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A Nous Deux

Episode 54 - Vivre seule contre tous ? La ou chantent les écrevisses de Delia Owens (Avec Anaïs Swiatek)

Episode 54 - Vivre seule contre tous ? La ou chantent les écrevisses de Delia Owens (Avec Anaïs Swiatek)

57min |09/12/2025
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Episode 54 - Vivre seule contre tous ? La ou chantent les écrevisses de Delia Owens (Avec Anaïs Swiatek)

57min |09/12/2025
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Description

Dans cet épisode, je retrouve Anaïs pour analyser et discuter du roman à succès Là où chantent les écrevisses de Delia Owens.


Ensemble, nous partageons nos ressentis, ce que cette histoire nous a fait vivre, et pourquoi ce livre continue de marquer autant de lecteurs à travers le monde.


Nous revenons sur :

  • les thèmes forts du roman (solitude, nature, résilience, mystère),

  • les personnages qui nous ont touchées ou laissées plus sceptiques,

  • ce qu’on a adoré… et ce qu’on a un peu moins aimé,

  • l’ambiance unique du marais et la manière dont l’autrice construit son univers,

  • l’impact émotionnel du récit et ce qui en fait une lecture marquante.


Un épisode idéal pour ceux qui ont aimé le livre, qui hésitent à le lire, ou qui aiment écouter des analyses littéraires, des avis sur des romans populaires, et des discussions autour de la lecture.


Si tu veux retrouver l'univers d'Anaïs, tu peux la suivre sur son compte instagram : @anais.swiatek



Un mardi sur deux, on papote ensemble autour d’un sujet de vie, sans pression, juste entre nous.


Pauline ✨


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Salut ! Bienvenue sur le podcast de à nous deux.

  • Speaker #1

    Il y a des lectures et des histoires qui marquent plus que d'autres. De mon côté, je peux citer Jane Eyre de Charlotte Bronté, Le Comte de Montecristo d'Alexandre Dumas, La Nuit des Temps de Barjavel, mais plus récemment, Là où chantent les écrevisses est venu me cueillir sans crier gare car il n'est pas nommé dans la liste des classiques littéraires connus et reconnus. Ce roman de Delia Owens datant de 2018, je l'ai d'abord connu au cinéma et j'ai ensuite voulu connaître l'origine des images et de l'histoire qui m'avaient déjà séduite. J'ai envie d'en parler sur le podcast depuis très longtemps et pour cela, j'ai invité Anaïs. Bonjour à tous, je suis super contente de vous retrouver aujourd'hui parce que pour ne rien vous cacher, depuis que j'ai créé le podcast, j'ai très envie d'aborder la thématique de ce livre et de pouvoir en parler. Comme vous l'avez compris dans l'introduction, c'est un de mes romans préférés, là où chantent les écrevisses de Delia Owens. Et je suis ravie de faire cet épisode avec Anaïs, qui est déjà venue sur le podcast, avec qui on a fait un épisode sur l'art en général, pour discuter un petit peu d'art, des ressentis, etc., que vous pouvez aller écouter. Anaïs a répondu présente parce que je lui ai conseillé de lire ce livre. On verra si elle a aimé ou pas dans la suite de cet épisode, mais en tout cas, elle est présente aujourd'hui pour en discuter avec moi. Merci Anaïs d'être là aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Merci à toi Pauline.

  • Speaker #1

    Comme vous avez entendu dans l'introduction de cet épisode, ce roman est assez récent. Il est même récent dans le monde de la littérature. Il date de 2018 et il y a eu une adaptation cinématographique qui est sortie en 2022. Pour vous l'expliquer, je pense que les mots d'Anaïs peuvent être très bien. Est-ce que tu peux nous faire ton résumé de ce livre ?

  • Speaker #0

    Je vais essayer. C'est l'histoire de Kia. une petite fille qui vit dans les marais de Caroline du Nord et que sa famille abandonne peu à peu. Elle se retrouve seule, elle apprend à survivre et à vivre au rythme du marais. Des années plus tard, on a un jeune homme du village qui est retrouvé mort et qui va devenir la principale suspecte. Et donc le roman va alterner entre son enfance solitaire et l'enquête autour de ce drame jusqu'à ce que les deux histoires se rejoignent. Alors, si je devais résumer ce livre, je dirais que c'est l'histoire d'une fille qu'on laisse seule et qui finit par appartenir à un endroit plus qu'à des gens.

  • Speaker #1

    On va arrêter l'épisode ici, c'est parfait, merci, bon son ! Non, tu l'as super bien résumé, enfin, à mes yeux, moi qui l'ai lu, mais je trouve que tu l'as hyper bien résumé. Effectivement, c'est un roman où la solitude et la nature sont deux éléments omniprésents et Kya n'est pas que le personnage central, à mes yeux en tout cas. Pour moi, il y a deux personnages centraux, c'est E la nature, donc le marais, et Kya. Quand est-ce que tu l'as lu ? Je l'ai un petit peu dit, c'était il y a quelques mois. Là, pour vous situer, on enregistre, on est au mois d'octobre 2025. Tu l'as lu quand, toi ?

  • Speaker #0

    J'ai acheté ce livre au printemps dernier, donc suite à ton invitation pour le podcast et je l'ai lu au mois de juin. C'est un livre, il faut savoir que je connaissais déjà, mais que je n'avais vraiment jamais eu l'occasion de croiser. Parce que moi, je crois que les lectures, c'est un peu des rendez-vous. Et celui-là, il n'était pas encore passé sur ma route. Et concernant le film, lui, je l'ai vu très récemment, début octobre. Donc, je pense que j'avais besoin de digérer un peu le livre et de rester un tout petit peu avec la kia du livre avant de découvrir l'adaptation. Même si je sais que pour toi ça a été l'inverse.

  • Speaker #1

    À complet. Oui, effectivement. Donc le film est sorti en 2022 et moi je l'ai vu au cinéma. Donc à sa sortie, je ne savais pas du tout, je n'avais jamais entendu parler du livre. Vraiment, j'y suis allée parce que je vais souvent au ciné et que, je ne sais pas, le titre m'a parlé. Je me suis dit tiens, c'est quoi ? Et je n'ai même pas vu de bande-annonce, rien. Je suis juste allée comme ça et je suis restée scotchée devant le film. J'ai été abasourdie par cette histoire, par ce personnage, par les plans. Tout ce que j'ai vu, je suis tombée amoureuse du Marais. Et je suis sortie de la salle de ciné, je me suis dit, je vais chercher le livre. Parce que forcément, comme dans toute adaptation, on sait très bien que quand c'est tiré d'un livre, il y aura plus d'éléments encore dans le livre. Donc je me suis dit, j'en veux encore, j'en ai besoin. Vraiment, je l'avais ressenti comme ça. Et du coup, je suis allée chercher le livre et j'ai dû le lire peut-être 15 jours après avoir vu le film. Et bon, ça a été une lecture hyper frappante qui est toujours avec moi aujourd'hui. C'est toujours un livre que je conseille aux gens parce qu'il m'a vraiment marquée. Il a eu un impact sur moi. Dans les grandes lignes, toi, du coup, c'est quoi ton avis sur cette histoire ?

  • Speaker #0

    Alors, je vais essayer vraiment de faire dans les grandes lignes. Déjà, je trouve que c'est une histoire très réussie.

  • Speaker #1

    Pour un premier roman, en plus. Parce que je ne l'ai pas dit, mais... Ah bah tiens, vous n'avez pas cité son premier roman ? Oui. Ah bah oui, ok. Tout à fait, c'était son premier ouvrage publié.

  • Speaker #0

    Pour le coup, je trouve que l'histoire est très réussie, se dégage d'une poésie et une beauté très, très singulières. Même à travers des thèmes qu'on peut juger, je dirais, sensibles ou douloureux. Et ce qui m'a frappée, moi, c'est la manière dont l'autrice mélange différents genres. Si tu veux, on a d'un côté le roman d'apprentissage, de l'autre, on a toute une partie suspense, policier, etc. On a aussi tous les ingrédients de l'histoire d'amour. Et je trouve que ce qu'il y a de frappant, c'est qu'elle arrive à conserver un très bel équilibre. Je comprends parfaitement pourquoi le roman a été lu par, je crois, 5 millions de personnes dans le monde. L'écriture est hyper fluide, les ingrédients sont très bien dosés. autant de mystère, qu'il y a d'émotion, qu'il y a d'attention aux détails. Il y a une construction qui tient très bien le lecteur. Je trouve que c'est très difficile de ne pas se laisser embarquer, très honnêtement. Après, si je peux amener une critique, je ne trouve pas le roman parfait. Je trouve qu'il y a certains clichés, je trouve qu'il y a certaines même facilités dans le scénario, des moments où, comment on pourrait dire, des moments où l'intrigue, elle est un peu attendue, mais Merci. Je trouve que c'est jamais ce qui domine. Je pense que l'essentiel reste plutôt intact. Moi, c'est une histoire comme toi qui m'a vraiment marquée, qui reste en mémoire. Je trouve qu'elle a cette force de créer un univers et une sensibilité qui persiste bien après la lecture de la dernière page. Enfin, moi, c'est plus récent que toi, mais depuis juin, j'y pense encore. Donc, voilà.

  • Speaker #1

    Limite, je suis un peu fière. C'est pas vrai. Oui, il l'a écrit, mais je suis en mode, là, c'est bien, ça a quand même marqué.

  • Speaker #0

    Non, mais oui, c'est un rendez-vous, mais c'est vrai que c'est une invitation en même temps. C'est vrai.

  • Speaker #1

    Mais je suis d'accord avec toi. Le roman n'est pas parfait, mais je pense que c'est aussi ça qui fait que je l'adore et que ça marche. Je ne sais pas quel rapport tu as avec ça, mais de toute façon, il n'y a jamais rien de parfait. Et ça rend le roman encore plus naturel. Je ne sais pas si c'est le bon terme, mais parce que la nature n'est pas parfaite. Tu vois, les humains le sont encore moins. Les hommes, avec un grand Z, le sont encore moins. parce que... Il y a aussi ça que j'aime dans ce roman. On va rentrer peut-être un peu plus dans le détail. Comme je le disais dans l'intro, on va essayer de ne pas trop spoiler, mais on est quand même là pour parler du livre. On ne va pas dire les gros cliffhangers et tout, mais on va en parler un petit peu. Donc oui, il y a une grosse critique de la société, que ce soit sur la marginalité de certaines personnes. Comme tu disais, Kya, elle vit dans le marais, sa famille vient du marais, donc il y a aussi une stigmatisation de ces personnes-là. Il y a aussi toute la partie raciale, on voit le racisme sur les personnes noires. Et puis, il y a aussi cette critique sur les hommes, sur les hommes masculins, dans le sens où on voit la dureté, la lâcheté des hommes aussi, en tout cas de certains, qui est vraiment pointée du doigt. dans ce roman, et aussi toute la stupidité de l'être humain dans, je le disais déjà un petit peu, mais voilà, la stigmatisation de dire, ah mais s'il y a eu un meurtre, c'est forcément la fille du marais, elle est bizarre, elle reste vive toute seule dans sa cabane, et en plus elle sait à peine lire, parce que oui, c'est plus facile de pointer du doigt cette personne-là plutôt qu'une autre. Donc je trouve que c'est un livre qui dénonce beaucoup de choses sur le fait d'être. en dehors des cases. Et je pense aussi que c'est aussi pour ça qu'il m'a touchée. Il a eu cette atmosphère-là où tu te sens rejetée avec elle alors qu'en fait il n'y a pas de raison. Puis il y a tout cet aspect autour de la nature qui est vraiment omniprésente. Et je ne sais pas si tu as eu cette info aussi, mais l'autrice était avant zoologue et botaniste, biologiste, etc. C'est aussi pour ça qu'elle connaît hyper bien la faune, la flore. Et ça se ressent, je trouve. Elle décrit vraiment très bien l'environnement dans ce bouquin. Et je suis complètement d'accord avec toi quand tu dis qu'elle mélange hyper bien les genres. Parce qu'il va y avoir du suspense comme dans un thriller. Il va aussi y avoir les codes de l'amour. C'est un roman aussi contemplatif. Je pense que c'est important de le dire. Autant il y a des chapitres où ça va vite en termes d'action, et autant il y a d'autres moments dans le livre où c'est plus posé, parce qu'à ce moment-là, la nature est plus calme. Et je trouve qu'on vit le livre à ses différents rythmes. Je ne sais pas si tu me rejoins là-dessus.

  • Speaker #0

    Oui, complètement.

  • Speaker #1

    Et c'est tout ça, en fait, qui rend cette histoire folle et qui, je pense, fait rejoindre plein de personnes sur le fait que, oui, ce livre, il est aimé, je crois. En tout cas, il a été énormément lu. Comment est-ce que toi, tu t'es sentie dans le marais avec Kia, que ça soit quand elle est petite, quand elle est adulte ? Qu'est-ce que t'as ressenti ? Qu'est-ce que ça t'a fait ressentir, en fait, son histoire à elle ?

  • Speaker #0

    Je m'y suis sentie très, très bien dans ces marais. Et je crois qu'il y a... Je crois vraiment qu'il n'y a rien d'étonnant à ça, au fait de se sentir bien. Parce que je pense déjà qu'il y a une chose, c'est que je crois que l'imaginaire collectif, il a tendance à confondre marais et marécage. Et dans le début du livre, je ne sais pas si tu te souviens, ils en parlent immédiatement. Pour remettre un peu le contexte, un marais, c'est un endroit qui est lumineux, c'est un endroit qui est vivant, c'est un endroit qui est poétique. Un marécage, c'est boueux, c'est humide et c'est souverain. C'est souvent associé à un danger. Et là, très clairement, on n'est pas dans les marécages. On est vraiment dans un lieu lumineux, vivant, comme je l'ai dit, poétique, naturel. Et je me dis, mais comment ne pas s'y sentir bien ? Très honnêtement, la nature qu'a créée l'autrice, elle est tellement exacerbée, tellement magnifiée, que moi, j'ai eu la sensation d'être en sécurité. C'est un lieu qui accueille, c'est un lieu qui t'enveloppe, qui protège. J'ai vraiment... ressenti l'idée même d'un je vais employer le mot, mais d'un refuge. C'est un lieu où le temps, t'en as parlé tout à l'heure, mais le temps il s'étire autrement en fait. Et moi qui suis dans une recherche de calme toujours dans ma vie quotidienne, là il y a une lenteur qui s'impose dans le livre qui est incroyable, qui est vraiment incroyable et qui transparaît dans chacune des pages. Et puis une autre chose qui participe vachement au fait de se sentir bien là-bas, c'est que les marins, ils apparaissent aussi comme une sorte d'espace d'apprentissage. C'est un lieu d'initiation, c'est-à-dire que chaque élément de la nature, et donc tu me l'apprends sur le passé de l'autrice, je ne savais pas du tout qu'elle avait, moi qui pourtant fais souvent des recherches sur les autrices, j'avoue que là je suis passée complètement à côté. Chaque élément de la nature vient t'enseigner quelque chose, c'est-à-dire que tu as les plantes qui nécessitent qu'on apprenne à les reconnaître, à les toucher, à les respecter, tu as tout ce qui se passe dans l'eau. le mouvement des poissons, la manière dont elle reflète la lumière, ce qu'il vit dans le sable, dans la terre, les traces des animaux. La liste est énorme, ce qui se passe dans les airs. Vraiment, le marais apparaît comme une sorte de maître, de maîtresse silencieuse pour toi. C'est un lien entre toutes ces choses. On ne fait pas que regarder. Même quand on est lectrice du livre, on n'est pas que en train de... de regarder et d'assister à ça. On vit, on ressent toutes ces choses et je crois que ça crée une sensation de sécurité et de familiarité. En tout cas, moi, c'est ce que j'ai ressenti. Après, je ne sais pas si toi, c'est quelque chose que tu partages dans les marais, mais moi, je ne m'y attendais pas du tout. Et pourtant, j'ai été chopée, littéralement.

  • Speaker #1

    Je suis carrément d'accord avec toi que moi, j'ai ressenti une appartenance. Comme si j'aurais pu y vivre. Comme si j'aurais pu être Kya, tu vois. Alors, j'en vis pas sa vie, clairement, certainement pas son enfance. Mais, tu vois, je me disais, oh là là, en fait, j'ai envie d'y être. J'adorerais y vivre, j'adorerais vivre ce qu'elle vit, tu vois. Parce que c'est exactement ça, c'est de l'observation. Et en plus, tu vois, Kya évoluait aussi de la même manière que la nature évolue, c'est-à-dire avec lenteur, avec réussite, échec, mais tout en douceur, en fait. parce qu'on suit sa vie, de quasiment sa naissance, il me semble, jusqu'à la fin de sa vie, qu'elle passe dans sa maison, dans le marais. Et tu vois cette évolution avec la nature et tu la vois évoluer avec tout ce qui l'entoure, avec toutes ces problématiques à elle en tant qu'être humain qui vit dans cet environnement. Et c'est trop beau. Moi, je me suis sentie trop bien dans cette lecture. j'étais Par rapport vraiment au personnage de Kya, j'ai ressenti, c'est bizarre, mais je ressentais comme de la fierté, une grosse sororité aussi par rapport à elle. Parce qu'en fait, tu la vois évoluer et tu vois qu'elle a une résilience de fou, qu'elle a un courage dont elle ne se rend même pas compte, je pense. Et puis aussi... Alors ça, c'est mon côté un peu revanchard. Mais tu vois, tous ces gens qui disaient « Ah, mais elle est bête, elle est idiote, regardez-la, bouh ! » Alors qu'en fait, elle a une intelligence extrême, que ça soit émotionnelle ou même autre. Ah ouais, moi, j'étais trop bien. Enfin, j'ai vraiment ce sentiment où je me sentais bien. Alors que pourtant, tu te dis « Bon, un marais, quand même, c'est un endroit avec de l'eau salée, c'est humide. » Enfin, tu vois, même si c'est lumineux et tout, bon, ça reste quand même un endroit humide. Mais ouais, j'étais quand même bien. Je me disais quand même, moi aussi, je veux une petite cabane dans le marais.

  • Speaker #0

    Mais je pense aussi que c'est dû au fait que, tu vois, quand elle était petite, je ne dis pas qu'elle subissait le marais, mais elle était là, elle n'avait pas spécialement le choix, elle est née ici. Et quand elle grandit, je trouve qu'elle habite pleinement les lieux. Elle se les est complètement appropriées. Et ça participe vachement, c'est-à-dire que nous, avec elle, on s'approprie aussi les lieux, tu vois, on s'approprie... tout l'apprentissage qu'elle va en faire et donc d'incidence, ça participe aussi, nous, à notre bien-être en tant que lecteur, je trouve.

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai. Ce qu'on peut dire, c'est qu'à la toute base, je crois qu'il y a à peine l'eau courante, il n'y a pas d'électricité. On ne parle vraiment de rien. Quand je vous dis cabane, c'est vraiment la cabane. Ce n'est pas une maison. Ce n'est pas du tout quelque chose de confortable ce dans quoi elle vit. Enfin, confortable. par rapport aux autres êtres humains qui vivent dans la ville à côté aussi, il faut remettre dans le contexte, années 50, Etats-Unis, bon, il y a certaines personnes qui n'avaient pas de droit, en fait. Et c'est aussi bien recontextualisé dans ce roman-là. Comment tu la décrirais, Kia ?

  • Speaker #0

    Déjà, comme on l'a un tout petit peu évoqué, c'est vrai qu'on a accès à plusieurs Kias, alors pas plusieurs personnalités, mais plusieurs moments de sa vie. on a... Le livre, il démarre, on a une Kya qui est enfant. Moi, Kya, enfant, elle m'a complètement bouleversée. Je trouve qu'il y a quelque chose d'à la fois très dur, mais en même temps très lumineux dans cette petite fille qu'on va laisser seule et qui apprend à tout faire par elle-même. J'ai été profondément touchée par son instinct, par sa façon d'apprendre sans mots, j'ai envie de dire, juste en observant, en écoutant. Après, je dois dire quand même que là, c'est là où j'ai aussi mes petites réserves et mes petites critiques. Quand je disais que ce n'est pas un roman parfait, j'ai eu du mal parfois à y croire complètement. Si on peut amener du coup la critique, il y a un côté enfant sauvage qui m'a un peu idéalisé, qui m'a chiffonné. Je veux dire le fait de survivre seule ou presque pendant des années. Tu te dis, elle se nourrit à peu près des mêmes choses de janvier à décembre. Elle utilise le même bateau pendant 15 ans. On ne voit pas s'il a des problèmes, le bateau, mais pendant 15 ans, il est nickel. Alors qu'on sait dès le début qu'il n'est pas top. Elle a réussi à échapper aux services sociaux, aux agents fédéraux. Tu vois, elle coupe son bois, elle ne tombe jamais malade. Bon, tout ça, c'est extrêmement beau, mais c'est un poil trop romanesque. Oui, je suis d'accord. Quel que... Tu vois, c'est des petites facilités de scénario. Bon, on passe à côté, on ne le montre pas vraiment. Voilà, bon, j'amène mes petites critiques quand même pour dire que...

  • Speaker #1

    Ah mais t'as raison, parce que c'est une réalité. Dans le livre, ça n'existe pas, quoi.

  • Speaker #0

    Oui, voilà, c'est ça.

  • Speaker #1

    Alors que dans la vie, ça serait pas pareil.

  • Speaker #0

    Voilà, on se dit, on balaye et c'est plus facile d'un point de vue scénario. Ça fait avancer plus vite l'histoire. Après, on a accès à l'Akia en jeune femme. Ce que je trouve très beau dans Laquia, jeune femme, c'est qu'elle garde en elle, je ne sais pas si toi aussi tu l'as aperçu, mais cette petite trace de l'enfance. Il y a une forme d'innocence, de curiosité presque animale et qui progressivement, et c'est là où c'est très bien fait dans la construction de son personnage, c'est qu'on va y ajouter, jusqu'à ce qu'elle devienne Laquia, femme, on y ajoute la force du désir, la force du rêve et la force de création pour en faire. finalement une femme qui choisit, une femme qui cherche et une femme qui espère. C'est-à-dire qu'en tant qu'adulte, Kya, en fait, elle est un espace de connaissance et de beauté aussi, tu vois, par son observation mais aussi par ses dessins. C'est là où je disais création, c'est que Kya, adulte, elle collectionne, elle dessine, d'ailleurs c'est un petit parallèle avec sa mère, Peignet. Donc, Donc... Donc voilà pour la Kia adulte. Et là où je disais espoir, c'est que moi, je la vois aussi comme une femme vraiment pleine d'espoir. Parce que malgré tout ce qu'elle va vivre, c'est-à-dire le départ de sa mère, le départ de ses frères, puis de son père, malgré la dureté du village, des gens envers elle, pour moi, c'est une femme qui va garder espoir jusqu'au bout, à plein d'endroits. Et c'est peut-être ça qui va la rendre... profondément humaine, je dirais. Donc pour moi, tu vois, KIA, elle est faite un petit peu de cette tension-là. Je la situerais entre le sauvage et le tendre, entre la fuite et le lien, et puis entre le silence et le besoin d'être vu.

  • Speaker #1

    Et je rebondis sur ce que tu disais sur la KIA jeune adulte, on va dire, qui a un peu ce côté enfantin. Je suis d'accord avec toi, et moi j'ai l'impression que je ressens ça. Parce que la kia jeune adulte, elle n'a pas été scolarisée. Et du coup, il y a plein de choses de la vie, je mets des guillemets, mais je ne sais pas comment dire autrement, mais de la vie civile, qu'elle ne connaît pas. Et du coup, ça donne aussi ce côté tendre de l'enfance, tu sais, des enfants qui disent, ah mais ça, c'est quoi ? Et ça, comment on fait ? Et du coup, je me demande si ce n'est pas à cause de ça que je ressens ça, tu vois. où j'ai de la tendresse pour elle comme j'ai de la tendresse pour un enfant, alors qu'à ce moment-là, elle a 16, 18, 20 ans, je ne sais plus exactement. Oui,

  • Speaker #0

    mais c'est vrai qu'elle a des réactions, elle a des mimiques et des choses très naïves qu'on pourrait attribuer plutôt à l'enfance, plutôt qu'à une jeune femme. Donc oui, il y a une tendresse qui est créée, je pense volontairement, pour le lecteur, puis ensuite par rapport au film, qui est très bien traduit d'ailleurs dans le film aussi, je trouve.

  • Speaker #1

    Mais oui, ça crée... gros attachement envers elle en fait je passe à la place des hommes dans ce bouquin qui reflète très bien notre société actuelle de toute façon d'ailleurs je trouve que tout le livre finalement il y a plein de bon après il est pas vieux le livre il est de 2018 encore une fois mais ça parle des années 60, 70 il y a toujours des thématiques qui sont là Alors, les hommes.

  • Speaker #0

    Écoute, moi, ce qui m'a frappée, c'est à quel point Kya évolue dans un monde presque exclusivement masculin. C'est comme si le féminin s'était complètement effacé autour d'elle.

  • Speaker #1

    Le féminin s'est barré avec sa mère.

  • Speaker #0

    Oui, c'est exactement ce que j'allais dire. À partir du moment où sa mère part, puis ses sœurs, mais ses sœurs sont nommées comme des sœurs, mais elles n'existent même pas. Elle part, là, elle va rester seule avec son père. son père qui est quand même bancal, instable, alcoolique. Bon, elle va quand même tenter de l'apprivoiser. Je dirais qu'elle va tenter de l'apprivoiser pas par amour, mais parce que on va dire que c'est tout ce qui lui reste. Oui, qu'elle en a besoin,

  • Speaker #1

    en fait.

  • Speaker #0

    Voilà, elle est petite. Je crois qu'elle a 7 ans à ce moment-là. Donc, il y a entre eux une forme de cohabitation très fragile qui va s'installer. Et d'ailleurs, je trouve que le père de Kya, c'est sans doute la figure la plus complexe du roman. Même s'il n'apparaît pas si longtemps que ça. Mais je trouve que ce que j'ai ressenti, c'est qu'il était hyper ambigu. Il incarne à la fois une présence et en même temps une absence. Parce qu'il est ultra présent par sa violence, etc. Et en même temps, il est complètement absent dans son rôle de père. Il incarne la peur autant que l'habitude. Et en fait, c'est la seule trace de famille qu'elle a. Et c'est tout ce que la famille ne devrait pas être, finalement, son père. C'est quelqu'un, on l'a dit, très violents, de... de colérie, qu'il est souvent perdu dans ses propres fantômes. C'est un homme qui n'a pas su aimer, qui n'a pas su protéger, qui ne tire même pas debout, finalement, qu'on se le dise. Et puis, il va rester là peu de temps, finalement. J'essaye de ne pas spoil, ce n'est pas évident. Mais bon, ce n'est pas vraiment un spoil de dire qu'il ne va pas rester très longtemps. On a conclu qu'il va aller être seul. Voilà. Et que Kya va s'y accrocher, je pense, un peu faute d'autre chose. Mais vis-à-vis de lui, Kya, elle est extrêmement sur la défensive. Moi, c'est ce que j'ai ressenti. Elle est sur la défensive. De toute façon, vu qu'il représente tout sauf la stabilité, je pense qu'elle est en incapacité de lâcher prise. Elle est toujours prête à se replier si jamais ça dérape. Mais il y a une chose, je pense, positive avec le personnage du père que moi j'ai noté, c'est que hum... il va quand même lui apprendre des choses avant de partir. Il ne va pas lui laisser un héritage d'amour, ce qu'on laisse habituellement, mais plutôt un héritage de survie. Il va y avoir ce truc de la pêche, le bateau. Puis c'est quand même lui qui va l'amener au magasin. On n'a pas encore parlé de Jumpin et Mabel, mais c'est lui qui va faire en sorte que ce lieu puisse exister dans la tête de Kia. Donc en gros, il va lui transmettre peut-être ce qu'il a de plus solide en lui. à savoir la survie. Et puis aussi, c'est là où je disais tout à l'heure il est aussi absent que présent, c'est que grâce à lui, mais surtout grâce à son absence, il va apprendre à ne dépendre de personne. À savoir si c'est quelque chose de positif ou négatif, dans tous les cas, c'est ce qui va la former après et ce qui va lui permettre de faire ce qu'elle entreprend. Voilà, c'est ce que j'allais dire sur le père. Après, évidemment, il y a d'autres personnages. Je ne sais pas si tu as envie de rebondir, c'est pour ça que sur le papa, à... De Kia ou non.

  • Speaker #1

    Ouais, alors je suis complètement d'accord avec toi que son père, clairement, lui a appris la survie et la solitude, dès le départ. Après, oui, bien sûr, il y a d'autres figures masculines dans le livre dont j'aimerais parler. Pour moi, il y a... Si je ne dis pas de bêtises, quatre figures masculines dans le livre qui sont vraiment très présentes. Il y a son père, comme tu l'as expliqué. Il y a Tate, qui est son premier amour. Sa première figure aussi masculine douce qui ne lui fait pas peur, qui ne l'attaque pas. Ils commencent à se connaître quand ils sont enfants. Clairement, c'est la safe place. Ensuite, il y a Chase. qui est une autre figure masculine, qui est, on va dire, la figure qui aurait pu représenter, je pense, son père, et qui est aussi une figure masculine toxique, très clairement. Et on retrouve aussi, j'ai oublié son prénom, mais tu l'as dit tout à l'heure, le...

  • Speaker #0

    Jumpin.

  • Speaker #1

    Jumpin, qui, pour moi, est la figure paternelle adoptive de Kia. Complètement. Pour moi, vraiment, dans le livre, c'est ces quatre figures masculines là qui tournent autour de Kya. Alors, en figure aussi féminine, pour moi, il n'y a que Mabel qu'on retrouve qui est là, mais pas aussi présente que ces quatre autres caractères dans le livre, en fait. Je ne sais pas si tu ressens la même chose que moi, mais je trouve que finalement, C'est très masculin, son entourage, même si elle est très peu entourée.

  • Speaker #0

    Oui, complètement. Non, non, elle évolue dans un univers, comme je l'ai dit tout à l'heure, complètement, exclusivement masculin. Et puis oui, ma belle, c'est parce que c'est la femme de Jumpin. Elle va amener, en effet, cette petite chaleur féminine. Mais c'est vrai qu'elle est en second plan.

