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13ème mois - Ressources Humaines, Carrière & Management -

Épisode#35 - La Diversité ou l'art de créer des équipes diverses ! - Avec Julie Dang Tran - Directrice Générale Episaveurs -

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52min |17/05/2024
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Description

Quand une équipe basée sur la diversité rend sa Manager encore meilleure.


Dans ce nouvel épisode, nous plongeons au cœur de la diversité en entreprise avec Julie Dang Tran, Directrice Générale d'Episaveurs.

Avec son parcours impressionnant, de Philips à Pomona, en passant par HP et Manutan, Julie partage avec nous son expérience unique de management d'équipes internationales et multiculturelles.


Découvrez comment son passage aux États-Unis a radicalement changé sa perception du travail en équipe et l'importance de l'ouverture d'esprit.


Julie nous explique comment la diversité est une richesse et un atout stratégique pour les ressources humaines, favorisant l'innovation et la performance.

Ne manquez pas ce témoignage inspirant pour tout professionnel des ressources humaines qui souhaite connaitre la vision d'une personne occupant des fonctions de Direction Générale au sujet de la diversité.


Et comme d'habitude c'est concret et sans langue de bois.


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Bonne écoute ! 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    C'est parti là. Ça tourne. On y est.

  • Speaker #1

    Bon enregistrement.

  • Speaker #0

    Merci Morgane. A plus. Alors moi je prends ça et au cas où. Allez, on est parti. Bonjour Julie.

  • Speaker #1

    Bonjour Flaubert.

  • Speaker #0

    Dans le dernier épisode de ce podcast, Louis Vareil, le réuniologue qui soigne la réunionite, m'a conseillé deux invités. Et dans ces deux invités, il y avait toi, Julie. Je suis allé regarder ton parcours, je t'ai contacté et on a réussi à caler l'enregistrement comme ça, assez simplement. Et quand je t'ai contacté et que nous avons échangé, je t'ai demandé, comme je le fais avec tous mes invités, de quel sujet tu avais envie de parler. Alors parfois c'est compliqué, certains invités hésitent entre différents sujets, il faut proposer, itérer, choisir. Mais toi tout de suite, tu m'as parlé de la diversité. Comme ça, naturellement, et j'ai senti que c'était un sujet qui te tenait. Vraiment à cœur, et surtout, j'ai senti que ce sujet faisait partie intégrante de ton parcours. D'ailleurs, j'ai retrouvé une interview de toi dans laquelle tu en parles et c'était déjà en 2021. Au passage, dans cette interview, tu dis quelque chose qui me parle particulièrement. Tu dis les opportunités, elles se créent. C'est nous qui les créons et qui les trouvons. Il ne faut pas attendre que ça tombe tout cuit J'aime vraiment, vraiment beaucoup cette phrase et je pense qu'elle dit beaucoup de toi, Julie, car évidemment tu n'as pas fait le formidable parcours que tu as réalisé, comme ça, en attendant que ça tombe tout cuit. Tu vas nous expliquer tout ça Julie, en commençant par nous dire qui es-tu Julie Dangtran ?

  • Speaker #1

    Eh bien je suis Julie Dangtran, j'ai 48 ans, j'ai trois enfants et je suis aujourd'hui directrice de la branchée Pissaveur au sein du groupe Pomona. D'accord. Ça fait donc trois ans à peu près que j'ai rejoint ce groupe-là. J'ai un parcours... Alors en fait j'ai grandi dans une petite ville de province. Qui s'appelle ? Oui, ils ont eu leur heure de gloire d'ailleurs.

  • Speaker #0

    Exactement, tout à fait.

  • Speaker #1

    Et ne sachant pas trop ce que je voulais faire en sortant de mon bac, j'ai fait une prépa et une école de commerce. Ok. Et très vite, j'ai eu envie d'international, de partir, etc. Donc j'ai fait un échange en Australie pour finir ma scolarité.

  • Speaker #0

    Où ça, en Australie ?

  • Speaker #1

    À Sydney.

  • Speaker #0

    Ok, pas mal.

  • Speaker #1

    Et j'ai démarré mon parcours professionnel en tant que commercial terrain. Alors que je rêvais de faire du marketing, mais j'ai écouté les conseils d'un intervenant que j'ai rencontré à la fin de mon cursus. qui était directeur commercial et qui me disait Si vous voulez faire du bon marketing, il faut comprendre comment les magasins fonctionnent.

  • Speaker #0

    Donc il faut commencer, aller sur le commercial pour ensuite...

  • Speaker #1

    Il faut comprendre comment les gens achètent en magasin, pour pouvoir savoir comment leur parler. Il faut savoir comment un chef de rayon se réfléchit et se comporte pour pouvoir lui donner les bons outils.

  • Speaker #0

    Plutôt bon conseil à la base. On peut dire que ça a du sens en tous les cas.

  • Speaker #1

    Sur le moment, je l'ai fait un peu à contre-coeur, pour être tout à fait honnête. Et en fait, c'est certainement la meilleure décision que j'ai prise pour démarrer, parce que je ne l'aurais jamais fait sinon, après coup. Et j'ai énormément appris pendant ces deux années sur le terrain. Ça m'a donné en fait un bagage très opérationnel, très concret, qui est en moi en fait aujourd'hui et que j'ai jamais perdu et qui continue de me servir en fait. Ok. Donc voilà, mais ça illustre aussi un peu toujours la façon que j'ai eu d'avancer. J'ai toujours beaucoup écouté les conseils. Surtout quand ils viennent de personnes qui ont de l'expérience. Et ça m'a permis de me forger un peu mes opinions et de prendre mes décisions aussi, quand il y a eu des décisions à prendre.

  • Speaker #0

    Et juste petite question, là on fait une école de commerce, et puis après il y a quelqu'un qui nous dit, allez, il faut faire du commercial. Le petit gap là de se dire Oh là là, je vais avoir ma voiture et faire du commercial C'est ça aussi qui est un peu compliqué De franchir le cap ou pas du tout ?

  • Speaker #1

    Non, c'est pas ça C'est qu'en fait, j'avais fait des stages En commerce, en marketing Notamment, j'avais fait un stage chez L'Oréal En tant qu'assessante chef de produit Sur la marque Neutralia chez Garnier Et j'avais beaucoup aimé faire ça Et je m'étais dit, c'est ça que je veux faire Et donc du coup, en sortant de l'école, je me suis dit Moi, je veux être chef de produit chez L'Oréal C'était un peu... Et de se dire, on va falloir que j'attende un peu et faire autre chose en attendant pour se construire un bagage, on n'a pas l'impression d'avoir besoin de passer par là forcément. Donc c'est plus ça en fait, je pense.

  • Speaker #0

    Ok. Ok, et donc ensuite ?

  • Speaker #1

    Je n'ai jamais été chef de produit chez L'Oréal D'accord

  • Speaker #0

    Comme quoi, on peut avoir des envies, des rêves puis après la vie nous amène ailleurs Exactement

  • Speaker #1

    J'ai passé trois ans chez Philips donc deux ans sur le terrain et un an au siège au marketing D'accord Et au bout de trois ans, j'ai eu la possibilité de rentrer chez HP en tant que chef de produit sur les scanners et les appareils photonumériques HP, c'était une entreprise dans laquelle j'avais fait un stage Et ça reboucle avec la phrase sur l'opportunité que vous avez citée tout à l'heure. Parce qu'en fait, c'est l'enchaînement d'événements qui fait que cette opportunité s'est présentée à moi. Parce que pendant mon stage, j'avais été appréciée pour mon travail de stagiaire. Et que le jour où je recroise mon maître de stage sur un événement, Il se dit, tiens, on a un poste, est-ce que tu voudrais postuler ? Et donc c'est ce qui s'est passé, j'ai postulé et j'ai été prise pour ce poste. Ce que je ne savais pas, c'est que j'allais rester chez HP 17 ans, en y rentrant en 2000. Alors en 17 ans, j'ai fait plein de missions différentes et j'ai eu pas mal de postes différents. J'ai passé les six premières années en France, sur un périmètre franco-français, chef de produit, responsable marketing. Et puis, après la naissance de mon premier enfant, j'avais envie de bouger. Et j'ai eu deux opportunités, et il y en a une qui me paraissait être... plus enrichissante que l'autre, c'était de partir aux Etats-Unis sur un poste de chef de produit à la division au niveau worldwide. Et donc on a déménagé avec mon mari et mon fils en Californie. On y sera resté deux ans, mais ça a été quelque part pour moi, c'est un événement charnière de ma carrière parce que c'est à ce moment-là que s'est introduit un peu le thème de la diversité, mais C'est à ce moment-là aussi que je me suis rendue compte que la variété des façons de penser et l'ouverture et l'agilité des Américains permettait de faire énormément de choses. Et moi, ça m'a décomplexée sur pas mal de choses en fait, en entreprise.

  • Speaker #0

    C'est la mentalité là-bas qui t'a fait t'ouvrir et ouvrir les yeux sur le sujet et en tout cas commencer à le toucher du doigt.

  • Speaker #1

    Oui, conscientiser un peu. Un peu la force des biais qu'on peut avoir quand on est tous dans le même système en fait.

  • Speaker #0

    Oui, du même moule et oui.

  • Speaker #1

    Et donc quand on sort du système, du coup on change complètement d'ongle de vue et ça vous donne des perspectives et ça permet de comprendre un certain nombre de choses. Et à ce moment-là, je me souviens, je disais, mais en fait, quand on travaille dans une entreprise... Il faut changer d'angle de perspective, d'angle de vision. Il faut bouger pour comprendre et pour développer l'empathie aussi avec les gens avec lesquels on travaille et qui sont dans une autre position. Et typiquement, quand on est dans un pays, dans une entreprise comme HP qui est une très grande entreprise avec beaucoup de monde et beaucoup de niveaux d'organisation, de passer d'une organisation pays... à une organisation mondiale. Il y avait l'Europe entre les deux. Et moi, j'ai fait les trois, en fait. J'ai fait d'abord le pays, puis le global, et ensuite je suis revenue au niveau européen.

  • Speaker #0

    OK.

  • Speaker #1

    Du coup, ça permet de comprendre comment certaines décisions sont prises au niveau global. Quand on est dans le pays, on ne comprend pas forcément. On se dit, mais pourquoi est-ce qu'ils ont fait ça comme ça ? Et à l'inverse, quand on est au niveau global, si on ne comprend pas ce qui se passe dans les pays, en fait... On peut sur-simplifier certains sujets.

  • Speaker #0

    Oui, c'est sûr que cette hauteur donne une vision différente. Alors, on continue juste ton parcours, donc HP, Californie, et puis ensuite...

  • Speaker #1

    Ensuite Genève.

  • Speaker #0

    Genève, d'accord.

  • Speaker #1

    Quatre ans à Genève, sur des postes européens, trade marketing, catégorie management et vente.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Et puis en 2011, je reboucle la boucle en fait, et je reviens à Paris, toujours pour HP. En tant que directrice de la catégorie impression.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    J'ai toujours travaillé sur les familles de produits plutôt grand public et plutôt retail, consumer et retail en fait.

  • Speaker #0

    Ok. Voilà. Et après Manutent ?

  • Speaker #1

    Oui. Après Manutent, j'ai eu en fait la chance de rencontrer des gens qui... En fait, on pensait à moi pour un poste de direction générale dans une ETI française, alors que j'avais un parcours de 20 ans dans des grandes entreprises plutôt anglo-saxonnes, et que je n'avais pas eu d'expérience de direction générale. Mais voilà, j'ai eu la chance de tomber sur des gens qui se sont dit, en fait, il y a un match et de compétences et de valeurs. qui pourrait faire que ça va marcher.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Et donc je suis rentrée chez Manutan en tant que directrice générale de la filiale française, qui est la filiale historique de Manutan, puisque c'est construit en France. Et je suis restée cinq ans chez Manutan.

  • Speaker #0

    Manutan, comme ça, quelques...

  • Speaker #1

    C'est un distributeur, donc c'est une ETI française. Alors à l'époque où j'y étais, parce que je...

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    C'était 800 millions d'euros de chiffre d'affaires, le groupe, 2200 collaborateurs, présents dans 17 pays, avec je crois que c'était 24 filiales. Et une vraie particularité d'être un distributeur B2B, mais très fort en e-commerce, donc un vrai e-commerceur B2B, sur tout ce qui est équipement de l'entreprise.

  • Speaker #0

    Ok. Et puis ensuite ?

  • Speaker #1

    Et puis depuis fin 2021, je suis chez Pomona, qui est un distributeur. de produits alimentaires. Un grossiste, en fait, Pomona se définit comme un grossiste à service complet, pour les métiers de bouche essentiellement. donc la restauration, mais aussi certains commerces de proximité. C'est un groupe français aussi, qui est présent essentiellement en France et un petit peu en Espagne, qui se développe bien en Espagne par ailleurs, et qui représente 12 000 collaborateurs et 5,3 milliards d'euros de chiffre d'affaires. Et ça reste une entreprise familiale.

  • Speaker #0

    Belle boutique.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Très belle boutique.

  • Speaker #1

    Et moi je m'occupe d'épisaveur. C'est la branche qui commercialise les produits d'épicerie, la boisson et le non alimentaire. D'accord. En fait, le point commun de tous ces produits, c'est qu'ils se stockent et qu'ils se livrent à température ambiante. Et donc, mes clients, c'est la restauration. Que ce soit la restauration commerciale ou la restauration collective, avec tout type de restauration dès qu'on mange en dehors de chez soi.

  • Speaker #0

    Ça représente quoi en nombre de personnes ?

  • Speaker #1

    La branche, on est 1500. On a 9 directions régionales. Et on a 42 000 clients.

  • Speaker #0

    Pas mal. Je refais juste la petite histoire quand tu as commencé à parler de ton parcours. La petite Njortese qui est partie en Australie, qui a parcouru le monde, Etats-Unis, Genève, revenu en France, félicitations parce que c'est un vrai beau parcours aujourd'hui, fonction de direction générale. Et je reprends ce que je disais dans l'introduction, les opportunités se créent, tu disais j'ai eu la chance de, oui, la chance certainement provoquée, travaillée, c'est le fruit aussi de tout ce travail, donc bravo à toi.

  • Speaker #1

    C'est gentil, mais en fait, je n'explique pas trop mon parcours autrement que par le fait d'avoir suivi mes intuitions, mes envies et d'avoir suivi ma curiosité. Donc, je n'avais pas de plan. de carrière ?

  • Speaker #0

    Alors, c'est marrant ce que tu dis, parce que là aujourd'hui, on enregistre cet épisode, j'ai déjà pas mal de personnes qui sont passées dans ce podcast, et l'intuition est quelque chose qui est revenue régulièrement. Écouter son intuition, c'est un des conseils, à la fin, je vais te demander de donner un ou deux conseils à des personnes qui souhaiteraient évoluer et exceller dans les RH. J'ai sorti un petit book avec les 30 premiers conseils, et il y a Un point qui revient de temps en temps justement sur l'intuition, savoir écouter ses intuitions. On prend souvent des décisions très normées, on prend des paramètres très factuels, mais il y a quand même cette intuition et c'est marrant que tu en parles comme ça. Elle t'a vraiment aidé cette intuition dans ton parcours ?

  • Speaker #1

    Oui indéniablement parce qu'en fait j'ai souvent pris des décisions. Alors évidemment il y a le côté rationnel. Quand on est parti aux Etats-Unis, je me souviens avec mon mari on s'était assis. On avait fait les pours, les contres, on avait fait deux colonnes. A chaque fois que j'ai changé de job, j'ai fait ça. Mais en fait, au bout du compte, c'est avec qui je vais travailler. Est-ce que cette personne m'inspire ? Comment je le sens en fait ? Et au final, c'est ça qui va faire la différence quand le pour et le contre est à peu près équivalent.

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr. Il y a cette petite voix au fond de soi, ce petit truc qu'on sent ou qu'on ne sent pas. Et il faut savoir, et je trouve qu'on apprend avec le temps à écouter tout ça aussi. Plus on avance... en âge, plus on commence à se dire tiens, il y a un truc là qui me parle ou pas et c'est important de le suivre alors je reviens sur ce que tu disais quand tu parlais justement de la Californie les Etats-Unis si je dis ce que j'ai peut-être cru comprendre, entendre dans ce que tu disais en disant alors c'est peut-être un peu résumé mais déjà quand tu quittes ton environnement classique, on va dire, enfin natal, tes repères, etc., que t'arrives dans un pays qui n'est pas le tien, est-ce que c'est déjà une façon de t'ouvrir obligatoirement au sujet de la diversité ?

  • Speaker #1

    Complètement.

  • Speaker #0

    Ça, tu l'as vécu vraiment en disant, bah tiens, je suis plus, je suis hors de mes bases, waouh, là je m'ouvre.

  • Speaker #1

    Oui, mais en fait, c'est marrant parce que je l'ai conscientisé assez tard, ça, chez moi. Mais je me rends compte que j'ai toujours été attirée par des gens qui n'étaient pas comme moi. J'ai toujours été attirée par les choses que je ne connaissais pas. Et donc le fait d'arriver dans un pays, je pense que c'est pour ça que j'ai toujours aimé voyager, j'ai toujours adoré voyager. Je voyage beaucoup moins parce que j'ai de plus en plus de mal à prendre l'avion.

  • Speaker #0

    Ok, ça c'est quoi, des peurs, des peurs c'est ça ? Pas du tout,

  • Speaker #1

    c'est l'empreinte carbone simplement.

  • Speaker #0

    Ok, d'accord.

  • Speaker #1

    Mais… Mais on ne se posait pas ces questions-là. Et moi, j'adorais arriver dans un endroit et en fait, en découvrir les codes de cet endroit, essayer de trouver mon chemin. C'est de plus en plus facile avec tous les moyens qu'on a, mais quand j'ai voyagé, quand j'avais 18 ans et que je voyageais, on n'était pas connectés, il fallait tout découvrir sur place. Oui,

  • Speaker #0

    ça c'est sûr.

  • Speaker #1

    Et ça, ça m'a toujours intéressée, et j'ai toujours aimé aller au contact de personnes qui ont des avis différents de moi. J'aime être confrontée en fait à cette... à cette difficulté-là de pouvoir essayer de trouver un accord quand il n'y en a pas au début, en fait.

  • Speaker #0

    Et ça, si je remets là dans le contexte de toi, sur une fonction de direction générale... T'as un comité de direction, comex, enfin quelque chose, une instance qui t'aide à décider, avec Louis qui peut vous accompagner d'ailleurs dans vos modes de décision et vos réunions. Ça c'est quelque chose que tu mets en application, c'est-à-dire, ah bah tiens, il y a des gens différents autour de la table, et j'aime bien quand on n'a pas tous le même avis, et que même on va challenger un peu ce que je peux moi penser ou avoir en tête. C'est important.

  • Speaker #1

    C'est important, moi je pense que c'est très important Et en fait, naturellement, je vais chercher des gens qui sont différents pour constituer une équipe Parfois j'ai des idées un peu créatives sur des profils ou des candidats potentiels pour certains postes Je peux un peu surprendre parfois par mes choix ou mes propositions on va dire Mais ça apporte énormément Et en fait, la chose peut-être qui est la plus difficile à... à mettre en œuvre dans ces cas-là, c'est de faire en sorte que tout le monde s'ouvre à cette diversité. Et que tout le monde soit... à l'aise avec la divergence des points de vue. C'est pas forcément facile en fait. On n'est pas d'accord. Non mais c'est bien, on n'est pas d'accord. C'est super en fait qu'on ne soit pas d'accord. Parce que si on arrive à s'écouter et à s'enrichir mutuellement, alors à la fin, on sera chacun plus intelligent, on aura appris des choses. Et s'il y a une décision à prendre, potentiellement la décision sera meilleure. Parce qu'en fait, on aura pensé à plus de choses.

  • Speaker #0

    Oui, elle aura été challengée, passée au TAMI. Oui. Alors, c'est intéressant ce que tu dis, parce que tu dis naturellement, mais en fait, c'est pas super naturel. Les bons nombres de managers, naturellement, vont pas toujours avoir envie d'avoir des gens en face, et d'un qui pensent pas comme eux, et d'eux qui les challengent. Et puis si je fais le lien avec le métier que nous on fait au quotidien sur le recrutement, c'est vrai qu'on entend beaucoup parler de, oui, on veut des profils différents, sauf que souvent, le briefing qu'on a de la part... des entreprises, c'est bon bah moi, voilà ce que je veux, et on est un peu une photocopieuse, quoi. Ils nous voient absolument le profil comme si, après, charge à nous d'arriver à amener des profils un peu différents et souvent, on en met deux qui correspondent puis un qui ne correspond pas et parfois, c'est celui-là qui est retenu, mais tout ça pour dire que c'est à la base pas très naturel. Alors que pour toi, tu dis oui, naturellement, moi j'aime bien ça.

  • Speaker #1

    Ça ne veut pas dire que je n'ai pas de biais inconscient, comme tout le monde a en fait. Mais c'est vrai que naturellement, on a tendance à recruter des gens qui nous ressemblent. Parce que c'est plus confortable en fait. C'est beaucoup plus rassurant.

  • Speaker #0

    C'est plus rassurant, exactement.

  • Speaker #1

    On a en face de soi quelqu'un qui réagit pareil, on se comprend tout de suite. Donc voilà, c'est simple en fait. Et on a l'impression de prendre moins de risques en recrutant des gens qui nous ressemblent. Sauf qu'en fait, si on recrute que des gens qui nous ressemblent... à la fin du compte, on ne discute plus parce qu'on est d'accord sur tout et puis on s'appauvrit en fait donc voilà je pense que c'est important et quand j'ai tendance parce que j'ai les mêmes biais que tout le monde en fait si je vois quelqu'un avec qui je clique tout de suite, forcément je me dis c'est bon en fait oui,

  • Speaker #0

    on va bosser ensemble,

  • Speaker #1

    ça va être simple mais il faut faire ce petit pas de côté se dire bon, est-ce que vraiment c'est suffisant et surtout voir toujours par rapport à l'ensemble de l'équipe, quel apport ça va être pour les autres ? Et de voir la complémentarité des profils, en fait, dans une équipe, pour que l'équipe soit riche.

  • Speaker #0

    Alors, justement, si on se dit... Déjà, c'est quoi pour toi la diversité ? C'est quoi comme ça, toi, la définition que tu donnerais de la diversité ? Parce que chacun peut avoir sa définition, mais concrètement, dans ce que tu vois et ce que tu vis au quotidien, tu nous dirais quoi ?

  • Speaker #1

    Pour moi, en fait, la diversité dans une équipe, la diversité humaine, ça va être d'avoir des profils qui sont différents, mais à partir de là, Selon plein de critères différents, ça peut être la diversité d'éducation culturelle, d'origine, de sexe évidemment, mais d'ethnie, de personnalité, introvertie, extravertie. Donc en fait, ça touche à plein de choses différentes. Et c'est la diversité de tous ces critères-là qui va faire qu'on va avoir une équipe complète.

  • Speaker #0

    D'accord. Et c'est important, on pourrait se dire, pourquoi la diversité est nécessaire ? Pour ce que tu disais avant aussi, sur le côté moi ça va me challenger et puis on va pas aller toujours dans la même direction et puis on va passer au tamis des décisions c'est ça ?

  • Speaker #1

    Oui, en fait, à cette question j'ai envie de parler en réponse j'ai envie de parler d'intelligence collective parce que On demande à une équipe d'être collectivement performant. On demande de la performance individuelle, évidemment.

  • Speaker #0

    Pour servir le collectif.

  • Speaker #1

    Mais on demande aussi, moi je crois beaucoup à la force du collectif, dans l'entreprise en particulier, puisqu'en fait, chacun va avoir son domaine d'expertise. Mais ce domaine d'expertise, il n'est rien sans la complémentarité des autres domaines d'expertise. Mais si chacun travaille dans son silo, ça ne peut pas fonctionner. Surtout aujourd'hui, où finalement tous les métiers sont liés, avec la techno qui relie tous les métiers et qui a la croisée des chemins, et où en fait on est tout le temps obligé de faire travailler des équipes en mode projet. Et donc, pour avoir une équipe où l'intelligence collective opère, il est clé d'avoir une complémentarité de compétences, de mon point de vue. Et pour ça, il faut avoir de la diversité. Parce que si vous mettez ensemble que des ingénieurs très rationnels, ils vont oublier toute la partie... Donc ça, c'est de la complémentarité cognitive. En fait, ils vont peut-être oublier une partie plus soft et à l'inverse. Si on n'a pas les techniciens, on ne va pas réussir à amener le projet, surtout si c'est un projet un peu technique. Donc, moi je pense que, et d'ailleurs, j'avais été très inspirée par une conférence que j'avais vue par Émile Servan-Schreiber, qui a écrit un bouquin qui s'appelle Super Collectif, où en fait il parle de tous ces sujets-là. Il démontre en fait que l'intelligence d'une équipe, c'est pas la somme des intelligences de chacun. Mais c'est la complémentarité des profils qui sont dans cette équipe-là. Et plus il y a de diversité dans une équipe, plus l'équipe est intelligente.

  • Speaker #0

    J'aime bien ça. Oui, ce n'est pas la somme des intelligences individuelles. Non. Surtout pas.

  • Speaker #1

    Pas du tout.

  • Speaker #0

    C'est pas mal ça

  • Speaker #1

    J'aime beaucoup Mais c'est un peu comme dans une équipe de sport en fait Je sais pas, je suis pas très foot

  • Speaker #0

    Moi je suis très foot On peut y aller

  • Speaker #1

    Moi je suis pas très foot justement

  • Speaker #0

    Ce que je pourrais dire par rapport à ça C'est que moi je dis souvent T'as pas 11 Zinedine Zidane dans une équipe T'as des grands, des petits, des rapides, des plus lents, des techniques, des techniques, des... Voilà, c'est un peu ça aussi quoi en fait.

  • Speaker #1

    Mais tu peux avoir un très bon dans une équipe de foot. qui pourrait faire gagner toute l'équipe, mais s'il n'a pas le bon état d'esprit et s'il peut aussi détruire le collectif, en fait. Parce que par son attitude, par son égo...

  • Speaker #0

    Je suis sûr qu'il y en a plein qui ont des noms en tête de joueurs de foot qui sont très bons et qui peuvent détruire un collectif. Je ne vais pas y aller, mais...

  • Speaker #1

    Dans le sport, ça se voit. Mais en fait, on peut faire un parallèle entre une équipe de sport et une équipe en entreprise. C'est la même chose, en fait.

