undefined cover
undefined cover
Coralie (Espagne) : apprendre une langue, c'est aussi apprendre la culture cover
Coralie (Espagne) : apprendre une langue, c'est aussi apprendre la culture cover
1, 2, 3 Français ! Le podcast des parents expatriés, par Les Franco Expats

Coralie (Espagne) : apprendre une langue, c'est aussi apprendre la culture

Coralie (Espagne) : apprendre une langue, c'est aussi apprendre la culture

28min |27/08/2025|

64

Play
undefined cover
undefined cover
Coralie (Espagne) : apprendre une langue, c'est aussi apprendre la culture cover
Coralie (Espagne) : apprendre une langue, c'est aussi apprendre la culture cover
1, 2, 3 Français ! Le podcast des parents expatriés, par Les Franco Expats

Coralie (Espagne) : apprendre une langue, c'est aussi apprendre la culture

Coralie (Espagne) : apprendre une langue, c'est aussi apprendre la culture

28min |27/08/2025|

64

Play

Description

Dans cet épisode du podcast 1, 2, 3 Français, Coralie, maman française installée en Espagne, nous parle de sa famille multilingue, dont ses deux filles qui évoluent au quotidien dans quatre langues : le français, l’anglais, l’espagnol et l’italien. À travers son expérience personnelle, Coralie nous explique ce que signifie vraiment apprendre une langue — et pourquoi cela passe forcément par une immersion dans la culture associée.


Ce que vous allez découvrir

  • Le quotidien d’une famille plurilingue résidant en Espagne 🇪🇸

  • Les enjeux du maintien du français à l’étranger 🇫🇷

  • Les défis et les stratégies pour transmettre quatre langues à ses enfants 🌍

  • Les méthodes d’apprentissage de la lecture dans ces différentes langues 📖

  • Pourquoi la dimension culturelle est essentielle dans l’enseignement et la pratique d’une langue 💃

  • Comment la culture renforce le sens, l’intérêt et la motivation chez l’apprenant 💚


Pourquoi écouter cet épisode ?

Que vous soyez parent expatrié, enseignant, apprenant de langue, ou simplement curieux du lien entre langue et culture, cet épisode vous offre un témoignage concret et inspirant. Vous y trouverez des pistes pour :

  • Enrichir l’enseignement linguistique par des éléments culturels

  • Renforcer la motivation des enfants (ou des apprenants) à travers des anecdotes et des références culturelles

  • Comprendre que la langue ne se limite pas à la grammaire et au vocabulaire, mais qu’elle est intimement liée à l’identité, aux coutumes et aux représentations culturelles


Bonne écoute! 🎧


Ce podcast vous a plu? Laissez-lui 5 étoiles 🌟 sur votre plateforme favorite pour nous soutenir!

Et n’hésitez pas à nous partager ensuite vos impressions sur Instagram 🤗


Découvrez les offres des Franco' Expats qui vous accompagnent dans le maintien du français au quotidien


Musique : Uplifting Vibes by LolaMoore -- https://freesound.org/s/761034/ -- License: Attribution 4.0


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue sur 1, 2, 3 français, le podcast des parents expatriés ! Je m'appelle Audrey, je suis franco-allemande et je vis en Allemagne depuis 15 ans. Je suis maman de deux enfants nés en Allemagne et qui grandissent avec deux langues, l'allemand et le français. Je suis professeure de français langue étrangère et langue maternelle. En 2022, j'ai lancé les Franco-Expat pour permettre aux enfants francophones de Cologne et de l'étranger de garder un lien actif avec la langue française ainsi qu'avec la culture francophone. Aujourd'hui, je lance le podcast 1, 2, 3 français afin de donner la parole aux parents expatriés sur leur expérience de l'éducation bilingue au quotidien de leurs enfants. J'accueillerai aussi des professionnels qui apporteront des conseils et donneront des idées pour soutenir ces familles expatriées. Bonne écoute ! Aujourd'hui, j'ai le plaisir d'accueillir Coralie qui habite en Espagne. Elle est maman de deux enfants multilingues. Bonjour Coralie.

  • Speaker #1

    Bonjour Audrey. Merci de m'accueillir.

  • Speaker #0

    Merci de venir aussi. Pour commencer, est-ce que tu peux te présenter ?

  • Speaker #1

    Oui, donc voilà, je m'appelle Coralie, j'ai 39 ans, je suis maman de deux filles, une adolescente de 13 ans et demi et une petite de 5 ans et demi. Mon aînée est née à Rome, en Italie, tandis que la petite dernière, elle est née à Grenade, en Andalousie, où nous vivons. Donc, moi, j'ai rencontré mon mari qui est britannique à Rome. Voilà, donc nous parlons entre nous italien. Je parle en français à nos filles et lui, il parle en anglais à nos filles. Et dans la vie quotidienne, elles parlent espagnol. Elles sont exposées à l'espagnol puisqu'elles fréquentent toutes les deux une école espagnole.

  • Speaker #0

    Et ta fille, du coup, qui est née en Italie, est-ce qu'elle continue de parler italien ?

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui, elle continue de parler italien. Tout simplement parce que, déjà, on parle italien entre nous. Deuxièmement, nous écoutons des programmes en italien, nous regardons la télévision en italien. Donc là, c'est vrai que c'est une approche plus passive, mais aussi nous avons maintenu beaucoup de rapports avec des Italiens. Nous fréquentons des Italiens à Grenade, ce qui lui permet de parler italien au quotidien. Pas aussi souvent que l'anglais, que le français et l'espagnol, mais oui, elle le parle, étant donné qu'en plus ça a été sa première langue. puisque ses premiers mots étaient en italien.

  • Speaker #0

    Alors justement, comment est-ce que vous gérez au quotidien la transmission de ces quatre langues ? Tu nous as dit l'italien, c'est un peu passif, entre guillemets, et du coup, les trois autres langues, parce qu'il faut de la place pour toutes ces langues.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Voilà, on jongle. C'est ça. Alors voilà, par exemple, on va prendre un repas, le déjeuner, quelque chose d'assez familial, traditionnel. Donc moi, je m'adresse à mes filles en français. Elles me répondent toutes les deux en français, leur papa en anglais et pareil, elles répondent en anglais. Donc quand elles ensuite prennent la parole, parfois c'est bon, on vous le dit en quelle langue ? En français ou en anglais ? Sachant que mon mari et moi, nous comprenons bien évidemment le français et l'anglais. Donc elles s'alternent. Parfois la petite dit « Ah oui, mais ça m'est plus facile de le raconter en anglais. » Donc elle va raconter en anglais. « Ah oui, mais alors attends, comment ça se dit ? Maman, tu sais en français, tu sais ça que tu m'as dit l'autre jour ? » Ça se dit comment en anglais ? Voilà. On est dans ce processus-là. Tandis que la grande, maintenant, son vocabulaire est beaucoup plus ample. Donc, elle, voilà, sans aucun problème. Et parfois, on se met à parler aussi en italien. La langue que nous ne parlons pas à la maison, par contre, c'est l'espagnol. Nous ne parlons pas espagnol. L'espagnol, on le laisse vraiment à l'extérieur, en dehors des murs. Parce qu'on ne voulait pas, en fait, on a cette peur de faire entrer l'espagnol à la maison. Ensuite, l'espagnol aurait pris le dessus et ça aurait été plus compliqué pour nous de parler, de transmettre nos autres langues et nos autres cultures. Ensuite, c'est très important par contre aussi de développer les cultures. C'est-à-dire que pour nous, la langue, c'est aussi la culture. Donc, tu vois ce que je te disais tout à l'heure par rapport à l'italien. On va regarder le festival de Sanremo. C'est très, très important pour nous, donc au mois de février. Donc là, c'est vrai que c'est une approche avec la culture italienne où on renforce la langue italienne. Ensuite, l'espagnol. Donc oui, même si c'est vrai que nous ne parlons pas espagnol à la maison, cela ne veut pas dire qu'on empêche nos filles de parler espagnol. Par exemple, lorsqu'elles jouent, je parle de la petite, elle va répéter ce qu'elle a appris dans la cour de récré et donc on va l'entendre qui est en train d'utiliser l'espagnol. Et en soi, ce n'est pas un problème. Voilà. Ensuite, par contre, c'est vrai qu'avec nous, on lui dit non, non, attention, hop, on peut parler, voilà, en français. En ce qui concerne la langue, entre elles, elles ont choisi une langue. C'est surtout la petite qui a choisi une langue, c'est l'anglais. C'est-à-dire que 80% de leurs conversations entre elles, c'est en anglais. Même si je leur demande quand nous ne sommes que toutes les trois, quand le papa n'est pas là, qu'elle parle en français. Parce que c'est déjà arrivé qu'on était toutes les trois et que la petite me parlait en français. Et puis ensuite, elle se met à traduire à sa sœur en anglais. Et donc la sœur dit « Non mais tu sais, moi je le comprends » . Donc voilà, c'est un lost information en ce moment. et c'est vrai que pour la grande c'est vraiment assimilé moi je vois vraiment la différence entre la grande qui a presque 14 ans et la petite qui a 5 ans qui est vraiment encore dans un processus où les langues ne sont pas encore distinctes donc c'est vraiment un mélange et là par contre j'ai noté ces derniers mois que ça y est elle comprend que maintenant nous sommes toutes les trois et de plus en plus elle se met aussi à parler en français avec sa soeur quand on est toutes les trois Donc ça, c'est un fait par rapport à ça, au niveau des langues. Et oui, comme je te disais, en effet, l'espagnol en dehors, nous le pratiquons, donc à l'école, dans les activités. Aussi, nous fêtons toutes les festivités espagnoles, italiennes, françaises, britanniques. Ça fait un beau programme. Nous avons un calendrier de fête.

  • Speaker #0

    J'imagine, oui.

  • Speaker #1

    C'est important, en fait, pour les cultures. Elles sont toujours un peu en décalage. Parce que bon, on sait très bien que c'est en vivant dans un pays, dans une région où vraiment on absorbe toute la culture. Mais c'est justement pour éviter, quand elles vont en France ou en Angleterre, voir la famille, voir les cousins, les cousines, un décalage trop grand en fait. Parce qu'on sait très bien que quand on rentre dans les familles, nos familles s'attendent à ce qu'on récupère toute notre culture. On rentre dans le moule à nouveau et que voilà quoi, c'est un peu cette partie-là. qu'on doit gérer, c'est pour ça qu'on transmet les cultures. Par exemple, la fête des mamans, qui se fête dans les quatre pays à quatre dates différentes.

  • Speaker #0

    C'est bien pour toi !

  • Speaker #1

    Quatre fois bonne fête maman !

  • Speaker #0

    Justement, j'allais te demander quel est le niveau de ces quatre langues, est-ce que tu arrives à juger à peu près si elles ont un niveau plus ou moins faible selon la langue ?

  • Speaker #1

    Alors, on va parler pour l'anglais et... pour le français en fait, notre aîné on lui a fait faire déjà tous les examens en fait du Cambridge et aussi le DELF, enfin pas tous, on lui a fait faire passer les niveaux par rapport à son âge donc là cette année elle va passer le niveau C1 en anglais et pour le français là elle va faire on hésite entre le B1 et le B2 en fait pour l'instant ... Ça va dépendre un peu au niveau de la charge du travail au collège, parce qu'elle a quand même pas mal de devoirs au collège, donc je n'ai pas non plus envie de la stresser, de lui mettre trop de pression par rapport à ça. Mais c'est en effet une très bonne élève par rapport aux langues, que ce soit le français et l'anglais. Elle avait été évaluée il y a deux ans sur un projet européen, une étude qui avait été faite par l'université de la Sorbonne. Et son résultat avait démontré qu'elle avait un niveau d'anglais. et de français supérieur à un enfant monolingue en Angleterre et en France. Pourquoi ? Parce qu'elle lit énormément. Vraiment, depuis qu'elle sait lire, elle lit dans toutes les langues.

  • Speaker #0

    C'est super !

  • Speaker #1

    Oui, ça on a vraiment insisté, c'est quelque chose qu'on savait que c'était important, appuyer la lecture, aller faciliter l'apprentissage des langues. Parce que justement, c'est le vocabulaire, l'enrichissement d'un vocabulaire. Si tu es dans un seul pays, dans une sphère monolingue, tu vas en effet avoir un vocabulaire. plus en plan. Mais en permettant à l'étranger, dans une autre situation, dans des situations bilingues ou plurilingues, on sait que la lecture a un rôle majeur. Donc ça, c'est vrai qu'on a vraiment développé cet aspect. C'était vraiment important par rapport à ça. Après, ça ne veut pas dire que, bien évidemment, il y a des influences des langues. Par exemple, certaines fois, il y a certaines constructions qui sont typiquement anglaises, typiquement espagnoles, que je note. Voilà, je dis, oula ! Attention, attention ! Bon, après, voilà, ça, c'est normal, c'est normal. Oui,

  • Speaker #0

    oui.

  • Speaker #1

    Ça se corrige, voilà, ce sont des choses, ça se corrige, en fait, puisque la base, c'est une base solide. Et à présent, on recommence tout ce processus avec la petite. Voilà.

  • Speaker #0

    Alors, je reviens quelques années en arrière, quand vous êtes arrivée en Espagne, tu n'avais que ta grande-fille. Comment s'est passée l'intégration ? Est-ce qu'elle parlait déjà un petit peu espagnol ?

  • Speaker #1

    Alors, nous sommes arrivées en Espagne. Espagne quand elle avait presque deux ans. Et donc, c'était vraiment une étape où c'est important au niveau du langage, mais aussi c'est important de... Les enfants à cet âge-là se comparent beaucoup en fait aux autres, ils se copient, ils font énormément de progrès en copiant les autres enfants au parc, à la crèche, voilà. Et donc, elle est arrivée à Valence. Avant de nous installer à Grenade, nous avons vécu un an à Valence. et à cette crèche où elle allait, n'était pas seulement l'Espagnol, le Castillan, mais aussi le Valencien. Et en fait, ça l'a perturbée. Parce qu'elle se retrouvait déjà dans un autre contexte. C'est-à-dire que là, sa crèche à Rome, c'était, on va dire, vraiment un petit cocon. Alors que là, c'était beaucoup plus structuré. Moi, je me souviens, j'avais été un peu surprise parce qu'il y avait du matériel. Matériel, fourniture scolaire. Je me suis dit, ok, bon. À l'âge de deux ans, ça me semble un petit peu trop. Mais bon, voilà. Donc, il y avait vraiment des livres, des choses. Je me suis dit, ah oui. et ça a été quand même très compliqué. Parce que, comme tu disais, oui, c'est vrai qu'on a tendance à penser l'espagnol, l'italien, c'est pareil, mais en fait, non, il y a quand même des différences, beaucoup de différences, et aussi l'approche. Et ça n'a pas été simple. Donc, cette année à Valence, où en fait, elle s'est retrouvée à écouter des personnes qui parlaient en espagnol, en valencien, ou lui demandaient de parler, mais en fait, elle ne répondait pas, tout simplement parce qu'en plus, elle était encore dans cette... face d'apprentissage des langues. On sait très bien qu'un enfant avec plusieurs langues va parler un peu plus tard, surtout la construction de phrases. Oui, il comprend parce que son cerveau enregistre. Quand il faut expliquer ça aux personnes qui travaillent dans les crèches, c'est souvent compliqué. On ne va pas se mentir. On vous dit « Ah non, mais vous devez parler espagnol. » Ça va être compliqué parce qu'on ne parle pas encore espagnol. Non, mais voilà. Et donc ensuite, nous avons déménagé à Grenade. Elle a fait son entrée en maternelle. La rebelote, la maîtresse, elle dit non mais vous devez parler comme espagnol. Non mais ça ne va pas être possible. Ce ne sera pas possible. On dit non, non, non. Moi, je parle en français. Son papa lui parle en anglais. C'est important pour nous. Ce sera important pour elle. On sait que ça va être compliqué. Pas de souci. Quand elle va avoir un déclic, elle va se mettre à parler et ça ne va plus s'arrêter. Et c'est vrai, c'est ce qui s'est passé. Par contre, voilà, comme je disais, c'est vrai qu'il y a ce côté quand même de vouloir être un peu, de se fondre un peu dans le moule, de ressembler un peu à tout le monde. Et donc, une chose que nous, nous avons fait, qui l'a énormément aidé, c'est que nous l'avons inscrite à un cours de théâtre. Donc, elle a fréquenté pendant trois ans un cours de théâtre espagnol avec d'autres enfants. Et ça lui a vraiment permis de prendre la parole, de s'exprimer de manière plus libre que dans une classe. Des fois, ce n'est pas toujours possible. Voilà. Surtout qu'en plus, elle était de fin d'année. Donc, entre des enfants de fin d'année et de début d'année, il y avait aussi une autre différence, une autre complexité. Et aujourd'hui, on ne dirait pas que cet enfant n'est pas né en Espagne. Non. Même par rapport à ses résultats scolaires, par rapport à la culture, par rapport à tout ça. Donc, voilà. Mais c'est vrai que le début, ça a été pendant deux ans. Moi, souvent, je dis, ah non, mais c'est pas de souci, tu verras au bout de trois mois. Non. Ce n'est pas non plus si évident que ça. En plus, ça dépend de chaque âge, de chaque étape. Mais il faut quand même un minimum accompagner nos enfants.