  • Speaker #1

    Carrément. Il y a aussi un de ses frères qui, à un moment... réapparaît de nulle part, presque.

  • Speaker #0

    Oui, j'allais l'ajouter, moi, en cinquième, peut-être, figure. Je trouve importante, même si elle l'est moins que les autres, mais je l'ajouterais quand même. Parce que je trouve que Jodie, je crois qu'il s'appelle ce frère-là. Parce que les autres frères, bon, voilà, pareil, c'est comme les sœurs, ils partent, on ne sait pas trop qui ils sont, puis on ne les revoit pas, etc. Et Jodie, on sent que quand ils sont enfants, déjà, ils ont un lien particulier. ces deux-là, ils ont un lien. J'ai l'impression que Jodie, c'est le seul à pouvoir amener, en dehors de l'admiration que Kia est là pour sa mère, Jodie, c'est le seul qui tente d'amener un peu de lumière à Kia, justement, dans ce contexte compliqué dans lequel ils vivent. Et puis, surtout, je trouve qu'à partir du moment où Jodie s'en va, C'est quand même un enfant, il part, il est enfant lui, il part pour se sauver. Et en fait, on sent, enfin moi en tout cas j'ai ressenti que Kya comprenait à ce moment-là que l'amour, ça ne suffit pas à retenir ceux qui ont envie de survivre. Moi ça, ça m'a bouleversée en fait, parce que c'est un enfant qui part et tu sens qu'il a un attachement profond pour sa sœur, néanmoins il la laisse. Et pourtant... je ne l'ai pas ressenti contrairement à la mère et au père je ne l'ai pas ressenti comme un abandon parce qu'ils ont ce lien particulier où Jodie finalement ce n'est pas un refuge ce n'est pas un abandon mais il y a une forme d'attachement qui va résister et on le voit après vu qu'il y a une petite ellipse etc. et où il réapparaît et que malgré le silence il y a cet attachement qui est inexplicable et qui existe parfois entre deux êtres ou entre deux frères et sœurs et puis voilà c'est là et ça existe et même si c'est peu présent dans le film et dans le livre, ça existe et c'est important pour Kya.

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai. Mais j'ai un doute et c'est peut-être ma mémoire qui me fait défaut. Donc, tu vas sûrement pouvoir me dire. Mais moi, il me semble que Jodie, quand il part, il demande à Kya de venir avec lui. Et c'est elle qui dit, non, moi, je reste ici. Mais j'ai un doute.

  • Speaker #0

    Ouais, j'ai pas eu cette impression-là. Moi, j'ai eu vraiment l'impression qu'il partait pour se sauver et qu'il lui donnait quelques clés. Voilà, tu vois, il y a justement ce truc que je trouve très beau qui fait référence du coup au titre du livre. Il lui dit « si t'as des ennuis, va te cacher dans le marais, là où chantent les écrevisses » . Et il lui dit ça. Donc en gros, voilà, il lui dit que lui, il doit partir, il doit se sauver, il a des plans. Bon, on ne sait pas quels plans il a, il est gosse, mais néanmoins, il lui donne un peu ce truc-là. Est-ce qu'il espère que, ou peut-être il le sait même, que le père sera différent peut-être avec elle ? Je ne sais pas. Enfin, c'est des choses qui sont un peu laissées en suspens et peut-être que le lecteur, lui, a créé les idées qu'il a envie de créer par rapport à ces éléments où il n'y a pas vraiment de réponse. mais voilà

  • Speaker #1

    Oui, carrément. Mais c'est ça aussi que j'apprécie dans ce roman. C'est qu'il y a plein de zones d'ombre où on ne sait pas trop ce qui s'est passé, on ne sait pas trop ce qui est vrai et ce qui est faux. Je pense que c'est ça aussi qui nourrit l'imaginaire du lecteur et qu'on fait des suppositions et qu'en fait, on écrit aussi dans notre tête l'histoire de Kia et l'histoire de sa famille et de tout ce qui s'est passé. Je trouve que c'est aussi une des richesses du livre parce que jusqu'à la fin, il y a plein de trucs qu'on ne sait pas. le lecteur a sa place le lecteur a sa place et ça c'est comme dans les films c'est quelque chose que j'apprécie je sais pas toi mais moi c'est vraiment quelque chose que j'aime bien qu'on me laisse aussi que tout ne soit pas servi sur un plateau et qu'on me laisse ma part à moi d'autofilm ou d'autofiction en tout cas dans ma tête après c'est aussi vachement un livre qui parle de solitude, elle est omniprésente dans cette histoire, mais elle parle aussi beaucoup de relations sociales, que ce soit amoureuse, vraiment sociétale. Comment tu l'as perçue, toi ?

  • Speaker #0

    C'est vrai qu'on est sur une mise en scène d'une société profondément divisée, très clairement. On a l'impression que tout... semblent obéir à une sorte de hiérarchie, alors même si elle est invisible, elle est complètement implacable. On a d'un côté ceux qui appartiennent à la société, je mets les guillemets, civilisée, et puis de l'autre, ceux qu'elle relègue, à savoir les Noirs, les pauvres et les habitants du Marais. Et chacun vit dans un territoire bien délimité, que ce soit géographique et symbolique. Et Kya, ce qui est marrant, c'est que par exemple, elle, elle grandit dans une espèce d'entre-deux. Elle se situe dans le marais, mais elle est assez proche dans l'histoire pour apercevoir les gens du village, mais elle est trop éloignée symboliquement, culturellement, socialement, pour en faire partie. Tu vois ? D'ailleurs, il y a l'épisode de l'école qui, pour moi, est l'illustration parfaite. sans spoiler, etc. En effet, Kya, c'est quelqu'un qui n'est pas scolarisé. Et à un moment, elle va se retrouver à l'école. Elle va s'y retrouver parce qu'on va lui suggérer, on va lui faire croire que potentiellement, c'est un monde dans lequel elle peut exister. Et là, je veux dire, inconsciemment, elle va tenter de franchir cette frontière. Mais dès son entrée, la violence, elle est incroyable. C'est-à-dire que sa différence, elle saute aux yeux. et là La cruauté, je n'ai pas peur d'employer ce mot, mais la cruauté enfantine, elle s'abat sur elle, littéralement. Et elle comprend que cet endroit, ce n'est pas le sien. Ce n'est pas le sien. Et quand elle part, pour moi, le départ, il clôt symboliquement toute tentative d'intégration. C'est vraiment... Moi, c'est vraiment cette scène, je ne sais pas ce que tu en as pensé, mais elle est déchirante. Et puis, les images du film sont même pires, j'ai envie de dire.

  • Speaker #1

    Oui, ça fait très mal au cœur.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    et bah je te coupe pardon mais parce que je trouve qu'il y a une deuxième tentative de se rendre dans la société c'est quand elle est avec Chase et que tu sais elle le croise dans la rue et que ça se passe pas bien et qu'en plus il y a ses parents et que clairement il la regarde de haut en bas et lui dire oula pourquoi cette fille te parle en fait au secours quoi Et je trouve que c'est aussi un deuxième moment. Et il me semble aussi qu'il y a une histoire de soirée sur la plage ou un truc comme ça, où il l'invite et où tout le monde la regarde de travers en mode, mais pourquoi il y a la fille du marais ?

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. Mais du coup, je pense que c'est peut-être intéressant de reparler de ces deux figures masculines, pour remettre un peu le contexte de Chase, justement. Parce qu'en effet, on a Tate, dont tu as parlé, qui est son premier amour, qui, lui, est là, c'est le personnage qui incarne la douceur, c'est lui qui va lui apprendre à lire, à nommer le monde, à écrire, il est patient, il est attentif, etc. Et puis d'un côté, en effet, on a ce Chase. Là, encore une fois, je suis désolée, j'amène une toute petite critique, parce que je ne sais pas si tu Ausha tête, les gens ne le voient pas, mais il y a une opposition très forte, presque caricaturale, entre ces deux personnages.

  • Speaker #1

    Abusée même.

  • Speaker #0

    Voilà, c'est une facilité, on a pris d'un côté l'un, enfin voilà.

  • Speaker #1

    Il y a l'ange et le démon, quoi.

  • Speaker #0

    C'est ça, mais...

  • Speaker #1

    Pardon, mais même si... T'es pas tout blanc non plus, parce que... Bon, ça spoil un peu, désolée, mais... il se barre du jour au lendemain et surtout il abandonne qui il y a.

  • Speaker #0

    Oui, mais moi je ne l'ai pas vécu comme un abandon. Tu vois, contrairement aux gens de chaque année.

  • Speaker #1

    Je ne l'ai pas vécu comme un abandon.

  • Speaker #0

    Non, mais parce qu'en effet, il va partir, mais j'ai l'impression qu'en fait, il doit partir. C'est plus... Il doit partir. Lui, c'est vrai qu'au moment où il la rencontre, il est dans un schéma d'études, etc. Et donc, il y a des choses qui, de base, étaient prévues, on va dire. Bon, voilà, il n'a pas modifié ses plans, il n'a pas fait le gars, j'abandonne tout. pour toi, etc. Bon. Mais c'est vrai que de l'autre côté, il y a cette opposition entre les deux qui est un peu caricaturale. Néanmoins, je nuance mon propos parce que je trouve et c'est peut-être là pour ça qu'elle a choisi, je ne suis pas dans la tête de l'autrice, mais peut-être pour ça qu'elle a choisi ces deux opposés, ces deux visages de l'amour différent, c'est que ça permet de montrer par contraste l'autonomie et la lucidité que Kia, elle va acquérir parce qu'elle va apprendre à s'ouvrir avec Tate autant qu'à se protéger avec Chase. Et je trouve que du coup, elle va apprendre avec tout ça à exister à sa propre manière. Et donc, pour revenir sur Chase, lui, en effet, lui va arriver après la forme d'abandon, je mets plein de guillemets, le départ de Tate. Il va profiter de cette absence. Il en profite.

  • Speaker #1

    Clairement.

  • Speaker #0

    Voilà, c'est le personnage du coup qui est séduisant, qui est dominateur, manipulateur, qui joue sur les... le sentiment d'isolement aussi de Kia. Et du coup, il y a un mélange de danger et de contrôle. Et je ne sais plus pourquoi j'avais besoin qu'on refasse un point sur... Ah bah oui, par rapport à l'épisode en effet, où Kia justement, elle se retrouve une deuxième fois avec une tentative d'intégration et que là, en effet, elle est avec Chase et Chase, il appartient à un autre univers. Lui, il appartient aux gens du village, à cette société ... du regard et du jugement, d'incidence, évidemment. Ça crée une vraie... Je ne sais pas comment on pourrait dire ça, mais une césure entre les deux.

  • Speaker #1

    Une dualité de rapports. Voilà,

  • Speaker #0

    elle est là-dedans. Et évidemment, déjà qu'elle est mal à l'aise, qu'elle est gauche, la pauvre, on est vraiment de son côté. Et puis d'un coup, il y a cette dureté qui apparaît face à elle, face aux amis de Chase, face à sa famille. Donc, là, en effet, si avant, l'école, déjà de base, ça avait été un peu la gifle, là, bon.

  • Speaker #1

    Je crois que cet épisode-là, moi, je l'ai ressenti comme ça. J'étais en mode, bon, là, c'est bon, ça l'a terminé. Je pense qu'elle n'essayera même plus, en fait.

  • Speaker #0

    Oui, non, c'est fini.

  • Speaker #1

    On arrête les frais, quoi.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    J'avais vraiment eu ce sentiment de... Non, mais la pauvre. Et après, t'as la Kya, qui a du caractère, quoi, et qui dit, bon, c'est bon, vous m'avez saoulée. Moi, c'est pas ma vie, c'est pas mon combat.

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #1

    Je m'en fous, quoi.

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #1

    Mais c'est vrai qu'il y a plein de relations sociales qui sont quand même différentes, caricaturales. Je suis complètement d'accord avec toi. Peut-être trop, parce que c'est parfois un peu trop noir, trop blanc. Ouais. Mais tu vois, comme tu le disais pour le personnage du père, qui est complexe et bien construit, à l'inverse... tu vois celui de Chase bien construit aussi qui répond à tous les critères du connard ouais même les rêves point complexe mais tu vois je trouve que Chase à l'inverse du personnage du père je trouve que c'est celui qui est le plus

  • Speaker #0

    facile d'accès parce que zéro surprise sur le gars quoi ouais même si moi j'ai eu un je sais pas si c'est un espoir je vois ce que tu veux dire oui mais Merci. Tu vois, le moment où... Peut-être que... Ouais, j'ai pas su, tu vois, démêler, me dire est-ce que c'est de la manipulation ou est-ce que tu vois, les moments où Akia, il lui dit tu es la seule personne qui me... Il n'y a que toi qui me connais vraiment. Il n'y a qu'avec toi que je peux être... vrai. Il lui dit ça à plusieurs reprises à Kia et je me suis dit, est-ce que il a cette intelligence de voir qu'en face, il a quelqu'un de spécial, quelqu'un de sensible, quelqu'un d'ouvert et que c'est la vérité, c'est ce qu'il pense, mais à côté de ça, vu qu'il est terrible, en fait, c'est pas suffisant ou est-ce que là aussi, on est encore dans de la manipulation de vu que tu es à part, d'essayer de dire, je te donne ce rôle de tuer la fille à part. J'ai pas su, vraiment, c'est ambigu. pour moi.

  • Speaker #1

    Après, je pense que dans toute manipulation, il y a aussi une certaine vérité. Tu vois, donc moi, j'ai ce sentiment que oui, il se sentait lui-même avec Kia parce que c'est un animal et qu'en tant qu'animal, elle le voyait... Enfin, tu vois, il pouvait être entre guillemets naturel avec elle. Je sais pas si ce que je dis, c'est clair. Il avait pas tous ses artifices de la société qu'il peut avoir avec ses parents et à l'école,

  • Speaker #0

    tu vois.

  • Speaker #1

    Parce qu'aussi, ce moment-là de... du livre, ils sont adolescents, mais adolescents 17, 18 ans, peut-être un truc comme ça. Donc c'est aussi en plein dans cette période de l'adolescence où t'es dans le paraître, etc. Et moi je le vois, ou quand il lui dit ça c'est, bah avec toi, j'enlève mes artifices, et je sais que toi comme tu n'en as pas, tu comprends.

  • Speaker #0

    Oui peut-être.

  • Speaker #1

    Moi tu vois, je le vois comme ça. Mais du coup, manipulateur. Parce qu'il se sert d'elle quoi. T'es un connard, je l'aime pas. Mais Tate, bon, il s'est bien rattrapé, mais je l'ai pas beaucoup aimé non plus, quand même.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai que son départ... Non,

  • Speaker #1

    attends, cette scène où elle l'attend sur la plage parce qu'il lui a dit « Tel jour, je serai là, attends-moi... »

  • Speaker #0

    C'est pas seulement le départ, c'est le départ et les promesses après.

  • Speaker #1

    Ah ouais, non, ça, moi, je pardonne pas.

  • Speaker #0

    Voilà encore autre chose.

  • Speaker #1

    Ah ouais, non, mais franchement, elle s'endort et moi, ça m'a crevé le cœur. Et puis avec le film aussi, maintenant, j'ai cette scène dans ma tête et je suis là genre, mais non, mais connard. Non, c'est pas possible. Moi, j'avais plein d'espoir en lui. Tu l'as dit et on l'a dit toutes les deux, il y a une enquête et ça mélange aussi du thriller, ce bouquin. Pour toi, quelle est la place de l'enquête dans le livre ?

  • Speaker #0

    Écoute-moi, dans le livre... ce que j'aime particulièrement, c'est que l'enquête, elle ne vient jamais parasiter l'histoire principale. Je trouve qu'elle est là plutôt comme une sorte de structure. Elle donne un cadre narratif. Il y a une tension qui est presque invisible même au début, qui est différente d'ailleurs dans le choix de la réalisation du film, peut-être qu'on en reviendra après. Mais je trouve que tu vois, Et c'est là où c'est intelligent. L'enquête, elle vient imposer, je ne sais pas si ça va être hyper clair ce que je vais raconter, mais ça vient imposer une sorte de logique humaine alors qu'on est dans un espace qui n'obéit qu'à des lois naturelles. Tu vois, ça crée ces deux espaces, toujours en confrontation. Et après, moi, je n'ai pas eu l'impression qu'on était dans une enquête de type polar. Et ça, c'est ce que j'ai aimé, parce que vraiment, moi, ce n'est pas mon truc. mais qu'on était plus dans une enquête morale, finalement. Pour moi, l'enquête, à mon avis, l'autrice, elle s'en est servie comme une sorte d'allégorie, tu vois, du regard que la société, elle porte sur Kia. On a besoin d'un coupable. Il s'est passé quelque chose, on a besoin d'un coupable. Mais surtout, on va chercher à confirmer les préjugés qu'on a sur Kia.

  • Speaker #1

    Mais d'ailleurs, c'est ce que ton avocat a dit.

  • Speaker #0

    Oui, oui, oui, complètement. c'est qu'on n'est pas là pour juger des faits, on vient juger une différence. Et c'est là où, pour moi, c'est toute la dimension morale, et plus que, voilà, il y a quelqu'un qui est décédé, et puis on doit trouver qui est le criminel, tu vois. La dimension policière, pour moi, dans le film et dans le livre, elle fonctionne très bien. Je trouve que ça rythme bien le roman, que ça maintient le lecteur. Moi, ça m'a maintenue dans une forme d'incertitude tout du long. Je trouve ça très habile, parce que... Le suspense, c'est un très bon ingrédient, je trouve, dans un livre. Et en même temps, ça crée une opposition entre un regard, comment on pourrait dire ça, froid, méthodique, face à... Enfin, je veux dire, j'oppose le regard froid, méthodique et très normatif de l'enquête à, d'un coup, le regard très sensible et très instinctif et donc très libre de qui a, tu vois. Et puis, il faut quand même le dire, on a le lieu du tribunal. qui apparaît dans le livre, qui est vraiment pour moi le territoire d'observation. On est vraiment spectateur du conflit entre deux mondes. Littéralement, c'est vraiment deux mondes qui s'opposent. On n'a pas du tout l'impression d'assister au jugement de quelqu'un qui a tué quelqu'un. Moi, je n'ai pas eu du tout ce ressenti. C'est en ça que je trouve vraiment la place de l'enquête est incroyable. très bien ficelé à la fois dans le roman et dans le livre, même si dans le film, c'est pour moi un peu différent. Je ne sais pas si tu partages cet avis, par exemple.

  • Speaker #1

    Oui, je suis complètement d'accord que l'enquête est très bien intégrée dans ce roman qui parle de nature. Je trouve que si elle n'était pas là, je ne suis pas sûre que le livre aurait eu le même impact. Parce que tout le dénouement aussi de l'histoire se joue avec cette histoire d'enquête et de meurtre, etc. Donc pour moi, elle a vraiment toute sa place et heureusement qu'elle est là, même si c'est pas l'élément central, parce que, complètement d'accord avec toi aussi, elle est pas omniprésente. Et ça fait beaucoup dans l'histoire. Ensuite, la différence par rapport au film, je suis d'accord avec toi aussi, dans le film, l'enquête, dans mes souvenirs, parce que je l'ai jamais revue. Ah si, je l'ai revue, il y a... Trois ans, je dis une bêtise. Mais dans le film, l'enquête est beaucoup plus présente, si ma mémoire est bonne.

  • Speaker #0

    Oui, complètement. Je veux dire, c'est un terrain qui est beaucoup plus visible. C'est presque le fil rouge du film.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Moi, j'ai le souvenir dans ma tête qu'en gros, il y a l'enquête au milieu, dans le film, qu'il y a l'enquête au milieu et que tout gravite autour de l'enquête, alors que dans le livre, ce n'est pas du tout ça.

  • Speaker #0

    Non.

  • Speaker #1

    Dans le livre, au centre, c'est le marais. Et qu'il y a quoi ?

  • Speaker #0

    Complètement. Oui, là, c'est un... C'est plutôt un fil rouge. Et puis, je veux dire, toutes les scènes, le tribunal, les fouilles dans le film, c'est beaucoup plus spectaculaire, c'est beaucoup plus mise en scène. Après, moi, personnellement, ça ne me pose pas de problème. Dans le sens où je trouve qu'adapter un livre au cinéma, c'est accepter des choix, c'est accepter des formats, c'est accepter des amplitudes. Donc, en soi, moi, je suis complètement OK avec ça.

  • Speaker #1

    Oui, il faut accepter que ça ne sera pas la copie du livre.

  • Speaker #0

    Non.

  • Speaker #1

    Ce n'est pas possible, en fait.

  • Speaker #0

    Non, absolument pas.

  • Speaker #1

    Et du coup, au sens large, tu en as pensé quoi du film ? Est-ce que tu as bien aimé ?

  • Speaker #0

    Oui, franchement, j'ai plutôt bien aimé. Moi, ce que j'ai surtout apprécié de voir, c'est la mise en image. En fait, les couleurs, la lumière, le marais, ces trois espaces-là. mis en image. Évidemment que quand on le lit, on l'imagine, mais dans le film, c'est beau. D'un coup, il y a la couleur, la puissance du cinéma qui entre en jeu. C'est indéniable. J'ai trouvé l'actrice principale, qu'on la cite quand même, c'est Daisy Edgar Jones. Incroyable. Franchement, j'ai trouvé qu'elle incarnait très bien Kia. Je l'ai trouvée très convaincante. Et d'ailleurs, la Kia, enfin... Et aussi incroyable. Moi, elle est énorme. J'ai pas retenu son nom, je suis désolée, mais je l'ai trouvée remarquable.

  • Speaker #1

    Je suis d'accord.

  • Speaker #0

    Donc, niveau mise en image, je trouve que le film a de très, très belles choses.

  • Speaker #1

    La Kia enfant s'appelle Giorgio Reggina.

  • Speaker #0

    Ah ben voilà. Elle est superbe. Elle est vraiment superbe. Moi, je la trouve très émouvante. Après, j'ai préféré le livre. J'ai préféré le livre pour une seule raison. vraiment, c'est que pour moi, le livre, il prend le temps. Il prend le temps parce qu'il déploie. Il installe la solitude, les silences, toutes les sensations. Dans le film, il y a certaines zones de... Comment on pourrait dire ? Il y a certaines zones de respiration qui sont ultra présentes dans le livre qui, ici, sont moins rendues tangibles, disons, et qui sont plutôt remplacées par des scènes un peu plus d'action. Mais... Ce n'est pas forcément un défaut, selon moi. Pour moi, c'est le prix de l'adaptation. C'est-à-dire qu'on est en train de faire un film, on ne construit pas un livre de la même manière qu'on construit un film. Pour moi, c'est complètement impossible de transposer, de transporter tout ce que tu trouves dans un livre, dans un film. Tu fais des choix, par défaut, tu supprimes des choses, tu en mets d'autres. En conclusion, j'ai bien aimé le film. et j'ai juste senti que le film, il apportait quelque chose, à savoir les couleurs, la lumière, et il en perd une chose, à savoir la lenteur et la contemplation, même s'il y a des moments lents. Mais je trouve que toute la lenteur qui est très installée dans le livre, parce que pour moi, c'est dans ces moments-là que le roman, il excelle. Je ne l'ai pas forcément retrouvé dans le film.

  • Speaker #1

    Ok, je comprends.

  • Speaker #0

    Vu que toi, tu as vu le film avant, je ne sais pas que ça change. Parce que moi, en regardant le film après, le processus, évidemment, il est différent. Il y a toujours ce truc de tu as vu le film ou tu as lu le livre avant.

  • Speaker #1

    C'est ça. Moi, du coup, c'est différent, évidemment, parce que déjà, j'ai adoré le film. Incroyable. Et en fait, au final, moi, c'est le roman qui est venu compléter le film. Et pas l'inverse. Donc, je n'ai pas eu ce sentiment de scène tronquée, on a un peu modifié la structure pour servir le film, etc. Du coup, moi, je n'ai pas eu ce sentiment. Et c'est pour ça aussi que, fait rare je crois, mais j'adore voir les films avant de lire des livres. Parce que je ne suis pas déçue.

  • Speaker #0

    Mais moi, d'habitude, je fais ça. Et je suis de ta team, complètement. J'adore voir les films. Souvent, mais non ! Ah non, non, moi je suis complètement comme toi, parce que je trouve qu'après, je me dis, c'est super, je vais lire le livre, et vu qu'il n'y a plus le temps, je vais avoir encore plus de détails qui vont s'ajouter à ce que j'ai vu.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Mais bon, ben là...

  • Speaker #1

    Mais effectivement, j'ai pas, c'est un grand mot que j'utilise, mais j'ai pas cette déception que t'as pu ressentir. Moi, le film, j'en ai vraiment un souvenir incroyable, et je te rejoins complètement sur la colorimétrie, les images du Marais incroyable. je trouve que tous les acteurs jouent bien mais alors particulièrement les deux actrices qui font Kia, effectivement, que ça soit enfant ou adulte. Et puis alors, je suis désolée, c'est peut-être hyper débile ce que je vais dire, mais qu'est-ce qu'elle est belle ! C'est incroyable, moi je la trouve magnifique, cette actrice, et à chaque fois, quand elle est à l'écran, sachant qu'elle est à l'écran 98,5% du film, je trouve qu'elle prend toute la place, elle a un charisme de fou. Bref, j'ai adoré. C'est pour ça que j'ai lu le livre, de toute façon. C'est ça qui m'a donné envie de lire le livre. Juste aussi, pour précision, le livre, il fait quatre... Enfin, moi, j'ai l'édition Point, qui est sortie en 2018, enfin 2019, je pense, avant le film. Je vais y arriver. Et il fait 460 pages. Donc, ça rejoint aussi, tu vois, ce que tu disais, qu'en 460 pages, il y a le temps de prendre le temps, en fait. Même si le film,

  • Speaker #0

    on n'est pas sur un film d'une heure et demie, je crois qu'il fait 2h10, quelque chose comme ça. Je sais plus,

  • Speaker #1

    tu vois.

  • Speaker #0

    Oui, parce que moi je sais, parce que de base j'aime les films d'une heure et demie, au-delà me demande un peu plus de concentration, mais en effet, je crois qu'il est à plus de 2h10 ou 2h15. Ok, tu as raison, 2h15. Oui, il garde un espace quand même pour la contemplation, c'est pas complètement retiré du film, parce que ça aurait été raté, selon moi. Mais c'est vrai qu'ils ont moins le temps pour ça, forcément. Dans l'incidence, on ne va pas faire un film de 4 heures.

  • Speaker #1

    Pour terminer cet épisode, je vais te demander deux choses. De façon synthétique, qu'est-ce que tu retires de cette histoire ? Et est-ce que tu pourrais nous lire un extrait du livre que tu as aimé ou qui t'a marqué ?

  • Speaker #0

    Alors, déjà, moi, ce que je retiens personnellement, c'est la puissance. Vraiment, la puissance, je le répète et j'insiste sur le mot, de la résilience et la beauté singulière d'une vie qui se construit malgré l'abandon, qui à moi m'a montré qu'on peut apprendre à se soutenir soi-même, à écouter le monde, à se nourrir de la nature, de ses rythmes, pour devenir autonome. Pour moi, c'est un récit où... L'isolement et la marginalité ne sont pas que des épreuves. Il y en a des épreuves, mais ce n'est pas que ça. Il y a une très, très grosse place pour l'apprentissage. Pour moi, c'est des terrains d'apprentissage, des espaces où va se forger une sensibilité, une force et une subtilité du regard énorme. Pour moi, c'est... Alors là, je pars vraiment dans le cliché bateau, mais... C'est les premiers mots qui me viennent, mais pour moi, c'est la célébration de la vie qui persiste, qui est fragile, mais obstinée. C'est une vie qui est attentive aux détails, aux signes du monde. C'est un roman où la solitude devient carrément un langage, en fait, où chaque geste, vraiment chaque geste dans le marais, chaque observation de la nature, chaque lien humain contribue à... à l'épanouissement. C'est complètement une invitation à observer, à ressentir et à se laisser surtout, je vais finir par ça, mais à se laisser transformer par tout ce qui nous traverse. Vraiment d'accepter d'être transformé par ce qui nous traverse. Pour la lecture, l'extrait est assez court. Ce que j'ai choisi, c'est vraiment juste un tout petit paragraphe. Et d'ailleurs, je tiens à dire que c'est un paragraphe, c'est un des tout premiers moments de proximité entre Tate et Kia. C'est juste, la scène se passe juste avant leur premier baiser. Et pour moi, elle représente vraiment tout ce qu'on a dit juste avant. Les couleurs, la nature, la contemplation, la beauté. Et donc c'est page 161 de l'édition de chez Point. À ce moment précis, le vent se leva et des milliers et des milliers de feuilles jaunes de sycomores furent arrachées à leurs branches pour traverser le ciel. Les feuilles d'automne ne tombent pas, elles volent, elles prennent leur temps, errent un moment, car c'est leur seule chance de jamais s'élever dans les airs. « reflétant la lumière du soleil, elle tourbillonnaire, voguère et voltère dans les courants. » Voilà. Et il y a une scène comme ça dans le film avec toutes ces feuilles, avec cette lumière et Tate et Kia l'un en face de l'autre avant ce fameux premier baiser.

  • Speaker #1

    J'aurais pu t'écouter pendant tout le livre, je pense.

  • Speaker #0

    C'est un coup de feu.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Anaïs d'avoir partagé ce moment avec moi.

  • Speaker #0

    Merci à toi Pauline, merci, vraiment merci de m'avoir permise ce rendez-vous, comme je l'ai dit, comme je trouve que c'est des rendez-vous avec les livres et que jusqu'ici il était sur les tables et jamais entre mes mains. Écoute, tu as permis ça.

  • Speaker #1

    Ça me fait grand plaisir. En tout cas, si vous avez déjà lu ce livre, je serais très contente d'avoir votre retour, votre avis, savoir si vous êtes d'accord. ou pas, avec ce qu'on a pu dire et échanger. Et si vous ne l'avez pas lu, je ne peux que vous le conseiller. Voilà, j'espère que cet épisode aura pu vous donner envie de découvrir Là où chantent les écrevisses de Delia Owens, parce que pour moi, c'est un coup de cœur dans ma vie. Anaïs l'a aussi beaucoup apprécié. Donc j'espère qu'on a su vous donner envie, et je vous donne rendez-vous une prochaine fois. Merci encore, Anaïs.