  • Speaker #0

    Évidemment. Et comment les bons... servent également le collectif. Et le bon tout seul, il n'y arrive pas. Il a aussi besoin des autres qui sont peut-être moins bons. Donc ça, c'est très intéressant. Et si je pousse et que je dis, mets donc ton rôle, toi, le rôle de la CEO qui fait jouer... En fait, c'est de faire jouer tout ce petit monde ensemble et de faire que l'ingénieur travaille avec celui qui est... pas vraiment ingénieur et peut-être pas très cartésien, mais qui va être, tiens, si on en vient un peu plus à ce qu'on disait tout à l'heure, peut-être un peu plus intuitif, et que tout ce petit monde travaille ensemble et arrive à s'élever ensemble et à délivrer une performance collective de qualité. Et c'est ça ton job à toi au final.

  • Speaker #1

    Ah oui, complètement. Déjà, c'est de constituer la bonne équipe, comme un coach sportif, si on continue le parallèle. Et ensuite, de l'animer et de faire en sorte qu'elle délivre le meilleur d'elle-même, en ayant la meilleure collaboration possible. Et comme quand on a des... des profils qui sont différents. Parfois, ils peuvent avoir du mal à communiquer. C'est vrai que le rôle du manager, c'est de mettre du liant, de mettre de l'huile dans les rouages. De dire, mais attends, est-ce que tu as pensé à ça ? Est-ce que tu as parlé avec... Parce qu'on en a parlé hier et il m'a dit ça, donc peut-être que... Et donc de faire en sorte que les deux se parlent et se complètent. Mais après, il y a aussi l'animation dans les... Quand on a des décisions à prendre, de faire en sorte que tout le monde s'exprime. Que tout le monde puisse donner son avis. Et que, typiquement, dans une équipe, on a des extravertis et des introvertis. Faire en sorte qu'il n'y ait pas que les extravertis qui parlent, en fait. Et qu'on donne la parole aux introvertis, leur disant Est-ce que tu as quelque chose à dire ? Non, mais j'ai besoin d'y réfléchir. Et donc, dire Ok, je vais te laisser un peu de temps pour réfléchir.

  • Speaker #0

    Ce que tu as ainsi fait ? Et que là, on en revient aussi à la diversité, mais dans ta façon de procéder, toi, tu as besoin de ce temps-là pour apporter quelque chose à l'équipe. Et là, le rôle de la CEO, c'est de dire Ok, je vais faire pour qu'il soit en condition de réfléchir au truc et de nous apporter quelque chose. Mais c'est là où c'est complexe quand même de gérer une équipe qui est dans cette diversité-là.

  • Speaker #1

    Moi je trouve pas ça complexe, je trouve ça passionnant en fait. Parce que, au contraire, ça oblige à se poser des questions et ça oblige à être meilleur en fait.

  • Speaker #0

    Ça challenge.

  • Speaker #1

    Ça challenge, ça challenge énormément, mais pour faire progresser tout le monde en fait. Donc moi je trouve ça passionnant j'ai pas d'autres mots

  • Speaker #0

    Non mais c'est intéressant d'avoir justement et c'est pour ça que je voulais faire cet épisode ta vision toi qui es sur des fonctions de direction générale t'as travaillé à l'international etc de ce sujet de la diversité parce que alors tu comprends que parfois C'est un sujet qui peut un peu cliver. Parfois, on entend parler diversité, on se dit, allez, encore une couche de RH washing, et on va nous mettre des trucs de bien-pensance, etc. Ça te parle, ça ?

  • Speaker #1

    Oui, complètement. Mais je trouve que ça, c'est quand... On tombe dans les clichés en fait. Et que... Alors malheureusement, et c'est souvent le cas quand on défend une cause, on peut tomber dans des extrêmes ou dans des stéréotypes. Et du coup quand on tombe là-dedans, du coup forcément ce n'est pas ce que tu viens de décrire en fait. C'est super dommage parce qu'au contraire, je trouve que la diversité, enfin, accueillir la diversité, c'est au contraire faire preuve de tolérance, être tout le temps sans jugement pour quelque chose qui ne nous ressemble pas en fait.

  • Speaker #0

    C'est dur. Alors, j'allais dire, oui, à la base, l'autre, l'altérité peut faire peur.

  • Speaker #1

    Je me rends compte que pour beaucoup de personnes, c'est dur, effectivement. Moi, je ne suis pas construite comme ça, mais c'est vrai que pour beaucoup de personnes, c'est dur. Et encore une fois, je pense que c'est surtout parce que ça fait peur. C'est surtout parce que ça met mal à l'aise et qu'on ne sait pas comment forcément réagir. Et donc, du coup, c'est plus facile de juger. Mais on n'a pas parlé de handicap encore.

  • Speaker #0

    Oui, mais allons-y.

  • Speaker #1

    Mais le handicap, c'est une forme de... Voilà. Oui. C'est ce qui me vient quand on parle de ça, parce qu'on est mal à l'aise, en fait. Et du coup, on préfère éviter parce que c'est plus facile.

  • Speaker #0

    Je suis bien d'accord avec toi. Et c'est vrai que quand on rencontre une personne en situation de handicap... Et ça m'est encore arrivé il n'y a pas très longtemps pour une opération spéciale. C'est vrai qu'à la base... On ne sait pas comment aborder, on ne sait pas trop quoi dire. Et donc oui, cette démarche, on n'est pas super à l'aise. Alors qu'en fait, il faut aller au-delà de ça.

  • Speaker #1

    Oui, alors c'est sûr que c'est facile de se dire qu'il faudrait se comporter comme ci ou comme ça. Le fait est que quand on est confronté à une situation, ben cette... Oui, ce malaise ou cette incapacité en fait à trouver le bon, il est présent et du coup c'est vrai que c'est pas évident. Mais en fait, c'est des sujets sur lesquels on devrait se décomplexer complètement parce que finalement, ce serait la seule façon de faire en sorte que recruter une personne en situation de handicap, ce soit pas un sujet. En fait, on aimerait que ce soit pas un sujet en réalité. Mais pour ça, il faudrait arriver à se décomplexer sur le sujet. Et pour autant, si on est dans cette situation où on a un CV de quelqu'un qui a une situation de handicap, quelle qu'elle soit, on va se dire, c'est là où les biais arrivent, on va se dire, mais oui, mais ça va être plus difficile de la faire accepter. Il y a plein de barrières qui viennent se mettre et du coup, on va se trouver une excuse pour ne pas faire ce choix. Voilà, je trouve que ça c'est des sujets intéressants et en entreprise, d'avoir ce type de diversité, c'est pourtant extrêmement positif.

  • Speaker #0

    Tu as plusieurs reprises là, tu as prononcé le mot de biais, c'est vrai que c'est quelque chose qui est...

  • Speaker #1

    qui est trop important et qui nous accompagne moi j'adore ce sujet parce qu'en fait c'est juste comme ça qu'on est construit on a chacun sa réalité ta réalité c'est pas la même que la mienne déjà de ce qu'on voit, on voit pas la même chose c'est vrai et donc naturellement, on a chacun on s'est tous construit avec notre histoire avec notre éducation, avec ce qu'on a vécu, ce qu'on a vu ce qu'on a ressenti et Et donc, quand on vit une situation, on la vit la même situation, on ne peut pas la vivre de la même façon. Et donc, on va la juger de façon différente et donc, potentiellement, on va avoir un avis différent, une perception différente. Donc, c'est juste la nature humaine qui est comme ça. Et je trouve que ce qui est super intéressant, c'est d'en prendre conscience.

  • Speaker #0

    Déjà, à la base, oui, d'en prendre conscience.

  • Speaker #1

    Et de réussir à se dire, moi alors attends, si je réfléchis comme ça, je réagis comme ça, c'est parce que... Et du coup d'apporter plus de conscience dans ses décisions, dans ses choix et dans ses jugements. Donc le sujet du billet, conscient ou inconscient, je trouve qu'il est passionnant, parce qu'il est à la base de toutes nos décisions et de tous nos choix.

  • Speaker #0

    Donc ce que tu nous dis déjà, c'est d'en prendre conscience. Pour déjà se conscientiser le truc et se dire tiens là est-ce que je suis pas un peu en train de partir dans une direction qui est entre le biais la croyance etc et puis un autre conseil que j'ai envie de sortir de ce que tu viens de dire juste avant aussi c'est peut-être un peu d'authenticité aussi en tout cas oui on peut le dire ça comme ça ?

  • Speaker #1

    Ah bah oui complètement ouais Oui Oui, ça c'est sûr. L'authenticité, c'est quand même ce qui va faire qu'on va construire le bon référentiel pour tout le monde, en fait.

  • Speaker #0

    Après, c'est pas toujours simple, cette authenticité, parce qu'on se dit, on sait plus trop ce qu'on peut dire aujourd'hui, ce qu'on n'a pas le droit de dire, comment ça va être interprété, etc. Bon, c'est aussi parfois, bon, c'est aussi ce qui fait qu'on n'ose pas trop y aller.

  • Speaker #1

    Ça peut devenir un peu compliqué aujourd'hui, oui, c'est vrai. C'est vrai qu'on nous demande quand même de réfléchir à plusieurs fois avant de dire qu'il y a des choses qu'on n'a plus le droit de dire, des choses que c'est vrai.

  • Speaker #0

    Donc, il faut faire attention à ça. Je voulais aller sur... j'avais une question à te poser. Je vais aller sur le sujet, mais... Tu es une femme, fonction de direction générale. On sait que c'est pas toujours évident. Si je dis tiens, être une femme dans un monde d'hommes... C'est une réalité pour toi ou pas du tout ? Je pars dans un truc qui n'a pas lieu d'être ? Enfin, dans ton vécu à toi ?

  • Speaker #1

    Tu dis ça parce que j'ai trois garçons ?

  • Speaker #0

    Ah, pas mal ça !

  • Speaker #1

    Déjà à la maison ? Oui. Je suis dans une maison d'hommes. Non mais blague à part, non je vis pas dans un monde d'hommes, c'est un monde dans lequel il y a autant d'hommes que de femmes, en vrai. Oui,

  • Speaker #0

    mais il y a plus de directeurs généraux que de directrices générales.

  • Speaker #1

    C'est vrai. En fait, l'entreprise... est effectivement un univers qui a plutôt été pensé par les hommes et construit par les hommes. Parce que c'est vrai qu'historiquement, c'est surtout les hommes qui ont construit des entreprises et qui ont été à la tête d'entreprises. Et par conséquent, tous les codes de l'entreprise sont plutôt masculins. C'est comme ça.

  • Speaker #0

    C'est historique.

  • Speaker #1

    Donc, c'est vrai que quand on est un peu ambitieux et qu'on a envie d'évoluer et qu'on est une femme, ce qui peut me caractériser, il faut d'une certaine façon se conformer aux codes qui ont été écrits pour l'entreprise. Or, je pense, selon mon expérience, et là j'ai toujours un peu de mal, je prends toujours des pincettes, parce qu'en fait, j'aime pas les stéréotypes, et j'aime pas parler les hommes, les femmes, c'est pas quelque chose avec lequel je suis super à l'aise. Mais, il y a quand même dans mon expérience quelque chose qui me semble être vrai, c'est que, en tout cas c'est vrai pour moi, J'ai des préoccupations qui ne sont pas forcément les mêmes que celles d'un homme, ou celles de mon mari par exemple. Et donc, pour évoluer dans l'entreprise, les concessions qu'on me demande de faire ou qu'on demande de faire sont plus contraignantes pour moi, en tant que femme, que pour un homme. Et notamment le fait de devoir voyager beaucoup, partir tôt le matin, rentrer tard le soir, de passer moins de temps avec les enfants. Je pense que c'est quelque chose qui est intrinsèquement plus difficile pour une femme que pour un homme. Et pour autant, pour progresser dans l'entreprise, ça fait partie des choses qu'il faut faire et que j'ai faites.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Et qui ont été des choix parfaitement assumés. Si j'avais pu faire autrement, j'aurais fait autrement. Après, j'ai eu beaucoup de chance, c'est que j'ai travaillé pendant quasiment 20 ans dans des entreprises anglo-saxonnes où la flexibilité du travail était déjà quelque chose d'acquis.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Donc, j'ai pu aussi ajuster mon organisation personnelle pour quand même être là le soir avec les enfants. Bon, je voyageais beaucoup, mais quand j'étais là, j'arrivais quand même à être à la maison. Après, c'est vrai que quand j'ai travaillé chez Manutent, c'était loin de chez moi et que j'ai été obligée de trouver une organisation personnelle qui faisait que j'avais toute ma liberté professionnelle. Parce que c'est une question de liberté, en fait, d'horaire. Et je ne veux pas focaliser que sur ce côté organisation du temps, mais je pense que c'est une des différences majeures, en fait, qui fait que... certaines femmes se mettent elles-mêmes en fait cette barrière-là et se disent non mais moi en fait je suis pas prête à faire ce compromis j'ai pas envie de sacrifier le temps que j'ai avec mes enfants et donc je ne veux pas prendre un poste à responsabilité plus importante parce que c'est trop en fait de compromis sur ma vie personnelle.

  • Speaker #0

    D'accord. Et après, c'est leur choix aussi, on ne peut pas leur en vouloir, entre guillemets, de faire ce choix-là, ou alors on se dit, c'est dommage, et on essaie de les pousser, on se dit, tiens, mais dans ta vie, qu'est-ce que tu vis pour que tu n'aies pas l'envie de le faire ?

  • Speaker #1

    Moi, je trouve que c'est dommage, parce que je pense qu'on peut être performant dans ce type de poste-là. sans forcément avoir le cadre qui existe depuis je ne sais pas combien d'années sur ce type de poste. Et je pense que ça fait aussi partie de nos responsabilités, les femmes comme moi qui ont ce type de poste, de faire évoluer les codes. Parce qu'on peut très bien prendre un poste à responsabilité, et avoir des enfants, et savoir s'organiser, et atteindre ses objectifs. Parce qu'à la fin du compte, c'est ça qu'on nous demande. Ce qu'on nous demande, c'est d'avoir des résultats, de mener les équipes à la performance, et pas de respecter un cadre horaire. Au contraire même, en fait. Donc je pense que c'est dommage et je pense qu'il faut faire bouger les lignes pour qu'il y ait plus de femmes qui osent et qui s'autorisent en fait. à postuler sur ces postes ?

  • Speaker #0

    On est pleinement dans notre sujet de diversité, parce qu'on est en train de parler d'égalité homme-femme, femme-homme en entreprise. Et moi, ce que je trouve passionnant, c'est de pouvoir échanger avec toi, eu égard à ton parcours, à ta fonction, là aujourd'hui, de directrice générale. Et en effet, c'est inspirant. Et voilà, si ça sert à une. femme qui écoute, qui se dit ben oui, en effet, ça m'inspire, moi je veux y aller, je veux le faire, et je peux faire le reste également, c'est-à-dire, c'est pas parce que je vais prendre une fonction de direction générale que je vais sacrifier mon rôle de maman, de femme, de ce qu'on veut à côté. En revanche, la question que j'ai, c'est un peu, si on le prend de l'autre côté, est-ce que tu as déjà ressenti, à l'inverse, qu'on se dise Ah oui, mais parce que tu as une fonction de direction générale, ça veut dire que tu ne peux pas faire le reste et que donc... Tu sais, ce regard un peu... Oui, donc tu as fait ton choix, donc pour toi c'est la carrière, le métier, et la famille, ça passe après. Tu l'as senti, c'est un peu ce poids sociétal qu'on pourrait avoir en raccourci ?

  • Speaker #1

    Non, pas trop. Je l'ai senti dans l'autre sens.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Au moins une fois.

  • Speaker #0

    Donc dans l'autre sens, ça veut dire...

  • Speaker #1

    Ça veut dire...

  • Speaker #0

    Tu ne peux pas tout faire et il faut vraiment que tu sacrifies et que tu sois entreprise, entreprise. Oui,

  • Speaker #1

    oui. Quand j'ai eu mon troisième enfant, ça a été un cap un peu difficile. Mais après, ça a été aussi une occasion pour moi. de prendre du recul, et c'était au contraire salvateur.

  • Speaker #0

    Ça a eu un sens.

  • Speaker #1

    De toute façon, il faut utiliser tout ce qu'on vit pour apprendre, et se poser les bonnes questions. Et donc, c'est vrai que je crois que, qu'on soit un homme ou qu'on soit une femme, tout au long de son parcours, on se pose la question de savoir où on met le curseur entre sa vie perso, sa vie pro, et les choix qu'on fait. Voilà, moi, je pense que Je pense que j'ai réussi à bien mener les deux, même s'il y a eu des moments où ma vie professionnelle... a eu des effets négatifs sur ma vie personnelle. Et où je sais aujourd'hui, parce que maintenant mon fils est né à 20 ans, donc c'est vrai que le temps a passé, et avec le temps, les choix qu'on fait à un moment prennent une autre dimension. Et je me dis avec le recul, c'est vrai qu'il y a eu des périodes où je n'ai pas vu beaucoup mes enfants. Mais aujourd'hui, quand je vois ce qu'ils sont, je me dis finalement...

  • Speaker #0

    J'ai réussi.

  • Speaker #1

    Ils vont bien.

  • Speaker #0

    J'ai fait le job.

  • Speaker #1

    On n'en est pas encore là, parce qu'ils ne sont pas encore complètement indépendants.

  • Speaker #0

    Le seront-ils un jour ?

  • Speaker #1

    Mais voilà, et je pense que les enfants, ils se construisent aussi en voyant des parents qui sont épanouis.

  • Speaker #0

    Bien sûr.

  • Speaker #1

    et je me dis, j'ai trois garçons, de voir une maman qui a un parcours professionnel riche.

  • Speaker #0

    Et inspirant. Ça donne un modèle.

  • Speaker #1

    Ça donne un modèle qui, je pense, pour des garçons est aussi intéressant. Parce que quand on parle de donner des bons modèles aux filles pour qu'elles se projettent sur des métiers... techniques, sur des métiers d'ingénieur par exemple, ça c'est important, mais c'est aussi important que les garçons en grandissant reçoivent les bons messages aussi.

  • Speaker #0

    Oui, en se disant, maman, directrice générale, elle a sa carrière, etc. C'est aussi un très bon message renvoyé de l'autre côté. Génial, moi j'adore ce genre d'échange, alors on pourrait continuer très longtemps là-dessus. Est-ce qu'il y a d'autres points, d'autres sujets, thématiques ou idées comme ça que tu voudrais partager sur ce sujet diversité ? Comme ça, je me dis, tiens, si on a un DRH, quelqu'un qui se dit, tiens, j'ai envie d'avancer un peu sur ce sujet-là, comme ça, tu aurais un ou deux conseils à lui donner pour commencer ?

  • Speaker #1

    Sur la diversité ?

  • Speaker #0

    C'est un sujet, on ne sait pas toujours par où le prendre.

  • Speaker #1

    Non, mais c'est vrai que c'est compliqué, parce qu'on n'a pas envie de stigmatiser certains clichés. Donc, c'est vrai que je pense déjà que la première étape, c'est de faire prendre conscience. Je ne suis pas convaincue que tout le monde ait conscience de ça, en fait. À la fois... du fait qu'on a tendance à recruter, comme on disait tout à l'heure, à l'identique, du fait qu'une équipe ou une entreprise avec de la diversité a des meilleurs résultats, c'est plus riche, on prend des meilleures décisions, etc. Je ne suis pas sûre que ce soit quelque chose qui soit largement connu, soit admis, je ne sais pas. Je trouve qu'il y a quand même une première étape qui est d'en parler. et de le définir, comme on l'a fait là, c'est quoi la diversité, de quoi on se parle exactement, parce que dans la tête de certains, la diversité c'est juste homme-femme en fait. Et c'est ça, déjà de faire prendre conscience, sachant qu'il y a beaucoup de matière sur le sujet, il y a plein d'études qui montrent que... Il y a McKinsey qui a fait des études sur le sujet, d'abord ils avaient fait des études sur homme-femme, et puis ils ont élargi à la diversité de façon plus générale.

  • Speaker #0

    Il y a donc des résultats qui montrent la performance d'une équipe qui est autour de la diversité, et qu'il y a de la performance, parce qu'on est là pour ça.

  • Speaker #1

    En termes de rentabilité. Ok. Donc première étape, et puis après, je pense qu'il faut accompagner les équipes en les coachant sur les sujets. En challengeant, en fait. Alors, le recrutement, c'est un bon sujet, parce qu'en fait, c'est là où on peut vraiment, je trouve, bien matérialiser le sujet. Parce que voilà, c'est là où on fait rentrer les forces vives dans l'entreprise, et c'est un moment clé, en fait.

  • Speaker #0

    Donc, on peut commencer sur cette partie-là.

  • Speaker #1

    Oui, sur la partie recrutement.

  • Speaker #0

    Ok. Ok, ben écoute, merci beaucoup Julie pour ces échanges autour de la diversité. Alors, je ne t'ai pas posé la question que je pose en général toujours, mais là on va le faire à l'inverse, on va le faire à la fin. Quelle est ta vision comme ça, toi, de la fonction RH en entreprise ? Tu es la première à qui je pose la question tout à la fin, voilà. On est parti tout de suite du sujet.

  • Speaker #1

    Pourquoi pas. Ma vision de la fonction RH en entreprise, c'est une question...

  • Speaker #0

    Sur une fonction de direction générale, tu te dis, moi les RH ça sert à ça.

  • Speaker #1

    Alors, moi les RH, pour moi, c'est une des fonctions clés de mon quotidien. D'avoir un partenaire RH au quotidien à côté de moi, je ne peux pas m'en passer en fait. Parce que c'est... Alors je vais dire la personne si j'ai un... un responsable RH pour mon activité, qui va m'apporter un œil différent pour traiter tous les sujets, que ce soit la constitution de l'équipe, les recrutements, la gestion de cas difficiles, et donc venir avec un prisme d'expertise métier pour venir compléter mon prisme business managerial. Et donc, je ne pourrais pas me passer de mon partenaire RH. Et j'ai besoin de son expertise métier, que ce soit... Alors après, on a la chance chez Pomona d'avoir une équipe très riche avec tous les différents métiers, mais on a besoin d'avoir l'expertise paye, l'expertise affaires sociales, l'expertise formation, etc. Et donc, voilà, c'est cette complémentarité des expertises qui fait que pour moi, c'est indispensable.

  • Speaker #0

    Tout a un sens dans la vie et je comprends pourquoi je ne t'avais pas posé la question au début. J'ai l'explication, mais c'est venu comme ça. Parce que tu viens de nous donner un exemple très clair de tout ce que tu as dit avant. Tu as besoin d'avoir quelqu'un qui t'amène un regard un peu différent. On est à nouveau dans cette notion de diversité de regard, diversité d'expertise. Et quelqu'un qui va t'amener son expertise, son regard un peu différent. t'aider à compléter ce que toi tu as pu voir, penser, pour décider. Donc c'est ça que je trouve génial, c'est qu'en fait ça vient détailler pas mal de choses qu'on a pu évoquer avant. Alors j'enchaîne avec les trois questions que j'ai l'habitude de poser à mes invités en guise de conclusion. La première c'est, on revient sur cette partie un peu RH, mais comme ça, le ou les conseils que tu aurais envie de donner à une personne qui soit voudrait travailler dans les RH ou travaille dans les RH, toi avec toujours ta vision, et c'est ça que je trouve intéressant sur ta fonction de directrice générale, C'est quoi le conseil ?

  • Speaker #1

    Si j'avais un conseil à donner, ce serait d'être... expert dans votre métier, soyez expert de votre métier pour apporter cette compétence qui est attendue, en fait, par le business. Et pour apporter cette complémentarité tout en ayant toujours vraiment l'oreille pour le côté métier opérationnel. Comprendre, en fait, le métier opérationnel, mais apporter cette vraie expertise qui est attendue, en fait.

  • Speaker #0

    Ok, donc ça veut dire que toi... Directrice générale, tu te dis, moi je veux... L'expertise, elle est importante.

  • Speaker #1

    Je veux quelqu'un qui se dénature pas, qui garde son...

  • Speaker #0

    L'authenticité dont on parlait tout à l'heure.

  • Speaker #1

    Oui, et puis qui garde aussi une forme de position, parce que c'est justement, ça crée un équilibre, en fait, on a besoin de ça. C'est comme avec un directeur financier, en fait, c'est la même chose. Avec un directeur financier, j'ai besoin qu'il... J'ai besoin qu'il garde son domaine d'expertise et qu'il fasse, je ne sais pas beaucoup de mots, mais le contre-pouvoir. Et pour que l'opérationnel, en fait, mais il faut se comprendre. Donc, c'est, voilà.

  • Speaker #0

    Ok, génial. Allez, demain, tu pars sur une île déserte. Tu peux emmener un livre. Quel est ce livre ?

  • Speaker #1

    Alors, je savais, enfin, sur une île déserte. Alors, si la question c'est Est-ce que j'ai un livre de référence que j'emmènerai partout avec moi ? La réponse est non.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Parce que j'aime bien lire des trucs différents. Donc du coup, je me suis dit, bon, je pourrais peut-être emmener le livre que je suis en train de lire en ce moment. Mais c'est Holly de Stephen King. Donc je ne suis pas sûre.

  • Speaker #0

    Ok, ok.

  • Speaker #1

    Et donc du coup, je me suis dit, si c'est pour partir sur une île déserte, vu que je n'y connais pas grand-chose en survie, peut-être le guide de survie...

  • Speaker #0

    Logique, pas mal, pas mal. Très bien, c'est pragmatique. Ok, parfait, merci. Allez, une ou deux personnes comme ça que tu pourrais me recommander d'inviter pour un prochain épisode autour du management DRH ?

  • Speaker #1

    Alors, j'ai deux idées.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Une première idée qui est une personne qui est une experte dans son domaine, qui est systémicienne. qui s'appelle Bénédicte Crussy, qui a une entreprise qui s'appelle MeetWiz, et qui accompagne les entreprises dans la gestion de conflits notamment, mais pas que.

  • Speaker #0

    Très bien, intéressant.

  • Speaker #1

    Et j'ai une deuxième idée qui est plus un profil de direction générale, qui est une personne avec laquelle j'ai toujours des discussions passionnantes, sur des sujets RH notamment. Je me suis dit que ça pouvait être une bonne idée.

  • Speaker #0

    Tu t'es bien dit.

  • Speaker #1

    Et qui s'appelle Stéphane Roger.

