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Femmes et financement : Les obstacles surmontés par Hortense Harang cover
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À part Égale

Femmes et financement : Les obstacles surmontés par Hortense Harang

Femmes et financement : Les obstacles surmontés par Hortense Harang

23min |11/03/2025
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À part Égale

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23min |11/03/2025
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Description

Dans cet épisode, Hortense Harang, ancienne reporter de guerre à la BBC et créatrice de l’entreprise « Fleurs d’ici », partage son parcours inspirant, dont le fil rouge est son sens de l'intérêt général,  en mêlant business, innovation, performance et économie responsable.

 

En tant que femme occupant des métiers traditionnellement plus occupés par les hommes, elle nous partage les défis rencontrés par les femmes, notamment le manque d’accès équitable aux financements.


« À part égale » une série de podcast animée par Aurore Mayer, directrice du Réseau Parité Un Une du groupe La Poste qui inspire, fait réfléchir et avancer la parité pour un monde plus juste.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue à l'émission À part égale, l'émission du réseau parité 1-1 du groupe La Poste. Aujourd'hui, j'ai l'honneur de recevoir parmi nous Hortense Aran. Hortense, bonjour. Bonjour. Hortense, vous êtes une ancienne grand reporter, reporter de guerre, et vous êtes créatrice de Fleurs d'ici. Alors j'ai envie de vous poser la question, Hortense, comment on passe de reporter de guerre aux fleurs. La fleur au fusil, c'est une expression, mais comment on passe de la guerre à la fleur ?

  • Speaker #1

    D'abord, merci pour l'invitation. Je suis ravie d'être là. Effectivement, j'ai un parcours assez atypique. J'ai commencé par être grand reporter, mais dans, comment dire, pas pour n'importe qui, puisque je travaillais pour la BBC. Et la BBC, c'est, comme chacun sait, le service public mondial de l'information. Donc, avec une mission quand même d'éducation pour... populaire, etc., qui est très forte. Et ce qui, moi, est le fil rouge de mon parcours, c'est précisément, en fait, cette notion d'intérêt général, de bien commun, service public. Enfin, voilà, il donnait plusieurs noms, mais effectivement, ce sens de la mission au service du plus grand nombre. Et donc, de la même façon que quand j'étais journaliste, je le faisais dans un but, qui était celui d'essayer de faire en sorte que, ben voilà, les... les citoyens puissent prendre leurs décisions avec un degré d'information le plus important possible, ce qui me semblait très important pour la vie démocratique des pays. Aujourd'hui, je suis entrepreneur, mais toujours avec ce même sens de la mission, puisqu'on fait partie du mouvement des entreprises à mission, précisément entreprises à impact, qui sont aujourd'hui définies par une loi qui s'appelle la loi Pacte. Oui. qui a été aujourd'hui quelques années, mais on était, nous, parmi les pionniers de ce nouvel modèle. Ça veut dire qu'on est des entreprises, donc on est avec une mission... Enfin, comment dire ? On reste dans le cadre entrepreneurial et for profit, donc pas dans un cadre associatif, mais avec quand même cette mission qui est écrite dans les statuts de l'entreprise. Oui.

  • Speaker #0

    Nous aussi, en gros plat-poste. C'est une entreprise, une grande entreprise à mission, donc on se rejoint. Et évidemment, comme toutes les postières et les postiers pour ce fort sens de l'intérêt général, on partage et merci d'avoir accepté aussi de témoigner, parce que je pense qu'on a des choses vraiment à prendre de vous, de votre parcours, très intéressant. Donc Hortense, vous avez changé de monde, même s'il y a ce fil conducteur qui reste l'intérêt général. Et moi, j'ai découvert, j'aimerais que vous m'en disiez un mot, on parle beaucoup de fruits, de légumes, de saisons, de circuits courts, et j'ai découvert que c'était le cas aussi pour les fleurs. En fait, on se pose peut-être, en tout cas, moi, je ne savais pas, c'est peut-être moins la question, et en fait, il y a ces enjeux aussi. Et donc, on peut faire de l'économie responsable, ça reste de l'économie, parce que vous êtes une entreprise, comme vous l'avez dit, mais de manière responsable. On peut être responsable et performant.

  • Speaker #1

    Absolument. Au contraire. Nous, on fait partie, justement, de cette nouvelle génération, effectivement, d'entreprises. qui mettent l'impact et la performance au cœur de leur ADN, puisque nous, précisément, l'ambition va au service du déploiement de la solution qu'on a créée. Donc, effectivement, vous l'avez dit, nous, on s'est concentrés au départ sur un premier marché, qui est celui de la fleur. Aujourd'hui, c'était encore plus vrai il y a cinq ans, malheureusement, 85 % des fleurs sont importées.

  • Speaker #0

    C'est fou !

  • Speaker #1

    de pays en voie de développement, essentiellement le Kenya, la Colombie, l'Équateur, l'Éthiopie aussi. Elles sont cultivées dans ces pays souvent par des femmes ou des enfants dans des conditions sociales pas terribles. Puis elles sont transportées dans des avions cargo, réfrigérés, jusqu'en Hollande, où ensuite elles sont redispatchées en camion vers les pays de consommation. Donc, bien souvent, en fait, les gens me disent « Ah, mais moi, je n'ai pas la main verte, mes fleurs, elles fanent. » Je leur dis « Non, mais ça n'a rien à voir avec toi. » C'est que tes fleurs, elles arrivent chez le fleuriste, elles ont déjà dix jours de cueil. Elles ont été cueillies dix jours avant. Incroyable. Donc, elles sont réfrigérées, elles ont subi des traitements pour être à peu près présentables. Et après, en plus, le choc thermique, puisqu'elles sortent de frigo et on les met chez soi où il fait une température plutôt aux alentours de 20 degrés. forcément, c'est les fleurs fans. Donc, nous, ce qu'on a souhaité faire, effectivement, c'était essayer de proposer une solution pour remettre au goût du jour, déjà, les fleurs locales et de saison. C'est ça, la baseline de Fleurs d'ici, c'est locales et de saison. Locales, pourquoi ? Parce qu'évidemment, ça permet de réduire le transport, donc les émissions carbone liées au transport, etc. Mais de saison, c'est aussi très important parce que, typiquement, On pourrait trouver des roses, par exemple, au moment de la Saint-Valentin, en février. On pourrait trouver des roses sur la Seize, même si là, c'est le moment de la rose. Naturellement, c'est plutôt entre juin et novembre. Mais on pourrait trouver des roses françaises au moment de la Saint-Valentin, mais ça voudrait dire qu'elles ont poussé sous serre, chauffées, éclairées, donc avec un impact carbone majeur, puisque utilisation d'énergie, etc. Et donc, il y a vraiment effectivement ce sujet de comment est-ce qu'il faut réapprendre à consommer ce qui est de saison. C'est valable. Pour les fruits et les légumes, vous le disiez, de la même façon que manger des tomates au mois de décembre, même si elles sont françaises, ce n'est pas forcément une très bonne idée. Ce n'est pas une bonne idée d'un point de vue du goût, parce que souvent, quand on mange des choses hors saison, ça se fait au détriment du goût. Ce n'est pas forcément une bonne chose pour la santé non plus. Ce n'est pas une bonne chose pour le portefeuille et ce n'est pas une bonne chose pour la planète. Donc, effectivement, au mois de décembre, il vaut mieux manger autre chose. Et de la même façon, pour les flores, au mois de février, au moment de la Saint-Valentin, le message n'est pas... n'acheter plus de fleurs. Le message est de dire acheter des fleurs de saison. De saison et locale. Typiquement, les anémones, les renoncules, enfin bref, il existe des multitudes de variétés qui sont locales et qui, du coup, sont moins émettrices de carbone que des fleurs importées.

  • Speaker #0

    Il y a un côté tech aussi derrière parce qu'il y a tout ce qui est autour de la livraison, de tout ce qui est organisé, il y a tout ce qui est dématérialisé dans votre système. Enfin, vraiment, il y a un côté très novateur. On pourrait penser, bon, les fleurs, que c'est... c'est de l'environnement, vous voyez ce que je veux dire ? Et là, vous allez au-delà, il y a un côté vraiment visionnaire et tech. Je vous pose cette question-là parce que souvent, on dit on ne trouve pas de femmes dans le numérique, dans la data, on ne trouve pas de femmes chefs d'entreprise, elles ont de la version au risque, etc. Donc, j'ai envie de vous poser un peu cette question parce que vous êtes un modèle déjà, vous avez été reporter de guerre, donc ce n'est pas non plus forcément des métiers où on s'attend à avoir des femmes, même s'il y en a pas mal, en fait. Il y en a pas mal. Quand on commence à regarder quand même le sujet, il y en a même de... qui sont vraiment, comme vous, des choses très dures et qui font le job vraiment très, très bien. Donc, moi, je tiens à le saluer. Et puis, vous avez aussi ce côté visionnaire, une nouvelle approche, un regard entre l'intérêt général, comme vous le disiez, et aussi ce regard tech, enfin, numérique.

  • Speaker #1

    Nous, effectivement, on n'est pas du tout fâchés avec le progrès. Au contraire. Mais c'est vrai que c'est le progrès au service d'une vision d'intérêt général. C'est-à-dire que... On a effectivement, aujourd'hui, les modèles de plateforme sont beaucoup décriés, notamment dans le transport, on ne va pas les citer. Mais en fait, c'est comme, comment dire, on ne peut pas trouver qu'un marteau, c'est mauvais. Enfin, un marteau, ça dépend comment on l'utilise. Soit c'est pour construire une maison, soit c'est pour casser quelque chose. Nous, on essaye de se dire que la tech, c'est un peu pareil. C'est-à-dire que ça offre des possibilités de déploiement et donc de performances importantes. Mais tout dépend pourquoi. au service de quoi ? Donc effectivement, nous, ça paraît très simple, comme vous le dites, de dire on va proposer des fleurs locales et de saison, sauf qu'en fait, ça n'existait pas. C'est-à-dire que quand nous, on est arrivés sur le marché et qu'on a contribué à faire prendre conscience aux consommateurs de ce problème, c'était bien, ça a sensibilisé les gens, mais il fallait proposer une solution. Or, quand vous étiez à Mont-de-Marsan, par exemple, vous êtes fleuriste à Mont-de-Marsan, La seule façon que vous avez de vous procurer des fleurs pour faire des bouquets, donc d'acheter votre matière première, c'est de faire appel à un grossiste hollandais qui va venir vous livrer en camion de la fleur qui viendra du grand marché aux fleurs qui est à Alsmier, dans la banlieue d'Amsterdam, à côté de l'aéroport. Donc c'est une immense plaque tournante, c'est beaucoup plus grand que Rungis, mais c'est à peu près de cet ordre-là. Parfois même, absurdité, les fleurs ont été coupées à 10 km de Mont-de-Marsan, récupérées par un grossiste hollandais, ramenées. en camion jusqu'en Hollande, puis réimporter vers la France sur un produit qui est frais et fragile. Donc, qu'est-ce qu'il fallait faire ? Il fallait faire que l'offre et la demande se rencontrent à une échelle locale. Ça a l'air très simple. Ça s'appelle la place du marché. Ça a existé jusque dans les années 50 en France de façon physique. Et nous, on a réinventé la place du marché, mais de façon digitalisée. Donc, comment on fait se rencontrer l'offre et la demande à un niveau local ? Donc, ça s'appelle des modèles de marketplace, place de marché. Mais c'est un peu cette idée de dire, pour que ça marche, pour que ça soit viable économiquement, il faut évidemment apprendre à mutualiser les flux, les flux commerciaux, les flux logistiques, les flux financiers. Si chacun, parce qu'on peut se dire, le fleuriste de Mont-de-Marsan, il peut aller chercher les fleurs chez le producteur qui est à 10 kilomètres de chez lui. Mais en fait, non. Parce que vous ne pouvez pas être au fourroulin quand vous êtes un artisan, vous devez tenir votre boutique, vous avez déjà mille tâches, la compta, etc. En vrai, prendre votre voiture, aller chercher chez un producteur, revenir, etc., ça ne rentre pas. Ça ne rentre pas. Et par ailleurs... Vous ne trouverez pas toute la variété, parce que les producteurs sont plutôt spécialisés. Donc, il y a qui va faire telle variété, qui va faire telle autre. Et pour faire un bouquet, il faut plutôt 5-6 variétés différentes. Et donc, ça veut dire que vous devriez aller chez 5-6 producteurs. Ça ne marche pas. En revanche, si vous vous mettez, vous agrégez autour de vous plusieurs fleuristes et vous agrégez plusieurs producteurs, du coup, là, ça commence à être viable économiquement. C'est quelque part le modèle des coopératives. Autrefois, c'était la mission des coopératives, mais qui n'ont pas toutes saisi le virage du digital et de toutes les opportunités que ça offrait. Parce qu'en fait, si vous voulez gérer effectivement une multitude de micro-flux, puisque nous, c'est des tout petits flux, parfois on fait des transactions à 10, 15 euros, si vous voulez gérer ça avec un fichier Excel et des SMS, Ça va être un peu compliqué, ça ne va pas être très performant. En revanche, un algorithme, il fait ça très bien et il permet effectivement, du coup, d'atteindre des volumes qui font que le système est résilient et viable.