  • Speaker #0

    Merci Pauline.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir partagé ce moment avec nous. Si cet épisode vous a plu, N'hésitez pas à en parler autour de vous et sur les réseaux sociaux. Et pour rappel, le podcast à nous deux, c'est un mardi sur deux.

Description

Dans cet épisode, je retrouve Anaïs pour analyser et discuter du roman à succès Là où chantent les écrevisses de Delia Owens.


Ensemble, nous partageons nos ressentis, ce que cette histoire nous a fait vivre, et pourquoi ce livre continue de marquer autant de lecteurs à travers le monde.


Nous revenons sur :

  • les thèmes forts du roman (solitude, nature, résilience, mystère),

  • les personnages qui nous ont touchées ou laissées plus sceptiques,

  • ce qu’on a adoré… et ce qu’on a un peu moins aimé,

  • l’ambiance unique du marais et la manière dont l’autrice construit son univers,

  • l’impact émotionnel du récit et ce qui en fait une lecture marquante.


Un épisode idéal pour ceux qui ont aimé le livre, qui hésitent à le lire, ou qui aiment écouter des analyses littéraires, des avis sur des romans populaires, et des discussions autour de la lecture.


Si tu veux retrouver l'univers d'Anaïs, tu peux la suivre sur son compte instagram : @anais.swiatek



Un mardi sur deux, on papote ensemble autour d’un sujet de vie, sans pression, juste entre nous.


Pauline ✨


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Salut ! Bienvenue sur le podcast de à nous deux.

  • Speaker #1

    Il y a des lectures et des histoires qui marquent plus que d'autres. De mon côté, je peux citer Jane Eyre de Charlotte Bronté, Le Comte de Montecristo d'Alexandre Dumas, La Nuit des Temps de Barjavel, mais plus récemment, Là où chantent les écrevisses est venu me cueillir sans crier gare car il n'est pas nommé dans la liste des classiques littéraires connus et reconnus. Ce roman de Delia Owens datant de 2018, je l'ai d'abord connu au cinéma et j'ai ensuite voulu connaître l'origine des images et de l'histoire qui m'avaient déjà séduite. J'ai envie d'en parler sur le podcast depuis très longtemps et pour cela, j'ai invité Anaïs. Bonjour à tous, je suis super contente de vous retrouver aujourd'hui parce que pour ne rien vous cacher, depuis que j'ai créé le podcast, j'ai très envie d'aborder la thématique de ce livre et de pouvoir en parler. Comme vous l'avez compris dans l'introduction, c'est un de mes romans préférés, là où chantent les écrevisses de Delia Owens. Et je suis ravie de faire cet épisode avec Anaïs, qui est déjà venue sur le podcast, avec qui on a fait un épisode sur l'art en général, pour discuter un petit peu d'art, des ressentis, etc., que vous pouvez aller écouter. Anaïs a répondu présente parce que je lui ai conseillé de lire ce livre. On verra si elle a aimé ou pas dans la suite de cet épisode, mais en tout cas, elle est présente aujourd'hui pour en discuter avec moi. Merci Anaïs d'être là aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Merci à toi Pauline.

  • Speaker #1

    Comme vous avez entendu dans l'introduction de cet épisode, ce roman est assez récent. Il est même récent dans le monde de la littérature. Il date de 2018 et il y a eu une adaptation cinématographique qui est sortie en 2022. Pour vous l'expliquer, je pense que les mots d'Anaïs peuvent être très bien. Est-ce que tu peux nous faire ton résumé de ce livre ?

  • Speaker #0

    Je vais essayer. C'est l'histoire de Kia. une petite fille qui vit dans les marais de Caroline du Nord et que sa famille abandonne peu à peu. Elle se retrouve seule, elle apprend à survivre et à vivre au rythme du marais. Des années plus tard, on a un jeune homme du village qui est retrouvé mort et qui va devenir la principale suspecte. Et donc le roman va alterner entre son enfance solitaire et l'enquête autour de ce drame jusqu'à ce que les deux histoires se rejoignent. Alors, si je devais résumer ce livre, je dirais que c'est l'histoire d'une fille qu'on laisse seule et qui finit par appartenir à un endroit plus qu'à des gens.

  • Speaker #1

    On va arrêter l'épisode ici, c'est parfait, merci, bon son ! Non, tu l'as super bien résumé, enfin, à mes yeux, moi qui l'ai lu, mais je trouve que tu l'as hyper bien résumé. Effectivement, c'est un roman où la solitude et la nature sont deux éléments omniprésents et Kya n'est pas que le personnage central, à mes yeux en tout cas. Pour moi, il y a deux personnages centraux, c'est E la nature, donc le marais, et Kya. Quand est-ce que tu l'as lu ? Je l'ai un petit peu dit, c'était il y a quelques mois. Là, pour vous situer, on enregistre, on est au mois d'octobre 2025. Tu l'as lu quand, toi ?

  • Speaker #0

    J'ai acheté ce livre au printemps dernier, donc suite à ton invitation pour le podcast et je l'ai lu au mois de juin. C'est un livre, il faut savoir que je connaissais déjà, mais que je n'avais vraiment jamais eu l'occasion de croiser. Parce que moi, je crois que les lectures, c'est un peu des rendez-vous. Et celui-là, il n'était pas encore passé sur ma route. Et concernant le film, lui, je l'ai vu très récemment, début octobre. Donc, je pense que j'avais besoin de digérer un peu le livre et de rester un tout petit peu avec la kia du livre avant de découvrir l'adaptation. Même si je sais que pour toi ça a été l'inverse.

  • Speaker #1

    À complet. Oui, effectivement. Donc le film est sorti en 2022 et moi je l'ai vu au cinéma. Donc à sa sortie, je ne savais pas du tout, je n'avais jamais entendu parler du livre. Vraiment, j'y suis allée parce que je vais souvent au ciné et que, je ne sais pas, le titre m'a parlé. Je me suis dit tiens, c'est quoi ? Et je n'ai même pas vu de bande-annonce, rien. Je suis juste allée comme ça et je suis restée scotchée devant le film. J'ai été abasourdie par cette histoire, par ce personnage, par les plans. Tout ce que j'ai vu, je suis tombée amoureuse du Marais. Et je suis sortie de la salle de ciné, je me suis dit, je vais chercher le livre. Parce que forcément, comme dans toute adaptation, on sait très bien que quand c'est tiré d'un livre, il y aura plus d'éléments encore dans le livre. Donc je me suis dit, j'en veux encore, j'en ai besoin. Vraiment, je l'avais ressenti comme ça. Et du coup, je suis allée chercher le livre et j'ai dû le lire peut-être 15 jours après avoir vu le film. Et bon, ça a été une lecture hyper frappante qui est toujours avec moi aujourd'hui. C'est toujours un livre que je conseille aux gens parce qu'il m'a vraiment marquée. Il a eu un impact sur moi. Dans les grandes lignes, toi, du coup, c'est quoi ton avis sur cette histoire ?

  • Speaker #0

    Alors, je vais essayer vraiment de faire dans les grandes lignes. Déjà, je trouve que c'est une histoire très réussie.

  • Speaker #1

    Pour un premier roman, en plus. Parce que je ne l'ai pas dit, mais... Ah bah tiens, vous n'avez pas cité son premier roman ? Oui. Ah bah oui, ok. Tout à fait, c'était son premier ouvrage publié.

  • Speaker #0

    Pour le coup, je trouve que l'histoire est très réussie, se dégage d'une poésie et une beauté très, très singulières. Même à travers des thèmes qu'on peut juger, je dirais, sensibles ou douloureux. Et ce qui m'a frappée, moi, c'est la manière dont l'autrice mélange différents genres. Si tu veux, on a d'un côté le roman d'apprentissage, de l'autre, on a toute une partie suspense, policier, etc. On a aussi tous les ingrédients de l'histoire d'amour. Et je trouve que ce qu'il y a de frappant, c'est qu'elle arrive à conserver un très bel équilibre. Je comprends parfaitement pourquoi le roman a été lu par, je crois, 5 millions de personnes dans le monde. L'écriture est hyper fluide, les ingrédients sont très bien dosés. autant de mystère, qu'il y a d'émotion, qu'il y a d'attention aux détails. Il y a une construction qui tient très bien le lecteur. Je trouve que c'est très difficile de ne pas se laisser embarquer, très honnêtement. Après, si je peux amener une critique, je ne trouve pas le roman parfait. Je trouve qu'il y a certains clichés, je trouve qu'il y a certaines même facilités dans le scénario, des moments où, comment on pourrait dire, des moments où l'intrigue, elle est un peu attendue, mais Merci. Je trouve que c'est jamais ce qui domine. Je pense que l'essentiel reste plutôt intact. Moi, c'est une histoire comme toi qui m'a vraiment marquée, qui reste en mémoire. Je trouve qu'elle a cette force de créer un univers et une sensibilité qui persiste bien après la lecture de la dernière page. Enfin, moi, c'est plus récent que toi, mais depuis juin, j'y pense encore. Donc, voilà.

  • Speaker #1

    Limite, je suis un peu fière. C'est pas vrai. Oui, il l'a écrit, mais je suis en mode, là, c'est bien, ça a quand même marqué.

  • Speaker #0

    Non, mais oui, c'est un rendez-vous, mais c'est vrai que c'est une invitation en même temps. C'est vrai.

  • Speaker #1

    Mais je suis d'accord avec toi. Le roman n'est pas parfait, mais je pense que c'est aussi ça qui fait que je l'adore et que ça marche. Je ne sais pas quel rapport tu as avec ça, mais de toute façon, il n'y a jamais rien de parfait. Et ça rend le roman encore plus naturel. Je ne sais pas si c'est le bon terme, mais parce que la nature n'est pas parfaite. Tu vois, les humains le sont encore moins. Les hommes, avec un grand Z, le sont encore moins. parce que... Il y a aussi ça que j'aime dans ce roman. On va rentrer peut-être un peu plus dans le détail. Comme je le disais dans l'intro, on va essayer de ne pas trop spoiler, mais on est quand même là pour parler du livre. On ne va pas dire les gros cliffhangers et tout, mais on va en parler un petit peu. Donc oui, il y a une grosse critique de la société, que ce soit sur la marginalité de certaines personnes. Comme tu disais, Kya, elle vit dans le marais, sa famille vient du marais, donc il y a aussi une stigmatisation de ces personnes-là. Il y a aussi toute la partie raciale, on voit le racisme sur les personnes noires. Et puis, il y a aussi cette critique sur les hommes, sur les hommes masculins, dans le sens où on voit la dureté, la lâcheté des hommes aussi, en tout cas de certains, qui est vraiment pointée du doigt. dans ce roman, et aussi toute la stupidité de l'être humain dans, je le disais déjà un petit peu, mais voilà, la stigmatisation de dire, ah mais s'il y a eu un meurtre, c'est forcément la fille du marais, elle est bizarre, elle reste vive toute seule dans sa cabane, et en plus elle sait à peine lire, parce que oui, c'est plus facile de pointer du doigt cette personne-là plutôt qu'une autre. Donc je trouve que c'est un livre qui dénonce beaucoup de choses sur le fait d'être. en dehors des cases. Et je pense aussi que c'est aussi pour ça qu'il m'a touchée. Il a eu cette atmosphère-là où tu te sens rejetée avec elle alors qu'en fait il n'y a pas de raison. Puis il y a tout cet aspect autour de la nature qui est vraiment omniprésente. Et je ne sais pas si tu as eu cette info aussi, mais l'autrice était avant zoologue et botaniste, biologiste, etc. C'est aussi pour ça qu'elle connaît hyper bien la faune, la flore. Et ça se ressent, je trouve. Elle décrit vraiment très bien l'environnement dans ce bouquin. Et je suis complètement d'accord avec toi quand tu dis qu'elle mélange hyper bien les genres. Parce qu'il va y avoir du suspense comme dans un thriller. Il va aussi y avoir les codes de l'amour. C'est un roman aussi contemplatif. Je pense que c'est important de le dire. Autant il y a des chapitres où ça va vite en termes d'action, et autant il y a d'autres moments dans le livre où c'est plus posé, parce qu'à ce moment-là, la nature est plus calme. Et je trouve qu'on vit le livre à ses différents rythmes. Je ne sais pas si tu me rejoins là-dessus.

  • Speaker #0

    Oui, complètement.

  • Speaker #1

    Et c'est tout ça, en fait, qui rend cette histoire folle et qui, je pense, fait rejoindre plein de personnes sur le fait que, oui, ce livre, il est aimé, je crois. En tout cas, il a été énormément lu. Comment est-ce que toi, tu t'es sentie dans le marais avec Kia, que ça soit quand elle est petite, quand elle est adulte ? Qu'est-ce que t'as ressenti ? Qu'est-ce que ça t'a fait ressentir, en fait, son histoire à elle ?

  • Speaker #0

    Je m'y suis sentie très, très bien dans ces marais. Et je crois qu'il y a... Je crois vraiment qu'il n'y a rien d'étonnant à ça, au fait de se sentir bien. Parce que je pense déjà qu'il y a une chose, c'est que je crois que l'imaginaire collectif, il a tendance à confondre marais et marécage. Et dans le début du livre, je ne sais pas si tu te souviens, ils en parlent immédiatement. Pour remettre un peu le contexte, un marais, c'est un endroit qui est lumineux, c'est un endroit qui est vivant, c'est un endroit qui est poétique. Un marécage, c'est boueux, c'est humide et c'est souverain. C'est souvent associé à un danger. Et là, très clairement, on n'est pas dans les marécages. On est vraiment dans un lieu lumineux, vivant, comme je l'ai dit, poétique, naturel. Et je me dis, mais comment ne pas s'y sentir bien ? Très honnêtement, la nature qu'a créée l'autrice, elle est tellement exacerbée, tellement magnifiée, que moi, j'ai eu la sensation d'être en sécurité. C'est un lieu qui accueille, c'est un lieu qui t'enveloppe, qui protège. J'ai vraiment... ressenti l'idée même d'un je vais employer le mot, mais d'un refuge. C'est un lieu où le temps, t'en as parlé tout à l'heure, mais le temps il s'étire autrement en fait. Et moi qui suis dans une recherche de calme toujours dans ma vie quotidienne, là il y a une lenteur qui s'impose dans le livre qui est incroyable, qui est vraiment incroyable et qui transparaît dans chacune des pages. Et puis une autre chose qui participe vachement au fait de se sentir bien là-bas, c'est que les marins, ils apparaissent aussi comme une sorte d'espace d'apprentissage. C'est un lieu d'initiation, c'est-à-dire que chaque élément de la nature, et donc tu me l'apprends sur le passé de l'autrice, je ne savais pas du tout qu'elle avait, moi qui pourtant fais souvent des recherches sur les autrices, j'avoue que là je suis passée complètement à côté. Chaque élément de la nature vient t'enseigner quelque chose, c'est-à-dire que tu as les plantes qui nécessitent qu'on apprenne à les reconnaître, à les toucher, à les respecter, tu as tout ce qui se passe dans l'eau. le mouvement des poissons, la manière dont elle reflète la lumière, ce qu'il vit dans le sable, dans la terre, les traces des animaux. La liste est énorme, ce qui se passe dans les airs. Vraiment, le marais apparaît comme une sorte de maître, de maîtresse silencieuse pour toi. C'est un lien entre toutes ces choses. On ne fait pas que regarder. Même quand on est lectrice du livre, on n'est pas que en train de... de regarder et d'assister à ça. On vit, on ressent toutes ces choses et je crois que ça crée une sensation de sécurité et de familiarité. En tout cas, moi, c'est ce que j'ai ressenti. Après, je ne sais pas si toi, c'est quelque chose que tu partages dans les marais, mais moi, je ne m'y attendais pas du tout. Et pourtant, j'ai été chopée, littéralement.

  • Speaker #1

    Je suis carrément d'accord avec toi que moi, j'ai ressenti une appartenance. Comme si j'aurais pu y vivre. Comme si j'aurais pu être Kya, tu vois. Alors, j'en vis pas sa vie, clairement, certainement pas son enfance. Mais, tu vois, je me disais, oh là là, en fait, j'ai envie d'y être. J'adorerais y vivre, j'adorerais vivre ce qu'elle vit, tu vois. Parce que c'est exactement ça, c'est de l'observation. Et en plus, tu vois, Kya évoluait aussi de la même manière que la nature évolue, c'est-à-dire avec lenteur, avec réussite, échec, mais tout en douceur, en fait. parce qu'on suit sa vie, de quasiment sa naissance, il me semble, jusqu'à la fin de sa vie, qu'elle passe dans sa maison, dans le marais. Et tu vois cette évolution avec la nature et tu la vois évoluer avec tout ce qui l'entoure, avec toutes ces problématiques à elle en tant qu'être humain qui vit dans cet environnement. Et c'est trop beau. Moi, je me suis sentie trop bien dans cette lecture. j'étais Par rapport vraiment au personnage de Kya, j'ai ressenti, c'est bizarre, mais je ressentais comme de la fierté, une grosse sororité aussi par rapport à elle. Parce qu'en fait, tu la vois évoluer et tu vois qu'elle a une résilience de fou, qu'elle a un courage dont elle ne se rend même pas compte, je pense. Et puis aussi... Alors ça, c'est mon côté un peu revanchard. Mais tu vois, tous ces gens qui disaient « Ah, mais elle est bête, elle est idiote, regardez-la, bouh ! » Alors qu'en fait, elle a une intelligence extrême, que ça soit émotionnelle ou même autre. Ah ouais, moi, j'étais trop bien. Enfin, j'ai vraiment ce sentiment où je me sentais bien. Alors que pourtant, tu te dis « Bon, un marais, quand même, c'est un endroit avec de l'eau salée, c'est humide. » Enfin, tu vois, même si c'est lumineux et tout, bon, ça reste quand même un endroit humide. Mais ouais, j'étais quand même bien. Je me disais quand même, moi aussi, je veux une petite cabane dans le marais.

  • Speaker #0

    Mais je pense aussi que c'est dû au fait que, tu vois, quand elle était petite, je ne dis pas qu'elle subissait le marais, mais elle était là, elle n'avait pas spécialement le choix, elle est née ici. Et quand elle grandit, je trouve qu'elle habite pleinement les lieux. Elle se les est complètement appropriées. Et ça participe vachement, c'est-à-dire que nous, avec elle, on s'approprie aussi les lieux, tu vois, on s'approprie... tout l'apprentissage qu'elle va en faire et donc d'incidence, ça participe aussi, nous, à notre bien-être en tant que lecteur, je trouve.

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai. Ce qu'on peut dire, c'est qu'à la toute base, je crois qu'il y a à peine l'eau courante, il n'y a pas d'électricité. On ne parle vraiment de rien. Quand je vous dis cabane, c'est vraiment la cabane. Ce n'est pas une maison. Ce n'est pas du tout quelque chose de confortable ce dans quoi elle vit. Enfin, confortable. par rapport aux autres êtres humains qui vivent dans la ville à côté aussi, il faut remettre dans le contexte, années 50, Etats-Unis, bon, il y a certaines personnes qui n'avaient pas de droit, en fait. Et c'est aussi bien recontextualisé dans ce roman-là. Comment tu la décrirais, Kia ?

  • Speaker #0

    Déjà, comme on l'a un tout petit peu évoqué, c'est vrai qu'on a accès à plusieurs Kias, alors pas plusieurs personnalités, mais plusieurs moments de sa vie. on a... Le livre, il démarre, on a une Kya qui est enfant. Moi, Kya, enfant, elle m'a complètement bouleversée. Je trouve qu'il y a quelque chose d'à la fois très dur, mais en même temps très lumineux dans cette petite fille qu'on va laisser seule et qui apprend à tout faire par elle-même. J'ai été profondément touchée par son instinct, par sa façon d'apprendre sans mots, j'ai envie de dire, juste en observant, en écoutant. Après, je dois dire quand même que là, c'est là où j'ai aussi mes petites réserves et mes petites critiques. Quand je disais que ce n'est pas un roman parfait, j'ai eu du mal parfois à y croire complètement. Si on peut amener du coup la critique, il y a un côté enfant sauvage qui m'a un peu idéalisé, qui m'a chiffonné. Je veux dire le fait de survivre seule ou presque pendant des années. Tu te dis, elle se nourrit à peu près des mêmes choses de janvier à décembre. Elle utilise le même bateau pendant 15 ans. On ne voit pas s'il a des problèmes, le bateau, mais pendant 15 ans, il est nickel. Alors qu'on sait dès le début qu'il n'est pas top. Elle a réussi à échapper aux services sociaux, aux agents fédéraux. Tu vois, elle coupe son bois, elle ne tombe jamais malade. Bon, tout ça, c'est extrêmement beau, mais c'est un poil trop romanesque. Oui, je suis d'accord. Quel que... Tu vois, c'est des petites facilités de scénario. Bon, on passe à côté, on ne le montre pas vraiment. Voilà, bon, j'amène mes petites critiques quand même pour dire que...

  • Speaker #1

    Ah mais t'as raison, parce que c'est une réalité. Dans le livre, ça n'existe pas, quoi.

  • Speaker #0

    Oui, voilà, c'est ça.

  • Speaker #1

    Alors que dans la vie, ça serait pas pareil.

  • Speaker #0

    Voilà, on se dit, on balaye et c'est plus facile d'un point de vue scénario. Ça fait avancer plus vite l'histoire. Après, on a accès à l'Akia en jeune femme. Ce que je trouve très beau dans Laquia, jeune femme, c'est qu'elle garde en elle, je ne sais pas si toi aussi tu l'as aperçu, mais cette petite trace de l'enfance. Il y a une forme d'innocence, de curiosité presque animale et qui progressivement, et c'est là où c'est très bien fait dans la construction de son personnage, c'est qu'on va y ajouter, jusqu'à ce qu'elle devienne Laquia, femme, on y ajoute la force du désir, la force du rêve et la force de création pour en faire. finalement une femme qui choisit, une femme qui cherche et une femme qui espère. C'est-à-dire qu'en tant qu'adulte, Kya, en fait, elle est un espace de connaissance et de beauté aussi, tu vois, par son observation mais aussi par ses dessins. C'est là où je disais création, c'est que Kya, adulte, elle collectionne, elle dessine, d'ailleurs c'est un petit parallèle avec sa mère, Peignet. Donc, Donc... Donc voilà pour la Kia adulte. Et là où je disais espoir, c'est que moi, je la vois aussi comme une femme vraiment pleine d'espoir. Parce que malgré tout ce qu'elle va vivre, c'est-à-dire le départ de sa mère, le départ de ses frères, puis de son père, malgré la dureté du village, des gens envers elle, pour moi, c'est une femme qui va garder espoir jusqu'au bout, à plein d'endroits. Et c'est peut-être ça qui va la rendre... profondément humaine, je dirais. Donc pour moi, tu vois, KIA, elle est faite un petit peu de cette tension-là. Je la situerais entre le sauvage et le tendre, entre la fuite et le lien, et puis entre le silence et le besoin d'être vu.

  • Speaker #1

    Et je rebondis sur ce que tu disais sur la KIA jeune adulte, on va dire, qui a un peu ce côté enfantin. Je suis d'accord avec toi, et moi j'ai l'impression que je ressens ça. Parce que la kia jeune adulte, elle n'a pas été scolarisée. Et du coup, il y a plein de choses de la vie, je mets des guillemets, mais je ne sais pas comment dire autrement, mais de la vie civile, qu'elle ne connaît pas. Et du coup, ça donne aussi ce côté tendre de l'enfance, tu sais, des enfants qui disent, ah mais ça, c'est quoi ? Et ça, comment on fait ? Et du coup, je me demande si ce n'est pas à cause de ça que je ressens ça, tu vois. où j'ai de la tendresse pour elle comme j'ai de la tendresse pour un enfant, alors qu'à ce moment-là, elle a 16, 18, 20 ans, je ne sais plus exactement. Oui,

  • Speaker #0

    mais c'est vrai qu'elle a des réactions, elle a des mimiques et des choses très naïves qu'on pourrait attribuer plutôt à l'enfance, plutôt qu'à une jeune femme. Donc oui, il y a une tendresse qui est créée, je pense volontairement, pour le lecteur, puis ensuite par rapport au film, qui est très bien traduit d'ailleurs dans le film aussi, je trouve.

  • Speaker #1

    Mais oui, ça crée... gros attachement envers elle en fait je passe à la place des hommes dans ce bouquin qui reflète très bien notre société actuelle de toute façon d'ailleurs je trouve que tout le livre finalement il y a plein de bon après il est pas vieux le livre il est de 2018 encore une fois mais ça parle des années 60, 70 il y a toujours des thématiques qui sont là Alors, les hommes.

  • Speaker #0

    Écoute, moi, ce qui m'a frappée, c'est à quel point Kya évolue dans un monde presque exclusivement masculin. C'est comme si le féminin s'était complètement effacé autour d'elle.

  • Speaker #1

    Le féminin s'est barré avec sa mère.

  • Speaker #0

    Oui, c'est exactement ce que j'allais dire. À partir du moment où sa mère part, puis ses sœurs, mais ses sœurs sont nommées comme des sœurs, mais elles n'existent même pas. Elle part, là, elle va rester seule avec son père. son père qui est quand même bancal, instable, alcoolique. Bon, elle va quand même tenter de l'apprivoiser. Je dirais qu'elle va tenter de l'apprivoiser pas par amour, mais parce que on va dire que c'est tout ce qui lui reste. Oui, qu'elle en a besoin,

  • Speaker #1

    en fait.

  • Speaker #0

    Voilà, elle est petite. Je crois qu'elle a 7 ans à ce moment-là. Donc, il y a entre eux une forme de cohabitation très fragile qui va s'installer. Et d'ailleurs, je trouve que le père de Kya, c'est sans doute la figure la plus complexe du roman. Même s'il n'apparaît pas si longtemps que ça. Mais je trouve que ce que j'ai ressenti, c'est qu'il était hyper ambigu. Il incarne à la fois une présence et en même temps une absence. Parce qu'il est ultra présent par sa violence, etc. Et en même temps, il est complètement absent dans son rôle de père. Il incarne la peur autant que l'habitude. Et en fait, c'est la seule trace de famille qu'elle a. Et c'est tout ce que la famille ne devrait pas être, finalement, son père. C'est quelqu'un, on l'a dit, très violents, de... de colérie, qu'il est souvent perdu dans ses propres fantômes. C'est un homme qui n'a pas su aimer, qui n'a pas su protéger, qui ne tire même pas debout, finalement, qu'on se le dise. Et puis, il va rester là peu de temps, finalement. J'essaye de ne pas spoil, ce n'est pas évident. Mais bon, ce n'est pas vraiment un spoil de dire qu'il ne va pas rester très longtemps. On a conclu qu'il va aller être seul. Voilà. Et que Kya va s'y accrocher, je pense, un peu faute d'autre chose. Mais vis-à-vis de lui, Kya, elle est extrêmement sur la défensive. Moi, c'est ce que j'ai ressenti. Elle est sur la défensive. De toute façon, vu qu'il représente tout sauf la stabilité, je pense qu'elle est en incapacité de lâcher prise. Elle est toujours prête à se replier si jamais ça dérape. Mais il y a une chose, je pense, positive avec le personnage du père que moi j'ai noté, c'est que hum... il va quand même lui apprendre des choses avant de partir. Il ne va pas lui laisser un héritage d'amour, ce qu'on laisse habituellement, mais plutôt un héritage de survie. Il va y avoir ce truc de la pêche, le bateau. Puis c'est quand même lui qui va l'amener au magasin. On n'a pas encore parlé de Jumpin et Mabel, mais c'est lui qui va faire en sorte que ce lieu puisse exister dans la tête de Kia. Donc en gros, il va lui transmettre peut-être ce qu'il a de plus solide en lui. à savoir la survie. Et puis aussi, c'est là où je disais tout à l'heure il est aussi absent que présent, c'est que grâce à lui, mais surtout grâce à son absence, il va apprendre à ne dépendre de personne. À savoir si c'est quelque chose de positif ou négatif, dans tous les cas, c'est ce qui va la former après et ce qui va lui permettre de faire ce qu'elle entreprend. Voilà, c'est ce que j'allais dire sur le père. Après, évidemment, il y a d'autres personnages. Je ne sais pas si tu as envie de rebondir, c'est pour ça que sur le papa, à... De Kia ou non.

  • Speaker #1

    Ouais, alors je suis complètement d'accord avec toi que son père, clairement, lui a appris la survie et la solitude, dès le départ. Après, oui, bien sûr, il y a d'autres figures masculines dans le livre dont j'aimerais parler. Pour moi, il y a... Si je ne dis pas de bêtises, quatre figures masculines dans le livre qui sont vraiment très présentes. Il y a son père, comme tu l'as expliqué. Il y a Tate, qui est son premier amour. Sa première figure aussi masculine douce qui ne lui fait pas peur, qui ne l'attaque pas. Ils commencent à se connaître quand ils sont enfants. Clairement, c'est la safe place. Ensuite, il y a Chase. qui est une autre figure masculine, qui est, on va dire, la figure qui aurait pu représenter, je pense, son père, et qui est aussi une figure masculine toxique, très clairement. Et on retrouve aussi, j'ai oublié son prénom, mais tu l'as dit tout à l'heure, le...

  • Speaker #0

    Jumpin.

  • Speaker #1

    Jumpin, qui, pour moi, est la figure paternelle adoptive de Kia. Complètement. Pour moi, vraiment, dans le livre, c'est ces quatre figures masculines là qui tournent autour de Kya. Alors, en figure aussi féminine, pour moi, il n'y a que Mabel qu'on retrouve qui est là, mais pas aussi présente que ces quatre autres caractères dans le livre, en fait. Je ne sais pas si tu ressens la même chose que moi, mais je trouve que finalement, C'est très masculin, son entourage, même si elle est très peu entourée.

  • Speaker #0

    Oui, complètement. Non, non, elle évolue dans un univers, comme je l'ai dit tout à l'heure, complètement, exclusivement masculin. Et puis oui, ma belle, c'est parce que c'est la femme de Jumpin. Elle va amener, en effet, cette petite chaleur féminine. Mais c'est vrai qu'elle est en second plan.

  • Speaker #1

    Carrément. Il y a aussi un de ses frères qui, à un moment... réapparaît de nulle part, presque.

