais pour jongler ? C'est peut-être une question bateau. Parce qu'on ne pose jamais cette question aux hommes. C'est bizarre. Mais comment tu fais pour jongler ta vie de femme entrepreneur, de maman ? C'est quoi trouver... être bien accompagnée ?

  • Speaker #1

    Je me demande encore comment je fais. Mais je pense que l'un des moteurs, c'est que j'ai un bon mari. J'ai un mari qui est incroyable.

  • Speaker #0

    Merci, monsieur le mari.

  • Speaker #1

    J'ai un mari qui est incroyable, qui fait partie. On parlait tout à l'heure de Jean, d'Ecosse. Voilà,

  • Speaker #0

    exactement.

  • Speaker #1

    Il en fait partie parce qu'il croit en moi, il croit en mon projet. C'est même lui, des fois, qui me pousse. Allez, vas-y, fais-ci, fais ça. Et ouais, je pense que c'est en partie grâce à lui, si je suis encore là. Et on gère tous les deux, le petit, on organise notre temps. Lui, il travaille le matin, donc c'est moi qui gère le matin. Il ne travaille pas l'après-midi, donc il reprend le relais l'après-midi avec le petit. Sinon, je ne serais pas devant toi.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu penses que pour une femme entrepreneur, c'est plus simple d'être en couple avec une personne également qui est entrepreneur ?

  • Speaker #1

    C'est plus simple. Parce que la personne comprend mieux les enjeux, peut-être les absences. Parce que c'est vrai qu'avec Moussoya, je suis clairement imbuvable. Il y a des jours où, surtout quand tu as beaucoup de stress, parce que nous, les femmes, on a la charge mentale familiale. Tu penses à ce que ton gosse va bouffer le lendemain, à prendre soin de ton foyer, à ton ménage, machin. Et moi, j'ai Moussoya aussi à côté. Donc, il faut que je cherche de l'argent, il faut que je prépare les dossiers dessus. C'est beaucoup psychologiquement pour une personne. Et des fois, ton cerveau, il sature. Et en fait, c'est important d'être avec quelqu'un qui va comprendre que tu passes par des moments de up et de down. Et le fait qu'il soit entrepreneur, forcément, ça facilite les choses.

  • Speaker #0

    En off, on a parlé du conjoint, du compagnon, de la personne qui t'accompagne, qui est responsable ou qui prend vraiment ses responsabilités. J'ai envie quand même qu'on partage ce petit moment d'aparté là, parce que j'ai trouvé ça extrêmement intéressant. Et je pense que pour des femmes entrepreneurs, ou même des femmes, pour moi, entreprendre, ce n'est pas forcément avoir un cirette, mais c'est toutes des personnes qui sont responsables de leur vie et qui visualisent des choses pour elles et qui font tout pour les avoir. C'est quoi la différence ? Est-ce que tu veux bien partager ça avec les auditeurs de We Talk ?

  • Speaker #1

    Oui, d'ailleurs, celle qui m'a dit ça, c'est Marine. Je suis sublime. On était au téléphone un jour, parce qu'on fait partie d'un collectif qui s'appelle les 6 tapreneurs. Et je lui racontais mes déboires et je lui disais que j'étais débordée et que c'était génial parce que mon mec faisait ci, ça, ça. Elle me dit oui, il fait, mais en fait, il prend ses responsabilités. Il ne t'aide pas. On pense qu'il y a deux types d'hommes. T'as le mec qui prend ses responsabilités et t'as celui qui t'aide vraiment. Celui qui... Prendre ses responsabilités va faire le job. Il va faire le job sans essayer d'aller plus loin. OK, il va garder l'enfant, mais par contre, il faut que la bouffe de l'enfant soit prête. Il ne faut pas qu'il ait à faire sa bouffe. Un mec qui t'aide vraiment, tu pars, tu laisses ton enfant, qu'il n'ait pas mangé ou quoi que ce soit. Tu sais que ton esprit va être tranquille, parce que le mec va tout faire de A à Z.

  • Speaker #0

    Et il recherche des hommes qui aident vraiment. en veut les hommes qui aident vraiment.

  • Speaker #1

    De toute façon, la société a changé. Aujourd'hui, je pense que nous qui sommes les mères d'aujourd'hui, on va élever les hommes de demain. Moi, c'est ce que je dis pour mon fils. Je dis, il est hors de question que j'élève mon fils pour que sa future femme m'en veuille. Parce que si demain, j'élève un homme qui ne fait pas à bouper, qui ne range pas son espace vital ou ne prend pas ses responsabilités plus, plus,

  • Speaker #0

    plus,

  • Speaker #1

    c'est à moi qu'elle va en vouloir. Elle va dire donc, tu n'as pas élevé ton fils, ton fils t'en a fait un pacha. Et le but, c'est d'élever mon fils pour que... il soit le compagnon d'une femme. Pas qu'une femme soit son esclave.

  • Speaker #0

    Wow, tu m'as donné des frissons. Tu élèves l'homme parfait, l'homme idéal en tout cas. L'homme idéal que beaucoup de femmes rêvent d'avoir. Est-ce que, quelle est l'actualité de Moussaouia aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Alors, le MCB.

  • Speaker #0

    Franchement, bravo. J'ai envie de... J'applaudis, on n'entend pas, mais j'applaudis.

  • Speaker #1

    Donc forcément, on va surfer sur la vague et prendre le positif. Je t'avoue clairement, je ne sais pas ce que ça vaut, cette distinction. Mais j'ose espérer que ça nous ouvrira certaines portes. En tout cas, j'y travaille. Et cette distinction, finalement, m'a donné l'opportunité de continuer à croire en mon rêve. Je pense que c'est une chance et c'est un encouragement. C'est une manière de dire, OK, ton produit existe, il est là, il est top. On t'encourage à continuer, on t'encourage à développer. Ça ne veut pas dire que ce sera facile, mais en tout cas, ça me donne de l'espoir. Et ça, c'est important parce que sans espoir, on n'avance pas.

  • Speaker #0

    C'est bien dit. En fait, au final, dans un projet, de ce que moi je retiens, c'est... il y a des ups, il y a des downs, parfois dans les downs plus profonds, pour te permettre de continuer, d'avancer, d'y croire. Il va aussi y avoir des événements très positifs, comme le prix que tu as reçu, et qui te font comprendre que tu es sur le bon chemin et que la petite secousse qu'il y a eu là, c'est juste une parenthèse pour pouvoir donner du relief à ton histoire, à ton storytelling. Et demain, tu vas pouvoir encourager d'autres femmes, d'autres hommes aussi. toutes les personnes qui se sentent concernées par ce chemin de vie-là. Quelle est ta définition de la réussite, du coup, avec ce recul, avec tout ça ?

  • Speaker #1

    C'est large comme question. Ce n'est pas facile. Parce qu'en fait, moi, j'ai réussi à changer ma vie. Clairement, je suis issue d'un milieu qui ne m'aurait jamais prédestinée à être là où je suis. Normalement, à l'heure où je te parle, je devrais peut-être être la co-épouse de quelqu'un. J'aurais déjà 4-5 enfants. Voilà la vie à laquelle on me prédestinait à la base. Mais j'ai réussi à changer la donne. Donc quelqu'un qui a réussi à changer sa vie, pour moi, ma vie en elle-même, c'est une réussite. Wow ! Parce que je ne serais pas là. Si je n'avais pas décidé de me dépasser, si je n'avais pas décidé d'aller... à l'encontre de ce que je suis, même à l'encontre de ma propre famille. Voilà, je ne serai pas là aujourd'hui. Je n'estime pas avoir réussi, parce que le mot réussite, en fait, c'est propre à chacun. Mais je reviens de loin.

  • Speaker #0

    Et on peut déjà dire que c'est une belle réussite.

  • Speaker #1

    C'est une belle avancée.

  • Speaker #0

    Quel est ton plus grand rêve, Aminata ?

  • Speaker #1

    Waouh ! J'en ai tellement, j'en ai tellement. Élever mon fils dans un monde où il ne connaîtra pas la faim, où il ne connaîtra pas les difficultés, que j'ai pu moi connaître, parce que ce n'est pas évident. Quand tu pars de chez toi à 18 ans, sans bagage ni quoi que ce soit, c'est compliqué, j'aurais pu tourner mal. Mais heureusement, j'ai rencontré des gens sur mon chemin. qui ont été bienveillants. Donc peut-être que mon plus grand rêve aujourd'hui, ce serait de donner les chances à mon fils que je n'ai pas eues. Un de mes plus grands rêves aussi sera un monde où la femme noire serait reconsidérée comme une beauté à part entière, comme à l'époque de l'Antiquité, où ça l'était. Parce qu'à cette époque, les femmes noires étaient des modèles de beauté et j'ai envie qu'aujourd'hui, on y revienne. C'est important. pour nous redonner confiance. Voilà, je pense que...

  • Speaker #0

    C'est un très très beau rêve.

  • Speaker #1

    Un rêve où on serait...