  • Speaker #0

    Moi, quand je vous écoute, puis je vois bien, c'est solide, c'est réfléchi. Alors, on pourrait se dire, en fait, c'est du bon sens, mais ça n'existait pas et on est perdus. Peut-être qu'on a perdu le bon sens. Et effectivement, les innovations permettent de revenir à des choses et de remettre les choses au bon endroit, j'ai envie de dire. J'ai envie de vous dire, c'est solide, votre modèle est bien réfléchi, on voit que vous connaissez bien le sujet. Donc, je fais exprès, je fais la question qui va un peu gratter. Donc, vous n'avez pas eu de soucis pour avoir des financements, j'imagine ? On entend des fois une petite musique qui nous dit que pour les femmes, c'est plus compliqué.

  • Speaker #1

    Non, c'est très clairement plus compliqué. Aujourd'hui, il y a plein d'études qui le démontrent. Il y a le collectif Sista qui s'est beaucoup attaqué à cette question. Aujourd'hui, 95 % des fonds levés le sont par des hommes. Donc, ça veut dire que les femmes lèvent 5 % des fonds disponibles. Donc, effectivement, il y a un vrai décalage dans l'accès au financement entre les hommes et les femmes. Pourquoi ? parce qu'essentiellement, en fait, dans les fonds, il y a très peu de femmes qui sont... Alors, il y a des femmes, mais qui ne sont pas toujours en situation d'être décisionnaires. Donc, on ne l'a plus constaté. Il y avait une grosse appétence des femmes qui étaient analystes, etc., sur notre dossier, parce qu'il y a une dimension, en plus, très concrète, très évidente. Donc... Grosse appétence, mais après, au moment où on arrivait au niveau des comités d'investissement, ça se compliquait. Parce qu'effectivement, la fleur, c'est considéré comme quelque chose de féminin, on considère que c'est un petit marché, que ce n'est pas très intéressant. Sachant que, par ailleurs, il faut avoir en tête que nous, la fleur n'était que notre première itération, puisque le système, évidemment, a la capacité à ensuite se diversifier et à dresser d'autres marchés sur lesquels, malheureusement, il y a les mêmes problèmes. type le maraîchage, enfin bref, il y a énormément malheureusement encore de produits sur lesquels la France est productrice, mais qui sont exportés pour être réimportés, enfin bref. Donc il y a vraiment malheureusement cette question de l'import-export de produits agricoles avec des distorsions de marché malheureusement plus larges que sur la question des fleurs. Mais effectivement, comme on avait choisi d'adresser en premier ce marché-là... Pas parce qu'on est des filles et qu'on trouvait que c'était joli et qu'on voulait jouer à la marchande de fleurs, mais plutôt parce qu'on s'est dit, c'est du frais, c'est du fragile. Si on arrive à gérer les questions de logistique sur un produit qui est aussi exigeant, on saura le faire sur à peu près tout. Parce qu'en gros, même la marée, même le poisson, c'est quelque part probablement plus facile que de faire de la fleur, qui doit voyager en eau. Il y a des contraintes logistiques très complexes autour de ce marché-là. Et donc, effectivement, on s'était dit, au contraire, on va faire l'Everest par la face nord, et comme ça, derrière, tout ira bien. Et ce n'est pas du tout comme ça. Ça a été perçu, effectivement, par les investisseurs qui trouvaient que c'était mignonnet, mais que ce n'était pas forcément une question prioritaire. Et quelque part, on peut le comprendre. Quand, le vendredi soir, vous allez prendre un verre avec vos collègues investisseurs, c'est... Ça a l'air probablement plus sexy de dire qu'on a investi dans les NFT ou dans les bitcoins ou je ne sais quoi, versus dans une boîte qui ne fait finalement que des fleurs locales et de saison.

  • Speaker #0

    Et vous pensez que c'est le sujet ou c'est le fait que vous soyez une femme qui est portée ? Parce que moi, à La Poste, on accompagne aussi des créatrices d'entreprises, on accompagne des startups, on accompagne des femmes qui créent dans le numérique et qui, pour le coup, sont vraiment dans de la tech. On ne parle pas de fleurs, même si vous, il n'y a pas que cet aspect-là, bien sûr. Mais... Elles ont les mêmes problèmes. Elles sont parfois sur des sujets vraiment de financement et de technique, j'entends. Et elles ont les mêmes problèmes que vous. Donc, j'ai l'impression que ce n'est pas tant le sujet que le porteur ou la porteuse.

  • Speaker #1

    Alors, je pense que déjà, les femmes et les hommes ne parlent pas la performance de la même façon. Et c'est vrai que moi, d'ailleurs, c'est quelque chose sur lequel je suis allée chercher de l'expertise, sur comment est-ce que je devais apprendre à parler. cette langue de la performance avec un accent plus masculin. Donc, effectivement, il y a ça. Et ce n'est pas parce que, comment dire, il n'y a pas de discrimination, comment dire, intentionnelle. Je pense que c'est des biais de genre, en fait. C'est-à-dire qu'on voit bien comment ça se passe quand vous êtes en comité d'investissement. Typiquement, il y a des projections qui se font. Et c'est plus naturel de se projeter sur quelqu'un qui est du même genre, du même sexe, que... Quand il y a la barrière, entre guillemets, du genre, du sexe, c'est moins facile de se projeter sur quelqu'un. Et donc, à nouveau, il y a beaucoup d'études qui ont été faites sur ce sujet. C'est sans doute ça qui explique. Et puis, il y a aussi le fait qu'on voit quand même, même si les femmes se saisissent de sujets très tech, il n'y a pas de question là-dessus, mais il y a aussi tout un pan. notamment justement dans les entreprises à impact, dans tout ce qui est l'économie sociale et solidaire, etc. autour des aspects du care qui sont plus spontanément portés par des femmes et qui sont pas adressés par des hommes mais c'est vrai que moi j'étais très frappée au départ en disant mais vous avez l'impression que les fleurs c'est un sujet féminin mais du coup quoi le marché de la lessive c'est pas intéressant parce que c'est un sujet féminin mais regardez la taille de Procter & Gamble et donc c'est vrai que Il y a quand même un certain nombre de biais sur les produits.

  • Speaker #0

    Et du coup, sur ces biais, est-ce que vous pensez, enfin nous on y croit un peu en tout cas dans le groupe, c'est pour ça que le Faire de l'An, c'est vraiment d'arriver à de la parité à tous les niveaux et dans la société. Et cette parité, ça veut dire autant d'hommes ou de femmes, en tout cas avoir cette mixité partout. Et d'avoir d'ailleurs des hommes aussi dans des milieux où il y a plus tôt des femmes. Est-ce que vous pensez que si on arrivait à cette parité aussi dans le monde des banques d'investissement, il y aurait une approche différente et ça permettrait notamment d'accompagner différents types de projets ? On peut le penser, jusque-là ?

  • Speaker #1

    Moi, j'en suis absolument certaine. Je pense que c'est ça à la voix. Effectivement, il faut qu'il y ait plus de femmes investisseurs, investisseuses. Et d'ailleurs, il y a tout un travail qui est fait, notamment par Sybille Lemaire, autour de ces questions. Justement, justement. Comment est-ce que les femmes doivent réinvestir ? La question d'argent et la sphère de l'argent, qui est une sphère qui est restée, malgré tous les progrès de la société, malgré la parité, malgré le fait que les femmes travaillent, etc. Les questions d'argent continuent à être des questions qui sont essentiellement traitées par les hommes. Les questions de patrimoine, pas les questions d'argent du quotidien, évidemment. Les questions de patrimoine continuent à être... quelque part, la chasse gardée des hommes. Et c'est vrai que c'est des sujets sur lesquels il y a encore du travail pour faire en sorte que les femmes soient plus à l'aise sur ces questions d'argent.

  • Speaker #0

    Et notamment pour l'indépendance économique, qui permet aussi d'être indépendant, tout simplement, et de s'affranchir ou d'être libre. On sent que c'est des questions importantes, effectivement. Alors nous, à la Poste, on fait attention en tout cas à avoir une égalité de salaire. entre les femmes et les hommes, et c'est le cas, mais on sent que malgré tout, il y a encore des études récentes qui montent, il y a encore un décalage de rémunération, notamment plutôt côté salarié, mais entre les femmes et les hommes, et que les hommes ont moins tendance, ne savent pas trop négocier, pas trop, il semblerait, ou en tout cas, il n'y a pas la même approche. Est-ce que vous ressentez ça aussi ? J'ai entendu que vous disiez, on est obligé un petit peu de prendre des codes d'hommes pour négocier, que la performance, on n'en est pas. mais pas la même chose derrière. Je trouve ça intéressant parce que, est-ce que les femmes doivent prendre les codes des hommes ou est-ce que les hommes doivent s'ouvrir aux codes des femmes ? C'est une vaste question.

  • Speaker #1

    Qui suis-je pour répondre ? Oui,

  • Speaker #0

    non.

  • Speaker #1

    Je pense que c'est un peu... Il faut de l'hybridation, c'est-à-dire que, précisément, je pense qu'un bon modèle, c'est un modèle où, effectivement, les femmes... se familiarisent parce que ça va se faire comme ça, il faut faire un peu d'entrisme. Donc au départ, on n'aura pas trop d'autres choix que d'apprendre sans se relier, mais d'apprendre en tout cas à avancer avec les codes qui sont ceux qui sont actuellement disponibles et progressivement, bien sûr, que je pense que c'est ça qui va faire évoluer la culture de l'autre côté aussi. Donc moi, je pense que... Et tu es au milieu, comme toujours.

  • Speaker #0

    Et c'est pour ça que je vous rejoins, quelque part au milieu, nous, en tout cas, dans le groupe La Poste, c'est pour ça qu'il y a aussi ce réseau. On pense qu'il y a cette mixité, cet apport mutuel, ces visions complémentaires. Et c'est là où on est performant. D'ailleurs, il y a des études qui le montrent très concrètement. Ce n'est pas moi qui le dis, mais il y a des études qui le montrent très concrètement. Je voulais vous poser une question un peu taquine, on va dire. C'est plus dur d'être sur les fronts de guerre ou d'être là à essayer de négocier pour son entreprise, vous allez chercher des fonds.

  • Speaker #1

    Sans conteste, la deuxième option. C'est beaucoup plus difficile. J'ai fait effectivement un métier qui n'est pas particulièrement féminin. J'ai fait aussi un petit peu de politique. C'est pas bizarre. Je trouve que la sphère de l'argent est la sphère encore aujourd'hui très hostile aux femmes.

  • Speaker #0

    Ah oui, c'est un peu chasse gardée ?

  • Speaker #1

    Ça reste encore quelque chose de très masculin, oui. D'accord.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous avez un rôle modèle, vous, Hortense ? Parce qu'on parle souvent de rôle modèle. Est-ce qu'il y a quelqu'un qui vous inspire, qui vous a inspiré ?

  • Speaker #1

    Alors moi, j'ai eu la chance d'avoir un rôle modèle assez proche de moi, qui est ma tante. Ma tante, c'était la fondatrice des laboratoires Enobiol.

  • Speaker #0

    Ah oui, très bien !

  • Speaker #1

    Le docteur Marie Bégeau, qui a monté son entreprise il y a plusieurs dizaines d'années. Et à l'époque où, effectivement, être une femme chef d'entreprise, ce n'était pas très, très commun. Et en plus, avec une mission d'apporter du bien-être aux femmes par les plantes, la phytothérapie, etc., qui était un pionnier de la phyto. Donc, j'ai eu la chance, effectivement, de voir que c'était possible, en fait. De savoir qu'on pouvait être une femme, avoir quatre enfants, puisque c'est le cas, et être une chef d'entreprise accomplie. Et donc, c'est vrai que c'est quelque chose qui, je pense, à mon insu, m'a beaucoup influencée. de savoir que quelqu'un que tu connais l'a fait, c'est essentiel. Et donc, effectivement, moi, je pense que les rôles modèles, le fait d'exposer, de dire aux gens, c'est possible, c'est majeur, effectivement, et de pouvoir inspirer des générations à venir sur le fait que ça existe.

  • Speaker #0

    Vous aviez un conseil à donner à des jeunes femmes, ou pas que jeunes, d'ailleurs, et même à des hommes qui nous écoutent, ce serait quoi ? Pour faire comme votre tante.

  • Speaker #1

    et comme vous d'être ambitieux mais l'ambition c'est une notion qui est souvent assez décriée qui n'est pas toujours très positive c'est vu comme quelque chose d'arriviste etc moi c'est pas ça mon message évidemment c'est de dire qu'il faut viser la lune quoi enfin voilà il faut se dire qu'effectivement c'est possible et que alors c'est pas facile mais c'est possible et je pense que quand on fait les choses pour les bonnes raisons c'est ce truc de l'alignement, du chef d'entreprise avec sa mission. Je pense que c'est essentiel et c'est ça qui est porteur.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup, Hortense. On sent en tout cas que c'est très inspirant parce que d'être alignée, et je vous rejoins, quand on est alignée, tout s'ouvre, tout est possible et quand on y croit, et ce sens, vous le transmettez de l'intérêt général. On peut faire de l'intérêt général, faire du bien et en même temps faire du business. Je crois que c'est très marquant. Nous, on y croit beaucoup. C'est aussi notre modèle, évidemment, à La Poste. Donc, merci pour cet échange et pour toutes ces pépites que vous avez données, toutes ces fleurs. Donc, en tout cas, disons-le avec des fleurs, j'ai envie de dire. Mais merci. Merci beaucoup, Hortense, pour cet échange.