  • Speaker #0

    Ok et ben écoute merci beaucoup merci vraiment Julie pour tous les échanges qu'on a pu avoir et puis je te dis à bientôt

  • Speaker #1

    Merci à toi, à bientôt

Description

Quand une équipe basée sur la diversité rend sa Manager encore meilleure.


Dans ce nouvel épisode, nous plongeons au cœur de la diversité en entreprise avec Julie Dang Tran, Directrice Générale d'Episaveurs.

Avec son parcours impressionnant, de Philips à Pomona, en passant par HP et Manutan, Julie partage avec nous son expérience unique de management d'équipes internationales et multiculturelles.


Découvrez comment son passage aux États-Unis a radicalement changé sa perception du travail en équipe et l'importance de l'ouverture d'esprit.


Julie nous explique comment la diversité est une richesse et un atout stratégique pour les ressources humaines, favorisant l'innovation et la performance.

Ne manquez pas ce témoignage inspirant pour tout professionnel des ressources humaines qui souhaite connaitre la vision d'une personne occupant des fonctions de Direction Générale au sujet de la diversité.


Et comme d'habitude c'est concret et sans langue de bois.


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Bonne écoute ! 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    C'est parti là. Ça tourne. On y est.

  • Speaker #1

    Bon enregistrement.

  • Speaker #0

    Merci Morgane. A plus. Alors moi je prends ça et au cas où. Allez, on est parti. Bonjour Julie.

  • Speaker #1

    Bonjour Flaubert.

  • Speaker #0

    Dans le dernier épisode de ce podcast, Louis Vareil, le réuniologue qui soigne la réunionite, m'a conseillé deux invités. Et dans ces deux invités, il y avait toi, Julie. Je suis allé regarder ton parcours, je t'ai contacté et on a réussi à caler l'enregistrement comme ça, assez simplement. Et quand je t'ai contacté et que nous avons échangé, je t'ai demandé, comme je le fais avec tous mes invités, de quel sujet tu avais envie de parler. Alors parfois c'est compliqué, certains invités hésitent entre différents sujets, il faut proposer, itérer, choisir. Mais toi tout de suite, tu m'as parlé de la diversité. Comme ça, naturellement, et j'ai senti que c'était un sujet qui te tenait. Vraiment à cœur, et surtout, j'ai senti que ce sujet faisait partie intégrante de ton parcours. D'ailleurs, j'ai retrouvé une interview de toi dans laquelle tu en parles et c'était déjà en 2021. Au passage, dans cette interview, tu dis quelque chose qui me parle particulièrement. Tu dis les opportunités, elles se créent. C'est nous qui les créons et qui les trouvons. Il ne faut pas attendre que ça tombe tout cuit J'aime vraiment, vraiment beaucoup cette phrase et je pense qu'elle dit beaucoup de toi, Julie, car évidemment tu n'as pas fait le formidable parcours que tu as réalisé, comme ça, en attendant que ça tombe tout cuit. Tu vas nous expliquer tout ça Julie, en commençant par nous dire qui es-tu Julie Dangtran ?

  • Speaker #1

    Eh bien je suis Julie Dangtran, j'ai 48 ans, j'ai trois enfants et je suis aujourd'hui directrice de la branchée Pissaveur au sein du groupe Pomona. D'accord. Ça fait donc trois ans à peu près que j'ai rejoint ce groupe-là. J'ai un parcours... Alors en fait j'ai grandi dans une petite ville de province. Qui s'appelle ? Oui, ils ont eu leur heure de gloire d'ailleurs.

  • Speaker #0

    Exactement, tout à fait.

  • Speaker #1

    Et ne sachant pas trop ce que je voulais faire en sortant de mon bac, j'ai fait une prépa et une école de commerce. Ok. Et très vite, j'ai eu envie d'international, de partir, etc. Donc j'ai fait un échange en Australie pour finir ma scolarité.

  • Speaker #0

    Où ça, en Australie ?

  • Speaker #1

    À Sydney.

  • Speaker #0

    Ok, pas mal.

  • Speaker #1

    Et j'ai démarré mon parcours professionnel en tant que commercial terrain. Alors que je rêvais de faire du marketing, mais j'ai écouté les conseils d'un intervenant que j'ai rencontré à la fin de mon cursus. qui était directeur commercial et qui me disait Si vous voulez faire du bon marketing, il faut comprendre comment les magasins fonctionnent.

  • Speaker #0

    Donc il faut commencer, aller sur le commercial pour ensuite...

  • Speaker #1

    Il faut comprendre comment les gens achètent en magasin, pour pouvoir savoir comment leur parler. Il faut savoir comment un chef de rayon se réfléchit et se comporte pour pouvoir lui donner les bons outils.

  • Speaker #0

    Plutôt bon conseil à la base. On peut dire que ça a du sens en tous les cas.

  • Speaker #1

    Sur le moment, je l'ai fait un peu à contre-coeur, pour être tout à fait honnête. Et en fait, c'est certainement la meilleure décision que j'ai prise pour démarrer, parce que je ne l'aurais jamais fait sinon, après coup. Et j'ai énormément appris pendant ces deux années sur le terrain. Ça m'a donné en fait un bagage très opérationnel, très concret, qui est en moi en fait aujourd'hui et que j'ai jamais perdu et qui continue de me servir en fait. Ok. Donc voilà, mais ça illustre aussi un peu toujours la façon que j'ai eu d'avancer. J'ai toujours beaucoup écouté les conseils. Surtout quand ils viennent de personnes qui ont de l'expérience. Et ça m'a permis de me forger un peu mes opinions et de prendre mes décisions aussi, quand il y a eu des décisions à prendre.

  • Speaker #0

    Et juste petite question, là on fait une école de commerce, et puis après il y a quelqu'un qui nous dit, allez, il faut faire du commercial. Le petit gap là de se dire Oh là là, je vais avoir ma voiture et faire du commercial C'est ça aussi qui est un peu compliqué De franchir le cap ou pas du tout ?

  • Speaker #1

    Non, c'est pas ça C'est qu'en fait, j'avais fait des stages En commerce, en marketing Notamment, j'avais fait un stage chez L'Oréal En tant qu'assessante chef de produit Sur la marque Neutralia chez Garnier Et j'avais beaucoup aimé faire ça Et je m'étais dit, c'est ça que je veux faire Et donc du coup, en sortant de l'école, je me suis dit Moi, je veux être chef de produit chez L'Oréal C'était un peu... Et de se dire, on va falloir que j'attende un peu et faire autre chose en attendant pour se construire un bagage, on n'a pas l'impression d'avoir besoin de passer par là forcément. Donc c'est plus ça en fait, je pense.

  • Speaker #0

    Ok. Ok, et donc ensuite ?

  • Speaker #1

    Je n'ai jamais été chef de produit chez L'Oréal D'accord

  • Speaker #0

    Comme quoi, on peut avoir des envies, des rêves puis après la vie nous amène ailleurs Exactement

  • Speaker #1

    J'ai passé trois ans chez Philips donc deux ans sur le terrain et un an au siège au marketing D'accord Et au bout de trois ans, j'ai eu la possibilité de rentrer chez HP en tant que chef de produit sur les scanners et les appareils photonumériques HP, c'était une entreprise dans laquelle j'avais fait un stage Et ça reboucle avec la phrase sur l'opportunité que vous avez citée tout à l'heure. Parce qu'en fait, c'est l'enchaînement d'événements qui fait que cette opportunité s'est présentée à moi. Parce que pendant mon stage, j'avais été appréciée pour mon travail de stagiaire. Et que le jour où je recroise mon maître de stage sur un événement, Il se dit, tiens, on a un poste, est-ce que tu voudrais postuler ? Et donc c'est ce qui s'est passé, j'ai postulé et j'ai été prise pour ce poste. Ce que je ne savais pas, c'est que j'allais rester chez HP 17 ans, en y rentrant en 2000. Alors en 17 ans, j'ai fait plein de missions différentes et j'ai eu pas mal de postes différents. J'ai passé les six premières années en France, sur un périmètre franco-français, chef de produit, responsable marketing. Et puis, après la naissance de mon premier enfant, j'avais envie de bouger. Et j'ai eu deux opportunités, et il y en a une qui me paraissait être... plus enrichissante que l'autre, c'était de partir aux Etats-Unis sur un poste de chef de produit à la division au niveau worldwide. Et donc on a déménagé avec mon mari et mon fils en Californie. On y sera resté deux ans, mais ça a été quelque part pour moi, c'est un événement charnière de ma carrière parce que c'est à ce moment-là que s'est introduit un peu le thème de la diversité, mais C'est à ce moment-là aussi que je me suis rendue compte que la variété des façons de penser et l'ouverture et l'agilité des Américains permettait de faire énormément de choses. Et moi, ça m'a décomplexée sur pas mal de choses en fait, en entreprise.

  • Speaker #0

    C'est la mentalité là-bas qui t'a fait t'ouvrir et ouvrir les yeux sur le sujet et en tout cas commencer à le toucher du doigt.

  • Speaker #1

    Oui, conscientiser un peu. Un peu la force des biais qu'on peut avoir quand on est tous dans le même système en fait.

  • Speaker #0

    Oui, du même moule et oui.

  • Speaker #1

    Et donc quand on sort du système, du coup on change complètement d'ongle de vue et ça vous donne des perspectives et ça permet de comprendre un certain nombre de choses. Et à ce moment-là, je me souviens, je disais, mais en fait, quand on travaille dans une entreprise... Il faut changer d'angle de perspective, d'angle de vision. Il faut bouger pour comprendre et pour développer l'empathie aussi avec les gens avec lesquels on travaille et qui sont dans une autre position. Et typiquement, quand on est dans un pays, dans une entreprise comme HP qui est une très grande entreprise avec beaucoup de monde et beaucoup de niveaux d'organisation, de passer d'une organisation pays... à une organisation mondiale. Il y avait l'Europe entre les deux. Et moi, j'ai fait les trois, en fait. J'ai fait d'abord le pays, puis le global, et ensuite je suis revenue au niveau européen.

  • Speaker #0

    OK.

  • Speaker #1

    Du coup, ça permet de comprendre comment certaines décisions sont prises au niveau global. Quand on est dans le pays, on ne comprend pas forcément. On se dit, mais pourquoi est-ce qu'ils ont fait ça comme ça ? Et à l'inverse, quand on est au niveau global, si on ne comprend pas ce qui se passe dans les pays, en fait... On peut sur-simplifier certains sujets.

  • Speaker #0

    Oui, c'est sûr que cette hauteur donne une vision différente. Alors, on continue juste ton parcours, donc HP, Californie, et puis ensuite...

  • Speaker #1

    Ensuite Genève.

  • Speaker #0

    Genève, d'accord.

  • Speaker #1

    Quatre ans à Genève, sur des postes européens, trade marketing, catégorie management et vente.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Et puis en 2011, je reboucle la boucle en fait, et je reviens à Paris, toujours pour HP. En tant que directrice de la catégorie impression.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    J'ai toujours travaillé sur les familles de produits plutôt grand public et plutôt retail, consumer et retail en fait.

  • Speaker #0

    Ok. Voilà. Et après Manutent ?

  • Speaker #1

    Oui. Après Manutent, j'ai eu en fait la chance de rencontrer des gens qui... En fait, on pensait à moi pour un poste de direction générale dans une ETI française, alors que j'avais un parcours de 20 ans dans des grandes entreprises plutôt anglo-saxonnes, et que je n'avais pas eu d'expérience de direction générale. Mais voilà, j'ai eu la chance de tomber sur des gens qui se sont dit, en fait, il y a un match et de compétences et de valeurs. qui pourrait faire que ça va marcher.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Et donc je suis rentrée chez Manutan en tant que directrice générale de la filiale française, qui est la filiale historique de Manutan, puisque c'est construit en France. Et je suis restée cinq ans chez Manutan.

  • Speaker #0

    Manutan, comme ça, quelques...

  • Speaker #1

    C'est un distributeur, donc c'est une ETI française. Alors à l'époque où j'y étais, parce que je...

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    C'était 800 millions d'euros de chiffre d'affaires, le groupe, 2200 collaborateurs, présents dans 17 pays, avec je crois que c'était 24 filiales. Et une vraie particularité d'être un distributeur B2B, mais très fort en e-commerce, donc un vrai e-commerceur B2B, sur tout ce qui est équipement de l'entreprise.

  • Speaker #0

    Ok. Et puis ensuite ?

  • Speaker #1

    Et puis depuis fin 2021, je suis chez Pomona, qui est un distributeur. de produits alimentaires. Un grossiste, en fait, Pomona se définit comme un grossiste à service complet, pour les métiers de bouche essentiellement. donc la restauration, mais aussi certains commerces de proximité. C'est un groupe français aussi, qui est présent essentiellement en France et un petit peu en Espagne, qui se développe bien en Espagne par ailleurs, et qui représente 12 000 collaborateurs et 5,3 milliards d'euros de chiffre d'affaires. Et ça reste une entreprise familiale.

  • Speaker #0

    Belle boutique.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Très belle boutique.

  • Speaker #1

    Et moi je m'occupe d'épisaveur. C'est la branche qui commercialise les produits d'épicerie, la boisson et le non alimentaire. D'accord. En fait, le point commun de tous ces produits, c'est qu'ils se stockent et qu'ils se livrent à température ambiante. Et donc, mes clients, c'est la restauration. Que ce soit la restauration commerciale ou la restauration collective, avec tout type de restauration dès qu'on mange en dehors de chez soi.

  • Speaker #0

    Ça représente quoi en nombre de personnes ?

  • Speaker #1

    La branche, on est 1500. On a 9 directions régionales. Et on a 42 000 clients.

  • Speaker #0

    Pas mal. Je refais juste la petite histoire quand tu as commencé à parler de ton parcours. La petite Njortese qui est partie en Australie, qui a parcouru le monde, Etats-Unis, Genève, revenu en France, félicitations parce que c'est un vrai beau parcours aujourd'hui, fonction de direction générale. Et je reprends ce que je disais dans l'introduction, les opportunités se créent, tu disais j'ai eu la chance de, oui, la chance certainement provoquée, travaillée, c'est le fruit aussi de tout ce travail, donc bravo à toi.

  • Speaker #1

    C'est gentil, mais en fait, je n'explique pas trop mon parcours autrement que par le fait d'avoir suivi mes intuitions, mes envies et d'avoir suivi ma curiosité. Donc, je n'avais pas de plan. de carrière ?

  • Speaker #0

    Alors, c'est marrant ce que tu dis, parce que là aujourd'hui, on enregistre cet épisode, j'ai déjà pas mal de personnes qui sont passées dans ce podcast, et l'intuition est quelque chose qui est revenue régulièrement. Écouter son intuition, c'est un des conseils, à la fin, je vais te demander de donner un ou deux conseils à des personnes qui souhaiteraient évoluer et exceller dans les RH. J'ai sorti un petit book avec les 30 premiers conseils, et il y a Un point qui revient de temps en temps justement sur l'intuition, savoir écouter ses intuitions. On prend souvent des décisions très normées, on prend des paramètres très factuels, mais il y a quand même cette intuition et c'est marrant que tu en parles comme ça. Elle t'a vraiment aidé cette intuition dans ton parcours ?

  • Speaker #1

    Oui indéniablement parce qu'en fait j'ai souvent pris des décisions. Alors évidemment il y a le côté rationnel. Quand on est parti aux Etats-Unis, je me souviens avec mon mari on s'était assis. On avait fait les pours, les contres, on avait fait deux colonnes. A chaque fois que j'ai changé de job, j'ai fait ça. Mais en fait, au bout du compte, c'est avec qui je vais travailler. Est-ce que cette personne m'inspire ? Comment je le sens en fait ? Et au final, c'est ça qui va faire la différence quand le pour et le contre est à peu près équivalent.

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr. Il y a cette petite voix au fond de soi, ce petit truc qu'on sent ou qu'on ne sent pas. Et il faut savoir, et je trouve qu'on apprend avec le temps à écouter tout ça aussi. Plus on avance... en âge, plus on commence à se dire tiens, il y a un truc là qui me parle ou pas et c'est important de le suivre alors je reviens sur ce que tu disais quand tu parlais justement de la Californie les Etats-Unis si je dis ce que j'ai peut-être cru comprendre, entendre dans ce que tu disais en disant alors c'est peut-être un peu résumé mais déjà quand tu quittes ton environnement classique, on va dire, enfin natal, tes repères, etc., que t'arrives dans un pays qui n'est pas le tien, est-ce que c'est déjà une façon de t'ouvrir obligatoirement au sujet de la diversité ?

  • Speaker #1

    Complètement.

  • Speaker #0

    Ça, tu l'as vécu vraiment en disant, bah tiens, je suis plus, je suis hors de mes bases, waouh, là je m'ouvre.

  • Speaker #1

    Oui, mais en fait, c'est marrant parce que je l'ai conscientisé assez tard, ça, chez moi. Mais je me rends compte que j'ai toujours été attirée par des gens qui n'étaient pas comme moi. J'ai toujours été attirée par les choses que je ne connaissais pas. Et donc le fait d'arriver dans un pays, je pense que c'est pour ça que j'ai toujours aimé voyager, j'ai toujours adoré voyager. Je voyage beaucoup moins parce que j'ai de plus en plus de mal à prendre l'avion.

  • Speaker #0

    Ok, ça c'est quoi, des peurs, des peurs c'est ça ? Pas du tout,

  • Speaker #1

    c'est l'empreinte carbone simplement.

  • Speaker #0

    Ok, d'accord.

  • Speaker #1

    Mais… Mais on ne se posait pas ces questions-là. Et moi, j'adorais arriver dans un endroit et en fait, en découvrir les codes de cet endroit, essayer de trouver mon chemin. C'est de plus en plus facile avec tous les moyens qu'on a, mais quand j'ai voyagé, quand j'avais 18 ans et que je voyageais, on n'était pas connectés, il fallait tout découvrir sur place. Oui,

  • Speaker #0

    ça c'est sûr.

  • Speaker #1

    Et ça, ça m'a toujours intéressée, et j'ai toujours aimé aller au contact de personnes qui ont des avis différents de moi. J'aime être confrontée en fait à cette... à cette difficulté-là de pouvoir essayer de trouver un accord quand il n'y en a pas au début, en fait.

  • Speaker #0

    Et ça, si je remets là dans le contexte de toi, sur une fonction de direction générale... T'as un comité de direction, comex, enfin quelque chose, une instance qui t'aide à décider, avec Louis qui peut vous accompagner d'ailleurs dans vos modes de décision et vos réunions. Ça c'est quelque chose que tu mets en application, c'est-à-dire, ah bah tiens, il y a des gens différents autour de la table, et j'aime bien quand on n'a pas tous le même avis, et que même on va challenger un peu ce que je peux moi penser ou avoir en tête. C'est important.

  • Speaker #1

    C'est important, moi je pense que c'est très important Et en fait, naturellement, je vais chercher des gens qui sont différents pour constituer une équipe Parfois j'ai des idées un peu créatives sur des profils ou des candidats potentiels pour certains postes Je peux un peu surprendre parfois par mes choix ou mes propositions on va dire Mais ça apporte énormément Et en fait, la chose peut-être qui est la plus difficile à... à mettre en œuvre dans ces cas-là, c'est de faire en sorte que tout le monde s'ouvre à cette diversité. Et que tout le monde soit... à l'aise avec la divergence des points de vue. C'est pas forcément facile en fait. On n'est pas d'accord. Non mais c'est bien, on n'est pas d'accord. C'est super en fait qu'on ne soit pas d'accord. Parce que si on arrive à s'écouter et à s'enrichir mutuellement, alors à la fin, on sera chacun plus intelligent, on aura appris des choses. Et s'il y a une décision à prendre, potentiellement la décision sera meilleure. Parce qu'en fait, on aura pensé à plus de choses.

  • Speaker #0

    Oui, elle aura été challengée, passée au TAMI. Oui. Alors, c'est intéressant ce que tu dis, parce que tu dis naturellement, mais en fait, c'est pas super naturel. Les bons nombres de managers, naturellement, vont pas toujours avoir envie d'avoir des gens en face, et d'un qui pensent pas comme eux, et d'eux qui les challengent. Et puis si je fais le lien avec le métier que nous on fait au quotidien sur le recrutement, c'est vrai qu'on entend beaucoup parler de, oui, on veut des profils différents, sauf que souvent, le briefing qu'on a de la part... des entreprises, c'est bon bah moi, voilà ce que je veux, et on est un peu une photocopieuse, quoi. Ils nous voient absolument le profil comme si, après, charge à nous d'arriver à amener des profils un peu différents et souvent, on en met deux qui correspondent puis un qui ne correspond pas et parfois, c'est celui-là qui est retenu, mais tout ça pour dire que c'est à la base pas très naturel. Alors que pour toi, tu dis oui, naturellement, moi j'aime bien ça.

  • Speaker #1

    Ça ne veut pas dire que je n'ai pas de biais inconscient, comme tout le monde a en fait. Mais c'est vrai que naturellement, on a tendance à recruter des gens qui nous ressemblent. Parce que c'est plus confortable en fait. C'est beaucoup plus rassurant.

  • Speaker #0

    C'est plus rassurant, exactement.

  • Speaker #1

    On a en face de soi quelqu'un qui réagit pareil, on se comprend tout de suite. Donc voilà, c'est simple en fait. Et on a l'impression de prendre moins de risques en recrutant des gens qui nous ressemblent. Sauf qu'en fait, si on recrute que des gens qui nous ressemblent... à la fin du compte, on ne discute plus parce qu'on est d'accord sur tout et puis on s'appauvrit en fait donc voilà je pense que c'est important et quand j'ai tendance parce que j'ai les mêmes biais que tout le monde en fait si je vois quelqu'un avec qui je clique tout de suite, forcément je me dis c'est bon en fait oui,

  • Speaker #0

    on va bosser ensemble,

  • Speaker #1

    ça va être simple mais il faut faire ce petit pas de côté se dire bon, est-ce que vraiment c'est suffisant et surtout voir toujours par rapport à l'ensemble de l'équipe, quel apport ça va être pour les autres ? Et de voir la complémentarité des profils, en fait, dans une équipe, pour que l'équipe soit riche.

  • Speaker #0

    Alors, justement, si on se dit... Déjà, c'est quoi pour toi la diversité ? C'est quoi comme ça, toi, la définition que tu donnerais de la diversité ? Parce que chacun peut avoir sa définition, mais concrètement, dans ce que tu vois et ce que tu vis au quotidien, tu nous dirais quoi ?

  • Speaker #1

    Pour moi, en fait, la diversité dans une équipe, la diversité humaine, ça va être d'avoir des profils qui sont différents, mais à partir de là, Selon plein de critères différents, ça peut être la diversité d'éducation culturelle, d'origine, de sexe évidemment, mais d'ethnie, de personnalité, introvertie, extravertie. Donc en fait, ça touche à plein de choses différentes. Et c'est la diversité de tous ces critères-là qui va faire qu'on va avoir une équipe complète.

  • Speaker #0

    D'accord. Et c'est important, on pourrait se dire, pourquoi la diversité est nécessaire ? Pour ce que tu disais avant aussi, sur le côté moi ça va me challenger et puis on va pas aller toujours dans la même direction et puis on va passer au tamis des décisions c'est ça ?

  • Speaker #1

    Oui, en fait, à cette question j'ai envie de parler en réponse j'ai envie de parler d'intelligence collective parce que On demande à une équipe d'être collectivement performant. On demande de la performance individuelle, évidemment.

  • Speaker #0

    Pour servir le collectif.

  • Speaker #1

    Mais on demande aussi, moi je crois beaucoup à la force du collectif, dans l'entreprise en particulier, puisqu'en fait, chacun va avoir son domaine d'expertise. Mais ce domaine d'expertise, il n'est rien sans la complémentarité des autres domaines d'expertise. Mais si chacun travaille dans son silo, ça ne peut pas fonctionner. Surtout aujourd'hui, où finalement tous les métiers sont liés, avec la techno qui relie tous les métiers et qui a la croisée des chemins, et où en fait on est tout le temps obligé de faire travailler des équipes en mode projet. Et donc, pour avoir une équipe où l'intelligence collective opère, il est clé d'avoir une complémentarité de compétences, de mon point de vue. Et pour ça, il faut avoir de la diversité. Parce que si vous mettez ensemble que des ingénieurs très rationnels, ils vont oublier toute la partie... Donc ça, c'est de la complémentarité cognitive. En fait, ils vont peut-être oublier une partie plus soft et à l'inverse. Si on n'a pas les techniciens, on ne va pas réussir à amener le projet, surtout si c'est un projet un peu technique. Donc, moi je pense que, et d'ailleurs, j'avais été très inspirée par une conférence que j'avais vue par Émile Servan-Schreiber, qui a écrit un bouquin qui s'appelle Super Collectif, où en fait il parle de tous ces sujets-là. Il démontre en fait que l'intelligence d'une équipe, c'est pas la somme des intelligences de chacun. Mais c'est la complémentarité des profils qui sont dans cette équipe-là. Et plus il y a de diversité dans une équipe, plus l'équipe est intelligente.

  • Speaker #0

    J'aime bien ça. Oui, ce n'est pas la somme des intelligences individuelles. Non. Surtout pas.

  • Speaker #1

    Pas du tout.

  • Speaker #0

    C'est pas mal ça

  • Speaker #1

    J'aime beaucoup Mais c'est un peu comme dans une équipe de sport en fait Je sais pas, je suis pas très foot

  • Speaker #0

    Moi je suis très foot On peut y aller

  • Speaker #1

    Moi je suis pas très foot justement

  • Speaker #0

    Ce que je pourrais dire par rapport à ça C'est que moi je dis souvent T'as pas 11 Zinedine Zidane dans une équipe T'as des grands, des petits, des rapides, des plus lents, des techniques, des techniques, des... Voilà, c'est un peu ça aussi quoi en fait.

  • Speaker #1

    Mais tu peux avoir un très bon dans une équipe de foot. qui pourrait faire gagner toute l'équipe, mais s'il n'a pas le bon état d'esprit et s'il peut aussi détruire le collectif, en fait. Parce que par son attitude, par son égo...

  • Speaker #0

    Je suis sûr qu'il y en a plein qui ont des noms en tête de joueurs de foot qui sont très bons et qui peuvent détruire un collectif. Je ne vais pas y aller, mais...

  • Speaker #1

    Dans le sport, ça se voit. Mais en fait, on peut faire un parallèle entre une équipe de sport et une équipe en entreprise. C'est la même chose, en fait.