  • Speaker #0

    Voilà, on n'est pas des Miss France, mais... Ok, écoute, moi je suis complètement, je partage ton rêve pour toutes les femmes, femmes noires, petites filles, qu'elles s'aiment et qu'elles s'acceptent telles ou telles. Et un monde où ma nièce ne viendra pas me dire j'ai envie d'avoir des cheveux lisses, où elle se dit juste mais je suis belle. Et l'autre aussi est belle avec sa différence. En fait, on est toutes belles et beaux dans ce que l'on est. Ce n'est pas un vœu pieux, on n'est pas dans un monde de bisounours et en tout cas c'est un vœu qui est sincère. Aminata, on arrive à la fin de We Talk, de cet épisode. Déjà, on a tellement bien parlé, tu t'es tellement transportée. Ça veut dire que tu t'es sentie très bien. Comment tu t'es sentie d'ailleurs ?

  • Speaker #1

    Ici, on est dans une safe place, tout simplement. Tu sais, je ne parle pas de moi. Il y a beaucoup de choses qui vont surprendre les gens dans ce que j'ai dit. Je ne parle pas souvent de mon passif. J'en parle très, très peu. C'est l'une des premières fois, voire la première fois que j'en parle.

  • Speaker #0

    J'en suis honorée.

  • Speaker #1

    Et ouais, c'est important. Je pense que c'est important que les gens me connaissent un petit peu plus. Et je voulais aussi parler d'un sujet qui n'a rien à voir, mais je pense que c'est important. Il y a quelques années, j'ai fait un don d'ovocytes. En fait, j'ai donné mes ovules pour permettre aux femmes noires qui n'avaient pas la possibilité d'avoir des enfants de réaliser leurs rêves. Et je voudrais juste lancer un appel à toutes mes sœurs, à toutes les femmes noires qui se sentent concernées, qui ont envie de faire un geste pour aider d'autres sœurs tout simplement qui sont dans cette situation. Vous pouvez changer la donne à votre niveau. N'hésitez pas à vous renseigner sur le don de vos sites. Vous pourrez changer certaines vies.

  • Speaker #0

    Wow, là tu viens de me... déjà je reçois un truc en plein cœur comme ça, wow ! C'est beau, c'est moi qui vais pleurer à la fin. Ah mais c'est tellement beau, c'est d'une grande générosité. On n'en parle pas assez, on n'en parle pas du tout même. On oublie que beaucoup de femmes noires souffrent souvent d'endométriose. D'ailleurs, je ne sais pas pourquoi, de fibromes, encore plus que d'autres. Et que c'est une source d'infertilité profonde. Et voilà,

  • Speaker #1

    il faut donner. Ce n'est pas un geste comme le don de spermatozoïdes, qui est un geste finalement un peu mécanique. C'est un peu plus compliqué, parce qu'il va falloir être sous hormones, etc. Se faire ponctionner, ça nécessite une préparation physique et psychologique qui n'est pas évidente, mais ça peut littéralement changer la vie de certaines personnes. Moi, je sais ce que c'est, parce que je suis issue d'une culture où... Quand une femme n'a pas d'enfant, elle n'est pas considérée comme une femme.

  • Speaker #0

    Tout à fait.

  • Speaker #1

    Et ça, c'est dégueulasse. Donc, faire ce geste, ça a été juste une évidence. Ça a été pour moi un moyen d'aider mes sœurs et de dire non, vous n'êtes pas seules. Si je peux aider à mon échelle, je le fais.

  • Speaker #0

    Donc,

  • Speaker #1

    les filles, faites-le. Renseignez-vous, faites-le.

  • Speaker #0

    Wow. Écoute, je n'aurais pas pu dire mieux. Avec ça, c'est le mot de la générosité de la fin. Pour quelles raisons regarderais cet épisode, ton épisode de weTalk avec, enfin cet épisode de weTalk avec toi, Minata Doukouré ?

  • Speaker #1

    Pourquoi les gens devraient regarder ?

  • Speaker #0

    Cet épisode, oui.

  • Speaker #1

    Waouh, pour plein de raisons. Pouvoir se dépasser. Je pense que c'est important pour accomplir, quand on a une vision, pour concrétiser cette vision, c'est important de se dépasser et... Je le répète encore, moi, je n'étais pas du tout prédestinée à faire carrière dans la finance et à monter ma boîte aujourd'hui, vu d'où je viens. Donc, si je vais réussir à changer ma vie et en tout cas, si des gens veulent changer leur vie ou en tout cas en avoir les prémices, je vous invite à écouter.

  • Speaker #0

    Et c'est le mot de la fin. Merci beaucoup d'avoir écouté cet épisode de We Talk. Il a retrouvé sur toutes les plateformes d'écoute de podcast. Spotify, j'en perds mes mots, Deezer, Apple Podcasts, YouTube pour la version filmée. Et bien sûr, rejoignez la communauté WeTalk sur les réseaux sociaux LinkedIn, TikTok et Instagram. Très, très belle journée ou soirée. En tout cas, portez-vous bien et à bientôt. Bye bye.

Chapters

  • Introduction au thème de l'échec et de la réussite

    00:07

  • Présentation de l'invitée : Aminata Doukouré

    01:01

  • Le parcours d'Aminata : enfance et identité

    01:54

  • Création de Moussouya : un rêve devenu réalité

    03:44

  • Les défis de l'entrepreneuriat et le refus de prêt bancaire

    04:18

  • L'importance de la résilience et du soutien communautaire

    04:43

  • Réactions de l'entourage et perception de l'échec

    05:50

  • Définition de l'échec et de la réussite pour Aminata

    07:30

  • Les rêves et aspirations d'Aminata pour l'avenir

    09:00

  • Conclusion et message aux auditeurs

    10:40

Description

Cher. e Talker,


As-tu déjà pensé à quitter une carrière stable pour suivre ta passion et créer un impact positif dans la vie des autres ?


Dans cet épisode de weTalk le podcast, Nicole Ewek reçoit Aminata Doucouré, une entrepreneuse inspirante qui partage son parcours atypique et les défis qu'elle a surmontés. D'origine malienne et ivoirienne, Aminata évoque son enfance en France, les luttes liées à son identité et la détermination qui l'a poussée à fonder Musoya, une marque dédiée aux femmes afrodescendantes.


Aminata nous raconte comment elle a transformé ses échecs en opportunités, notamment après un refus de prêt bancaire qui aurait pu la décourager. Elle souligne l'importance de l'authenticité, de la résilience et de la détermination dans son parcours entrepreneurial. Cet épisode de weTalk le podcast est bien plus qu'une simple conversation ; c'est une véritable ode à la force féminine et à l'acceptation de soi.


Au fil de l'épisode, Aminata aborde des sujets sensibles comme le racisme systémique et les défis spécifiques auxquels les femmes noires font face dans le monde des affaires. Elle encourage toutes les auditrices à embrasser leur beauté et leur singularité, et à ne jamais laisser les obstacles entraver leur chemin. Les histoires d'Aminata résonnent profondément et nous rappellent que chaque défi peut être une opportunité déguisée.


En écoutant cet épisode de weTalk le podcast, tu découvriras des conseils pratiques pour naviguer dans le monde de l'entrepreneuriat, tout en cultivant une communauté solidaire. Aminata incarne la force de la détermination et nous montre qu'il est possible de réaliser ses rêves, même face à l'adversité. Ne manque pas cette conversation enrichissante qui te motivera à prendre des initiatives audacieuses et à croire en toi.


Alors, prêt. e à plonger dans l'univers inspirant d'Aminata Doucouré ?


N'hésite pas à te joindre à nous pour une discussion qui promet d'éveiller ta créativité et ta passion. Pour s'abonner, partager, liker, commenter et rejoindre la communauté weTalk sur instagram et Linkedin.




Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et à tous, je suis Nicole Ewek et tu écoutes weTalk, le podcast qui transforme l'échec en réussite. Pourquoi un sujet sur l'échec ? Tout simplement parce que j'ai fait un constat, c'est qu'en France, on n'a pas droit à l'erreur. Et pourtant aux Etats-Unis ou en Angleterre, c'est un concept qui est complètement vulgarisé puisque échouer veut dire qu'on en a osé. Et qu'est-ce qu'il y a de plus beau que d'oser dans la vie ? C'est la raison pour laquelle avec weTalk, je prends un peu les choses à rebours. Je donne la parole à des personnes au parcours atypique et authentique Merci. qui viennent me dire fièrement comment ils ont transformé les erreurs, les épreuves, les échecs de leur vie en opportunités pour réussir. Car qu'est-ce que la réussite ? Si ce n'est le fait de se relever quand on est tombé et de rester en mouvement quoi qu'il arrive. Cet épisode de We Talk est à retrouver sur toutes les plateformes d'écoute de podcast, Deezer, Spotify, Apple, YouTube pour la version vidéo. Et bien sûr, rejoignez-nous sur la communauté weTalk sur Instagram et LinkedIn. Mon invité du jour, c'est une femme, une battante. une entrepreneur courageuse. C'est Aminata Doukouré. Je suis tellement fière de te recevoir sur le plateau de WeTalk. Merci d'avoir accepté mon invitation. Comment vas-tu, Aminata ?

