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"Frérot Tuco" cover
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80 BPM

"Frérot Tuco"

"Frérot Tuco"

21min |03/03/2025
Play
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80 BPM

"Frérot Tuco"

"Frérot Tuco"

21min |03/03/2025
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Description

Tuco Benedicto Pacífico Juan María Ramírez : derrière ce nom se cache l'un des personnages les plus fascinants de l'histoire du cinéma.

En ce qui concerne les rôles de bandits, il y a un avant et un après Tuco. De Tony Montana à Jack Sparrow en passant par "l'autre" Tuco (Salamanca), antagoniste à la fois drôle et psychopathe de la série Breaking Bad, tous portent en eux un peu du personnage sublimé par le jeu du génial Eli Wallach,

Tuco l'anti-héros, Tuco l'immigré mexicain, Tuco le roi de l'insulte, Tuco l'homme blessé, Tuco le survivant, Tuco le hors-la-loi malhonnête, roublard et explosif mais qui reste le plus humain des trois protagonistes du film "Le Bon, la Brute et le Truand".


À travers un focus sur le cinéma du grand Sergio Léone, je vous propose de (re)découvrir toutes les facettes du brigand le plus drôle de l'Ouest (et certainement du reste du monde).



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Déjà recherché dans 14 comtés de cet état, a été reconnu coupable de homicide volontaire, démission de fausse monnaie, usage de jeux de cartes et de détruquer, en vertu des pouvoirs qui nous sont conférés. Nous condamnons le dénommé Tuco Benediccio Pacifico Juan Marias Ramirez à la peine de mort par pendaison, face que le Seigneur Tout-Puissant ait pitié de son âme. Ouro !

  • Speaker #1

    Tuco Benedicto Pacifico Juan Maria Ramirez. Si vous êtes un adepte de Sergio Leone et de son film Le Bon, la Brute et le Truant, vous esquissez actuellement un petit sourire à la simple évocation de ce nom à rallonge et vous allez vous régaler pendant ce podcast. Et pour ceux qui ne connaissent pas du tout cet univers, surtout restez avec moi parce que vous allez découvrir l'un des personnages les plus sous-cotés et pourtant l'un des plus fascinants, l'un des plus attachants de l'histoire du cinéma. Un personnage à la fois comique, malhonnête, opportuniste, mais malgré tout... profondément humain. Tuco, c'est l'anti-héros qui a inspiré un nombre incalculable de personnages majeurs du cinéma, de Tony Montana à Jack Sparrow et bien entendu un autre Tuco, Tuco Salamanca, l'un des personnages favoris des fans de la série Breaking Bad. En ce qui concerne les rôles de bandits, il y a donc un avant et un après Tuco et moi je vous propose de découvrir cette histoire sur 80 BPM. Avant d'entrer dans le détail de ce sublime personnage, je vais, comme d'habitude, évoquer quelques éléments de contexte. Le Bon, la Brute et le Truant, sorti en 1966, est le dernier volet d'une série de films qu'on surnomme la trilogie du dollar ou la trilogie de l'homme sans nom, et elle est réalisée par le génie Sergio Leone. Sergio Leone reconnu de manière unanime comme l'un des plus grands cinéastes de l'histoire. Avec ses trois westerns, il a complètement révolutionné le genre, voire même ringardisé les vieux westerns américains. Leone, qui va plus tard très fortement inspirer plusieurs géants comme Tarantino, Scorsese, c'est un style visuel et narratif unique, sublimé par ce chef-d'œuvre, le bon, la brute et le truand, avec ce rythme lent, cette gestion de la tension, cet usage incroyable de ces fameux gros plans et du silence. Il faut rappeler que les dix premières minutes du film, le bon, la brute et le truand, ne comportent aucune parole et pourtant on ne décroche à aucun moment. Léon, c'est également une utilisation unique de la musique par le biais de sa collaboration avec Ennio Morricone et aussi la fin de l'opposition classique entre gentil et méchant. Jusqu'ici, dans les westerns, on voyait surtout des cow-boys blancs courageux se défendre face à des indiens cruels. Et bien Léon va mettre fin à cette dimension raciste et il va introduire des personnages complexes. avec des méchants qui se montrent finalement très humains et des gentils qui peuvent recourir à la violence. Lors de sa sortie, Le Bon, la Brute et le Truant sera pas mal critiqué pour ces scènes de violence qui existent, c'est un fait, mais ces scènes servent parfaitement le récit. Ça n'a absolument rien à voir avec la violence gratuite dont on nous abreuve aujourd'hui. De manière générale, le film va se faire démolir par les critiques, surtout en Amérique, soit parce qu'il n'est pas compris, soit parce que pour un certain nombre d'entre eux, c'est insupportable de voir un Italien bouleverser tous les codes du genre. D'ailleurs, cette irruption et donc cette invention du Westerns Baguetti est tellement improbable que pour son premier Western, pour une poignée de dollars, Sergio Leone choisit un pseudonyme, Bob Robertson. Ceci afin d'être plus crédible auprès du public. Le deuxième volet de la trilogie, intitulé Pour quelques dollars de plus, remporte un succès encore plus important que le premier. et place donc Sergio Leone dans une position de force, une position favorable, avec un budget beaucoup plus conséquent pour boucler cette trilogie avec le bon, la brute et le truand. La présence de Clint Eastwood, qui joue le rôle de l'homme sans nom, cette présence s'impose, mais ce sera sa dernière collaboration avec Sergio Leone. Grâce à ce personnage, Clint Eastwood est devenu une star internationale, mais après ce film, il veut faire carrière à Hollywood, dans des productions américaines, etc. Tout ceci est montré... évoqué dans le film de Tarantino, Il était une fois à Hollywood, à travers le personnage de Rick Dalton. Dans Le bon, la brute et le truand, Clint Eastwood est surnommé blondin et il joue le bon, ou en tout cas celui qui est censé être le bon, puisqu'on va le voir dans ce podcast, c'est beaucoup plus complexe que ça. Pour le personnage de la brute, surnommé Sentenza dans la version française et Angel Eyes dans la version originale, Sergio Leone fait de nouveau appel à Lee Van Cleef, une icône du western américain, avec un charisme froid qui l'a souvent condamné à jouer. des rôles de méchants, mais ça reste évidemment un acteur extraordinaire. Son personnage dans ce film est le seul qui est foncièrement méchant, qui tue sans que cela ne déclenche la moindre émotion chez lui, et uniquement pour l'argent, jamais pour se venger ou pour une quelconque histoire d'honneur. Et on en vient au personnage du truand. Pour interpréter ce rôle, Sergio Leone a envie de frapper un grand coup, et il contacte donc Eli Wallach. Eli Wallach, c'est un acteur respecté à Hollywood, ancien de l'actor studio. Il a fréquenté Marlon Brando, James Dean, il a joué avec les plus grandes stars comme Marilyn Monroe, il a tourné avec les plus grands réalisateurs, Elia Kazan, John Ford, etc. En plus, c'est quelqu'un qui a une vraie histoire, il a grandi dans une famille juive qui était la seule famille juive d'un quartier italien, à Brooklyn. Il a fait la Seconde Guerre mondiale. Bref, c'est du lourd, ce n'est pas un petit débutant, comme Clédys Toode lorsque Sergio Leone l'embauche pour la première fois. Lorsque son agent lui dit que Sergio Leone veut tourner avec lui dans un western italien, Edi Wallach éclate de rire et lui répond Et pourquoi pas une pizza hawaïenne ? Pour ceux qui n'ont jamais vu Le Bon, la Brute et le Truant, le film se déroule donc aux Etats-Unis pendant la guerre de sécession. Alors que le pays est à feu et à sang et que le conflit fait des centaines de milliers de morts, trois hommes se mettent à la recherche d'un trésor, une caisse qui appartient à l'armée des confédérés et qui contient 200 000 dollars. Cette caisse est enterrée dans un cimetière, le fameux cimetière de Sad Hill, tant recherché par les trois protagonistes. Ces trois hommes se connaissent, ils détiennent tous des informations plus ou moins complémentaires à propos de ce trésor et donc le film raconte cette quête, cette chasse au trésor à travers l'Ouest américain. l'Ouest américain transformé en paysage quasi apocalyptique, jonché de cadavres à la suite des différentes batailles entre sudistes et nordistes. C'est un film qui explore plusieurs thèmes comme l'absurdité de la guerre, la construction de la société américaine moderne, la cupidité et la complexité de la nature humaine. Même si les trois acteurs sont à peu près sur un même pied d'égalité et sont à l'affiche dans la bande-annonce et au niveau du scénario, tout le monde est à peu près d'accord aujourd'hui pour dire que la vraie star du film C'est le personnage de Toucault avec un Eli Wallach qui éclipse deux immenses acteurs, Levante Cliff et Clint Eastwood, qui livrent pourtant eux-mêmes une prestation exceptionnelle. D'ailleurs, il a été rapporté à plusieurs reprises que Clint Eastwood n'a pas supporté d'être relégué au second plan et il refusera même de faire une apparition dans un autre film de Sergio Leone, comme je vous l'expliquerai tout à l'heure. C'est vrai que l'attention portée au personnage de Toucault est assez flagrante. puisqu'en termes d'apparition, de durée à l'écran, il est nettement devant les deux autres personnages. D'ailleurs, le film commence avec lui, c'est le premier visage des trois qu'on voit, et c'est bien évidemment le dernier qu'on aperçoit avec cette scène légendaire et cette déclaration, on va l'appeler comme ça, à l'égard de Blondin, sur laquelle on reviendra à la fin de cet épisode. Toucault, on ne le souligne pas assez, c'est la figure de l'immigré. Comme son nom l'indique, mais aussi sa tenue, son accent, son histoire, celle de son frère. Toutes ces informations nous disent qu'il est mexicain. Je l'ai dit à l'instant, c'est le premier personnage qui apparaît à l'écran et il fait une entrée fracassante au sens propre, puisqu'après avoir abattu trois chasseurs de primes qui voulaient le capturer, il traverse la vitre du saloon, calibre à la main, et dans l'autre, il tient un morceau de viande et une bouteille, je crois. Il a encore la serviette autour du cou, on devine donc qu'il était en train de déjeuner et que c'est quelqu'un qui est dans la survie, dans la survie en permanence et c'est une donnée importante pour la suite. Toucault vient d'un milieu très pauvre. C'est un bandit, un bandit dont la tête est mise à prix et il est sans cesse recherché pour ses crimes et c'est cette situation qui va justifier son alliance avec le personnage de Blondin. Avec Blondin, ils mettent donc en place une espèce d'arnaque qui leur apporte pas mal d'argent, c'est-à-dire que Blondin le traque, le livre au shérif, encaisse l'argent de la prime avant de le libérer en usant de la gâchette, puis le capture de nouveau, le livre à un autre shérif, etc. Et ils font ça de ville en ville. Contrairement à Blondin, qui parle peu, Toucault est un bavard et quasiment à chaque réplique, c'est un divertissement exceptionnel tellement il est drôle et baratineur. Là où Toucault excelle, là où il fait preuve d'une créativité débordante, c'est dans l'insulte, dans la menace, comme vous allez l'entendre tout de suite.

