- Speaker #0
Bienvenue à « À part égale » , l'émission du réseau Parité 1-1 du groupe La Poste. Et aujourd'hui, j'ai la grande joie d'accueillir parmi nous Céline Dogenet. Bonjour, Céline.
- Speaker #1
Bonjour.
- Speaker #0
Donc Céline, vous êtes créatrice et rédactrice en chef de Simone Média. Auparavant, vous avez un parcours très riche dans le journalisme. à France 3, M6, Canal+, vous avez été d'ailleurs rédactrice en chef adjointe du Grand Journal, et journaliste politique, vous avez un parcours, vraiment une carrière importante dans tous les médias audiovisuels. Et en 2018, vous avez co-fondé Simone Média, avec une ligne éditoriale plus pop, un peu féministe. Pourquoi ce choix ?
- Speaker #1
Ah, pourquoi ce choix ? Écoutez, en fait, j'avais... C'est vrai, beaucoup travaillais en télé pour des émissions d'infotainment, donc qui mêlaient le divertissement et l'information. Et j'avais un peu l'impression d'avoir fait le tour du sujet. Et en fait, je suis partie à ce moment-là d'un triple constat. Le premier, c'est qu'on invitait un peu toujours les mêmes personnes dans ces émissions pour lesquelles je travaillais. Il y avait souvent moins de femmes que d'hommes. C'était aussi le constat que moi, autour de moi, il y avait de moins en moins de gens qui consommaient les médias traditionnels, que tout le monde était en train de basculer sur les réseaux sociaux. Et puis j'avais envie de m'adresser à une cible plus jeune. Et donc c'est autour de ces trois éléments que je me suis dit, moi, qu'est-ce que j'aimerais voir comme média ? Dans quel média j'aimerais travailler ? En fait, je me suis un peu créé mon propre... Mon propre média, celui en tout cas qui n'existait pas et que j'avais envie de pouvoir moi aussi consommer à titre personnel.
- Speaker #0
C'est très intéressant. Et j'ai une petite question qui va dans le sens de ce que vous venez de dire. Il faut être un média féministe pour donner la parole à plus de femmes, à des femmes expertes. Ou est-ce que vous pensez que depuis le lancement de Simone Média, il y a plus de femmes aussi dans les autres types de médias ? Est-ce que vous constatez ça ou pas beaucoup de changements finalement ?
- Speaker #1
Moi, au début, quand j'ai lancé Simone, je ne me suis pas dit « tiens, je vais lancer un média féministe » . Ça, c'est intéressant. Je me suis dit « j'ai envie de lancer un média pour donner la parole à des femmes qu'on ne voit pas ailleurs » . Donc des femmes qui n'étaient pas forcément expertes, des femmes qui pouvaient être madame tout le monde, les femmes que je croisais dans la rue. Parce qu'il y avait une chose aussi, c'est que moi, je ne me reconnaissais pas dans les médias traditionnels féminins, les magazines. Je ne m'identifiais pas aux femmes que je voyais.
- Speaker #0
Aux images qui étaient...
- Speaker #1
J'avais envie de proposer des rôles modèles un peu différents, de donner la parole à d'autres femmes. Dans les médias traditionnels, j'ai l'impression qu'aujourd'hui, on a un peu progressé, parce que je crois qu'il y a une étude de l'Arcom, qui est un baromètre qui vérifie tout ça, qui mesure tout ça. On est passé, je crois, de 38 ou 36 à 42 % de parts de femmes à la radio ou à la télévision.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
Mais ça stagne depuis 2021. Et cette année, dans ce baromètre, on a vu aussi que le temps de parole des femmes avait diminué. Donc en fait, on les voit plus, mais elles parlent moins. Donc il y a encore du travail à faire. Et ce qui est intéressant aussi, c'est que sur les réseaux sociaux, finalement, moi, à l'époque où j'ai lancé Simone, tout était ouvert. On pouvait faire un peu ce qu'on voulait en termes de format. On pouvait inviter qui on voulait, ce qui est toujours le cas aujourd'hui. Et peut-être que la télévision et la radio progressent, mais à mon avis, il y a encore du chemin à faire.