  • Speaker #1

    Merci à toi de me recevoir aujourd'hui, Nicole. Ça me fait très plaisir d'être là. Écoute, ça va, ça va. Ça allait moins il y a quelque temps.

  • Speaker #0

    Maintenant, ça va beaucoup mieux.

  • Speaker #1

    Mais maintenant, ça va beaucoup mieux.

  • Speaker #0

    D'accord. Il y a une petite... On va dire, avant qu'on ne rentre dans le vif du sujet. J'aime présenter mes invités aux auditeurs de WeTalk à travers un conte que j'ai écrit rien que pour eux. Alors, c'est une photo à l'instant T. C'est comme un film où tu es l'héroïne. Ces mots n'engagent que moi, mais on va dire que c'est comme ça que moi je t'ai perçue. Et c'est comme ça que je t'offre, disons, ce beau cadeau.

  • Speaker #1

    Top !

  • Speaker #0

    Est-ce que tu es prête à l'écouter ?

  • Speaker #1

    Je suis prête.

  • Speaker #0

    Il était une fois une femme au cœur immense, une battante au courage inébranlable. Aminata Doukoure est une princesse malienne et ivoirienne et son histoire résonne comme une légende. Née en Côte d'Ivoire, elle porte en elle les racines profondes de sa terre natale. Cependant, à l'âge de 3 ans, elle est arrachée à ce sol chaleureux quand ses parents décident de s'installer en France. Dans ce nouveau monde, la petite Aminata découvre bien vite que la différence peut peser lourd. À l'école, sa peau, ses cheveux, ses traits sont souvent regardés avec méfiance ou incompréhension. Ce monde la pose doucement, mais sûrement à l'âge de 3 ans. à se détourner de ce qui fait d'elle une reine unique. À l'adolescence, le miroir devient son ennemi. Pour s'intégrer, elle lisse, transforme, camoufle. Elle veut ressembler à ses amis, à ces figures de beauté qui peuplent les magazines, ces standards qui, elle le pense, la rendront enfin acceptable. Puis un jour, elle entreprend ce voyage dans son pays d'origine qui va changer le cours de sa vie. Ce séjour réveille en elle un feu qu'elle croyait éteint, car assise au coin du feu, sous le ciel étoilé de la... De sa terre d'enfance, elle écoute sa grand-mère, cette femme sage dont les mots résonnent encore en la femme qu'elle deviendra. Elle lui parle de musouya, cette essence féminine que chaque femme porte en elle. Ce trésor caché que le monde moderne tente parfois de faire taire est la clé de la puissance d'une femme. Sa grand-mère lui montre que cette féminité est sa force et que pour s'accomplir, elle doit la retrouver, la chérir. Aminata, qui est alors la fleur de l'âge, reçoit ces paroles comme un verre d'eau en plein désert. Car... Notre princesse se pose depuis toujours une multitude de questions sur sa place en tant que femme noire africaine au sein de la société française. De retour en France, Aminata sent ce feu grandir en elle. Elle n'est plus la même, ce voyage a bouleversé son âme. Elle décide alors de quitter son emploi sécurisé, de tourner le dos à sa carrière prometteuse dans la finance pour suivre son rêve, créer Moussouya, une marque dédiée aux femmes comme elle. Ces femmes qui pendant trop longtemps ont été invitées à nier leur propre beauté, la terre leur singularité. Moussouya n'est pas seulement une marque de cosmétiques capillaires pour cheveux à faux, c'est un appel à renouer avec soi-même, à embrasser son authenticité. Chaque produit est une promesse de réconciliation. Un hommage à cette féminité ancestrale que tant de femmes ont trop longtemps cherché à masquer. Mais le chemin de l'entrepreneuriat n'est pas un compte de fait sans obstacle. Et comme dans toute belle histoire, un défi inattendu se dresse sur sa route. Le refus d'un prêt bancaire. Un coup dur qui aurait pu abattre n'importe qui. Mais pas Aminata. Elle ressent la douleur de cet échec. Elle vacille, mais elle ne tombe pas. Elle sait que les échecs ne sont pas des fins en soi, mais des marches à gravir. Ses rêves chancellent peut-être, mais ils ne s'éteignent pas. Aujourd'hui, Aminata est là, plus déterminée que jamais. Car dans son cœur brûle toujours ce moussoya, cette force qui fait d'elle une femme unique, puissante et inarrêtable. Elle n'est pas seulement une entrepreneur, c'est une porteuse de lumière, un guide pour toutes ces femmes qui, à leur tour, cherchent leur chemin vers elles-mêmes.

  • Speaker #1

    Wow, tu vas me faire fleurer.

  • Speaker #0

    Je crois qu'il faut que tu prennes les mouchoirs.

  • Speaker #1

    Ouais, c'est fort. C'est très, très fort. Franchement, tout est dit. Tout est dit. Je ne sais même pas quoi dire. Bravo, c'était très touchant. C'était puissant. Merci. C'était moi, en fait. Tu t'as touchée vraiment dans le mille.

  • Speaker #0

    Bravo. Merci. J'aime bien faire cet exercice. J'aime bien fouiller, fouiner et trouver la raison de l'histoire de chacun de mes invités. On va rentrer dans le vif du sujet. Allons-y. Tu as quitté ton emploi stable pour lancer Moussouya, ta marque de produits capillaires pour cheveux afro, pour femmes afro. Et à quel moment tu as su... que ce projet, ce rêve valait la peine de prendre un risque pareil, de quitter la stabilité, une carrière prometteuse. Qu'est-ce que tu as ressenti ? Le cheminement, les questions ? Pour arriver à une telle conclusion que ça valait la peine de tout quitter et de prendre ce risque-là ?

  • Speaker #1

    Je n'avais aucune certitude. Aucune. Je savais juste qu'au bout d'un moment, je ne me sentais pas à ma place. dans la société dans laquelle j'évoluais. Pourtant, tout se passait très bien. Mais il manquait quelque chose. En fait, Moussoya, comme je l'ai dit tout à l'heure, c'est vraiment... Je cherchais à créer plus qu'une marque, vraiment une marque éthique à impact positif avec des codes qui rassemblent les femmes afrodescendantes. Et ça, je... En fait, c'est ça Moussoya. C'est ce que j'ai essayé de créer à travers Moussoya. Et voilà, je ne me suis pas vraiment posée de questions. La société évolue, la société change. Donc je me suis dit, pourquoi pas être une des actrices de ce changement-là si je suis dans cette position, c'est qu'il y en a d'autres femmes qui sont dans cette position. Et ça a été une évidence.

  • Speaker #0

    Donc en fait, l'évidence est venue en cheminant au final. C'est ça. Quelle a été la réaction de ton entourage, de ta famille ?

  • Speaker #1

    Ça, c'est la question à deux millions. Parce qu'en fait, je ne l'aurais pas dit.

  • Speaker #0

    Ah oui, d'accord. Tu as fait des cafetries à ta mère.

  • Speaker #1

    Je l'aurais fait à tous les gros cafetries, à tout le monde. En fait, quand j'ai quitté mon job, je ne l'ai dit à personne. Parce que si je l'avais dit, ma mère en aurait fait une syncope. Donc, nous, on quitte notre terre natale pour venir en France. Et toi, tu quittes ton emploi stable dans la finance pour aller faire coiffeuse ?

  • Speaker #0

    Wow, oui, effectivement.

  • Speaker #1

    Je pense qu'ils n'auraient pas compris. Tu connais nos parents et leur affaire de sécurité. Donc, quelque part, si je ne leur ai pas dit, ce n'était pas spécialement pour leur faire des cachoteries, c'était plutôt pour les préserver. Pour éviter qu'ils se fassent un sang d'encre. Surtout ça, c'était pour les préserver. Et je pense qu'ils n'auraient pas compris. Bien sûr, c'est ce qui fait aussi qu'on est dans des... Moi, je suis issue d'une famille... D'immigrés, bien sûr, où le travail a toujours été un moteur. Donc dire à ces gens-là que je quitte le moteur pour aller dans une pirogue ?

  • Speaker #0

    Alors qu'eux, ils estiment qu'ils ont quitté la pirogue pour te donner la sécurité.

  • Speaker #1

    Exactement. Ce serait très, très mal passé. Et j'ai gardé le secret pendant deux ans. Je ne l'ai pas dit pendant deux ans. Et c'est en fait quand j'ai lancé ma campagne, post-campagne de crowdfunding, qu'ils l'ont appris. En fait, je ne leur ai même pas dit de ma bouche. Ils l'ont appris de but en blanc.

  • Speaker #0

    Mais toi, tu es folle. On ne fait pas ça en Afrique.

  • Speaker #1

    Oui, on ne fait pas ça.

  • Speaker #0

    Ah oui, d'accord. Donc, ils l'ont appris. Et quand ils ont su, qu'est-ce qu'ils se sont dit ?

