Speaker #0Il y a un sujet historique, ou en tout cas historiographique, qui a fait l'objet de pas mal de débats en France, c'est la localisation d'Alesia. Alesia, la fameuse bataille qui a marqué la défaite de Vercingétorix face à César, une bataille dont la localisation précise fait polémique. Ce qui peut être l'objet de débats parfois enflammés jusque dans les médias nationaux. Ce qui est en jeu, c'est la légitimité des histoires dites officielles face aux chercheurs indépendants et la fiabilité des méthodes de recherche historique. C'est depuis Napoléon III que le site de la bataille d'Alésia a été situé à Lys-Saint-Tren dans le département de la Côte d'Or. Mais cette localisation officielle a été contestée assez tôt. Dès 1855, l'architecte Alphonse de Lacroix affirmait que le vrai site de la bataille d'Alésia était à l'aise dans le département du Doubs. D'autres localisations Les hypothèses alternatives seront proposées par la suite. Isère Nord dans l'Ain, Nevalaise en Savoie, Salin-les-Bains dans le Jura, Aluzon-Sonnevoir, etc. Hypothèses alternatives aussi nombreuses que vite abandonnées, excepté l'hypothèse Chaudet-Crottenay dans le département du Jura. Parce que l'hypothèse Chaudet-Crottenay, comme vrai site de la bataille d'Alésia, elle a pas mal d'arguments et de défenseurs. C'est André Berthier qui avait dans les années 60 proposé le premier, l'hypothèse du site de Chaudet-Crottenay, grâce à une méthode dite du portrait-robot. Il a repris le texte de la guerre des Gaules de César, décrivant la bataille d'Alesia, a trouvé que ça ne correspondait pas au site d'Alice-Saint-Ren, mais par contre que ça correspondait très exactement au site de Chaud-des-Crottenay. Hypothèse a priori donc assez solide. L'universitaire Daniel Porte sortira en 2004 un livre intitulé L'imposture Alésia où elle reprenait cette hypothèse de la localisation d'Alesia à Chaud-des-Crottenay. En 2008, toujours dans cet esprit de remise en cause de la localisation d'Alesia-Alice-Saint-Ren, c'était le tour de Canal+, de sortir un documentaire intitulé Alésia, la bataille continue Et en 2014, dans le même esprit, sortie d'un nouvel ouvrage collectif dirigé par Daniel Porte et préfacé par Franck Ferrand intitulé Alésia, la supercherie des voilées Et le ton y est assez sévère vis-à-vis des universitaires présentés comme des mandarins qui s'accrochent à l'hypothèse de la localisation d'Alésia à l'île Saint-Trenne et qui n'auraient jamais accepté de faire à Chaudet-Crottenay des fouilles archéologiques. Ça donnera des échanges assez sévères par médias interposés entre Franck Ferrand et certains universitaires. Le livre écrit en 2004 par Daniel Porte est très intéressant. Parce qu'elle reprend la guerre des Gaules de César sur énormément de points. Analyse très finement, interprète ce qu'ont dû être les intentions de César et de Vercingétorix pour conclure avec une certitude absolue que Alésia ne peut pas être Alicentraine en Côte d'Or et ne peut être que Chaudécrotenay dans le Jura. L'argument de base depuis le début des défenseurs de la localisation d'Alésia à Chaudécrotenay est que la description faite du site par César ne correspond pas à Alicentraine. C'est donc logiquement que cette description doit être très précise. Vérifions, voici. C'est la traduction française du texte de César qu'on peut lire en ligne sur Wikisource. D'après César, Alésia était située au sommet d'une montagne, dans une position si élevée qu'elle semblait ne pouvoir être prise que par un siège en règle. Au pied de cette montagne coulaient deux rivières de deux côtés différents. devant la ville s'étendait une plainte d'environ 3000 pas de longueur surtout les autres points des collines entourées peu distante entre elles et d'une égale hauteur la seule mesure qu'on a c'est 3000 pas de longueur environ il faut connaître que ça n'est pas ultra précis et le reste de ce qui est écrit dans l'inscription n'est pas forcément fiable à 100% rappelons que césar a mené en gaule plusieurs campagnes plusieurs batailles où il n'avait pas forcément le temps ni envie de faire des descriptions ultra précise pour la