- Speaker #0
Oui, c'est-à-dire qu'on voit peut-être un peu plus de femmes, mais elles parlent moins, et c'est peut-être un peu toujours les mêmes encore.
- Speaker #1
Alors, je crois que ça progresse quand même,
- Speaker #0
il faut le reconnaître.
- Speaker #1
Mais il y a encore des endroits où il y a une très grande disparité. Je crois que si on regarde les programmes de sport, là, il y a encore un différentiel très important. Quand on fait des émissions politiques, en règle générale, on voit quand même beaucoup moins de femmes que d'hommes. Donc il y a encore quand même un différentiel. Alors nous, on compense ça sur les réseaux sociaux, j'ai envie de dire, parce que nous, on a, je pense, à 90% que des femmes. Et ça permet aussi d'avoir des nouveaux rôles modèles et les générations, les jeunes générations, de se reconnecter dans des profils de femmes différentes qui ne sont pas forcément que des expertes, qui ne sont pas forcément que des femmes du top management. mais aussi des femmes qui ont des initiatives à échelle locale ou régionale et qui peuvent être inspirantes aussi.
- Speaker #0
Et d'ailleurs, Simone Média, aujourd'hui, il me semble que vous êtes reconnue comme la marque féminine la plus engageante. Au-delà de la fierté, j'imagine que vous avez, parce que vous êtes partie d'une idée, d'un concept. Aujourd'hui, vraiment, c'est un média qui est très reconnu. En plus, il n'y a pas grand-chose, finalement, sur les réseaux sociaux. C'était un peu à Paris, donc bravo. Oui.
- Speaker #1
Qu'est-ce que ça vous évoque, en fait,
- Speaker #0
au-delà de la fierté ? C'est quoi ? Ça signifie quoi pour vous ?
- Speaker #1
Déjà, c'est quand même parti d'un truc très instinctif, d'une envie que j'avais. Donc, le fait que ça ait rencontré une audience, je trouve ça super, mais ça m'a complètement dépassée, en fait. Qu'est-ce que ça raconte ? Alors, ce fameux top numéro un des médias les plus engageants, en fait, c'est un indicateur qui mesure le taux d'engagement. Donc, c'est quelque chose de très important sur les réseaux sociaux. C'est la façon dont on interagit avec notre communauté. et effectivement Simone est numéro 1 parmi les marques féminines, et même dans le top 10, tout secteur confondu. Ça, on en est très très fiers. Et qu'est-ce que ça raconte ? Ça raconte l'attachement qu'on a avec les gens qui nous suivent, le caractère prescripteur, et qu'en gros, il y a un contrat de confiance qui est très fort entre nous et la communauté des abonnés, et que quand on leur propose un sujet, elles nous font confiance, et on a vraiment un échange de qualité, en fait.
- Speaker #0
Et puis vous le donnez, peut-être les gens certainement se reconnaissent plus, comme vous le disiez, puisque finalement, comme nous toutes, quand on regarde des gens un peu inaccessibles ou des rôles modèles, on essaye aussi, ne serait-ce que dans le groupe La Poste, de ne pas toujours avoir des gens qui ont fait des carrières incroyables, mais finalement on a du mal à s'identifier, ou en tout cas chacun a du mal à s'identifier, on essaye aussi de donner cette parole-là, et peut-être que du coup, ça fait en sorte que vous rencontrez un public effectivement... plus large.