  • Speaker #1

    En fait, je ne leur ai pas laissé le choix. Ils ont vu que j'étais déjà dedans. Il n'y avait pas de marche arrière possible. Après, ils ont vu que la campagne avait pas mal fonctionné. Ça, ça a été un élément qui les a rassurés. Et en fait, ils voyaient les choses, que les produits existaient, que je faisais des salons, etc. Donc forcément, ça concrétise un petit peu plus la chose. Et puis, on est issu de cultures où l'entrepreneuriat n'est pas valorisé, en fait, quelque part. Nos parents n'ont pas ce mindset. qu'on a appris ici en France. Donc c'est compliqué pour des gens comme ça de se dire « Bon, allez, on lui fait confiance, on va l'aider financièrement. » Non, ça n'existe pas.

  • Speaker #0

    D'accord, ok. Et est-ce qu'ils ont... Aujourd'hui, avec du recul, qu'est-ce qu'ils disent de ton parcours ? Est-ce qu'ils sont fiers de toi ?

  • Speaker #1

    Même s'ils sont fiers, je pense qu'ils ne le diront pas. Parce que je suis issue d'une culture où il y a pas mal de tabous. On ne dit pas je t'aime comme ça. Je pense que ça se voit quand ils me posent des questions. Alors quand ils me voient faire des gros salons comme la NHA ou la Foire de Paris, forcément, ça les impressionne. Mais ils ne mettent pas de mots dessus.

  • Speaker #0

    D'accord. Il y a une autre manière d'exprimer la fierté. D'accord. On a un lien un petit peu. Toi, aujourd'hui, qu'est-ce que tu dis de toi ? Comment tu te présentes, toi, aux auditeurs de WeTalk ?

  • Speaker #1

    Alors moi, je suis une petite nana à l'aise dans ses baskets, qui a juste décidé d'entreprendre pour rendre ses produits accessibles à un maximum de femmes. Oui. Tout simplement.

  • Speaker #0

    D'accord. Et donc, dans ton chemin d'entrepreneuriat, il y a eu le refus de ce prêt bancaire.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Un séisme, j'ai envie de dire. Comment est-ce que tu fais aujourd'hui, Aminata, pour continuer d'y croire et d'avancer alors que tout... tout autour de toi était ébranlé ou il n'y avait que des freins ? Est-ce que tu as fait appel à une expérience antérieure ? Est-ce qu'il y a une voie intérieure qui t'a poussé à avancer même malgré, finalement, ce tremblement de terre, ce séisme pour toi, dans ta vie ?

  • Speaker #1

    Alors, ça a été un vrai tsunami. En fait, j'étais tellement « sûr » de moi. On avait fait un beau chiffre d'affaires à la NHA, à la Foire de Paris, et c'était vraiment la première expérience.

  • Speaker #0

    La NHA en précise ?

  • Speaker #1

    La Natural Hair Academy. C'est un forum ? C'est un salon qui regroupe tous les acteurs de la beauté noire, capillaire, skin care, etc. C'était notre premier salon, nos premiers salons avec la Foire de Paris. Et en fait, j'étais forte, moi, de cette expérience. Je me suis dit, attends, on a fait des chiffres d'affaires de dingue. Le dossier bancaire est prêt, donc c'est la preuve que le marché est prêt, qu'il y a une appétence au niveau du produit, etc. Donc, j'étais très surprise d'avoir ce refus bancaire malgré toutes ces preuves. Oui. Et en fait, ça a été... Et j'ai rédigé le...

  • Speaker #0

    Le fameux post sur LinkedIn.

  • Speaker #1

    Sur LinkedIn, avec toute ma colère et ma frustration, finalement. Et en fait, ça a pris. Parce qu'il y a beaucoup, beaucoup de gens. Tu m'as demandé tout à l'heure, oui, qu'est-ce qui a fait que tu t'es relevée ? En fait, c'est les gens. C'est l'impulsion, la force que m'ont donné ces gens. Les messages sous le post et qui ont continué encore longtemps. les messages de soutien, les messages d'espoir, les messages de la communauté. Il y avait des messages qui étaient un peu plus vindicatifs que d'autres, mais la majorité des messages étaient ultra positifs.

  • Speaker #0

    Justement, en parlant de ces messages un peu vindicatifs, justement, c'était des gens qui ont, dans ton poste, juste pour mettre un petit peu le contexte, tu as parlé des biais racistes que l'on peut rencontrer dans le milieu bancaire et pas que, qui font souvent qu'à cause des origines, On n'obtient pas, on n'a pas accès à tous les droits comme tout le monde. Parce que noir, parce qu'africain, parce que ci, parce que ça. Que réponds-tu à ces gens-là qui ont juste dit, ben non, il n'y a pas de racisme, c'est ton dossier qui était mal ficelé ou ton projet qui n'est pas encore mature pour pouvoir être accompagné par la banque. Que leur dis-tu ? Ceux qui renient complètement ces biais-là.

  • Speaker #1

    De regarder les chiffres, en fait. Tout simplement, il faut savoir que plus de 60% des refus... de prêts bancaires sont les femmes, les personnes issues de minorités et de la diversité. C'est tout. Il faut juste regarder les chiffres. Les chiffres ne mentent pas. Donc, ces gens-là, ce que je leur dirais, deux choses. Déjà, regardez les chiffres et en plus, vous n'êtes pas à notre place. Vous ne pouvez pas comprendre, vous ne pouvez pas savoir. C'est comme les gens... Oui, je suis parastique, j'ai un ami noir, en fait.

  • Speaker #0

    Oui, la super phrase.

  • Speaker #1

    Non, mais en fait, ça ne marche pas comme ça. Je pense que même les gens qui estiment ne pas être racistes font partie d'une sorte de racisme systémique qui fait que finalement, les choses n'évoluent pas. Tu l'as dit tout à l'heure, on n'est pas aux Etats-Unis. Pourquoi aux Etats-Unis, l'échec est considéré comme quelque chose de positif, alors qu'ici, l'échec, tu es au fond du trou ?

  • Speaker #0

    Oui, on te fait comprendre que tu n'es rien.

  • Speaker #1

    Je pense que c'est typiquement français. C'est notre société qui veut ça. Ce n'est pas pour rien que c'est beaucoup plus compliqué d'entreprendre en France que dans d'autres pays. Ce n'est pas pour rien qu'en France, il y a une espèce de clivage et d'hypocrisie. ambiante qui fait que les choses n'avancent pas.

  • Speaker #0

    Et toi, en quoi le racisme, justement, a impacté ta vie ? Est-ce que tu estimes que cet événement-là a eu lieu parce que, finalement, c'était un produit qui s'adressait qu'à des femmes noires, parce que peut-être la porteuse de Progène, même, elle est noire ? Comment est-ce que toi, tu as vécu le racisme ? Est-ce que tu l'as souvent vécu de manière systémique dans ta vie, même en dehors de Moussouya ? Et comment tu, à chaque fois, rebondis face à ça ?

  • Speaker #1

    Alors, pour la petite anecdote, moi, je me suis rendue compte que j'étais différente. En fait, c'est les gens qui m'ont fait comprendre que j'étais différente. Ça arrivait un jour, on était en famille, je devais avoir peut-être 7-8 ans. Je vais demander un truc à la voisine. qui était blanche et qui dit, son conjoint qui était au fond, qui dit « Ah, c'est qui ? Ah, c'est la petite noire au fond du couloir, qui habite au fond du couloir. » Et en fait, là, je suis restée finie. La petite quoi ? En plus, elle l'a mal dit, elle est la petite noire. Et en fait, c'est là que ça a fait tilt. En fait, on me qualifie, voilà comment je suis perçue par rapport... Aux yeux des gens, en fait. Donc, ça a été ma première expérience face au racisme. En fait, ce n'était même pas du racisme, parce que la nana nous aimait bien, c'était du bon voisinage. Mais voilà, c'est ce racisme systémique, tu vois, tu ne peux pas...

  • Speaker #0

    Qui te renvoie...

  • Speaker #1

    À ta couleur de peau. Même si c'est vrai, je suis noire, oui. Mais en fait, quand tu dis ça à un enfant qui a grandi dans les années 90, où ce n'était pas la mode d'être noire, il faut se le dire. Ouais, ça fait quelque chose. Franchement, ça fait quelque chose. Donc, j'ai grandi quelque part. Je pense qu'à partir de ce moment-là, j'ai voulu me fondre dans la masse.

  • Speaker #0

    D'accord. Et donc, après, tu...

  • Speaker #1

    C'est ça, j'ai voulu évoluer en étant une femme noire, mais une femme noire, tu vois...

  • Speaker #0

    Qui est acceptée. par les conventions de la société française.

  • Speaker #1

    L'issue du rapport.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Je me suis jetée dans les études. J'ai fait ci, j'ai fait ça. Voilà, il fallait que je sois comme tout le monde.

  • Speaker #0

    D'accord. Et ça veut dire quoi, être comme tout le monde ?