  • Speaker #0

    Parce que t'es un beau salaud ! Attends, c'est rien, mais moi je le sais ! Et les autres aussi, ils le savent ! T'es le fils de tout le monde ! T'as pas un père, t'en as mille ! La terre est jamais portée Si elle a fait tête trapude, la terre est jamais portée Si jamais tu me retombes sous les pattes, je t'arracherai le coeur et les yeux Je te sortirai les tripes, je te prendrai avec, je te tuerai,

  • Speaker #2

    je te tuerai

  • Speaker #1

    Avec Tuco, tout devient drôle. Lorsque Blondin vient de le livrer au shérif et que ce dernier déroule l'affiche Wanted avec son visage, Tuco jure que ce n'est pas lui alors qu'il est quasiment face à un miroir tellement il a exactement la même tête. Dans la version américaine, il dit même « I am an honest farmer » . Je suis un honnête fermier et il ajoute qu'il est prêt à donner des instructions au shérif sur la véritable identité de cet homme alors que c'est lui, évidemment. Même lorsque le bourreau s'apprête à l'exécuter par pendaison, ça devient un moment drôle. On voit Toucault qui a la corde au cou, mais qui acquiesce fièrement lorsqu'on lui rappelle chaque crime qu'il a commis. Il valide son palmarès de criminel, mais ce n'était pas un criminel qui fait le mal par plaisir. C'est là qu'il est très différent de Sentenza. Sentenza qui tue froidement, qui est capable d'utiliser la torture et même de frapper des femmes sans aucune pitié. Tout ça pour soutirer une simple information. Même lorsqu'on compare Toucault à Blondin, c'est intéressant. Blondin respecte. certes un certain code moral mais dans le film il tue plus de gens que tout qu est sentenza et blondin est capable d'avoir un comportement assez vicieux voire odieux notamment lorsqu'il humilie et même martyrisent tout qu une scène qui me fait toujours rire lorsque je la revois c'est celle où tout qu est au chevet de blondin blondin qui possède donc l'information capitale sur le trésor mais à ce moment là il est dans un état physique assez catastrophique à cause d'ailleurs que ce qui lui a fait subir tout qu mais ce dernier va quand même tenter un coup assez osé.

  • Speaker #0

    Hein ? Comme moi, Blondin. On est seuls, tous les deux. Je n'ai que toi et tu n'as que moi. C'est... Il faut que je te dise une chose, Blondin. Tu ferais pareil si tu te trouvais à ma place. Vois-tu, pour toi, c'est fini, Blondin. Ce serait un miracle si tu aurais échappé. Si je savais que ma dernière heure est arrivée... Je te jure, si un homme me trouvait à ta place, je te jure que je dirais où sont les dollars, je te jure, t'as vendu. Je te dirais quel nom est marqué sur la tombe. Quand on est mort, qu'est-ce qu'on en a à faire des sous ? Moi, je sais le nom du cimetière, mais j'arriverai jamais à trouver la tombe.

  • Speaker #1

    Toucault, vous l'avez compris, c'est quelqu'un qui s'adapte sans arrêt pour survivre et c'est cette dimension du personnage qui va à la fois créer des situations drôles et le rendre attachant auprès du public. Lorsque Toucault... Tout le refuge dans un monastère pour soigner Blondin, il se met à faire le croyant modèle. Il invoque Jésus et Saint-François à chaque fois qu'il croise des prêtres, alors que c'est un bandit recherché partout. Lorsqu'ils sont déguisés avec Blondin en soldats confédérés, qu'ils croisent d'autres soldats, Toucault se met à faire du zèle. Il se met à hurler « Vive la Confédération ! » Mort nordiste pour les brosser dans le sens du poil et passer entre les mailles du filet, alors qu'en définitive, il avait mal vu la couleur des uniformes. Et ils ont affaire finalement au... au camp d'en face, au nordiste, qu'on appelle aussi les Yankees. Même lorsqu'ils sont capturés tout près du ligne de front, le capitaine leur demande ce qu'ils font dans le coin, Touko avance, fait un salut militaire, et il se met à dire qu'ils sont venus pour s'engager, alors qu'à la base, évidemment, ils sont là pour trouver la caisse pleine de dollars. Le personnage de Touko est une merveille au niveau de l'écriture des scénaristes, bien sûr, mais il ne serait rien sans l'interprétation unique d'Eli Wallach, qui va en grande partie créer la version définitive du personnage pendant, bon... le tournage grâce à son énergie et sa créativité. Eli Wallach va par exemple inventer le signe de croix maladroit que Toucault fait régulièrement dans le film, la manière de porter son arme au bout d'une ficelle et pas dans un holster, toute la gestuelle extravagante lorsqu'il parle, tout ça, c'est Eli Wallach. Et surtout, Eli Wallach va improviser plusieurs répliques, comme dans la fameuse scène du bain où il dit « quand on tire, on raconte pas sa vie » , et même quasiment une scène entière, celle de l'armerie, où... Toucault va se mettre à démonter et remonter les armes, toutes les réactions étonnées de l'acteur qui joue le propriétaire du magasin sont spontanées parce qu'il ne s'attendait pas du tout à ça. Elioualak, c'est donc un génie comique hors du commun. Pour ceux qui ne connaissent pas, je vous invite à voir Le Cerveau, avec Bourvil et Belmondo dans lequel il joue un chef de la mafia juste hilarant. Mais Elioualak, c'est surtout un acteur complet qui est capable de nous faire vibrer. autrement que par le rire. Et pour vous donner des exemples, je vais vous parler de deux scènes. La première, c'est celle où il retrouve son frère, qui est l'exact opposé de lui, puisqu'il est prêtre dans un monastère. Donc, Toucault ne l'a pas revu depuis des années, et il demande des nouvelles de leurs parents. Son frère lui apprend qu'ils ne font plus partie de ce monde, et ce prêtre, ce frère, va lui reprocher sa longue absence. S'en suit une grosse dispute, durant laquelle des mots très durs et même des coups sont échangés entre ces deux frères. C'est la scène la plus touchante du film, même surtout lors du film. lorsque, après cette dispute, Toucault fait croire absolument tout le contraire à Blondin. Il lui dit que son frère l'adore, qu'il lui a offert un repas somptueux, qu'il ne voulait plus le laisser partir, alors que Blondin, qui était caché, a assisté à la bagarre. On voit bien que Toucault fantasme une famille idéale qu'il n'a pas. C'est quelqu'un de très seul, tout simplement. Et Blondin, qui n'ose pas le contredire, va même avoir un geste de compassion, puisqu'il va lui tendre un cigare à fumer. Le cigare qu'on partage, le cigare qu'on repère, est un symbole qui revient plusieurs fois dans le film pour ceux qui l'auront remarqué. L'autre scène dont je voulais vous parler, peut-être la plus grande scène d'Iliwalak, et paradoxalement c'est une scène sans dialogue, c'est lorsqu'il découvre le cimetière de Sad Hill où est caché le trésor. C'est du grand art. On voit donc Iliwalak courir au milieu des tombes, des milliers de tombes, Il se met à chercher celle où est indiqué le fameux nom et c'est une course frénétique. Une course frénétique parce qu'il est à la fois fatigué et excité, puisque ça y est, on arrive au bout de cette chasse au trésor et le tout est rythmé par l'une des compositions les plus célèbres d'Egnio Morricone, des Ecstasy of Gold, portée par la voix magnifique d'une chanteuse soprano italienne qui s'appelle Eda Del Orso. Et ce titre est régulièrement repris dans des événements planétaires. des pubs comme récemment dans une pub de la marque de montres de luxe Rolex et c'est un titre qui a fait l'objet d'une belle reprise du groupe Metallica qui commence régulièrement ses concerts avec Petite anecdote à propos de cette scène, lorsque Tuco met les pieds dans ce cimetière, on le voit sursauter à cause d'un chien errant qui surgit dans le cadre et passe tout près de lui. Sachez que c'est une réaction spontanée provoquée par Sergio Leone qui a lâché ce chien pour surprendre Eli Wallach au moment du tournage et ça a très bien marché. Sad Hill, ce cimetière imaginaire construit pour les besoins du film par l'armée espagnole, a été restauré il y a quelques années par des fans. des fans du film qui ont réalisé un magnifique documentaire que vous pouvez visionner sur Internet. Vous pouvez même visiter ce fameux cimetière. Il se trouve dans la région de Burgos, en Espagne, puisque c'est dans ce pays que Sergio Leone a tourné ses westerns. Vous pouvez aussi visiter le site de Tabernas, près d'Almeria, en Andalousie, où je me suis rendu personnellement plusieurs fois. Si vous êtes fan de cet univers, vous allez adorer parce qu'on retrouve vraiment l'atmosphère des westerns baguettis. Tout à l'heure, j'ai évoqué les différentes thématiques traitées dans ce chef-d'oeuvre, le bon, la brute et le truand, mais pour moi, l'une des clés du film, c'est la relation entre Toucault et Blondin. C'est assez difficile à décrire, mais on va dire que c'est une relation amitié-haine basée sur l'intérêt mutuel avec des succès, mais aussi des trahisons et des vengeances. Il y a une complicité entre les deux et même un lien assez fort malgré la méfiance et les coups bas. Par exemple, lors du fameux trial à la fin du film, durant lequel les trois personnages s'affrontent, on voit bien que, sans se concerter, Blondin et Toucau ciblent Sentenza. Quand je parle de lien fort, tout est relatif. Il ne faut pas vous attendre à un truc genre le secret de Brokeback Mountain. Ou alors vous allez être très déçu. Quand Blondin fait un sale coup à Toucau, c'est pas il oublie de lui souhaiter son anniversaire. C'est je te laisse dans le désert, sans eau, les mains attachées, sans cheval et je t'annonce que le prochain village est à 110 kilomètres.

  • Speaker #0

    Blondin, qu'est-ce que tu fais ? Tu t'en vas ? Au moins, Blondin écoute ! C'est... Ne me perds pas ! Et rien qu'à un sale filier !

  • Speaker #1

    Deux décennies après la sortie du film, un début de projet a émergé pour une suite. Celle-ci devait mettre en scène Toucault, qui continue de rechercher Blondin, découvre finalement que ce dernier a été assassiné, mais qu'il a un neveu, et que ce neveu sait où se trouve la moitié du butin qui appartenait à son oncle. Clint Eastwood aurait été le narrateur du film, mais celui-ci n'a jamais vu le jour, puisque Sergio Leone ne voulait plus faire de western. Après son dernier chef-d'oeuvre du genre, il était une fois dans l'Ouest, sorti deux ans après Le Bon, la Brute et le Truant. Une anecdote à propos de ce long métrage avec Charles Branson qui joue... L'homme à l'harmonica, au début du film, Charles Branson, donc le personnage de Charles Branson, abat trois tueurs dans une scène légendaire. Eh bien, Sergio Leone avait proposé aux trois stars de son précédent film, Le bon, la bouteille, le truand, de jouer ces trois hommes, mais Clint Eastwood a refusé, donc Leone a abandonné l'idée. Quand on imagine une telle scène avec ces trois acteurs, on se dit que ça aurait donné une séquence encore plus légendaire. Il y a eu certaines rumeurs de remède du film Le Bon Labroute et le Truant, mais je pense, comme pour d'autres chefs-d'oeuvre tels que Le Parrain ou Scarface, que c'est toujours une mauvaise idée de toucher à de telles institutions. On ne pourra jamais faire mieux, donc toute tentative se révélerait forcément décevante. En revanche, s'il y a un film dans l'univers de Toucault, Blondin et Sentenza que j'aimerais éventuellement voir, c'est un préquel. Un film qui expliquerait les origines de la relation entre les trois personnages. On sait qu'ils se connaissent. qu'ils ont un passé commun, mais on ne sait rien de plus à ce sujet. Et je pense que ça pourrait être l'objet d'un autre film, d'un spin-off, pourquoi pas. En attendant, pour conclure ce podcast, je vous laisse avec évidemment cette dernière scène mythique de ce monument du cinéma. Merci pour votre écoute et à très bientôt sur 80VPN.

