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Barbarossa 1941 : pourquoi les Soviétiques ont vaincu

Barbarossa 1941 : pourquoi les Soviétiques ont vaincu

24min |01/04/2023|

304

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24min |01/04/2023|

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Description

L’opération Barbarossa, la tentative d'invasion de l’URSS par l’Allemagne en 1941  est encore l’objet de pas mal d'idées reçues.  






 SOURCES :

* Claude Quétel, La seconde Guerre Mondiale, Perrin,2018

* Sous la direction de Jean Lopez et Olivier Wieviroka, Les mythes de la Seconde Guerre Mondiale, Volume 2, Perrin, 2017

* Sous la direction de Jean Lopez, La Wehrmacht : la fin d’un mythe, Perrin, 2019

 

CREDITS SONS :

* Musique générique :  Epic-Theme N°2 par Steven O'Brien. Licence Creative Commons Attribution 3.0 Unported (CC BY 3.0).
Source : https://stevenobriencomposer.bandcamp.com/track/epic-theme-no-2-majestic-epic

* Musique de fond :  Rapture par Ross BugdenMusic.
Fichier d’origine : https://www.youtube.com/watch?v=vja87ZXejyk.
Chaîne YouTube de Ross Bugden Music : https://www.youtube.com/@RossBugden


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    bonjour à toutes et à tous le 22 juin 1941 l'armée allemande se lance à l'assaut de l'union soviétique Nom de code, Opération Barbarossa. Un peu moins de 6 mois plus tard, l'armée allemande échouait à prendre Moscou, bloquée, paralysée par le terrible hiver russe. Ça, c'est ce qu'on a cru longtemps et c'est ce qu'on croit parfois encore. Mais est-ce que vous savez qu'en réalité, l'hiver russe a quasiment pas joué dans l'échec militaire allemand ? Que cet échec militaire était dû à des causes beaucoup plus profondes ? Qu'il a révélé des faiblesses fondamentales de l'armée allemande, de sa pensée stratégique. Donc zoom aujourd'hui sur l'opération Barbarossa, une des plus grosses opérations militaires de l'histoire qui a peut-être été le grand tournant de la seconde guerre mondiale. Le 30 juillet 1940, alors que la France est tout juste vaincue, Hitler réunit les principaux chefs militaires allemands. Il leur annonce sa décision d'attaquer et de détruire l'URSS pour le printemps 1941. Et ça malgré le pacte germano-soviétique de non-agression et de coopération qui avait été signé en août 1939. Et malgré aussi le fait que l'Allemagne était encore en guerre contre la Grande-Bretagne. Mais justement, Hitler voulait vite vaincre l'URSS pour se retrouver en position de force face à la Grande-Bretagne. Le Führer croyait ou voulait croire que la Grande-Bretagne refusait de se rendre parce qu'elle espérait l'entrée en guerre rapide de l'URSS. Et puis il faut dire qu'envahir l'URSS c'était depuis longtemps un peu une obsession idéologique de Hitler et des nazis. Pour plusieurs raisons. Asservir les populations de l'Est de l'Europe vu comme des races inférieures. Coloniser les territoires de Russie et d'Ukraine, prendre le contrôle de leurs ressources en énergie et en matières premières. Et éliminer le régime soviétique associé au communisme, l'idéologie peut-être la plus haïe du nazisme. Tout ça, Hitler en parlait déjà dans Mein Kampf. Donc dans ce contexte, le pacte jamaïno-soviétique de non-agression signé en août 1939 était qu'une alliance de circonstances. Pour Hitler, il s'agissait de sécuriser son flanc Est pour pouvoir attaquer la France et la Grande Bretagne. Et pour Staline, c'était l'occasion de gagner du temps, se renforcer au maximum en préparation d'une agression allemande qu'il savait devoir arriver un jour ou l'autre. Il faut dire que la politique d'industrialisation forcée que Staline a menée à partir des années 30, cette politique était en partie motivée par la volonté de construire une grosse force militaire. La part du budget soviétique consacrée à la défense était de 12,67% en 1933. Elle est passée à 26,4% en 1938. En 1940, l'URSS produit plus de chars que l'Allemagne. 3000 contre 2200. En juin 1941, elle produit chaque mois 230 chars, 700 avions, 4000 canons, 1 million d'obus. Et de l'armement parfois de bon niveau. Par exemple le char T-34, l'avion Sturmovik ou le launch rocket Katyusha. En juin 1941, l'armée soviétique compte 4 200 000 hommes. Largement plus donc que les 3 100 000 hommes que l'Allemagne et ses alliés se préparent à lancer à l'assaut de l'URSS. Et en plus, l'armée soviétique a commencé à réfléchir à une nouvelle façon de faire la guerre moderne, au-delà de sa manœuvre des troupes. Et là, on peut citer Georgi Sershon. C'est un enseignant à l'Académie Militaire Frontzé de Moscou qui a formé pas mal d'officiers à ce qu'on appelle la doctrine de l'art opératif. Une façon de penser les opérations militaires en profondeur. Bref, des grosses forces à un gros potentiel militaire mais gâchées par pas mal de problèmes. Déjà au niveau technique, l'armée soviétique manque de camions et de moyens de transmission radio. Ensuite, la majorité des millions de soldats soviétiques ont pas mal de ressentiment contre le régime de Staline. Un régime qui, rappelons-le, depuis un peu plus de 10 ans a perpétré massacres de masse, déportations et famines. Et surtout, il y a un gros manque d'officiers et de sous-officiers. Suite aux grandes purges staliniennes des années 30, la grande majorité des maréchaux, des commandants d'armée et des généraux de division ont été exécutés. On peut parler d'un vrai massacre. Un massacre qui prive l'armée soviétique d'hommes qui étaient des officiers excellents comme par exemple le maréchal Tchoukachevski ou le général Sechine. Et Georgi Sershon, ce pensionnaire militaire d'avant-garde qui a théorisé l'art opératif. Le 7 juin 1941, il a été arrêté pour activité anti-soviétique et déporté au goulag, d'où il ne reviendra pas avant 1955. En 1941, au poste de commandement de l'armée soviétique, On trouve des hommes comme Bouddhieni ou Voroshinov, des anciens, vétérans de la guerre civile russe, fidèles et soumis à Staline, mais pas très compétents. Juste après l'attaque allemande contre l'URSS, Hitler a déclaré qu'il avait fait que réagir à une attaque de Staline qui était imminente. Un pauvre mensonge qui avait déjà été utilisé pour justifier l'attaque contre la Pologne en 1939 et qui fera long feu. Et pourtant, l'idée sera reprise à la fin des années 1980 par Viktor Suvorov dans un livre appelé Le brise-glace qui affirme qu'en 1941, c'était Staline le premier qui était prêt à lancer une attaque contre l'Allemagne. En attaquant l'URSS, Hitler aurait donc fait que se défendre. L'hypothèse était populaire pendant un moment, elle a été reprise par certains grands médias. Mais depuis, les historiens ont travaillé dessus. On a analysé les archives soviétiques, les archives allemandes et la réponse est non. En 1941, Staline savait très bien que un jour ou l'autre, l'Allemagne attaquerait l'URSS. Mais il a cherché à éviter ça autant que possible. Jusqu'au bout, il s'est acharné à éviter à tout prix l'affrontement avec les Allemands. A partir du printemps 1941, les concentrations de troupes allemandes à la frontière soviétique laissent clairement apparaître qu'une invasion va arriver. En même temps, Staline reçoit de tous les côtés des messages d'avertissement clairs sur les plans d'invasion allemands, dont des messages de Winston Churchill. Et pourtant, Staline s'acharne à ne prendre aucune mesure préventive. Les livraisons soviétiques de pétrole et de matières premières à l'Allemagne vont continuer exactement au même rythme qu'avant. Pire, les groupes d'armées soviétiques massés à la frontière allemande reçoivent l'ordre de ne pas se mettre en position défensive. Oui, parce qu'il ne faut absolument pas provoquer les allemands. Résultat, le 22 juin 1941, au matin, quand l'armée allemande lance l'invasion, c'est la catastrophe. Les unités soviétiques sont complètement débordées. Le soir du 22 juin, les allemands ont avancé de 60 km. 3 jours plus tard, de 230 km. En 4 jours, la Luftwaffe détruit 1200 avions soviétiques. Le 25 juin, elle lance son premier raid aérien sur Moscou. Dans beaucoup de régions du RSS, les allemands sont accueillis en libérateur. Un peu comme 3 ans plus tard, les soldats américains seront accueillis par les français de Normandie. Et une partie pas négligeable, des soldats soviétiques désertent. Le 10 juillet, l'armée allemande s'est avancée de 450 km. ont été conquis les pays baltes, la Biélorussie, une partie de l'Ukraine. L'armée soviétique a perdu 1500 chars, 3000 canons, 2000 avions. 300 000 de ces soldats ont été faits prisonniers. Entre temps, le 28 juin 1941, la Finlande déclare la guerre à l'URSS. Du coup, Leningrad et le port de Murmansk se trouvent menacés. Bref, pour les soviétiques, ça va très mal. Le scénario de la débâcle française un an avant a l'air de se répéter. On écrit que, juste après l'invasion, Staline était resté prostré au Kremlin, à cause du choc. Si c'est le cas, il n'est pas resté prostré longtemps. Parce que le 23 juin 1941, lendemain de l'invasion donc, Staline signe un décret secret qui installe ce qu'on appelle la Stavka. La Stavka, c'est un genre d'état-major à la fois militaire et politique. Le 10 juillet, elle devient la Stavka du Commandant suprême, en charge de la conduite stratégique générale des opérations. On y trouve des responsables politiques et militaires comme Voroshilov, Molotov, Boudini, Timoshenko et Staline qui bien sûr en prend le commandement. Le 3 juillet 1941, Staline prononça à la radio un discours où il appelle les soviétiques à la résistance. Camarades, citoyens, frères et sœurs, soldats de notre armée et de notre flotte, je m'adresse à vous aujourd'hui, mes amis. Notre patrie fait face actuellement à un très grave danger. L'histoire montre qu'il n'y a pas d'ennemi invincible et qu'il n'y en a jamais eu. Nous devons rapidement diriger toute notre économie vers l'effort de guerre. En avant vers la victoire ! Mais avant ça, on a déjà pris des mesures assez radicales. Par exemple, pour mobiliser la production de guerre, on a pris le 26 juin 1941 un décret qui supprime les congés et qui porte la durée du travail à 54 heures par semaine, voire 72. Les ouvriers couchent parfois dans les usines. Ce qui est peut-être mieux pour eux parce que trois retards consécutifs de 20 minutes peuvent faire accuser de sabotage. Dans les usines d'armement, ça peut amener à la déportation au goulag. Oui, c'est l'occasion de rappeler que le régime de Staline a été souvent plus oppressif et plus meurtrier que le régime nazi. En même temps, des centaines d'usines sont démontées, transportées et reconstruites loin à l'est. Loin des allemands, un travail énorme qui permet de maintenir la production de guerre. Et sur le terrain, les allemands commencent à avoir du mal à avancer. Déjà, dès le début de l'invasion, localement à Brest-Litovsk ou à Lviv, les soviétiques avaient réussi à bloquer les assauts allemands pendant plusieurs jours. En juin et en juillet, les armées soviétiques vont parfois contre-attaquer, dans le sud des marées du Pripyat ou à Solsci, sur la route de Leningrad. Au sud, en Ukraine, Odessa va résister aux assauts roumains puis allemands de mi-août à mi-octobre. Et à partir du 10 juillet, autour de Smolensk, les soviétiques lancent contre les allemands une série de contre-attaques qui vont durer jusqu'au 10 septembre. Une vraie bataille où les allemands vont se frotter pour la première fois au lance-roquettes Katyusha. L'avance sur Moscou est bloquée, les allemands doivent passer à la défensive. Sur l'ensemble du front, la résistance soviétique se durcit et se durcit de plus en plus. Plus tard, le généralement Blumentritt écrira que Le comportement des troupes russes dans la défaite contrastait terriblement avec celui des polonais et des occidentaux. Même encerclés, les russes s'accrochaient et combattaient. Bon, il faut savoir que le 27 juin 1941 a été pris un décret qui autorise les membres de la police politique à arrêter les exerceurs et les fuyards. Très vite, tous les soldats qui reculent sont fusillés sans jugement. On comprend mieux dans ces conditions l'enlissement de la résistance soviétique. Pour les soldats, résister est moins dangereux que reculer. Seulement, ce durcissement de terreur d'un régime déjà très dur aurait pu encourager un ras-le-bol et une révolte contre le pouvoir soviétique. Et vu comme les allemands avaient été cueillis en libérateur dans pas mal de régions du RSS, ça aurait pu augmenter les sympathies envers eux, ça aurait pu accélérer les désertions de soldats. Mais pour ça, il aurait fallu que les nazis se comportent en libérateur et pas en nazi justement. Avant l'offensive, les buts de guerre déclarés par Hitler étaient clairement ouvertement de soumettre, voire exterminer les populations Slaves, Russes, Ukrainiens, considérés comme des sous-hommes. Et sur le terrain, dans les zones conquises, les allemands vont vite appliquer ces principes. Maintien des fermes collectives, colcose, sauve-causes, où les paysans sont attachés de force. Réquisition, pillage. Massacre de civils sur le prétexte de la lutte contre les groupes de partisans. Massacre qui d'ailleurs entraîne un renforcement des groupes de partisans, lequel renforcement sert de prétexte à une répression plus dure, à des massacres accrus sur les civils. Massacre qui ont été commis d'ailleurs en grande partie par la Wehrmacht, l'armée régulière. Même si la palme, si on peut employer ce mot, des crimes de guerre va revenir à ce qu'on appelle les Einsatzgruppen. Des unités SS qui vont dans les zones occupées massacrer à grande échelle les populations civiles, juifs et non-juifs. En septembre 1941, à Kiev, au lieu d'Ibabiyar. En deux jours, les Einsatzgruppen massacrent plus de 33 000 juifs, avec des nationalistes ukrainiens, des prisonniers de guerre et des otages. Et quand on dit millions de soldats soviétiques qui ont été faits prisonniers par les allemands, la majorité sont abandonnés à la mort par la faim. Abandonnés à la mort par la faim dans les camps de prisonniers gérés par l'armée régulière, la Wehrmacht. Donc autant pour l'image des crimes de guerre allemands qui auraient été limités au SS. L'armée régulière y a très largement participé. En tout cas, ces crimes de guerre de grande ampleur expliquent le développement de la haine anti-allemande de la population et donc le durcissement de la résistance soviétique. Mais il y a un autre facteur qui a aussi beaucoup joué dans le ralentissement de l'avance allemande, ce sont les carences logistiques. 