  • Speaker #1

    Faire partie de la norme, que ce soit au niveau social. Donc voilà, j'ai fait des études. Je ne voulais pas être... La black, comme ils disent eux-mêmes, de base, issue de l'immigration, qui se retrouve avec tous les stéréotypes qu'on connaît. Ouais, je voulais être quelqu'un de respectable, qui a fait des bonnes études, qui est indépendante, qui suit les dictats de beauté occidentaux. C'est ce qui a fait qu'à un moment, je me suis perdue. Ouais, je me lissais les cheveux. Ouais, je voulais être... tout le contraire de ce que je suis aujourd'hui. Et pourtant, moi je suis arrivée en France à l'âge de 3 ans, parce que je suis née en Côte d'Ivoire, et je suis tombée amoureuse de cette culture, finalement française, qui m'a donné les armes et la possibilité de faire des choses que je n'aurais peut-être pas pu faire dans mon pays d'origine. J'ai un papa qui est soninqué, j'aurais pu être mariée à 16 ans. Je suis issue d'une famille polygame où l'avenir d'une fille, c'est se restreindre, être mariée, faire des enfants. Et en fait, je voulais sortir de ça très, très, très vite. Donc, ça m'a poussée à me dépasser finalement, à faire des études, avoir une carrière dans la finance et me fondre dans la masse.

  • Speaker #0

    Te fondre dans la masse. D'accord. Et qu'est-ce qui fait qu'à un moment, on se dit... On essaie de se fondre, mais on n'y arrive quand même pas. On essaie de lisser, mais visiblement, on est trop différent et on nous voit quand même tel que l'on est.

  • Speaker #1

    Moi, je me considère un peu comme ayant, excuse-moi du terme, le cul entre deux chaises.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Très fière de mes origines africaines. Mais aussi, je suis très fière de mon côté français, tu vois. J'aime le bon vin, j'aime le fromage. Voilà, j'ai appris à vivre avec ça. Mais c'est vrai que ce n'est pas toujours évident, parce que tu as un côté schizophrénie culturelle. Tu dis, mais ouais, je parle Bambara, ma langue maternelle. Il faut que mon fils parle aussi cette langue. Mais il faut qu'il soit bon en français. Tu vois, en fait, tu essaies de choper un peu ce qui t'arrange dans les deux cultures. Et ce n'est pas évident. Ce n'est pas évident tous les jours.

  • Speaker #0

    Et donc, tu dirais que tu es dans une forme de schizophrénie parfois identitaire ?

  • Speaker #1

    Culturelle. C'est de la schizophrénie culturelle. Et je pense que je ne dois pas être la seule dans ce... C'est mon psy qui m'a sorti ça.

  • Speaker #0

    D'ailleurs, qu'est-ce qu'il dirait ton psy si on lui posait la question aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Oh, il dirait que je fais mon chemin, que je viens d'un milieu qui n'est pas facile. Forcément, toi, à l'école, on te dit que c'est un papa et une maman. Et à la maison, tu vois que c'est deux mamans et un papa.

  • Speaker #0

    Et d'ailleurs, comment on vit ça, la polygamie ? Là, tu vois, je suis un total... Je vois, tu m'as donné des pistes, des choses. Et la polygamie, justement, comment la vie se construit en tant que femme ? Moi,

  • Speaker #1

    j'ai subi la polygamie de mes parents. Je ne comprenais pas. Parce que, comme je t'ai dit, à un moment, j'ai voulu rentrer dans la masse. Donc, quand tu rentres dans la masse à 7-8 ans, et qu'on t'apprend à l'école qu'il y a certains codes, mais à la maison, il y en a d'autres, forcément, cette schizophrénie, elle est encore plus exacerbée. Donc, ça a été un long chemin. compliqué. Ma famille n'a pas compris. Ouais, t'es différente. Non, je ne suis pas différente. J'ai juste envie de sortir de ma condition. Je n'ai pas envie d'être finalement relayée à mon rôle de femme. Tout simplement. Je pense que je vaux mieux que ça. On vaut tous mieux que ça. Donc, le seul moyen de m'en sortir, c'est de m'en donner un moyen.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce qui te met sur cette piste ? Est-ce qu'il y a un élément déclencheur pour que tu te... Tu regardes ce qui se passe à la maison, tu regardes ce qui se passe à l'extérieur et tu arrives à faire ce choix de te dire je veux sortir de ça. Est-ce que tu n'as pas eu peur à un moment de te dire mais je renie qui je suis, je renie mes origines, j'ai honte de ma culture ?

  • Speaker #1

    Forcément, la question s'est posée à un moment ou à un autre. Est-ce que je me perds dans les méandres de ma schizophrénie ? Mais en fait, tu sais, tu chasses le naturel et il revient toujours au galop. Je suis habillée à l'européenne aujourd'hui, mais j'ai toujours des petits détails qui font que je n'oublie pas d'où je viens. En fait, il y a un proverbe que tout le monde connaît qui dit, de toute façon, si tu sais d'où tu viens, tu sauras où tu vas.

  • Speaker #0

    Exact.

  • Speaker #1

    Et c'est ce que j'ai essayé de garder en tête tout au long de mon parcours.

  • Speaker #0

    Justement, parlant de parcours, à We Talk, on parle d'échecs. Quelle est ta définition de l'échec, avec tout ce que tu as vécu et où tu en es aujourd'hui, Aminata ?

  • Speaker #1

    Moi, l'échec, à la base, c'est un truc qui me fait peur.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    J'ai une peur bleue de l'échec, et même encore aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Parce que, comme je t'ai dit, je suis ici d'une famille où, finalement, il fallait travailler. L'échec, on n'avait pas droit à l'erreur. Et en fait, j'ai ce besoin de reconnaissance. par rapport à mes parents, par rapport à mon vécu, qui fait que je ne me donne pas droit à l'erreur. Ce qui est finalement totalement biaisé, c'est que finalement, c'est l'échec qui fait avancer. Et demain, en éduquant mon fils, je me dis, si tu te plantes, ce n'est pas grave. Ce que j'aurais aimé qu'on me dise, si tu te plantes, ce n'est pas grave, tu vas te relever. Et je pense que c'est ce qui m'a fait aussi avancer, ce qui me rend déterminée, c'est que pour moi, l'échec, ça ne devrait même pas arriver.

  • Speaker #0

    Alors, ça ne devrait pas arriver ou c'est plutôt nécessaire pour y arriver ?

  • Speaker #1

    Alors maintenant, je me dis que c'est un travail. Tu sais, je pense qu'on ne finit jamais vraiment de travailler sur soi, etc. J'ai encore une peur bleue de l'échec. Mais je me dis, si tu ne passes pas par la porte, c'est pas grave, tu vas passer par la fenêtre. Un truc tout bête. Au début de mon parcours professionnel, je voulais... À la base, je suis une fan de jeux vidéo. Donc, je voulais travailler pour un éditeur de jeux vidéo. Donc, j'ai passé un entretien. Finalement, ce n'est pas passé. Mais j'ai réussi à travailler pour la boîte de com qui s'occupait de cette boîte, de cet éditeur de jeux vidéo. Donc, quelque part, j'ai réussi à travailler pour lui indirectement. En fait, toute ma vie, même si ça ne passait pas, j'essayais de contourner pour que ça passe autrement. Je pense que c'est ce qui m'a aidée à avancer, à affronter certains échecs.

  • Speaker #0

    Donc au final... même si tu ne t'en es pas rendu compte, mine de rien, un refus pour toi est une bonne occasion de pouvoir trouver le chemin détourné pour y arriver quand même. Final, c'est ce que tu me dis et c'est puissant, c'est fort quand même comme clé que tu peux donner. C'est-à-dire qu'on peut te dire aujourd'hui non, tu peux même tomber mais il y a un autre chemin, une autre voie, une autre issue que tu peux emprunter pour pouvoir atteindre ton objectif. tout simplement. Et dans cette continuité d'échecs, quel est le pire échec que tu as vécu ? Est-ce que c'est cette histoire de prêt bancaire ou est-ce qu'il y a quelque chose d'encore plus grand aujourd'hui et dont tu n'oses peut-être pas parler ? Comme on a WeTalk et que tout ce qui se dit à WeTalk reste sur WeTalk, est-ce que tu veux le partager ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est vrai qu'aujourd'hui, le plus gros échec, de toute façon, en tant qu'entrepreneur, tout le monde sait que l'argent, c'est l'air de la guerre. C'est vrai que jusqu'à présent, je travaillais en fonds propres.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Donc, j'étais arrivée à un point où si je n'avais pas une aide financière pour me développer encore plus, ça aurait été compliqué d'avancer, de développer Moussoya. Et en fait, quand c'est arrivé, je me suis dit mais ce n'est pas possible. Je n'ai pouvoir rien faire. Ils ne me laissent pas l'opportunité de montrer ce que je suis capable de faire. Donc, en fait, c'est terminé. Et donc, j'ai rédigé ce post. J'ai eu pas mal de messages derrière, de DM.

  • Speaker #0

    Je vous en ai vu le lire en plus. Oui,

  • Speaker #1

    enfin, oui.

  • Speaker #0

    Sur LinkedIn.

  • Speaker #1

    Il faut savoir que j'ai vraiment écrit ce truc avec toute ma colère et ma frustration.

  • Speaker #0

    C'est là où il y a les vérités qui sortent.