- Speaker #1
Oui, sans doute le fait qu'on puisse donner la parole à des femmes d'âges différents, de milieux différents, qui viennent témoigner de leur parcours ou de leurs engagements. Je pense que c'est ça qui résonne aussi et qui était intéressant d'aller travailler sur les réseaux sociaux et qui était moins possible sur les médias traditionnels qui sont la télé ou la radio. Même s'ils ont embrassé ce mouvement aussi beaucoup aujourd'hui, c'était... Ce processus d'identification, d'ailleurs dans la grammaire des réseaux sociaux, si on regarde bien, les gens s'adressent directement, on n'a pas les mêmes valeurs de plan, la même grammaire. Et c'est vrai que ça a sans doute libéré aussi, décomplexé un certain nombre de femmes qui ont du coup trouvé dans ces contenus quelque chose qu'elles n'avaient pas forcément vu ailleurs. C'est peut-être ça la réussite, le secret de Simone.
- Speaker #0
C'est ça. Et alors Simone, c'est référence aux Simones les plus connues, je crois. Donc Simone de Beauvoir, Simone Veil. Simone Louise de Pinet de Borde-Forrest, c'est ça ? Oui,
- Speaker #1
qui est la première femme à avoir eu son permis de conduire.
- Speaker #0
Je ne la connaissais pas. Voilà. Donc bravo pour ça. Et aussi, j'ai lu à votre arrière-grand-mère.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Donc c'était intéressant. Un petit clin d'œil. C'est aussi donner à connaître des gens. On parlait de Simone, évidemment, connue. mais aussi de... de cette femme qui a passé son permis de conduire. Donc j'imagine que c'était un acte assez presque politique à l'époque. Oui,
- Speaker #1
une forme d'indépendance et de liberté qui était significative.
- Speaker #0
Et donc votre grand-mère, parce que du coup, vous justement, selon vous, vous amenez ce parcours à cette réflexion ? Est-ce qu'il y a quelque chose peut-être dans votre enfance ? Je ne sais pas si c'est facile de répondre à cette question, mais vous personnellement, pourquoi cet engagement ?
- Speaker #1
Alors c'est une question que je me suis posée assez récemment, de pourquoi je m'étais embarquée dans cette aventure-là, qui était très instinctive, donc que je n'avais pas conscientisé en me disant « je vais formaliser un engagement, je vais monter un média féministe » . Donc je me suis demandé comment je m'étais retrouvée là, et en fait je crois que moi, depuis que je suis toute petite, j'ai une grande soif de liberté. Et de ne pas être enfermée dans des rôles préassignés. Moi, j'étais un garçon manqué.
- Speaker #0
C'est intéressant parce que j'ai souvent des femmes qui disent « je suis un garçon manqué » et Candice Tréveau, qu'on avait reçue, qui est footballeuse, son papa lui a dit « mais non, tu es une fille réussie » .
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Alors ?
- Speaker #1
Je trouve ça super. Mes parents ne m'ont pas dit ça. Parce que dans Garçons Manqués, effectivement, c'est une fille qui n'a pas réussi à être un garçon. Donc c'est quand même assez péjoratif.
- Speaker #0
Et bien de vous en plus alors !
- Speaker #1
Non mais en fait, je sais que je n'avais pas du tout envie d'être la petite fille qu'on voulait que je sois. Et donc j'étais en opposition et en résistance sur pas mal de trucs. Donc à la fois sur les loisirs, moi j'adorais faire du foot. Je suis d'une génération où ce n'était pas hyper bien vu.
- Speaker #0
C'est encore difficile.
- Speaker #1
C'est encore difficile, mais c'est possible. Et moi, je trouve ça super, en fait, pour les petites filles d'aujourd'hui. Je me souviens d'avoir des conflits très forts avec ma maman sur le fait de mettre des robes, alors que j'en mets aujourd'hui. Mais il y avait vraiment ce truc de... Vous voulez que je sois cette personne, mais moi, j'ai envie d'être quelqu'un d'autre, je ne sais pas vraiment qui. Et je crois que ça... Ça m'a accompagnée et que du coup, dans ce projet que j'ai développé, il y avait ce truc de dire aussi aux femmes ou aux jeunes femmes, en fait, foutez-vous la paix. Soyez la personne que vous avez envie d'être, loin des injonctions, et il y en a plein. Donc évidemment, on ne peut pas se défaire de toutes. Mais c'était cette idée-là, à mon avis, qui m'a guidée.