  • Speaker #1

    Merci, Aura.

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Dans cet épisode, Hortense Harang, ancienne reporter de guerre à la BBC et créatrice de l’entreprise « Fleurs d’ici », partage son parcours inspirant, dont le fil rouge est son sens de l'intérêt général,  en mêlant business, innovation, performance et économie responsable.

 

En tant que femme occupant des métiers traditionnellement plus occupés par les hommes, elle nous partage les défis rencontrés par les femmes, notamment le manque d’accès équitable aux financements.


« À part égale » une série de podcast animée par Aurore Mayer, directrice du Réseau Parité Un Une du groupe La Poste qui inspire, fait réfléchir et avancer la parité pour un monde plus juste.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue à l'émission À part égale, l'émission du réseau parité 1-1 du groupe La Poste. Aujourd'hui, j'ai l'honneur de recevoir parmi nous Hortense Aran. Hortense, bonjour. Bonjour. Hortense, vous êtes une ancienne grand reporter, reporter de guerre, et vous êtes créatrice de Fleurs d'ici. Alors j'ai envie de vous poser la question, Hortense, comment on passe de reporter de guerre aux fleurs. La fleur au fusil, c'est une expression, mais comment on passe de la guerre à la fleur ?

  • Speaker #1

    D'abord, merci pour l'invitation. Je suis ravie d'être là. Effectivement, j'ai un parcours assez atypique. J'ai commencé par être grand reporter, mais dans, comment dire, pas pour n'importe qui, puisque je travaillais pour la BBC. Et la BBC, c'est, comme chacun sait, le service public mondial de l'information. Donc, avec une mission quand même d'éducation pour... populaire, etc., qui est très forte. Et ce qui, moi, est le fil rouge de mon parcours, c'est précisément, en fait, cette notion d'intérêt général, de bien commun, service public. Enfin, voilà, il donnait plusieurs noms, mais effectivement, ce sens de la mission au service du plus grand nombre. Et donc, de la même façon que quand j'étais journaliste, je le faisais dans un but, qui était celui d'essayer de faire en sorte que, ben voilà, les... les citoyens puissent prendre leurs décisions avec un degré d'information le plus important possible, ce qui me semblait très important pour la vie démocratique des pays. Aujourd'hui, je suis entrepreneur, mais toujours avec ce même sens de la mission, puisqu'on fait partie du mouvement des entreprises à mission, précisément entreprises à impact, qui sont aujourd'hui définies par une loi qui s'appelle la loi Pacte. Oui. qui a été aujourd'hui quelques années, mais on était, nous, parmi les pionniers de ce nouvel modèle. Ça veut dire qu'on est des entreprises, donc on est avec une mission... Enfin, comment dire ? On reste dans le cadre entrepreneurial et for profit, donc pas dans un cadre associatif, mais avec quand même cette mission qui est écrite dans les statuts de l'entreprise. Oui.

  • Speaker #0

    Nous aussi, en gros plat-poste. C'est une entreprise, une grande entreprise à mission, donc on se rejoint. Et évidemment, comme toutes les postières et les postiers pour ce fort sens de l'intérêt général, on partage et merci d'avoir accepté aussi de témoigner, parce que je pense qu'on a des choses vraiment à prendre de vous, de votre parcours, très intéressant. Donc Hortense, vous avez changé de monde, même s'il y a ce fil conducteur qui reste l'intérêt général. Et moi, j'ai découvert, j'aimerais que vous m'en disiez un mot, on parle beaucoup de fruits, de légumes, de saisons, de circuits courts, et j'ai découvert que c'était le cas aussi pour les fleurs. En fait, on se pose peut-être, en tout cas, moi, je ne savais pas, c'est peut-être moins la question, et en fait, il y a ces enjeux aussi. Et donc, on peut faire de l'économie responsable, ça reste de l'économie, parce que vous êtes une entreprise, comme vous l'avez dit, mais de manière responsable. On peut être responsable et performant.

  • Speaker #1

    Absolument. Au contraire. Nous, on fait partie, justement, de cette nouvelle génération, effectivement, d'entreprises. qui mettent l'impact et la performance au cœur de leur ADN, puisque nous, précisément, l'ambition va au service du déploiement de la solution qu'on a créée. Donc, effectivement, vous l'avez dit, nous, on s'est concentrés au départ sur un premier marché, qui est celui de la fleur. Aujourd'hui, c'était encore plus vrai il y a cinq ans, malheureusement, 85 % des fleurs sont importées.

  • Speaker #0

    C'est fou !

  • Speaker #1

    de pays en voie de développement, essentiellement le Kenya, la Colombie, l'Équateur, l'Éthiopie aussi. Elles sont cultivées dans ces pays souvent par des femmes ou des enfants dans des conditions sociales pas terribles. Puis elles sont transportées dans des avions cargo, réfrigérés, jusqu'en Hollande, où ensuite elles sont redispatchées en camion vers les pays de consommation. Donc, bien souvent, en fait, les gens me disent « Ah, mais moi, je n'ai pas la main verte, mes fleurs, elles fanent. » Je leur dis « Non, mais ça n'a rien à voir avec toi. » C'est que tes fleurs, elles arrivent chez le fleuriste, elles ont déjà dix jours de cueil. Elles ont été cueillies dix jours avant. Incroyable. Donc, elles sont réfrigérées, elles ont subi des traitements pour être à peu près présentables. Et après, en plus, le choc thermique, puisqu'elles sortent de frigo et on les met chez soi où il fait une température plutôt aux alentours de 20 degrés. forcément, c'est les fleurs fans. Donc, nous, ce qu'on a souhaité faire, effectivement, c'était essayer de proposer une solution pour remettre au goût du jour, déjà, les fleurs locales et de saison. C'est ça, la baseline de Fleurs d'ici, c'est locales et de saison. Locales, pourquoi ? Parce qu'évidemment, ça permet de réduire le transport, donc les émissions carbone liées au transport, etc. Mais de saison, c'est aussi très important parce que, typiquement, On pourrait trouver des roses, par exemple, au moment de la Saint-Valentin, en février. On pourrait trouver des roses sur la Seize, même si là, c'est le moment de la rose. Naturellement, c'est plutôt entre juin et novembre. Mais on pourrait trouver des roses françaises au moment de la Saint-Valentin, mais ça voudrait dire qu'elles ont poussé sous serre, chauffées, éclairées, donc avec un impact carbone majeur, puisque utilisation d'énergie, etc. Et donc, il y a vraiment effectivement ce sujet de comment est-ce qu'il faut réapprendre à consommer ce qui est de saison. C'est valable. Pour les fruits et les légumes, vous le disiez, de la même façon que manger des tomates au mois de décembre, même si elles sont françaises, ce n'est pas forcément une très bonne idée. Ce n'est pas une bonne idée d'un point de vue du goût, parce que souvent, quand on mange des choses hors saison, ça se fait au détriment du goût. Ce n'est pas forcément une bonne chose pour la santé non plus. Ce n'est pas une bonne chose pour le portefeuille et ce n'est pas une bonne chose pour la planète. Donc, effectivement, au mois de décembre, il vaut mieux manger autre chose. Et de la même façon, pour les flores, au mois de février, au moment de la Saint-Valentin, le message n'est pas... n'acheter plus de fleurs. Le message est de dire acheter des fleurs de saison. De saison et locale. Typiquement, les anémones, les renoncules, enfin bref, il existe des multitudes de variétés qui sont locales et qui, du coup, sont moins émettrices de carbone que des fleurs importées.

  • Speaker #0

    Il y a un côté tech aussi derrière parce qu'il y a tout ce qui est autour de la livraison, de tout ce qui est organisé, il y a tout ce qui est dématérialisé dans votre système. Enfin, vraiment, il y a un côté très novateur. On pourrait penser, bon, les fleurs, que c'est... c'est de l'environnement, vous voyez ce que je veux dire ? Et là, vous allez au-delà, il y a un côté vraiment visionnaire et tech. Je vous pose cette question-là parce que souvent, on dit on ne trouve pas de femmes dans le numérique, dans la data, on ne trouve pas de femmes chefs d'entreprise, elles ont de la version au risque, etc. Donc, j'ai envie de vous poser un peu cette question parce que vous êtes un modèle déjà, vous avez été reporter de guerre, donc ce n'est pas non plus forcément des métiers où on s'attend à avoir des femmes, même s'il y en a pas mal, en fait. Il y en a pas mal. Quand on commence à regarder quand même le sujet, il y en a même de... qui sont vraiment, comme vous, des choses très dures et qui font le job vraiment très, très bien. Donc, moi, je tiens à le saluer. Et puis, vous avez aussi ce côté visionnaire, une nouvelle approche, un regard entre l'intérêt général, comme vous le disiez, et aussi ce regard tech, enfin, numérique.

  • Speaker #1

    Nous, effectivement, on n'est pas du tout fâchés avec le progrès. Au contraire. Mais c'est vrai que c'est le progrès au service d'une vision d'intérêt général. C'est-à-dire que... On a effectivement, aujourd'hui, les modèles de plateforme sont beaucoup décriés, notamment dans le transport, on ne va pas les citer. Mais en fait, c'est comme, comment dire, on ne peut pas trouver qu'un marteau, c'est mauvais. Enfin, un marteau, ça dépend comment on l'utilise. Soit c'est pour construire une maison, soit c'est pour casser quelque chose. Nous, on essaye de se dire que la tech, c'est un peu pareil. C'est-à-dire que ça offre des possibilités de déploiement et donc de performances importantes. Mais tout dépend pourquoi. au service de quoi ? Donc effectivement, nous, ça paraît très simple, comme vous le dites, de dire on va proposer des fleurs locales et de saison, sauf qu'en fait, ça n'existait pas. C'est-à-dire que quand nous, on est arrivés sur le marché et qu'on a contribué à faire prendre conscience aux consommateurs de ce problème, c'était bien, ça a sensibilisé les gens, mais il fallait proposer une solution. Or, quand vous étiez à Mont-de-Marsan, par exemple, vous êtes fleuriste à Mont-de-Marsan, La seule façon que vous avez de vous procurer des fleurs pour faire des bouquets, donc d'acheter votre matière première, c'est de faire appel à un grossiste hollandais qui va venir vous livrer en camion de la fleur qui viendra du grand marché aux fleurs qui est à Alsmier, dans la banlieue d'Amsterdam, à côté de l'aéroport. Donc c'est une immense plaque tournante, c'est beaucoup plus grand que Rungis, mais c'est à peu près de cet ordre-là. Parfois même, absurdité, les fleurs ont été coupées à 10 km de Mont-de-Marsan, récupérées par un grossiste hollandais, ramenées. en camion jusqu'en Hollande, puis réimporter vers la France sur un produit qui est frais et fragile. Donc, qu'est-ce qu'il fallait faire ? Il fallait faire que l'offre et la demande se rencontrent à une échelle locale. Ça a l'air très simple. Ça s'appelle la place du marché. Ça a existé jusque dans les années 50 en France de façon physique. Et nous, on a réinventé la place du marché, mais de façon digitalisée. Donc, comment on fait se rencontrer l'offre et la demande à un niveau local ? Donc, ça s'appelle des modèles de marketplace, place de marché. Mais c'est un peu cette idée de dire, pour que ça marche, pour que ça soit viable économiquement, il faut évidemment apprendre à mutualiser les flux, les flux commerciaux, les flux logistiques, les flux financiers. Si chacun, parce qu'on peut se dire, le fleuriste de Mont-de-Marsan, il peut aller chercher les fleurs chez le producteur qui est à 10 kilomètres de chez lui. Mais en fait, non. Parce que vous ne pouvez pas être au fourroulin quand vous êtes un artisan, vous devez tenir votre boutique, vous avez déjà mille tâches, la compta, etc. En vrai, prendre votre voiture, aller chercher chez un producteur, revenir, etc., ça ne rentre pas. Ça ne rentre pas. Et par ailleurs... Vous ne trouverez pas toute la variété, parce que les producteurs sont plutôt spécialisés. Donc, il y a qui va faire telle variété, qui va faire telle autre. Et pour faire un bouquet, il faut plutôt 5-6 variétés différentes. Et donc, ça veut dire que vous devriez aller chez 5-6 producteurs. Ça ne marche pas. En revanche, si vous vous mettez, vous agrégez autour de vous plusieurs fleuristes et vous agrégez plusieurs producteurs, du coup, là, ça commence à être viable économiquement. C'est quelque part le modèle des coopératives. Autrefois, c'était la mission des coopératives, mais qui n'ont pas toutes saisi le virage du digital et de toutes les opportunités que ça offrait. Parce qu'en fait, si vous voulez gérer effectivement une multitude de micro-flux, puisque nous, c'est des tout petits flux, parfois on fait des transactions à 10, 15 euros, si vous voulez gérer ça avec un fichier Excel et des SMS, Ça va être un peu compliqué, ça ne va pas être très performant. En revanche, un algorithme, il fait ça très bien et il permet effectivement, du coup, d'atteindre des volumes qui font que le système est résilient et viable.