  • Speaker #0

    Évidemment. Et comment les bons... servent également le collectif. Et le bon tout seul, il n'y arrive pas. Il a aussi besoin des autres qui sont peut-être moins bons. Donc ça, c'est très intéressant. Et si je pousse et que je dis, mets donc ton rôle, toi, le rôle de la CEO qui fait jouer... En fait, c'est de faire jouer tout ce petit monde ensemble et de faire que l'ingénieur travaille avec celui qui est... pas vraiment ingénieur et peut-être pas très cartésien, mais qui va être, tiens, si on en vient un peu plus à ce qu'on disait tout à l'heure, peut-être un peu plus intuitif, et que tout ce petit monde travaille ensemble et arrive à s'élever ensemble et à délivrer une performance collective de qualité. Et c'est ça ton job à toi au final.

  • Speaker #1

    Ah oui, complètement. Déjà, c'est de constituer la bonne équipe, comme un coach sportif, si on continue le parallèle. Et ensuite, de l'animer et de faire en sorte qu'elle délivre le meilleur d'elle-même, en ayant la meilleure collaboration possible. Et comme quand on a des... des profils qui sont différents. Parfois, ils peuvent avoir du mal à communiquer. C'est vrai que le rôle du manager, c'est de mettre du liant, de mettre de l'huile dans les rouages. De dire, mais attends, est-ce que tu as pensé à ça ? Est-ce que tu as parlé avec... Parce qu'on en a parlé hier et il m'a dit ça, donc peut-être que... Et donc de faire en sorte que les deux se parlent et se complètent. Mais après, il y a aussi l'animation dans les... Quand on a des décisions à prendre, de faire en sorte que tout le monde s'exprime. Que tout le monde puisse donner son avis. Et que, typiquement, dans une équipe, on a des extravertis et des introvertis. Faire en sorte qu'il n'y ait pas que les extravertis qui parlent, en fait. Et qu'on donne la parole aux introvertis, leur disant Est-ce que tu as quelque chose à dire ? Non, mais j'ai besoin d'y réfléchir. Et donc, dire Ok, je vais te laisser un peu de temps pour réfléchir.

  • Speaker #0

    Ce que tu as ainsi fait ? Et que là, on en revient aussi à la diversité, mais dans ta façon de procéder, toi, tu as besoin de ce temps-là pour apporter quelque chose à l'équipe. Et là, le rôle de la CEO, c'est de dire Ok, je vais faire pour qu'il soit en condition de réfléchir au truc et de nous apporter quelque chose. Mais c'est là où c'est complexe quand même de gérer une équipe qui est dans cette diversité-là.

  • Speaker #1

    Moi je trouve pas ça complexe, je trouve ça passionnant en fait. Parce que, au contraire, ça oblige à se poser des questions et ça oblige à être meilleur en fait.

  • Speaker #0

    Ça challenge.

  • Speaker #1

    Ça challenge, ça challenge énormément, mais pour faire progresser tout le monde en fait. Donc moi je trouve ça passionnant j'ai pas d'autres mots

  • Speaker #0

    Non mais c'est intéressant d'avoir justement et c'est pour ça que je voulais faire cet épisode ta vision toi qui es sur des fonctions de direction générale t'as travaillé à l'international etc de ce sujet de la diversité parce que alors tu comprends que parfois C'est un sujet qui peut un peu cliver. Parfois, on entend parler diversité, on se dit, allez, encore une couche de RH washing, et on va nous mettre des trucs de bien-pensance, etc. Ça te parle, ça ?

  • Speaker #1

    Oui, complètement. Mais je trouve que ça, c'est quand... On tombe dans les clichés en fait. Et que... Alors malheureusement, et c'est souvent le cas quand on défend une cause, on peut tomber dans des extrêmes ou dans des stéréotypes. Et du coup quand on tombe là-dedans, du coup forcément ce n'est pas ce que tu viens de décrire en fait. C'est super dommage parce qu'au contraire, je trouve que la diversité, enfin, accueillir la diversité, c'est au contraire faire preuve de tolérance, être tout le temps sans jugement pour quelque chose qui ne nous ressemble pas en fait.

  • Speaker #0

    C'est dur. Alors, j'allais dire, oui, à la base, l'autre, l'altérité peut faire peur.

  • Speaker #1

    Je me rends compte que pour beaucoup de personnes, c'est dur, effectivement. Moi, je ne suis pas construite comme ça, mais c'est vrai que pour beaucoup de personnes, c'est dur. Et encore une fois, je pense que c'est surtout parce que ça fait peur. C'est surtout parce que ça met mal à l'aise et qu'on ne sait pas comment forcément réagir. Et donc, du coup, c'est plus facile de juger. Mais on n'a pas parlé de handicap encore.

  • Speaker #0

    Oui, mais allons-y.

  • Speaker #1

    Mais le handicap, c'est une forme de... Voilà. Oui. C'est ce qui me vient quand on parle de ça, parce qu'on est mal à l'aise, en fait. Et du coup, on préfère éviter parce que c'est plus facile.

  • Speaker #0

    Je suis bien d'accord avec toi. Et c'est vrai que quand on rencontre une personne en situation de handicap... Et ça m'est encore arrivé il n'y a pas très longtemps pour une opération spéciale. C'est vrai qu'à la base... On ne sait pas comment aborder, on ne sait pas trop quoi dire. Et donc oui, cette démarche, on n'est pas super à l'aise. Alors qu'en fait, il faut aller au-delà de ça.

  • Speaker #1

    Oui, alors c'est sûr que c'est facile de se dire qu'il faudrait se comporter comme ci ou comme ça. Le fait est que quand on est confronté à une situation, ben cette... Oui, ce malaise ou cette incapacité en fait à trouver le bon, il est présent et du coup c'est vrai que c'est pas évident. Mais en fait, c'est des sujets sur lesquels on devrait se décomplexer complètement parce que finalement, ce serait la seule façon de faire en sorte que recruter une personne en situation de handicap, ce soit pas un sujet. En fait, on aimerait que ce soit pas un sujet en réalité. Mais pour ça, il faudrait arriver à se décomplexer sur le sujet. Et pour autant, si on est dans cette situation où on a un CV de quelqu'un qui a une situation de handicap, quelle qu'elle soit, on va se dire, c'est là où les biais arrivent, on va se dire, mais oui, mais ça va être plus difficile de la faire accepter. Il y a plein de barrières qui viennent se mettre et du coup, on va se trouver une excuse pour ne pas faire ce choix. Voilà, je trouve que ça c'est des sujets intéressants et en entreprise, d'avoir ce type de diversité, c'est pourtant extrêmement positif.

  • Speaker #0

    Tu as plusieurs reprises là, tu as prononcé le mot de biais, c'est vrai que c'est quelque chose qui est...

  • Speaker #1

    qui est trop important et qui nous accompagne moi j'adore ce sujet parce qu'en fait c'est juste comme ça qu'on est construit on a chacun sa réalité ta réalité c'est pas la même que la mienne déjà de ce qu'on voit, on voit pas la même chose c'est vrai et donc naturellement, on a chacun on s'est tous construit avec notre histoire avec notre éducation, avec ce qu'on a vécu, ce qu'on a vu ce qu'on a ressenti et Et donc, quand on vit une situation, on la vit la même situation, on ne peut pas la vivre de la même façon. Et donc, on va la juger de façon différente et donc, potentiellement, on va avoir un avis différent, une perception différente. Donc, c'est juste la nature humaine qui est comme ça. Et je trouve que ce qui est super intéressant, c'est d'en prendre conscience.

  • Speaker #0

    Déjà, à la base, oui, d'en prendre conscience.

  • Speaker #1

    Et de réussir à se dire, moi alors attends, si je réfléchis comme ça, je réagis comme ça, c'est parce que... Et du coup d'apporter plus de conscience dans ses décisions, dans ses choix et dans ses jugements. Donc le sujet du billet, conscient ou inconscient, je trouve qu'il est passionnant, parce qu'il est à la base de toutes nos décisions et de tous nos choix.

  • Speaker #0

    Donc ce que tu nous dis déjà, c'est d'en prendre conscience. Pour déjà se conscientiser le truc et se dire tiens là est-ce que je suis pas un peu en train de partir dans une direction qui est entre le biais la croyance etc et puis un autre conseil que j'ai envie de sortir de ce que tu viens de dire juste avant aussi c'est peut-être un peu d'authenticité aussi en tout cas oui on peut le dire ça comme ça ?

  • Speaker #1

    Ah bah oui complètement ouais Oui Oui, ça c'est sûr. L'authenticité, c'est quand même ce qui va faire qu'on va construire le bon référentiel pour tout le monde, en fait.

  • Speaker #0

    Après, c'est pas toujours simple, cette authenticité, parce qu'on se dit, on sait plus trop ce qu'on peut dire aujourd'hui, ce qu'on n'a pas le droit de dire, comment ça va être interprété, etc. Bon, c'est aussi parfois, bon, c'est aussi ce qui fait qu'on n'ose pas trop y aller.

  • Speaker #1

    Ça peut devenir un peu compliqué aujourd'hui, oui, c'est vrai. C'est vrai qu'on nous demande quand même de réfléchir à plusieurs fois avant de dire qu'il y a des choses qu'on n'a plus le droit de dire, des choses que c'est vrai.

  • Speaker #0

    Donc, il faut faire attention à ça. Je voulais aller sur... j'avais une question à te poser. Je vais aller sur le sujet, mais... Tu es une femme, fonction de direction générale. On sait que c'est pas toujours évident. Si je dis tiens, être une femme dans un monde d'hommes... C'est une réalité pour toi ou pas du tout ? Je pars dans un truc qui n'a pas lieu d'être ? Enfin, dans ton vécu à toi ?

  • Speaker #1

    Tu dis ça parce que j'ai trois garçons ?

  • Speaker #0

    Ah, pas mal ça !

  • Speaker #1

    Déjà à la maison ? Oui. Je suis dans une maison d'hommes. Non mais blague à part, non je vis pas dans un monde d'hommes, c'est un monde dans lequel il y a autant d'hommes que de femmes, en vrai. Oui,

  • Speaker #0

    mais il y a plus de directeurs généraux que de directrices générales.

  • Speaker #1

    C'est vrai. En fait, l'entreprise... est effectivement un univers qui a plutôt été pensé par les hommes et construit par les hommes. Parce que c'est vrai qu'historiquement, c'est surtout les hommes qui ont construit des entreprises et qui ont été à la tête d'entreprises. Et par conséquent, tous les codes de l'entreprise sont plutôt masculins. C'est comme ça.

  • Speaker #0

    C'est historique.

  • Speaker #1

    Donc, c'est vrai que quand on est un peu ambitieux et qu'on a envie d'évoluer et qu'on est une femme, ce qui peut me caractériser, il faut d'une certaine façon se conformer aux codes qui ont été écrits pour l'entreprise. Or, je pense, selon mon expérience, et là j'ai toujours un peu de mal, je prends toujours des pincettes, parce qu'en fait, j'aime pas les stéréotypes, et j'aime pas parler les hommes, les femmes, c'est pas quelque chose avec lequel je suis super à l'aise. Mais, il y a quand même dans mon expérience quelque chose qui me semble être vrai, c'est que, en tout cas c'est vrai pour moi, J'ai des préoccupations qui ne sont pas forcément les mêmes que celles d'un homme, ou celles de mon mari par exemple. Et donc, pour évoluer dans l'entreprise, les concessions qu'on me demande de faire ou qu'on demande de faire sont plus contraignantes pour moi, en tant que femme, que pour un homme. Et notamment le fait de devoir voyager beaucoup, partir tôt le matin, rentrer tard le soir, de passer moins de temps avec les enfants. Je pense que c'est quelque chose qui est intrinsèquement plus difficile pour une femme que pour un homme. Et pour autant, pour progresser dans l'entreprise, ça fait partie des choses qu'il faut faire et que j'ai faites.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Et qui ont été des choix parfaitement assumés. Si j'avais pu faire autrement, j'aurais fait autrement. Après, j'ai eu beaucoup de chance, c'est que j'ai travaillé pendant quasiment 20 ans dans des entreprises anglo-saxonnes où la flexibilité du travail était déjà quelque chose d'acquis.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Donc, j'ai pu aussi ajuster mon organisation personnelle pour quand même être là le soir avec les enfants. Bon, je voyageais beaucoup, mais quand j'étais là, j'arrivais quand même à être à la maison. Après, c'est vrai que quand j'ai travaillé chez Manutent, c'était loin de chez moi et que j'ai été obligée de trouver une organisation personnelle qui faisait que j'avais toute ma liberté professionnelle. Parce que c'est une question de liberté, en fait, d'horaire. Et je ne veux pas focaliser que sur ce côté organisation du temps, mais je pense que c'est une des différences majeures, en fait, qui fait que... certaines femmes se mettent elles-mêmes en fait cette barrière-là et se disent non mais moi en fait je suis pas prête à faire ce compromis j'ai pas envie de sacrifier le temps que j'ai avec mes enfants et donc je ne veux pas prendre un poste à responsabilité plus importante parce que c'est trop en fait de compromis sur ma vie personnelle.

  • Speaker #0

    D'accord. Et après, c'est leur choix aussi, on ne peut pas leur en vouloir, entre guillemets, de faire ce choix-là, ou alors on se dit, c'est dommage, et on essaie de les pousser, on se dit, tiens, mais dans ta vie, qu'est-ce que tu vis pour que tu n'aies pas l'envie de le faire ?

  • Speaker #1

    Moi, je trouve que c'est dommage, parce que je pense qu'on peut être performant dans ce type de poste-là. sans forcément avoir le cadre qui existe depuis je ne sais pas combien d'années sur ce type de poste. Et je pense que ça fait aussi partie de nos responsabilités, les femmes comme moi qui ont ce type de poste, de faire évoluer les codes. Parce qu'on peut très bien prendre un poste à responsabilité, et avoir des enfants, et savoir s'organiser, et atteindre ses objectifs. Parce qu'à la fin du compte, c'est ça qu'on nous demande. Ce qu'on nous demande, c'est d'avoir des résultats, de mener les équipes à la performance, et pas de respecter un cadre horaire. Au contraire même, en fait. Donc je pense que c'est dommage et je pense qu'il faut faire bouger les lignes pour qu'il y ait plus de femmes qui osent et qui s'autorisent en fait. à postuler sur ces postes ?

  • Speaker #0

    On est pleinement dans notre sujet de diversité, parce qu'on est en train de parler d'égalité homme-femme, femme-homme en entreprise. Et moi, ce que je trouve passionnant, c'est de pouvoir échanger avec toi, eu égard à ton parcours, à ta fonction, là aujourd'hui, de directrice générale. Et en effet, c'est inspirant. Et voilà, si ça sert à une. femme qui écoute, qui se dit ben oui, en effet, ça m'inspire, moi je veux y aller, je veux le faire, et je peux faire le reste également, c'est-à-dire, c'est pas parce que je vais prendre une fonction de direction générale que je vais sacrifier mon rôle de maman, de femme, de ce qu'on veut à côté. En revanche, la question que j'ai, c'est un peu, si on le prend de l'autre côté, est-ce que tu as déjà ressenti, à l'inverse, qu'on se dise Ah oui, mais parce que tu as une fonction de direction générale, ça veut dire que tu ne peux pas faire le reste et que donc... Tu sais, ce regard un peu... Oui, donc tu as fait ton choix, donc pour toi c'est la carrière, le métier, et la famille, ça passe après. Tu l'as senti, c'est un peu ce poids sociétal qu'on pourrait avoir en raccourci ?

  • Speaker #1

    Non, pas trop. Je l'ai senti dans l'autre sens.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Au moins une fois.

  • Speaker #0

    Donc dans l'autre sens, ça veut dire...

  • Speaker #1

    Ça veut dire...

  • Speaker #0

    Tu ne peux pas tout faire et il faut vraiment que tu sacrifies et que tu sois entreprise, entreprise. Oui,

  • Speaker #1

    oui. Quand j'ai eu mon troisième enfant, ça a été un cap un peu difficile. Mais après, ça a été aussi une occasion pour moi. de prendre du recul, et c'était au contraire salvateur.

  • Speaker #0

    Ça a eu un sens.

  • Speaker #1

    De toute façon, il faut utiliser tout ce qu'on vit pour apprendre, et se poser les bonnes questions. Et donc, c'est vrai que je crois que, qu'on soit un homme ou qu'on soit une femme, tout au long de son parcours, on se pose la question de savoir où on met le curseur entre sa vie perso, sa vie pro, et les choix qu'on fait. Voilà, moi, je pense que Je pense que j'ai réussi à bien mener les deux, même s'il y a eu des moments où ma vie professionnelle... a eu des effets négatifs sur ma vie personnelle. Et où je sais aujourd'hui, parce que maintenant mon fils est né à 20 ans, donc c'est vrai que le temps a passé, et avec le temps, les choix qu'on fait à un moment prennent une autre dimension. Et je me dis avec le recul, c'est vrai qu'il y a eu des périodes où je n'ai pas vu beaucoup mes enfants. Mais aujourd'hui, quand je vois ce qu'ils sont, je me dis finalement...

  • Speaker #0

    J'ai réussi.

  • Speaker #1

    Ils vont bien.

  • Speaker #0

    J'ai fait le job.

  • Speaker #1

    On n'en est pas encore là, parce qu'ils ne sont pas encore complètement indépendants.

  • Speaker #0

    Le seront-ils un jour ?

  • Speaker #1

    Mais voilà, et je pense que les enfants, ils se construisent aussi en voyant des parents qui sont épanouis.

  • Speaker #0

    Bien sûr.

  • Speaker #1

    et je me dis, j'ai trois garçons, de voir une maman qui a un parcours professionnel riche.

  • Speaker #0

    Et inspirant. Ça donne un modèle.

  • Speaker #1

    Ça donne un modèle qui, je pense, pour des garçons est aussi intéressant. Parce que quand on parle de donner des bons modèles aux filles pour qu'elles se projettent sur des métiers... techniques, sur des métiers d'ingénieur par exemple, ça c'est important, mais c'est aussi important que les garçons en grandissant reçoivent les bons messages aussi.

  • Speaker #0

    Oui, en se disant, maman, directrice générale, elle a sa carrière, etc. C'est aussi un très bon message renvoyé de l'autre côté. Génial, moi j'adore ce genre d'échange, alors on pourrait continuer très longtemps là-dessus. Est-ce qu'il y a d'autres points, d'autres sujets, thématiques ou idées comme ça que tu voudrais partager sur ce sujet diversité ? Comme ça, je me dis, tiens, si on a un DRH, quelqu'un qui se dit, tiens, j'ai envie d'avancer un peu sur ce sujet-là, comme ça, tu aurais un ou deux conseils à lui donner pour commencer ?

  • Speaker #1

    Sur la diversité ?

  • Speaker #0

    C'est un sujet, on ne sait pas toujours par où le prendre.

  • Speaker #1

    Non, mais c'est vrai que c'est compliqué, parce qu'on n'a pas envie de stigmatiser certains clichés. Donc, c'est vrai que je pense déjà que la première étape, c'est de faire prendre conscience. Je ne suis pas convaincue que tout le monde ait conscience de ça, en fait. À la fois... du fait qu'on a tendance à recruter, comme on disait tout à l'heure, à l'identique, du fait qu'une équipe ou une entreprise avec de la diversité a des meilleurs résultats, c'est plus riche, on prend des meilleures décisions, etc. Je ne suis pas sûre que ce soit quelque chose qui soit largement connu, soit admis, je ne sais pas. Je trouve qu'il y a quand même une première étape qui est d'en parler. et de le définir, comme on l'a fait là, c'est quoi la diversité, de quoi on se parle exactement, parce que dans la tête de certains, la diversité c'est juste homme-femme en fait. Et c'est ça, déjà de faire prendre conscience, sachant qu'il y a beaucoup de matière sur le sujet, il y a plein d'études qui montrent que... Il y a McKinsey qui a fait des études sur le sujet, d'abord ils avaient fait des études sur homme-femme, et puis ils ont élargi à la diversité de façon plus générale.

  • Speaker #0

    Il y a donc des résultats qui montrent la performance d'une équipe qui est autour de la diversité, et qu'il y a de la performance, parce qu'on est là pour ça.

  • Speaker #1

    En termes de rentabilité. Ok. Donc première étape, et puis après, je pense qu'il faut accompagner les équipes en les coachant sur les sujets. En challengeant, en fait. Alors, le recrutement, c'est un bon sujet, parce qu'en fait, c'est là où on peut vraiment, je trouve, bien matérialiser le sujet. Parce que voilà, c'est là où on fait rentrer les forces vives dans l'entreprise, et c'est un moment clé, en fait.

  • Speaker #0

    Donc, on peut commencer sur cette partie-là.

  • Speaker #1

    Oui, sur la partie recrutement.

  • Speaker #0

    Ok. Ok, ben écoute, merci beaucoup Julie pour ces échanges autour de la diversité. Alors, je ne t'ai pas posé la question que je pose en général toujours, mais là on va le faire à l'inverse, on va le faire à la fin. Quelle est ta vision comme ça, toi, de la fonction RH en entreprise ? Tu es la première à qui je pose la question tout à la fin, voilà. On est parti tout de suite du sujet.

  • Speaker #1

    Pourquoi pas. Ma vision de la fonction RH en entreprise, c'est une question...

  • Speaker #0

    Sur une fonction de direction générale, tu te dis, moi les RH ça sert à ça.

  • Speaker #1

    Alors, moi les RH, pour moi, c'est une des fonctions clés de mon quotidien. D'avoir un partenaire RH au quotidien à côté de moi, je ne peux pas m'en passer en fait. Parce que c'est... Alors je vais dire la personne si j'ai un... un responsable RH pour mon activité, qui va m'apporter un œil différent pour traiter tous les sujets, que ce soit la constitution de l'équipe, les recrutements, la gestion de cas difficiles, et donc venir avec un prisme d'expertise métier pour venir compléter mon prisme business managerial. Et donc, je ne pourrais pas me passer de mon partenaire RH. Et j'ai besoin de son expertise métier, que ce soit... Alors après, on a la chance chez Pomona d'avoir une équipe très riche avec tous les différents métiers, mais on a besoin d'avoir l'expertise paye, l'expertise affaires sociales, l'expertise formation, etc. Et donc, voilà, c'est cette complémentarité des expertises qui fait que pour moi, c'est indispensable.

  • Speaker #0

    Tout a un sens dans la vie et je comprends pourquoi je ne t'avais pas posé la question au début. J'ai l'explication, mais c'est venu comme ça. Parce que tu viens de nous donner un exemple très clair de tout ce que tu as dit avant. Tu as besoin d'avoir quelqu'un qui t'amène un regard un peu différent. On est à nouveau dans cette notion de diversité de regard, diversité d'expertise. Et quelqu'un qui va t'amener son expertise, son regard un peu différent. t'aider à compléter ce que toi tu as pu voir, penser, pour décider. Donc c'est ça que je trouve génial, c'est qu'en fait ça vient détailler pas mal de choses qu'on a pu évoquer avant. Alors j'enchaîne avec les trois questions que j'ai l'habitude de poser à mes invités en guise de conclusion. La première c'est, on revient sur cette partie un peu RH, mais comme ça, le ou les conseils que tu aurais envie de donner à une personne qui soit voudrait travailler dans les RH ou travaille dans les RH, toi avec toujours ta vision, et c'est ça que je trouve intéressant sur ta fonction de directrice générale, C'est quoi le conseil ?

  • Speaker #1

    Si j'avais un conseil à donner, ce serait d'être... expert dans votre métier, soyez expert de votre métier pour apporter cette compétence qui est attendue, en fait, par le business. Et pour apporter cette complémentarité tout en ayant toujours vraiment l'oreille pour le côté métier opérationnel. Comprendre, en fait, le métier opérationnel, mais apporter cette vraie expertise qui est attendue, en fait.

  • Speaker #0

    Ok, donc ça veut dire que toi... Directrice générale, tu te dis, moi je veux... L'expertise, elle est importante.

  • Speaker #1

    Je veux quelqu'un qui se dénature pas, qui garde son...

  • Speaker #0

    L'authenticité dont on parlait tout à l'heure.

  • Speaker #1

    Oui, et puis qui garde aussi une forme de position, parce que c'est justement, ça crée un équilibre, en fait, on a besoin de ça. C'est comme avec un directeur financier, en fait, c'est la même chose. Avec un directeur financier, j'ai besoin qu'il... J'ai besoin qu'il garde son domaine d'expertise et qu'il fasse, je ne sais pas beaucoup de mots, mais le contre-pouvoir. Et pour que l'opérationnel, en fait, mais il faut se comprendre. Donc, c'est, voilà.

  • Speaker #0

    Ok, génial. Allez, demain, tu pars sur une île déserte. Tu peux emmener un livre. Quel est ce livre ?

  • Speaker #1

    Alors, je savais, enfin, sur une île déserte. Alors, si la question c'est Est-ce que j'ai un livre de référence que j'emmènerai partout avec moi ? La réponse est non.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Parce que j'aime bien lire des trucs différents. Donc du coup, je me suis dit, bon, je pourrais peut-être emmener le livre que je suis en train de lire en ce moment. Mais c'est Holly de Stephen King. Donc je ne suis pas sûre.

  • Speaker #0

    Ok, ok.

  • Speaker #1

    Et donc du coup, je me suis dit, si c'est pour partir sur une île déserte, vu que je n'y connais pas grand-chose en survie, peut-être le guide de survie...

  • Speaker #0

    Logique, pas mal, pas mal. Très bien, c'est pragmatique. Ok, parfait, merci. Allez, une ou deux personnes comme ça que tu pourrais me recommander d'inviter pour un prochain épisode autour du management DRH ?

  • Speaker #1

    Alors, j'ai deux idées.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Une première idée qui est une personne qui est une experte dans son domaine, qui est systémicienne. qui s'appelle Bénédicte Crussy, qui a une entreprise qui s'appelle MeetWiz, et qui accompagne les entreprises dans la gestion de conflits notamment, mais pas que.

  • Speaker #0

    Très bien, intéressant.

  • Speaker #1

    Et j'ai une deuxième idée qui est plus un profil de direction générale, qui est une personne avec laquelle j'ai toujours des discussions passionnantes, sur des sujets RH notamment. Je me suis dit que ça pouvait être une bonne idée.

  • Speaker #0

    Tu t'es bien dit.

  • Speaker #1

    Et qui s'appelle Stéphane Roger.