  • Speaker #0

    Je rebondis sur ce que tu viens de dire, parce que je trouve ça étonnant qu'il t'ait dit à la maternelle de parler qu'espagnol, parce qu'ils ont l'espagnol et on sait que les langues régionales sont aussi très fortes, donc ils connaissent le bilinguisme. Je trouve étonnant qu'ils disent que vous laissez presque tomber les autres langues tant que l'enfant s'intègre.

  • Speaker #1

    Oui, mais en Andalousie, c'est le cas. Il n'y a pas de... Autant qu'en Catalogne, tu as trouvé le catalan et le castillan. À Valence aussi. Mais en fait, pour eux, c'était encore une autre complexité. C'est-à-dire que deux langues, c'était normal. Plus, non, ce n'était pas normal. Et en Andalousie, non, non. En Andalousie, c'était vraiment comme ça. Et pareil avec la lecture. Quand elle a commencé l'apprentissage de la lecture au CP, nous, on avait déjà anticipé l'apprentissage de la lecture. en anglais et en français, parce qu'elle demandait. Donc voilà, on avait dit, écoute, on va t'introduire. La lecture à travers ces deux langues est comme ça au moins. Et la maîtresse m'avait dit, non, non, non, en fait, laissez tomber s'il vous plaît la lecture, elle est trop déstabilisée. Là encore, en fait, moi je disais, non, mais aussi, il faut comprendre qu'il y a une certaine maturité entre un enfant qui est né au mois de janvier, qui avait déjà plus de six ans, et un enfant qui n'avait pas encore six ans. Non, non, non, c'est pas ça, c'est pas ça. ça peut être. Voilà. Et en effet, donc ça, c'était la première réunion, c'était fin septembre. Au mois de décembre, elle lisait. Elle lisait en espagnol parfaitement. Aujourd'hui, il y a eu des avancées par rapport à ça parce que bon, presque dix ans, dix ans ont passé et je trouve qu'aujourd'hui, l'approche a changé. C'est une approche, voilà, maintenant, on sait. Les professeurs sont préparés aussi. Voilà, enfin moi, je vois que même dans son collège, Merci. aujourd'hui, que ce soit sa prof d'anglais et sa prof de français, lui ont adapté le programme pour ne pas qu'elle s'ennuie.

  • Speaker #0

    C'est bien ça aussi.

  • Speaker #1

    Oui, voilà. Parce que donc, ils ont reconnu quand même que oui, c'était une enfant qui pourrait s'ennuyer en fait. Et donc voilà, ou l'utiliser pour justement aussi motiver ses camarades et adapter un petit peu. Donc par exemple, la lecture, bon, il lui donne des livres un peu plus compliqués à lire en anglais, en français que les autres.

  • Speaker #0

    Alors, on va revenir un peu au niveau du français, puisque c'est quand même notre sujet du jour. Est-ce qu'il y a dans ta région, dans ta ville, des actions qui ont été mises en place pour soutenir le français chez les enfants francophones ?

  • Speaker #1

    Oui, alors oui, il y a l'association français langue maternelle, l'association FLA. D'ailleurs, ma fille, la petite, je pense s'inscrire l'année prochaine ou dans deux ans. voir comment ça va, voilà. Mais notre aînée l'a suivie pendant deux, trois ans. Trois ans, elle l'a suivie. C'était le samedi matin, donc voilà. C'était bien aussi pour rencontrer d'autres enfants, en fait, dans la même situation qu'elle. Donc voilà, même si c'est vrai que la plupart des cas, la plupart des fois, ce sont des enfants que le père ou la mère est espagnol et que le père est français. donc, ou la mère. Donc, voilà, c'est une approche un peu différente que la sienne. Mais oui, il y a ça. Il y a aussi un groupe de mamans francophones qui organisent aussi des activités, elles vont aller au parc, voilà, des choses comme ça, pour que les enfants puissent parler en français entre eux. Donc, voilà, ça, c'est bien, ça, c'est important. Il y a aussi, dans la bibliothèque locale, il y a tout un espace. créée par l'Alliance française de Grenade. Un coin lecture de livres en français, donc très bien fait. En plus, il y a des petites tables, des petits poufs pour les enfants. Et donc ça, c'est pareil. Alors, ça permet d'accéder à la lecture.

  • Speaker #0

    Et à l'école, donc, ils ont le français, mais à partir de quel âge ?

  • Speaker #1

    Alors, en fait, le système espagnol, c'est un système bilingue. Par rapport, comme tu as mentionné, si bien que dans certaines régions espagnoles, il y a le bilinguisme. Et donc pour que ce soit, on va dire, homogène, ils l'ont introduit même dans les régions où il n'y a qu'une seule langue. Donc en Andalousie, le système bilingue repose sur l'anglais ou le français. Alors en effet, aujourd'hui, j'ai envie de dire que... 90% ? Je n'ai pas les chiffres exacts, mais bon, je pense que c'est comme ça. 90% des écoles sont des écoles bilingues, espagnoles, anglais, et 10% espagnoles, français. Donc, qu'est-ce qu'ils font ? C'est dès la maternelle, en fait, ils ont des activités en français. Alors, clairement, le niveau... On n'est pas sur une école vraiment bilingue comme on peut imaginer. C'est trois heures d'anglais, trois heures d'espagnol tous les jours. Non, ce n'est pas du tout ça. C'est vraiment ponctuel. Mais ça permet, en fait, encore une fois, de s'approcher aussi à la culture puisque, par exemple, ils vont célébrer la chandeleur. Et donc là, toutes les activités vont être en français. Quand ils vont organiser le printemps avec des activités en français, il y a une lectrice. Je dis lectrice parce que c'est vrai que pour l'instant, ça a toujours été des filles qui viennent aider pendant les cours de français, qui justement s'occupent de certains groupes. Ça, ça a toujours été un avantage aussi pour nos filles parce qu'elles ont toujours comme ça pu parler français avec les lectrices. Donc voilà, en fait, c'est dès la maternelle qu'une des langues, que ce soit l'anglais ou le français, est intégrée à l'école.

  • Speaker #0

    C'est vraiment bien ça. Pour les enfants bilingues, en plus, c'est parfait parce qu'ils ont un autre contact avec le français très rapidement. Et puis même pour les enfants de manière générale, on dit toujours qu'ils sont des éponges à apprendre et de les baigner dans une deuxième langue, c'est idéal dès le début, même s'ils ne l'apprennent pas. Comme tu dis, il n'y a pas cette régularité de l'enseignement, mais c'est quand même, elle est là, cette langue, ces autres sonorités, ces autres mots, ces autres sons, etc.

  • Speaker #1

    Voilà, c'est ça. Non, et puis il y a certains enfants, moi je sais, pour en avoir parlé avec certains parents, il y a certains enfants qui... qui adorent le français. Alors, c'est vrai quand même que la plupart des parents préfèreraient l'anglais pour des raisons, voilà, évidentes. Mais moi, je leur dis, je dis, mais vous savez, le français peut être utile aussi. Oui. Parce que l'anglais, maintenant, on va tous penser que tout le monde sait l'anglais. Donc, voilà, il faut aussi le français. Mais certains des enfants, ils adorent le français. Donc, les parents me font voir, mais t'as vu, regarde, écoute-le chanter en français. français. T'as vu comment il prononce bien ? Oui, oui, oui, oui. Non, mais c'est bien.

  • Speaker #0

    C'est chouette.

  • Speaker #1

    C'est une bonne approche. Sur le papier, c'est une bonne approche. Après, comme c'est une réforme qui est encore en train de se mettre en place, parce que petit à petit, en fait, il y a encore certaines choses à améliorer, mais voilà, c'est une bonne approche. En revanche, moi j'ai une critique par contre, parce que c'est vrai qu'on a commencé l'introduction de ce bilinguisme assez tôt. Ma fille qui est en quatrième, ce qui correspond au niveau quatrième aujourd'hui, elle m'en est née. Là elle est passée en première langue, c'est l'anglais, comme première langue obligatoire. Et le français c'est optionnel. Et en fait ça c'est une réforme qui a été faite il n'y a pas longtemps, il y a deux ans qu'elle a été mise en place. Alors qu'avant la deuxième langue, la LV2 était aussi obligatoire. Et ça, par contre, c'est en train de créer quelques dégâts, notamment pour le français, qui est jugé par les adolescents comme une langue très compliquée et qui choisissent donc une autre langue ou au contraire, la robotique ou voilà quoi, des choses, programmation, enfin quelque chose comme ça, mais c'est plus simple que le français.

  • Speaker #0

    Oui, c'est un peu la même problématique dans beaucoup de pays, je crois.

  • Speaker #1

    Voilà. Donc, il y a eu pas mal de manifestations, justement, pour maintenir LV2 comme obligatoire. Oui, parce que tout simplement, c'est qu'ensuite, c'est ce qu'ils disaient, c'est qu'ensuite, à l'université, ils vont avoir besoin, très souvent, on va demander une deuxième langue obligatoire. Enfin, outre ta langue maternelle, l'anglais et une autre langue. Donc, si tu ne l'as pas choisi au collège ou au lycée, ça va coincer, en fait. Surtout que les liens entre l'Espagne et la France sont quand même très forts et que beaucoup d'Espagnols choisissent d'aller étudier en France avec le programme Erasmus et même par facilité, par proximité tout simplement.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu aurais des conseils pour les familles qui, justement, comme toi, ont des enfants qui grandissent avec trois voire quatre langues, pour gérer justement au quotidien ?

  • Speaker #1

    Alors, pour gérer au quotidien, donner de l'espace à toutes les langues. Donc, que ce soit par côté ludique, c'est pour ça que, voilà, comme je disais, nous, en fait, on a fait avec, à travers les festivités. Ça fonctionne bien, donc ça, à travers la cuisine aussi, que passer, pareil, transmettre les recettes. Comme ça, ça permet aussi de raconter son enfance, voilà. Et puis, on ne va pas se mentir, une des choses les plus importantes, c'est de rentrer dans nos pays.

  • Speaker #0

    Eh oui !

  • Speaker #1

    Et passer du temps avec la famille, avec les amis, c'est... voilà. Alors je sais que ce n'est pas toujours facile, ce n'est pas simple, que des fois, enfin même moi, des fois j'aimerais partir ailleurs en vacances que de rentrer en France voir ma famille. Alors je suis très heureuse d'aller voir ma famille, mais c'est vrai qu'on privilégie aller en Angleterre, aller en France et aller en Italie pour maintenir en fait le niveau des langues. Parce que c'est là où ils progressent le plus. C'est-à-dire quand ils sont au contact avec la famille qui ne parle qu'anglais, qui ne parle que français. Enfin, voilà. Ils font des bons énormes.

  • Speaker #0

    Oui, mais en plus, comme tu dis, rentrer, c'est très bien, mais on a du mal à partir ailleurs. Et vous, vous avez trois pays, entre guillemets, que vous voulez voir régulièrement. Donc, ça réduit vite les autres possibilités.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Alors, pour finir, est-ce que tu as une ou plusieurs anecdotes ? de tes filles et de leur bilinguisme ?

  • Speaker #1

    Oui, alors, justement, puisqu'on a parlé, on s'est un peu focalisé sur l'aîné, justement, il y a deux, trois semaines, j'étais dans un magasin de mode flamenco, que nous sommes en Andalousie, et il y avait une festivité à Grenade, très importante, très suivie, il y avait beaucoup, beaucoup de touristes francophones. C'était la période des vacances en France et ailleurs, donc il y avait beaucoup de touristes. Et j'étais dans un magasin avec ma fille en train d'acheter des accessoires. Et en fait, une dame s'approche de nous et elle nous dit « ben voilà, je vous ai entendues, vous parliez français. Enfin, j'aimerais demander des conseils, mais je ne sais pas comment faire. Je ne parle pas espagnol. » Et en fait, là, ma fille, tout de suite... C'était une dame qui avait plus de 55 ans. Oui, facilement plus de 55 ans. Et ma fille, ah mais pas de problème, allez viens avec moi, je vais t'aider. Moi je suis la chérie. Mais quoi maman ? Ma chérie, tu sais qu'il faudrait utiliser vous. Ah oui, et donc elle dit à la dame, pardon, excuse-moi. Non, non, non, excusez-moi. Alors la dame s'est mise à rire. Et donc moi je me suis sentie obligée de justifier, de dire, vous comprenez, nous habitons à Grenoble. Ma fille n'a jamais vécu dans un pays francophone. En Andalousie, on tutoie, même les adultes, même les enfants, il y a cette facilité. Alors oui, des anciennes générations, mais très anciennes, mais sinon on tutoie. Donc elle était en train de tutoyer la vendeuse. Avec moi, bien évidemment, elle me tutoie. Donc c'était dans un contexte un petit peu étrange pour elle. Et la dame me dit « pas de problème, aucun souci, au contraire » . Donc c'est vrai que nous, des fois, en tant que parents, on constate certaines choses et on se dit « oh là là, mais elle va être mal jugée » . Mais en fait, non, on ne peut pas non plus toujours mettre cette pression sur nos enfants par rapport à ça. On oublie aussi que, déjà, le contexte où ils évoluent. Et puis ensuite, les influences, parce que bien évidemment, il y a des influences. Et ces influences, c'est tous les jours dans certains mots. Par exemple, avec ma petite, dernièrement, elle va dire, en parlant d'un homme en français, « Ah, elle, elle, elle, elle. » Parce qu'en espagnol, « elle » ,

  • Speaker #0

    « elle » , « elle » , « elle » ,

  • Speaker #1

    « elle » . Et alors là, je dis, « Non, ma chérie, mais maman, mais ce n'est pas logique. » Non, mais parce que ça s'écrit. Oui, mais non, c'est pas logique parce que ça se prononce pareil en français. Oui, mais bon. Voilà, donc ça, voilà. Deux anecdotes qui me sont venues là comme ça à l'esprit par rapport à ces petites différences.

  • Speaker #0

    Mais tu illustres bien les différences franco-espagnoles, j'ai envie de dire.

  • Speaker #1

    Oui, oui, ça. Et puis même parfois l'anglais. Des fois, il y a un petit mot, la place des mots. fois.

  • Speaker #0

    Eh oui.

  • Speaker #1

    Donc, la dernière fois, il y avait justement la grande, elle me dit, non mais maman, excuse-moi, mais des fois, vraiment, le français, c'est compliqué, parce que quand tu penses qu'il y a certains adjectifs qu'il faut les placer toujours avant, alors qu'en anglais, sur ça, il n'y a pas...

  • Speaker #0

    Eh oui, c'est qu'on oubliait tout ça. Eh bien, je te dis merci pour ton témoignage très instructif, très intéressant. Je suis sûre que ça va intéresser beaucoup de gens qui vont écouter, qui cherchent justement comment transmettre plusieurs langues et pas seulement deux, puisque c'est encore une autre situation.