  • Speaker #1

    Voilà. Et en fait, la vague de soutien que j'ai reçue derrière, elle a été telle que je me suis dit, mais en fait, tu peux juste pas lâcher. Il y a même eu des ventes suite à ça. Ouais, il y a des gens qui m'ont dit, c'est quoi votre site ? Je vais aller acheter vos produits.

  • Speaker #0

    Tu m'annonces là, en fait, qu'à cause de ce refus, malgré ce refus même, grâce à ce refus et grâce à ton poste, Tu as eu quand même des ventes derrière.

  • Speaker #1

    Oui, il y a eu des ventes derrière et même encore, je ne sais même pas si ça a un rapport, mais peut-être l'univers, je pense que ça marche aussi par rapport au fait que tes actions ont des conséquences. Et en fait, il n'y a même pas deux semaines, le week-end, il y a deux semaines, Moussoya a été sacré meilleure innovation, catégorie shampoing. au MCB, au Mondial de la Coiffure et de la Beauté.

  • Speaker #0

    Wow !

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Je suis impressionnée, j'ai envie de t'applaudir, j'ai envie de dire bravo, c'est incroyable. Est-ce que tu dirais, parce que j'ai pour habitude de dire, parce que sur cette partie-là, j'appelle ça le true talk, on parle le vrai et je dis qu'on ne se fait pas tout seul, justement. Il y a des détracteurs, ceux qui te poussent dans des retranchements et qui te permettent de te challenger sur ton propre rêve. Il y a les rencontres fortuites, je t'expliquerai. Et puis il y a la personne de Providence, je t'expliquerai. principal détract, celui qui t'a poussé dans toutes tes limites, c'était finalement ce refus bancaire ?

  • Speaker #1

    Ouais, en fait, ça a démilité les choses. En fait, finalement, peut-être que ce non, c'est un mal pour un bien.

  • Speaker #0

    C'était le meilleur oui ?

  • Speaker #1

    C'était le meilleur oui de ta vie ? Finalement, ça m'a poussée à me dépasser. Oui. Ouais, ça m'a... Ça m'a poussée à me dépasser. Et finalement, je fais tout ce que je fais d'habitude, à savoir, on ne me fait pas passer par la grande porte, mais du coup, je suis passée par la fenêtre. Parce que le fait d'avoir ce Grand Prix de l'innovation, Innovation 2024 au Mondial de la beauté, ça va m'ouvrir d'autres portes.

  • Speaker #0

    Incroyable. Une visibilité,

  • Speaker #1

    peut-être aussi un prêt bancaire qui sert.

  • Speaker #0

    C'est possible.

  • Speaker #1

    Ça peut passer. Donc, plein d'autres choses que je n'aurais... Même pas imaginé. Wow.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu ne penses pas, Aminata, que parfois, juste, les grands noms de nos vies sont les meilleurs, on va dire, ce sont les grands moments de victoire, finalement. C'est un peu le trampoline de nos plus belles victoires.

  • Speaker #1

    Je pense qu'on n'a rien sans échec.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    On n'a rien sans échec. L'échec est un élément. pas perturbateur, mais galvanisateur.

  • Speaker #0

    Ah, waouh ! C'est puissant, ça. C'est puissant. Il faut qu'on se le dise. Et justement, dans ce parcours, j'ai parlé de rencontre fortuite. Pour moi, la rencontre fortuite, c'est quelqu'un, une personne qui ne va peut-être pas forcément faire partie de ta vie. Et vous avez eu un échange, un échange, un bâton rompu, j'en sais rien, moi, j'ai dit un truc comme ça. Et elle dit quelque chose, ça ne rend même pas compte. Mais pour toi, c'est comme le verre d'eau dans le désert. Cette personne te dit ce truc. Et tu te dis, punaise, et ça change radicalement le cours de ta vie. Est-ce que tu as comme ça en souvenir une personne ou une situation qui fait qu'aujourd'hui tu te dis, mais c'est entre autres grâce à ça que je suis là et même la personne ou la situation ne se rend même pas compte, on ne le sait pas.

  • Speaker #1

    Je pense que la personne le sait parce que je lui ai dit un jour, en fait c'est un de mes anciens patrons, Eric Bataille, je travaillais pour lui, j'étais alternante pour lui à l'époque, pour une de ses boîtes. Et je travaillais au marketing à l'époque. Et il me regarde un jour et il me dit « Mais Aminata, je veux juste que tu saches un truc, t'es une communicante, t'es pas une technicienne. » Et en fait, ce mot « communicante » , à l'époque, j'étais pas vraiment dans la com, mais j'ai creusé, j'ai cherché, et finalement, il avait raison. Parce que finalement, la communication, les médias, c'est là où je me suis épanouie le plus. Et c'est ce qui fait ma force aujourd'hui. Effectivement, je ne suis pas une technicienne. Demande-moi mes chiffres. Ça va être autre chose. Mais j'ai l'art de la parole, j'ai l'art de la communication. Je maîtrise les médias. Et je pense que c'est ce qui a fait que je m'en sors aujourd'hui, tout simplement. Et ça, c'est un truc qui m'a un peu suivie. C'est une phrase qui m'a suivie un peu tout au long de mon parcours professionnel. Et je remercie. Eric, finalement, de m'avoir...

  • Speaker #0

    Eric Bataille, si vous nous écoutez, nous vous disons merci.

  • Speaker #1

    Qui, finalement, il m'a ouvert les yeux sur ce que j'étais vraiment. Et après, ça a été fluide. Parce que j'ai été attachée de presse. J'ai été... Finalement, j'ai évolué dans tous les métiers de la com. Et c'est ce qui m'a finalement aidée et donné l'opportunité de créer Moussoya aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Tu as été attachée presse. Tu as fait quoi d'autre ?

  • Speaker #1

    Alors, j'étais attachée de presse, en fait. J'ai bossé pour une agence de communication financière. Donc, je faisais de l'achat d'espaces publicitaires sur des supports financiers comme les échos, investir, etc. Je faisais aussi attachée de presse. Donc, j'accompagnais les dirigeants dans leur training presse et toute leur comfi, en fait. On faisait de la rédaction de communiqués de presse, etc. Donc, J'ai baigné dans la finance, mais dans le monde de la communication financière, donc j'étais toujours dans la com.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Et c'est quelque chose qui m'a suivie et finalement qui m'a aidée et donné les armes pour créer Moussaia aujourd'hui.

  • Speaker #0

    D'accord. Et aujourd'hui, quelle est la personne Providence ? La personne Providence pour moi, c'est quelqu'un qui voit le grain de folie que tu as et qui t'ouvre la porte là-haut. personne d'autre ne l'aurait fait. Qui t'a donné ta chance ?

  • Speaker #1

    Je dirais peut-être les personnes Providence. Je pense que c'est les gens qui sont autour de toi. Autour de moi en l'occurrence. Il n'y en a pas beaucoup, il y en a peut-être 4 ou 5. Pas plus.

  • Speaker #0

    On les compte sur les doigts d'une main.

  • Speaker #1

    Et c'est des gens finalement qui croient plus en moi que moi-même. Et ces gens-là, c'est eux ma providence.

  • Speaker #0

    On va leur dire merci.

  • Speaker #1

    Ouais, c'est important. C'est important d'être, on disait tout à l'heure, d'être entourée de personnes qui croient plus en toi-même que toi-même.

  • Speaker #0

    Oui, exactement.

  • Speaker #1

    Et ouais, heureusement, il y en a.

  • Speaker #0

    Ah bah écoute, on leur dit merci. Et d'ailleurs, effectivement, en tant que femme noire, entrepreneur, quels sont les défis ? que tu, aujourd'hui, tu as encore, devant lesquelles tu es obligée de batailler ? Et quel est le conseil que tu donnes à toutes celles qui suivent ton chemin ?

  • Speaker #1

    Des défis, il y en a, il y en aura encore. Je pense que jusqu'à la fin, il y aura toujours des défis. Un des défis, par exemple, que j'essaie de relever en ce moment, justement, c'est par rapport au refus bancaire. On a souvent... On a tendance à dire que les 4 millions de personnes noires en France, c'est un secteur de niche. On n'est plus dans un secteur de niche, en fait.

  • Speaker #0

    4 millions, ce n'est plus une niche.

  • Speaker #1

    4 millions, ce n'est plus une niche. Tu sais, on ne peut même pas évaluer notre marché parce que les statistiques ethniques sont interdites en France.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait.

  • Speaker #1

    Donc, moi, je ne peux même pas aller voir une banque et dire, voilà, aujourd'hui, ma population, c'est ça. Parce que de toute façon, les chiffres n'existent pas. Donc voilà l'une des choses contre lesquelles je me bats encore au quotidien. On considère que mon produit est communautaire, etc. Enfin, aux États-Unis, ce n'est pas ce qui se passe.

  • Speaker #0

    Mais communautaire, et pourtant, ça s'adresse juste à une catégorie de personnes qui ont un certain type de... Je veux dire, tout le monde ne consomme pas du caviar, tout le monde ne consomme pas de la viande, tout le monde... Ça s'adresse juste à une cible, une cible bien précise. Puis même, ça veut dire quoi communautaire, selon toi ?