  • Speaker #0

    Hey blondeur ! Tu veux que je te dise que j'ai le plus grand dégueulasse ?

Description

Tuco Benedicto Pacífico Juan María Ramírez : derrière ce nom se cache l'un des personnages les plus fascinants de l'histoire du cinéma.

En ce qui concerne les rôles de bandits, il y a un avant et un après Tuco. De Tony Montana à Jack Sparrow en passant par "l'autre" Tuco (Salamanca), antagoniste à la fois drôle et psychopathe de la série Breaking Bad, tous portent en eux un peu du personnage sublimé par le jeu du génial Eli Wallach,

Tuco l'anti-héros, Tuco l'immigré mexicain, Tuco le roi de l'insulte, Tuco l'homme blessé, Tuco le survivant, Tuco le hors-la-loi malhonnête, roublard et explosif mais qui reste le plus humain des trois protagonistes du film "Le Bon, la Brute et le Truand".


À travers un focus sur le cinéma du grand Sergio Léone, je vous propose de (re)découvrir toutes les facettes du brigand le plus drôle de l'Ouest (et certainement du reste du monde).



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Déjà recherché dans 14 comtés de cet état, a été reconnu coupable de homicide volontaire, démission de fausse monnaie, usage de jeux de cartes et de détruquer, en vertu des pouvoirs qui nous sont conférés. Nous condamnons le dénommé Tuco Benediccio Pacifico Juan Marias Ramirez à la peine de mort par pendaison, face que le Seigneur Tout-Puissant ait pitié de son âme. Ouro !

  • Speaker #1

    Tuco Benedicto Pacifico Juan Maria Ramirez. Si vous êtes un adepte de Sergio Leone et de son film Le Bon, la Brute et le Truant, vous esquissez actuellement un petit sourire à la simple évocation de ce nom à rallonge et vous allez vous régaler pendant ce podcast. Et pour ceux qui ne connaissent pas du tout cet univers, surtout restez avec moi parce que vous allez découvrir l'un des personnages les plus sous-cotés et pourtant l'un des plus fascinants, l'un des plus attachants de l'histoire du cinéma. Un personnage à la fois comique, malhonnête, opportuniste, mais malgré tout... profondément humain. Tuco, c'est l'anti-héros qui a inspiré un nombre incalculable de personnages majeurs du cinéma, de Tony Montana à Jack Sparrow et bien entendu un autre Tuco, Tuco Salamanca, l'un des personnages favoris des fans de la série Breaking Bad. En ce qui concerne les rôles de bandits, il y a donc un avant et un après Tuco et moi je vous propose de découvrir cette histoire sur 80 BPM. Avant d'entrer dans le détail de ce sublime personnage, je vais, comme d'habitude, évoquer quelques éléments de contexte. Le Bon, la Brute et le Truant, sorti en 1966, est le dernier volet d'une série de films qu'on surnomme la trilogie du dollar ou la trilogie de l'homme sans nom, et elle est réalisée par le génie Sergio Leone. Sergio Leone reconnu de manière unanime comme l'un des plus grands cinéastes de l'histoire. Avec ses trois westerns, il a complètement révolutionné le genre, voire même ringardisé les vieux westerns américains. Leone, qui va plus tard très fortement inspirer plusieurs géants comme Tarantino, Scorsese, c'est un style visuel et narratif unique, sublimé par ce chef-d'œuvre, le bon, la brute et le truand, avec ce rythme lent, cette gestion de la tension, cet usage incroyable de ces fameux gros plans et du silence. Il faut rappeler que les dix premières minutes du film, le bon, la brute et le truand, ne comportent aucune parole et pourtant on ne décroche à aucun moment. Léon, c'est également une utilisation unique de la musique par le biais de sa collaboration avec Ennio Morricone et aussi la fin de l'opposition classique entre gentil et méchant. Jusqu'ici, dans les westerns, on voyait surtout des cow-boys blancs courageux se défendre face à des indiens cruels. Et bien Léon va mettre fin à cette dimension raciste et il va introduire des personnages complexes. avec des méchants qui se montrent finalement très humains et des gentils qui peuvent recourir à la violence. Lors de sa sortie, Le Bon, la Brute et le Truant sera pas mal critiqué pour ces scènes de violence qui existent, c'est un fait, mais ces scènes servent parfaitement le récit. Ça n'a absolument rien à voir avec la violence gratuite dont on nous abreuve aujourd'hui. De manière générale, le film va se faire démolir par les critiques, surtout en Amérique, soit parce qu'il n'est pas compris, soit parce que pour un certain nombre d'entre eux, c'est insupportable de voir un Italien bouleverser tous les codes du genre. D'ailleurs, cette irruption et donc cette invention du Westerns Baguetti est tellement improbable que pour son premier Western, pour une poignée de dollars, Sergio Leone choisit un pseudonyme, Bob Robertson. Ceci afin d'être plus crédible auprès du public. Le deuxième volet de la trilogie, intitulé Pour quelques dollars de plus, remporte un succès encore plus important que le premier. et place donc Sergio Leone dans une position de force, une position favorable, avec un budget beaucoup plus conséquent pour boucler cette trilogie avec le bon, la brute et le truand. La présence de Clint Eastwood, qui joue le rôle de l'homme sans nom, cette présence s'impose, mais ce sera sa dernière collaboration avec Sergio Leone. Grâce à ce personnage, Clint Eastwood est devenu une star internationale, mais après ce film, il veut faire carrière à Hollywood, dans des productions américaines, etc. Tout ceci est montré... évoqué dans le film de Tarantino, Il était une fois à Hollywood, à travers le personnage de Rick Dalton. Dans Le bon, la brute et le truand, Clint Eastwood est surnommé blondin et il joue le bon, ou en tout cas celui qui est censé être le bon, puisqu'on va le voir dans ce podcast, c'est beaucoup plus complexe que ça. Pour le personnage de la brute, surnommé Sentenza dans la version française et Angel Eyes dans la version originale, Sergio Leone fait de nouveau appel à Lee Van Cleef, une icône du western américain, avec un charisme froid qui l'a souvent condamné à jouer. des rôles de méchants, mais ça reste évidemment un acteur extraordinaire. Son personnage dans ce film est le seul qui est foncièrement méchant, qui tue sans que cela ne déclenche la moindre émotion chez lui, et uniquement pour l'argent, jamais pour se venger ou pour une quelconque histoire d'honneur. Et on en vient au personnage du truand. Pour interpréter ce rôle, Sergio Leone a envie de frapper un grand coup, et il contacte donc Eli Wallach. Eli Wallach, c'est un acteur respecté à Hollywood, ancien de l'actor studio. Il a fréquenté Marlon Brando, James Dean, il a joué avec les plus grandes stars comme Marilyn Monroe, il a tourné avec les plus grands réalisateurs, Elia Kazan, John Ford, etc. En plus, c'est quelqu'un qui a une vraie histoire, il a grandi dans une famille juive qui était la seule famille juive d'un quartier italien, à Brooklyn. Il a fait la Seconde Guerre mondiale. Bref, c'est du lourd, ce n'est pas un petit débutant, comme Clédys Toode lorsque Sergio Leone l'embauche pour la première fois. Lorsque son agent lui dit que Sergio Leone veut tourner avec lui dans un western italien, Edi Wallach éclate de rire et lui répond Et pourquoi pas une pizza hawaïenne ? Pour ceux qui n'ont jamais vu Le Bon, la Brute et le Truant, le film se déroule donc aux Etats-Unis pendant la guerre de sécession. Alors que le pays est à feu et à sang et que le conflit fait des centaines de milliers de morts, trois hommes se mettent à la recherche d'un trésor, une caisse qui appartient à l'armée des confédérés et qui contient 200 000 dollars. Cette caisse est enterrée dans un cimetière, le fameux cimetière de Sad Hill, tant recherché par les trois protagonistes. Ces trois hommes se connaissent, ils détiennent tous des informations plus ou moins complémentaires à propos de ce trésor et donc le film raconte cette quête, cette chasse au trésor à travers l'Ouest américain. l'Ouest américain transformé en paysage quasi apocalyptique, jonché de cadavres à la suite des différentes batailles entre sudistes et nordistes. C'est un film qui explore plusieurs thèmes comme l'absurdité de la guerre, la construction de la société américaine moderne, la cupidité et la complexité de la nature humaine. Même si les trois acteurs sont à peu près sur un même pied d'égalité et sont à l'affiche dans la bande-annonce et au niveau du scénario, tout le monde est à peu près d'accord aujourd'hui pour dire que la vraie star du film C'est le personnage de Toucault avec un Eli Wallach qui éclipse deux immenses acteurs, Levante Cliff et Clint Eastwood, qui livrent pourtant eux-mêmes une prestation exceptionnelle. D'ailleurs, il a été rapporté à plusieurs reprises que Clint Eastwood n'a pas supporté d'être relégué au second plan et il refusera même de faire une apparition dans un autre film de Sergio Leone, comme je vous l'expliquerai tout à l'heure. C'est vrai que l'attention portée au personnage de Toucault est assez flagrante. puisqu'en termes d'apparition, de durée à l'écran, il est nettement devant les deux autres personnages. D'ailleurs, le film commence avec lui, c'est le premier visage des trois qu'on voit, et c'est bien évidemment le dernier qu'on aperçoit avec cette scène légendaire et cette déclaration, on va l'appeler comme ça, à l'égard de Blondin, sur laquelle on reviendra à la fin de cet épisode. Toucault, on ne le souligne pas assez, c'est la figure de l'immigré. Comme son nom l'indique, mais aussi sa tenue, son accent, son histoire, celle de son frère. Toutes ces informations nous disent qu'il est mexicain. Je l'ai dit à l'instant, c'est le premier personnage qui apparaît à l'écran et il fait une entrée fracassante au sens propre, puisqu'après avoir abattu trois chasseurs de primes qui voulaient le capturer, il traverse la vitre du saloon, calibre à la main, et dans l'autre, il tient un morceau de viande et une bouteille, je crois. Il a encore la serviette autour du cou, on devine donc qu'il était en train de déjeuner et que c'est quelqu'un qui est dans la survie, dans la survie en permanence et c'est une donnée importante pour la suite. Toucault vient d'un milieu très pauvre. C'est un bandit, un bandit dont la tête est mise à prix et il est sans cesse recherché pour ses crimes et c'est cette situation qui va justifier son alliance avec le personnage de Blondin. Avec Blondin, ils mettent donc en place une espèce d'arnaque qui leur apporte pas mal d'argent, c'est-à-dire que Blondin le traque, le livre au shérif, encaisse l'argent de la prime avant de le libérer en usant de la gâchette, puis le capture de nouveau, le livre à un autre shérif, etc. Et ils font ça de ville en ville. Contrairement à Blondin, qui parle peu, Toucault est un bavard et quasiment à chaque réplique, c'est un divertissement exceptionnel tellement il est drôle et baratineur. Là où Toucault excelle, là où il fait preuve d'une créativité débordante, c'est dans l'insulte, dans la menace, comme vous allez l'entendre tout de suite.