  • Speaker #1

    Merci à toi Audrey pour m'avoir donné cet espace sur un sujet qui est très intéressant, qui parfois fait encore peur, qui parfois est difficile à expliquer aussi. Je pense qu'on sait... Par rapport à nos familles, c'est toujours un peu compliqué des fois de devoir expliquer certaines choses à nos familles, même à nos amis, enfin les personnes qui ne vivent pas en fait ce quotidien, parce qu'on rencontre beaucoup de difficultés. Alors on sait très bien qu'ensuite, c'est une richesse, c'est vraiment une richesse linguistique, richesse culturelle, voilà, mais c'est vrai que ça demande aussi un effort, et des fois on peut être démotivé.

  • Speaker #0

    Tu as tout résumé en deux ou trois phrases. Eh bien merci et au revoir.

  • Speaker #1

    Merci Audrey.

  • Speaker #0

    J'espère que cet épisode vous a plu et je vous donne rendez-vous bientôt pour un nouvel épisode. N'hésitez pas à me partager en commentaire vos impressions et vos questions. À bientôt !

Description

Dans cet épisode du podcast 1, 2, 3 Français, Coralie, maman française installée en Espagne, nous parle de sa famille multilingue, dont ses deux filles qui évoluent au quotidien dans quatre langues : le français, l’anglais, l’espagnol et l’italien. À travers son expérience personnelle, Coralie nous explique ce que signifie vraiment apprendre une langue — et pourquoi cela passe forcément par une immersion dans la culture associée.


Ce que vous allez découvrir

  • Le quotidien d’une famille plurilingue résidant en Espagne 🇪🇸

  • Les enjeux du maintien du français à l’étranger 🇫🇷

  • Les défis et les stratégies pour transmettre quatre langues à ses enfants 🌍

  • Les méthodes d’apprentissage de la lecture dans ces différentes langues 📖

  • Pourquoi la dimension culturelle est essentielle dans l’enseignement et la pratique d’une langue 💃

  • Comment la culture renforce le sens, l’intérêt et la motivation chez l’apprenant 💚


Pourquoi écouter cet épisode ?

Que vous soyez parent expatrié, enseignant, apprenant de langue, ou simplement curieux du lien entre langue et culture, cet épisode vous offre un témoignage concret et inspirant. Vous y trouverez des pistes pour :

  • Enrichir l’enseignement linguistique par des éléments culturels

  • Renforcer la motivation des enfants (ou des apprenants) à travers des anecdotes et des références culturelles

  • Comprendre que la langue ne se limite pas à la grammaire et au vocabulaire, mais qu’elle est intimement liée à l’identité, aux coutumes et aux représentations culturelles


Bonne écoute! 🎧


Ce podcast vous a plu? Laissez-lui 5 étoiles 🌟 sur votre plateforme favorite pour nous soutenir!

Et n’hésitez pas à nous partager ensuite vos impressions sur Instagram 🤗


Découvrez les offres des Franco' Expats qui vous accompagnent dans le maintien du français au quotidien


Musique : Uplifting Vibes by LolaMoore -- https://freesound.org/s/761034/ -- License: Attribution 4.0


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue sur 1, 2, 3 français, le podcast des parents expatriés ! Je m'appelle Audrey, je suis franco-allemande et je vis en Allemagne depuis 15 ans. Je suis maman de deux enfants nés en Allemagne et qui grandissent avec deux langues, l'allemand et le français. Je suis professeure de français langue étrangère et langue maternelle. En 2022, j'ai lancé les Franco-Expat pour permettre aux enfants francophones de Cologne et de l'étranger de garder un lien actif avec la langue française ainsi qu'avec la culture francophone. Aujourd'hui, je lance le podcast 1, 2, 3 français afin de donner la parole aux parents expatriés sur leur expérience de l'éducation bilingue au quotidien de leurs enfants. J'accueillerai aussi des professionnels qui apporteront des conseils et donneront des idées pour soutenir ces familles expatriées. Bonne écoute ! Aujourd'hui, j'ai le plaisir d'accueillir Coralie qui habite en Espagne. Elle est maman de deux enfants multilingues. Bonjour Coralie.

  • Speaker #1

    Bonjour Audrey. Merci de m'accueillir.

  • Speaker #0

    Merci de venir aussi. Pour commencer, est-ce que tu peux te présenter ?

  • Speaker #1

    Oui, donc voilà, je m'appelle Coralie, j'ai 39 ans, je suis maman de deux filles, une adolescente de 13 ans et demi et une petite de 5 ans et demi. Mon aînée est née à Rome, en Italie, tandis que la petite dernière, elle est née à Grenade, en Andalousie, où nous vivons. Donc, moi, j'ai rencontré mon mari qui est britannique à Rome. Voilà, donc nous parlons entre nous italien. Je parle en français à nos filles et lui, il parle en anglais à nos filles. Et dans la vie quotidienne, elles parlent espagnol. Elles sont exposées à l'espagnol puisqu'elles fréquentent toutes les deux une école espagnole.

  • Speaker #0

    Et ta fille, du coup, qui est née en Italie, est-ce qu'elle continue de parler italien ?

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui, elle continue de parler italien. Tout simplement parce que, déjà, on parle italien entre nous. Deuxièmement, nous écoutons des programmes en italien, nous regardons la télévision en italien. Donc là, c'est vrai que c'est une approche plus passive, mais aussi nous avons maintenu beaucoup de rapports avec des Italiens. Nous fréquentons des Italiens à Grenade, ce qui lui permet de parler italien au quotidien. Pas aussi souvent que l'anglais, que le français et l'espagnol, mais oui, elle le parle, étant donné qu'en plus ça a été sa première langue. puisque ses premiers mots étaient en italien.

  • Speaker #0

    Alors justement, comment est-ce que vous gérez au quotidien la transmission de ces quatre langues ? Tu nous as dit l'italien, c'est un peu passif, entre guillemets, et du coup, les trois autres langues, parce qu'il faut de la place pour toutes ces langues.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Voilà, on jongle. C'est ça. Alors voilà, par exemple, on va prendre un repas, le déjeuner, quelque chose d'assez familial, traditionnel. Donc moi, je m'adresse à mes filles en français. Elles me répondent toutes les deux en français, leur papa en anglais et pareil, elles répondent en anglais. Donc quand elles ensuite prennent la parole, parfois c'est bon, on vous le dit en quelle langue ? En français ou en anglais ? Sachant que mon mari et moi, nous comprenons bien évidemment le français et l'anglais. Donc elles s'alternent. Parfois la petite dit « Ah oui, mais ça m'est plus facile de le raconter en anglais. » Donc elle va raconter en anglais. « Ah oui, mais alors attends, comment ça se dit ? Maman, tu sais en français, tu sais ça que tu m'as dit l'autre jour ? » Ça se dit comment en anglais ? Voilà. On est dans ce processus-là. Tandis que la grande, maintenant, son vocabulaire est beaucoup plus ample. Donc, elle, voilà, sans aucun problème. Et parfois, on se met à parler aussi en italien. La langue que nous ne parlons pas à la maison, par contre, c'est l'espagnol. Nous ne parlons pas espagnol. L'espagnol, on le laisse vraiment à l'extérieur, en dehors des murs. Parce qu'on ne voulait pas, en fait, on a cette peur de faire entrer l'espagnol à la maison. Ensuite, l'espagnol aurait pris le dessus et ça aurait été plus compliqué pour nous de parler, de transmettre nos autres langues et nos autres cultures. Ensuite, c'est très important par contre aussi de développer les cultures. C'est-à-dire que pour nous, la langue, c'est aussi la culture. Donc, tu vois ce que je te disais tout à l'heure par rapport à l'italien. On va regarder le festival de Sanremo. C'est très, très important pour nous, donc au mois de février. Donc là, c'est vrai que c'est une approche avec la culture italienne où on renforce la langue italienne. Ensuite, l'espagnol. Donc oui, même si c'est vrai que nous ne parlons pas espagnol à la maison, cela ne veut pas dire qu'on empêche nos filles de parler espagnol. Par exemple, lorsqu'elles jouent, je parle de la petite, elle va répéter ce qu'elle a appris dans la cour de récré et donc on va l'entendre qui est en train d'utiliser l'espagnol. Et en soi, ce n'est pas un problème. Voilà. Ensuite, par contre, c'est vrai qu'avec nous, on lui dit non, non, attention, hop, on peut parler, voilà, en français. En ce qui concerne la langue, entre elles, elles ont choisi une langue. C'est surtout la petite qui a choisi une langue, c'est l'anglais. C'est-à-dire que 80% de leurs conversations entre elles, c'est en anglais. Même si je leur demande quand nous ne sommes que toutes les trois, quand le papa n'est pas là, qu'elle parle en français. Parce que c'est déjà arrivé qu'on était toutes les trois et que la petite me parlait en français. Et puis ensuite, elle se met à traduire à sa sœur en anglais. Et donc la sœur dit « Non mais tu sais, moi je le comprends » . Donc voilà, c'est un lost information en ce moment. et c'est vrai que pour la grande c'est vraiment assimilé moi je vois vraiment la différence entre la grande qui a presque 14 ans et la petite qui a 5 ans qui est vraiment encore dans un processus où les langues ne sont pas encore distinctes donc c'est vraiment un mélange et là par contre j'ai noté ces derniers mois que ça y est elle comprend que maintenant nous sommes toutes les trois et de plus en plus elle se met aussi à parler en français avec sa soeur quand on est toutes les trois Donc ça, c'est un fait par rapport à ça, au niveau des langues. Et oui, comme je te disais, en effet, l'espagnol en dehors, nous le pratiquons, donc à l'école, dans les activités. Aussi, nous fêtons toutes les festivités espagnoles, italiennes, françaises, britanniques. Ça fait un beau programme. Nous avons un calendrier de fête.

  • Speaker #0

    J'imagine, oui.

  • Speaker #1

    C'est important, en fait, pour les cultures. Elles sont toujours un peu en décalage. Parce que bon, on sait très bien que c'est en vivant dans un pays, dans une région où vraiment on absorbe toute la culture. Mais c'est justement pour éviter, quand elles vont en France ou en Angleterre, voir la famille, voir les cousins, les cousines, un décalage trop grand en fait. Parce qu'on sait très bien que quand on rentre dans les familles, nos familles s'attendent à ce qu'on récupère toute notre culture. On rentre dans le moule à nouveau et que voilà quoi, c'est un peu cette partie-là. qu'on doit gérer, c'est pour ça qu'on transmet les cultures. Par exemple, la fête des mamans, qui se fête dans les quatre pays à quatre dates différentes.

  • Speaker #0

    C'est bien pour toi !

  • Speaker #1

    Quatre fois bonne fête maman !

  • Speaker #0

    Justement, j'allais te demander quel est le niveau de ces quatre langues, est-ce que tu arrives à juger à peu près si elles ont un niveau plus ou moins faible selon la langue ?

  • Speaker #1

    Alors, on va parler pour l'anglais et... pour le français en fait, notre aîné on lui a fait faire déjà tous les examens en fait du Cambridge et aussi le DELF, enfin pas tous, on lui a fait faire passer les niveaux par rapport à son âge donc là cette année elle va passer le niveau C1 en anglais et pour le français là elle va faire on hésite entre le B1 et le B2 en fait pour l'instant ... Ça va dépendre un peu au niveau de la charge du travail au collège, parce qu'elle a quand même pas mal de devoirs au collège, donc je n'ai pas non plus envie de la stresser, de lui mettre trop de pression par rapport à ça. Mais c'est en effet une très bonne élève par rapport aux langues, que ce soit le français et l'anglais. Elle avait été évaluée il y a deux ans sur un projet européen, une étude qui avait été faite par l'université de la Sorbonne. Et son résultat avait démontré qu'elle avait un niveau d'anglais. et de français supérieur à un enfant monolingue en Angleterre et en France. Pourquoi ? Parce qu'elle lit énormément. Vraiment, depuis qu'elle sait lire, elle lit dans toutes les langues.

  • Speaker #0

    C'est super !

  • Speaker #1

    Oui, ça on a vraiment insisté, c'est quelque chose qu'on savait que c'était important, appuyer la lecture, aller faciliter l'apprentissage des langues. Parce que justement, c'est le vocabulaire, l'enrichissement d'un vocabulaire. Si tu es dans un seul pays, dans une sphère monolingue, tu vas en effet avoir un vocabulaire. plus en plan. Mais en permettant à l'étranger, dans une autre situation, dans des situations bilingues ou plurilingues, on sait que la lecture a un rôle majeur. Donc ça, c'est vrai qu'on a vraiment développé cet aspect. C'était vraiment important par rapport à ça. Après, ça ne veut pas dire que, bien évidemment, il y a des influences des langues. Par exemple, certaines fois, il y a certaines constructions qui sont typiquement anglaises, typiquement espagnoles, que je note. Voilà, je dis, oula ! Attention, attention ! Bon, après, voilà, ça, c'est normal, c'est normal. Oui,

  • Speaker #0

    oui.

  • Speaker #1

    Ça se corrige, voilà, ce sont des choses, ça se corrige, en fait, puisque la base, c'est une base solide. Et à présent, on recommence tout ce processus avec la petite. Voilà.

  • Speaker #0

    Alors, je reviens quelques années en arrière, quand vous êtes arrivée en Espagne, tu n'avais que ta grande-fille. Comment s'est passée l'intégration ? Est-ce qu'elle parlait déjà un petit peu espagnol ?

  • Speaker #1

    Alors, nous sommes arrivées en Espagne. Espagne quand elle avait presque deux ans. Et donc, c'était vraiment une étape où c'est important au niveau du langage, mais aussi c'est important de... Les enfants à cet âge-là se comparent beaucoup en fait aux autres, ils se copient, ils font énormément de progrès en copiant les autres enfants au parc, à la crèche, voilà. Et donc, elle est arrivée à Valence. Avant de nous installer à Grenade, nous avons vécu un an à Valence. et à cette crèche où elle allait, n'était pas seulement l'Espagnol, le Castillan, mais aussi le Valencien. Et en fait, ça l'a perturbée. Parce qu'elle se retrouvait déjà dans un autre contexte. C'est-à-dire que là, sa crèche à Rome, c'était, on va dire, vraiment un petit cocon. Alors que là, c'était beaucoup plus structuré. Moi, je me souviens, j'avais été un peu surprise parce qu'il y avait du matériel. Matériel, fourniture scolaire. Je me suis dit, ok, bon. À l'âge de deux ans, ça me semble un petit peu trop. Mais bon, voilà. Donc, il y avait vraiment des livres, des choses. Je me suis dit, ah oui. et ça a été quand même très compliqué. Parce que, comme tu disais, oui, c'est vrai qu'on a tendance à penser l'espagnol, l'italien, c'est pareil, mais en fait, non, il y a quand même des différences, beaucoup de différences, et aussi l'approche. Et ça n'a pas été simple. Donc, cette année à Valence, où en fait, elle s'est retrouvée à écouter des personnes qui parlaient en espagnol, en valencien, ou lui demandaient de parler, mais en fait, elle ne répondait pas, tout simplement parce qu'en plus, elle était encore dans cette... face d'apprentissage des langues. On sait très bien qu'un enfant avec plusieurs langues va parler un peu plus tard, surtout la construction de phrases. Oui, il comprend parce que son cerveau enregistre. Quand il faut expliquer ça aux personnes qui travaillent dans les crèches, c'est souvent compliqué. On ne va pas se mentir. On vous dit « Ah non, mais vous devez parler espagnol. » Ça va être compliqué parce qu'on ne parle pas encore espagnol. Non, mais voilà. Et donc ensuite, nous avons déménagé à Grenade. Elle a fait son entrée en maternelle. La rebelote, la maîtresse, elle dit non mais vous devez parler comme espagnol. Non mais ça ne va pas être possible. Ce ne sera pas possible. On dit non, non, non. Moi, je parle en français. Son papa lui parle en anglais. C'est important pour nous. Ce sera important pour elle. On sait que ça va être compliqué. Pas de souci. Quand elle va avoir un déclic, elle va se mettre à parler et ça ne va plus s'arrêter. Et c'est vrai, c'est ce qui s'est passé. Par contre, voilà, comme je disais, c'est vrai qu'il y a ce côté quand même de vouloir être un peu, de se fondre un peu dans le moule, de ressembler un peu à tout le monde. Et donc, une chose que nous, nous avons fait, qui l'a énormément aidé, c'est que nous l'avons inscrite à un cours de théâtre. Donc, elle a fréquenté pendant trois ans un cours de théâtre espagnol avec d'autres enfants. Et ça lui a vraiment permis de prendre la parole, de s'exprimer de manière plus libre que dans une classe. Des fois, ce n'est pas toujours possible. Voilà. Surtout qu'en plus, elle était de fin d'année. Donc, entre des enfants de fin d'année et de début d'année, il y avait aussi une autre différence, une autre complexité. Et aujourd'hui, on ne dirait pas que cet enfant n'est pas né en Espagne. Non. Même par rapport à ses résultats scolaires, par rapport à la culture, par rapport à tout ça. Donc, voilà. Mais c'est vrai que le début, ça a été pendant deux ans. Moi, souvent, je dis, ah non, mais c'est pas de souci, tu verras au bout de trois mois. Non. Ce n'est pas non plus si évident que ça. En plus, ça dépend de chaque âge, de chaque étape. Mais il faut quand même un minimum accompagner nos enfants.