- Speaker #0
Simone Médiat s'adresse principalement aux jeunes, plutôt aux jeunes de 15, 24 ans ou 30 ans. Qu'est-ce que vous pouvez nous dire sur ça, et notamment par rapport à ce rôle d'éducation, peut-être, aussi ?
- Speaker #1
Oui, je crois que c'est hyper important. Quand on parle des enjeux de féminisation dans les métiers, il y a aussi les enjeux de ce qui se passe avant le monde du travail, comment on peut avoir un impact sur l'éducation, la formation, l'école. Ça, c'est hyper important pour nous. Et c'est d'autant plus important qu'on voit que malgré tout ce qu'on met en place, le discours féministe, en fait il y a aussi ce phénomène de backlash et de retour en arrière, notamment sur cette population jeune. Il y a une étude du Haut Commissaire à l'égalité qui raconte que 94% des femmes de 15-24 ans trouvent que c'est plus difficile d'être une femme aujourd'hui. Et sur l'année précédente, on avait ce chiffre horrible de 23%. des 25-35 ans, je crois, parmi les hommes qui pensent qu'il faut être violent pour être respecté.
- Speaker #0
C'est terrible.
- Speaker #1
Donc on voit qu'il y a encore du boulot quand même. Et que c'est important de continuer à sensibiliser, à mettre ces sujets, que ce n'est pas accessoire. Et que même si les choses progressent, il y a quand même des freins qui sont très importants. C'est un système de balancier. Oui,
- Speaker #0
c'est ça. À chaque fois qu'il y a une avancée, finalement, il y a une résistance qui est plus importante.
- Speaker #1
Mais à chaque fois qu'il y a eu des bâclages dans l'histoire du féminisme, ça s'est suivi de mouvements de progression derrière. Donc, il faut être très optimiste.
- Speaker #0
Et il faut continuer.
- Speaker #1
Voilà.
- Speaker #0
D'ailleurs, vous mettez en avant une ligne éditoriale qui est assez engagée sur plein de sujets. L'égalité homme-femme, évidemment, mais aussi l'écologie, l'inclusion. Et vous travaillez avec des entreprises aussi. Vous avez de plus en plus, d'ailleurs, je crois qu'il y a même un... un programme qui est en train d'être réfléchi pour faire des liens avec les entreprises, me semble-t-il. Est-ce que pour vous, justement, les entreprises ont aussi un rôle à jouer ? Lequel ? Est-ce que vous auriez un conseil à nous donner ?
- Speaker #1
Alors moi, je trouve ça hyper intéressant de travailler avec des entreprises aussi, parce que c'est quand même là que se fait une partie de la société. Et qu'on a aussi... Ce rôle d'accompagner les entreprises dans des enjeux de féminisation de métier, on est beaucoup interrogé sur ces questions-là, parce que nous, on est au contact d'une audience dont on arrive à percevoir les attentes, les envies, et c'est comment on communique ce message aux entreprises avec lesquelles on peut travailler notamment. Donc c'est vrai qu'on travaille régulièrement sur des enjeux qui sont liés à l'égalité salariale, à la féminisation des métiers, qui sont des enjeux. qui concerne aussi beaucoup les boîtes, en fait. Et on essaye de les accompagner sur ces sujets.