  • Speaker #0

    Ok et ben écoute merci beaucoup merci vraiment Julie pour tous les échanges qu'on a pu avoir et puis je te dis à bientôt

  • Speaker #1

    Merci à toi, à bientôt

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Description

Quand une équipe basée sur la diversité rend sa Manager encore meilleure.


Dans ce nouvel épisode, nous plongeons au cœur de la diversité en entreprise avec Julie Dang Tran, Directrice Générale d'Episaveurs.

Avec son parcours impressionnant, de Philips à Pomona, en passant par HP et Manutan, Julie partage avec nous son expérience unique de management d'équipes internationales et multiculturelles.


Découvrez comment son passage aux États-Unis a radicalement changé sa perception du travail en équipe et l'importance de l'ouverture d'esprit.


Julie nous explique comment la diversité est une richesse et un atout stratégique pour les ressources humaines, favorisant l'innovation et la performance.

Ne manquez pas ce témoignage inspirant pour tout professionnel des ressources humaines qui souhaite connaitre la vision d'une personne occupant des fonctions de Direction Générale au sujet de la diversité.


Et comme d'habitude c'est concret et sans langue de bois.


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Bonne écoute ! 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    C'est parti là. Ça tourne. On y est.

  • Speaker #1

    Bon enregistrement.

  • Speaker #0

    Merci Morgane. A plus. Alors moi je prends ça et au cas où. Allez, on est parti. Bonjour Julie.

  • Speaker #1

    Bonjour Flaubert.

  • Speaker #0

    Dans le dernier épisode de ce podcast, Louis Vareil, le réuniologue qui soigne la réunionite, m'a conseillé deux invités. Et dans ces deux invités, il y avait toi, Julie. Je suis allé regarder ton parcours, je t'ai contacté et on a réussi à caler l'enregistrement comme ça, assez simplement. Et quand je t'ai contacté et que nous avons échangé, je t'ai demandé, comme je le fais avec tous mes invités, de quel sujet tu avais envie de parler. Alors parfois c'est compliqué, certains invités hésitent entre différents sujets, il faut proposer, itérer, choisir. Mais toi tout de suite, tu m'as parlé de la diversité. Comme ça, naturellement, et j'ai senti que c'était un sujet qui te tenait. Vraiment à cœur, et surtout, j'ai senti que ce sujet faisait partie intégrante de ton parcours. D'ailleurs, j'ai retrouvé une interview de toi dans laquelle tu en parles et c'était déjà en 2021. Au passage, dans cette interview, tu dis quelque chose qui me parle particulièrement. Tu dis les opportunités, elles se créent. C'est nous qui les créons et qui les trouvons. Il ne faut pas attendre que ça tombe tout cuit J'aime vraiment, vraiment beaucoup cette phrase et je pense qu'elle dit beaucoup de toi, Julie, car évidemment tu n'as pas fait le formidable parcours que tu as réalisé, comme ça, en attendant que ça tombe tout cuit. Tu vas nous expliquer tout ça Julie, en commençant par nous dire qui es-tu Julie Dangtran ?

  • Speaker #1

    Eh bien je suis Julie Dangtran, j'ai 48 ans, j'ai trois enfants et je suis aujourd'hui directrice de la branchée Pissaveur au sein du groupe Pomona. D'accord. Ça fait donc trois ans à peu près que j'ai rejoint ce groupe-là. J'ai un parcours... Alors en fait j'ai grandi dans une petite ville de province. Qui s'appelle ? Oui, ils ont eu leur heure de gloire d'ailleurs.

  • Speaker #0

    Exactement, tout à fait.

  • Speaker #1

    Et ne sachant pas trop ce que je voulais faire en sortant de mon bac, j'ai fait une prépa et une école de commerce. Ok. Et très vite, j'ai eu envie d'international, de partir, etc. Donc j'ai fait un échange en Australie pour finir ma scolarité.

  • Speaker #0

    Où ça, en Australie ?

  • Speaker #1

    À Sydney.

  • Speaker #0

    Ok, pas mal.

  • Speaker #1

    Et j'ai démarré mon parcours professionnel en tant que commercial terrain. Alors que je rêvais de faire du marketing, mais j'ai écouté les conseils d'un intervenant que j'ai rencontré à la fin de mon cursus. qui était directeur commercial et qui me disait Si vous voulez faire du bon marketing, il faut comprendre comment les magasins fonctionnent.

  • Speaker #0

    Donc il faut commencer, aller sur le commercial pour ensuite...

  • Speaker #1

    Il faut comprendre comment les gens achètent en magasin, pour pouvoir savoir comment leur parler. Il faut savoir comment un chef de rayon se réfléchit et se comporte pour pouvoir lui donner les bons outils.

  • Speaker #0

    Plutôt bon conseil à la base. On peut dire que ça a du sens en tous les cas.

  • Speaker #1

    Sur le moment, je l'ai fait un peu à contre-coeur, pour être tout à fait honnête. Et en fait, c'est certainement la meilleure décision que j'ai prise pour démarrer, parce que je ne l'aurais jamais fait sinon, après coup. Et j'ai énormément appris pendant ces deux années sur le terrain. Ça m'a donné en fait un bagage très opérationnel, très concret, qui est en moi en fait aujourd'hui et que j'ai jamais perdu et qui continue de me servir en fait. Ok. Donc voilà, mais ça illustre aussi un peu toujours la façon que j'ai eu d'avancer. J'ai toujours beaucoup écouté les conseils. Surtout quand ils viennent de personnes qui ont de l'expérience. Et ça m'a permis de me forger un peu mes opinions et de prendre mes décisions aussi, quand il y a eu des décisions à prendre.

  • Speaker #0

    Et juste petite question, là on fait une école de commerce, et puis après il y a quelqu'un qui nous dit, allez, il faut faire du commercial. Le petit gap là de se dire Oh là là, je vais avoir ma voiture et faire du commercial C'est ça aussi qui est un peu compliqué De franchir le cap ou pas du tout ?

  • Speaker #1

    Non, c'est pas ça C'est qu'en fait, j'avais fait des stages En commerce, en marketing Notamment, j'avais fait un stage chez L'Oréal En tant qu'assessante chef de produit Sur la marque Neutralia chez Garnier Et j'avais beaucoup aimé faire ça Et je m'étais dit, c'est ça que je veux faire Et donc du coup, en sortant de l'école, je me suis dit Moi, je veux être chef de produit chez L'Oréal C'était un peu... Et de se dire, on va falloir que j'attende un peu et faire autre chose en attendant pour se construire un bagage, on n'a pas l'impression d'avoir besoin de passer par là forcément. Donc c'est plus ça en fait, je pense.

  • Speaker #0

    Ok. Ok, et donc ensuite ?

  • Speaker #1

    Je n'ai jamais été chef de produit chez L'Oréal D'accord

  • Speaker #0

    Comme quoi, on peut avoir des envies, des rêves puis après la vie nous amène ailleurs Exactement

  • Speaker #1

    J'ai passé trois ans chez Philips donc deux ans sur le terrain et un an au siège au marketing D'accord Et au bout de trois ans, j'ai eu la possibilité de rentrer chez HP en tant que chef de produit sur les scanners et les appareils photonumériques HP, c'était une entreprise dans laquelle j'avais fait un stage Et ça reboucle avec la phrase sur l'opportunité que vous avez citée tout à l'heure. Parce qu'en fait, c'est l'enchaînement d'événements qui fait que cette opportunité s'est présentée à moi. Parce que pendant mon stage, j'avais été appréciée pour mon travail de stagiaire. Et que le jour où je recroise mon maître de stage sur un événement, Il se dit, tiens, on a un poste, est-ce que tu voudrais postuler ? Et donc c'est ce qui s'est passé, j'ai postulé et j'ai été prise pour ce poste. Ce que je ne savais pas, c'est que j'allais rester chez HP 17 ans, en y rentrant en 2000. Alors en 17 ans, j'ai fait plein de missions différentes et j'ai eu pas mal de postes différents. J'ai passé les six premières années en France, sur un périmètre franco-français, chef de produit, responsable marketing. Et puis, après la naissance de mon premier enfant, j'avais envie de bouger. Et j'ai eu deux opportunités, et il y en a une qui me paraissait être... plus enrichissante que l'autre, c'était de partir aux Etats-Unis sur un poste de chef de produit à la division au niveau worldwide. Et donc on a déménagé avec mon mari et mon fils en Californie. On y sera resté deux ans, mais ça a été quelque part pour moi, c'est un événement charnière de ma carrière parce que c'est à ce moment-là que s'est introduit un peu le thème de la diversité, mais C'est à ce moment-là aussi que je me suis rendue compte que la variété des façons de penser et l'ouverture et l'agilité des Américains permettait de faire énormément de choses. Et moi, ça m'a décomplexée sur pas mal de choses en fait, en entreprise.

  • Speaker #0

    C'est la mentalité là-bas qui t'a fait t'ouvrir et ouvrir les yeux sur le sujet et en tout cas commencer à le toucher du doigt.

  • Speaker #1

    Oui, conscientiser un peu. Un peu la force des biais qu'on peut avoir quand on est tous dans le même système en fait.

  • Speaker #0

    Oui, du même moule et oui.

  • Speaker #1

    Et donc quand on sort du système, du coup on change complètement d'ongle de vue et ça vous donne des perspectives et ça permet de comprendre un certain nombre de choses. Et à ce moment-là, je me souviens, je disais, mais en fait, quand on travaille dans une entreprise... Il faut changer d'angle de perspective, d'angle de vision. Il faut bouger pour comprendre et pour développer l'empathie aussi avec les gens avec lesquels on travaille et qui sont dans une autre position. Et typiquement, quand on est dans un pays, dans une entreprise comme HP qui est une très grande entreprise avec beaucoup de monde et beaucoup de niveaux d'organisation, de passer d'une organisation pays... à une organisation mondiale. Il y avait l'Europe entre les deux. Et moi, j'ai fait les trois, en fait. J'ai fait d'abord le pays, puis le global, et ensuite je suis revenue au niveau européen.

  • Speaker #0

    OK.

  • Speaker #1

    Du coup, ça permet de comprendre comment certaines décisions sont prises au niveau global. Quand on est dans le pays, on ne comprend pas forcément. On se dit, mais pourquoi est-ce qu'ils ont fait ça comme ça ? Et à l'inverse, quand on est au niveau global, si on ne comprend pas ce qui se passe dans les pays, en fait... On peut sur-simplifier certains sujets.

  • Speaker #0

    Oui, c'est sûr que cette hauteur donne une vision différente. Alors, on continue juste ton parcours, donc HP, Californie, et puis ensuite...

  • Speaker #1

    Ensuite Genève.

  • Speaker #0

    Genève, d'accord.

  • Speaker #1

    Quatre ans à Genève, sur des postes européens, trade marketing, catégorie management et vente.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Et puis en 2011, je reboucle la boucle en fait, et je reviens à Paris, toujours pour HP. En tant que directrice de la catégorie impression.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    J'ai toujours travaillé sur les familles de produits plutôt grand public et plutôt retail, consumer et retail en fait.

  • Speaker #0

    Ok. Voilà. Et après Manutent ?

  • Speaker #1

    Oui. Après Manutent, j'ai eu en fait la chance de rencontrer des gens qui... En fait, on pensait à moi pour un poste de direction générale dans une ETI française, alors que j'avais un parcours de 20 ans dans des grandes entreprises plutôt anglo-saxonnes, et que je n'avais pas eu d'expérience de direction générale. Mais voilà, j'ai eu la chance de tomber sur des gens qui se sont dit, en fait, il y a un match et de compétences et de valeurs. qui pourrait faire que ça va marcher.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Et donc je suis rentrée chez Manutan en tant que directrice générale de la filiale française, qui est la filiale historique de Manutan, puisque c'est construit en France. Et je suis restée cinq ans chez Manutan.

  • Speaker #0

    Manutan, comme ça, quelques...

  • Speaker #1

    C'est un distributeur, donc c'est une ETI française. Alors à l'époque où j'y étais, parce que je...

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    C'était 800 millions d'euros de chiffre d'affaires, le groupe, 2200 collaborateurs, présents dans 17 pays, avec je crois que c'était 24 filiales. Et une vraie particularité d'être un distributeur B2B, mais très fort en e-commerce, donc un vrai e-commerceur B2B, sur tout ce qui est équipement de l'entreprise.

  • Speaker #0

    Ok. Et puis ensuite ?

  • Speaker #1

    Et puis depuis fin 2021, je suis chez Pomona, qui est un distributeur. de produits alimentaires. Un grossiste, en fait, Pomona se définit comme un grossiste à service complet, pour les métiers de bouche essentiellement. donc la restauration, mais aussi certains commerces de proximité. C'est un groupe français aussi, qui est présent essentiellement en France et un petit peu en Espagne, qui se développe bien en Espagne par ailleurs, et qui représente 12 000 collaborateurs et 5,3 milliards d'euros de chiffre d'affaires. Et ça reste une entreprise familiale.

  • Speaker #0

    Belle boutique.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Très belle boutique.

  • Speaker #1

    Et moi je m'occupe d'épisaveur. C'est la branche qui commercialise les produits d'épicerie, la boisson et le non alimentaire. D'accord. En fait, le point commun de tous ces produits, c'est qu'ils se stockent et qu'ils se livrent à température ambiante. Et donc, mes clients, c'est la restauration. Que ce soit la restauration commerciale ou la restauration collective, avec tout type de restauration dès qu'on mange en dehors de chez soi.

  • Speaker #0

    Ça représente quoi en nombre de personnes ?

  • Speaker #1

    La branche, on est 1500. On a 9 directions régionales. Et on a 42 000 clients.

  • Speaker #0

    Pas mal. Je refais juste la petite histoire quand tu as commencé à parler de ton parcours. La petite Njortese qui est partie en Australie, qui a parcouru le monde, Etats-Unis, Genève, revenu en France, félicitations parce que c'est un vrai beau parcours aujourd'hui, fonction de direction générale. Et je reprends ce que je disais dans l'introduction, les opportunités se créent, tu disais j'ai eu la chance de, oui, la chance certainement provoquée, travaillée, c'est le fruit aussi de tout ce travail, donc bravo à toi.

  • Speaker #1

    C'est gentil, mais en fait, je n'explique pas trop mon parcours autrement que par le fait d'avoir suivi mes intuitions, mes envies et d'avoir suivi ma curiosité. Donc, je n'avais pas de plan. de carrière ?

  • Speaker #0

    Alors, c'est marrant ce que tu dis, parce que là aujourd'hui, on enregistre cet épisode, j'ai déjà pas mal de personnes qui sont passées dans ce podcast, et l'intuition est quelque chose qui est revenue régulièrement. Écouter son intuition, c'est un des conseils, à la fin, je vais te demander de donner un ou deux conseils à des personnes qui souhaiteraient évoluer et exceller dans les RH. J'ai sorti un petit book avec les 30 premiers conseils, et il y a Un point qui revient de temps en temps justement sur l'intuition, savoir écouter ses intuitions. On prend souvent des décisions très normées, on prend des paramètres très factuels, mais il y a quand même cette intuition et c'est marrant que tu en parles comme ça. Elle t'a vraiment aidé cette intuition dans ton parcours ?

  • Speaker #1

    Oui indéniablement parce qu'en fait j'ai souvent pris des décisions. Alors évidemment il y a le côté rationnel. Quand on est parti aux Etats-Unis, je me souviens avec mon mari on s'était assis. On avait fait les pours, les contres, on avait fait deux colonnes. A chaque fois que j'ai changé de job, j'ai fait ça. Mais en fait, au bout du compte, c'est avec qui je vais travailler. Est-ce que cette personne m'inspire ? Comment je le sens en fait ? Et au final, c'est ça qui va faire la différence quand le pour et le contre est à peu près équivalent.

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr. Il y a cette petite voix au fond de soi, ce petit truc qu'on sent ou qu'on ne sent pas. Et il faut savoir, et je trouve qu'on apprend avec le temps à écouter tout ça aussi. Plus on avance... en âge, plus on commence à se dire tiens, il y a un truc là qui me parle ou pas et c'est important de le suivre alors je reviens sur ce que tu disais quand tu parlais justement de la Californie les Etats-Unis si je dis ce que j'ai peut-être cru comprendre, entendre dans ce que tu disais en disant alors c'est peut-être un peu résumé mais déjà quand tu quittes ton environnement classique, on va dire, enfin natal, tes repères, etc., que t'arrives dans un pays qui n'est pas le tien, est-ce que c'est déjà une façon de t'ouvrir obligatoirement au sujet de la diversité ?

  • Speaker #1

    Complètement.

  • Speaker #0

    Ça, tu l'as vécu vraiment en disant, bah tiens, je suis plus, je suis hors de mes bases, waouh, là je m'ouvre.

  • Speaker #1

    Oui, mais en fait, c'est marrant parce que je l'ai conscientisé assez tard, ça, chez moi. Mais je me rends compte que j'ai toujours été attirée par des gens qui n'étaient pas comme moi. J'ai toujours été attirée par les choses que je ne connaissais pas. Et donc le fait d'arriver dans un pays, je pense que c'est pour ça que j'ai toujours aimé voyager, j'ai toujours adoré voyager. Je voyage beaucoup moins parce que j'ai de plus en plus de mal à prendre l'avion.

  • Speaker #0

    Ok, ça c'est quoi, des peurs, des peurs c'est ça ? Pas du tout,

  • Speaker #1

    c'est l'empreinte carbone simplement.

  • Speaker #0

    Ok, d'accord.

  • Speaker #1

    Mais… Mais on ne se posait pas ces questions-là. Et moi, j'adorais arriver dans un endroit et en fait, en découvrir les codes de cet endroit, essayer de trouver mon chemin. C'est de plus en plus facile avec tous les moyens qu'on a, mais quand j'ai voyagé, quand j'avais 18 ans et que je voyageais, on n'était pas connectés, il fallait tout découvrir sur place. Oui,

  • Speaker #0

    ça c'est sûr.

  • Speaker #1

    Et ça, ça m'a toujours intéressée, et j'ai toujours aimé aller au contact de personnes qui ont des avis différents de moi. J'aime être confrontée en fait à cette... à cette difficulté-là de pouvoir essayer de trouver un accord quand il n'y en a pas au début, en fait.

  • Speaker #0

    Et ça, si je remets là dans le contexte de toi, sur une fonction de direction générale... T'as un comité de direction, comex, enfin quelque chose, une instance qui t'aide à décider, avec Louis qui peut vous accompagner d'ailleurs dans vos modes de décision et vos réunions. Ça c'est quelque chose que tu mets en application, c'est-à-dire, ah bah tiens, il y a des gens différents autour de la table, et j'aime bien quand on n'a pas tous le même avis, et que même on va challenger un peu ce que je peux moi penser ou avoir en tête. C'est important.

  • Speaker #1

    C'est important, moi je pense que c'est très important Et en fait, naturellement, je vais chercher des gens qui sont différents pour constituer une équipe Parfois j'ai des idées un peu créatives sur des profils ou des candidats potentiels pour certains postes Je peux un peu surprendre parfois par mes choix ou mes propositions on va dire Mais ça apporte énormément Et en fait, la chose peut-être qui est la plus difficile à... à mettre en œuvre dans ces cas-là, c'est de faire en sorte que tout le monde s'ouvre à cette diversité. Et que tout le monde soit... à l'aise avec la divergence des points de vue. C'est pas forcément facile en fait. On n'est pas d'accord. Non mais c'est bien, on n'est pas d'accord. C'est super en fait qu'on ne soit pas d'accord. Parce que si on arrive à s'écouter et à s'enrichir mutuellement, alors à la fin, on sera chacun plus intelligent, on aura appris des choses. Et s'il y a une décision à prendre, potentiellement la décision sera meilleure. Parce qu'en fait, on aura pensé à plus de choses.

  • Speaker #0

    Oui, elle aura été challengée, passée au TAMI. Oui. Alors, c'est intéressant ce que tu dis, parce que tu dis naturellement, mais en fait, c'est pas super naturel. Les bons nombres de managers, naturellement, vont pas toujours avoir envie d'avoir des gens en face, et d'un qui pensent pas comme eux, et d'eux qui les challengent. Et puis si je fais le lien avec le métier que nous on fait au quotidien sur le recrutement, c'est vrai qu'on entend beaucoup parler de, oui, on veut des profils différents, sauf que souvent, le briefing qu'on a de la part... des entreprises, c'est bon bah moi, voilà ce que je veux, et on est un peu une photocopieuse, quoi. Ils nous voient absolument le profil comme si, après, charge à nous d'arriver à amener des profils un peu différents et souvent, on en met deux qui correspondent puis un qui ne correspond pas et parfois, c'est celui-là qui est retenu, mais tout ça pour dire que c'est à la base pas très naturel. Alors que pour toi, tu dis oui, naturellement, moi j'aime bien ça.

  • Speaker #1

    Ça ne veut pas dire que je n'ai pas de biais inconscient, comme tout le monde a en fait. Mais c'est vrai que naturellement, on a tendance à recruter des gens qui nous ressemblent. Parce que c'est plus confortable en fait. C'est beaucoup plus rassurant.

  • Speaker #0

    C'est plus rassurant, exactement.

  • Speaker #1

    On a en face de soi quelqu'un qui réagit pareil, on se comprend tout de suite. Donc voilà, c'est simple en fait. Et on a l'impression de prendre moins de risques en recrutant des gens qui nous ressemblent. Sauf qu'en fait, si on recrute que des gens qui nous ressemblent... à la fin du compte, on ne discute plus parce qu'on est d'accord sur tout et puis on s'appauvrit en fait donc voilà je pense que c'est important et quand j'ai tendance parce que j'ai les mêmes biais que tout le monde en fait si je vois quelqu'un avec qui je clique tout de suite, forcément je me dis c'est bon en fait oui,

  • Speaker #0

    on va bosser ensemble,

  • Speaker #1

    ça va être simple mais il faut faire ce petit pas de côté se dire bon, est-ce que vraiment c'est suffisant et surtout voir toujours par rapport à l'ensemble de l'équipe, quel apport ça va être pour les autres ? Et de voir la complémentarité des profils, en fait, dans une équipe, pour que l'équipe soit riche.

  • Speaker #0

    Alors, justement, si on se dit... Déjà, c'est quoi pour toi la diversité ? C'est quoi comme ça, toi, la définition que tu donnerais de la diversité ? Parce que chacun peut avoir sa définition, mais concrètement, dans ce que tu vois et ce que tu vis au quotidien, tu nous dirais quoi ?

  • Speaker #1

    Pour moi, en fait, la diversité dans une équipe, la diversité humaine, ça va être d'avoir des profils qui sont différents, mais à partir de là, Selon plein de critères différents, ça peut être la diversité d'éducation culturelle, d'origine, de sexe évidemment, mais d'ethnie, de personnalité, introvertie, extravertie. Donc en fait, ça touche à plein de choses différentes. Et c'est la diversité de tous ces critères-là qui va faire qu'on va avoir une équipe complète.

  • Speaker #0

    D'accord. Et c'est important, on pourrait se dire, pourquoi la diversité est nécessaire ? Pour ce que tu disais avant aussi, sur le côté moi ça va me challenger et puis on va pas aller toujours dans la même direction et puis on va passer au tamis des décisions c'est ça ?

  • Speaker #1

    Oui, en fait, à cette question j'ai envie de parler en réponse j'ai envie de parler d'intelligence collective parce que On demande à une équipe d'être collectivement performant. On demande de la performance individuelle, évidemment.

  • Speaker #0

    Pour servir le collectif.

  • Speaker #1

    Mais on demande aussi, moi je crois beaucoup à la force du collectif, dans l'entreprise en particulier, puisqu'en fait, chacun va avoir son domaine d'expertise. Mais ce domaine d'expertise, il n'est rien sans la complémentarité des autres domaines d'expertise. Mais si chacun travaille dans son silo, ça ne peut pas fonctionner. Surtout aujourd'hui, où finalement tous les métiers sont liés, avec la techno qui relie tous les métiers et qui a la croisée des chemins, et où en fait on est tout le temps obligé de faire travailler des équipes en mode projet. Et donc, pour avoir une équipe où l'intelligence collective opère, il est clé d'avoir une complémentarité de compétences, de mon point de vue. Et pour ça, il faut avoir de la diversité. Parce que si vous mettez ensemble que des ingénieurs très rationnels, ils vont oublier toute la partie... Donc ça, c'est de la complémentarité cognitive. En fait, ils vont peut-être oublier une partie plus soft et à l'inverse. Si on n'a pas les techniciens, on ne va pas réussir à amener le projet, surtout si c'est un projet un peu technique. Donc, moi je pense que, et d'ailleurs, j'avais été très inspirée par une conférence que j'avais vue par Émile Servan-Schreiber, qui a écrit un bouquin qui s'appelle Super Collectif, où en fait il parle de tous ces sujets-là. Il démontre en fait que l'intelligence d'une équipe, c'est pas la somme des intelligences de chacun. Mais c'est la complémentarité des profils qui sont dans cette équipe-là. Et plus il y a de diversité dans une équipe, plus l'équipe est intelligente.

  • Speaker #0

    J'aime bien ça. Oui, ce n'est pas la somme des intelligences individuelles. Non. Surtout pas.

  • Speaker #1

    Pas du tout.

  • Speaker #0

    C'est pas mal ça

  • Speaker #1

    J'aime beaucoup Mais c'est un peu comme dans une équipe de sport en fait Je sais pas, je suis pas très foot

  • Speaker #0

    Moi je suis très foot On peut y aller

  • Speaker #1

    Moi je suis pas très foot justement

  • Speaker #0

    Ce que je pourrais dire par rapport à ça C'est que moi je dis souvent T'as pas 11 Zinedine Zidane dans une équipe T'as des grands, des petits, des rapides, des plus lents, des techniques, des techniques, des... Voilà, c'est un peu ça aussi quoi en fait.

  • Speaker #1

    Mais tu peux avoir un très bon dans une équipe de foot. qui pourrait faire gagner toute l'équipe, mais s'il n'a pas le bon état d'esprit et s'il peut aussi détruire le collectif, en fait. Parce que par son attitude, par son égo...

  • Speaker #0

    Je suis sûr qu'il y en a plein qui ont des noms en tête de joueurs de foot qui sont très bons et qui peuvent détruire un collectif. Je ne vais pas y aller, mais...

  • Speaker #1

    Dans le sport, ça se voit. Mais en fait, on peut faire un parallèle entre une équipe de sport et une équipe en entreprise. C'est la même chose, en fait.