  • Speaker #0

    Je rebondis sur ce que tu viens de dire, parce que je trouve ça étonnant qu'il t'ait dit à la maternelle de parler qu'espagnol, parce qu'ils ont l'espagnol et on sait que les langues régionales sont aussi très fortes, donc ils connaissent le bilinguisme. Je trouve étonnant qu'ils disent que vous laissez presque tomber les autres langues tant que l'enfant s'intègre.

  • Speaker #1

    Oui, mais en Andalousie, c'est le cas. Il n'y a pas de... Autant qu'en Catalogne, tu as trouvé le catalan et le castillan. À Valence aussi. Mais en fait, pour eux, c'était encore une autre complexité. C'est-à-dire que deux langues, c'était normal. Plus, non, ce n'était pas normal. Et en Andalousie, non, non. En Andalousie, c'était vraiment comme ça. Et pareil avec la lecture. Quand elle a commencé l'apprentissage de la lecture au CP, nous, on avait déjà anticipé l'apprentissage de la lecture. en anglais et en français, parce qu'elle demandait. Donc voilà, on avait dit, écoute, on va t'introduire. La lecture à travers ces deux langues est comme ça au moins. Et la maîtresse m'avait dit, non, non, non, en fait, laissez tomber s'il vous plaît la lecture, elle est trop déstabilisée. Là encore, en fait, moi je disais, non, mais aussi, il faut comprendre qu'il y a une certaine maturité entre un enfant qui est né au mois de janvier, qui avait déjà plus de six ans, et un enfant qui n'avait pas encore six ans. Non, non, non, c'est pas ça, c'est pas ça. ça peut être. Voilà. Et en effet, donc ça, c'était la première réunion, c'était fin septembre. Au mois de décembre, elle lisait. Elle lisait en espagnol parfaitement. Aujourd'hui, il y a eu des avancées par rapport à ça parce que bon, presque dix ans, dix ans ont passé et je trouve qu'aujourd'hui, l'approche a changé. C'est une approche, voilà, maintenant, on sait. Les professeurs sont préparés aussi. Voilà, enfin moi, je vois que même dans son collège, Merci. aujourd'hui, que ce soit sa prof d'anglais et sa prof de français, lui ont adapté le programme pour ne pas qu'elle s'ennuie.

  • Speaker #0

    C'est bien ça aussi.

  • Speaker #1

    Oui, voilà. Parce que donc, ils ont reconnu quand même que oui, c'était une enfant qui pourrait s'ennuyer en fait. Et donc voilà, ou l'utiliser pour justement aussi motiver ses camarades et adapter un petit peu. Donc par exemple, la lecture, bon, il lui donne des livres un peu plus compliqués à lire en anglais, en français que les autres.

  • Speaker #0

    Alors, on va revenir un peu au niveau du français, puisque c'est quand même notre sujet du jour. Est-ce qu'il y a dans ta région, dans ta ville, des actions qui ont été mises en place pour soutenir le français chez les enfants francophones ?

  • Speaker #1

    Oui, alors oui, il y a l'association français langue maternelle, l'association FLA. D'ailleurs, ma fille, la petite, je pense s'inscrire l'année prochaine ou dans deux ans. voir comment ça va, voilà. Mais notre aînée l'a suivie pendant deux, trois ans. Trois ans, elle l'a suivie. C'était le samedi matin, donc voilà. C'était bien aussi pour rencontrer d'autres enfants, en fait, dans la même situation qu'elle. Donc voilà, même si c'est vrai que la plupart des cas, la plupart des fois, ce sont des enfants que le père ou la mère est espagnol et que le père est français. donc, ou la mère. Donc, voilà, c'est une approche un peu différente que la sienne. Mais oui, il y a ça. Il y a aussi un groupe de mamans francophones qui organisent aussi des activités, elles vont aller au parc, voilà, des choses comme ça, pour que les enfants puissent parler en français entre eux. Donc, voilà, ça, c'est bien, ça, c'est important. Il y a aussi, dans la bibliothèque locale, il y a tout un espace. créée par l'Alliance française de Grenade. Un coin lecture de livres en français, donc très bien fait. En plus, il y a des petites tables, des petits poufs pour les enfants. Et donc ça, c'est pareil. Alors, ça permet d'accéder à la lecture.

  • Speaker #0

    Et à l'école, donc, ils ont le français, mais à partir de quel âge ?

  • Speaker #1

    Alors, en fait, le système espagnol, c'est un système bilingue. Par rapport, comme tu as mentionné, si bien que dans certaines régions espagnoles, il y a le bilinguisme. Et donc pour que ce soit, on va dire, homogène, ils l'ont introduit même dans les régions où il n'y a qu'une seule langue. Donc en Andalousie, le système bilingue repose sur l'anglais ou le français. Alors en effet, aujourd'hui, j'ai envie de dire que... 90% ? Je n'ai pas les chiffres exacts, mais bon, je pense que c'est comme ça. 90% des écoles sont des écoles bilingues, espagnoles, anglais, et 10% espagnoles, français. Donc, qu'est-ce qu'ils font ? C'est dès la maternelle, en fait, ils ont des activités en français. Alors, clairement, le niveau... On n'est pas sur une école vraiment bilingue comme on peut imaginer. C'est trois heures d'anglais, trois heures d'espagnol tous les jours. Non, ce n'est pas du tout ça. C'est vraiment ponctuel. Mais ça permet, en fait, encore une fois, de s'approcher aussi à la culture puisque, par exemple, ils vont célébrer la chandeleur. Et donc là, toutes les activités vont être en français. Quand ils vont organiser le printemps avec des activités en français, il y a une lectrice. Je dis lectrice parce que c'est vrai que pour l'instant, ça a toujours été des filles qui viennent aider pendant les cours de français, qui justement s'occupent de certains groupes. Ça, ça a toujours été un avantage aussi pour nos filles parce qu'elles ont toujours comme ça pu parler français avec les lectrices. Donc voilà, en fait, c'est dès la maternelle qu'une des langues, que ce soit l'anglais ou le français, est intégrée à l'école.

  • Speaker #0

    C'est vraiment bien ça. Pour les enfants bilingues, en plus, c'est parfait parce qu'ils ont un autre contact avec le français très rapidement. Et puis même pour les enfants de manière générale, on dit toujours qu'ils sont des éponges à apprendre et de les baigner dans une deuxième langue, c'est idéal dès le début, même s'ils ne l'apprennent pas. Comme tu dis, il n'y a pas cette régularité de l'enseignement, mais c'est quand même, elle est là, cette langue, ces autres sonorités, ces autres mots, ces autres sons, etc.

  • Speaker #1

    Voilà, c'est ça. Non, et puis il y a certains enfants, moi je sais, pour en avoir parlé avec certains parents, il y a certains enfants qui... qui adorent le français. Alors, c'est vrai quand même que la plupart des parents préfèreraient l'anglais pour des raisons, voilà, évidentes. Mais moi, je leur dis, je dis, mais vous savez, le français peut être utile aussi. Oui. Parce que l'anglais, maintenant, on va tous penser que tout le monde sait l'anglais. Donc, voilà, il faut aussi le français. Mais certains des enfants, ils adorent le français. Donc, les parents me font voir, mais t'as vu, regarde, écoute-le chanter en français. français. T'as vu comment il prononce bien ? Oui, oui, oui, oui. Non, mais c'est bien.

  • Speaker #0

    C'est chouette.

  • Speaker #1

    C'est une bonne approche. Sur le papier, c'est une bonne approche. Après, comme c'est une réforme qui est encore en train de se mettre en place, parce que petit à petit, en fait, il y a encore certaines choses à améliorer, mais voilà, c'est une bonne approche. En revanche, moi j'ai une critique par contre, parce que c'est vrai qu'on a commencé l'introduction de ce bilinguisme assez tôt. Ma fille qui est en quatrième, ce qui correspond au niveau quatrième aujourd'hui, elle m'en est née. Là elle est passée en première langue, c'est l'anglais, comme première langue obligatoire. Et le français c'est optionnel. Et en fait ça c'est une réforme qui a été faite il n'y a pas longtemps, il y a deux ans qu'elle a été mise en place. Alors qu'avant la deuxième langue, la LV2 était aussi obligatoire. Et ça, par contre, c'est en train de créer quelques dégâts, notamment pour le français, qui est jugé par les adolescents comme une langue très compliquée et qui choisissent donc une autre langue ou au contraire, la robotique ou voilà quoi, des choses, programmation, enfin quelque chose comme ça, mais c'est plus simple que le français.

  • Speaker #0

    Oui, c'est un peu la même problématique dans beaucoup de pays, je crois.

  • Speaker #1

    Voilà. Donc, il y a eu pas mal de manifestations, justement, pour maintenir LV2 comme obligatoire. Oui, parce que tout simplement, c'est qu'ensuite, c'est ce qu'ils disaient, c'est qu'ensuite, à l'université, ils vont avoir besoin, très souvent, on va demander une deuxième langue obligatoire. Enfin, outre ta langue maternelle, l'anglais et une autre langue. Donc, si tu ne l'as pas choisi au collège ou au lycée, ça va coincer, en fait. Surtout que les liens entre l'Espagne et la France sont quand même très forts et que beaucoup d'Espagnols choisissent d'aller étudier en France avec le programme Erasmus et même par facilité, par proximité tout simplement.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu aurais des conseils pour les familles qui, justement, comme toi, ont des enfants qui grandissent avec trois voire quatre langues, pour gérer justement au quotidien ?

  • Speaker #1

    Alors, pour gérer au quotidien, donner de l'espace à toutes les langues. Donc, que ce soit par côté ludique, c'est pour ça que, voilà, comme je disais, nous, en fait, on a fait avec, à travers les festivités. Ça fonctionne bien, donc ça, à travers la cuisine aussi, que passer, pareil, transmettre les recettes. Comme ça, ça permet aussi de raconter son enfance, voilà. Et puis, on ne va pas se mentir, une des choses les plus importantes, c'est de rentrer dans nos pays.

  • Speaker #0

    Eh oui !

  • Speaker #1

    Et passer du temps avec la famille, avec les amis, c'est... voilà. Alors je sais que ce n'est pas toujours facile, ce n'est pas simple, que des fois, enfin même moi, des fois j'aimerais partir ailleurs en vacances que de rentrer en France voir ma famille. Alors je suis très heureuse d'aller voir ma famille, mais c'est vrai qu'on privilégie aller en Angleterre, aller en France et aller en Italie pour maintenir en fait le niveau des langues. Parce que c'est là où ils progressent le plus. C'est-à-dire quand ils sont au contact avec la famille qui ne parle qu'anglais, qui ne parle que français. Enfin, voilà. Ils font des bons énormes.

  • Speaker #0

    Oui, mais en plus, comme tu dis, rentrer, c'est très bien, mais on a du mal à partir ailleurs. Et vous, vous avez trois pays, entre guillemets, que vous voulez voir régulièrement. Donc, ça réduit vite les autres possibilités.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Alors, pour finir, est-ce que tu as une ou plusieurs anecdotes ? de tes filles et de leur bilinguisme ?

  • Speaker #1

    Oui, alors, justement, puisqu'on a parlé, on s'est un peu focalisé sur l'aîné, justement, il y a deux, trois semaines, j'étais dans un magasin de mode flamenco, que nous sommes en Andalousie, et il y avait une festivité à Grenade, très importante, très suivie, il y avait beaucoup, beaucoup de touristes francophones. C'était la période des vacances en France et ailleurs, donc il y avait beaucoup de touristes. Et j'étais dans un magasin avec ma fille en train d'acheter des accessoires. Et en fait, une dame s'approche de nous et elle nous dit « ben voilà, je vous ai entendues, vous parliez français. Enfin, j'aimerais demander des conseils, mais je ne sais pas comment faire. Je ne parle pas espagnol. » Et en fait, là, ma fille, tout de suite... C'était une dame qui avait plus de 55 ans. Oui, facilement plus de 55 ans. Et ma fille, ah mais pas de problème, allez viens avec moi, je vais t'aider. Moi je suis la chérie. Mais quoi maman ? Ma chérie, tu sais qu'il faudrait utiliser vous. Ah oui, et donc elle dit à la dame, pardon, excuse-moi. Non, non, non, excusez-moi. Alors la dame s'est mise à rire. Et donc moi je me suis sentie obligée de justifier, de dire, vous comprenez, nous habitons à Grenoble. Ma fille n'a jamais vécu dans un pays francophone. En Andalousie, on tutoie, même les adultes, même les enfants, il y a cette facilité. Alors oui, des anciennes générations, mais très anciennes, mais sinon on tutoie. Donc elle était en train de tutoyer la vendeuse. Avec moi, bien évidemment, elle me tutoie. Donc c'était dans un contexte un petit peu étrange pour elle. Et la dame me dit « pas de problème, aucun souci, au contraire » . Donc c'est vrai que nous, des fois, en tant que parents, on constate certaines choses et on se dit « oh là là, mais elle va être mal jugée » . Mais en fait, non, on ne peut pas non plus toujours mettre cette pression sur nos enfants par rapport à ça. On oublie aussi que, déjà, le contexte où ils évoluent. Et puis ensuite, les influences, parce que bien évidemment, il y a des influences. Et ces influences, c'est tous les jours dans certains mots. Par exemple, avec ma petite, dernièrement, elle va dire, en parlant d'un homme en français, « Ah, elle, elle, elle, elle. » Parce qu'en espagnol, « elle » ,

  • Speaker #0

    « elle » , « elle » , « elle » ,

  • Speaker #1

    « elle » . Et alors là, je dis, « Non, ma chérie, mais maman, mais ce n'est pas logique. » Non, mais parce que ça s'écrit. Oui, mais non, c'est pas logique parce que ça se prononce pareil en français. Oui, mais bon. Voilà, donc ça, voilà. Deux anecdotes qui me sont venues là comme ça à l'esprit par rapport à ces petites différences.

  • Speaker #0

    Mais tu illustres bien les différences franco-espagnoles, j'ai envie de dire.

  • Speaker #1

    Oui, oui, ça. Et puis même parfois l'anglais. Des fois, il y a un petit mot, la place des mots. fois.

  • Speaker #0

    Eh oui.

  • Speaker #1

    Donc, la dernière fois, il y avait justement la grande, elle me dit, non mais maman, excuse-moi, mais des fois, vraiment, le français, c'est compliqué, parce que quand tu penses qu'il y a certains adjectifs qu'il faut les placer toujours avant, alors qu'en anglais, sur ça, il n'y a pas...

  • Speaker #0

    Eh oui, c'est qu'on oubliait tout ça. Eh bien, je te dis merci pour ton témoignage très instructif, très intéressant. Je suis sûre que ça va intéresser beaucoup de gens qui vont écouter, qui cherchent justement comment transmettre plusieurs langues et pas seulement deux, puisque c'est encore une autre situation.

  • Speaker #1

    Merci à toi Audrey pour m'avoir donné cet espace sur un sujet qui est très intéressant, qui parfois fait encore peur, qui parfois est difficile à expliquer aussi. Je pense qu'on sait... Par rapport à nos familles, c'est toujours un peu compliqué des fois de devoir expliquer certaines choses à nos familles, même à nos amis, enfin les personnes qui ne vivent pas en fait ce quotidien, parce qu'on rencontre beaucoup de difficultés. Alors on sait très bien qu'ensuite, c'est une richesse, c'est vraiment une richesse linguistique, richesse culturelle, voilà, mais c'est vrai que ça demande aussi un effort, et des fois on peut être démotivé.