- Speaker #0
Vous êtes aussi conseil, vous accompagnez vraiment les entreprises sur leurs réflexions, sur tester des choses, jusque-là ? Oui,
- Speaker #1
parfois, on fait de la pédagogie. Oui, on essaye de co-construire souvent des formats. On a un format qu'on a commencé à travailler qui s'appelle le Blind Meet. La rencontre à l'aveugle de « je vais aller à la rencontre d'une personne, par exemple, dans une entreprise qui a un métier, qu'on dirait plutôt un métier d'homme, et on va essayer d'aller déconstruire les idées reçues sur ces métiers » . Et en fait, on est toujours dans ce truc de montrer des rôles modèles qui sont différents, ouvrir les champs des possibles pour les femmes et pour les jeunes filles, parce que c'est vraiment ça l'idée. de dire, regardez ce média, en fait, il vous montre que tout est possible, tous les sujets sont ouverts, et que vous avez la liberté de choisir vraiment ce que vous avez envie de faire, là où vous avez envie de travailler, sans que ce soit forcément une injonction que vous auriez reçue de votre famille.
- Speaker #0
Nous, on essaye aussi, parce qu'on a des métiers aussi, on a beaucoup de métiers, on est 230 000, on a beaucoup de métiers, on est dans le numérique, on connaît les bureaux de poste, la distribution, on a aussi des métiers très logistiques. et de l'IA. Et c'est vrai qu'on a plus de mal à aller recréter des femmes. Donc on essaye d'aller sur le terrain. Moi, je fais un tour de France pour aller rencontrer ces femmes en leur disant, mais vous pouvez en fait, tous ces métiers sont possibles. Donc ça rejoint ce que vous dites.
- Speaker #1
Et c'est hyper important, quand vous prenez l'exemple de l'IA, l'IA aujourd'hui, elle est en train de se fabriquer. Si elle se fabrique sans les femmes, ce sera une IA potentiellement sexiste. Donc c'est aussi un enjeu d'embarquer les femmes dans cette construction des intelligences artificielles, pour que l'égalité progresse entre les hommes et les femmes.
- Speaker #0
C'est un travail de longue haleine parce qu'on voit qu'on essaye tous et puis malgré tout il y a encore des freins. Alors justement Simone Médias c'est un média féminin, même on va dire féministe, c'est ce que j'ai à dire. Et du coup, il y a beaucoup de femmes qui le connaissent, les femmes on disait la cible jeune, mais même les femmes moins jeunes. Par exemple moi je le suis avec beaucoup d'intérêt, j'aime beaucoup ce que vous faites. Mais comment on embarque, comment sensibiliser les hommes ? Est-ce que les hommes aussi, vous les rencontrez, ils vous suivent ? Est-ce que vous savez ça ? Et comment on peut embarquer les hommes ? C'est un sujet qu'on essaye en tout cas de traiter.
- Speaker #1
Alors en fait, c'est marrant parce que ça a été toujours, dès le point de départ, dès le lancement du Média, c'était l'idée de se dire comment on embarque les hommes de façon pédagogique, comment ils peuvent se retrouver aussi dans nos contenus. il y a Un des programmes qu'on avait fait, qui avait super bien marché sur l'inégalité salariale, on avait fait une caméra cachée, justement, à destination des hommes, où on était avec une comédienne qui s'appelle Laura Calu, et on allait, pour matérialiser le fait que les femmes étaient payées moins 30% que les hommes, ce qui a progressé aujourd'hui, mais à l'époque, c'était le cas, on allait retirer aux hommes 30% de leur baguette de pain, ou 30% de leur coupe de cheveux, ou 30% de leur pinte de bière quand ils allaient boire un coup. coup avec leurs copains. Et en fait, c'était assez marrant parce qu'évidemment ils ne comprenaient pas ce qui se passait et on leur expliquait, voilà dans la réalité ce que ça ferait si vous, on vous retirait 30% de quelque chose auquel vous pensez avoir droit. Et en fait, on essaye toujours d'avoir cet angle-là de comment on embarque les hommes, comment on les fait réfléchir sans stigmatiser, sans les opposer. Et ça, c'est vraiment quelque chose d'hyper important. Cette année, on a essayé de travailler sur la déconstruction. En se disant que la déconstruction, ce n'est pas la destruction. C'est comment on reconstruit ensemble une société plus égalitaire. C'est vrai que nos contenus sont quand même majoritairement à destination des femmes. Mais on a toujours ce souci de se dire comment on embarque des hommes, comment on donne aussi la parole à des hommes qui font des choses pour l'égalité homme-femme. Puisque le féminisme, ce n'est pas réservé aux femmes. Donc c'est vrai qu'on a ça en tête, on essaye de travailler ça.