  • Speaker #0

    Évidemment. Et comment les bons... servent également le collectif. Et le bon tout seul, il n'y arrive pas. Il a aussi besoin des autres qui sont peut-être moins bons. Donc ça, c'est très intéressant. Et si je pousse et que je dis, mets donc ton rôle, toi, le rôle de la CEO qui fait jouer... En fait, c'est de faire jouer tout ce petit monde ensemble et de faire que l'ingénieur travaille avec celui qui est... pas vraiment ingénieur et peut-être pas très cartésien, mais qui va être, tiens, si on en vient un peu plus à ce qu'on disait tout à l'heure, peut-être un peu plus intuitif, et que tout ce petit monde travaille ensemble et arrive à s'élever ensemble et à délivrer une performance collective de qualité. Et c'est ça ton job à toi au final.

  • Speaker #1

    Ah oui, complètement. Déjà, c'est de constituer la bonne équipe, comme un coach sportif, si on continue le parallèle. Et ensuite, de l'animer et de faire en sorte qu'elle délivre le meilleur d'elle-même, en ayant la meilleure collaboration possible. Et comme quand on a des... des profils qui sont différents. Parfois, ils peuvent avoir du mal à communiquer. C'est vrai que le rôle du manager, c'est de mettre du liant, de mettre de l'huile dans les rouages. De dire, mais attends, est-ce que tu as pensé à ça ? Est-ce que tu as parlé avec... Parce qu'on en a parlé hier et il m'a dit ça, donc peut-être que... Et donc de faire en sorte que les deux se parlent et se complètent. Mais après, il y a aussi l'animation dans les... Quand on a des décisions à prendre, de faire en sorte que tout le monde s'exprime. Que tout le monde puisse donner son avis. Et que, typiquement, dans une équipe, on a des extravertis et des introvertis. Faire en sorte qu'il n'y ait pas que les extravertis qui parlent, en fait. Et qu'on donne la parole aux introvertis, leur disant Est-ce que tu as quelque chose à dire ? Non, mais j'ai besoin d'y réfléchir. Et donc, dire Ok, je vais te laisser un peu de temps pour réfléchir.

  • Speaker #0

    Ce que tu as ainsi fait ? Et que là, on en revient aussi à la diversité, mais dans ta façon de procéder, toi, tu as besoin de ce temps-là pour apporter quelque chose à l'équipe. Et là, le rôle de la CEO, c'est de dire Ok, je vais faire pour qu'il soit en condition de réfléchir au truc et de nous apporter quelque chose. Mais c'est là où c'est complexe quand même de gérer une équipe qui est dans cette diversité-là.

  • Speaker #1

    Moi je trouve pas ça complexe, je trouve ça passionnant en fait. Parce que, au contraire, ça oblige à se poser des questions et ça oblige à être meilleur en fait.

  • Speaker #0

    Ça challenge.

  • Speaker #1

    Ça challenge, ça challenge énormément, mais pour faire progresser tout le monde en fait. Donc moi je trouve ça passionnant j'ai pas d'autres mots

  • Speaker #0

    Non mais c'est intéressant d'avoir justement et c'est pour ça que je voulais faire cet épisode ta vision toi qui es sur des fonctions de direction générale t'as travaillé à l'international etc de ce sujet de la diversité parce que alors tu comprends que parfois C'est un sujet qui peut un peu cliver. Parfois, on entend parler diversité, on se dit, allez, encore une couche de RH washing, et on va nous mettre des trucs de bien-pensance, etc. Ça te parle, ça ?

  • Speaker #1

    Oui, complètement. Mais je trouve que ça, c'est quand... On tombe dans les clichés en fait. Et que... Alors malheureusement, et c'est souvent le cas quand on défend une cause, on peut tomber dans des extrêmes ou dans des stéréotypes. Et du coup quand on tombe là-dedans, du coup forcément ce n'est pas ce que tu viens de décrire en fait. C'est super dommage parce qu'au contraire, je trouve que la diversité, enfin, accueillir la diversité, c'est au contraire faire preuve de tolérance, être tout le temps sans jugement pour quelque chose qui ne nous ressemble pas en fait.

  • Speaker #0

    C'est dur. Alors, j'allais dire, oui, à la base, l'autre, l'altérité peut faire peur.

  • Speaker #1

    Je me rends compte que pour beaucoup de personnes, c'est dur, effectivement. Moi, je ne suis pas construite comme ça, mais c'est vrai que pour beaucoup de personnes, c'est dur. Et encore une fois, je pense que c'est surtout parce que ça fait peur. C'est surtout parce que ça met mal à l'aise et qu'on ne sait pas comment forcément réagir. Et donc, du coup, c'est plus facile de juger. Mais on n'a pas parlé de handicap encore.

  • Speaker #0

    Oui, mais allons-y.

  • Speaker #1

    Mais le handicap, c'est une forme de... Voilà. Oui. C'est ce qui me vient quand on parle de ça, parce qu'on est mal à l'aise, en fait. Et du coup, on préfère éviter parce que c'est plus facile.

  • Speaker #0

    Je suis bien d'accord avec toi. Et c'est vrai que quand on rencontre une personne en situation de handicap... Et ça m'est encore arrivé il n'y a pas très longtemps pour une opération spéciale. C'est vrai qu'à la base... On ne sait pas comment aborder, on ne sait pas trop quoi dire. Et donc oui, cette démarche, on n'est pas super à l'aise. Alors qu'en fait, il faut aller au-delà de ça.

  • Speaker #1

    Oui, alors c'est sûr que c'est facile de se dire qu'il faudrait se comporter comme ci ou comme ça. Le fait est que quand on est confronté à une situation, ben cette... Oui, ce malaise ou cette incapacité en fait à trouver le bon, il est présent et du coup c'est vrai que c'est pas évident. Mais en fait, c'est des sujets sur lesquels on devrait se décomplexer complètement parce que finalement, ce serait la seule façon de faire en sorte que recruter une personne en situation de handicap, ce soit pas un sujet. En fait, on aimerait que ce soit pas un sujet en réalité. Mais pour ça, il faudrait arriver à se décomplexer sur le sujet. Et pour autant, si on est dans cette situation où on a un CV de quelqu'un qui a une situation de handicap, quelle qu'elle soit, on va se dire, c'est là où les biais arrivent, on va se dire, mais oui, mais ça va être plus difficile de la faire accepter. Il y a plein de barrières qui viennent se mettre et du coup, on va se trouver une excuse pour ne pas faire ce choix. Voilà, je trouve que ça c'est des sujets intéressants et en entreprise, d'avoir ce type de diversité, c'est pourtant extrêmement positif.

  • Speaker #0

    Tu as plusieurs reprises là, tu as prononcé le mot de biais, c'est vrai que c'est quelque chose qui est...

  • Speaker #1

    qui est trop important et qui nous accompagne moi j'adore ce sujet parce qu'en fait c'est juste comme ça qu'on est construit on a chacun sa réalité ta réalité c'est pas la même que la mienne déjà de ce qu'on voit, on voit pas la même chose c'est vrai et donc naturellement, on a chacun on s'est tous construit avec notre histoire avec notre éducation, avec ce qu'on a vécu, ce qu'on a vu ce qu'on a ressenti et Et donc, quand on vit une situation, on la vit la même situation, on ne peut pas la vivre de la même façon. Et donc, on va la juger de façon différente et donc, potentiellement, on va avoir un avis différent, une perception différente. Donc, c'est juste la nature humaine qui est comme ça. Et je trouve que ce qui est super intéressant, c'est d'en prendre conscience.

  • Speaker #0

    Déjà, à la base, oui, d'en prendre conscience.

  • Speaker #1

    Et de réussir à se dire, moi alors attends, si je réfléchis comme ça, je réagis comme ça, c'est parce que... Et du coup d'apporter plus de conscience dans ses décisions, dans ses choix et dans ses jugements. Donc le sujet du billet, conscient ou inconscient, je trouve qu'il est passionnant, parce qu'il est à la base de toutes nos décisions et de tous nos choix.

  • Speaker #0

    Donc ce que tu nous dis déjà, c'est d'en prendre conscience. Pour déjà se conscientiser le truc et se dire tiens là est-ce que je suis pas un peu en train de partir dans une direction qui est entre le biais la croyance etc et puis un autre conseil que j'ai envie de sortir de ce que tu viens de dire juste avant aussi c'est peut-être un peu d'authenticité aussi en tout cas oui on peut le dire ça comme ça ?

  • Speaker #1

    Ah bah oui complètement ouais Oui Oui, ça c'est sûr. L'authenticité, c'est quand même ce qui va faire qu'on va construire le bon référentiel pour tout le monde, en fait.

  • Speaker #0

    Après, c'est pas toujours simple, cette authenticité, parce qu'on se dit, on sait plus trop ce qu'on peut dire aujourd'hui, ce qu'on n'a pas le droit de dire, comment ça va être interprété, etc. Bon, c'est aussi parfois, bon, c'est aussi ce qui fait qu'on n'ose pas trop y aller.

  • Speaker #1

    Ça peut devenir un peu compliqué aujourd'hui, oui, c'est vrai. C'est vrai qu'on nous demande quand même de réfléchir à plusieurs fois avant de dire qu'il y a des choses qu'on n'a plus le droit de dire, des choses que c'est vrai.

  • Speaker #0

    Donc, il faut faire attention à ça. Je voulais aller sur... j'avais une question à te poser. Je vais aller sur le sujet, mais... Tu es une femme, fonction de direction générale. On sait que c'est pas toujours évident. Si je dis tiens, être une femme dans un monde d'hommes... C'est une réalité pour toi ou pas du tout ? Je pars dans un truc qui n'a pas lieu d'être ? Enfin, dans ton vécu à toi ?

  • Speaker #1

    Tu dis ça parce que j'ai trois garçons ?

  • Speaker #0

    Ah, pas mal ça !

  • Speaker #1

    Déjà à la maison ? Oui. Je suis dans une maison d'hommes. Non mais blague à part, non je vis pas dans un monde d'hommes, c'est un monde dans lequel il y a autant d'hommes que de femmes, en vrai. Oui,

  • Speaker #0

    mais il y a plus de directeurs généraux que de directrices générales.

  • Speaker #1

    C'est vrai. En fait, l'entreprise... est effectivement un univers qui a plutôt été pensé par les hommes et construit par les hommes. Parce que c'est vrai qu'historiquement, c'est surtout les hommes qui ont construit des entreprises et qui ont été à la tête d'entreprises. Et par conséquent, tous les codes de l'entreprise sont plutôt masculins. C'est comme ça.

  • Speaker #0

    C'est historique.

  • Speaker #1

    Donc, c'est vrai que quand on est un peu ambitieux et qu'on a envie d'évoluer et qu'on est une femme, ce qui peut me caractériser, il faut d'une certaine façon se conformer aux codes qui ont été écrits pour l'entreprise. Or, je pense, selon mon expérience, et là j'ai toujours un peu de mal, je prends toujours des pincettes, parce qu'en fait, j'aime pas les stéréotypes, et j'aime pas parler les hommes, les femmes, c'est pas quelque chose avec lequel je suis super à l'aise. Mais, il y a quand même dans mon expérience quelque chose qui me semble être vrai, c'est que, en tout cas c'est vrai pour moi, J'ai des préoccupations qui ne sont pas forcément les mêmes que celles d'un homme, ou celles de mon mari par exemple. Et donc, pour évoluer dans l'entreprise, les concessions qu'on me demande de faire ou qu'on demande de faire sont plus contraignantes pour moi, en tant que femme, que pour un homme. Et notamment le fait de devoir voyager beaucoup, partir tôt le matin, rentrer tard le soir, de passer moins de temps avec les enfants. Je pense que c'est quelque chose qui est intrinsèquement plus difficile pour une femme que pour un homme. Et pour autant, pour progresser dans l'entreprise, ça fait partie des choses qu'il faut faire et que j'ai faites.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Et qui ont été des choix parfaitement assumés. Si j'avais pu faire autrement, j'aurais fait autrement. Après, j'ai eu beaucoup de chance, c'est que j'ai travaillé pendant quasiment 20 ans dans des entreprises anglo-saxonnes où la flexibilité du travail était déjà quelque chose d'acquis.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Donc, j'ai pu aussi ajuster mon organisation personnelle pour quand même être là le soir avec les enfants. Bon, je voyageais beaucoup, mais quand j'étais là, j'arrivais quand même à être à la maison. Après, c'est vrai que quand j'ai travaillé chez Manutent, c'était loin de chez moi et que j'ai été obligée de trouver une organisation personnelle qui faisait que j'avais toute ma liberté professionnelle. Parce que c'est une question de liberté, en fait, d'horaire. Et je ne veux pas focaliser que sur ce côté organisation du temps, mais je pense que c'est une des différences majeures, en fait, qui fait que... certaines femmes se mettent elles-mêmes en fait cette barrière-là et se disent non mais moi en fait je suis pas prête à faire ce compromis j'ai pas envie de sacrifier le temps que j'ai avec mes enfants et donc je ne veux pas prendre un poste à responsabilité plus importante parce que c'est trop en fait de compromis sur ma vie personnelle.

  • Speaker #0

    D'accord. Et après, c'est leur choix aussi, on ne peut pas leur en vouloir, entre guillemets, de faire ce choix-là, ou alors on se dit, c'est dommage, et on essaie de les pousser, on se dit, tiens, mais dans ta vie, qu'est-ce que tu vis pour que tu n'aies pas l'envie de le faire ?

  • Speaker #1

    Moi, je trouve que c'est dommage, parce que je pense qu'on peut être performant dans ce type de poste-là. sans forcément avoir le cadre qui existe depuis je ne sais pas combien d'années sur ce type de poste. Et je pense que ça fait aussi partie de nos responsabilités, les femmes comme moi qui ont ce type de poste, de faire évoluer les codes. Parce qu'on peut très bien prendre un poste à responsabilité, et avoir des enfants, et savoir s'organiser, et atteindre ses objectifs. Parce qu'à la fin du compte, c'est ça qu'on nous demande. Ce qu'on nous demande, c'est d'avoir des résultats, de mener les équipes à la performance, et pas de respecter un cadre horaire. Au contraire même, en fait. Donc je pense que c'est dommage et je pense qu'il faut faire bouger les lignes pour qu'il y ait plus de femmes qui osent et qui s'autorisent en fait. à postuler sur ces postes ?

  • Speaker #0

    On est pleinement dans notre sujet de diversité, parce qu'on est en train de parler d'égalité homme-femme, femme-homme en entreprise. Et moi, ce que je trouve passionnant, c'est de pouvoir échanger avec toi, eu égard à ton parcours, à ta fonction, là aujourd'hui, de directrice générale. Et en effet, c'est inspirant. Et voilà, si ça sert à une. femme qui écoute, qui se dit ben oui, en effet, ça m'inspire, moi je veux y aller, je veux le faire, et je peux faire le reste également, c'est-à-dire, c'est pas parce que je vais prendre une fonction de direction générale que je vais sacrifier mon rôle de maman, de femme, de ce qu'on veut à côté. En revanche, la question que j'ai, c'est un peu, si on le prend de l'autre côté, est-ce que tu as déjà ressenti, à l'inverse, qu'on se dise Ah oui, mais parce que tu as une fonction de direction générale, ça veut dire que tu ne peux pas faire le reste et que donc... Tu sais, ce regard un peu... Oui, donc tu as fait ton choix, donc pour toi c'est la carrière, le métier, et la famille, ça passe après. Tu l'as senti, c'est un peu ce poids sociétal qu'on pourrait avoir en raccourci ?

  • Speaker #1

    Non, pas trop. Je l'ai senti dans l'autre sens.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Au moins une fois.

  • Speaker #0

    Donc dans l'autre sens, ça veut dire...

  • Speaker #1

    Ça veut dire...

  • Speaker #0

    Tu ne peux pas tout faire et il faut vraiment que tu sacrifies et que tu sois entreprise, entreprise. Oui,

  • Speaker #1

    oui. Quand j'ai eu mon troisième enfant, ça a été un cap un peu difficile. Mais après, ça a été aussi une occasion pour moi. de prendre du recul, et c'était au contraire salvateur.

  • Speaker #0

    Ça a eu un sens.

  • Speaker #1

    De toute façon, il faut utiliser tout ce qu'on vit pour apprendre, et se poser les bonnes questions. Et donc, c'est vrai que je crois que, qu'on soit un homme ou qu'on soit une femme, tout au long de son parcours, on se pose la question de savoir où on met le curseur entre sa vie perso, sa vie pro, et les choix qu'on fait. Voilà, moi, je pense que Je pense que j'ai réussi à bien mener les deux, même s'il y a eu des moments où ma vie professionnelle... a eu des effets négatifs sur ma vie personnelle. Et où je sais aujourd'hui, parce que maintenant mon fils est né à 20 ans, donc c'est vrai que le temps a passé, et avec le temps, les choix qu'on fait à un moment prennent une autre dimension. Et je me dis avec le recul, c'est vrai qu'il y a eu des périodes où je n'ai pas vu beaucoup mes enfants. Mais aujourd'hui, quand je vois ce qu'ils sont, je me dis finalement...

  • Speaker #0

    J'ai réussi.

  • Speaker #1

    Ils vont bien.

  • Speaker #0

    J'ai fait le job.

  • Speaker #1

    On n'en est pas encore là, parce qu'ils ne sont pas encore complètement indépendants.

  • Speaker #0

    Le seront-ils un jour ?

  • Speaker #1

    Mais voilà, et je pense que les enfants, ils se construisent aussi en voyant des parents qui sont épanouis.

  • Speaker #0

    Bien sûr.

  • Speaker #1

    et je me dis, j'ai trois garçons, de voir une maman qui a un parcours professionnel riche.

  • Speaker #0

    Et inspirant. Ça donne un modèle.

  • Speaker #1

    Ça donne un modèle qui, je pense, pour des garçons est aussi intéressant. Parce que quand on parle de donner des bons modèles aux filles pour qu'elles se projettent sur des métiers... techniques, sur des métiers d'ingénieur par exemple, ça c'est important, mais c'est aussi important que les garçons en grandissant reçoivent les bons messages aussi.

  • Speaker #0

    Oui, en se disant, maman, directrice générale, elle a sa carrière, etc. C'est aussi un très bon message renvoyé de l'autre côté. Génial, moi j'adore ce genre d'échange, alors on pourrait continuer très longtemps là-dessus. Est-ce qu'il y a d'autres points, d'autres sujets, thématiques ou idées comme ça que tu voudrais partager sur ce sujet diversité ? Comme ça, je me dis, tiens, si on a un DRH, quelqu'un qui se dit, tiens, j'ai envie d'avancer un peu sur ce sujet-là, comme ça, tu aurais un ou deux conseils à lui donner pour commencer ?

  • Speaker #1

    Sur la diversité ?

  • Speaker #0

    C'est un sujet, on ne sait pas toujours par où le prendre.

  • Speaker #1

    Non, mais c'est vrai que c'est compliqué, parce qu'on n'a pas envie de stigmatiser certains clichés. Donc, c'est vrai que je pense déjà que la première étape, c'est de faire prendre conscience. Je ne suis pas convaincue que tout le monde ait conscience de ça, en fait. À la fois... du fait qu'on a tendance à recruter, comme on disait tout à l'heure, à l'identique, du fait qu'une équipe ou une entreprise avec de la diversité a des meilleurs résultats, c'est plus riche, on prend des meilleures décisions, etc. Je ne suis pas sûre que ce soit quelque chose qui soit largement connu, soit admis, je ne sais pas. Je trouve qu'il y a quand même une première étape qui est d'en parler. et de le définir, comme on l'a fait là, c'est quoi la diversité, de quoi on se parle exactement, parce que dans la tête de certains, la diversité c'est juste homme-femme en fait. Et c'est ça, déjà de faire prendre conscience, sachant qu'il y a beaucoup de matière sur le sujet, il y a plein d'études qui montrent que... Il y a McKinsey qui a fait des études sur le sujet, d'abord ils avaient fait des études sur homme-femme, et puis ils ont élargi à la diversité de façon plus générale.

  • Speaker #0

    Il y a donc des résultats qui montrent la performance d'une équipe qui est autour de la diversité, et qu'il y a de la performance, parce qu'on est là pour ça.

  • Speaker #1

    En termes de rentabilité. Ok. Donc première étape, et puis après, je pense qu'il faut accompagner les équipes en les coachant sur les sujets. En challengeant, en fait. Alors, le recrutement, c'est un bon sujet, parce qu'en fait, c'est là où on peut vraiment, je trouve, bien matérialiser le sujet. Parce que voilà, c'est là où on fait rentrer les forces vives dans l'entreprise, et c'est un moment clé, en fait.

  • Speaker #0

    Donc, on peut commencer sur cette partie-là.

  • Speaker #1

    Oui, sur la partie recrutement.

  • Speaker #0

    Ok. Ok, ben écoute, merci beaucoup Julie pour ces échanges autour de la diversité. Alors, je ne t'ai pas posé la question que je pose en général toujours, mais là on va le faire à l'inverse, on va le faire à la fin. Quelle est ta vision comme ça, toi, de la fonction RH en entreprise ? Tu es la première à qui je pose la question tout à la fin, voilà. On est parti tout de suite du sujet.

  • Speaker #1

    Pourquoi pas. Ma vision de la fonction RH en entreprise, c'est une question...

  • Speaker #0

    Sur une fonction de direction générale, tu te dis, moi les RH ça sert à ça.

  • Speaker #1

    Alors, moi les RH, pour moi, c'est une des fonctions clés de mon quotidien. D'avoir un partenaire RH au quotidien à côté de moi, je ne peux pas m'en passer en fait. Parce que c'est... Alors je vais dire la personne si j'ai un... un responsable RH pour mon activité, qui va m'apporter un œil différent pour traiter tous les sujets, que ce soit la constitution de l'équipe, les recrutements, la gestion de cas difficiles, et donc venir avec un prisme d'expertise métier pour venir compléter mon prisme business managerial. Et donc, je ne pourrais pas me passer de mon partenaire RH. Et j'ai besoin de son expertise métier, que ce soit... Alors après, on a la chance chez Pomona d'avoir une équipe très riche avec tous les différents métiers, mais on a besoin d'avoir l'expertise paye, l'expertise affaires sociales, l'expertise formation, etc. Et donc, voilà, c'est cette complémentarité des expertises qui fait que pour moi, c'est indispensable.

  • Speaker #0

    Tout a un sens dans la vie et je comprends pourquoi je ne t'avais pas posé la question au début. J'ai l'explication, mais c'est venu comme ça. Parce que tu viens de nous donner un exemple très clair de tout ce que tu as dit avant. Tu as besoin d'avoir quelqu'un qui t'amène un regard un peu différent. On est à nouveau dans cette notion de diversité de regard, diversité d'expertise. Et quelqu'un qui va t'amener son expertise, son regard un peu différent. t'aider à compléter ce que toi tu as pu voir, penser, pour décider. Donc c'est ça que je trouve génial, c'est qu'en fait ça vient détailler pas mal de choses qu'on a pu évoquer avant. Alors j'enchaîne avec les trois questions que j'ai l'habitude de poser à mes invités en guise de conclusion. La première c'est, on revient sur cette partie un peu RH, mais comme ça, le ou les conseils que tu aurais envie de donner à une personne qui soit voudrait travailler dans les RH ou travaille dans les RH, toi avec toujours ta vision, et c'est ça que je trouve intéressant sur ta fonction de directrice générale, C'est quoi le conseil ?

  • Speaker #1

    Si j'avais un conseil à donner, ce serait d'être... expert dans votre métier, soyez expert de votre métier pour apporter cette compétence qui est attendue, en fait, par le business. Et pour apporter cette complémentarité tout en ayant toujours vraiment l'oreille pour le côté métier opérationnel. Comprendre, en fait, le métier opérationnel, mais apporter cette vraie expertise qui est attendue, en fait.

  • Speaker #0

    Ok, donc ça veut dire que toi... Directrice générale, tu te dis, moi je veux... L'expertise, elle est importante.

  • Speaker #1

    Je veux quelqu'un qui se dénature pas, qui garde son...

  • Speaker #0

    L'authenticité dont on parlait tout à l'heure.

  • Speaker #1

    Oui, et puis qui garde aussi une forme de position, parce que c'est justement, ça crée un équilibre, en fait, on a besoin de ça. C'est comme avec un directeur financier, en fait, c'est la même chose. Avec un directeur financier, j'ai besoin qu'il... J'ai besoin qu'il garde son domaine d'expertise et qu'il fasse, je ne sais pas beaucoup de mots, mais le contre-pouvoir. Et pour que l'opérationnel, en fait, mais il faut se comprendre. Donc, c'est, voilà.

  • Speaker #0

    Ok, génial. Allez, demain, tu pars sur une île déserte. Tu peux emmener un livre. Quel est ce livre ?

  • Speaker #1

    Alors, je savais, enfin, sur une île déserte. Alors, si la question c'est Est-ce que j'ai un livre de référence que j'emmènerai partout avec moi ? La réponse est non.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Parce que j'aime bien lire des trucs différents. Donc du coup, je me suis dit, bon, je pourrais peut-être emmener le livre que je suis en train de lire en ce moment. Mais c'est Holly de Stephen King. Donc je ne suis pas sûre.

  • Speaker #0

    Ok, ok.

  • Speaker #1

    Et donc du coup, je me suis dit, si c'est pour partir sur une île déserte, vu que je n'y connais pas grand-chose en survie, peut-être le guide de survie...

  • Speaker #0

    Logique, pas mal, pas mal. Très bien, c'est pragmatique. Ok, parfait, merci. Allez, une ou deux personnes comme ça que tu pourrais me recommander d'inviter pour un prochain épisode autour du management DRH ?

  • Speaker #1

    Alors, j'ai deux idées.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Une première idée qui est une personne qui est une experte dans son domaine, qui est systémicienne. qui s'appelle Bénédicte Crussy, qui a une entreprise qui s'appelle MeetWiz, et qui accompagne les entreprises dans la gestion de conflits notamment, mais pas que.

  • Speaker #0

    Très bien, intéressant.

  • Speaker #1

    Et j'ai une deuxième idée qui est plus un profil de direction générale, qui est une personne avec laquelle j'ai toujours des discussions passionnantes, sur des sujets RH notamment. Je me suis dit que ça pouvait être une bonne idée.

  • Speaker #0

    Tu t'es bien dit.

  • Speaker #1

    Et qui s'appelle Stéphane Roger.

  • Speaker #0

    Ok et ben écoute merci beaucoup merci vraiment Julie pour tous les échanges qu'on a pu avoir et puis je te dis à bientôt

  • Speaker #1

    Merci à toi, à bientôt

Description

Quand une équipe basée sur la diversité rend sa Manager encore meilleure.