  • Speaker #0

    Tu as tout résumé en deux ou trois phrases. Eh bien merci et au revoir.

  • Speaker #1

    Merci Audrey.

  • Speaker #0

    J'espère que cet épisode vous a plu et je vous donne rendez-vous bientôt pour un nouvel épisode. N'hésitez pas à me partager en commentaire vos impressions et vos questions. À bientôt !

Share

Embed

You may also like

Description

Dans cet épisode du podcast 1, 2, 3 Français, Coralie, maman française installée en Espagne, nous parle de sa famille multilingue, dont ses deux filles qui évoluent au quotidien dans quatre langues : le français, l’anglais, l’espagnol et l’italien. À travers son expérience personnelle, Coralie nous explique ce que signifie vraiment apprendre une langue — et pourquoi cela passe forcément par une immersion dans la culture associée.


Ce que vous allez découvrir

  • Le quotidien d’une famille plurilingue résidant en Espagne 🇪🇸

  • Les enjeux du maintien du français à l’étranger 🇫🇷

  • Les défis et les stratégies pour transmettre quatre langues à ses enfants 🌍

  • Les méthodes d’apprentissage de la lecture dans ces différentes langues 📖

  • Pourquoi la dimension culturelle est essentielle dans l’enseignement et la pratique d’une langue 💃

  • Comment la culture renforce le sens, l’intérêt et la motivation chez l’apprenant 💚


Pourquoi écouter cet épisode ?

Que vous soyez parent expatrié, enseignant, apprenant de langue, ou simplement curieux du lien entre langue et culture, cet épisode vous offre un témoignage concret et inspirant. Vous y trouverez des pistes pour :

  • Enrichir l’enseignement linguistique par des éléments culturels

  • Renforcer la motivation des enfants (ou des apprenants) à travers des anecdotes et des références culturelles

  • Comprendre que la langue ne se limite pas à la grammaire et au vocabulaire, mais qu’elle est intimement liée à l’identité, aux coutumes et aux représentations culturelles


Bonne écoute! 🎧


Ce podcast vous a plu? Laissez-lui 5 étoiles 🌟 sur votre plateforme favorite pour nous soutenir!

Et n’hésitez pas à nous partager ensuite vos impressions sur Instagram 🤗


Découvrez les offres des Franco' Expats qui vous accompagnent dans le maintien du français au quotidien


Musique : Uplifting Vibes by LolaMoore -- https://freesound.org/s/761034/ -- License: Attribution 4.0


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue sur 1, 2, 3 français, le podcast des parents expatriés ! Je m'appelle Audrey, je suis franco-allemande et je vis en Allemagne depuis 15 ans. Je suis maman de deux enfants nés en Allemagne et qui grandissent avec deux langues, l'allemand et le français. Je suis professeure de français langue étrangère et langue maternelle. En 2022, j'ai lancé les Franco-Expat pour permettre aux enfants francophones de Cologne et de l'étranger de garder un lien actif avec la langue française ainsi qu'avec la culture francophone. Aujourd'hui, je lance le podcast 1, 2, 3 français afin de donner la parole aux parents expatriés sur leur expérience de l'éducation bilingue au quotidien de leurs enfants. J'accueillerai aussi des professionnels qui apporteront des conseils et donneront des idées pour soutenir ces familles expatriées. Bonne écoute ! Aujourd'hui, j'ai le plaisir d'accueillir Coralie qui habite en Espagne. Elle est maman de deux enfants multilingues. Bonjour Coralie.

  • Speaker #1

    Bonjour Audrey. Merci de m'accueillir.

  • Speaker #0

    Merci de venir aussi. Pour commencer, est-ce que tu peux te présenter ?

  • Speaker #1

    Oui, donc voilà, je m'appelle Coralie, j'ai 39 ans, je suis maman de deux filles, une adolescente de 13 ans et demi et une petite de 5 ans et demi. Mon aînée est née à Rome, en Italie, tandis que la petite dernière, elle est née à Grenade, en Andalousie, où nous vivons. Donc, moi, j'ai rencontré mon mari qui est britannique à Rome. Voilà, donc nous parlons entre nous italien. Je parle en français à nos filles et lui, il parle en anglais à nos filles. Et dans la vie quotidienne, elles parlent espagnol. Elles sont exposées à l'espagnol puisqu'elles fréquentent toutes les deux une école espagnole.

  • Speaker #0

    Et ta fille, du coup, qui est née en Italie, est-ce qu'elle continue de parler italien ?

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui, elle continue de parler italien. Tout simplement parce que, déjà, on parle italien entre nous. Deuxièmement, nous écoutons des programmes en italien, nous regardons la télévision en italien. Donc là, c'est vrai que c'est une approche plus passive, mais aussi nous avons maintenu beaucoup de rapports avec des Italiens. Nous fréquentons des Italiens à Grenade, ce qui lui permet de parler italien au quotidien. Pas aussi souvent que l'anglais, que le français et l'espagnol, mais oui, elle le parle, étant donné qu'en plus ça a été sa première langue. puisque ses premiers mots étaient en italien.

  • Speaker #0

    Alors justement, comment est-ce que vous gérez au quotidien la transmission de ces quatre langues ? Tu nous as dit l'italien, c'est un peu passif, entre guillemets, et du coup, les trois autres langues, parce qu'il faut de la place pour toutes ces langues.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Voilà, on jongle. C'est ça. Alors voilà, par exemple, on va prendre un repas, le déjeuner, quelque chose d'assez familial, traditionnel. Donc moi, je m'adresse à mes filles en français. Elles me répondent toutes les deux en français, leur papa en anglais et pareil, elles répondent en anglais. Donc quand elles ensuite prennent la parole, parfois c'est bon, on vous le dit en quelle langue ? En français ou en anglais ? Sachant que mon mari et moi, nous comprenons bien évidemment le français et l'anglais. Donc elles s'alternent. Parfois la petite dit « Ah oui, mais ça m'est plus facile de le raconter en anglais. » Donc elle va raconter en anglais. « Ah oui, mais alors attends, comment ça se dit ? Maman, tu sais en français, tu sais ça que tu m'as dit l'autre jour ? » Ça se dit comment en anglais ? Voilà. On est dans ce processus-là. Tandis que la grande, maintenant, son vocabulaire est beaucoup plus ample. Donc, elle, voilà, sans aucun problème. Et parfois, on se met à parler aussi en italien. La langue que nous ne parlons pas à la maison, par contre, c'est l'espagnol. Nous ne parlons pas espagnol. L'espagnol, on le laisse vraiment à l'extérieur, en dehors des murs. Parce qu'on ne voulait pas, en fait, on a cette peur de faire entrer l'espagnol à la maison. Ensuite, l'espagnol aurait pris le dessus et ça aurait été plus compliqué pour nous de parler, de transmettre nos autres langues et nos autres cultures. Ensuite, c'est très important par contre aussi de développer les cultures. C'est-à-dire que pour nous, la langue, c'est aussi la culture. Donc, tu vois ce que je te disais tout à l'heure par rapport à l'italien. On va regarder le festival de Sanremo. C'est très, très important pour nous, donc au mois de février. Donc là, c'est vrai que c'est une approche avec la culture italienne où on renforce la langue italienne. Ensuite, l'espagnol. Donc oui, même si c'est vrai que nous ne parlons pas espagnol à la maison, cela ne veut pas dire qu'on empêche nos filles de parler espagnol. Par exemple, lorsqu'elles jouent, je parle de la petite, elle va répéter ce qu'elle a appris dans la cour de récré et donc on va l'entendre qui est en train d'utiliser l'espagnol. Et en soi, ce n'est pas un problème. Voilà. Ensuite, par contre, c'est vrai qu'avec nous, on lui dit non, non, attention, hop, on peut parler, voilà, en français. En ce qui concerne la langue, entre elles, elles ont choisi une langue. C'est surtout la petite qui a choisi une langue, c'est l'anglais. C'est-à-dire que 80% de leurs conversations entre elles, c'est en anglais. Même si je leur demande quand nous ne sommes que toutes les trois, quand le papa n'est pas là, qu'elle parle en français. Parce que c'est déjà arrivé qu'on était toutes les trois et que la petite me parlait en français. Et puis ensuite, elle se met à traduire à sa sœur en anglais. Et donc la sœur dit « Non mais tu sais, moi je le comprends » . Donc voilà, c'est un lost information en ce moment. et c'est vrai que pour la grande c'est vraiment assimilé moi je vois vraiment la différence entre la grande qui a presque 14 ans et la petite qui a 5 ans qui est vraiment encore dans un processus où les langues ne sont pas encore distinctes donc c'est vraiment un mélange et là par contre j'ai noté ces derniers mois que ça y est elle comprend que maintenant nous sommes toutes les trois et de plus en plus elle se met aussi à parler en français avec sa soeur quand on est toutes les trois Donc ça, c'est un fait par rapport à ça, au niveau des langues. Et oui, comme je te disais, en effet, l'espagnol en dehors, nous le pratiquons, donc à l'école, dans les activités. Aussi, nous fêtons toutes les festivités espagnoles, italiennes, françaises, britanniques. Ça fait un beau programme. Nous avons un calendrier de fête.

  • Speaker #0

    J'imagine, oui.

  • Speaker #1

    C'est important, en fait, pour les cultures. Elles sont toujours un peu en décalage. Parce que bon, on sait très bien que c'est en vivant dans un pays, dans une région où vraiment on absorbe toute la culture. Mais c'est justement pour éviter, quand elles vont en France ou en Angleterre, voir la famille, voir les cousins, les cousines, un décalage trop grand en fait. Parce qu'on sait très bien que quand on rentre dans les familles, nos familles s'attendent à ce qu'on récupère toute notre culture. On rentre dans le moule à nouveau et que voilà quoi, c'est un peu cette partie-là. qu'on doit gérer, c'est pour ça qu'on transmet les cultures. Par exemple, la fête des mamans, qui se fête dans les quatre pays à quatre dates différentes.

  • Speaker #0

    C'est bien pour toi !

  • Speaker #1

    Quatre fois bonne fête maman !

  • Speaker #0

    Justement, j'allais te demander quel est le niveau de ces quatre langues, est-ce que tu arrives à juger à peu près si elles ont un niveau plus ou moins faible selon la langue ?

  • Speaker #1

    Alors, on va parler pour l'anglais et... pour le français en fait, notre aîné on lui a fait faire déjà tous les examens en fait du Cambridge et aussi le DELF, enfin pas tous, on lui a fait faire passer les niveaux par rapport à son âge donc là cette année elle va passer le niveau C1 en anglais et pour le français là elle va faire on hésite entre le B1 et le B2 en fait pour l'instant ... Ça va dépendre un peu au niveau de la charge du travail au collège, parce qu'elle a quand même pas mal de devoirs au collège, donc je n'ai pas non plus envie de la stresser, de lui mettre trop de pression par rapport à ça. Mais c'est en effet une très bonne élève par rapport aux langues, que ce soit le français et l'anglais. Elle avait été évaluée il y a deux ans sur un projet européen, une étude qui avait été faite par l'université de la Sorbonne. Et son résultat avait démontré qu'elle avait un niveau d'anglais. et de français supérieur à un enfant monolingue en Angleterre et en France. Pourquoi ? Parce qu'elle lit énormément. Vraiment, depuis qu'elle sait lire, elle lit dans toutes les langues.

  • Speaker #0

    C'est super !

  • Speaker #1

    Oui, ça on a vraiment insisté, c'est quelque chose qu'on savait que c'était important, appuyer la lecture, aller faciliter l'apprentissage des langues. Parce que justement, c'est le vocabulaire, l'enrichissement d'un vocabulaire. Si tu es dans un seul pays, dans une sphère monolingue, tu vas en effet avoir un vocabulaire. plus en plan. Mais en permettant à l'étranger, dans une autre situation, dans des situations bilingues ou plurilingues, on sait que la lecture a un rôle majeur. Donc ça, c'est vrai qu'on a vraiment développé cet aspect. C'était vraiment important par rapport à ça. Après, ça ne veut pas dire que, bien évidemment, il y a des influences des langues. Par exemple, certaines fois, il y a certaines constructions qui sont typiquement anglaises, typiquement espagnoles, que je note. Voilà, je dis, oula ! Attention, attention ! Bon, après, voilà, ça, c'est normal, c'est normal. Oui,

  • Speaker #0

    oui.

  • Speaker #1

    Ça se corrige, voilà, ce sont des choses, ça se corrige, en fait, puisque la base, c'est une base solide. Et à présent, on recommence tout ce processus avec la petite. Voilà.

  • Speaker #0

    Alors, je reviens quelques années en arrière, quand vous êtes arrivée en Espagne, tu n'avais que ta grande-fille. Comment s'est passée l'intégration ? Est-ce qu'elle parlait déjà un petit peu espagnol ?

  • Speaker #1

    Alors, nous sommes arrivées en Espagne. Espagne quand elle avait presque deux ans. Et donc, c'était vraiment une étape où c'est important au niveau du langage, mais aussi c'est important de... Les enfants à cet âge-là se comparent beaucoup en fait aux autres, ils se copient, ils font énormément de progrès en copiant les autres enfants au parc, à la crèche, voilà. Et donc, elle est arrivée à Valence. Avant de nous installer à Grenade, nous avons vécu un an à Valence. et à cette crèche où elle allait, n'était pas seulement l'Espagnol, le Castillan, mais aussi le Valencien. Et en fait, ça l'a perturbée. Parce qu'elle se retrouvait déjà dans un autre contexte. C'est-à-dire que là, sa crèche à Rome, c'était, on va dire, vraiment un petit cocon. Alors que là, c'était beaucoup plus structuré. Moi, je me souviens, j'avais été un peu surprise parce qu'il y avait du matériel. Matériel, fourniture scolaire. Je me suis dit, ok, bon. À l'âge de deux ans, ça me semble un petit peu trop. Mais bon, voilà. Donc, il y avait vraiment des livres, des choses. Je me suis dit, ah oui. et ça a été quand même très compliqué. Parce que, comme tu disais, oui, c'est vrai qu'on a tendance à penser l'espagnol, l'italien, c'est pareil, mais en fait, non, il y a quand même des différences, beaucoup de différences, et aussi l'approche. Et ça n'a pas été simple. Donc, cette année à Valence, où en fait, elle s'est retrouvée à écouter des personnes qui parlaient en espagnol, en valencien, ou lui demandaient de parler, mais en fait, elle ne répondait pas, tout simplement parce qu'en plus, elle était encore dans cette... face d'apprentissage des langues. On sait très bien qu'un enfant avec plusieurs langues va parler un peu plus tard, surtout la construction de phrases. Oui, il comprend parce que son cerveau enregistre. Quand il faut expliquer ça aux personnes qui travaillent dans les crèches, c'est souvent compliqué. On ne va pas se mentir. On vous dit « Ah non, mais vous devez parler espagnol. » Ça va être compliqué parce qu'on ne parle pas encore espagnol. Non, mais voilà. Et donc ensuite, nous avons déménagé à Grenade. Elle a fait son entrée en maternelle. La rebelote, la maîtresse, elle dit non mais vous devez parler comme espagnol. Non mais ça ne va pas être possible. Ce ne sera pas possible. On dit non, non, non. Moi, je parle en français. Son papa lui parle en anglais. C'est important pour nous. Ce sera important pour elle. On sait que ça va être compliqué. Pas de souci. Quand elle va avoir un déclic, elle va se mettre à parler et ça ne va plus s'arrêter. Et c'est vrai, c'est ce qui s'est passé. Par contre, voilà, comme je disais, c'est vrai qu'il y a ce côté quand même de vouloir être un peu, de se fondre un peu dans le moule, de ressembler un peu à tout le monde. Et donc, une chose que nous, nous avons fait, qui l'a énormément aidé, c'est que nous l'avons inscrite à un cours de théâtre. Donc, elle a fréquenté pendant trois ans un cours de théâtre espagnol avec d'autres enfants. Et ça lui a vraiment permis de prendre la parole, de s'exprimer de manière plus libre que dans une classe. Des fois, ce n'est pas toujours possible. Voilà. Surtout qu'en plus, elle était de fin d'année. Donc, entre des enfants de fin d'année et de début d'année, il y avait aussi une autre différence, une autre complexité. Et aujourd'hui, on ne dirait pas que cet enfant n'est pas né en Espagne. Non. Même par rapport à ses résultats scolaires, par rapport à la culture, par rapport à tout ça. Donc, voilà. Mais c'est vrai que le début, ça a été pendant deux ans. Moi, souvent, je dis, ah non, mais c'est pas de souci, tu verras au bout de trois mois. Non. Ce n'est pas non plus si évident que ça. En plus, ça dépend de chaque âge, de chaque étape. Mais il faut quand même un minimum accompagner nos enfants.