183 divisions, un peu plus de 3 millions d'hommes avaient été lancés à l'assaut de l'URSS le 22 juin 1941. Ça a l'air énorme, mais c'est pas beaucoup plus que les effectifs qui avaient été lancés à l'assaut de la France en mai 1940 pour un territoire à conquérir un multiple de fois plus grand. Pire, pour Barbarossa, les Allemands emploient un tiers de moins d'avions qu'en France. Et en face, les effectifs soviétiques sont régulièrement réévalués à la hausse. Le 22 juin 1941, les Allemands estimaient le nombre de divisions soviétiques à 213. En août, ils estiment à 360. En décembre, l'armée soviétique pourra aligner face aux allemands 390 divisions plus 140 de réserves. Mais le manque d'effectifs peut être compensé par la qualité de l'armement des unités combattantes. Et justement, l'armée allemande a un gros atout, c'est division de Panzer, les fameux Panzer Divisionen. Des unités blindées, motorisées, à la très grosse puissance de feu et qui maitrisent très bien le combat inter-armes entre artillerie, chars, fantassins et aviation. A la Mais ces divisions de Panzer ne forment pas la majorité de l'armée. La majorité de l'armée allemande est formée de divisions d'infanterie, des fantassins qui vont à pied, à 4 km en moyenne. Alors que les divisions motorisées, elles, roulent en moyenne à 40 km heure. Donc, selon que distance, les divisions de Panzer doivent ralentir, voire s'arrêter pour ne pas se couper du reste de l'armée. Mais surtout, le problème du manque d'effectifs fait que c'est toujours les mêmes unités qui sont placées en première ligne. D'où épuisement des hommes, épuisement du matériel. Les mécaniques flanchent. Les essieux cassent. Les pneus crèvent. Et il y a passé le stock de réserves. Les 100 000 pneus de secours qui étaient prévus pour l'armée de terre sont consommés en un mois. Logiquement, il faudrait transporter sur le front des pièces des sachets de réserves. Mais impossible d'utiliser les moyens de transport soviétique. Il n'y a que 4000 km de route asphaltée. Le réseau ferré est largement moins dense qu'en Allemagne avec en plus un écartement de voies différents. Et de toute façon, au fur et à mesure que les Allemands avancent, l'armée soviétique détruit tous les réseaux de transport et de communication. Et pourquoi l'armée allemande, me direz-vous, n'utiliserait pas ses propres moyens de transport ? Parce qu'il en manque. Il n'y a que 404 500 camions, civils ou militaires, en 1941, alors qu'il en aurait fallu au moins 1 million. L'armée allemande a même moins de moyens ferroviaires que pendant la première guerre mondiale. Oui, en 1939, elle possède 21 700 locomotives contre 26 830 en 1914 et 700 000 wagons. Contre 835 000 en 1914. Côté allemand, il y a eu une énorme sous-estimation de la force militaire soviétique qui est des difficultés d'une campagne de l'ampleur de Barbarossa. Une sous-estimation qu'on n'a d'ailleurs pas que à Hitler. On la doit à la plupart des chefs militaires allemands qui croyaient que Barbarossa ne durerait que quelques semaines. En fait, le gros problème de l'armée allemande, de ses chefs, c'était une conception de la guerre héritée du début du XIXe siècle, de l'époque de Bonaparte. La recherche de la bataille décisive. Tout ce qui compte, c'est la tactique, la manœuvre rapide de façon à vaincre rapidement l'adversaire et le pousser à demander la paix. Et donc, dans cette mentalité, le renseignement et les contraintes logistiques sont négligées pour ne pas dire oubliées. En clair, les chefs militaires allemands étaient d'abord formés à penser aux mouvements de troupes sur courte distance et courte durée. Les questions d'approvisionnement, en carburant, en billets détachés, en armes, c'était une partie secondaire, pas très intéressante. Ce sont toutes ces raisons qui font qu'en août, les allemands se trouvent bloqués à Smolensk, sur la route de Moscou. Vu la situation, Hitler décide de donner la priorité à l'avance sur Leningrad. Des renforts sont transférés du groupe d'armée sante vers le groupe d'armée nord. Les Allemands avancent et les assènent l'Ingrade le 2 septembre. Seulement, l'Ingrade, armée finlandaise, refuse d'aider à l'attaquer. Et les soviétiques y ont plus mis en place tout un dispositif de défense. Les Allemands renoncent donc à envahir l'Ingrade et la mettent en état de siège. Au sud, l'avance allemande continue, moins vite qu'au début de l'invasion, mais elle progresse. Les Allemands prennent Kiev le 19 septembre. Ils progressent lentement au Crimée, prennent Kharkiv le 24 octobre, puis Rostov le 18 novembre. L'Ukraine avec ses réserves d'énergie et de matières premières est pour l'essentiel sous contrôle allemand. L'Ingres en état de siège, c'est le moment de reporter l'effort de guerre principal au centre vers Moscou. Moscou d'où un prix se peut amener à la victoire finale tant attendue. Le 2 octobre, l'armée allemande lance donc l'assaut final sur Moscou, l'opération Typhon. Comme le 22 juin, la pousse allemande paraît d'abord irrésistible. 7 armées soviétiques sont encerclées, près de 700 000 hommes faits prisonniers. En 15 jours, les armées allemandes approchent à 100 km de la capitale. A Moscou, c'est la panique. Des centaines de milliers d'habitants prennent la fuite. Le corps diplomatique déménage en vitesse à l'ouest à Kubitschev. Mais très vite, l'avance allemande ralentit devant la résistance soviétique acharnée. Les problèmes logistiques, le manque de ravitaillement en munitions, en essence, en pièces détachées. En septembre, 2093, train de ravitaillement est arrivé au front. En octobre, il y en aura 1860. En novembre, 1701. De moins en moins. Donc, pas d'autre solution que de ralentir. Surtout qu'à partir de mi-octobre, il pleut d'automne sans mêle. C'est la Rasputinza, la saison de la boue, les routes soviétiques peu goudronnées deviennent des bourbiers où les véhicules allemands s'enlisent. Soit bonne connaissance des difficultés allemandes, soit courage de sa part, soit les deux, Staline décide de maintenir le défilé qui a lieu le 7 novembre à Moscou pour l'anniversaire de la révolution bolchevique. Le discours qu'il prononce ce jour-là est bien sûr consacré à la guerre en cours. N'y a-t-il aucun doute que nous pouvons et devons vaincre les envahisseurs allemands. Le diable n'est pas aussi effrayant qu'il est décrit. Les envahisseurs allemands mettent à rude épreuve leur dernière force. Il est évident que l'Allemagne ne pourra pas supporter longtemps une tension pareille. Cette guerre que vous menez est une guerre de libération, une guerre de justice. Que l'image glorieuse de nos grands ancêtres vous inspire dans cette lutte que vous menez. Pour la défaite totale des envahisseurs allemands. Mort aux envahisseurs allemands. Vive notre glorieuse patrie. Vive sa liberté et vive son indépendance. En novembre, les pluies d'automne prennent fin et le froid arrive. Froid qui permet aux cônes allemandes d'en partir à tâques sur les sols gelés, donc durcis. Mais l'avancée est laborieuse. Les hommes sont à bout de force. Ils manquent d'à peu près tout. Il ne s'agit même plus de déborder et d'encercler les unités ennemies, comme au début, mais d'avancer vaille que vaille, autant que possible. Le 1er décembre, le général von Bock écrit que L'idée que l'ennemi qui nous fait face soit sur le point de s'effondrer tient du compte de fait. L'offensif est devenu sans but ni raison, car le moment est proche où mes troupes ne pourront plus tenir. Le 2 décembre, des soldats allemands atteignent quand même le quartier Lobnya, à 10 km du centre de Moscou. Les tankistes ont dans leurs jumelles les tours du Kremlin. Mais entre-temps, les soviétiques, eux, restent pas les bras croisés. La défense de Moscou s'organise. Des civils sont mobilisés par centaines de milliers pour construire des abris ou des fossés anti-chars. Toutes les routes qui mènent à Moscou sont barrées. La Stavka rassemble plusieurs armées pour défendre la capitale. La défense est confiée au général Georgy Zhukov. On a parfois écrit que des gros renforts auraient été envoyés de Sibérie pour défendre Moscou, mais la réalité c'est que c'est seulement 20 000 hommes qui ont été envoyés de Sibérie, pas beaucoup sur les 1 million de soldats rassemblés par la Stavka. Ces 1 million de soldats sont lancés à l'assaut des allemands le 6 décembre 1941, dans des conditions pas évidentes parce qu'il fait en dessous de moins 20 degrés et ces soldats soviétiques manquent de vêtements chauds, comme les allemands. La Wehrmacht est vite débordée, elle recule pour ne pas se faire encercler. Elle est rejetée progressivement à 100 km de Moscou. Mais le 20 décembre, Hitler ordonne de ne pas reculer et de tenir une position coûte que coûte. Et avant, le 28 novembre déjà, les allemands avaient dû évacuer Rostov, à l'extrême sud du front. Là-bas, ils avaient reculé de 200 km. À l'état major allemand, c'est la crise. Des généraux comme Von Bock, Guderian ou Von Brottich sont limogés ou remplacés par Hitler. Dorénavant, c'est le Führer lui-même qui commandera directement l'armée de terre. Courant janvier 1942, les attaques soviétiques sont enfin enrayées. Mais ça, ça fait haut prix, d'énormes pertes en matériel et en hommes. Oui, le tiers des effectifs engagés pour Barbarossa ont été perdus. Des pertes qu'il va falloir rattraper. Le calcul de Hitler qui consistait à écraser rapidement l'URSS pour se retrouver en position de force face à la Grande Bretagne a échoué. A partir de maintenant, l'Allemagne va devoir mobiliser la majorité de ses ressources économiques et humaines contre un nouvel adversaire. Un nouvel adversaire qui avait été dangereusement sous-estimé. Et ces ressources mobilisées contre l'URSS vont manquer quand les oblois américains débarqueront plus tard à l'ouest. Oui, parce que hasard du calendrier, le lendemain du jour de la contre-attaque soviétique devant Moscou le 7 décembre 1941, donc l'attaque japonaise sur Pearl Harbor a entraîné l'entrée en guerre des États-Unis. Dès ce jour-là, l'Allemagne et ses alliés ne pouvaient plus gagner la guerre. C'est pour cette raison que Barbarossa a peut-être été le tenant stratégique de la seconde guerre mondiale. Il ne me reste plus qu'à vous remercier d'avoir écouté cet épisode. S'il vous a plu, pensez à le partager sur vos réseaux sociaux, que ce soit sur YouTube ou sur vos plateformes de podcasts préférées comme Apple Podcasts. Mettez-lui un like ou lâchez-même un petit commentaire, ça m'aide à être mieux référencé. Et si le cœur vous en dit, vous avez aussi la possibilité de me laisser un pourboire sur Utip ou sur Tipeee, pour ça les liens sont dans la description. Très bonne fin de journée et à très bientôt.

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Pourquoi Barbarossa ? Le contexte géopolitique de 1941

    01:10

  • L'offensive allemande

    06:40

  • Une résistance soviétique croissante

    10:02

  • La bataille de Moscou

    18:20

  • Conclusion : le tournant stratégique de la Seconde Guerre Mondiale ?