  • Speaker #0

    Moi, quand je vous écoute, puis je vois bien, c'est solide, c'est réfléchi. Alors, on pourrait se dire, en fait, c'est du bon sens, mais ça n'existait pas et on est perdus. Peut-être qu'on a perdu le bon sens. Et effectivement, les innovations permettent de revenir à des choses et de remettre les choses au bon endroit, j'ai envie de dire. J'ai envie de vous dire, c'est solide, votre modèle est bien réfléchi, on voit que vous connaissez bien le sujet. Donc, je fais exprès, je fais la question qui va un peu gratter. Donc, vous n'avez pas eu de soucis pour avoir des financements, j'imagine ? On entend des fois une petite musique qui nous dit que pour les femmes, c'est plus compliqué.

  • Speaker #1

    Non, c'est très clairement plus compliqué. Aujourd'hui, il y a plein d'études qui le démontrent. Il y a le collectif Sista qui s'est beaucoup attaqué à cette question. Aujourd'hui, 95 % des fonds levés le sont par des hommes. Donc, ça veut dire que les femmes lèvent 5 % des fonds disponibles. Donc, effectivement, il y a un vrai décalage dans l'accès au financement entre les hommes et les femmes. Pourquoi ? parce qu'essentiellement, en fait, dans les fonds, il y a très peu de femmes qui sont... Alors, il y a des femmes, mais qui ne sont pas toujours en situation d'être décisionnaires. Donc, on ne l'a plus constaté. Il y avait une grosse appétence des femmes qui étaient analystes, etc., sur notre dossier, parce qu'il y a une dimension, en plus, très concrète, très évidente. Donc... Grosse appétence, mais après, au moment où on arrivait au niveau des comités d'investissement, ça se compliquait. Parce qu'effectivement, la fleur, c'est considéré comme quelque chose de féminin, on considère que c'est un petit marché, que ce n'est pas très intéressant. Sachant que, par ailleurs, il faut avoir en tête que nous, la fleur n'était que notre première itération, puisque le système, évidemment, a la capacité à ensuite se diversifier et à dresser d'autres marchés sur lesquels, malheureusement, il y a les mêmes problèmes. type le maraîchage, enfin bref, il y a énormément malheureusement encore de produits sur lesquels la France est productrice, mais qui sont exportés pour être réimportés, enfin bref. Donc il y a vraiment malheureusement cette question de l'import-export de produits agricoles avec des distorsions de marché malheureusement plus larges que sur la question des fleurs. Mais effectivement, comme on avait choisi d'adresser en premier ce marché-là... Pas parce qu'on est des filles et qu'on trouvait que c'était joli et qu'on voulait jouer à la marchande de fleurs, mais plutôt parce qu'on s'est dit, c'est du frais, c'est du fragile. Si on arrive à gérer les questions de logistique sur un produit qui est aussi exigeant, on saura le faire sur à peu près tout. Parce qu'en gros, même la marée, même le poisson, c'est quelque part probablement plus facile que de faire de la fleur, qui doit voyager en eau. Il y a des contraintes logistiques très complexes autour de ce marché-là. Et donc, effectivement, on s'était dit, au contraire, on va faire l'Everest par la face nord, et comme ça, derrière, tout ira bien. Et ce n'est pas du tout comme ça. Ça a été perçu, effectivement, par les investisseurs qui trouvaient que c'était mignonnet, mais que ce n'était pas forcément une question prioritaire. Et quelque part, on peut le comprendre. Quand, le vendredi soir, vous allez prendre un verre avec vos collègues investisseurs, c'est... Ça a l'air probablement plus sexy de dire qu'on a investi dans les NFT ou dans les bitcoins ou je ne sais quoi, versus dans une boîte qui ne fait finalement que des fleurs locales et de saison.

  • Speaker #0

    Et vous pensez que c'est le sujet ou c'est le fait que vous soyez une femme qui est portée ? Parce que moi, à La Poste, on accompagne aussi des créatrices d'entreprises, on accompagne des startups, on accompagne des femmes qui créent dans le numérique et qui, pour le coup, sont vraiment dans de la tech. On ne parle pas de fleurs, même si vous, il n'y a pas que cet aspect-là, bien sûr. Mais... Elles ont les mêmes problèmes. Elles sont parfois sur des sujets vraiment de financement et de technique, j'entends. Et elles ont les mêmes problèmes que vous. Donc, j'ai l'impression que ce n'est pas tant le sujet que le porteur ou la porteuse.

  • Speaker #1

    Alors, je pense que déjà, les femmes et les hommes ne parlent pas la performance de la même façon. Et c'est vrai que moi, d'ailleurs, c'est quelque chose sur lequel je suis allée chercher de l'expertise, sur comment est-ce que je devais apprendre à parler. cette langue de la performance avec un accent plus masculin. Donc, effectivement, il y a ça. Et ce n'est pas parce que, comment dire, il n'y a pas de discrimination, comment dire, intentionnelle. Je pense que c'est des biais de genre, en fait. C'est-à-dire qu'on voit bien comment ça se passe quand vous êtes en comité d'investissement. Typiquement, il y a des projections qui se font. Et c'est plus naturel de se projeter sur quelqu'un qui est du même genre, du même sexe, que... Quand il y a la barrière, entre guillemets, du genre, du sexe, c'est moins facile de se projeter sur quelqu'un. Et donc, à nouveau, il y a beaucoup d'études qui ont été faites sur ce sujet. C'est sans doute ça qui explique. Et puis, il y a aussi le fait qu'on voit quand même, même si les femmes se saisissent de sujets très tech, il n'y a pas de question là-dessus, mais il y a aussi tout un pan. notamment justement dans les entreprises à impact, dans tout ce qui est l'économie sociale et solidaire, etc. autour des aspects du care qui sont plus spontanément portés par des femmes et qui sont pas adressés par des hommes mais c'est vrai que moi j'étais très frappée au départ en disant mais vous avez l'impression que les fleurs c'est un sujet féminin mais du coup quoi le marché de la lessive c'est pas intéressant parce que c'est un sujet féminin mais regardez la taille de Procter & Gamble et donc c'est vrai que Il y a quand même un certain nombre de biais sur les produits.

  • Speaker #0

    Et du coup, sur ces biais, est-ce que vous pensez, enfin nous on y croit un peu en tout cas dans le groupe, c'est pour ça que le Faire de l'An, c'est vraiment d'arriver à de la parité à tous les niveaux et dans la société. Et cette parité, ça veut dire autant d'hommes ou de femmes, en tout cas avoir cette mixité partout. Et d'avoir d'ailleurs des hommes aussi dans des milieux où il y a plus tôt des femmes. Est-ce que vous pensez que si on arrivait à cette parité aussi dans le monde des banques d'investissement, il y aurait une approche différente et ça permettrait notamment d'accompagner différents types de projets ? On peut le penser, jusque-là ?

  • Speaker #1

    Moi, j'en suis absolument certaine. Je pense que c'est ça à la voix. Effectivement, il faut qu'il y ait plus de femmes investisseurs, investisseuses. Et d'ailleurs, il y a tout un travail qui est fait, notamment par Sybille Lemaire, autour de ces questions. Justement, justement. Comment est-ce que les femmes doivent réinvestir ? La question d'argent et la sphère de l'argent, qui est une sphère qui est restée, malgré tous les progrès de la société, malgré la parité, malgré le fait que les femmes travaillent, etc. Les questions d'argent continuent à être des questions qui sont essentiellement traitées par les hommes. Les questions de patrimoine, pas les questions d'argent du quotidien, évidemment. Les questions de patrimoine continuent à être... quelque part, la chasse gardée des hommes. Et c'est vrai que c'est des sujets sur lesquels il y a encore du travail pour faire en sorte que les femmes soient plus à l'aise sur ces questions d'argent.

  • Speaker #0

    Et notamment pour l'indépendance économique, qui permet aussi d'être indépendant, tout simplement, et de s'affranchir ou d'être libre. On sent que c'est des questions importantes, effectivement. Alors nous, à la Poste, on fait attention en tout cas à avoir une égalité de salaire. entre les femmes et les hommes, et c'est le cas, mais on sent que malgré tout, il y a encore des études récentes qui montent, il y a encore un décalage de rémunération, notamment plutôt côté salarié, mais entre les femmes et les hommes, et que les hommes ont moins tendance, ne savent pas trop négocier, pas trop, il semblerait, ou en tout cas, il n'y a pas la même approche. Est-ce que vous ressentez ça aussi ? J'ai entendu que vous disiez, on est obligé un petit peu de prendre des codes d'hommes pour négocier, que la performance, on n'en est pas. mais pas la même chose derrière. Je trouve ça intéressant parce que, est-ce que les femmes doivent prendre les codes des hommes ou est-ce que les hommes doivent s'ouvrir aux codes des femmes ? C'est une vaste question.

  • Speaker #1

    Qui suis-je pour répondre ? Oui,

  • Speaker #0

    non.

  • Speaker #1

    Je pense que c'est un peu... Il faut de l'hybridation, c'est-à-dire que, précisément, je pense qu'un bon modèle, c'est un modèle où, effectivement, les femmes... se familiarisent parce que ça va se faire comme ça, il faut faire un peu d'entrisme. Donc au départ, on n'aura pas trop d'autres choix que d'apprendre sans se relier, mais d'apprendre en tout cas à avancer avec les codes qui sont ceux qui sont actuellement disponibles et progressivement, bien sûr, que je pense que c'est ça qui va faire évoluer la culture de l'autre côté aussi. Donc moi, je pense que... Et tu es au milieu, comme toujours.

  • Speaker #0

    Et c'est pour ça que je vous rejoins, quelque part au milieu, nous, en tout cas, dans le groupe La Poste, c'est pour ça qu'il y a aussi ce réseau. On pense qu'il y a cette mixité, cet apport mutuel, ces visions complémentaires. Et c'est là où on est performant. D'ailleurs, il y a des études qui le montrent très concrètement. Ce n'est pas moi qui le dis, mais il y a des études qui le montrent très concrètement. Je voulais vous poser une question un peu taquine, on va dire. C'est plus dur d'être sur les fronts de guerre ou d'être là à essayer de négocier pour son entreprise, vous allez chercher des fonds.

  • Speaker #1

    Sans conteste, la deuxième option. C'est beaucoup plus difficile. J'ai fait effectivement un métier qui n'est pas particulièrement féminin. J'ai fait aussi un petit peu de politique. C'est pas bizarre. Je trouve que la sphère de l'argent est la sphère encore aujourd'hui très hostile aux femmes.

  • Speaker #0

    Ah oui, c'est un peu chasse gardée ?

  • Speaker #1

    Ça reste encore quelque chose de très masculin, oui. D'accord.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous avez un rôle modèle, vous, Hortense ? Parce qu'on parle souvent de rôle modèle. Est-ce qu'il y a quelqu'un qui vous inspire, qui vous a inspiré ?

  • Speaker #1

    Alors moi, j'ai eu la chance d'avoir un rôle modèle assez proche de moi, qui est ma tante. Ma tante, c'était la fondatrice des laboratoires Enobiol.

  • Speaker #0

    Ah oui, très bien !

  • Speaker #1

    Le docteur Marie Bégeau, qui a monté son entreprise il y a plusieurs dizaines d'années. Et à l'époque où, effectivement, être une femme chef d'entreprise, ce n'était pas très, très commun. Et en plus, avec une mission d'apporter du bien-être aux femmes par les plantes, la phytothérapie, etc., qui était un pionnier de la phyto. Donc, j'ai eu la chance, effectivement, de voir que c'était possible, en fait. De savoir qu'on pouvait être une femme, avoir quatre enfants, puisque c'est le cas, et être une chef d'entreprise accomplie. Et donc, c'est vrai que c'est quelque chose qui, je pense, à mon insu, m'a beaucoup influencée. de savoir que quelqu'un que tu connais l'a fait, c'est essentiel. Et donc, effectivement, moi, je pense que les rôles modèles, le fait d'exposer, de dire aux gens, c'est possible, c'est majeur, effectivement, et de pouvoir inspirer des générations à venir sur le fait que ça existe.

  • Speaker #0

    Vous aviez un conseil à donner à des jeunes femmes, ou pas que jeunes, d'ailleurs, et même à des hommes qui nous écoutent, ce serait quoi ? Pour faire comme votre tante.

  • Speaker #1

    et comme vous d'être ambitieux mais l'ambition c'est une notion qui est souvent assez décriée qui n'est pas toujours très positive c'est vu comme quelque chose d'arriviste etc moi c'est pas ça mon message évidemment c'est de dire qu'il faut viser la lune quoi enfin voilà il faut se dire qu'effectivement c'est possible et que alors c'est pas facile mais c'est possible et je pense que quand on fait les choses pour les bonnes raisons c'est ce truc de l'alignement, du chef d'entreprise avec sa mission. Je pense que c'est essentiel et c'est ça qui est porteur.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup, Hortense. On sent en tout cas que c'est très inspirant parce que d'être alignée, et je vous rejoins, quand on est alignée, tout s'ouvre, tout est possible et quand on y croit, et ce sens, vous le transmettez de l'intérêt général. On peut faire de l'intérêt général, faire du bien et en même temps faire du business. Je crois que c'est très marquant. Nous, on y croit beaucoup. C'est aussi notre modèle, évidemment, à La Poste. Donc, merci pour cet échange et pour toutes ces pépites que vous avez données, toutes ces fleurs. Donc, en tout cas, disons-le avec des fleurs, j'ai envie de dire. Mais merci. Merci beaucoup, Hortense, pour cet échange.