  • Speaker #0

    Parce que t'es un beau salaud ! Attends, c'est rien, mais moi je le sais ! Et les autres aussi, ils le savent ! T'es le fils de tout le monde ! T'as pas un père, t'en as mille ! La terre est jamais portée Si elle a fait tête trapude, la terre est jamais portée Si jamais tu me retombes sous les pattes, je t'arracherai le coeur et les yeux Je te sortirai les tripes, je te prendrai avec, je te tuerai,

  • Speaker #2

    je te tuerai

  • Speaker #1

    Avec Tuco, tout devient drôle. Lorsque Blondin vient de le livrer au shérif et que ce dernier déroule l'affiche Wanted avec son visage, Tuco jure que ce n'est pas lui alors qu'il est quasiment face à un miroir tellement il a exactement la même tête. Dans la version américaine, il dit même « I am an honest farmer » . Je suis un honnête fermier et il ajoute qu'il est prêt à donner des instructions au shérif sur la véritable identité de cet homme alors que c'est lui, évidemment. Même lorsque le bourreau s'apprête à l'exécuter par pendaison, ça devient un moment drôle. On voit Toucault qui a la corde au cou, mais qui acquiesce fièrement lorsqu'on lui rappelle chaque crime qu'il a commis. Il valide son palmarès de criminel, mais ce n'était pas un criminel qui fait le mal par plaisir. C'est là qu'il est très différent de Sentenza. Sentenza qui tue froidement, qui est capable d'utiliser la torture et même de frapper des femmes sans aucune pitié. Tout ça pour soutirer une simple information. Même lorsqu'on compare Toucault à Blondin, c'est intéressant. Blondin respecte. certes un certain code moral mais dans le film il tue plus de gens que tout qu est sentenza et blondin est capable d'avoir un comportement assez vicieux voire odieux notamment lorsqu'il humilie et même martyrisent tout qu une scène qui me fait toujours rire lorsque je la revois c'est celle où tout qu est au chevet de blondin blondin qui possède donc l'information capitale sur le trésor mais à ce moment là il est dans un état physique assez catastrophique à cause d'ailleurs que ce qui lui a fait subir tout qu mais ce dernier va quand même tenter un coup assez osé.

  • Speaker #0

    Hein ? Comme moi, Blondin. On est seuls, tous les deux. Je n'ai que toi et tu n'as que moi. C'est... Il faut que je te dise une chose, Blondin. Tu ferais pareil si tu te trouvais à ma place. Vois-tu, pour toi, c'est fini, Blondin. Ce serait un miracle si tu aurais échappé. Si je savais que ma dernière heure est arrivée... Je te jure, si un homme me trouvait à ta place, je te jure que je dirais où sont les dollars, je te jure, t'as vendu. Je te dirais quel nom est marqué sur la tombe. Quand on est mort, qu'est-ce qu'on en a à faire des sous ? Moi, je sais le nom du cimetière, mais j'arriverai jamais à trouver la tombe.

  • Speaker #1

    Toucault, vous l'avez compris, c'est quelqu'un qui s'adapte sans arrêt pour survivre et c'est cette dimension du personnage qui va à la fois créer des situations drôles et le rendre attachant auprès du public. Lorsque Toucault... Tout le refuge dans un monastère pour soigner Blondin, il se met à faire le croyant modèle. Il invoque Jésus et Saint-François à chaque fois qu'il croise des prêtres, alors que c'est un bandit recherché partout. Lorsqu'ils sont déguisés avec Blondin en soldats confédérés, qu'ils croisent d'autres soldats, Toucault se met à faire du zèle. Il se met à hurler « Vive la Confédération ! » Mort nordiste pour les brosser dans le sens du poil et passer entre les mailles du filet, alors qu'en définitive, il avait mal vu la couleur des uniformes. Et ils ont affaire finalement au... au camp d'en face, au nordiste, qu'on appelle aussi les Yankees. Même lorsqu'ils sont capturés tout près du ligne de front, le capitaine leur demande ce qu'ils font dans le coin, Touko avance, fait un salut militaire, et il se met à dire qu'ils sont venus pour s'engager, alors qu'à la base, évidemment, ils sont là pour trouver la caisse pleine de dollars. Le personnage de Touko est une merveille au niveau de l'écriture des scénaristes, bien sûr, mais il ne serait rien sans l'interprétation unique d'Eli Wallach, qui va en grande partie créer la version définitive du personnage pendant, bon... le tournage grâce à son énergie et sa créativité. Eli Wallach va par exemple inventer le signe de croix maladroit que Toucault fait régulièrement dans le film, la manière de porter son arme au bout d'une ficelle et pas dans un holster, toute la gestuelle extravagante lorsqu'il parle, tout ça, c'est Eli Wallach. Et surtout, Eli Wallach va improviser plusieurs répliques, comme dans la fameuse scène du bain où il dit « quand on tire, on raconte pas sa vie » , et même quasiment une scène entière, celle de l'armerie, où... Toucault va se mettre à démonter et remonter les armes, toutes les réactions étonnées de l'acteur qui joue le propriétaire du magasin sont spontanées parce qu'il ne s'attendait pas du tout à ça. Elioualak, c'est donc un génie comique hors du commun. Pour ceux qui ne connaissent pas, je vous invite à voir Le Cerveau, avec Bourvil et Belmondo dans lequel il joue un chef de la mafia juste hilarant. Mais Elioualak, c'est surtout un acteur complet qui est capable de nous faire vibrer. autrement que par le rire. Et pour vous donner des exemples, je vais vous parler de deux scènes. La première, c'est celle où il retrouve son frère, qui est l'exact opposé de lui, puisqu'il est prêtre dans un monastère. Donc, Toucault ne l'a pas revu depuis des années, et il demande des nouvelles de leurs parents. Son frère lui apprend qu'ils ne font plus partie de ce monde, et ce prêtre, ce frère, va lui reprocher sa longue absence. S'en suit une grosse dispute, durant laquelle des mots très durs et même des coups sont échangés entre ces deux frères. C'est la scène la plus touchante du film, même surtout lors du film. lorsque, après cette dispute, Toucault fait croire absolument tout le contraire à Blondin. Il lui dit que son frère l'adore, qu'il lui a offert un repas somptueux, qu'il ne voulait plus le laisser partir, alors que Blondin, qui était caché, a assisté à la bagarre. On voit bien que Toucault fantasme une famille idéale qu'il n'a pas. C'est quelqu'un de très seul, tout simplement. Et Blondin, qui n'ose pas le contredire, va même avoir un geste de compassion, puisqu'il va lui tendre un cigare à fumer. Le cigare qu'on partage, le cigare qu'on repère, est un symbole qui revient plusieurs fois dans le film pour ceux qui l'auront remarqué. L'autre scène dont je voulais vous parler, peut-être la plus grande scène d'Iliwalak, et paradoxalement c'est une scène sans dialogue, c'est lorsqu'il découvre le cimetière de Sad Hill où est caché le trésor. C'est du grand art. On voit donc Iliwalak courir au milieu des tombes, des milliers de tombes, Il se met à chercher celle où est indiqué le fameux nom et c'est une course frénétique. Une course frénétique parce qu'il est à la fois fatigué et excité, puisque ça y est, on arrive au bout de cette chasse au trésor et le tout est rythmé par l'une des compositions les plus célèbres d'Egnio Morricone, des Ecstasy of Gold, portée par la voix magnifique d'une chanteuse soprano italienne qui s'appelle Eda Del Orso. Et ce titre est régulièrement repris dans des événements planétaires. des pubs comme récemment dans une pub de la marque de montres de luxe Rolex et c'est un titre qui a fait l'objet d'une belle reprise du groupe Metallica qui commence régulièrement ses concerts avec Petite anecdote à propos de cette scène, lorsque Tuco met les pieds dans ce cimetière, on le voit sursauter à cause d'un chien errant qui surgit dans le cadre et passe tout près de lui. Sachez que c'est une réaction spontanée provoquée par Sergio Leone qui a lâché ce chien pour surprendre Eli Wallach au moment du tournage et ça a très bien marché. Sad Hill, ce cimetière imaginaire construit pour les besoins du film par l'armée espagnole, a été restauré il y a quelques années par des fans. des fans du film qui ont réalisé un magnifique documentaire que vous pouvez visionner sur Internet. Vous pouvez même visiter ce fameux cimetière. Il se trouve dans la région de Burgos, en Espagne, puisque c'est dans ce pays que Sergio Leone a tourné ses westerns. Vous pouvez aussi visiter le site de Tabernas, près d'Almeria, en Andalousie, où je me suis rendu personnellement plusieurs fois. Si vous êtes fan de cet univers, vous allez adorer parce qu'on retrouve vraiment l'atmosphère des westerns baguettis. Tout à l'heure, j'ai évoqué les différentes thématiques traitées dans ce chef-d'oeuvre, le bon, la brute et le truand, mais pour moi, l'une des clés du film, c'est la relation entre Toucault et Blondin. C'est assez difficile à décrire, mais on va dire que c'est une relation amitié-haine basée sur l'intérêt mutuel avec des succès, mais aussi des trahisons et des vengeances. Il y a une complicité entre les deux et même un lien assez fort malgré la méfiance et les coups bas. Par exemple, lors du fameux trial à la fin du film, durant lequel les trois personnages s'affrontent, on voit bien que, sans se concerter, Blondin et Toucau ciblent Sentenza. Quand je parle de lien fort, tout est relatif. Il ne faut pas vous attendre à un truc genre le secret de Brokeback Mountain. Ou alors vous allez être très déçu. Quand Blondin fait un sale coup à Toucau, c'est pas il oublie de lui souhaiter son anniversaire. C'est je te laisse dans le désert, sans eau, les mains attachées, sans cheval et je t'annonce que le prochain village est à 110 kilomètres.

  • Speaker #0

    Blondin, qu'est-ce que tu fais ? Tu t'en vas ? Au moins, Blondin écoute ! C'est... Ne me perds pas ! Et rien qu'à un sale filier !

  • Speaker #1

    Deux décennies après la sortie du film, un début de projet a émergé pour une suite. Celle-ci devait mettre en scène Toucault, qui continue de rechercher Blondin, découvre finalement que ce dernier a été assassiné, mais qu'il a un neveu, et que ce neveu sait où se trouve la moitié du butin qui appartenait à son oncle. Clint Eastwood aurait été le narrateur du film, mais celui-ci n'a jamais vu le jour, puisque Sergio Leone ne voulait plus faire de western. Après son dernier chef-d'oeuvre du genre, il était une fois dans l'Ouest, sorti deux ans après Le Bon, la Brute et le Truant. Une anecdote à propos de ce long métrage avec Charles Branson qui joue... L'homme à l'harmonica, au début du film, Charles Branson, donc le personnage de Charles Branson, abat trois tueurs dans une scène légendaire. Eh bien, Sergio Leone avait proposé aux trois stars de son précédent film, Le bon, la bouteille, le truand, de jouer ces trois hommes, mais Clint Eastwood a refusé, donc Leone a abandonné l'idée. Quand on imagine une telle scène avec ces trois acteurs, on se dit que ça aurait donné une séquence encore plus légendaire. Il y a eu certaines rumeurs de remède du film Le Bon Labroute et le Truant, mais je pense, comme pour d'autres chefs-d'oeuvre tels que Le Parrain ou Scarface, que c'est toujours une mauvaise idée de toucher à de telles institutions. On ne pourra jamais faire mieux, donc toute tentative se révélerait forcément décevante. En revanche, s'il y a un film dans l'univers de Toucault, Blondin et Sentenza que j'aimerais éventuellement voir, c'est un préquel. Un film qui expliquerait les origines de la relation entre les trois personnages. On sait qu'ils se connaissent. qu'ils ont un passé commun, mais on ne sait rien de plus à ce sujet. Et je pense que ça pourrait être l'objet d'un autre film, d'un spin-off, pourquoi pas. En attendant, pour conclure ce podcast, je vous laisse avec évidemment cette dernière scène mythique de ce monument du cinéma. Merci pour votre écoute et à très bientôt sur 80VPN.