    22:48

  • Remerciements

    23:51

Description

L’opération Barbarossa, la tentative d'invasion de l’URSS par l’Allemagne en 1941  est encore l’objet de pas mal d'idées reçues.  






 SOURCES :

* Claude Quétel, La seconde Guerre Mondiale, Perrin,2018

* Sous la direction de Jean Lopez et Olivier Wieviroka, Les mythes de la Seconde Guerre Mondiale, Volume 2, Perrin, 2017

* Sous la direction de Jean Lopez, La Wehrmacht : la fin d’un mythe, Perrin, 2019

 

CREDITS SONS :

* Musique générique :  Epic-Theme N°2 par Steven O'Brien. Licence Creative Commons Attribution 3.0 Unported (CC BY 3.0).
Source : https://stevenobriencomposer.bandcamp.com/track/epic-theme-no-2-majestic-epic

* Musique de fond :  Rapture par Ross BugdenMusic.
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  • Speaker #0

    bonjour à toutes et à tous le 22 juin 1941 l'armée allemande se lance à l'assaut de l'union soviétique Nom de code, Opération Barbarossa. Un peu moins de 6 mois plus tard, l'armée allemande échouait à prendre Moscou, bloquée, paralysée par le terrible hiver russe. Ça, c'est ce qu'on a cru longtemps et c'est ce qu'on croit parfois encore. Mais est-ce que vous savez qu'en réalité, l'hiver russe a quasiment pas joué dans l'échec militaire allemand ? Que cet échec militaire était dû à des causes beaucoup plus profondes ? Qu'il a révélé des faiblesses fondamentales de l'armée allemande, de sa pensée stratégique. Donc zoom aujourd'hui sur l'opération Barbarossa, une des plus grosses opérations militaires de l'histoire qui a peut-être été le grand tournant de la seconde guerre mondiale. Le 30 juillet 1940, alors que la France est tout juste vaincue, Hitler réunit les principaux chefs militaires allemands. Il leur annonce sa décision d'attaquer et de détruire l'URSS pour le printemps 1941. Et ça malgré le pacte germano-soviétique de non-agression et de coopération qui avait été signé en août 1939. Et malgré aussi le fait que l'Allemagne était encore en guerre contre la Grande-Bretagne. Mais justement, Hitler voulait vite vaincre l'URSS pour se retrouver en position de force face à la Grande-Bretagne. Le Führer croyait ou voulait croire que la Grande-Bretagne refusait de se rendre parce qu'elle espérait l'entrée en guerre rapide de l'URSS. Et puis il faut dire qu'envahir l'URSS c'était depuis longtemps un peu une obsession idéologique de Hitler et des nazis. Pour plusieurs raisons. Asservir les populations de l'Est de l'Europe vu comme des races inférieures. Coloniser les territoires de Russie et d'Ukraine, prendre le contrôle de leurs ressources en énergie et en matières premières. Et éliminer le régime soviétique associé au communisme, l'idéologie peut-être la plus haïe du nazisme. Tout ça, Hitler en parlait déjà dans Mein Kampf. Donc dans ce contexte, le pacte jamaïno-soviétique de non-agression signé en août 1939 était qu'une alliance de circonstances. Pour Hitler, il s'agissait de sécuriser son flanc Est pour pouvoir attaquer la France et la Grande Bretagne. Et pour Staline, c'était l'occasion de gagner du temps, se renforcer au maximum en préparation d'une agression allemande qu'il savait devoir arriver un jour ou l'autre. Il faut dire que la politique d'industrialisation forcée que Staline a menée à partir des années 30, cette politique était en partie motivée par la volonté de construire une grosse force militaire. La part du budget soviétique consacrée à la défense était de 12,67% en 1933. Elle est passée à 26,4% en 1938. En 1940, l'URSS produit plus de chars que l'Allemagne. 3000 contre 2200. En juin 1941, elle produit chaque mois 230 chars, 700 avions, 4000 canons, 1 million d'obus. Et de l'armement parfois de bon niveau. Par exemple le char T-34, l'avion Sturmovik ou le launch rocket Katyusha. En juin 1941, l'armée soviétique compte 4 200 000 hommes. Largement plus donc que les 3 100 000 hommes que l'Allemagne et ses alliés se préparent à lancer à l'assaut de l'URSS. Et en plus, l'armée soviétique a commencé à réfléchir à une nouvelle façon de faire la guerre moderne, au-delà de sa manœuvre des troupes. Et là, on peut citer Georgi Sershon. C'est un enseignant à l'Académie Militaire Frontzé de Moscou qui a formé pas mal d'officiers à ce qu'on appelle la doctrine de l'art opératif. Une façon de penser les opérations militaires en profondeur. Bref, des grosses forces à un gros potentiel militaire mais gâchées par pas mal de problèmes. Déjà au niveau technique, l'armée soviétique manque de camions et de moyens de transmission radio. Ensuite, la majorité des millions de soldats soviétiques ont pas mal de ressentiment contre le régime de Staline. Un régime qui, rappelons-le, depuis un peu plus de 10 ans a perpétré massacres de masse, déportations et famines. Et surtout, il y a un gros manque d'officiers et de sous-officiers. Suite aux grandes purges staliniennes des années 30, la grande majorité des maréchaux, des commandants d'armée et des généraux de division ont été exécutés. On peut parler d'un vrai massacre. Un massacre qui prive l'armée soviétique d'hommes qui étaient des officiers excellents comme par exemple le maréchal Tchoukachevski ou le général Sechine. Et Georgi Sershon, ce pensionnaire militaire d'avant-garde qui a théorisé l'art opératif. Le 7 juin 1941, il a été arrêté pour activité anti-soviétique et déporté au goulag, d'où il ne reviendra pas avant 1955. En 1941, au poste de commandement de l'armée soviétique, On trouve des hommes comme Bouddhieni ou Voroshinov, des anciens, vétérans de la guerre civile russe, fidèles et soumis à Staline, mais pas très compétents. Juste après l'attaque allemande contre l'URSS, Hitler a déclaré qu'il avait fait que réagir à une attaque de Staline qui était imminente. Un pauvre mensonge qui avait déjà été utilisé pour justifier l'attaque contre la Pologne en 1939 et qui fera long feu. Et pourtant, l'idée sera reprise à la fin des années 1980 par Viktor Suvorov dans un livre appelé Le brise-glace qui affirme qu'en 1941, c'était Staline le premier qui était prêt à lancer une attaque contre l'Allemagne. En attaquant l'URSS, Hitler aurait donc fait que se défendre. L'hypothèse était populaire pendant un moment, elle a été reprise par certains grands médias. Mais depuis, les historiens ont travaillé dessus. On a analysé les archives soviétiques, les archives allemandes et la réponse est non. En 1941, Staline savait très bien que un jour ou l'autre, l'Allemagne attaquerait l'URSS. Mais il a cherché à éviter ça autant que possible. Jusqu'au bout, il s'est acharné à éviter à tout prix l'affrontement avec les Allemands. A partir du printemps 1941, les concentrations de troupes allemandes à la frontière soviétique laissent clairement apparaître qu'une invasion va arriver. En même temps, Staline reçoit de tous les côtés des messages d'avertissement clairs sur les plans d'invasion allemands, dont des messages de Winston Churchill. Et pourtant, Staline s'acharne à ne prendre aucune mesure préventive. Les livraisons soviétiques de pétrole et de matières premières à l'Allemagne vont continuer exactement au même rythme qu'avant. Pire, les groupes d'armées soviétiques massés à la frontière allemande reçoivent l'ordre de ne pas se mettre en position défensive. Oui, parce qu'il ne faut absolument pas provoquer les allemands. Résultat, le 22 juin 1941, au matin, quand l'armée allemande lance l'invasion, c'est la catastrophe. Les unités soviétiques sont complètement débordées. Le soir du 22 juin, les allemands ont avancé de 60 km. 3 jours plus tard, de 230 km. En 4 jours, la Luftwaffe détruit 1200 avions soviétiques. Le 25 juin, elle lance son premier raid aérien sur Moscou. Dans beaucoup de régions du RSS, les allemands sont accueillis en libérateur. Un peu comme 3 ans plus tard, les soldats américains seront accueillis par les français de Normandie. Et une partie pas négligeable, des soldats soviétiques désertent. Le 10 juillet, l'armée allemande s'est avancée de 450 km. ont été conquis les pays baltes, la Biélorussie, une partie de l'Ukraine. L'armée soviétique a perdu 1500 chars, 3000 canons, 2000 avions. 300 000 de ces soldats ont été faits prisonniers. Entre temps, le 28 juin 1941, la Finlande déclare la guerre à l'URSS. Du coup, Leningrad et le port de Murmansk se trouvent menacés. Bref, pour les soviétiques, ça va très mal. Le scénario de la débâcle française un an avant a l'air de se répéter. On écrit que, juste après l'invasion, Staline était resté prostré au Kremlin, à cause du choc. Si c'est le cas, il n'est pas resté prostré longtemps. Parce que le 23 juin 1941, lendemain de l'invasion donc, Staline signe un décret secret qui installe ce qu'on appelle la Stavka. La Stavka, c'est un genre d'état-major à la fois militaire et politique. Le 10 juillet, elle devient la Stavka du Commandant suprême, en charge de la conduite stratégique générale des opérations. On y trouve des responsables politiques et militaires comme Voroshilov, Molotov, Boudini, Timoshenko et Staline qui bien sûr en prend le commandement. Le 3 juillet 1941, Staline prononça à la radio un discours où il appelle les soviétiques à la résistance. Camarades, citoyens, frères et sœurs, soldats de notre armée et de notre flotte, je m'adresse à vous aujourd'hui, mes amis. Notre patrie fait face actuellement à un très grave danger. L'histoire montre qu'il n'y a pas d'ennemi invincible et qu'il n'y en a jamais eu. Nous devons rapidement diriger toute notre économie vers l'effort de guerre. En avant vers la victoire ! Mais avant ça, on a déjà pris des mesures assez radicales. Par exemple, pour mobiliser la production de guerre, on a pris le 26 juin 1941 un décret qui supprime les congés et qui porte la durée du travail à 54 heures par semaine, voire 72. Les ouvriers couchent parfois dans les usines. Ce qui est peut-être mieux pour eux parce que trois retards consécutifs de 20 minutes peuvent faire accuser de sabotage. Dans les usines d'armement, ça peut amener à la déportation au goulag. Oui, c'est l'occasion de rappeler que le régime de Staline a été souvent plus oppressif et plus meurtrier que le régime nazi. En même temps, des centaines d'usines sont démontées, transportées et reconstruites loin à l'est. Loin des allemands, un travail énorme qui permet de maintenir la production de guerre. Et sur le terrain, les allemands commencent à avoir du mal à avancer. Déjà, dès le début de l'invasion, localement à Brest-Litovsk ou à Lviv, les soviétiques avaient réussi à bloquer les assauts allemands pendant plusieurs jours. En juin et en juillet, les armées soviétiques vont parfois contre-attaquer, dans le sud des marées du Pripyat ou à Solsci, sur la route de Leningrad. Au sud, en Ukraine, Odessa va résister aux assauts roumains puis allemands de mi-août à mi-octobre. Et à partir du 10 juillet, autour de Smolensk, les soviétiques lancent contre les allemands une série de contre-attaques qui vont durer jusqu'au 10 septembre. Une vraie bataille où les allemands vont se frotter pour la première fois au lance-roquettes Katyusha. L'avance sur Moscou est bloquée, les allemands doivent passer à la défensive. Sur l'ensemble du front, la résistance soviétique se durcit et se durcit de plus en plus. Plus tard, le généralement Blumentritt écrira que Le comportement des troupes russes dans la défaite contrastait terriblement avec celui des polonais et des occidentaux. Même encerclés, les russes s'accrochaient et combattaient. Bon, il faut savoir que le 27 juin 1941 a été pris un décret qui autorise les membres de la police politique à arrêter les exerceurs et les fuyards. Très vite, tous les soldats qui reculent sont fusillés sans jugement. On comprend mieux dans ces conditions l'enlissement de la résistance soviétique. Pour les soldats, résister est moins dangereux que reculer. Seulement, ce durcissement de terreur d'un régime déjà très dur aurait pu encourager un ras-le-bol et une révolte contre le pouvoir soviétique. Et vu comme les allemands avaient été cueillis en libérateur dans pas mal de régions du RSS, ça aurait pu augmenter les sympathies envers eux, ça aurait pu accélérer les désertions de soldats. Mais pour ça, il aurait fallu que les nazis se comportent en libérateur et pas en nazi justement. Avant l'offensive, les buts de guerre déclarés par Hitler étaient clairement ouvertement de soumettre, voire exterminer les populations Slaves, Russes, Ukrainiens, considérés comme des sous-hommes. Et sur le terrain, dans les zones conquises, les allemands vont vite appliquer ces principes. Maintien des fermes collectives, colcose, sauve-causes, où les paysans sont attachés de force. Réquisition, pillage. Massacre de civils sur le prétexte de la lutte contre les groupes de partisans. Massacre qui d'ailleurs entraîne un renforcement des groupes de partisans, lequel renforcement sert de prétexte à une répression plus dure, à des massacres accrus sur les civils. Massacre qui ont été commis d'ailleurs en grande partie par la Wehrmacht, l'armée régulière. Même si la palme, si on peut employer ce mot, des crimes de guerre va revenir à ce qu'on appelle les Einsatzgruppen. Des unités SS qui vont dans les zones occupées massacrer à grande échelle les populations civiles, juifs et non-juifs. En septembre 1941, à Kiev, au lieu d'Ibabiyar. En deux jours, les Einsatzgruppen massacrent plus de 33 000 juifs, avec des nationalistes ukrainiens, des prisonniers de guerre et des otages. Et quand on dit millions de soldats soviétiques qui ont été faits prisonniers par les allemands, la majorité sont abandonnés à la mort par la faim. Abandonnés à la mort par la faim dans les camps de prisonniers gérés par l'armée régulière, la Wehrmacht. Donc autant pour l'image des crimes de guerre allemands qui auraient été limités au SS. L'armée régulière y a très largement participé. En tout cas, ces crimes de guerre de grande ampleur expliquent le développement de la haine anti-allemande de la population et donc le durcissement de la résistance soviétique. Mais il y a un autre facteur qui a aussi beaucoup joué dans le ralentissement de l'avance allemande, ce sont les carences logistiques. 