  • Speaker #1

    Merci, Aura.

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Description

Dans cet épisode, Hortense Harang, ancienne reporter de guerre à la BBC et créatrice de l’entreprise « Fleurs d’ici », partage son parcours inspirant, dont le fil rouge est son sens de l'intérêt général,  en mêlant business, innovation, performance et économie responsable.

 

En tant que femme occupant des métiers traditionnellement plus occupés par les hommes, elle nous partage les défis rencontrés par les femmes, notamment le manque d’accès équitable aux financements.


« À part égale » une série de podcast animée par Aurore Mayer, directrice du Réseau Parité Un Une du groupe La Poste qui inspire, fait réfléchir et avancer la parité pour un monde plus juste.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue à l'émission À part égale, l'émission du réseau parité 1-1 du groupe La Poste. Aujourd'hui, j'ai l'honneur de recevoir parmi nous Hortense Aran. Hortense, bonjour. Bonjour. Hortense, vous êtes une ancienne grand reporter, reporter de guerre, et vous êtes créatrice de Fleurs d'ici. Alors j'ai envie de vous poser la question, Hortense, comment on passe de reporter de guerre aux fleurs. La fleur au fusil, c'est une expression, mais comment on passe de la guerre à la fleur ?

  • Speaker #1

    D'abord, merci pour l'invitation. Je suis ravie d'être là. Effectivement, j'ai un parcours assez atypique. J'ai commencé par être grand reporter, mais dans, comment dire, pas pour n'importe qui, puisque je travaillais pour la BBC. Et la BBC, c'est, comme chacun sait, le service public mondial de l'information. Donc, avec une mission quand même d'éducation pour... populaire, etc., qui est très forte. Et ce qui, moi, est le fil rouge de mon parcours, c'est précisément, en fait, cette notion d'intérêt général, de bien commun, service public. Enfin, voilà, il donnait plusieurs noms, mais effectivement, ce sens de la mission au service du plus grand nombre. Et donc, de la même façon que quand j'étais journaliste, je le faisais dans un but, qui était celui d'essayer de faire en sorte que, ben voilà, les... les citoyens puissent prendre leurs décisions avec un degré d'information le plus important possible, ce qui me semblait très important pour la vie démocratique des pays. Aujourd'hui, je suis entrepreneur, mais toujours avec ce même sens de la mission, puisqu'on fait partie du mouvement des entreprises à mission, précisément entreprises à impact, qui sont aujourd'hui définies par une loi qui s'appelle la loi Pacte. Oui. qui a été aujourd'hui quelques années, mais on était, nous, parmi les pionniers de ce nouvel modèle. Ça veut dire qu'on est des entreprises, donc on est avec une mission... Enfin, comment dire ? On reste dans le cadre entrepreneurial et for profit, donc pas dans un cadre associatif, mais avec quand même cette mission qui est écrite dans les statuts de l'entreprise. Oui.

  • Speaker #0

    Nous aussi, en gros plat-poste. C'est une entreprise, une grande entreprise à mission, donc on se rejoint. Et évidemment, comme toutes les postières et les postiers pour ce fort sens de l'intérêt général, on partage et merci d'avoir accepté aussi de témoigner, parce que je pense qu'on a des choses vraiment à prendre de vous, de votre parcours, très intéressant. Donc Hortense, vous avez changé de monde, même s'il y a ce fil conducteur qui reste l'intérêt général. Et moi, j'ai découvert, j'aimerais que vous m'en disiez un mot, on parle beaucoup de fruits, de légumes, de saisons, de circuits courts, et j'ai découvert que c'était le cas aussi pour les fleurs. En fait, on se pose peut-être, en tout cas, moi, je ne savais pas, c'est peut-être moins la question, et en fait, il y a ces enjeux aussi. Et donc, on peut faire de l'économie responsable, ça reste de l'économie, parce que vous êtes une entreprise, comme vous l'avez dit, mais de manière responsable. On peut être responsable et performant.

  • Speaker #1

    Absolument. Au contraire. Nous, on fait partie, justement, de cette nouvelle génération, effectivement, d'entreprises. qui mettent l'impact et la performance au cœur de leur ADN, puisque nous, précisément, l'ambition va au service du déploiement de la solution qu'on a créée. Donc, effectivement, vous l'avez dit, nous, on s'est concentrés au départ sur un premier marché, qui est celui de la fleur. Aujourd'hui, c'était encore plus vrai il y a cinq ans, malheureusement, 85 % des fleurs sont importées.

  • Speaker #0

    C'est fou !

  • Speaker #1

    de pays en voie de développement, essentiellement le Kenya, la Colombie, l'Équateur, l'Éthiopie aussi. Elles sont cultivées dans ces pays souvent par des femmes ou des enfants dans des conditions sociales pas terribles. Puis elles sont transportées dans des avions cargo, réfrigérés, jusqu'en Hollande, où ensuite elles sont redispatchées en camion vers les pays de consommation. Donc, bien souvent, en fait, les gens me disent « Ah, mais moi, je n'ai pas la main verte, mes fleurs, elles fanent. » Je leur dis « Non, mais ça n'a rien à voir avec toi. » C'est que tes fleurs, elles arrivent chez le fleuriste, elles ont déjà dix jours de cueil. Elles ont été cueillies dix jours avant. Incroyable. Donc, elles sont réfrigérées, elles ont subi des traitements pour être à peu près présentables. Et après, en plus, le choc thermique, puisqu'elles sortent de frigo et on les met chez soi où il fait une température plutôt aux alentours de 20 degrés. forcément, c'est les fleurs fans. Donc, nous, ce qu'on a souhaité faire, effectivement, c'était essayer de proposer une solution pour remettre au goût du jour, déjà, les fleurs locales et de saison. C'est ça, la baseline de Fleurs d'ici, c'est locales et de saison. Locales, pourquoi ? Parce qu'évidemment, ça permet de réduire le transport, donc les émissions carbone liées au transport, etc. Mais de saison, c'est aussi très important parce que, typiquement, On pourrait trouver des roses, par exemple, au moment de la Saint-Valentin, en février. On pourrait trouver des roses sur la Seize, même si là, c'est le moment de la rose. Naturellement, c'est plutôt entre juin et novembre. Mais on pourrait trouver des roses françaises au moment de la Saint-Valentin, mais ça voudrait dire qu'elles ont poussé sous serre, chauffées, éclairées, donc avec un impact carbone majeur, puisque utilisation d'énergie, etc. Et donc, il y a vraiment effectivement ce sujet de comment est-ce qu'il faut réapprendre à consommer ce qui est de saison. C'est valable. Pour les fruits et les légumes, vous le disiez, de la même façon que manger des tomates au mois de décembre, même si elles sont françaises, ce n'est pas forcément une très bonne idée. Ce n'est pas une bonne idée d'un point de vue du goût, parce que souvent, quand on mange des choses hors saison, ça se fait au détriment du goût. Ce n'est pas forcément une bonne chose pour la santé non plus. Ce n'est pas une bonne chose pour le portefeuille et ce n'est pas une bonne chose pour la planète. Donc, effectivement, au mois de décembre, il vaut mieux manger autre chose. Et de la même façon, pour les flores, au mois de février, au moment de la Saint-Valentin, le message n'est pas... n'acheter plus de fleurs. Le message est de dire acheter des fleurs de saison. De saison et locale. Typiquement, les anémones, les renoncules, enfin bref, il existe des multitudes de variétés qui sont locales et qui, du coup, sont moins émettrices de carbone que des fleurs importées.

  • Speaker #0

    Il y a un côté tech aussi derrière parce qu'il y a tout ce qui est autour de la livraison, de tout ce qui est organisé, il y a tout ce qui est dématérialisé dans votre système. Enfin, vraiment, il y a un côté très novateur. On pourrait penser, bon, les fleurs, que c'est... c'est de l'environnement, vous voyez ce que je veux dire ? Et là, vous allez au-delà, il y a un côté vraiment visionnaire et tech. Je vous pose cette question-là parce que souvent, on dit on ne trouve pas de femmes dans le numérique, dans la data, on ne trouve pas de femmes chefs d'entreprise, elles ont de la version au risque, etc. Donc, j'ai envie de vous poser un peu cette question parce que vous êtes un modèle déjà, vous avez été reporter de guerre, donc ce n'est pas non plus forcément des métiers où on s'attend à avoir des femmes, même s'il y en a pas mal, en fait. Il y en a pas mal. Quand on commence à regarder quand même le sujet, il y en a même de... qui sont vraiment, comme vous, des choses très dures et qui font le job vraiment très, très bien. Donc, moi, je tiens à le saluer. Et puis, vous avez aussi ce côté visionnaire, une nouvelle approche, un regard entre l'intérêt général, comme vous le disiez, et aussi ce regard tech, enfin, numérique.

  • Speaker #1

    Nous, effectivement, on n'est pas du tout fâchés avec le progrès. Au contraire. Mais c'est vrai que c'est le progrès au service d'une vision d'intérêt général. C'est-à-dire que... On a effectivement, aujourd'hui, les modèles de plateforme sont beaucoup décriés, notamment dans le transport, on ne va pas les citer. Mais en fait, c'est comme, comment dire, on ne peut pas trouver qu'un marteau, c'est mauvais. Enfin, un marteau, ça dépend comment on l'utilise. Soit c'est pour construire une maison, soit c'est pour casser quelque chose. Nous, on essaye de se dire que la tech, c'est un peu pareil. C'est-à-dire que ça offre des possibilités de déploiement et donc de performances importantes. Mais tout dépend pourquoi. au service de quoi ? Donc effectivement, nous, ça paraît très simple, comme vous le dites, de dire on va proposer des fleurs locales et de saison, sauf qu'en fait, ça n'existait pas. C'est-à-dire que quand nous, on est arrivés sur le marché et qu'on a contribué à faire prendre conscience aux consommateurs de ce problème, c'était bien, ça a sensibilisé les gens, mais il fallait proposer une solution. Or, quand vous étiez à Mont-de-Marsan, par exemple, vous êtes fleuriste à Mont-de-Marsan, La seule façon que vous avez de vous procurer des fleurs pour faire des bouquets, donc d'acheter votre matière première, c'est de faire appel à un grossiste hollandais qui va venir vous livrer en camion de la fleur qui viendra du grand marché aux fleurs qui est à Alsmier, dans la banlieue d'Amsterdam, à côté de l'aéroport. Donc c'est une immense plaque tournante, c'est beaucoup plus grand que Rungis, mais c'est à peu près de cet ordre-là. Parfois même, absurdité, les fleurs ont été coupées à 10 km de Mont-de-Marsan, récupérées par un grossiste hollandais, ramenées. en camion jusqu'en Hollande, puis réimporter vers la France sur un produit qui est frais et fragile. Donc, qu'est-ce qu'il fallait faire ? Il fallait faire que l'offre et la demande se rencontrent à une échelle locale. Ça a l'air très simple. Ça s'appelle la place du marché. Ça a existé jusque dans les années 50 en France de façon physique. Et nous, on a réinventé la place du marché, mais de façon digitalisée. Donc, comment on fait se rencontrer l'offre et la demande à un niveau local ? Donc, ça s'appelle des modèles de marketplace, place de marché. Mais c'est un peu cette idée de dire, pour que ça marche, pour que ça soit viable économiquement, il faut évidemment apprendre à mutualiser les flux, les flux commerciaux, les flux logistiques, les flux financiers. Si chacun, parce qu'on peut se dire, le fleuriste de Mont-de-Marsan, il peut aller chercher les fleurs chez le producteur qui est à 10 kilomètres de chez lui. Mais en fait, non. Parce que vous ne pouvez pas être au fourroulin quand vous êtes un artisan, vous devez tenir votre boutique, vous avez déjà mille tâches, la compta, etc. En vrai, prendre votre voiture, aller chercher chez un producteur, revenir, etc., ça ne rentre pas. Ça ne rentre pas. Et par ailleurs... Vous ne trouverez pas toute la variété, parce que les producteurs sont plutôt spécialisés. Donc, il y a qui va faire telle variété, qui va faire telle autre. Et pour faire un bouquet, il faut plutôt 5-6 variétés différentes. Et donc, ça veut dire que vous devriez aller chez 5-6 producteurs. Ça ne marche pas. En revanche, si vous vous mettez, vous agrégez autour de vous plusieurs fleuristes et vous agrégez plusieurs producteurs, du coup, là, ça commence à être viable économiquement. C'est quelque part le modèle des coopératives. Autrefois, c'était la mission des coopératives, mais qui n'ont pas toutes saisi le virage du digital et de toutes les opportunités que ça offrait. Parce qu'en fait, si vous voulez gérer effectivement une multitude de micro-flux, puisque nous, c'est des tout petits flux, parfois on fait des transactions à 10, 15 euros, si vous voulez gérer ça avec un fichier Excel et des SMS, Ça va être un peu compliqué, ça ne va pas être très performant. En revanche, un algorithme, il fait ça très bien et il permet effectivement, du coup, d'atteindre des volumes qui font que le système est résilient et viable.

