Speaker #0Début 1981, le groupe ACDC est en pleine ascension internationale grâce à l'album qu'ils viennent de sortir et qui s'appelle Highway to Hell. ACDC, il faut le rappeler, c'est un groupe australien fondé par deux frères d'origine écossaise, Malcolm Young, guitariste rythmique, et son petit frère, Angus Young, guitariste soliste. Ce qui va caractériser le groupe dès le départ, et c'est trop peu évoqué selon moi, c'est son identité prolétaire. Angus et Malcolm Young l'ont dit à plusieurs reprises. Par le passé, ACDC, c'est un groupe de prolos et tous les membres du groupe doivent porter cet héritage. Aucun bourgeois, entre guillemets, ne peut intégrer ACDC. C'est juste pas possible. Il suffit de regarder leur allure, leur attitude pour comprendre ce côté prolétaire. Ils portent vraiment sur eux leur simplicité, leur humilité, leur joie de vivre. La manière dont ils s'habillent, on ne peut pas se tromper. En 1979, je le dis à l'instant, ACDC a donc sorti un album intitulé Highway to Hell, qui sera leur premier grand succès. Rien qu'à regarder la photo de la pochette, qui est une photo toute simple du groupe, mais tellement incroyable, on comprend qu'on tient un chef-d'oeuvre. Ce disque... qui contient donc la chanson-titre « Highway to Hell » , qui fait désormais partie de la culture pop, ce disque va les faire entrer dans la cour des grands. À partir de là, ils peuvent envisager l'avenir sereinement, et c'est quelque chose de précieux quand on vient de milieux modestes, comme c'est le cas pour les membres de la CDC. Malheureusement, le 19 février 1980, tout bascule lorsque Bon Scott décède à Londres d'une intoxication alcoolique. C'est un choc pour la planète rock et bien entendu pour tous les autres membres du groupe qui envisagent dans un premier temps une dissolution. Pourquoi ? Tout simplement parce que Bon Scott était vraiment très important, trop important selon eux dans ACDC. Ses textes, sa voix de bluesman, c'était vraiment quelque chose. Et puis il y a aussi la personnalité Bon Scott. C'est quelqu'un qui a vécu mille vies. Il a fait tous les boulots possibles pour survivre. Il a même plongé dans des eaux infestées de requins pour trouver les fameuses perles d'Australie. Il a fait de la prison. C'était vraiment le bad boy du rock avec ses tatouages de tolard et un charisme vraiment unique. Donc les membres d'ACDC se disent qu'on ne retrouvera jamais quelqu'un à la hauteur de Bon Scott avant finalement de décréter « the show must go on » . On doit repartir, on est encore très jeune, on doit tenter le coup tout simplement. Une fois que la décision de poursuivre avec le groupe est prise, ça va très vite. Les membres d'ACDC, ce n'est pas le genre de bobo qui va vous dire « j'ai besoin de temps, j'ai besoin de me ressourcer, de me retrouver pour réfléchir, de faire mon deuil » . laisser revenir l'inspiration. Non, avec eux on tourne pas autour du pot. On repart, on trouve un chanteur, album tourné et tout le tralala. Donc dès le mois suivant, on est en mars 1980, ils sont à Londres et font passer des auditions à des chanteurs. En seulement quelques jours ils enchaînent les auditions et ils ne sont pas vraiment convaincus par les chanteurs qu'ils ont testés. Jusqu'au jour où on va leur suggérer de tester un chanteur qui s'appelle Brian Johnson. D'après ce que dit l'intéressé lui-même, c'est un fan d'ACDC de la ville de Cleveland, aux Etats-Unis, qui va faire... parvenir au management du groupe une cassette de Geordie. Geordie, c'est le groupe dans lequel évoluait Brian Johnson. Ce fan leur soumet l'idée d'auditionner cet inconnu, ou plutôt quasi-inconnu, parce que lorsqu'ils entendent ce nom, les frères Young, Angus et Malcolm, se souviennent que Bonn leur avait parlé de Brian un jour, parce que plus jeune par le passé, Bonn chantait avec un autre groupe et