183 divisions, un peu plus de 3 millions d'hommes avaient été lancés à l'assaut de l'URSS le 22 juin 1941. Ça a l'air énorme, mais c'est pas beaucoup plus que les effectifs qui avaient été lancés à l'assaut de la France en mai 1940 pour un territoire à conquérir un multiple de fois plus grand. Pire, pour Barbarossa, les Allemands emploient un tiers de moins d'avions qu'en France. Et en face, les effectifs soviétiques sont régulièrement réévalués à la hausse. Le 22 juin 1941, les Allemands estimaient le nombre de divisions soviétiques à 213. En août, ils estiment à 360. En décembre, l'armée soviétique pourra aligner face aux allemands 390 divisions plus 140 de réserves. Mais le manque d'effectifs peut être compensé par la qualité de l'armement des unités combattantes. Et justement, l'armée allemande a un gros atout, c'est division de Panzer, les fameux Panzer Divisionen. Des unités blindées, motorisées, à la très grosse puissance de feu et qui maitrisent très bien le combat inter-armes entre artillerie, chars, fantassins et aviation. A la Mais ces divisions de Panzer ne forment pas la majorité de l'armée. La majorité de l'armée allemande est formée de divisions d'infanterie, des fantassins qui vont à pied, à 4 km en moyenne. Alors que les divisions motorisées, elles, roulent en moyenne à 40 km heure. Donc, selon que distance, les divisions de Panzer doivent ralentir, voire s'arrêter pour ne pas se couper du reste de l'armée. Mais surtout, le problème du manque d'effectifs fait que c'est toujours les mêmes unités qui sont placées en première ligne. D'où épuisement des hommes, épuisement du matériel. Les mécaniques flanchent. Les essieux cassent. Les pneus crèvent. Et il y a passé le stock de réserves. Les 100 000 pneus de secours qui étaient prévus pour l'armée de terre sont consommés en un mois. Logiquement, il faudrait transporter sur le front des pièces des sachets de réserves. Mais impossible d'utiliser les moyens de transport soviétique. Il n'y a que 4000 km de route asphaltée. Le réseau ferré est largement moins dense qu'en Allemagne avec en plus un écartement de voies différents. Et de toute façon, au fur et à mesure que les Allemands avancent, l'armée soviétique détruit tous les réseaux de transport et de communication. Et pourquoi l'armée allemande, me direz-vous, n'utiliserait pas ses propres moyens de transport ? Parce qu'il en manque. Il n'y a que 404 500 camions, civils ou militaires, en 1941, alors qu'il en aurait fallu au moins 1 million. L'armée allemande a même moins de moyens ferroviaires que pendant la première guerre mondiale. Oui, en 1939, elle possède 21 700 locomotives contre 26 830 en 1914 et 700 000 wagons. Contre 835 000 en 1914. Côté allemand, il y a eu une énorme sous-estimation de la force militaire soviétique qui est des difficultés d'une campagne de l'ampleur de Barbarossa. Une sous-estimation qu'on n'a d'ailleurs pas que à Hitler. On la doit à la plupart des chefs militaires allemands qui croyaient que Barbarossa ne durerait que quelques semaines. En fait, le gros problème de l'armée allemande, de ses chefs, c'était une conception de la guerre héritée du début du XIXe siècle, de l'époque de Bonaparte. La recherche de la bataille décisive. Tout ce qui compte, c'est la tactique, la manœuvre rapide de façon à vaincre rapidement l'adversaire et le pousser à demander la paix. Et donc, dans cette mentalité, le renseignement et les contraintes logistiques sont négligées pour ne pas dire oubliées. En clair, les chefs militaires allemands étaient d'abord formés à penser aux mouvements de troupes sur courte distance et courte durée. Les questions d'approvisionnement, en carburant, en billets détachés, en armes, c'était une partie secondaire, pas très intéressante. Ce sont toutes ces raisons qui font qu'en août, les allemands se trouvent bloqués à Smolensk, sur la route de Moscou. Vu la situation, Hitler décide de donner la priorité à l'avance sur Leningrad. Des renforts sont transférés du groupe d'armée sante vers le groupe d'armée nord. Les Allemands avancent et les assènent l'Ingrade le 2 septembre. Seulement, l'Ingrade, armée finlandaise, refuse d'aider à l'attaquer. Et les soviétiques y ont plus mis en place tout un dispositif de défense. Les Allemands renoncent donc à envahir l'Ingrade et la mettent en état de siège. Au sud, l'avance allemande continue, moins vite qu'au début de l'invasion, mais elle progresse. Les Allemands prennent Kiev le 19 septembre. Ils progressent lentement au Crimée, prennent Kharkiv le 24 octobre, puis Rostov le 18 novembre. L'Ukraine avec ses réserves d'énergie et de matières premières est pour l'essentiel sous contrôle allemand. L'Ingres en état de siège, c'est le moment de reporter l'effort de guerre principal au centre vers Moscou. Moscou d'où un prix se peut amener à la victoire finale tant attendue. Le 2 octobre, l'armée allemande lance donc l'assaut final sur Moscou, l'opération Typhon. Comme le 22 juin, la pousse allemande paraît d'abord irrésistible. 7 armées soviétiques sont encerclées, près de 700 000 hommes faits prisonniers. En 15 jours, les armées allemandes approchent à 100 km de la capitale. A Moscou, c'est la panique. Des centaines de milliers d'habitants prennent la fuite. Le corps diplomatique déménage en vitesse à l'ouest à Kubitschev. Mais très vite, l'avance allemande ralentit devant la résistance soviétique acharnée. Les problèmes logistiques, le manque de ravitaillement en munitions, en essence, en pièces détachées. En septembre, 2093, train de ravitaillement est arrivé au front. En octobre, il y en aura 1860. En novembre, 1701. De moins en moins. Donc, pas d'autre solution que de ralentir. Surtout qu'à partir de mi-octobre, il pleut d'automne sans mêle. C'est la Rasputinza, la saison de la boue, les routes soviétiques peu goudronnées deviennent des bourbiers où les véhicules allemands s'enlisent. Soit bonne connaissance des difficultés allemandes, soit courage de sa part, soit les deux, Staline décide de maintenir le défilé qui a lieu le 7 novembre à Moscou pour l'anniversaire de la révolution bolchevique. Le discours qu'il prononce ce jour-là est bien sûr consacré à la guerre en cours. N'y a-t-il aucun doute que nous pouvons et devons vaincre les envahisseurs allemands. Le diable n'est pas aussi effrayant qu'il est décrit. Les envahisseurs allemands mettent à rude épreuve leur dernière force. Il est évident que l'Allemagne ne pourra pas supporter longtemps une tension pareille. Cette guerre que vous menez est une guerre de libération, une guerre de justice. Que l'image glorieuse de nos grands ancêtres vous inspire dans cette lutte que vous menez. Pour la défaite totale des envahisseurs allemands. Mort aux envahisseurs allemands. Vive notre glorieuse patrie. Vive sa liberté et vive son indépendance. En novembre, les pluies d'automne prennent fin et le froid arrive. Froid qui permet aux cônes allemandes d'en partir à tâques sur les sols gelés, donc durcis. Mais l'avancée est laborieuse. Les hommes sont à bout de force. Ils manquent d'à peu près tout. Il ne s'agit même plus de déborder et d'encercler les unités ennemies, comme au début, mais d'avancer vaille que vaille, autant que possible. Le 1er décembre, le général von Bock écrit que L'idée que l'ennemi qui nous fait face soit sur le point de s'effondrer tient du compte de fait. L'offensif est devenu sans but ni raison, car le moment est proche où mes troupes ne pourront plus tenir. Le 2 décembre, des soldats allemands atteignent quand même le quartier Lobnya, à 10 km du centre de Moscou. Les tankistes ont dans leurs jumelles les tours du Kremlin. Mais entre-temps, les soviétiques, eux, restent pas les bras croisés. La défense de Moscou s'organise. Des civils sont mobilisés par centaines de milliers pour construire des abris ou des fossés anti-chars. Toutes les routes qui mènent à Moscou sont barrées. La Stavka rassemble plusieurs armées pour défendre la capitale. La défense est confiée au général Georgy Zhukov. On a parfois écrit que des gros renforts auraient été envoyés de Sibérie pour défendre Moscou, mais la réalité c'est que c'est seulement 20 000 hommes qui ont été envoyés de Sibérie, pas beaucoup sur les 1 million de soldats rassemblés par la Stavka. Ces 1 million de soldats sont lancés à l'assaut des allemands le 6 décembre 1941, dans des conditions pas évidentes parce qu'il fait en dessous de moins 20 degrés et ces soldats soviétiques manquent de vêtements chauds, comme les allemands. La Wehrmacht est vite débordée, elle recule pour ne pas se faire encercler. Elle est rejetée progressivement à 100 km de Moscou. Mais le 20 décembre, Hitler ordonne de ne pas reculer et de tenir une position coûte que coûte. Et avant, le 28 novembre déjà, les allemands avaient dû évacuer Rostov, à l'extrême sud du front. Là-bas, ils avaient reculé de 200 km. À l'état major allemand, c'est la crise. Des généraux comme Von Bock, Guderian ou Von Brottich sont limogés ou remplacés par Hitler. Dorénavant, c'est le Führer lui-même qui commandera directement l'armée de terre. Courant janvier 1942, les attaques soviétiques sont enfin enrayées. Mais ça, ça fait haut prix, d'énormes pertes en matériel et en hommes. Oui, le tiers des effectifs engagés pour Barbarossa ont été perdus. Des pertes qu'il va falloir rattraper. Le calcul de Hitler qui consistait à écraser rapidement l'URSS pour se retrouver en position de force face à la Grande Bretagne a échoué. A partir de maintenant, l'Allemagne va devoir mobiliser la majorité de ses ressources économiques et humaines contre un nouvel adversaire. Un nouvel adversaire qui avait été dangereusement sous-estimé. Et ces ressources mobilisées contre l'URSS vont manquer quand les oblois américains débarqueront plus tard à l'ouest. Oui, parce que hasard du calendrier, le lendemain du jour de la contre-attaque soviétique devant Moscou le 7 décembre 1941, donc l'attaque japonaise sur Pearl Harbor a entraîné l'entrée en guerre des États-Unis. Dès ce jour-là, l'Allemagne et ses alliés ne pouvaient plus gagner la guerre. C'est pour cette raison que Barbarossa a peut-être été le tenant stratégique de la seconde guerre mondiale. Il ne me reste plus qu'à vous remercier d'avoir écouté cet épisode. S'il vous a plu, pensez à le partager sur vos réseaux sociaux, que ce soit sur YouTube ou sur vos plateformes de podcasts préférées comme Apple Podcasts. Mettez-lui un like ou lâchez-même un petit commentaire, ça m'aide à être mieux référencé. Et si le cœur vous en dit, vous avez aussi la possibilité de me laisser un pourboire sur Utip ou sur Tipeee, pour ça les liens sont dans la description. Très bonne fin de journée et à très bientôt.

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Pourquoi Barbarossa ? Le contexte géopolitique de 1941

    01:10

  • L'offensive allemande

    06:40

  • Une résistance soviétique croissante

    10:02

  • La bataille de Moscou

    18:20

  • Conclusion : le tournant stratégique de la Seconde Guerre Mondiale ?