  • Speaker #0

    Hey blondeur ! Tu veux que je te dise que j'ai le plus grand dégueulasse ?

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Tuco Benedicto Pacífico Juan María Ramírez : derrière ce nom se cache l'un des personnages les plus fascinants de l'histoire du cinéma.

En ce qui concerne les rôles de bandits, il y a un avant et un après Tuco. De Tony Montana à Jack Sparrow en passant par "l'autre" Tuco (Salamanca), antagoniste à la fois drôle et psychopathe de la série Breaking Bad, tous portent en eux un peu du personnage sublimé par le jeu du génial Eli Wallach,

Tuco l'anti-héros, Tuco l'immigré mexicain, Tuco le roi de l'insulte, Tuco l'homme blessé, Tuco le survivant, Tuco le hors-la-loi malhonnête, roublard et explosif mais qui reste le plus humain des trois protagonistes du film "Le Bon, la Brute et le Truand".


À travers un focus sur le cinéma du grand Sergio Léone, je vous propose de (re)découvrir toutes les facettes du brigand le plus drôle de l'Ouest (et certainement du reste du monde).



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Déjà recherché dans 14 comtés de cet état, a été reconnu coupable de homicide volontaire, démission de fausse monnaie, usage de jeux de cartes et de détruquer, en vertu des pouvoirs qui nous sont conférés. Nous condamnons le dénommé Tuco Benediccio Pacifico Juan Marias Ramirez à la peine de mort par pendaison, face que le Seigneur Tout-Puissant ait pitié de son âme. Ouro !

  • Speaker #1

    Tuco Benedicto Pacifico Juan Maria Ramirez. Si vous êtes un adepte de Sergio Leone et de son film Le Bon, la Brute et le Truant, vous esquissez actuellement un petit sourire à la simple évocation de ce nom à rallonge et vous allez vous régaler pendant ce podcast. Et pour ceux qui ne connaissent pas du tout cet univers, surtout restez avec moi parce que vous allez découvrir l'un des personnages les plus sous-cotés et pourtant l'un des plus fascinants, l'un des plus attachants de l'histoire du cinéma. Un personnage à la fois comique, malhonnête, opportuniste, mais malgré tout... profondément humain. Tuco, c'est l'anti-héros qui a inspiré un nombre incalculable de personnages majeurs du cinéma, de Tony Montana à Jack Sparrow et bien entendu un autre Tuco, Tuco Salamanca, l'un des personnages favoris des fans de la série Breaking Bad. En ce qui concerne les rôles de bandits, il y a donc un avant et un après Tuco et moi je vous propose de découvrir cette histoire sur 80 BPM. Avant d'entrer dans le détail de ce sublime personnage, je vais, comme d'habitude, évoquer quelques éléments de contexte. Le Bon, la Brute et le Truant, sorti en 1966, est le dernier volet d'une série de films qu'on surnomme la trilogie du dollar ou la trilogie de l'homme sans nom, et elle est réalisée par le génie Sergio Leone. Sergio Leone reconnu de manière unanime comme l'un des plus grands cinéastes de l'histoire. Avec ses trois westerns, il a complètement révolutionné le genre, voire même ringardisé les vieux westerns américains. Leone, qui va plus tard très fortement inspirer plusieurs géants comme Tarantino, Scorsese, c'est un style visuel et narratif unique, sublimé par ce chef-d'œuvre, le bon, la brute et le truand, avec ce rythme lent, cette gestion de la tension, cet usage incroyable de ces fameux gros plans et du silence. Il faut rappeler que les dix premières minutes du film, le bon, la brute et le truand, ne comportent aucune parole et pourtant on ne décroche à aucun moment. Léon, c'est également une utilisation unique de la musique par le biais de sa collaboration avec Ennio Morricone et aussi la fin de l'opposition classique entre gentil et méchant. Jusqu'ici, dans les westerns, on voyait surtout des cow-boys blancs courageux se défendre face à des indiens cruels. Et bien Léon va mettre fin à cette dimension raciste et il va introduire des personnages complexes. avec des méchants qui se montrent finalement très humains et des gentils qui peuvent recourir à la violence. Lors de sa sortie, Le Bon, la Brute et le Truant sera pas mal critiqué pour ces scènes de violence qui existent, c'est un fait, mais ces scènes servent parfaitement le récit. Ça n'a absolument rien à voir avec la violence gratuite dont on nous abreuve aujourd'hui. De manière générale, le film va se faire démolir par les critiques, surtout en Amérique, soit parce qu'il n'est pas compris, soit parce que pour un certain nombre d'entre eux, c'est insupportable de voir un Italien bouleverser tous les codes du genre. D'ailleurs, cette irruption et donc cette invention du Westerns Baguetti est tellement improbable que pour son premier Western, pour une poignée de dollars, Sergio Leone choisit un pseudonyme, Bob Robertson. Ceci afin d'être plus crédible auprès du public. Le deuxième volet de la trilogie, intitulé Pour quelques dollars de plus, remporte un succès encore plus important que le premier. et place donc Sergio Leone dans une position de force, une position favorable, avec un budget beaucoup plus conséquent pour boucler cette trilogie avec le bon, la brute et le truand. La présence de Clint Eastwood, qui joue le rôle de l'homme sans nom, cette présence s'impose, mais ce sera sa dernière collaboration avec Sergio Leone. Grâce à ce personnage, Clint Eastwood est devenu une star internationale, mais après ce film, il veut faire carrière à Hollywood, dans des productions américaines, etc. Tout ceci est montré... évoqué dans le film de Tarantino, Il était une fois à Hollywood, à travers le personnage de Rick Dalton. Dans Le bon, la brute et le truand, Clint Eastwood est surnommé blondin et il joue le bon, ou en tout cas celui qui est censé être le bon, puisqu'on va le voir dans ce podcast, c'est beaucoup plus complexe que ça. Pour le personnage de la brute, surnommé Sentenza dans la version française et Angel Eyes dans la version originale, Sergio Leone fait de nouveau appel à Lee Van Cleef, une icône du western américain, avec un charisme froid qui l'a souvent condamné à jouer. des rôles de méchants, mais ça reste évidemment un acteur extraordinaire. Son personnage dans ce film est le seul qui est foncièrement méchant, qui tue sans que cela ne déclenche la moindre émotion chez lui, et uniquement pour l'argent, jamais pour se venger ou pour une quelconque histoire d'honneur. Et on en vient au personnage du truand. Pour interpréter ce rôle, Sergio Leone a envie de frapper un grand coup, et il contacte donc Eli Wallach. Eli Wallach, c'est un acteur respecté à Hollywood, ancien de l'actor studio. Il a fréquenté Marlon Brando, James Dean, il a joué avec les plus grandes stars comme Marilyn Monroe, il a tourné avec les plus grands réalisateurs, Elia Kazan, John Ford, etc. En plus, c'est quelqu'un qui a une vraie histoire, il a grandi dans une famille juive qui était la seule famille juive d'un quartier italien, à Brooklyn. Il a fait la Seconde Guerre mondiale. Bref, c'est du lourd, ce n'est pas un petit débutant, comme Clédys Toode lorsque Sergio Leone l'embauche pour la première fois. Lorsque son agent lui dit que Sergio Leone veut tourner avec lui dans un western italien, Edi Wallach éclate de rire et lui répond Et pourquoi pas une pizza hawaïenne ? Pour ceux qui n'ont jamais vu Le Bon, la Brute et le Truant, le film se déroule donc aux Etats-Unis pendant la guerre de sécession. Alors que le pays est à feu et à sang et que le conflit fait des centaines de milliers de morts, trois hommes se mettent à la recherche d'un trésor, une caisse qui appartient à l'armée des confédérés et qui contient 200 000 dollars. Cette caisse est enterrée dans un cimetière, le fameux cimetière de Sad Hill, tant recherché par les trois protagonistes. Ces trois hommes se connaissent, ils détiennent tous des informations plus ou moins complémentaires à propos de ce trésor et donc le film raconte cette quête, cette chasse au trésor à travers l'Ouest américain. l'Ouest américain transformé en paysage quasi apocalyptique, jonché de cadavres à la suite des différentes batailles entre sudistes et nordistes. C'est un film qui explore plusieurs thèmes comme l'absurdité de la guerre, la construction de la société américaine moderne, la cupidité et la complexité de la nature humaine. Même si les trois acteurs sont à peu près sur un même pied d'égalité et sont à l'affiche dans la bande-annonce et au niveau du scénario, tout le monde est à peu près d'accord aujourd'hui pour dire que la vraie star du film C'est le personnage de Toucault avec un Eli Wallach qui éclipse deux immenses acteurs, Levante Cliff et Clint Eastwood, qui livrent pourtant eux-mêmes une prestation exceptionnelle. D'ailleurs, il a été rapporté à plusieurs reprises que Clint Eastwood n'a pas supporté d'être relégué au second plan et il refusera même de faire une apparition dans un autre film de Sergio Leone, comme je vous l'expliquerai tout à l'heure. C'est vrai que l'attention portée au personnage de Toucault est assez flagrante. puisqu'en termes d'apparition, de durée à l'écran, il est nettement devant les deux autres personnages. D'ailleurs, le film commence avec lui, c'est le premier visage des trois qu'on voit, et c'est bien évidemment le dernier qu'on aperçoit avec cette scène légendaire et cette déclaration, on va l'appeler comme ça, à l'égard de Blondin, sur laquelle on reviendra à la fin de cet épisode. Toucault, on ne le souligne pas assez, c'est la figure de l'immigré. Comme son nom l'indique, mais aussi sa tenue, son accent, son histoire, celle de son frère. Toutes ces informations nous disent qu'il est mexicain. Je l'ai dit à l'instant, c'est le premier personnage qui apparaît à l'écran et il fait une entrée fracassante au sens propre, puisqu'après avoir abattu trois chasseurs de primes qui voulaient le capturer, il traverse la vitre du saloon, calibre à la main, et dans l'autre, il tient un morceau de viande et une bouteille, je crois. Il a encore la serviette autour du cou, on devine donc qu'il était en train de déjeuner et que c'est quelqu'un qui est dans la survie, dans la survie en permanence et c'est une donnée importante pour la suite. Toucault vient d'un milieu très pauvre. C'est un bandit, un bandit dont la tête est mise à prix et il est sans cesse recherché pour ses crimes et c'est cette situation qui va justifier son alliance avec le personnage de Blondin. Avec Blondin, ils mettent donc en place une espèce d'arnaque qui leur apporte pas mal d'argent, c'est-à-dire que Blondin le traque, le livre au shérif, encaisse l'argent de la prime avant de le libérer en usant de la gâchette, puis le capture de nouveau, le livre à un autre shérif, etc. Et ils font ça de ville en ville. Contrairement à Blondin, qui parle peu, Toucault est un bavard et quasiment à chaque réplique, c'est un divertissement exceptionnel tellement il est drôle et baratineur. Là où Toucault excelle, là où il fait preuve d'une créativité débordante, c'est dans l'insulte, dans la menace, comme vous allez l'entendre tout de suite.