  • Speaker #0

    Oui, j'allais l'ajouter, moi, en cinquième, peut-être, figure. Je trouve importante, même si elle l'est moins que les autres, mais je l'ajouterais quand même. Parce que je trouve que Jodie, je crois qu'il s'appelle ce frère-là. Parce que les autres frères, bon, voilà, pareil, c'est comme les sœurs, ils partent, on ne sait pas trop qui ils sont, puis on ne les revoit pas, etc. Et Jodie, on sent que quand ils sont enfants, déjà, ils ont un lien particulier. ces deux-là, ils ont un lien. J'ai l'impression que Jodie, c'est le seul à pouvoir amener, en dehors de l'admiration que Kia est là pour sa mère, Jodie, c'est le seul qui tente d'amener un peu de lumière à Kia, justement, dans ce contexte compliqué dans lequel ils vivent. Et puis, surtout, je trouve qu'à partir du moment où Jodie s'en va, C'est quand même un enfant, il part, il est enfant lui, il part pour se sauver. Et en fait, on sent, enfin moi en tout cas j'ai ressenti que Kya comprenait à ce moment-là que l'amour, ça ne suffit pas à retenir ceux qui ont envie de survivre. Moi ça, ça m'a bouleversée en fait, parce que c'est un enfant qui part et tu sens qu'il a un attachement profond pour sa sœur, néanmoins il la laisse. Et pourtant... je ne l'ai pas ressenti contrairement à la mère et au père je ne l'ai pas ressenti comme un abandon parce qu'ils ont ce lien particulier où Jodie finalement ce n'est pas un refuge ce n'est pas un abandon mais il y a une forme d'attachement qui va résister et on le voit après vu qu'il y a une petite ellipse etc. et où il réapparaît et que malgré le silence il y a cet attachement qui est inexplicable et qui existe parfois entre deux êtres ou entre deux frères et sœurs et puis voilà c'est là et ça existe et même si c'est peu présent dans le film et dans le livre, ça existe et c'est important pour Kya.

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai. Mais j'ai un doute et c'est peut-être ma mémoire qui me fait défaut. Donc, tu vas sûrement pouvoir me dire. Mais moi, il me semble que Jodie, quand il part, il demande à Kya de venir avec lui. Et c'est elle qui dit, non, moi, je reste ici. Mais j'ai un doute.

  • Speaker #0

    Ouais, j'ai pas eu cette impression-là. Moi, j'ai eu vraiment l'impression qu'il partait pour se sauver et qu'il lui donnait quelques clés. Voilà, tu vois, il y a justement ce truc que je trouve très beau qui fait référence du coup au titre du livre. Il lui dit « si t'as des ennuis, va te cacher dans le marais, là où chantent les écrevisses » . Et il lui dit ça. Donc en gros, voilà, il lui dit que lui, il doit partir, il doit se sauver, il a des plans. Bon, on ne sait pas quels plans il a, il est gosse, mais néanmoins, il lui donne un peu ce truc-là. Est-ce qu'il espère que, ou peut-être il le sait même, que le père sera différent peut-être avec elle ? Je ne sais pas. Enfin, c'est des choses qui sont un peu laissées en suspens et peut-être que le lecteur, lui, a créé les idées qu'il a envie de créer par rapport à ces éléments où il n'y a pas vraiment de réponse. mais voilà

  • Speaker #1

    Oui, carrément. Mais c'est ça aussi que j'apprécie dans ce roman. C'est qu'il y a plein de zones d'ombre où on ne sait pas trop ce qui s'est passé, on ne sait pas trop ce qui est vrai et ce qui est faux. Je pense que c'est ça aussi qui nourrit l'imaginaire du lecteur et qu'on fait des suppositions et qu'en fait, on écrit aussi dans notre tête l'histoire de Kia et l'histoire de sa famille et de tout ce qui s'est passé. Je trouve que c'est aussi une des richesses du livre parce que jusqu'à la fin, il y a plein de trucs qu'on ne sait pas. le lecteur a sa place le lecteur a sa place et ça c'est comme dans les films c'est quelque chose que j'apprécie je sais pas toi mais moi c'est vraiment quelque chose que j'aime bien qu'on me laisse aussi que tout ne soit pas servi sur un plateau et qu'on me laisse ma part à moi d'autofilm ou d'autofiction en tout cas dans ma tête après c'est aussi vachement un livre qui parle de solitude, elle est omniprésente dans cette histoire, mais elle parle aussi beaucoup de relations sociales, que ce soit amoureuse, vraiment sociétale. Comment tu l'as perçue, toi ?

  • Speaker #0

    C'est vrai qu'on est sur une mise en scène d'une société profondément divisée, très clairement. On a l'impression que tout... semblent obéir à une sorte de hiérarchie, alors même si elle est invisible, elle est complètement implacable. On a d'un côté ceux qui appartiennent à la société, je mets les guillemets, civilisée, et puis de l'autre, ceux qu'elle relègue, à savoir les Noirs, les pauvres et les habitants du Marais. Et chacun vit dans un territoire bien délimité, que ce soit géographique et symbolique. Et Kya, ce qui est marrant, c'est que par exemple, elle, elle grandit dans une espèce d'entre-deux. Elle se situe dans le marais, mais elle est assez proche dans l'histoire pour apercevoir les gens du village, mais elle est trop éloignée symboliquement, culturellement, socialement, pour en faire partie. Tu vois ? D'ailleurs, il y a l'épisode de l'école qui, pour moi, est l'illustration parfaite. sans spoiler, etc. En effet, Kya, c'est quelqu'un qui n'est pas scolarisé. Et à un moment, elle va se retrouver à l'école. Elle va s'y retrouver parce qu'on va lui suggérer, on va lui faire croire que potentiellement, c'est un monde dans lequel elle peut exister. Et là, je veux dire, inconsciemment, elle va tenter de franchir cette frontière. Mais dès son entrée, la violence, elle est incroyable. C'est-à-dire que sa différence, elle saute aux yeux. et là La cruauté, je n'ai pas peur d'employer ce mot, mais la cruauté enfantine, elle s'abat sur elle, littéralement. Et elle comprend que cet endroit, ce n'est pas le sien. Ce n'est pas le sien. Et quand elle part, pour moi, le départ, il clôt symboliquement toute tentative d'intégration. C'est vraiment... Moi, c'est vraiment cette scène, je ne sais pas ce que tu en as pensé, mais elle est déchirante. Et puis, les images du film sont même pires, j'ai envie de dire.

  • Speaker #1

    Oui, ça fait très mal au cœur.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    et bah je te coupe pardon mais parce que je trouve qu'il y a une deuxième tentative de se rendre dans la société c'est quand elle est avec Chase et que tu sais elle le croise dans la rue et que ça se passe pas bien et qu'en plus il y a ses parents et que clairement il la regarde de haut en bas et lui dire oula pourquoi cette fille te parle en fait au secours quoi Et je trouve que c'est aussi un deuxième moment. Et il me semble aussi qu'il y a une histoire de soirée sur la plage ou un truc comme ça, où il l'invite et où tout le monde la regarde de travers en mode, mais pourquoi il y a la fille du marais ?

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. Mais du coup, je pense que c'est peut-être intéressant de reparler de ces deux figures masculines, pour remettre un peu le contexte de Chase, justement. Parce qu'en effet, on a Tate, dont tu as parlé, qui est son premier amour, qui, lui, est là, c'est le personnage qui incarne la douceur, c'est lui qui va lui apprendre à lire, à nommer le monde, à écrire, il est patient, il est attentif, etc. Et puis d'un côté, en effet, on a ce Chase. Là, encore une fois, je suis désolée, j'amène une toute petite critique, parce que je ne sais pas si tu Ausha tête, les gens ne le voient pas, mais il y a une opposition très forte, presque caricaturale, entre ces deux personnages.

  • Speaker #1

    Abusée même.

  • Speaker #0

    Voilà, c'est une facilité, on a pris d'un côté l'un, enfin voilà.

  • Speaker #1

    Il y a l'ange et le démon, quoi.

  • Speaker #0

    C'est ça, mais...

  • Speaker #1

    Pardon, mais même si... T'es pas tout blanc non plus, parce que... Bon, ça spoil un peu, désolée, mais... il se barre du jour au lendemain et surtout il abandonne qui il y a.

  • Speaker #0

    Oui, mais moi je ne l'ai pas vécu comme un abandon. Tu vois, contrairement aux gens de chaque année.

  • Speaker #1

    Je ne l'ai pas vécu comme un abandon.

  • Speaker #0

    Non, mais parce qu'en effet, il va partir, mais j'ai l'impression qu'en fait, il doit partir. C'est plus... Il doit partir. Lui, c'est vrai qu'au moment où il la rencontre, il est dans un schéma d'études, etc. Et donc, il y a des choses qui, de base, étaient prévues, on va dire. Bon, voilà, il n'a pas modifié ses plans, il n'a pas fait le gars, j'abandonne tout. pour toi, etc. Bon. Mais c'est vrai que de l'autre côté, il y a cette opposition entre les deux qui est un peu caricaturale. Néanmoins, je nuance mon propos parce que je trouve et c'est peut-être là pour ça qu'elle a choisi, je ne suis pas dans la tête de l'autrice, mais peut-être pour ça qu'elle a choisi ces deux opposés, ces deux visages de l'amour différent, c'est que ça permet de montrer par contraste l'autonomie et la lucidité que Kia, elle va acquérir parce qu'elle va apprendre à s'ouvrir avec Tate autant qu'à se protéger avec Chase. Et je trouve que du coup, elle va apprendre avec tout ça à exister à sa propre manière. Et donc, pour revenir sur Chase, lui, en effet, lui va arriver après la forme d'abandon, je mets plein de guillemets, le départ de Tate. Il va profiter de cette absence. Il en profite.

  • Speaker #1

    Clairement.

  • Speaker #0

    Voilà, c'est le personnage du coup qui est séduisant, qui est dominateur, manipulateur, qui joue sur les... le sentiment d'isolement aussi de Kia. Et du coup, il y a un mélange de danger et de contrôle. Et je ne sais plus pourquoi j'avais besoin qu'on refasse un point sur... Ah bah oui, par rapport à l'épisode en effet, où Kia justement, elle se retrouve une deuxième fois avec une tentative d'intégration et que là, en effet, elle est avec Chase et Chase, il appartient à un autre univers. Lui, il appartient aux gens du village, à cette société ... du regard et du jugement, d'incidence, évidemment. Ça crée une vraie... Je ne sais pas comment on pourrait dire ça, mais une césure entre les deux.

  • Speaker #1

    Une dualité de rapports. Voilà,

  • Speaker #0

    elle est là-dedans. Et évidemment, déjà qu'elle est mal à l'aise, qu'elle est gauche, la pauvre, on est vraiment de son côté. Et puis d'un coup, il y a cette dureté qui apparaît face à elle, face aux amis de Chase, face à sa famille. Donc, là, en effet, si avant, l'école, déjà de base, ça avait été un peu la gifle, là, bon.

  • Speaker #1

    Je crois que cet épisode-là, moi, je l'ai ressenti comme ça. J'étais en mode, bon, là, c'est bon, ça l'a terminé. Je pense qu'elle n'essayera même plus, en fait.

  • Speaker #0

    Oui, non, c'est fini.

  • Speaker #1

    On arrête les frais, quoi.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    J'avais vraiment eu ce sentiment de... Non, mais la pauvre. Et après, t'as la Kya, qui a du caractère, quoi, et qui dit, bon, c'est bon, vous m'avez saoulée. Moi, c'est pas ma vie, c'est pas mon combat.

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #1

    Je m'en fous, quoi.

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #1

    Mais c'est vrai qu'il y a plein de relations sociales qui sont quand même différentes, caricaturales. Je suis complètement d'accord avec toi. Peut-être trop, parce que c'est parfois un peu trop noir, trop blanc. Ouais. Mais tu vois, comme tu le disais pour le personnage du père, qui est complexe et bien construit, à l'inverse... tu vois celui de Chase bien construit aussi qui répond à tous les critères du connard ouais même les rêves point complexe mais tu vois je trouve que Chase à l'inverse du personnage du père je trouve que c'est celui qui est le plus

  • Speaker #0

    facile d'accès parce que zéro surprise sur le gars quoi ouais même si moi j'ai eu un je sais pas si c'est un espoir je vois ce que tu veux dire oui mais Merci. Tu vois, le moment où... Peut-être que... Ouais, j'ai pas su, tu vois, démêler, me dire est-ce que c'est de la manipulation ou est-ce que tu vois, les moments où Akia, il lui dit tu es la seule personne qui me... Il n'y a que toi qui me connais vraiment. Il n'y a qu'avec toi que je peux être... vrai. Il lui dit ça à plusieurs reprises à Kia et je me suis dit, est-ce que il a cette intelligence de voir qu'en face, il a quelqu'un de spécial, quelqu'un de sensible, quelqu'un d'ouvert et que c'est la vérité, c'est ce qu'il pense, mais à côté de ça, vu qu'il est terrible, en fait, c'est pas suffisant ou est-ce que là aussi, on est encore dans de la manipulation de vu que tu es à part, d'essayer de dire, je te donne ce rôle de tuer la fille à part. J'ai pas su, vraiment, c'est ambigu. pour moi.

  • Speaker #1

    Après, je pense que dans toute manipulation, il y a aussi une certaine vérité. Tu vois, donc moi, j'ai ce sentiment que oui, il se sentait lui-même avec Kia parce que c'est un animal et qu'en tant qu'animal, elle le voyait... Enfin, tu vois, il pouvait être entre guillemets naturel avec elle. Je sais pas si ce que je dis, c'est clair. Il avait pas tous ses artifices de la société qu'il peut avoir avec ses parents et à l'école,

  • Speaker #0

    tu vois.

  • Speaker #1

    Parce qu'aussi, ce moment-là de... du livre, ils sont adolescents, mais adolescents 17, 18 ans, peut-être un truc comme ça. Donc c'est aussi en plein dans cette période de l'adolescence où t'es dans le paraître, etc. Et moi je le vois, ou quand il lui dit ça c'est, bah avec toi, j'enlève mes artifices, et je sais que toi comme tu n'en as pas, tu comprends.

  • Speaker #0

    Oui peut-être.

  • Speaker #1

    Moi tu vois, je le vois comme ça. Mais du coup, manipulateur. Parce qu'il se sert d'elle quoi. T'es un connard, je l'aime pas. Mais Tate, bon, il s'est bien rattrapé, mais je l'ai pas beaucoup aimé non plus, quand même.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai que son départ... Non,

  • Speaker #1

    attends, cette scène où elle l'attend sur la plage parce qu'il lui a dit « Tel jour, je serai là, attends-moi... »

  • Speaker #0

    C'est pas seulement le départ, c'est le départ et les promesses après.

  • Speaker #1

    Ah ouais, non, ça, moi, je pardonne pas.

  • Speaker #0

    Voilà encore autre chose.

  • Speaker #1

    Ah ouais, non, mais franchement, elle s'endort et moi, ça m'a crevé le cœur. Et puis avec le film aussi, maintenant, j'ai cette scène dans ma tête et je suis là genre, mais non, mais connard. Non, c'est pas possible. Moi, j'avais plein d'espoir en lui. Tu l'as dit et on l'a dit toutes les deux, il y a une enquête et ça mélange aussi du thriller, ce bouquin. Pour toi, quelle est la place de l'enquête dans le livre ?

  • Speaker #0

    Écoute-moi, dans le livre... ce que j'aime particulièrement, c'est que l'enquête, elle ne vient jamais parasiter l'histoire principale. Je trouve qu'elle est là plutôt comme une sorte de structure. Elle donne un cadre narratif. Il y a une tension qui est presque invisible même au début, qui est différente d'ailleurs dans le choix de la réalisation du film, peut-être qu'on en reviendra après. Mais je trouve que tu vois, Et c'est là où c'est intelligent. L'enquête, elle vient imposer, je ne sais pas si ça va être hyper clair ce que je vais raconter, mais ça vient imposer une sorte de logique humaine alors qu'on est dans un espace qui n'obéit qu'à des lois naturelles. Tu vois, ça crée ces deux espaces, toujours en confrontation. Et après, moi, je n'ai pas eu l'impression qu'on était dans une enquête de type polar. Et ça, c'est ce que j'ai aimé, parce que vraiment, moi, ce n'est pas mon truc. mais qu'on était plus dans une enquête morale, finalement. Pour moi, l'enquête, à mon avis, l'autrice, elle s'en est servie comme une sorte d'allégorie, tu vois, du regard que la société, elle porte sur Kia. On a besoin d'un coupable. Il s'est passé quelque chose, on a besoin d'un coupable. Mais surtout, on va chercher à confirmer les préjugés qu'on a sur Kia.

  • Speaker #1

    Mais d'ailleurs, c'est ce que ton avocat a dit.

  • Speaker #0

    Oui, oui, oui, complètement. c'est qu'on n'est pas là pour juger des faits, on vient juger une différence. Et c'est là où, pour moi, c'est toute la dimension morale, et plus que, voilà, il y a quelqu'un qui est décédé, et puis on doit trouver qui est le criminel, tu vois. La dimension policière, pour moi, dans le film et dans le livre, elle fonctionne très bien. Je trouve que ça rythme bien le roman, que ça maintient le lecteur. Moi, ça m'a maintenue dans une forme d'incertitude tout du long. Je trouve ça très habile, parce que... Le suspense, c'est un très bon ingrédient, je trouve, dans un livre. Et en même temps, ça crée une opposition entre un regard, comment on pourrait dire ça, froid, méthodique, face à... Enfin, je veux dire, j'oppose le regard froid, méthodique et très normatif de l'enquête à, d'un coup, le regard très sensible et très instinctif et donc très libre de qui a, tu vois. Et puis, il faut quand même le dire, on a le lieu du tribunal. qui apparaît dans le livre, qui est vraiment pour moi le territoire d'observation. On est vraiment spectateur du conflit entre deux mondes. Littéralement, c'est vraiment deux mondes qui s'opposent. On n'a pas du tout l'impression d'assister au jugement de quelqu'un qui a tué quelqu'un. Moi, je n'ai pas eu du tout ce ressenti. C'est en ça que je trouve vraiment la place de l'enquête est incroyable. très bien ficelé à la fois dans le roman et dans le livre, même si dans le film, c'est pour moi un peu différent. Je ne sais pas si tu partages cet avis, par exemple.

  • Speaker #1

    Oui, je suis complètement d'accord que l'enquête est très bien intégrée dans ce roman qui parle de nature. Je trouve que si elle n'était pas là, je ne suis pas sûre que le livre aurait eu le même impact. Parce que tout le dénouement aussi de l'histoire se joue avec cette histoire d'enquête et de meurtre, etc. Donc pour moi, elle a vraiment toute sa place et heureusement qu'elle est là, même si c'est pas l'élément central, parce que, complètement d'accord avec toi aussi, elle est pas omniprésente. Et ça fait beaucoup dans l'histoire. Ensuite, la différence par rapport au film, je suis d'accord avec toi aussi, dans le film, l'enquête, dans mes souvenirs, parce que je l'ai jamais revue. Ah si, je l'ai revue, il y a... Trois ans, je dis une bêtise. Mais dans le film, l'enquête est beaucoup plus présente, si ma mémoire est bonne.

  • Speaker #0

    Oui, complètement. Je veux dire, c'est un terrain qui est beaucoup plus visible. C'est presque le fil rouge du film.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Moi, j'ai le souvenir dans ma tête qu'en gros, il y a l'enquête au milieu, dans le film, qu'il y a l'enquête au milieu et que tout gravite autour de l'enquête, alors que dans le livre, ce n'est pas du tout ça.

  • Speaker #0

    Non.

  • Speaker #1

    Dans le livre, au centre, c'est le marais. Et qu'il y a quoi ?

  • Speaker #0

    Complètement. Oui, là, c'est un... C'est plutôt un fil rouge. Et puis, je veux dire, toutes les scènes, le tribunal, les fouilles dans le film, c'est beaucoup plus spectaculaire, c'est beaucoup plus mise en scène. Après, moi, personnellement, ça ne me pose pas de problème. Dans le sens où je trouve qu'adapter un livre au cinéma, c'est accepter des choix, c'est accepter des formats, c'est accepter des amplitudes. Donc, en soi, moi, je suis complètement OK avec ça.

  • Speaker #1

    Oui, il faut accepter que ça ne sera pas la copie du livre.

  • Speaker #0

    Non.

  • Speaker #1

    Ce n'est pas possible, en fait.

  • Speaker #0

    Non, absolument pas.

  • Speaker #1

    Et du coup, au sens large, tu en as pensé quoi du film ? Est-ce que tu as bien aimé ?

  • Speaker #0

    Oui, franchement, j'ai plutôt bien aimé. Moi, ce que j'ai surtout apprécié de voir, c'est la mise en image. En fait, les couleurs, la lumière, le marais, ces trois espaces-là. mis en image. Évidemment que quand on le lit, on l'imagine, mais dans le film, c'est beau. D'un coup, il y a la couleur, la puissance du cinéma qui entre en jeu. C'est indéniable. J'ai trouvé l'actrice principale, qu'on la cite quand même, c'est Daisy Edgar Jones. Incroyable. Franchement, j'ai trouvé qu'elle incarnait très bien Kia. Je l'ai trouvée très convaincante. Et d'ailleurs, la Kia, enfin... Et aussi incroyable. Moi, elle est énorme. J'ai pas retenu son nom, je suis désolée, mais je l'ai trouvée remarquable.

  • Speaker #1

    Je suis d'accord.

  • Speaker #0

    Donc, niveau mise en image, je trouve que le film a de très, très belles choses.

  • Speaker #1

    La Kia enfant s'appelle Giorgio Reggina.

  • Speaker #0

    Ah ben voilà. Elle est superbe. Elle est vraiment superbe. Moi, je la trouve très émouvante. Après, j'ai préféré le livre. J'ai préféré le livre pour une seule raison. vraiment, c'est que pour moi, le livre, il prend le temps. Il prend le temps parce qu'il déploie. Il installe la solitude, les silences, toutes les sensations. Dans le film, il y a certaines zones de... Comment on pourrait dire ? Il y a certaines zones de respiration qui sont ultra présentes dans le livre qui, ici, sont moins rendues tangibles, disons, et qui sont plutôt remplacées par des scènes un peu plus d'action. Mais... Ce n'est pas forcément un défaut, selon moi. Pour moi, c'est le prix de l'adaptation. C'est-à-dire qu'on est en train de faire un film, on ne construit pas un livre de la même manière qu'on construit un film. Pour moi, c'est complètement impossible de transposer, de transporter tout ce que tu trouves dans un livre, dans un film. Tu fais des choix, par défaut, tu supprimes des choses, tu en mets d'autres. En conclusion, j'ai bien aimé le film. et j'ai juste senti que le film, il apportait quelque chose, à savoir les couleurs, la lumière, et il en perd une chose, à savoir la lenteur et la contemplation, même s'il y a des moments lents. Mais je trouve que toute la lenteur qui est très installée dans le livre, parce que pour moi, c'est dans ces moments-là que le roman, il excelle. Je ne l'ai pas forcément retrouvé dans le film.

  • Speaker #1

    Ok, je comprends.

  • Speaker #0

    Vu que toi, tu as vu le film avant, je ne sais pas que ça change. Parce que moi, en regardant le film après, le processus, évidemment, il est différent. Il y a toujours ce truc de tu as vu le film ou tu as lu le livre avant.

  • Speaker #1

    C'est ça. Moi, du coup, c'est différent, évidemment, parce que déjà, j'ai adoré le film. Incroyable. Et en fait, au final, moi, c'est le roman qui est venu compléter le film. Et pas l'inverse. Donc, je n'ai pas eu ce sentiment de scène tronquée, on a un peu modifié la structure pour servir le film, etc. Du coup, moi, je n'ai pas eu ce sentiment. Et c'est pour ça aussi que, fait rare je crois, mais j'adore voir les films avant de lire des livres. Parce que je ne suis pas déçue.

  • Speaker #0

    Mais moi, d'habitude, je fais ça. Et je suis de ta team, complètement. J'adore voir les films. Souvent, mais non ! Ah non, non, moi je suis complètement comme toi, parce que je trouve qu'après, je me dis, c'est super, je vais lire le livre, et vu qu'il n'y a plus le temps, je vais avoir encore plus de détails qui vont s'ajouter à ce que j'ai vu.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Mais bon, ben là...

  • Speaker #1

    Mais effectivement, j'ai pas, c'est un grand mot que j'utilise, mais j'ai pas cette déception que t'as pu ressentir. Moi, le film, j'en ai vraiment un souvenir incroyable, et je te rejoins complètement sur la colorimétrie, les images du Marais incroyable. je trouve que tous les acteurs jouent bien mais alors particulièrement les deux actrices qui font Kia, effectivement, que ça soit enfant ou adulte. Et puis alors, je suis désolée, c'est peut-être hyper débile ce que je vais dire, mais qu'est-ce qu'elle est belle ! C'est incroyable, moi je la trouve magnifique, cette actrice, et à chaque fois, quand elle est à l'écran, sachant qu'elle est à l'écran 98,5% du film, je trouve qu'elle prend toute la place, elle a un charisme de fou. Bref, j'ai adoré. C'est pour ça que j'ai lu le livre, de toute façon. C'est ça qui m'a donné envie de lire le livre. Juste aussi, pour précision, le livre, il fait quatre... Enfin, moi, j'ai l'édition Point, qui est sortie en 2018, enfin 2019, je pense, avant le film. Je vais y arriver. Et il fait 460 pages. Donc, ça rejoint aussi, tu vois, ce que tu disais, qu'en 460 pages, il y a le temps de prendre le temps, en fait. Même si le film,

  • Speaker #0

    on n'est pas sur un film d'une heure et demie, je crois qu'il fait 2h10, quelque chose comme ça. Je sais plus,

  • Speaker #1

    tu vois.

  • Speaker #0

    Oui, parce que moi je sais, parce que de base j'aime les films d'une heure et demie, au-delà me demande un peu plus de concentration, mais en effet, je crois qu'il est à plus de 2h10 ou 2h15. Ok, tu as raison, 2h15. Oui, il garde un espace quand même pour la contemplation, c'est pas complètement retiré du film, parce que ça aurait été raté, selon moi. Mais c'est vrai qu'ils ont moins le temps pour ça, forcément. Dans l'incidence, on ne va pas faire un film de 4 heures.

  • Speaker #1

    Pour terminer cet épisode, je vais te demander deux choses. De façon synthétique, qu'est-ce que tu retires de cette histoire ? Et est-ce que tu pourrais nous lire un extrait du livre que tu as aimé ou qui t'a marqué ?

  • Speaker #0

    Alors, déjà, moi, ce que je retiens personnellement, c'est la puissance. Vraiment, la puissance, je le répète et j'insiste sur le mot, de la résilience et la beauté singulière d'une vie qui se construit malgré l'abandon, qui à moi m'a montré qu'on peut apprendre à se soutenir soi-même, à écouter le monde, à se nourrir de la nature, de ses rythmes, pour devenir autonome. Pour moi, c'est un récit où... L'isolement et la marginalité ne sont pas que des épreuves. Il y en a des épreuves, mais ce n'est pas que ça. Il y a une très, très grosse place pour l'apprentissage. Pour moi, c'est des terrains d'apprentissage, des espaces où va se forger une sensibilité, une force et une subtilité du regard énorme. Pour moi, c'est... Alors là, je pars vraiment dans le cliché bateau, mais... C'est les premiers mots qui me viennent, mais pour moi, c'est la célébration de la vie qui persiste, qui est fragile, mais obstinée. C'est une vie qui est attentive aux détails, aux signes du monde. C'est un roman où la solitude devient carrément un langage, en fait, où chaque geste, vraiment chaque geste dans le marais, chaque observation de la nature, chaque lien humain contribue à... à l'épanouissement. C'est complètement une invitation à observer, à ressentir et à se laisser surtout, je vais finir par ça, mais à se laisser transformer par tout ce qui nous traverse. Vraiment d'accepter d'être transformé par ce qui nous traverse. Pour la lecture, l'extrait est assez court. Ce que j'ai choisi, c'est vraiment juste un tout petit paragraphe. Et d'ailleurs, je tiens à dire que c'est un paragraphe, c'est un des tout premiers moments de proximité entre Tate et Kia. C'est juste, la scène se passe juste avant leur premier baiser. Et pour moi, elle représente vraiment tout ce qu'on a dit juste avant. Les couleurs, la nature, la contemplation, la beauté. Et donc c'est page 161 de l'édition de chez Point. À ce moment précis, le vent se leva et des milliers et des milliers de feuilles jaunes de sycomores furent arrachées à leurs branches pour traverser le ciel. Les feuilles d'automne ne tombent pas, elles volent, elles prennent leur temps, errent un moment, car c'est leur seule chance de jamais s'élever dans les airs. « reflétant la lumière du soleil, elle tourbillonnaire, voguère et voltère dans les courants. » Voilà. Et il y a une scène comme ça dans le film avec toutes ces feuilles, avec cette lumière et Tate et Kia l'un en face de l'autre avant ce fameux premier baiser.

  • Speaker #1

    J'aurais pu t'écouter pendant tout le livre, je pense.

  • Speaker #0

    C'est un coup de feu.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Anaïs d'avoir partagé ce moment avec moi.

  • Speaker #0

    Merci à toi Pauline, merci, vraiment merci de m'avoir permise ce rendez-vous, comme je l'ai dit, comme je trouve que c'est des rendez-vous avec les livres et que jusqu'ici il était sur les tables et jamais entre mes mains. Écoute, tu as permis ça.

  • Speaker #1

    Ça me fait grand plaisir. En tout cas, si vous avez déjà lu ce livre, je serais très contente d'avoir votre retour, votre avis, savoir si vous êtes d'accord. ou pas, avec ce qu'on a pu dire et échanger. Et si vous ne l'avez pas lu, je ne peux que vous le conseiller. Voilà, j'espère que cet épisode aura pu vous donner envie de découvrir Là où chantent les écrevisses de Delia Owens, parce que pour moi, c'est un coup de cœur dans ma vie. Anaïs l'a aussi beaucoup apprécié. Donc j'espère qu'on a su vous donner envie, et je vous donne rendez-vous une prochaine fois. Merci encore, Anaïs.