    22:48

  • Remerciements

    23:51

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Description

L’opération Barbarossa, la tentative d'invasion de l’URSS par l’Allemagne en 1941  est encore l’objet de pas mal d'idées reçues.  






 SOURCES :

* Claude Quétel, La seconde Guerre Mondiale, Perrin,2018

* Sous la direction de Jean Lopez et Olivier Wieviroka, Les mythes de la Seconde Guerre Mondiale, Volume 2, Perrin, 2017

* Sous la direction de Jean Lopez, La Wehrmacht : la fin d’un mythe, Perrin, 2019

 

CREDITS SONS :

* Musique générique :  Epic-Theme N°2 par Steven O'Brien. Licence Creative Commons Attribution 3.0 Unported (CC BY 3.0).
Source : https://stevenobriencomposer.bandcamp.com/track/epic-theme-no-2-majestic-epic

* Musique de fond :  Rapture par Ross BugdenMusic.
Fichier d’origine : https://www.youtube.com/watch?v=vja87ZXejyk.
Chaîne YouTube de Ross Bugden Music : https://www.youtube.com/@RossBugden


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    bonjour à toutes et à tous le 22 juin 1941 l'armée allemande se lance à l'assaut de l'union soviétique Nom de code, Opération Barbarossa. Un peu moins de 6 mois plus tard, l'armée allemande échouait à prendre Moscou, bloquée, paralysée par le terrible hiver russe. Ça, c'est ce qu'on a cru longtemps et c'est ce qu'on croit parfois encore. Mais est-ce que vous savez qu'en réalité, l'hiver russe a quasiment pas joué dans l'échec militaire allemand ? Que cet échec militaire était dû à des causes beaucoup plus profondes ? Qu'il a révélé des faiblesses fondamentales de l'armée allemande, de sa pensée stratégique. Donc zoom aujourd'hui sur l'opération Barbarossa, une des plus grosses opérations militaires de l'histoire qui a peut-être été le grand tournant de la seconde guerre mondiale. Le 30 juillet 1940, alors que la France est tout juste vaincue, Hitler réunit les principaux chefs militaires allemands. Il leur annonce sa décision d'attaquer et de détruire l'URSS pour le printemps 1941. Et ça malgré le pacte germano-soviétique de non-agression et de coopération qui avait été signé en août 1939. Et malgré aussi le fait que l'Allemagne était encore en guerre contre la Grande-Bretagne. Mais justement, Hitler voulait vite vaincre l'URSS pour se retrouver en position de force face à la Grande-Bretagne. Le Führer croyait ou voulait croire que la Grande-Bretagne refusait de se rendre parce qu'elle espérait l'entrée en guerre rapide de l'URSS. Et puis il faut dire qu'envahir l'URSS c'était depuis longtemps un peu une obsession idéologique de Hitler et des nazis. Pour plusieurs raisons. Asservir les populations de l'Est de l'Europe vu comme des races inférieures. Coloniser les territoires de Russie et d'Ukraine, prendre le contrôle de leurs ressources en énergie et en matières premières. Et éliminer le régime soviétique associé au communisme, l'idéologie peut-être la plus haïe du nazisme. Tout ça, Hitler en parlait déjà dans Mein Kampf. Donc dans ce contexte, le pacte jamaïno-soviétique de non-agression signé en août 1939 était qu'une alliance de circonstances. Pour Hitler, il s'agissait de sécuriser son flanc Est pour pouvoir attaquer la France et la Grande Bretagne. Et pour Staline, c'était l'occasion de gagner du temps, se renforcer au maximum en préparation d'une agression allemande qu'il savait devoir arriver un jour ou l'autre. Il faut dire que la politique d'industrialisation forcée que Staline a menée à partir des années 30, cette politique était en partie motivée par la volonté de construire une grosse force militaire. La part du budget soviétique consacrée à la défense était de 12,67% en 1933. Elle est passée à 26,4% en 1938. En 1940, l'URSS produit plus de chars que l'Allemagne. 3000 contre 2200. En juin 1941, elle produit chaque mois 230 chars, 700 avions, 4000 canons, 1 million d'obus. Et de l'armement parfois de bon niveau. Par exemple le char T-34, l'avion Sturmovik ou le launch rocket Katyusha. En juin 1941, l'armée soviétique compte 4 200 000 hommes. Largement plus donc que les 3 100 000 hommes que l'Allemagne et ses alliés se préparent à lancer à l'assaut de l'URSS. Et en plus, l'armée soviétique a commencé à réfléchir à une nouvelle façon de faire la guerre moderne, au-delà de sa manœuvre des troupes. Et là, on peut citer Georgi Sershon. C'est un enseignant à l'Académie Militaire Frontzé de Moscou qui a formé pas mal d'officiers à ce qu'on appelle la doctrine de l'art opératif. Une façon de penser les opérations militaires en profondeur. Bref, des grosses forces à un gros potentiel militaire mais gâchées par pas mal de problèmes. Déjà au niveau technique, l'armée soviétique manque de camions et de moyens de transmission radio. Ensuite, la majorité des millions de soldats soviétiques ont pas mal de ressentiment contre le régime de Staline. Un régime qui, rappelons-le, depuis un peu plus de 10 ans a perpétré massacres de masse, déportations et famines. Et surtout, il y a un gros manque d'officiers et de sous-officiers. Suite aux grandes purges staliniennes des années 30, la grande majorité des maréchaux, des commandants d'armée et des généraux de division ont été exécutés. On peut parler d'un vrai massacre. Un massacre qui prive l'armée soviétique d'hommes qui étaient des officiers excellents comme par exemple le maréchal Tchoukachevski ou le général Sechine. Et Georgi Sershon, ce pensionnaire militaire d'avant-garde qui a théorisé l'art opératif. Le 7 juin 1941, il a été arrêté pour activité anti-soviétique et déporté au goulag, d'où il ne reviendra pas avant 1955. En 1941, au poste de commandement de l'armée soviétique, On trouve des hommes comme Bouddhieni ou Voroshinov, des anciens, vétérans de la guerre civile russe, fidèles et soumis à Staline, mais pas très compétents. Juste après l'attaque allemande contre l'URSS, Hitler a déclaré qu'il avait fait que réagir à une attaque de Staline qui était imminente. Un pauvre mensonge qui avait déjà été utilisé pour justifier l'attaque contre la Pologne en 1939 et qui fera long feu. Et pourtant, l'idée sera reprise à la fin des années 1980 par Viktor Suvorov dans un livre appelé Le brise-glace qui affirme qu'en 1941, c'était Staline le premier qui était prêt à lancer une attaque contre l'Allemagne. En attaquant l'URSS, Hitler aurait donc fait que se défendre. L'hypothèse était populaire pendant un moment, elle a été reprise par certains grands médias. Mais depuis, les historiens ont travaillé dessus. On a analysé les archives soviétiques, les archives allemandes et la réponse est non. En 1941, Staline savait très bien que un jour ou l'autre, l'Allemagne attaquerait l'URSS. Mais il a cherché à éviter ça autant que possible. Jusqu'au bout, il s'est acharné à éviter à tout prix l'affrontement avec les Allemands. A partir du printemps 1941, les concentrations de troupes allemandes à la frontière soviétique laissent clairement apparaître qu'une invasion va arriver. En même temps, Staline reçoit de tous les côtés des messages d'avertissement clairs sur les plans d'invasion allemands, dont des messages de Winston Churchill. Et pourtant, Staline s'acharne à ne prendre aucune mesure préventive. Les livraisons soviétiques de pétrole et de matières premières à l'Allemagne vont continuer exactement au même rythme qu'avant. Pire, les groupes d'armées soviétiques massés à la frontière allemande reçoivent l'ordre de ne pas se mettre en position défensive. Oui, parce qu'il ne faut absolument pas provoquer les allemands. Résultat, le 22 juin 1941, au matin, quand l'armée allemande lance l'invasion, c'est la catastrophe. Les unités soviétiques sont complètement débordées. Le soir du 22 juin, les allemands ont avancé de 60 km. 3 jours plus tard, de 230 km. En 4 jours, la Luftwaffe détruit 1200 avions soviétiques. Le 25 juin, elle lance son premier raid aérien sur Moscou. Dans beaucoup de régions du RSS, les allemands sont accueillis en libérateur. Un peu comme 3 ans plus tard, les soldats américains seront accueillis par les français de Normandie. Et une partie pas négligeable, des soldats soviétiques désertent. Le 10 juillet, l'armée allemande s'est avancée de 450 km. ont été conquis les pays baltes, la Biélorussie, une partie de l'Ukraine. L'armée soviétique a perdu 1500 chars, 3000 canons, 2000 avions. 300 000 de ces soldats ont été faits prisonniers. Entre temps, le 28 juin 1941, la Finlande déclare la guerre à l'URSS. Du coup, Leningrad et le port de Murmansk se trouvent menacés. Bref, pour les soviétiques, ça va très mal. Le scénario de la débâcle française un an avant a l'air de se répéter. On écrit que, juste après l'invasion, Staline était resté prostré au Kremlin, à cause du choc. Si c'est le cas, il n'est pas resté prostré longtemps. Parce que le 23 juin 1941, lendemain de l'invasion donc, Staline signe un décret secret qui installe ce qu'on appelle la Stavka. La Stavka, c'est un genre d'état-major à la fois militaire et politique. Le 10 juillet, elle devient la Stavka du Commandant suprême, en charge de la conduite stratégique générale des opérations. On y trouve des responsables politiques et militaires comme Voroshilov, Molotov, Boudini, Timoshenko et Staline qui bien sûr en prend le commandement. Le 3 juillet 1941, Staline prononça à la radio un discours où il appelle les soviétiques à la résistance. Camarades, citoyens, frères et sœurs, soldats de notre armée et de notre flotte, je m'adresse à vous aujourd'hui, mes amis. Notre patrie fait face actuellement à un très grave danger. L'histoire montre qu'il n'y a pas d'ennemi invincible et qu'il n'y en a jamais eu. Nous devons rapidement diriger toute notre économie vers l'effort de guerre. En avant vers la victoire ! Mais avant ça, on a déjà pris des mesures assez radicales. Par exemple, pour mobiliser la production de guerre, on a pris le 26 juin 1941 un décret qui supprime les congés et qui porte la durée du travail à 54 heures par semaine, voire 72. Les ouvriers couchent parfois dans les usines. Ce qui est peut-être mieux pour eux parce que trois retards consécutifs de 20 minutes peuvent faire accuser de sabotage. Dans les usines d'armement, ça peut amener à la déportation au goulag. Oui, c'est l'occasion de rappeler que le régime de Staline a été souvent plus oppressif et plus meurtrier que le régime nazi. En même temps, des centaines d'usines sont démontées, transportées et reconstruites loin à l'est. Loin des allemands, un travail énorme qui permet de maintenir la production de guerre. Et sur le terrain, les allemands commencent à avoir du mal à avancer. Déjà, dès le début de l'invasion, localement à Brest-Litovsk ou à Lviv, les soviétiques avaient réussi à bloquer les assauts allemands pendant plusieurs jours. En juin et en juillet, les armées soviétiques vont parfois contre-attaquer, dans le sud des marées du Pripyat ou à Solsci, sur la route de Leningrad. Au sud, en Ukraine, Odessa va résister aux assauts roumains puis allemands de mi-août à mi-octobre. Et à partir du 10 juillet, autour de Smolensk, les soviétiques lancent contre les allemands une série de contre-attaques qui vont durer jusqu'au 10 septembre. Une vraie bataille où les allemands vont se frotter pour la première fois au lance-roquettes Katyusha. L'avance sur Moscou est bloquée, les allemands doivent passer à la défensive. Sur l'ensemble du front, la résistance soviétique se durcit et se durcit de plus en plus. Plus tard, le généralement Blumentritt écrira que Le comportement des troupes russes dans la défaite contrastait terriblement avec celui des polonais et des occidentaux. Même encerclés, les russes s'accrochaient et combattaient. Bon, il faut savoir que le 27 juin 1941 a été pris un décret qui autorise les membres de la police politique à arrêter les exerceurs et les fuyards. Très vite, tous les soldats qui reculent sont fusillés sans jugement. On comprend mieux dans ces conditions l'enlissement de la résistance soviétique. Pour les soldats, résister est moins dangereux que reculer. Seulement, ce durcissement de terreur d'un régime déjà très dur aurait pu encourager un ras-le-bol et une révolte contre le pouvoir soviétique. Et vu comme les allemands avaient été cueillis en libérateur dans pas mal de régions du RSS, ça aurait pu augmenter les sympathies envers eux, ça aurait pu accélérer les désertions de soldats. Mais pour ça, il aurait fallu que les nazis se comportent en libérateur et pas en nazi justement. Avant l'offensive, les buts de guerre déclarés par Hitler étaient clairement ouvertement de soumettre, voire exterminer les populations Slaves, Russes, Ukrainiens, considérés comme des sous-hommes. Et sur le terrain, dans les zones conquises, les allemands vont vite appliquer ces principes. Maintien des fermes collectives, colcose, sauve-causes, où les paysans sont attachés de force. Réquisition, pillage. Massacre de civils sur le prétexte de la lutte contre les groupes de partisans. Massacre qui d'ailleurs entraîne un renforcement des groupes de partisans, lequel renforcement sert de prétexte à une répression plus dure, à des massacres accrus sur les civils. Massacre qui ont été commis d'ailleurs en grande partie par la Wehrmacht, l'armée régulière. Même si la palme, si on peut employer ce mot, des crimes de guerre va revenir à ce qu'on appelle les Einsatzgruppen. Des unités SS qui vont dans les zones occupées massacrer à grande échelle les populations civiles, juifs et non-juifs. En septembre 1941, à Kiev, au lieu d'Ibabiyar. En deux jours, les Einsatzgruppen massacrent plus de 33 000 juifs, avec des nationalistes ukrainiens, des prisonniers de guerre et des otages. Et quand on dit millions de soldats soviétiques qui ont été faits prisonniers par les allemands, la majorité sont abandonnés à la mort par la faim. Abandonnés à la mort par la faim dans les camps de prisonniers gérés par l'armée régulière, la Wehrmacht. Donc autant pour l'image des crimes de guerre allemands qui auraient été limités au SS. L'armée régulière y a très largement participé. En tout cas, ces crimes de guerre de grande ampleur expliquent le développement de la haine anti-allemande de la population et donc le durcissement de la résistance soviétique. Mais il y a un autre facteur qui a aussi beaucoup joué dans le ralentissement de l'avance allemande, ce sont les carences logistiques. 