  • Speaker #0

    Parce que t'es un beau salaud ! Attends, c'est rien, mais moi je le sais ! Et les autres aussi, ils le savent ! T'es le fils de tout le monde ! T'as pas un père, t'en as mille ! La terre est jamais portée Si elle a fait tête trapude, la terre est jamais portée Si jamais tu me retombes sous les pattes, je t'arracherai le coeur et les yeux Je te sortirai les tripes, je te prendrai avec, je te tuerai,

  • Speaker #2

    je te tuerai

  • Speaker #1

    Avec Tuco, tout devient drôle. Lorsque Blondin vient de le livrer au shérif et que ce dernier déroule l'affiche Wanted avec son visage, Tuco jure que ce n'est pas lui alors qu'il est quasiment face à un miroir tellement il a exactement la même tête. Dans la version américaine, il dit même « I am an honest farmer » . Je suis un honnête fermier et il ajoute qu'il est prêt à donner des instructions au shérif sur la véritable identité de cet homme alors que c'est lui, évidemment. Même lorsque le bourreau s'apprête à l'exécuter par pendaison, ça devient un moment drôle. On voit Toucault qui a la corde au cou, mais qui acquiesce fièrement lorsqu'on lui rappelle chaque crime qu'il a commis. Il valide son palmarès de criminel, mais ce n'était pas un criminel qui fait le mal par plaisir. C'est là qu'il est très différent de Sentenza. Sentenza qui tue froidement, qui est capable d'utiliser la torture et même de frapper des femmes sans aucune pitié. Tout ça pour soutirer une simple information. Même lorsqu'on compare Toucault à Blondin, c'est intéressant. Blondin respecte. certes un certain code moral mais dans le film il tue plus de gens que tout qu est sentenza et blondin est capable d'avoir un comportement assez vicieux voire odieux notamment lorsqu'il humilie et même martyrisent tout qu une scène qui me fait toujours rire lorsque je la revois c'est celle où tout qu est au chevet de blondin blondin qui possède donc l'information capitale sur le trésor mais à ce moment là il est dans un état physique assez catastrophique à cause d'ailleurs que ce qui lui a fait subir tout qu mais ce dernier va quand même tenter un coup assez osé.

  • Speaker #0

    Hein ? Comme moi, Blondin. On est seuls, tous les deux. Je n'ai que toi et tu n'as que moi. C'est... Il faut que je te dise une chose, Blondin. Tu ferais pareil si tu te trouvais à ma place. Vois-tu, pour toi, c'est fini, Blondin. Ce serait un miracle si tu aurais échappé. Si je savais que ma dernière heure est arrivée... Je te jure, si un homme me trouvait à ta place, je te jure que je dirais où sont les dollars, je te jure, t'as vendu. Je te dirais quel nom est marqué sur la tombe. Quand on est mort, qu'est-ce qu'on en a à faire des sous ? Moi, je sais le nom du cimetière, mais j'arriverai jamais à trouver la tombe.

  • Speaker #1

    Toucault, vous l'avez compris, c'est quelqu'un qui s'adapte sans arrêt pour survivre et c'est cette dimension du personnage qui va à la fois créer des situations drôles et le rendre attachant auprès du public. Lorsque Toucault... Tout le refuge dans un monastère pour soigner Blondin, il se met à faire le croyant modèle. Il invoque Jésus et Saint-François à chaque fois qu'il croise des prêtres, alors que c'est un bandit recherché partout. Lorsqu'ils sont déguisés avec Blondin en soldats confédérés, qu'ils croisent d'autres soldats, Toucault se met à faire du zèle. Il se met à hurler « Vive la Confédération ! » Mort nordiste pour les brosser dans le sens du poil et passer entre les mailles du filet, alors qu'en définitive, il avait mal vu la couleur des uniformes. Et ils ont affaire finalement au... au camp d'en face, au nordiste, qu'on appelle aussi les Yankees. Même lorsqu'ils sont capturés tout près du ligne de front, le capitaine leur demande ce qu'ils font dans le coin, Touko avance, fait un salut militaire, et il se met à dire qu'ils sont venus pour s'engager, alors qu'à la base, évidemment, ils sont là pour trouver la caisse pleine de dollars. Le personnage de Touko est une merveille au niveau de l'écriture des scénaristes, bien sûr, mais il ne serait rien sans l'interprétation unique d'Eli Wallach, qui va en grande partie créer la version définitive du personnage pendant, bon... le tournage grâce à son énergie et sa créativité. Eli Wallach va par exemple inventer le signe de croix maladroit que Toucault fait régulièrement dans le film, la manière de porter son arme au bout d'une ficelle et pas dans un holster, toute la gestuelle extravagante lorsqu'il parle, tout ça, c'est Eli Wallach. Et surtout, Eli Wallach va improviser plusieurs répliques, comme dans la fameuse scène du bain où il dit « quand on tire, on raconte pas sa vie » , et même quasiment une scène entière, celle de l'armerie, où... Toucault va se mettre à démonter et remonter les armes, toutes les réactions étonnées de l'acteur qui joue le propriétaire du magasin sont spontanées parce qu'il ne s'attendait pas du tout à ça. Elioualak, c'est donc un génie comique hors du commun. Pour ceux qui ne connaissent pas, je vous invite à voir Le Cerveau, avec Bourvil et Belmondo dans lequel il joue un chef de la mafia juste hilarant. Mais Elioualak, c'est surtout un acteur complet qui est capable de nous faire vibrer. autrement que par le rire. Et pour vous donner des exemples, je vais vous parler de deux scènes. La première, c'est celle où il retrouve son frère, qui est l'exact opposé de lui, puisqu'il est prêtre dans un monastère. Donc, Toucault ne l'a pas revu depuis des années, et il demande des nouvelles de leurs parents. Son frère lui apprend qu'ils ne font plus partie de ce monde, et ce prêtre, ce frère, va lui reprocher sa longue absence. S'en suit une grosse dispute, durant laquelle des mots très durs et même des coups sont échangés entre ces deux frères. C'est la scène la plus touchante du film, même surtout lors du film. lorsque, après cette dispute, Toucault fait croire absolument tout le contraire à Blondin. Il lui dit que son frère l'adore, qu'il lui a offert un repas somptueux, qu'il ne voulait plus le laisser partir, alors que Blondin, qui était caché, a assisté à la bagarre. On voit bien que Toucault fantasme une famille idéale qu'il n'a pas. C'est quelqu'un de très seul, tout simplement. Et Blondin, qui n'ose pas le contredire, va même avoir un geste de compassion, puisqu'il va lui tendre un cigare à fumer. Le cigare qu'on partage, le cigare qu'on repère, est un symbole qui revient plusieurs fois dans le film pour ceux qui l'auront remarqué. L'autre scène dont je voulais vous parler, peut-être la plus grande scène d'Iliwalak, et paradoxalement c'est une scène sans dialogue, c'est lorsqu'il découvre le cimetière de Sad Hill où est caché le trésor. C'est du grand art. On voit donc Iliwalak courir au milieu des tombes, des milliers de tombes, Il se met à chercher celle où est indiqué le fameux nom et c'est une course frénétique. Une course frénétique parce qu'il est à la fois fatigué et excité, puisque ça y est, on arrive au bout de cette chasse au trésor et le tout est rythmé par l'une des compositions les plus célèbres d'Egnio Morricone, des Ecstasy of Gold, portée par la voix magnifique d'une chanteuse soprano italienne qui s'appelle Eda Del Orso. Et ce titre est régulièrement repris dans des événements planétaires. des pubs comme récemment dans une pub de la marque de montres de luxe Rolex et c'est un titre qui a fait l'objet d'une belle reprise du groupe Metallica qui commence régulièrement ses concerts avec Petite anecdote à propos de cette scène, lorsque Tuco met les pieds dans ce cimetière, on le voit sursauter à cause d'un chien errant qui surgit dans le cadre et passe tout près de lui. Sachez que c'est une réaction spontanée provoquée par Sergio Leone qui a lâché ce chien pour surprendre Eli Wallach au moment du tournage et ça a très bien marché. Sad Hill, ce cimetière imaginaire construit pour les besoins du film par l'armée espagnole, a été restauré il y a quelques années par des fans. des fans du film qui ont réalisé un magnifique documentaire que vous pouvez visionner sur Internet. Vous pouvez même visiter ce fameux cimetière. Il se trouve dans la région de Burgos, en Espagne, puisque c'est dans ce pays que Sergio Leone a tourné ses westerns. Vous pouvez aussi visiter le site de Tabernas, près d'Almeria, en Andalousie, où je me suis rendu personnellement plusieurs fois. Si vous êtes fan de cet univers, vous allez adorer parce qu'on retrouve vraiment l'atmosphère des westerns baguettis. Tout à l'heure, j'ai évoqué les différentes thématiques traitées dans ce chef-d'oeuvre, le bon, la brute et le truand, mais pour moi, l'une des clés du film, c'est la relation entre Toucault et Blondin. C'est assez difficile à décrire, mais on va dire que c'est une relation amitié-haine basée sur l'intérêt mutuel avec des succès, mais aussi des trahisons et des vengeances. Il y a une complicité entre les deux et même un lien assez fort malgré la méfiance et les coups bas. Par exemple, lors du fameux trial à la fin du film, durant lequel les trois personnages s'affrontent, on voit bien que, sans se concerter, Blondin et Toucau ciblent Sentenza. Quand je parle de lien fort, tout est relatif. Il ne faut pas vous attendre à un truc genre le secret de Brokeback Mountain. Ou alors vous allez être très déçu. Quand Blondin fait un sale coup à Toucau, c'est pas il oublie de lui souhaiter son anniversaire. C'est je te laisse dans le désert, sans eau, les mains attachées, sans cheval et je t'annonce que le prochain village est à 110 kilomètres.

  • Speaker #0

    Blondin, qu'est-ce que tu fais ? Tu t'en vas ? Au moins, Blondin écoute ! C'est... Ne me perds pas ! Et rien qu'à un sale filier !

  • Speaker #1

    Deux décennies après la sortie du film, un début de projet a émergé pour une suite. Celle-ci devait mettre en scène Toucault, qui continue de rechercher Blondin, découvre finalement que ce dernier a été assassiné, mais qu'il a un neveu, et que ce neveu sait où se trouve la moitié du butin qui appartenait à son oncle. Clint Eastwood aurait été le narrateur du film, mais celui-ci n'a jamais vu le jour, puisque Sergio Leone ne voulait plus faire de western. Après son dernier chef-d'oeuvre du genre, il était une fois dans l'Ouest, sorti deux ans après Le Bon, la Brute et le Truant. Une anecdote à propos de ce long métrage avec Charles Branson qui joue... L'homme à l'harmonica, au début du film, Charles Branson, donc le personnage de Charles Branson, abat trois tueurs dans une scène légendaire. Eh bien, Sergio Leone avait proposé aux trois stars de son précédent film, Le bon, la bouteille, le truand, de jouer ces trois hommes, mais Clint Eastwood a refusé, donc Leone a abandonné l'idée. Quand on imagine une telle scène avec ces trois acteurs, on se dit que ça aurait donné une séquence encore plus légendaire. Il y a eu certaines rumeurs de remède du film Le Bon Labroute et le Truant, mais je pense, comme pour d'autres chefs-d'oeuvre tels que Le Parrain ou Scarface, que c'est toujours une mauvaise idée de toucher à de telles institutions. On ne pourra jamais faire mieux, donc toute tentative se révélerait forcément décevante. En revanche, s'il y a un film dans l'univers de Toucault, Blondin et Sentenza que j'aimerais éventuellement voir, c'est un préquel. Un film qui expliquerait les origines de la relation entre les trois personnages. On sait qu'ils se connaissent. qu'ils ont un passé commun, mais on ne sait rien de plus à ce sujet. Et je pense que ça pourrait être l'objet d'un autre film, d'un spin-off, pourquoi pas. En attendant, pour conclure ce podcast, je vous laisse avec évidemment cette dernière scène mythique de ce monument du cinéma. Merci pour votre écoute et à très bientôt sur 80VPN.

  • Speaker #0

    Hey blondeur ! Tu veux que je te dise que j'ai le plus grand dégueulasse ?