il avait fait la première partie de Jordi et il avait été impressionné par la voix et l'énergie de Brian Johnson. Alors qui est Brian Johnson ? C'est un pur produit de la classe ouvrière. post-seconde guerre mondiale. Né, grandi dans un quartier HLM de Dunstone, une banlieue ouvrière de Newcastle dans le nord de l'Angleterre. Enfance très modeste, précaire, avec des conditions matérielles très difficiles. Il raconte tout ça très bien dans son magnifique livre autobiographique, Les vies de Brian, publié chez Talent Éditions. Il bosse à l'usine dès son adolescence. Il fait même un passage à l'armée où il va faire plusieurs sauts en parachute. Tout ça pour pouvoir survivre financièrement et ... s'acheter du matériel pour faire de la musique parce que son truc à lui c'est le rock. Il a une révélation lorsqu'il entend Little Richard petit pour la première fois et la chance qu'il a, Brian, c'est qu'il possède une voix hors du commun. Une voix puissante et une palette technique, entre guillemets, très intéressante. Lorsque vous entendez Brian, il a une belle voix grave, mais dès qu'il chante, il va beaucoup donner dans les aigus, voire dans le suraigu avec ACDC, et ça va donner ce côté rocailleux et ce punch rythmique qui fait de lui un chanteur unique dans le monde du rock. Dans les années 70, Brian Johnson va tutoyer brièvement le succès avec son groupe Geordie, mais il va vite revenir à la vie civile, puisque ça ne fonctionne pas et qu'il est déjà père de deux enfants. Les huissiers débarquent chez lui puisqu'il n'arrive pas à payer son loyer, donc il est obligé de retourner vivre chez ses parents. Pour gagner sa vie, il travaille dans une boîte spécialisée dans le remplacement de pare-brise de voitures. Il survit comme ça et continue un peu la musique en montant une nouvelle version du groupe Jordi avec laquelle il joue dans des pubs et des clubs de travailleurs. A 32 ans, il se donne encore quelques temps pour concrétiser son rêve de vivre de sa passion et dans le cas contraire, il se contentera d'une autre vie. juste pour assurer l'essentiel à sa famille. Et arrive ce jour, début mars 1980, Brian Johnson est au travail, il a les mains dans le cambouis et il reçoit un coup de fil, mystérieux coup de fil, une femme qui parle anglais avec un accent allemand et qui demande à parler à Brian Johnson. Il a raconté cette anecdote des milliers de fois en imitant le fameux accent de cette femme. D'ailleurs, il se trouve qu'il a un don d'imitateur assez bluffant, Brian Johnson. Donc, il dit oui. C'est moi, de quoi s'agit-il ? Et cette femme lui dit qu'il doit venir rapidement à Londres pour passer une audition. Lui, il ne comprend pas du tout ce qui se passe. Il demande des précisions. De quoi vous parlez ? Cette femme lui dit, c'est pour un groupe de rock, un grand groupe de rock, mais je ne peux pas en dire plus. Elle lui dit involontairement qu'il s'agit d'un CDC, sans vraiment lui dire officiellement, mais Brian n'est pas du tout convaincu. Il a du mal à y croire et il est persuadé qu'il n'a aucune chance. En fait, il ne comprend pas comment son nom a pu circuler alors qu'il n'est plus vraiment dans le coup. Et en dehors de ça, c'est juste une galère pour lui de se libérer pour aller tenter une hypothétique audition à plusieurs centaines de kilomètres de Newcastle. Donc, Brian raccroche sans avoir donné de réponse et juste après, il reçoit un autre coup de fil. C'est un ami qu'il avait connu via la musique qui lui propose un petit job ponctuel qui lui assure un cachet intéressant. En fait, il s'agit de chanter pour un jingle de pub. Il n'est même pas sûr d'être retenu, mais touchera son argent quoi qu'il arrive. Là, Brian Johnson se dit, il se passe quand même quelque chose. Ça vaut le coup de se battre pour un jour de congé. Il réussit à « compiler » les deux auditions le