183 divisions, un peu plus de 3 millions d'hommes avaient été lancés à l'assaut de l'URSS le 22 juin 1941. Ça a l'air énorme, mais c'est pas beaucoup plus que les effectifs qui avaient été lancés à l'assaut de la France en mai 1940 pour un territoire à conquérir un multiple de fois plus grand. Pire, pour Barbarossa, les Allemands emploient un tiers de moins d'avions qu'en France. Et en face, les effectifs soviétiques sont régulièrement réévalués à la hausse. Le 22 juin 1941, les Allemands estimaient le nombre de divisions soviétiques à 213. En août, ils estiment à 360. En décembre, l'armée soviétique pourra aligner face aux allemands 390 divisions plus 140 de réserves. Mais le manque d'effectifs peut être compensé par la qualité de l'armement des unités combattantes. Et justement, l'armée allemande a un gros atout, c'est division de Panzer, les fameux Panzer Divisionen. Des unités blindées, motorisées, à la très grosse puissance de feu et qui maitrisent très bien le combat inter-armes entre artillerie, chars, fantassins et aviation. A la Mais ces divisions de Panzer ne forment pas la majorité de l'armée. La majorité de l'armée allemande est formée de divisions d'infanterie, des fantassins qui vont à pied, à 4 km en moyenne. Alors que les divisions motorisées, elles, roulent en moyenne à 40 km heure. Donc, selon que distance, les divisions de Panzer doivent ralentir, voire s'arrêter pour ne pas se couper du reste de l'armée. Mais surtout, le problème du manque d'effectifs fait que c'est toujours les mêmes unités qui sont placées en première ligne. D'où épuisement des hommes, épuisement du matériel. Les mécaniques flanchent. Les essieux cassent. Les pneus crèvent. Et il y a passé le stock de réserves. Les 100 000 pneus de secours qui étaient prévus pour l'armée de terre sont consommés en un mois. Logiquement, il faudrait transporter sur le front des pièces des sachets de réserves. Mais impossible d'utiliser les moyens de transport soviétique. Il n'y a que 4000 km de route asphaltée. Le réseau ferré est largement moins dense qu'en Allemagne avec en plus un écartement de voies différents. Et de toute façon, au fur et à mesure que les Allemands avancent, l'armée soviétique détruit tous les réseaux de transport et de communication. Et pourquoi l'armée allemande, me direz-vous, n'utiliserait pas ses propres moyens de transport ? Parce qu'il en manque. Il n'y a que 404 500 camions, civils ou militaires, en 1941, alors qu'il en aurait fallu au moins 1 million. L'armée allemande a même moins de moyens ferroviaires que pendant la première guerre mondiale. Oui, en 1939, elle possède 21 700 locomotives contre 26 830 en 1914 et 700 000 wagons. Contre 835 000 en 1914. Côté allemand, il y a eu une énorme sous-estimation de la force militaire soviétique qui est des difficultés d'une campagne de l'ampleur de Barbarossa. Une sous-estimation qu'on n'a d'ailleurs pas que à Hitler. On la doit à la plupart des chefs militaires allemands qui croyaient que Barbarossa ne durerait que quelques semaines. En fait, le gros problème de l'armée allemande, de ses chefs, c'était une conception de la guerre héritée du début du XIXe siècle, de l'époque de Bonaparte. La recherche de la bataille décisive. Tout ce qui compte, c'est la tactique, la manœuvre rapide de façon à vaincre rapidement l'adversaire et le pousser à demander la paix. Et donc, dans cette mentalité, le renseignement et les contraintes logistiques sont négligées pour ne pas dire oubliées. En clair, les chefs militaires allemands étaient d'abord formés à penser aux mouvements de troupes sur courte distance et courte durée. Les questions d'approvisionnement, en carburant, en billets détachés, en armes, c'était une partie secondaire, pas très intéressante. Ce sont toutes ces raisons qui font qu'en août, les allemands se trouvent bloqués à Smolensk, sur la route de Moscou. Vu la situation, Hitler décide de donner la priorité à l'avance sur Leningrad. Des renforts sont transférés du groupe d'armée sante vers le groupe d'armée nord. Les Allemands avancent et les assènent l'Ingrade le 2 septembre. Seulement, l'Ingrade, armée finlandaise, refuse d'aider à l'attaquer. Et les soviétiques y ont plus mis en place tout un dispositif de défense. Les Allemands renoncent donc à envahir l'Ingrade et la mettent en état de siège. Au sud, l'avance allemande continue, moins vite qu'au début de l'invasion, mais elle progresse. Les Allemands prennent Kiev le 19 septembre. Ils progressent lentement au Crimée, prennent Kharkiv le 24 octobre, puis Rostov le 18 novembre. L'Ukraine avec ses réserves d'énergie et de matières premières est pour l'essentiel sous contrôle allemand. L'Ingres en état de siège, c'est le moment de reporter l'effort de guerre principal au centre vers Moscou. Moscou d'où un prix se peut amener à la victoire finale tant attendue. Le 2 octobre, l'armée allemande lance donc l'assaut final sur Moscou, l'opération Typhon. Comme le 22 juin, la pousse allemande paraît d'abord irrésistible. 7 armées soviétiques sont encerclées, près de 700 000 hommes faits prisonniers. En 15 jours, les armées allemandes approchent à 100 km de la capitale. A Moscou, c'est la panique. Des centaines de milliers d'habitants prennent la fuite. Le corps diplomatique déménage en vitesse à l'ouest à Kubitschev. Mais très vite, l'avance allemande ralentit devant la résistance soviétique acharnée. Les problèmes logistiques, le manque de ravitaillement en munitions, en essence, en pièces détachées. En septembre, 2093, train de ravitaillement est arrivé au front. En octobre, il y en aura 1860. En novembre, 1701. De moins en moins. Donc, pas d'autre solution que de ralentir. Surtout qu'à partir de mi-octobre, il pleut d'automne sans mêle. C'est la Rasputinza, la saison de la boue, les routes soviétiques peu goudronnées deviennent des bourbiers où les véhicules allemands s'enlisent. Soit bonne connaissance des difficultés allemandes, soit courage de sa part, soit les deux, Staline décide de maintenir le défilé qui a lieu le 7 novembre à Moscou pour l'anniversaire de la révolution bolchevique. Le discours qu'il prononce ce jour-là est bien sûr consacré à la guerre en cours. N'y a-t-il aucun doute que nous pouvons et devons vaincre les envahisseurs allemands. Le diable n'est pas aussi effrayant qu'il est décrit. Les envahisseurs allemands mettent à rude épreuve leur dernière force. Il est évident que l'Allemagne ne pourra pas supporter longtemps une tension pareille. Cette guerre que vous menez est une guerre de libération, une guerre de justice. Que l'image glorieuse de nos grands ancêtres vous inspire dans cette lutte que vous menez. Pour la défaite totale des envahisseurs allemands. Mort aux envahisseurs allemands. Vive notre glorieuse patrie. Vive sa liberté et vive son indépendance. En novembre, les pluies d'automne prennent fin et le froid arrive. Froid qui permet aux cônes allemandes d'en partir à tâques sur les sols gelés, donc durcis. Mais l'avancée est laborieuse. Les hommes sont à bout de force. Ils manquent d'à peu près tout. Il ne s'agit même plus de déborder et d'encercler les unités ennemies, comme au début, mais d'avancer vaille que vaille, autant que possible. Le 1er décembre, le général von Bock écrit que L'idée que l'ennemi qui nous fait face soit sur le point de s'effondrer tient du compte de fait. L'offensif est devenu sans but ni raison, car le moment est proche où mes troupes ne pourront plus tenir. Le 2 décembre, des soldats allemands atteignent quand même le quartier Lobnya, à 10 km du centre de Moscou. Les tankistes ont dans leurs jumelles les tours du Kremlin. Mais entre-temps, les soviétiques, eux, restent pas les bras croisés. La défense de Moscou s'organise. Des civils sont mobilisés par centaines de milliers pour construire des abris ou des fossés anti-chars. Toutes les routes qui mènent à Moscou sont barrées. La Stavka rassemble plusieurs armées pour défendre la capitale. La défense est confiée au général Georgy Zhukov. On a parfois écrit que des gros renforts auraient été envoyés de Sibérie pour défendre Moscou, mais la réalité c'est que c'est seulement 20 000 hommes qui ont été envoyés de Sibérie, pas beaucoup sur les 1 million de soldats rassemblés par la Stavka. Ces 1 million de soldats sont lancés à l'assaut des allemands le 6 décembre 1941, dans des conditions pas évidentes parce qu'il fait en dessous de moins 20 degrés et ces soldats soviétiques manquent de vêtements chauds, comme les allemands. La Wehrmacht est vite débordée, elle recule pour ne pas se faire encercler. Elle est rejetée progressivement à 100 km de Moscou. Mais le 20 décembre, Hitler ordonne de ne pas reculer et de tenir une position coûte que coûte. Et avant, le 28 novembre déjà, les allemands avaient dû évacuer Rostov, à l'extrême sud du front. Là-bas, ils avaient reculé de 200 km. À l'état major allemand, c'est la crise. Des généraux comme Von Bock, Guderian ou Von Brottich sont limogés ou remplacés par Hitler. Dorénavant, c'est le Führer lui-même qui commandera directement l'armée de terre. Courant janvier 1942, les attaques soviétiques sont enfin enrayées. Mais ça, ça fait haut prix, d'énormes pertes en matériel et en hommes. Oui, le tiers des effectifs engagés pour Barbarossa ont été perdus. Des pertes qu'il va falloir rattraper. Le calcul de Hitler qui consistait à écraser rapidement l'URSS pour se retrouver en position de force face à la Grande Bretagne a échoué. A partir de maintenant, l'Allemagne va devoir mobiliser la majorité de ses ressources économiques et humaines contre un nouvel adversaire. Un nouvel adversaire qui avait été dangereusement sous-estimé. Et ces ressources mobilisées contre l'URSS vont manquer quand les oblois américains débarqueront plus tard à l'ouest. Oui, parce que hasard du calendrier, le lendemain du jour de la contre-attaque soviétique devant Moscou le 7 décembre 1941, donc l'attaque japonaise sur Pearl Harbor a entraîné l'entrée en guerre des États-Unis. Dès ce jour-là, l'Allemagne et ses alliés ne pouvaient plus gagner la guerre. C'est pour cette raison que Barbarossa a peut-être été le tenant stratégique de la seconde guerre mondiale. Il ne me reste plus qu'à vous remercier d'avoir écouté cet épisode. S'il vous a plu, pensez à le partager sur vos réseaux sociaux, que ce soit sur YouTube ou sur vos plateformes de podcasts préférées comme Apple Podcasts. Mettez-lui un like ou lâchez-même un petit commentaire, ça m'aide à être mieux référencé. Et si le cœur vous en dit, vous avez aussi la possibilité de me laisser un pourboire sur Utip ou sur Tipeee, pour ça les liens sont dans la description. Très bonne fin de journée et à très bientôt.

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Pourquoi Barbarossa ? Le contexte géopolitique de 1941

    01:10

  • L'offensive allemande

    06:40

  • Une résistance soviétique croissante

    10:02

  • La bataille de Moscou

    18:20

  • Conclusion : le tournant stratégique de la Seconde Guerre Mondiale ?