  • Speaker #0

    Moi, quand je vous écoute, puis je vois bien, c'est solide, c'est réfléchi. Alors, on pourrait se dire, en fait, c'est du bon sens, mais ça n'existait pas et on est perdus. Peut-être qu'on a perdu le bon sens. Et effectivement, les innovations permettent de revenir à des choses et de remettre les choses au bon endroit, j'ai envie de dire. J'ai envie de vous dire, c'est solide, votre modèle est bien réfléchi, on voit que vous connaissez bien le sujet. Donc, je fais exprès, je fais la question qui va un peu gratter. Donc, vous n'avez pas eu de soucis pour avoir des financements, j'imagine ? On entend des fois une petite musique qui nous dit que pour les femmes, c'est plus compliqué.

  • Speaker #1

    Non, c'est très clairement plus compliqué. Aujourd'hui, il y a plein d'études qui le démontrent. Il y a le collectif Sista qui s'est beaucoup attaqué à cette question. Aujourd'hui, 95 % des fonds levés le sont par des hommes. Donc, ça veut dire que les femmes lèvent 5 % des fonds disponibles. Donc, effectivement, il y a un vrai décalage dans l'accès au financement entre les hommes et les femmes. Pourquoi ? parce qu'essentiellement, en fait, dans les fonds, il y a très peu de femmes qui sont... Alors, il y a des femmes, mais qui ne sont pas toujours en situation d'être décisionnaires. Donc, on ne l'a plus constaté. Il y avait une grosse appétence des femmes qui étaient analystes, etc., sur notre dossier, parce qu'il y a une dimension, en plus, très concrète, très évidente. Donc... Grosse appétence, mais après, au moment où on arrivait au niveau des comités d'investissement, ça se compliquait. Parce qu'effectivement, la fleur, c'est considéré comme quelque chose de féminin, on considère que c'est un petit marché, que ce n'est pas très intéressant. Sachant que, par ailleurs, il faut avoir en tête que nous, la fleur n'était que notre première itération, puisque le système, évidemment, a la capacité à ensuite se diversifier et à dresser d'autres marchés sur lesquels, malheureusement, il y a les mêmes problèmes. type le maraîchage, enfin bref, il y a énormément malheureusement encore de produits sur lesquels la France est productrice, mais qui sont exportés pour être réimportés, enfin bref. Donc il y a vraiment malheureusement cette question de l'import-export de produits agricoles avec des distorsions de marché malheureusement plus larges que sur la question des fleurs. Mais effectivement, comme on avait choisi d'adresser en premier ce marché-là... Pas parce qu'on est des filles et qu'on trouvait que c'était joli et qu'on voulait jouer à la marchande de fleurs, mais plutôt parce qu'on s'est dit, c'est du frais, c'est du fragile. Si on arrive à gérer les questions de logistique sur un produit qui est aussi exigeant, on saura le faire sur à peu près tout. Parce qu'en gros, même la marée, même le poisson, c'est quelque part probablement plus facile que de faire de la fleur, qui doit voyager en eau. Il y a des contraintes logistiques très complexes autour de ce marché-là. Et donc, effectivement, on s'était dit, au contraire, on va faire l'Everest par la face nord, et comme ça, derrière, tout ira bien. Et ce n'est pas du tout comme ça. Ça a été perçu, effectivement, par les investisseurs qui trouvaient que c'était mignonnet, mais que ce n'était pas forcément une question prioritaire. Et quelque part, on peut le comprendre. Quand, le vendredi soir, vous allez prendre un verre avec vos collègues investisseurs, c'est... Ça a l'air probablement plus sexy de dire qu'on a investi dans les NFT ou dans les bitcoins ou je ne sais quoi, versus dans une boîte qui ne fait finalement que des fleurs locales et de saison.

  • Speaker #0

    Et vous pensez que c'est le sujet ou c'est le fait que vous soyez une femme qui est portée ? Parce que moi, à La Poste, on accompagne aussi des créatrices d'entreprises, on accompagne des startups, on accompagne des femmes qui créent dans le numérique et qui, pour le coup, sont vraiment dans de la tech. On ne parle pas de fleurs, même si vous, il n'y a pas que cet aspect-là, bien sûr. Mais... Elles ont les mêmes problèmes. Elles sont parfois sur des sujets vraiment de financement et de technique, j'entends. Et elles ont les mêmes problèmes que vous. Donc, j'ai l'impression que ce n'est pas tant le sujet que le porteur ou la porteuse.

  • Speaker #1

    Alors, je pense que déjà, les femmes et les hommes ne parlent pas la performance de la même façon. Et c'est vrai que moi, d'ailleurs, c'est quelque chose sur lequel je suis allée chercher de l'expertise, sur comment est-ce que je devais apprendre à parler. cette langue de la performance avec un accent plus masculin. Donc, effectivement, il y a ça. Et ce n'est pas parce que, comment dire, il n'y a pas de discrimination, comment dire, intentionnelle. Je pense que c'est des biais de genre, en fait. C'est-à-dire qu'on voit bien comment ça se passe quand vous êtes en comité d'investissement. Typiquement, il y a des projections qui se font. Et c'est plus naturel de se projeter sur quelqu'un qui est du même genre, du même sexe, que... Quand il y a la barrière, entre guillemets, du genre, du sexe, c'est moins facile de se projeter sur quelqu'un. Et donc, à nouveau, il y a beaucoup d'études qui ont été faites sur ce sujet. C'est sans doute ça qui explique. Et puis, il y a aussi le fait qu'on voit quand même, même si les femmes se saisissent de sujets très tech, il n'y a pas de question là-dessus, mais il y a aussi tout un pan. notamment justement dans les entreprises à impact, dans tout ce qui est l'économie sociale et solidaire, etc. autour des aspects du care qui sont plus spontanément portés par des femmes et qui sont pas adressés par des hommes mais c'est vrai que moi j'étais très frappée au départ en disant mais vous avez l'impression que les fleurs c'est un sujet féminin mais du coup quoi le marché de la lessive c'est pas intéressant parce que c'est un sujet féminin mais regardez la taille de Procter & Gamble et donc c'est vrai que Il y a quand même un certain nombre de biais sur les produits.

  • Speaker #0

    Et du coup, sur ces biais, est-ce que vous pensez, enfin nous on y croit un peu en tout cas dans le groupe, c'est pour ça que le Faire de l'An, c'est vraiment d'arriver à de la parité à tous les niveaux et dans la société. Et cette parité, ça veut dire autant d'hommes ou de femmes, en tout cas avoir cette mixité partout. Et d'avoir d'ailleurs des hommes aussi dans des milieux où il y a plus tôt des femmes. Est-ce que vous pensez que si on arrivait à cette parité aussi dans le monde des banques d'investissement, il y aurait une approche différente et ça permettrait notamment d'accompagner différents types de projets ? On peut le penser, jusque-là ?

  • Speaker #1

    Moi, j'en suis absolument certaine. Je pense que c'est ça à la voix. Effectivement, il faut qu'il y ait plus de femmes investisseurs, investisseuses. Et d'ailleurs, il y a tout un travail qui est fait, notamment par Sybille Lemaire, autour de ces questions. Justement, justement. Comment est-ce que les femmes doivent réinvestir ? La question d'argent et la sphère de l'argent, qui est une sphère qui est restée, malgré tous les progrès de la société, malgré la parité, malgré le fait que les femmes travaillent, etc. Les questions d'argent continuent à être des questions qui sont essentiellement traitées par les hommes. Les questions de patrimoine, pas les questions d'argent du quotidien, évidemment. Les questions de patrimoine continuent à être... quelque part, la chasse gardée des hommes. Et c'est vrai que c'est des sujets sur lesquels il y a encore du travail pour faire en sorte que les femmes soient plus à l'aise sur ces questions d'argent.

  • Speaker #0

    Et notamment pour l'indépendance économique, qui permet aussi d'être indépendant, tout simplement, et de s'affranchir ou d'être libre. On sent que c'est des questions importantes, effectivement. Alors nous, à la Poste, on fait attention en tout cas à avoir une égalité de salaire. entre les femmes et les hommes, et c'est le cas, mais on sent que malgré tout, il y a encore des études récentes qui montent, il y a encore un décalage de rémunération, notamment plutôt côté salarié, mais entre les femmes et les hommes, et que les hommes ont moins tendance, ne savent pas trop négocier, pas trop, il semblerait, ou en tout cas, il n'y a pas la même approche. Est-ce que vous ressentez ça aussi ? J'ai entendu que vous disiez, on est obligé un petit peu de prendre des codes d'hommes pour négocier, que la performance, on n'en est pas. mais pas la même chose derrière. Je trouve ça intéressant parce que, est-ce que les femmes doivent prendre les codes des hommes ou est-ce que les hommes doivent s'ouvrir aux codes des femmes ? C'est une vaste question.

  • Speaker #1

    Qui suis-je pour répondre ? Oui,

  • Speaker #0

    non.

  • Speaker #1

    Je pense que c'est un peu... Il faut de l'hybridation, c'est-à-dire que, précisément, je pense qu'un bon modèle, c'est un modèle où, effectivement, les femmes... se familiarisent parce que ça va se faire comme ça, il faut faire un peu d'entrisme. Donc au départ, on n'aura pas trop d'autres choix que d'apprendre sans se relier, mais d'apprendre en tout cas à avancer avec les codes qui sont ceux qui sont actuellement disponibles et progressivement, bien sûr, que je pense que c'est ça qui va faire évoluer la culture de l'autre côté aussi. Donc moi, je pense que... Et tu es au milieu, comme toujours.

  • Speaker #0

    Et c'est pour ça que je vous rejoins, quelque part au milieu, nous, en tout cas, dans le groupe La Poste, c'est pour ça qu'il y a aussi ce réseau. On pense qu'il y a cette mixité, cet apport mutuel, ces visions complémentaires. Et c'est là où on est performant. D'ailleurs, il y a des études qui le montrent très concrètement. Ce n'est pas moi qui le dis, mais il y a des études qui le montrent très concrètement. Je voulais vous poser une question un peu taquine, on va dire. C'est plus dur d'être sur les fronts de guerre ou d'être là à essayer de négocier pour son entreprise, vous allez chercher des fonds.

  • Speaker #1

    Sans conteste, la deuxième option. C'est beaucoup plus difficile. J'ai fait effectivement un métier qui n'est pas particulièrement féminin. J'ai fait aussi un petit peu de politique. C'est pas bizarre. Je trouve que la sphère de l'argent est la sphère encore aujourd'hui très hostile aux femmes.

  • Speaker #0

    Ah oui, c'est un peu chasse gardée ?

  • Speaker #1

    Ça reste encore quelque chose de très masculin, oui. D'accord.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous avez un rôle modèle, vous, Hortense ? Parce qu'on parle souvent de rôle modèle. Est-ce qu'il y a quelqu'un qui vous inspire, qui vous a inspiré ?

  • Speaker #1

    Alors moi, j'ai eu la chance d'avoir un rôle modèle assez proche de moi, qui est ma tante. Ma tante, c'était la fondatrice des laboratoires Enobiol.

  • Speaker #0

    Ah oui, très bien !

  • Speaker #1

    Le docteur Marie Bégeau, qui a monté son entreprise il y a plusieurs dizaines d'années. Et à l'époque où, effectivement, être une femme chef d'entreprise, ce n'était pas très, très commun. Et en plus, avec une mission d'apporter du bien-être aux femmes par les plantes, la phytothérapie, etc., qui était un pionnier de la phyto. Donc, j'ai eu la chance, effectivement, de voir que c'était possible, en fait. De savoir qu'on pouvait être une femme, avoir quatre enfants, puisque c'est le cas, et être une chef d'entreprise accomplie. Et donc, c'est vrai que c'est quelque chose qui, je pense, à mon insu, m'a beaucoup influencée. de savoir que quelqu'un que tu connais l'a fait, c'est essentiel. Et donc, effectivement, moi, je pense que les rôles modèles, le fait d'exposer, de dire aux gens, c'est possible, c'est majeur, effectivement, et de pouvoir inspirer des générations à venir sur le fait que ça existe.

  • Speaker #0

    Vous aviez un conseil à donner à des jeunes femmes, ou pas que jeunes, d'ailleurs, et même à des hommes qui nous écoutent, ce serait quoi ? Pour faire comme votre tante.

  • Speaker #1

    et comme vous d'être ambitieux mais l'ambition c'est une notion qui est souvent assez décriée qui n'est pas toujours très positive c'est vu comme quelque chose d'arriviste etc moi c'est pas ça mon message évidemment c'est de dire qu'il faut viser la lune quoi enfin voilà il faut se dire qu'effectivement c'est possible et que alors c'est pas facile mais c'est possible et je pense que quand on fait les choses pour les bonnes raisons c'est ce truc de l'alignement, du chef d'entreprise avec sa mission. Je pense que c'est essentiel et c'est ça qui est porteur.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup, Hortense. On sent en tout cas que c'est très inspirant parce que d'être alignée, et je vous rejoins, quand on est alignée, tout s'ouvre, tout est possible et quand on y croit, et ce sens, vous le transmettez de l'intérêt général. On peut faire de l'intérêt général, faire du bien et en même temps faire du business. Je crois que c'est très marquant. Nous, on y croit beaucoup. C'est aussi notre modèle, évidemment, à La Poste. Donc, merci pour cet échange et pour toutes ces pépites que vous avez données, toutes ces fleurs. Donc, en tout cas, disons-le avec des fleurs, j'ai envie de dire. Mais merci. Merci beaucoup, Hortense, pour cet échange.