  • Speaker #0

    Je rebondis sur ce que tu viens de dire, parce que je trouve ça étonnant qu'il t'ait dit à la maternelle de parler qu'espagnol, parce qu'ils ont l'espagnol et on sait que les langues régionales sont aussi très fortes, donc ils connaissent le bilinguisme. Je trouve étonnant qu'ils disent que vous laissez presque tomber les autres langues tant que l'enfant s'intègre.

  • Speaker #1

    Oui, mais en Andalousie, c'est le cas. Il n'y a pas de... Autant qu'en Catalogne, tu as trouvé le catalan et le castillan. À Valence aussi. Mais en fait, pour eux, c'était encore une autre complexité. C'est-à-dire que deux langues, c'était normal. Plus, non, ce n'était pas normal. Et en Andalousie, non, non. En Andalousie, c'était vraiment comme ça. Et pareil avec la lecture. Quand elle a commencé l'apprentissage de la lecture au CP, nous, on avait déjà anticipé l'apprentissage de la lecture. en anglais et en français, parce qu'elle demandait. Donc voilà, on avait dit, écoute, on va t'introduire. La lecture à travers ces deux langues est comme ça au moins. Et la maîtresse m'avait dit, non, non, non, en fait, laissez tomber s'il vous plaît la lecture, elle est trop déstabilisée. Là encore, en fait, moi je disais, non, mais aussi, il faut comprendre qu'il y a une certaine maturité entre un enfant qui est né au mois de janvier, qui avait déjà plus de six ans, et un enfant qui n'avait pas encore six ans. Non, non, non, c'est pas ça, c'est pas ça. ça peut être. Voilà. Et en effet, donc ça, c'était la première réunion, c'était fin septembre. Au mois de décembre, elle lisait. Elle lisait en espagnol parfaitement. Aujourd'hui, il y a eu des avancées par rapport à ça parce que bon, presque dix ans, dix ans ont passé et je trouve qu'aujourd'hui, l'approche a changé. C'est une approche, voilà, maintenant, on sait. Les professeurs sont préparés aussi. Voilà, enfin moi, je vois que même dans son collège, Merci. aujourd'hui, que ce soit sa prof d'anglais et sa prof de français, lui ont adapté le programme pour ne pas qu'elle s'ennuie.

  • Speaker #0

    C'est bien ça aussi.

  • Speaker #1

    Oui, voilà. Parce que donc, ils ont reconnu quand même que oui, c'était une enfant qui pourrait s'ennuyer en fait. Et donc voilà, ou l'utiliser pour justement aussi motiver ses camarades et adapter un petit peu. Donc par exemple, la lecture, bon, il lui donne des livres un peu plus compliqués à lire en anglais, en français que les autres.

  • Speaker #0

    Alors, on va revenir un peu au niveau du français, puisque c'est quand même notre sujet du jour. Est-ce qu'il y a dans ta région, dans ta ville, des actions qui ont été mises en place pour soutenir le français chez les enfants francophones ?

  • Speaker #1

    Oui, alors oui, il y a l'association français langue maternelle, l'association FLA. D'ailleurs, ma fille, la petite, je pense s'inscrire l'année prochaine ou dans deux ans. voir comment ça va, voilà. Mais notre aînée l'a suivie pendant deux, trois ans. Trois ans, elle l'a suivie. C'était le samedi matin, donc voilà. C'était bien aussi pour rencontrer d'autres enfants, en fait, dans la même situation qu'elle. Donc voilà, même si c'est vrai que la plupart des cas, la plupart des fois, ce sont des enfants que le père ou la mère est espagnol et que le père est français. donc, ou la mère. Donc, voilà, c'est une approche un peu différente que la sienne. Mais oui, il y a ça. Il y a aussi un groupe de mamans francophones qui organisent aussi des activités, elles vont aller au parc, voilà, des choses comme ça, pour que les enfants puissent parler en français entre eux. Donc, voilà, ça, c'est bien, ça, c'est important. Il y a aussi, dans la bibliothèque locale, il y a tout un espace. créée par l'Alliance française de Grenade. Un coin lecture de livres en français, donc très bien fait. En plus, il y a des petites tables, des petits poufs pour les enfants. Et donc ça, c'est pareil. Alors, ça permet d'accéder à la lecture.

  • Speaker #0

    Et à l'école, donc, ils ont le français, mais à partir de quel âge ?

  • Speaker #1

    Alors, en fait, le système espagnol, c'est un système bilingue. Par rapport, comme tu as mentionné, si bien que dans certaines régions espagnoles, il y a le bilinguisme. Et donc pour que ce soit, on va dire, homogène, ils l'ont introduit même dans les régions où il n'y a qu'une seule langue. Donc en Andalousie, le système bilingue repose sur l'anglais ou le français. Alors en effet, aujourd'hui, j'ai envie de dire que... 90% ? Je n'ai pas les chiffres exacts, mais bon, je pense que c'est comme ça. 90% des écoles sont des écoles bilingues, espagnoles, anglais, et 10% espagnoles, français. Donc, qu'est-ce qu'ils font ? C'est dès la maternelle, en fait, ils ont des activités en français. Alors, clairement, le niveau... On n'est pas sur une école vraiment bilingue comme on peut imaginer. C'est trois heures d'anglais, trois heures d'espagnol tous les jours. Non, ce n'est pas du tout ça. C'est vraiment ponctuel. Mais ça permet, en fait, encore une fois, de s'approcher aussi à la culture puisque, par exemple, ils vont célébrer la chandeleur. Et donc là, toutes les activités vont être en français. Quand ils vont organiser le printemps avec des activités en français, il y a une lectrice. Je dis lectrice parce que c'est vrai que pour l'instant, ça a toujours été des filles qui viennent aider pendant les cours de français, qui justement s'occupent de certains groupes. Ça, ça a toujours été un avantage aussi pour nos filles parce qu'elles ont toujours comme ça pu parler français avec les lectrices. Donc voilà, en fait, c'est dès la maternelle qu'une des langues, que ce soit l'anglais ou le français, est intégrée à l'école.

  • Speaker #0

    C'est vraiment bien ça. Pour les enfants bilingues, en plus, c'est parfait parce qu'ils ont un autre contact avec le français très rapidement. Et puis même pour les enfants de manière générale, on dit toujours qu'ils sont des éponges à apprendre et de les baigner dans une deuxième langue, c'est idéal dès le début, même s'ils ne l'apprennent pas. Comme tu dis, il n'y a pas cette régularité de l'enseignement, mais c'est quand même, elle est là, cette langue, ces autres sonorités, ces autres mots, ces autres sons, etc.

  • Speaker #1

    Voilà, c'est ça. Non, et puis il y a certains enfants, moi je sais, pour en avoir parlé avec certains parents, il y a certains enfants qui... qui adorent le français. Alors, c'est vrai quand même que la plupart des parents préfèreraient l'anglais pour des raisons, voilà, évidentes. Mais moi, je leur dis, je dis, mais vous savez, le français peut être utile aussi. Oui. Parce que l'anglais, maintenant, on va tous penser que tout le monde sait l'anglais. Donc, voilà, il faut aussi le français. Mais certains des enfants, ils adorent le français. Donc, les parents me font voir, mais t'as vu, regarde, écoute-le chanter en français. français. T'as vu comment il prononce bien ? Oui, oui, oui, oui. Non, mais c'est bien.

  • Speaker #0

    C'est chouette.

  • Speaker #1

    C'est une bonne approche. Sur le papier, c'est une bonne approche. Après, comme c'est une réforme qui est encore en train de se mettre en place, parce que petit à petit, en fait, il y a encore certaines choses à améliorer, mais voilà, c'est une bonne approche. En revanche, moi j'ai une critique par contre, parce que c'est vrai qu'on a commencé l'introduction de ce bilinguisme assez tôt. Ma fille qui est en quatrième, ce qui correspond au niveau quatrième aujourd'hui, elle m'en est née. Là elle est passée en première langue, c'est l'anglais, comme première langue obligatoire. Et le français c'est optionnel. Et en fait ça c'est une réforme qui a été faite il n'y a pas longtemps, il y a deux ans qu'elle a été mise en place. Alors qu'avant la deuxième langue, la LV2 était aussi obligatoire. Et ça, par contre, c'est en train de créer quelques dégâts, notamment pour le français, qui est jugé par les adolescents comme une langue très compliquée et qui choisissent donc une autre langue ou au contraire, la robotique ou voilà quoi, des choses, programmation, enfin quelque chose comme ça, mais c'est plus simple que le français.

  • Speaker #0

    Oui, c'est un peu la même problématique dans beaucoup de pays, je crois.

  • Speaker #1

    Voilà. Donc, il y a eu pas mal de manifestations, justement, pour maintenir LV2 comme obligatoire. Oui, parce que tout simplement, c'est qu'ensuite, c'est ce qu'ils disaient, c'est qu'ensuite, à l'université, ils vont avoir besoin, très souvent, on va demander une deuxième langue obligatoire. Enfin, outre ta langue maternelle, l'anglais et une autre langue. Donc, si tu ne l'as pas choisi au collège ou au lycée, ça va coincer, en fait. Surtout que les liens entre l'Espagne et la France sont quand même très forts et que beaucoup d'Espagnols choisissent d'aller étudier en France avec le programme Erasmus et même par facilité, par proximité tout simplement.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu aurais des conseils pour les familles qui, justement, comme toi, ont des enfants qui grandissent avec trois voire quatre langues, pour gérer justement au quotidien ?

  • Speaker #1

    Alors, pour gérer au quotidien, donner de l'espace à toutes les langues. Donc, que ce soit par côté ludique, c'est pour ça que, voilà, comme je disais, nous, en fait, on a fait avec, à travers les festivités. Ça fonctionne bien, donc ça, à travers la cuisine aussi, que passer, pareil, transmettre les recettes. Comme ça, ça permet aussi de raconter son enfance, voilà. Et puis, on ne va pas se mentir, une des choses les plus importantes, c'est de rentrer dans nos pays.

  • Speaker #0

    Eh oui !

  • Speaker #1

    Et passer du temps avec la famille, avec les amis, c'est... voilà. Alors je sais que ce n'est pas toujours facile, ce n'est pas simple, que des fois, enfin même moi, des fois j'aimerais partir ailleurs en vacances que de rentrer en France voir ma famille. Alors je suis très heureuse d'aller voir ma famille, mais c'est vrai qu'on privilégie aller en Angleterre, aller en France et aller en Italie pour maintenir en fait le niveau des langues. Parce que c'est là où ils progressent le plus. C'est-à-dire quand ils sont au contact avec la famille qui ne parle qu'anglais, qui ne parle que français. Enfin, voilà. Ils font des bons énormes.

  • Speaker #0

    Oui, mais en plus, comme tu dis, rentrer, c'est très bien, mais on a du mal à partir ailleurs. Et vous, vous avez trois pays, entre guillemets, que vous voulez voir régulièrement. Donc, ça réduit vite les autres possibilités.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Alors, pour finir, est-ce que tu as une ou plusieurs anecdotes ? de tes filles et de leur bilinguisme ?

  • Speaker #1

    Oui, alors, justement, puisqu'on a parlé, on s'est un peu focalisé sur l'aîné, justement, il y a deux, trois semaines, j'étais dans un magasin de mode flamenco, que nous sommes en Andalousie, et il y avait une festivité à Grenade, très importante, très suivie, il y avait beaucoup, beaucoup de touristes francophones. C'était la période des vacances en France et ailleurs, donc il y avait beaucoup de touristes. Et j'étais dans un magasin avec ma fille en train d'acheter des accessoires. Et en fait, une dame s'approche de nous et elle nous dit « ben voilà, je vous ai entendues, vous parliez français. Enfin, j'aimerais demander des conseils, mais je ne sais pas comment faire. Je ne parle pas espagnol. » Et en fait, là, ma fille, tout de suite... C'était une dame qui avait plus de 55 ans. Oui, facilement plus de 55 ans. Et ma fille, ah mais pas de problème, allez viens avec moi, je vais t'aider. Moi je suis la chérie. Mais quoi maman ? Ma chérie, tu sais qu'il faudrait utiliser vous. Ah oui, et donc elle dit à la dame, pardon, excuse-moi. Non, non, non, excusez-moi. Alors la dame s'est mise à rire. Et donc moi je me suis sentie obligée de justifier, de dire, vous comprenez, nous habitons à Grenoble. Ma fille n'a jamais vécu dans un pays francophone. En Andalousie, on tutoie, même les adultes, même les enfants, il y a cette facilité. Alors oui, des anciennes générations, mais très anciennes, mais sinon on tutoie. Donc elle était en train de tutoyer la vendeuse. Avec moi, bien évidemment, elle me tutoie. Donc c'était dans un contexte un petit peu étrange pour elle. Et la dame me dit « pas de problème, aucun souci, au contraire » . Donc c'est vrai que nous, des fois, en tant que parents, on constate certaines choses et on se dit « oh là là, mais elle va être mal jugée » . Mais en fait, non, on ne peut pas non plus toujours mettre cette pression sur nos enfants par rapport à ça. On oublie aussi que, déjà, le contexte où ils évoluent. Et puis ensuite, les influences, parce que bien évidemment, il y a des influences. Et ces influences, c'est tous les jours dans certains mots. Par exemple, avec ma petite, dernièrement, elle va dire, en parlant d'un homme en français, « Ah, elle, elle, elle, elle. » Parce qu'en espagnol, « elle » ,

  • Speaker #0

    « elle » , « elle » , « elle » ,

  • Speaker #1

    « elle » . Et alors là, je dis, « Non, ma chérie, mais maman, mais ce n'est pas logique. » Non, mais parce que ça s'écrit. Oui, mais non, c'est pas logique parce que ça se prononce pareil en français. Oui, mais bon. Voilà, donc ça, voilà. Deux anecdotes qui me sont venues là comme ça à l'esprit par rapport à ces petites différences.

  • Speaker #0

    Mais tu illustres bien les différences franco-espagnoles, j'ai envie de dire.

  • Speaker #1

    Oui, oui, ça. Et puis même parfois l'anglais. Des fois, il y a un petit mot, la place des mots. fois.

  • Speaker #0

    Eh oui.

  • Speaker #1

    Donc, la dernière fois, il y avait justement la grande, elle me dit, non mais maman, excuse-moi, mais des fois, vraiment, le français, c'est compliqué, parce que quand tu penses qu'il y a certains adjectifs qu'il faut les placer toujours avant, alors qu'en anglais, sur ça, il n'y a pas...

  • Speaker #0

    Eh oui, c'est qu'on oubliait tout ça. Eh bien, je te dis merci pour ton témoignage très instructif, très intéressant. Je suis sûre que ça va intéresser beaucoup de gens qui vont écouter, qui cherchent justement comment transmettre plusieurs langues et pas seulement deux, puisque c'est encore une autre situation.

  • Speaker #1

    Merci à toi Audrey pour m'avoir donné cet espace sur un sujet qui est très intéressant, qui parfois fait encore peur, qui parfois est difficile à expliquer aussi. Je pense qu'on sait... Par rapport à nos familles, c'est toujours un peu compliqué des fois de devoir expliquer certaines choses à nos familles, même à nos amis, enfin les personnes qui ne vivent pas en fait ce quotidien, parce qu'on rencontre beaucoup de difficultés. Alors on sait très bien qu'ensuite, c'est une richesse, c'est vraiment une richesse linguistique, richesse culturelle, voilà, mais c'est vrai que ça demande aussi un effort, et des fois on peut être démotivé.

  • Speaker #0

    Tu as tout résumé en deux ou trois phrases. Eh bien merci et au revoir.

  • Speaker #1

    Merci Audrey.