    22:48

  • Remerciements

    23:51

Description

L’opération Barbarossa, la tentative d'invasion de l’URSS par l’Allemagne en 1941  est encore l’objet de pas mal d'idées reçues.  






 SOURCES :

* Claude Quétel, La seconde Guerre Mondiale, Perrin,2018

* Sous la direction de Jean Lopez et Olivier Wieviroka, Les mythes de la Seconde Guerre Mondiale, Volume 2, Perrin, 2017

* Sous la direction de Jean Lopez, La Wehrmacht : la fin d’un mythe, Perrin, 2019

 

CREDITS SONS :

* Musique générique :  Epic-Theme N°2 par Steven O'Brien. Licence Creative Commons Attribution 3.0 Unported (CC BY 3.0).
Source : https://stevenobriencomposer.bandcamp.com/track/epic-theme-no-2-majestic-epic

* Musique de fond :  Rapture par Ross BugdenMusic.
Fichier d’origine : https://www.youtube.com/watch?v=vja87ZXejyk.
Chaîne YouTube de Ross Bugden Music : https://www.youtube.com/@RossBugden


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Transcription

  • Speaker #0

    bonjour à toutes et à tous le 22 juin 1941 l'armée allemande se lance à l'assaut de l'union soviétique Nom de code, Opération Barbarossa. Un peu moins de 6 mois plus tard, l'armée allemande échouait à prendre Moscou, bloquée, paralysée par le terrible hiver russe. Ça, c'est ce qu'on a cru longtemps et c'est ce qu'on croit parfois encore. Mais est-ce que vous savez qu'en réalité, l'hiver russe a quasiment pas joué dans l'échec militaire allemand ? Que cet échec militaire était dû à des causes beaucoup plus profondes ? Qu'il a révélé des faiblesses fondamentales de l'armée allemande, de sa pensée stratégique. Donc zoom aujourd'hui sur l'opération Barbarossa, une des plus grosses opérations militaires de l'histoire qui a peut-être été le grand tournant de la seconde guerre mondiale. Le 30 juillet 1940, alors que la France est tout juste vaincue, Hitler réunit les principaux chefs militaires allemands. Il leur annonce sa décision d'attaquer et de détruire l'URSS pour le printemps 1941. Et ça malgré le pacte germano-soviétique de non-agression et de coopération qui avait été signé en août 1939. Et malgré aussi le fait que l'Allemagne était encore en guerre contre la Grande-Bretagne. Mais justement, Hitler voulait vite vaincre l'URSS pour se retrouver en position de force face à la Grande-Bretagne. Le Führer croyait ou voulait croire que la Grande-Bretagne refusait de se rendre parce qu'elle espérait l'entrée en guerre rapide de l'URSS. Et puis il faut dire qu'envahir l'URSS c'était depuis longtemps un peu une obsession idéologique de Hitler et des nazis. Pour plusieurs raisons. Asservir les populations de l'Est de l'Europe vu comme des races inférieures. Coloniser les territoires de Russie et d'Ukraine, prendre le contrôle de leurs ressources en énergie et en matières premières. Et éliminer le régime soviétique associé au communisme, l'idéologie peut-être la plus haïe du nazisme. Tout ça, Hitler en parlait déjà dans Mein Kampf. Donc dans ce contexte, le pacte jamaïno-soviétique de non-agression signé en août 1939 était qu'une alliance de circonstances. Pour Hitler, il s'agissait de sécuriser son flanc Est pour pouvoir attaquer la France et la Grande Bretagne. Et pour Staline, c'était l'occasion de gagner du temps, se renforcer au maximum en préparation d'une agression allemande qu'il savait devoir arriver un jour ou l'autre. Il faut dire que la politique d'industrialisation forcée que Staline a menée à partir des années 30, cette politique était en partie motivée par la volonté de construire une grosse force militaire. La part du budget soviétique consacrée à la défense était de 12,67% en 1933. Elle est passée à 26,4% en 1938. En 1940, l'URSS produit plus de chars que l'Allemagne. 3000 contre 2200. En juin 1941, elle produit chaque mois 230 chars, 700 avions, 4000 canons, 1 million d'obus. Et de l'armement parfois de bon niveau. Par exemple le char T-34, l'avion Sturmovik ou le launch rocket Katyusha. En juin 1941, l'armée soviétique compte 4 200 000 hommes. Largement plus donc que les 3 100 000 hommes que l'Allemagne et ses alliés se préparent à lancer à l'assaut de l'URSS. Et en plus, l'armée soviétique a commencé à réfléchir à une nouvelle façon de faire la guerre moderne, au-delà de sa manœuvre des troupes. Et là, on peut citer Georgi Sershon. C'est un enseignant à l'Académie Militaire Frontzé de Moscou qui a formé pas mal d'officiers à ce qu'on appelle la doctrine de l'art opératif. Une façon de penser les opérations militaires en profondeur. Bref, des grosses forces à un gros potentiel militaire mais gâchées par pas mal de problèmes. Déjà au niveau technique, l'armée soviétique manque de camions et de moyens de transmission radio. Ensuite, la majorité des millions de soldats soviétiques ont pas mal de ressentiment contre le régime de Staline. Un régime qui, rappelons-le, depuis un peu plus de 10 ans a perpétré massacres de masse, déportations et famines. Et surtout, il y a un gros manque d'officiers et de sous-officiers. Suite aux grandes purges staliniennes des années 30, la grande majorité des maréchaux, des commandants d'armée et des généraux de division ont été exécutés. On peut parler d'un vrai massacre. Un massacre qui prive l'armée soviétique d'hommes qui étaient des officiers excellents comme par exemple le maréchal Tchoukachevski ou le général Sechine. Et Georgi Sershon, ce pensionnaire militaire d'avant-garde qui a théorisé l'art opératif. Le 7 juin 1941, il a été arrêté pour activité anti-soviétique et déporté au goulag, d'où il ne reviendra pas avant 1955. En 1941, au poste de commandement de l'armée soviétique, On trouve des hommes comme Bouddhieni ou Voroshinov, des anciens, vétérans de la guerre civile russe, fidèles et soumis à Staline, mais pas très compétents. Juste après l'attaque allemande contre l'URSS, Hitler a déclaré qu'il avait fait que réagir à une attaque de Staline qui était imminente. Un pauvre mensonge qui avait déjà été utilisé pour justifier l'attaque contre la Pologne en 1939 et qui fera long feu. Et pourtant, l'idée sera reprise à la fin des années 1980 par Viktor Suvorov dans un livre appelé Le brise-glace qui affirme qu'en 1941, c'était Staline le premier qui était prêt à lancer une attaque contre l'Allemagne. En attaquant l'URSS, Hitler aurait donc fait que se défendre. L'hypothèse était populaire pendant un moment, elle a été reprise par certains grands médias. Mais depuis, les historiens ont travaillé dessus. On a analysé les archives soviétiques, les archives allemandes et la réponse est non. En 1941, Staline savait très bien que un jour ou l'autre, l'Allemagne attaquerait l'URSS. Mais il a cherché à éviter ça autant que possible. Jusqu'au bout, il s'est acharné à éviter à tout prix l'affrontement avec les Allemands. A partir du printemps 1941, les concentrations de troupes allemandes à la frontière soviétique laissent clairement apparaître qu'une invasion va arriver. En même temps, Staline reçoit de tous les côtés des messages d'avertissement clairs sur les plans d'invasion allemands, dont des messages de Winston Churchill. Et pourtant, Staline s'acharne à ne prendre aucune mesure préventive. Les livraisons soviétiques de pétrole et de matières premières à l'Allemagne vont continuer exactement au même rythme qu'avant. Pire, les groupes d'armées soviétiques massés à la frontière allemande reçoivent l'ordre de ne pas se mettre en position défensive. Oui, parce qu'il ne faut absolument pas provoquer les allemands. Résultat, le 22 juin 1941, au matin, quand l'armée allemande lance l'invasion, c'est la catastrophe. Les unités soviétiques sont complètement débordées. Le soir du 22 juin, les allemands ont avancé de 60 km. 3 jours plus tard, de 230 km. En 4 jours, la Luftwaffe détruit 1200 avions soviétiques. Le 25 juin, elle lance son premier raid aérien sur Moscou. Dans beaucoup de régions du RSS, les allemands sont accueillis en libérateur. Un peu comme 3 ans plus tard, les soldats américains seront accueillis par les français de Normandie. Et une partie pas négligeable, des soldats soviétiques désertent. Le 10 juillet, l'armée allemande s'est avancée de 450 km. ont été conquis les pays baltes, la Biélorussie, une partie de l'Ukraine. L'armée soviétique a perdu 1500 chars, 3000 canons, 2000 avions. 300 000 de ces soldats ont été faits prisonniers. Entre temps, le 28 juin 1941, la Finlande déclare la guerre à l'URSS. Du coup, Leningrad et le port de Murmansk se trouvent menacés. Bref, pour les soviétiques, ça va très mal. Le scénario de la débâcle française un an avant a l'air de se répéter. On écrit que, juste après l'invasion, Staline était resté prostré au Kremlin, à cause du choc. Si c'est le cas, il n'est pas resté prostré longtemps. Parce que le 23 juin 1941, lendemain de l'invasion donc, Staline signe un décret secret qui installe ce qu'on appelle la Stavka. La Stavka, c'est un genre d'état-major à la fois militaire et politique. Le 10 juillet, elle devient la Stavka du Commandant suprême, en charge de la conduite stratégique générale des opérations. On y trouve des responsables politiques et militaires comme Voroshilov, Molotov, Boudini, Timoshenko et Staline qui bien sûr en prend le commandement. Le 3 juillet 1941, Staline prononça à la radio un discours où il appelle les soviétiques à la résistance. Camarades, citoyens, frères et sœurs, soldats de notre armée et de notre flotte, je m'adresse à vous aujourd'hui, mes amis. Notre patrie fait face actuellement à un très grave danger. L'histoire montre qu'il n'y a pas d'ennemi invincible et qu'il n'y en a jamais eu. Nous devons rapidement diriger toute notre économie vers l'effort de guerre. En avant vers la victoire ! Mais avant ça, on a déjà pris des mesures assez radicales. Par exemple, pour mobiliser la production de guerre, on a pris le 26 juin 1941 un décret qui supprime les congés et qui porte la durée du travail à 54 heures par semaine, voire 72. Les ouvriers couchent parfois dans les usines. Ce qui est peut-être mieux pour eux parce que trois retards consécutifs de 20 minutes peuvent faire accuser de sabotage. Dans les usines d'armement, ça peut amener à la déportation au goulag. Oui, c'est l'occasion de rappeler que le régime de Staline a été souvent plus oppressif et plus meurtrier que le régime nazi. En même temps, des centaines d'usines sont démontées, transportées et reconstruites loin à l'est. Loin des allemands, un travail énorme qui permet de maintenir la production de guerre. Et sur le terrain, les allemands commencent à avoir du mal à avancer. Déjà, dès le début de l'invasion, localement à Brest-Litovsk ou à Lviv, les soviétiques avaient réussi à bloquer les assauts allemands pendant plusieurs jours. En juin et en juillet, les armées soviétiques vont parfois contre-attaquer, dans le sud des marées du Pripyat ou à Solsci, sur la route de Leningrad. Au sud, en Ukraine, Odessa va résister aux assauts roumains puis allemands de mi-août à mi-octobre. Et à partir du 10 juillet, autour de Smolensk, les soviétiques lancent contre les allemands une série de contre-attaques qui vont durer jusqu'au 10 septembre. Une vraie bataille où les allemands vont se frotter pour la première fois au lance-roquettes Katyusha. L'avance sur Moscou est bloquée, les allemands doivent passer à la défensive. Sur l'ensemble du front, la résistance soviétique se durcit et se durcit de plus en plus. Plus tard, le généralement Blumentritt écrira que Le comportement des troupes russes dans la défaite contrastait terriblement avec celui des polonais et des occidentaux. Même encerclés, les russes s'accrochaient et combattaient. Bon, il faut savoir que le 27 juin 1941 a été pris un décret qui autorise les membres de la police politique à arrêter les exerceurs et les fuyards. Très vite, tous les soldats qui reculent sont fusillés sans jugement. On comprend mieux dans ces conditions l'enlissement de la résistance soviétique. Pour les soldats, résister est moins dangereux que reculer. Seulement, ce durcissement de terreur d'un régime déjà très dur aurait pu encourager un ras-le-bol et une révolte contre le pouvoir soviétique. Et vu comme les allemands avaient été cueillis en libérateur dans pas mal de régions du RSS, ça aurait pu augmenter les sympathies envers eux, ça aurait pu accélérer les désertions de soldats. Mais pour ça, il aurait fallu que les nazis se comportent en libérateur et pas en nazi justement. Avant l'offensive, les buts de guerre déclarés par Hitler étaient clairement ouvertement de soumettre, voire exterminer les populations Slaves, Russes, Ukrainiens, considérés comme des sous-hommes. Et sur le terrain, dans les zones conquises, les allemands vont vite appliquer ces principes. Maintien des fermes collectives, colcose, sauve-causes, où les paysans sont attachés de force. Réquisition, pillage. Massacre de civils sur le prétexte de la lutte contre les groupes de partisans. Massacre qui d'ailleurs entraîne un renforcement des groupes de partisans, lequel renforcement sert de prétexte à une répression plus dure, à des massacres accrus sur les civils. Massacre qui ont été commis d'ailleurs en grande partie par la Wehrmacht, l'armée régulière. Même si la palme, si on peut employer ce mot, des crimes de guerre va revenir à ce qu'on appelle les Einsatzgruppen. Des unités SS qui vont dans les zones occupées massacrer à grande échelle les populations civiles, juifs et non-juifs. En septembre 1941, à Kiev, au lieu d'Ibabiyar. En deux jours, les Einsatzgruppen massacrent plus de 33 000 juifs, avec des nationalistes ukrainiens, des prisonniers de guerre et des otages. Et quand on dit millions de soldats soviétiques qui ont été faits prisonniers par les allemands, la majorité sont abandonnés à la mort par la faim. Abandonnés à la mort par la faim dans les camps de prisonniers gérés par l'armée régulière, la Wehrmacht. Donc autant pour l'image des crimes de guerre allemands qui auraient été limités au SS. L'armée régulière y a très largement participé. En tout cas, ces crimes de guerre de grande ampleur expliquent le développement de la haine anti-allemande de la population et donc le durcissement de la résistance soviétique. Mais il y a un autre facteur qui a aussi beaucoup joué dans le ralentissement de l'avance allemande, ce sont les carences logistiques. 