  • Speaker #0

    Merci Pauline.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir partagé ce moment avec nous. Si cet épisode vous a plu, N'hésitez pas à en parler autour de vous et sur les réseaux sociaux. Et pour rappel, le podcast à nous deux, c'est un mardi sur deux.

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Description

Dans cet épisode, je retrouve Anaïs pour analyser et discuter du roman à succès Là où chantent les écrevisses de Delia Owens.


Ensemble, nous partageons nos ressentis, ce que cette histoire nous a fait vivre, et pourquoi ce livre continue de marquer autant de lecteurs à travers le monde.


Nous revenons sur :

  • les thèmes forts du roman (solitude, nature, résilience, mystère),

  • les personnages qui nous ont touchées ou laissées plus sceptiques,

  • ce qu’on a adoré… et ce qu’on a un peu moins aimé,

  • l’ambiance unique du marais et la manière dont l’autrice construit son univers,

  • l’impact émotionnel du récit et ce qui en fait une lecture marquante.


Un épisode idéal pour ceux qui ont aimé le livre, qui hésitent à le lire, ou qui aiment écouter des analyses littéraires, des avis sur des romans populaires, et des discussions autour de la lecture.


Si tu veux retrouver l'univers d'Anaïs, tu peux la suivre sur son compte instagram : @anais.swiatek



Un mardi sur deux, on papote ensemble autour d’un sujet de vie, sans pression, juste entre nous.


Pauline ✨


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Salut ! Bienvenue sur le podcast de à nous deux.

  • Speaker #1

    Il y a des lectures et des histoires qui marquent plus que d'autres. De mon côté, je peux citer Jane Eyre de Charlotte Bronté, Le Comte de Montecristo d'Alexandre Dumas, La Nuit des Temps de Barjavel, mais plus récemment, Là où chantent les écrevisses est venu me cueillir sans crier gare car il n'est pas nommé dans la liste des classiques littéraires connus et reconnus. Ce roman de Delia Owens datant de 2018, je l'ai d'abord connu au cinéma et j'ai ensuite voulu connaître l'origine des images et de l'histoire qui m'avaient déjà séduite. J'ai envie d'en parler sur le podcast depuis très longtemps et pour cela, j'ai invité Anaïs. Bonjour à tous, je suis super contente de vous retrouver aujourd'hui parce que pour ne rien vous cacher, depuis que j'ai créé le podcast, j'ai très envie d'aborder la thématique de ce livre et de pouvoir en parler. Comme vous l'avez compris dans l'introduction, c'est un de mes romans préférés, là où chantent les écrevisses de Delia Owens. Et je suis ravie de faire cet épisode avec Anaïs, qui est déjà venue sur le podcast, avec qui on a fait un épisode sur l'art en général, pour discuter un petit peu d'art, des ressentis, etc., que vous pouvez aller écouter. Anaïs a répondu présente parce que je lui ai conseillé de lire ce livre. On verra si elle a aimé ou pas dans la suite de cet épisode, mais en tout cas, elle est présente aujourd'hui pour en discuter avec moi. Merci Anaïs d'être là aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Merci à toi Pauline.

  • Speaker #1

    Comme vous avez entendu dans l'introduction de cet épisode, ce roman est assez récent. Il est même récent dans le monde de la littérature. Il date de 2018 et il y a eu une adaptation cinématographique qui est sortie en 2022. Pour vous l'expliquer, je pense que les mots d'Anaïs peuvent être très bien. Est-ce que tu peux nous faire ton résumé de ce livre ?

  • Speaker #0

    Je vais essayer. C'est l'histoire de Kia. une petite fille qui vit dans les marais de Caroline du Nord et que sa famille abandonne peu à peu. Elle se retrouve seule, elle apprend à survivre et à vivre au rythme du marais. Des années plus tard, on a un jeune homme du village qui est retrouvé mort et qui va devenir la principale suspecte. Et donc le roman va alterner entre son enfance solitaire et l'enquête autour de ce drame jusqu'à ce que les deux histoires se rejoignent. Alors, si je devais résumer ce livre, je dirais que c'est l'histoire d'une fille qu'on laisse seule et qui finit par appartenir à un endroit plus qu'à des gens.

  • Speaker #1

    On va arrêter l'épisode ici, c'est parfait, merci, bon son ! Non, tu l'as super bien résumé, enfin, à mes yeux, moi qui l'ai lu, mais je trouve que tu l'as hyper bien résumé. Effectivement, c'est un roman où la solitude et la nature sont deux éléments omniprésents et Kya n'est pas que le personnage central, à mes yeux en tout cas. Pour moi, il y a deux personnages centraux, c'est E la nature, donc le marais, et Kya. Quand est-ce que tu l'as lu ? Je l'ai un petit peu dit, c'était il y a quelques mois. Là, pour vous situer, on enregistre, on est au mois d'octobre 2025. Tu l'as lu quand, toi ?

  • Speaker #0

    J'ai acheté ce livre au printemps dernier, donc suite à ton invitation pour le podcast et je l'ai lu au mois de juin. C'est un livre, il faut savoir que je connaissais déjà, mais que je n'avais vraiment jamais eu l'occasion de croiser. Parce que moi, je crois que les lectures, c'est un peu des rendez-vous. Et celui-là, il n'était pas encore passé sur ma route. Et concernant le film, lui, je l'ai vu très récemment, début octobre. Donc, je pense que j'avais besoin de digérer un peu le livre et de rester un tout petit peu avec la kia du livre avant de découvrir l'adaptation. Même si je sais que pour toi ça a été l'inverse.

  • Speaker #1

    À complet. Oui, effectivement. Donc le film est sorti en 2022 et moi je l'ai vu au cinéma. Donc à sa sortie, je ne savais pas du tout, je n'avais jamais entendu parler du livre. Vraiment, j'y suis allée parce que je vais souvent au ciné et que, je ne sais pas, le titre m'a parlé. Je me suis dit tiens, c'est quoi ? Et je n'ai même pas vu de bande-annonce, rien. Je suis juste allée comme ça et je suis restée scotchée devant le film. J'ai été abasourdie par cette histoire, par ce personnage, par les plans. Tout ce que j'ai vu, je suis tombée amoureuse du Marais. Et je suis sortie de la salle de ciné, je me suis dit, je vais chercher le livre. Parce que forcément, comme dans toute adaptation, on sait très bien que quand c'est tiré d'un livre, il y aura plus d'éléments encore dans le livre. Donc je me suis dit, j'en veux encore, j'en ai besoin. Vraiment, je l'avais ressenti comme ça. Et du coup, je suis allée chercher le livre et j'ai dû le lire peut-être 15 jours après avoir vu le film. Et bon, ça a été une lecture hyper frappante qui est toujours avec moi aujourd'hui. C'est toujours un livre que je conseille aux gens parce qu'il m'a vraiment marquée. Il a eu un impact sur moi. Dans les grandes lignes, toi, du coup, c'est quoi ton avis sur cette histoire ?

  • Speaker #0

    Alors, je vais essayer vraiment de faire dans les grandes lignes. Déjà, je trouve que c'est une histoire très réussie.

  • Speaker #1

    Pour un premier roman, en plus. Parce que je ne l'ai pas dit, mais... Ah bah tiens, vous n'avez pas cité son premier roman ? Oui. Ah bah oui, ok. Tout à fait, c'était son premier ouvrage publié.

  • Speaker #0

    Pour le coup, je trouve que l'histoire est très réussie, se dégage d'une poésie et une beauté très, très singulières. Même à travers des thèmes qu'on peut juger, je dirais, sensibles ou douloureux. Et ce qui m'a frappée, moi, c'est la manière dont l'autrice mélange différents genres. Si tu veux, on a d'un côté le roman d'apprentissage, de l'autre, on a toute une partie suspense, policier, etc. On a aussi tous les ingrédients de l'histoire d'amour. Et je trouve que ce qu'il y a de frappant, c'est qu'elle arrive à conserver un très bel équilibre. Je comprends parfaitement pourquoi le roman a été lu par, je crois, 5 millions de personnes dans le monde. L'écriture est hyper fluide, les ingrédients sont très bien dosés. autant de mystère, qu'il y a d'émotion, qu'il y a d'attention aux détails. Il y a une construction qui tient très bien le lecteur. Je trouve que c'est très difficile de ne pas se laisser embarquer, très honnêtement. Après, si je peux amener une critique, je ne trouve pas le roman parfait. Je trouve qu'il y a certains clichés, je trouve qu'il y a certaines même facilités dans le scénario, des moments où, comment on pourrait dire, des moments où l'intrigue, elle est un peu attendue, mais Merci. Je trouve que c'est jamais ce qui domine. Je pense que l'essentiel reste plutôt intact. Moi, c'est une histoire comme toi qui m'a vraiment marquée, qui reste en mémoire. Je trouve qu'elle a cette force de créer un univers et une sensibilité qui persiste bien après la lecture de la dernière page. Enfin, moi, c'est plus récent que toi, mais depuis juin, j'y pense encore. Donc, voilà.

  • Speaker #1

    Limite, je suis un peu fière. C'est pas vrai. Oui, il l'a écrit, mais je suis en mode, là, c'est bien, ça a quand même marqué.

  • Speaker #0

    Non, mais oui, c'est un rendez-vous, mais c'est vrai que c'est une invitation en même temps. C'est vrai.

  • Speaker #1

    Mais je suis d'accord avec toi. Le roman n'est pas parfait, mais je pense que c'est aussi ça qui fait que je l'adore et que ça marche. Je ne sais pas quel rapport tu as avec ça, mais de toute façon, il n'y a jamais rien de parfait. Et ça rend le roman encore plus naturel. Je ne sais pas si c'est le bon terme, mais parce que la nature n'est pas parfaite. Tu vois, les humains le sont encore moins. Les hommes, avec un grand Z, le sont encore moins. parce que... Il y a aussi ça que j'aime dans ce roman. On va rentrer peut-être un peu plus dans le détail. Comme je le disais dans l'intro, on va essayer de ne pas trop spoiler, mais on est quand même là pour parler du livre. On ne va pas dire les gros cliffhangers et tout, mais on va en parler un petit peu. Donc oui, il y a une grosse critique de la société, que ce soit sur la marginalité de certaines personnes. Comme tu disais, Kya, elle vit dans le marais, sa famille vient du marais, donc il y a aussi une stigmatisation de ces personnes-là. Il y a aussi toute la partie raciale, on voit le racisme sur les personnes noires. Et puis, il y a aussi cette critique sur les hommes, sur les hommes masculins, dans le sens où on voit la dureté, la lâcheté des hommes aussi, en tout cas de certains, qui est vraiment pointée du doigt. dans ce roman, et aussi toute la stupidité de l'être humain dans, je le disais déjà un petit peu, mais voilà, la stigmatisation de dire, ah mais s'il y a eu un meurtre, c'est forcément la fille du marais, elle est bizarre, elle reste vive toute seule dans sa cabane, et en plus elle sait à peine lire, parce que oui, c'est plus facile de pointer du doigt cette personne-là plutôt qu'une autre. Donc je trouve que c'est un livre qui dénonce beaucoup de choses sur le fait d'être. en dehors des cases. Et je pense aussi que c'est aussi pour ça qu'il m'a touchée. Il a eu cette atmosphère-là où tu te sens rejetée avec elle alors qu'en fait il n'y a pas de raison. Puis il y a tout cet aspect autour de la nature qui est vraiment omniprésente. Et je ne sais pas si tu as eu cette info aussi, mais l'autrice était avant zoologue et botaniste, biologiste, etc. C'est aussi pour ça qu'elle connaît hyper bien la faune, la flore. Et ça se ressent, je trouve. Elle décrit vraiment très bien l'environnement dans ce bouquin. Et je suis complètement d'accord avec toi quand tu dis qu'elle mélange hyper bien les genres. Parce qu'il va y avoir du suspense comme dans un thriller. Il va aussi y avoir les codes de l'amour. C'est un roman aussi contemplatif. Je pense que c'est important de le dire. Autant il y a des chapitres où ça va vite en termes d'action, et autant il y a d'autres moments dans le livre où c'est plus posé, parce qu'à ce moment-là, la nature est plus calme. Et je trouve qu'on vit le livre à ses différents rythmes. Je ne sais pas si tu me rejoins là-dessus.

  • Speaker #0

    Oui, complètement.

  • Speaker #1

    Et c'est tout ça, en fait, qui rend cette histoire folle et qui, je pense, fait rejoindre plein de personnes sur le fait que, oui, ce livre, il est aimé, je crois. En tout cas, il a été énormément lu. Comment est-ce que toi, tu t'es sentie dans le marais avec Kia, que ça soit quand elle est petite, quand elle est adulte ? Qu'est-ce que t'as ressenti ? Qu'est-ce que ça t'a fait ressentir, en fait, son histoire à elle ?

  • Speaker #0

    Je m'y suis sentie très, très bien dans ces marais. Et je crois qu'il y a... Je crois vraiment qu'il n'y a rien d'étonnant à ça, au fait de se sentir bien. Parce que je pense déjà qu'il y a une chose, c'est que je crois que l'imaginaire collectif, il a tendance à confondre marais et marécage. Et dans le début du livre, je ne sais pas si tu te souviens, ils en parlent immédiatement. Pour remettre un peu le contexte, un marais, c'est un endroit qui est lumineux, c'est un endroit qui est vivant, c'est un endroit qui est poétique. Un marécage, c'est boueux, c'est humide et c'est souverain. C'est souvent associé à un danger. Et là, très clairement, on n'est pas dans les marécages. On est vraiment dans un lieu lumineux, vivant, comme je l'ai dit, poétique, naturel. Et je me dis, mais comment ne pas s'y sentir bien ? Très honnêtement, la nature qu'a créée l'autrice, elle est tellement exacerbée, tellement magnifiée, que moi, j'ai eu la sensation d'être en sécurité. C'est un lieu qui accueille, c'est un lieu qui t'enveloppe, qui protège. J'ai vraiment... ressenti l'idée même d'un je vais employer le mot, mais d'un refuge. C'est un lieu où le temps, t'en as parlé tout à l'heure, mais le temps il s'étire autrement en fait. Et moi qui suis dans une recherche de calme toujours dans ma vie quotidienne, là il y a une lenteur qui s'impose dans le livre qui est incroyable, qui est vraiment incroyable et qui transparaît dans chacune des pages. Et puis une autre chose qui participe vachement au fait de se sentir bien là-bas, c'est que les marins, ils apparaissent aussi comme une sorte d'espace d'apprentissage. C'est un lieu d'initiation, c'est-à-dire que chaque élément de la nature, et donc tu me l'apprends sur le passé de l'autrice, je ne savais pas du tout qu'elle avait, moi qui pourtant fais souvent des recherches sur les autrices, j'avoue que là je suis passée complètement à côté. Chaque élément de la nature vient t'enseigner quelque chose, c'est-à-dire que tu as les plantes qui nécessitent qu'on apprenne à les reconnaître, à les toucher, à les respecter, tu as tout ce qui se passe dans l'eau. le mouvement des poissons, la manière dont elle reflète la lumière, ce qu'il vit dans le sable, dans la terre, les traces des animaux. La liste est énorme, ce qui se passe dans les airs. Vraiment, le marais apparaît comme une sorte de maître, de maîtresse silencieuse pour toi. C'est un lien entre toutes ces choses. On ne fait pas que regarder. Même quand on est lectrice du livre, on n'est pas que en train de... de regarder et d'assister à ça. On vit, on ressent toutes ces choses et je crois que ça crée une sensation de sécurité et de familiarité. En tout cas, moi, c'est ce que j'ai ressenti. Après, je ne sais pas si toi, c'est quelque chose que tu partages dans les marais, mais moi, je ne m'y attendais pas du tout. Et pourtant, j'ai été chopée, littéralement.

  • Speaker #1

    Je suis carrément d'accord avec toi que moi, j'ai ressenti une appartenance. Comme si j'aurais pu y vivre. Comme si j'aurais pu être Kya, tu vois. Alors, j'en vis pas sa vie, clairement, certainement pas son enfance. Mais, tu vois, je me disais, oh là là, en fait, j'ai envie d'y être. J'adorerais y vivre, j'adorerais vivre ce qu'elle vit, tu vois. Parce que c'est exactement ça, c'est de l'observation. Et en plus, tu vois, Kya évoluait aussi de la même manière que la nature évolue, c'est-à-dire avec lenteur, avec réussite, échec, mais tout en douceur, en fait. parce qu'on suit sa vie, de quasiment sa naissance, il me semble, jusqu'à la fin de sa vie, qu'elle passe dans sa maison, dans le marais. Et tu vois cette évolution avec la nature et tu la vois évoluer avec tout ce qui l'entoure, avec toutes ces problématiques à elle en tant qu'être humain qui vit dans cet environnement. Et c'est trop beau. Moi, je me suis sentie trop bien dans cette lecture. j'étais Par rapport vraiment au personnage de Kya, j'ai ressenti, c'est bizarre, mais je ressentais comme de la fierté, une grosse sororité aussi par rapport à elle. Parce qu'en fait, tu la vois évoluer et tu vois qu'elle a une résilience de fou, qu'elle a un courage dont elle ne se rend même pas compte, je pense. Et puis aussi... Alors ça, c'est mon côté un peu revanchard. Mais tu vois, tous ces gens qui disaient « Ah, mais elle est bête, elle est idiote, regardez-la, bouh ! » Alors qu'en fait, elle a une intelligence extrême, que ça soit émotionnelle ou même autre. Ah ouais, moi, j'étais trop bien. Enfin, j'ai vraiment ce sentiment où je me sentais bien. Alors que pourtant, tu te dis « Bon, un marais, quand même, c'est un endroit avec de l'eau salée, c'est humide. » Enfin, tu vois, même si c'est lumineux et tout, bon, ça reste quand même un endroit humide. Mais ouais, j'étais quand même bien. Je me disais quand même, moi aussi, je veux une petite cabane dans le marais.

  • Speaker #0

    Mais je pense aussi que c'est dû au fait que, tu vois, quand elle était petite, je ne dis pas qu'elle subissait le marais, mais elle était là, elle n'avait pas spécialement le choix, elle est née ici. Et quand elle grandit, je trouve qu'elle habite pleinement les lieux. Elle se les est complètement appropriées. Et ça participe vachement, c'est-à-dire que nous, avec elle, on s'approprie aussi les lieux, tu vois, on s'approprie... tout l'apprentissage qu'elle va en faire et donc d'incidence, ça participe aussi, nous, à notre bien-être en tant que lecteur, je trouve.

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai. Ce qu'on peut dire, c'est qu'à la toute base, je crois qu'il y a à peine l'eau courante, il n'y a pas d'électricité. On ne parle vraiment de rien. Quand je vous dis cabane, c'est vraiment la cabane. Ce n'est pas une maison. Ce n'est pas du tout quelque chose de confortable ce dans quoi elle vit. Enfin, confortable. par rapport aux autres êtres humains qui vivent dans la ville à côté aussi, il faut remettre dans le contexte, années 50, Etats-Unis, bon, il y a certaines personnes qui n'avaient pas de droit, en fait. Et c'est aussi bien recontextualisé dans ce roman-là. Comment tu la décrirais, Kia ?

  • Speaker #0

    Déjà, comme on l'a un tout petit peu évoqué, c'est vrai qu'on a accès à plusieurs Kias, alors pas plusieurs personnalités, mais plusieurs moments de sa vie. on a... Le livre, il démarre, on a une Kya qui est enfant. Moi, Kya, enfant, elle m'a complètement bouleversée. Je trouve qu'il y a quelque chose d'à la fois très dur, mais en même temps très lumineux dans cette petite fille qu'on va laisser seule et qui apprend à tout faire par elle-même. J'ai été profondément touchée par son instinct, par sa façon d'apprendre sans mots, j'ai envie de dire, juste en observant, en écoutant. Après, je dois dire quand même que là, c'est là où j'ai aussi mes petites réserves et mes petites critiques. Quand je disais que ce n'est pas un roman parfait, j'ai eu du mal parfois à y croire complètement. Si on peut amener du coup la critique, il y a un côté enfant sauvage qui m'a un peu idéalisé, qui m'a chiffonné. Je veux dire le fait de survivre seule ou presque pendant des années. Tu te dis, elle se nourrit à peu près des mêmes choses de janvier à décembre. Elle utilise le même bateau pendant 15 ans. On ne voit pas s'il a des problèmes, le bateau, mais pendant 15 ans, il est nickel. Alors qu'on sait dès le début qu'il n'est pas top. Elle a réussi à échapper aux services sociaux, aux agents fédéraux. Tu vois, elle coupe son bois, elle ne tombe jamais malade. Bon, tout ça, c'est extrêmement beau, mais c'est un poil trop romanesque. Oui, je suis d'accord. Quel que... Tu vois, c'est des petites facilités de scénario. Bon, on passe à côté, on ne le montre pas vraiment. Voilà, bon, j'amène mes petites critiques quand même pour dire que...

  • Speaker #1

    Ah mais t'as raison, parce que c'est une réalité. Dans le livre, ça n'existe pas, quoi.

  • Speaker #0

    Oui, voilà, c'est ça.

  • Speaker #1

    Alors que dans la vie, ça serait pas pareil.

  • Speaker #0

    Voilà, on se dit, on balaye et c'est plus facile d'un point de vue scénario. Ça fait avancer plus vite l'histoire. Après, on a accès à l'Akia en jeune femme. Ce que je trouve très beau dans Laquia, jeune femme, c'est qu'elle garde en elle, je ne sais pas si toi aussi tu l'as aperçu, mais cette petite trace de l'enfance. Il y a une forme d'innocence, de curiosité presque animale et qui progressivement, et c'est là où c'est très bien fait dans la construction de son personnage, c'est qu'on va y ajouter, jusqu'à ce qu'elle devienne Laquia, femme, on y ajoute la force du désir, la force du rêve et la force de création pour en faire. finalement une femme qui choisit, une femme qui cherche et une femme qui espère. C'est-à-dire qu'en tant qu'adulte, Kya, en fait, elle est un espace de connaissance et de beauté aussi, tu vois, par son observation mais aussi par ses dessins. C'est là où je disais création, c'est que Kya, adulte, elle collectionne, elle dessine, d'ailleurs c'est un petit parallèle avec sa mère, Peignet. Donc, Donc... Donc voilà pour la Kia adulte. Et là où je disais espoir, c'est que moi, je la vois aussi comme une femme vraiment pleine d'espoir. Parce que malgré tout ce qu'elle va vivre, c'est-à-dire le départ de sa mère, le départ de ses frères, puis de son père, malgré la dureté du village, des gens envers elle, pour moi, c'est une femme qui va garder espoir jusqu'au bout, à plein d'endroits. Et c'est peut-être ça qui va la rendre... profondément humaine, je dirais. Donc pour moi, tu vois, KIA, elle est faite un petit peu de cette tension-là. Je la situerais entre le sauvage et le tendre, entre la fuite et le lien, et puis entre le silence et le besoin d'être vu.

  • Speaker #1

    Et je rebondis sur ce que tu disais sur la KIA jeune adulte, on va dire, qui a un peu ce côté enfantin. Je suis d'accord avec toi, et moi j'ai l'impression que je ressens ça. Parce que la kia jeune adulte, elle n'a pas été scolarisée. Et du coup, il y a plein de choses de la vie, je mets des guillemets, mais je ne sais pas comment dire autrement, mais de la vie civile, qu'elle ne connaît pas. Et du coup, ça donne aussi ce côté tendre de l'enfance, tu sais, des enfants qui disent, ah mais ça, c'est quoi ? Et ça, comment on fait ? Et du coup, je me demande si ce n'est pas à cause de ça que je ressens ça, tu vois. où j'ai de la tendresse pour elle comme j'ai de la tendresse pour un enfant, alors qu'à ce moment-là, elle a 16, 18, 20 ans, je ne sais plus exactement. Oui,

  • Speaker #0

    mais c'est vrai qu'elle a des réactions, elle a des mimiques et des choses très naïves qu'on pourrait attribuer plutôt à l'enfance, plutôt qu'à une jeune femme. Donc oui, il y a une tendresse qui est créée, je pense volontairement, pour le lecteur, puis ensuite par rapport au film, qui est très bien traduit d'ailleurs dans le film aussi, je trouve.

  • Speaker #1

    Mais oui, ça crée... gros attachement envers elle en fait je passe à la place des hommes dans ce bouquin qui reflète très bien notre société actuelle de toute façon d'ailleurs je trouve que tout le livre finalement il y a plein de bon après il est pas vieux le livre il est de 2018 encore une fois mais ça parle des années 60, 70 il y a toujours des thématiques qui sont là Alors, les hommes.

  • Speaker #0

    Écoute, moi, ce qui m'a frappée, c'est à quel point Kya évolue dans un monde presque exclusivement masculin. C'est comme si le féminin s'était complètement effacé autour d'elle.

  • Speaker #1

    Le féminin s'est barré avec sa mère.

  • Speaker #0

    Oui, c'est exactement ce que j'allais dire. À partir du moment où sa mère part, puis ses sœurs, mais ses sœurs sont nommées comme des sœurs, mais elles n'existent même pas. Elle part, là, elle va rester seule avec son père. son père qui est quand même bancal, instable, alcoolique. Bon, elle va quand même tenter de l'apprivoiser. Je dirais qu'elle va tenter de l'apprivoiser pas par amour, mais parce que on va dire que c'est tout ce qui lui reste. Oui, qu'elle en a besoin,

  • Speaker #1

    en fait.

  • Speaker #0

    Voilà, elle est petite. Je crois qu'elle a 7 ans à ce moment-là. Donc, il y a entre eux une forme de cohabitation très fragile qui va s'installer. Et d'ailleurs, je trouve que le père de Kya, c'est sans doute la figure la plus complexe du roman. Même s'il n'apparaît pas si longtemps que ça. Mais je trouve que ce que j'ai ressenti, c'est qu'il était hyper ambigu. Il incarne à la fois une présence et en même temps une absence. Parce qu'il est ultra présent par sa violence, etc. Et en même temps, il est complètement absent dans son rôle de père. Il incarne la peur autant que l'habitude. Et en fait, c'est la seule trace de famille qu'elle a. Et c'est tout ce que la famille ne devrait pas être, finalement, son père. C'est quelqu'un, on l'a dit, très violents, de... de colérie, qu'il est souvent perdu dans ses propres fantômes. C'est un homme qui n'a pas su aimer, qui n'a pas su protéger, qui ne tire même pas debout, finalement, qu'on se le dise. Et puis, il va rester là peu de temps, finalement. J'essaye de ne pas spoil, ce n'est pas évident. Mais bon, ce n'est pas vraiment un spoil de dire qu'il ne va pas rester très longtemps. On a conclu qu'il va aller être seul. Voilà. Et que Kya va s'y accrocher, je pense, un peu faute d'autre chose. Mais vis-à-vis de lui, Kya, elle est extrêmement sur la défensive. Moi, c'est ce que j'ai ressenti. Elle est sur la défensive. De toute façon, vu qu'il représente tout sauf la stabilité, je pense qu'elle est en incapacité de lâcher prise. Elle est toujours prête à se replier si jamais ça dérape. Mais il y a une chose, je pense, positive avec le personnage du père que moi j'ai noté, c'est que hum... il va quand même lui apprendre des choses avant de partir. Il ne va pas lui laisser un héritage d'amour, ce qu'on laisse habituellement, mais plutôt un héritage de survie. Il va y avoir ce truc de la pêche, le bateau. Puis c'est quand même lui qui va l'amener au magasin. On n'a pas encore parlé de Jumpin et Mabel, mais c'est lui qui va faire en sorte que ce lieu puisse exister dans la tête de Kia. Donc en gros, il va lui transmettre peut-être ce qu'il a de plus solide en lui. à savoir la survie. Et puis aussi, c'est là où je disais tout à l'heure il est aussi absent que présent, c'est que grâce à lui, mais surtout grâce à son absence, il va apprendre à ne dépendre de personne. À savoir si c'est quelque chose de positif ou négatif, dans tous les cas, c'est ce qui va la former après et ce qui va lui permettre de faire ce qu'elle entreprend. Voilà, c'est ce que j'allais dire sur le père. Après, évidemment, il y a d'autres personnages. Je ne sais pas si tu as envie de rebondir, c'est pour ça que sur le papa, à... De Kia ou non.

  • Speaker #1

    Ouais, alors je suis complètement d'accord avec toi que son père, clairement, lui a appris la survie et la solitude, dès le départ. Après, oui, bien sûr, il y a d'autres figures masculines dans le livre dont j'aimerais parler. Pour moi, il y a... Si je ne dis pas de bêtises, quatre figures masculines dans le livre qui sont vraiment très présentes. Il y a son père, comme tu l'as expliqué. Il y a Tate, qui est son premier amour. Sa première figure aussi masculine douce qui ne lui fait pas peur, qui ne l'attaque pas. Ils commencent à se connaître quand ils sont enfants. Clairement, c'est la safe place. Ensuite, il y a Chase. qui est une autre figure masculine, qui est, on va dire, la figure qui aurait pu représenter, je pense, son père, et qui est aussi une figure masculine toxique, très clairement. Et on retrouve aussi, j'ai oublié son prénom, mais tu l'as dit tout à l'heure, le...

  • Speaker #0

    Jumpin.

  • Speaker #1

    Jumpin, qui, pour moi, est la figure paternelle adoptive de Kia. Complètement. Pour moi, vraiment, dans le livre, c'est ces quatre figures masculines là qui tournent autour de Kya. Alors, en figure aussi féminine, pour moi, il n'y a que Mabel qu'on retrouve qui est là, mais pas aussi présente que ces quatre autres caractères dans le livre, en fait. Je ne sais pas si tu ressens la même chose que moi, mais je trouve que finalement, C'est très masculin, son entourage, même si elle est très peu entourée.

  • Speaker #0

    Oui, complètement. Non, non, elle évolue dans un univers, comme je l'ai dit tout à l'heure, complètement, exclusivement masculin. Et puis oui, ma belle, c'est parce que c'est la femme de Jumpin. Elle va amener, en effet, cette petite chaleur féminine. Mais c'est vrai qu'elle est en second plan.

  • Speaker #1

    Carrément. Il y a aussi un de ses frères qui, à un moment... réapparaît de nulle part, presque.