  • Speaker #1

    Merci, Aura.

Description

Dans cet épisode, Hortense Harang, ancienne reporter de guerre à la BBC et créatrice de l’entreprise « Fleurs d’ici », partage son parcours inspirant, dont le fil rouge est son sens de l'intérêt général,  en mêlant business, innovation, performance et économie responsable.

 

En tant que femme occupant des métiers traditionnellement plus occupés par les hommes, elle nous partage les défis rencontrés par les femmes, notamment le manque d’accès équitable aux financements.


« À part égale » une série de podcast animée par Aurore Mayer, directrice du Réseau Parité Un Une du groupe La Poste qui inspire, fait réfléchir et avancer la parité pour un monde plus juste.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue à l'émission À part égale, l'émission du réseau parité 1-1 du groupe La Poste. Aujourd'hui, j'ai l'honneur de recevoir parmi nous Hortense Aran. Hortense, bonjour. Bonjour. Hortense, vous êtes une ancienne grand reporter, reporter de guerre, et vous êtes créatrice de Fleurs d'ici. Alors j'ai envie de vous poser la question, Hortense, comment on passe de reporter de guerre aux fleurs. La fleur au fusil, c'est une expression, mais comment on passe de la guerre à la fleur ?

  • Speaker #1

    D'abord, merci pour l'invitation. Je suis ravie d'être là. Effectivement, j'ai un parcours assez atypique. J'ai commencé par être grand reporter, mais dans, comment dire, pas pour n'importe qui, puisque je travaillais pour la BBC. Et la BBC, c'est, comme chacun sait, le service public mondial de l'information. Donc, avec une mission quand même d'éducation pour... populaire, etc., qui est très forte. Et ce qui, moi, est le fil rouge de mon parcours, c'est précisément, en fait, cette notion d'intérêt général, de bien commun, service public. Enfin, voilà, il donnait plusieurs noms, mais effectivement, ce sens de la mission au service du plus grand nombre. Et donc, de la même façon que quand j'étais journaliste, je le faisais dans un but, qui était celui d'essayer de faire en sorte que, ben voilà, les... les citoyens puissent prendre leurs décisions avec un degré d'information le plus important possible, ce qui me semblait très important pour la vie démocratique des pays. Aujourd'hui, je suis entrepreneur, mais toujours avec ce même sens de la mission, puisqu'on fait partie du mouvement des entreprises à mission, précisément entreprises à impact, qui sont aujourd'hui définies par une loi qui s'appelle la loi Pacte. Oui. qui a été aujourd'hui quelques années, mais on était, nous, parmi les pionniers de ce nouvel modèle. Ça veut dire qu'on est des entreprises, donc on est avec une mission... Enfin, comment dire ? On reste dans le cadre entrepreneurial et for profit, donc pas dans un cadre associatif, mais avec quand même cette mission qui est écrite dans les statuts de l'entreprise. Oui.

  • Speaker #0

    Nous aussi, en gros plat-poste. C'est une entreprise, une grande entreprise à mission, donc on se rejoint. Et évidemment, comme toutes les postières et les postiers pour ce fort sens de l'intérêt général, on partage et merci d'avoir accepté aussi de témoigner, parce que je pense qu'on a des choses vraiment à prendre de vous, de votre parcours, très intéressant. Donc Hortense, vous avez changé de monde, même s'il y a ce fil conducteur qui reste l'intérêt général. Et moi, j'ai découvert, j'aimerais que vous m'en disiez un mot, on parle beaucoup de fruits, de légumes, de saisons, de circuits courts, et j'ai découvert que c'était le cas aussi pour les fleurs. En fait, on se pose peut-être, en tout cas, moi, je ne savais pas, c'est peut-être moins la question, et en fait, il y a ces enjeux aussi. Et donc, on peut faire de l'économie responsable, ça reste de l'économie, parce que vous êtes une entreprise, comme vous l'avez dit, mais de manière responsable. On peut être responsable et performant.

  • Speaker #1

    Absolument. Au contraire. Nous, on fait partie, justement, de cette nouvelle génération, effectivement, d'entreprises. qui mettent l'impact et la performance au cœur de leur ADN, puisque nous, précisément, l'ambition va au service du déploiement de la solution qu'on a créée. Donc, effectivement, vous l'avez dit, nous, on s'est concentrés au départ sur un premier marché, qui est celui de la fleur. Aujourd'hui, c'était encore plus vrai il y a cinq ans, malheureusement, 85 % des fleurs sont importées.

  • Speaker #0

    C'est fou !

  • Speaker #1

    de pays en voie de développement, essentiellement le Kenya, la Colombie, l'Équateur, l'Éthiopie aussi. Elles sont cultivées dans ces pays souvent par des femmes ou des enfants dans des conditions sociales pas terribles. Puis elles sont transportées dans des avions cargo, réfrigérés, jusqu'en Hollande, où ensuite elles sont redispatchées en camion vers les pays de consommation. Donc, bien souvent, en fait, les gens me disent « Ah, mais moi, je n'ai pas la main verte, mes fleurs, elles fanent. » Je leur dis « Non, mais ça n'a rien à voir avec toi. » C'est que tes fleurs, elles arrivent chez le fleuriste, elles ont déjà dix jours de cueil. Elles ont été cueillies dix jours avant. Incroyable. Donc, elles sont réfrigérées, elles ont subi des traitements pour être à peu près présentables. Et après, en plus, le choc thermique, puisqu'elles sortent de frigo et on les met chez soi où il fait une température plutôt aux alentours de 20 degrés. forcément, c'est les fleurs fans. Donc, nous, ce qu'on a souhaité faire, effectivement, c'était essayer de proposer une solution pour remettre au goût du jour, déjà, les fleurs locales et de saison. C'est ça, la baseline de Fleurs d'ici, c'est locales et de saison. Locales, pourquoi ? Parce qu'évidemment, ça permet de réduire le transport, donc les émissions carbone liées au transport, etc. Mais de saison, c'est aussi très important parce que, typiquement, On pourrait trouver des roses, par exemple, au moment de la Saint-Valentin, en février. On pourrait trouver des roses sur la Seize, même si là, c'est le moment de la rose. Naturellement, c'est plutôt entre juin et novembre. Mais on pourrait trouver des roses françaises au moment de la Saint-Valentin, mais ça voudrait dire qu'elles ont poussé sous serre, chauffées, éclairées, donc avec un impact carbone majeur, puisque utilisation d'énergie, etc. Et donc, il y a vraiment effectivement ce sujet de comment est-ce qu'il faut réapprendre à consommer ce qui est de saison. C'est valable. Pour les fruits et les légumes, vous le disiez, de la même façon que manger des tomates au mois de décembre, même si elles sont françaises, ce n'est pas forcément une très bonne idée. Ce n'est pas une bonne idée d'un point de vue du goût, parce que souvent, quand on mange des choses hors saison, ça se fait au détriment du goût. Ce n'est pas forcément une bonne chose pour la santé non plus. Ce n'est pas une bonne chose pour le portefeuille et ce n'est pas une bonne chose pour la planète. Donc, effectivement, au mois de décembre, il vaut mieux manger autre chose. Et de la même façon, pour les flores, au mois de février, au moment de la Saint-Valentin, le message n'est pas... n'acheter plus de fleurs. Le message est de dire acheter des fleurs de saison. De saison et locale. Typiquement, les anémones, les renoncules, enfin bref, il existe des multitudes de variétés qui sont locales et qui, du coup, sont moins émettrices de carbone que des fleurs importées.

  • Speaker #0

    Il y a un côté tech aussi derrière parce qu'il y a tout ce qui est autour de la livraison, de tout ce qui est organisé, il y a tout ce qui est dématérialisé dans votre système. Enfin, vraiment, il y a un côté très novateur. On pourrait penser, bon, les fleurs, que c'est... c'est de l'environnement, vous voyez ce que je veux dire ? Et là, vous allez au-delà, il y a un côté vraiment visionnaire et tech. Je vous pose cette question-là parce que souvent, on dit on ne trouve pas de femmes dans le numérique, dans la data, on ne trouve pas de femmes chefs d'entreprise, elles ont de la version au risque, etc. Donc, j'ai envie de vous poser un peu cette question parce que vous êtes un modèle déjà, vous avez été reporter de guerre, donc ce n'est pas non plus forcément des métiers où on s'attend à avoir des femmes, même s'il y en a pas mal, en fait. Il y en a pas mal. Quand on commence à regarder quand même le sujet, il y en a même de... qui sont vraiment, comme vous, des choses très dures et qui font le job vraiment très, très bien. Donc, moi, je tiens à le saluer. Et puis, vous avez aussi ce côté visionnaire, une nouvelle approche, un regard entre l'intérêt général, comme vous le disiez, et aussi ce regard tech, enfin, numérique.

  • Speaker #1

    Nous, effectivement, on n'est pas du tout fâchés avec le progrès. Au contraire. Mais c'est vrai que c'est le progrès au service d'une vision d'intérêt général. C'est-à-dire que... On a effectivement, aujourd'hui, les modèles de plateforme sont beaucoup décriés, notamment dans le transport, on ne va pas les citer. Mais en fait, c'est comme, comment dire, on ne peut pas trouver qu'un marteau, c'est mauvais. Enfin, un marteau, ça dépend comment on l'utilise. Soit c'est pour construire une maison, soit c'est pour casser quelque chose. Nous, on essaye de se dire que la tech, c'est un peu pareil. C'est-à-dire que ça offre des possibilités de déploiement et donc de performances importantes. Mais tout dépend pourquoi. au service de quoi ? Donc effectivement, nous, ça paraît très simple, comme vous le dites, de dire on va proposer des fleurs locales et de saison, sauf qu'en fait, ça n'existait pas. C'est-à-dire que quand nous, on est arrivés sur le marché et qu'on a contribué à faire prendre conscience aux consommateurs de ce problème, c'était bien, ça a sensibilisé les gens, mais il fallait proposer une solution. Or, quand vous étiez à Mont-de-Marsan, par exemple, vous êtes fleuriste à Mont-de-Marsan, La seule façon que vous avez de vous procurer des fleurs pour faire des bouquets, donc d'acheter votre matière première, c'est de faire appel à un grossiste hollandais qui va venir vous livrer en camion de la fleur qui viendra du grand marché aux fleurs qui est à Alsmier, dans la banlieue d'Amsterdam, à côté de l'aéroport. Donc c'est une immense plaque tournante, c'est beaucoup plus grand que Rungis, mais c'est à peu près de cet ordre-là. Parfois même, absurdité, les fleurs ont été coupées à 10 km de Mont-de-Marsan, récupérées par un grossiste hollandais, ramenées. en camion jusqu'en Hollande, puis réimporter vers la France sur un produit qui est frais et fragile. Donc, qu'est-ce qu'il fallait faire ? Il fallait faire que l'offre et la demande se rencontrent à une échelle locale. Ça a l'air très simple. Ça s'appelle la place du marché. Ça a existé jusque dans les années 50 en France de façon physique. Et nous, on a réinventé la place du marché, mais de façon digitalisée. Donc, comment on fait se rencontrer l'offre et la demande à un niveau local ? Donc, ça s'appelle des modèles de marketplace, place de marché. Mais c'est un peu cette idée de dire, pour que ça marche, pour que ça soit viable économiquement, il faut évidemment apprendre à mutualiser les flux, les flux commerciaux, les flux logistiques, les flux financiers. Si chacun, parce qu'on peut se dire, le fleuriste de Mont-de-Marsan, il peut aller chercher les fleurs chez le producteur qui est à 10 kilomètres de chez lui. Mais en fait, non. Parce que vous ne pouvez pas être au fourroulin quand vous êtes un artisan, vous devez tenir votre boutique, vous avez déjà mille tâches, la compta, etc. En vrai, prendre votre voiture, aller chercher chez un producteur, revenir, etc., ça ne rentre pas. Ça ne rentre pas. Et par ailleurs... Vous ne trouverez pas toute la variété, parce que les producteurs sont plutôt spécialisés. Donc, il y a qui va faire telle variété, qui va faire telle autre. Et pour faire un bouquet, il faut plutôt 5-6 variétés différentes. Et donc, ça veut dire que vous devriez aller chez 5-6 producteurs. Ça ne marche pas. En revanche, si vous vous mettez, vous agrégez autour de vous plusieurs fleuristes et vous agrégez plusieurs producteurs, du coup, là, ça commence à être viable économiquement. C'est quelque part le modèle des coopératives. Autrefois, c'était la mission des coopératives, mais qui n'ont pas toutes saisi le virage du digital et de toutes les opportunités que ça offrait. Parce qu'en fait, si vous voulez gérer effectivement une multitude de micro-flux, puisque nous, c'est des tout petits flux, parfois on fait des transactions à 10, 15 euros, si vous voulez gérer ça avec un fichier Excel et des SMS, Ça va être un peu compliqué, ça ne va pas être très performant. En revanche, un algorithme, il fait ça très bien et il permet effectivement, du coup, d'atteindre des volumes qui font que le système est résilient et viable.