- Speaker #0
C'est assez intéressant parce que nous aussi on essaye, on a une formation qui s'appelle Dans la peau d'une femme, on leur fait vivre les freins.
- Speaker #1
Ça marche très bien.
- Speaker #0
Voilà, c'est comme la baguette en fait. Parce qu'en fait, les hommes, en tout cas nous on en a beaucoup des hommes qui sont engagés, qui sont ok théoriquement parlant, et puis ils ne se rendent pas vraiment compte de ce que ça veut dire. Je trouve ça intéressant. La mini-baguette, on va faire ça peut-être à la cantine. Et nous, on a l'égalité salariale, donc je ne peux pas enlever la moitié ou une partie du repas, parce qu'à la passe, on veille à ça, en tout cas, vraiment. Mais il faut rester toujours vigilant, en fait, quand on est sur ces sujets, malgré tout.
- Speaker #1
En fait, je crois que ce qui est important, c'est de les aider à prendre conscience aussi de cette inégalité qui existe quand même à plein d'endroits de la société, de les embarquer sur ces sujets C'est un avis hyper important. Et en fait, c'est aussi, quand on rétablit une forme d'inégalité, c'est demander aussi à ceux qui dominent de renoncer à des privilèges. Et donc du coup, c'est aussi pour ça que c'est important de les embarquer, d'avoir des alliés sur ces sujets.
- Speaker #0
Alors est-ce que ça leur retire quand même quelque chose ? Ou est-ce que finalement tout le monde a gagné, ce qu'on peut supposer ? Est-ce qu'on gagne par ailleurs sur d'autres plans ?
- Speaker #1
Je pense que pour les convaincre, il faut aussi leur montrer les avantages. Quand on veut instaurer, par exemple, le congé parental, dans l'éducation de nos enfants, qu'est-ce que ça va permettre aussi ? Quels sont les avantages qu'ils vont pouvoir, eux, observer ? C'est une bonne façon positive, en tout cas, de faire progresser les choses. Après, ça n'exclut pas le fait qu'à certains endroits, on ait besoin de forcer les choses et parfois... quitte à être dans une forme d'adversité. Mais je pense que c'est hyper important de les embarquer. Et d'ailleurs, c'est marrant, c'est qu'au début de Simone, on disait que c'était un média inclusif pour les hommes. Que l'inclusion, c'est quand même complètement autre chose. Mais c'était cette idée de, voilà, on veut qu'ils fassent aussi partie de cette aventure.
- Speaker #0
Alors, j'ai une petite question, parce que vous parliez effectivement des médias aussi féminins. Enfin, pardon, pas féminins. pas que féminin, tous les médias, où il y a encore moins de femmes, quand même, malgré tout, même s'il y en a plus. Elles ont un peu moins de temps de parole, même s'il y en a plus. Qu'est-ce que vous pensez des... Alors, on a des quotas dans les entreprises, notamment au poste de dirigeant. Est-ce qu'il faudrait arriver jusqu'à des quotas de temps de parole ? Est-ce que ça existe, d'ailleurs ? Je ne sais pas.
- Speaker #1
Alors, il y a mon point de vue personnel là-dessus qui a pu un peu évoluer. Je pense que les quotas, c'est un passage un peu obligé parce que parfois, les bonnes volontés ne suffisent pas. Alors c'est vrai que moi j'ai eu des discussions avec des amis qui travaillent dans des entreprises et qui peuvent être intégrés à des programmes de mentoring pour les femmes ou de leadership pour les femmes qui me disent mais en fait on me met là parce qu'il y a un quota et est-ce que vraiment j'ai les qualités ? Donc ça c'est toujours le syndrome de l'imposteur.