  • Speaker #0

    Oui, j'allais l'ajouter, moi, en cinquième, peut-être, figure. Je trouve importante, même si elle l'est moins que les autres, mais je l'ajouterais quand même. Parce que je trouve que Jodie, je crois qu'il s'appelle ce frère-là. Parce que les autres frères, bon, voilà, pareil, c'est comme les sœurs, ils partent, on ne sait pas trop qui ils sont, puis on ne les revoit pas, etc. Et Jodie, on sent que quand ils sont enfants, déjà, ils ont un lien particulier. ces deux-là, ils ont un lien. J'ai l'impression que Jodie, c'est le seul à pouvoir amener, en dehors de l'admiration que Kia est là pour sa mère, Jodie, c'est le seul qui tente d'amener un peu de lumière à Kia, justement, dans ce contexte compliqué dans lequel ils vivent. Et puis, surtout, je trouve qu'à partir du moment où Jodie s'en va, C'est quand même un enfant, il part, il est enfant lui, il part pour se sauver. Et en fait, on sent, enfin moi en tout cas j'ai ressenti que Kya comprenait à ce moment-là que l'amour, ça ne suffit pas à retenir ceux qui ont envie de survivre. Moi ça, ça m'a bouleversée en fait, parce que c'est un enfant qui part et tu sens qu'il a un attachement profond pour sa sœur, néanmoins il la laisse. Et pourtant... je ne l'ai pas ressenti contrairement à la mère et au père je ne l'ai pas ressenti comme un abandon parce qu'ils ont ce lien particulier où Jodie finalement ce n'est pas un refuge ce n'est pas un abandon mais il y a une forme d'attachement qui va résister et on le voit après vu qu'il y a une petite ellipse etc. et où il réapparaît et que malgré le silence il y a cet attachement qui est inexplicable et qui existe parfois entre deux êtres ou entre deux frères et sœurs et puis voilà c'est là et ça existe et même si c'est peu présent dans le film et dans le livre, ça existe et c'est important pour Kya.

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai. Mais j'ai un doute et c'est peut-être ma mémoire qui me fait défaut. Donc, tu vas sûrement pouvoir me dire. Mais moi, il me semble que Jodie, quand il part, il demande à Kya de venir avec lui. Et c'est elle qui dit, non, moi, je reste ici. Mais j'ai un doute.

  • Speaker #0

    Ouais, j'ai pas eu cette impression-là. Moi, j'ai eu vraiment l'impression qu'il partait pour se sauver et qu'il lui donnait quelques clés. Voilà, tu vois, il y a justement ce truc que je trouve très beau qui fait référence du coup au titre du livre. Il lui dit « si t'as des ennuis, va te cacher dans le marais, là où chantent les écrevisses » . Et il lui dit ça. Donc en gros, voilà, il lui dit que lui, il doit partir, il doit se sauver, il a des plans. Bon, on ne sait pas quels plans il a, il est gosse, mais néanmoins, il lui donne un peu ce truc-là. Est-ce qu'il espère que, ou peut-être il le sait même, que le père sera différent peut-être avec elle ? Je ne sais pas. Enfin, c'est des choses qui sont un peu laissées en suspens et peut-être que le lecteur, lui, a créé les idées qu'il a envie de créer par rapport à ces éléments où il n'y a pas vraiment de réponse. mais voilà

  • Speaker #1

    Oui, carrément. Mais c'est ça aussi que j'apprécie dans ce roman. C'est qu'il y a plein de zones d'ombre où on ne sait pas trop ce qui s'est passé, on ne sait pas trop ce qui est vrai et ce qui est faux. Je pense que c'est ça aussi qui nourrit l'imaginaire du lecteur et qu'on fait des suppositions et qu'en fait, on écrit aussi dans notre tête l'histoire de Kia et l'histoire de sa famille et de tout ce qui s'est passé. Je trouve que c'est aussi une des richesses du livre parce que jusqu'à la fin, il y a plein de trucs qu'on ne sait pas. le lecteur a sa place le lecteur a sa place et ça c'est comme dans les films c'est quelque chose que j'apprécie je sais pas toi mais moi c'est vraiment quelque chose que j'aime bien qu'on me laisse aussi que tout ne soit pas servi sur un plateau et qu'on me laisse ma part à moi d'autofilm ou d'autofiction en tout cas dans ma tête après c'est aussi vachement un livre qui parle de solitude, elle est omniprésente dans cette histoire, mais elle parle aussi beaucoup de relations sociales, que ce soit amoureuse, vraiment sociétale. Comment tu l'as perçue, toi ?

  • Speaker #0

    C'est vrai qu'on est sur une mise en scène d'une société profondément divisée, très clairement. On a l'impression que tout... semblent obéir à une sorte de hiérarchie, alors même si elle est invisible, elle est complètement implacable. On a d'un côté ceux qui appartiennent à la société, je mets les guillemets, civilisée, et puis de l'autre, ceux qu'elle relègue, à savoir les Noirs, les pauvres et les habitants du Marais. Et chacun vit dans un territoire bien délimité, que ce soit géographique et symbolique. Et Kya, ce qui est marrant, c'est que par exemple, elle, elle grandit dans une espèce d'entre-deux. Elle se situe dans le marais, mais elle est assez proche dans l'histoire pour apercevoir les gens du village, mais elle est trop éloignée symboliquement, culturellement, socialement, pour en faire partie. Tu vois ? D'ailleurs, il y a l'épisode de l'école qui, pour moi, est l'illustration parfaite. sans spoiler, etc. En effet, Kya, c'est quelqu'un qui n'est pas scolarisé. Et à un moment, elle va se retrouver à l'école. Elle va s'y retrouver parce qu'on va lui suggérer, on va lui faire croire que potentiellement, c'est un monde dans lequel elle peut exister. Et là, je veux dire, inconsciemment, elle va tenter de franchir cette frontière. Mais dès son entrée, la violence, elle est incroyable. C'est-à-dire que sa différence, elle saute aux yeux. et là La cruauté, je n'ai pas peur d'employer ce mot, mais la cruauté enfantine, elle s'abat sur elle, littéralement. Et elle comprend que cet endroit, ce n'est pas le sien. Ce n'est pas le sien. Et quand elle part, pour moi, le départ, il clôt symboliquement toute tentative d'intégration. C'est vraiment... Moi, c'est vraiment cette scène, je ne sais pas ce que tu en as pensé, mais elle est déchirante. Et puis, les images du film sont même pires, j'ai envie de dire.

  • Speaker #1

    Oui, ça fait très mal au cœur.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    et bah je te coupe pardon mais parce que je trouve qu'il y a une deuxième tentative de se rendre dans la société c'est quand elle est avec Chase et que tu sais elle le croise dans la rue et que ça se passe pas bien et qu'en plus il y a ses parents et que clairement il la regarde de haut en bas et lui dire oula pourquoi cette fille te parle en fait au secours quoi Et je trouve que c'est aussi un deuxième moment. Et il me semble aussi qu'il y a une histoire de soirée sur la plage ou un truc comme ça, où il l'invite et où tout le monde la regarde de travers en mode, mais pourquoi il y a la fille du marais ?

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. Mais du coup, je pense que c'est peut-être intéressant de reparler de ces deux figures masculines, pour remettre un peu le contexte de Chase, justement. Parce qu'en effet, on a Tate, dont tu as parlé, qui est son premier amour, qui, lui, est là, c'est le personnage qui incarne la douceur, c'est lui qui va lui apprendre à lire, à nommer le monde, à écrire, il est patient, il est attentif, etc. Et puis d'un côté, en effet, on a ce Chase. Là, encore une fois, je suis désolée, j'amène une toute petite critique, parce que je ne sais pas si tu Ausha tête, les gens ne le voient pas, mais il y a une opposition très forte, presque caricaturale, entre ces deux personnages.

  • Speaker #1

    Abusée même.

  • Speaker #0

    Voilà, c'est une facilité, on a pris d'un côté l'un, enfin voilà.

  • Speaker #1

    Il y a l'ange et le démon, quoi.

  • Speaker #0

    C'est ça, mais...

  • Speaker #1

    Pardon, mais même si... T'es pas tout blanc non plus, parce que... Bon, ça spoil un peu, désolée, mais... il se barre du jour au lendemain et surtout il abandonne qui il y a.

  • Speaker #0

    Oui, mais moi je ne l'ai pas vécu comme un abandon. Tu vois, contrairement aux gens de chaque année.

  • Speaker #1

    Je ne l'ai pas vécu comme un abandon.

  • Speaker #0

    Non, mais parce qu'en effet, il va partir, mais j'ai l'impression qu'en fait, il doit partir. C'est plus... Il doit partir. Lui, c'est vrai qu'au moment où il la rencontre, il est dans un schéma d'études, etc. Et donc, il y a des choses qui, de base, étaient prévues, on va dire. Bon, voilà, il n'a pas modifié ses plans, il n'a pas fait le gars, j'abandonne tout. pour toi, etc. Bon. Mais c'est vrai que de l'autre côté, il y a cette opposition entre les deux qui est un peu caricaturale. Néanmoins, je nuance mon propos parce que je trouve et c'est peut-être là pour ça qu'elle a choisi, je ne suis pas dans la tête de l'autrice, mais peut-être pour ça qu'elle a choisi ces deux opposés, ces deux visages de l'amour différent, c'est que ça permet de montrer par contraste l'autonomie et la lucidité que Kia, elle va acquérir parce qu'elle va apprendre à s'ouvrir avec Tate autant qu'à se protéger avec Chase. Et je trouve que du coup, elle va apprendre avec tout ça à exister à sa propre manière. Et donc, pour revenir sur Chase, lui, en effet, lui va arriver après la forme d'abandon, je mets plein de guillemets, le départ de Tate. Il va profiter de cette absence. Il en profite.

  • Speaker #1

    Clairement.

  • Speaker #0

    Voilà, c'est le personnage du coup qui est séduisant, qui est dominateur, manipulateur, qui joue sur les... le sentiment d'isolement aussi de Kia. Et du coup, il y a un mélange de danger et de contrôle. Et je ne sais plus pourquoi j'avais besoin qu'on refasse un point sur... Ah bah oui, par rapport à l'épisode en effet, où Kia justement, elle se retrouve une deuxième fois avec une tentative d'intégration et que là, en effet, elle est avec Chase et Chase, il appartient à un autre univers. Lui, il appartient aux gens du village, à cette société ... du regard et du jugement, d'incidence, évidemment. Ça crée une vraie... Je ne sais pas comment on pourrait dire ça, mais une césure entre les deux.

  • Speaker #1

    Une dualité de rapports. Voilà,

  • Speaker #0

    elle est là-dedans. Et évidemment, déjà qu'elle est mal à l'aise, qu'elle est gauche, la pauvre, on est vraiment de son côté. Et puis d'un coup, il y a cette dureté qui apparaît face à elle, face aux amis de Chase, face à sa famille. Donc, là, en effet, si avant, l'école, déjà de base, ça avait été un peu la gifle, là, bon.

  • Speaker #1

    Je crois que cet épisode-là, moi, je l'ai ressenti comme ça. J'étais en mode, bon, là, c'est bon, ça l'a terminé. Je pense qu'elle n'essayera même plus, en fait.

  • Speaker #0

    Oui, non, c'est fini.

  • Speaker #1

    On arrête les frais, quoi.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    J'avais vraiment eu ce sentiment de... Non, mais la pauvre. Et après, t'as la Kya, qui a du caractère, quoi, et qui dit, bon, c'est bon, vous m'avez saoulée. Moi, c'est pas ma vie, c'est pas mon combat.

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #1

    Je m'en fous, quoi.

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #1

    Mais c'est vrai qu'il y a plein de relations sociales qui sont quand même différentes, caricaturales. Je suis complètement d'accord avec toi. Peut-être trop, parce que c'est parfois un peu trop noir, trop blanc. Ouais. Mais tu vois, comme tu le disais pour le personnage du père, qui est complexe et bien construit, à l'inverse... tu vois celui de Chase bien construit aussi qui répond à tous les critères du connard ouais même les rêves point complexe mais tu vois je trouve que Chase à l'inverse du personnage du père je trouve que c'est celui qui est le plus

  • Speaker #0

    facile d'accès parce que zéro surprise sur le gars quoi ouais même si moi j'ai eu un je sais pas si c'est un espoir je vois ce que tu veux dire oui mais Merci. Tu vois, le moment où... Peut-être que... Ouais, j'ai pas su, tu vois, démêler, me dire est-ce que c'est de la manipulation ou est-ce que tu vois, les moments où Akia, il lui dit tu es la seule personne qui me... Il n'y a que toi qui me connais vraiment. Il n'y a qu'avec toi que je peux être... vrai. Il lui dit ça à plusieurs reprises à Kia et je me suis dit, est-ce que il a cette intelligence de voir qu'en face, il a quelqu'un de spécial, quelqu'un de sensible, quelqu'un d'ouvert et que c'est la vérité, c'est ce qu'il pense, mais à côté de ça, vu qu'il est terrible, en fait, c'est pas suffisant ou est-ce que là aussi, on est encore dans de la manipulation de vu que tu es à part, d'essayer de dire, je te donne ce rôle de tuer la fille à part. J'ai pas su, vraiment, c'est ambigu. pour moi.

  • Speaker #1

    Après, je pense que dans toute manipulation, il y a aussi une certaine vérité. Tu vois, donc moi, j'ai ce sentiment que oui, il se sentait lui-même avec Kia parce que c'est un animal et qu'en tant qu'animal, elle le voyait... Enfin, tu vois, il pouvait être entre guillemets naturel avec elle. Je sais pas si ce que je dis, c'est clair. Il avait pas tous ses artifices de la société qu'il peut avoir avec ses parents et à l'école,

  • Speaker #0

    tu vois.

  • Speaker #1

    Parce qu'aussi, ce moment-là de... du livre, ils sont adolescents, mais adolescents 17, 18 ans, peut-être un truc comme ça. Donc c'est aussi en plein dans cette période de l'adolescence où t'es dans le paraître, etc. Et moi je le vois, ou quand il lui dit ça c'est, bah avec toi, j'enlève mes artifices, et je sais que toi comme tu n'en as pas, tu comprends.

  • Speaker #0

    Oui peut-être.

  • Speaker #1

    Moi tu vois, je le vois comme ça. Mais du coup, manipulateur. Parce qu'il se sert d'elle quoi. T'es un connard, je l'aime pas. Mais Tate, bon, il s'est bien rattrapé, mais je l'ai pas beaucoup aimé non plus, quand même.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai que son départ... Non,

  • Speaker #1

    attends, cette scène où elle l'attend sur la plage parce qu'il lui a dit « Tel jour, je serai là, attends-moi... »

  • Speaker #0

    C'est pas seulement le départ, c'est le départ et les promesses après.

  • Speaker #1

    Ah ouais, non, ça, moi, je pardonne pas.

  • Speaker #0

    Voilà encore autre chose.

  • Speaker #1

    Ah ouais, non, mais franchement, elle s'endort et moi, ça m'a crevé le cœur. Et puis avec le film aussi, maintenant, j'ai cette scène dans ma tête et je suis là genre, mais non, mais connard. Non, c'est pas possible. Moi, j'avais plein d'espoir en lui. Tu l'as dit et on l'a dit toutes les deux, il y a une enquête et ça mélange aussi du thriller, ce bouquin. Pour toi, quelle est la place de l'enquête dans le livre ?

  • Speaker #0

    Écoute-moi, dans le livre... ce que j'aime particulièrement, c'est que l'enquête, elle ne vient jamais parasiter l'histoire principale. Je trouve qu'elle est là plutôt comme une sorte de structure. Elle donne un cadre narratif. Il y a une tension qui est presque invisible même au début, qui est différente d'ailleurs dans le choix de la réalisation du film, peut-être qu'on en reviendra après. Mais je trouve que tu vois, Et c'est là où c'est intelligent. L'enquête, elle vient imposer, je ne sais pas si ça va être hyper clair ce que je vais raconter, mais ça vient imposer une sorte de logique humaine alors qu'on est dans un espace qui n'obéit qu'à des lois naturelles. Tu vois, ça crée ces deux espaces, toujours en confrontation. Et après, moi, je n'ai pas eu l'impression qu'on était dans une enquête de type polar. Et ça, c'est ce que j'ai aimé, parce que vraiment, moi, ce n'est pas mon truc. mais qu'on était plus dans une enquête morale, finalement. Pour moi, l'enquête, à mon avis, l'autrice, elle s'en est servie comme une sorte d'allégorie, tu vois, du regard que la société, elle porte sur Kia. On a besoin d'un coupable. Il s'est passé quelque chose, on a besoin d'un coupable. Mais surtout, on va chercher à confirmer les préjugés qu'on a sur Kia.

  • Speaker #1

    Mais d'ailleurs, c'est ce que ton avocat a dit.

  • Speaker #0

    Oui, oui, oui, complètement. c'est qu'on n'est pas là pour juger des faits, on vient juger une différence. Et c'est là où, pour moi, c'est toute la dimension morale, et plus que, voilà, il y a quelqu'un qui est décédé, et puis on doit trouver qui est le criminel, tu vois. La dimension policière, pour moi, dans le film et dans le livre, elle fonctionne très bien. Je trouve que ça rythme bien le roman, que ça maintient le lecteur. Moi, ça m'a maintenue dans une forme d'incertitude tout du long. Je trouve ça très habile, parce que... Le suspense, c'est un très bon ingrédient, je trouve, dans un livre. Et en même temps, ça crée une opposition entre un regard, comment on pourrait dire ça, froid, méthodique, face à... Enfin, je veux dire, j'oppose le regard froid, méthodique et très normatif de l'enquête à, d'un coup, le regard très sensible et très instinctif et donc très libre de qui a, tu vois. Et puis, il faut quand même le dire, on a le lieu du tribunal. qui apparaît dans le livre, qui est vraiment pour moi le territoire d'observation. On est vraiment spectateur du conflit entre deux mondes. Littéralement, c'est vraiment deux mondes qui s'opposent. On n'a pas du tout l'impression d'assister au jugement de quelqu'un qui a tué quelqu'un. Moi, je n'ai pas eu du tout ce ressenti. C'est en ça que je trouve vraiment la place de l'enquête est incroyable. très bien ficelé à la fois dans le roman et dans le livre, même si dans le film, c'est pour moi un peu différent. Je ne sais pas si tu partages cet avis, par exemple.

  • Speaker #1

    Oui, je suis complètement d'accord que l'enquête est très bien intégrée dans ce roman qui parle de nature. Je trouve que si elle n'était pas là, je ne suis pas sûre que le livre aurait eu le même impact. Parce que tout le dénouement aussi de l'histoire se joue avec cette histoire d'enquête et de meurtre, etc. Donc pour moi, elle a vraiment toute sa place et heureusement qu'elle est là, même si c'est pas l'élément central, parce que, complètement d'accord avec toi aussi, elle est pas omniprésente. Et ça fait beaucoup dans l'histoire. Ensuite, la différence par rapport au film, je suis d'accord avec toi aussi, dans le film, l'enquête, dans mes souvenirs, parce que je l'ai jamais revue. Ah si, je l'ai revue, il y a... Trois ans, je dis une bêtise. Mais dans le film, l'enquête est beaucoup plus présente, si ma mémoire est bonne.

  • Speaker #0

    Oui, complètement. Je veux dire, c'est un terrain qui est beaucoup plus visible. C'est presque le fil rouge du film.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Moi, j'ai le souvenir dans ma tête qu'en gros, il y a l'enquête au milieu, dans le film, qu'il y a l'enquête au milieu et que tout gravite autour de l'enquête, alors que dans le livre, ce n'est pas du tout ça.

  • Speaker #0

    Non.

  • Speaker #1

    Dans le livre, au centre, c'est le marais. Et qu'il y a quoi ?

  • Speaker #0

    Complètement. Oui, là, c'est un... C'est plutôt un fil rouge. Et puis, je veux dire, toutes les scènes, le tribunal, les fouilles dans le film, c'est beaucoup plus spectaculaire, c'est beaucoup plus mise en scène. Après, moi, personnellement, ça ne me pose pas de problème. Dans le sens où je trouve qu'adapter un livre au cinéma, c'est accepter des choix, c'est accepter des formats, c'est accepter des amplitudes. Donc, en soi, moi, je suis complètement OK avec ça.

  • Speaker #1

    Oui, il faut accepter que ça ne sera pas la copie du livre.

  • Speaker #0

    Non.

  • Speaker #1

    Ce n'est pas possible, en fait.

  • Speaker #0

    Non, absolument pas.

  • Speaker #1

    Et du coup, au sens large, tu en as pensé quoi du film ? Est-ce que tu as bien aimé ?

  • Speaker #0

    Oui, franchement, j'ai plutôt bien aimé. Moi, ce que j'ai surtout apprécié de voir, c'est la mise en image. En fait, les couleurs, la lumière, le marais, ces trois espaces-là. mis en image. Évidemment que quand on le lit, on l'imagine, mais dans le film, c'est beau. D'un coup, il y a la couleur, la puissance du cinéma qui entre en jeu. C'est indéniable. J'ai trouvé l'actrice principale, qu'on la cite quand même, c'est Daisy Edgar Jones. Incroyable. Franchement, j'ai trouvé qu'elle incarnait très bien Kia. Je l'ai trouvée très convaincante. Et d'ailleurs, la Kia, enfin... Et aussi incroyable. Moi, elle est énorme. J'ai pas retenu son nom, je suis désolée, mais je l'ai trouvée remarquable.

  • Speaker #1

    Je suis d'accord.

  • Speaker #0

    Donc, niveau mise en image, je trouve que le film a de très, très belles choses.

  • Speaker #1

    La Kia enfant s'appelle Giorgio Reggina.

  • Speaker #0

    Ah ben voilà. Elle est superbe. Elle est vraiment superbe. Moi, je la trouve très émouvante. Après, j'ai préféré le livre. J'ai préféré le livre pour une seule raison. vraiment, c'est que pour moi, le livre, il prend le temps. Il prend le temps parce qu'il déploie. Il installe la solitude, les silences, toutes les sensations. Dans le film, il y a certaines zones de... Comment on pourrait dire ? Il y a certaines zones de respiration qui sont ultra présentes dans le livre qui, ici, sont moins rendues tangibles, disons, et qui sont plutôt remplacées par des scènes un peu plus d'action. Mais... Ce n'est pas forcément un défaut, selon moi. Pour moi, c'est le prix de l'adaptation. C'est-à-dire qu'on est en train de faire un film, on ne construit pas un livre de la même manière qu'on construit un film. Pour moi, c'est complètement impossible de transposer, de transporter tout ce que tu trouves dans un livre, dans un film. Tu fais des choix, par défaut, tu supprimes des choses, tu en mets d'autres. En conclusion, j'ai bien aimé le film. et j'ai juste senti que le film, il apportait quelque chose, à savoir les couleurs, la lumière, et il en perd une chose, à savoir la lenteur et la contemplation, même s'il y a des moments lents. Mais je trouve que toute la lenteur qui est très installée dans le livre, parce que pour moi, c'est dans ces moments-là que le roman, il excelle. Je ne l'ai pas forcément retrouvé dans le film.

  • Speaker #1

    Ok, je comprends.

  • Speaker #0

    Vu que toi, tu as vu le film avant, je ne sais pas que ça change. Parce que moi, en regardant le film après, le processus, évidemment, il est différent. Il y a toujours ce truc de tu as vu le film ou tu as lu le livre avant.

  • Speaker #1

    C'est ça. Moi, du coup, c'est différent, évidemment, parce que déjà, j'ai adoré le film. Incroyable. Et en fait, au final, moi, c'est le roman qui est venu compléter le film. Et pas l'inverse. Donc, je n'ai pas eu ce sentiment de scène tronquée, on a un peu modifié la structure pour servir le film, etc. Du coup, moi, je n'ai pas eu ce sentiment. Et c'est pour ça aussi que, fait rare je crois, mais j'adore voir les films avant de lire des livres. Parce que je ne suis pas déçue.

  • Speaker #0

    Mais moi, d'habitude, je fais ça. Et je suis de ta team, complètement. J'adore voir les films. Souvent, mais non ! Ah non, non, moi je suis complètement comme toi, parce que je trouve qu'après, je me dis, c'est super, je vais lire le livre, et vu qu'il n'y a plus le temps, je vais avoir encore plus de détails qui vont s'ajouter à ce que j'ai vu.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Mais bon, ben là...

  • Speaker #1

    Mais effectivement, j'ai pas, c'est un grand mot que j'utilise, mais j'ai pas cette déception que t'as pu ressentir. Moi, le film, j'en ai vraiment un souvenir incroyable, et je te rejoins complètement sur la colorimétrie, les images du Marais incroyable. je trouve que tous les acteurs jouent bien mais alors particulièrement les deux actrices qui font Kia, effectivement, que ça soit enfant ou adulte. Et puis alors, je suis désolée, c'est peut-être hyper débile ce que je vais dire, mais qu'est-ce qu'elle est belle ! C'est incroyable, moi je la trouve magnifique, cette actrice, et à chaque fois, quand elle est à l'écran, sachant qu'elle est à l'écran 98,5% du film, je trouve qu'elle prend toute la place, elle a un charisme de fou. Bref, j'ai adoré. C'est pour ça que j'ai lu le livre, de toute façon. C'est ça qui m'a donné envie de lire le livre. Juste aussi, pour précision, le livre, il fait quatre... Enfin, moi, j'ai l'édition Point, qui est sortie en 2018, enfin 2019, je pense, avant le film. Je vais y arriver. Et il fait 460 pages. Donc, ça rejoint aussi, tu vois, ce que tu disais, qu'en 460 pages, il y a le temps de prendre le temps, en fait. Même si le film,

  • Speaker #0

    on n'est pas sur un film d'une heure et demie, je crois qu'il fait 2h10, quelque chose comme ça. Je sais plus,

  • Speaker #1

    tu vois.

  • Speaker #0

    Oui, parce que moi je sais, parce que de base j'aime les films d'une heure et demie, au-delà me demande un peu plus de concentration, mais en effet, je crois qu'il est à plus de 2h10 ou 2h15. Ok, tu as raison, 2h15. Oui, il garde un espace quand même pour la contemplation, c'est pas complètement retiré du film, parce que ça aurait été raté, selon moi. Mais c'est vrai qu'ils ont moins le temps pour ça, forcément. Dans l'incidence, on ne va pas faire un film de 4 heures.

  • Speaker #1

    Pour terminer cet épisode, je vais te demander deux choses. De façon synthétique, qu'est-ce que tu retires de cette histoire ? Et est-ce que tu pourrais nous lire un extrait du livre que tu as aimé ou qui t'a marqué ?

  • Speaker #0

    Alors, déjà, moi, ce que je retiens personnellement, c'est la puissance. Vraiment, la puissance, je le répète et j'insiste sur le mot, de la résilience et la beauté singulière d'une vie qui se construit malgré l'abandon, qui à moi m'a montré qu'on peut apprendre à se soutenir soi-même, à écouter le monde, à se nourrir de la nature, de ses rythmes, pour devenir autonome. Pour moi, c'est un récit où... L'isolement et la marginalité ne sont pas que des épreuves. Il y en a des épreuves, mais ce n'est pas que ça. Il y a une très, très grosse place pour l'apprentissage. Pour moi, c'est des terrains d'apprentissage, des espaces où va se forger une sensibilité, une force et une subtilité du regard énorme. Pour moi, c'est... Alors là, je pars vraiment dans le cliché bateau, mais... C'est les premiers mots qui me viennent, mais pour moi, c'est la célébration de la vie qui persiste, qui est fragile, mais obstinée. C'est une vie qui est attentive aux détails, aux signes du monde. C'est un roman où la solitude devient carrément un langage, en fait, où chaque geste, vraiment chaque geste dans le marais, chaque observation de la nature, chaque lien humain contribue à... à l'épanouissement. C'est complètement une invitation à observer, à ressentir et à se laisser surtout, je vais finir par ça, mais à se laisser transformer par tout ce qui nous traverse. Vraiment d'accepter d'être transformé par ce qui nous traverse. Pour la lecture, l'extrait est assez court. Ce que j'ai choisi, c'est vraiment juste un tout petit paragraphe. Et d'ailleurs, je tiens à dire que c'est un paragraphe, c'est un des tout premiers moments de proximité entre Tate et Kia. C'est juste, la scène se passe juste avant leur premier baiser. Et pour moi, elle représente vraiment tout ce qu'on a dit juste avant. Les couleurs, la nature, la contemplation, la beauté. Et donc c'est page 161 de l'édition de chez Point. À ce moment précis, le vent se leva et des milliers et des milliers de feuilles jaunes de sycomores furent arrachées à leurs branches pour traverser le ciel. Les feuilles d'automne ne tombent pas, elles volent, elles prennent leur temps, errent un moment, car c'est leur seule chance de jamais s'élever dans les airs. « reflétant la lumière du soleil, elle tourbillonnaire, voguère et voltère dans les courants. » Voilà. Et il y a une scène comme ça dans le film avec toutes ces feuilles, avec cette lumière et Tate et Kia l'un en face de l'autre avant ce fameux premier baiser.

  • Speaker #1

    J'aurais pu t'écouter pendant tout le livre, je pense.

  • Speaker #0

    C'est un coup de feu.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Anaïs d'avoir partagé ce moment avec moi.

  • Speaker #0

    Merci à toi Pauline, merci, vraiment merci de m'avoir permise ce rendez-vous, comme je l'ai dit, comme je trouve que c'est des rendez-vous avec les livres et que jusqu'ici il était sur les tables et jamais entre mes mains. Écoute, tu as permis ça.

  • Speaker #1

    Ça me fait grand plaisir. En tout cas, si vous avez déjà lu ce livre, je serais très contente d'avoir votre retour, votre avis, savoir si vous êtes d'accord. ou pas, avec ce qu'on a pu dire et échanger. Et si vous ne l'avez pas lu, je ne peux que vous le conseiller. Voilà, j'espère que cet épisode aura pu vous donner envie de découvrir Là où chantent les écrevisses de Delia Owens, parce que pour moi, c'est un coup de cœur dans ma vie. Anaïs l'a aussi beaucoup apprécié. Donc j'espère qu'on a su vous donner envie, et je vous donne rendez-vous une prochaine fois. Merci encore, Anaïs.

  • Speaker #0

    Merci Pauline.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir partagé ce moment avec nous. Si cet épisode vous a plu, N'hésitez pas à en parler autour de vous et sur les réseaux sociaux. Et pour rappel, le podcast à nous deux, c'est un mardi sur deux.