  • Speaker #0

    Moi, quand je vous écoute, puis je vois bien, c'est solide, c'est réfléchi. Alors, on pourrait se dire, en fait, c'est du bon sens, mais ça n'existait pas et on est perdus. Peut-être qu'on a perdu le bon sens. Et effectivement, les innovations permettent de revenir à des choses et de remettre les choses au bon endroit, j'ai envie de dire. J'ai envie de vous dire, c'est solide, votre modèle est bien réfléchi, on voit que vous connaissez bien le sujet. Donc, je fais exprès, je fais la question qui va un peu gratter. Donc, vous n'avez pas eu de soucis pour avoir des financements, j'imagine ? On entend des fois une petite musique qui nous dit que pour les femmes, c'est plus compliqué.

  • Speaker #1

    Non, c'est très clairement plus compliqué. Aujourd'hui, il y a plein d'études qui le démontrent. Il y a le collectif Sista qui s'est beaucoup attaqué à cette question. Aujourd'hui, 95 % des fonds levés le sont par des hommes. Donc, ça veut dire que les femmes lèvent 5 % des fonds disponibles. Donc, effectivement, il y a un vrai décalage dans l'accès au financement entre les hommes et les femmes. Pourquoi ? parce qu'essentiellement, en fait, dans les fonds, il y a très peu de femmes qui sont... Alors, il y a des femmes, mais qui ne sont pas toujours en situation d'être décisionnaires. Donc, on ne l'a plus constaté. Il y avait une grosse appétence des femmes qui étaient analystes, etc., sur notre dossier, parce qu'il y a une dimension, en plus, très concrète, très évidente. Donc... Grosse appétence, mais après, au moment où on arrivait au niveau des comités d'investissement, ça se compliquait. Parce qu'effectivement, la fleur, c'est considéré comme quelque chose de féminin, on considère que c'est un petit marché, que ce n'est pas très intéressant. Sachant que, par ailleurs, il faut avoir en tête que nous, la fleur n'était que notre première itération, puisque le système, évidemment, a la capacité à ensuite se diversifier et à dresser d'autres marchés sur lesquels, malheureusement, il y a les mêmes problèmes. type le maraîchage, enfin bref, il y a énormément malheureusement encore de produits sur lesquels la France est productrice, mais qui sont exportés pour être réimportés, enfin bref. Donc il y a vraiment malheureusement cette question de l'import-export de produits agricoles avec des distorsions de marché malheureusement plus larges que sur la question des fleurs. Mais effectivement, comme on avait choisi d'adresser en premier ce marché-là... Pas parce qu'on est des filles et qu'on trouvait que c'était joli et qu'on voulait jouer à la marchande de fleurs, mais plutôt parce qu'on s'est dit, c'est du frais, c'est du fragile. Si on arrive à gérer les questions de logistique sur un produit qui est aussi exigeant, on saura le faire sur à peu près tout. Parce qu'en gros, même la marée, même le poisson, c'est quelque part probablement plus facile que de faire de la fleur, qui doit voyager en eau. Il y a des contraintes logistiques très complexes autour de ce marché-là. Et donc, effectivement, on s'était dit, au contraire, on va faire l'Everest par la face nord, et comme ça, derrière, tout ira bien. Et ce n'est pas du tout comme ça. Ça a été perçu, effectivement, par les investisseurs qui trouvaient que c'était mignonnet, mais que ce n'était pas forcément une question prioritaire. Et quelque part, on peut le comprendre. Quand, le vendredi soir, vous allez prendre un verre avec vos collègues investisseurs, c'est... Ça a l'air probablement plus sexy de dire qu'on a investi dans les NFT ou dans les bitcoins ou je ne sais quoi, versus dans une boîte qui ne fait finalement que des fleurs locales et de saison.

  • Speaker #0

    Et vous pensez que c'est le sujet ou c'est le fait que vous soyez une femme qui est portée ? Parce que moi, à La Poste, on accompagne aussi des créatrices d'entreprises, on accompagne des startups, on accompagne des femmes qui créent dans le numérique et qui, pour le coup, sont vraiment dans de la tech. On ne parle pas de fleurs, même si vous, il n'y a pas que cet aspect-là, bien sûr. Mais... Elles ont les mêmes problèmes. Elles sont parfois sur des sujets vraiment de financement et de technique, j'entends. Et elles ont les mêmes problèmes que vous. Donc, j'ai l'impression que ce n'est pas tant le sujet que le porteur ou la porteuse.

  • Speaker #1

    Alors, je pense que déjà, les femmes et les hommes ne parlent pas la performance de la même façon. Et c'est vrai que moi, d'ailleurs, c'est quelque chose sur lequel je suis allée chercher de l'expertise, sur comment est-ce que je devais apprendre à parler. cette langue de la performance avec un accent plus masculin. Donc, effectivement, il y a ça. Et ce n'est pas parce que, comment dire, il n'y a pas de discrimination, comment dire, intentionnelle. Je pense que c'est des biais de genre, en fait. C'est-à-dire qu'on voit bien comment ça se passe quand vous êtes en comité d'investissement. Typiquement, il y a des projections qui se font. Et c'est plus naturel de se projeter sur quelqu'un qui est du même genre, du même sexe, que... Quand il y a la barrière, entre guillemets, du genre, du sexe, c'est moins facile de se projeter sur quelqu'un. Et donc, à nouveau, il y a beaucoup d'études qui ont été faites sur ce sujet. C'est sans doute ça qui explique. Et puis, il y a aussi le fait qu'on voit quand même, même si les femmes se saisissent de sujets très tech, il n'y a pas de question là-dessus, mais il y a aussi tout un pan. notamment justement dans les entreprises à impact, dans tout ce qui est l'économie sociale et solidaire, etc. autour des aspects du care qui sont plus spontanément portés par des femmes et qui sont pas adressés par des hommes mais c'est vrai que moi j'étais très frappée au départ en disant mais vous avez l'impression que les fleurs c'est un sujet féminin mais du coup quoi le marché de la lessive c'est pas intéressant parce que c'est un sujet féminin mais regardez la taille de Procter & Gamble et donc c'est vrai que Il y a quand même un certain nombre de biais sur les produits.

  • Speaker #0

    Et du coup, sur ces biais, est-ce que vous pensez, enfin nous on y croit un peu en tout cas dans le groupe, c'est pour ça que le Faire de l'An, c'est vraiment d'arriver à de la parité à tous les niveaux et dans la société. Et cette parité, ça veut dire autant d'hommes ou de femmes, en tout cas avoir cette mixité partout. Et d'avoir d'ailleurs des hommes aussi dans des milieux où il y a plus tôt des femmes. Est-ce que vous pensez que si on arrivait à cette parité aussi dans le monde des banques d'investissement, il y aurait une approche différente et ça permettrait notamment d'accompagner différents types de projets ? On peut le penser, jusque-là ?

  • Speaker #1

    Moi, j'en suis absolument certaine. Je pense que c'est ça à la voix. Effectivement, il faut qu'il y ait plus de femmes investisseurs, investisseuses. Et d'ailleurs, il y a tout un travail qui est fait, notamment par Sybille Lemaire, autour de ces questions. Justement, justement. Comment est-ce que les femmes doivent réinvestir ? La question d'argent et la sphère de l'argent, qui est une sphère qui est restée, malgré tous les progrès de la société, malgré la parité, malgré le fait que les femmes travaillent, etc. Les questions d'argent continuent à être des questions qui sont essentiellement traitées par les hommes. Les questions de patrimoine, pas les questions d'argent du quotidien, évidemment. Les questions de patrimoine continuent à être... quelque part, la chasse gardée des hommes. Et c'est vrai que c'est des sujets sur lesquels il y a encore du travail pour faire en sorte que les femmes soient plus à l'aise sur ces questions d'argent.

  • Speaker #0

    Et notamment pour l'indépendance économique, qui permet aussi d'être indépendant, tout simplement, et de s'affranchir ou d'être libre. On sent que c'est des questions importantes, effectivement. Alors nous, à la Poste, on fait attention en tout cas à avoir une égalité de salaire. entre les femmes et les hommes, et c'est le cas, mais on sent que malgré tout, il y a encore des études récentes qui montent, il y a encore un décalage de rémunération, notamment plutôt côté salarié, mais entre les femmes et les hommes, et que les hommes ont moins tendance, ne savent pas trop négocier, pas trop, il semblerait, ou en tout cas, il n'y a pas la même approche. Est-ce que vous ressentez ça aussi ? J'ai entendu que vous disiez, on est obligé un petit peu de prendre des codes d'hommes pour négocier, que la performance, on n'en est pas. mais pas la même chose derrière. Je trouve ça intéressant parce que, est-ce que les femmes doivent prendre les codes des hommes ou est-ce que les hommes doivent s'ouvrir aux codes des femmes ? C'est une vaste question.

  • Speaker #1

    Qui suis-je pour répondre ? Oui,

  • Speaker #0

    non.

  • Speaker #1

    Je pense que c'est un peu... Il faut de l'hybridation, c'est-à-dire que, précisément, je pense qu'un bon modèle, c'est un modèle où, effectivement, les femmes... se familiarisent parce que ça va se faire comme ça, il faut faire un peu d'entrisme. Donc au départ, on n'aura pas trop d'autres choix que d'apprendre sans se relier, mais d'apprendre en tout cas à avancer avec les codes qui sont ceux qui sont actuellement disponibles et progressivement, bien sûr, que je pense que c'est ça qui va faire évoluer la culture de l'autre côté aussi. Donc moi, je pense que... Et tu es au milieu, comme toujours.

  • Speaker #0

    Et c'est pour ça que je vous rejoins, quelque part au milieu, nous, en tout cas, dans le groupe La Poste, c'est pour ça qu'il y a aussi ce réseau. On pense qu'il y a cette mixité, cet apport mutuel, ces visions complémentaires. Et c'est là où on est performant. D'ailleurs, il y a des études qui le montrent très concrètement. Ce n'est pas moi qui le dis, mais il y a des études qui le montrent très concrètement. Je voulais vous poser une question un peu taquine, on va dire. C'est plus dur d'être sur les fronts de guerre ou d'être là à essayer de négocier pour son entreprise, vous allez chercher des fonds.

  • Speaker #1

    Sans conteste, la deuxième option. C'est beaucoup plus difficile. J'ai fait effectivement un métier qui n'est pas particulièrement féminin. J'ai fait aussi un petit peu de politique. C'est pas bizarre. Je trouve que la sphère de l'argent est la sphère encore aujourd'hui très hostile aux femmes.

  • Speaker #0

    Ah oui, c'est un peu chasse gardée ?

  • Speaker #1

    Ça reste encore quelque chose de très masculin, oui. D'accord.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous avez un rôle modèle, vous, Hortense ? Parce qu'on parle souvent de rôle modèle. Est-ce qu'il y a quelqu'un qui vous inspire, qui vous a inspiré ?

  • Speaker #1

    Alors moi, j'ai eu la chance d'avoir un rôle modèle assez proche de moi, qui est ma tante. Ma tante, c'était la fondatrice des laboratoires Enobiol.

  • Speaker #0

    Ah oui, très bien !

  • Speaker #1

    Le docteur Marie Bégeau, qui a monté son entreprise il y a plusieurs dizaines d'années. Et à l'époque où, effectivement, être une femme chef d'entreprise, ce n'était pas très, très commun. Et en plus, avec une mission d'apporter du bien-être aux femmes par les plantes, la phytothérapie, etc., qui était un pionnier de la phyto. Donc, j'ai eu la chance, effectivement, de voir que c'était possible, en fait. De savoir qu'on pouvait être une femme, avoir quatre enfants, puisque c'est le cas, et être une chef d'entreprise accomplie. Et donc, c'est vrai que c'est quelque chose qui, je pense, à mon insu, m'a beaucoup influencée. de savoir que quelqu'un que tu connais l'a fait, c'est essentiel. Et donc, effectivement, moi, je pense que les rôles modèles, le fait d'exposer, de dire aux gens, c'est possible, c'est majeur, effectivement, et de pouvoir inspirer des générations à venir sur le fait que ça existe.

  • Speaker #0

    Vous aviez un conseil à donner à des jeunes femmes, ou pas que jeunes, d'ailleurs, et même à des hommes qui nous écoutent, ce serait quoi ? Pour faire comme votre tante.

  • Speaker #1

    et comme vous d'être ambitieux mais l'ambition c'est une notion qui est souvent assez décriée qui n'est pas toujours très positive c'est vu comme quelque chose d'arriviste etc moi c'est pas ça mon message évidemment c'est de dire qu'il faut viser la lune quoi enfin voilà il faut se dire qu'effectivement c'est possible et que alors c'est pas facile mais c'est possible et je pense que quand on fait les choses pour les bonnes raisons c'est ce truc de l'alignement, du chef d'entreprise avec sa mission. Je pense que c'est essentiel et c'est ça qui est porteur.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup, Hortense. On sent en tout cas que c'est très inspirant parce que d'être alignée, et je vous rejoins, quand on est alignée, tout s'ouvre, tout est possible et quand on y croit, et ce sens, vous le transmettez de l'intérêt général. On peut faire de l'intérêt général, faire du bien et en même temps faire du business. Je crois que c'est très marquant. Nous, on y croit beaucoup. C'est aussi notre modèle, évidemment, à La Poste. Donc, merci pour cet échange et pour toutes ces pépites que vous avez données, toutes ces fleurs. Donc, en tout cas, disons-le avec des fleurs, j'ai envie de dire. Mais merci. Merci beaucoup, Hortense, pour cet échange.

  • Speaker #1

    Merci, Aura.

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