Description

Tuco Benedicto Pacífico Juan María Ramírez : derrière ce nom se cache l'un des personnages les plus fascinants de l'histoire du cinéma.

En ce qui concerne les rôles de bandits, il y a un avant et un après Tuco. De Tony Montana à Jack Sparrow en passant par "l'autre" Tuco (Salamanca), antagoniste à la fois drôle et psychopathe de la série Breaking Bad, tous portent en eux un peu du personnage sublimé par le jeu du génial Eli Wallach,

Tuco l'anti-héros, Tuco l'immigré mexicain, Tuco le roi de l'insulte, Tuco l'homme blessé, Tuco le survivant, Tuco le hors-la-loi malhonnête, roublard et explosif mais qui reste le plus humain des trois protagonistes du film "Le Bon, la Brute et le Truand".


À travers un focus sur le cinéma du grand Sergio Léone, je vous propose de (re)découvrir toutes les facettes du brigand le plus drôle de l'Ouest (et certainement du reste du monde).



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Déjà recherché dans 14 comtés de cet état, a été reconnu coupable de homicide volontaire, démission de fausse monnaie, usage de jeux de cartes et de détruquer, en vertu des pouvoirs qui nous sont conférés. Nous condamnons le dénommé Tuco Benediccio Pacifico Juan Marias Ramirez à la peine de mort par pendaison, face que le Seigneur Tout-Puissant ait pitié de son âme. Ouro !

  • Speaker #1

    Tuco Benedicto Pacifico Juan Maria Ramirez. Si vous êtes un adepte de Sergio Leone et de son film Le Bon, la Brute et le Truant, vous esquissez actuellement un petit sourire à la simple évocation de ce nom à rallonge et vous allez vous régaler pendant ce podcast. Et pour ceux qui ne connaissent pas du tout cet univers, surtout restez avec moi parce que vous allez découvrir l'un des personnages les plus sous-cotés et pourtant l'un des plus fascinants, l'un des plus attachants de l'histoire du cinéma. Un personnage à la fois comique, malhonnête, opportuniste, mais malgré tout... profondément humain. Tuco, c'est l'anti-héros qui a inspiré un nombre incalculable de personnages majeurs du cinéma, de Tony Montana à Jack Sparrow et bien entendu un autre Tuco, Tuco Salamanca, l'un des personnages favoris des fans de la série Breaking Bad. En ce qui concerne les rôles de bandits, il y a donc un avant et un après Tuco et moi je vous propose de découvrir cette histoire sur 80 BPM. Avant d'entrer dans le détail de ce sublime personnage, je vais, comme d'habitude, évoquer quelques éléments de contexte. Le Bon, la Brute et le Truant, sorti en 1966, est le dernier volet d'une série de films qu'on surnomme la trilogie du dollar ou la trilogie de l'homme sans nom, et elle est réalisée par le génie Sergio Leone. Sergio Leone reconnu de manière unanime comme l'un des plus grands cinéastes de l'histoire. Avec ses trois westerns, il a complètement révolutionné le genre, voire même ringardisé les vieux westerns américains. Leone, qui va plus tard très fortement inspirer plusieurs géants comme Tarantino, Scorsese, c'est un style visuel et narratif unique, sublimé par ce chef-d'œuvre, le bon, la brute et le truand, avec ce rythme lent, cette gestion de la tension, cet usage incroyable de ces fameux gros plans et du silence. Il faut rappeler que les dix premières minutes du film, le bon, la brute et le truand, ne comportent aucune parole et pourtant on ne décroche à aucun moment. Léon, c'est également une utilisation unique de la musique par le biais de sa collaboration avec Ennio Morricone et aussi la fin de l'opposition classique entre gentil et méchant. Jusqu'ici, dans les westerns, on voyait surtout des cow-boys blancs courageux se défendre face à des indiens cruels. Et bien Léon va mettre fin à cette dimension raciste et il va introduire des personnages complexes. avec des méchants qui se montrent finalement très humains et des gentils qui peuvent recourir à la violence. Lors de sa sortie, Le Bon, la Brute et le Truant sera pas mal critiqué pour ces scènes de violence qui existent, c'est un fait, mais ces scènes servent parfaitement le récit. Ça n'a absolument rien à voir avec la violence gratuite dont on nous abreuve aujourd'hui. De manière générale, le film va se faire démolir par les critiques, surtout en Amérique, soit parce qu'il n'est pas compris, soit parce que pour un certain nombre d'entre eux, c'est insupportable de voir un Italien bouleverser tous les codes du genre. D'ailleurs, cette irruption et donc cette invention du Westerns Baguetti est tellement improbable que pour son premier Western, pour une poignée de dollars, Sergio Leone choisit un pseudonyme, Bob Robertson. Ceci afin d'être plus crédible auprès du public. Le deuxième volet de la trilogie, intitulé Pour quelques dollars de plus, remporte un succès encore plus important que le premier. et place donc Sergio Leone dans une position de force, une position favorable, avec un budget beaucoup plus conséquent pour boucler cette trilogie avec le bon, la brute et le truand. La présence de Clint Eastwood, qui joue le rôle de l'homme sans nom, cette présence s'impose, mais ce sera sa dernière collaboration avec Sergio Leone. Grâce à ce personnage, Clint Eastwood est devenu une star internationale, mais après ce film, il veut faire carrière à Hollywood, dans des productions américaines, etc. Tout ceci est montré... évoqué dans le film de Tarantino, Il était une fois à Hollywood, à travers le personnage de Rick Dalton. Dans Le bon, la brute et le truand, Clint Eastwood est surnommé blondin et il joue le bon, ou en tout cas celui qui est censé être le bon, puisqu'on va le voir dans ce podcast, c'est beaucoup plus complexe que ça. Pour le personnage de la brute, surnommé Sentenza dans la version française et Angel Eyes dans la version originale, Sergio Leone fait de nouveau appel à Lee Van Cleef, une icône du western américain, avec un charisme froid qui l'a souvent condamné à jouer. des rôles de méchants, mais ça reste évidemment un acteur extraordinaire. Son personnage dans ce film est le seul qui est foncièrement méchant, qui tue sans que cela ne déclenche la moindre émotion chez lui, et uniquement pour l'argent, jamais pour se venger ou pour une quelconque histoire d'honneur. Et on en vient au personnage du truand. Pour interpréter ce rôle, Sergio Leone a envie de frapper un grand coup, et il contacte donc Eli Wallach. Eli Wallach, c'est un acteur respecté à Hollywood, ancien de l'actor studio. Il a fréquenté Marlon Brando, James Dean, il a joué avec les plus grandes stars comme Marilyn Monroe, il a tourné avec les plus grands réalisateurs, Elia Kazan, John Ford, etc. En plus, c'est quelqu'un qui a une vraie histoire, il a grandi dans une famille juive qui était la seule famille juive d'un quartier italien, à Brooklyn. Il a fait la Seconde Guerre mondiale. Bref, c'est du lourd, ce n'est pas un petit débutant, comme Clédys Toode lorsque Sergio Leone l'embauche pour la première fois. Lorsque son agent lui dit que Sergio Leone veut tourner avec lui dans un western italien, Edi Wallach éclate de rire et lui répond Et pourquoi pas une pizza hawaïenne ? Pour ceux qui n'ont jamais vu Le Bon, la Brute et le Truant, le film se déroule donc aux Etats-Unis pendant la guerre de sécession. Alors que le pays est à feu et à sang et que le conflit fait des centaines de milliers de morts, trois hommes se mettent à la recherche d'un trésor, une caisse qui appartient à l'armée des confédérés et qui contient 200 000 dollars. Cette caisse est enterrée dans un cimetière, le fameux cimetière de Sad Hill, tant recherché par les trois protagonistes. Ces trois hommes se connaissent, ils détiennent tous des informations plus ou moins complémentaires à propos de ce trésor et donc le film raconte cette quête, cette chasse au trésor à travers l'Ouest américain. l'Ouest américain transformé en paysage quasi apocalyptique, jonché de cadavres à la suite des différentes batailles entre sudistes et nordistes. C'est un film qui explore plusieurs thèmes comme l'absurdité de la guerre, la construction de la société américaine moderne, la cupidité et la complexité de la nature humaine. Même si les trois acteurs sont à peu près sur un même pied d'égalité et sont à l'affiche dans la bande-annonce et au niveau du scénario, tout le monde est à peu près d'accord aujourd'hui pour dire que la vraie star du film C'est le personnage de Toucault avec un Eli Wallach qui éclipse deux immenses acteurs, Levante Cliff et Clint Eastwood, qui livrent pourtant eux-mêmes une prestation exceptionnelle. D'ailleurs, il a été rapporté à plusieurs reprises que Clint Eastwood n'a pas supporté d'être relégué au second plan et il refusera même de faire une apparition dans un autre film de Sergio Leone, comme je vous l'expliquerai tout à l'heure. C'est vrai que l'attention portée au personnage de Toucault est assez flagrante. puisqu'en termes d'apparition, de durée à l'écran, il est nettement devant les deux autres personnages. D'ailleurs, le film commence avec lui, c'est le premier visage des trois qu'on voit, et c'est bien évidemment le dernier qu'on aperçoit avec cette scène légendaire et cette déclaration, on va l'appeler comme ça, à l'égard de Blondin, sur laquelle on reviendra à la fin de cet épisode. Toucault, on ne le souligne pas assez, c'est la figure de l'immigré. Comme son nom l'indique, mais aussi sa tenue, son accent, son histoire, celle de son frère. Toutes ces informations nous disent qu'il est mexicain. Je l'ai dit à l'instant, c'est le premier personnage qui apparaît à l'écran et il fait une entrée fracassante au sens propre, puisqu'après avoir abattu trois chasseurs de primes qui voulaient le capturer, il traverse la vitre du saloon, calibre à la main, et dans l'autre, il tient un morceau de viande et une bouteille, je crois. Il a encore la serviette autour du cou, on devine donc qu'il était en train de déjeuner et que c'est quelqu'un qui est dans la survie, dans la survie en permanence et c'est une donnée importante pour la suite. Toucault vient d'un milieu très pauvre. C'est un bandit, un bandit dont la tête est mise à prix et il est sans cesse recherché pour ses crimes et c'est cette situation qui va justifier son alliance avec le personnage de Blondin. Avec Blondin, ils mettent donc en place une espèce d'arnaque qui leur apporte pas mal d'argent, c'est-à-dire que Blondin le traque, le livre au shérif, encaisse l'argent de la prime avant de le libérer en usant de la gâchette, puis le capture de nouveau, le livre à un autre shérif, etc. Et ils font ça de ville en ville. Contrairement à Blondin, qui parle peu, Toucault est un bavard et quasiment à chaque réplique, c'est un divertissement exceptionnel tellement il est drôle et baratineur. Là où Toucault excelle, là où il fait preuve d'une créativité débordante, c'est dans l'insulte, dans la menace, comme vous allez l'entendre tout de suite.