  • Speaker #0

    J'espère que cet épisode vous a plu et je vous donne rendez-vous bientôt pour un nouvel épisode. N'hésitez pas à me partager en commentaire vos impressions et vos questions. À bientôt !

Description

Dans cet épisode du podcast 1, 2, 3 Français, Coralie, maman française installée en Espagne, nous parle de sa famille multilingue, dont ses deux filles qui évoluent au quotidien dans quatre langues : le français, l’anglais, l’espagnol et l’italien. À travers son expérience personnelle, Coralie nous explique ce que signifie vraiment apprendre une langue — et pourquoi cela passe forcément par une immersion dans la culture associée.


Ce que vous allez découvrir

  • Le quotidien d’une famille plurilingue résidant en Espagne 🇪🇸

  • Les enjeux du maintien du français à l’étranger 🇫🇷

  • Les défis et les stratégies pour transmettre quatre langues à ses enfants 🌍

  • Les méthodes d’apprentissage de la lecture dans ces différentes langues 📖

  • Pourquoi la dimension culturelle est essentielle dans l’enseignement et la pratique d’une langue 💃

  • Comment la culture renforce le sens, l’intérêt et la motivation chez l’apprenant 💚


Pourquoi écouter cet épisode ?

Que vous soyez parent expatrié, enseignant, apprenant de langue, ou simplement curieux du lien entre langue et culture, cet épisode vous offre un témoignage concret et inspirant. Vous y trouverez des pistes pour :

  • Enrichir l’enseignement linguistique par des éléments culturels

  • Renforcer la motivation des enfants (ou des apprenants) à travers des anecdotes et des références culturelles

  • Comprendre que la langue ne se limite pas à la grammaire et au vocabulaire, mais qu’elle est intimement liée à l’identité, aux coutumes et aux représentations culturelles


Bonne écoute! 🎧


Ce podcast vous a plu? Laissez-lui 5 étoiles 🌟 sur votre plateforme favorite pour nous soutenir!

Et n’hésitez pas à nous partager ensuite vos impressions sur Instagram 🤗


Découvrez les offres des Franco' Expats qui vous accompagnent dans le maintien du français au quotidien


Musique : Uplifting Vibes by LolaMoore -- https://freesound.org/s/761034/ -- License: Attribution 4.0


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue sur 1, 2, 3 français, le podcast des parents expatriés ! Je m'appelle Audrey, je suis franco-allemande et je vis en Allemagne depuis 15 ans. Je suis maman de deux enfants nés en Allemagne et qui grandissent avec deux langues, l'allemand et le français. Je suis professeure de français langue étrangère et langue maternelle. En 2022, j'ai lancé les Franco-Expat pour permettre aux enfants francophones de Cologne et de l'étranger de garder un lien actif avec la langue française ainsi qu'avec la culture francophone. Aujourd'hui, je lance le podcast 1, 2, 3 français afin de donner la parole aux parents expatriés sur leur expérience de l'éducation bilingue au quotidien de leurs enfants. J'accueillerai aussi des professionnels qui apporteront des conseils et donneront des idées pour soutenir ces familles expatriées. Bonne écoute ! Aujourd'hui, j'ai le plaisir d'accueillir Coralie qui habite en Espagne. Elle est maman de deux enfants multilingues. Bonjour Coralie.

  • Speaker #1

    Bonjour Audrey. Merci de m'accueillir.

  • Speaker #0

    Merci de venir aussi. Pour commencer, est-ce que tu peux te présenter ?

  • Speaker #1

    Oui, donc voilà, je m'appelle Coralie, j'ai 39 ans, je suis maman de deux filles, une adolescente de 13 ans et demi et une petite de 5 ans et demi. Mon aînée est née à Rome, en Italie, tandis que la petite dernière, elle est née à Grenade, en Andalousie, où nous vivons. Donc, moi, j'ai rencontré mon mari qui est britannique à Rome. Voilà, donc nous parlons entre nous italien. Je parle en français à nos filles et lui, il parle en anglais à nos filles. Et dans la vie quotidienne, elles parlent espagnol. Elles sont exposées à l'espagnol puisqu'elles fréquentent toutes les deux une école espagnole.

  • Speaker #0

    Et ta fille, du coup, qui est née en Italie, est-ce qu'elle continue de parler italien ?

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui, elle continue de parler italien. Tout simplement parce que, déjà, on parle italien entre nous. Deuxièmement, nous écoutons des programmes en italien, nous regardons la télévision en italien. Donc là, c'est vrai que c'est une approche plus passive, mais aussi nous avons maintenu beaucoup de rapports avec des Italiens. Nous fréquentons des Italiens à Grenade, ce qui lui permet de parler italien au quotidien. Pas aussi souvent que l'anglais, que le français et l'espagnol, mais oui, elle le parle, étant donné qu'en plus ça a été sa première langue. puisque ses premiers mots étaient en italien.

  • Speaker #0

    Alors justement, comment est-ce que vous gérez au quotidien la transmission de ces quatre langues ? Tu nous as dit l'italien, c'est un peu passif, entre guillemets, et du coup, les trois autres langues, parce qu'il faut de la place pour toutes ces langues.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Voilà, on jongle. C'est ça. Alors voilà, par exemple, on va prendre un repas, le déjeuner, quelque chose d'assez familial, traditionnel. Donc moi, je m'adresse à mes filles en français. Elles me répondent toutes les deux en français, leur papa en anglais et pareil, elles répondent en anglais. Donc quand elles ensuite prennent la parole, parfois c'est bon, on vous le dit en quelle langue ? En français ou en anglais ? Sachant que mon mari et moi, nous comprenons bien évidemment le français et l'anglais. Donc elles s'alternent. Parfois la petite dit « Ah oui, mais ça m'est plus facile de le raconter en anglais. » Donc elle va raconter en anglais. « Ah oui, mais alors attends, comment ça se dit ? Maman, tu sais en français, tu sais ça que tu m'as dit l'autre jour ? » Ça se dit comment en anglais ? Voilà. On est dans ce processus-là. Tandis que la grande, maintenant, son vocabulaire est beaucoup plus ample. Donc, elle, voilà, sans aucun problème. Et parfois, on se met à parler aussi en italien. La langue que nous ne parlons pas à la maison, par contre, c'est l'espagnol. Nous ne parlons pas espagnol. L'espagnol, on le laisse vraiment à l'extérieur, en dehors des murs. Parce qu'on ne voulait pas, en fait, on a cette peur de faire entrer l'espagnol à la maison. Ensuite, l'espagnol aurait pris le dessus et ça aurait été plus compliqué pour nous de parler, de transmettre nos autres langues et nos autres cultures. Ensuite, c'est très important par contre aussi de développer les cultures. C'est-à-dire que pour nous, la langue, c'est aussi la culture. Donc, tu vois ce que je te disais tout à l'heure par rapport à l'italien. On va regarder le festival de Sanremo. C'est très, très important pour nous, donc au mois de février. Donc là, c'est vrai que c'est une approche avec la culture italienne où on renforce la langue italienne. Ensuite, l'espagnol. Donc oui, même si c'est vrai que nous ne parlons pas espagnol à la maison, cela ne veut pas dire qu'on empêche nos filles de parler espagnol. Par exemple, lorsqu'elles jouent, je parle de la petite, elle va répéter ce qu'elle a appris dans la cour de récré et donc on va l'entendre qui est en train d'utiliser l'espagnol. Et en soi, ce n'est pas un problème. Voilà. Ensuite, par contre, c'est vrai qu'avec nous, on lui dit non, non, attention, hop, on peut parler, voilà, en français. En ce qui concerne la langue, entre elles, elles ont choisi une langue. C'est surtout la petite qui a choisi une langue, c'est l'anglais. C'est-à-dire que 80% de leurs conversations entre elles, c'est en anglais. Même si je leur demande quand nous ne sommes que toutes les trois, quand le papa n'est pas là, qu'elle parle en français. Parce que c'est déjà arrivé qu'on était toutes les trois et que la petite me parlait en français. Et puis ensuite, elle se met à traduire à sa sœur en anglais. Et donc la sœur dit « Non mais tu sais, moi je le comprends » . Donc voilà, c'est un lost information en ce moment. et c'est vrai que pour la grande c'est vraiment assimilé moi je vois vraiment la différence entre la grande qui a presque 14 ans et la petite qui a 5 ans qui est vraiment encore dans un processus où les langues ne sont pas encore distinctes donc c'est vraiment un mélange et là par contre j'ai noté ces derniers mois que ça y est elle comprend que maintenant nous sommes toutes les trois et de plus en plus elle se met aussi à parler en français avec sa soeur quand on est toutes les trois Donc ça, c'est un fait par rapport à ça, au niveau des langues. Et oui, comme je te disais, en effet, l'espagnol en dehors, nous le pratiquons, donc à l'école, dans les activités. Aussi, nous fêtons toutes les festivités espagnoles, italiennes, françaises, britanniques. Ça fait un beau programme. Nous avons un calendrier de fête.

  • Speaker #0

    J'imagine, oui.

  • Speaker #1

    C'est important, en fait, pour les cultures. Elles sont toujours un peu en décalage. Parce que bon, on sait très bien que c'est en vivant dans un pays, dans une région où vraiment on absorbe toute la culture. Mais c'est justement pour éviter, quand elles vont en France ou en Angleterre, voir la famille, voir les cousins, les cousines, un décalage trop grand en fait. Parce qu'on sait très bien que quand on rentre dans les familles, nos familles s'attendent à ce qu'on récupère toute notre culture. On rentre dans le moule à nouveau et que voilà quoi, c'est un peu cette partie-là. qu'on doit gérer, c'est pour ça qu'on transmet les cultures. Par exemple, la fête des mamans, qui se fête dans les quatre pays à quatre dates différentes.

  • Speaker #0

    C'est bien pour toi !

  • Speaker #1

    Quatre fois bonne fête maman !

  • Speaker #0

    Justement, j'allais te demander quel est le niveau de ces quatre langues, est-ce que tu arrives à juger à peu près si elles ont un niveau plus ou moins faible selon la langue ?

  • Speaker #1

    Alors, on va parler pour l'anglais et... pour le français en fait, notre aîné on lui a fait faire déjà tous les examens en fait du Cambridge et aussi le DELF, enfin pas tous, on lui a fait faire passer les niveaux par rapport à son âge donc là cette année elle va passer le niveau C1 en anglais et pour le français là elle va faire on hésite entre le B1 et le B2 en fait pour l'instant ... Ça va dépendre un peu au niveau de la charge du travail au collège, parce qu'elle a quand même pas mal de devoirs au collège, donc je n'ai pas non plus envie de la stresser, de lui mettre trop de pression par rapport à ça. Mais c'est en effet une très bonne élève par rapport aux langues, que ce soit le français et l'anglais. Elle avait été évaluée il y a deux ans sur un projet européen, une étude qui avait été faite par l'université de la Sorbonne. Et son résultat avait démontré qu'elle avait un niveau d'anglais. et de français supérieur à un enfant monolingue en Angleterre et en France. Pourquoi ? Parce qu'elle lit énormément. Vraiment, depuis qu'elle sait lire, elle lit dans toutes les langues.

  • Speaker #0

    C'est super !

  • Speaker #1

    Oui, ça on a vraiment insisté, c'est quelque chose qu'on savait que c'était important, appuyer la lecture, aller faciliter l'apprentissage des langues. Parce que justement, c'est le vocabulaire, l'enrichissement d'un vocabulaire. Si tu es dans un seul pays, dans une sphère monolingue, tu vas en effet avoir un vocabulaire. plus en plan. Mais en permettant à l'étranger, dans une autre situation, dans des situations bilingues ou plurilingues, on sait que la lecture a un rôle majeur. Donc ça, c'est vrai qu'on a vraiment développé cet aspect. C'était vraiment important par rapport à ça. Après, ça ne veut pas dire que, bien évidemment, il y a des influences des langues. Par exemple, certaines fois, il y a certaines constructions qui sont typiquement anglaises, typiquement espagnoles, que je note. Voilà, je dis, oula ! Attention, attention ! Bon, après, voilà, ça, c'est normal, c'est normal. Oui,

  • Speaker #0

    oui.

  • Speaker #1

    Ça se corrige, voilà, ce sont des choses, ça se corrige, en fait, puisque la base, c'est une base solide. Et à présent, on recommence tout ce processus avec la petite. Voilà.

  • Speaker #0

    Alors, je reviens quelques années en arrière, quand vous êtes arrivée en Espagne, tu n'avais que ta grande-fille. Comment s'est passée l'intégration ? Est-ce qu'elle parlait déjà un petit peu espagnol ?

  • Speaker #1

    Alors, nous sommes arrivées en Espagne. Espagne quand elle avait presque deux ans. Et donc, c'était vraiment une étape où c'est important au niveau du langage, mais aussi c'est important de... Les enfants à cet âge-là se comparent beaucoup en fait aux autres, ils se copient, ils font énormément de progrès en copiant les autres enfants au parc, à la crèche, voilà. Et donc, elle est arrivée à Valence. Avant de nous installer à Grenade, nous avons vécu un an à Valence. et à cette crèche où elle allait, n'était pas seulement l'Espagnol, le Castillan, mais aussi le Valencien. Et en fait, ça l'a perturbée. Parce qu'elle se retrouvait déjà dans un autre contexte. C'est-à-dire que là, sa crèche à Rome, c'était, on va dire, vraiment un petit cocon. Alors que là, c'était beaucoup plus structuré. Moi, je me souviens, j'avais été un peu surprise parce qu'il y avait du matériel. Matériel, fourniture scolaire. Je me suis dit, ok, bon. À l'âge de deux ans, ça me semble un petit peu trop. Mais bon, voilà. Donc, il y avait vraiment des livres, des choses. Je me suis dit, ah oui. et ça a été quand même très compliqué. Parce que, comme tu disais, oui, c'est vrai qu'on a tendance à penser l'espagnol, l'italien, c'est pareil, mais en fait, non, il y a quand même des différences, beaucoup de différences, et aussi l'approche. Et ça n'a pas été simple. Donc, cette année à Valence, où en fait, elle s'est retrouvée à écouter des personnes qui parlaient en espagnol, en valencien, ou lui demandaient de parler, mais en fait, elle ne répondait pas, tout simplement parce qu'en plus, elle était encore dans cette... face d'apprentissage des langues. On sait très bien qu'un enfant avec plusieurs langues va parler un peu plus tard, surtout la construction de phrases. Oui, il comprend parce que son cerveau enregistre. Quand il faut expliquer ça aux personnes qui travaillent dans les crèches, c'est souvent compliqué. On ne va pas se mentir. On vous dit « Ah non, mais vous devez parler espagnol. » Ça va être compliqué parce qu'on ne parle pas encore espagnol. Non, mais voilà. Et donc ensuite, nous avons déménagé à Grenade. Elle a fait son entrée en maternelle. La rebelote, la maîtresse, elle dit non mais vous devez parler comme espagnol. Non mais ça ne va pas être possible. Ce ne sera pas possible. On dit non, non, non. Moi, je parle en français. Son papa lui parle en anglais. C'est important pour nous. Ce sera important pour elle. On sait que ça va être compliqué. Pas de souci. Quand elle va avoir un déclic, elle va se mettre à parler et ça ne va plus s'arrêter. Et c'est vrai, c'est ce qui s'est passé. Par contre, voilà, comme je disais, c'est vrai qu'il y a ce côté quand même de vouloir être un peu, de se fondre un peu dans le moule, de ressembler un peu à tout le monde. Et donc, une chose que nous, nous avons fait, qui l'a énormément aidé, c'est que nous l'avons inscrite à un cours de théâtre. Donc, elle a fréquenté pendant trois ans un cours de théâtre espagnol avec d'autres enfants. Et ça lui a vraiment permis de prendre la parole, de s'exprimer de manière plus libre que dans une classe. Des fois, ce n'est pas toujours possible. Voilà. Surtout qu'en plus, elle était de fin d'année. Donc, entre des enfants de fin d'année et de début d'année, il y avait aussi une autre différence, une autre complexité. Et aujourd'hui, on ne dirait pas que cet enfant n'est pas né en Espagne. Non. Même par rapport à ses résultats scolaires, par rapport à la culture, par rapport à tout ça. Donc, voilà. Mais c'est vrai que le début, ça a été pendant deux ans. Moi, souvent, je dis, ah non, mais c'est pas de souci, tu verras au bout de trois mois. Non. Ce n'est pas non plus si évident que ça. En plus, ça dépend de chaque âge, de chaque étape. Mais il faut quand même un minimum accompagner nos enfants.