Description

Dans cet épisode, je retrouve Anaïs pour analyser et discuter du roman à succès Là où chantent les écrevisses de Delia Owens.


Ensemble, nous partageons nos ressentis, ce que cette histoire nous a fait vivre, et pourquoi ce livre continue de marquer autant de lecteurs à travers le monde.


Nous revenons sur :

  • les thèmes forts du roman (solitude, nature, résilience, mystère),

  • les personnages qui nous ont touchées ou laissées plus sceptiques,

  • ce qu’on a adoré… et ce qu’on a un peu moins aimé,

  • l’ambiance unique du marais et la manière dont l’autrice construit son univers,

  • l’impact émotionnel du récit et ce qui en fait une lecture marquante.


Un épisode idéal pour ceux qui ont aimé le livre, qui hésitent à le lire, ou qui aiment écouter des analyses littéraires, des avis sur des romans populaires, et des discussions autour de la lecture.


Si tu veux retrouver l'univers d'Anaïs, tu peux la suivre sur son compte instagram : @anais.swiatek



Un mardi sur deux, on papote ensemble autour d’un sujet de vie, sans pression, juste entre nous.


Pauline ✨


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Salut ! Bienvenue sur le podcast de à nous deux.

  • Speaker #1

    Il y a des lectures et des histoires qui marquent plus que d'autres. De mon côté, je peux citer Jane Eyre de Charlotte Bronté, Le Comte de Montecristo d'Alexandre Dumas, La Nuit des Temps de Barjavel, mais plus récemment, Là où chantent les écrevisses est venu me cueillir sans crier gare car il n'est pas nommé dans la liste des classiques littéraires connus et reconnus. Ce roman de Delia Owens datant de 2018, je l'ai d'abord connu au cinéma et j'ai ensuite voulu connaître l'origine des images et de l'histoire qui m'avaient déjà séduite. J'ai envie d'en parler sur le podcast depuis très longtemps et pour cela, j'ai invité Anaïs. Bonjour à tous, je suis super contente de vous retrouver aujourd'hui parce que pour ne rien vous cacher, depuis que j'ai créé le podcast, j'ai très envie d'aborder la thématique de ce livre et de pouvoir en parler. Comme vous l'avez compris dans l'introduction, c'est un de mes romans préférés, là où chantent les écrevisses de Delia Owens. Et je suis ravie de faire cet épisode avec Anaïs, qui est déjà venue sur le podcast, avec qui on a fait un épisode sur l'art en général, pour discuter un petit peu d'art, des ressentis, etc., que vous pouvez aller écouter. Anaïs a répondu présente parce que je lui ai conseillé de lire ce livre. On verra si elle a aimé ou pas dans la suite de cet épisode, mais en tout cas, elle est présente aujourd'hui pour en discuter avec moi. Merci Anaïs d'être là aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Merci à toi Pauline.

  • Speaker #1

    Comme vous avez entendu dans l'introduction de cet épisode, ce roman est assez récent. Il est même récent dans le monde de la littérature. Il date de 2018 et il y a eu une adaptation cinématographique qui est sortie en 2022. Pour vous l'expliquer, je pense que les mots d'Anaïs peuvent être très bien. Est-ce que tu peux nous faire ton résumé de ce livre ?

  • Speaker #0

    Je vais essayer. C'est l'histoire de Kia. une petite fille qui vit dans les marais de Caroline du Nord et que sa famille abandonne peu à peu. Elle se retrouve seule, elle apprend à survivre et à vivre au rythme du marais. Des années plus tard, on a un jeune homme du village qui est retrouvé mort et qui va devenir la principale suspecte. Et donc le roman va alterner entre son enfance solitaire et l'enquête autour de ce drame jusqu'à ce que les deux histoires se rejoignent. Alors, si je devais résumer ce livre, je dirais que c'est l'histoire d'une fille qu'on laisse seule et qui finit par appartenir à un endroit plus qu'à des gens.

  • Speaker #1

    On va arrêter l'épisode ici, c'est parfait, merci, bon son ! Non, tu l'as super bien résumé, enfin, à mes yeux, moi qui l'ai lu, mais je trouve que tu l'as hyper bien résumé. Effectivement, c'est un roman où la solitude et la nature sont deux éléments omniprésents et Kya n'est pas que le personnage central, à mes yeux en tout cas. Pour moi, il y a deux personnages centraux, c'est E la nature, donc le marais, et Kya. Quand est-ce que tu l'as lu ? Je l'ai un petit peu dit, c'était il y a quelques mois. Là, pour vous situer, on enregistre, on est au mois d'octobre 2025. Tu l'as lu quand, toi ?

  • Speaker #0

    J'ai acheté ce livre au printemps dernier, donc suite à ton invitation pour le podcast et je l'ai lu au mois de juin. C'est un livre, il faut savoir que je connaissais déjà, mais que je n'avais vraiment jamais eu l'occasion de croiser. Parce que moi, je crois que les lectures, c'est un peu des rendez-vous. Et celui-là, il n'était pas encore passé sur ma route. Et concernant le film, lui, je l'ai vu très récemment, début octobre. Donc, je pense que j'avais besoin de digérer un peu le livre et de rester un tout petit peu avec la kia du livre avant de découvrir l'adaptation. Même si je sais que pour toi ça a été l'inverse.

  • Speaker #1

    À complet. Oui, effectivement. Donc le film est sorti en 2022 et moi je l'ai vu au cinéma. Donc à sa sortie, je ne savais pas du tout, je n'avais jamais entendu parler du livre. Vraiment, j'y suis allée parce que je vais souvent au ciné et que, je ne sais pas, le titre m'a parlé. Je me suis dit tiens, c'est quoi ? Et je n'ai même pas vu de bande-annonce, rien. Je suis juste allée comme ça et je suis restée scotchée devant le film. J'ai été abasourdie par cette histoire, par ce personnage, par les plans. Tout ce que j'ai vu, je suis tombée amoureuse du Marais. Et je suis sortie de la salle de ciné, je me suis dit, je vais chercher le livre. Parce que forcément, comme dans toute adaptation, on sait très bien que quand c'est tiré d'un livre, il y aura plus d'éléments encore dans le livre. Donc je me suis dit, j'en veux encore, j'en ai besoin. Vraiment, je l'avais ressenti comme ça. Et du coup, je suis allée chercher le livre et j'ai dû le lire peut-être 15 jours après avoir vu le film. Et bon, ça a été une lecture hyper frappante qui est toujours avec moi aujourd'hui. C'est toujours un livre que je conseille aux gens parce qu'il m'a vraiment marquée. Il a eu un impact sur moi. Dans les grandes lignes, toi, du coup, c'est quoi ton avis sur cette histoire ?

  • Speaker #0

    Alors, je vais essayer vraiment de faire dans les grandes lignes. Déjà, je trouve que c'est une histoire très réussie.

  • Speaker #1

    Pour un premier roman, en plus. Parce que je ne l'ai pas dit, mais... Ah bah tiens, vous n'avez pas cité son premier roman ? Oui. Ah bah oui, ok. Tout à fait, c'était son premier ouvrage publié.

  • Speaker #0

    Pour le coup, je trouve que l'histoire est très réussie, se dégage d'une poésie et une beauté très, très singulières. Même à travers des thèmes qu'on peut juger, je dirais, sensibles ou douloureux. Et ce qui m'a frappée, moi, c'est la manière dont l'autrice mélange différents genres. Si tu veux, on a d'un côté le roman d'apprentissage, de l'autre, on a toute une partie suspense, policier, etc. On a aussi tous les ingrédients de l'histoire d'amour. Et je trouve que ce qu'il y a de frappant, c'est qu'elle arrive à conserver un très bel équilibre. Je comprends parfaitement pourquoi le roman a été lu par, je crois, 5 millions de personnes dans le monde. L'écriture est hyper fluide, les ingrédients sont très bien dosés. autant de mystère, qu'il y a d'émotion, qu'il y a d'attention aux détails. Il y a une construction qui tient très bien le lecteur. Je trouve que c'est très difficile de ne pas se laisser embarquer, très honnêtement. Après, si je peux amener une critique, je ne trouve pas le roman parfait. Je trouve qu'il y a certains clichés, je trouve qu'il y a certaines même facilités dans le scénario, des moments où, comment on pourrait dire, des moments où l'intrigue, elle est un peu attendue, mais Merci. Je trouve que c'est jamais ce qui domine. Je pense que l'essentiel reste plutôt intact. Moi, c'est une histoire comme toi qui m'a vraiment marquée, qui reste en mémoire. Je trouve qu'elle a cette force de créer un univers et une sensibilité qui persiste bien après la lecture de la dernière page. Enfin, moi, c'est plus récent que toi, mais depuis juin, j'y pense encore. Donc, voilà.

  • Speaker #1

    Limite, je suis un peu fière. C'est pas vrai. Oui, il l'a écrit, mais je suis en mode, là, c'est bien, ça a quand même marqué.

  • Speaker #0

    Non, mais oui, c'est un rendez-vous, mais c'est vrai que c'est une invitation en même temps. C'est vrai.

  • Speaker #1

    Mais je suis d'accord avec toi. Le roman n'est pas parfait, mais je pense que c'est aussi ça qui fait que je l'adore et que ça marche. Je ne sais pas quel rapport tu as avec ça, mais de toute façon, il n'y a jamais rien de parfait. Et ça rend le roman encore plus naturel. Je ne sais pas si c'est le bon terme, mais parce que la nature n'est pas parfaite. Tu vois, les humains le sont encore moins. Les hommes, avec un grand Z, le sont encore moins. parce que... Il y a aussi ça que j'aime dans ce roman. On va rentrer peut-être un peu plus dans le détail. Comme je le disais dans l'intro, on va essayer de ne pas trop spoiler, mais on est quand même là pour parler du livre. On ne va pas dire les gros cliffhangers et tout, mais on va en parler un petit peu. Donc oui, il y a une grosse critique de la société, que ce soit sur la marginalité de certaines personnes. Comme tu disais, Kya, elle vit dans le marais, sa famille vient du marais, donc il y a aussi une stigmatisation de ces personnes-là. Il y a aussi toute la partie raciale, on voit le racisme sur les personnes noires. Et puis, il y a aussi cette critique sur les hommes, sur les hommes masculins, dans le sens où on voit la dureté, la lâcheté des hommes aussi, en tout cas de certains, qui est vraiment pointée du doigt. dans ce roman, et aussi toute la stupidité de l'être humain dans, je le disais déjà un petit peu, mais voilà, la stigmatisation de dire, ah mais s'il y a eu un meurtre, c'est forcément la fille du marais, elle est bizarre, elle reste vive toute seule dans sa cabane, et en plus elle sait à peine lire, parce que oui, c'est plus facile de pointer du doigt cette personne-là plutôt qu'une autre. Donc je trouve que c'est un livre qui dénonce beaucoup de choses sur le fait d'être. en dehors des cases. Et je pense aussi que c'est aussi pour ça qu'il m'a touchée. Il a eu cette atmosphère-là où tu te sens rejetée avec elle alors qu'en fait il n'y a pas de raison. Puis il y a tout cet aspect autour de la nature qui est vraiment omniprésente. Et je ne sais pas si tu as eu cette info aussi, mais l'autrice était avant zoologue et botaniste, biologiste, etc. C'est aussi pour ça qu'elle connaît hyper bien la faune, la flore. Et ça se ressent, je trouve. Elle décrit vraiment très bien l'environnement dans ce bouquin. Et je suis complètement d'accord avec toi quand tu dis qu'elle mélange hyper bien les genres. Parce qu'il va y avoir du suspense comme dans un thriller. Il va aussi y avoir les codes de l'amour. C'est un roman aussi contemplatif. Je pense que c'est important de le dire. Autant il y a des chapitres où ça va vite en termes d'action, et autant il y a d'autres moments dans le livre où c'est plus posé, parce qu'à ce moment-là, la nature est plus calme. Et je trouve qu'on vit le livre à ses différents rythmes. Je ne sais pas si tu me rejoins là-dessus.

  • Speaker #0

    Oui, complètement.

  • Speaker #1

    Et c'est tout ça, en fait, qui rend cette histoire folle et qui, je pense, fait rejoindre plein de personnes sur le fait que, oui, ce livre, il est aimé, je crois. En tout cas, il a été énormément lu. Comment est-ce que toi, tu t'es sentie dans le marais avec Kia, que ça soit quand elle est petite, quand elle est adulte ? Qu'est-ce que t'as ressenti ? Qu'est-ce que ça t'a fait ressentir, en fait, son histoire à elle ?

  • Speaker #0

    Je m'y suis sentie très, très bien dans ces marais. Et je crois qu'il y a... Je crois vraiment qu'il n'y a rien d'étonnant à ça, au fait de se sentir bien. Parce que je pense déjà qu'il y a une chose, c'est que je crois que l'imaginaire collectif, il a tendance à confondre marais et marécage. Et dans le début du livre, je ne sais pas si tu te souviens, ils en parlent immédiatement. Pour remettre un peu le contexte, un marais, c'est un endroit qui est lumineux, c'est un endroit qui est vivant, c'est un endroit qui est poétique. Un marécage, c'est boueux, c'est humide et c'est souverain. C'est souvent associé à un danger. Et là, très clairement, on n'est pas dans les marécages. On est vraiment dans un lieu lumineux, vivant, comme je l'ai dit, poétique, naturel. Et je me dis, mais comment ne pas s'y sentir bien ? Très honnêtement, la nature qu'a créée l'autrice, elle est tellement exacerbée, tellement magnifiée, que moi, j'ai eu la sensation d'être en sécurité. C'est un lieu qui accueille, c'est un lieu qui t'enveloppe, qui protège. J'ai vraiment... ressenti l'idée même d'un je vais employer le mot, mais d'un refuge. C'est un lieu où le temps, t'en as parlé tout à l'heure, mais le temps il s'étire autrement en fait. Et moi qui suis dans une recherche de calme toujours dans ma vie quotidienne, là il y a une lenteur qui s'impose dans le livre qui est incroyable, qui est vraiment incroyable et qui transparaît dans chacune des pages. Et puis une autre chose qui participe vachement au fait de se sentir bien là-bas, c'est que les marins, ils apparaissent aussi comme une sorte d'espace d'apprentissage. C'est un lieu d'initiation, c'est-à-dire que chaque élément de la nature, et donc tu me l'apprends sur le passé de l'autrice, je ne savais pas du tout qu'elle avait, moi qui pourtant fais souvent des recherches sur les autrices, j'avoue que là je suis passée complètement à côté. Chaque élément de la nature vient t'enseigner quelque chose, c'est-à-dire que tu as les plantes qui nécessitent qu'on apprenne à les reconnaître, à les toucher, à les respecter, tu as tout ce qui se passe dans l'eau. le mouvement des poissons, la manière dont elle reflète la lumière, ce qu'il vit dans le sable, dans la terre, les traces des animaux. La liste est énorme, ce qui se passe dans les airs. Vraiment, le marais apparaît comme une sorte de maître, de maîtresse silencieuse pour toi. C'est un lien entre toutes ces choses. On ne fait pas que regarder. Même quand on est lectrice du livre, on n'est pas que en train de... de regarder et d'assister à ça. On vit, on ressent toutes ces choses et je crois que ça crée une sensation de sécurité et de familiarité. En tout cas, moi, c'est ce que j'ai ressenti. Après, je ne sais pas si toi, c'est quelque chose que tu partages dans les marais, mais moi, je ne m'y attendais pas du tout. Et pourtant, j'ai été chopée, littéralement.

  • Speaker #1

    Je suis carrément d'accord avec toi que moi, j'ai ressenti une appartenance. Comme si j'aurais pu y vivre. Comme si j'aurais pu être Kya, tu vois. Alors, j'en vis pas sa vie, clairement, certainement pas son enfance. Mais, tu vois, je me disais, oh là là, en fait, j'ai envie d'y être. J'adorerais y vivre, j'adorerais vivre ce qu'elle vit, tu vois. Parce que c'est exactement ça, c'est de l'observation. Et en plus, tu vois, Kya évoluait aussi de la même manière que la nature évolue, c'est-à-dire avec lenteur, avec réussite, échec, mais tout en douceur, en fait. parce qu'on suit sa vie, de quasiment sa naissance, il me semble, jusqu'à la fin de sa vie, qu'elle passe dans sa maison, dans le marais. Et tu vois cette évolution avec la nature et tu la vois évoluer avec tout ce qui l'entoure, avec toutes ces problématiques à elle en tant qu'être humain qui vit dans cet environnement. Et c'est trop beau. Moi, je me suis sentie trop bien dans cette lecture. j'étais Par rapport vraiment au personnage de Kya, j'ai ressenti, c'est bizarre, mais je ressentais comme de la fierté, une grosse sororité aussi par rapport à elle. Parce qu'en fait, tu la vois évoluer et tu vois qu'elle a une résilience de fou, qu'elle a un courage dont elle ne se rend même pas compte, je pense. Et puis aussi... Alors ça, c'est mon côté un peu revanchard. Mais tu vois, tous ces gens qui disaient « Ah, mais elle est bête, elle est idiote, regardez-la, bouh ! » Alors qu'en fait, elle a une intelligence extrême, que ça soit émotionnelle ou même autre. Ah ouais, moi, j'étais trop bien. Enfin, j'ai vraiment ce sentiment où je me sentais bien. Alors que pourtant, tu te dis « Bon, un marais, quand même, c'est un endroit avec de l'eau salée, c'est humide. » Enfin, tu vois, même si c'est lumineux et tout, bon, ça reste quand même un endroit humide. Mais ouais, j'étais quand même bien. Je me disais quand même, moi aussi, je veux une petite cabane dans le marais.

  • Speaker #0

    Mais je pense aussi que c'est dû au fait que, tu vois, quand elle était petite, je ne dis pas qu'elle subissait le marais, mais elle était là, elle n'avait pas spécialement le choix, elle est née ici. Et quand elle grandit, je trouve qu'elle habite pleinement les lieux. Elle se les est complètement appropriées. Et ça participe vachement, c'est-à-dire que nous, avec elle, on s'approprie aussi les lieux, tu vois, on s'approprie... tout l'apprentissage qu'elle va en faire et donc d'incidence, ça participe aussi, nous, à notre bien-être en tant que lecteur, je trouve.

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai. Ce qu'on peut dire, c'est qu'à la toute base, je crois qu'il y a à peine l'eau courante, il n'y a pas d'électricité. On ne parle vraiment de rien. Quand je vous dis cabane, c'est vraiment la cabane. Ce n'est pas une maison. Ce n'est pas du tout quelque chose de confortable ce dans quoi elle vit. Enfin, confortable. par rapport aux autres êtres humains qui vivent dans la ville à côté aussi, il faut remettre dans le contexte, années 50, Etats-Unis, bon, il y a certaines personnes qui n'avaient pas de droit, en fait. Et c'est aussi bien recontextualisé dans ce roman-là. Comment tu la décrirais, Kia ?

  • Speaker #0

    Déjà, comme on l'a un tout petit peu évoqué, c'est vrai qu'on a accès à plusieurs Kias, alors pas plusieurs personnalités, mais plusieurs moments de sa vie. on a... Le livre, il démarre, on a une Kya qui est enfant. Moi, Kya, enfant, elle m'a complètement bouleversée. Je trouve qu'il y a quelque chose d'à la fois très dur, mais en même temps très lumineux dans cette petite fille qu'on va laisser seule et qui apprend à tout faire par elle-même. J'ai été profondément touchée par son instinct, par sa façon d'apprendre sans mots, j'ai envie de dire, juste en observant, en écoutant. Après, je dois dire quand même que là, c'est là où j'ai aussi mes petites réserves et mes petites critiques. Quand je disais que ce n'est pas un roman parfait, j'ai eu du mal parfois à y croire complètement. Si on peut amener du coup la critique, il y a un côté enfant sauvage qui m'a un peu idéalisé, qui m'a chiffonné. Je veux dire le fait de survivre seule ou presque pendant des années. Tu te dis, elle se nourrit à peu près des mêmes choses de janvier à décembre. Elle utilise le même bateau pendant 15 ans. On ne voit pas s'il a des problèmes, le bateau, mais pendant 15 ans, il est nickel. Alors qu'on sait dès le début qu'il n'est pas top. Elle a réussi à échapper aux services sociaux, aux agents fédéraux. Tu vois, elle coupe son bois, elle ne tombe jamais malade. Bon, tout ça, c'est extrêmement beau, mais c'est un poil trop romanesque. Oui, je suis d'accord. Quel que... Tu vois, c'est des petites facilités de scénario. Bon, on passe à côté, on ne le montre pas vraiment. Voilà, bon, j'amène mes petites critiques quand même pour dire que...

  • Speaker #1

    Ah mais t'as raison, parce que c'est une réalité. Dans le livre, ça n'existe pas, quoi.

  • Speaker #0

    Oui, voilà, c'est ça.

  • Speaker #1

    Alors que dans la vie, ça serait pas pareil.

  • Speaker #0

    Voilà, on se dit, on balaye et c'est plus facile d'un point de vue scénario. Ça fait avancer plus vite l'histoire. Après, on a accès à l'Akia en jeune femme. Ce que je trouve très beau dans Laquia, jeune femme, c'est qu'elle garde en elle, je ne sais pas si toi aussi tu l'as aperçu, mais cette petite trace de l'enfance. Il y a une forme d'innocence, de curiosité presque animale et qui progressivement, et c'est là où c'est très bien fait dans la construction de son personnage, c'est qu'on va y ajouter, jusqu'à ce qu'elle devienne Laquia, femme, on y ajoute la force du désir, la force du rêve et la force de création pour en faire. finalement une femme qui choisit, une femme qui cherche et une femme qui espère. C'est-à-dire qu'en tant qu'adulte, Kya, en fait, elle est un espace de connaissance et de beauté aussi, tu vois, par son observation mais aussi par ses dessins. C'est là où je disais création, c'est que Kya, adulte, elle collectionne, elle dessine, d'ailleurs c'est un petit parallèle avec sa mère, Peignet. Donc, Donc... Donc voilà pour la Kia adulte. Et là où je disais espoir, c'est que moi, je la vois aussi comme une femme vraiment pleine d'espoir. Parce que malgré tout ce qu'elle va vivre, c'est-à-dire le départ de sa mère, le départ de ses frères, puis de son père, malgré la dureté du village, des gens envers elle, pour moi, c'est une femme qui va garder espoir jusqu'au bout, à plein d'endroits. Et c'est peut-être ça qui va la rendre... profondément humaine, je dirais. Donc pour moi, tu vois, KIA, elle est faite un petit peu de cette tension-là. Je la situerais entre le sauvage et le tendre, entre la fuite et le lien, et puis entre le silence et le besoin d'être vu.

  • Speaker #1

    Et je rebondis sur ce que tu disais sur la KIA jeune adulte, on va dire, qui a un peu ce côté enfantin. Je suis d'accord avec toi, et moi j'ai l'impression que je ressens ça. Parce que la kia jeune adulte, elle n'a pas été scolarisée. Et du coup, il y a plein de choses de la vie, je mets des guillemets, mais je ne sais pas comment dire autrement, mais de la vie civile, qu'elle ne connaît pas. Et du coup, ça donne aussi ce côté tendre de l'enfance, tu sais, des enfants qui disent, ah mais ça, c'est quoi ? Et ça, comment on fait ? Et du coup, je me demande si ce n'est pas à cause de ça que je ressens ça, tu vois. où j'ai de la tendresse pour elle comme j'ai de la tendresse pour un enfant, alors qu'à ce moment-là, elle a 16, 18, 20 ans, je ne sais plus exactement. Oui,

  • Speaker #0

    mais c'est vrai qu'elle a des réactions, elle a des mimiques et des choses très naïves qu'on pourrait attribuer plutôt à l'enfance, plutôt qu'à une jeune femme. Donc oui, il y a une tendresse qui est créée, je pense volontairement, pour le lecteur, puis ensuite par rapport au film, qui est très bien traduit d'ailleurs dans le film aussi, je trouve.

  • Speaker #1

    Mais oui, ça crée... gros attachement envers elle en fait je passe à la place des hommes dans ce bouquin qui reflète très bien notre société actuelle de toute façon d'ailleurs je trouve que tout le livre finalement il y a plein de bon après il est pas vieux le livre il est de 2018 encore une fois mais ça parle des années 60, 70 il y a toujours des thématiques qui sont là Alors, les hommes.

  • Speaker #0

    Écoute, moi, ce qui m'a frappée, c'est à quel point Kya évolue dans un monde presque exclusivement masculin. C'est comme si le féminin s'était complètement effacé autour d'elle.

  • Speaker #1

    Le féminin s'est barré avec sa mère.

  • Speaker #0

    Oui, c'est exactement ce que j'allais dire. À partir du moment où sa mère part, puis ses sœurs, mais ses sœurs sont nommées comme des sœurs, mais elles n'existent même pas. Elle part, là, elle va rester seule avec son père. son père qui est quand même bancal, instable, alcoolique. Bon, elle va quand même tenter de l'apprivoiser. Je dirais qu'elle va tenter de l'apprivoiser pas par amour, mais parce que on va dire que c'est tout ce qui lui reste. Oui, qu'elle en a besoin,

  • Speaker #1

    en fait.

  • Speaker #0

    Voilà, elle est petite. Je crois qu'elle a 7 ans à ce moment-là. Donc, il y a entre eux une forme de cohabitation très fragile qui va s'installer. Et d'ailleurs, je trouve que le père de Kya, c'est sans doute la figure la plus complexe du roman. Même s'il n'apparaît pas si longtemps que ça. Mais je trouve que ce que j'ai ressenti, c'est qu'il était hyper ambigu. Il incarne à la fois une présence et en même temps une absence. Parce qu'il est ultra présent par sa violence, etc. Et en même temps, il est complètement absent dans son rôle de père. Il incarne la peur autant que l'habitude. Et en fait, c'est la seule trace de famille qu'elle a. Et c'est tout ce que la famille ne devrait pas être, finalement, son père. C'est quelqu'un, on l'a dit, très violents, de... de colérie, qu'il est souvent perdu dans ses propres fantômes. C'est un homme qui n'a pas su aimer, qui n'a pas su protéger, qui ne tire même pas debout, finalement, qu'on se le dise. Et puis, il va rester là peu de temps, finalement. J'essaye de ne pas spoil, ce n'est pas évident. Mais bon, ce n'est pas vraiment un spoil de dire qu'il ne va pas rester très longtemps. On a conclu qu'il va aller être seul. Voilà. Et que Kya va s'y accrocher, je pense, un peu faute d'autre chose. Mais vis-à-vis de lui, Kya, elle est extrêmement sur la défensive. Moi, c'est ce que j'ai ressenti. Elle est sur la défensive. De toute façon, vu qu'il représente tout sauf la stabilité, je pense qu'elle est en incapacité de lâcher prise. Elle est toujours prête à se replier si jamais ça dérape. Mais il y a une chose, je pense, positive avec le personnage du père que moi j'ai noté, c'est que hum... il va quand même lui apprendre des choses avant de partir. Il ne va pas lui laisser un héritage d'amour, ce qu'on laisse habituellement, mais plutôt un héritage de survie. Il va y avoir ce truc de la pêche, le bateau. Puis c'est quand même lui qui va l'amener au magasin. On n'a pas encore parlé de Jumpin et Mabel, mais c'est lui qui va faire en sorte que ce lieu puisse exister dans la tête de Kia. Donc en gros, il va lui transmettre peut-être ce qu'il a de plus solide en lui. à savoir la survie. Et puis aussi, c'est là où je disais tout à l'heure il est aussi absent que présent, c'est que grâce à lui, mais surtout grâce à son absence, il va apprendre à ne dépendre de personne. À savoir si c'est quelque chose de positif ou négatif, dans tous les cas, c'est ce qui va la former après et ce qui va lui permettre de faire ce qu'elle entreprend. Voilà, c'est ce que j'allais dire sur le père. Après, évidemment, il y a d'autres personnages. Je ne sais pas si tu as envie de rebondir, c'est pour ça que sur le papa, à... De Kia ou non.

  • Speaker #1

    Ouais, alors je suis complètement d'accord avec toi que son père, clairement, lui a appris la survie et la solitude, dès le départ. Après, oui, bien sûr, il y a d'autres figures masculines dans le livre dont j'aimerais parler. Pour moi, il y a... Si je ne dis pas de bêtises, quatre figures masculines dans le livre qui sont vraiment très présentes. Il y a son père, comme tu l'as expliqué. Il y a Tate, qui est son premier amour. Sa première figure aussi masculine douce qui ne lui fait pas peur, qui ne l'attaque pas. Ils commencent à se connaître quand ils sont enfants. Clairement, c'est la safe place. Ensuite, il y a Chase. qui est une autre figure masculine, qui est, on va dire, la figure qui aurait pu représenter, je pense, son père, et qui est aussi une figure masculine toxique, très clairement. Et on retrouve aussi, j'ai oublié son prénom, mais tu l'as dit tout à l'heure, le...

  • Speaker #0

    Jumpin.

  • Speaker #1

    Jumpin, qui, pour moi, est la figure paternelle adoptive de Kia. Complètement. Pour moi, vraiment, dans le livre, c'est ces quatre figures masculines là qui tournent autour de Kya. Alors, en figure aussi féminine, pour moi, il n'y a que Mabel qu'on retrouve qui est là, mais pas aussi présente que ces quatre autres caractères dans le livre, en fait. Je ne sais pas si tu ressens la même chose que moi, mais je trouve que finalement, C'est très masculin, son entourage, même si elle est très peu entourée.

  • Speaker #0

    Oui, complètement. Non, non, elle évolue dans un univers, comme je l'ai dit tout à l'heure, complètement, exclusivement masculin. Et puis oui, ma belle, c'est parce que c'est la femme de Jumpin. Elle va amener, en effet, cette petite chaleur féminine. Mais c'est vrai qu'elle est en second plan.

  • Speaker #1

    Carrément. Il y a aussi un de ses frères qui, à un moment... réapparaît de nulle part, presque.