postérité sans compter le fait tout simple que césar a écrit un certain temps Après les éléments racontés, donc, elle publie certains détails. En outre, César n'écrivait pas dans un but de géographe ou d'historien, mais en tant qu'acteur politique d'un conflit où il faisait sa propagande, et n'était donc absolument pas neutre. Si vous avez l'occasion de faire des études d'histoire, vous connaîtrez probablement l'exercice du commentaire de texte. Ça consiste à commenter aussi bien des chroniques de moines au Moyen-Âge que des écrits de philasophes grecs, des rapports militaires des guerres mondiales, des discours d'hommes politiques du XIXe siècle, etc. Ceci pour analyser, comprendre ce que ce texte révèle, soit de son époque, Soit de la vision des choses qu'on avait à l'auteur, soit des deux. Et c'est là qu'on se rend compte qu'un texte n'est jamais, ou en tout cas très rarement fiable à 100%. C'est extrêmement risqué de le prendre toujours au premier degré. Et l'exercice du commentaire de texte historique, ce n'est pas de l'embrigadement idéologique mené par une casse d'universitaire au service de la matrice. C'est le simple rappel que témoignage humain, verbal ou écrit, c'est la source la moins fiable. Un témoignage ça ne vaut pas rien, pas du tout. Simplement un témoignage est soumis à la subjectivité de son auteur qui peut se tromper, oublier certains détails, ne pas être neutre dans ce qu'il raconte et donc exagérer certains éléments. Donc prendre la licence avec le texte de César, ça n'est pas du tout une solution de facilité comme l'infime Daniel porte. Au contraire, c'est pas hasard si dans certains procès criminels, la trop grande confiance accordée aux témoignages a mené à des erreurs judiciaires, et que des témoignages ont été parfois remis en question, ou en tout cas bien annoncés, par des sources matérielles plus fiables comme la photo, l'ADN ou les empreintes digitales. Et l'équivalent d'un recherche historique des traces ADN, des empreintes digitales, bref des indices matériels, en général ça peut être la toponymie, l'étude des noms de lieux, et l'archéologie, lesquelles vont dans le sens de la localisation d'Alesia à Lys-Saint-Rennes. D'abord à la proximité des noms de lieux, Alesia à Lys. Le nom du pays même où se situe Alicentrène, l'Auxois, est la contraction du terme latin pagus aliensis. Un pagus, c'était à l'époque médiévale une circonscription administrative. Le nom aliensis, remarquons, est très proche de alésia, même en tenant compte de la déformation de la prononciation qui peut intervenir avec le temps. En plus, la tradition a toujours situé Alésia, Alicentrène. Au IXe siècle, le moine Éry d'Auxerre cite explicitement l'ancienne bataille d'Alésia dans l'Auxois. En 1839, on a découvert sur le mot Auxois une inscription du Ier siècle après Jésus-Christ qui mentionnait In alicia. Indication que la toponymie du nom de Alice n'est pas récente. C'était donc assez logique que des fouilles pour retrouver le site d'Alesia aient été commandées à l'Issintraine par Napoléon III, parce que c'est là-bas qu'on pensait qu'était ce site. Et les archéologues mandatés là-bas ont trouvé des traces de fortifications romaines, des armes, des monnaies datées du 1er siècle avant Jésus-Christ, époque du siège d'Alesia. On pourrait supposer que ces archéologues avaient délibérément déposé eux-mêmes des faux vestiges pour plaire à Napoléon III, mais c'est complètement gratuit, et surtout des études successives ultérieures ont confirmé cette localisation d'Alesia dans l'Auxois. Par exemple des photographies aériennes prises par René Gauguet qui ont révélé la présence de camps militaires romains autour du Mont-Rossois et aussi des campagnes de fouilles menées dans les années 1990. On a trouvé sur le site d'Alice-en-Traine des balles de front marquées du nom d'un lieutenant de César ainsi que des ossements qui révèlent la présence de trois races de chevaux et donc de trois types de cavalerie, romaine, germanique et gauloise, indiquant une bataille importante entre Gaulois et Romains. On me voit continuer longtemps, mais ce n'est pas la peine d'étaler