- Speaker #0
Ah oui, ça arrive souvent.
- Speaker #1
Mais moi je pense que ces dispositifs sont quand même nécessaires au moins dans un premier temps pour amorcer le changement.
- Speaker #0
Moi, ce que je leur dis en général, parce que c'est vrai qu'on a ça. Moi, j'ai des femmes qui sont dirigeantes qui me disent peut-être que j'ai bénéficié des quotas. Mais en fait, quand on regarde leur parcours et tout ce qu'elles font, elles ont totalement…
- Speaker #1
Elles auraient pu en bénéficier. Sauf qu'elles étaient discriminées avant. C'est ça la différence.
- Speaker #0
Et il faut arriver à prendre conscience de ça. Mais c'est vrai qu'il y a encore un long chemin. On parlait de rôle modèle qui soit n'importe qui. En fait, on est tous ou toutes le rôle de modèle de quelqu'un. Mais vous, Céline, est-ce que vous avez un rôle modèle ? déroulement
- Speaker #1
C'est une bonne question. Je crois que je n'en ai pas tant que ça. Et je crois que c'est un problème. C'est pourquoi... Peut-être qu'en tout cas, il en faudrait plus. Je devrais être inspirée par plus de femmes. Peut-être que justement... La femme parfaite, telle que moi je l'imagine, où elle n'existe pas, que ce rôle modèle-là... Je crois que ce serait une femme très libre, alors il y en a plein, mais qui serait tenue par aucune injonction.
- Speaker #0
Oui, je comprends. Oui, parce que même les femmes libres, quand on creuse, il y a quand même un peu d'injonction.
- Speaker #1
Je ne sais pas si ça existe, une femme complètement libre. Complètement libre ? C'est une vraie question.
- Speaker #0
Vous n'êtes pas complètement livre non plus, alors ?
- Speaker #1
Non, j'y travaille, mais je suis dépositaire forcément d'un héritage familial, de la société.
- Speaker #0
Ça,
- Speaker #1
c'est sûr. Après, je sèche, en fait.
- Speaker #0
C'est une réponse aussi. Ça veut dire pas mal de choses. On n'est pas obligé d'avoir une réponse. Je trouve qu'elle est intéressante, cette réponse. D'avoir quelqu'un de complet pour un livre, c'est très intéressant. Ça demande à une... Oui, c'est très intéressant. Et vous travaillez aussi sur des faits de société. Là, vous avez fait un court-métrage sur la soumission chimique. Sur la soumission chimique, oui. Vous investissez aussi, vous accompagnez des créations aussi artistiques. Moi, je crois beaucoup aussi qu'à travers l'art, on arrive à faire passer des messages. Je ne sais pas, est-ce que vous voulez nous en dire un mot ?