Dans ce nouvel épisode, nous plongeons au cœur de la diversité en entreprise avec Julie Dang Tran, Directrice Générale d'Episaveurs.

Avec son parcours impressionnant, de Philips à Pomona, en passant par HP et Manutan, Julie partage avec nous son expérience unique de management d'équipes internationales et multiculturelles.


Découvrez comment son passage aux États-Unis a radicalement changé sa perception du travail en équipe et l'importance de l'ouverture d'esprit.


Julie nous explique comment la diversité est une richesse et un atout stratégique pour les ressources humaines, favorisant l'innovation et la performance.

Ne manquez pas ce témoignage inspirant pour tout professionnel des ressources humaines qui souhaite connaitre la vision d'une personne occupant des fonctions de Direction Générale au sujet de la diversité.


Et comme d'habitude c'est concret et sans langue de bois.


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Bonne écoute ! 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    C'est parti là. Ça tourne. On y est.

  • Speaker #1

    Bon enregistrement.

  • Speaker #0

    Merci Morgane. A plus. Alors moi je prends ça et au cas où. Allez, on est parti. Bonjour Julie.

  • Speaker #1

    Bonjour Flaubert.

  • Speaker #0

    Dans le dernier épisode de ce podcast, Louis Vareil, le réuniologue qui soigne la réunionite, m'a conseillé deux invités. Et dans ces deux invités, il y avait toi, Julie. Je suis allé regarder ton parcours, je t'ai contacté et on a réussi à caler l'enregistrement comme ça, assez simplement. Et quand je t'ai contacté et que nous avons échangé, je t'ai demandé, comme je le fais avec tous mes invités, de quel sujet tu avais envie de parler. Alors parfois c'est compliqué, certains invités hésitent entre différents sujets, il faut proposer, itérer, choisir. Mais toi tout de suite, tu m'as parlé de la diversité. Comme ça, naturellement, et j'ai senti que c'était un sujet qui te tenait. Vraiment à cœur, et surtout, j'ai senti que ce sujet faisait partie intégrante de ton parcours. D'ailleurs, j'ai retrouvé une interview de toi dans laquelle tu en parles et c'était déjà en 2021. Au passage, dans cette interview, tu dis quelque chose qui me parle particulièrement. Tu dis les opportunités, elles se créent. C'est nous qui les créons et qui les trouvons. Il ne faut pas attendre que ça tombe tout cuit J'aime vraiment, vraiment beaucoup cette phrase et je pense qu'elle dit beaucoup de toi, Julie, car évidemment tu n'as pas fait le formidable parcours que tu as réalisé, comme ça, en attendant que ça tombe tout cuit. Tu vas nous expliquer tout ça Julie, en commençant par nous dire qui es-tu Julie Dangtran ?

  • Speaker #1

    Eh bien je suis Julie Dangtran, j'ai 48 ans, j'ai trois enfants et je suis aujourd'hui directrice de la branchée Pissaveur au sein du groupe Pomona. D'accord. Ça fait donc trois ans à peu près que j'ai rejoint ce groupe-là. J'ai un parcours... Alors en fait j'ai grandi dans une petite ville de province. Qui s'appelle ? Oui, ils ont eu leur heure de gloire d'ailleurs.

  • Speaker #0

    Exactement, tout à fait.

  • Speaker #1

    Et ne sachant pas trop ce que je voulais faire en sortant de mon bac, j'ai fait une prépa et une école de commerce. Ok. Et très vite, j'ai eu envie d'international, de partir, etc. Donc j'ai fait un échange en Australie pour finir ma scolarité.

  • Speaker #0

    Où ça, en Australie ?

  • Speaker #1

    À Sydney.

  • Speaker #0

    Ok, pas mal.

  • Speaker #1

    Et j'ai démarré mon parcours professionnel en tant que commercial terrain. Alors que je rêvais de faire du marketing, mais j'ai écouté les conseils d'un intervenant que j'ai rencontré à la fin de mon cursus. qui était directeur commercial et qui me disait Si vous voulez faire du bon marketing, il faut comprendre comment les magasins fonctionnent.

  • Speaker #0

    Donc il faut commencer, aller sur le commercial pour ensuite...

  • Speaker #1

    Il faut comprendre comment les gens achètent en magasin, pour pouvoir savoir comment leur parler. Il faut savoir comment un chef de rayon se réfléchit et se comporte pour pouvoir lui donner les bons outils.

  • Speaker #0

    Plutôt bon conseil à la base. On peut dire que ça a du sens en tous les cas.

  • Speaker #1

    Sur le moment, je l'ai fait un peu à contre-coeur, pour être tout à fait honnête. Et en fait, c'est certainement la meilleure décision que j'ai prise pour démarrer, parce que je ne l'aurais jamais fait sinon, après coup. Et j'ai énormément appris pendant ces deux années sur le terrain. Ça m'a donné en fait un bagage très opérationnel, très concret, qui est en moi en fait aujourd'hui et que j'ai jamais perdu et qui continue de me servir en fait. Ok. Donc voilà, mais ça illustre aussi un peu toujours la façon que j'ai eu d'avancer. J'ai toujours beaucoup écouté les conseils. Surtout quand ils viennent de personnes qui ont de l'expérience. Et ça m'a permis de me forger un peu mes opinions et de prendre mes décisions aussi, quand il y a eu des décisions à prendre.

  • Speaker #0

    Et juste petite question, là on fait une école de commerce, et puis après il y a quelqu'un qui nous dit, allez, il faut faire du commercial. Le petit gap là de se dire Oh là là, je vais avoir ma voiture et faire du commercial C'est ça aussi qui est un peu compliqué De franchir le cap ou pas du tout ?

  • Speaker #1

    Non, c'est pas ça C'est qu'en fait, j'avais fait des stages En commerce, en marketing Notamment, j'avais fait un stage chez L'Oréal En tant qu'assessante chef de produit Sur la marque Neutralia chez Garnier Et j'avais beaucoup aimé faire ça Et je m'étais dit, c'est ça que je veux faire Et donc du coup, en sortant de l'école, je me suis dit Moi, je veux être chef de produit chez L'Oréal C'était un peu... Et de se dire, on va falloir que j'attende un peu et faire autre chose en attendant pour se construire un bagage, on n'a pas l'impression d'avoir besoin de passer par là forcément. Donc c'est plus ça en fait, je pense.

  • Speaker #0

    Ok. Ok, et donc ensuite ?

  • Speaker #1

    Je n'ai jamais été chef de produit chez L'Oréal D'accord

  • Speaker #0

    Comme quoi, on peut avoir des envies, des rêves puis après la vie nous amène ailleurs Exactement

  • Speaker #1

    J'ai passé trois ans chez Philips donc deux ans sur le terrain et un an au siège au marketing D'accord Et au bout de trois ans, j'ai eu la possibilité de rentrer chez HP en tant que chef de produit sur les scanners et les appareils photonumériques HP, c'était une entreprise dans laquelle j'avais fait un stage Et ça reboucle avec la phrase sur l'opportunité que vous avez citée tout à l'heure. Parce qu'en fait, c'est l'enchaînement d'événements qui fait que cette opportunité s'est présentée à moi. Parce que pendant mon stage, j'avais été appréciée pour mon travail de stagiaire. Et que le jour où je recroise mon maître de stage sur un événement, Il se dit, tiens, on a un poste, est-ce que tu voudrais postuler ? Et donc c'est ce qui s'est passé, j'ai postulé et j'ai été prise pour ce poste. Ce que je ne savais pas, c'est que j'allais rester chez HP 17 ans, en y rentrant en 2000. Alors en 17 ans, j'ai fait plein de missions différentes et j'ai eu pas mal de postes différents. J'ai passé les six premières années en France, sur un périmètre franco-français, chef de produit, responsable marketing. Et puis, après la naissance de mon premier enfant, j'avais envie de bouger. Et j'ai eu deux opportunités, et il y en a une qui me paraissait être... plus enrichissante que l'autre, c'était de partir aux Etats-Unis sur un poste de chef de produit à la division au niveau worldwide. Et donc on a déménagé avec mon mari et mon fils en Californie. On y sera resté deux ans, mais ça a été quelque part pour moi, c'est un événement charnière de ma carrière parce que c'est à ce moment-là que s'est introduit un peu le thème de la diversité, mais C'est à ce moment-là aussi que je me suis rendue compte que la variété des façons de penser et l'ouverture et l'agilité des Américains permettait de faire énormément de choses. Et moi, ça m'a décomplexée sur pas mal de choses en fait, en entreprise.

  • Speaker #0

    C'est la mentalité là-bas qui t'a fait t'ouvrir et ouvrir les yeux sur le sujet et en tout cas commencer à le toucher du doigt.

  • Speaker #1

    Oui, conscientiser un peu. Un peu la force des biais qu'on peut avoir quand on est tous dans le même système en fait.

  • Speaker #0

    Oui, du même moule et oui.

  • Speaker #1

    Et donc quand on sort du système, du coup on change complètement d'ongle de vue et ça vous donne des perspectives et ça permet de comprendre un certain nombre de choses. Et à ce moment-là, je me souviens, je disais, mais en fait, quand on travaille dans une entreprise... Il faut changer d'angle de perspective, d'angle de vision. Il faut bouger pour comprendre et pour développer l'empathie aussi avec les gens avec lesquels on travaille et qui sont dans une autre position. Et typiquement, quand on est dans un pays, dans une entreprise comme HP qui est une très grande entreprise avec beaucoup de monde et beaucoup de niveaux d'organisation, de passer d'une organisation pays... à une organisation mondiale. Il y avait l'Europe entre les deux. Et moi, j'ai fait les trois, en fait. J'ai fait d'abord le pays, puis le global, et ensuite je suis revenue au niveau européen.

  • Speaker #0

    OK.

  • Speaker #1

    Du coup, ça permet de comprendre comment certaines décisions sont prises au niveau global. Quand on est dans le pays, on ne comprend pas forcément. On se dit, mais pourquoi est-ce qu'ils ont fait ça comme ça ? Et à l'inverse, quand on est au niveau global, si on ne comprend pas ce qui se passe dans les pays, en fait... On peut sur-simplifier certains sujets.

  • Speaker #0

    Oui, c'est sûr que cette hauteur donne une vision différente. Alors, on continue juste ton parcours, donc HP, Californie, et puis ensuite...

  • Speaker #1

    Ensuite Genève.

  • Speaker #0

    Genève, d'accord.

  • Speaker #1

    Quatre ans à Genève, sur des postes européens, trade marketing, catégorie management et vente.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Et puis en 2011, je reboucle la boucle en fait, et je reviens à Paris, toujours pour HP. En tant que directrice de la catégorie impression.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    J'ai toujours travaillé sur les familles de produits plutôt grand public et plutôt retail, consumer et retail en fait.

  • Speaker #0

    Ok. Voilà. Et après Manutent ?

  • Speaker #1

    Oui. Après Manutent, j'ai eu en fait la chance de rencontrer des gens qui... En fait, on pensait à moi pour un poste de direction générale dans une ETI française, alors que j'avais un parcours de 20 ans dans des grandes entreprises plutôt anglo-saxonnes, et que je n'avais pas eu d'expérience de direction générale. Mais voilà, j'ai eu la chance de tomber sur des gens qui se sont dit, en fait, il y a un match et de compétences et de valeurs. qui pourrait faire que ça va marcher.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Et donc je suis rentrée chez Manutan en tant que directrice générale de la filiale française, qui est la filiale historique de Manutan, puisque c'est construit en France. Et je suis restée cinq ans chez Manutan.

  • Speaker #0

    Manutan, comme ça, quelques...

  • Speaker #1

    C'est un distributeur, donc c'est une ETI française. Alors à l'époque où j'y étais, parce que je...

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    C'était 800 millions d'euros de chiffre d'affaires, le groupe, 2200 collaborateurs, présents dans 17 pays, avec je crois que c'était 24 filiales. Et une vraie particularité d'être un distributeur B2B, mais très fort en e-commerce, donc un vrai e-commerceur B2B, sur tout ce qui est équipement de l'entreprise.

  • Speaker #0

    Ok. Et puis ensuite ?

  • Speaker #1

    Et puis depuis fin 2021, je suis chez Pomona, qui est un distributeur. de produits alimentaires. Un grossiste, en fait, Pomona se définit comme un grossiste à service complet, pour les métiers de bouche essentiellement. donc la restauration, mais aussi certains commerces de proximité. C'est un groupe français aussi, qui est présent essentiellement en France et un petit peu en Espagne, qui se développe bien en Espagne par ailleurs, et qui représente 12 000 collaborateurs et 5,3 milliards d'euros de chiffre d'affaires. Et ça reste une entreprise familiale.

  • Speaker #0

    Belle boutique.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Très belle boutique.

  • Speaker #1

    Et moi je m'occupe d'épisaveur. C'est la branche qui commercialise les produits d'épicerie, la boisson et le non alimentaire. D'accord. En fait, le point commun de tous ces produits, c'est qu'ils se stockent et qu'ils se livrent à température ambiante. Et donc, mes clients, c'est la restauration. Que ce soit la restauration commerciale ou la restauration collective, avec tout type de restauration dès qu'on mange en dehors de chez soi.

  • Speaker #0

    Ça représente quoi en nombre de personnes ?

  • Speaker #1

    La branche, on est 1500. On a 9 directions régionales. Et on a 42 000 clients.

  • Speaker #0

    Pas mal. Je refais juste la petite histoire quand tu as commencé à parler de ton parcours. La petite Njortese qui est partie en Australie, qui a parcouru le monde, Etats-Unis, Genève, revenu en France, félicitations parce que c'est un vrai beau parcours aujourd'hui, fonction de direction générale. Et je reprends ce que je disais dans l'introduction, les opportunités se créent, tu disais j'ai eu la chance de, oui, la chance certainement provoquée, travaillée, c'est le fruit aussi de tout ce travail, donc bravo à toi.

  • Speaker #1

    C'est gentil, mais en fait, je n'explique pas trop mon parcours autrement que par le fait d'avoir suivi mes intuitions, mes envies et d'avoir suivi ma curiosité. Donc, je n'avais pas de plan. de carrière ?

  • Speaker #0

    Alors, c'est marrant ce que tu dis, parce que là aujourd'hui, on enregistre cet épisode, j'ai déjà pas mal de personnes qui sont passées dans ce podcast, et l'intuition est quelque chose qui est revenue régulièrement. Écouter son intuition, c'est un des conseils, à la fin, je vais te demander de donner un ou deux conseils à des personnes qui souhaiteraient évoluer et exceller dans les RH. J'ai sorti un petit book avec les 30 premiers conseils, et il y a Un point qui revient de temps en temps justement sur l'intuition, savoir écouter ses intuitions. On prend souvent des décisions très normées, on prend des paramètres très factuels, mais il y a quand même cette intuition et c'est marrant que tu en parles comme ça. Elle t'a vraiment aidé cette intuition dans ton parcours ?

  • Speaker #1

    Oui indéniablement parce qu'en fait j'ai souvent pris des décisions. Alors évidemment il y a le côté rationnel. Quand on est parti aux Etats-Unis, je me souviens avec mon mari on s'était assis. On avait fait les pours, les contres, on avait fait deux colonnes. A chaque fois que j'ai changé de job, j'ai fait ça. Mais en fait, au bout du compte, c'est avec qui je vais travailler. Est-ce que cette personne m'inspire ? Comment je le sens en fait ? Et au final, c'est ça qui va faire la différence quand le pour et le contre est à peu près équivalent.

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr. Il y a cette petite voix au fond de soi, ce petit truc qu'on sent ou qu'on ne sent pas. Et il faut savoir, et je trouve qu'on apprend avec le temps à écouter tout ça aussi. Plus on avance... en âge, plus on commence à se dire tiens, il y a un truc là qui me parle ou pas et c'est important de le suivre alors je reviens sur ce que tu disais quand tu parlais justement de la Californie les Etats-Unis si je dis ce que j'ai peut-être cru comprendre, entendre dans ce que tu disais en disant alors c'est peut-être un peu résumé mais déjà quand tu quittes ton environnement classique, on va dire, enfin natal, tes repères, etc., que t'arrives dans un pays qui n'est pas le tien, est-ce que c'est déjà une façon de t'ouvrir obligatoirement au sujet de la diversité ?

  • Speaker #1

    Complètement.

  • Speaker #0

    Ça, tu l'as vécu vraiment en disant, bah tiens, je suis plus, je suis hors de mes bases, waouh, là je m'ouvre.

  • Speaker #1

    Oui, mais en fait, c'est marrant parce que je l'ai conscientisé assez tard, ça, chez moi. Mais je me rends compte que j'ai toujours été attirée par des gens qui n'étaient pas comme moi. J'ai toujours été attirée par les choses que je ne connaissais pas. Et donc le fait d'arriver dans un pays, je pense que c'est pour ça que j'ai toujours aimé voyager, j'ai toujours adoré voyager. Je voyage beaucoup moins parce que j'ai de plus en plus de mal à prendre l'avion.

  • Speaker #0

    Ok, ça c'est quoi, des peurs, des peurs c'est ça ? Pas du tout,

  • Speaker #1

    c'est l'empreinte carbone simplement.

  • Speaker #0

    Ok, d'accord.

  • Speaker #1

    Mais… Mais on ne se posait pas ces questions-là. Et moi, j'adorais arriver dans un endroit et en fait, en découvrir les codes de cet endroit, essayer de trouver mon chemin. C'est de plus en plus facile avec tous les moyens qu'on a, mais quand j'ai voyagé, quand j'avais 18 ans et que je voyageais, on n'était pas connectés, il fallait tout découvrir sur place. Oui,

  • Speaker #0

    ça c'est sûr.

  • Speaker #1

    Et ça, ça m'a toujours intéressée, et j'ai toujours aimé aller au contact de personnes qui ont des avis différents de moi. J'aime être confrontée en fait à cette... à cette difficulté-là de pouvoir essayer de trouver un accord quand il n'y en a pas au début, en fait.

  • Speaker #0

    Et ça, si je remets là dans le contexte de toi, sur une fonction de direction générale... T'as un comité de direction, comex, enfin quelque chose, une instance qui t'aide à décider, avec Louis qui peut vous accompagner d'ailleurs dans vos modes de décision et vos réunions. Ça c'est quelque chose que tu mets en application, c'est-à-dire, ah bah tiens, il y a des gens différents autour de la table, et j'aime bien quand on n'a pas tous le même avis, et que même on va challenger un peu ce que je peux moi penser ou avoir en tête. C'est important.

  • Speaker #1

    C'est important, moi je pense que c'est très important Et en fait, naturellement, je vais chercher des gens qui sont différents pour constituer une équipe Parfois j'ai des idées un peu créatives sur des profils ou des candidats potentiels pour certains postes Je peux un peu surprendre parfois par mes choix ou mes propositions on va dire Mais ça apporte énormément Et en fait, la chose peut-être qui est la plus difficile à... à mettre en œuvre dans ces cas-là, c'est de faire en sorte que tout le monde s'ouvre à cette diversité. Et que tout le monde soit... à l'aise avec la divergence des points de vue. C'est pas forcément facile en fait. On n'est pas d'accord. Non mais c'est bien, on n'est pas d'accord. C'est super en fait qu'on ne soit pas d'accord. Parce que si on arrive à s'écouter et à s'enrichir mutuellement, alors à la fin, on sera chacun plus intelligent, on aura appris des choses. Et s'il y a une décision à prendre, potentiellement la décision sera meilleure. Parce qu'en fait, on aura pensé à plus de choses.

  • Speaker #0

    Oui, elle aura été challengée, passée au TAMI. Oui. Alors, c'est intéressant ce que tu dis, parce que tu dis naturellement, mais en fait, c'est pas super naturel. Les bons nombres de managers, naturellement, vont pas toujours avoir envie d'avoir des gens en face, et d'un qui pensent pas comme eux, et d'eux qui les challengent. Et puis si je fais le lien avec le métier que nous on fait au quotidien sur le recrutement, c'est vrai qu'on entend beaucoup parler de, oui, on veut des profils différents, sauf que souvent, le briefing qu'on a de la part... des entreprises, c'est bon bah moi, voilà ce que je veux, et on est un peu une photocopieuse, quoi. Ils nous voient absolument le profil comme si, après, charge à nous d'arriver à amener des profils un peu différents et souvent, on en met deux qui correspondent puis un qui ne correspond pas et parfois, c'est celui-là qui est retenu, mais tout ça pour dire que c'est à la base pas très naturel. Alors que pour toi, tu dis oui, naturellement, moi j'aime bien ça.

  • Speaker #1

    Ça ne veut pas dire que je n'ai pas de biais inconscient, comme tout le monde a en fait. Mais c'est vrai que naturellement, on a tendance à recruter des gens qui nous ressemblent. Parce que c'est plus confortable en fait. C'est beaucoup plus rassurant.

  • Speaker #0

    C'est plus rassurant, exactement.

  • Speaker #1

    On a en face de soi quelqu'un qui réagit pareil, on se comprend tout de suite. Donc voilà, c'est simple en fait. Et on a l'impression de prendre moins de risques en recrutant des gens qui nous ressemblent. Sauf qu'en fait, si on recrute que des gens qui nous ressemblent... à la fin du compte, on ne discute plus parce qu'on est d'accord sur tout et puis on s'appauvrit en fait donc voilà je pense que c'est important et quand j'ai tendance parce que j'ai les mêmes biais que tout le monde en fait si je vois quelqu'un avec qui je clique tout de suite, forcément je me dis c'est bon en fait oui,

  • Speaker #0

    on va bosser ensemble,

  • Speaker #1

    ça va être simple mais il faut faire ce petit pas de côté se dire bon, est-ce que vraiment c'est suffisant et surtout voir toujours par rapport à l'ensemble de l'équipe, quel apport ça va être pour les autres ? Et de voir la complémentarité des profils, en fait, dans une équipe, pour que l'équipe soit riche.

  • Speaker #0

    Alors, justement, si on se dit... Déjà, c'est quoi pour toi la diversité ? C'est quoi comme ça, toi, la définition que tu donnerais de la diversité ? Parce que chacun peut avoir sa définition, mais concrètement, dans ce que tu vois et ce que tu vis au quotidien, tu nous dirais quoi ?

  • Speaker #1

    Pour moi, en fait, la diversité dans une équipe, la diversité humaine, ça va être d'avoir des profils qui sont différents, mais à partir de là, Selon plein de critères différents, ça peut être la diversité d'éducation culturelle, d'origine, de sexe évidemment, mais d'ethnie, de personnalité, introvertie, extravertie. Donc en fait, ça touche à plein de choses différentes. Et c'est la diversité de tous ces critères-là qui va faire qu'on va avoir une équipe complète.

  • Speaker #0

    D'accord. Et c'est important, on pourrait se dire, pourquoi la diversité est nécessaire ? Pour ce que tu disais avant aussi, sur le côté moi ça va me challenger et puis on va pas aller toujours dans la même direction et puis on va passer au tamis des décisions c'est ça ?

  • Speaker #1

    Oui, en fait, à cette question j'ai envie de parler en réponse j'ai envie de parler d'intelligence collective parce que On demande à une équipe d'être collectivement performant. On demande de la performance individuelle, évidemment.

  • Speaker #0

    Pour servir le collectif.

  • Speaker #1

    Mais on demande aussi, moi je crois beaucoup à la force du collectif, dans l'entreprise en particulier, puisqu'en fait, chacun va avoir son domaine d'expertise. Mais ce domaine d'expertise, il n'est rien sans la complémentarité des autres domaines d'expertise. Mais si chacun travaille dans son silo, ça ne peut pas fonctionner. Surtout aujourd'hui, où finalement tous les métiers sont liés, avec la techno qui relie tous les métiers et qui a la croisée des chemins, et où en fait on est tout le temps obligé de faire travailler des équipes en mode projet. Et donc, pour avoir une équipe où l'intelligence collective opère, il est clé d'avoir une complémentarité de compétences, de mon point de vue. Et pour ça, il faut avoir de la diversité. Parce que si vous mettez ensemble que des ingénieurs très rationnels, ils vont oublier toute la partie... Donc ça, c'est de la complémentarité cognitive. En fait, ils vont peut-être oublier une partie plus soft et à l'inverse. Si on n'a pas les techniciens, on ne va pas réussir à amener le projet, surtout si c'est un projet un peu technique. Donc, moi je pense que, et d'ailleurs, j'avais été très inspirée par une conférence que j'avais vue par Émile Servan-Schreiber, qui a écrit un bouquin qui s'appelle Super Collectif, où en fait il parle de tous ces sujets-là. Il démontre en fait que l'intelligence d'une équipe, c'est pas la somme des intelligences de chacun. Mais c'est la complémentarité des profils qui sont dans cette équipe-là. Et plus il y a de diversité dans une équipe, plus l'équipe est intelligente.

  • Speaker #0

    J'aime bien ça. Oui, ce n'est pas la somme des intelligences individuelles. Non. Surtout pas.

  • Speaker #1

    Pas du tout.

  • Speaker #0

    C'est pas mal ça

  • Speaker #1

    J'aime beaucoup Mais c'est un peu comme dans une équipe de sport en fait Je sais pas, je suis pas très foot

  • Speaker #0

    Moi je suis très foot On peut y aller

  • Speaker #1

    Moi je suis pas très foot justement

  • Speaker #0

    Ce que je pourrais dire par rapport à ça C'est que moi je dis souvent T'as pas 11 Zinedine Zidane dans une équipe T'as des grands, des petits, des rapides, des plus lents, des techniques, des techniques, des... Voilà, c'est un peu ça aussi quoi en fait.

  • Speaker #1

    Mais tu peux avoir un très bon dans une équipe de foot. qui pourrait faire gagner toute l'équipe, mais s'il n'a pas le bon état d'esprit et s'il peut aussi détruire le collectif, en fait. Parce que par son attitude, par son égo...

  • Speaker #0

    Je suis sûr qu'il y en a plein qui ont des noms en tête de joueurs de foot qui sont très bons et qui peuvent détruire un collectif. Je ne vais pas y aller, mais...

  • Speaker #1

    Dans le sport, ça se voit. Mais en fait, on peut faire un parallèle entre une équipe de sport et une équipe en entreprise. C'est la même chose, en fait.