  • Speaker #0

    Parce que t'es un beau salaud ! Attends, c'est rien, mais moi je le sais ! Et les autres aussi, ils le savent ! T'es le fils de tout le monde ! T'as pas un père, t'en as mille ! La terre est jamais portée Si elle a fait tête trapude, la terre est jamais portée Si jamais tu me retombes sous les pattes, je t'arracherai le coeur et les yeux Je te sortirai les tripes, je te prendrai avec, je te tuerai,

  • Speaker #2

    je te tuerai

  • Speaker #1

    Avec Tuco, tout devient drôle. Lorsque Blondin vient de le livrer au shérif et que ce dernier déroule l'affiche Wanted avec son visage, Tuco jure que ce n'est pas lui alors qu'il est quasiment face à un miroir tellement il a exactement la même tête. Dans la version américaine, il dit même « I am an honest farmer » . Je suis un honnête fermier et il ajoute qu'il est prêt à donner des instructions au shérif sur la véritable identité de cet homme alors que c'est lui, évidemment. Même lorsque le bourreau s'apprête à l'exécuter par pendaison, ça devient un moment drôle. On voit Toucault qui a la corde au cou, mais qui acquiesce fièrement lorsqu'on lui rappelle chaque crime qu'il a commis. Il valide son palmarès de criminel, mais ce n'était pas un criminel qui fait le mal par plaisir. C'est là qu'il est très différent de Sentenza. Sentenza qui tue froidement, qui est capable d'utiliser la torture et même de frapper des femmes sans aucune pitié. Tout ça pour soutirer une simple information. Même lorsqu'on compare Toucault à Blondin, c'est intéressant. Blondin respecte. certes un certain code moral mais dans le film il tue plus de gens que tout qu est sentenza et blondin est capable d'avoir un comportement assez vicieux voire odieux notamment lorsqu'il humilie et même martyrisent tout qu une scène qui me fait toujours rire lorsque je la revois c'est celle où tout qu est au chevet de blondin blondin qui possède donc l'information capitale sur le trésor mais à ce moment là il est dans un état physique assez catastrophique à cause d'ailleurs que ce qui lui a fait subir tout qu mais ce dernier va quand même tenter un coup assez osé.

  • Speaker #0

    Hein ? Comme moi, Blondin. On est seuls, tous les deux. Je n'ai que toi et tu n'as que moi. C'est... Il faut que je te dise une chose, Blondin. Tu ferais pareil si tu te trouvais à ma place. Vois-tu, pour toi, c'est fini, Blondin. Ce serait un miracle si tu aurais échappé. Si je savais que ma dernière heure est arrivée... Je te jure, si un homme me trouvait à ta place, je te jure que je dirais où sont les dollars, je te jure, t'as vendu. Je te dirais quel nom est marqué sur la tombe. Quand on est mort, qu'est-ce qu'on en a à faire des sous ? Moi, je sais le nom du cimetière, mais j'arriverai jamais à trouver la tombe.

  • Speaker #1

    Toucault, vous l'avez compris, c'est quelqu'un qui s'adapte sans arrêt pour survivre et c'est cette dimension du personnage qui va à la fois créer des situations drôles et le rendre attachant auprès du public. Lorsque Toucault... Tout le refuge dans un monastère pour soigner Blondin, il se met à faire le croyant modèle. Il invoque Jésus et Saint-François à chaque fois qu'il croise des prêtres, alors que c'est un bandit recherché partout. Lorsqu'ils sont déguisés avec Blondin en soldats confédérés, qu'ils croisent d'autres soldats, Toucault se met à faire du zèle. Il se met à hurler « Vive la Confédération ! » Mort nordiste pour les brosser dans le sens du poil et passer entre les mailles du filet, alors qu'en définitive, il avait mal vu la couleur des uniformes. Et ils ont affaire finalement au... au camp d'en face, au nordiste, qu'on appelle aussi les Yankees. Même lorsqu'ils sont capturés tout près du ligne de front, le capitaine leur demande ce qu'ils font dans le coin, Touko avance, fait un salut militaire, et il se met à dire qu'ils sont venus pour s'engager, alors qu'à la base, évidemment, ils sont là pour trouver la caisse pleine de dollars. Le personnage de Touko est une merveille au niveau de l'écriture des scénaristes, bien sûr, mais il ne serait rien sans l'interprétation unique d'Eli Wallach, qui va en grande partie créer la version définitive du personnage pendant, bon... le tournage grâce à son énergie et sa créativité. Eli Wallach va par exemple inventer le signe de croix maladroit que Toucault fait régulièrement dans le film, la manière de porter son arme au bout d'une ficelle et pas dans un holster, toute la gestuelle extravagante lorsqu'il parle, tout ça, c'est Eli Wallach. Et surtout, Eli Wallach va improviser plusieurs répliques, comme dans la fameuse scène du bain où il dit « quand on tire, on raconte pas sa vie » , et même quasiment une scène entière, celle de l'armerie, où... Toucault va se mettre à démonter et remonter les armes, toutes les réactions étonnées de l'acteur qui joue le propriétaire du magasin sont spontanées parce qu'il ne s'attendait pas du tout à ça. Elioualak, c'est donc un génie comique hors du commun. Pour ceux qui ne connaissent pas, je vous invite à voir Le Cerveau, avec Bourvil et Belmondo dans lequel il joue un chef de la mafia juste hilarant. Mais Elioualak, c'est surtout un acteur complet qui est capable de nous faire vibrer. autrement que par le rire. Et pour vous donner des exemples, je vais vous parler de deux scènes. La première, c'est celle où il retrouve son frère, qui est l'exact opposé de lui, puisqu'il est prêtre dans un monastère. Donc, Toucault ne l'a pas revu depuis des années, et il demande des nouvelles de leurs parents. Son frère lui apprend qu'ils ne font plus partie de ce monde, et ce prêtre, ce frère, va lui reprocher sa longue absence. S'en suit une grosse dispute, durant laquelle des mots très durs et même des coups sont échangés entre ces deux frères. C'est la scène la plus touchante du film, même surtout lors du film. lorsque, après cette dispute, Toucault fait croire absolument tout le contraire à Blondin. Il lui dit que son frère l'adore, qu'il lui a offert un repas somptueux, qu'il ne voulait plus le laisser partir, alors que Blondin, qui était caché, a assisté à la bagarre. On voit bien que Toucault fantasme une famille idéale qu'il n'a pas. C'est quelqu'un de très seul, tout simplement. Et Blondin, qui n'ose pas le contredire, va même avoir un geste de compassion, puisqu'il va lui tendre un cigare à fumer. Le cigare qu'on partage, le cigare qu'on repère, est un symbole qui revient plusieurs fois dans le film pour ceux qui l'auront remarqué. L'autre scène dont je voulais vous parler, peut-être la plus grande scène d'Iliwalak, et paradoxalement c'est une scène sans dialogue, c'est lorsqu'il découvre le cimetière de Sad Hill où est caché le trésor. C'est du grand art. On voit donc Iliwalak courir au milieu des tombes, des milliers de tombes, Il se met à chercher celle où est indiqué le fameux nom et c'est une course frénétique. Une course frénétique parce qu'il est à la fois fatigué et excité, puisque ça y est, on arrive au bout de cette chasse au trésor et le tout est rythmé par l'une des compositions les plus célèbres d'Egnio Morricone, des Ecstasy of Gold, portée par la voix magnifique d'une chanteuse soprano italienne qui s'appelle Eda Del Orso. Et ce titre est régulièrement repris dans des événements planétaires. des pubs comme récemment dans une pub de la marque de montres de luxe Rolex et c'est un titre qui a fait l'objet d'une belle reprise du groupe Metallica qui commence régulièrement ses concerts avec Petite anecdote à propos de cette scène, lorsque Tuco met les pieds dans ce cimetière, on le voit sursauter à cause d'un chien errant qui surgit dans le cadre et passe tout près de lui. Sachez que c'est une réaction spontanée provoquée par Sergio Leone qui a lâché ce chien pour surprendre Eli Wallach au moment du tournage et ça a très bien marché. Sad Hill, ce cimetière imaginaire construit pour les besoins du film par l'armée espagnole, a été restauré il y a quelques années par des fans. des fans du film qui ont réalisé un magnifique documentaire que vous pouvez visionner sur Internet. Vous pouvez même visiter ce fameux cimetière. Il se trouve dans la région de Burgos, en Espagne, puisque c'est dans ce pays que Sergio Leone a tourné ses westerns. Vous pouvez aussi visiter le site de Tabernas, près d'Almeria, en Andalousie, où je me suis rendu personnellement plusieurs fois. Si vous êtes fan de cet univers, vous allez adorer parce qu'on retrouve vraiment l'atmosphère des westerns baguettis. Tout à l'heure, j'ai évoqué les différentes thématiques traitées dans ce chef-d'oeuvre, le bon, la brute et le truand, mais pour moi, l'une des clés du film, c'est la relation entre Toucault et Blondin. C'est assez difficile à décrire, mais on va dire que c'est une relation amitié-haine basée sur l'intérêt mutuel avec des succès, mais aussi des trahisons et des vengeances. Il y a une complicité entre les deux et même un lien assez fort malgré la méfiance et les coups bas. Par exemple, lors du fameux trial à la fin du film, durant lequel les trois personnages s'affrontent, on voit bien que, sans se concerter, Blondin et Toucau ciblent Sentenza. Quand je parle de lien fort, tout est relatif. Il ne faut pas vous attendre à un truc genre le secret de Brokeback Mountain. Ou alors vous allez être très déçu. Quand Blondin fait un sale coup à Toucau, c'est pas il oublie de lui souhaiter son anniversaire. C'est je te laisse dans le désert, sans eau, les mains attachées, sans cheval et je t'annonce que le prochain village est à 110 kilomètres.

  • Speaker #0

    Blondin, qu'est-ce que tu fais ? Tu t'en vas ? Au moins, Blondin écoute ! C'est... Ne me perds pas ! Et rien qu'à un sale filier !

  • Speaker #1

    Deux décennies après la sortie du film, un début de projet a émergé pour une suite. Celle-ci devait mettre en scène Toucault, qui continue de rechercher Blondin, découvre finalement que ce dernier a été assassiné, mais qu'il a un neveu, et que ce neveu sait où se trouve la moitié du butin qui appartenait à son oncle. Clint Eastwood aurait été le narrateur du film, mais celui-ci n'a jamais vu le jour, puisque Sergio Leone ne voulait plus faire de western. Après son dernier chef-d'oeuvre du genre, il était une fois dans l'Ouest, sorti deux ans après Le Bon, la Brute et le Truant. Une anecdote à propos de ce long métrage avec Charles Branson qui joue... L'homme à l'harmonica, au début du film, Charles Branson, donc le personnage de Charles Branson, abat trois tueurs dans une scène légendaire. Eh bien, Sergio Leone avait proposé aux trois stars de son précédent film, Le bon, la bouteille, le truand, de jouer ces trois hommes, mais Clint Eastwood a refusé, donc Leone a abandonné l'idée. Quand on imagine une telle scène avec ces trois acteurs, on se dit que ça aurait donné une séquence encore plus légendaire. Il y a eu certaines rumeurs de remède du film Le Bon Labroute et le Truant, mais je pense, comme pour d'autres chefs-d'oeuvre tels que Le Parrain ou Scarface, que c'est toujours une mauvaise idée de toucher à de telles institutions. On ne pourra jamais faire mieux, donc toute tentative se révélerait forcément décevante. En revanche, s'il y a un film dans l'univers de Toucault, Blondin et Sentenza que j'aimerais éventuellement voir, c'est un préquel. Un film qui expliquerait les origines de la relation entre les trois personnages. On sait qu'ils se connaissent. qu'ils ont un passé commun, mais on ne sait rien de plus à ce sujet. Et je pense que ça pourrait être l'objet d'un autre film, d'un spin-off, pourquoi pas. En attendant, pour conclure ce podcast, je vous laisse avec évidemment cette dernière scène mythique de ce monument du cinéma. Merci pour votre écoute et à très bientôt sur 80VPN.

  • Speaker #0

    Hey blondeur ! Tu veux que je te dise que j'ai le plus grand dégueulasse ?

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