même jour afin de rentabiliser son voyage à Londres. Et c'est le jour qui va changer sa vie. Ce jour-là, il se rend d'abord à l'audition du jingle de pub et il va enregistrer ça. Vous l'avez compris, c'est une pub pour un aspirateur de la marque Hoover. Une anecdote incroyable que Brian raconte toujours avec humour. La pub sera diffusée le mois suivant à la télévision. En sortant du studio, il est déjà tard et Brian Johnson hésite vraiment à se rendre à cette mystérieuse audition. Il a encore 5-6 heures de route à faire pour rentrer à Newcastle. Il reprend le boulot le lendemain matin et puis il a toujours cette espèce de doute. Ce fameux syndrome de l'imposteur dont souffrent les personnes issues de la classe ouvrière quand la réussite frappe à leurs portes. Il le dit dans son livre, pour lui, il ne boxait pas dans la même catégorie. Il reste donc pendant un moment sur le trottoir, face au studio Vanilla à Londres, à réfléchir, hésiter. Est-ce qu'il doit ou non traverser cette rue et se présenter face à ce micro malgré cette peur de ne pas être à la hauteur ? Après quelques moments d'hésitation, il se dit finalement qu'il n'a rien à perdre et il traverse cette rue. pour entrer dans cet endroit où ACDC a déjà écouté des dizaines, voire des centaines de prétendants. Lorsqu'il entre, il voit des gars en train de jouer au billard. En fait, c'est l'équipe d'ACDC, techniciens, roadies, etc. Tous les employés qui bossent avec le groupe. Brian pose une pièce sur le billard pour prendre la gagne. Et il joue avec ces gars, il discute, il rigole, il boit des coups, etc. Il se dit qu'on viendra le chercher le moment venu. Et tous ces mecs pensent que c'est un ouvrier, pas le potentiel futur chanteur d'ACDC. Brian Johnson. Avant ou après ACDC, c'est le même. Je le rappelle, c'est un gars avec une casquette sur la tête, t-shirt et jean basket, pas de cinéma. Au bout d'une heure, un mec se pointe dans la salle et demande si quelqu'un a vu le gars de Newcastle. Là, un type lève la main et répond « Moi, je suis de Newcastle » . Et le mec lui dit « C'est toi Brian Johnson ? Mec, ça fait une heure qu'on t'attend. » Donc c'est comme ça. que Brian met les pieds dans la salle de répétition et se retrouve face aux quatre membres du groupe. Là, un petit gars, le plus petit gars de la pièce, s'approche de lui, ouvre une bière et lui tend la bouteille en disant « Newcastle Brown Ale, c'est une bière de chez toi, je crois. » Et il lui fait comprendre nos stress, on est entre nous, donne le meilleur et on verra bien ce qui se passe. Le petit gars qui met à l'aise Brian, c'est Malcolm Young, le grand frère d'Ingus, qui est considéré comme l'architecte musical d'ACDC. Après la mort de Bon Scott, c'est lui qui prend le lead au niveau du groupe, c'est le patron. Il a une dégaine et un tempérament incroyables qui fait un peu penser à Judd Alton. Cette anecdote, je l'adore parce que là aussi, on voit le côté prolétaire, simple des membres d'ACDC. C'est le groupe populaire au sens propre du terme. La suite, inutile de vous la raconter dans le détail, Brian Johnson arrache tout pendant l'audition. Les membres d'ACDC sont bluffés, mais ce n'est pas encore signé, entre guillemets. Après la répétition, Brian dit merci poliment à tout le monde et s'apprête à reprendre la route. Là, tout le monde lui dit genre « tu vas où ? » « Viens, on va discuter un peu, on va rejouer un peu de musique, continuer le processus. » C'est normal, on parle d'une place en or dans un groupe mondialement célèbre, donc il faut être sûr de son coût à 100%. Mais Brian dit « non, non, moi je bosse demain, j'ai juste pris un jour de congé, il faut que je gagne ma croûte, j'ai des gosses. » Le staff est super intrigué parce que pour eux c'est quasiment acté, mais lui, il est dans l'urgence du quotidien. Donc il rentre à Newcastle