  • Speaker #0

    Je rebondis sur ce que tu viens de dire, parce que je trouve ça étonnant qu'il t'ait dit à la maternelle de parler qu'espagnol, parce qu'ils ont l'espagnol et on sait que les langues régionales sont aussi très fortes, donc ils connaissent le bilinguisme. Je trouve étonnant qu'ils disent que vous laissez presque tomber les autres langues tant que l'enfant s'intègre.

  • Speaker #1

    Oui, mais en Andalousie, c'est le cas. Il n'y a pas de... Autant qu'en Catalogne, tu as trouvé le catalan et le castillan. À Valence aussi. Mais en fait, pour eux, c'était encore une autre complexité. C'est-à-dire que deux langues, c'était normal. Plus, non, ce n'était pas normal. Et en Andalousie, non, non. En Andalousie, c'était vraiment comme ça. Et pareil avec la lecture. Quand elle a commencé l'apprentissage de la lecture au CP, nous, on avait déjà anticipé l'apprentissage de la lecture. en anglais et en français, parce qu'elle demandait. Donc voilà, on avait dit, écoute, on va t'introduire. La lecture à travers ces deux langues est comme ça au moins. Et la maîtresse m'avait dit, non, non, non, en fait, laissez tomber s'il vous plaît la lecture, elle est trop déstabilisée. Là encore, en fait, moi je disais, non, mais aussi, il faut comprendre qu'il y a une certaine maturité entre un enfant qui est né au mois de janvier, qui avait déjà plus de six ans, et un enfant qui n'avait pas encore six ans. Non, non, non, c'est pas ça, c'est pas ça. ça peut être. Voilà. Et en effet, donc ça, c'était la première réunion, c'était fin septembre. Au mois de décembre, elle lisait. Elle lisait en espagnol parfaitement. Aujourd'hui, il y a eu des avancées par rapport à ça parce que bon, presque dix ans, dix ans ont passé et je trouve qu'aujourd'hui, l'approche a changé. C'est une approche, voilà, maintenant, on sait. Les professeurs sont préparés aussi. Voilà, enfin moi, je vois que même dans son collège, Merci. aujourd'hui, que ce soit sa prof d'anglais et sa prof de français, lui ont adapté le programme pour ne pas qu'elle s'ennuie.

  • Speaker #0

    C'est bien ça aussi.

  • Speaker #1

    Oui, voilà. Parce que donc, ils ont reconnu quand même que oui, c'était une enfant qui pourrait s'ennuyer en fait. Et donc voilà, ou l'utiliser pour justement aussi motiver ses camarades et adapter un petit peu. Donc par exemple, la lecture, bon, il lui donne des livres un peu plus compliqués à lire en anglais, en français que les autres.

  • Speaker #0

    Alors, on va revenir un peu au niveau du français, puisque c'est quand même notre sujet du jour. Est-ce qu'il y a dans ta région, dans ta ville, des actions qui ont été mises en place pour soutenir le français chez les enfants francophones ?

  • Speaker #1

    Oui, alors oui, il y a l'association français langue maternelle, l'association FLA. D'ailleurs, ma fille, la petite, je pense s'inscrire l'année prochaine ou dans deux ans. voir comment ça va, voilà. Mais notre aînée l'a suivie pendant deux, trois ans. Trois ans, elle l'a suivie. C'était le samedi matin, donc voilà. C'était bien aussi pour rencontrer d'autres enfants, en fait, dans la même situation qu'elle. Donc voilà, même si c'est vrai que la plupart des cas, la plupart des fois, ce sont des enfants que le père ou la mère est espagnol et que le père est français. donc, ou la mère. Donc, voilà, c'est une approche un peu différente que la sienne. Mais oui, il y a ça. Il y a aussi un groupe de mamans francophones qui organisent aussi des activités, elles vont aller au parc, voilà, des choses comme ça, pour que les enfants puissent parler en français entre eux. Donc, voilà, ça, c'est bien, ça, c'est important. Il y a aussi, dans la bibliothèque locale, il y a tout un espace. créée par l'Alliance française de Grenade. Un coin lecture de livres en français, donc très bien fait. En plus, il y a des petites tables, des petits poufs pour les enfants. Et donc ça, c'est pareil. Alors, ça permet d'accéder à la lecture.

  • Speaker #0

    Et à l'école, donc, ils ont le français, mais à partir de quel âge ?

  • Speaker #1

    Alors, en fait, le système espagnol, c'est un système bilingue. Par rapport, comme tu as mentionné, si bien que dans certaines régions espagnoles, il y a le bilinguisme. Et donc pour que ce soit, on va dire, homogène, ils l'ont introduit même dans les régions où il n'y a qu'une seule langue. Donc en Andalousie, le système bilingue repose sur l'anglais ou le français. Alors en effet, aujourd'hui, j'ai envie de dire que... 90% ? Je n'ai pas les chiffres exacts, mais bon, je pense que c'est comme ça. 90% des écoles sont des écoles bilingues, espagnoles, anglais, et 10% espagnoles, français. Donc, qu'est-ce qu'ils font ? C'est dès la maternelle, en fait, ils ont des activités en français. Alors, clairement, le niveau... On n'est pas sur une école vraiment bilingue comme on peut imaginer. C'est trois heures d'anglais, trois heures d'espagnol tous les jours. Non, ce n'est pas du tout ça. C'est vraiment ponctuel. Mais ça permet, en fait, encore une fois, de s'approcher aussi à la culture puisque, par exemple, ils vont célébrer la chandeleur. Et donc là, toutes les activités vont être en français. Quand ils vont organiser le printemps avec des activités en français, il y a une lectrice. Je dis lectrice parce que c'est vrai que pour l'instant, ça a toujours été des filles qui viennent aider pendant les cours de français, qui justement s'occupent de certains groupes. Ça, ça a toujours été un avantage aussi pour nos filles parce qu'elles ont toujours comme ça pu parler français avec les lectrices. Donc voilà, en fait, c'est dès la maternelle qu'une des langues, que ce soit l'anglais ou le français, est intégrée à l'école.

  • Speaker #0

    C'est vraiment bien ça. Pour les enfants bilingues, en plus, c'est parfait parce qu'ils ont un autre contact avec le français très rapidement. Et puis même pour les enfants de manière générale, on dit toujours qu'ils sont des éponges à apprendre et de les baigner dans une deuxième langue, c'est idéal dès le début, même s'ils ne l'apprennent pas. Comme tu dis, il n'y a pas cette régularité de l'enseignement, mais c'est quand même, elle est là, cette langue, ces autres sonorités, ces autres mots, ces autres sons, etc.

  • Speaker #1

    Voilà, c'est ça. Non, et puis il y a certains enfants, moi je sais, pour en avoir parlé avec certains parents, il y a certains enfants qui... qui adorent le français. Alors, c'est vrai quand même que la plupart des parents préfèreraient l'anglais pour des raisons, voilà, évidentes. Mais moi, je leur dis, je dis, mais vous savez, le français peut être utile aussi. Oui. Parce que l'anglais, maintenant, on va tous penser que tout le monde sait l'anglais. Donc, voilà, il faut aussi le français. Mais certains des enfants, ils adorent le français. Donc, les parents me font voir, mais t'as vu, regarde, écoute-le chanter en français. français. T'as vu comment il prononce bien ? Oui, oui, oui, oui. Non, mais c'est bien.

  • Speaker #0

    C'est chouette.

  • Speaker #1

    C'est une bonne approche. Sur le papier, c'est une bonne approche. Après, comme c'est une réforme qui est encore en train de se mettre en place, parce que petit à petit, en fait, il y a encore certaines choses à améliorer, mais voilà, c'est une bonne approche. En revanche, moi j'ai une critique par contre, parce que c'est vrai qu'on a commencé l'introduction de ce bilinguisme assez tôt. Ma fille qui est en quatrième, ce qui correspond au niveau quatrième aujourd'hui, elle m'en est née. Là elle est passée en première langue, c'est l'anglais, comme première langue obligatoire. Et le français c'est optionnel. Et en fait ça c'est une réforme qui a été faite il n'y a pas longtemps, il y a deux ans qu'elle a été mise en place. Alors qu'avant la deuxième langue, la LV2 était aussi obligatoire. Et ça, par contre, c'est en train de créer quelques dégâts, notamment pour le français, qui est jugé par les adolescents comme une langue très compliquée et qui choisissent donc une autre langue ou au contraire, la robotique ou voilà quoi, des choses, programmation, enfin quelque chose comme ça, mais c'est plus simple que le français.

  • Speaker #0

    Oui, c'est un peu la même problématique dans beaucoup de pays, je crois.

  • Speaker #1

    Voilà. Donc, il y a eu pas mal de manifestations, justement, pour maintenir LV2 comme obligatoire. Oui, parce que tout simplement, c'est qu'ensuite, c'est ce qu'ils disaient, c'est qu'ensuite, à l'université, ils vont avoir besoin, très souvent, on va demander une deuxième langue obligatoire. Enfin, outre ta langue maternelle, l'anglais et une autre langue. Donc, si tu ne l'as pas choisi au collège ou au lycée, ça va coincer, en fait. Surtout que les liens entre l'Espagne et la France sont quand même très forts et que beaucoup d'Espagnols choisissent d'aller étudier en France avec le programme Erasmus et même par facilité, par proximité tout simplement.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu aurais des conseils pour les familles qui, justement, comme toi, ont des enfants qui grandissent avec trois voire quatre langues, pour gérer justement au quotidien ?

  • Speaker #1

    Alors, pour gérer au quotidien, donner de l'espace à toutes les langues. Donc, que ce soit par côté ludique, c'est pour ça que, voilà, comme je disais, nous, en fait, on a fait avec, à travers les festivités. Ça fonctionne bien, donc ça, à travers la cuisine aussi, que passer, pareil, transmettre les recettes. Comme ça, ça permet aussi de raconter son enfance, voilà. Et puis, on ne va pas se mentir, une des choses les plus importantes, c'est de rentrer dans nos pays.

  • Speaker #0

    Eh oui !

  • Speaker #1

    Et passer du temps avec la famille, avec les amis, c'est... voilà. Alors je sais que ce n'est pas toujours facile, ce n'est pas simple, que des fois, enfin même moi, des fois j'aimerais partir ailleurs en vacances que de rentrer en France voir ma famille. Alors je suis très heureuse d'aller voir ma famille, mais c'est vrai qu'on privilégie aller en Angleterre, aller en France et aller en Italie pour maintenir en fait le niveau des langues. Parce que c'est là où ils progressent le plus. C'est-à-dire quand ils sont au contact avec la famille qui ne parle qu'anglais, qui ne parle que français. Enfin, voilà. Ils font des bons énormes.

  • Speaker #0

    Oui, mais en plus, comme tu dis, rentrer, c'est très bien, mais on a du mal à partir ailleurs. Et vous, vous avez trois pays, entre guillemets, que vous voulez voir régulièrement. Donc, ça réduit vite les autres possibilités.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Alors, pour finir, est-ce que tu as une ou plusieurs anecdotes ? de tes filles et de leur bilinguisme ?

  • Speaker #1

    Oui, alors, justement, puisqu'on a parlé, on s'est un peu focalisé sur l'aîné, justement, il y a deux, trois semaines, j'étais dans un magasin de mode flamenco, que nous sommes en Andalousie, et il y avait une festivité à Grenade, très importante, très suivie, il y avait beaucoup, beaucoup de touristes francophones. C'était la période des vacances en France et ailleurs, donc il y avait beaucoup de touristes. Et j'étais dans un magasin avec ma fille en train d'acheter des accessoires. Et en fait, une dame s'approche de nous et elle nous dit « ben voilà, je vous ai entendues, vous parliez français. Enfin, j'aimerais demander des conseils, mais je ne sais pas comment faire. Je ne parle pas espagnol. » Et en fait, là, ma fille, tout de suite... C'était une dame qui avait plus de 55 ans. Oui, facilement plus de 55 ans. Et ma fille, ah mais pas de problème, allez viens avec moi, je vais t'aider. Moi je suis la chérie. Mais quoi maman ? Ma chérie, tu sais qu'il faudrait utiliser vous. Ah oui, et donc elle dit à la dame, pardon, excuse-moi. Non, non, non, excusez-moi. Alors la dame s'est mise à rire. Et donc moi je me suis sentie obligée de justifier, de dire, vous comprenez, nous habitons à Grenoble. Ma fille n'a jamais vécu dans un pays francophone. En Andalousie, on tutoie, même les adultes, même les enfants, il y a cette facilité. Alors oui, des anciennes générations, mais très anciennes, mais sinon on tutoie. Donc elle était en train de tutoyer la vendeuse. Avec moi, bien évidemment, elle me tutoie. Donc c'était dans un contexte un petit peu étrange pour elle. Et la dame me dit « pas de problème, aucun souci, au contraire » . Donc c'est vrai que nous, des fois, en tant que parents, on constate certaines choses et on se dit « oh là là, mais elle va être mal jugée » . Mais en fait, non, on ne peut pas non plus toujours mettre cette pression sur nos enfants par rapport à ça. On oublie aussi que, déjà, le contexte où ils évoluent. Et puis ensuite, les influences, parce que bien évidemment, il y a des influences. Et ces influences, c'est tous les jours dans certains mots. Par exemple, avec ma petite, dernièrement, elle va dire, en parlant d'un homme en français, « Ah, elle, elle, elle, elle. » Parce qu'en espagnol, « elle » ,

  • Speaker #0

    « elle » , « elle » , « elle » ,

  • Speaker #1

    « elle » . Et alors là, je dis, « Non, ma chérie, mais maman, mais ce n'est pas logique. » Non, mais parce que ça s'écrit. Oui, mais non, c'est pas logique parce que ça se prononce pareil en français. Oui, mais bon. Voilà, donc ça, voilà. Deux anecdotes qui me sont venues là comme ça à l'esprit par rapport à ces petites différences.

  • Speaker #0

    Mais tu illustres bien les différences franco-espagnoles, j'ai envie de dire.

  • Speaker #1

    Oui, oui, ça. Et puis même parfois l'anglais. Des fois, il y a un petit mot, la place des mots. fois.

  • Speaker #0

    Eh oui.

  • Speaker #1

    Donc, la dernière fois, il y avait justement la grande, elle me dit, non mais maman, excuse-moi, mais des fois, vraiment, le français, c'est compliqué, parce que quand tu penses qu'il y a certains adjectifs qu'il faut les placer toujours avant, alors qu'en anglais, sur ça, il n'y a pas...

  • Speaker #0

    Eh oui, c'est qu'on oubliait tout ça. Eh bien, je te dis merci pour ton témoignage très instructif, très intéressant. Je suis sûre que ça va intéresser beaucoup de gens qui vont écouter, qui cherchent justement comment transmettre plusieurs langues et pas seulement deux, puisque c'est encore une autre situation.

  • Speaker #1

    Merci à toi Audrey pour m'avoir donné cet espace sur un sujet qui est très intéressant, qui parfois fait encore peur, qui parfois est difficile à expliquer aussi. Je pense qu'on sait... Par rapport à nos familles, c'est toujours un peu compliqué des fois de devoir expliquer certaines choses à nos familles, même à nos amis, enfin les personnes qui ne vivent pas en fait ce quotidien, parce qu'on rencontre beaucoup de difficultés. Alors on sait très bien qu'ensuite, c'est une richesse, c'est vraiment une richesse linguistique, richesse culturelle, voilà, mais c'est vrai que ça demande aussi un effort, et des fois on peut être démotivé.

  • Speaker #0

    Tu as tout résumé en deux ou trois phrases. Eh bien merci et au revoir.

  • Speaker #1

    Merci Audrey.

  • Speaker #0

    J'espère que cet épisode vous a plu et je vous donne rendez-vous bientôt pour un nouvel épisode. N'hésitez pas à me partager en commentaire vos impressions et vos questions. À bientôt !

Share

Embed

You may also like