  • Speaker #1

    En fait, ça veut tout et rien dire, la communauté. Je ne sais pas, on peut être une communauté de femmes entrepreneuses, on peut être une communauté de femmes noires. En fait, le mot communauté, pour moi, ça ne veut rien dire. C'est juste une safe place, la communauté où tu te sens bien. et dans laquelle tu as envie d'évoluer, tout simplement.

  • Speaker #0

    Tout à fait.

  • Speaker #1

    Mais le problème, c'est qu'aujourd'hui, le mot communauté, c'est devenu un mot péjoratif.

  • Speaker #0

    En France ?

  • Speaker #1

    Oui, en France.

  • Speaker #0

    Et justement, pour rebondir là-dessus, tu as créé Moussouya. Moussouya, l'idée, c'était de, entre autres, de réconcilier finalement un petit peu. C'est une promesse pour moi, quand je vois un peu le storytelling de Moussouya. C'est une promesse pour toutes les femmes qui... me ressemblent de se réconcilier avec leur moi authentique. Quel est le message que tu leur donnes à toutes ces femmes, justement, ces jeunes filles, surtout, qui doutent de leur valeur ?

  • Speaker #1

    Le chemin est long. Très long. Mais au final, c'est gratifiant. C'est satisfaisant, c'est gratifiant. C'est difficile. Mais en fait, il faut persévérer, il faut rester naturel, tel que vous êtes.

  • Speaker #0

    Comment toi, tu as transformé l'essai ?

  • Speaker #1

    En restant moi-même, tout simplement. C'est comme quand j'ai écrit ce fameux post sur LinkedIn, je l'ai écrit en étant moi-même, tout simplement. Je pense que ça paraît bateau quand on dit ça, mais en fait, c'est vrai. Il faut juste rester soi-même. à partir du moment où t'es toi-même et que t'es à l'aise dans tes baskets ?

  • Speaker #0

    Est-ce que c'est ce que tu dirais à la petite Moussouya ? La petite Moussouya, la petite Damienette, c'est bizarre. Qui, justement, à l'époque, essayait de se conformer aux normes. Quel est le conseil que tu lui donnerais aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Patience. La patience est mère de vertu.

  • Speaker #0

    Et qu'elle est patiente quoi ? Elle est patiente pour avoir quoi exactement ?

  • Speaker #1

    Patiente. pour arriver. Tu arriveras quoi qu'il arrive à tes objectifs. Tu sais, moi, je me suis toujours, en fait, je visualise. Je voulais quitter ma famille, entre guillemets, avoir mon propre appartement, mon indépendance. Je l'ai eu. Ça a mis du temps, mais j'ai eu mon petit appart tout seul à Paris, avec mon job. Et la preuve en est, c'est que je ne pouvais même pas avoir de garance, que je gagnais plus que mes deux parents réunis. Donc, je n'avais même pas de garance. Donc, je suis tombée heureusement sur une nana qui a été sympa et qui m'a dit, bon, on va faire autrement. Mais j'ai eu cette indépendance que je voulais depuis longtemps. Et un des conseils que je peux donner à ces nanas... au nana en général, c'est de visualiser. Visualiser où vous voulez aller. Et encore une fois, vous ne passerez peut-être pas par la grande porte, par des chemins de traverse, mais visualiser. La visualisation, c'est hyper important. Parce que finalement, c'est l'objectif que vous allez vous fixer.

  • Speaker #0

    Aminata, tu es maman. On en a parlé un petit peu en off. Et je me suis dit, il faut quand même qu'on en parle. Comment tu fais pour jongler ? C'est peut-être une question bateau. Parce qu'on ne pose jamais cette question aux hommes. C'est bizarre. Mais comment tu fais pour jongler ta vie de femme entrepreneur, de maman ? C'est quoi trouver... être bien accompagnée ?

  • Speaker #1

    Je me demande encore comment je fais. Mais je pense que l'un des moteurs, c'est que j'ai un bon mari. J'ai un mari qui est incroyable.

  • Speaker #0

    Merci, monsieur le mari.

  • Speaker #1

    J'ai un mari qui est incroyable, qui fait partie. On parlait tout à l'heure de Jean, d'Ecosse. Voilà,

  • Speaker #0

    exactement.

  • Speaker #1

    Il en fait partie parce qu'il croit en moi, il croit en mon projet. C'est même lui, des fois, qui me pousse. Allez, vas-y, fais-ci, fais ça. Et ouais, je pense que c'est en partie grâce à lui, si je suis encore là. Et on gère tous les deux, le petit, on organise notre temps. Lui, il travaille le matin, donc c'est moi qui gère le matin. Il ne travaille pas l'après-midi, donc il reprend le relais l'après-midi avec le petit. Sinon, je ne serais pas devant toi.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu penses que pour une femme entrepreneur, c'est plus simple d'être en couple avec une personne également qui est entrepreneur ?

  • Speaker #1

    C'est plus simple. Parce que la personne comprend mieux les enjeux, peut-être les absences. Parce que c'est vrai qu'avec Moussoya, je suis clairement imbuvable. Il y a des jours où, surtout quand tu as beaucoup de stress, parce que nous, les femmes, on a la charge mentale familiale. Tu penses à ce que ton gosse va bouffer le lendemain, à prendre soin de ton foyer, à ton ménage, machin. Et moi, j'ai Moussoya aussi à côté. Donc, il faut que je cherche de l'argent, il faut que je prépare les dossiers dessus. C'est beaucoup psychologiquement pour une personne. Et des fois, ton cerveau, il sature. Et en fait, c'est important d'être avec quelqu'un qui va comprendre que tu passes par des moments de up et de down. Et le fait qu'il soit entrepreneur, forcément, ça facilite les choses.

  • Speaker #0

    En off, on a parlé du conjoint, du compagnon, de la personne qui t'accompagne, qui est responsable ou qui prend vraiment ses responsabilités. J'ai envie quand même qu'on partage ce petit moment d'aparté là, parce que j'ai trouvé ça extrêmement intéressant. Et je pense que pour des femmes entrepreneurs, ou même des femmes, pour moi, entreprendre, ce n'est pas forcément avoir un cirette, mais c'est toutes des personnes qui sont responsables de leur vie et qui visualisent des choses pour elles et qui font tout pour les avoir. C'est quoi la différence ? Est-ce que tu veux bien partager ça avec les auditeurs de We Talk ?

  • Speaker #1

    Oui, d'ailleurs, celle qui m'a dit ça, c'est Marine. Je suis sublime. On était au téléphone un jour, parce qu'on fait partie d'un collectif qui s'appelle les 6 tapreneurs. Et je lui racontais mes déboires et je lui disais que j'étais débordée et que c'était génial parce que mon mec faisait ci, ça, ça. Elle me dit oui, il fait, mais en fait, il prend ses responsabilités. Il ne t'aide pas. On pense qu'il y a deux types d'hommes. T'as le mec qui prend ses responsabilités et t'as celui qui t'aide vraiment. Celui qui... Prendre ses responsabilités va faire le job. Il va faire le job sans essayer d'aller plus loin. OK, il va garder l'enfant, mais par contre, il faut que la bouffe de l'enfant soit prête. Il ne faut pas qu'il ait à faire sa bouffe. Un mec qui t'aide vraiment, tu pars, tu laisses ton enfant, qu'il n'ait pas mangé ou quoi que ce soit. Tu sais que ton esprit va être tranquille, parce que le mec va tout faire de A à Z.

  • Speaker #0

    Et il recherche des hommes qui aident vraiment. en veut les hommes qui aident vraiment.

  • Speaker #1

    De toute façon, la société a changé. Aujourd'hui, je pense que nous qui sommes les mères d'aujourd'hui, on va élever les hommes de demain. Moi, c'est ce que je dis pour mon fils. Je dis, il est hors de question que j'élève mon fils pour que sa future femme m'en veuille. Parce que si demain, j'élève un homme qui ne fait pas à bouper, qui ne range pas son espace vital ou ne prend pas ses responsabilités plus, plus,

  • Speaker #0

    plus,

  • Speaker #1

    c'est à moi qu'elle va en vouloir. Elle va dire donc, tu n'as pas élevé ton fils, ton fils t'en a fait un pacha. Et le but, c'est d'élever mon fils pour que... il soit le compagnon d'une femme. Pas qu'une femme soit son esclave.

  • Speaker #0

    Wow, tu m'as donné des frissons. Tu élèves l'homme parfait, l'homme idéal en tout cas. L'homme idéal que beaucoup de femmes rêvent d'avoir. Est-ce que, quelle est l'actualité de Moussaouia aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Alors, le MCB.

  • Speaker #0

    Franchement, bravo. J'ai envie de... J'applaudis, on n'entend pas, mais j'applaudis.