en se disant Voilà, j'ai une anecdote incroyable. Je pourrais raconter à tout le monde jusqu'à la fin de ma vie que j'ai chanté avec ACDC. Il s'apprête à reprendre sa vie de prolo avec un peu de musique à côté avec son groupe John D. Brian va tout de même retourner à Londres refaire un essai avec ACDC avant la décision finale. Après cette deuxième audition, Brian lit dans les journaux une info comme quoi ACDC a trouvé son nouveau chanteur, un Australien d'origine écossaise comme les frères Young. Il est quelque part soulagé et se dit bon, voilà, plus de pression. c'était pas pour moi, affaire réglée. Sauf que le jour même, il reçoit un coup de fil de Malcolm Young en personne, qu'il appelle chez ses parents. Brian ne sait même pas comment il a réussi à se procurer ce numéro. Je rappelle qu'on est en 1980, pas de portable, pas de réseaux sociaux, rien du tout. C'est pas genre tu cherches quelqu'un et tu vas sur son Instagram pour le contacter. Quand Malcolm annonce à Brian que le job est pour lui, ce dernier n'y croit pas. Il n'y croit pas du tout et dit à Malcolm, si c'est vrai, rappelle-moi. dans 10 minutes. Et Brian raconte avoir attendu pendant 10 minutes, complètement sonné en repensant à tout ce qu'il avait traversé pour réaliser son rêve. Son enfance pauvre à Newcastle, bosser à l'usine pour s'en sortir, sauter d'un avion pour pouvoir se payer une sono, tous les concerts dans les endroits miteux pour se frayer une place, toutes les arnaques, toutes les déceptions liées à l'industrie du disque, les huissiers, le tribunal, tout ça pour finalement arriver à devenir ce qu'il n'avait même pas osé imaginer en rêve. Donc, au bout de 10 minutes, Malcolm l'a bien rappelé pour lui dire qu'il était bien le nouveau chanteur du groupe et qu'ils allaient entrer en studio pour enregistrer le nouvel album d'ACDC. On leur avait proposé des noms prestigieux du monde du rock pour succéder à Panscott, mais ACDC ne voulait pas seulement quelqu'un qui colle sur le plan artistique. Ils voulaient être fidèles à leur héritage prolétaire et engager quelqu'un comme eux. Voilà pourquoi Brian Johnson a intégré le groupe à partir de Back in Black. En devenant le nouveau chanteur d'ACDC, Brian sait qu'il ne va pas seulement réaliser son rêve de devenir une star du rock. Sa vie va être complètement bouleversée et toujours fidèle à ses principes d'enfant de la banlieue ouvrière de Newcastle. Il ne va pas penser à sa nouvelle vie, mais plutôt à celle qu'il va abandonner. Et forcément, à toutes les personnes qu'il va laisser, qui vont continuer à lutter pour s'en sortir, et même des personnes qu'il va décevoir, comme le gars avec qui il gère la petite entreprise de Parbrise, et surtout les membres de son groupe, Jordi, qui croyait. dur comme fer qu'ils allaient réussir ensemble dans la musique. Dès qu'il revient à Londres pour se réunir avec toute la team ACDC, on lui apprend qu'il va toucher un salaire confortable sous forme d'indemnité journalière et on lui demande s'il a des choses à régler genre emprunt, crédit, etc. Brian évoque le logement où vivent son ex-femme et ses filles et le manager dit « Ok, tu me dis combien, je vais régler la note, etc. » Et dit à Brian « Les membres du groupe ont insisté pour que tu gagnes exactement la même chose qu'eux au niveau salaire. mais également niveau bénéfices sur les albums. À CDC, je le répète, ce sont des gens qui savent d'où ils viennent et agissent toujours en conséquence. Ils sont cinq dans le groupe, donc pour Brian, ça veut dire un cinquième des bénéfices à venir. La première chose que Brian demande, c'est une avance sur son salaire. Après l'avoir obtenu, il invite les membres du groupe, de son groupe, Jordi, dans un restaurant, et il leur file l'enveloppe de cash en leur disant « Voilà, ça c'est pour vous les gars, faites-en bon usage. » À