  • Speaker #0

    Évidemment. Et comment les bons... servent également le collectif. Et le bon tout seul, il n'y arrive pas. Il a aussi besoin des autres qui sont peut-être moins bons. Donc ça, c'est très intéressant. Et si je pousse et que je dis, mets donc ton rôle, toi, le rôle de la CEO qui fait jouer... En fait, c'est de faire jouer tout ce petit monde ensemble et de faire que l'ingénieur travaille avec celui qui est... pas vraiment ingénieur et peut-être pas très cartésien, mais qui va être, tiens, si on en vient un peu plus à ce qu'on disait tout à l'heure, peut-être un peu plus intuitif, et que tout ce petit monde travaille ensemble et arrive à s'élever ensemble et à délivrer une performance collective de qualité. Et c'est ça ton job à toi au final.

  • Speaker #1

    Ah oui, complètement. Déjà, c'est de constituer la bonne équipe, comme un coach sportif, si on continue le parallèle. Et ensuite, de l'animer et de faire en sorte qu'elle délivre le meilleur d'elle-même, en ayant la meilleure collaboration possible. Et comme quand on a des... des profils qui sont différents. Parfois, ils peuvent avoir du mal à communiquer. C'est vrai que le rôle du manager, c'est de mettre du liant, de mettre de l'huile dans les rouages. De dire, mais attends, est-ce que tu as pensé à ça ? Est-ce que tu as parlé avec... Parce qu'on en a parlé hier et il m'a dit ça, donc peut-être que... Et donc de faire en sorte que les deux se parlent et se complètent. Mais après, il y a aussi l'animation dans les... Quand on a des décisions à prendre, de faire en sorte que tout le monde s'exprime. Que tout le monde puisse donner son avis. Et que, typiquement, dans une équipe, on a des extravertis et des introvertis. Faire en sorte qu'il n'y ait pas que les extravertis qui parlent, en fait. Et qu'on donne la parole aux introvertis, leur disant Est-ce que tu as quelque chose à dire ? Non, mais j'ai besoin d'y réfléchir. Et donc, dire Ok, je vais te laisser un peu de temps pour réfléchir.

  • Speaker #0

    Ce que tu as ainsi fait ? Et que là, on en revient aussi à la diversité, mais dans ta façon de procéder, toi, tu as besoin de ce temps-là pour apporter quelque chose à l'équipe. Et là, le rôle de la CEO, c'est de dire Ok, je vais faire pour qu'il soit en condition de réfléchir au truc et de nous apporter quelque chose. Mais c'est là où c'est complexe quand même de gérer une équipe qui est dans cette diversité-là.

  • Speaker #1

    Moi je trouve pas ça complexe, je trouve ça passionnant en fait. Parce que, au contraire, ça oblige à se poser des questions et ça oblige à être meilleur en fait.

  • Speaker #0

    Ça challenge.

  • Speaker #1

    Ça challenge, ça challenge énormément, mais pour faire progresser tout le monde en fait. Donc moi je trouve ça passionnant j'ai pas d'autres mots

  • Speaker #0

    Non mais c'est intéressant d'avoir justement et c'est pour ça que je voulais faire cet épisode ta vision toi qui es sur des fonctions de direction générale t'as travaillé à l'international etc de ce sujet de la diversité parce que alors tu comprends que parfois C'est un sujet qui peut un peu cliver. Parfois, on entend parler diversité, on se dit, allez, encore une couche de RH washing, et on va nous mettre des trucs de bien-pensance, etc. Ça te parle, ça ?

  • Speaker #1

    Oui, complètement. Mais je trouve que ça, c'est quand... On tombe dans les clichés en fait. Et que... Alors malheureusement, et c'est souvent le cas quand on défend une cause, on peut tomber dans des extrêmes ou dans des stéréotypes. Et du coup quand on tombe là-dedans, du coup forcément ce n'est pas ce que tu viens de décrire en fait. C'est super dommage parce qu'au contraire, je trouve que la diversité, enfin, accueillir la diversité, c'est au contraire faire preuve de tolérance, être tout le temps sans jugement pour quelque chose qui ne nous ressemble pas en fait.

  • Speaker #0

    C'est dur. Alors, j'allais dire, oui, à la base, l'autre, l'altérité peut faire peur.

  • Speaker #1

    Je me rends compte que pour beaucoup de personnes, c'est dur, effectivement. Moi, je ne suis pas construite comme ça, mais c'est vrai que pour beaucoup de personnes, c'est dur. Et encore une fois, je pense que c'est surtout parce que ça fait peur. C'est surtout parce que ça met mal à l'aise et qu'on ne sait pas comment forcément réagir. Et donc, du coup, c'est plus facile de juger. Mais on n'a pas parlé de handicap encore.

  • Speaker #0

    Oui, mais allons-y.

  • Speaker #1

    Mais le handicap, c'est une forme de... Voilà. Oui. C'est ce qui me vient quand on parle de ça, parce qu'on est mal à l'aise, en fait. Et du coup, on préfère éviter parce que c'est plus facile.

  • Speaker #0

    Je suis bien d'accord avec toi. Et c'est vrai que quand on rencontre une personne en situation de handicap... Et ça m'est encore arrivé il n'y a pas très longtemps pour une opération spéciale. C'est vrai qu'à la base... On ne sait pas comment aborder, on ne sait pas trop quoi dire. Et donc oui, cette démarche, on n'est pas super à l'aise. Alors qu'en fait, il faut aller au-delà de ça.

  • Speaker #1

    Oui, alors c'est sûr que c'est facile de se dire qu'il faudrait se comporter comme ci ou comme ça. Le fait est que quand on est confronté à une situation, ben cette... Oui, ce malaise ou cette incapacité en fait à trouver le bon, il est présent et du coup c'est vrai que c'est pas évident. Mais en fait, c'est des sujets sur lesquels on devrait se décomplexer complètement parce que finalement, ce serait la seule façon de faire en sorte que recruter une personne en situation de handicap, ce soit pas un sujet. En fait, on aimerait que ce soit pas un sujet en réalité. Mais pour ça, il faudrait arriver à se décomplexer sur le sujet. Et pour autant, si on est dans cette situation où on a un CV de quelqu'un qui a une situation de handicap, quelle qu'elle soit, on va se dire, c'est là où les biais arrivent, on va se dire, mais oui, mais ça va être plus difficile de la faire accepter. Il y a plein de barrières qui viennent se mettre et du coup, on va se trouver une excuse pour ne pas faire ce choix. Voilà, je trouve que ça c'est des sujets intéressants et en entreprise, d'avoir ce type de diversité, c'est pourtant extrêmement positif.

  • Speaker #0

    Tu as plusieurs reprises là, tu as prononcé le mot de biais, c'est vrai que c'est quelque chose qui est...

  • Speaker #1

    qui est trop important et qui nous accompagne moi j'adore ce sujet parce qu'en fait c'est juste comme ça qu'on est construit on a chacun sa réalité ta réalité c'est pas la même que la mienne déjà de ce qu'on voit, on voit pas la même chose c'est vrai et donc naturellement, on a chacun on s'est tous construit avec notre histoire avec notre éducation, avec ce qu'on a vécu, ce qu'on a vu ce qu'on a ressenti et Et donc, quand on vit une situation, on la vit la même situation, on ne peut pas la vivre de la même façon. Et donc, on va la juger de façon différente et donc, potentiellement, on va avoir un avis différent, une perception différente. Donc, c'est juste la nature humaine qui est comme ça. Et je trouve que ce qui est super intéressant, c'est d'en prendre conscience.

  • Speaker #0

    Déjà, à la base, oui, d'en prendre conscience.

  • Speaker #1

    Et de réussir à se dire, moi alors attends, si je réfléchis comme ça, je réagis comme ça, c'est parce que... Et du coup d'apporter plus de conscience dans ses décisions, dans ses choix et dans ses jugements. Donc le sujet du billet, conscient ou inconscient, je trouve qu'il est passionnant, parce qu'il est à la base de toutes nos décisions et de tous nos choix.

  • Speaker #0

    Donc ce que tu nous dis déjà, c'est d'en prendre conscience. Pour déjà se conscientiser le truc et se dire tiens là est-ce que je suis pas un peu en train de partir dans une direction qui est entre le biais la croyance etc et puis un autre conseil que j'ai envie de sortir de ce que tu viens de dire juste avant aussi c'est peut-être un peu d'authenticité aussi en tout cas oui on peut le dire ça comme ça ?

  • Speaker #1

    Ah bah oui complètement ouais Oui Oui, ça c'est sûr. L'authenticité, c'est quand même ce qui va faire qu'on va construire le bon référentiel pour tout le monde, en fait.

  • Speaker #0

    Après, c'est pas toujours simple, cette authenticité, parce qu'on se dit, on sait plus trop ce qu'on peut dire aujourd'hui, ce qu'on n'a pas le droit de dire, comment ça va être interprété, etc. Bon, c'est aussi parfois, bon, c'est aussi ce qui fait qu'on n'ose pas trop y aller.

  • Speaker #1

    Ça peut devenir un peu compliqué aujourd'hui, oui, c'est vrai. C'est vrai qu'on nous demande quand même de réfléchir à plusieurs fois avant de dire qu'il y a des choses qu'on n'a plus le droit de dire, des choses que c'est vrai.

  • Speaker #0

    Donc, il faut faire attention à ça. Je voulais aller sur... j'avais une question à te poser. Je vais aller sur le sujet, mais... Tu es une femme, fonction de direction générale. On sait que c'est pas toujours évident. Si je dis tiens, être une femme dans un monde d'hommes... C'est une réalité pour toi ou pas du tout ? Je pars dans un truc qui n'a pas lieu d'être ? Enfin, dans ton vécu à toi ?

  • Speaker #1

    Tu dis ça parce que j'ai trois garçons ?

  • Speaker #0

    Ah, pas mal ça !

  • Speaker #1

    Déjà à la maison ? Oui. Je suis dans une maison d'hommes. Non mais blague à part, non je vis pas dans un monde d'hommes, c'est un monde dans lequel il y a autant d'hommes que de femmes, en vrai. Oui,

  • Speaker #0

    mais il y a plus de directeurs généraux que de directrices générales.

  • Speaker #1

    C'est vrai. En fait, l'entreprise... est effectivement un univers qui a plutôt été pensé par les hommes et construit par les hommes. Parce que c'est vrai qu'historiquement, c'est surtout les hommes qui ont construit des entreprises et qui ont été à la tête d'entreprises. Et par conséquent, tous les codes de l'entreprise sont plutôt masculins. C'est comme ça.

  • Speaker #0

    C'est historique.

  • Speaker #1

    Donc, c'est vrai que quand on est un peu ambitieux et qu'on a envie d'évoluer et qu'on est une femme, ce qui peut me caractériser, il faut d'une certaine façon se conformer aux codes qui ont été écrits pour l'entreprise. Or, je pense, selon mon expérience, et là j'ai toujours un peu de mal, je prends toujours des pincettes, parce qu'en fait, j'aime pas les stéréotypes, et j'aime pas parler les hommes, les femmes, c'est pas quelque chose avec lequel je suis super à l'aise. Mais, il y a quand même dans mon expérience quelque chose qui me semble être vrai, c'est que, en tout cas c'est vrai pour moi, J'ai des préoccupations qui ne sont pas forcément les mêmes que celles d'un homme, ou celles de mon mari par exemple. Et donc, pour évoluer dans l'entreprise, les concessions qu'on me demande de faire ou qu'on demande de faire sont plus contraignantes pour moi, en tant que femme, que pour un homme. Et notamment le fait de devoir voyager beaucoup, partir tôt le matin, rentrer tard le soir, de passer moins de temps avec les enfants. Je pense que c'est quelque chose qui est intrinsèquement plus difficile pour une femme que pour un homme. Et pour autant, pour progresser dans l'entreprise, ça fait partie des choses qu'il faut faire et que j'ai faites.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Et qui ont été des choix parfaitement assumés. Si j'avais pu faire autrement, j'aurais fait autrement. Après, j'ai eu beaucoup de chance, c'est que j'ai travaillé pendant quasiment 20 ans dans des entreprises anglo-saxonnes où la flexibilité du travail était déjà quelque chose d'acquis.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Donc, j'ai pu aussi ajuster mon organisation personnelle pour quand même être là le soir avec les enfants. Bon, je voyageais beaucoup, mais quand j'étais là, j'arrivais quand même à être à la maison. Après, c'est vrai que quand j'ai travaillé chez Manutent, c'était loin de chez moi et que j'ai été obligée de trouver une organisation personnelle qui faisait que j'avais toute ma liberté professionnelle. Parce que c'est une question de liberté, en fait, d'horaire. Et je ne veux pas focaliser que sur ce côté organisation du temps, mais je pense que c'est une des différences majeures, en fait, qui fait que... certaines femmes se mettent elles-mêmes en fait cette barrière-là et se disent non mais moi en fait je suis pas prête à faire ce compromis j'ai pas envie de sacrifier le temps que j'ai avec mes enfants et donc je ne veux pas prendre un poste à responsabilité plus importante parce que c'est trop en fait de compromis sur ma vie personnelle.

  • Speaker #0

    D'accord. Et après, c'est leur choix aussi, on ne peut pas leur en vouloir, entre guillemets, de faire ce choix-là, ou alors on se dit, c'est dommage, et on essaie de les pousser, on se dit, tiens, mais dans ta vie, qu'est-ce que tu vis pour que tu n'aies pas l'envie de le faire ?

  • Speaker #1

    Moi, je trouve que c'est dommage, parce que je pense qu'on peut être performant dans ce type de poste-là. sans forcément avoir le cadre qui existe depuis je ne sais pas combien d'années sur ce type de poste. Et je pense que ça fait aussi partie de nos responsabilités, les femmes comme moi qui ont ce type de poste, de faire évoluer les codes. Parce qu'on peut très bien prendre un poste à responsabilité, et avoir des enfants, et savoir s'organiser, et atteindre ses objectifs. Parce qu'à la fin du compte, c'est ça qu'on nous demande. Ce qu'on nous demande, c'est d'avoir des résultats, de mener les équipes à la performance, et pas de respecter un cadre horaire. Au contraire même, en fait. Donc je pense que c'est dommage et je pense qu'il faut faire bouger les lignes pour qu'il y ait plus de femmes qui osent et qui s'autorisent en fait. à postuler sur ces postes ?

  • Speaker #0

    On est pleinement dans notre sujet de diversité, parce qu'on est en train de parler d'égalité homme-femme, femme-homme en entreprise. Et moi, ce que je trouve passionnant, c'est de pouvoir échanger avec toi, eu égard à ton parcours, à ta fonction, là aujourd'hui, de directrice générale. Et en effet, c'est inspirant. Et voilà, si ça sert à une. femme qui écoute, qui se dit ben oui, en effet, ça m'inspire, moi je veux y aller, je veux le faire, et je peux faire le reste également, c'est-à-dire, c'est pas parce que je vais prendre une fonction de direction générale que je vais sacrifier mon rôle de maman, de femme, de ce qu'on veut à côté. En revanche, la question que j'ai, c'est un peu, si on le prend de l'autre côté, est-ce que tu as déjà ressenti, à l'inverse, qu'on se dise Ah oui, mais parce que tu as une fonction de direction générale, ça veut dire que tu ne peux pas faire le reste et que donc... Tu sais, ce regard un peu... Oui, donc tu as fait ton choix, donc pour toi c'est la carrière, le métier, et la famille, ça passe après. Tu l'as senti, c'est un peu ce poids sociétal qu'on pourrait avoir en raccourci ?

  • Speaker #1

    Non, pas trop. Je l'ai senti dans l'autre sens.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Au moins une fois.

  • Speaker #0

    Donc dans l'autre sens, ça veut dire...

  • Speaker #1

    Ça veut dire...

  • Speaker #0

    Tu ne peux pas tout faire et il faut vraiment que tu sacrifies et que tu sois entreprise, entreprise. Oui,

  • Speaker #1

    oui. Quand j'ai eu mon troisième enfant, ça a été un cap un peu difficile. Mais après, ça a été aussi une occasion pour moi. de prendre du recul, et c'était au contraire salvateur.

  • Speaker #0

    Ça a eu un sens.

  • Speaker #1

    De toute façon, il faut utiliser tout ce qu'on vit pour apprendre, et se poser les bonnes questions. Et donc, c'est vrai que je crois que, qu'on soit un homme ou qu'on soit une femme, tout au long de son parcours, on se pose la question de savoir où on met le curseur entre sa vie perso, sa vie pro, et les choix qu'on fait. Voilà, moi, je pense que Je pense que j'ai réussi à bien mener les deux, même s'il y a eu des moments où ma vie professionnelle... a eu des effets négatifs sur ma vie personnelle. Et où je sais aujourd'hui, parce que maintenant mon fils est né à 20 ans, donc c'est vrai que le temps a passé, et avec le temps, les choix qu'on fait à un moment prennent une autre dimension. Et je me dis avec le recul, c'est vrai qu'il y a eu des périodes où je n'ai pas vu beaucoup mes enfants. Mais aujourd'hui, quand je vois ce qu'ils sont, je me dis finalement...

  • Speaker #0

    J'ai réussi.

  • Speaker #1

    Ils vont bien.

  • Speaker #0

    J'ai fait le job.

  • Speaker #1

    On n'en est pas encore là, parce qu'ils ne sont pas encore complètement indépendants.

  • Speaker #0

    Le seront-ils un jour ?

  • Speaker #1

    Mais voilà, et je pense que les enfants, ils se construisent aussi en voyant des parents qui sont épanouis.

  • Speaker #0

    Bien sûr.

  • Speaker #1

    et je me dis, j'ai trois garçons, de voir une maman qui a un parcours professionnel riche.

  • Speaker #0

    Et inspirant. Ça donne un modèle.

  • Speaker #1

    Ça donne un modèle qui, je pense, pour des garçons est aussi intéressant. Parce que quand on parle de donner des bons modèles aux filles pour qu'elles se projettent sur des métiers... techniques, sur des métiers d'ingénieur par exemple, ça c'est important, mais c'est aussi important que les garçons en grandissant reçoivent les bons messages aussi.

  • Speaker #0

    Oui, en se disant, maman, directrice générale, elle a sa carrière, etc. C'est aussi un très bon message renvoyé de l'autre côté. Génial, moi j'adore ce genre d'échange, alors on pourrait continuer très longtemps là-dessus. Est-ce qu'il y a d'autres points, d'autres sujets, thématiques ou idées comme ça que tu voudrais partager sur ce sujet diversité ? Comme ça, je me dis, tiens, si on a un DRH, quelqu'un qui se dit, tiens, j'ai envie d'avancer un peu sur ce sujet-là, comme ça, tu aurais un ou deux conseils à lui donner pour commencer ?

  • Speaker #1

    Sur la diversité ?

  • Speaker #0

    C'est un sujet, on ne sait pas toujours par où le prendre.

  • Speaker #1

    Non, mais c'est vrai que c'est compliqué, parce qu'on n'a pas envie de stigmatiser certains clichés. Donc, c'est vrai que je pense déjà que la première étape, c'est de faire prendre conscience. Je ne suis pas convaincue que tout le monde ait conscience de ça, en fait. À la fois... du fait qu'on a tendance à recruter, comme on disait tout à l'heure, à l'identique, du fait qu'une équipe ou une entreprise avec de la diversité a des meilleurs résultats, c'est plus riche, on prend des meilleures décisions, etc. Je ne suis pas sûre que ce soit quelque chose qui soit largement connu, soit admis, je ne sais pas. Je trouve qu'il y a quand même une première étape qui est d'en parler. et de le définir, comme on l'a fait là, c'est quoi la diversité, de quoi on se parle exactement, parce que dans la tête de certains, la diversité c'est juste homme-femme en fait. Et c'est ça, déjà de faire prendre conscience, sachant qu'il y a beaucoup de matière sur le sujet, il y a plein d'études qui montrent que... Il y a McKinsey qui a fait des études sur le sujet, d'abord ils avaient fait des études sur homme-femme, et puis ils ont élargi à la diversité de façon plus générale.

  • Speaker #0

    Il y a donc des résultats qui montrent la performance d'une équipe qui est autour de la diversité, et qu'il y a de la performance, parce qu'on est là pour ça.

  • Speaker #1

    En termes de rentabilité. Ok. Donc première étape, et puis après, je pense qu'il faut accompagner les équipes en les coachant sur les sujets. En challengeant, en fait. Alors, le recrutement, c'est un bon sujet, parce qu'en fait, c'est là où on peut vraiment, je trouve, bien matérialiser le sujet. Parce que voilà, c'est là où on fait rentrer les forces vives dans l'entreprise, et c'est un moment clé, en fait.

  • Speaker #0

    Donc, on peut commencer sur cette partie-là.

  • Speaker #1

    Oui, sur la partie recrutement.

  • Speaker #0

    Ok. Ok, ben écoute, merci beaucoup Julie pour ces échanges autour de la diversité. Alors, je ne t'ai pas posé la question que je pose en général toujours, mais là on va le faire à l'inverse, on va le faire à la fin. Quelle est ta vision comme ça, toi, de la fonction RH en entreprise ? Tu es la première à qui je pose la question tout à la fin, voilà. On est parti tout de suite du sujet.

  • Speaker #1

    Pourquoi pas. Ma vision de la fonction RH en entreprise, c'est une question...

  • Speaker #0

    Sur une fonction de direction générale, tu te dis, moi les RH ça sert à ça.

  • Speaker #1

    Alors, moi les RH, pour moi, c'est une des fonctions clés de mon quotidien. D'avoir un partenaire RH au quotidien à côté de moi, je ne peux pas m'en passer en fait. Parce que c'est... Alors je vais dire la personne si j'ai un... un responsable RH pour mon activité, qui va m'apporter un œil différent pour traiter tous les sujets, que ce soit la constitution de l'équipe, les recrutements, la gestion de cas difficiles, et donc venir avec un prisme d'expertise métier pour venir compléter mon prisme business managerial. Et donc, je ne pourrais pas me passer de mon partenaire RH. Et j'ai besoin de son expertise métier, que ce soit... Alors après, on a la chance chez Pomona d'avoir une équipe très riche avec tous les différents métiers, mais on a besoin d'avoir l'expertise paye, l'expertise affaires sociales, l'expertise formation, etc. Et donc, voilà, c'est cette complémentarité des expertises qui fait que pour moi, c'est indispensable.

  • Speaker #0

    Tout a un sens dans la vie et je comprends pourquoi je ne t'avais pas posé la question au début. J'ai l'explication, mais c'est venu comme ça. Parce que tu viens de nous donner un exemple très clair de tout ce que tu as dit avant. Tu as besoin d'avoir quelqu'un qui t'amène un regard un peu différent. On est à nouveau dans cette notion de diversité de regard, diversité d'expertise. Et quelqu'un qui va t'amener son expertise, son regard un peu différent. t'aider à compléter ce que toi tu as pu voir, penser, pour décider. Donc c'est ça que je trouve génial, c'est qu'en fait ça vient détailler pas mal de choses qu'on a pu évoquer avant. Alors j'enchaîne avec les trois questions que j'ai l'habitude de poser à mes invités en guise de conclusion. La première c'est, on revient sur cette partie un peu RH, mais comme ça, le ou les conseils que tu aurais envie de donner à une personne qui soit voudrait travailler dans les RH ou travaille dans les RH, toi avec toujours ta vision, et c'est ça que je trouve intéressant sur ta fonction de directrice générale, C'est quoi le conseil ?

  • Speaker #1

    Si j'avais un conseil à donner, ce serait d'être... expert dans votre métier, soyez expert de votre métier pour apporter cette compétence qui est attendue, en fait, par le business. Et pour apporter cette complémentarité tout en ayant toujours vraiment l'oreille pour le côté métier opérationnel. Comprendre, en fait, le métier opérationnel, mais apporter cette vraie expertise qui est attendue, en fait.

  • Speaker #0

    Ok, donc ça veut dire que toi... Directrice générale, tu te dis, moi je veux... L'expertise, elle est importante.

  • Speaker #1

    Je veux quelqu'un qui se dénature pas, qui garde son...

  • Speaker #0

    L'authenticité dont on parlait tout à l'heure.

  • Speaker #1

    Oui, et puis qui garde aussi une forme de position, parce que c'est justement, ça crée un équilibre, en fait, on a besoin de ça. C'est comme avec un directeur financier, en fait, c'est la même chose. Avec un directeur financier, j'ai besoin qu'il... J'ai besoin qu'il garde son domaine d'expertise et qu'il fasse, je ne sais pas beaucoup de mots, mais le contre-pouvoir. Et pour que l'opérationnel, en fait, mais il faut se comprendre. Donc, c'est, voilà.

  • Speaker #0

    Ok, génial. Allez, demain, tu pars sur une île déserte. Tu peux emmener un livre. Quel est ce livre ?

  • Speaker #1

    Alors, je savais, enfin, sur une île déserte. Alors, si la question c'est Est-ce que j'ai un livre de référence que j'emmènerai partout avec moi ? La réponse est non.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Parce que j'aime bien lire des trucs différents. Donc du coup, je me suis dit, bon, je pourrais peut-être emmener le livre que je suis en train de lire en ce moment. Mais c'est Holly de Stephen King. Donc je ne suis pas sûre.

  • Speaker #0

    Ok, ok.

  • Speaker #1

    Et donc du coup, je me suis dit, si c'est pour partir sur une île déserte, vu que je n'y connais pas grand-chose en survie, peut-être le guide de survie...

  • Speaker #0

    Logique, pas mal, pas mal. Très bien, c'est pragmatique. Ok, parfait, merci. Allez, une ou deux personnes comme ça que tu pourrais me recommander d'inviter pour un prochain épisode autour du management DRH ?

  • Speaker #1

    Alors, j'ai deux idées.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Une première idée qui est une personne qui est une experte dans son domaine, qui est systémicienne. qui s'appelle Bénédicte Crussy, qui a une entreprise qui s'appelle MeetWiz, et qui accompagne les entreprises dans la gestion de conflits notamment, mais pas que.

  • Speaker #0

    Très bien, intéressant.

  • Speaker #1

    Et j'ai une deuxième idée qui est plus un profil de direction générale, qui est une personne avec laquelle j'ai toujours des discussions passionnantes, sur des sujets RH notamment. Je me suis dit que ça pouvait être une bonne idée.

  • Speaker #0

    Tu t'es bien dit.

  • Speaker #1

    Et qui s'appelle Stéphane Roger.

  • Speaker #0

    Ok et ben écoute merci beaucoup merci vraiment Julie pour tous les échanges qu'on a pu avoir et puis je te dis à bientôt

  • Speaker #1

    Merci à toi, à bientôt

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