  • Speaker #1

    Donc forcément, on va surfer sur la vague et prendre le positif. Je t'avoue clairement, je ne sais pas ce que ça vaut, cette distinction. Mais j'ose espérer que ça nous ouvrira certaines portes. En tout cas, j'y travaille. Et cette distinction, finalement, m'a donné l'opportunité de continuer à croire en mon rêve. Je pense que c'est une chance et c'est un encouragement. C'est une manière de dire, OK, ton produit existe, il est là, il est top. On t'encourage à continuer, on t'encourage à développer. Ça ne veut pas dire que ce sera facile, mais en tout cas, ça me donne de l'espoir. Et ça, c'est important parce que sans espoir, on n'avance pas.

  • Speaker #0

    C'est bien dit. En fait, au final, dans un projet, de ce que moi je retiens, c'est... il y a des ups, il y a des downs, parfois dans les downs plus profonds, pour te permettre de continuer, d'avancer, d'y croire. Il va aussi y avoir des événements très positifs, comme le prix que tu as reçu, et qui te font comprendre que tu es sur le bon chemin et que la petite secousse qu'il y a eu là, c'est juste une parenthèse pour pouvoir donner du relief à ton histoire, à ton storytelling. Et demain, tu vas pouvoir encourager d'autres femmes, d'autres hommes aussi. toutes les personnes qui se sentent concernées par ce chemin de vie-là. Quelle est ta définition de la réussite, du coup, avec ce recul, avec tout ça ?

  • Speaker #1

    C'est large comme question. Ce n'est pas facile. Parce qu'en fait, moi, j'ai réussi à changer ma vie. Clairement, je suis issue d'un milieu qui ne m'aurait jamais prédestinée à être là où je suis. Normalement, à l'heure où je te parle, je devrais peut-être être la co-épouse de quelqu'un. J'aurais déjà 4-5 enfants. Voilà la vie à laquelle on me prédestinait à la base. Mais j'ai réussi à changer la donne. Donc quelqu'un qui a réussi à changer sa vie, pour moi, ma vie en elle-même, c'est une réussite. Wow ! Parce que je ne serais pas là. Si je n'avais pas décidé de me dépasser, si je n'avais pas décidé d'aller... à l'encontre de ce que je suis, même à l'encontre de ma propre famille. Voilà, je ne serai pas là aujourd'hui. Je n'estime pas avoir réussi, parce que le mot réussite, en fait, c'est propre à chacun. Mais je reviens de loin.

  • Speaker #0

    Et on peut déjà dire que c'est une belle réussite.

  • Speaker #1

    C'est une belle avancée.

  • Speaker #0

    Quel est ton plus grand rêve, Aminata ?

  • Speaker #1

    Waouh ! J'en ai tellement, j'en ai tellement. Élever mon fils dans un monde où il ne connaîtra pas la faim, où il ne connaîtra pas les difficultés, que j'ai pu moi connaître, parce que ce n'est pas évident. Quand tu pars de chez toi à 18 ans, sans bagage ni quoi que ce soit, c'est compliqué, j'aurais pu tourner mal. Mais heureusement, j'ai rencontré des gens sur mon chemin. qui ont été bienveillants. Donc peut-être que mon plus grand rêve aujourd'hui, ce serait de donner les chances à mon fils que je n'ai pas eues. Un de mes plus grands rêves aussi sera un monde où la femme noire serait reconsidérée comme une beauté à part entière, comme à l'époque de l'Antiquité, où ça l'était. Parce qu'à cette époque, les femmes noires étaient des modèles de beauté et j'ai envie qu'aujourd'hui, on y revienne. C'est important. pour nous redonner confiance. Voilà, je pense que...

  • Speaker #0

    C'est un très très beau rêve.

  • Speaker #1

    Un rêve où on serait...

  • Speaker #0

    Voilà, on n'est pas des Miss France, mais... Ok, écoute, moi je suis complètement, je partage ton rêve pour toutes les femmes, femmes noires, petites filles, qu'elles s'aiment et qu'elles s'acceptent telles ou telles. Et un monde où ma nièce ne viendra pas me dire j'ai envie d'avoir des cheveux lisses, où elle se dit juste mais je suis belle. Et l'autre aussi est belle avec sa différence. En fait, on est toutes belles et beaux dans ce que l'on est. Ce n'est pas un vœu pieux, on n'est pas dans un monde de bisounours et en tout cas c'est un vœu qui est sincère. Aminata, on arrive à la fin de We Talk, de cet épisode. Déjà, on a tellement bien parlé, tu t'es tellement transportée. Ça veut dire que tu t'es sentie très bien. Comment tu t'es sentie d'ailleurs ?

  • Speaker #1

    Ici, on est dans une safe place, tout simplement. Tu sais, je ne parle pas de moi. Il y a beaucoup de choses qui vont surprendre les gens dans ce que j'ai dit. Je ne parle pas souvent de mon passif. J'en parle très, très peu. C'est l'une des premières fois, voire la première fois que j'en parle.

  • Speaker #0

    J'en suis honorée.

  • Speaker #1

    Et ouais, c'est important. Je pense que c'est important que les gens me connaissent un petit peu plus. Et je voulais aussi parler d'un sujet qui n'a rien à voir, mais je pense que c'est important. Il y a quelques années, j'ai fait un don d'ovocytes. En fait, j'ai donné mes ovules pour permettre aux femmes noires qui n'avaient pas la possibilité d'avoir des enfants de réaliser leurs rêves. Et je voudrais juste lancer un appel à toutes mes sœurs, à toutes les femmes noires qui se sentent concernées, qui ont envie de faire un geste pour aider d'autres sœurs tout simplement qui sont dans cette situation. Vous pouvez changer la donne à votre niveau. N'hésitez pas à vous renseigner sur le don de vos sites. Vous pourrez changer certaines vies.

  • Speaker #0

    Wow, là tu viens de me... déjà je reçois un truc en plein cœur comme ça, wow ! C'est beau, c'est moi qui vais pleurer à la fin. Ah mais c'est tellement beau, c'est d'une grande générosité. On n'en parle pas assez, on n'en parle pas du tout même. On oublie que beaucoup de femmes noires souffrent souvent d'endométriose. D'ailleurs, je ne sais pas pourquoi, de fibromes, encore plus que d'autres. Et que c'est une source d'infertilité profonde. Et voilà,

  • Speaker #1

    il faut donner. Ce n'est pas un geste comme le don de spermatozoïdes, qui est un geste finalement un peu mécanique. C'est un peu plus compliqué, parce qu'il va falloir être sous hormones, etc. Se faire ponctionner, ça nécessite une préparation physique et psychologique qui n'est pas évidente, mais ça peut littéralement changer la vie de certaines personnes. Moi, je sais ce que c'est, parce que je suis issue d'une culture où... Quand une femme n'a pas d'enfant, elle n'est pas considérée comme une femme.

  • Speaker #0

    Tout à fait.

  • Speaker #1

    Et ça, c'est dégueulasse. Donc, faire ce geste, ça a été juste une évidence. Ça a été pour moi un moyen d'aider mes sœurs et de dire non, vous n'êtes pas seules. Si je peux aider à mon échelle, je le fais.

  • Speaker #0

    Donc,

  • Speaker #1

    les filles, faites-le. Renseignez-vous, faites-le.

  • Speaker #0

    Wow. Écoute, je n'aurais pas pu dire mieux. Avec ça, c'est le mot de la générosité de la fin. Pour quelles raisons regarderais cet épisode, ton épisode de weTalk avec, enfin cet épisode de weTalk avec toi, Minata Doukouré ?

  • Speaker #1

    Pourquoi les gens devraient regarder ?

  • Speaker #0

    Cet épisode, oui.

  • Speaker #1

    Waouh, pour plein de raisons. Pouvoir se dépasser. Je pense que c'est important pour accomplir, quand on a une vision, pour concrétiser cette vision, c'est important de se dépasser et... Je le répète encore, moi, je n'étais pas du tout prédestinée à faire carrière dans la finance et à monter ma boîte aujourd'hui, vu d'où je viens. Donc, si je vais réussir à changer ma vie et en tout cas, si des gens veulent changer leur vie ou en tout cas en avoir les prémices, je vous invite à écouter.

  • Speaker #0

    Et c'est le mot de la fin. Merci beaucoup d'avoir écouté cet épisode de We Talk. Il a retrouvé sur toutes les plateformes d'écoute de podcast. Spotify, j'en perds mes mots, Deezer, Apple Podcasts, YouTube pour la version filmée. Et bien sûr, rejoignez la communauté WeTalk sur les réseaux sociaux LinkedIn, TikTok et Instagram. Très, très belle journée ou soirée. En tout cas, portez-vous bien et à bientôt. Bye bye.

Chapters

  • Introduction au thème de l'échec et de la réussite

    00:07

  • Présentation de l'invitée : Aminata Doukouré

    01:01

  • Le parcours d'Aminata : enfance et identité

    01:54

  • Création de Moussouya : un rêve devenu réalité

    03:44

  • Les défis de l'entrepreneuriat et le refus de prêt bancaire

    04:18

  • L'importance de la résilience et du soutien communautaire

    04:43

  • Réactions de l'entourage et perception de l'échec

    05:50

  • Définition de l'échec et de la réussite pour Aminata

    07:30

  • Les rêves et aspirations d'Aminata pour l'avenir

    09:00

  • Conclusion et message aux auditeurs

    10:40

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