partir de là... tout va s'enchaîner très vite. Je vous l'ai dit précédemment, ACDC, c'est pas du genre à se la jouer poète maudit qui s'enferme dans un studio pendant deux ans. Une semaine après l'arrivée officielle de Brian Johnson dans le groupe, tout le monde s'envole au Bahamas pour six semaines d'enregistrement. Et ça va donner le mythique Back in Black, un disque sur lequel plane évidemment l'âme de Bon Scott et cet album deviendra l'album de rock le plus vendu de tous les temps, deuxième album de musique le plus vendu de l'histoire, derrière Thriller. Quand il rentre en Angleterre au mois de mai, Brian Johnson n'a pas écouté l'album, il a juste enregistré ses parties et il ne sait pas du tout ce que le résultat final va donner. Et il est une fois de plus assailli par les doutes. Avant de retourner à Newcastle, le manager du groupe lui file toutes ses indemnités en cash. Et il retourne comme ça chez lui avec tellement de billets qu'il en fourre partout. Dans ses poches, dans sa veste, dans son sac, etc. Pour couronner le tout, ce même manager qui était américain lui dit « Écoute, la maison de disques m'a refilé une voiture, mais c'est une boîte manuelle. Moi, je ne sais conduire que les automatiques. » Et il lui dit « Tu ne veux pas la prendre, s'il te plaît ? » « Je ne sais pas quoi en faire. Je ne sais pas où la garer. Il y a plein de PV sur le pare-brise. Ça m'arrangerait. » Donc Brian Johnson va se pointer de nouveau dans sa banlieue ouvrière en Mercedes. grosse merco, toute neuve, et avec du cash de partout, comme s'il venait de braquer une banque, et il sait qu'il va pouvoir arroser tous ses proches. Quelques jours après, Brian Johnson reçoit un paquet, un colis. C'est le fameux album « Back in Black » qu'il va pouvoir écouter évidemment avant la sortie mondiale, mais comme il vient juste de revenir, il vit encore chez ses parents et il n'a même pas de tourne-disque. Il va voir un de ses potes du groupe Geordie, qui en a un, et il se met à écouter cette fameuse première piste, « Hands Bends » . Au bout de quelques paroles chantées, son pote lui dit « Tu chantes super aiguë, c'est pas toi, ils t'ont saccagé, ça marchera pas du tout » . Bon allez viens, on va boire une pinte. Et Brian aura comme ça des doutes énormes sur l'accueil réservé à l'album. Back in Black sort finalement en juillet 1980 avec une pochette complètement inédite puisqu'elle est entièrement noire. Le groupe a imposé ce choix à la maison de disques pour exprimer son deuil et on dit que la validation de cette pochette a duré plus de temps que l'enregistrement de l'album lui-même. La maison de disques n'en voulait pas parce que pour eux c'était un suicide sur le plan commercial. Mais la CDC ne voulait rien entendre et les membres du groupe ont dit c'est ça ou rien. Finalement, ils ont bien fait d'insister. puisque, faut-il le rappeler, Back in Black, c'est l'album de rock le plus vendu de tous les temps, avec plus de 50 millions d'exemplaires. Même mon grand frère, qui était inconditionnel de Banscott, il est allé l'acheter parce que c'était un sacré événement. Tout le monde voulait savoir ce que le groupe allait concocter après la disparition de Banscott et surtout, il voulait entendre la voix du nouveau chanteur d'ACDC. Je pense même que certains fanatiques de Banscott ont été scotchés par la voix de Brian Johnson, mais n'ont jamais osé l'avouer. Avant de terminer ce podcast, j'ai des aveux à faire. Je vous rassure, rien de sordide, ça va même plutôt vous faire marrer, je pense. Ça concerne l'un des deux disques d'ACDC dont je vous parlais au début de ce podcast. Quand j'étais ado, moi je suis le plus jeune de ma famille, j'ai vu tous mes frères et sœurs quitter l'appartement familial. Donc au bout d'un moment, je me suis retrouvé seul avec mes parents et on a déménagé dans le même quartier