183 divisions, un peu plus de 3 millions d'hommes avaient été lancés à l'assaut de l'URSS le 22 juin 1941. Ça a l'air énorme, mais c'est pas beaucoup plus que les effectifs qui avaient été lancés à l'assaut de la France en mai 1940 pour un territoire à conquérir un multiple de fois plus grand. Pire, pour Barbarossa, les Allemands emploient un tiers de moins d'avions qu'en France. Et en face, les effectifs soviétiques sont régulièrement réévalués à la hausse. Le 22 juin 1941, les Allemands estimaient le nombre de divisions soviétiques à 213. En août, ils estiment à 360. En décembre, l'armée soviétique pourra aligner face aux allemands 390 divisions plus 140 de réserves. Mais le manque d'effectifs peut être compensé par la qualité de l'armement des unités combattantes. Et justement, l'armée allemande a un gros atout, c'est division de Panzer, les fameux Panzer Divisionen. Des unités blindées, motorisées, à la très grosse puissance de feu et qui maitrisent très bien le combat inter-armes entre artillerie, chars, fantassins et aviation. A la Mais ces divisions de Panzer ne forment pas la majorité de l'armée. La majorité de l'armée allemande est formée de divisions d'infanterie, des fantassins qui vont à pied, à 4 km en moyenne. Alors que les divisions motorisées, elles, roulent en moyenne à 40 km heure. Donc, selon que distance, les divisions de Panzer doivent ralentir, voire s'arrêter pour ne pas se couper du reste de l'armée. Mais surtout, le problème du manque d'effectifs fait que c'est toujours les mêmes unités qui sont placées en première ligne. D'où épuisement des hommes, épuisement du matériel. Les mécaniques flanchent. Les essieux cassent. Les pneus crèvent. Et il y a passé le stock de réserves. Les 100 000 pneus de secours qui étaient prévus pour l'armée de terre sont consommés en un mois. Logiquement, il faudrait transporter sur le front des pièces des sachets de réserves. Mais impossible d'utiliser les moyens de transport soviétique. Il n'y a que 4000 km de route asphaltée. Le réseau ferré est largement moins dense qu'en Allemagne avec en plus un écartement de voies différents. Et de toute façon, au fur et à mesure que les Allemands avancent, l'armée soviétique détruit tous les réseaux de transport et de communication. Et pourquoi l'armée allemande, me direz-vous, n'utiliserait pas ses propres moyens de transport ? Parce qu'il en manque. Il n'y a que 404 500 camions, civils ou militaires, en 1941, alors qu'il en aurait fallu au moins 1 million. L'armée allemande a même moins de moyens ferroviaires que pendant la première guerre mondiale. Oui, en 1939, elle possède 21 700 locomotives contre 26 830 en 1914 et 700 000 wagons. Contre 835 000 en 1914. Côté allemand, il y a eu une énorme sous-estimation de la force militaire soviétique qui est des difficultés d'une campagne de l'ampleur de Barbarossa. Une sous-estimation qu'on n'a d'ailleurs pas que à Hitler. On la doit à la plupart des chefs militaires allemands qui croyaient que Barbarossa ne durerait que quelques semaines. En fait, le gros problème de l'armée allemande, de ses chefs, c'était une conception de la guerre héritée du début du XIXe siècle, de l'époque de Bonaparte. La recherche de la bataille décisive. Tout ce qui compte, c'est la tactique, la manœuvre rapide de façon à vaincre rapidement l'adversaire et le pousser à demander la paix. Et donc, dans cette mentalité, le renseignement et les contraintes logistiques sont négligées pour ne pas dire oubliées. En clair, les chefs militaires allemands étaient d'abord formés à penser aux mouvements de troupes sur courte distance et courte durée. Les questions d'approvisionnement, en carburant, en billets détachés, en armes, c'était une partie secondaire, pas très intéressante. Ce sont toutes ces raisons qui font qu'en août, les allemands se trouvent bloqués à Smolensk, sur la route de Moscou. Vu la situation, Hitler décide de donner la priorité à l'avance sur Leningrad. Des renforts sont transférés du groupe d'armée sante vers le groupe d'armée nord. Les Allemands avancent et les assènent l'Ingrade le 2 septembre. Seulement, l'Ingrade, armée finlandaise, refuse d'aider à l'attaquer. Et les soviétiques y ont plus mis en place tout un dispositif de défense. Les Allemands renoncent donc à envahir l'Ingrade et la mettent en état de siège. Au sud, l'avance allemande continue, moins vite qu'au début de l'invasion, mais elle progresse. Les Allemands prennent Kiev le 19 septembre. Ils progressent lentement au Crimée, prennent Kharkiv le 24 octobre, puis Rostov le 18 novembre. L'Ukraine avec ses réserves d'énergie et de matières premières est pour l'essentiel sous contrôle allemand. L'Ingres en état de siège, c'est le moment de reporter l'effort de guerre principal au centre vers Moscou. Moscou d'où un prix se peut amener à la victoire finale tant attendue. Le 2 octobre, l'armée allemande lance donc l'assaut final sur Moscou, l'opération Typhon. Comme le 22 juin, la pousse allemande paraît d'abord irrésistible. 7 armées soviétiques sont encerclées, près de 700 000 hommes faits prisonniers. En 15 jours, les armées allemandes approchent à 100 km de la capitale. A Moscou, c'est la panique. Des centaines de milliers d'habitants prennent la fuite. Le corps diplomatique déménage en vitesse à l'ouest à Kubitschev. Mais très vite, l'avance allemande ralentit devant la résistance soviétique acharnée. Les problèmes logistiques, le manque de ravitaillement en munitions, en essence, en pièces détachées. En septembre, 2093, train de ravitaillement est arrivé au front. En octobre, il y en aura 1860. En novembre, 1701. De moins en moins. Donc, pas d'autre solution que de ralentir. Surtout qu'à partir de mi-octobre, il pleut d'automne sans mêle. C'est la Rasputinza, la saison de la boue, les routes soviétiques peu goudronnées deviennent des bourbiers où les véhicules allemands s'enlisent. Soit bonne connaissance des difficultés allemandes, soit courage de sa part, soit les deux, Staline décide de maintenir le défilé qui a lieu le 7 novembre à Moscou pour l'anniversaire de la révolution bolchevique. Le discours qu'il prononce ce jour-là est bien sûr consacré à la guerre en cours. N'y a-t-il aucun doute que nous pouvons et devons vaincre les envahisseurs allemands. Le diable n'est pas aussi effrayant qu'il est décrit. Les envahisseurs allemands mettent à rude épreuve leur dernière force. Il est évident que l'Allemagne ne pourra pas supporter longtemps une tension pareille. Cette guerre que vous menez est une guerre de libération, une guerre de justice. Que l'image glorieuse de nos grands ancêtres vous inspire dans cette lutte que vous menez. Pour la défaite totale des envahisseurs allemands. Mort aux envahisseurs allemands. Vive notre glorieuse patrie. Vive sa liberté et vive son indépendance. En novembre, les pluies d'automne prennent fin et le froid arrive. Froid qui permet aux cônes allemandes d'en partir à tâques sur les sols gelés, donc durcis. Mais l'avancée est laborieuse. Les hommes sont à bout de force. Ils manquent d'à peu près tout. Il ne s'agit même plus de déborder et d'encercler les unités ennemies, comme au début, mais d'avancer vaille que vaille, autant que possible. Le 1er décembre, le général von Bock écrit que L'idée que l'ennemi qui nous fait face soit sur le point de s'effondrer tient du compte de fait. L'offensif est devenu sans but ni raison, car le moment est proche où mes troupes ne pourront plus tenir. Le 2 décembre, des soldats allemands atteignent quand même le quartier Lobnya, à 10 km du centre de Moscou. Les tankistes ont dans leurs jumelles les tours du Kremlin. Mais entre-temps, les soviétiques, eux, restent pas les bras croisés. La défense de Moscou s'organise. Des civils sont mobilisés par centaines de milliers pour construire des abris ou des fossés anti-chars. Toutes les routes qui mènent à Moscou sont barrées. La Stavka rassemble plusieurs armées pour défendre la capitale. La défense est confiée au général Georgy Zhukov. On a parfois écrit que des gros renforts auraient été envoyés de Sibérie pour défendre Moscou, mais la réalité c'est que c'est seulement 20 000 hommes qui ont été envoyés de Sibérie, pas beaucoup sur les 1 million de soldats rassemblés par la Stavka. Ces 1 million de soldats sont lancés à l'assaut des allemands le 6 décembre 1941, dans des conditions pas évidentes parce qu'il fait en dessous de moins 20 degrés et ces soldats soviétiques manquent de vêtements chauds, comme les allemands. La Wehrmacht est vite débordée, elle recule pour ne pas se faire encercler. Elle est rejetée progressivement à 100 km de Moscou. Mais le 20 décembre, Hitler ordonne de ne pas reculer et de tenir une position coûte que coûte. Et avant, le 28 novembre déjà, les allemands avaient dû évacuer Rostov, à l'extrême sud du front. Là-bas, ils avaient reculé de 200 km. À l'état major allemand, c'est la crise. Des généraux comme Von Bock, Guderian ou Von Brottich sont limogés ou remplacés par Hitler. Dorénavant, c'est le Führer lui-même qui commandera directement l'armée de terre. Courant janvier 1942, les attaques soviétiques sont enfin enrayées. Mais ça, ça fait haut prix, d'énormes pertes en matériel et en hommes. Oui, le tiers des effectifs engagés pour Barbarossa ont été perdus. Des pertes qu'il va falloir rattraper. Le calcul de Hitler qui consistait à écraser rapidement l'URSS pour se retrouver en position de force face à la Grande Bretagne a échoué. A partir de maintenant, l'Allemagne va devoir mobiliser la majorité de ses ressources économiques et humaines contre un nouvel adversaire. Un nouvel adversaire qui avait été dangereusement sous-estimé. Et ces ressources mobilisées contre l'URSS vont manquer quand les oblois américains débarqueront plus tard à l'ouest. Oui, parce que hasard du calendrier, le lendemain du jour de la contre-attaque soviétique devant Moscou le 7 décembre 1941, donc l'attaque japonaise sur Pearl Harbor a entraîné l'entrée en guerre des États-Unis. Dès ce jour-là, l'Allemagne et ses alliés ne pouvaient plus gagner la guerre. C'est pour cette raison que Barbarossa a peut-être été le tenant stratégique de la seconde guerre mondiale. Il ne me reste plus qu'à vous remercier d'avoir écouté cet épisode. S'il vous a plu, pensez à le partager sur vos réseaux sociaux, que ce soit sur YouTube ou sur vos plateformes de podcasts préférées comme Apple Podcasts. Mettez-lui un like ou lâchez-même un petit commentaire, ça m'aide à être mieux référencé. Et si le cœur vous en dit, vous avez aussi la possibilité de me laisser un pourboire sur Utip ou sur Tipeee, pour ça les liens sont dans la description. Très bonne fin de journée et à très bientôt.

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Pourquoi Barbarossa ? Le contexte géopolitique de 1941

    01:10

  • L'offensive allemande

    06:40

  • Une résistance soviétique croissante

    10:02

  • La bataille de Moscou

    18:20

  • Conclusion : le tournant stratégique de la Seconde Guerre Mondiale ?

    22:48

  • Remerciements

    23:51

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