  • Speaker #0

    Oui, j'allais l'ajouter, moi, en cinquième, peut-être, figure. Je trouve importante, même si elle l'est moins que les autres, mais je l'ajouterais quand même. Parce que je trouve que Jodie, je crois qu'il s'appelle ce frère-là. Parce que les autres frères, bon, voilà, pareil, c'est comme les sœurs, ils partent, on ne sait pas trop qui ils sont, puis on ne les revoit pas, etc. Et Jodie, on sent que quand ils sont enfants, déjà, ils ont un lien particulier. ces deux-là, ils ont un lien. J'ai l'impression que Jodie, c'est le seul à pouvoir amener, en dehors de l'admiration que Kia est là pour sa mère, Jodie, c'est le seul qui tente d'amener un peu de lumière à Kia, justement, dans ce contexte compliqué dans lequel ils vivent. Et puis, surtout, je trouve qu'à partir du moment où Jodie s'en va, C'est quand même un enfant, il part, il est enfant lui, il part pour se sauver. Et en fait, on sent, enfin moi en tout cas j'ai ressenti que Kya comprenait à ce moment-là que l'amour, ça ne suffit pas à retenir ceux qui ont envie de survivre. Moi ça, ça m'a bouleversée en fait, parce que c'est un enfant qui part et tu sens qu'il a un attachement profond pour sa sœur, néanmoins il la laisse. Et pourtant... je ne l'ai pas ressenti contrairement à la mère et au père je ne l'ai pas ressenti comme un abandon parce qu'ils ont ce lien particulier où Jodie finalement ce n'est pas un refuge ce n'est pas un abandon mais il y a une forme d'attachement qui va résister et on le voit après vu qu'il y a une petite ellipse etc. et où il réapparaît et que malgré le silence il y a cet attachement qui est inexplicable et qui existe parfois entre deux êtres ou entre deux frères et sœurs et puis voilà c'est là et ça existe et même si c'est peu présent dans le film et dans le livre, ça existe et c'est important pour Kya.

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai. Mais j'ai un doute et c'est peut-être ma mémoire qui me fait défaut. Donc, tu vas sûrement pouvoir me dire. Mais moi, il me semble que Jodie, quand il part, il demande à Kya de venir avec lui. Et c'est elle qui dit, non, moi, je reste ici. Mais j'ai un doute.

  • Speaker #0

    Ouais, j'ai pas eu cette impression-là. Moi, j'ai eu vraiment l'impression qu'il partait pour se sauver et qu'il lui donnait quelques clés. Voilà, tu vois, il y a justement ce truc que je trouve très beau qui fait référence du coup au titre du livre. Il lui dit « si t'as des ennuis, va te cacher dans le marais, là où chantent les écrevisses » . Et il lui dit ça. Donc en gros, voilà, il lui dit que lui, il doit partir, il doit se sauver, il a des plans. Bon, on ne sait pas quels plans il a, il est gosse, mais néanmoins, il lui donne un peu ce truc-là. Est-ce qu'il espère que, ou peut-être il le sait même, que le père sera différent peut-être avec elle ? Je ne sais pas. Enfin, c'est des choses qui sont un peu laissées en suspens et peut-être que le lecteur, lui, a créé les idées qu'il a envie de créer par rapport à ces éléments où il n'y a pas vraiment de réponse. mais voilà

  • Speaker #1

    Oui, carrément. Mais c'est ça aussi que j'apprécie dans ce roman. C'est qu'il y a plein de zones d'ombre où on ne sait pas trop ce qui s'est passé, on ne sait pas trop ce qui est vrai et ce qui est faux. Je pense que c'est ça aussi qui nourrit l'imaginaire du lecteur et qu'on fait des suppositions et qu'en fait, on écrit aussi dans notre tête l'histoire de Kia et l'histoire de sa famille et de tout ce qui s'est passé. Je trouve que c'est aussi une des richesses du livre parce que jusqu'à la fin, il y a plein de trucs qu'on ne sait pas. le lecteur a sa place le lecteur a sa place et ça c'est comme dans les films c'est quelque chose que j'apprécie je sais pas toi mais moi c'est vraiment quelque chose que j'aime bien qu'on me laisse aussi que tout ne soit pas servi sur un plateau et qu'on me laisse ma part à moi d'autofilm ou d'autofiction en tout cas dans ma tête après c'est aussi vachement un livre qui parle de solitude, elle est omniprésente dans cette histoire, mais elle parle aussi beaucoup de relations sociales, que ce soit amoureuse, vraiment sociétale. Comment tu l'as perçue, toi ?

  • Speaker #0

    C'est vrai qu'on est sur une mise en scène d'une société profondément divisée, très clairement. On a l'impression que tout... semblent obéir à une sorte de hiérarchie, alors même si elle est invisible, elle est complètement implacable. On a d'un côté ceux qui appartiennent à la société, je mets les guillemets, civilisée, et puis de l'autre, ceux qu'elle relègue, à savoir les Noirs, les pauvres et les habitants du Marais. Et chacun vit dans un territoire bien délimité, que ce soit géographique et symbolique. Et Kya, ce qui est marrant, c'est que par exemple, elle, elle grandit dans une espèce d'entre-deux. Elle se situe dans le marais, mais elle est assez proche dans l'histoire pour apercevoir les gens du village, mais elle est trop éloignée symboliquement, culturellement, socialement, pour en faire partie. Tu vois ? D'ailleurs, il y a l'épisode de l'école qui, pour moi, est l'illustration parfaite. sans spoiler, etc. En effet, Kya, c'est quelqu'un qui n'est pas scolarisé. Et à un moment, elle va se retrouver à l'école. Elle va s'y retrouver parce qu'on va lui suggérer, on va lui faire croire que potentiellement, c'est un monde dans lequel elle peut exister. Et là, je veux dire, inconsciemment, elle va tenter de franchir cette frontière. Mais dès son entrée, la violence, elle est incroyable. C'est-à-dire que sa différence, elle saute aux yeux. et là La cruauté, je n'ai pas peur d'employer ce mot, mais la cruauté enfantine, elle s'abat sur elle, littéralement. Et elle comprend que cet endroit, ce n'est pas le sien. Ce n'est pas le sien. Et quand elle part, pour moi, le départ, il clôt symboliquement toute tentative d'intégration. C'est vraiment... Moi, c'est vraiment cette scène, je ne sais pas ce que tu en as pensé, mais elle est déchirante. Et puis, les images du film sont même pires, j'ai envie de dire.

  • Speaker #1

    Oui, ça fait très mal au cœur.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    et bah je te coupe pardon mais parce que je trouve qu'il y a une deuxième tentative de se rendre dans la société c'est quand elle est avec Chase et que tu sais elle le croise dans la rue et que ça se passe pas bien et qu'en plus il y a ses parents et que clairement il la regarde de haut en bas et lui dire oula pourquoi cette fille te parle en fait au secours quoi Et je trouve que c'est aussi un deuxième moment. Et il me semble aussi qu'il y a une histoire de soirée sur la plage ou un truc comme ça, où il l'invite et où tout le monde la regarde de travers en mode, mais pourquoi il y a la fille du marais ?

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. Mais du coup, je pense que c'est peut-être intéressant de reparler de ces deux figures masculines, pour remettre un peu le contexte de Chase, justement. Parce qu'en effet, on a Tate, dont tu as parlé, qui est son premier amour, qui, lui, est là, c'est le personnage qui incarne la douceur, c'est lui qui va lui apprendre à lire, à nommer le monde, à écrire, il est patient, il est attentif, etc. Et puis d'un côté, en effet, on a ce Chase. Là, encore une fois, je suis désolée, j'amène une toute petite critique, parce que je ne sais pas si tu Ausha tête, les gens ne le voient pas, mais il y a une opposition très forte, presque caricaturale, entre ces deux personnages.

  • Speaker #1

    Abusée même.

  • Speaker #0

    Voilà, c'est une facilité, on a pris d'un côté l'un, enfin voilà.

  • Speaker #1

    Il y a l'ange et le démon, quoi.

  • Speaker #0

    C'est ça, mais...

  • Speaker #1

    Pardon, mais même si... T'es pas tout blanc non plus, parce que... Bon, ça spoil un peu, désolée, mais... il se barre du jour au lendemain et surtout il abandonne qui il y a.

  • Speaker #0

    Oui, mais moi je ne l'ai pas vécu comme un abandon. Tu vois, contrairement aux gens de chaque année.

  • Speaker #1

    Je ne l'ai pas vécu comme un abandon.

  • Speaker #0

    Non, mais parce qu'en effet, il va partir, mais j'ai l'impression qu'en fait, il doit partir. C'est plus... Il doit partir. Lui, c'est vrai qu'au moment où il la rencontre, il est dans un schéma d'études, etc. Et donc, il y a des choses qui, de base, étaient prévues, on va dire. Bon, voilà, il n'a pas modifié ses plans, il n'a pas fait le gars, j'abandonne tout. pour toi, etc. Bon. Mais c'est vrai que de l'autre côté, il y a cette opposition entre les deux qui est un peu caricaturale. Néanmoins, je nuance mon propos parce que je trouve et c'est peut-être là pour ça qu'elle a choisi, je ne suis pas dans la tête de l'autrice, mais peut-être pour ça qu'elle a choisi ces deux opposés, ces deux visages de l'amour différent, c'est que ça permet de montrer par contraste l'autonomie et la lucidité que Kia, elle va acquérir parce qu'elle va apprendre à s'ouvrir avec Tate autant qu'à se protéger avec Chase. Et je trouve que du coup, elle va apprendre avec tout ça à exister à sa propre manière. Et donc, pour revenir sur Chase, lui, en effet, lui va arriver après la forme d'abandon, je mets plein de guillemets, le départ de Tate. Il va profiter de cette absence. Il en profite.

  • Speaker #1

    Clairement.

  • Speaker #0

    Voilà, c'est le personnage du coup qui est séduisant, qui est dominateur, manipulateur, qui joue sur les... le sentiment d'isolement aussi de Kia. Et du coup, il y a un mélange de danger et de contrôle. Et je ne sais plus pourquoi j'avais besoin qu'on refasse un point sur... Ah bah oui, par rapport à l'épisode en effet, où Kia justement, elle se retrouve une deuxième fois avec une tentative d'intégration et que là, en effet, elle est avec Chase et Chase, il appartient à un autre univers. Lui, il appartient aux gens du village, à cette société ... du regard et du jugement, d'incidence, évidemment. Ça crée une vraie... Je ne sais pas comment on pourrait dire ça, mais une césure entre les deux.

  • Speaker #1

    Une dualité de rapports. Voilà,

  • Speaker #0

    elle est là-dedans. Et évidemment, déjà qu'elle est mal à l'aise, qu'elle est gauche, la pauvre, on est vraiment de son côté. Et puis d'un coup, il y a cette dureté qui apparaît face à elle, face aux amis de Chase, face à sa famille. Donc, là, en effet, si avant, l'école, déjà de base, ça avait été un peu la gifle, là, bon.

  • Speaker #1

    Je crois que cet épisode-là, moi, je l'ai ressenti comme ça. J'étais en mode, bon, là, c'est bon, ça l'a terminé. Je pense qu'elle n'essayera même plus, en fait.

  • Speaker #0

    Oui, non, c'est fini.

  • Speaker #1

    On arrête les frais, quoi.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    J'avais vraiment eu ce sentiment de... Non, mais la pauvre. Et après, t'as la Kya, qui a du caractère, quoi, et qui dit, bon, c'est bon, vous m'avez saoulée. Moi, c'est pas ma vie, c'est pas mon combat.

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #1

    Je m'en fous, quoi.

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #1

    Mais c'est vrai qu'il y a plein de relations sociales qui sont quand même différentes, caricaturales. Je suis complètement d'accord avec toi. Peut-être trop, parce que c'est parfois un peu trop noir, trop blanc. Ouais. Mais tu vois, comme tu le disais pour le personnage du père, qui est complexe et bien construit, à l'inverse... tu vois celui de Chase bien construit aussi qui répond à tous les critères du connard ouais même les rêves point complexe mais tu vois je trouve que Chase à l'inverse du personnage du père je trouve que c'est celui qui est le plus

  • Speaker #0

    facile d'accès parce que zéro surprise sur le gars quoi ouais même si moi j'ai eu un je sais pas si c'est un espoir je vois ce que tu veux dire oui mais Merci. Tu vois, le moment où... Peut-être que... Ouais, j'ai pas su, tu vois, démêler, me dire est-ce que c'est de la manipulation ou est-ce que tu vois, les moments où Akia, il lui dit tu es la seule personne qui me... Il n'y a que toi qui me connais vraiment. Il n'y a qu'avec toi que je peux être... vrai. Il lui dit ça à plusieurs reprises à Kia et je me suis dit, est-ce que il a cette intelligence de voir qu'en face, il a quelqu'un de spécial, quelqu'un de sensible, quelqu'un d'ouvert et que c'est la vérité, c'est ce qu'il pense, mais à côté de ça, vu qu'il est terrible, en fait, c'est pas suffisant ou est-ce que là aussi, on est encore dans de la manipulation de vu que tu es à part, d'essayer de dire, je te donne ce rôle de tuer la fille à part. J'ai pas su, vraiment, c'est ambigu. pour moi.

  • Speaker #1

    Après, je pense que dans toute manipulation, il y a aussi une certaine vérité. Tu vois, donc moi, j'ai ce sentiment que oui, il se sentait lui-même avec Kia parce que c'est un animal et qu'en tant qu'animal, elle le voyait... Enfin, tu vois, il pouvait être entre guillemets naturel avec elle. Je sais pas si ce que je dis, c'est clair. Il avait pas tous ses artifices de la société qu'il peut avoir avec ses parents et à l'école,

  • Speaker #0

    tu vois.

  • Speaker #1

    Parce qu'aussi, ce moment-là de... du livre, ils sont adolescents, mais adolescents 17, 18 ans, peut-être un truc comme ça. Donc c'est aussi en plein dans cette période de l'adolescence où t'es dans le paraître, etc. Et moi je le vois, ou quand il lui dit ça c'est, bah avec toi, j'enlève mes artifices, et je sais que toi comme tu n'en as pas, tu comprends.

  • Speaker #0

    Oui peut-être.

  • Speaker #1

    Moi tu vois, je le vois comme ça. Mais du coup, manipulateur. Parce qu'il se sert d'elle quoi. T'es un connard, je l'aime pas. Mais Tate, bon, il s'est bien rattrapé, mais je l'ai pas beaucoup aimé non plus, quand même.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai que son départ... Non,

  • Speaker #1

    attends, cette scène où elle l'attend sur la plage parce qu'il lui a dit « Tel jour, je serai là, attends-moi... »

  • Speaker #0

    C'est pas seulement le départ, c'est le départ et les promesses après.

  • Speaker #1

    Ah ouais, non, ça, moi, je pardonne pas.

  • Speaker #0

    Voilà encore autre chose.

  • Speaker #1

    Ah ouais, non, mais franchement, elle s'endort et moi, ça m'a crevé le cœur. Et puis avec le film aussi, maintenant, j'ai cette scène dans ma tête et je suis là genre, mais non, mais connard. Non, c'est pas possible. Moi, j'avais plein d'espoir en lui. Tu l'as dit et on l'a dit toutes les deux, il y a une enquête et ça mélange aussi du thriller, ce bouquin. Pour toi, quelle est la place de l'enquête dans le livre ?

  • Speaker #0

    Écoute-moi, dans le livre... ce que j'aime particulièrement, c'est que l'enquête, elle ne vient jamais parasiter l'histoire principale. Je trouve qu'elle est là plutôt comme une sorte de structure. Elle donne un cadre narratif. Il y a une tension qui est presque invisible même au début, qui est différente d'ailleurs dans le choix de la réalisation du film, peut-être qu'on en reviendra après. Mais je trouve que tu vois, Et c'est là où c'est intelligent. L'enquête, elle vient imposer, je ne sais pas si ça va être hyper clair ce que je vais raconter, mais ça vient imposer une sorte de logique humaine alors qu'on est dans un espace qui n'obéit qu'à des lois naturelles. Tu vois, ça crée ces deux espaces, toujours en confrontation. Et après, moi, je n'ai pas eu l'impression qu'on était dans une enquête de type polar. Et ça, c'est ce que j'ai aimé, parce que vraiment, moi, ce n'est pas mon truc. mais qu'on était plus dans une enquête morale, finalement. Pour moi, l'enquête, à mon avis, l'autrice, elle s'en est servie comme une sorte d'allégorie, tu vois, du regard que la société, elle porte sur Kia. On a besoin d'un coupable. Il s'est passé quelque chose, on a besoin d'un coupable. Mais surtout, on va chercher à confirmer les préjugés qu'on a sur Kia.

  • Speaker #1

    Mais d'ailleurs, c'est ce que ton avocat a dit.

  • Speaker #0

    Oui, oui, oui, complètement. c'est qu'on n'est pas là pour juger des faits, on vient juger une différence. Et c'est là où, pour moi, c'est toute la dimension morale, et plus que, voilà, il y a quelqu'un qui est décédé, et puis on doit trouver qui est le criminel, tu vois. La dimension policière, pour moi, dans le film et dans le livre, elle fonctionne très bien. Je trouve que ça rythme bien le roman, que ça maintient le lecteur. Moi, ça m'a maintenue dans une forme d'incertitude tout du long. Je trouve ça très habile, parce que... Le suspense, c'est un très bon ingrédient, je trouve, dans un livre. Et en même temps, ça crée une opposition entre un regard, comment on pourrait dire ça, froid, méthodique, face à... Enfin, je veux dire, j'oppose le regard froid, méthodique et très normatif de l'enquête à, d'un coup, le regard très sensible et très instinctif et donc très libre de qui a, tu vois. Et puis, il faut quand même le dire, on a le lieu du tribunal. qui apparaît dans le livre, qui est vraiment pour moi le territoire d'observation. On est vraiment spectateur du conflit entre deux mondes. Littéralement, c'est vraiment deux mondes qui s'opposent. On n'a pas du tout l'impression d'assister au jugement de quelqu'un qui a tué quelqu'un. Moi, je n'ai pas eu du tout ce ressenti. C'est en ça que je trouve vraiment la place de l'enquête est incroyable. très bien ficelé à la fois dans le roman et dans le livre, même si dans le film, c'est pour moi un peu différent. Je ne sais pas si tu partages cet avis, par exemple.

  • Speaker #1

    Oui, je suis complètement d'accord que l'enquête est très bien intégrée dans ce roman qui parle de nature. Je trouve que si elle n'était pas là, je ne suis pas sûre que le livre aurait eu le même impact. Parce que tout le dénouement aussi de l'histoire se joue avec cette histoire d'enquête et de meurtre, etc. Donc pour moi, elle a vraiment toute sa place et heureusement qu'elle est là, même si c'est pas l'élément central, parce que, complètement d'accord avec toi aussi, elle est pas omniprésente. Et ça fait beaucoup dans l'histoire. Ensuite, la différence par rapport au film, je suis d'accord avec toi aussi, dans le film, l'enquête, dans mes souvenirs, parce que je l'ai jamais revue. Ah si, je l'ai revue, il y a... Trois ans, je dis une bêtise. Mais dans le film, l'enquête est beaucoup plus présente, si ma mémoire est bonne.

  • Speaker #0

    Oui, complètement. Je veux dire, c'est un terrain qui est beaucoup plus visible. C'est presque le fil rouge du film.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Moi, j'ai le souvenir dans ma tête qu'en gros, il y a l'enquête au milieu, dans le film, qu'il y a l'enquête au milieu et que tout gravite autour de l'enquête, alors que dans le livre, ce n'est pas du tout ça.

  • Speaker #0

    Non.

  • Speaker #1

    Dans le livre, au centre, c'est le marais. Et qu'il y a quoi ?

  • Speaker #0

    Complètement. Oui, là, c'est un... C'est plutôt un fil rouge. Et puis, je veux dire, toutes les scènes, le tribunal, les fouilles dans le film, c'est beaucoup plus spectaculaire, c'est beaucoup plus mise en scène. Après, moi, personnellement, ça ne me pose pas de problème. Dans le sens où je trouve qu'adapter un livre au cinéma, c'est accepter des choix, c'est accepter des formats, c'est accepter des amplitudes. Donc, en soi, moi, je suis complètement OK avec ça.

  • Speaker #1

    Oui, il faut accepter que ça ne sera pas la copie du livre.

  • Speaker #0

    Non.

  • Speaker #1

    Ce n'est pas possible, en fait.

  • Speaker #0

    Non, absolument pas.

  • Speaker #1

    Et du coup, au sens large, tu en as pensé quoi du film ? Est-ce que tu as bien aimé ?

  • Speaker #0

    Oui, franchement, j'ai plutôt bien aimé. Moi, ce que j'ai surtout apprécié de voir, c'est la mise en image. En fait, les couleurs, la lumière, le marais, ces trois espaces-là. mis en image. Évidemment que quand on le lit, on l'imagine, mais dans le film, c'est beau. D'un coup, il y a la couleur, la puissance du cinéma qui entre en jeu. C'est indéniable. J'ai trouvé l'actrice principale, qu'on la cite quand même, c'est Daisy Edgar Jones. Incroyable. Franchement, j'ai trouvé qu'elle incarnait très bien Kia. Je l'ai trouvée très convaincante. Et d'ailleurs, la Kia, enfin... Et aussi incroyable. Moi, elle est énorme. J'ai pas retenu son nom, je suis désolée, mais je l'ai trouvée remarquable.

  • Speaker #1

    Je suis d'accord.

  • Speaker #0

    Donc, niveau mise en image, je trouve que le film a de très, très belles choses.

  • Speaker #1

    La Kia enfant s'appelle Giorgio Reggina.

  • Speaker #0

    Ah ben voilà. Elle est superbe. Elle est vraiment superbe. Moi, je la trouve très émouvante. Après, j'ai préféré le livre. J'ai préféré le livre pour une seule raison. vraiment, c'est que pour moi, le livre, il prend le temps. Il prend le temps parce qu'il déploie. Il installe la solitude, les silences, toutes les sensations. Dans le film, il y a certaines zones de... Comment on pourrait dire ? Il y a certaines zones de respiration qui sont ultra présentes dans le livre qui, ici, sont moins rendues tangibles, disons, et qui sont plutôt remplacées par des scènes un peu plus d'action. Mais... Ce n'est pas forcément un défaut, selon moi. Pour moi, c'est le prix de l'adaptation. C'est-à-dire qu'on est en train de faire un film, on ne construit pas un livre de la même manière qu'on construit un film. Pour moi, c'est complètement impossible de transposer, de transporter tout ce que tu trouves dans un livre, dans un film. Tu fais des choix, par défaut, tu supprimes des choses, tu en mets d'autres. En conclusion, j'ai bien aimé le film. et j'ai juste senti que le film, il apportait quelque chose, à savoir les couleurs, la lumière, et il en perd une chose, à savoir la lenteur et la contemplation, même s'il y a des moments lents. Mais je trouve que toute la lenteur qui est très installée dans le livre, parce que pour moi, c'est dans ces moments-là que le roman, il excelle. Je ne l'ai pas forcément retrouvé dans le film.

  • Speaker #1

    Ok, je comprends.

  • Speaker #0

    Vu que toi, tu as vu le film avant, je ne sais pas que ça change. Parce que moi, en regardant le film après, le processus, évidemment, il est différent. Il y a toujours ce truc de tu as vu le film ou tu as lu le livre avant.

  • Speaker #1

    C'est ça. Moi, du coup, c'est différent, évidemment, parce que déjà, j'ai adoré le film. Incroyable. Et en fait, au final, moi, c'est le roman qui est venu compléter le film. Et pas l'inverse. Donc, je n'ai pas eu ce sentiment de scène tronquée, on a un peu modifié la structure pour servir le film, etc. Du coup, moi, je n'ai pas eu ce sentiment. Et c'est pour ça aussi que, fait rare je crois, mais j'adore voir les films avant de lire des livres. Parce que je ne suis pas déçue.

  • Speaker #0

    Mais moi, d'habitude, je fais ça. Et je suis de ta team, complètement. J'adore voir les films. Souvent, mais non ! Ah non, non, moi je suis complètement comme toi, parce que je trouve qu'après, je me dis, c'est super, je vais lire le livre, et vu qu'il n'y a plus le temps, je vais avoir encore plus de détails qui vont s'ajouter à ce que j'ai vu.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Mais bon, ben là...

  • Speaker #1

    Mais effectivement, j'ai pas, c'est un grand mot que j'utilise, mais j'ai pas cette déception que t'as pu ressentir. Moi, le film, j'en ai vraiment un souvenir incroyable, et je te rejoins complètement sur la colorimétrie, les images du Marais incroyable. je trouve que tous les acteurs jouent bien mais alors particulièrement les deux actrices qui font Kia, effectivement, que ça soit enfant ou adulte. Et puis alors, je suis désolée, c'est peut-être hyper débile ce que je vais dire, mais qu'est-ce qu'elle est belle ! C'est incroyable, moi je la trouve magnifique, cette actrice, et à chaque fois, quand elle est à l'écran, sachant qu'elle est à l'écran 98,5% du film, je trouve qu'elle prend toute la place, elle a un charisme de fou. Bref, j'ai adoré. C'est pour ça que j'ai lu le livre, de toute façon. C'est ça qui m'a donné envie de lire le livre. Juste aussi, pour précision, le livre, il fait quatre... Enfin, moi, j'ai l'édition Point, qui est sortie en 2018, enfin 2019, je pense, avant le film. Je vais y arriver. Et il fait 460 pages. Donc, ça rejoint aussi, tu vois, ce que tu disais, qu'en 460 pages, il y a le temps de prendre le temps, en fait. Même si le film,

  • Speaker #0

    on n'est pas sur un film d'une heure et demie, je crois qu'il fait 2h10, quelque chose comme ça. Je sais plus,

  • Speaker #1

    tu vois.

  • Speaker #0

    Oui, parce que moi je sais, parce que de base j'aime les films d'une heure et demie, au-delà me demande un peu plus de concentration, mais en effet, je crois qu'il est à plus de 2h10 ou 2h15. Ok, tu as raison, 2h15. Oui, il garde un espace quand même pour la contemplation, c'est pas complètement retiré du film, parce que ça aurait été raté, selon moi. Mais c'est vrai qu'ils ont moins le temps pour ça, forcément. Dans l'incidence, on ne va pas faire un film de 4 heures.

  • Speaker #1

    Pour terminer cet épisode, je vais te demander deux choses. De façon synthétique, qu'est-ce que tu retires de cette histoire ? Et est-ce que tu pourrais nous lire un extrait du livre que tu as aimé ou qui t'a marqué ?

  • Speaker #0

    Alors, déjà, moi, ce que je retiens personnellement, c'est la puissance. Vraiment, la puissance, je le répète et j'insiste sur le mot, de la résilience et la beauté singulière d'une vie qui se construit malgré l'abandon, qui à moi m'a montré qu'on peut apprendre à se soutenir soi-même, à écouter le monde, à se nourrir de la nature, de ses rythmes, pour devenir autonome. Pour moi, c'est un récit où... L'isolement et la marginalité ne sont pas que des épreuves. Il y en a des épreuves, mais ce n'est pas que ça. Il y a une très, très grosse place pour l'apprentissage. Pour moi, c'est des terrains d'apprentissage, des espaces où va se forger une sensibilité, une force et une subtilité du regard énorme. Pour moi, c'est... Alors là, je pars vraiment dans le cliché bateau, mais... C'est les premiers mots qui me viennent, mais pour moi, c'est la célébration de la vie qui persiste, qui est fragile, mais obstinée. C'est une vie qui est attentive aux détails, aux signes du monde. C'est un roman où la solitude devient carrément un langage, en fait, où chaque geste, vraiment chaque geste dans le marais, chaque observation de la nature, chaque lien humain contribue à... à l'épanouissement. C'est complètement une invitation à observer, à ressentir et à se laisser surtout, je vais finir par ça, mais à se laisser transformer par tout ce qui nous traverse. Vraiment d'accepter d'être transformé par ce qui nous traverse. Pour la lecture, l'extrait est assez court. Ce que j'ai choisi, c'est vraiment juste un tout petit paragraphe. Et d'ailleurs, je tiens à dire que c'est un paragraphe, c'est un des tout premiers moments de proximité entre Tate et Kia. C'est juste, la scène se passe juste avant leur premier baiser. Et pour moi, elle représente vraiment tout ce qu'on a dit juste avant. Les couleurs, la nature, la contemplation, la beauté. Et donc c'est page 161 de l'édition de chez Point. À ce moment précis, le vent se leva et des milliers et des milliers de feuilles jaunes de sycomores furent arrachées à leurs branches pour traverser le ciel. Les feuilles d'automne ne tombent pas, elles volent, elles prennent leur temps, errent un moment, car c'est leur seule chance de jamais s'élever dans les airs. « reflétant la lumière du soleil, elle tourbillonnaire, voguère et voltère dans les courants. » Voilà. Et il y a une scène comme ça dans le film avec toutes ces feuilles, avec cette lumière et Tate et Kia l'un en face de l'autre avant ce fameux premier baiser.

  • Speaker #1

    J'aurais pu t'écouter pendant tout le livre, je pense.

  • Speaker #0

    C'est un coup de feu.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Anaïs d'avoir partagé ce moment avec moi.

  • Speaker #0

    Merci à toi Pauline, merci, vraiment merci de m'avoir permise ce rendez-vous, comme je l'ai dit, comme je trouve que c'est des rendez-vous avec les livres et que jusqu'ici il était sur les tables et jamais entre mes mains. Écoute, tu as permis ça.

  • Speaker #1

    Ça me fait grand plaisir. En tout cas, si vous avez déjà lu ce livre, je serais très contente d'avoir votre retour, votre avis, savoir si vous êtes d'accord. ou pas, avec ce qu'on a pu dire et échanger. Et si vous ne l'avez pas lu, je ne peux que vous le conseiller. Voilà, j'espère que cet épisode aura pu vous donner envie de découvrir Là où chantent les écrevisses de Delia Owens, parce que pour moi, c'est un coup de cœur dans ma vie. Anaïs l'a aussi beaucoup apprécié. Donc j'espère qu'on a su vous donner envie, et je vous donne rendez-vous une prochaine fois. Merci encore, Anaïs.

  • Speaker #0

    Merci Pauline.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir partagé ce moment avec nous. Si cet épisode vous a plu, N'hésitez pas à en parler autour de vous et sur les réseaux sociaux. Et pour rappel, le podcast à nous deux, c'est un mardi sur deux.

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