dans un logement plus petit. Arrivé dans le nouvel appartement, on avait encore des cartons partout, mais moi le seul truc que je voulais faire, c'était écouter de la musique. L'un des avantages de me retrouver seul à la maison, c'était de pouvoir avoir cette fameuse chenille-fille rien que pour moi. Donc j'ouvre le carton où sont les vinyles et j'en sors trois disques. Je me souviens, c'était un Maxi de George Duke qui s'appelle Reach Out, l'album Thriller de Michael Jackson et l'album Highway to Hell d'ACDC. Je me dirige vers le tour de disque, mais je ne vois pas que je prends le disque d'ACDC avec l'ouverture en bas. Le disque glisse de la pochette et se brise en deux par terre. Je suis tellement en panique que je ne sais pas... pas du tout quoi faire, donc je remets le disque dans sa pochette, tel quel, comme si de rien n'était, et je le range dans le carton. Pas très glorieux, mais bon, je devais avoir 12 ou 13 ans à l'époque. Le lendemain, le plus âgé de mes grands frères, qui vivait tout seul, passe nos rangs de visite, comme d'habitude, commence à déconner avec moi, on rigole, etc. Puis, il tape dans ses mains et il me dit, bon allez, on s'écoute un peu de musique. Il se met accroupi devant la chenille fille, il lève le couvercle du tourne-disque, il fouille dans le carton de vinyle et deviner lequel il sort. Highway to Hell, bien sûr. Il fait glisser le disque de sa pochette et se retrouve avec la galette noire pétée en deux. Et là, il se met à dire, j'y crois pas, mon Dixda s'est laissé. C'est pas possible, il est dégoûté. Moi, je culpabilise grave, je suis super mal. Lui ensuite, il lève les yeux sur moi, il pointe son doigt dans ma direction. Je me dis, c'est fini, je suis grillé. Je peux pas accuser mes autres frères et sœurs puisqu'ils sont plus là. Et c'est ni ma mère ni mon père qui sont envoyés highway to hell. Donc, il est temps de passer aux aveux. Je vous assure que je m'apprête à... éclaté pour tout balancer, mais à ce moment précis, c'est lui qui parle. Il est toujours super vénère et il me dit, t'as vu ça ? Faut toujours qu'il y ait de la casse pendant un déménagement et comme par hasard, ça tombe sur moi. Il regarde le disque une dernière fois et il dit Highway to Hell, dernier album avec Bon Scott, tellement dommage. Et moi j'en rajoute, je me mets à dire, c'est vrai qu'ils ont déconné, merde, ils auraient pu faire gaffe au carton de vinyle, etc. Lui, il remet les deux morceaux dans la pochette et puis il met un autre disque. Bon, il y a prescription, mais voilà, je voulais dire officiellement à mon grand frère, désolé pour ton disque d'ACDC, c'était pas le déménagement, c'était moi. Avant de se quitter... je vais vous demander de vivre une expérience avec moi. Je vais vous demander de fermer les yeux et de vous mettre dans la peau d'un jeune, d'un adolescent, en juillet 1980. Un ado fan d'ACDC qui attend avec impatience le retour du groupe après la mort de Banscott. Le jour de la sortie mondiale de Back in Black, vous allez chez le disquaire du coin ou au supermarché pour acheter le nouvel album tant attendu. Vous rentrez chez vous en courant, vous faites glisser délicatement le vinyle pour le poser sur le tourne-disque, vous admirez la pochette extérieure, La pochette intérieure, tous les détails de soin apportés à ce bel objet. La première piste s'appelle Hell's Bears. Vous découvrez d'abord avec un peu d'étonnement cette cloche qui résonne. C'est lourd, un peu flippant, mais ça fonctionne bien. Puis cette guitare et ce riff qui vous plombe dans cette ambiance pesante. La section rythmique qui attaque et lance définitivement le titre. En quelques secondes, vous allez découvrir la voix de Brian Johnson, nouveau chanteur d'ACDC, qui va faire une entrée fracassante. dans votre univers. Merci pour votre écoute et à très bientôt sur 80BPM.