un méfait argumentatif. Il y a une conjonction d'indices qui tend à conclure que le site d'Alesia est probablement à Alice Saint-Trenne. Reste le fait, mis en avant par les défenseurs de la localisation d'Alesia H.D. Crottenay, que le site d'Alice Saint-Trenne paraît. Petit, voire très petit, par rapport au nombre de soldats, gaulois comme romains, dénombrés par César. Seulement, César ayant été impliqué en premier lieu dans ce conflit, il paraît plausible de penser qu'il a pu avoir tendance à exagérer la puissance de l'adversaire pour mieux mettre en avant sa gloire d'avoir vaincu cet adversaire. Donc, le fait que le site d'Alice-en-Trenne soit plus petit que ne le laisse penser le récit de César, va justement dans le sens de la fiabilité d'Alice-en-Trenne comme site de bataille d'Alésia. Les quelques fouilles archéologiques menées à Chaudenay-Crontenay ont rien mené de convaincant quant à la présence éventuelle là-bas de la bataille d'Alésia. Les fouilles plus complètes ont bien sûr été réclamées par André Berthier, Daniel Porte ou Franck Ferrand, mais sans résultat, peut-être par volonté de l'État de mettre en avant une vérité officielle, Alésia et Alice point barre, ou peut-être aussi tout simplement... que vu le côté convaincant des fouilles menées à Alice-en-Trenne, il n'y avait pas de raison de mener des fouilles concurrentes à Chaudé-Crottenay. Sinon, autant mener des fouilles n'importe où. Rappelons que les fouilles archéologiques, coûtent de l'argent, prennent du temps, mobilisent du personnel, et donc ne peuvent pas être décidées à la légère. D'ailleurs, supposons que des fouilles archéologiques soient menées à Chaudé-Crottenay et que là-bas soit découvert le vrai site d'Alesia. Admettons, qu'en serait-il alors des traces archéologiques d'Alice-en-Trenne ? Ça signifierait qu'il y a eu lieu là-bas une bataille que César, dans la Guerre des Gaules, ne mentionne pas, et donc que son récit n'est pas... Totalement fiable. Paradoxe pour les défenseurs de l'hypothèse de la localisation d'Alésia H.V. Crottenay, qui s'appuie sur une confiance absolue à 100% dans le texte de César. Et le ton qu'ont eu parfois ces défenseurs de la localisation d'Alésia H.V. Crottenay n'a pas aidé non plus à un débat apaisé. Par exemple, parler comme Daniel Porte le fait de la localisation d'Alésia à l'île Saint-Trenne comme une supercherie ou d'une imposture, ça peut être vu comme une façon de traiter de menteurs ou d'escrocs les membres des équipes qui ont mené des fouilles archéologiques à l'île Saint-Trenne. En 2014, dans un préface qu'il avait écrit au livre de Daniel Porte, Franck Ferrand qualifiait de mandarin les universitaires opposés à la localisation d'Alésia à Chevet-Crottenay, alors qu'il qualifiait en même temps Daniel Porte, universitaire elle aussi, de universitaire des plus estimés, une des meilleures destinations de l'université de la Sorbonne et André Berthier d'archéologues de grand renom. On a l'impression que le statut d'ancien chercheur en histoire et en archéologie peut être soit une qualité, soit un défaut selon le point de vue qu'on veut défendre. En plus, il n'est pas question de remettre en cause l'existence de César, de Vassar et de Taurix, de la guerre des Gaules ou même de la bataille d'Alésia. Non, juste la localisation de la bataille. C'est donc pas comme si ce débat avait un tel enjeu qu'il justifiait de la part des défenseurs de l'hypothèse sur les crottes nées des termes proches du mépris voire de l'insulte. En tout cas, depuis 2014, les polémiques se sont arrêtées, espérant qu'elles ne redémarrent pas. Ou en tout cas qu'elles prennent La réforme d'un vrai débat où chacun écoute les arguments de l'autre et est prêt à reconnaître qu'il s'est trompé et à changer de position. Merci d'avoir écouté cet épisode, s'il vous a plu, pensez à partager sur vos réseaux sociaux, mettez-lui un like et si un cure vous en dit, vous pouvez même laisser un petit commentaire, ça ne vous coûte rien, mais moi ça m'aide à être mieux référencé. Vous pouvez aussi me laisser un pourboire sur Utip ou sur Tipeee. Très bonne fin de journée et à très bientôt !