- Speaker #1
Oui, on est vraiment super fiers de ce projet qui est né d'une rencontre... Avec Mouvance, qui est une plateforme de création de danse, un collectif artistique, qu'on avait rencontré à l'occasion d'un échange au Théâtre de Chaillot. Et on s'était dit, c'est super ce que vous faites, la danse, c'est super, comment est-ce qu'on pourrait travailler ensemble ? Et on est vraiment partis, on a pris un café ensemble, et on s'est demandé quel était le sujet qu'on avait envie de porter. Souvent, on essaye, chaque année... de s'emparer d'un sujet de société, que ce soit les inégalités salariales, là en l'occurrence la soumission chimique. Et on a travaillé avec eux en se disant qu'on va créer un court-métrage de danse. Et pour que ce court-métrage devienne un grand mouvement de soutien et de sensibilisation aux victimes, de soutien aux victimes et de sensibilisation sur la soumission chimique, on s'est dit qu'à la fin de ce court-métrage chorégraphique, on va essayer de créer une chorégraphie facilement... qu'on puisse reproduire facilement et pour essayer de la viraliser sur les réseaux sociaux. Donc là, c'est le travail qu'on est en train de faire. On a fait l'avant-première, on a projeté ce court-métrage au carreau du Temple devant 250 personnes qui se sont toutes mises à danser à la fin. Et c'est vrai que c'est un projet qu'on mène aussi de concert avec Caroline Darian et Sandrine Josseau et Leïla Chawashi du Craft. qui travaillent beaucoup sur ces sujets, essayent de faire bouger la loi, parce que c'est vraiment un sujet qui est très important et qui dépasse largement le milieu festif. C'est ça,
- Speaker #0
c'est ce qu'on pense, c'est que c'est vraiment quand on soirée dans un milieu très festif, alors qu'en fait, ce que vous montrez, c'est que ça peut être un milieu professionnel.
- Speaker #1
Que ça peut toucher. Et que si, par exemple, on imagine que la soumission chimique, c'est... juste une jeune femme de 25 ans à qui on met quelque chose dans son verre en boîte de nuit, on passe à côté de l'affaire Pellico, on passe à côté de l'affaire Le Squarnec. Tout ça, c'est des cas de soumission chimique qui peuvent intervenir dans des endroits qui sont complètement différents. Ça peut être au bureau, ça peut être dans la sphère familiale. C'est vraiment très intéressant comme sujet. On était vraiment ravis d'amener quelque chose, pas de léger, parce que c'est pas le terme mais ce mouvement c'est aussi un mouvement de soutien aux victimes et à la fin de cette soirée Caroline Darion notamment est venue nous voir en nous disant à quel point ça lui avait fait du bien de participer à ce projet donc voilà on essaye toujours même sur des sujets qui sont un peu lourds d'apporter une forme de de légèreté, d'optimisme,
- Speaker #0
de résilience. Et justement, dans le contexte actuel, international que l'on voit, est-ce que vous êtes inquiète ? Est-ce que le rôle des médias est important ?
- Speaker #1
Quel est votre avis sur ce sujet ? Oui, c'est assez inquiétant. Parce qu'en fait, Simone a 8 ans. Donc on a vu quand même l'évolution. À la fois que le discours féministe est devenu, voilà, s'est propagé, et puis là on a l'impression qu'on est dans une autre phase, qu'il y a une forme de backlash et que les choses se radicalisent, se polarisent de façon très très forte, y compris sur les réseaux sociaux, et y compris nous, on a cette responsabilité, y compris sur les réseaux sociaux, de continuer à faire dialoguer et à faire discuter les gens, ce qui n'est pas quelque chose de très facile, puisqu'il y a vraiment une polarisation. Il y a plus de féminisme, il y a plus de masculinisme, et donc oui, il y a un fossé qui est en train de se créer, et qui est, c'est vrai, très très inquiétant.
- Speaker #0
Bon, mais est-ce que vous, comme c'est un média quand même optimiste, est-ce que vous avez un message à nous faire passer ?
- Speaker #1
Ah ben, je pense qu'il faut continuer de se mobiliser, qu'il faut trouver des espaces de discussion, y compris dans la vraie vie, parce que nous, on travaille sur les réseaux sociaux, mais on essaye aussi de... on lance des dîners pour que les gens se rencontrent et discutent entre eux très soucieux du vivre ensemble et de continuer à faire évoluer la société sur ces sujets-là en tout cas.
- Speaker #0
J'ai envie de rester sur cette touche de vivre ensemble, de faire évoluer la société donc merci beaucoup Céline merci pour cet échange, pour tout ce que vous nous avez donné pour ce que vous faites au quotidien parce que c'est important Je vous donne rendez-vous le mois prochain pour un nouvel épisode d'Appareil GAL. Merci Céline !